Être Responsable

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Être Responsable
Être Responsable
Un homme qui se noie ne peut pas sauver les autres. Si nous voulons être prêts à
sauver les autres, nous devons essayer de nous sauver nous-mêmes.1
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Le fondement de la responsabilité, pour tout dire, n'est pas seulement l'audace
et l'honnêteté d'assumer ses propres gaffes sans chercher des excuses à droite
et à gauche. La personne responsable est consciente de la réalité de sa liberté.
Et de la souveraineté de ses décisions. La responsabilité, c'est de savoir que
chacun de mes actes me construit, me définit, m'invente. En choisissant ce que
je veux faire, je me transforme peu à peu. Chacune de mes décisions laisse une
trace en moi, avant de la laisser dans le monde qui m'entoure. Et, bien sûr, après
avoir employé ma liberté à me façonner un visage, je ne peux plus me plaindre ni
m'effrayer de ce que je vois dans le miroir quand je m'y regarde...2
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Ne regardez pas les erreurs des autres ou ce que les autres ont fait ou n'ont pas
fait; observez plutôt ce que vous, vous avez fait ou n'avez pas fait.3
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Dans un sens, nous devrions avoir le sentiment de porter un fardeau: celui
d'aider le monde. Nous ne pouvons nous dérober à cette responsabilité face aux
autres. Mais si nous faisons de cette charge une joie, nous pouvons réellement
libérer le monde. A condition de commencer par nous-mêmes. Si nous sommes
ouverts et honnêtes envers nous-mêmes, nous pouvons aussi apprendre à être
ouverts avec les autres. Ainsi donc, en nous appuyant sur ce que nous découvrons
de bon en nous, nous pouvons travailler avec le reste du monde. 4
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1
Gandhi : Tous les hommes sont frères, Folio Essais
Fernando Savater : Éthique à l'usage de mon fils, Seuil, 1994
3
Bouddha : Dhammapada
4
Chögyam Trungpa : Shambhala, la voie sacrée du guerrier.
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Mais si on ne permet pas à l'individu de participer à des décisions qui
l'affectent, on crée le sentiment d'impuissance qui nous fait dire que nous
sommes victimes de la tyrannie.5
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Lorsqu'il se rend compte à quel point il est irremplaçable, un homme devient
profondément conscient du fait qu'il est responsable de sa vie. Un homme qui
réalise l'ampleur de la responsabilité qu'il a envers un être humain qui l'attend,
ou vis-à-vis d'un travail qui lui reste à accomplir, ne gâchera pas sa vie.6
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Est-on innocent parce qu'on ne sait pas ? Un imbécile assis sur le trône est-il
déchargé de toute responsabilité du seul fait que c'est un imbécile ?7
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Le sentiment d'être autonome dépend toujours et partout de la conviction qu'on
peut prendre des décisions importantes et agir là où cela nous semble essentiel.8
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Nous qui vivons dans un luxe inouï, avec nos pitoyables petits problèmes
psychologiques, nous avons l'énorme responsabilité de faire mûrir notre clarté et
notre coeur, notre chaleur humaine et notre capacité à nous ouvrir et à lâcher
prise, parce que c'est tellement contagieux.9
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La méditation n'est pas séparée du reste de notre vie. Toutes les situations sont
des occasions de pratiquer, de développer sa compassion et sa sagesse. Achaan
Chah enseigne que l'effort juste consiste à être conscient dans chacune de nos
circonstances, sans esquiver le monde et d'apprendre à agir sans attache et sans
saisie.
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6
7
8
9
Bruno Bettelheim : Le cœur conscient.
Victor E. Frankl : Découvrir un sens à sa vie (avec la logothérapie)
Milan Kundera : L’insoutenable légèreté de l’être.
Bruno Bettelheim : Le cœur conscient.
Pema Chödron : Entrer en amitié avec soi-même.
