Mercredi 5 mai Franz Schubert Die schöne Müllerin Fra nz S ch ube rt

Transcription

Mercredi 5 mai Franz Schubert Die schöne Müllerin Fra nz S ch ube rt
Mercredi 5 mai
Franz Schubert
Die schöne Müllerin
Dans le cadre du cycle Planète Terre
Du mardi 4 mai au jeudi 3 juin
Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert,
à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr
Franz Schubert | Die schöne Müllerin | Mercredi 5 mai
Roch-Olivier Maistre,
Président du Conseil d’administration
Laurent Bayle,
Directeur général
Cycle Planète Terre
« L’âme de l’homme ressemble à l’eau : venue du ciel, elle monte au ciel, et doit de nouveau descendre sur la Terre,
dans une éternelle alternance. » Ainsi s’ouvre le Chant des esprits sur les eaux de Goethe, mis en musique par
Schubert, que l’on est surpris et enchanté de trouver cité sur Internet dans nombre de pages consacrées
aux questions environnementales. À l’heure où la volonté humaine de domination de la Nature par la technique
détruit l’équilibre de la planète et épuise ses ressources, ce cycle de concerts nous rappelle que les musiciens
ont toujours su prêter l’oreille aux voix de la Nature.
Ce goût pour la Nature s’est particulièrement développé dans les arts quand, vers le XVe siècle, l’Europe est
devenue plus urbaine que rurale, passage de la campagne à la ville dont rendra compte ici la confrontation
des Quatre Saisons de Vivaldi aux citadines Saisons de Buenos-Aires de Piazzolla. Le besoin urbain de retrouvailles
avec la Nature est clairement airmé par le titre du premier mouvement de la Symphonie «Pastorale» de
Beethoven : Éveil d’impressions joyeuses en arrivant à la campagne.
Cette symphonie s’inscrit dans la longue tradition de la pastorale : ce genre littéraire, très en vogue du XVe
au XVIIIe siècle, narre les amours de bergers mythologiques vivant dans une nature idéale et intacte, qu’aucune
civilisation n’a encore corrompue, et dont la représentation, avec ses vertes prairies et ses doux zéphyrs,
est davantage régie par les règles et conventions du genre que par une observation de la nature réelle.
Dans la Sixième Symphonie de Beethoven, comme dans les Quatre Saisons, aucun élément de cette nature
de convention ne manque : prés leuris, doux ruisseaux, gazouillis des oiseaux, chants de pâtres, danses
paysannes au son de la musette, etc.
Acis et Galatée de Haendel nous ofre la quintessence de ce genre : les amours du berger et de la nymphe,
contrariées par le géant Polyphème, igure de la démesure, peuvent se lire comme une allégorie d’un fragile
équilibre écologique. La valeur centrale de la pastorale, c’est la paix, s’opposant aux valeurs guerrières de la
tragédie et de l’épopée : nulle rumeur des batailles ne vient troubler cette nature vierge et paisible, et c’est
bien une célébration de la paix que nous donne par exemple à entendre le début de la Pastorale de Beethoven,
où la répétition incessante d’une même formule mélodique donne une impression de calme et d’immobilité
qui contraste avec les conlits traversant les autres symphonies du compositeur.
Jusqu’à Beethoven, la relation de l’homme avec la Nature demeure distante, de l’ordre du respect magique,
et les valeurs que l’artiste célèbre dans la Nature sont universelles ; en revanche, pour les Romantiques,
la Nature devient la conidente des sentiments individuels, si bien que le narrateur de La Belle Meunière de
Schubert fait du ruisseau son conseiller et son « ami murmurant », qui lui servira de linceul et veillera sur lui
lorsqu’il se sera donné la mort par désespoir amoureux. La forêt est le lieu naturel privilégié des Romantiques,
et le cor, lié au thème de la chasse, l’instrument sylvestre par excellence : dans les Waldszenen (Scènes de la
forêt), le piano de Schumann fait retentir maintes sonneries de cors de chasse, qui feront écho à celles qui
ouvrent le Freischütz de Weber ou terminent le Quatrième Concerto pour cor de Mozart. Bien loin de la paix
et du merveilleux de la Pastorale, la nature romantique est sombre, inquiétante, marquée par le mystère et
le fantastique : c’est la Gorge-aux-Loups du Freischütz, ou le Lieu maudit des Scènes de la forêt.
