Lemonde impitoyable des réseaux sociaux

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Lemonde impitoyable des réseaux sociaux
08/06/2015
LeDroitSurMonOrdi.ca ­ Le Droit ­ 6 juin 2015 ­ Lemonde impitoyable des réseaux sociaux
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6 juin 2015 Le Droit PATRICK DUQUETTE [email protected] CHRONIQUE
Lemonde impitoyable des réseaux
sociaux
On aurait pu s’attendre à ce que les réseaux sociaux comme Facebook permettent aux jeunes filles de
s’émanciper, de se libérer du vieux stéréotype de la femme fatale et séductrice… Ben non. Au contraire, la
tyrannie de l’image sévit sans pitié dans l’univers virtuel, d’après les travaux menés par deux chercheuses de
l’Université d’Ottawa auprès de jeunes femmes de 15 à 22 ans.
À lire les témoignages tirés du eGirls Project, les médias sociaux interactifs se comparent à une jungle où
s’opère une impitoyable sélection naturelle.
Dans ce cyberespace codifié, toute tentative de sortir du moule risque d’être cruellement réprimée,
condamnée par une avalanche de commentaires négatifs et dégradants.
Ainsi, les jeunes filles qui publient des photos trop sexy d’elles­mêmes sur Facebook s’exposent à se faire
traiter de pute ou de salope.
À l’inverse, la fille trop grasse ou celle qui ne se maquille pas risque la même avalanche de commentaires
dégradants et méchants.
Dans ce cyberespace codifié à l’extrême et hostile à tout ce qui sort du lot, les jeunes femmes n’ont guère
le choix.
Elles doivent, souvent, accepter de se conformer à unmodèle soigneusement élaboré pour s’éviter des
commentaires dégradants et désapprobateurs.
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08/06/2015
LeDroitSurMonOrdi.ca ­ Le Droit ­ 6 juin 2015 ­ Lemonde impitoyable des réseaux sociaux
« Une bonne photo sur Facebook, c’est quand la fille est jolie et juste assez sexy, je dirais », résume
Kathleen, une femme de 20 ans interrogée dans le cadre du eGirls Project. Jolie et juste assez sexy. J’ai
pensé àma petite fille qui regarde en boucle ses vidéos de Walt Disney, et j’ai réalisé qu’on en est encore là
aujourd’hui.
Dans la vie comme sur Facebook, combien de jeunes femmes se sentent obligées de ressembler à
Cendrillon pour s’éviter des commentaires désobligeants ?
Les chercheuses Valerie Steeves et Jane Bailey ont été frappées de constater à quel point les médias
sociaux sont perçus comme une source de jugement et de pression sociale par les jeunes filles –
spécialement à propos de leur apparence physique.
Si elles ne sont pas trop grosses ou trop maquillées, alors elles sont trop dénudées… ou pas assez
dénudées. Avoir trop d’amis, c’est risquer d’être cataloguée comme « désespérée ». Mais celles qui n’ont pas
assez d’amis sont des perdantes, des rejets…
D’après les chercheurs, la pression ne vient pas que des pairs, mais aussi des publicités sur les réseaux
sociaux. Des pubs qui perpétuent le stéréotype de la femme belle et longiligne, qui rivalise avec ses
congénères pour séduire un homme.
Des jeunes filles ont confié aux chercheuses que lorsqu’elles prennent le risque de publier sur Facebook
une photo un peu plus osée d’elle­même – en petite tenue par exemple – elles surveillent de près la réaction
du cyberespace à leur publication.
« Si la photo reçoit, genre, 10 j’aime dans les dix premières minutes, alors la fille est confiante. Mais si ce
n’est pas le cas, elle va s’empresser de retirer la photo et se sentir humiliée… », a expliqué une participante
du eGirls Project. Ça doit être épuisant à la fin. Je veux dire, tous ces efforts pour se couler dans un moule
qui n’a aucun rapport avec la réalité.
En lisant le rapport, j’ai repensé à toutes les fois où une femme m’a demandé si je trouvais qu’elle avait
engraissé.
À toutes les fois où j’ai sincèrement répondu « non », tout en ayant le sentiment que ma réponse ne la
convainquait pas.
À la fois où je me suis tanné et où j’ai répondu : « Oui, mais je les aime tes grosses fesses. »
D’accord, j’ai eu droit à une claque sur la gueule. Mais cette fois­là, ellem’a cru. Y compris le bout où je
disais que je l’aimais.
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