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De plus, il insiste que le fondement de la vie spirituelle est la vertu. Quoique la
vertu soit ignorée dans notre société moderne, elle doit être comprise et
honorée comme une partie fondamentale de la méditation. La vertu signifie
s'efforcer de ne pas nuire à qui que ce soit par la pensée, la parole ou l'action. Ce
respect et cette considération bienveillante nous placent en relation
harmonieuse avec le monde qui nous entoure. Ce n'est que lorsque nos paroles et
nos actes sont empreints de douceur et de non violence que nous pouvons calmer
l'esprit et ouvrir le coeur. L'engagement envers la pratique de la non-violence est
la manière d'utiliser chaque situation et en faire notre pratique.
Achaan Chah recommande en outre la modération et la responsabilité comme
façons d'établir notre vie sur la voie du milieu. Une vie d'excès ne procure pas un
terrain propice au développement de la sagesse. Manger peu, dormir peu et
parler peu, voilà les bases qui nous permettent d'établir l'équilibre de notre vie
intérieure. Cela nous aide aussi à bâtir la confiance en soi. N'essayez pas
d'imiter les autres dans leur pratique ou de vous comparer à eux. Achaan Chah
nous avise: laissez-les tranquille. C'est déjà assez difficile de surveiller son
propre mental; pourquoi ajouter à cela le fardeau de juger les autres. Apprenez à
utiliser votre respiration et votre vie ordinaire comme le lieu de votre
méditation et vous allez certainement croître en sagesse.10
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Moi aussi, il m'arrive de rencontrer des situations terriblement délicates,
extrêmement préoccupantes, et en outre j'ai de lourdes responsabilités. Le pire,
selon moi, c'est lorsque les gens ont trop confiance ou croient trop en moi. En
pareil cas, cela laisse place à l'anxiété, évidemment. Mais, là encore, nous en
revenons à l'importance de la motivation. J'essaie alors de me rappeler à quel
point c'est ma propre motivation qui est sollicitée, j'agis avec sincérité et je fais
de mon mieux. Mû de la sorte par une motivation sincère, celle de la compassion,
même si je commettais une erreur ou si j'échouais, cela ne me causerait aucun
regret.11
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10
Achaan Chah by Jack Kornfield and Paul Breiter : A still forest pool (traduction libre par
Robert Béliveau)
11
Dalaï-Lama et Howard Cutler : L'art du bonheur, Robert Laffont 1998
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Faire confiance aux règles, c'est s'épargner le souci de réfléchir à chaque
situation problématique et de se sentir responsable de sa résolution. En outre,
comme toutes les règles sont fondées sur des généralisations, elles ignorent ce
qui est personnel et nous amènent à négliger ce qui est unique chez notre enfant
et dans notre relation avec lui.12
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S'en remettre aux décisions d'un protecteur, c'est s'enlever toutes les chances
de devenir responsable et «intelligent» : l'être humain ne saurait subir un
contrôle incessant sans risquer de devenir inapte à exercer ses droits et à se
maintenir en santé.13
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Je n'ai jamais considéré les masses comme relevant de ma responsabilité. Je
regarde l'individu. Je ne peux aimer qu'une personne à la fois. Je ne peux nourrir
qu'une personne à la fois. Juste une. Donc j'ai commencé avec une, puis une
autre...
Si je ne l'avais pas fait, peut-être n'en aurais-je pas secouru quarante-deux
mille.
Tout ce travail n'est qu'une goutte dans l'océan. Mais si je ne verse pas cette
goutte, il manquera une goutte dans l'océan. C'est la même chose pour vous, la
même chose pour votre famille, la même chose dans votre communauté. Il faut
simplement démarrer - un, puis un, puis un.14
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12
13
14
Bruno Bettelheim : Pour être des parents acceptables.
Suzanne Lamarre: Aider sans Nuire, Éditions Lescop
Jack Kornfield, L'art du pardon, de la bonté et de la paix, Paris, La Table Ronde, 2003
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