à fréquence élevée, gravité élevée
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à fréquence élevée, gravité élevée
service regard sur un risque Construction métallique : montage et levage à fréquence élevée, gravité élevée E n 2008, l’activité « Cons truction métallique : montage et levage » a occupé 7 883 salariés. Il y est recensé 1 049 accidents avec arrêt. L’indice de fréquence est de 133,07 accidents avec arrêt pour mille salariés. Un salarié sur huit s’y trouve donc victime d’accident du travail. Ce niveau de risque, que sou lignent encore le taux de fré quence (78,31) et le taux de gravité (5,28), est plus élevé que celui du Comité technique national (CTN) du Bâtiment et des travaux publics (respec tivement 50,24 et 2,76). Si la fréquence des accidents avec arrêt est élevée, les accidents graves ont des conséquences plus sérieuses : indice de gra vité de 90,18 pour l’activité contre 42,45 pour le CTN. Les accidents avec arrêt sont à l’origine de 70 795 journées perdues par incapacité tem poraire. On dénombre encore 40 Travail & Sécurité – Janvier 2010 82 accidents graves et un décès. Le coût à la profession est estimé à 12,3 millions d’euros. Le taux net de coti sation pour la branche se fixe à 7,60 % en 2009. Les accidents avec arrêt sont principalement la conséquence des manutentions manuelles (40,8 %), des emplacements de travail – accidents de plainpied (21,5 %) et chutes de hau teur (14,5 %) –, des masses en mouvement (9,9 %), des outils (6,1 %), des machines (2,2 %), du levage (2,1 %). Ces accidents occasionnent des plaies (22,2 %), des contusions (21,1 %), des douleurs et lum bagos (18,0 %), des entorses (10,8 %), ou des fractures (8,8 %). Ils touchent la main (29,3 %), les membres infé rieurs (19,2 %), le tronc (18,1 %), les membres supérieurs (10,2 %), les pieds (7,2 %), les yeux (5,0 %) et la tête (4,2 %). Il est dénombré, par ailleurs, 32 cas de maladies profes sionnelles dont 23 affections périarticulaires, 3 affections chroniques du rachis lombaire dues aux charges lourdes, 1 affection chronique du rachis lombaire due aux vibrations, 3 affections provoquées par les poussières d’amiante (tableaux 30 A et 30B), 1 affection provo quée par les bruits, 1 affection provoquée par les vibrations de certaines machines-outils. Jean-Claude Bastide Bâtiment et travaux publics 452 CC: Construction métallique: montage et levage Effectifs 7 883 salariés Accidents avec arrêt 1 049 Indice de fréquence 133,07 (CTN B: 79,86) Taux de fréquence 78,31 (CTN B : 50,24) Taux de gravité 5,28 (CTN B : 2,76) Indice de gravité 90,18 (CTN B: 42,45) Maladies professionnelles 32 Coût à la profession 12,3 millions d’euros Taux collectif net de cotisation 2009 7,60 % Récits d’accidents Ces récits sont adaptés des comptes rendus d’accidents collectés par la base de données Épicea. Matériau fragile Le chef d’entreprise et deux salariés arrivent sur un chan tier de réfection de toiture d’un hangar où il est prévu de changer des plaques de toit en matériaux fragiles. Ils déchar gent le matériel nécessaire à leur intervention : échelles, filets, nacelle PEMP (plateforme élévatrice mobile de personnel), outillage. Il est prévu d’installer la protection périphérique puis des filets à l’intérieur, sous la toiture, au préalable des travaux de réfec tion. Pour un motif inconnu, la victime, un charpentier âgé de 56 ans, prend une échelle, la positionne contre le mur de la façade arrière du han gar puis monte sur la toiture. Lors de son déplacement sur le toit, une plaque se brise, l’entraînant dans une chute de 6 mètres de hauteur à l’in térieur du hangar. Malgré l’in tervention d’un secouriste et la prise en charge des secours, la victime est décédée lors de son transfert vers un centre hospitalier. Toiture fragile La victime – 