Retranscriptions « SUPER PLANTES »

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Retranscriptions « SUPER PLANTES »
Retranscriptions
« SUPER PLANTES »
1 - Le Cri des Arbres Tueurs
2 - L’Heure du Bambou
3 - L’Indestructible Ginkgo
4 - L’Île des Arbres Vieillards
5 - Des Graines d’Éternité
6 - À la Recherche de l’Arbre Dinosaure
Excepté pour le premier, les textes suivants sont les retranscriptions que j’ai faites (à raison de presque
3 heures par volet d’une heure ! ) des différents volets de la série documentaire « Super Plantes », diffusée
à l’origine en Avril 2003 par la chaı̂ne de télévision France 5 (www.france5.fr).
Cette série comportait 6 volets d’une heure chacun.
Il s’agit d’une coproduction : Télé Images Nature, Productions Espace Vert VI Inc, France 5, en association avec TFO - TVONTARIO : une coproduction France-Canada.
J’avais retranscrit les différents volets, car cette série me semble très intéressante pour ceux (druide,
Wiccan, ou ...) qui arpentent le chemin dans le grand labyrinthe de la Vie. Cette série montre les liens
entre l’homme et la Nature (communication avec les Plantes et autres liens). Elle est une bonne clé pour
celui qui souhaite ouvrir son esprit à la Nature. Si ces notes peuvent servir à quelqu’un...
Mazrin
26 Avril 2003
www.geocities.com/feuillesdemazrin
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- Le Cri des Arbres Tueurs
Restranscrit par Sylva initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »
Afrique du sud, région de Transvaal.
Les koudous (grandes antilopes) se nourrissent presque exclusivement de feuilles d’acacia.
Dans les ranchs où vivent des koudous un problème est survenu il y a quelques années : on retrouvait
morts de plus en plus de koudous, sans aucune trace extérieure apparente. Les symptômes étaient une
faiblesse extrême puis la mort.
Un autre phénomène avait été observé : habituellement les koudous ne passent les clôtures que très
rarement, et seulement pendant la saison de reproduction pour aller chercher des femelles, ou bien quand
il y a une pénurie de nourriture. Mais là ce n’est pas le cas et ils essayaient quand même de les franchir.
D’autre part, ils pourraient essayer de les sauter (ces animaux sont d’excellents sauteurs, il faut des clôtures
de 2,5 mètres de haut) mais ils préféraient foncer dessus alors qu’elles sont sous haute tension.
Les pertes étaient de plus en plus importantes, des recherches ont donc été entreprises pour élucider ce
mystère.
Un recensement a révélé que le phénomène était très important et étendu : 280 fermes atteintes. Fin
1986, plus de 2000 victimes. Plus d’1/3 des koudous étaient morts, jusqu’à 39 % de pertes dans certains
ranchs.
On a découvert que plus la population de koudous était élevée, plus le taux de mortalité l’était aussi.
Et également que le mal ne s’attaquait pas à tous les herbivores ; par exemples les zèbres n’étaient sont
pas touchés.
Les recherches ont été orientées vers le système digestif : Une autopsie a révélé des feuilles d’acacia à
peine digérées, presque intactes, dans l’estomac d’un koudou.
Quelque chose semblait entraver le processus de digestion.
Les épines de l’acacia sont seulement une défense physique, un obstacle à l’action des herbivores, pour
les empêcher d’atteindre les feuilles. Ces épines ne jouent aucun rôle dans la pollinisation ou dans la photosynthèse.
L’acacia tortilis peut modifier ses défenses au fur et à mesure de sa croissance. Quand il est jeune, il
maximise ses protections car il ne peut pas se permettre de perdre trop de ses pousses et de ses feuilles.
Puis, quand il est plus grand, ses défenses physiques sont moins importantes.
Une étude sur l’acacia drepanolobium a été menée pour étudier s’il consacrait moins d’énergie à la
fabrication d’épines s’il n’était pas menacé par des herbivores. Et si l’énergie était redistribuée ailleurs.
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On a alors découvert que l’acacia était capable de produire une défense graduée proportionnelle aux
attaques : l’acacia est actif, il adopte des stratégies pour éliminer les importuns.
Par exemple si le danger est très important, l’acacia peut devenir agresseur. Il va répartir ses moyens
de défense en fonction des dangers qui le menacent. Des épines plus ou moins longues sont une arme
dissuasive, pour éloigner les agresseurs et limiter les dégâts. Mais tout un arsenal est développé pour se
protéger. Le vent qui passe dans les branches de cet acacia « siffleur » fait un bruit particulier. D’autre
part, ses épines sont creuses ; l’acacia y abrite 4 espèces de fourmis, et les nourrit en leur distribuant
du nectar. Ces fourmis ont en commun d’être des guerrières très agressives si l’arbre est menacé. Mais
lors des premières heures de floraison, l’acacia secrète une substance qui tient les fourmis éloignées, ce qui
permet à la pollinisation de se faire, les fourmis ne pouvant alors attaquer les insectes qui viennent butiner.
Autre remarque sur la mort des koudous : seulement en hiver, jamais en été. Un lien a ainsi été établi
avec leur nourriture. La poursuite recherches a confirmé qu’une réaction chimique inconnue entravait le
processus de digestion des koudous. Les recherches ont alors été orientées sur les tanins : on savait que les
plantes s’en servaient comme mécanisme chimique de défense, contre les parasites et les insectes. Mais on
n’avait jusqu’alors jamais pensé que ce mécanisme pourrait s’exercer contre des animaux.
L’acacia contient un faible taux de tanin en temps normal, juste assez pour donner un goût amer à ses
feuilles et éloigner ainsi les herbivores. L’examen des feuilles d’acacia a confirmé l’hypothèse : le taux de
tanin était beaucoup plus élevé dans les endroits où la population de koudous était plus importante (3 à
4 fois plus élevé, des doses alors capables de tuer) D’autre part un lien direct a été établi entre la densité
de Koudous dans les ranchs (avec clôtures, donc ils ne peuvent pas sortir pour aller se nourrir ailleurs) et
le taux élevé de tanins dans les feuilles d’acacia. La question qui se posait était alors de savoir si l’acacia
était capable de déclencher un tel processus.
Une expérience a alors été tentée par chercheurs :un acacia a été « agressé » à plusieurs reprises, en
imitant ce que font les koudous lorsqu’ils mangent les feuilles.
Au fur et à mesure de l’agression, le taux de tanin augmentait, même sur une courte période de 3 heures.
L’arbre déclenchait donc une réaction de défense en produisant une quantité de tanin qui empoisonnait
ses agresseurs à petit feu.
Un autre phénomène a été observé : au bout de quelques heures, les arbres voisins de celui qui était
agressé se sont mis eux aussi à augmenter leur taux de tanins.
Hypothèse avancée d’une communication entre les arbres.
tudes menées en Suisse sur le maı̈s. Question de savoir pourquoi certains champs de maı̈s étaient efficacement protégés par des guêpes qui tuaient les chenilles qui dévorent la plante, et pourquoi d’autres
champs étaient envahis de chenilles ? Si un homme ou un animal endommage une feuille de maı̈s, pas de
réaction. Mais si la salive d’une de ces chenilles est mise en contact avec la plante, cette dernière émet
alors un signal olfactif qui guide directement la guêpe jusqu’à elle. Message envoyé par la plante : il existe
une forme de communication entre la plante et l’insecte.
Idée qu’un acacia attaqué peut lui aussi prévenir les arbres voisins du danger. En analysant des branches
blessées, les chercheurs ont découvert que l’arbre émettait un gaz : en fait, différentes substances émises
dont l’éthylène (une molécule secrétée quand l’arbre est blessé) ; elle est transportée par l’air et quand les
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autres arbres reçoivent cette molécule, ils réagissent à leur tour en augmentant leur taux de tanins.
Les chercheurs ont d’ailleurs remarqué que les Koudous avancent toujours face au vent, d’arbre en
arbre, comme pour éviter que l’odeur des arbres agressés ne les suivent, n’accompagnent leur progression.
Un chercheur est sur le point de prouver que les plantes communiquent entre elles ; on ne sait pas encore
comment se transmettent ces signaux, mais il existe des connexions entre les plantes.
Preuves scientifiques d’une communication de plante à plante sont plus difficiles à donner que de plante
à insecte : la plante change sa chimie de manière subtile pour communiquer, alors que l’insecte reçoit un
signal olfactif et s’oriente immédiatement vers l’odeur.
Les plantes ont la mémoire des attaques antérieures. Elles répondent différemment selon qu’elles ont
ou non subi des attaques auparavant. Il a fallu deux ans d’enquête pour trouver la cause de la mort des
Koudous. On a finalement découvert qu’il fallait respecter dans les ranchs la densité qui existe dans la
nature pour éviter que les acacias n’attaquent (pas plus de 4 têtes pour 100 hectares de savane).
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- L’Heure du Bambou
Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »
(Précision : malgré des hauteurs de 40 mètres (la plante peut croı̂tre de 7 cm/heure), le bambou est
une herbe, une graminée comme le riz ou le blé et non un arbre)
Au « Fuji Bamboo Garden » (Japon) co-existent 500 espèces de bambous, qui relient cette plante au
Japon éternel, aux samouraı̈s et au kendo. Mais à la base des feuilles, de minuscules épis, en fait des
fleurs, apparaissent depuis 1 an (la floraison pouvant durer jusqu’à 2-3 ans), les tiges perdent ensuite leur
feuillage. Mais sans feuilles, pas de chlorophylle, donc pas de photosynthèse pour assurer la survie. Les
bambous se dessèchent alors et la bambouseraie meurt.
