Remise du Prix Honoré d`Urfé 2007

Transcription

Remise du Prix Honoré d`Urfé 2007
2
Le Prix Honoré d’Urfé : promouvoir la littérature dans la Loire
Crée en 1999 par Pascal Clément, Président du Conseil Général de la Loire, le Prix Honoré d’Urfé
du roman d'amour a pour but de couronner une œuvre inédite, le principe étant de primer un
manuscrit inédit relatant une histoire d’amour, sous forme de roman ou de recueil de nouvelles. Le
samedi 15 septembre 2007
lauréat du Prix Honoré d’Urfé est publié par les Editions de la Table Ronde et remporte un prix
littéraire doté de 6 000 !. Mis en place en moyenne tous les deux ans par le Conseil général de la
Loire, cette année 2007 a vu l’organisation de la 4ème édition de ce prix.
Dossier de presse
Un défi qui porte ses fruits
Remise du Prix Honoré d’Urfé 2007
Si l’aide à la création littéraire est déjà une initiative remarquable, le Conseil général de la Loire a
souhaité un véritable travail de lecture et ne pas se contenter d’offrir une subvention.
Il a également souhaité valoriser les richesses de la francophonie en ouvrant le Prix Honoré d’Urfé
par Pascal CLÉMENT, Président du Conseil général de la Loire
et
du roman d’amour au-delà des frontières du département de la Loire et même de l’Hexagone.
Cette exigence pouvait sembler un pari audacieux…
Pourtant avec de nombreux articles parus dans
NON COMMUNIQUÉ
André CELLIER, conseiller général en charge de la culture
13%
HORS EUROPE
LOIRE
2%
Le Prix Honoré d’Urfé : promouvoir la littérature dans la Loire __________________________ 2
Un défi qui porte ses fruits _______________________________________________________________2
22%
6%
3%
2007 : une remise de prix inédite _________________________________________________________ 3
PARIS
francophone
centaines
de
étrangère,
avec
demandes
de
France métropolitaine, des DOM-TOM, d’Afrique,
d’Asie, d’Europe et d’Amérique, ce Prix Honoré
d’Urfé du roman d’amour a trouvé son public.
16%
AUTRES REGIONS
38%
Une sélection minutieuse des manuscrits par un jury de professionnels ________________ 4
La lauréate du prix Honoré d’Urfé 2007 : Janine Sabatier ______________________________________4
presse
plusieurs
renseignements et 87 manuscrits reçus de
EUROPE
RHONE-ALPES
La Bâtie d’Urfé : un cadre unique pour la remise de ce prix _____________________________________3
Des lectures de textes en guise de préambule _______________________________________________3
la
En 2007, 7 participants à ce prix sont des
auteurs francophones de pays étrangers.
PROVENANCE DES MANUSCRITS
Annexes ___________________________________________________________________________________ 5
Pour la 4ème fois, le Conseil général de la Loire, la prestigieuse maison d’édition de la Table
Les 5 manuscrits présélectionnés en 2007 par le jury local _____________________________________5
Biographie de la lauréate 2007 : Janine Sabatier _____________________________________________6
Ronde, un jury local composé d’acteurs ligériens de la lecture et de l’écriture (enseignants,
bibliothécaires, auteurs, initiateurs de concours littéraires…) et un jury national représentatif du
monde des Lettres (auteurs et journalistes littéraires) se sont associés pour relancer un prix
contact presse :
Sophie Tardy
04 77 48 42 18
06 20 37 76 78
[email protected]
pépinière de nouveaux auteurs.
Pourquoi tant d’Amour ?
L’Amour demeure l’un des thèmes majeurs de l’inspiration littéraire. Pas un genre ne lui échappe,
qu’il s’agisse du roman psychologique ou de mœurs, de la science fiction ou du polar.
C’est sur les berges du Lignon, en Forez, dans la Loire, qu’est né le premier roman d’amour en
langue française. Inventeur d’une veine créatrice qui n’était pas près de s’épuiser, Honoré d’Urfé y
écrivit L’Astrée, roman phare fleuve du XVIIème siècle.
L’idée de rendre à la fois hommage aux lieux et à l’écrivain était trop séduisante pour ne pas créer
ce Prix Honoré d’Urfé du roman d’amour.
2
Le Prix Honoré d’Urfé : promouvoir la littérature dans la Loire
Crée en 1999 par Pascal Clément, Président du Conseil Général de la Loire, le Prix Honoré d’Urfé
du roman d'amour a pour but de couronner une œuvre inédite, le principe étant de primer un
manuscrit inédit relatant une histoire d’amour, sous forme de roman ou de recueil de nouvelles. Le
samedi 15 septembre 2007
lauréat du Prix Honoré d’Urfé est publié par les Editions de la Table Ronde et remporte un prix
littéraire doté de 6 000 !. Mis en place en moyenne tous les deux ans par le Conseil général de la
Loire, cette année 2007 a vu l’organisation de la 4ème édition de ce prix.
Dossier de presse
Un défi qui porte ses fruits
Remise du Prix Honoré d’Urfé 2007
Si l’aide à la création littéraire est déjà une initiative remarquable, le Conseil général de la Loire a
souhaité un véritable travail de lecture et ne pas se contenter d’offrir une subvention.
Il a également souhaité valoriser les richesses de la francophonie en ouvrant le Prix Honoré d’Urfé
par Pascal CLÉMENT, Président du Conseil général de la Loire
et
du roman d’amour au-delà des frontières du département de la Loire et même de l’Hexagone.
Cette exigence pouvait sembler un pari audacieux…
Pourtant avec de nombreux articles parus dans
NON COMMUNIQUÉ
André CELLIER, conseiller général en charge de la culture
13%
HORS EUROPE
LOIRE
2%
Le Prix Honoré d’Urfé : promouvoir la littérature dans la Loire __________________________ 2
Un défi qui porte ses fruits _______________________________________________________________2
22%
6%
3%
2007 : une remise de prix inédite _________________________________________________________ 3
PARIS
francophone
centaines
de
étrangère,
avec
demandes
de
France métropolitaine, des DOM-TOM, d’Afrique,
d’Asie, d’Europe et d’Amérique, ce Prix Honoré
d’Urfé du roman d’amour a trouvé son public.
16%
AUTRES REGIONS
38%
Une sélection minutieuse des manuscrits par un jury de professionnels ________________ 4
La lauréate du prix Honoré d’Urfé 2007 : Janine Sabatier ______________________________________4
presse
plusieurs
renseignements et 87 manuscrits reçus de
EUROPE
RHONE-ALPES
La Bâtie d’Urfé : un cadre unique pour la remise de ce prix _____________________________________3
Des lectures de textes en guise de préambule _______________________________________________3
la
En 2007, 7 participants à ce prix sont des
auteurs francophones de pays étrangers.
PROVENANCE DES MANUSCRITS
Annexes ___________________________________________________________________________________ 5
Pour la 4ème fois, le Conseil général de la Loire, la prestigieuse maison d’édition de la Table
Les 5 manuscrits présélectionnés en 2007 par le jury local _____________________________________5
Biographie de la lauréate 2007 : Janine Sabatier _____________________________________________6
Ronde, un jury local composé d’acteurs ligériens de la lecture et de l’écriture (enseignants,
bibliothécaires, auteurs, initiateurs de concours littéraires…) et un jury national représentatif du
monde des Lettres (auteurs et journalistes littéraires) se sont associés pour relancer un prix
contact presse :
Sophie Tardy
04 77 48 42 18
06 20 37 76 78
[email protected]
pépinière de nouveaux auteurs.
