une decennie de depistage colpocytoliguque
Transcription
une decennie de depistage colpocytoliguque
http://www.ucadjds.org Journal des Sciences UNE DECENNIE DE DEPISTAGE COLPOCYTOLOGIQUE AU CHU DE DAKAR (1981 – 1990) J. M. AFOUTOU1, A. S. DIALLO1, J. SILOU3, O. FAYE1, ABONG1, R. ALIPIO1, M. L. CISSE2, A. DIOUF 2, C. T. CISSE2, J. F. K. AFOUTOU1, J. C. MOREAU2, M. DIAWO BAH2+, Z. PH. ANTHONIO4, P. CORREA2+ 1 Laboratoire d’Histologie Embryologie et Cytogénétique du CHU de Dakar 2 Clinique de Gynécologie et Obstétrique du CHU de Dakar 3 clinique cancérologique, HALD, UCAD, Sénégal 4 Laboratoire de Cytopathologie CHR de TOURS (France) Abstract: Here we present the results of a decade of informal and semi systematic preventive colpocytologic screening made in the black African population of Senegal for 1980 to 1990. This will give us an opportunity to assess the frequency of precancerous lesions and cancer of the cervix in a sample of 57327 Pap tests (VEC) made on the necks of uterine women aged 13 to 82 years. The precancerous lesions were treated and usually cured. The lesions were cancerous and received palliative treatments available in the country. The alternative technique that we used is an adaptation of the technical princeps Papanicolaou Traut and the physical and psychosocial conditions of practice in mid colpocytologic under informed and under-equiped, we have entitled it Papanicolaou variante1 Dakar or PT Dakar1. It is less expensive, less complex, equally effective and ages fairly well. It appears that the cervico-vaginal smears are normal uncommon (9.44%); smears of dystrophies reactive inflammatory and / or infectious predominate (74.22%); smears dysplasia of increasing gravity (CIN1, CIN2 and CIN3) were observed in 16.34% of women examined, which is excessive and explains a fairly intense activity carcinogénétic cervico-uterine environment in our study. The system currently charged by inducing all (some human papilloma virus: HPV) and the promoter (sexually transmitted infections and poor hygiene cervico-uterine gynaecological conditions) seems to exert over the passes of women, a pressure-uterine cervical cancer that creates and maintains a natural carcinogenetic history we have entitled pressure cervico-uterine cancer or POCU = Σ (% INC). It is 16.34% in our study population. It helps to appreciate the gravity of the cervicouterine cancer situation in a given population and compare it to that of other populations and in human populations. In an interdisciplinary collaboration we try to refine the mathematical formulation of the princeps POCU. The CIN1 evolves much more slowly than CIN2. About the CIN3 which are intra- cervico-uterine epithelial lesions from the door of the invasion, we believe, they must be handled immediately. While CIN1 especially CIN2 can be monitored colpocytologically every 6 to 12 months. The lessons learned from this study have enabled us to propose a pyramid organization of preventive screening precancerous lesions and cancer of the cervix to validate in all countries in arrears in this area (posts and primary health centres): IEC + IVA and / or IVL → ARDO (regional branches screening oncology): + FCV colposcopy and biopsy → NODCs (Centre National de Dépistage Oncologique) CHU: Centre Reference Interdisciplinary (clinical + biology + therapeutic + research…). Résumé: Nous présentons ici le bilan d’une décennie d’activité informelle et semi systématique de dépistage colpocytologique préventif effectué dans la population négro-africaine du Sénégal de 1980 à 1990. Ce sera pour nous l’occasion d’évaluer les fréquences des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin dans un échantillon de 57327 tests de Papanicolaou (V.C.E.) réalisés sur les cols utérins de femmes négroafricaines âgées de 13 à 82 ans. Les lésions précancéreuses ont été traitées et généralement guéries. Les lésions cancéreuses ont reçu et ont bénéficié des traitements palliatifs disponibles dans le pays. La variante technique que nous avons utilisée est une adaptation de la technique princeps de Papanicolaou et Traut aux conditions matérielles et psychosociologiques de la pratique colpocytologique en milieu sous informé et sous-équipé. Nous l’avons intitulé Papanicolaou – variante1 de Dakar ou TP Dakar1. Elle est moins onéreuse, moins complexe, d’efficacité équivalente et vieillit assez bien. Il nous est apparu que les frottis cervico-vaginaux normaux sont peu fréquents (9,44%) ; les frottis de dystrophies réactionnelles inflammatoires et/ou infectieuses sont prédominants (74,22%) ; les frottis de dysplasies de gravité croissante (CIN1, CIN2 et CIN3) ont été observés chez 16,34% des femmes examinées, ce qui est excessif et explique une assez intense activité carcinogénétique cervico-utérine dans notre milieu d’étude. Le système inducteur actuellement incriminé par tous (certains papilloma virus humains : HPV) et le système promoteur (les infections sexuellement transmissibles et les mauvaises conditions d’hygiène gynécologique) semblent exercer sur les cols des femmes, une pression oncologique cervico-utérine qui crée et entretient une histoire naturelle carcinogénétique ; nous l’avons intitulé pression oncologique cervicoutérine ou P.O.C.U. = Σ (%CIN). Elle est de 16,34% dans notre population d’étude. Elle permet d’apprécier la gravité de la situation oncologique cervico-utérine d’une population donnée et de la comparer à celle des autres populations et sous-populations humaines. En collaboration interdisciplinaire nous essayons d’affiner la formulation mathématique princeps de la POCU. Les CIN1 évoluent beaucoup plus lentement que les CIN2 ; quant aux CIN3 qui sont des lésions intra-épithéliales cervico-utérines à la porte de l’invasion, nous pensons, qu’elles doivent être prises en charge immédiatement. Tandis que les CIN1 et surtout les CIN2 peuvent être surveillées colpocytologiquement tous les 6 à 12 mois. Les enseignements tirés de cette étude nous ont permis de proposer une pyramide d’organisation du dépistage préventif des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin à valider dans tous les pays en retard dans ce domaine (postes et centres de santé primaire) : IEC + IVA et/ou IVL → ARDO (antennes régionales de dépistage oncologique) : FCV + colposcopie et biopsie → CNDO (Centre National de Dépistage Oncologique) au CHU : Centre de Référence Pluridisciplinaire (clinique + biologie + thérapeutique + recherche etc…). Keywords : cervical cancer, HPV, cervical dysplasia, screening, Mots clés : cancer du col, HPV, dysplasie du col utérin, dépistage, prevention, colpocytologie, POCU prévention, colpocytologie, POCU I. INTRODUCTION En octobre 1980, à l’hôpital Aristide le Dantec du CHU de Dakar, nous avons dénombré 104 patientes hospitalisées pour cancer du col de l’utérus dont 98 cancers invasifs et seulement six cancers in situ. Le laboratoire d’Histologie et Embryologie J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -1- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences de l’UCAD qui venait d’ouvrir son antenne hospitalière de cytologie-clinique-cytogénétique et biologie de la Reproduction a démarré contre les lésions cancéreuses du col utérin une activité de colpocytologie en collaboration pluridisciplinaire informelle avec des gynécologues, des cancérologues, des anatomo-pathologistes, des sages-femmes et des infirmiers d’état de Dakar et sa banlieue .Nous n’étions pas tous convaincus que le cancer du col de l’utérus était le plus fréquent des cancers de la femme négro-africaine car, il y avait aussi beaucoup de cas de CPF dans le même hôpital [30]. Tous n’étaient pas non plus convaincus que ce cancer pouvait vraiment être dépisté par la colpocytologie et que traité tôt il pouvait être guéri. Les objectifs fixés à cette entreprise étaient : faire le point de la question et la vulgariser dans le CHU par des conférences et des cours magistraux de base et post-universitaires (EPU), des émissions radio télévisées et des séances populaires d’IEC organisées et sponsorisées par des clubs de service ; enfin, mener une enquête colpocytologique semi-systématique pour savoir qu’elle était approximativement la situation des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin au Sénégal. De la façon la plus volontariste et informelle toute l’équipe s’y était mise. Lentement mais sûrement, l’activité s’est structurée et s’est déroulée