En Asie, les légendes sur la floraison des bambous annoncent l’imminence d’un désastre. Misère et
désolation d’après les superstitions... voire tremblements de terre et cataclysme. Des processions sont alors
organisées afin de conjurer le malheur et prier les dieux.
1/ De quoi s’agit-il ? Produit polluant empoisonnant la Terre ou la nappe phréatique ? Mais un premier
examen du sol montre que non. Humidité du sol et feuilles en décomposition sont parfaites pour la pousse
des bambous... Seule une variété et uniquement les individus en fleurs sont touchés... et il en est de même
à travers le reste du monde : des bambous meurent peu après leur floraison. Un inventaire des floraisons
dans le monde est alors mené par un chercheur.
2/ L’effort énergétique d’une telle floraison viendrait-elle à bout des bambous ? Mais, même si contrairement au corps massif et ligneux des bois les bambous sont creux, leur résistance de 1000 kg/cm2 les
rend supérieurs à l’acier ! ! ! C’est la raison pour laquelle les maisons sont bâties en Inde sur des bambous
plantés dans le sol et qu’à HongKong les échafaudages sont en bambou (léger, peu coûteux, très courant).
Et contrairement au métal, ils ne sont pas sensibles à l’humidité et résistent mieux au vent. Ce n’est donc
pas la bonne hypothèse.
3/ La floraison est grégaire et touche plein d’individus. On formule alors l’hypothèse qu’ils synthétisent
des messages... comme dans le cas des koudous et acacias qui se préviennent (cf. SuperPlantes 1), mais
aussi que les pois, la sauge ou le tabac. Dans la Nature, les mycorhizes (orthographe pas sûre), réseau de
champignons qui établissent des connections entre toutes les plantes, même de différentes espèces, jouent
le rôle de réseau téléphonique (cf. Baldwin).
La cause de la mort de la plante ne serait-elle pas la même que celle d’un insecte qui meurt après
s’être reproduit ? La plante n’aurait pas besoin de vivre une fois la reproduction faite. La comparaison des
chaumes sèches et vivantes montre que la floraison vide totalement les réserves énergétiques, et qu’ensuite
incapable de les reconstituer, la plante meurt.
4/ Les floraisons débutent en même temps pour une même espèce, même à des centaines de kilomètres.
En 1961, en Chine, au Japon et dans le Sud de la France, la floraison s’est produite en même temps.
Partout sur le globe, malgré les océans et les montagnes. On suppose alors que ces plantes (souvent issues
de la « Mer de Bambou » 70.000 hectares en Chine) seraient issues d’un même plant, car souvent une
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bambouseraie naı̂t d’un seul individu par transplantation de rhizome. Mais l’analyse génétique montre que
les plants éloignés n’ont pas le même patrimoine génétique. Le mystère demeure donc....
Depuis chaque jardin botanique maintient un fichier pour effectuer des recherches. De la base de données
apparaissent des cycles réguliers mais très compliqués. Il existe même un bambou carré de Chine, arrivé
au Japon il y a 500 ans, et que personne n’a vu fleurir. Il a donc un cycle de floraison très long (supérieur
à 500 ans) ! ! ! Bref la disparité selon les 1300 espèces (30, 60, 80 voire 120 ans) rend la prévision très difficile.
Afin de sauvegarder les pandas, l’écosystème et éviter les problèmes de ressources, l’idée est alors
d’introduire de nouvelles espèces de bambous avec des cycles très différents, assurant ainsi la diversité,
meilleure garantie de survie. Pour tester cette méthode, 35 pandas dégustent ainsi les différentes espèces
dans un centre de recherche (9 à 18 kg de bambou par jour et par panda pendant 15 heures). (Très mignons
ces pandas qui, par un carpe modifié, coupent chaumes et feuilles et épluchent les tiges pour en manger le
cur tendre).
« La nuit venue, bercés par cette atmosphère de peur et de croyances, les enfants s’inventent des charmes et des sortilèges : les petites graminées deviennent alors les instruments
d’étranges incantations... des grimoires végétaux dans lesquels l’enfance puise sa magie. »
Les scientifiques sont surpris par la précision des cycles des bambous : probablement une horloge interne qui mesure le temps, quelque chose dans les gènes. Une des meilleures horloges biologiques, où chaque
cellule sait quand la graine a germé, dans combien de temps le bambou doit fleurir et quand il doit mourir.
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- L’Indestructible Ginkgo
Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »
INTRODUCTION
A Hiroshima (Japon), au cur d’un temple, des gens se recueillent devant un arbre géant, immobile. On
l’honore, on le vénère. On pourrait croire qu’un dieu s’est matérialisé ici en un végétal... Le 6 Août 1945,
l’apocalypse nucléaire s’est déchaı̂né. Tout ce qui est fait de cellules, de chairs et de vie se consume de
l’intérieur.
Quelques jours plus tard, quelques hommes et femmes parcourent cette terre dévastée. Le lendemain, à
Hiroshima, là où se trouvait un temple, il ne restait plus que des débris et un arbre immense grâce auquel
on a pu se repérer dans les ruines. La partie du tronc tournée vers les radiations est calcinée et il n’y a
plus aucune feuille alors qu’à cette époque de l’année, il aurait dû en être couvert. Tous pensent alors
qu’il va mourir. Pourtant... quelques semaines plus tard, contrairement aux expertises, des bourgeons sont
sortis de l’arbre meurtri apportant courage et réconfort. Aussi incroyable que cela puisse paraı̂tre, l’arbre
a survécu au cataclysme.
Comment le Ginkgo Biloba a-t-il pu survivre ? Doit-il son destin à un concours de circonstances ? Dans
les archives du Musée de la Paix, il apparaı̂t que 50 % des arbres sont tombés à cause du souffle, carbonisés,
irradiés. En Septembre, un typhon avait même soufflé.... et puis, les mauvaises herbes ont commencé à
pousser d’un seul coup. Sept ginkgos avaient survécus à seulement 1 km de l’épicentre. Tous les arbres
sont morts, mais ceux-là non, et ils continuent à produire des fruits.
L’arbre est si résistant qu’il symbolise alors l’espoir et la rage de vivre. A moins de 3 km de l’épicentre,
dans un temple, les moines le vénéraient comme une relique, au point que l’architecte chargé de rebâtir
le temple a dû le bâtir autour de l’arbre et non à sa place. La Vie n’a jamais été éradiquée... Invincible,
inébranlable, indestructible, le secret du ginkgo est inestimable.
En 1932, un chimiste japonais avait déjà commencé à étudier les propriétés du ginkgo, mais ses molécules
sont difficiles à isoler, si complexes. Depuis 10 ans, les laboratoires (y compris français), les chimistes et
les pharmacologues s’intéressent aux ginkgos. Mais en réalité sa réputation précède Hiroshima.
CROYANCES ET MYTHES
- Les croyances avaient déjà constaté sa force exceptionnelle. Même ses feuilles résistent eu feu ! ! ! Les
japonais pensent donc que le ginkgo peut protéger les bâtiments et objets proches du feu et de la foudre
en étendant son invulnérabilité.
- On raconte, qu’autrefois, quand les prêtres voyageaient, ils utilisaient une branche de ginkgo comme
canne, et qu’arrivés à destination, ils enfonçaient le bâton dans la terre et qu’il y prenait racine. Autour
d’un des ginkgos, âgé de 700 ans, on place une corde en paille de riz qui le désigne comme arbre sacré, et
on place des petits papiers blancs pour éloigner les mauvais esprits.
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- On associe aussi sa feuille à un des rituels japonais les plus importants. En effet, depuis le 18e siècle,
les meilleurs lutteurs sumotoris ont adopté les coiffes « grand ginkgo ». La chevelure est mise de telle
manière qu’elle ressemble à une feuille de ginkgo afin de transmettre au corps et à l’esprit une part de son
invincibilité.
- Toutes les croyances lui accordent des pouvoirs extraordinaires. On le vénérait aussi pour sa sexualité
qu’on trouvait presque humaine : en raison de certaines protubérances sur son tronc que certains assimilaient à des testicules ou des protubérances mammaires. Un arbre si proche de l’homme prouvait donc
ainsi son extraordinaire supériorité. En outre, le mode de fécondation du ginkgo est comparable à celui des
hommes : d’un côté des spermatozoı̈des et de l’autre un ovule ; les spermatozoı̈des nageant alors jusqu’à
l’ovule comme pour les animaux. Dans ce système, l’éloignement des arbres rend la fécondation aléatoire
et ce mode de fécondation devient plus un inconvénient qu’un avantage.
UN ARBRE ÉTERNEL ?
En réalité, l’aire de présence du ginkgo dans le monde s’est réduite depuis 65 millions d’années. Les
séismes et les glaciations sont venues à bout de nombreux ginkgos. Grâce au Musée botanique de Tokyo, on
sait qu’on les retrouve partout il y a 270 millions d’années, puis qu’il y a eu un affaiblissement de l’espèce.
Sur les feuilles fossilisées il y a 300 millions d’années, beaucoup d’espèces ont disparu. Mais, en Chine, au
fond d’une vallée perdue, certaines espèces ont résisté et sont réapparues au Japon.
Le plus vieux ginkgo du Japon a 700 ans. Beaucoup disent que le bouddhisme et le ginkgo sont arrivés
en même temps au Japon, mais personne ne peut le prouver. En réalité, le bouddhisme serait arrivé au 6e
siècle alors que le ginkgo ne serait arrivé qu’au 13e siècle. Aucun des ginkgos du Japon n’a donc succombé
à la dégénérescence, aucun n’est mort de vieillesse (13e siècle + 700 ans = 20e siècle) ! ! !
On dit qu’un ginkgo, qui ne meurt pas de mort violente, vit éternellement.
