Résumé Formation Princess Bride

ECOLE ET CINEMA
Année scolaire 2010/2011
Princess Bride de Rob Reiner
Synthèse sur le film
1) Un film entre hommage et pastiche
Un cinéma de genres
Les personnages
Le film multiplie les références au cinéma populaire américain des années 40 et 50.
Les héros sont des "copies" à la fois proches et décalées des héros du cinéma de Cape et
d'épée, d'aventures, du cinéma fantastique de la "Hammer"1.
• Westley : Personnage entre Zorro, Robin des bois et le Prince charmant. Il a la
blondeur du Prince des contes. Il est le vrai prince à contrario du Prince
Humperdinck. Il possède toutes les qualités requises.
• La Princesse : Elle est aussi à la limite de la caricature : Belle, blonde, naïve,
amoureuse et fidèle. Mais ce personnage évolue à la moitié du film (à partir du
cauchemar) pour devenir un acteur du récit et elle abandonne son aspect trop lisse.
• Inigo : C'est le personnage type du héros des aventures maritimes. C'est le héros
brun, ténébreux et mystérieux. Il est l'autre face de Westley. Il possède une autre
dimension : le désir de vengeance.
• Frizzik : C'est le bon géant entre naïveté et brutalité, entre délicatesse et
puissance. Il est la bonne conscience du film. Il est l’antinomie de Vizzini. Il est
petit, méchant, manipulateur et langue de vipère.
• L'albinos : Il est une référence directe au personnage de "l'âme damnée" des
aventures de Frankenstein des films de la "Hammer".
Les actions
Le récit est un catalogue des passages obligés du film d'action:
• Le duel : Il est attendu et acrobatique comme ont pu l'être ceux d'Errol Flynn dans
"Robin des Bois" ou ceux de Burt Lancaster dans "Le corsaire rouge".
• Les Baisers : Ils sont trop nombreux au goût du petit-fils.
• Les poursuites : Celles en bateau, à cheval, à l'escalade...
• Les monstres : Les anguilles, les Rongeurs...
Le grand-père n'a pas menti à son petit-fils. Il y a tous les ingrédients du bon livre
d'aventure et du film de divertissement.
Les lieux et décors typiques
Les grands espaces : Une nature ouverte aux poursuites, les décors artificiels fermés
pour mettre en valeur les exploits à l'épée, les scènes de tortures... Les lieux sont aussi un
hommage aux grandes productions hollywoodiennes. Le film reproduit l'ambiance et la
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Hammer Film Productions est une société de production britannique de films fantastiques, d'horreur et
d'aventures durant les années 1950 et 60, fondée en 1934.
Synthèse sur le film PRINCESS BRIDE
Réalisé par Alexis Fradet
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couleur des films de cette époque (cf les falaises de la désolation et le lieu du duel ou les
marais de feu).
Un cinéma de la rupture
Qui dit pastiche ou parodie propose un décalage par rapport aux canons du genre. Le
film passe à la moulinette les grandes figures de styles. Il y a une politique de la rupture de la
transparence hollywoodienne. On fait rêver et, dans le même temps et le même mouvement,
on brise l'illusion, on montre les ficelles.
Définition de la « Transparence » au cinéma : Procédé utilisé pour filmer les acteurs sur un
décor auquel ils ne peuvent avoir accès. Il repose sur le principe suivant. Dans un studio à
l'aide d'un projecteur placé derrière un écran translucide, on projette les images du décor
préalablement filmées. Les acteurs jouent devant cet écran et on travaille la lumière et
l'angle de prise de vue afin de créer l'illusion.
Plus globalement la transparence renvoie à la notion d'illusion qui procède du cinéma
lorsque celui-ci offre un univers et un temps parfaitement cohérent dans lequel le spectateur
aime à ce perdre.
Trois types de mise à distance du spectateur :
Les personnages et les commentaires
Les personnages commentent leur actions, se font des clins d'œil et tiennent des
propos décalés, ou anachroniques. Ces paroles perturbent ou mettent en relief le film
comme récit.
Une impression de "déjà-vu"
La répétition des séquences offre un moment de doute pour le spectateur qui
s'interroge sur le bon déroulement du récit. La même séquence est jouée deux fois avec la
même mise en scène (cadrages, mouvement de caméra, actions et personnages quasiment
identiques) lors des présentations de la Princesse au peuple par le Prince au début et à la
moitié du récit.
Les interventions intempestives de l'instance de narration et de la réalité
Le récit est en permanence interrompue par le grand-père et / ou le petit-fils. Ces
Interventions de la réalité sont évidemment le révélateur que le film n'est qu’un conte / une
illusion.
Mais ce "va et vient" permet de mieux relancer la machine à rêves. Cette frustration
stimule le désir de continuer d'écouter et de voir l'histoire. C'est ce qui arrive au petit-fils qui
au début est dubitatif sur l'intérêt de cette aventure et devient totalement captivé à la fin du
film.