54 ans, chef de chantier, depuis 33 ans dans le poste – intervient avec un collègue pour changer deux plaques fibrociment fêlées sur le toit de l’atelier de l’usine, travail prévu pour une durée d’une demi-journée maxi mum. À leur arrivée sur le site, le responsable maintenance de l’usine a signalé à la victime une fuite sur une gouttière. La victime monte voir cette fuite et, une fois sur le toit, décide d’aller voir l’emplace ment exact des deux plaques fibrociment à changer situées près d’un chéneau voisin. Arrivée sur place, pour une rai son indéterminée, la victime bascule sur les plaques qui se sont rompues, provoquant une chute de 6 m de hauteur sur un sol en béton, entraînant son décès. Aucun plan de pré vention n’avait été réalisé, bien qu’un début de coordination ait été effectué : la zone sous les plaques avait été balisée. Pont roulant La victime âgée de 24 ans est chef d’atelier en charpentes métalliques. Elle travaillait à l’atelier de stockage. Lors d’une reprise au pont roulant d’un lot de poutrelles de grandes longueurs et de poids impor tant, la charge en équilibre ins table (dévers et porte-à-faux) a basculé et coincé le salarié. Ses collègues alertés ont sou lagé la charge en attendant les secours. La victime a été hos pitalisée souffrant du tronc et des jambes. Glissement de charge Le salarié, âgé de 28 ans, est aide-monteur de grue. Une grue à tour a été démontée. Ses éléments ont été char gés et amarrés sur des semiremorques pour ensuite être déchargés sur un chantier avec une grue mobile. Sur l’un des camions reposent trois élé ments de la flèche. Ces derniers ont une base de 1,25 m et une hauteur de 1,70 m, deux de ces éléments ont une longueur de 10,30 m et le troisième 12,30 m. Deux sangles inférieures solidarisent les contrepoids et les trois éléments de flèche, en un seul bloc, à la remorque. Le camion ainsi chargé se gare devant le lieu de déchar gement. À cet endroit, la rue présente une déclivité et, de ce fait, la remorque penche légèrement vers le trottoir. Une clôture longe celui-ci. Parallèlement à la clôture, une tranchée d’1,50 m de profon deur et d’1 m de large a été creusée. Un ouvrier spécia lisé conduit la grue mobile. Il est chargé des opérations de levage durant le décharge ment. Le chauffeur du camion effectue le désarrimage côté chaussée. La victime aide à l’enlèvement des sangles. Elle se trouve positionnée entre la remorque et la clôture. Les deux sangles inférieures sont tout d’abord enlevées, puis les sangles supérieures situées aux extrémités du chargement sont retirées. La dernière sangle retirée, l’élément se met à glis ser vers la victime qui, coincée entre la clôture et l’élément de flèche, tente en vain de le rete nir. L’élément bascule en direc tion de la clôture touchant le salarié au niveau du ventre et le projetant violemment sur la clôture. Vent La victime est monteur en charpente métallique depuis trois ans. Elle participe à la construction d’un grand maga sin. Un mur de 5,15 m de hau teur, présentant une ouverture à son extrémité gauche, a été récemment monté par une autre entreprise. Le jour de l’accident, le vent souffle en rafales sur le chantier : cellesci s’engouffrent dans le local en construction. Les maçons de l’autre entreprise ont la consigne de ne pas effectuer de travaux en hauteur, car ce mur est instable. Les deux monteurs en charpente métal lique n’ayant pas de consigne, décident de s’abriter du vent derrière le mur en construc tion. Quelques instants plus tard, l’un des deux ouvriers se rend à son véhicule. En se retournant, il s’aperçoit que le mur bouge sous la poussée du vent. Il alerte son collègue du danger. C’est alors que le mur se renverse sur l’ouvrier qui décédera des suites de ses blessures. Travail & Sécurité – Janvier 2010 41