Les arbres nés au Japon ne sont jamais morts de vieillesse... sont-ils donc une exception à cette règle
qui dit que « tout ce qui vit chemine vers sa destruction » ?. Normalement, le vivant est soumis à un
phénomène inéluctable appelé « entropie ». Tout ce qui est organisé se désorganise, et donc
tout ce qui est vivant meurt. Dans l’Univers, la matière tend inexorablement à évoluer vers
un état de désordre croissant jusqu’au chaos.
Bien sûr, la longévité des organismes vivants peut varier : de l’éphémère (qq. heures ou jours) à la
tortue (200 ans). Mais tous subissent un phénomène de dégénérescence inéluctable. Il n’y a que des
cycles plus ou moins longs...
S’il n’existe pas au Japon de ginkgo assez vieux pour présenter des signes de dégénérescence, il faut
chercher ailleurs. Dans le Tian Mu Shan (en Chine), là où les ginkgos ont résisté au séisme du Crétacé
(quand 70 % des formes de vie marine, et la majorité des animaux et végétaux terrestres ont disparus)...
D’après l’Université de Shanghai, il existe des spécimens âgés de plus de 1000 ans. Ainsi, un ginkgo nommé
« Dragon Volant » est âgé de plus de 2000 ans et est devenu un lieu de pèlerinage. Les ginkgos millénaires
ne sont pas durs à trouver en Chine et certains ont facilement 3000 ans. En plus de la reproduction par
graine, il peut bourgeonner par la racine... un pouvoir de régénération incroyable, car presque aussitôt de
jeunes pousses rejailliront par ses racines. Quand le tronc de « Dragon Volant » se désagrégea (il y a 2000
ans), l’arbre généra 22 nouveaux troncs qui s’élancèrent des même racines que l’ancien, résistant ainsi à
l’usure de l’âge.
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PHARMACOPÉE CHINOISE
L’arbre peut survivre dans un environnement fortement pollué sans même tomber malade. Il y a donc
bien quelque chose qui fait du ginkgo le « Superman des arbres ». C’est la raison pour laquelle on le vénère
en Chine. Depuis plus de 3000 ans, la médecine traditionnelle chinoise a montré que le ginkgo contient des
principes actifs qui permettent de résister contre les maladies.
Un moine témoigne : un maı̂tre a planté un ginkgo il y a 2000 ans et aujourd’hui l’arbre est encore
très robuste. Le moine conserve le plus ancien recueil de médecine chinoise : la feuille, préparée en thé
et consommée à long terme, agit sur le système immunitaire, le rhume et le refroidissement. Le ginkgo
agit dans l’ensemble du corps et peut le réajuster. La pharmacopée chinoise n’utilise et n’associe que des
produits naturels. Un grand herbier du 16e siècle comprend ainsi plus de 1900 formules et 5000 ingrédients
de base (minéraux, matières animales et pour 90 % des extraits végétaux).
Débarrassées de leur coquille, les graines guérissent de l’asthme, des toux et des problèmes urinaires.
Les cueilleurs portent des gants, car la pulpe de ce qu’on appelle « Abricot d’Argent » contient des substances irritantes et allergisantes. La broyeuse sépare alors pulpes et amandes (qui seront étalées au soleil).
Et comme chaque automne, la fin des récoltes donnera lieu à de grandes fêtes : les graines crues étant
toxiques, elles sont alors consommées bouillies ou grillées, avec un goût proche de la châtaigne. Cette
denrée précieuse que l’Empereur acceptait comme tribu est un présent lors des mariages.
A Shanghai où tradition et modernité se mêlent, la médecine occidentale reste en retrait. Bien qu’elles
semblent en bonne santé, des personnes âgées souffrant de palpitations vont voir le médecin qui ausculte
en donnant 3 coups sur le bras (un pour le souffle, un pour l’abdomen supérieur et un pour l’abdomen
inférieur). La graine est utilisée pour les maladies du système respiratoire (asthme, toux) et, aujourd’hui,
on commence à utiliser le pouvoir des feuilles pour activer la circulation sanguine. Dans la pharmacie voisine, par des gestes précis et immuables, une dizaine d’ingrédients est ajoutée aux feuilles pour concocter
une infusion à boire au réveil.
Les médecines traditionnelles ont formalisé des méthodes pragmatiques mais en ignorent les raisons.
Les premiers à avoir remarqué quelque chose sont les paysans. Car les parasites et les insectes attaquent
moins souvent ces arbres. C’est donc qu’il y avait qq chose d’insecticide dans les feuilles de ginkgo (en fait
de l’acide gingkolique qui tue la vermine). Une décoction est alors faite et filtrée. Elle a des caractéristiques
toxique et insecticide, mais ne pollue pas car elle se détruit rapidement (d’où de nombreuses pulvérisations)
respectant ainsi la nature environnante.
SCIENCE MODERNE
La science occidentale se pose des questions : pollution, insecte, vieillissement,... l’homme pourrait-il
emprunter au ginkgo quelques-unes des armes qui le rende indestructible ?
L’extrait de gingko biloba (EGB) comprend 2 types de principes actifs : les flavénoı̈des et les terpènes.
Ces principes actifs ont des effets différents mais complémentaires. Il a une première vertu sur la régulation
de la circulation sanguine : l’extrait dilate les artères quand elles sont bouchées ou rétrécies, et les rétracte
si elles sont trop dilatées. Il est donc à la fois vasodilatateur et vasoconstricteur suivant l’état.
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A une centaine de km de Shanghai, l’opération d’effeuillage s’effectue à la fin de l’été pour les industries
pharmaceutiques, car aucun chimiste n’a réussi à synthétiser les molécules produites par ces feuilles. Plusieurs tonnes vont alors vers les usines, car à son tour, la pharmacopée chinoise s’industrialise et désormais
l’extrait se prendra en comprimés ou en pilules : en général pour guérir un problème de circulation sanguine (ou cardiaque ou cérébral), pour lutter contre le syndrome de la « Classe économique en avion » (une
thrombose sur les longs courriers, dû au ralentissement de la circulation sanguine créant des caillots dans
les jambes qui vont vers les artères pulmonaires).
Cet EGB opère aussi sur les problèmes cérébraux (en fait les vaisseaux capillaires). Ainsi, un rat auquel
on bouche les vaisseaux cérébraux présente : une rotation du thorax, ne tourne que d’un côte en refusant
l’autre côté et glisse sur un plan incliné alors qu’un rat normal se redresse. L’EGB réduit les troubles : 48
h après, sur des coupes de cerveau, on observe que les zones nécrotiques sont très diminuées.
Nos cellules sont faites d’atomes, avec des électrons par paires. Parfois un électron s’arrache faisant
apparaı̂tre un radical libre qui endommage les cellules voisines, provoquant vieillissement, maladies neurodégénératives (Parkinson, Alzheimer,...), problèmes de rhumatologie et vasculaires... Les molécules du
ginkgo piègent les radicaux libres, ralentissant ainsi le phénomène d’entropie... ainsi s’explique la résistance
du ginkgo.
CONCLUSION
Ce que la recherche occidentale a découvert, la tradition asiatique le devinait. L’empirisme de l’Orient pourrait inspirer la Science moderne et l’aider à trouver de nouvelles pistes
thérapeutiques. Il y a beaucoup à apprendre des mythes populaires à condition de savoir les
décrypter. Peut-être aurait-on pu comprendre plus tôt, si nous avions prêter une oreille plus
attentive aux mythes et aux légendes.
Un moine parle et explique en quoi le ginkgo protège les hommes. Si on remplace « ondes négatives » par
« radicaux libres », ses paroles prennent tout leur sens : « Le temple est un lieu de prière pour les gens :
pour des vux souvent bons mais aussi parfois mauvais. Quand les ginkgos emmagasinent trop d’ondes
négatives, ils finissent par exploser. Le ginkgo capte toutes ces énergies pour grandir de plus en plus. »
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- L’Île des Arbres Vieillards
Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »
INTRODUCTION
Un vieillard, un arbre centenaire qui un jour cessa de se reproduire... Dans son pays d’origine, on surnomme ce géant « l’arbre aux bois de fer ». Sans cet individu, cet espèce n’existerait plus que sous forme
de reliques, tiges et feuillages jaunis sur les pages d’un herbier usé par le temps. Une légende raconte qu’un
jour une malédiction frappa l’arbre aux bois de fer. Par une injuste sentence, il perdit le pouvoir de donner
la vie. Tous ses congénères entamèrent alors un combat pour survivre. Les plus forts résistèrent au poids
des ans. Cet arbre unique s’appelle le tombalacoque.
Aujourd’hui, les derniers tombalacoques survivants se terrent dans une vallée encaissée de l’ı̂le Maurice. Située à l’est du continent africain, l’ı̂le Maurice (mesurant à peine 1865 km2), un ancien volcan,
constitue un formidable laboratoire naturel de l’évolution, une terre promise pour tous les végétaux partis
à sa conquête. Il y a 5 millions d’années, les courants marins et les cyclones ont amené d’Afrique et de
Madagascar des graines qui se sont implantées, se sont répandues et modifiées pour créer de nouvelles
espèces endémiques (= qui n’existent nul part ailleurs).
Le tombalacoque apparaı̂t avec ses racines solidement ancrées, son tronc de 20 m de haut, et ses feuilles
coriaces qui résistent au vent, à la pluie et au soleil tropical. En 1973, Stanley Temple (jeune scientifique
américain) explore pour la 1ère fois les sous-bois de la foret mauricienne et ne recense après bien des
kilomètres parcourus que 13 arbres. Cet isolement l’intrigue. Tous les tombalacoques de l’ı̂le sont âgés et
meurtris. Pas de jeune pousse ne signale une relève... L’espèce est en tain de s’éteindre.
