Comment vivre ses émotions comme des énergies

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Comment vivre ses émotions comme des énergies
Comment vivre ses émotions comme des énergies positives
et rendre à ses ancêtres celles qui leur appartiennent
Marie-Thérèse BAL-CRAQUIN
Conférence du vendredi 9 février 2007 à Déols, France
Marie-Thérèse BAL-CRAQUIN est Cadre Infirmier Expert, Infirmière Spécialiste Clinique.
Après avoir pratiqué pendant 25 ans la psychogénéalogie, elle anime des séminaires de
repositionnement familial selon l'approche dite "des constellations".
Pour introduire ce thème, je vais rappeler les différents niveaux de conscience en jeu dans
l'interaction, la relation à soi-même et la relation à autrui. Ces différents niveaux de
conscience ne sont pas exhaustifs, ils ne font que jalonner ce qui peut se passer dans notre
relation à nous-même et à autrui.
Le tout premier niveau de conscience dans lequel se situe la relation est la sensorialité
où l'on retrouve l'usage des cinq sens : la Vue, qui génère des représentations externes : ce
qu'on voit à l'extérieur, et des représentations internes : ce que l'on s'imagine, ce que l'on crée
comme image intérieure, mais aussi ce dont on se souvient, ou croit se souvenir. Ainsi, on
peut projeter sur l'autre une image interne souvenir qui n'a rien à voir avec la personne qui est
en face de nous. À partir de cette image projetée, la communication ne peut qu'être faussée.
On peut également avoir reçu de ses parents une projection d'images qui n'a pas grand chose à
voir avec ce que nous sommes et être pris dans une relation faussée par rapport à la réalité.
Le deuxième sens dont nous disposons est l'Audition qui, comme la Vue, génère des
perceptions externes : ce qu'on entend de l'extérieur, et des perceptions internes : dialogues
internes que l'on crée ou dont on se souvient, ou croit se souvenir.
Là encore, la projection d'un dialogue interne à partir d'un message externe peut contribuer à
des difficultés dans la communication.
Quand on était "petit", on peut avoir enregistré de la part de ses parents ou d'autres "grands",
des séquences entières de mémoire auditive qui perturbent grandement le contact avec la
réalité.
Le troisième sens déterminant dans la relation avec soi-même et avec autrui, est la sensation
même, appelée Kinesthésique : le chaud, le froid, la pesanteur, la tension et la détente, le
confort, l'inconfort, la douleur, le plaisir… Comme pour les deux sens précédents, la mémoire
s'organise à partir d'expériences précoces qui remontent quelques fois à la conception même.
On trouvera dans les constellations des mémoires cellulaires de réduction placentaires
lorsqu'une conception artificielle a été pratiquée, mémoire qui continue à perturber la vie au
présent.
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Le quatrième sens, l'Olfaction est un des plus archaïques que nous développions, il est
d'autant plus déterminant dans la relation, qu'il est en grande partie inconscient, car réprimé
dans son expression. Il est socialement peu accepté de dire à quelqu'un "tu pues" !!! et
l'inverse est immédiatement connoté d'une tentative de séduction.
Le cinquième sens, le Goût, dépend de l'Olfaction et n'est pas sans relation avec notre
attirance ou notre répulsion pour des relations qui nous dégouttent ou au contraire nous
attirent.
Ce premier niveau de la relation est à travailler quasi constamment pour le nettoyer des
scories qui nous viennent de l'expérience, des mémoires personnelles et des mémoires
ancestrales. Je ne saurais trop conseiller le livre d'Antony de MELLO à ce sujet "Quand la
conscience s'éveille" et "Un chemin vers Dieu" publiés chez Albin Michel à Espaces Libres.
Antony de MELLO, jésuite indien, psychothérapeute, utilisant son expérience bouddhiste et
hindouiste, propose des petits exercices tout à fait intéressants pour "nettoyer" son champ de
conscience et le mettre au service d'une relation vraie. Relation vraie à soi-même, aux autres
et à ce que la culture a appelé Dieu.
Le deuxième niveau de conscience déterminant dans la relation est le niveau des
émotions. Pour être simple, disons que nous disposons de quatre grandes émotions
fondamentales qui, au cours du développement, se construisent dans l'ordre suivant :
La peur se déclenche lorsque la personne est confrontée à des menaces ou ce qu'elle imagine
comme étant des menaces. En médecine chinoise, la peur concerne les reins qui, dans certains
modèles sont considérés comme le siège de l'identité (polarité), l'énergie de la voie, de l'élan.
