comportements a problemes et deviance dans le systeme educatif
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comportements a problemes et deviance dans le systeme educatif
I NTERNATIONAL JOURNAL OF V IOLENCE AND SCHOOL, 10 (VERSION EN FRANÇAIS ) , D ECEMBRE 2009, 3-36 COMPORTEMENTS A PROBLEMES ET DEVIANCE DANS LE SYSTEME EDUCATIF BELGE E QUILIBRES REGIONAUX CONTRASTES 1 DEKLERCK JOHAN, LEUVEN INSTITUTE OF CRIMINOLOGY (LINC) ABSTRACT La recherche sur la délinquance en milieu scolaire en Flandre est très influencée par la criminologie, qui y constitue une discipline universitaire à part entière et qui a influencé les la terminologie utilisée pour évoquer les phénomènes tels que la violence, le harcèlement, etc. Après une brève orientation dans la criminologie et la terminologie, nous continuons l’article avec une recension des données relatives au bien-être des élèves et des diverses sources statistiques sur la délinquance juvénile. Ensuite, nous décrivons un modèle de prévention actuellement prisé en Flandre, prônant une approche positive et intégrale : la « pyramide de la prévention ». L'article se clôture par une série de suggestions pour la recherche future. MOTS-CLES Violence, délinquance, chiffres, statistiques, enseignement scolaire, Flandre – Belgique, prévention intégrale, pyramide de la prévention. 1 Nous remercions particulièrement Gie Deboutte, Hanne Op de Beeck and Diederik Cops pour leur soutient de grande valeur. LA BELGIQUE, UN ETAT FEDERALISE2 La Belgique est un état fédéralisé dont la structure politique est complexe3. Elle se divise en trois régions pour ce qui traite des affaires territoriales, telles que les politiques liées à l’économie, à l’urbanisation et à l’emploi, notamment, (Flandre, Bruxelles et Wallonie) et en trois communautés pour les affaires relatives aux personnes, telles que la culture, la jeunesse et l’éducation (la Communauté flamande, la Communauté française et la Communauté allemande). En Flandre, les compétences de la Région flamande et de la Communauté flamande sont regroupées au sein du gouvernement flamand. Contrairement à d’autres états fédéraux, les gouvernements régionaux en Belgique détiennent les pleins pouvoirs en ce qui concerne leurs compétences, ce qui signifie que leur législation se situe au même niveau hiérarchique que les lois fédérales. La compétence relative aux questions d'éducation est une compétence communautaire4 ; ceci ayant occasionné le développement de trois systèmes éducatifs différents. Malgré de nombreuses similitudes entre ces systèmes (le « libre choix » des parents en matière d’établissement scolaire, la coexistence de plusieurs « réseaux d’enseignement », etc.), ceux-ci évoluent vers une plus grande différenciation en raison de politiques différentes. De même, nous pouvons parler de cultures scientifiques différentes dans chacune des zones : la Flandre étant plus influencée par les traditions intellectuelles anglo-saxonnes, tandis que la Wallonie francophone est davantage influencée par les perspectives de recherches et le débat français. Ces différences politiques et culturelles influent sur la façon dont sont traités les comportements à problèmes et la violence au sein de l’environnement scolaire. Ceci a pour conséquence le développement de notions, de priorités ainsi que de programmes de prévention et de traitement différents au sein de ces systèmes. En résumé, parce que le mot « Belgique » couvre deux réalités politiques, éducatives et scientifiques coexistantes bien que très différentes, nous présenterons deux articles distincts, traitant respectivement de la Flandre et de la Communauté française. 2 Cet avant-propos est commun à celui de l’article n°2 « l’école à l’épreuve de la violence » du professeur Marie Verhoeven, qui décrit la région francophone de Belgique. 3 Pour plus d’informations sur la structure politique belge, consultez les sites http://www.diplomatie.be/en/belgium/default.asp et http://www.belgium.be/en/about_belgium/index.jsp 4 La principale exception de cette division est la détermination de l’âge jusqu’auquel les adolescents doivent suivre les cours. Il s’agit d’une compétence fédérale, pour le moment fixée à l’âge de 18 ans. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 4 INTRODUCTION La description des comportements à problèmes dans l’enseignement scolaire flamand et l’approche intégrale pour la prévention de ceux-ci constituent les principaux thèmes de cet article. Après avoir déterminé l’approche criminologique dominante des recherches sur le terrain ainsi que les notions et concepts couramment utilisés en matière de comportements à problèmes en Flandre, un compte-rendu sur les études empiriques quantitatives existantes est établi au travers de quatre étapes. Les chiffres portant sur le « bien-être général » (a) au sein du système scolaire sont d’abord approfondis afin d’établir, au cours de l’étape suivante (b), une analyse des chiffres officiels sur la délinquance juvénile en général et de s’intéresser ensuite aux (c) études d’auto-évaluation sur la délinquance juvénile en général puis (d) au sein de l’enseignement scolaire. Ce compte-rendu nous amène à une étape ultérieure. L’importance d’une approche intégrale et positive est décrite à travers la présentation détaillée de la pyramide de la prévention ; il s’agit d’un modèle destiné à l’application d’une prévention intégrale largement répandu dans le domaine de la prévention en Flandre. Ainsi, cet article veut donner de la Flandre une image de région particulière ayant sa propre identité dans ce domaine et sa propre tradition de prévention positive et intégrale. Pour conclure, quelques recommandations concernant des recherches plus approfondies sont données. RECHERCHES FLAMANDES SUR LES COMPORTEMENTS A PROBLEMES DES JEUNES RECHERCHES CRIMINOLOGIQUES Les recherches sur les comportements à problèmes des jeunes en général, et dans le cadre scolaire en particulier, témoignent d’une assez longue tradition en Flandre. Cette tradition est fortement liée au passé important des recherches criminologiques en Belgique, à la différence de la plupart des autres pays européens (par exemple, l’Université Catholique de Louvain a débuté avec un programme de criminologie en 1928). Les trois principales universités flamandes qui se situent à Louvain (http://www.law.kuleuven.be/linc/), à Gand (http://www.law.ugent.be/crim/) et à Bruxelles (http://www.vub.ac.be/rg/) proposent un programme complet en criminologie d’une durée de 4 ans. Ces études associent des cours de droit, de psychologie et de sociologie. Différents aspects liés à ces disciplines scientifiques s’incorporent de façon à répondre explicitement aux questions Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 5 criminologiques, tandis que dans d’autres pays, les questions criminologiques dépendent d'une spécialisation au sein d'une autre discipline. Cela signifie que dans le domaine de la délinquance juvénile, les études purement sociologiques ou psychologiques jouent un rôle uniquement marginal dans ce pays. Il est possible de distinguer trois domaines principaux d’étude criminologique sur la délinquance juvénile en général. Le premier s’intéresse à la représentation des comportements à problèmes et de la délinquance juvénile. Il s’agit du principal sujet de cet article. Ci-après, nous exposerons quelques chiffres et donnerons un aperçu des études quantitatives. À l’instar de nombreux autres pays, à l’exception de quelques projets de recherche locale de moindre envergure, des chiffres renseignant uniquement sur les comportements à problèmes au sein du milieu scolaire ne sont pas disponibles. Les chiffres disponibles portent sur les adolescents et leurs comportements aussi bien lors de leur temps libre, que dans la rue, ou chez eux, etc. Les jeunes passant le plus clair de leur temps à l’école, les chiffres globaux traiteront également ce qui se déroule au sein de ce milieu éducatif. À côté de cela, différents projets de recherche d’un autre genre ont été menés ces dernières années. Cela concerne des recherches d’évaluation de programmes sur le harcèlement scolaire, la violence, l’absentéisme, etc. Ces programmes sont généralement financés par le gouvernement flamand ou fédéral. Les résultats obtenus mènent le plus souvent à la conclusion qu’une approche intégrale et positive est nécessaire. Le terme « intégral » n’implique pas uniquement de s’attaquer aux problèmes de l’enfant ou à ses symptômes, mais aussi de prendre largement en compte l'environnement (scolaire). Par « positif », il faut comprendre soutien et encouragement d’un climat général positif au sein des écoles, ce qui constitue un élément de réponse important aux comportements à problèmes. La dernière partie de l’étude peut être classée en recherche-action dans le but de trouver des solutions à ces comportements à problèmes, en débutant par des constatations théoriques et empiriques (Deklerck, J. & Depuydt, A. & Deboutte, 2001 ; Depuydt & Deklerck, 2005 ; Vettenburg, e.a. 2003 ; www.vista-europe.org). La plupart de cette étude s’effectue sur la base d’une interaction souvent forte avec le terrain. Le modèle de pyramide de la prévention décrit ci-après est un exemple de résultat. En recherches criminologiques flamandes de quantification, trois ressources principales sont développées et utilisées. La première ressource se compose des chiffres officiels sur la délinquance, tels qu’enregistrés par la police. Ces chiffres renfermant essentiellement le produit des activités de la police et, par conséquent, n'offrant pas une vue d'ensemble complète de la délinquance juvénile, des études générales d’auto-évaluation ont été élaborées International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 6 de sorte à compléter cette représentation. Pour la Flandre, deux études d’auto-évaluation doivent être mentionnées. La plus récente est l'enquête menée par la Plate-forme de Recherche sur la Jeunesse (JOP ou Jeugdonderzoeksplatform) (Vettenburg, Elchardus & Walgrave, 2007 ; www.jeugdonderzoeksplatform.be5). Dans cette étude réalisée en 2005, 2 503 jeunes âgés de 14 à 25 ans ont été interrogés sur divers aspects de leur vie, y compris sur leur implication en matière de délinquance. Un projet plus ancien (1998-1999) se basant sur une enquête et intitulé « Jongeren in Vlaanderen. Gemeten en geteld » (JVGG) (De Witte, Hooge, Walgrave ; 2000) réunissait des informations sur les comportements délictuels de jeunes âgés de 12 à 18 ans. Ces études ne se limitent pas à l’environnement scolaire mais s’orientent vers un domaine plus large qui comprend uniquement quelques renseignements sur ce qu’il se passe dans les écoles. Ces deux projets de recherche, la Plate-forme de Recherche sur la Jeunesse (Vettenburg et al., 2007) et le projet de recherche intitulé « Jongeren in Vlaanderen. Gemeten en geteld » (2000), qui rassemblaient des données générales sur la délinquance juvénile, ont récemment été développés sous l’impulsion d’une nouvelle coopération entre différentes facultés. Cette coopération a eu pour but de réagir à la disparité existante en Flandre dans le domaine entre différents projets locaux manquant d’approches intégrées et des problèmes dans le développement et la validation de théories fondamentales (Schillemans, 2004 ; Van Nuffel, 2003). CONCEPTS ET NOTIONS RELATIFS AUX COMPORTEMENTS A PROBLEMES Lorsqu’il est question de comportements à problèmes, différentes notions sont utilisées. Fortement liées à la tradition de la langue flamande, ces notions ont des origines culturelles particulières et leur traduction n’est pas toujours facile à trouver. Tout d’abord, une distinction est faite entre les comportements à problèmes intériorisés d’un côté, et les comportements à problèmes extériorisés de l’autre. Là où les premiers font référence aux problèmes tels que la dépression, l’idéation suicidaire, l’anorexie, etc., les derniers sont utilisés pour décrire des comportements tels que le harcèlement, l'agression, le vandalisme, la violence, etc. Les filles ont généralement tendance à exprimer leurs sentiments de mal-être et leur faible estime d’elles-mêmes au travers de comportements à problèmes intériorisés, tandis que leurs homologues masculins ont en général tendance à afficher des comportements à problèmes extériorisés (Leer-kracht. Veer-kracht, 2006 : 19-20). Lorsqu’il est question de 5 Un nouveau moniteur sortira en 2010. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 7 comportements à problèmes extériorisés, différents concepts sont utilisés6. Tout comme dans d’autres pays et régions, la Flandre possède sa propre terminologie lorsqu’il est question de violence et de délinquance juvénile dans la pratique de l’éducation, ainsi que dans le domaine des recherches scientifiques. « Geweld » ou « violence » est une notion communément employée en recherche scientifique. Bien que chacun « comprenne » ce terme, il s’interprète de diverses façons, d’un sens strict à un sens très large. De nombreuses définitions circulent à l’heure actuelle et la notion de « violence » est souvent confondue avec le concept d'« agression » (Patfoort, 1995 ; Van Welzenis, 2002 ; Smith, 2003). Ces deux termes sont populaires dans la pratique de l’éducation. Une autre notion est couramment utilisée, il s’agit du concept d’« antisociaal gedrag » ou « comportement antisocial ». Une définition souvent employée pour ce type de comportement est proposée par Vettenburg ; celuici établit une distinction entre quatre catégories : la violence physique ou les menaces envers autrui (telles que coups et blessures, agression et harcèlement), les autres formes de comportement antisocial (notamment le vol, le vandalisme et l’usage de stupéfiants), les délits relatifs au statut (comme faire l’école buissonnière, aller dans des cafés ou en discothèque, fuguer) et les comportements déviants liés à l’école (se montrer délibérément perturbateur, arriver en retard, fumer dans l’enceinte scolaire, etc.) (Vettenburg, 1999 : 33). Un autre concept s’utilise fréquemment, il s’agit du « comportement problématique » (Peeters, 1995 ; Deboutte, 2006). Il s’agit d’un concept très large qui concerne tout type de comportements engendrant des problèmes en matière d’interaction sociale. Il traite aussi bien des comportements intériorisés que ceux extériorisés, également en dehors du cadre criminologique. Une définition précise de ce concept n’est donc pas facile à établir, mais son avantage réside dans sa qualité « interactive » et moins stigmatisante. De cette façon, le délinquant n'est pas poussé dans une position marginale mais reçoit, au contraire, des possibilités de communication. On préfère ce concept à celui de « déviance » ou d’« incivilités », en raison de son caractère normatif plus léger. Ces dernières notions sont plus ou moins absentes dans le domaine éducatif flamand. Sur un plan scientifique, on les considère comme très normatifs et, par conséquent, problématiques. Le cadre de référence, notamment la loi, la réglementation scolaire ou le consensus normatif sur ce que devrait être un « comportement normal » et sur les comportements pouvant être considérés 6 Consultez les sites http:///www.vista-europe.org et http://www.vistop.org/ebook/ pour obtenir des descriptions et des définitions. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 8 comme « déviants », n’est pas souvent remis en cause, bien que de nombreuses conséquences peuvent survenir à ce niveau (Depuydt, 1998 ; Deklerck & Depuydt, 2005). En conséquence, la notion de « comportement irrespectueux » est également souvent utilisée au sein du domaine éducatif. Ceci a été lancé par A. Depuydt dans son étude sur la mise en œuvre d’une approche de « verbondenheid », traduit par « linkedness » (en anglais) ou « reliance » (en français) comme moyen de prévention fondamental contre la délinquance. La délinquance peut être considérée soit telle qu’elle est décrite dans le code pénal, soit comme une appréciation sociale générale des normes de la société. Ces normes varient dans l’espace et le temps, par exemple les punitions corporelles ne se pratiquent plus désormais, ou encore, dans de nombreux pays, fumer dans les lieux publics n’est plus autorisé. A. Depuydt a commencé par une approche fondamentale, existentielle et éthique, avec un caractère plus absolu que les règles, les lois et les réglementations évoluant sans cesse ou que la normativité en constante évolution de la société. (Deklerck & Depuydt, 2005 : IV, 83-85). En outre, il s'agit d'une approche éthique plus profonde qu’« avoir mal ou souffrir de dommages corporels » qui a une signification existentielle (Deklerck, Depuydt & Deboutte, 2001). L’élément positif de ce concept réside dans les possibilités d’un débat éthique plus profond. Une notion spécifique a suscité un grand intérêt, il s’agit du concept de « pesten » ou de « harcèlement scolaire ». Ce terme est extrêmement répandu dans le milieu de l’enseignement scolaire puisqu’il s’agit d’une réalité quotidienne en matière d’interaction entre les élèves et, dans certains cas, également avec les enseignants ou le reste du personnel. Cette notion fait référence à une forme particulière de comportement problématique (Deboutte, 1995 ; Deboutte, 2004 ; Leonard, 2006 ; Rigby, Smith & Pepler, 2004) qui possède sa propre réalité et qui est reconnue par les scientifiques, les écoles, les responsables politiques et dans différents programmes de prévention7. À l'échelle internationale, on oublie souvent que les concepts sont toujours interprétés selon un contexte culturel. Certains pays acceptent encore que des parents infligent une légère claque à leur enfant pour que celui-ci comprenne quels sont les mauvais comportements. Dans leur culture, ceci n’est pas considéré comme une violation des normes sociales ou des lois et ne sera donc pas interprété comme un acte violent, tandis que dans d’autres pays où la tolérance est de zéro vis-à-vis de ce phénomène, cet acte sera considéré comme inacceptable et violent. Ainsi, même avec des définitions précises, la 7 S’agissant d’un sujet important dans le cadre des comportements à problèmes au sein des écoles flamandes, certains sites Internet traitant de la question méritent d’être cités : http://www.pesten.net et http://www.kieskleurtegenpesten.be. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 9 contextualisation par rapport à l’origine locale, culturelle et sociale nécessite d’être considérée (Smith (Ed.), 2003 ; Ortega, Sanchez, Van Wassenhoven, Deboutte & Deklerck.rck me-out hergo, 2006). COMPTE-RENDU DES DERNIERES ETUDES EMPIRIQUES REALISEES Après avoir déterminé le contexte spécifique de la tradition en recherches criminologiques et les concepts culturellement ancrés en matière de comportements à problèmes, nous allons maintenant approfondir le sujet en nous intéressant au compte-rendu des dernières études empiriques réalisées. Nous distinguons quatre étapes principales. Nous donnons d’abord un aperçu des chiffres flamands. Nous commençons en fournissant des chiffres globaux sur le « bien-être » à l’école, se basant sur des études d'auto-évaluation et sur des déclarations officielles du ministère de l’Éducation. Suite à cela, nous analysons plus en profondeur les enregistrements officiels faits par la police, ainsi que les résultats des enquêtes d’auto-évaluation (JOP et JVGG) qui s’appliquent particulièrement à la délinquance juvénile en Flandre. Dans une dernière étape, nous nous intéressons plus précisément au cadre scolaire. Concernant les comportements antisociaux se présentant notamment en milieu scolaire, seront examinés les résultats d’un projet de recherche mené par Vettenburg et Huybregts (2001), et dans une moindre mesure, les résultats des études d’auto-évaluation conduites par Stevens et Van Oost (1994 ; 1995), par le Bureau Central d’Étude et d'Orientation Professionnelle (Vandersmissen & Thys, 1993) et par l’Institut Flamand d’Évaluation Scientifique et Technologique (Vandenbosch, Van Cleemput, et al., 2006). L’étude la plus récente portant sur les comportements antisociaux en milieu scolaire, se basant sur une étude d'auto-évaluation menée auprès de 1 689 jeunes, a été réalisée en 1988 (Vettenburg, 1988 ; voir aussi Goris & Walgrave, 2002). Cependant, puisqu’il s’agit d’un projet ancien, ces résultats ne seront pas réexaminés dans cet article. Pour finir, quelques modèles de prévention destinés aux comportements antisociaux en milieu scolaire ainsi que des recommandations pour les recherches futures seront fournis. BIEN-ETRE ET COMPORTEMENTS A PROBLEMES EN MILIEU SCOLAIRE En Belgique, l’enseignement est obligatoire jusqu’à l’âge de dix-huit ans. Bien que la plupart des élèves se sentent plutôt bien au sein de leur école, il existe une minorité insatisfaite (Mertens & Van Damme, 2000 ; Huysmans, International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 10 2006). L’enquête PISA (OEDC, 2003) indique que 33% des élèves belges ne se sentent pas à l'aise à l'école. Stevens et Elchardus (2001) mentionnent que 11% des élèves, âgés de 16 à 18 ans, ne se sentent généralement pas heureux à l’école. 14% aimeraient changer d’école et au moins 18% préféreraient quitter le cadre scolaire. Selon l’étude menée par Mertens et Van Damme (2000), cela se présente plutôt dans le cadre d’orientations technique et professionnelle, bien que ces résultats ne soient pas corroborés par d’autres études. Selon le JOP-monitor 1 conduit en 2005 (Vettenburg et al., 2007), les élèves du secondaire sont généralement satisfaits de leur enseignement et de l’école à laquelle ils vont. Les filles sont plus satisfaites que les garçons ; quant à la satisfaction scolaire, il n’existe pas de différence entre les trois filières d’enseignement (enseignement secondaire général, technique ou professionnel). Les élèves redoublants se sont révélés moins satisfaits que les autres élèves. Certaines études (De Groof, 2003 ; Smits, 2004 ; Vettenburg et al, 2007) se sont interrogées sur la façon dont les élèves du secondaire percevaient la relation avec leurs enseignants. Ces résultats suggèrent également que les élèves flamands sont satisfaits de leurs enseignants et de la façon dont ils sont traités.8 Malgré la conclusion selon laquelle les élèves apprécient généralement de se rendre à l'école et perçoivent de manière satisfaisante la relation qu’ils entretiennent avec leurs enseignants, les comportements à problèmes sont bien présents dans les écoles secondaires flamandes. On reconnaît généralement que les comportements à problèmes chroniques au sein de l’école se manifestent par une combinaison de problèmes d’apprentissage, de soucis comportementaux, de fatigue scolaire et de comportements 8 Les résultats assez divergents rencontrés lors de cette étude sont probablement dus aux méthodes de recherche différentes qui ont été utilisées pour collecter les données. Alors que dans l’étude menée par De Groof (2003), les questionnaires ont été complétés de manière classique, les deux autres études ont utilisé des méthodes plus personnelles (en face-à-face dans l’étude de Smits, une enquête postale dans le cas du JOP-monitor). Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 11 antisociaux (Ghesquière & Grietens, 2006 ; Rombouts, 2000). En observant les déclarations officielles sur l’« absentéisme » comme symptôme extrême de fatigue scolaire et de comportement à problème, il semble qu’il y ait un petit groupe d’élèves, quoique significatif, présentant ce type de comportement. Le pourcentage le plus élevé est relevé en enseignement à temps partiel (28,23%). Dans le système éducatif à temps plein, 3,45% des élèves en filière d’enseignement professionnel sont identifiés comme absentéistes, tandis que le pourcentage moyen du système éducatif à temps plein atteint seulement 0,57%9. Ces chiffres insinuent qu’il existe des différences importantes entre les différentes filières d’enseignement. Ils semblent également sous-entendre que ce type de comportement est en augmentation ; une autre explication réside dans le fait que les écoles ont pris davantage conscience du problème et que les enregistrements sont donc plus appropriés. Par conséquent, il semble qu’à un sentiment général de satisfaction corresponde un petit groupe d’élèves, bien que significatif, n'étant pas satisfaits de l'école et présentant des comportements à problèmes. La prochaine partie de ce document s’intéressera aux concepts et aux notions utilisées dans l’étude et la description de ces comportements en Flandre. CHIFFRES OFFICIELS SUR LA VIOLENCE ET LA DELINQUANCE La réflexion sur les concepts et les définitions nous amène à nous questionner sur la prévalence de ce type de comportements dans le système éducatif flamand. Bien que cela semble reposer sur une simple affaire d’enregistrement et d’interprétation, répondre à cette question n’est pas aisé. Dans ce cas, le niveau d’enregistrement constitue un élément important : les chiffres résultent-ils de statistiques officielles, d’enquêtes d’auto-évaluation ou d’enquêtes menées auprès des victimes ? Ces statistiques officielles proviennent-elles d’interventions de la police ? S’agit-il de personnes suspectées ou de délinquants reconnus coupables au niveau du tribunal ? 9 Ces pourcentages se basent sur les chiffres de l’année scolaire 2006-2007. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 12 Cette figure démontre que le délit grave connu par les autorités officielles ne fournit en aucun cas une image réelle et fiable du nombre total d'activités criminelles (voir notamment Linch & Addington, 2006). De nombreux facteurs peuvent expliquer le non signalement à la police10. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne la soi-disant « petite délinquance ». Ce qui vaut pour les délits graves en général, vaut également pour la délinquance scolaire. La violence, le vandalisme, les agressions verbales, la plupart des cas de harcèlement, etc. peuvent se résoudre au sein du contexte scolaire, de manière formelle ou informelle, par exemple par l’intervention des enseignants de la classe, du chef d’établissement, ou d’autres membres du personnel responsable, au travers de médiation entre pairs ou de conférences de groupe, par l’intermédiaire d'une coopération entre école et parents. Pour diverses raisons, notamment la réputation de l’école, la possibilité d’accorder au délinquant une « nouvelle » ou une « dernière » chance, etc., les écoles peuvent décider de ne pas faire de signalement à la police. Les enquêtes d’auto-évaluation et celles menées auprès des victimes (Debarbieux, 2004) peuvent offrir une solution à ce chiffre noir. Bien que pour des cas très graves, tels que meurtre ou viol, les auto-évaluations ne soient pas possibles car les coupables ne sont pas disposés à signaler cela, il s’agit d’un outil très utile pour rapporter des comportements à problèmes quotidiens et la petite délinquance. Comparer les études d’auto-évaluation entres elles n’est pas 10 Les chiffres obtenus au niveau du tribunal ou du procureur représentent un indicateur encore plus mauvais du nombre réel de délits. Des raisons telles qu’un délinquant inconnu, des preuves insuffisantes, une affaire non prioritaire, etc. peuvent mener à la décision de ne pas engager de poursuites judiciaires. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 13 toujours évident car des différences méthodologiques (par exemple, la taille de l'échantillon, la tranche d'âge, la méthode postale, classique ou en face à face) peuvent influencer les résultats (Eliaerts, 2007 ; Van Kerckvoorde, 1995 ; Vettenburg, Elchardus & Walgrave, 2007) et présenter des images bien différentes de la même réalité sociale11. La comparaison des chiffres entre les différentes enquêtes et entre les pays devrait prendre en compte ces éléments de base. En considérant ces suggestions, il demeure important d’examiner les problèmes dans le domaine de la violence et de la délinquance au sein du système éducatif. Le rassemblement des données est donc très utile et primordial. Outre les données, suffisamment de renseignements sur la méthodologie, les limites et les possibilités relatives à ces données devront être ajoutés. En Belgique, seul peu de statistiques capables de présenter un aperçu général de la délinquance, du harcèlement et des comportements à problèmes à l'école sont disponibles. Cependant, des chiffres sur la délinquance juvénile en général peuvent être fournis. Une étude récente (Goedseels, Detry & Vanneste, 2007) portant sur le nombre d’actes criminels commis par un suspect mineur déféré devant le parquet en 2005 a révélé qu’au niveau national un total de 45 722 cas avaient été déclarés, parmi lesquels 38 747 représentaient des affaires avec des suspects mineurs. Ceci implique que 55 mineurs sur 1000 mineurs entre 12 et 18 ans ont commis un acte criminel ayant été présenté devant le procureur. En retournant le problème, cela sous-entend que 95% de l’ensemble des mineurs n’ont pas été impliqués. En examinant la prévalence des formes de criminalité les plus graves, ces chiffres indiquent qu’1 mineur sur 100 000 seulement a été accusé d’homicide ou de meurtre, que 3 sur 10 000 de vol et seulement 1 sur 10 000 de vol à main armée. 11 Par exemple, considérer le port d’un canif comme une arme ou non peut considérablement influencer le nombre des élèves signalant le port d’armes, ce qui peut donner une image très différente dans les statistiques. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 14 Ces tableaux révèlent la prévalence des actes criminels commis par des mineurs ayant été révélés et présentés devant le procureur en 2005. Lorsque la variable « sexe » est prise en compte, on peut facilement constater que les garçons commettent davantage de délits que leurs homologues féminins. De manière générale, seuls 20% des différentes formes d'actes criminels sont commis par des filles. Lorsque la variable « sexe » est intégrée, l’étude suggère qu’une augmentation de la prévalence des comportements délictuels commis commence à se produire à l’âge de 12 ans, au début de la puberté. Cette prévalence s’accroît jusqu’à l’âge de 16-17 ans, mais commence à diminuer par la suite. La plupart des jeunes arrêtent progressivement leurs délits après l’âge de 17-18 ans ; il s’agit d’une constatation qui est fermement ancrée dans de nombreuses études d’auto-évaluation. Il existe une autre limite importante à ces chiffres officiels ; en effet, ils ne permettent pas de déterminer si ces actes criminels sont commis dans le cadre scolaire ou non. ÉTUDES D'AUTO-EVALUATION PORTANT SUR LA DELINQUANCE EN GENERAL Les chiffres de deux études d’auto-évaluation, la première étant l’enquête de la Plate-forme de Recherche sur la Jeunesse (JOP) et l’autre, l’enquête réalisée dans le cadre des recherches intitulées « Jongeren in Vlaanderen. Gemeten en geteld » seront présentés ici. En raison des différences méthodologiques de ces deux enquêtes, il faudra faire preuve de vigilance lors de la comparaison de ces chiffres (disponibles dans le schéma ci-dessous). Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 15 Ces chiffres montrent que la délinquance juvénile « grave » est un phénomène assez marginal. La fraude (25,5% selon le JVGG, 32,7% selon le JOP), le vol (23,4% selon le JVGG, 15,5% selon le JOP) et le vandalisme (20,7% selon le JVGG et 14,7% selon le JOP) constituent les actes délictuels les plus commis. La violence (12,6% selon le JVGG, 6,1% selon le JOP) et le port d’arme (12,7% selon le JVGG et 4,0% selon le JOP) sont des phénomènes assez marginaux. Les écarts importants entre le JVGG et le JOP concernant les taux de violence et de port d’arme peuvent s’expliquer par une différence dans la formulation des questions. Dans le JVGG, il a été demandé aux élèves s’ils avaient été impliqués dans une bagarre. Dans le JOP, il leur a été demandé s’ils avaient battu quelqu’un si méchamment que la personne en question avait été blessée. Si le critère sur la provocation de blessures n’avait pas été pris en compte dans l’enquête JOP, les taux de violence relatifs à cette base de données auraient été plus élevés. De plus, dans l’enquête JOP, la question sur le port d’armes excluait très distinctement la possession d’un canif. Si les canifs avaient été inclus dans la question, les taux relatifs au port d'arme auraient été plus importants. À l'exception de l’absentéisme, ces chiffres ne s’appliquent pas particulièrement au cadre scolaire. Ces actes peuvent s'être déroulés en dehors de l’école, pendant le temps libre, dans la rue, à domicile, etc. De même, les renseignements relatifs à la violence sont limités dans la mesure où aucun détail sur le type de violence exercé n’est fourni. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 16 Ce tableau indique que les garçons sont généralement plus impliqués en matière de délinquance que les filles (une différence qui est significative, α=0,01). Cependant, les différences liées au sexe varient en fonction du type de délinquance. Une fois encore, cet aspect lié au sexe ne doit pas se restreindre à l'environnement scolaire. Ces chiffres fournissent une vue d'ensemble sur la prévalence de la délinquance en Flandre. Ils révèlent en particulier que le « problème » de déviance juvénile ne doit pas être surestimé. Cependant, tel qu’indiqué précédemment, la façon dont sont formulées les questions au sein des questionnaires influe sur les résultats. Nous devrons donc être prudents au moment d’établir des conclusions générales sur les taux et le développement de la criminalité en Flandre. Enfin, nous ne pouvons généraliser ces chiffres à la région francophone de la Belgique. ÉTUDES D’AUTO-EVALUATION SUR LES COMPORTEMENTS A PROBLEMES DANS L'ENSEIGNEMENT SCOLAIRE En 2001, Vettenburg et Huybregts ont présenté les résultats de leurs recherches sur les comportements antisociaux en milieu scolaire, se basant sur des auto-évaluations faites par 4829 élèves issus de 95 écoles flamandes différentes. Les données suivantes se fondent sur leur rapport. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 17 La plupart des actes antisociaux sont rapportés par 10 à 15% de l’échantillon, à l’exception du vandalisme qui semble se produire moins fréquemment (Vettenburg & Huybregts, 2001 : 127). Ce tableau indique également que les garçons rapportent davantage de comportements antisociaux à l’école que les filles, une différence qui est significative (α=0,01). La différence entre les sexes est particulièrement élevée en ce que concerne le vandalisme à l’école, les garçons y ont recours trois fois plus souvent que les filles (Vettenburg & Huybregts, 2001 : 128). Ce tableau indique que les comportements antisociaux en milieu scolaire diffèrent aussi selon les âges. La plupart des actes antisociaux sont commis jusqu’à l’âge de 16 ans. À partir de 17 ans, la prévalence de l’ensemble des International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 18 actes antisociaux (excepté l’absentéisme) diminue (Vettenburg & Huybregts, 2001 : 128). En dehors du sexe et de l’âge, Vettenburg et Huybregts (2001) ont découvert dans leurs recherches que les indicateurs les plus importants en matière de comportements antisociaux dans les écoles étaient la fatigue scolaire, les problèmes antérieurs à l’école, les comportements problématiques à l’extérieur de l’école, une attitude tolérante à l’égard de la violence, la relation avec les parents (une forte complicité avec des parents prosociaux empêche le développement de comportements antisociaux à l’école, une forte complicité avec des parents antisociaux l’encourage), la relation avec les pairs (une forte complicité avec des pairs prosociaux empêche le développement de comportements antisociaux