déjà pendant 26 ans découpables en 3 épisodes : (1980 – 1990); (1991 – 2000); (2001…….) Ce travail ne rendra compte que de la période (1980 – 1990). Il était déjà mondialement établi en 1979 [16] qu’environ 500 000 nouveaux cas de cancers invasifs, donc graves et mortels du col sont chaque année recensés dans le monde. En 1988, dans son guide technique de dépistage cytologique du cancer du col [39] l’OMS estimait que ce cancer ferait en Afrique Noire, chaque année, environ 350000 nouvelles victimes [7, 10]. Les spécialistes de l’étude épidémiologique des altérations cellulaires du col utérin pensaient déjà que cette pathologie devait être considérée comme une préoccupation bioclinique majeure, un véritable problème de santé publique dans les pays du Sud et principalement en Afrique [10, 30, 54]. Au Sénégal, les travaux de Corréa, DIAB et Touré ont dès 1979 [in 54], confirmé la prédominance de ce cancer sur les autres cancers de la femme, et la prévalence des formes anatomo-cliniques invasives donc difficilement maîtrisables par les thérapeutiques disponibles en Afrique Noire. Avoir dans notre région un cancer invasif du col utérin équivaut à une condamnation à mort à plus ou moins brève échéance. Notre équipe a donc opté pour la prévention par le dépistage et traitement des lésions précancéreuses du col et le traitement palliatif des cancers confirmés du col. II. CADRE D’ETUDE C’est le laboratoire d’Histologie et Embryologie et son antenne hospitalière, le laboratoire de cytologie cliniquecytogénétique et biologie de la Reproduction et les services cliniques et biologiques correspondants et collaborateurs [1, 6, 24, 25, 29, 40, 49, 50, 53, 56]. Fondé en 1956, le laboratoire d’Histologie et d’Embryologie de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar a évolué en deux temps : - temps initial d’histologie-embryologie et histopathologie hépathologique et dermatologique réalisées par nos maîtres les professeurs Robert CAMAIN et Alfred COMLAN QUENUM qui se sont distingués par leurs travaux sur le cancer hépatocellulaire (cancer primitif du foie) et la tumeur du KAPOSI. - Une période de Cytologie Clinique-Cytogénétique et Biologie de la Reproduction qui a été marquée par les travaux initiés par le professeur Philippe ANTHONIOZ dès 1971 et poursuivis par ses élèves et successeurs dès 1980 : la colpocytologie, l’histologie placentaire, les pathologies trophoblastiques gestationnelles (les môles et chroriocarcinomes). La cytospermologie, les pathologies de la Reproduction et du Développement humains ; de l’immuno-génétique : le typage HLA qui lui a permis de confirmer l’origine androgénétique de la môle hydatiforme et la nature triploïdique de la môle embryonnée. Nous travaillons en collaboration triangulaire (Dakar – Brazza – Tours), notamment avec le laboratoire d’histologie de la FSSA de Brazzaville créé par feu le professeur Alfred COMLAN QUENUM et dirigé par le docteur Jacques SILOU, le laboratoire de cytopathologie du CHR de Tours (France) et le laboratoire de Cytologie Clinique-Cytogénétique et Biologie de la Reproduction du CHU de Dakar (Pr. AFOUTOU et coll.). III. PATIENTES – MATERIEL ET METHODE III. 1 Patientes Ce travail a porté sur des frottis cervico-vaginaux de diverses patientes que nous avons réparties en 4 groupes : le groupe 1 : des négro-africaines (57327 sujets) le groupe 2 : des expatriées caucasiennes euro-américaines vivant au Sénégal (3987 sujets) le groupe 3 : des sémites libano-syriennes vivant au Sénégal (3908 sujets) le groupe 4 : des caucasiennes européennes de Tours (France) (4965 sujets) (Pr. ANTHONIOZ et coll), soit au total 76187 femmes âgées de 13 à 83 ans. Toutes sont entrées dans notre système informel de dépistage – prévention des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus. Toutes ont eu au moins un frottis cervico -vaginal significatif. Nous avons étudié dans le groupe 1 constitué de 57327 sujets, l’âge, la situation matrimoniale, la gamie, une éventuelle contraception et la gestité de ces patientes. Les données sont rassemblées dans 12 tableaux. De 1980 à 1990, la pratique systématique du dépistage colpocytologique à visée préventive dans les principaux centres de soins de santé primaires de Dakar et sa banlieue nous a permis de suivre fortuitement un groupe de 1437 patientes négroafricaines. Les données de l’évolution de la santé colpocytologique des femmes de ce groupe, pendant la période 1980 – 1990, sont rassemblées dans les tableaux n°IX. Les activités colpocytologiques des périodes (1990 – 2000) et IIIP (2000…….) feront l’objet d’études particulières parce qu’elles ont bénéficié des évolutions biotechniques de leur temps. J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -2- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences III. 2. Matériel et méthode III. 2. 1 Selon Papanicolaou et Traut [33, 34, 41, 42] Les frottis ici analysés sont tous conventionnels. Il a fallu pour les réaliser une table gynécologique ; des spéculums de tailles différentes, des lames en verre, un crayon diamant permettant d’inscrire sur chaque lame un numéro d’identification, de l’« alcool-éther aâ » (à volume égal), des boîtes de transport. * Les prélèvements ont été réalisés loin du dernier rapport et en dehors des périodes menstruelles et de tout traitement local cervico-vaginal. Les prélèvements ont été faits avant le toucher vaginal et sans lubrifiant gras. * Le col étant très bien exposé en se servant d’un spéculum de taille convenable, on ciblera pour le prélèvement le cul de sac latéral (V), l’exocol (C) et le premier centimètre de l’endocol (E). On peut faire simultanément (C) et (E) en prélevant au niveau de la zone de jonction (C-E) ou zone de jonction cylindro-pavimenteuse (ZJCP). S’il y a de la leucorrhée et/ou de la glaire cervicale, il faut «moucher » délicatement le col avant le prélèvement cytologique. * L’étalement doit être immédiat, doux et uniforme sans « va et vient » * Pour la fixation des frottis, nous les avons immédiatement trempé dans de « l’alcool-éther aâ ». Chaque prélèvement est accompagné des renseignements utiles pour le travail du cytologiste : nom, prénom et nom de jeune fille, date du prélèvement, âge, date des dernières règles ou notion et date d’une éventuelle ménopause, motif de l’examen : dépistage orienté par la clinique ou contrôle d’un examen précédent, la gamie, la gestité, la parité, le type d’une éventuelle contraception. * Les prélèvements ont été réalisés par des médecins histo-cytologistes. De 1980 à 1981, depuis 1982 ils le sont par des techniciens formés spécialement pour cela. * Après une journée passée dans le fixateur, les frottis sont soumis à la coloration polychrome de Papanicolaou et Traut selon la méthode princeps [41 ; 42]. * L’examen en microscopie optique des 3 frottis (V), (C), et (E) débouche sur une conclusion diagnostique comportant la classe de Papanicolaou adéquate choisie parmi cinq : - Classe IP : frottis normal, présence d’une flore de Deoderlein, sans cytolyse ni autolyse, présence de cellules épithéliales malpighiennes et de cellules endocervicales de morphologie normale. - Classe IIP : une cellularité anormale mais bénigne avec des stigmates de dystrophie cellulaire hormonale ou réactionnelle (inflammatoire et/ou infectieuse). - Classe IIIP : frottis montrant des altérations et atypies cellulaires peu rassurantes, douteuses et évocatrices d’une dysplasie évolutive. - Classe IVP : présence de quelques cellules atypiques et suspectes de malignité (assimilée par les cliniciens aux lésions cancéreuses non invasives du col (dysplasies sévères, CIE ou CIS) - Classe VP : présence de nombreuses cellules néoplasiques (assimilée par les cliniciens aux lésions cancéreuses invasives du col) : cancer micro invasif ou invasif. Chaque résultat a appelé de la part de nos collègues cliniciens une conduite à tenir adéquate reposant sur le principe suivant : « la cytologie alerte ; la colposcopie, ou le test de Schiller localise, seul la biopsie et l’histologie confirment le cancer, précisent sa gravité et orientent son traitement ». Après un examen soigneux des données et des résultats de la première période (1980 – 1981), nous avons adopté une variante de la technique de Papanicolaou et Traut que nous avons décidé d’utiliser pour la suite de l’étude (1982 – 1990) : C’est la variante n°1 de la méthode colpocytologique de Papanicolaou ou variante TP Dakar1. III. 2. 