La fonction utile (positive) de la peur est d'augmenter la vigilance, donc d'assurer notre
protection. Mais si je considère l'autre comme menaçant en raison de mes représentations
internes, on voit tout de suite que j'aurais des difficultés à être disponible pour communiquer
avec lui. De même, si je néglige les signaux d'alarme qu'un autre être réellement menaçant
déclenche chez moi, je risque de me mettre en danger. La vraie question, dans ce deuxième
cas, est de tenir compte de mes réactions pour développer une saine vigilance et de
communiquer de façon adaptée. Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "La peur,
comment tu peux y faire face ?" de Molly Wignand et Robert Alley Ed. du Signe Lutin
conseil pour enfant ; "Max et Lili ont peur" "Lili a peur du contrôle" "Max est timide"
Collection Ainsi va la vie, Calligram "Au secours, j'ai peur d'aimer" de Marion-Catherine
Grall Plon ; "Pour en finir avec les tyrans et les pervers dans la famille" de Yvonne PoncetBonissol Chiron éditeur.
La colère est la deuxième émotion dont on dispose. C'est une énergie puissante qu'il convient
d'apprendre à canaliser. Elle est déclenchée par les violations de territoire dont nous
sommes ou croyons être la victime. L'injustice est une violation de territoire : le non-respect
de nos droits. On peut être victime d'une violation de territoire physique, d'une violation de
territoire effectif, d'une violation de territoire intellectuel, d'une violation de territoire
spirituel, tous ces niveaux à titre indicatif, il y en a bien d'autres, évidemment. En médecine
chinoise, la colère concerne le foie et par ricochet l'équilibre glycémique, etc. La fonction
utile (positive) de la colère est de déclencher une énergie de changement, étant entendu que
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le premier changement est à générer en soi puisqu'on ne peut prétendre changer l'autre. Un
travail est d'abord à faire sur ce que nous estimons être "notre territoire". Les autres ne sont
pas nos objets, ils n'ont pas le pouvoir de "nous faire ça" : nous rendre triste, fou, etc… si
nous ne leur accordons pas ce droit. Le travail à faire est donc de développer la conscience
d'être soi dans ses propres limites en relation avec l'autre, autre qui lui-même a ses propres
limites. Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "La colère, Y'a pas de mal à être
en colère" de Michaelene Mundy Éd. du Signe ; "Un temps pour s'entendre avec des gens
difficiles" de Lisa Engelhardt Éd. du Cerf ; "Lili trouve sa maîtresse méchante" "Lili a été
suivie", "Jérémy est maltraité" "Lili se dispute avec son frère" "Lili est fâchée avec sa
copine" "Les parents de Max et Lili se disputent" "Max est jaloux" "Max se bagarre" "Max
est racketté" Collection Ainsi va la vie, Calligram ; et un livre plus compliqué : "Sainte
colère" de Lytta Basset Bayard Labor et Fidès 2006.
La troisième émotion dont nous disposons est la tristesse. Elle est déclenchée par les pertes,
ce que nous appelons les deuils. Je renvoie à ma conférence Comment s'accompagner et
accompagner les personnes en fin de vie que vous pouvez trouver sur INFIRESSOURCES.