à l’école, une forte complicité avec des pairs antisociaux l’encourage) et le rapport établi entre l’école et l’élève (Hay, I., & Ashman, A. F., 2003; Hirschi, 1969). D’autres études d’auto-évaluation plus anciennes s’intéressent particulièrement à la prévalence du harcèlement dans les écoles flamandes. En 1993, le Bureau Central d’Étude et d’Orientation Professionnelle a interrogé 1 054 élèves âgés de 12 à 18 ans (élèves du secondaire). Les résultats de cette étude montrent que 18% des élèves du secondaire sont victimes de harceleurs, parmi lesquels 2,6% déclarent être très gravement harcelés (Vandersmissen & Thys, 1993). En 1994, Stevens et Van Oost ont interrogé 10 000 élèves âgés de 10 à 16 ans à propos du harcèlement et sur le fait d’être victimes d’harcèlement. En enseignement primaire, 15,9% des élèves ont signalé harceler autrui de manière régulière et 23% ont rapporté avoir été victimes d’harcèlement. En enseignement secondaire, ces statistiques représentent respectivement 12,3% et 15,2% (Stevens & Van Oost, 1994, 1995). Conformément aux recherches menées par Vettenburg et Huybregts (2001), ces deux études ont démontré une baisse des comportements de harcèlement avec l’âge, les garçons harcelant davantage que les filles. Enfin, en 2006, l’Institut Flamand d’Évaluation Scientifique et Technologique (viTWA) a interrogé 636 enfants d'école primaire et 1 416 élèves du secondaire sur la cyberintimidation. Ce questionnaire comprenait également deux ou trois questions sur le harcèlement « traditionnel » ; celui-ci a révélé des taux de harcèlement beaucoup plus élevés que dans les études plus anciennes. 49,3% admettent avoir harcelé autrui au cours des trois derniers mois, 78,6% signalent avoir été témoins de harcèlement. 10,4% déclarent avoir été harcelés au cours des trois derniers mois. Une toute petite minorité a annoncé avoir été à la fois victime et harceleur (Vandenbosch, Van Cleemput et al., 2006). Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 19 LA PYRAMIDE DE LA PREVENTION : UN SYSTEME POUR ABORDER LES COMPORTEMENTS A PROBLEMES DANS LES ECOLES Le compte-rendu susmentionné nous amène à une étape ultérieure. En Flandre, il existe une tradition croissante pour s’attaquer aux comportements à problèmes en adoptant une approche intégrale et positive (voir a.o. www.vista-europe.org). Les responsables politiques et les écoles, ainsi que de nombreuses organisations travaillant dans le secteur de l’enseignement scolaire, sont conscients que les comportements à problèmes constituent un phénomène complexe, et que non seulement les évènements du cours de la vie et le contexte social des enfants ou des adolescents (Harter, 1999) mais aussi le contexte scolaire jouent un rôle important (Debarbieux, 2006). Les écoles punitives peuvent notamment susciter ou renforcer les comportements à problèmes, alors que les écoles démocratiques, adaptées aux besoins des élèves, peuvent développer l’effet inverse. Pour schématiser cette approche contextuelle, la pyramide de la prévention, qui constitue un modèle largement répandu en Flandre, est un outil destiné à l’analyse et à la prise de décisions. Celle-ci sera présentée ci-après. UNE APPROCHE INTEGRALE L’interaction entre la recherche, les responsables politiques, l’enseignement scolaire et le domaine criminologique en général, est arrivée à la conclusion largement acceptée qu’une simple réaction punitive à l’encontre de l’« enfant à problèmes » ne constituait pas la meilleure solution. Une perspective plus large s’avère nécessaire. Dans le but de réduire les comportements déviants en milieu scolaire, les symptômes du fonctionnement général du système tels que la pression sociétale exercée sur les adolescents, les modèles et méthodes d’éducation, la qualité de la communication interne ; ainsi que le fonctionnement démocratique de l’école, les styles pédagogiques des enseignants, etc., devraient être abordés comme prévention positive (Deklerck, 1996 ; Galloway & Roland, 2004). Ce terme signifie qu’au lieu de réagir sur la défensive vis-à-vis des comportements problématiques par l’intermédiaire, notamment, de mesures punitives (De Cauter, 1990 ; Munthe, Solli, Ytre-Arne & Roland (Eds.), 2004 ; Cornell, 2006), les comportements problématiques devraient être évités en créant des opportunités stimulantes pour les jeunes. À partir de cette trame de fond, s’est développée la « pyramide de la prévention » (Deklerck, 1996 ; Deklerck, 2006). Ce modèle préventif répond à la variété complexe des mesures de prévention actuelles, qui vont de « répressives » et « punitives » à « orientées vers un bien-être général et un International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 20 soutien social ». Diverses mesures de prévention aux comportements à problèmes en général, et à la violence en particulier, sont donc comprises dans ce modèle ; ce dernier est utilisé en Flandre comme outil d’évaluation destiné aux écoles12 (voir notamment la province de Limbourg (Dienst Welzijn en Gezondheid van de Provincie Limburg, 2006). Le modèle met l’accent sur la qualité préventive du bien-être en général et classe les mesures préventives en quatre niveaux. Cette classification se base sur le degré d’orientation face au problème : Avec quelle force le problème se manifeste-t-il et avec quelle clarté les mesures soulignent-elles le problème ? Les niveaux sont complémentaires, ils contribuent tous plus ou moins à un climat social positif et ils sont tous nécessaires à une politique de prévention intégrée. QUATRE NIVEAUX PLUS UN La pyramide de la prévention se compose de cinq niveaux. Ceux-ci sont numérotés de 0 à 4. Quatre d’entre eux sont à considérer comme « niveaux d’action », dans lesquels un certain nombre d’initiatives sont mises en place et accomplies. Le niveau zéro fait référence au contexte politique, écologique, sociologique et économique général qui influence les différentes niveaux d’action et à la politique que peuvent élaborer les personnes et les écoles. Il ne s’agit pas d’un niveau d’action. Les quatre niveaux supérieurs (niveaux 1 à 4) fournissent un aperçu général de l’ensemble des mesures de prévention 12 Pour obtenir différents exemples, consultez notamment les sites suivants : http://www1.limburg.be/welbevindenopschool/pdf/NOEGApreventienummerWOS.pdf, http://www.vlor.be/bestanden/documenten/themabeschrijvingenGOK/SamenvPrev&RemStudi eSo.pdf. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 21 possibles en matière de criminalité. Il s’agit là du niveau des mesures curatives (niveau 4), du niveau des mesures de prévention spécifique (niveau 3), du niveau des mesures de prévention générale (niveau 2) et du niveau de prévention fondamentale (niveau 1). Les niveaux se différencient les uns des autres en fonction de leur degré d’orientation face au problème. Plus on gravit la pyramide, plus cette orientation face au problème devient importante. Cette orientation face au problème constitue le critère de base pour classifier les mesures de prévention de la criminalité en différentes catégories ; elle représente le point de départ dans l’organisation de ces mesures. Niveau 1 : prévention fondamentale de la criminalité Le niveau 1 représente la « prévention fondamentale de la criminalité » ou une politique qui encourage la qualité de vie en général. Il est souvent omis lors des débats sur la prévention de la criminalité. Néanmoins, ce niveau est essentiel pour obtenir de bons résultats de toute autre mesure de prévention. Il concerne en général des domaines tels que la politique sociale, la politique d’émancipation ou le travail social au sens large du terme, la bonne organisation scolaire, les possibilités de divertissement et de loisirs, les services de médiation, le salaire minimum, les mesures de lutte contre la pollution de l’environnement et la dégénérescence, les soins médicaux, les procédures d’engagement politique, la protection de la nature, la politique de subventions sociales, la fourniture de zones récréatives suffisantes, etc. Les rapports avec le problème de criminalité sont de plus en plus indirects. Les mesures à ce niveau sont orientées de manière positive. Leur objectif consiste à améliorer le climat de base de la société. À ce niveau de prévention en matière de criminalité, on s’écarte d’un lien de causalité direct entre les mesures proposées et les faits criminels. Appliqué à l’enseignement scolaire, le premier niveau consiste à améliorer le climat général au sein des écoles. Ce niveau s’oriente vers l’amélioration du bien-être général de chacun en milieu scolaire et du fonctionnement démocratique de l’école. Ces mesures, qui font généralement partie de la politique de base de l’école, ont un effet préventif important bien qu’elles puissent être considérées comme des politiques scolaires générales. Le point de départ du niveau 1 n'est donc pas une formulation d'un quelconque problème, il ne fournit pas non