Arnaud Rykner : Le Silence des mots
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Arnaud Rykner : Le Silence des mots
Les Rendez-vous de la librairie Samedi 15 février à 16 h Rencontre avec Arnaud Rykner autour de son livre La Belle Image Éditions du Rouergue, 2013 Entretien-lecture-débat avec l’auteur Projection du film Arnaud Rykner : Le Silence des mots, d’Hervé Gouault et Chris Thorp Entrée libre et gratuite Arnaud Rykner né en 1966.est romancier, dramaturge, metteur en scène et il enseigne à l’Université de Paris 3. Il a publié à ce jour sept romans, tous aus Éditions du Rouergue/Actes Sud : Mon roi et moi (1999), Je ne viendrai pas (2000), Blanche (2004), Nur (2007 ; rééd. Babel, 2008), Enfants perdus (2009), Le Wagon (2010 ; rééd. Babel 2013) et La Belle Image. Sa première pièce, Pas savoir, est parue en décembre 2010 aux éditions Les Solitaires Intempestifs, avec une préface de Claude Régy. Il a par ailleurs publié plusieurs essais aux Editions José corti et aux Éditions du Seuil, et édité le théâtre de Nathalie Sarraute dans la Pléiade et en Folio (collection pour laquelle il a également commencé l’édition des pièces de Marguerite Duras). Par ailleurs, il a monté deux spectacles d’après Sarraute (Tropismes I, à la Ménagerie de Verre à Paris, et Tropismes II, au Théâtre du Maillon à Strasbourg), créé Aucun regard de Dominique Hubin (1999) et Les Aveugles de Maurice Maeterlinck (2001) au Théâtre National de Toulouse, et plus récemment Dans la solitude des Champs de coton de B.-‐M. Koltès (2010) au Théâtre du Pavé (Toulouse). Son travail a fait l’objet du film, Arnaud Rykner : Le silence des mots, réalisé par Hervé Gouault et Chris Thorp (2012, 52’), qui sera projeté en début de rencontre. La Belle Image : présentation de l’éditeur : Ce livre est né d’une révolte. Un homme vient de sortir de prison, l’autre tente de l’aider à reprendre pied dans le vie sociale. Ils s’échangent des lettres. Le condamné raconte les chemins qui l’ont mené derrière les barreaux. Il dit surtout qu’on en sort pas, que l’acte qu’il a commis l’a fait entrer dans une prison plus vaste, qui l’efface de la société. Qu’est ce qui, dans son histoire dramatique, attire l’autre ? En quoi correspondent-ils ? Un homme vient de sortir de prison après 7 ans derrière les barreaux, pour un crime dont on ne sait d’abord rien. Il entretient depuis quelques temps une correspondance avec un universitaire qui l’a aidé à entamer une thèse de littérature. Leur correspondance se poursuit, hors les murs, et prend des tours plus intimes. Qu’est ce qui, dans l’histoire dramatique de l’un, attire l’autre ? En quoi correspondent-ils ? Le condamné raconte les chemins qui l’ont mené en prison, lui qui, par sa condition bourgeoise, n’était pas destiné à la connaître. Il dit surtout qu’on ne sort pas de prison, que l’acte qu’il a commis l’a fait entrer dans une prison plus vaste, qui l’efface de la société. Dans son village natal, il n’est plus que l’auteur d’un fait divers. La prison ne s’ouvre que sur l’impasse sociale. Ce nouveau roman d’Arnaud Rykner s’inspire de la correspondance réelle que l’auteur a menée avec un prisonnier. La Belle Image ne se veut pas un roman social sur la prison ou la double peine qui marque souvent définitivement du fer de l’exclusion un homme condamné. Il nous permet cependant de saisir la dure réalité de la prison dedans, et ce qu’elle entraîne dehors. Avec Arnaud Rykner, on s’interroge sur la condition de chacun, notre part de liberté et d’enfermement et notre rapport aux passions. Comme dans Le Wagon, son précédent roman, Arnaud Rykner joue du réel et de la fiction avec la force de son écriture dépouillée. La presse en parle : Florence Bouchy - Le Monde du 26 septembre 2013 Arnaud Rykner ne se sent ni l'âme d'un " justicier " ni celle d'un " chevalier ", assure-t-il. Il n'écrit pas un réquisitoire contre la justice. Il veut comprendre " comment on peut en arriver là ", et de quelle façon la société dysfonctionne en " ne laissant aucun moyen de s'en sortir " à ceux qu'elle considérera toujours comme d'anciens prisonniers. " Au début, je voulais juste réécrire ses lettres, explique l'universitaire, et qu'on n'entende pas celui qui répond ", pour laisser résonner la parole de celui qui subissait l'incarcération et le boulet du casier judiciaire. Le choix de la fiction s'imposait. Par respect, d'abord, pour les acteurs du drame. Mais aussi pour avoir la possibilité de vivre, par le truchement du langage, un peu de ce qu'a vécu celui qui a été incarcéré... Les deux protagonistes se livrent l'un à l'autre mais, surtout, s'imaginent, se devinent et se découvrent, dans leurs silences respectifs. " Il m'invente, je l'invente. C'est comme ça que nous existons ", constate le narrateur... La " belle image " du narrateur au parcours exemplaire se fissure, pour que de ce livre " impossible à aimer " surgisse une voix libérée de toute entrave et de tout artifice. Extrait de La Belle Image p 11-‐12 : C’est un homme libre qui vous écrit aujourd’hui, qui écrit ces mots sans trop y croire. Pour se forcer à y croire, autant que pour répondre à votre demande. Je suis sorti hier. Je ne sais pas si « sortir » est le terme qui convient. Sentiment, plutôt, d’être extirpé aux forceps, de devoir m’arracher moi-même à ce ventre immonde, à la fois poussé et retenu par ces interminables formalités, chassé et obligé de forcer la voie, comme s’ils ne savaient pas ce qu’ils voulaient, me garder encore ou me lâcher une fois pour toutes. Tandis que je passais le portail, un gardien m’a quand même souhaité bonne chance. Je suis sûr qu’il le pensait, et j’ai pensé, moi, que c’était bon à prendre. Je savais que personne ne m’attendrait. Je ne me serais pas permis de vous solliciter, même si, sur le coup, je l’ai regretté. L’ami que vous savez n’avait pu être joint à temps, et mon père ayant, lui, depuis longtemps commencé son agonie je n’était même pas sûr de le revoir vivant (j’ai pu le faire, le voir, sur son lit, pas encore mort ; mais c’est moi seul qui l’ai revu. Lui ne m’a pas reconnu. Je ne sais pas s’il « reviendra », si lui aussi sortira de sa prison, si nous nous retrouverons jamais au dehors). On m’avait prévenu, préparé à ça. Rien à dire, donc. Tout est normal. J’étais prisonnier. Je suis libre.
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