Pourquoi tant d’Amour ?
L’Amour demeure l’un des thèmes majeurs de l’inspiration littéraire. Pas un genre ne lui échappe,
qu’il s’agisse du roman psychologique ou de mœurs, de la science fiction ou du polar.
C’est sur les berges du Lignon, en Forez, dans la Loire, qu’est né le premier roman d’amour en
langue française. Inventeur d’une veine créatrice qui n’était pas près de s’épuiser, Honoré d’Urfé y
écrivit L’Astrée, roman phare fleuve du XVIIème siècle.
L’idée de rendre à la fois hommage aux lieux et à l’écrivain était trop séduisante pour ne pas créer
ce Prix Honoré d’Urfé du roman d’amour.
3
2007 : une remise de prix inédite
L’année 2007 est aussi celle des 400 ans de la première publication de L’Astrée, l’œuvre majeure
4
Une sélection minutieuse des manuscrits par un jury de
professionnels
d’Honoré d’Urfé. Cet anniversaire a donné lieu tout au long de l’année 2007 à une série de
Pour cette quatrième édition, la sélection des œuvres s’est faite en deux étapes. Les 82 textes
manifestations : colloques, expositions, animations, lectures, concerts, etc.
répondant aux critères (sur 87 manuscrits reçus) ont tout d’abord été lus par le jury local, présidé
par André Cellier, conseiller général en charge de la Culture, et composé d’élus et membres du
C’est pourquoi cette année, pour la première fois, tout naturellement et symboliquement, la remise
personnel du Conseil général de la Loire, d’enseignants et de personnalités très investies dans la
du Prix Honoré d’Urfé s’est effectuée dans un cadre prestigieux : le château de la Bâtie d’Urfé. Le
vie littéraire (organisateurs de prix, auteurs, etc.).
choix de ce lieu rend hommage à Honoré d’Urfé et à sa principale œuvre littéraire.
Le jury local a ensuite établi une pré-sélection de cinq titres (cf. annexes) soumis au jury national
présidé par Denis Tillinac, auteur et membre de l’Ecole de Brives et directeur des Editions de la
La Bâtie d’Urfé : un cadre unique pour la remise de ce prix
Résidence de la famille d’Urfé à partir du XIIIème siècle, ce site unique est connu pour sa chapelle
dotée entre autres de splendides boiseries et marqueteries. Les décors en rocaille de la grotte, les
éléments sculptés de la galerie, sont aussi remarquables. Cette demeure fait cohabiter les styles
italien et français avec l’ouvrage d’artisans venus du Forez et des alentours, reflet d’une
personnalité riche et singulière, celle de Claude d’Urfé.
Honoré d’Urfé, qui a passé une partie de sa jeunesse dans ce château, a placé la Bâtie et ses
environs au centre de son roman, L’Astrée. On retrouve dans le cadre évoqué par l’écrivain le
bocage, les bords du Lignon ou les Monts du Soir et du Forez. Dans le parc, on peut admirer la
Table Ronde. Parmi les autres membres de ce jury national, Pascal Clément, Président du Conseil
général de la Loire, André Cellier, conseiller général de la Loire en charge de la culture, MarieChristine Barrault, auteur et comédienne, Irène Frain, auteur, Henri Lopes, auteur et ambassadeur,
Eric Neuhoff, journaliste à Madame Figaro et membre du jury Interallié, Pascale Fray, journaliste à
Elle et Sabine Audrerie, journaliste à La Croix.
Les critères de sélection
Le choix du jury s’est basé sur une ligne de critères très précises : qualité de l’écriture et du style,
construction du texte, originalité, développement du thème de l’amour…
Il était suggéré, mais non imposé, que l’histoire pouvait avoir un lien avec notre département. Ce
point n’a pas constitué cette année un critère éliminatoire.
Fontaine de la Vérité d’Amour, semblable à celle qu’Adamas avait fait dresser par Céladon.
La lauréate du prix Honoré d’Urfé 2007 : Janine Sabatier
Des lectures de textes en guise de préambule
La lauréate 2007, Janine Sabatier, originaire de Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-
Pour se plonger dans l’ambiance littéraire de l’univers d’Honoré d’Urfé, une lecture d’environ 50
en 2004 ; mais, Un week-end en automne de Raymond Delley lui avait ravi la préférence parmi les
minutes, a précédé la remise du prix.
76 manuscrits. Elle écrit depuis plus de trente ans des romans, des nouvelles et des poésies et a
Atlantiques, avait déjà vu son texte L’Oiseau du delta, sur fond d’Égypte ancienne, pré-sélectionné
ainsi pour la première fois l’opportunité d’être publiée par une grande maison d’édition.
Accompagnée d’un musicien, Annie-Claude Sauton, actrice et membre de l’association Labo et
Ludus, a entraîné le public dans un répertoire diversifié, de Marguerite Duras ou Albert Cohen à
Milan Kundera et Christian Bobin…sans oublier des poèmes de René Char ou Nazim Hikmet, et
en clôture un extrait du roman primé.
Le Prix Honoré d’Urfé 2007 : L’Oiseau du delta
L’Oiseau du delta, à la fois roman historique et roman d’amour, révèle une minutie dans l’étude de
la psychologie des personnages et de la réalité l’Égypte ancienne. Il s’agit à la fois d’un roman
d’atmosphère, d’un roman d’amour et d’un roman très documenté sur l’époque emmené par un
style recherché, parfois poétique et imagé.
3
2007 : une remise de prix inédite
L’année 2007 est aussi celle des 400 ans de la première publication de L’Astrée, l’œuvre majeure
4
Une sélection minutieuse des manuscrits par un jury de
professionnels
d’Honoré d’Urfé. Cet anniversaire a donné lieu tout au long de l’année 2007 à une série de
Pour cette quatrième édition, la sélection des œuvres s’est faite en deux étapes. Les 82 textes
manifestations : colloques, expositions, animations, lectures, concerts, etc.
répondant aux critères (sur 87 manuscrits reçus) ont tout d’abord été lus par le jury local, présidé
par André Cellier, conseiller général en charge de la Culture, et composé d’élus et membres du
C’est pourquoi cette année, pour la première fois, tout naturellement et symboliquement, la remise
personnel du Conseil général de la Loire, d’enseignants et de personnalités très investies dans la
du Prix Honoré d’Urfé s’est effectuée dans un cadre prestigieux : le château de la Bâtie d’Urfé. Le
vie littéraire (organisateurs de prix, auteurs, etc.).
choix de ce lieu rend hommage à Honoré d’Urfé et à sa principale œuvre littéraire.
Le jury local a ensuite établi une pré-sélection de cinq titres (cf. annexes) soumis au jury national
présidé par Denis Tillinac, auteur et membre de l’Ecole de Brives et directeur des Editions de la
La Bâtie d’Urfé : un cadre unique pour la remise de ce prix
Résidence de la famille d’Urfé à partir du XIIIème siècle, ce site unique est connu pour sa chapelle
dotée entre autres de splendides boiseries et marqueteries. Les décors en rocaille de la grotte, les
éléments sculptés de la galerie, sont aussi remarquables. Cette demeure fait cohabiter les styles
italien et français avec l’ouvrage d’artisans venus du Forez et des alentours, reflet d’une
personnalité riche et singulière, celle de Claude d’Urfé.