2) Narration et récit
Le rapport de la voix et des images
La voix de la réalité
Le Grand-père est celui qui maitrise, non l'histoire car elle est préexistante dans le livre,
mais la narration. C'est-à-dire la manière dont est présentée l'histoire. Ces différentes
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interventions lance, arrête, le récit en images. A telle enseigne que la voix du grand-père se
superpose aux images du conte lorsqu'il lance ou relance l'histoire. Cette présence montre la
force du narrateur sur le récit filmique. Mais ce pouvoir est partagé avec la voix de son petitfils qui intervient également et modifie le récit ou le critique quand les scènes ne lui
conviennent pas. Ce duo montre le lien irrémédiable entre une instance narrative (le conteur)
et son auditoire (le petit-fils et nous spectateurs).
Dans ce jeu de pouvoir entre le narrateur et son récit, il y a vers la fin une prise
d'autonomie du conte et du film. Les personnages prennent le relais et concurrencent même
le conteur (cf récit fait par Fizzik à Inigo lors de leurs retrouvailles dans le village de la forêt).
Cette conquête, à mi-récit, est motivée par deux choses.
La première est liée au cauchemar de la Princesse. Il y a dans le film une coexistence
entre le monde de la réalité (la chambre de l'enfant) et celui de l'imaginaire du conte. Mais le
conte à partir de ce moment "rêvé" produit lui-même du récit, c'est-à-dire une fiction au sein
de la fiction sans intervention de l'instance narrative. Le cauchemar est le fruit d'un
personnage et non du narrateur. Il y a donc une prise d'autonomie et d'initiative qui
correspond également au changement de statut de la Princesse. Elle passe du simple rôle
de trophée à remporter à celui de femme active qui décide de résister au Prince
Humperdinck.
La deuxième est liée à l'implication croissante du petit-fils dans l'histoire. Il est conquis
par cette aventure et le conteur n'a plus à intervenir pour manipuler la narration. Il n'a plus
besoin d'interrompre le récit comme lors de la séquence des anguilles afin de frustrer son
auditoire.
L'enfant est subjugué. Alors, le conteur peut s'effacer et laisser l'histoire prendre son
ampleur. A cet égard, ses dernières interventions sur le conte ne sont que de la paraphrase
des images. Il décrit ce que nous voyons ou évoque ce que nous savons déjà. Il devient
inutile comme le Prince lors de la poursuite des ravisseurs qui commente a posteriori les
péripéties (les 3 duels de Westley) déjà vues par le spectateur. Un dernier exemple de
l'effacement progressif de la réalité au profit du conte. Le grand-père dit à son petit-fils de se
taire et de laisser le récit se finir.
La voix des personnages et l'action : une histoire de temps.
Les voix au sein du récit possèdent aussi une influence sur le film. Les personnages
ont la capacité de gérer le suspens. Il y a concurrence entre la voix et l'action. Si les
personnages parlent ils n'agissent pas. Les paroles ont pour fonction la dilatation du temps à
fin de ménager le suspens.
Revoir la séquence du premier duel entre Inigo et Westley. Le grand-père joue sur la
frustration de son petit-fils pour le séduire et les personnages font de même avec le
spectateur.
Un Conte en images
Le récit est une petite leçon sur la structure du conte et sur ses figures.
Dès la poursuite des ravisseurs de la Princesse, le scénario résume les procédés à
l'œuvre dans un conte. Pour récupérer sa Princesse et mettre en valeur ses qualités,
Westley doit subir trois épreuves. C’est la figure traditionnelle du schéma actantielle du
conte : un héros, un objet du désir (la Princesse), des opposants, des épreuves, la
récompense et le baiser. Il va de soi que le récit est plus complexe car le scénario arrête le
bon déroulement de l'histoire avec l'emprisonnement du héros dans le laboratoire de Rugen.
De même, le film commence par la fin, c'est-à-dire par le baiser entre les deux héros. Ce
procédé est une forme de mise en abîme, il y a une histoire dans une autre, un récit parmi
d'autres. Il faut en permanence relancer l'histoire afin de garder captif l'auditoire.
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Pour conclure, ce film est un hommage à la puissance du conte, de ce rapport intime
entre celui qui raconte et celui qui écoute. Mais il est aussi un éloge au cinéma populaire qui
produit des mondes merveilleux pour des spectateurs avides d'évasion. Ce film est loin d'être
une évocation servile, au nom de la transparence et de l'illusion. Il met en avant les figures,
les procédés et révèle les mécanismes du genre pour mieux nous séduire et nous instruire
sur la magie du cinéma.
Synthèse écrite par Alexis Fradet suite à la formation sur le film.
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