A propos du modèle allemand

Transcription

A propos du modèle allemand
Extraction : 25/05/2012 00:00:00
Catégorie : Actualités Régionales
Fichier : piwi-6-3-501-20120525-354415463.pdf
Audience : 400000
A propos du modèle allemand
André Wurtz (*) évoque ici des aspects insuffisamment cités quand il est question du
modèle allemand.
-André Wurtz
«Quand on vante le «modèle allemand»
allemand»,, on met en
avant sa forte tradition industrielle et son Mittelstand.
Mais nous aussi savons construire des voitures, des
machines-outils, des trains à grande vitesse.Lors de
la catastrophe de l'ICE, qui fit 101 victimes à
Eschede en 1998, la presse allemande a souligné la
supériorité du TGV français en termes de conception.
Sa structure rigide (les voitures sont solidaires grâce
à des essieux communs) aurait évité la dislocation du
train et l'empilement des wagons sur la pile d'un
pont.Le Mittelstand, certes.
Il s'agit de ce tissu de puissantes PME familiales,
indépendantes, fortement implantées dans leurs
régions, souvent leaders dans leur domaine.
Mais la France n'est pas en reste avec ses Ligne
Roset (meubles), Hénaff (agroalimentaire), Radiall
(connectique), Lohr (N° 1 mondial des camions
porte-voitures), pour ne citer qu'elles.
La stabilité politique allemande a été très
utileS'agissant de l'Allemagne, on sous-estime trois
éléments: sa stabilité politique, très appréciée des
entrepreneurs et investisseurs, son volontarisme, son
souci de défendre ses intérêts.Se rappelle-t-on que
pendant toute la durée du miracle économique
allemand (1949-1963) l'Allemagne n'a connu qu'un
chancelier (Konrad Adenauer) et un seul ministre de
l'économie (Ludwig Erhard), lequel a d'ailleurs
succédé à son chancelier en 1963?Depuis la création
de l'État en 1949, l'Allemagne a connu huit chefs de
gouvernement alors que la seule V e République
française (depuis 1958) en totalise 18 pour 34
gouvernements.En France, la stabilité se trouverait
plutôt dans l'endogamie de nos dirigeants.
Certains font de la politique leur métier alors qu'en
Allemagne les désavoués du suffrage universel
disparaissent en général de la scène politique et
rentrent dans le rang.Et que dire du cumul des
mandats,
quasiment
inconnu
outre-Rhin?Le
processus de décision allemand est connu pour être
long et réfléchi, conséquence de la culture du
consensus.
Mais lorsqu'elle est prise, la décision est mise en
ouvre sans tergiverser.
L'Allemagne fait sans se poser de questions, alors
que nous donnons l'impression de chercher d'abord
les raisons de ne pas faire, comme on l'a vu à propos
de la «TVA sociale».André Wurtz: «La France
cherche les raisons de ne pas faire».On peut citer la
décision des Allemands d'étendre le péage
autoroutier pour camions (LKW Maut) à certaines de
leurs routes nationales.
Entre le vote du texte et la mise en ouvre, il s'est
passé à peine six mois.En France, l'Alsace attend
depuis sept ans un tel péage alors que celui-ci
renverrait au-delà du Rhin le trafic nord-sud qui
encombre son axe routier et n'est que du transit pour
éviter le péage allemand.Que n'a-t-on entendu
lorsqu'un député a émis cette idée dès 1995 au
lendemain de l'instauration du péage allemand: «que
vont penser nos amis allemands?», «que va dire
Bruxelles?», etc.
Défendre ses intérêts n'est pas un crime; nous devons
en prendre conscienceHelmut Kohl disait que toute
décision de l'Europe devait être bonne pour
l'Allemagne.
Nos voisins ont toujours su défendre leurs intérêts de
manière décomplexée, sans se poser de
questions.Avant toute décision communautaire, M
me Merkel fait approuver le projet par son
Bundestag.
Elle a raison.Lorsqu'une décision de Bruxelles n'est
pas conforme à sa Constitution, l'Allemagne la
refuse.
La France change sa ConstitutionEn vingt ans elle l'a
fait cinq fois pour se mettre en conformité avec
l'Europe.Sait-on que là où la France a assisté
passivement à la disparition de ses mines de charbon,
l'Allemagne subventionne ses houillères (25000
emplois) à hauteur d'environ 2 milliards par an (pour
un chiffre d'affaires annuel d'environ trois milliards)?
Imagine-t-on le tollé si notre président avait proposé
un tel mécanisme pour sauver la sidérurgie lorraine et
Copyright DNA (Strasbourg) - Reproduction interdite sans autorisation
1C97E2F450B0A80A00274A983B01B56E1484B46C81C02B97EB2210B
1/2
CNCCEF
Extraction : 25/05/2012 00:00:00
Catégorie : Actualités Régionales
Fichier : piwi-6-3-501-20120525-354415463.pdf
Audience : 400000
le haut-fourneau de Gandrange? L'Allemagne a su se
forger un puissant lobbyLe lobby allemand à
Bruxelles, fort de 1200 personnes et de plus de deux
cents entreprises ou associations professionnelles
présentes sur place, se chiffre en dizaines de millions
d'euros (1,2 million d'euros juste pour Deutsche
Telekom).Il ne s'agit pas d'en faire reproche à
l'Allemagne.
L'intérêt national n'est pas un gros mot.
Défendre ses intérêts n'est pas un crime.Il serait bon
d'en prendre conscience en France et d'abandonner
l'angélisme qui nous caractérise au nom d'une amitié
retrouvée, mais qui ne doit pas nous faire oublier nos
intérêts dans le cadre d'un environnement mondialisé.
A moins de considérer que défendre ses intérêts est
signe de populisme, voire de nationalisme
incompatible avec les fameuses valeurs dont tout le
monde ici se réclame»
réclame».Conseiller du commerce
extérieur de la France, président d'honneur de la
section Allemagne
Copyright DNA (Strasbourg) - Reproduction interdite sans autorisation
1C97E2F450B0A80A00274A983B01B56E1484B46C81C02B97EB2210B
2/2
CNCCEF