Honoré d’Urfé, qui a passé une partie de sa jeunesse dans ce château, a placé la Bâtie et ses
environs au centre de son roman, L’Astrée. On retrouve dans le cadre évoqué par l’écrivain le
bocage, les bords du Lignon ou les Monts du Soir et du Forez. Dans le parc, on peut admirer la
Table Ronde. Parmi les autres membres de ce jury national, Pascal Clément, Président du Conseil
général de la Loire, André Cellier, conseiller général de la Loire en charge de la culture, MarieChristine Barrault, auteur et comédienne, Irène Frain, auteur, Henri Lopes, auteur et ambassadeur,
Eric Neuhoff, journaliste à Madame Figaro et membre du jury Interallié, Pascale Fray, journaliste à
Elle et Sabine Audrerie, journaliste à La Croix.
Les critères de sélection
Le choix du jury s’est basé sur une ligne de critères très précises : qualité de l’écriture et du style,
construction du texte, originalité, développement du thème de l’amour…
Il était suggéré, mais non imposé, que l’histoire pouvait avoir un lien avec notre département. Ce
point n’a pas constitué cette année un critère éliminatoire.
Fontaine de la Vérité d’Amour, semblable à celle qu’Adamas avait fait dresser par Céladon.
La lauréate du prix Honoré d’Urfé 2007 : Janine Sabatier
Des lectures de textes en guise de préambule
La lauréate 2007, Janine Sabatier, originaire de Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-
Pour se plonger dans l’ambiance littéraire de l’univers d’Honoré d’Urfé, une lecture d’environ 50
en 2004 ; mais, Un week-end en automne de Raymond Delley lui avait ravi la préférence parmi les
minutes, a précédé la remise du prix.
76 manuscrits. Elle écrit depuis plus de trente ans des romans, des nouvelles et des poésies et a
Atlantiques, avait déjà vu son texte L’Oiseau du delta, sur fond d’Égypte ancienne, pré-sélectionné
ainsi pour la première fois l’opportunité d’être publiée par une grande maison d’édition.
Accompagnée d’un musicien, Annie-Claude Sauton, actrice et membre de l’association Labo et
Ludus, a entraîné le public dans un répertoire diversifié, de Marguerite Duras ou Albert Cohen à
Milan Kundera et Christian Bobin…sans oublier des poèmes de René Char ou Nazim Hikmet, et
en clôture un extrait du roman primé.
Le Prix Honoré d’Urfé 2007 : L’Oiseau du delta
L’Oiseau du delta, à la fois roman historique et roman d’amour, révèle une minutie dans l’étude de
la psychologie des personnages et de la réalité l’Égypte ancienne. Il s’agit à la fois d’un roman
d’atmosphère, d’un roman d’amour et d’un roman très documenté sur l’époque emmené par un
style recherché, parfois poétique et imagé.
5
Annexes
Les 5 manuscrits présélectionnés en 2007 par le jury local
6
Biographie de la lauréate 2007 : Janine Sabatier
2005 : Prix de la Nouvelle de Fontaine Française
2005 : Prix de la Nouvelle de la ville de Saint-Jean-de-Braye
L’OISEAU DU DELTA de Janine SABATIER
2001 : Prix de la Nouvelle Albertine Sarrazin
A la fois roman d’amour et roman historique, L’oiseau du delta est raconté du point de vue de la
fille de Néfertiti et du pharaon Aménophis IV. L’Égypte ancienne y est superbement décrite jusque
2000 : Prix de la ville de Pamiers
dans les détails quotidiens, l’aspect psychologique des personnages abordé avec finesse,
1999 : Prix de la nouvelle animalière Fernand Mey
notamment les relations difficiles des parents, à la limite de l’incommunicabilité.
1993 : Lauréate du concours de la nouvelle « Les nouveaux Jules Verne », organisé par FontenoyL’ENFER DU DÉCOR de Yves TREILLE
Le début du roman peut paraître surprenant, par le vocabulaire choisi, mais très vite le lecteur est
la-Joûte
1997 : Troisième Prix de la Nouvelle de la ville de Dieppe
emporté par les superbes descriptions du Blanc canadien, par la très bonne analyse des
personnages de cette histoire d’amour tragique car impossible. Il s’agit d’une belle page d’amour,
1994 : Prix Martine Riper-Sarut (Société des Poètes Français)
fort bien écrite, lyrique dans l’évocation des paysages comme dans la peinture des sentiments des
1992 : Lauréate de l’académie française
protagonistes.
1982 : Prix de la Nouvelle de Perpignan
LA DIAGONALE DE L’ANGE de Anne-Marie TELLEY
Roman bien construit, bien écrit, dont l’héroïne représente le destin. Tous les personnages sont au
premier plan, attachants. De belles descriptions, des références constantes à l’art pictural
contribuent au plaisir de la lecture. Une histoire d’amour triste car impossible.
Le titre trouve son explication dans l’intrigue, de la bouche d’un des personnages.
Revue de presse
Extrait de la revue Écrire et éditer n°48, édition de février–mars 2004
« Paysage d’écrivain - Janine Sabatier
Janine Sabatier a quitté Paris peu après 1978 pour les Pyrénées. Où elle vit en recluse depuis des
L’AMOUR ÉCARLATE de Lucette DESVIGNES
années (…). Solitaire, éprise d’absolu, avocate d’une nature à jamais souillée, Janine a écrit deux
romans, trois recueils de nouvelles, dix recueils de poésies, de nombreuses chroniques
Après un début peut-être rendu difficile par un style argotique et une vision d’un quotidien à la
animalières et des contes bibliques, mais n’a trouvé aucun éditeur jusqu’à ce jour. Ses manuscrits
limite du sordide, l’histoire d’amour, avec une analyse fine du sentiment amoureux, prend le pas.
grossissent le nombre de ceux qui sont envoyés par la poste et qui ne sont jamais lus (..).
Cette histoire pourrait être impossible, car elle concerne des demi-frère et sœur.
Janine fait voyager le lecteur à travers ses récits. Un fil conducteur relie la jeune héroïne sous
L’amour est le plus fort. L’époque dans laquelle elle se déroule n’est pas franchement située, mais
l’empire des Song à la vieille Tipak habitant un igloo près de Fairbanks : la lutte contre la barbarie,
semble contemporaine.
la quête de la fraternité. « Celle-ci est si rare et essentielle qu’elle devrait être inscrite dans les
programmes scolaires ! »
ALLER RETOUR de Madame WOIRIN-LAFITE
Un roman court et efficace, en apparence simpliste, mais très juste dans l’analyse des
sentiments. Il sent la sincérité, rappelle l’expérience vécue des premiers émois amoureux.
L’écriture, sensuelle, met particulièrement en valeur les sensations physiques.
Au-delà de la « vanité sans conscience » décrite ici avec force, apparaît dans son œuvre
l’intersigne du surnaturel- « qu’on peut appeler l’éclair de la chance ! »
Souhaitons-la lui ardemment : l’un de ses manuscrits se trouve actuellement en lecture…
Christian Cogné »
5
Annexes
Les 5 manuscrits présélectionnés en 2007 par le jury local
6
Biographie de la lauréate 2007 : Janine Sabatier
2005 : Prix de la Nouvelle de Fontaine Française
2005 : Prix de la Nouvelle de la ville de Saint-Jean-de-Braye
L’OISEAU DU DELTA de Janine SABATIER
2001 : Prix de la Nouvelle Albertine Sarrazin
A la fois roman d’amour et roman historique, L’oiseau du delta est raconté du point de vue de la
fille de Néfertiti et du pharaon Aménophis IV. L’Égypte ancienne y est superbement décrite jusque
2000 : Prix de la ville de Pamiers
dans les détails quotidiens, l’aspect psychologique des personnages abordé avec finesse,
1999 : Prix de la nouvelle animalière Fernand Mey
notamment les relations difficiles des parents, à la limite de l’incommunicabilité.