2
Si le Romantisme nous est proche aujourd’hui encore, c’est parce qu’il établit un rapport problématique
entre l’homme et la Nature, rapport quasi fusionnel, mais sur lequel semble peser une sourde menace
mutuelle, que rappelle L’Oiseau Prophète des Scènes de la forêt : « Prends garde, et reste éveillé, en alerte ! ».
La igure ambiguë du chasseur est emblématique : hôte privilégié de la forêt, il court sans cesse le risque
de la démesure, et peut, comme Kaspar dans Der Freischütz, vendre son âme au diabolique « chasseur noir ».
Est-ce un hasard si, dans La Belle Meunière, c’est un chasseur qui se pose en rival du meunier et conduit à la mort
celui qui incarne, à travers la roue de son moulin, une relation paciiée entre la nature et la technique ?
L’imitation des bruissements de la nature a toujours stimulé l’inventivité des compositeurs : audaces quasi
bruitistes vivaldiennes, complexité rythmique inouïe de l’évocation beethovénienne de l’orage… Mais ce
désir d’imiter la nature trahit aussi celui de s’en rendre maître : la virtuosité est une recherche de l’absolue
maîtrise et du dépassement des limites techniques. En écrivant que « la popularité de la Symphonie “Pastorale”
est faite du malentendu qui existe assez généralement entre la nature et les hommes », Debussy s’inscrit dans
un mouvement qui, impressionnistes en tête, rejette toute représentation conventionnelle et imitative
pour prôner une attention véritable à la nature réelle, fondée, notamment, sur l’observation de la lumière,
thème des œuvres les plus contemporaines présentées ici, comme Lichtbogen de Kaija Saariaho.
Anne Roubet
3
MARDI 4 MAI – 20H
Georg Friedrich Haendel
Acis and Galatea
New London Consort
Philip Pickett, direction
Ed Lyon, ténor (Acis)
Joanne Lunn, soprano (Galatea)
Michael George, baryton-basse
(Polyphemus)
Joseph Cornwell, ténor (Damon)
Andrew King, ténor (Coridon)
Faye Newton, soprano (une bergère)
Jelena Kordić, contralto (une bergère)
Simon Grant, baryton-basse (un berger)
MeRcReDI 5 MAI – 15H
jeuDI 6 MAI – 10H
jeuDI 6 MAI – 14H30
SPECTACLE JEUNE PUBLIC
Si la terre...
MeRcReDI 5 MAI – 18H30
ZOOM SUR UNE ŒUVRE
DIMAncHe 9 MAI – 14H30
CONCERT-PROMENAdE
Franz Schubert
Die schöne Müllerin
Terres et déserts
Hélène Pierrakos, musicologue
MeRcReDI 5 MAI – 20H
Franz Schubert
Die schöne Müllerin
Nathalie Stutzmann, contralto
Inger Södergren, piano
espace musique du monde
Terre d’Amériques
Axel Lecourt, musicien
Pour les enfants
Atelier musique du monde pour les
jeunes de 7 à 14 ans et leur famille.