2 Expérimentation et validation méthodologiques [1, 3, 6, 9, 12] Toutes les patientes qui ont été orientées vers nous avec une suspicion clinique de cancer du col ont été acceptées et prélevées en état pour ce début d’étude. De 1980 à 1981(période expérimentale) nous avons fait des tests de Papanicolaou à l’européenne. Pour chaque patiente, 3 frottis distincts (V), (C) et (E) ont été réalisés et fixés immédiatement à l’aide d’un mélange alcool-éther (âa) (un volume de chaque) coloration, lecture et conclusion diagnostique selon la technique princeps de Papanicolaou et Traut [30, 41, 42]. En faisant des rapprochements bio-cliniques des sujets des CL IVP et CLVP nous avons constaté que sur les 122 carcinomes invasifs diagnostiqués il y en avait 119 (soit 97, 54%) qui entraient d’emblée dans le cadre d’un dépistage orienté (col cliniquement suspect de malignité : recherche de cellules néoplasiques) les 3 autres cas de suspicion clinique de cancer du col ont été confirmés en deux temps : 1er frottis : « frottis de type CLIIIP sévèrement surinflammé et/ou surinfecté avec d’importantes altérations et superpositions cellulaires : reprise cytologique souhaitée après traitement anti-infectieux et antiinflammatoire. Nous les avons mises en classe IIIP (a) ou classe IIIP (de principe). Les frottis de contrôle ont enfin confirmé la clinique en ces termes : « prélèvement suffisant et significatif, fond propre, présence de cellules malpighiennes dyscaryotiques hautement suspectes de malignité : (Cl IVP ou CLVP) ». Quant aux 42 autres frottis de la ClIVP, leur contrôle histologique a découvert : 36 cas de lésions malignes cervico-utérines intra-épithéliales dont 32 cas de dysplasies sévères et 4 cas de carcinomes in situ (CIS ou CIE) 4 cas de carcinomes épidermoïdes micro invasifs (CIM) Enfin 2 cas d’adénocarcinomes infiltrants du col utérin. Cette activité préliminaire de dépistage-prévention des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus nous a tous convaincus de l’efficacité de la procédure « clinique puis colpocytologie (si nécessaire) puis colposcopie ou test de schiller puis biopsie et histologie, enfin thérapeutique. » et de la supériorité du dépistage colpocytologique systématique sur le J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -3- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences dépistage colpocytologique orienté par l’alerte clinique. Il nous est paru nécessaire de réviser globalement la technique de dépistage, d’autant plus que le dépistage jusqu’ici gratuit va devenir payant pour une population aux ressources précaires. « Une relecture africaine » de la méthodologie du dépistage préventif des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin s’est imposée à nous. Après cette période expérimentale entièrement financée par la Fondation Métadier de Tours, il fallait trouver un système pour l’autonomie financière de cette activité de dépistage. Les conclusions et les leçons suivantes ont été tirées et ont permis d’adopter dès le 2 janvier 1982 la méthodologie suivante : Un dépistage gratuit pour les cas sociaux (45% des négro-africaines) Un dépistage payant (1000 FCFA pour les africaines et 5000 FCFA pour les expatriées européennes et américaines et les sémites libano-syriennes), ce qui a permis d’en faire un système de dépistage colpocytologique autofinancé et autogéré. Ce qui n’aurait jamais été possible sans l’alliance avec des cliniques privées, des cabinets médicaux privés et des laboratoires privés d’analyses médicales. III. 2. 3 Méthodes adoptées pour la suite du travail (1982 – 1990) [1, 3] Technique de Papanicolaou et Traut modifiée et adaptée aux conditions matérielles et psycho-sociologiques d’exercice en pays sous équipés : variante I de Dakar [3] o Par patiente et par test nous réalisons désormais un frottis unique mixte (V.C.E) au lieu de trois frottis (V) (C) et (E), (soit une lame par patiente au lieu de trois, soit une économie de 2 lames sur 3). o Fixation à la laque à cheveux du commerce (fixation forte) au lieu du mélange « alcool-éther âa» : encore une économie importante ! puisque généralement les laques à cheveux nous ont été offertes par des patientes aisées. o Coloration selon un protocole technique utilisant moitié moins d’alcool et de toluène (deux produits chers et de conservation difficile en pays pauvres et chauds) o Lecture et compte rendu détaillés précisant : • Prélèvement suffisant ou non, significatif ou non ; • La situation de la flore de Doederlein : présente ou absente, équilibrée ou déséquilibrée (bacillose lactobacillaire) ; • Le fond de frottis : propre ou chargé ; présence ou pas de trainées muco-inflammatoires et hématiques ; • La cellularité, c’est-à-dire, la population cellulaire du frottis (riche ou pauvre), • Une éventuelle flore microbienne : sa nature, son abondance et son agressivité envers les cellules épithéliales malpighiennes (Vou C) ou endocervicales (E), • Nous considérons qu’un frottis sain ne montrant pas de cellules endocervicales manque de significativité (95% des lésions suspectes naissent, en effet, au niveau de la zone de jonction cylindro-pavimenteuse). • Présence ou absence de koïlocytes et dyskératocytes, c’est-à-dire des cellules malpighiennes anormales évacatrices d’une lésion virale condylomateuse due au virus du Papillome humain (HPV) qui est typique en absence de dyscaryose et atypique s’il y a de la dyscaryose, • Présence ou absence de cellules dyscaryotiques évocatrices de dysplasie légère, moyenne ou sévère, • Présence de cellules néoplasiques hautement suspectes de malignité o Une conclusion cyto-diagnostique dont le but est avant tout de rassurer ou alerter le clinicien. Entre temps les travaux de DE BRUX [6] et ceux de KOSS [27,28] etc…ont introduit les notions de HPV, CIN et Grade de Bethesda. Les éléments de cette conclusion sont choisis parmi ceux du diagramme synthétique suivant : • présence ou absence d’éléments atypiques ; • présence ou absence de cellules néoplasiques ; • CIasse OP (prélèvement non significatif : infection et/ou inflammation sévère, cytolyse intense, superpositions cellulaires) (à reprendre après traitement de la dystrophie) ; • Classe IP : frottis normal : fond propre, présence d’une flore de Doederlein équilibrée, présence de cellules épithéliales (V) (C) ou (E) de morphologie normale ; • Classe IIP (a) : dystrophie légère ou modérée, réactionnelle ou hormonale ; • Classe IIP (b) : dystrophie moyenne ; • Classe IIP (c) : dystrophie intense ; • Classe IIP (d) : dystrophie très intense (condylome typique : présence de Koïlocytes mais pas de cellules dyscaryotiques) (à faire évoluer) ; • CIN 1 englobe nos classes IIP (d) et les dysplasies légères ou lésions de bas grade de Bethesda (B1). Nous avons fini par retirer la classe IIP (d) au profit de CIN1/B1 ; • Classe IIIP (a) : Des cellules atypiques sur un fond du type classe OP (à reprendre après traitement anti-infectieux selon PV suivi d’un anti-inflammatoire (deviennent, au contrôle après traitement, une fois sur dix une classe IP ; 8 fois sur 10 une classe IIP (a ou b) 1 fois sur 10 une classe IIIP (b) ou une classe IVP ; • Classe IIIP (b) ou dysplasie moyenne ou CIN 2 ou lésion de haut grade de Bethesda (B2) ; J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -4- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences Classe IVP : présence de cellules néoplasiques : CIN3 ou lésion de haut grade notoire de Bethesda (biopsie demandée pour confirmer un éventuel cancer du col et son degré de gravité) ; • Nous avons supprimé la classe VP car elle réduit l’enthousiasme des thérapeutes (cause perdue !). La significativité des différences vraisemblables entre le dépistage orienté par la clinique et le dépistage systématique a été vérifiée et établie à l’aide de test de corrélation réalisé avec le logiciel « statview » Cette classification dite de Dakar, tient compte des contraintes psycho-sociologiques et socio-économiques du dépistage – prévention en milieu défavorisé. Elle exige moins de temps, moins de lames, moins d’alcool, moins de xylol ou toluène et un protocole technique plus simple. Classiquement, « haut grade de Bethesda » regroupe CIN2 et CIN3. En milieu négroafricain, l’expérience nous a montré que sur 10 lésions classées haut Grade de Bethesda, il n’y a que 2 CIN3 mais 8 CIN2. Il nous a paru plus cohérent de faire 8 surveillances colpocytologiques pour CIN2 et 2 (colposcopie-biopsie et histologie) pour CIN3 ; que de faire 10 (colposcopie-biopsie et histologie) pour 10 haut grade de Bethesda. Nous avons choisi de mettre l’accent sur les CIN3 (car ne peuvent pas attendre). Et nous surveillons cytologiquement les CIN2 (car peuvent attendre) : le haut Grade de Bethesda a donc été subdivisé en deux sous grade : B2 ou haut Grade pour les CIN2 ; B2 (+) ou haut Grade notoire pour les CIN3. Nous n’utilisons pas de termes histopathologiques en cytopathologie, ainsi pour les frottis de cancer nous répondons présence de cellules hautement suspectes de malignité ; nécessitées de colposcopie, biopsie de certification histopathologique. • IV. RESULTATS IV. 1. LES CARACTÉRISTIQUES EPIDEMIOLOGIQUES GÉNÉRALES DE NOTRE ÉCHANTILLON Tableau I : Caractéristiques épidémiologiques Situation Nombre de cas Pourcentage PAPS 57327 100% Age 57327 100% Situation matrimoniale 57227 99,82 Gamie 46783 81,61 Contraception 24563 42,85 Gestité 57327 100% Il ressort du tableau I que nos malades ont plus de difficultés à dire leur âge, leur situation matrimoniale et leur gestité qu’à parler de leur gamie et de la contraception. IV. 2 Ages de nos patientes Tableau II : Pyramide des âges Classe d’âge Nombre de cas Pourcentage 13-20 2626 4,58 21-30 21326 37,20 31-40 20643 36,01 41-50 8393 14,64 51-60 2402 4,19 61-70 1324 2,31 >70 602 1,05 Totaux 57327 100 La pyramide des âges de nos patientes est presque superposable à celle de la population générale. Les classes d’âge ayant la situation génito-sexuelle la plus active couvrent l’intervalle 21 ans à 50 ans et puisque c’est du dépistage « tout-venant » nous pouvons considérer que nous avons eu la chance d’avoir reçu les meilleures candidates à faire des précancers. Certes, nous dépisterons plus de CIN que des cancers. Mais notre étude sera plus efficace pour « tuer le cancer dans son œuf », ce qui est notre principal objectif à court, moyen et long terme avec l’espoir de voir disparaître la forme la plus sévère de cancer du col par la réduction des lésions précancéreuses les plus sérieuses candidates à devenir des cancers infiltrants. IV. 3 Situation matrimoniale de nos patientes Tableau III : Situation matrimoniale Situation matrimoniale Effectif Pourcentage mariées 46983 82,10 célibataires 4801 8,39 divorcées 3342 5,84 veuves 2101 3,67 total 57227 100 La grande majorité (82,10%) des nos patientes sont des mariées ; ce qui n’est pas pour surprendre car dans la société féminine sénégalaise il y a moins de célibataires, moins de divorcées et moins de veuves qui sont les états matrimoniaux psychosociologique et génito-sexuel à haut risque, oncogéne-cervico utérin. IV. 4 Gamie de nos patientes Tableau IV : Gamie Gamie Effectif Pourcentage M1 33141 70,84 M2 6325 13,52 M3 4267 9,12 M4 2933 6,27 M5 117 0,25 totaux 46783 100% Les patientes en situation monogamique (M1) et petite polygamique (M2) sont les plus nombreuses dans notre échantillon (70,84%), et ce n’est pas à cause des chrétiens car la minorité qu’elles constituent (moins de 5%) ne peut pas empêcher l’installation de la polygamie si les musulmans la voulaient. Notre expérience nous a montré que les femmes en ménage polygamique acceptent plus facilement le dépistage parce qu’elles sont très sensibles au risque pathologique lié à cela. J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -5- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences IV. 5 Mode de contraception Tableau V : Contraception Contraception Effectif Pourcentage OP 11410 46,45 DIU 7158 29,14 Norplan 1240 5,05 LT 1265 5,15 Spermiades 3490 14,21 Totaux 24563 100% Les contraceptions orale (46,45%°), mécanique par DIU (29, 14%) et par spermicides (14,25%) sont par ordre décroissant les préférées de nos patientes. La contraception chimique (OP, Norplant et Spermicides) sont prépondérants chez nos patientes (65,7%). Les oestoprogestatifs (46,45%) et les DIU (29,14%) sont les méthodes de contraception préférées de nos patientes ; que peut-on attendre de cette tendance, si non une influence chimique des oestroprogestatifs et un effet physique et réactionnel des DIU sur l’histo-cellularité de la zone de jonction cylindro- pavimenteuse site de prédilection de l’histoire naturelle des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin. IV. 6. Gestité Tableau VI : Gestité Gestite Effectif Pourcentage G0 4019 7,01 G1 4271 7,45 G2 9276 16,18 G3 8370 14,60 G4 6134 10,70 G5 7412 12,93 G6 6140 10,71 G7 11695 20,40 Totaux 57327 99,98 Les femmes multigestes sont celles qui acceptent plus facilement le dépistage, certainement à cause des séances d’IEC et des avantages qu’elles constatent, qu’elles en tirent mais également de la rivalité gestationnelle et sentimentale et un espoir creux de toucher la plus grande part de l’héritage ; dans ce jeu ce sont les hommes qui gagnent. Les femmes continuent à rêver objectivement « ça fait mal mais c’est bon ». IV. 8 Résultats de la période expérimentale Faisant le point sur la période allant de octobre 1980 à décembre 1981 des dépistages colpocytologiques à visée préventive. Nous avons recensé 1647 tests de Papanicolaou à raison d’un frottis par patient. Le tableau n°I regroupe les résultats enregistrés : Tableau VII : Résultats de la période initiale (1980 – 1981) Résultats colpocytologiques Nombre de cas CL IP frottis sain (présence de Doederlein) 193 CL IIP Frottis de dystrophie réactionnelle 4076 inflammatoire et/ou infectieuse CL IIIP Frottis montrant des atypies cellulaires 214 douteuses CL IV/CLV P Présence d’atypies cellulaires 164 dont 122 cas suspectes de malignité plus ou moins suspectés et 42 non nombreuses systématiques Total 4647 % Conduite Thérapeutique tenue 4, 15 87,71 4,61 3,53 I.E.C. Traitement anti-infectieux (selon ou pas PV) et anti-inflammatoire Traitement anti-infectieux selon PV et antiinflammatoire puis contrôle cytologique semestriel Colposcopie et/ou IVA et/ou IVL puis biopsie à visée histopathologique enfin traitement adéquat 100% IV.8 Résultats : Dakar – tours Tableau VIII : Comparaison des résultats obtenus à Dakar (G1, G2, G3) avec les résultats obtenus à Tours (G4) Classe colpocytologique Négro-Africaines du Sénégal Expatriées caucasiennes Libano-Syriennes de Papanicolaou vivant au Sénégal vivant au Sénégal Classe IP Classe IIP Classe IIIP Classe IV/VP Effectifs Groupes Type de dépistage 4,15% 87,71% 4,61% 3,53% 4647 G1 Mixte = semi systématique 18,12% 78,41% 3,18% 0,29% 3987 G2 Systématique 13,16% 82,72% 4,56% 0,56% 3908 G3 Systématique Caucasiennes de Tours (France) ou tourangelles 53,53% 45,81% 0,4% 0,26% 4965 G4 Systématique Ce sont avant tout de nombreuses leçons méthodologiques et techniques que nous en avons tirées et qui nous ont permis d’adapter par la variante Dakar1 la procédure du test de Papanicolaou aux conditions psycho-sociologiques et socioéconomiques des populations africaines, ce qui en a réduit considérablement le coût et accru l’accessibilité. D’autant plus que l’optimisme pronostic suscité par la découverte de deux vaccins anti HPV, risque de faire feu de paille pour des raisons socio-économiques. A la lumière de ces constations, il apparaît qu’en Afrique Noire le test de Papanicolaou a de longues années de travail à faire au profit du dépistage préventif des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin. Pendant cette période expérimentale (octobre 1980-décembre 1981), en même temps que les 4647 négro-africaines, nous avons réalisé de la colpocytologie pour 3387 expatriées caucasiennes euro-américaines et 3408 sémites libano-syriennes J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -6- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences vivant au Sénégal que nous avons recrutées au niveau des cliniques et des cabinets médicaux privés de Dakar. Les résultats obtenus ont été rapprochés de ceux de ANTHONIOZ et coll. chez 4965 caucasiennes à Tours (France). Le tableau n°VIII regroupe les résultats dakarois et tourangeaux (1 patiente / 1frottis cervico-vaginal) Il ressort de ce tableau les relations suivantes : Frottis normaux (classe IP) : G1 < G3 < G2 < G4 Frottis de dystrophies réactionnelles (classe IIP): G1 > G3 > G2 > G4 Frottis douteux : probables précancers (classe IIIP) : G1 > G3 > G2 > G4 Frottis de cancer ? (Classe IVP) : G1 > G3 > G2 > G4 Les résultats obtenus chez les femmes vivant au Sénégal, toutes races confondues, sont nettement plus péjoratifs que ceux obtenus chez les