Une étude méthodique montre qu’il n’y a pas de défaut dans la structure des plantes, ni d’insectes,
ni de parasites sur l’écorce. La plupart produisait des fruits même en grandes quantités (certains étaient
même très productifs !). Comment peut-on s’éteindre alors qu’on produit des fruits, des noix à l’aspect
rugueux ? Aucun jeune arbre même là où pourtant des graines étaient tombées.
Une absence de prédateurs, un habitacle favorable... L’ı̂le Maurice est une niche écologique idéale pour
de nombreuses espèces végétales... sauf pour le tombalacoque. Alors pourquoi devient-il stérile ?
STRATÉGIES DE COLONISATION
Pour qu’une plante naisse, il suffit parfois d’une graine projetée au loin par une goutte de pluie ou
transportée vers de nouveaux horizons par un simple coup de vent. Au fil des millénaires, pour conquérir
l’espace et assurer leur pérennité, les plantes se sont transformées en guerrières. Toutes ont développé de
formidables stratégies. Dans cette lutte sans merci, les plus opportunistes se servent d’animaux afin de
faire parcourir à leur graines des distances considérables. tendre son territoire est une tendance universelle
du Vivant. Dans cette course à la colonisation, où l’homme arrive en tête avec les fourmis, les plantes font
des prouesses.
Pour éliminer les concurrents, elles peuvent engager des stratégies d’une agressivité implacable. C’est
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le cas de la jacinthe d’eau que rien ne semble pouvoir stopper. Elle parcourt parfois des milliers de km
grâce à un système de crochets ou d’épines qui permet aux graines de s’accrocher au plumage d’un oiseau.
Mais la nature est complexe... Dans le monde végétal, il existe des plantes qui n’ont toujours pas révélé
leur mystère. Combien sont-elles ces espèces qui, à l’image du tombalacoque de l’ı̂le Maurice, s’éteignent
lentement sans laisser aux hommes le temps de comprendre les raisons de leur disparition ?
UN CATACLYSME ?
Peu de temps après, Stanley Temple évalue l’âge des arbres trouvés dans la forêt. Ils ont tous environ
300 ans. Le scientifique ne comprend toujours pas pourquoi il n’y a pas de jeune tombalacoque dans les
sous-bois. Y aurait-il eu un évènement dramatique il y a plus de 3 siècles ? Temple pense d’abord à un
cataclysme qui aurait déraciné tous les jeunes tombalacoques ne laissant que les plus vieux, les plus enracinés, les plus solides.
Tempête, ouragan, cyclone... Au centre météo de l’ı̂le Maurice, on traque les signes de ces cataclysmes
depuis 20 ans et on surveille l’évolution des cyclones. Pendant l’été, il y a en moyenne 10 ouragans, et certains arbres, surtout ceux qui mettent une centaine d’années à grandir, peuvent disparaı̂tre soudainement.
Si des cyclones reviennent régulièrement sur l’ı̂le, ils peuvent causer de tels dégâts que ces arbres peuvent
disparaı̂tre.
Parmi ceux des années 1615 à 1970, il y en a eu plusieurs de meurtriers mais ils n’ont jamais provoqué
la destruction aussi massive d’arbres tels que les tombalacoques. Au contraire... les ouragans profitent à
cette espèce car ils ont pour intérêt de disperser les pollens et de favoriser la chute des fruits. C’est donc
la mauvaise hypothèse.
L’exploitation de la canne a sucre ? Depuis 3 siècles, la forêt a reculé à 700 m d’altitude à cause des
cultures, mais le tombalacoque vit dans des lieux tellement inaccessibles qu’ils n’intéressent pas l’exploitation.
UNE INTERVENTION ANIMALE ? OÙ ON REPARLE DU DODO
La graine du tombalacoque est une sphère de 4 à 5 cm de diamètre et renferme certainement la clé de
l’énigme. En l’examinant de près, l’enveloppe de la graine est très dure, si dure que rien ne semble pouvoir
la percer, même pas un germe venu de l’intérieur. Temple la soumet alors à des tests : même plongée dans
de l’eau, même dans un terreau humide, la graine ne germe pas.
Une telle résistance de la graine est inhabituelle... Généralement, ces caractéristiques sont typiques
d’une graine qui cherche à se protéger des dommages d’un animal qui veut la manger. Or, l’ı̂le Maurice
n’héberge pas d’animaux assez gros pour se nourrir des graines du tombalacoque. Alors pourquoi une
graine si dure qu’elle ne peut pas remplir pas sa fonction reproductrice ?
Une découverte essentielle est faite dans les archives sur l’histoire de l’ı̂le : l’époque à laquelle l’arbre
cesse de se reproduire coı̈ncide exactement avec la disparition d’une autre espèce. Pour les Hollandais, l’ı̂le
sert de point de ravitaillement vers les Indes. Dès 1598, ils s’y installent, mais au lieu de faire fructifier, ils
pillent. Vers 1680 s’éteint le dernier représentant d’un oiseau rare et introuvable ailleurs qu’à l’ı̂le Maurice :
le dodo. Chassé pour sa chair, cet oiseau est victime d’un véritable carnage, d’autant qu’il ne pond qu’un
seul oeuf durant toute sa vie. Avec ses ailes atrophiées, ses courtes pattes, et son corps gigantesque, le
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dodo résume le résultat d’une évolution insulaire de plusieurs millions d’années.
Peut-être ces graines tiraient un avantage du dodo ? Une relation de mutualisme ?
On trouve alors de nouvelles graines près d’une mare et des os de dodo. Beaucoup plus petites que
celles trouvées auparavant, comme si elles avaient été abrasées, ces graines avaient perdues une grande
partie de leur surface (certaines avaient même été réduites de moitié).
Afin de décrypter les liens secrets entre animaux et végétaux, des expériences sont menées sur l’ı̂lot des
aigrettes (un jardin botanique expérimental où on essaie de restaurer les espèces végétales du 16e siècle
en replantant des espèces endémiques). On surveille ainsi, l’ébénier, une espèce endémique qui comme
le tombalacoque a quasiment disparu et qui utilise tous les moyens pour disperser ses graines. Sous la
canopée de l’ébénier, il n’y a pas de dispersion des plantules... Pour conquérir le plus vite possible, pour
prendre de vitesse ses rivales, à des trentaines de mètres, il utilise une tortue terrestre (cousine de la tortue
d’Aldabra, espèce endémique qui a également disparue à cause des colons). L’ébénier utilise les intestins
de cette tortue, qui se nourrit du jus des graine. La tortue disperse ainsi les graines d’une dizaine d’espèces
différentes tout en les nettoyant de nombreuses bactéries grâce à ses sucs gastriques.
Selon le biologiste américain, le dodo aurait présenté une particularité physiologique, il aurait été
capable d’ingurgiter des graines très dures et de les briser pour faciliter leur acheminement dans le tube
digestif. Le volatile devait rejeter dans ses excréments les graines ramollies et faciliter ainsi leur germination.
Pour étayer son hypothèse, le scientifique met en place une expérience : un énorme dindon très vorace
au système digestif très performant dû à un organe bien précis : le gésier. Il remplit son gésier de cailloux
qu’il ingurgite. Et grâce à ces concasseurs naturels, il broie toute la nourriture qu’il avale : des graines, des
brindilles, des mottes de terre,...
Par sa corpulence, un dindon adulte devrait donc digérer des graines aussi dures que celles du tombalacoque et les rejeter abrasées et ramollies. Sur 20 graines avalées, 7 sont récupérées et plantées. Trois mois
plus tard, 3 plantules apparaissent assistés par un agent extérieur : le dindon. La théorie semble irréfutable.
Le dodo serait devenu de plus en plus gros, donc le tombalacoque aurait pris en compte ce fait et les
graines auraient développé des mécanismes de défense plus efficaces, plus résistants.
UNE AUTRE HYPOTHÈSE : LES PLANTES EXOTIQUES
Pourtant, Vincent Florenz ( ?) a réussi à obtenir des germes sans action extérieure... alors pourquoi
pas dans la Nature ? En outre, le dodo vivait aux basses altitudes et les tombalacoques vivent en hautes
altitudes... L’hypothèse précédente n’est donc peut-être pas la bonne.
Des plantes exotiques ont été importées, or, certaines comme le goyavier ont détruites des espèces
endémiques en occupant l’espace. Ainsi, l’arbre-tambour est presque aussi rare que le tombalacoque.
Séparés, cloisonné, ces arbres finissent par disparaı̂tre dans la solitude.
La déforestation, la disparition des tortues géantes, le dodo, ... une dizaine de raisons pour le tombalacoque. Mais laquelle est la bonne ? Auparavant, il faut déterminer si les graines sont viables.... Combien
de graines viables produisent les tombalacoques avant que les plantules n’apparaissent ?
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Une étude est alors menée au cur des graines, en prélevant des fragments. En effet, les ı̂les abritent
beaucoup moins de parasites que sur les continents, ce qui conduit à relâchement de leur système de défense
face à des phytophages. Peut-être y a-t-il des animaux ou des bactéries récemment importées qui, face aux
défenses physiques et chimiques relâchées du tombalacoque, rendraient les graines stériles. Or il n’y a pas
de champignons... donc le problème intervient après la germination.
Les plantes invasives ont attaqué les tombalacoques ! Dans des conditions optimales, 1 graine sur 30
seulement arrive à sortir de son enveloppe. Donc, en compétition avec les espèces dans la forêt, assaillies
de toutes part les plantules deviennent rares.
A l’inverse, dans une zone où les espèces invasives avaient été éradiquées, des plantules apparaissent,
libérées du joug des espèces invasives.
CONCLUSION
Avant l’arrivée des hommes, cette ı̂le n’avait pas d’espèces envahissantes. L’arbre vieillard a retrouvé
sa jeunesse perdue trop tôt.