Les pertes que nous inflige la vie sont nombreuses et variées. On a pu en faire la liste
suivante :
ƒ les pertes d'objets ou de biens, le deuil est d'autant plus grave que l'objet était investi
de façon affective;
ƒ les pertes de lieu : pays, maison, quartier, etc.;
ƒ les pertes liées aux étapes de croissance, c'est ainsi qu'on a pu décrire chez le nouveauné des deuils de placenta ou de cordon ombilical, etc. la survenue des caractères
sexuels secondaires chez l'adolescent s'accompagne d'un certain état de deuil, ne diton pas "enterrer sa vie de garçon", l'arrivée d'un premier enfant peut être vécue par les
parents comme un certain deuil, celui de leur vie à deux, etc.;
ƒ les pertes de réalités symboliques : langue, nationalité, honneur, confiance, projets,
idéaux, croyances, foi. La trahison, la perte d'une idéologie, la perte de la liberté, la
perte de la foi engendrent un état de deuil;
ƒ les pertes liées aux fidélités ancestrales : changer de classe sociale, être incapable de
reprendre un patrimoine, etc.;
ƒ les pertes de projets ou les pertes liées à l'investissement professionnel, le chômage, la
mise à la retraite, etc., et même, curieusement, une promotion;
ƒ les pertes de parties de soi et d'apparence de soi : devenir obèse, perdre la vue, perdre
un membre, perdre sa force physique;
ƒ les pertes d'animaux;
ƒ les pertes de générativité : se découvrir stérile, ne plus pouvoir faire d'enfant, perdre
son inspiration et sa créativité, voir son oeuvre détruite, ne pas pouvoir transmettre ce
qu'on sait ou ce qu'on a fait…;
ƒ les pertes de maîtrise de rôle;
ƒ les pertes liées à la violence subie;
ƒ les pertes liées aux maladies et au vieillissement;
ƒ les pertes partielles de personnes : la personne reste vivante, mais elle nous quitte
(c'est le cas du divorce), devient inaccessible du fait d'une maladie, perd la raison, se
fâche, trahit;
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les pertes partielles en ce qui concerne les enfants : l'enfant naît avec une
malformation ou est victime d'un grave accident qui le laisse invalide, l'enfant se
drogue, l'enfant échoue scolairement, l'enfant tombe malade psychiquement, l'enfant
est victime d'une maladie somatique grave, etc.;
les pertes liées à la disparition d'un enfant ou d'un adulte, ce sont des pertes très
graves, car il y a une grande difficulté à admettre la réalité, du fait qu'on ne peut
vérifier que l'autre est mort;
les pertes d'enfant : l'avortement, les fausses couches, les morts-nés, les morts subites
du nouveau-né… La perte d'enfant est un deuil qu'il est très difficile de dépasser, car
souvent l'enfant est investi comme étant celui qui nous permet d'espérer survivre à
notre propre mort. Selon le type d'accident arrivé à l'enfant, le deuil est plus ou moins
difficile à surmonter. Si l'enfant a été enlevé, torturé, etc., s'il a été tué lors d'un
accident dont on est responsable, s'il a été tué par un tiers, la plus grande difficulté est
de dépasser le ressentiment à l'égard de l'autre ou à l'égard de soi. L'enfant peut
également se suicider, se droguer, échouer, le parent est alors confronté à un sentiment
de perte très important. Il faut mettre dans les états de deuil liés aux pertes les
situations où l'enfant perd son statut social en devenant délinquant;
les pertes de petits-enfants sont très sensibles. Il faut se rappeler que même, à 90 ans,
l'enfant qui en a 70 reste l'enfant de sa maman;
les pertes d'enfants sont à considérer du point de vue des frères et soeurs qui peuvent
développer de très graves pathologies de l'affectivité à la suite d'une disparition dans
la fratrie. Il n'est pas rare de rencontrer des femmes qui se sont unies à un conjoint
représentant leur frère disparu ou qui projettent sur leur enfant l'ombre du frère ou de
la soeur disparu(e). Cela entraîne beaucoup de problèmes dans le couple et des
troubles très importants chez les enfants;
les pertes d'adultes sont du même ordre que celles que j'ai répertoriées pour les
enfants. Les plus graves restent les disparitions, les meurtres, les suicides puis les
maladies et la mort de vieillesse, sans oublier la déchéance, par exemple
l'alcoolisation d'un conjoint.
En médecine chinoise, la tristesse est reliée aux poumons et au gros intestin. La tristesse
permet d'entrer dans l'état de deuil, état ressource dans lequel on se met pour faire face aux
pertes. On parle de travail de deuil par assimilation au travail de l'accouchement. Il s'agit donc
bien d'un mouvement de la vie et comme nous savons vivre, "nous savons faire le deuil".