plus une solution axée sur le problème. On peut le considérer comme une stratégie offensive et positive dans le sens où il créé un environnement agréable et paisible, de bonnes conditions de travail, une communication et des prises de décision sans anicroches. Il s’agit d’un cadre qui permet aux niveaux supérieurs de mieux fonctionner. En prenant l’exemple de vandalisme dans l’abri à vélos d’une école, cela signifie la diminution du besoin d’agression car les individus se sentent mieux, ce qui implique un contrôle formel moindre dû aux agressions réduites. L’attention ne se concentre donc plus exclusivement ou essentiellement sur les groupes à International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 22 problèmes (par ex. : les hooligans ou les toxicomanes) ou sur les situations à problèmes (par ex. : les stades de football avant et après le match ou la vie nocturne des quartiers) mais sur le cadre sociétal comme source de problèmes. Les mesures prises à ce niveau ont un effet préventif indirect. Elles influencent, cependant, directement la qualité de vie générale de la société et fournissent, de cette façon, les fondements d’une politique de prévention plus ciblée en matière de criminalité. Niveau 2 : prévention générale de la criminalité À ce niveau de prévention générale en matière de criminalité, nous pensons par exemple à limiter la violence et les agressions diffusées dans les médias, à mettre en place des projets autour d'un accueil post-scolaire destiné aux groupes à haut risque, à organiser des activités de loisirs intéressantes ou à créer des offres d’emploi spécifiques pour les jeunes à haut risque, à développer des actions en faveur des jeunes dans les quartiers défavorisés, à mettre en place des projets concernant le réaménagement des quartiers, la pauvreté, l’œuvre des centres sociaux, à trouver des solutions non violentes pour résoudre les conflits, à limiter la vitesse des véhicules à moteur, à encadrer les supporters hooligans, à régler avec des cartes de crédit, à réduire la production de matériaux qui nuisent à l’environnement, à privilégier la vente de bière peu alcoolisée ou à interdire les objets en verre et coupants lors de grands rassemblements, à rediriger l’énergie monopolisée actuellement dans la culture de la cocaïne en Amérique latine, à développer des séances de relaxation pour les accros aux tranquillisants (yoga, relaxation, entraînement autogène), etc. Au niveau 2, lorsqu’un problème survient, les mesures de prévention prises s’orientent vers le bien-être collectif, tel que l’amélioration de l’infrastructure, une communication non violente, le sexe et l’interculturalité, etc. La réponse est positive et réduit l’orientation face au problème. L’orientation face au problème relative au niveau 2 (prévention générale de la criminalité) est donc bien différente qu’au niveau 3 (prévention spécifique de la criminalité) et qu’au niveau 4 (mesures curatives). Le niveau 2 prend le problème comme point de départ mais formule des réponses non axées sur le problème qui ont en fait un effet préventif. Le même exemple de vandalisme dans un abri à vélos (problème) reçoit alors une réponse du type : choisir un emplacement moins éloigné, à la vue du public, mieux éclairé et mieux entretenu (réponses non axées sur le problème ayant un effet préventif). Ainsi, le vol ou le vandalisme des vélos devient plus difficile (effet préventif) ; quant à l'abri à vélos, il devient par là même un lieu plus agréable pour les usagers. Le risque de délit n’est plus mis en relief et, par conséquent, les sentiments de peur et d’insécurité disparaissent ou s’amenuisent. Les mesures prises à ce niveau ont un effet directement préventif, il ne s’agit pourtant pas de leur unique ou principal objectif. Outre le fait d’atteindre des objectifs de prévention Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 23 (particulièrement dans le domaine de la prévention primaire), nous pouvons également relever quelques objectifs davantage sociétaux qui dépendent de leur position dans le domaine du soutien et de l’émancipation. Quelques développements dans la sphère financière et économique (tel que le règlement par cartes de crédit) ont également un effet préventif et, à ce titre, peuvent être valorisés dans le cadre d’une politique de prévention en matière de criminalité. L’exemple d’une « meilleure coordination des transports publics aux heures de fermeture des bars » illustre également cela. Ceci a aussi une vertu préventive et représente, qui plus est, un service auprès du public. Bien que l’analyse du problème demeure le point de départ, les réponses recherchées ne sont pas directement liées au problème et ne comportent donc pas le risque de souligner, de confirmer et de renforcer ni le problème en tant que tel ni certains groupes, zones et situations. Le point de départ consiste à ce que l’intervention constructive en conditions environnementales, ou la façon de traiter ces dernières, créé un climat dans lequel les comportements délictuels deviennent impossibles, puissent moins ou ne puissent pas du tout se développer. Les mesures prises au niveau 1 et au niveau 2 peuvent être identiques mais le point de départ est différent. Le niveau 2 commence par l’analyse d'un besoin préventif, contrairement au niveau 1. Niveau 3 : prévention spécifique de la criminalité Le niveau 3 (mesures de prévention spécifique en matière de criminalité) traite des mesures qui prévoient d’éviter directement des délits spécifiques. L’analyse ainsi que les réponses formulées sont axées sur le problème. Il s’agit d’une approche directe à la criminalité. Ces mesures peuvent être techniques et préventives par nature (par ex. : une surveillance électronique), il peut s’agir d’une intervention ciblée dans l’infra(-structure) (par ex. : des coffresforts) ou être de nature organisationnelle (par ex. : en élaborant un plan de sécurité). Plusieurs mesures s’inscrivent au sein de ce niveau, notamment l’information au sujet des drogues, la surveillance caméra des zones à haut risque, les patrouilles de police, les audits de sécurité dans les entreprises, les systèmes d’alarme, les campagnes concernant le vol, la surveillance de la police et d’autres mesures augmentant le risque de se faire prendre, les systèmes de verrouillage, la protection contre le cambriolage, les agents de sécurité, les contrôles d’alcoolémie pour vérifier la possession d’armes prohibées ou le trafic de drogue, la sensibilisation ciblée des groupes à haut risque, la gestion et le contrôle des accès, les services de sécurité, la surveillance des transports de fonds, les projets sur la prévention contre le cambriolage, sur le vandalisme ou les agressions sexuelles, ou en fournissant des informations en lien avec le problème aux établissements scolaires par la police au sujet des drogues ou des accidents de la circulation survenus en fin de semaine après avoir consommé de l’alcool. Dans la prévention contre la International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 24 criminalité, cet ensemble de mesures reçoit spontanément la plupart de l’attention. L’intervention à ce niveau traite directement d’un problème spécifique que l’on souhaite éviter ou limiter. Le point de départ est un problème certain. Le but est de faire face à ce problème. Il est question ici d’une contre-attaque. Ces mesures sont donc également axées sur le problème, à la fois dans leur analyse que dans leur approche. Si elles fonctionnent, elles ont un effet directement préventif et spécifique. Cela constitue également l'objectif principal d'une telle intervention. Le niveau 3, directement préventif, possède la même orientation face au problème que le niveau 4. Le problème en est son point de départ et il formule, de surcroît, des réponses axées sur le problème. L’exemple du vandalisme dans un abri à vélos (problème) mène, par exemple, à répondre à cela par l’utilisation de cadenas et de caméras. L’analyse du problème (le vol de bicyclette) reçoit dont ici une réponse en lien avec le problème concerné. La présence de cadenas et de caméras ne suscite pas l’oubli du problème chez les usagers, mais met plutôt l'accent sur celui-ci. Il leur est sans cesse rappelé qu’il existe un risque lié à cet endroit. Ceci peut peser lourd sur le climat social et renforcer les sentiments d’insécurité. Niveau 4 : mesures curatives Le niveau 4 (mesures curatives) est le plus spécifique. Il s’agit de la dernière étape (supérieure) dans la pyramide de prévention en matière de criminalité. Il établit également la dernière série de mesures qui se situe toujours à la limite du préventif et du curatif. Il s’occupe de réparer et de limiter les dégâts occasionnés lorsque quelque chose de mal s’est passé ; il sert également à tirer des leçons utiles pour l’avenir. Par rapport à la criminalité liée à la drogue, il s'agit d’arrêter et de condamner les fabricants de drogues de synthèse et les trafiquants de drogue, d’éliminer le réseau du trafic de drogue et, éventuellement, de placer en détention et de désintoxiquer les toxicomanes (ambulants et en centres). Ce niveau comprend également l’enregistrement, le signalement, l’investigation et la poursuite des délits commis. De plus, se situent ici l’indemnisation et la restitution à la victime par des moyens financiers ou autres, sous forme notamment d’une médiation entre la victime et le coupable. La thérapie et l’aide psychologique destinées au coupable figurent également ici (soit au sein ou en dehors du cadre carcéral). De même, l’assistance à la victime doit être proposée ici. La police locale et nationale, ainsi que le bureau du procureur parfois, y ont un rôle important à jouer. Toutefois, de nombreuses autres institutions ou personnes peuvent jouer un plus petit rôle, par exemple en assurant l’accueil initial de la victime ou en discutant avec elle, en apportant son soutien lors du signalement à la police et en examinant les possibilités pour l’intervention de l’assurance. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 25 Une intervention rapide en situation critique (par ex. : arrestation d’un hooligan ou rassemblement d’une bande de voleurs) peut empêcher la situation de s’empirer et avoir ainsi une fonction préventive. Retenir des délinquants peut éviter une récidive. S’occuper d’une victime apeurée ou de la thérapie des délinquants, du rétablissement des relations et des réseaux de la société à travers des formes de loi réparatrice, etc. peuvent avoir une importance préventive. Le degré d’orientation face au problème est le plus important à ce niveau curatif car c'est là que le problème intervient. L’analyse de la situation et l’approche sont axées sur le problème. À ce niveau, il convient de trouver une bonne solution et la prévention d’une aggravation par le biais d'une action rapide et efficace. Niveau 0 : le contexte sociétal Ce niveau devra être considéré comme étant le contexte. Au sein de la pyramide, il n’est pas vu comme niveau d’action. Il s’agit du cadre sociétal au sens large, de la société dans toutes ses dimensions, de la dimension sociétale et organisationnelle et de la vie ordinaire. Les niveaux supérieurs sont fermement ancrés dans le contexte sociétal au sens large. La politique de prévention en matière de criminalité (mise en place aux niveaux 1 à 4) ne peut être mise à part du contexte sociétal, social et écologique. Ce « niveau 0 » constitue l'assise. Avec les moyens et les limites que suscite ce contexte, des campagnes préventives doivent être mises en œuvre et une politique de prévention en matière de criminalité doit être élaborée. La politique de prévention se produit dans ce large contexte sociétal et ne peut donc jamais être mise à l’écart de celui-ci. Les mesures politiques et économiques mises en œuvre, la présence de richesses naturelles et culturelles, la situation de ce monde, les conceptions actuelles en matière de morale et d’éthique sur ce qui est important ou non, le degré d’institutionnalisation influencent la politique pénale et de prévention de la criminalité (et vice versa). Ce contexte conditionne les possibilités de mise en application d’une politique de prévention de la criminalité d’une façon positive ou négative. La volonté collective de collaborer de la part du citoyen, la politique de subventions de la part des autorités, les développements technologiques, etc. en sont des exemples. L'intérêt pour la prévention de la criminalité peut représenter un signe important pour la qualité de cet environnement sociétal. Les mesures de prévention de la criminalité prises aux niveaux supérieurs ne seront pas efficaces si de sérieux problèmes se présentent à ce niveau. En d’autres termes, les responsables politiques devront instaurer une politique qui supporte les mesures de prévention ciblées en matière de criminalité. De même, les mesures de prévention de la criminalité mises en application devront être liées au contexte sociétal et devront l’influencer favorablement. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 26 L’ « ORIENTATION FACE AU PROBLEME »: PRINCIPE DE LA PYRAMIDE En effet, l’orientation face au problème constitue le critère principal pour classifier les mesures de prévention en matière de criminalité. Cela peut se représenter schématiquement comme suit : Cette approche rend possible l’élargissement des approches de prévention de la criminalité qui sont trop limitées pour offrir des mesures orientées de manière positive, promouvoir la qualité de vie et le contexte sociétal en général. Il ne s’agit pas ici de choisir entre les différents niveaux (non pas « soit-ou » mais « ensemble »). Il s’agit d’un équilibre entre les différents niveaux avec comme point de référence la qualité sociétale globale. Les niveaux sont liés et ont besoin les uns des autres. Il s’agit d’une approche intégrale (voir ci-dessous). EXPLICATION SUPPLEMENTAIRE Hiérarchie Le modèle comporte une hiérarchie. Il s’agit d’un continuum de mesures de prévention toujours plus spécifiques en matière de criminalité. La construction de niveaux de prévention davantage axés sur les fondements précède toujours les niveaux de prévention plus spécifiques. Dans la progression des niveaux de prévention de 0 à 4, il apparaît un intérêt croissant pour des mesures de prévention toujours plus spécifiques, ciblées en matière de criminalité. Ou, à l'inverse, en parcourant les niveaux de 4 à 0, il apparaît un intérêt décroissant pour les interventions préventives spécifiques, en faveur d’une attention croissante pour la qualité de vie en général. Chaque niveau doit être suffisamment solide pour en construire un autre au-dessus de lui. Le contexte sociétal global représente la base. Si celui-ci fonctionne suffisamment, il opère de façon fondamentalement préventive. Il s’agit d’une première condition pour pouvoir accéder à une politique de prévention plus Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 27 spécifique en matière de criminalité. Les mesures de prévention spécifiques en matière de criminalité peuvent donc être davantage ciblées et demeurer proportionnelles. Par conséquent, les mesures de prévention spécifiques en matière de criminalité (niveau 3, par exemple, des patrouilles de police fréquentes, une sensibilisation sur la prévention contre le cambriolage) dans un quartier qui a considérablement dégénéré et où le chômage est important ont peu de sens si on ne cherche pas à améliorer aussi la qualité de vie de base au sein de ce quartier (niveaux 0, 1 et 2, par exemple, le recours à des programmes d’amélioration, le travail social, le développement social et économique du quartier) qui, à son tour, ne peut pas être envisagé en dehors du fonctionnement de la société au sens large à laquelle ce quartier appartient (niveau 0, par exemple, le chômage comme conséquence d’une récession économique). Orientation positive contre orientation négative Les niveaux fondamental et général 1 et 2 sont différents par nature des niveaux de prévention spécifique et curatif 3 et 4. Les premiers niveaux cherchent à obtenir une meilleure qualité de vie, un climat social sain (orientation positive). Ils s’orientent vers un objectif positif tel que la prise de décision démocratique, les droits des minorités, l'amélioration des conditions de vie, etc. Les derniers niveaux sont axés sur le problème (orientation négative). Ils se concentrent sur la criminalité, la protection contre celle-ci et comment s’y attaquer. Ici, un problème donné est au centre de la question, un élément négatif qui nécessite d’être évité ou combattu (par ex : une surveillance caméra pour se protéger contre les vols, des services de sécurité privée pour lutter contre les cambriolages ou les dégradations, des patrouilles de police pour assurer la protection contre le vandalisme, etc.). Nous pouvons parler d'orientation négative. Cela nous amène à la tension générale et basique dans le domaine de la prévention. Un équilibre doit être trouvé entre ces orientations négatives et positive, avec une attention particulière sur l'orientation positive. Une approche trop inégale axée sur le problème en matière de prévention de la criminalité peut s’avérer contre-productive. Rétroaction de la politique Assurer la maintenance systématique des données sur la criminalité peut fournir davantage d’informations sur la mise en application d’une politique de prévention en matière de criminalité. Cela peut prendre la forme de chiffres et de statistiques, mais aussi celle de données concrètes. Les chiffres et les statistiques sont principalement fournis au niveau 4. Ceux-ci peuvent donner des renseignements sur les différents niveaux dans lesquels des mesures de prévention de la criminalité nécessitent d’être prises. De cette façon, la rétroaction des différents niveaux peut être réintroduite dans la politique. International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 