1993 : Lauréate du concours de la nouvelle « Les nouveaux Jules Verne », organisé par FontenoyL’ENFER DU DÉCOR de Yves TREILLE
Le début du roman peut paraître surprenant, par le vocabulaire choisi, mais très vite le lecteur est
la-Joûte
1997 : Troisième Prix de la Nouvelle de la ville de Dieppe
emporté par les superbes descriptions du Blanc canadien, par la très bonne analyse des
personnages de cette histoire d’amour tragique car impossible. Il s’agit d’une belle page d’amour,
1994 : Prix Martine Riper-Sarut (Société des Poètes Français)
fort bien écrite, lyrique dans l’évocation des paysages comme dans la peinture des sentiments des
1992 : Lauréate de l’académie française
protagonistes.
1982 : Prix de la Nouvelle de Perpignan
LA DIAGONALE DE L’ANGE de Anne-Marie TELLEY
Roman bien construit, bien écrit, dont l’héroïne représente le destin. Tous les personnages sont au
premier plan, attachants. De belles descriptions, des références constantes à l’art pictural
contribuent au plaisir de la lecture. Une histoire d’amour triste car impossible.
Le titre trouve son explication dans l’intrigue, de la bouche d’un des personnages.
Revue de presse
Extrait de la revue Écrire et éditer n°48, édition de février–mars 2004
« Paysage d’écrivain - Janine Sabatier
Janine Sabatier a quitté Paris peu après 1978 pour les Pyrénées. Où elle vit en recluse depuis des
L’AMOUR ÉCARLATE de Lucette DESVIGNES
années (…). Solitaire, éprise d’absolu, avocate d’une nature à jamais souillée, Janine a écrit deux
romans, trois recueils de nouvelles, dix recueils de poésies, de nombreuses chroniques
Après un début peut-être rendu difficile par un style argotique et une vision d’un quotidien à la
animalières et des contes bibliques, mais n’a trouvé aucun éditeur jusqu’à ce jour. Ses manuscrits
limite du sordide, l’histoire d’amour, avec une analyse fine du sentiment amoureux, prend le pas.
grossissent le nombre de ceux qui sont envoyés par la poste et qui ne sont jamais lus (..).
Cette histoire pourrait être impossible, car elle concerne des demi-frère et sœur.
Janine fait voyager le lecteur à travers ses récits. Un fil conducteur relie la jeune héroïne sous
L’amour est le plus fort. L’époque dans laquelle elle se déroule n’est pas franchement située, mais
l’empire des Song à la vieille Tipak habitant un igloo près de Fairbanks : la lutte contre la barbarie,
semble contemporaine.
la quête de la fraternité. « Celle-ci est si rare et essentielle qu’elle devrait être inscrite dans les
programmes scolaires ! »
ALLER RETOUR de Madame WOIRIN-LAFITE
Un roman court et efficace, en apparence simpliste, mais très juste dans l’analyse des
sentiments. Il sent la sincérité, rappelle l’expérience vécue des premiers émois amoureux.
L’écriture, sensuelle, met particulièrement en valeur les sensations physiques.
Au-delà de la « vanité sans conscience » décrite ici avec force, apparaît dans son œuvre
l’intersigne du surnaturel- « qu’on peut appeler l’éclair de la chance ! »
Souhaitons-la lui ardemment : l’un de ses manuscrits se trouve actuellement en lecture…
Christian Cogné »
7
Extrait du journal La Dordogne Libre, édition du 20 novembre 2004
« Salon du livre gourmand
La constance et l’audace- Un pavé dans la mare de l’édition
« J’ai été jugée par un groupe de lettrés et non par des commerciaux » [déclare] Janine Sabatier
recevant ce prix qu’elle a dédié à Jean-Pierre Coffe « pour son salutaire combat » (…) [Elle] a été
lauréate de l’académie française (novembre 1992), du prix Albertine Sarrazin (juin 2001) et de
quelques autres prix attribués à des nouvelles. (…) »
Extrait de la plaquette de présentation de l’édition 2001 du Prix de la nouvelle
Albertine Sarrazin
« Janine Sabatier
Parisienne ayant fui l’agitation de la capitale voici quatre lustres, par amour des Pyrénées et de la
vie recluse, Janine Sabatier (poète, nouvelliste, conteuse, romancière) est un cas dans le monde
littéraire. Un cas douloureux. Ses rares amis (les amis sont toujours rares) la considèrent comme
une « guerrière de l’absolu » n’ayant jamais voulu transiger sur son art ni se plier aux diktats
commerciaux des modes littéraires, préférant une vie d’exclusion plutôt que de tremper sa plume
dans l’écrier complaisant et confortable d’une certaine littérature fangeuse… ramant donc à contrecourant et seul capitaine au gouvernail de sa galère quotidienne. (…)
Janine Sabatier vous dira (…) « Je n’ai jamais fait de concession ni transigé sur ce que je croyais
(ce que je crois) mon devoir de conscience (le refus d’écrire des bassesses qui m’auraient ouvert
des portes) et ma vérité d’ écriture. De ce fait, je l’ai payé (je le paie) par une vie marginale de
dissidente littéraire car TOUT ce que j’écris, je le veux vibrant et beau, afin que quiconque puisse
me lire sans jamais souiller mon âme ! Car je n’aime que le Vrai, le Juste, le Bien. » (…)
Si l’univers de Janine Sabatier est celui d’un écrivain doloriste, il n’est pas uniformément noir. Au
contraire, sa plume (qui est celle d’un poète) chante et proclame l’arc-en-ciel espéré, le rayon
salvateur de la chance, et la vertu restée cachée au fond du vase ouvert par la futile et curieuse
Pandore, la vertu qui vous tient debout et vous donne ce regard droit devant : l’Espérance !… »
7
Extrait du journal La Dordogne Libre, édition du 20 novembre 2004
« Salon du livre gourmand
La constance et l’audace- Un pavé dans la mare de l’édition
« J’ai été jugée par un groupe de lettrés et non par des commerciaux » [déclare] Janine Sabatier
recevant ce prix qu’elle a dédié à Jean-Pierre Coffe « pour son salutaire combat » (…) [Elle] a été
lauréate de l’académie française (novembre 1992), du prix Albertine Sarrazin (juin 2001) et de
quelques autres prix attribués à des nouvelles. (…) »
Extrait de la plaquette de présentation de l’édition 2001 du Prix de la nouvelle
Albertine Sarrazin
« Janine Sabatier
Parisienne ayant fui l’agitation de la capitale voici quatre lustres, par amour des Pyrénées et de la
vie recluse, Janine Sabatier (poète, nouvelliste, conteuse, romancière) est un cas dans le monde
littéraire. Un cas douloureux. Ses rares amis (les amis sont toujours rares) la considèrent comme
une « guerrière de l’absolu » n’ayant jamais voulu transiger sur son art ni se plier aux diktats
commerciaux des modes littéraires, préférant une vie d’exclusion plutôt que de tremper sa plume
dans l’écrier complaisant et confortable d’une certaine littérature fangeuse… ramant donc à contrecourant et seul capitaine au gouvernail de sa galère quotidienne. (…)
Janine Sabatier vous dira (…) « Je n’ai jamais fait de concession ni transigé sur ce que je croyais
(ce que je crois) mon devoir de conscience (le refus d’écrire des bassesses qui m’auraient ouvert
des portes) et ma vérité d’ écriture. De ce fait, je l’ai payé (je le paie) par une vie marginale de
dissidente littéraire car TOUT ce que j’écris, je le veux vibrant et beau, afin que quiconque puisse
me lire sans jamais souiller mon âme ! Car je n’aime que le Vrai, le Juste, le Bien. » (…)
Si l’univers de Janine Sabatier est celui d’un écrivain doloriste, il n’est pas uniformément noir. Au
contraire, sa plume (qui est celle d’un poète) chante et proclame l’arc-en-ciel espéré, le rayon
salvateur de la chance, et la vertu restée cachée au fond du vase ouvert par la futile et curieuse
Pandore, la vertu qui vous tient debout et vous donne ce regard droit devant : l’Espérance !… »
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Janine Sabatier
L’Oiseau du Delta
Extraits
Prix du roman d’amour « Honoré d’Urfé » 2007
décerné par le Conseil Général de la Loire
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n couple d’ibis blancs survola ma terrasse. Leurs ailes,
aux extrémités noires, encore dégoulinantes d’eau, luisaient comme du jais humide sous les derniers rayons
d’Amon-Ré. L’un des oiseaux laissa tomber une plume à
mes pieds. J’aimais cet oiseau du Delta (symbole de mon
sceau) et je m’empressai de la ramasser. Large et trapue, elle
appartenait au mâle. J’y vis un mauvais présage car celle était
tachée de sang. Je la tins devant moi tel un miroir de laque
sombre sur lequel se dessinaient des fumerolles, des vapeurs
qui avaient le visage de mon tourment futur.