Je recommande quelques livres simples à ce sujet : "Le deuil, Y'a pas de mal à être triste" de
Michaelene Mundy Éd. du Signe ; "Le divorce, comment aider les enfants à passer le cap" de
Emily Menendez-Aponte Éd. du Signe ; "Les parents de Zoé divorcent" "Grand-père est
mort" "Le père de Max et Lili est au chômage" Collection Ainsi va la vie, Calligram ; "Au
revoir blaireau" de Susan Varley Gallimard ; "Faustine et le souvenir" de Sandrine Pernusch
Éd. Messidor La Farandole ; "Les deux maisons de Désiré Raton" de Lydia Devos et Pierre
Cornuel Grasset Jeunesse 2000 "Quelqu'un que tu aimais est mort" de Agnès Auschitzka et
Nathalie Novi Bayard Jeunesse "Un temps pour se remettre d'un divorce" Kathryn Lankston
Éd. du Cerf "Un temps pour le deuil" de Karen Katafiasz Éd. du Cerf et quelques livres plus
compliqués de Jean Monbourquette : "Aimer, perdre et grandir : assumer les difficultés et les
deuils de la vie" Ed. Bayard Centurion, 1995 ; "Grandir ensemble dans l'épreuve : groupes
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d'accompagnement de jeunes confrontés au divorce et au deuil" Ed. Médiaspaul, 1993 ;
"Groupe d'entraide pour personnes en deuil" Novalis 1996 ; "Comment pardonner :
pardonner pour guérir, guérir pour pardonner" Ed. Bayard Centurion, Novalis 1992 ; sans
oublier les ouvrages de Christiane Singer et entre autres, "Du bon usage des crises" Folio.
La dernière émotion dont nous disposons, c'est la joie. Elle est déclenchée par la sensation de
s'accomplir. Il est intéressant de constater qu'en médecine chinoise, l'organe qui correspond à
l'émotion de joie c'est le coeur et que les mains qui servent à s'accomplir sont situées sur le
même méridien. La fonction positive de la joie est le partage. De nombreux ouvrages traitent
de la joie, citons entre autres ceux de Christian Bobin et de Christiane Singer.
Le niveau des émotions est très important dans la communication et pour la vie en général,
car, comme le mot l'indique : "motion", la motivation est dans les émotions et l'inhibition
émotionnelle entraîne des maladies, des dépressions et en tout cas de grandes difficultés à se
motiver pour avancer. Encore faut-il apprendre à exprimer ses émotions de telle sorte qu'elles
soient utiles. On voit bien que la colère qui ne serait exprimée que sous forme de violence
n'aurait aucune chance de favoriser le changement. De même la peur lorsqu'elle devient
terreur ou la tristesse lorsqu'elle fait sombrer celui qui la vit dans un marasme ou la fausse
joie qui n'aurait pour but que de masquer la détresse intérieure.
Le troisième niveau de conscience déterminant dans la relation est le niveau du
langage. Les mots que nous utilisons ne sont pas sans conséquence sur les résultats que nous
obtenons dans la communication. Le "tu" tue. Et la communication créative issue des
approches de Marshall Rosenberg peut nous en apprendre plus sur l'art de prendre la
responsabilité sur sa propre vie et d'éviter de faire porter à autrui les conséquences d'échanges
porteurs de violence du fait du langage. La communication créative peut nous apprendre aussi
à éviter de nous charger de ce qu'autrui voudrait nous faire endosser. Je recommande
quelques livres simples à ce sujet : "Le respect, Y'a pas de mal à être attentif aux autres" de
Ted et Jenny O'Neal Éd. du Signe ; "Les amis, c'est trop bien ! Un guide à l'usage des
enfants" de Christine Adams Éd. du Signe ; "Le Bien et le Mal, guide pour les enfants" de
Lisa Engelhardt Éd. du Signe. Un peu plus développé : "Bien communiquer en couple et avec
ses enfants" Sandra et Olivier Steller Éd. Jouvence ; "Nous arriverons à nous entendre" de
Marshall Rosenberg Éd. Jouvence ; "Plus jamais victime" de Pierre Pradervand Éd. Jouvence
; "Accepter l'autre tel qu'il est" Éd. Jouvence ; "Les clés de l'harmonie familiale" de Christel
Petitcollin Éd. Jouvence ; "Comment bien se disputer en couple" de Serge et Carolle VidalGraf Éd. Jouvence ; "Les mots sont des fenêtres ou des murs" de Marshall Rosenberg.
Le quatrième niveau de conscience déterminant dans la relation s'articule autour de
l'expérience. Selon qu'on l'utilise vers la maturité, l'expérience développe le sens des
possibles. Si on utilise l'expérience pour se refermer, on parvient à la sénilité qui ne dépend
pas de l'âge, mais de l'ouverture du coeur et de l'esprit.