femmes vivant à Tours (en France); Les différences sont nettement significatives entre les caucasiennes euro-américaines vivant au Sénégal et les négroafricaines vivant au Sénégal (moins de frottis normaux et plus de frottis de dystrophie (classe IIP), de précancer (classe IIIP) et de cancer (classe IVP) sur les négro-africaines, comme quoi l’impact environnemental est essentiel sur le déterminisme oncologique cervico-utérin Il reste que les caucasiennes euro-américaines vivant au Sénégal, ont des caractéristiques colpocytologiques plus proches de celles de « leurs sœurs » de Tours ; tandis que les sémites libano-syriennes de Dakar malgré, des conditions socioculturelles et économiques, plus avantageuses sont plus proches de la santé colpocytologique des négro-africaines. Ces résultats semblent prouver la prédominance des conditions d’hygiène dans le déterminisme de la maladie cancéreuse du col utérin : ne dit- on pas que « le cancer du col ne survient jamais sur un col qui n’a pas été infecté ». IV. 9 Résultats portant sur l’efficacité de 10 ans de dépistage préventif Tableau IX : Bilan évolutif sur 10 ans (1980 – 1990) pour 1437 négro-africaines régulièrement suivies Période Classe IP Classe IIP Classe IIIP 1980 – 1983 4,26% 87,6% 7,20% (FCV/patiente) 59 cas 12 65 cas traités 100 cas traités 1984 – 1986 28,72% 68,39% 2,74% (FCV/patiente) 392 cas 949 cas traités 38 cas traités 1987 – 1990 39,40 59,3% 1,3% (FCV/patiente) 547 cas 822 cas traités 18 cas traités Classe IVP ou VP 0,94% 13 cas traités 0,15% 2 cas traités 0/0 Aucun cas Le tableau IX démontre qu’au fur et à mesure que le dépistage s’est répété et que les cas de dystrophie réactionnelle et de dysplasie ont été efficacement traités, la pathologie cervico-utérine s’est atténuée et a progressivement régressé. Au bout de dix ans d’activités de dépistage préventif, nous avons observé dans cette sous population constituée de 1437 négro-africaines régulièrement dépistées et traitées la régression progressive puis la disparition de nouveaux cas de classe IVP dont le taux est passé de 0,94% à 0%. Les classes IIIP/CIN2/B2 sont passées de 7% à 1,3%. Les classes IIP sont passées de 87,6% à 59, 3%. Par contre, le taux de frottis normaux /classe IP de Papanicolaou est passé de 4,26% à 39, 40%. Ce qui signifie que le risque de dystrophie réactionnelle tout en s’atténuant, demeure assez élevé, mais il compte toujours pour l’oncogénèse cervicoutérine si non comme inducteur mais au moins comme promoteur. Pas de cancer du col sans une activité dystrophiante régulière et tenace. J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -7- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences IV. 10 Histoire naturelle du cancer du col utérin (notre opinion) HPV * AUTRES TYPES Condylome dystrophique Précocité des rapports sexuels, poly IST dont le VIH-SIDA, partenaires sexuels multiples (++), grande gestité, tabac alcool, MCHD (Carences vitaminées….) TYPES, 16,18, 31, 33, x… condylome atypique (K+++) (très contagieux) Sans traitement Surinfection (IST) (**) EVOLUTION ACCÉLÉRÉE SI VIH-SIDA 2 À 5 ANS EVOLUTION SPONTANEE 15 – 30 ANS/ Guérison spontanée ou obtenue par traitement Dysplasie légère /CIN1/B1 (K+++) (très contagieux) Sans traitement Surinfection (**) Dysplasie moyenne /CIN2/B2 (+) (peu contagieux) Sans traitement Surinfection (**) GUERISSABLES Dysplasie sévère /CIN3/B2 (+) (K rare, pas contagieux) Sans traitement * = inducteur * * = promoteurs MCHD = mauvaises conditions d’hygièno -diététiques Cancer intra-épithélial CIE ou CIS/CIN3/B2 (+) Sans traitement (**) Avant cette ligne tout espoir de Guérison est permis PRONOSTIC INCERTAIN AVEC OU SANS TRAITEMENT Cancer invasif (CInv) (zéro k+) (Pas contagieux) Figure 1 : Diagramme résumant notre opinion sur l’histoire naturelle du cancer du col utérin [2, 3, 7, 8, 10, 12, 17, 20, 24, 25, 27, 31, 46, 55, 57, 58] A la lumière de l’ensemble des travaux réalisés par notre équipe sur le dépistage préventif des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin, nous formulons l’opinion suivante en ce qui concerne l’histoire naturelle du cancer du col de l’utérus. C’est sur cette base que se sont poursuivies nos recherches dans ce domaine de 1991 à nos jours (décembre 2007). La figure n°1 résume nos idées sur ce sujet. C’est le contenu de cette figure qui a guidé et qui continue de guider cette entreprise de dépistage préventif. J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -8- ** http://www.ucadjds.org Journal des Sciences IV. 11 Les agents pathogènes reconnus ou suspectés par la colpocytologie Ils ont été nombreux, divers et variés, tous suspectés sur la base des connaissances du cytologiste en morphologie microbienne car ils nous semble qu’en pays pauvres, en absence de prélèvement vaginal (PV) ces renseignements relevés sur FCV peuvent servir la conduite à tenir. Nous avons signalé 103 617 suspicions d’agents pathogènes sur les 57 327 frottis examinés de 1980 à 1990. Tableau X : Les agents pathogènes reconnus ou suspectés et leur fréquence Situation et/ou agents pathogènes Nombre de cas Absence de bacilles de Doederlein 51 384 Flore bactérienne agressive 37 323 Filaments mycéliens et/ou levures 16 206 Clue – cells (gardnerella vaginalis) 8 642 Doederlein déséquilibrée : vaginose lacto bacillaire 38 152 HPV (koïlocytose+++ et (dyskeratose +) 4 608 HPV (koïlocytose (+++) (dyskeratose +) (dyscaryose ±) 5 197 HPV(koïlocytose +) ( dyskeratose ± ) (dyscaryose +) 1 109 HPV (koïlocytose rare) (dyskeratose ±) (dyscaryose ++) Trichomonas vaginalis Herpes simplex virus du type II : (noyaux multiples vitreux ou opaques) HSV II HSV V (Cyto-mégalo-virus) (inclusions nucléaires) Chlamydiae trachomatis ou mycoplasmes (inclusions eosinophiles intra-cytoplasmiques) Bacillose (petits lymphocytes et des plasmocytes) Inflammation non spécifique (granulome) TOTAL Pourcentage 49,59 36,02 15,64 8,34 36,82 8,25 9,06 1,93 3 0,41 9 854 9,51 8 559 819 8,26 0,79 6 414 352 24 557 103 617 6,19 0,34 100 IV. 12 Résultats colpocytologiques globaux d’une décennie de dépistage préventif semi-systematique en milieu négroafricain (1980-1990) Ils sont regroupés dans les tableaux XI. (a) et XI. (b). Tableau XI. (a) : Résumé détaillé des résultats colpocytologiques globaux DIAGNOSTIC NOMBRE DE CAS CYTOLOGIQUE Classe IP 5413 Classe IIP (a) 3032 Classe IIP (b) 14727 Classe IIP (c) 24791 Total classe IIP 42550 dont 4608 condylomes typiques (K+) CIN1 ou B1 Lésions légèrement dysplasiques et/ou condylomes atypiques Lésions de bas Grade de Bethesda CL IIIP ou CIN2 ou B2 Dysplasie moyenne ou Lésions de haut Grade de Bethesda 5913 Dont 5197 condylomes atypiques (k+) CL IVP ou CIN3 ou B2 (+) ou lésions de haut Grade notoire de Bethesta Présence de cellules suspectes de malignité TOTAL 728 Dont 3 condylomes atypiques (k+) 2723 Dont 1109 condylomes atypiques (k+) 57327 POURCENTAGE 9,44 5,29 25,69 43,24 74,22 8,25 (k+) Koïlocytose (8,25%) Dyskératose (7,3%) Dyscaryose (0%) 10,32 9,06 (k+) Koïlocytose (k+) 9,06% Dyskératose (4,3%) Dyscaryose (7,2%) 4, 75 1,93 (k+) Koïlocytose (1,93%) Dyskératose (5,22%) Dyscaryose (9,69%) 1,27 0,41 (k+) Koïlocytose (0,41%) Dyskératose (1,28%) Dyskaryose (10,85%) 100 MOYENNE D’AGES 39 ans 37 ans 23 ans 26ans 36 ans 41 ans 28 ans Le tableau X.I (a) est résumé de façon simplifiée dans le tableau XI. (b) J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 -9- http://www.ucadjds.org Journal des Sciences Tableau XI.b : Résumé simplifié des résultats colpocytologiques globaux Classes Nombreux de cas Pourcentage (%) Moyenne d’âge Classe IP (normal) 5413 9,44 39 ans Classe IIP (dystrophies) 42550 74,22 37 ans CIN1/ B1 (condylome atypique, 5913 10,32 26 ans dysplasie légère) Classe IIIP (CIN2/B2) 2723 4,75 36 ans Classe IVP (CIN3/B2 (+)) 728 1,27 41 ans totaux 57327 100 34 ans POCU = ΣCIN 10,32% + 4,75% + 1,27% = 16,34% Les tableaux X (a) et X (b) exposent les résultats du dépistage semi systématique effectué pendant la période 1980 – 1990. Ils montrent qu’il y a peu de classe IP, beaucoup de classes IIP, un taux relativement important de lésions précancéreuses et cancéreuses du col réalisant dans la population considérée une assez intense pression oncologique cervico-utérine ou POCU (16,34%) ; ce qui signifie que dans notre population d’étude sur 100 femmes âgées de 13 à 82 ans, il y en a approximativement 16 dont le col et principalement la zone de jonction cylindro pavimenteuse sont le