YVES BOISVERT
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YVES BOISVERT
A7 LA PRESSE MONTRÉAL MERCREDI 22 NOVEMBRE 2006 llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll YVES BOISVERT La sagesse de l’accommodement raisonnable P our bien se comprendre, il n’y a rien comme une bonne définition. Qu’estce que l’accommodement raisonnable ? Est-ce une sorte de cheval de Troie juridique dans lequel se cachent tous les fondamentalismes religieux, toutes les superstitions et les coutumes bizarres, pour saccager le Québec la nuit venue ? Ce n’est pas ça, comme l’écrivaient hier plein de collègues. Qu’est-ce donc ? sit uation de d isc r i m i nation , même involontaire, l’employeur est obligé de trouver un accommo dement ra ison nable pou r permettre à l’employé de ne pas perdre son travail. E xemple : u n employé fa it une dépression. On demande à l’employeur, dans la mesure du raisonnable, de lui permettre de réintégrer progressivement le travail. Ou de lui trouver un emploi qui lui convienne mieux. Autre exemple : un employé a un accident et devient handicapé. Il ne peut plus remplir ses anciennes tâches. L’employeur, au lieu de le licencier, doit lui offrir un autre poste. Si c ’est possible, bien sû r. Si cela ne représente pas une « contra inte excessive » pou r l’entreprise. Ce qui veut dire : si ça ne coûte pas trop cher. Une entreprise n’est pas systématiquement obligée d’offrir du temps partiel à tous ses employés pour les accommoder. Ni à créer un poste nouveau. Mais si ce poste existe, et qu’on peut le faire occuper par la personne victime de discrimination, l’employeur sera obligé de le lui offrir. Ça dépend de l’entreprise, de sa taille, de sa nature ; ça dépend des capacités de l’employé. Bref, ça dépend des « circonstances ». Une affaire religieuse ? D’abord, l’accommodement raisonnable ne vise pas spécifiquement la liberté de religion. C’est une notion de droit mise au point aux États-Unis dans des causes de discrimination, et incorporée officiellement au Canada en 1985, par un jugement de la Cour suprême. Elle nous vient du droit du travail, principal champ de bataille de la lutte contre la discrimination. De là, la notion a essaimé dans d’autres sphères d’activité : éducation, voisinage, loisir, etc. C’est une mesure d’inclusion, tout simplement. Une façon de forcer, par exemple, les employeurs à user d’un peu d’imagination et d’humanité face à certains de leurs employés qui n’entrent pas tout à fait dans le moule général. Les causes touchent souvent des femmes enceintes et des handicapés. Une fois qu’on constate une La Charte à Trudeau ? Cer ta i ns lec teu rs , cer ta i ns commentateurs aussi, se plaisent à répéter que tous les problèmes de ces maudits accommodements raisonnables sont l’héritage de Pierre Trudeau et de « sa Charte ». Dans l’esprit, il est indéniable que le multiculturalisme à la Trudeau joue un rôle. Mais en droit, la Charte québécoise a cent fois plus d’impact dans ce domaine. Pourquoi? Parce que la Charte canadienne, partie intégrante de la Constitution depuis 1982, s’applique uniquement dans les relations entre l’État et le citoyen. Avec la Charte canadienne, on peut attaquer une loi ou un règlement. Pas un bail. La Charte québécoise, elle, s’applique en plus aux relations entre citoyens, ou entre un citoyen et une entreprise, ou une école; ou entre un locateur et son locataire. C’est en vertu de la Charte québécoise qu’une femme a été condamnée à verser 1000 $ à une voisine musulmane parce qu’elle lui criait, dans une « vente de garage », d’enlever son voile ou de « retourner chez elle ». C’est également notre bonne vieille Charte (1975) bien de chez nous qu’invoquaient deux homosexuels à qui un homme de Rivière-du-Loup refusait un logement parce qu’il ne voulait « pas de tapettes ». Le propriétaire invoquait la même Charte, disant