J’étais, depuis l’enfance, affligée d’un esprit prémonitoire, aux visions funestes et loufoques, toujours accompagnées de tenaces migraines. À ma naissance, présidèrent
astronomes et occultistes : les uns regardèrent les étoiles, les
autres, grands prêtres tout-puissants d’Amon, interrogèrent
l’oracle. Les premiers, experts en calendrier, affirmaient :
celui qui naît le 9 vivra vieux ; le 6 est le chiffre des ivrognes ;
le 16 est heureux ; le 20 donne des décès précoces ; le 27 est
jour de paix. Ils avaient déclaré aussi que je verrais des choses secrètes, que je serais chagrine et sauvage, au destin solitaire et sacrifié. L’oracle des seconds, également péremptoire, livra son jargon : j’étais une vieille âme, en avance sur
U
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son temps, qui revenait parmi les siens pour un retour sans
joie. Ces mages avaient décrété que mon bâ1, diamant brut
à l’étroit dans sa gangue de chair, devrait se restreindre pour
acquérir des mérites futurs, en attendant le jour de sa délivrance.
Voulant faire mentir ces charlatans, je voulus à mon tour
consulter un oracle privé. J’avais longtemps hésité, puis y
avais renoncé. J’avais su résister à l’invitation pressante de
mon voisinage féminin, filles de notables, bécasses pérorantes qui allaient en groupe, aux premiers jours de leur nubilité, dans le temple de Memphis pour requérir une séance de
psychométrie médiumnique. Entre les mains du devin, la
statuette magique devançait le temps présent pour dévoiler
le visage de l’avenir. Grassement payé, le manipulateur,
invariablement, confirmait leur vœu intime : riche mariage
et vie de fainéantise. Elles en revenaient enflées de satisfaction, plus stupides qu’au départ, et je fuyais leurs bavardages
pointus. Quant à moi, j’avais décidé d’ennoblir ma désespérante vacuité en distribuant, comme le désert son sable, tout
mon capital d’amour inutile aux plus humbles.
J’observais la plume blessée qui avait rougi mes doigts. Je
la rangeai dans mon coffret privé, où elle devait rester de
nombreuses années avant que je ne la ressorte.
Désormais, les jours m’étant comptés, je me dois de tout
relater avant que la vieillesse ne vienne amoindrir ma
mémoire. Car, si notre climat excitant nous éveille très tôt,
il nous use aussi très vite. Pour ce faire, je prends un stylet
neuf et un rouleau de papyrus que je déroulerai à mesure.
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Âme immortelle, qui s’échappe à la mort pour revivre dans l’au-delà.
Elle est symbolisée par un oiseau : le jabiru.
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Mon récit terminé, je fermerai mes tentures sur la nuit odorante et je laisserai la suprématie des sables recouvrir ma cité
moribonde. […]
***
Je vivais chez mon père Aménophis IV, alias Akhénaton.
Il était le dixième pharaon de la XVIIIe dynastie2. Nous
vivions sur la rive ouest, dans le palais de Malgatta entouré
de jardins fleuris. Serais-je moins encline à parler de ma
mère, la belle Néfertiti ? Mais j’ai promis d’être honnête.
Ouaset (Thèbes), notre cité, splendeur de la Haute-Égypte
et « pays du jonc fleuri », enjambait les deux rives du Nil. Sur
sa rive est se trouvaient le temple d’Amon et ceux d’autres
divinités mineures ; en face bourdonnait la vie administrative dans les quartiers protégés par la falaise proche. Dans
un oued désertique de la montagne se cachait la nécropole
royale3. La situation de notre pays – inconfortable s’il en fut
– était celle d’un long index justicier, pointé pour séparer
deux déserts : l’Arabique et le Libyque, et maintenir les querelles de leurs peuplades. Pareille à un roseau toujours vert,
l’Égypte était alors fleuron sur le blason africain.
J’étais – je suis – Méritaton, fille aînée de Pharaon. Je
suis aussi fille de kémit, la terre noire, la grasse terre limoneuse qui, chaque année, espère la fécondation offerte selon
le bon vouloir de Knoum, le dieu bélier, qui décide de libérer la crue. Hâpy (Nil), notre fleuve, termine son long voyage
2 La XVIIIe dynastie couvre, approximativement, la période 1550-1295
avant J.-C. Elle comporte quatorze pharaons.
3 La Vallée des Rois.
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en se jetant dans la Méditerranée, se coulant dans les mille
veinules de son large delta en éventail. Avant de rejoindre la
mer infinie, il a eu une jeunesse aventureuse comme tous les
baroudeurs. Il a puisé sa force dans la fusion de deux entités : son affluent blanc, né au Zaïre, et le bleu, dégringolant
des hauts plateaux éthiopiens. De leur rencontre est né notre
bien-aimé fleuve nourricier.
Nous connaissions peu l’univers extérieur, mais nos
savants qui n’aimaient pas être contredits, et nos géomètres
qui ont voyagé, affirmaient que notre fleuve était le plus long
du monde connu avec ses 6 700 kilomètres ! Le plus puissant aussi, capable de traverser sans s’y perdre, l’inertie des
sables. Leurs calculs avaient révélé une originalité : notre
pays était traversé par le Tropique du Cancer. Mon imagination d’enfant se plaisait à rêver à cet étrange Tropique surmonté d’un crabe aux multiples pattes, funambule en équilibre sur un fil ! […]
***
À la mort de son époux, Tiyi, ma grand-mère, alors
grande épouse royale et maîtresse-femme, assura légitimement la régence. Elle apprécia tant le pouvoir qu’elle renâcla avant de passer les rênes à son fils, le quatrième Aménophis, plus ou moins bien formé à sa charge. En effet, son
père préférait la chasse aux lions à ses devoirs paternels. Il
trouvait l’adolescent dégingandé et peu masculin… Mais, à
peine pubère, le fils si effacé se révéla audacieux. Il indiqua
à sa mère, en choisissant des mots fleuris et respectueux,
qu’il aspirait à gouverner et à affiner son peuple, qui lui
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paraissait singulièrement grossier, bavassant à tous propos
devant des idoles à faces animales ! Alertée, la rusée Tiyi
opina gentiment du chef en l’écoutant, tandis que ses attentifs yeux noirs le détaillaient. C’était un adolescent rêveur et
exalté à la fois, épris de poésie, aimant la nature et dévot à
Aton, le disque solaire qui, selon lui, était l’UN primordial.