siège d’une active histoire naturelle du cancer du col. Pour confectionner le tableaux X (a) et X (b) seul le premier frottis significatif de chaque patiente a été retenu. En effet, les frottis classés 0P et 3P (a) ont été traités si possible après examen microbiologique et c’est le frottis de contrôle satisfaisant et significatif qui a été considéré pour le bilan. Il apparaît que l’infection virale condylomateuse est fréquente : 10917 cas de koïcytose sur 57327 frottis CV (soit 19,04%). Nous n’avons pas considéré comme étant atypique et dysplasiante les condylomes sans dyskaryose d’où la nécessité du développement dans notre laboratoire d’une unité de typage HPV. Cependant, toutes les patientes K+/HPV + ont été soumises à la seule conduite à tenir possible pendant la période considérée (1980 – 1990) : traitement anti-infectieux et antiinflammatoire et polyvitaminothérapie et un contrôle colpocytologique tous les six à douze mois selon l’intensité de koïlocyte et de dyskératose. Lorsque la moindre dyskaryose est observée, il y a alerte, nous ajoutons à la conduite à tenir IVA/IVL/colposcopie et si nécessaire une biopsie qui déterminera de la suite thérapeutique. En examinant les âges moyens enregistrés, nous constatons que les bas-grades de Bethesta CIN1 se rencontrent entre des femmes âgées de 13 à 35 ans, soit en moyenne 26 ans. Ce qui signale le caractère « IST » de la papillomavirose. Entre les âges moyens de CIN1/B1 et celui de CIN2/B2 il s’écoule 10 ans. Notre expérience nous a montré que le délai de transformation s’accroît s’il y a des IST surajoutées et surtout de la séropositivité VIH/SIDA. Entre une CIN2/B2 et une CIN3 /B2+, il s’écoule en moyen 5 ans. Mais ici, même avec la conduite à tenir classique, nous sommes rarement parvenus à réduire ce délai ; par contre, les mauvaises conditions hygiéno-diététiques et la séropositivité VIH/SIDA ont toujours un effet aggravant et accélérateur de la transformation d’une CIN2 en une CIN3 voire en un carcinome micro invasif ou invasif du col utérin. Ce qui nous a motivé à subdiviser les CIN-haut grades en deux sous haut grades : CIN2/B2 et CIN3/B2+. D’autant plus que nos ressources matérielles et humaines sont nettement insuffisantes pour permettre la prise en charge sérieuse, histologique et thérapeutique, de tous les CIN2 qui représentent 80% de haut-grades. IV. 13 Contrôle histopathologique des classes IVP Il a été réalisé le plus souvent (97% des cas) par des anatomo-pathologistes du CHU et de l’Institut Pasteur de Dakar. Les autres cas ont été traités en Europe et principalement en France (3% des cas). Les résultats ont été regroupés dans le tableau XI. Tableau XI (c) : Histopathologie des classes IVP dépistées Types histologiques cytologie Dysplasie sévère (DS) Classe IVP CIS/CIE Classe IVP Carcinome micro-invasif (CMI) Classe IVP Carcinome invasif Classe IVP Perdues de vue Classe IVP Totaux Biopsies 695 Nombre de cas 223 300 47 125 33 728 % 32,10 43,17 6,77 17,99 âge 36 ans 38 ans 40 ans 43 ans 33 femmes classées IVP, ont été perdues de vue (4,53%) 695 classe IVP ont été biopsiées et se sont avérées dans 86, 20% des cas soit 599 cas de dysplasies sévères (CIN3) ou cancers intra-épithéliaux (CIE / CIS). 70 cas de classe IVP sont des cancers micro-invasifs (6,77%) et 23 cas correspondent à des cancers invasifs (17,99%). Toutes les patientes CL IVP biopsiées ont été traitées au Sénégal dans différents services chirurgicaux de Dakar ou de chefs lieux de région. Pour les 595 lésions malignes intra-épithéliales (dysplasie sévère/CIE/CIS/CIN3/B2+), le taux de guérison avec un recul de 1 à 17 ans fut de 100%. En effet, aucun cas de récidive n’a été enregistré dans ce groupe. Qui plus est, 89 femmes CIN3/B2+ âgées de 21 à 39 ans ont, après cônisation, conduit à terme sous cerclage une grossesse. Par contre les résultats obtenus dans le groupe des lésions infiltrantes et invasives plus ou moins évoluées ont été largement décevants ; toutes sont décédées dans les 36 mois qui ont suivi le diagnostic de leurs lésions. Du reste, elles relèvent presque toutes du dépistage orienté par la clinique : (celles qui devaient mourir non seulement elles n’ont pas perdu leur vie, elles l’ont gardée et ont pu la transmettre à leurs descendants). J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 10 - http://www.ucadjds.org Journal des Sciences IV. 14 Résultats globaux selon le type de dépistage Ils sont regroupés dans le tableau XII Tableau n°XII : Comparaison des résultats dépistage orienté avec ceux de dépistage systématique Dépistage Orienté situations Patientes Cl IP Cl IIP CIN1/B1 Cl IIIP/CIN2/B2 CL IVP/CIN3/B2 (+) et plus * Dysplasies sévères * CIS/CIE * Adénocarcinomes * Carcinomes micro.inv * Carcinomes invasifs Perdues de vue CL IVP biopsiées TOTAL Nombre de cas 617 0 0 0 495 122 * 01 * 02 * 02 * 12 * 105 12 93 605 (617-12) % 100 0 0 0 80,23 19,77 0,82 1,64 1,64 9,84 86,07 9,83 76,23 100 Dépistage systématique Nombre de cas 56 710 5 413 42 550 5 913 2 228 606 * 222 * 298 * 31 * 35 * 20 20 585 56 689 (56710 – 21) % 100 9,55 75,03 10,45 3,93 1,07 0,39 0,56 0,05 0,06 2,35 0,4 1,03 100 * la corrélation des taux moyens des classes IVP/CIN3/B2+obtenus en dépistage orienté comparé à ceux du dépistage systématique est très significative (p = 0, 9999 < 0,05) Le tableau n°XII montre qu’à tous les niveaux, le dépistage systématique est beaucoup plus efficace et plus rentable que le dépistage orienté que nous conseillons d’utiliser le moins possible et toujours dans un cadre semi systématique V. DISCUSSION, CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Le cancer du col de l’utérus est l’un des cancers pour lesquels il y a eu dans les pays du nord les plus grandes modifications pronostiques au cours des 50 dernières années. Les dépistages colpocytologiques de tout genre (campagnes nationales ; dépistages orientés ; dépistages semi-systématiques ; dépistages systématiques ; dépistages informels et/ou formels etc…..) réalisés dans les pays du nord et principalement en Europe, aux USA et au Canada, ont permis une réduction importante de la fréquence des dysplasies sévères, des cancers intra-épithéliaux et, dans certaines contrées une réduction très importante voire la quasi-disparition des formes infiltrantes ou invasives généralement mortelles à plus ou moins longue échéance. Il en est autrement en Afrique intertropicale où le test de Papanicolaou est d’introduction récente et où l’accumulation des facteurs étio-pathogèniques inducteurs et promoteurs de l’histoire naturelle potentialisent le risque du cancer du col. En milieu africain, environ 350 000 femmes âgées de 30 à 60 ans, mères de 5 à 12 enfants meurent chaque année laissant ainsi de nombreux orphelins livrés à la délinquance juvénile et à l’échec socio-économique. Le cancer du col de l’utérus est incontestable une maladie liée à la promiscuité génito-sexuelle et hygiénique. Le consensus semble s’être fait sur la responsabilité du virus du papillome humain (HPV) comme inducteur de la carcinogenèse cervicoutérine. Une IST de la femme jeune, la lésion virale condylomateuse cervico-utérine due principalement aux types 16, 18, 31 et 33 de HPV, fait en tant qu’inducteur le lit du cancer du col. Cependant, la présence de nombreux co-facteurs en tant que promoteurs de ce processus ontogénétique cervico-utérin est nécessaire. Il s’agit de : Mauvaises conditions hygièniques et sanitaires, de la précocité des activités sexuelles (avant 16 ans), du multi-partenariat et du vagabondage sexuel ; du partenariat dit à haut risque (la prostitution et la polygamie) ; les infections sexuellement transmissibles (Herpès Simplex virus du type II ; VIH-SIDA ; chlamydiae trachomatis, trichomonas vaginalis etc….) ; l’usage anormalement prolongé et intempestif des oestro-progestatifs et surtout des dispositifs intra-utérins (DIU) qui agresse la zone de jonction cylindropavimenteuse; et d’autres co-facteurs promoteurs d’importance non négligeable (tels que l’alcoolisme, le tabagisme, diverses autres drogues et les carences en vitamines A et C etc….) La méthode de dépistage colpocytologique mise au point par Papanicolaou et TRAUT dès 1928 et plusieurs fois modifiée depuis lors s’est avérée une technique remarquablement adaptée au dépistage de ce cancer, premier cancer gynécologique africain, deuxième cancer gynécologique au plan mondial. Cette technique colpocytologique de dépistage est