Le cinquième niveau de conscience en jeu est celui des connaissances. Si tout n'est
pas dans la tête, tout n'est pas non plus instinctuel. Apprendre à communiquer, apprendre à se
comprendre permet d'accéder à une intelligence de la vie. Cela conduit à structurer l'espace
intérieur et l'espace extérieur indispensables à l'harmonie. Faut-il le rappeler, le mot
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connaissance veut dire "aller vers" (con = élan, mouvement vers, synergie) une "naissance" et
le mot naissance, dans sa racine la plus ancienne, veut dire "lumière". On retrouve ce mot
dans "nourrir", "nourrisson".
Le sixième niveau de conscience déterminant dans la relation est celui de la
signification que chacun donne au fait de vivre et d'entrer en relation.
Lorsque deux personnes se rencontrent, elles doivent réaliser que chacune a un modèle du
monde spécifique et propre à elles-mêmes, modèle du monde plus ou moins conscient
comportant les six niveaux précédents, sans oublier qu'elles sont l'aboutissement de toute une
lignée, laquelle s'est articulée sur une histoire unique. Communiquer, se rencontrer, suppose
donc d'avoir pu reconnaître et accepter ce qui est en jeu dans la rencontre.
Or, nous avons hérité de nos ancêtres un certain nombre de réactions et de comportements et
ceci quelques fois sur plusieurs générations.
Qu'est-ce qui fait que notre vécu actuel peut être encore aliéné aux problématiques
transgénérationnelles ou, pour poser autrement la question, qu'est-ce qui peut rendre malade
un système ?
1/ Les exclusions
2/ Les malédictions
3/ Le déséquilibre des échanges
4/ Les intrications
5/ Le non respect des lois de la vie
6/ Les désordres
7/ Les perturbations du système d'attachement
1/ Les exclusions. Une des règles constatées lorsqu'on analyse les généalogies est que tout ce
qui est exclu (langue, pays, religion, idéologie, dons artistiques ou intellectuels, personnes,
enfants, etc.) est appelé à être réinclus deux ou trois générations plus tard. Tout ce qui n'a pas
été relié par une reconnaissance, une parole, une nomination continue à errer dans le système
familial ou l'entreprise sous forme d'un "fantôme", une perturbation informe. C'est, entre
autres, la problématique des secrets. La façon de soigner cet héritage est de réintégrer ce
qui a été exclu sous une forme symbolique, c'est le travail des constellations. On peut lire
"L'ange et le fantôme" de Didier Dumas, Éd. Minuit.
2/ Les malédictions. Mal dire de soi-même ou de quelqu'un conduit à plus ou moins brève
échéance à manifester dans son corps des "mal- à-dit". Dans son corps ou dans celui d'un de
ses descendants. Lorsqu'on "maudit" quelqu'un en lui disant ou en lui faisant sentir : "c'est de
ta faute si je me suis mariée avec ton père" "si tu n'étais pas né, j'aurais réussi ma carrière"
"si ton père est parti, c'est à cause de toi" "tu es bien comme ton oncle, tu finiras comme lui,
à l'asile" "et puis, d'abord, tu n'es pas un enfant désiré" ou bien, autre version "c'est un
accident" en parlant d'un enfant (la conception d'un enfant n'est jamais un accident, c'est un
mystère : la vie a choisi ces parents-là pour qu'ils deviennent les parents de cet enfant) ou lors
d'un accident où un enfant est mort, dire au survivant "j'aurais préféré que ce soit toi qui
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meurs"… et toute autre forme de malédictions. Une forme subtile de malédiction consiste à
dire à l'enfant tellement de mal de son père ou de sa mère que la partie de lui qui vient de ce
parent maudit ne peut qu'être vécue comme un mal absolu. Ces formes de malédictions tuent
et une grande partie du travail des constellations est de passer des malédictions aux
bénédictions.