L’Unique dont il entendait bien rétablir le culte, jadis célébré à Héliopolis. Déjà, secrètement, il se rebaptisait Akhénaton.
Tout en observant son air benoît, sa mère pensait qu’elle
n’aurait qu’à lui prêter le pouvoir. Elle ne l’affronta donc pas
directement, réfléchissant à un appât derrière lequel elle
pourrait louvoyer à sa guise. Pour compenser la laideur de
son rejeton et lui donner quelque orgueil additif, elle provoqua de manière faussement spontanée, afin de ménager sa
susceptibilité, une rencontre avec une jeune beauté qui lui
parut un atout d’envergure. Et celle qui avait tant de suppliants et de suppliantes, la grande déesse Athor aux cornes
de vache, la patronne toute-puissante du sentiment amoureux – entre autres attributions moins pudiques – fit le
reste…
L’adolescente choisie était la séduction même : petite, la
peau couleur d’abricot mûr, visage racé et sans défaut, sûre
d’elle et impassible, telle était l’élue, statue qui attend son
piédestal. Tiyi l’avait découverte presque par hasard, en visitant le harem de son défunt époux afin d’en libérer les recluses rancies pour les remplacer par des jeunesses avenantes,
destinées au service du nouveau roi. Dans ce lot avachi, elle
repéra aussitôt une pure jeune fille, nommée Néfertiti, qui
tranchait en ce lieu glauque autant qu’un bouton de rose
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égaré parmi les ronces. Cherchant quelques indications dans
le registre des eunuques, son index boudiné dut remonter
huit ans en arrière avant de trouver mention de la fillette !
Le texte initial avait visiblement été gratté et surchargé
d’une identité plausible. Tiyi ne s’arrêta pas à ce détail. Elle
apprit ainsi que l’entrée de la petite correspondait à l’allégeance de son pays envers la puissante Égypte. Elle était
arrivée là, enfant, offerte par son propre père, le roi du
Mitanni (région caucasienne), dans le but d’une alliance
prestigieuse. Le vieil Aménophis III, alors sur le déclin, se
contenta, à regret, d’admirer les promesses déjà visibles de
l’enfant, comme on admire un beau meuble inaccessible
dont un autre ouvrira les tiroirs. […]
***
L’heure de comparaître devant le « tribunal d’Osiris »4
ayant sonné pour notre vieux scribe atrabilaire, mon père
choisit pour le remplacer le fils d’un notable décrié. On
murmura contre ce choix, mais Pharaon fit taire les langues
venimeuses en disant : « Le fils ne doit pas être jugé d’après les
fautes du père ! » Toujours absente, résidant dans mes altitudes brumeuses où voguaient mes chimères, je ne fis pas
attention sur le moment à ce début de polémique. J’étais
alors une élève médiocre, irrégulière, tourmentée par l’approche de la puberté, lorsqu’un séisme vint me sortir de ma
torpeur. Sa secousse causa une blessure qui remplit ma vie.
Ce même séisme, pour certains, s’appelle bonheur.
4
Jugement post mortem.
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Vint le jour où Natoroum se présenta à sa poignée d’élèves. Je n’étais pas encore nubile, mais toujours aussi désuète
et complexée. Il était assis derrière son écritoire, en train de
choisir nos calames et nos tablettes d’argile, que je n’avais
pas encore atterri. Il toussota et ce léger bruit me tira de mes
limbes. Je levai les yeux vers lui. À cet instant, la mort aurait
été douce à la pauvre laideronne que j’étais ! Aussi rapidement que la vipère blessée se love au sein de l’agave pour
n’en plus sortir, l’amour pénétra dans mon cœur incurable
pour le martyriser.
Natoroum avait peut-être vingt-deux ans. D’une beauté
rare et d’un maintien fier et modeste à la fois. Il se leva pour
nous distribuer nos tablettes, car le papyrus, quoique si présent dans notre quotidien, était trop précieux pour se voir
gaspillé par des enfants. Notre nouveau scribe portait, suspendu à une chaînette, son sceau personnel avec lequel il
scellait ses lettres et messages. Ce sceau représentait Khépri,
le scarabée sacré, aux ailes d’or doublées de turquoise, fixé
sur une plaque de stéatite verte. À chacun de ses gestes, ce
bijou fascinant oscillait avec un léger mouvement de balancier en lançant de brefs miroitements. Arrivé à ma hauteur,
le léger parfum de cannelle qu’il répandait m’environna d’un
souffle chaud. Je remarquai sa peau d’ambre, ses cheveux
noir jais retenus sur la nuque par un catogan d’argent, et ses
yeux bruns à la cornée joliment bleuie par l’extrait de bleuet
qui protège des méfaits du vent. Il me tendit ma plaquette.
Ses mains, longues et fines, aux ongles rosis par l’usage du
polissoir, portaient à leurs deux auriculaires une bague carrée où figurait en relief un scorpion agressif. Son animalsymbole, pensai-je. Cet animal joue toujours un rôle dans la
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vie de chacun. Pour tout vêtement, Natoroum portait un
pagne à larges bretelles croisées dont la frange lui battait les
mollets. Il a été le seul émoi de ma vie et ne l’a jamais su. De
ce jour, je ne manquai jamais plus les cours. […]
***
Ta-Toum, ma maquilleuse et coiffeuse, releva mon visage
piteux, courbé vers le sol sous sa semonce, et acheva sans un
mot son travail. Cela fait, et pour capter mon attention, elle
saisit mon menton afin que mes yeux fixent les siens. Elle
me tint ainsi bloquée et sa voix était redevenue douce :
— Pour éviter d’autres incendies à ton imagination, il est
temps que tu saches que le père de Natoroum était un
pécheur impénitent, d’un rare égoïsme, qui a perdu la réputation de nombreuses femmes et séparé bien des couples.
Un mari jaloux a mis fin à ses méfaits. L’apparente indifférence de son fils vient du serment accompli sur la tombe du
coupable. Natoroum se croit comptable des fautes paternelles. Pour alléger la sentence du tribunal d’Osiris à son égard,
il a offert le don le plus frustrant qui soit : celui de taire son
propre cœur ! On ne revient pas sur une telle promesse !
Crispée sur ma mâchoire, sa main était un étau m’empêchant de me dérober :
— Crois-tu qu’un tel homme, capable de se priver –
volontairement – de ce qui fait courir tous les autres, ne soit
pas un être unique doté d’une sensibilité et d’une dimension
autres ? Crois-tu que, te voyant tous les jours, il soit aveugle
et ne sache pas ?
Je chevrotai :
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— Pourquoi ça n’arrive qu’à moi ? Pourquoi ?
Je ne sais pas comment mes dents n’étaient pas broyées
car Ta-Toum amplifia sa pression :
— Parce que tu es une vieille âme, capable de comprendre et de supporter. Sois fière, Méritaton, de votre lien
secret, si pudique et si rare. Toi seule peut l’aider par ton
amour silencieux à endurer son sacrifice qui est aussi le tien.
Maintenant, tu sais.