simple, répétable, peu onéreux et praticable partout où est consenti un petit effort d’apprentissage et d’investissement humain et matériel. Ce sont ces données qui ont inspiré cette entreprise et cette étude colpocytologique et ses dépendances qui nous ont permis, à la lumière des travaux précédents d’adapter le savoir faire et le savoir être de notre équipe pluridisciplinaire aux conditions psycho-sociologiques matérielles et thérapeutiques du milieu sahélien négro-africain au Sénégal. Ainsi, il nous a été donné de constater que dans le milieu considéré : Les frottis normaux sont ici comme partout dans tous les pays peu fréquents (9,44%) Les frottis de dystrophies réactionnelles inflammatoires et/ou infectieuses sont prépondérants (74,22%) La grande fréquence des virus inducteurs (HPV) et des facteurs promoteurs Il n’est pas étonnant que des inducteurs et promoteurs exercent une pression oncologique cervico-utérine où POCU = Σ CIN = %CIN1 + CIN2 + %CIN3 élevée précisément 16,34%. Le traitement des dystrophies et surtout des dysplasies a tué dans leur œuf nombre d’histoires naturelles oncogénétiques, cervico-utérines qui sont passées de 10,2% de CIN1 à 4,75% ; de J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 11 - http://www.ucadjds.org Journal des Sciences CIN2 puis à 1,27% de CIN3. Le dépistage orienté par la clinique est nettement insuffisant pour réduire significativement le nombre de cancers invasifs donc mortels. Nos résultats nous imposent d’opter, autant que possible, pour le dépistage systématique sous toutes ses formes (informelle ou formelle). Au fur et à mesure que cette activité s’est poursuivie nous avons constaté sa très grande efficacité donc son utilité et sa nécessité pour toutes les sociétés humaines. Nous proposons ici à toutes les sociétés africaines et du sud qui, comme la nôtre, sont en retard dans ce domaine, un système d’organisation du dépistage et de la prévention des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin qui se décline comme suit : C N D O A R D O Le Centre National de Dépistage Oncologique Référence pluridisciplinaire (CHU) Des Antennes Régionales de Dépistage Oncologique (IVA et/ou IVL + FCV/PAP’S + Colposcopie) C C S S P Cases et Centres de Soins de Santé Primaire (dépistage et prévention oncologiques) IEC- SR et si possible IVA et/ou IVL (IEC en SR) Figure 2 : Pyramide de dépistage préventif des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus proposée pour les pays pauvres ou en retard dans ce domaine [2, 3, 7, 8, 9, 10, 13, 17, 25, 30, 32, 34, 50, 54, 56] Ses objectifs sont : 1) dépister et traiter les dystrophies réactionnelles inflammatoires et infectieuses cervico-utérines et les dysplasies légères (CIN1/B1) ou moyennes (CIN2/B2) ; 2) Dépister, localiser, confirmer et traiter les dysplasies sévères ou cancer in situ ou cancer intra-épithélial (CIN3/B2+) ; 3) Offrir aux femmes porteuses d’un cancer micro-invasif (CMI) ou invasif (CInv), une prise en charge palliative. Son organisation se fera en 3 niveaux (Fig. 2): 1) à la base (au niveau des collectivités et communes rurales : les centres ou cases de soins de santé primaires et les maternités rurales ou communales : CCSSP 2) au niveau intermédiaire (chefs lieux de régions médicales, hôpitaux ou centres hospitaliers régionaux : les antennes régionales de dépistage oncologique ou ARDO ; 3) au sommet : au niveau national, au centre national hospitalier universitaire ou non : un centre national de dépistage oncologique (CNDO) Notons qu’il ne sera pas créé de nouveaux services car il suffira d’introduire de nouvelles fonctions et activités dans les structures médico-sanitaires qui existent déjà (formation continue et recyclage) Son fonctionnement : 1) le CNDO : il fera fonction de centre national pluridisciplinaire d’études, de recherche, de diagnostic et de soins, de dépistage et de prévention contre les lésions précancéreuses et cancéreuses du col. Il fera toutes les activités prévues pour la capitale ou la région capitale, formera et recyclera tout le personnel indispensable pour les 3 niveaux ; 2) les ARDO : elles feront le screening oncologique cervico-utérin par IVA, IVL colpocytologie, colposcopie et biopsie. Elles traiteront sur place les dystrophies, les dysplasies de gravité croissante et les lésions intra-épithéliales (CIN1, CIN2 et si possible CIN3 sinon elles les envoieront au niveau des CNDO ; J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 12 - 3) http://www.ucadjds.org Journal des Sciences les centres et cases de soins de santé primaires et surtout les maternités rurales (sages-femmes et matronnes) : on y fera de l’IEC et si possible IVA, IVL. Les lésions suspectées seront adressées à l’ARDO la plus proche. Il ne sera pas nécessaire à ce niveau de parler de cancer ; Résultats escomptés : grâce à cette distribution simple et peu onéreuse du travail anti-oncologique cervico-utérin, les principes généraux de l’oncologie préventive cervico-utérine seront respectés. Les aides-soignants, les assistants sociaux et les matronnes conseilleront. Les infirmiers d’état, les sages-femmes feront l’inspection visuelle du col utérin sous acide acétique (IVA) ou sous lugol (IVL), sous la direction de leur médecin. Les cytotechniciens vont alerter les cliniciens ; Les colposcopistes vont localiser les lésions suspectes. Les histologistes et/ou les anatomo-pathologistes vont confirmer les lésions et permettront l’orientation thérapeutique adéquate. L’équipe de thérapeutes médecins et chirurgiens va traiter avec efficacité et pronostic favorable. Un tel système va réduire considérablement, par le dépistage et la prévention, en une ou deux décennies, l’incidence des cancers invasifs du col utérin, partout où il sera mis en œuvre. Il fera ainsi disparaître dans tous nos centres hospitaliers les « salles de cancéreuses du col » remplies de « braves dames » âgées de 30 à 70 ans, mères de 5 à 12 enfants, généralement répudiées par leur mari et qui attendent dans une insoutenable souffrance physique et psychique l’instant de leur délivrance par une mort injuste et déshonorante pour l’espèce humaine. Le cancer du col utérin pouvant être prévenu, dépisté, traité et guéri s’il y avait une réelle volonté individuelle et collective de « tuer la vipère dans son œuf » Partout en Afrique Noire où il y a un laboratoire performant de biologie médicale s’occupant de dépistage du VIH-SIDA, ce laboratoire peut faire fonction d’ARDO d’autant plus que les lésions précancéreuses et cancéreuses du col sont des affections opportunistes du VIH-SIDA et que de plus en plus les deux virus sont étudiés conjointement en microbiologie et en vaccinologie. Le cancer du col : premier cancer gynécologique en milieu négro- africain Le cancer du col, un cancer à virus (virus HPV numéros 16, 18, 31,33 etc.…) Le cancer du col ne survient pas du jour au lendemain : c’est le résultat d’une histoire naturelle qui peut durer 15 à 30 ans c'est-à-dire de l’adolescence à la ménopause ; mais qui peut être accélérée par l’immuno –déficience VIH Sida. Le cancer du col peut être dépisté, traité, et guéri. Le test de Papa Nicolaou est la principale technique universelle de dépistage préventif du cancer du col. La présence sur un frottis cervico – utérin de cellules cancéreuses ne signifit pas qu’il a un cancer sur ce col, il faut localiser la lésion suspectée (IVA, IVL, colposcopie) il faut la biopsier pour la soumettre à la confirmation histologique : « la cytologie alerte, la colposcopie localise seule la biopsie et l’histologie confirme le cancer. » Il vaut mieux prévenir que guérir Grâce au dépistage préventif des lésions précancéreuses et cancéreuses, des femmes qui devaient en mourir, non seulement elles ne sont pas mortes, elles ont survécu et donner la vie. Remerciements : Les auteurs remercient très chaleureusement tous les encadreurs et sages – femmes des PMI et divers centres et postes de santé de Dakar et sa banlieue. VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] ABONG.J.J : 1990 Etude cyto-épidémislogique des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin au Cameroun à propos de 1110 tests de Papanicolaou : Th. Pharm: Dakar; 89 [2] AFOUTOU J.M., SEURAT P.L., ANTHONIOZ PH, TOURE P., BAH MD, TOSSOU H. ET CORREA P. : 1984 Le dépistage des lésions du col utérin par le test de Papanicolaou : A propos de 5131 tests réalisés en milieu africain sénégalais, Afri.Méd., n° (220) : 295 – 318 [3] AFOUTOU J.M., SEURAT P.L., ANTHONIOZ PH : 1984 Essai d’adaptation de la colpocytologie de dépistage aux conditions d’exercice prévalent au pays sous équipés. [4] AFOUTOU J.M., AIDIBE M. ; OUANE I. ANTHONIOZ : 1988 Lésions virales condylomateuses cervico-utérines et isoprinosines : Expérience dakaroise. [5] AKAKPO. V.A. : 1985 Etude analytique de 4.795 tests de Papanicolaou systématiques effectués chez les femmes blanches, européennes et libanaises en milieu africain au Sénégal (travail du laboratoire d’Histologie et d’Embryologie au CHU de Dakar), Thèse MED, Dakar: 39 [6] ANTHONIOZ PH, MAILLET M, ARON.E: 1981 Bilan de 40. 