3/ Le déséquilibre des échanges est une des sources de difficultés dans les systèmes
familiaux et d'entreprises. Par exemple, on fait travailler des personnes sans les payer. Dans
une famille un des enfants se sacrifie pour élever les autres. Lors d'un héritage, un des enfants
est privilégié au détriment des autres (c'est l'héritier qui risque le plus). L'un est honoré, l'autre
déshonoré. Dans un couple, l'un travaille, l'autre pas et ce qu'il ou elle fait à la maison n'est
pas reconnu comme valable. Dans un couple l'un a beaucoup de titres universitaires et l'autre
n'en a aucun, etc, etc… Le rééquilibrage des échanges est très souvent un travail délicat
parce que les "réparations" à effectuer sont difficiles lorsqu'il y a eu des spoliations
importantes. Mais c'est le prix à payer pour que le système familial soit libéré des dettes qui
pèsent lourd sur les générations à venir.
4/ Les intrications. Résultant très souvent des problèmes précédents une intrication est la
situation où se trouve une personne lorsqu'elle est identifiée avec une autre personne : un
ancêtre, un enfant mort, un bourreau, une victime, un disparu, un accidenté, un accidenteur,
un héros, un malade mental, un jumeau mort, etc… Dans ce cas, la personne intriquée se
conduit étrangement pour elle-même et pour les autres, comme si elle se chargeait de vivre ce
que l'autre a vécu, de représenter ce qui a présidé à sa malédiction, à son exclusion, à son
déshonneur ou à sa non-reconnaissance. Le travail des constellations est certainement le seul
qui permet de travailler sur ces situations. Il consiste à retrouver la personne avec qui on
est intriqué et à lui rendre devoir porter pour elle… par amour.
5/ Le non-respect des lois de la vie. Pour que la vie puisse se développer, un certain nombre
de lois sont nécessaires. Ce sont les lois de la physique, de la biologie, etc., mais ce sont
également des lois éthiques, morales. Nous ne connaissons pas toutes ces lois, mais le
patrimoine culturel que nous ont laissé nos ancêtres nous permet de les approcher. La base
des lois de la vie, outre les lois issues de la physique, de la biologie, etc. est : "ne fais pas à
autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse". Lorsqu'une de ces lois n'est pas respectée, on
n'est pas puni, mais on subit les conséquences de ce non-respect. Exemple : si quelqu'un se
jette du huitième étage d'une tour, il meurt. Il n'est pas puni, il subit les conséquences du nonrespect d'une des lois de la vie : la pesanteur. Si quelqu'un tue quelqu'un d'autre, par exemple
dans un accident de voiture, même si sa responsabilité n'est pas en cause, il n'est pas puni,
mais il en subit les conséquences. Et ces conséquences sont qu'il existe désormais un lien de
destin entre sa famille et la famille du tué. Il convient donc de travailler sur la
reconnaissance des conséquences pour éviter qu'elles ne deviennent malédiction dans la
lignée de celui qui n'a pas respecté la loi fondamentale de la vie qui, en l'occurrence serait :
"tu ne tueras pas".
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Le travail transgénérationnel n'est pas à proprement parler un travail de remise en ordre
moral, mais une approche permettant d'assumer autant que possible les conséquences pour
n'avoir pas à en pâtir soi-même ou dans ses descendants : les enfants, les petits-enfants, les
arrières petits-enfants, etc.
6/ Les désordres. Les systèmes familiaux et d'entreprises se révèlent avoir un certain ordre.
Ainsi, les aînés viennent avant les puinés. L'homme est à droite de la femme et les enfants à
gauche de celle-ci… Les désordres surviennent lorsqu'une personne n'est pas à sa place. Par
exemple, les parents ayant divorcé, la fille aînée se croit obligée de tenir la place de son père
à l'égard de sa mère. C'est une des origines de l'homosexualité féminine et c'est une position
désespérée du point de vue de la sexualité. Autre exemple : un premier couple ayant décidé
d'avorter, la femme refait un couple avec un autre conjoint dont elle a trois enfants, le
troisième croit devoir inconsciemment prendre la place du premier petit mort, son aîné,
auquel il est relié du fait de sa place de quatrième par sa mère. Il joue à gothique,
s'automutile, est victime des autres plus qu'il n'est bourreau, à moins qu'il ne s'identifie à ceux
qui ont tué son demi-frère aîné, le premier mari de sa mère et celle-ci. Dans ce cas, il devient
casseur, violent, voire tueur. Les constellations permettent de sortir de ces impasses qui
peuvent être si graves, qu'elles conduisent les personnes "déplacées" en psychiatrie, en prison,
ou dans la rue. La reconstitution du système et sa représentation permettent de restaurer
l'ordre et de le soulager, voire de le guérir.
