analyse de guernica de pablo picasso
Transcription
analyse de guernica de pablo picasso
Analyse faite par Marie-Pierre DAUTANE ANALYSE DE GUERNICA DE PABLO PICASSO La présentation, la biographie et le contexte historique ont été déjà faites . La description Couleurs : Picasso utilise le noir et le blanc. C’est un tableau monochrome(1). Les figures et les objets sont en blanc et dans des dégradés de gris. Le contraste avec l’arrière-plan sombre, les fait ressortir. Il avait dans son travail préparatoire, utilisé la couleur. Mais cette utilisation monochrome rend la scène plus dramatique. Il utilise aussi la typographie(2) de la pesse écrite, le noir et blanc des photos, rappelant ainsi que c’est par ce biais qu’il a pris connaissance de cet évènement dramatique. Cette absence de couleur rappelle le deuil, la violence, la mort. Lumière : Elle vient du haut, de la lumière artificielle de l’ampoule électrique, qui met en valeur le centre du tableau. Elle accentue aussi le contraste et accentue la violence, mettant en valeur les corps et les visages déformés. Formes : Cette œuvre est figurative(3), puisque l’on reconnait des personnages, des animaux. Mais elle n’est pas réaliste. Picasso déforme le « réel » (une langue devient pointue, un œil prend la forme d’une larme…). Il allonge et déforme les corps (les cous par ex). Il agrandie certaines parties des corps (les mains, les bras). Cela lui permet de renforcer l’idée de la souffrance des corps malmenés par la guerre. Les figures ne sont pas représentées sous un seul angle de vue. C’est le principe du cubisme(4) (inventé par Picasso) qui monte plusieurs points de vue sur une même représentation. Composition : Au 1er regard, Guernica semble un chaos, un désordre de corps, d’objets sans organisation. Cependant, il est au contraire, très structuré ! Une organisation pyramidale, représentée par le triangle central. A la base, la mort symbolisée par le soldat et au sommet l’espoir symbolisé par la lampe à pétrole. Le cheval blessé, transpercé par une lance, est mis ainsi en valeur. La base montre des formes horizontales, enchevêtrées, évoquant la mort et le chaos. La partie haute, avec ses formes verticales, plus espacées, expriment davantage la peur de ces visages tournés vers le ciel, d’où tombent les bombes des avions. Le regard est attiré par le centre mis en lumière et plus clair. Le tableau se lit comme une frise, de droite à gauche, dans une lecture inversée, comme le monde renversé qu’il nous montre ( de la femme dans les flammes, à la femme qui jaillit de la maison, à la composition centrale, jusqu’à la femme avec son bébé mort dans les bras). La scène se déroule partout à la fois, à l’intérieur et à l’extérieur. Une composition en « trois parties », comme un triptyque(5). Cette composition (pyramide et triptyque) est très utilisée dans la peinture. Ainsi Picasso, même dans le cubisme, respecte des règles établies dans la peinture classique. Maintenant, abordons certains détails de Guernica… Suivez le guide, dans le sens de la lecture! Dans les vingt sept mètres carrés de ce tableau (Guernica est une toile immense!), Picasso veut nous plonger dans l’horreur de la guerre et provoquer réflexion et émotions! Tous les personnages sont d’une taille plus grande que nature. « La femme dans les flammes » Elle pleure (ses yeux sont en forme de larmes). Sa bouche est édentée (symbolisant une personne désarmée). Elle lève les bras vers le ciel (le bombardement est venu du ciel). Elle est dans les flammes (Le bombardement s’est fait avec des bombes incendiaires) Reportez-vous à la fiche sur le contexte de Guernica ! Elle exprime le peuple désarmé, face à la lâcheté du bombardement). C’est sans doute une référence de Picasso au « Tres de mayo », de son compatriote Francisco GOYA, peint en 1814, qui montre des patriotes fusillés par les soldats de Napoléon Ier, pendant la guerre d’Espagne. « Tres de mayo », 1814, Francisco GOYA « La femme à la lampe au pétrole » (au Fuyant par une ouverture carrée, une tête humaine, dont le bras étiré tient une lampe, jaillit vers l’extérieur ! Elle survole la scène centrale. Elle peut représenter le regard de l’extérieur, horrifié par cet évènement Ses formes étirées et effilées (la tête, le bras), donnent une impression de mouvement et de dynamisme. Elle sort de l’intérieur, vers l’extérieur, en brandissant une lampe, qui est de fait, au centre de la composition « sommet de la pyramide »). Cette lampe peut être un flambeau, symbole d’espoir, dans la « nuit » du bombardement. « La femme se trainant sur le sol » A droite du cheval, une