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- Des Graı̂nes d’Éternité
Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »
INTRODUCTION
Au début du 3e millénaire, on pourrait croire que la Chine se soit dévoilée... et pourtant, malgré que
les dragons se soient envolés, il reste des mystères.
Autrefois, un lac recouvrait des champs. Lorsque les eaux s’évaporèrent, il y a plus de 5 siècles, la
tourbe retint emprisonné un trésor insoupçonné. La terre ne garde pas éternellement ses secrets. Un matin
de 1952, des pelles creusèrent plus profondément et ramenèrent à la lumière après des siècles de ténèbres
de petites billes sombres : des graines de lotus, celles du mulumbo lucifera, le lotus sacré d’Asie.
Oubliées pendant des années, ces graines furent redécouvertes par Jane Sheen Miller (UCLA) en 1982...
et en bon état ! Ce pourrait-il que ces graines puissent encore germer ? Sur les 7 graines, 2 sont sacrifiées
pour datation au carbone 14 : la plus âgée a 1288 ans ! ! ! Une graine millénaire ! ! ! La graine aurait dû
pourrir, se désagréger... Jusqu’à présent, on considérait que la durée de vie maximale ne pouvait excéder
une centaine d’années, et ces graines sont encore vivantes ! ! !
LA LONGÉVITÉ DES GRAINES
Or, pour qu’une graine puisse germer, il faut qu’elle répare tous les dommages qu’elle a subi car,
comme chez l’homme, les effets du vieillissement et du stress s’accumulent avec le temps. Comment le
lotus répare-t-il ces dégâts ? Pour le moment, nous connaissons très mal ces processus... Nous pourrions
utiliser ces mécanismes pour d’autres cultures comme le blé, le riz dont la durée de vie est de 5-15 ans et
non de milliers d’années comme le lotus.
Au Kenya, la destruction des semences est crainte. La sécheresse a déjà détruit une partie des épis de
maı̈s, d’où donc peu de semence qui sont en outre attaquées par les champignons, les insectes, les parasites
et l’humidité. La durée de vie est très limitée de quelques jours pour la graine de cacaoyer, gorgée d’eau et
incapable de ralentir ses activités physiologiques, à une dizaine d’années pour le blé ou le concombre. Le
grain de maı̈s conserve la quasi-totalité de son pouvoir germinatif pendant près de 2 ans, mais en quelques
semaines, la perte atteint plus de 20% des semences.
Et si un jour, le miracle se produisait ? La vie de millions d’hommes et femmes serait améliorée, car
avec d’autres semences la famine reculerait. Plus de 20 ans après le réveil du premier embryon millénaire,
le lotus germe et grandit aussi vigoureux que les plants issus de jeunes semences.
RETROUVER DES GRAINES ?
Le problème est que la datation au carbone 14 a détruit les graines. Mais où trouver d’autres graines
d’éternité ?
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La piste mène à un homme : Hishiro Hoga ( ?) (Botaniste japonais). En 1950, dans la région de Shiba, il
a trouvé 3 graines de mulumbo lucifera parfaitement conservées près d’une barque sous 6 mètres de tourbe.
La datation de la barque avait été établie à plus de 3000 ans (à l’époque où l’empire assyrien connaissait
son apogée, David régnait sur Israël et les restes de Troie fumaient encore). Depuis à Shiba, elles sont
représentées partout (timbres, bâtiments, ...) et les rejetons peuplent les jardins. Les graines pouvaient
vivre 2000 ans... et peut-être éternellement. Mais les graines ont été utilisées.
Deux nouvelles graines seront trouvées dans la région d’un lac asséché (4 km2) dans la région du Yang
Ming ( ?), Liaoning au Nord-Est de la Chine. Deux graines apparaissent lisses et intactes : le sarcophage
d’argile libère ses trésors. D’après les strates, elles ont au minimum quelques centaines d’anées (en fait :
549 ans). Elles sont reconnaissables car les vieilles graines sont brillantes et leur excroissance est partie (les
jeunes sont grises, couvertes de cire et présentent une excroissance), en outre les graines fertiles coulent
dans une tasse d’eau (car l’air n’a pas pénétré leur enveloppe).
BOUDDHISME ET LOTUS
Le lotus a été cultivé par les moines bouddhistes dès le 4ème siècle. Le lotus est une plante d’origine
modeste, il naı̂t dans la boue puis s’élève au-dessus de l’eau et prend sa vraie couleur. Dans la religion
bouddhiste, il symbolise la pureté, la vitalité et la beauté. Un lien sacré uni cette plante à Bouddha : des
fleurs de lotus surgissaient à chacun de ses pas. Dans la mythologie, Bouddha trône à tout jamais sur cette
fleur dans une posture qui symbolise l’illumination.
Il existe une histoire romantique à propos du lotus : deux amoureux, qui devaient se séparer, brisèrent
une tige de lotus. Les deux parties coupées restèrent reliées par des fils de soie, ainsi ils ne seraient jamais
séparés. Loin très loin de l’autre, la soie les relierait toujours.
Les propriétés du nulumbo lucifera ne sont pas légendaires et la science a encore beaucoup à apprendre
de cette plante.
DES FEUILLES SUPRA-LISSES
Les feuilles sont recouvertes d’un duvet. L’eau nettoie les feuilles et enlève toute la poussière. Parce
qu’il naı̂t de l’obscurité boueuse, perce l’eau et s’élève toujours immaculé, le lotus représente dans toute
l’Asie un symbole de pureté. L’allemand Willerm Buttle ( ?) (Université Botanique d Bonn) s’intéresse
alors au fondement du mythe de pureté.
Les feuilles de la plante sont couvertes d’aspérités microscopiques qui permettent d’évacuer l’eau et les
saletés, au lieu de les retenir. Sur la feuille de lotus, comme sur du Téflon, tout glisse sans s’attacher...
même les substances les plus collantes comme le miel ne peuvent adhérer à la surface de la feuille !
On pense souvent qu’une surface doit être lisse pour être propre, mais la Nature prouve que ce n’est
pas toujours vrai. Dans la Nature, les surfaces structurées selon ce principe sont légion : c’est le cas des
ailes de papillon ou même de nos cheveux, qui sont exposés à la saleté et à la pluie. Elles présentent une
structure hydrophobe telle que les gouttes n’adhèrent pas mais glissent et entraı̂nent les particules de saleté.
Un test nous montre l’incroyable pouvoir de ces aspérités : une goutte d’eau qui touche une surface
lisse éclate immédiatement à son contact, mais sur un échantillon de feuille de lotus, la goutte reste intacte
et semble à peine effleurer la surface. Cette incroyable structure est invisible à l’il nu. Les particules de
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saleté se posent comme un fakir à la surface d’un lit de clous. C’est l’effet lotus.
La glu la plus forte (le pigment rouge « Soudan 3 »), qui sert à marquer les billets de banque lors des
attaques, glisse ! ! ! Cette découverte commence déjà à avoir des applications dans des tas de domaines :
récipient, enduit, cirage, peinture...
UNE COSSE SUFFISAMMENT RÉSISTANTE ?
Pour Steven Clarke (UCLA - Molecular biology), l’origine du vieillissement des plantes se trouve dans
les graines qui sont l’équivalent d’un ftus humain, sauf que la graine arrive à maturité en 1-2 mois et que
le ftus est jeté dans une coque et dans la Nature. Comment réparer son ftus pour survivre aussi longtemps ?
Le lotus multiplie les protections autour de son embryon. Cet étrange cône, qui ressemble à un arrosoir,
constitue la première enveloppe autour des graines : une vingtaine d’alvéoles renferme les graines jusqu’à
leur maturité. Puis l’épaisse cosse noire des graines prend le relais, protège de l’humidité et de la lumière.
On pourrait penser que le secret de la longévité serait là.
Mais ce ne sont pas les seules graines à avoir des cosses solides. Ainsi la noix de coco : malmenée par les
courants marins, corrodée par le sel, la graine résiste et protège le ftus endormi en son sein. Il y a un corps
qui grandit à l’intérieur et il doit survivre à tout prix. La noix de coco peut passer des mois dans l’eau de
mer... Celle-ci partira de Thaı̈lande parcourant des milliers de kilomètres pour venir coloniser les plages
australiennes, et c’est seulement quand elle atteindra le sol ferme qu’elle puisera dans ses réserves pour
développer son germe. Et quelques mois plus tard, ses racines et feuilles prendront le relais, et assureront
seules son développement.
LA SOLUTION : UNE ENZYME
La solidité de leur cosse ne suffit pas à expliquer la longévité : il y a probablement une structure
génétique très particulière. Pour en avoir la preuve, Sheen Miller demande à Steven Clarke (Spécialiste de
la biochimie des processus chimiques de vieillissement - UCLA). Les processus chimiques de vieillissement
sont les mêmes pour tous les organismes.
Afin de rechercher des enzymes de réparation, il faut étudier la composition génétique des tissus et
sacrifier la dernière graine, casser la cosse de la graine pour en extraire l’embryon, en faire une finie poudre
et congeler dans l’azote liquide.
Après des mois de recherche, l’équipe de Clarke a découvert le secret de l’étonnante longévité du Lotus
Sacré d’Asie. Le vieillissement cellulaire est due à l’accumulation de protéines endommagées. Habituellement, chez les graines, la période de stockage augmente ce vieillissement et donc réduit donc sa viabilité.
Mais ce n’est pas le cas du lotus, qui arrive à réparer les dommages liés à l’âge. Ce facteur a enfin été
identifié, il s’agit de l’enzyme « L iso-aspartyl methyl transférase »
PHARMACOPÉE ET GASTRONOMIE ASIATIQUES
En Chine, le lotus est considéré comme une plante qui cache d’innombrables trésors. Bien avant que
l’occident ne s’intéresse à ses graines, la pharmacopée asiatique leur prêtait d’innombrables vertus. Chaque
partie de ses tissus (feuilles, tiges, fleurs, racines,...) est utilisée par la médecine traditionnelle depuis plus
de 4000 ans.