que sa religion catholique le rendait incapable d’héberger chez lui un couple aux mœurs qu’il réprouve. « Je dois plaire à Dieu, pas aux hommes », avait-il plaidé. Le juge a estimé que ce motif religieux de discrimination ne tient pas la route: il a été condamné à verser 750 $ à chacun des deux hommes. Bref, ceux qui ont trouvé dans les excès supposés de « l’accommodement raisonnable » un nouveau motif de sécession du Québec seraient bien avisés d’y regarder de plus près. L’essentiel des décisions en la matière est basé sur la Charte made in Québec, et qui précède celle de Trudeau de sept ans! La cour l’a déboutée. Un exemple parmi des dizaines. En 1993, par contre, Eaton a été obligé de dédommager une employée à temps partiel qu’on forçait à travailler deux dimanches sur quatre. On aurait facilement pu changer ses journées. En 1994, le Tribunal des droits de la personne a jugé qu’il était raisonnable qu’une chauffeuse d’autobus adventiste du septième jour ne travaille pas le vendredi après-midi pendant une certaine période de l’année, vu que son sabbat commence au coucher du soleil. L’ouverture à tous les intégrismes ? Sagesse judiciaire La notion n’ouvre pas toutes les portes. Avant que naisse une obligation d’accommodement, on doit d’abord prouver qu’il y a discrimination ; qu’on n’a pas accès à un service, au travail, à l’éducation, etc., pour des raisons discriminatoires. Il n’existe pas – pas encore! – de droit à regarder par la fenêtre sans voir de cuisses de femmes. Devant la cour, donc, la communauté hassidique d’Outremont n’avait aucune chance de forcer le YMCA à voiler ses fenêtres. Et puis, ce n’est pas tout le monde qui a gain de cause ! En 1997, une fervente chrétienne disait que l’État devait lui rembourser ses frais de traitement de fertilité, puisque sa religion lui commandait d’avoir des enfants. Oui, mais comme la notion se décide au cas par cas, on se demande jusqu’où elle ira. Jusqu’où? Pas si loin. Comme le disait la Cour suprême en 1985, quand elle a incorporé la notion dans notre droit, il est difficile de dire à quel moment une personne « outrepasse le simple exercice de ses droits » et commence à « imposer à autrui le respect de ses croyances ». Mais, ajoutait la Cour, « il n’est ni sage ni possible de tenter d’y répondre de manière générale ». Il faut, quand c’est nécessaire, construire les solutions à la pièce. Mieux encore: inciter les gens à trouver d’eux-mêmes des compromis intelligents. COURRIEL Pour joindre notre chroniqueur : [email protected] lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll PRÉCISION Merci aux Éditions du Seuil Dans son numéro d’hier, La Presse a publié quelques lignes tirées du dernier roman de John Irving intitulé Je te retrouverai, lequel est publié aux Éditions du Seuil. La Presse tient à remercier la maison d’édition pour POUR TROUVER. ces quelques lignes empruntées à cette œuvre dans une intention légitime, d’autant qu’elles illustraient le thème de la pédophilie au féminin. -La direction Le samedi dans Série 7 Bienvenue au sommet. Deux destins étroitement liés La Berline BMW de Série 7 : le summum de la berline de luxe. Reconnue pour son confort et son élégance, cette voiture possède des réserves de puissance quasi illimitées. 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La mensualité varie selon le montant emprunté et la valeur de la reprise. Le kilométrage annuel alloué est de 20 000 km ; 0,30 $ du kilomètre excédentaire. Des frais peuvent être exigés pour usure excessive. Offre sujette à disponibilité. Le véhicule doit être livré au plus tard le 31 décembre 2006. Photo à titre indicatif seulement. Les modèles BMW 2006 achetés au Canada d'un concessionnaire BMW autorisé sont couverts par un programme d'entretien sans frais de 4 ans ou 80 000 kilomètres, selon la première éventualité. 3440528