Sans me consoler, cette révélation allégea mon désenchantement. Mes yeux se dessillaient. Un voile d’incompréhension se levait, me rendant plus forte. Cette vision nouvelle s’accompagna d’une certitude aveuglante et un pan du
passé s’imposa à moi avec évidence. […]
***
Et ma mère était grosse pour la cinquième fois ! L’ennui
d’une telle situation se lisait sur son visage. Derrière elle, une
servante résignée l’éventait. Des bougies de citronnelle nous
protégeaient (mal) des insectes. Comme toujours, notre
table était scandaleusement surchargée. Fidèle à mon serment, je m’étais attaché les services d’une femme sûre qui,
après notre départ, ramassait nos surplus et les distribuait à
quelques veuves qui attendaient cette manne pour nourrir
leurs enfants.
Dans son coin, Sémenkharé, privé de son ouistiti, boudait. Las d’être prisonnier d’une ceinture, celui-ci était parvenu à s’enfuir pour rejoindre ses frères sauvages. Néfertiti
ne touchait pas aux bulbes de papyrus saupoudrés de
sésame, pourtant son plat favori. Son regard absent restait
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fixé sur le ciel velouté de la nuit qui libérait ses parfums multiples. Par les baies entrouvertes pénétrait un remugle qui
dominait tous les autres : celui de la vase fétide piétinée par
les seigneurs du fleuve. Et l’on entendait les berges résonner
tels des tambours sous le pas des hippopotames, brutes
obtuses broyant tout sur leur passage. Les narines délicates
de ma mère frémirent, elle eut la nausée et porta à ses lèvres
son petit mouchoir imbibé de menthe. Une servante se précipita pour fermer les baies qui diffusaient un peu de la fraîcheur nocturne. Et nous dûmes étouffer. J’en fus fâchée car
c’était l’heure de l’effraie et de la hulotte qui partaient en
chasse, et j’aimais leurs cris sanglotants.
On servit à mon père un jus de canne à sucre fermenté
dont il était friand. Ma mère ne touchait jamais à l’alcool
qui gâterait son teint. Elle réclama une infusion de karkadé,
à base d’hibiscus. Pour ma sœur et moi (la guenon vagissante était chez sa nourrice), ce fut la doucereuse eau de
fleurs d’oranger. Enfin, les musiciens arrivèrent pour nous
offrir le ravissement de leur art. Le harpiste aveugle (beaucoup d’aveugles développaient, en compensation, l’art de la
musique) installa sa harpe entre les genoux et commença à
moduler quelques notes, puis vinrent les paroles de la célèbre complainte […].
Soudain, une voix grossière vint couvrir la sienne en
surimpression ! Les musiciens avaient, ce soir-là, pour remplacer la cantatrice habituelle, indisposée, amené une nouvelle chanteuse. Dès que je la vis, une onde glacée me parcourut l’échine, et j’eus la certitude que cette fille portait le
malheur avec elle. Elle avait traîné dans son sillage un tambourinaire à l’œil torve. Je fis un signe à mon père pour qu’il
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la renvoie aussitôt ; mais, intéressé par sa présence insolite,
il ne voulut pas comprendre. Or, le destin tient, bien souvent, dans la décision d’un instant.
Nue sous sa tunique transparente, c’était une Babylonienne fort insolente. Elle portait dans le dos l’épaisse tresse
des danseuses, dont l’extrémité, enjolivée par une boule de
couleur, est destinée à se balancer au rythme des mouvements. Mimant sa chanson avec des gestes ployants, elle ne
se gênait pas pour se pencher sous le nez de mon père afin
qu’il puisse apercevoir tout son corps par l’échancrure de son
vêtement. Intentionnellement, elle secouait par intervalles
sa natte rousse, ce qui la faisait ressembler à une lionne lascive. Fardée outrageusement, elle célébrait aussi Hathor, la
déesse permissive de tous les plaisirs. Ceci était d’une
grande audace puisque narguant la religion officielle. J’attendais une réaction de Pharaon à cet affront. Captivé par
ces appas vulgaires, lui, dont le nez déjà naturellement épais
se dilatait d’excitation, restait complaisant et figé, admirant
bouche bée les poses suggestives de la provocante diablesse.
Sous l’invite, mon père vida coup sur coup deux gobelets de
vin raisiné, ce qui était fort préjudiciable à son estomac et à
ses nerfs. Dans le même temps, j’observais ma mère : vivement contrariée par l’incident, elle s’assombrissait. Pour
répondre aux avances de l’étrangère, Akhénaton voulut
chanter en duo avec elle, mais sa voix, faussée par l’alcool,
dérailla et il s’étouffa dans une quinte de toux. Une servante
partit au galop pour lui rapporter un remède lénifiant : une
jatte de lait brûlant fortement épaissi de miel noir.
Néfertiti releva le menton et, d’un mouvement sec,
signifia le départ de la coupable. Les musiciens, désolés, se
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retirèrent avec mille courbettes. Notre soirée se trouvait
gâchée. Mais le pire était à venir.
Sa quinte passée, mon père s’effondra sur les gros coussins superposés qui formaient banquette. Couvert d’une
sueur malsaine, il réclama une nouvelle coupe de vin, malgré sa dyspepsie qui lui causait des éructations gênantes. Ma
mère interdit la coupe mais fit confectionner un cataplasme
d’herbes chaudes qu’elle fixa elle-même autour de son torse.
Un silence tendu s’installa entre nous. Je redoutais une crise,
mais je n’osais pas donner le signal du départ. Que n’ai-je
osé ! Que n’ai-je osé ! À demi ivre, Pharaon soufflait et
rotait bruyamment. Visiblement, cette fille l’avait gravement
énervé. […]
***
Pharaon régnait depuis bientôt seize ans déjà5, lorsqu’il
mourut subitement. Une servante vint me chercher dans la
nuit, quelques instants avant le moment fatal. En traversant
les couloirs derrière elle, je me posais mille questions :
congestion, étouffement quintal, fièvre des marais, excès
sensuels ? Avait-il abusé de fenugrec pour soutenir ses forces ? Je savais qu’il utilisait, secrètement, la terrible mandragore, plante androgyne qui, surdosée, déclenche des saignements intestinaux. Avait-il utilisé de la poudre de
cantharide destinée à fouetter les fonctions défaillantes,
mais dont les effets secondaires mènent à la démence ? Qui
le sait ? Aurait-il voulu se suicider avec de tels mélanges qu’il
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Son règne : 1350-1334 avant J.-C.
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était sûr d’y parvenir ! Mais qui peut dire qu’il restera stoïque face à la douleur sans chercher à s’en évader d’une façon
ou d’une autre ? Si la maladie l’avait poussé à des comportements extrêmes parfois, je savais, moi, que sa névrose mystique était la grande responsable de son épuisement nerveux.
Les médicastres qui se chamaillaient sans pudeur auprès
du lit de l’agonisant se turent à mon entrée. Ils n’ignoraient
pas dans quel mépris je les tenais ! Savaient-ils guérir nos
maux endémiques : dengue, bilharziose qui fait uriner du
sang, ténia, trachome, douve du foie ? Non ! Mais, pour être
honnête, il me faut reconnaître qu’ils savaient réduire les
fractures et recoudre les plaies. Je passai devant eux sans leur
accorder la moindre attention. Je cherchai ma mère du
regard sans la trouver. J’allai au chevet du moribond. Je
remarquai qu’on l’avait ceint de l’emblème royal. Mon premier geste fut d’ôter cette ridicule couronne pour inspecter
son crâne et ses cheveux humides de transpiration. Ma sempiternelle prière semblait avoir été respectée car je ne vis pas
d’effraction sur son crâne. Sous les yeux offensés des médecins, je replaçai la couronne surmontée du cobra royal destiné à repousser les ennemis. Mais la mort, qui nous suit pas
à pas dès notre premier souffle, est-elle de ceux-ci ?