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Les fleurs, les larges feuilles séchées, et les graines soulagent ainsi les mille et un maux, tout comme
les rhizomes (tiges qui poussent horizontalement sous la terre) et les racines (à ne pas confondre avec les
rhizomes). Cette médecine traditionnelle prescrivait des graines de nelumba lucifera pour lutter contre le
vieillissement longtemps avant que les scientifiques ne découvrent leur résistance à l’usure. Encore aujourd’hui, le lotus possède des ressources qui n’ont pas été répertoriées.
Dans les profondeurs des lacs, on récolte les rhizomes en extirpant leurs larges tiges. Ces tubercules,
à la chair tendre et légèrement sucrée, constituent un grand classique de la gastronomie asiatique. Les
rhizomes sont soigneusement lavés et débarrassés de leur peau pour éviter tout arrière-goût de vase. Les
racines crues sont consommer en salade. Les fleurs et graines sont également comestibles. Ainsi, la tradition
asiatique utilise depuis toujours les vertus de cette plante, à laquelle la recherche occidentale commence
tout juste à s’intéresser.
CONCLUSION
Trouver la fontaine de jouvence, percer le secret du lotus et l’appliquer à l’homme, afin de contenir
notre propre vieillissement, ou encore améliorer la résistance des semences, afin de lutter les famines, telles
sont les objectifs de cette étude.
Nous savons, à présent, que nous avons avec les plantes plus de gènes en commun que nous ne pensions.
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- À la Recherche de l’Arbre Dinosaure
Restranscrit par Mazrin initialement pour le site « le Grimoire de la Lune »
RÉSUMÉ
Ce dernier volet porte sur la découverte en Australie de deux arbres préhistoriques vivants : le Pin
Wollemi (gymnosperme) et le Chêne de Nightcap (angiosperme), et décrit l’évolution des plantes de gymnosperme à angiosperme.
(Les phrases entre guillemets sont dites par Robert Kooyman)
INTRODUCTION
Le premier arbre qui aurait eu la première fleur existerait encore dans une vallée interdite en Australie :
le plus isolé des continents. Les aborigènes disent qu’elle est le décor de notre rêve et que nous ne sortons
de ce songe que le jour de notre mort.
Robert Kooyman recherche les dinosaures du règne végétal. Son terrain de chasse : l’ı̂le continent,
véritable Jurassic Park, où ont pu survivre ignorés de tous, des colosses immobiles appartenant à des
espèces vieilles de plusieurs centaines de millions d’années. Chaque jour depuis plus de 20 ans, il part
à la recherche d’un arbre dont les racines plongeraient dans les temps préhistoriques. Parfois les indices
qu’il doit recueillir (feuilles, fruits, brindilles) se trouvent à des hauteurs inaccessibles. Il utilise alors un
lance-pierre ou une technique encore plus simple :
Par exemple, il arrive que des fragments végétaux éventuellement révélateurs se prennent dans les
mailles d’un filet posé quelques jours plus tôt. Il suffirait d’une feuille arrachée par le vent à sa branche,
ou d’une graine qu’un oiseau rejetterait en plein vol pour que la vie de Kooyman soit bouleversée, car
si cette feuille, cette graine n’avait jamais été répertoriée auparavant, cela signifierait qu’en effet on peut
imaginer qu’une lignée de dinosaures végétaux ait pu survivre aux millénaires, au creux d’une vallée perdue.
Robert Kooyman le sait. Ce qu’il cherche ce n’est rien de moins que l’équivalent d’un tyrannosaure :
un tyrannosaure doté de racines, de branches, de feuilles... un rêve fou ! !
« Chaque fois que je tombe sur quelque chose que je peine à identifier, cela m’excite parce que je vais
améliorer ma connaissance et ma compréhension, et qui sait ce sera peut être une espèce nouvelle. »
Chaque soir, Robert Kooyman analyse sa moisson du jour. Le plus souvent, c’est l’instant des désillusions :
telle pousse prometteuse n’est qu’une herbe ordinaire, telle feuille insolite n’est que la variante banale d’une
essence bien connue des botanistes. Classer des espèces nouvelles est un défi, espérer en trouver une qui
remonte à la préhistoire une folie.
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AUSTRALIE : RADEAU DE L’ÉVOLUTION
Pourtant s’il existe sur cette planète un lieu où une telle espèce aurait pu prospérer, c’est bien cette
ı̂le qui jadis se sépara du reste du monde semblable à un radeau au milieu des mers. Longtemps oublié
des hommes, abrité et lointain, le dernier des continents fut protégé de leur curiosité et de leur instinct
destructeur.
A l’origine, un super continent austral nommé Gondwana regroupait en un seul bloc les terres destinées
à devenir l’Amérique du Sud, l’Afrique, l’Arabie, Madagascar, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, l’Antarctique ainsi que certaines parties de l’Asie du Sud. Il y a environ 50 millions d’années, l’Australie se
détacha de cet ensemble pour évoluer séparément devenant une sorte de sanctuaire où le vivant serait
préservé et où il emprunterait des voies originales. Et c’est ainsi qu’on trouve en Australie, pays du
Rocher Sacré dressé au milieu du désert, des créatures telles que le varan ou le crocodile d’estuaire. Elles
fréquentaient ces terres au temps des dinosaures il y a 200 millions d’années avant même qu’elles ne dérivent
pour former un continent. Et elles sont toujours là ! Leurs formes et leurs comportements sont restés stables.
Petit buisson vivant aux épines claires et au nez pointu, l’échidné est le seul représentant avec l’ornithorynque de l’ordre des monotrèmes ( ?). Si ces espèces antédiluviennes ont pu survivre ici, pourquoi pas
un arbre dinosaure ?
Les forêts australiennes se situent principalement dans les régions subtropicales du nord et le long de la
frange côtière orientale. C’est plus particulièrement dans les zones mal explorées de l’tat de Nouvelle Galles
du Sud, que Robert Kooyman développe ses recherches de terrain. Les changements de climat pendant
des millions d’années ont eu un impact profond sur ce continent, et pour ce qui concerne les essences qui
étaient adaptées à la forêt ombrophile la fraı̂cheur humide qui leur convient ne se trouve plus que dans les
gorges et des vallées profondes ainsi que sur les flancs de certaines montagnes.
LES FOSSILES DE VON MUELLER
Robert Kooyman rêve de retrouver au creux de ces encaissements les traces encore vivantes d’un passé
lointain. Mais ce passé d’autres que lui en ont exhumé des traces fossilisées. Pour le botaniste, il est essentiel
de mieux comprendre grâce à ces fossiles à quoi pourrait vraiment ressembler le fantôme qu’il poursuit.
Nous sommes au Victoria Museum de Melbourne. C’est là dans des coffres d’où on ne les sort presque
jamais que se trouvent les pièces à conviction sur lesquelles se fondent quelques-unes des intuitions de
Robert Kooyman. Tom Darac ( ?), paléobotaniste, étudie ces fossiles depuis de nombreuses années. Les
fossiles se présentent sous la forme de grosses boules de la taille d’une balle de cricket : ce sont des fruits,
et on peut penser qu’ils sont parmi les premiers qu’un arbre ait pu produire sur ce continent. Ils pendaient
aux branches de l’un de ces arbres que recherche Kooyman, il y a 15 ou 20 millions d’années.
L’histoire de ces fossiles commence au 19e siècle, alors qu’une ruée vers l’or précipite une foule d’aventuriers vers Balarat, une ville proche de Melbourne, située sur les ultimes reliefs de la cordillère australienne.
Nous avons reconstitué cette journée de 1875 où, au fond d’une mine, un chercheur d’or mit au jour une
noix fossilisée. Cette découverte aurait pu passer inaperçue dans l’agitation de cette époque exaltée... mais
un scientifique, Ferdinand Von Mueller, qui fut botaniste officiel du gouvernement pendant 43 ans, en fut
informé. Il répertoria, data la relique et la baptisa « Xylocarion loci » ( ?). Retrouver vivant un arbre qui
soit comparable à l’arbre aux noix de Ferdinand Von Mueller, c’est l’ambition dont Robert Kooyman ne
démord pas.
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UNE PISTE INESPERÉE OU UNE VOIE SANS ISSUE ?
Alors le botaniste reprend sa quête sur son terrain d’exploration du moment : le Nightcap National
Park. Le parc est situé sur une chaı̂ne volcanique que l’érosion a entaillé formant ces vallées humides et
abritées que Kooyman sait propices à ses recherches. Le taux de biodiversité est élevé et le sol acide : deux
conditions favorables supplémentaires. Ancien garde forestier, Kooyman connait chaque centimètre carré
de ces forêts, rien d’inhabituel ne saurait lui échapper.
Aujourd’hui Robert Kooyman aime à refaire les gestes accomplis ce jour de 1988 qui aurait pu changer
sa vie. Il y eu d’abord cette feuille découpée en lobes profondément entaillés, puis ces notes confiées sans
la moindre fébrilité au carnet d’aventure. Et le même protocole que d’habitude, pour collecter les données
et conserver la récolte du jour.