28 Une vague de cambriolages dans un quartier particulier peut conduire à prendre des mesures à des niveaux différents. Celles-ci peuvent notamment aller d’une intensification temporaire des patrouilles de police, d’une campagne d’information sur la protection contre le cambriolage (niveau 3) à l’installation d’un meilleur éclairage public et de meilleures méthodes de négociation avec les jeunes qui traînent le soir (niveaux 2 et 1). Formation d’attitudes et mesures structurelles À la division horizontale de la pyramide de prévention de la criminalité en différents niveaux allant d'une approche de prévention générale à spécifique vis-à-vis des domaines problématiques doit s’ajouter une division verticale. On trouve ici des considérations concernant la formation d’attitudes, le changement des mentalités parmi les groupes concernés pour compléter les mesures structurelles (cf. schéma « division horizontale et verticale »). Ces deux groupes de mesures doivent s’appliquer en tant que compléments l’un de l’autre aux différents niveaux (de 1 à 4). Par formation d’attitudes, nous pensons, entre autres, à des campagnes d’information et de sensibilisation par l’intermédiaire des médias, à des campagnes publicitaires, à des conférences, à des débats, à des réunions, à l’implication du citoyen dans la prise de décisions politiques par l’intermédiaire d’une politique d’ouverture avec des possibilités d’engagement et de discussion, à une approche personnelle vers les groupes cibles concernés, à l’augmentation de l’implication, aux services de médiation, etc. Concernant les mesures structurelles, il est possible de faire la distinction entre les mesures organisationnelles (par ex. : règlements de prévention de la criminalité uniformes, procédures d’alerte, consignes de surveillance, plans de secours, etc.) et les mesures techniques (qui comprennent une large palette de mesures telles que la protection physique et architecturale dans les zones à risque élevé par caméras, sécurité électronique, contrôle d’accès, éclairage adapté, etc.). L’installation d’un éclairage supplémentaire dans un parc de stationnement obscur peut constituer une mesure structurelle, de même que l’amélioration de l’infrastructure routière pour les cyclistes et l’installation d'abris à vélos solides et sûrs, ainsi que de plus gros investissements dans les espaces verts, la réduction drastique des emballages jetables, l’interdiction de vendre et de détenir des armes, la création de plus d’offres d’emploi, le développement de programmes de formation dans l’enseignement pour apprendre à gérer les conflits et l’assistance à reconvertir l’industrie de la cocaïne. La politique de prévention en matière de criminalité devrait encourager la synergie entre les mesures du domaine de la formation des attitudes et les mesures structurelles. Mettre l’accent inéquitablement sur l’un des groupes de Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 29 mesures se termine généralement par l’échec des mesures de prévention qui ont été prises en matière de criminalité. Par exemple, cela n’a pas de sens d’interdire aux jeunes d’entrer en contact avec la drogue (attitude) si aucune alternative significative n’est proposée. Approche intégrale Si une société subit un accroissement en matière de troubles, d'insécurité et de délits, les responsables politiques doivent examiner le champ du problème sur les différents niveaux. Ceci peut aller des mesures politiques et économiques (niveau 0), à la politique sociale (niveaux 1 et 2) en passant par l'organisation et le fonctionnement de la police et des tribunaux (niveaux 2, 3 et 4). Les mesures prises aux niveaux de prévention spécifique (3 et 4) y sont peut-être insuffisantes. Sans une analyse approfondie des niveaux sous-jacents, la vraie menace est qu’un des niveaux ne traite seulement des symptômes tandis que le macroenvironnement qui créé, maintient et renforce lesdits problèmes soit laissé intact. Une telle politique devient rapidement pernicieuse. Une politique qui souhaite réduire le niveau de ces problèmes doit donc compter sur un large spectre de mesures aux différents niveaux, en gardant un œil sur une orientation positive et sur un équilibre entre les mesures structurelles et la formation des attitudes (voir ci-dessus). Il s’agit là d’une approche intégrale. La pyramide de prévention de la criminalité peut contribuer au débat criminologique portant sur le début et la fin de la prévention en matière de criminalité. Il n’est pas nécessaire ici de rechercher d’éventuels conflits entre les différents niveaux, mais plutôt de chercher l’articulation des différents niveaux en partant du niveau 0. Ainsi, des mesures de prévention très variées en matière de criminalité peuvent avoir du sens si elles s’avèrent constructives au sein d’une politique générale visant à encourager la qualité de vie. La pyramide indique que les mesures de prévention en milieu scolaire ne devraient pas se focaliser uniquement aux niveaux trois et quatre par le biais, notamment, d'une surveillance caméra ou en sanctionnant les élèves difficiles. La perspective de prévention peut s’étendre à une approche plus intégrale (tous les niveaux) en mettant l’accent sur les mesures positives (niveaux un et deux). De cette façon, des réponses directes et indirectes à la violence peuvent être utilisées de manière plus appropriée (O’Moore & Minton, 2006 ; Blaya, 2006 ; Galloway & Roland, 2004). RECHERCHE FUTURE Après la description de la recherche, le compte-rendu des données empiriques et le modèle de pyramide de la prévention, nous arrivons International Journal of Violence and School – 10 – Décembre 2009 30 maintenant à la dernière étape de cet article. Tel qu’indiqué auparavant, la Belgique est un pays fédéralisé petit mais complexe, qui possède des politiques et des traditions de recherche différentes dans la région nord (flamandophone) et dans la région sud (francophone) du pays. Bien que la Flandre ait une longue expérience en matière de recherches criminologiques dans le domaine des comportements à problèmes des jeunes et de la délinquance juvénile, ces recherches se sont répandues sur tout le territoire. Les projets de recherche qui ont été élaborés pour faire face à cette disparité ne se limitent pas à l’environnement scolaire mais s’orientent vers un domaine plus large, avec seulement quelques informations sur ce qu’il se passe dans les écoles. Par conséquent, le rassemblement de données spécifiques sur la violence et les comportements déviants dans les écoles sur un plan régional devrait être encouragé. Pour ce faire, les normes européennes en matière de collecte de données devraient être respectées de sorte à permettre d’établir des comparaisons avec d’autres pays et régions. En outre, des investissements en recherches longitudinales au niveau européen devraient être entrepris. Ces données ne devraient pas uniquement être utilisées pour alimenter la connaissance, mais devraient aussi susciter des réponses scientifiques et pratiques aux questions suivantes : « Quels programmes permettront de s’attaquer efficacement aux problèmes de violence et de harcèlement ? » « Comment pouvons-nous contribuer à la mise en application et à l’évaluation des meilleures pratiques prometteuses dans notre région et à l'échelle européenne ? » Deuxièmement, comme le précise le paragraphe sur le bien-être dans les écoles, le ministère de l'Éducation procède à l'enregistrement des chiffres en matière d’absentéisme. Bien qu’il s’agisse d’une initiative positive, l’enregistrement devrait être défini plus clairement (différentes formes d'absentéisme devraient être identifiées) et ces chiffres devraient être utilisés pour construire une politique scolaire et d'éducation intégrale incluant la prévention, la résolution des problèmes et l’encouragement du bien-être dans les écoles. Enfin, des questions d'ordre anthropologique et sociologique considérant les définitions devraient également susciter un certain intérêt. Des comparaisons internationales révèlent des différences en matière de terminologie locale qui ne peuvent se traduire. Les concepts de violence devraient être décrits et contextualisés par rapport à l’horizon culturel dans lequel ils sont utilisés. La clarification des définitions et des concepts est importante afin de construire un langage scientifique européen et d’interpréter correctement les chiffres liés au pays. Comportements à problèmes et déviance dans le système éducatif belge 31 BIBLIOGRAPHIE BLAYA C., (2006), Armand Colin. Violences et maltraitances en milieu scolaire, Paris, BURSSENS D., (2007), Onder, op en over de schreef: jongeren en delinquentie, in VETTENBURG N., ELCHARDUS M., WALGRAVE L., (ed.)., Jongeren in cijfers en letters: bevindingen uit de JOP-monitor 1, Leuven, Uitgeverij Lannoo. CORNELL D.G., (2006), School Violence. 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