Je pris sa main déjà glacée. Il reposait sur sa couche enfin
détendu, un demi-sourire flottant sur ses lèvres molles. Sentant ma présence, il fit un effort pour ouvrir ses paupières
bleuies et pour émerger des tréfonds où il s’enlisait déjà.
Comme une braise clignote encore dans les cendres d’un feu
éteint, son regard s’éclaira brusquement pour moi seule et je
reçus son dernier souffle : « Aton réclame son fils ! », puis
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son bâ s’échappa. Je disposai ses deux mains croisées sur son
cœur.
À jamais, il était Akhénaton le Grand, Akhénaton le
pharaon rebelle, Akhénaton mon père !
***
À l’évocation de cette minute solennelle où l’âme de
l’Égypte s’éteignit, mon stylet, usé par l’émotion, s’échappe
de ma main et roule à terre. Pharaon a-t-il franchi sans
heurt tous les sas, tous les gués pour rejoindre les Champs
Célestes promis aux Justes ? A-t-il déjoué, avec le soutien
d’Anubis, les embuscades de cet au-delà qui fait si peur aux
vivants ? La réponse m’en sera donnée bien plus tard.
***
Près du cadavre paternel je songeais à ma mère, dépressive, cloîtrée en son petit palais, et que je n’avais pas revue
depuis des lunes. Quel était son sentiment alors ? Viendraitelle en veuve éplorée, ou en épouse rancunière mais qui tient
son rang ?
Pendant le trimestre nécessaire au rituel de conservation,
le corps de Pharaon devait reposer soixante-dix jours dans
un bain de natron déshydratant. Ses viscères, eux, reposaient
dans des canopes. Dans la poitrine vide, on insérait Khépri
le scarabée de la renaissance car le cœur, organe noble mais
menteur, avait droit à un canope spécial. Selon un code très
précis, soins de beauté et bandelettage appartenaient aux
embaumeurs, farouches gardiens de la tradition, myrrhe et
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gomme arabique faisaient partie de recettes complexes détenues par les officiers funéraires.
Personne n’apercevait jamais ces artistes, vénérables initiés. Leur corporation, tenue à l’absolu secret, leur interdisait de côtoyer le monde des vivants, et ils vivaient entre eux,
contraints et prisonniers dans leurs ateliers fermés, sous la
tutelle d’Anubis, Seigneur de la Nécropole. De loin en loin,
de rares échos nous parvenaient de leur vie aliénante. Tous
étaient sauvagement seuls. Confinés dans cet univers morbide, certains devenaient de dangereux psychopathes. Une
rumeur avérée affirmait que, lorsque le cadavre d’une jolie
femme leur arrivait, celui-ci endurait de tels outrages répétés que le corps abîmé devait subir d’importantes réparations cosmétiques avant d’être rendu à la famille pour inhumation…
Quelques voix autorisées préconisèrent qu’Akhénaton,
malgré son reniement, soit enterré à Thèbes, avec ses parents,
dans l’Ouadi thébain (« Vallée des Rois »). Ma mère et moi
nous y opposâmes fermement car telle n’était pas sa volonté.
Fidèle à lui-même, il avait précisé son désir d’être inhumé
dans la falaise d’Armana, face à la cité d’Aton, loin des
mécréants de Thèbes. Notre avis prévalut. […]
***
Il y avait fort longtemps qu’un caravanier n’avait pas fait
halte chez nous. J’étais seule en ces lieux, avec une poignée
de serviteurs âgés ou infirmes, et à la merci de quiconque. La
certitude de la protection d’Aton me faisait ignorer la peur.
L’homme m’observa avec une commisération paternelle.
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Retroussant l’ourlet de sa tunique il fourragea dans l’abondance de plis, d’accrocs et de nœuds, pour en sortir un
paquet. Tandis que ses doigts s’agitaient, ses yeux ne me
quittèrent pas en me contant cette touchante histoire :
— Voici quelques jours, je me trouvais à la frontière du
pays, non loin de la quatrième cataracte. En sortant du
désert nubien mon regard fut attiré par un éclat blanc luisant sous le couvert d’un buisson d’épineux. Intrigué, je fis
baraquer ma monture. Un squelette humain, à demi recouvert de sable, gisait là. Une somptueuse chevelure couleur de
vieux cuivre et encore accrochée au crâne, laissait supposer
combien avait dû être belle sa propriétaire. La main gauche
du cadavre reposait sur la tête d’un guépard dont la fourrure
grouillait, infestée par la ponte des nécrophages. Au col de la
femme, visibles sous des débris de voiles, des colliers d’or et,
aux poignets, des cercles incrustés de lapis-lazulis. Je pensai
que si ce n’était pas moi, ce serait un autre qui ramasserait
ces bijoux qui vous reviennent. Je les pris, et c’est alors que
je vis, gravé en intaille et sur l’avers des bracelets, le sceau de
votre mère !
En disant ces derniers mots, il déplia le chiffon sale dans
lequel reposaient les joyaux. Il ajouta qu’il avait enterré, sur
place, les restes de la favorite en récitant le peu qu’il connaissait du rituel d’usage.
Son honnêteté était méritoire car, comme tous les Égyptiens pauvres, il devait être chargé d’une famille ramifiante
dont il était le soutien. Je lui signifiai qu’il n’aurait plus de
commerce à espérer avec la cité d’Aton moribonde. Sa face
s’assombrit de déception. J’avais une répugnance profonde
pour le vol sur les cadavres sans défense, alors que les cha— 26 —
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pardages effleurant à peine les riches me laissaient indifférente. Je contemplai longtemps les bijoux entre mes paumes.
Tout comme la statuette ramassée chez Thoutmès, ils irradiaient le poids chaud et vivant de l’amour qui survit à la
mort.
Les pauvres avaient toujours eu une place privilégiée
dans mon cœur. À ma façon, avec mon destin sacrifié, j’estimais faire partie du grand troupeau des malheureux. Je
rendis ce trésor à l’homme stupéfait. Apposant mon sceau,
l’Oiseau du Delta, sur sa paume, je lui conseillai de se hâter
et d’aller voir si le joaillier était encore en ville. Il recevrait
paiement de lui et sa famille n’aurait plus jamais faim. Je
n’avais jamais vu un homme pleurer. Je me détournai et
montai chez moi.
Cette anecdote me toucha singulièrement. Elle me fit
comprendre que le temps était venu de mettre de l’ordre
dans ma vie, qui cependant avait toujours été spartiate au
milieu de l’abondance. La seule espérance qui fut mienne
n’avait jamais été comblée. Mon cœur intransigeant garda sa
richesse pour un seul qui ne la vit pas. Aujourd’hui, l’extrême détachement éprouvé m’était offert comme un
cadeau…
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La narratrice, Méritaton, fille aînée
de Néfertiti et d’Akhénaton, traverse les siècles, pour nous dire sa
vérité et sa souffrance.
Adolescente rebelle et tourmentée, elle nous guide dans l’univers
fastueux de la cour où les trahisons se
fomentent, les amours se gâchent et
L’auteur : Janine Sabatier.
les passions se déchaînent.
Ce roman lyrique et émouvant, servi par une plume
enchanteresse, est un hymne à la nature, à la vie, à l’amour.
Cet ouvrage sera publié aux Éditions de La Table Ronde
au printemps 2008.