Ce jour là, Robert Kooyman a l’impression qu’il effleure peut-être le but qu’il s’est fixé, il y a si longtemps. Cette feuille, il ne rappelle pas l’avoir jamais vu auparavant, si ce n’est sur les nomenclatures
des espèces éteintes. Pour en avoir le cur net, il décide d’envoyer son trésor à l’homme en qui il a le plus
confiance : son maı̂tre le botaniste Alex Floyd, spécialiste des forêts tropicales humides. Alex Floyd confiera
l’échantillon au prestigieux herbier de Brise Bad ( ?) aux fins d’analyse. Au terme d’un long processus de
comparaison avec l’ensemble des espèces connues, les responsables de l’herbier décrètent finalement que
la feuille fournie par Robert Kooyman ne présente aucun intérêt particulier. L’arbre, duquel elle provient,
est déjà dûment répertorié : il fait partie de la famille des corinocarpacées ( ?). Les botanistes de l’herbier
officiel classent l’affaire et retournent à des taches plus sérieuses... ils viennent en réalité de faire commettre
à leur institution la plus grave erreur de son histoire. Kooyman est fataliste, il croit avoir suivi une fausse
piste.
« Pour faire aisément comprendre aux gens ce qu’est la science, et en particulier ce que sont les sciences
naturelles et la botanique, on pourrait les comparer avec les recherches de preuves cachées qu’on cherche
dans la médecine légale ou dans les enquêtes policières. »
FOUGÈRES ET ÉVOLUTION VÉGÉTALE
Déçu mais pas découragé, Kooyman repart à l’attaque sur les flancs volcaniques du parc national de
Nightcap en 2000. Plus que jamais, il considère sa tâche comme essentielle, si on veut mieux comprendre
les grandes règles de l’évolution dans le règne végétal. Les hommes se sont toujours attachés, dans le sillage
de Darwin, à analyser les mécanismes de sélection naturelle, de survie du « mieux adapté » chez les animaux. Archéologue du monde végétal, Kooyman pense lui que nous devons à présent décrypter les mêmes
mécanismes lorsqu’ils s’exercent sur les plantes dont l’évolution nous est nettement moins bien connue.
En particulier, le mode de reproduction des plantes a subi des révolutions successives. C’est précisément
cela qui tend Robert Kooyman vers son but : mieux comprendre comment depuis l’archaı̈sme du système
reproductif chez la fougère, tout a évolué vers une sophistication croissante... Et l’arbre dinosaure qu’il
recherche depuis tant d’années pourrait donner de précieuses indications sur les étapes de ce parcours.
Voici plus de 300 millions d’années, les fougères dominaient l’époque dite du Carbonifère. Bien qu’elles
soient dépourvues de tronc, certaines d’entre elles s’élevaient à près de 30 mètres. Pour en arriver là, pour
se libérer du sol où s’étalait l’univers des mousses, il leur avait fallu inventer la tige. Les fougères ne règnent
plus sur les paysages d’Australie, mais elles sont toujours là et partout ailleurs dans le monde, rescapées
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de ces époques où diplodocus et iguanodons arpentaient les plaines. Pour Kooyman, c’est bien la preuve
que des plantes ont pu survivre au temps des dinosaures et traverser les temps.
Au-dessous de la surface des feuilles, on trouve ces sporanges : petites concentrations de spores qui permettent la reproduction de la plante. Les fougères ne portent ni fleurs, ni fruits, ni graines... leur mode de
reproduction est le plus primaire qu’on puisse imaginer : de minuscules particules (les spores) sont libérées
au moindre contact, au moindre coup de vent. Tombées au sol, elles donnent naissance en quelques jours,
si les conditions de température et d’humidité sont favorables, à de petits organismes, les gamétophytes,
qui eux-mêmes engendreront de nouvelles fougères.
Semaine après semaine, année après année, Kooyman poursuit sa longue quête dans la même région.
Il sait qu’on trouve sur de hautes terres au Nord du Queens Land une forêt comparable à celle-ci, et dont
personne ne conteste les vestiges gondwaniques hérités du super continent originel. Alors pourquoi la forêt
de Nightcap ne remonterait-elle pas elle aussi à la genèse des terres immergées ?
Parfois, le botaniste redoute de passer sans même le voir à côté de l’arbre qu’il cherche. Ici en effet, un
arbre peut en cacher un autre : le figuier étrangleur en est la preuve. Sa graine, rejetée dans les excréments
d’un oiseau ou transportée par le vent, se fixe au hasard sur l’écorce d’un arbre et germe. Une liane se
forme qui touche le sol et s’enracine, puis, de toutes parts, l’organisme parasite développe des tentacules
végétaux qui enserrent son hôte jusqu’à le rendre invisible. L’arbre, que cherche Kooyman, est peut-être
caché entre les griffes de ce figuier étrangleur... et pour le vérifier, échantillons à l’appui, il faut payer de
sa personne !
DÉCOUVERTE DU PIN WOLLEMI, GYMNOSPERME PRÉHISTORIQUE VIVANT.
A ce stade, Robert Kooyman pourrait considérer qu’il a échoué : ses recherches ne le mènent à rien. Le
botaniste repasse 100 fois les mêmes zones au peigne fin sans succès. Parfois il repense à ce jour de 1988
où il a cru toucher au but. Il arrive même que ses itinéraires le ramènent au pied de cette jeune plante qui
l’avait rempli d’espoir, qu’il frôle désormais avec indifférence et qui semble le narguer.
Soudain, c’est le destin qui va narguer Kooyman. En effet, un autre homme va découvrir avant lui le
premier vestige vivant de la préhistoire végétale de l’Australie, et cet homme n’est même pas botaniste.
David Nobel est ranger des parcs nationaux et adepte de l’escalade (ce qui lui donne accès à des crevasses
que Kooyman ne peut pas explorer). Au fond d’une gorge inaccessible du parc national Blue Mountains
en Nouvelle Galles du Sud, Nobel trouve un arbre préhistorique, un arbre que personne n’a jamais observé
auparavant. Un arbre qui pourrait passer pour une fougère s’il ne mesurait 35 mètres de haut et si son
écorce n’était légèrement granuleuse. Il appartient au groupe des pins, on le nommera « pin Wollemi ».
On trouvera 38 autres pins sur le site, dont le plus vieux est âgé de plus de 1000 ans.
La découverte du pin est très importante pour plusieurs raisons : d’abord, il appartient à une espèce
très ancienne, qu’on croyait éteinte depuis très longtemps, c’est un fossile vivant qui remonte au temps
des dinosaures. Les conifères n’ont pas tant varié depuis si longtemps (100 millions d’années), cela montre
qu’ils sont bien adaptés à leurs conditions de vie : ils n’ont pas besoin de beaucoup changer.
Ken Hill, le botaniste des jardins botaniques de Sydney, qui a identifié la plante, a bien raison. A peine
la découverte annoncée, on redoute que le site ne soit dévasté par les curieux. Les autorités décident de ne
pas dévoiler son emplacement, et les rares personnes autorisées à s’y rendre sont amenées les yeux bandés
et en hélicoptère... et depuis l’accès à la vallée a été totalement interdit.
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Un autre risque : on craint que des trafiquants ne franchissent les protections afin de collecter les graines
de ces pins, dont la valeur pourrait atteindre des milliers de dollars. C’est pourquoi des scientifiques s’engagent dans une course contre la montre, ils doivent au plus vite analyser le système de reproduction de
ce pin. S’ils y parviennent, on pourra reproduire cet arbre en serre et tuer le marché avant qu’il ne se
développe. On découvre alors que le pin est bisexuel, sur ses branches supérieures on trouve des cônes
reproducteurs males et femelles.
Au Mount Tomah Botanic Garden, les chercheurs prennent des précautions extrêmes (désinfection des
chaussures, barbelés, ...). C’est ici qu’on élève 12 pins issus de tous ces efforts. Ils ont été obtenus par bouturage, méthode retenue pour multiplier l’arbre rarissime. Les jeunes arbres sont couvés, choyés à chaque
instant. On mesure la régularité de leur croissance, on teste leur aptitudes à affronter l’animal qui règne
désormais sur le monde à la place des dinosaures : l’homme. Une date a été prévue pour la commercialisation de la plante : 2005, et en attendant, pour satisfaire la curiosité, un pin a été mis dans les jardins
botaniques royaux de Sydney.
GYMNOSPERMES ET ANGIOSPERMES
Au lieu de le décourager, la sensation de s’être fait doubler stimule Robert Kooyman : il existe bien
des arbres dinosaures, ceux qui l’affirment ne sont pas de doux rêveurs. De plus Kooyman a une autre
ambition : il veut découvrir le premier arbre à fruits, l’un de ceux qui ont adapté un mode de reproduction
révolutionnaire.
Le grand pin est un proche parent du pin wollemi. On le classe dans les gymnospermes. Il prédominait,
ou il est arrivé, dans l’évolution bien avant les plantes à fleurs. Gymnosperme signifie en gros « graine
nue » , car les cônes libèrent la semence et rien ne la protège : elle n’est ni recouverte, ni protégée.
Il y a 2 sortes d’arbres : les gymnospermes et les angiospermes.
Les premiers sont principalement des conifères. Le pin wollemi est un gymnosperme, ce qui signifie
qu’il appartient, comme l’ensemble des conifères, à une espèce au mode de reproduction rudimentaire. Les
branches portent des fleurs : les pommes de pin males ou femelles. Les cônes males, en s’ouvrant, répandent
un pollen qui féconde les ovules situés à la base des écailles, situées sur le cône femelle.
Ainsi sont produites les cellules oeufs ou graines, qui seront disséminées par le vent. C’est là le point
important : les ovules puis les graines sont nus, à l’air libre et non protégés dans la cavité de l’ovaire.
En d’autres termes, il s’agit d’un mode reproductif plus élaboré que celui des fougères, mais encore très
précaire.
À LA RECHERCHE DES ANGIOSPERMES
Ce qui intéresse Robert Kooyman au premier chef, ce qui guide sa quête, se sont les évolutions dans le
monde végétal. L’une des plus extraordinaires fut franchie quand s’amorça le processus qui ferait s’ouvrir
une fleur sur la branche d’un arbre : une véritable révolution !