femme accourt. Elle forme l’une des diagonales de la pyramide. Sa poitrine dénudée symbolise l’enfant qu’elle a sans doute perdu dans le bombardement. Sa forme étirée donne l’impression de la fuite. Elle semble « jaillir » de la maison en flammes ! Son genou traine au sol (elle est blessée à la jambe). Elle est accablée par la douleur. Son visage est tourné vars le ciel, où s’adresse son cri d’horreur et de douleur. « La lampe » On voit l’ampoule électrique et la lumière qui en jaillit. Elle a la forme d’un grand œil, qui éclairerait la scène, pour la mettre en lumière et en témoigner ( comme le peintre ?). Elle met en lumière le cheval blessé à mort et la scène centrale. « La lampe à pétrole » Tenue par la femme qui survole la scène de désolation. Elle est au sommet de la pyramide. Symbole d’espoir ? Lumière du témoignage ? C’est là aussi une lumière artificielle, moins crue que la lumière électrique, comme la fragilité de l’espoir face à l’horreur de cette scène. Ce trio de femmes (les pleureuses) pleurent la liberté et crient leur douleur face à l’horreur du bombardement… La crucifixion du Christ est l’archétype de la souffrance et de l’agonie. « Le cheval blessé à mort » Au centre de la composition, près de la lumière et au sommet de la pyramide. Pour Picasso, il représente le peuple qui souffre, Il agonise, son flanc percé par une lance (référence à la crucifixion du Christ. Le soldat Longinus transperce le flanc droit du Crist, avec une lance). Sa gueule ouverte sur son dernier souffle et un râle. Sa langue pointue comme un couteau, exprimant la douleur. Là aussi, son corps est déformé, sa tête en arrière. Hermann Schadeberg, 1410-1415 « Le soldat » A la base de la pyramide. Son corps est disloqué, coupé en morceaux. Il est démembré (sa tête décapité, son bras coupé). Sa main tient encore une épée brisée. Il est le symbole du combattant, de la violence de la guerre. « L épée et la fleur » L’épée brisée est le symbole de la paix. La fleur fragile, délicate ( ses contours sont fins), symbolise une lueur d’espoir de renaissance, face à l’horreur de la guerre. « La colombe » Elle se situe entre le cheval et le taureau. Elle symbolise la paix, brisée, comme son aile brisée qui pend. On ne la distingue pas bien, comme la paix, impossible dans ce contexte de guerre et de violence. « La femme à l’enfant » Elle est devant le taureau, agenouillée. Elle hurle au ciel son enfant mort. Sa langue pointue accentue le hurlement qu’elle lance. Ses yeux et ses narines sont en forme de larmes. Elle tient dans ses bras son bébé mort, dont les yeux sont vides, comme la vie qui l’a quitté. Ses bras et sa tête sont ballants. Sa poitrine dénudée symbolise la maternité, détruite par la violence de la guerre. Elle est à la fois de face et de profil, avec son cou étiré vers l’arrière. Elle est une référence à « la piéta »(6), figure de la vierge pleurant la mort de son fils, le Christ. « La piéta, 1498-1499, Michel-Ange, « Le taureau » Il est le seul à nous faire face. Il nous fixe Ses yeux sont humains Il est impassible face à la violence de la guerre Il est le symbole de la force brutale, de la cruauté (ses cornes et ses oreilles pointues accentuent cet effet) Seules sa bouche ouverte et sa langue pointue lui donnent une expression Il est une référence à la corrida, la tauromachie(7) qui est un thème récurant chez Picasso Il est monstrueux, semblable au Minotaure(8), figure mythologique, autre référence fréquente dans la peinture de Picasso. Course de taureaux, la mort du torero, 1934, Pablo PICASSO Maquette pour la couverture du journal Minotaure, mai 1933 Pablo PICASSO LEXIQUE : (1) Monochrome : D’une seule couleur. (2) Typographie : Impression d’un texte (se réfère aux caractères d’imprimerie). (3) Figuratif (Art figuratif) : L'art figuratif est un style artistique, qui représente le corps humain ou animal. (4) Cubisme : Reportez-vous à la fiche sur le Cubisme. (5) Triptyque : Tableau composé d'un triple panneau dont deux volets se replient sur le panneau central. (6) « Piéta » : Peinture ou sculpture sur laquelle la Vierge est représentée avec le corps du Christ sur les genoux. (7) Tauromachie : Art de combattre les taureaux dans l’arène (corrida). (8) Minotaure : Le Minotaure est, dans la mythologie grecque, un monstre fabuleux possédant le corps d'un homme et la tête d'un taureau ou mi-homme et mi-taureau.
Documents pareils
HISTOIRE DES ARTS GUERNICA
pointue lui donnent une expression, et ses yeux sont humains. Il semble fixer le
spectateur. Sa tête est massive. Il possède des cornes et des oreilles pointues.