000 consultations de dépistage au cancer du col utérin en Indre et Loire, Ouest Méd. : 34, (12) : 799 – 802 J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 13 - http://www.ucadjds.org Journal des Sciences [7] BARRASSO R.: 1990 Cancer du col de l’utérus : épidémiologie et virologie, Rev. Prat, 40 (1): 9 – 11 [8] BEN MOURA D. ; UNTILLO TOUATI. A ; LEDORAY.V. ; ROBAGLIA SCLUPPA ; SEITA.R ; BLANC.B. ; BERGERON C. : 1991 Histoire naturelle des précurseurs du cancer du col gynécol. 42 (5) : 376 – 378 [9] BJORGE T.; GUNBJORUD A. B.; LANGMAR F.; SKARE G. B.; THORESEN S.O.: 1994 Cervical mass screening in Norway 510, 000 smears a year Cancer detect prev; 18 (6): 463 – 70 [10] BREMOND A.:1986 Histoire du dépistage du cancer du col utérin : l’épidémiologie. J. Gynécol. Obstét. Reproductions; 15, 72 – 74 [11] BRINTON L.A; SCHAIERE. HAENZEL.W: 1986 Cigarette smoking and invasive cervical cancer JAM méd. ASSO, 255: 3265 – 3269 [12] CAILLE M. : 1981 La prévention et le dépistage du cancer du col utérin par le frottis. Ouest Méd., 34 (12) : 807 – 811 [13] CARTIER.I. : 1993 Cytologie cervico-vaginale : historique des classifications de Papanicolaou à RICHART Gynécol; 44 (2): 87 – 88 [14] COX J.T.: 1995 Epidemyology of cervical intrapithelial neoplasia : the role of human papillomavirus. Clin Gynecol.; 9 (1) [15] DARGENT D.: 1989 Papillomavirus et cancer du col utérin : le point de vue du clinicien Patho Biol; 37 (9): 959 – 960 [16] De BRUX J.: 1979 Histoire naturelle des lésions précancéreuses du col utérin Bull cancer (paris), 66, 409 – 424 [17] De BRUX J., ORTH G. ; CROISSANT Q. ; COCHARD B. ; IONESCO M.: 1983 Lésions condylomateuses du col utérin évolution chez 2466 patientes Bull. cancer (paris), 70, 416 – 426 [18] De BRUX J., IONESCO M. ; BARRASSO.R: 1985 Infection à papillomavirus et néoplasie cervicale intra-épithéliale (CIN) Bull. cancer (paris), 72 (4) : 290 - 297 [19] De BRUX, J.IONESCO.M.COCHARD.B ; MASSON M.F. ; KREDDING H. : Epidémiologie, morphologie et évolution des condylomes cervicaux [20] De BRUX J.: 1989 Le diagnostic cytologique, une consultation médicale à part entière. JAMA. H., 1, 5, 489 – 493 [21] FEUNTEUN J. :1980 La carcinogenèse virale La recherche, 11 (117) : 1386 – 1394 [22] GOMPEL C. ; SPETCHINSKY A. : 1974 Dépistage systématique du cancer du col utérin par la cytologie exfoliative Rev. F. Gynecol, 69 (7-9): 473 – 475 [23] HEWITT J. ET PELISSE.M : 1983 Herpes Genital Rev. Prat. (Paris), 33, 3031 – 3040 [24] ITIBAR A.A.: 1987 Contribution à l’étude de l’état colpocytologique oncologique des prostitués négro-africains exerçant officiellement au Sénégal (à propos de 1000 cas). Thèse Méd. : Dakar : 32 J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 14 - http://www.ucadjds.org Journal des Sciences [25] KAMENI.D.A.: 1997 L’apport de la cytologie exfoliative dans le contrôle des cancers du col utérin au CHU de Dakar de 1981 à 1995 ; Bilan et perspectives ; Thèse méd.Dakar : 44 [26] KOSS L.G. ; DURFEE.G.R. : 1956 Unusual patterns of squamous epithelium of the cervix cytology and patyologic study of koïlocytic atypia Ann. N.Y. acad; sci; 63 (1): 245 – 251 [27] KOSS L.G.: 1970 Signifiance of dysplasia Clin. Obstet. Gynecol ; 13 ; 873 – 888 [28] KOSS L.G. : 1989 Les frottis de Papanicolaou pour le dépistage du cancer cervical JAMA 14 : 15 – 28 [29] LENO.D.W.A : 1993 Etude cyto épidémiologique des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin en Guinée. Thèse Méd. : Dakar : 48 [30] LOUBIERE R. : 1981 Facteurs étiologiques des cancers en Afrique intertropicale. Méd. D’Afrique Noire, 28 (n° spécial) [31] LUSCAN. R. LAFFRAGUE P. FRANCIS. H. Les dysplasies de la couche intermédiaire de l’épithélium exo cervical utérin Algérie Méd. ; 1962, 66, 289 – 305 [32] MAILLET M. ; ANTHONIOZ PH : 1971 Le dépistage précoce du cancer du col de l’utérus par les examens systématiques par la fondation METADIER Rev. Méd. Tours, 5 (11) : 29 - 32 [33] MARSAN (C.), CAVA (E.), DIEBOLD (J.), FONTANIERE (B.), HENIN ( D.) et coll. : 1988 Cytopathologie pratique, Vigot (ed.), Paris, 1 – 57 [34] MARSAN (C.) : 1991 Dépistage du cancer du col : c’est votre affaire. Le Généraliste, , 1285, 11 - 14 [35] MARSAN (C.) : 1991 De Papanicolaou à Bethesda. – le Généraliste, 1285, 16 – 18 [36] MARSAN (C.) : SABATIER (P), VERDIER (M.M.) : 1991 La terminologie en cytologie cervico-vaginale de Papanicolaou à Bethesda. Rev. Fr. lab., 224, 99 – 103 [37] MEISELS A. : 1976 Rôle des facteurs exogènes dans la genèse des lésions intra-épithéliales du col utérin Arch. Anat. Cytol, 24, 87, 92 [38] MERGUIJ L.; DE BRUX J.; SORLAT-BAROUX J. : 1984 Lesions condylomateuses : étapes de la carcinogenèse cervicale Rev. Fr. Gynécol. Obstet., 79 (6): 443 – 447 [39] OMS (1988) Dépistage cytologique du cancer du col : guide technique. Genève, organisation Mondiale de la Santé [40] ORTH G. : 1985 Papillomavirus et cancer du col utérin Revue de l’institut pasteur de Lyon, 18 ; 1 – 2 (105 – 106) [41] PAPANICOLAOU (G.N.), TRAUT (H.F.): 1941 The diagnostic value of vaginal smears in carcinoma of the uterus. Am. J. obstet. Gynecol., 42, 193 – 206 [42] PAPANICOLAOU (GN), TRAUT (H.F.) : 1943 Diagnosis of uterine cancer by vaginal Smears – New York, the Commonwealth Fund, [43] PUNDEL J.P. : 1950 Les frottis vaginaux et cervicaux bases biologiques indications cliniques gynécologiques Masson : Paris J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 15 - http://www.ucadjds.org Journal des Sciences [44] PUROLA R; SAVIA E. : 1977 Cytology of gynaecologic condyloma acuminatum Actu cytol; 21, 26 – 31 [45] RICHARD (R.M.): 1973 Cervical intra neoplasia. In Sommers SC (ed.), Pathology Annual New York, Appleton-Century-Crofts, 301 – 328 [46] RIOTTON G. : 1981 De quelques problèmes poses par le dépistage cytologique du cancer du col utérin Ouest Med.; 34; 12 [47] SADEGHI S.B.; SHIEH. E.W.; GUNIN. : 1984 Prévalence of CIN in sexually active young adults. AM. J. Obstet Gynecol, 148, 726 [48] SADOUL G.; BEURET TH: 1982 Les dysplasies cervicales Pratique Med, Afri. ; No2: 13 – 28 [49] SALL.DIOP N.: 1982 Etude analytique de 4635 tests de Papanicolaou Thèse Med. Dakar : 114 Direction Scientifique (Pr Afoutou J.M.) [50] SANOU M. Premier essai de dépistage systématique des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin en milieu négro-africain à Ouagadougou (Burkina-Faso) (à propos de 1100 tests de Papanicolaou) [51] SENDE P. M. ; ESSIMBI F. ; DON A.S. ET ABONDO A. : 1983 Le dépistage du cancer du col utérin par la méthode de Papanicolaou Afri. Med. 22 (208) : 149 – 151 [52] SOUDRE B.R. ; LAMIEN A. ; KONE B. ; SANOU M. ; SANKANDE B. : 1992 Les lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin au Burkina-Faso ; étude cytologique réalisée dans deux provinces (oudalan-Seno) Médecine d’AFR. Noire, 39 (12) : 806 – 809 [53] SOURABIER D. : 1989 Contribution à l’étude des aspects physico-chimiques de la coloration polychrome de Papanicolaou : application en dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin en milieu négro-africain au Th. Pharm. Dakar : 53 [54] STANDAERT B. ET MEHNS A. : 1985 Le cancer du col en Afrique Med. D’Afrique Noire, 32 (10): 407 – 415 [55] WINKELSTEIN.W: 1977 Smoking and cancer of the uterin cervix Am. J. Epidemiol. 106; 257 [56] WONE I : 1991 Bilan de 10 ans de dépistage cytologique systématique des lésions précancéreuses et cancéreuses du col utérin au Sénégal (à propos de 34.556 tests de Papanicolaou réalisés de 1981 – 1990) Th. Med.: Dakar; 34 [57] ZUR HAUSEN.H.: 1977 Human papillomavirus and their possible role in squamous cell carcinomas Curr. Top Microbiol; immunol. 78, 1 – 30 [58] ZUR HAUSEN.H.; GISSMANN L.: 1984 Viruses in etiology of human genital cancer Prog. Med. Virol. 30; 170 - 186 J. M. Afoutou et al / J. Sci.Vol. 8, N° 2 (2008) 1 – 16 - 16 -