« Les plantes les plus célébrées sont les plantes à fleurs. Quant aux arbres à fleurs ils sont connus de
tous, à cause de leur floraison abondante exubérante. Bien sûr, ils dominent dans la nature mais il fut
un temps où s’étaient les gymnospermes qui régnaient, qui dominaient la planète. Le règne des plantes à
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fleurs n’est venu que plus tard. »
Ce dont rêve Kooyman ce serait de découvrir encore vivant l’un des tous premiers arbres angiospermes.
Dans l’évolution, l’apparition des angiospermes fut un moment magique. Les plantes commencèrent à garder leurs ovules dans un ovaire, bien à l’abri au cur de la fleur au lieu de les abandonner nus et vulnérables
aux hasards des vents. Désormais on pourrait presque dire que la plante protégeait sa progéniture afin de
lui donner de meilleures chances de survie.
Au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, une botaniste dissèque une orchidée, l’un des organismes les plus évolués du règne végétal. On distingue au microscope les ovaires de la fleur, véritables
sanctuaires destinés à la protection des ovules.
Le mode de reproduction des angiospermes va, en outre, leur offrir la possibilité de se diversifier car il
implique une meilleure multiplication des combinaisons génétiques.
« Les plantes à fleur, les angiospermes, attirent les insectes, les oiseaux, les chauves-souris et d’autres
espèces qui les assistent dans le processus reproductif. »
Bénéficiant d’une plus grande diversité, 2000 ans après JC, on comptera plus de 250.000 espèces d’angiospermes contre 700 pour les gymnospermes. Les plantes à fleurs pourront coloniser des espaces variés.
Elles partiront à la conquête des déserts et des savanes, des jungles et des toundras, et tout celà grâce à
cette invention miraculeuse : la fleur, et donc le fruit.
La découverte par Nobel d’un gymnosperme préhistorique encore en vie attise la volonté de Kooyman.
Il sera celui qui mettra à jour une angiosperme préhistorique encore en vie : l’un de ces arbres qui ont
inventé la fleur, le fruit.
« Une grande partie du travail que nous faisons en biologie et en écologie et particulièrement dans le
domaine des plantes est en rapport avec les incendies et l’urbanisation : l’impact de l’homme sur l’environnement. Nous consacrons beaucoup d’efforts à assister des espèces dans leur lutte pour la survie. Bien sûr,
nous devons trouver, localiser et identifier autant d’espèces que possible avant qu’elles ne disparaissent. »
Telle est l’angoisse de Kooyman, l’arbre qu’il cherche depuis plus de 20 ans pourrait bien tout simplement avoir été brûlé ou abattu par les hommes sans qu’on ne l’ait identifié.
DES NOIX PRÉHISTORIQUES ENCORE VIVANTES ! ! !
Le botaniste repart en expédition et quadrille systématiquement ces forêts profondes où pourrait se
trouver son arbre oublié, noyé dans l’épaisseur du tapis de chlorophylle que forme la canopée. Mais Kooyman a-t-il adopté la bonne méthode ? D’autres chercheurs d’espèces anciennes quelques années auparavant
ne sont pas eux partis au hasard, ils ont au contraire adopté une démarche plus détective.
Il faut savoir qu’en 1960 un botaniste trouva dans une forêt primaire du Queens Land des noix fraı̂ches
comparables à celles fossiles que Von Mueller avait découvert au fond d’une mine au 19e siècle. Quand il
regarda autour de lui , il n’avait trouvé aucun arbre qui aurait pu produire ces fruits extraordinaires. Il
eut beau parcourir en tous sens les pentes du mont, il ne trouva rien d’autre que ces noix pour ainsi dire
tombées du ciel.
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A l’Herbier Royal de Sydney, où officie Peter Weston, la découverte provoque alors l’émoi des scientifiques. On se reporte aux dessins anciens de Von Mueller : la preuve est bien là ce sont les mêmes fruits,
mais où diable est l’arbre qui les a produit ?
Ce sont des fruits grignotés par des rats appartenant à l’espèce locale. Si pendant de nombreuses années,
il n’a pas réussi à trouver des noix fraı̂ches et intactes, c’est parce que des animaux frugivores les ont mangé,
grignoté ou déplacé. Parmi eux : le rat-kangourou, petit marsupial qui se nourrit de fruits, d’écorces, de
noix ou de graines. Il fait partie des animaux jardiniers qui contribuent à entretenir la végétation. Ses
excréments sont riches en spores de certaines truffes utiles aux racines des arbres... Et il disperse souvent
ses aliments en les déplaçant pour les mettre à l’abri dans des cachettes. Au lieu de partir à l’aventure,
Robert Kooyman aurait pu tenir compte de ces éléments et adopter une méthode plus logique... d’autres
l’ont fait.
Près de Smythesdale, l’endroit où les noix fossiles ont été trouvées, à côté de la mine ! Calculer la
distance sur laquelle les animaux peuvent déplacer des fruits, et ratisser une zone équivalente autour de la
mine où ont été trouvées des noix fossiles de Von Mueller : c’est ce que ferait tout détective professionnel.
C’est aussi ce qu’ont tenté plusieurs botanistes... malheureusement depuis cette époque la zone a terriblement changé.
DÉCOUVERTE DU CHÊNE DE NIGHTCAP, ANGIOSPERME PRÉHISTORIQUE VIVANT.
Un jour, alors qu’il repasse près de cette plante, en qui il avait cru jadis identifier un trésor extraordinaire, Robert Kooyman repense à la manière peut-être expéditive dont l’herbier de Brise Bad ( ?) a détruit
ses espoirs.
Est-il vraiment possible de trancher l’appartenance d’une plante à une espèce précise en la déterminant
à l’aide d’une seule feuille ? Au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, Marc Pignal, directeur du plus bel
herbier du monde, prouve que non. Ainsi la feuille d’une plante jeune aux lobes très découpés et une feuille
de la même plante parvenue à l’âge adulte d’une découpe régulière, sans encoches : ces feuilles font partie
d’un arbre du groupe des piliacées ( ?). Les feuilles des piliacées ( ?) changent de forme selon que la plante est
jeune ou adulte. En Australie, cette caractéristique est fréquente chez les arbres de la famille des protéacées.
Robert Kooyman comprend enfin que son intuition initiale était peut-être juste et qu’on peut identifier
à coup sûr à l’aide d’une feuille une plante si son feuillage ne change pas au cours de la vie... mais pas
une plante protéacée ! Et que donc peut-être l’herbier s’est trompé et que l’arbre dinosaure est peut-être
encore là insoupçonné au cur du parc de Nightcap. L’accès au parc est désormais strictement réglementé.
Enfin, Kooyman parvient là où, 20 ans plus tôt, lui était apparue la feuille étrange et ciselée. Et bien
que le temps ait passé, une plante semblable est là au pied d’un arbre, qui semble l’attendre. C’est bien
la même feuille que celle envoyée à l’herbier... Kooyman s’aperçoit alors que la plante n’est qu’un rejeton
de l’arbre immense qui se dresse devant lui et dont les feuilles, elles, semblent légèrement différentes. Cet
arbre c’est bien un protéacé ! Plus aucun doute ne subsiste sur la faute de l’herbier... Cet arbre haut de 30
mètres appartiendrait bien à une espèce préhistorique !
Mais d’après Peter Weston, directeur de l’herbier de Sydney, l’arbre ne portait ni fleur ni fruit... l’analyse d’un fragment d’écorce devrait donner la preuve finale. Le tronc à vif (après une incision) révèle un
aspect à celui du chêne, c’est l’un des indices qu’il espérait, parmi ceux qui pourraient prouver que cet
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arbre n’a jamais été identifié auparavant. Sur le sol, Kooyman découvre alors quelques noix qui avaient
échappé à son attention. Elles ont la même apparence que les fossiles mis au jour il y a 125 par Von Mueller.
Recevant ces nouveaux éléments, Peter Weston est cette fois catégorique : l’arbre de Kooyman est bien
un spécimen inconnu appartenant à la famille des protéacées, famille dont font partie les premiers arbres
à fleurs du Gondwana. Les premières feuilles de Kooyman étaient jeunes, avec des bordures épineuses. On
pourrait les prendre pour des feuilles de corinocarapacées ( ?), une autre espèce qui possède également de
petites feuilles épineuses.
C’est ainsi que la science progresse avec des scientifiques qui fournissent des intuitions audacieuses,
et qui les testent en observant le monde réel. C’est bien ainsi que la science progresse par erreur et
tâtonnement !
Aux Jardins Botaniques Royaux de Sydney, les botanistes ont analysé l’ADN de l’arbre, que Kooyman
a baptisé le « Chêne de Nightcap ». Ils ont prouvé qu’il appartient bien à une espèce contemporaine des
dinosaures et les médias ont salué l’exploit du chercheur opiniâtre.
Le chêne de Nightcap est décrit comme une espèce voisine du matamkaya ( ?), qu’on appelle aussi le
noyer du Queens Land. 25 chênes de Nightcap ont été trouvés, dont certains hauts de 35 mètres.
« C’est comme un voyage dans le temps. Cet arbre appartient à ces anciennes forêts du Gondwana
qui s’étendaient sur toute l’Australie, et qui sont maintenant restreintes aux zones les plus humides du
continent. »
Depuis le début, Kooyman avait vu juste. Aujourd’hui le chêne de Nightcap est protégé comme un
trésor national. Quand le scientifique revint vers la forêt secrète, quelque temps plus tard, ces arbres lui offrirent un cadeau bouleversant : tous étaient en fleur. Comme si une explosion blanche avait soufflé la forêt...
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