7/ Les perturbations du système d'attachement. Disons, pour résumer, que : "l'attachement
est la nécessité vitale dans laquelle sont tous les êtres vivants de créer de la proximité avec
un autre être". Cette proximité est d'abord physique, puis, chez l'être humain, elle devient
symbolique. Le système d'attachement comporte quatre grandes étapes fondamentales : le
contact, le maintien du lien, la différenciation et le deuil. Si des ruptures trop importantes ont
lieu à ces étapes, un ébranlement de la personne peut la conduire à des problématiques
individuelles et transgénérationnelles qui relèvent des constellations. Exemple : une grandmère ne s'est jamais remise de la perte de son mari pendant la guerre de 14/18. Quatre
générations plus tard, son arrière-petite-fille ne parvient pas à fonder un foyer, elle cherche un
mari pour son aïeule et pas pour elle. À chaque fois qu'elle réussit à entamer une relation, elle
abandonne l'homme, comme si elle le renvoyait à un ailleurs. Autre exemple : un homme s'est
senti poussé sous un train par quelqu'un qui cherchait à le tuer. Les autres voyageurs l'ont
rattrapé de justesse et personne ne l'avait réellement poussé. Cet homme a perdu son jumeau
au troisième mois de la grossesse de sa mère. Il n'a pu se différencier de l'enfant mort, et pour
cause, il n'avait pas non plus les moyens de parler ses émotions et de traverser le deuil, en
outre, il est né dans le deuil que sa mère vivait à propos de l'autre enfant. Ce qui a perturbé le
contact avec celle-ci. L'enfant mort s'est constitué comme un fantôme menaçant. Les
constellations permettent de relier la personne présente à l'événement traumatique et de
l'en délivrer.
Pour terminer, il faut aborder la logique des transmissions ou comment se font les héritages.
Selon ce qu'on observe, il existe des prévalences de transmission en fonction des rangs dans
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la fratrie, toute conception étant considérée comme pouvant avoir une influence.
Ainsi, l'aîné(e) s'inscrit dans la lignée du père. Symboliquement il (elle) représente les
fondations de la maison. Il (elle) s'intéresse plus aux grands-parents qu'aux parents.
Le (la) second(e) s'inscrit dans la lignée de la mère, il (elle) représente symboliquement les
murs de la maison (c'est un enfant de l'intérieur, le premier étant un enfant des profondeurs) et
il (elle) s'intéresse aux parents. Le (la) second(e) souffre souvent plus lors du divorce des
parents que les autres enfants.
Le (la) troisième est l'enfant du changement. Il faut qu'il (elle) fasse "différent". Il (elle)
représente le toit de la maison, l'achèvement, la protection, mais aussi le renouvellement. Il
(elle) s'intéresse à la fratrie.
Le (la) quatrième est dans la lignée du premier, donc celle du père.
Le (la) cinquième dans la lignée du second, donc celle de la mère.
Le (la) sixième dans la lignée du troisième, c'est donc un enfant du changement, etc.
Ce schéma qui doit rester une carte de lecture possible et non une méthode pour enfermer les
gens. Il permet de comprendre un certain nombre de réactions et d'aller plus vite dans
l'identification des héritages transgénérationnels.
En ce qui concerne les émotions, il n'est pas rare de voir un enfant porter la colère de ses
grands-parents, voire de ses trisaïeuls, c'est-à-dire les parents de ses grands-parents, ce qui
peut se traduire par des troubles hépatiques, des allergies inexpliquées, voire un diabète
(conflit entre deux grands-mères).
En effet, force nous est de constater qu'assez souvent un événement traumatique vécu par les
grands-parents est porté par les parents sous forme de troubles psychologiques et manifesté
par les enfants sous forme de troubles somatiques plus ou moins graves et plus ou moins
accessibles aux traitements, dont la psychothérapie.
En conclusion, le travail des constellations donne au moins une chance de sortir des scénarios
d'échec pour naître à la vie. Il donne également une chance d'éviter à ses enfants de porter le
problème des grands-parents et à ses petits-enfants de porter ses propres problèmes.”
On peut lire aussi "Les constellations familiales" de Joy Manné Éd. Jouvence.
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