Inscription sur place.
espace XVIIe siècle
Terre d’Afrique : voyage musical au Congo
Amour et Christian Makouaya,
conteurs musiciens
jeuDI 6 MAI – 20H
Bent Sørensen
Tunnels de lumière – Commande de
l’Ensemble intercontemporain, création
Kaija Saariaho
Solar
Lichtbogen
George Benjamin
At First Light
Anouk Ganzevoort, mise en espace
Stephan Choner, lumières
Geneviève Laloy, chant, paroles et
musiques
Philippe Laloy, saxophone, lûtes, voix, Ensemble intercontemporain
arrangements musicaux
Susanna Mälkki, direction
Vincent Noiret, contrebasse, voix
Paul Prignot, guitares, voix
4
espace XVIIIe siècle
Steppe d’Asie centrale
Talasbek Asemkulov : l’art du luth
dombra kazakh
MARDI 11 MAI – 20H
Dj Spooky
Terra Nova - Sinfonia Antarctica
Paul d. Miller / dJ Spooky That
Subliminal Kid
Alter Ego
Walter Roccaro, piano
Aldo Campagnari, violon
Francesco dillon, violoncelle
Aj Weissbard, designer visuel
V-factory, Andrea Bianchi, Matteo
Massocco, vidéo
Du MARDI 4 MAI Au JEuDI 3 JuIN
MARDI 18 MAI – 20H
jeuDI 20 MAI – 20H
jeuDI 27 MAI – 20H
Antonio Vivaldi
Les Quatre Saisons
Astor Piazzolla
Les Quatre Saisons de Buenos Aires
carl Maria von Weber
Ouverture du Freischütz
Wolfgang Amadeus Mozart
Concerto pour cor n° 4
Ludwig van Beethoven
Symphonie n° 6 « Pastorale »
Robert Schumann
Waldszenen op. 82
Nachtstücke op. 23
jean Sibelius
Sonate op. 12
Cinq Pièces op. 85
Cinq Pièces op. 114
Les dissonances
david Grimal, violon, direction
MeRcReDI 19 MAI – 20H
Antonio Vivaldi
Concerto pour deux violons et
violoncelle RV 578a
Concerto pour lûte « La Tempesta di
Mare » RV 433
Concerti a quattro RV 128
Concerti a quattro RV 114
Concerto pour violon RV 372
Concerto pour lûte « La Notte » RV 439
Concerto pour violon « L’Inverno » RV 297
Gli Incogniti
Amandine Beyer, direction musicale,
violon
Alba Roca, violon
Flavio Losco, violon
Ottavia Rausa, alto
Marco Ceccato, violoncelle
Roberto Bevilacqua, violone
Francesco Romano, théorbe
Anna Fontana, clavecin, orgue
Manuel Granatiero, traverso
La Chambre philharmonique
Emmanuel Krivine, direction
david Guerrier, cor
MARDI 25 MAI – 20H
In der Natur
Alain Planès, piano
MeRcReDI 2 juIn – 15H
MeRcReDI 2 juIn – 16H30
jeuDI 3 juIn – 9H30
jeuDI 3 juIn – 11H
SPECTACLE JEUNE PUBLIC
Franz Schubert
Lieder pour voix soliste et pour chœur 86 centimètres
orchestrés par Johannes Brahms, Max
Reger, Anton Webern…
Yann Nedelec, contralto, comédien
Éric Recordier, contrebasse, musique
Ensemble Orchestral de Paris
Boualem Bengueddach,
Accentus
marionnettiste
Laurence Equilbey, direction
Alice Laloy, mise en scène
Judith Gauthier, soprano
Jane Joyet, scénographie
Renata Pokupić, mezzo-soprano
Marianne delayre, costumes
Werner Güra, ténor
5
MeRcReDI 5 MAI – 20H
Salle des concerts
Franz Schubert
Die schöne Müllerin
Nathalie Stutzmann, contralto
Inger Södergren, piano
Ce concert est surtitré.
Fin du concert vers 21h30.
6
Franz Schubert (1797-1828)
Die schöne Müllerin [La Belle Meunière] D 795
1.
Das Wandern [Le Voyage]
2.
Wohin? [Vers où ?]
3.
Halt! [Halte !]
4.
Danksagung an den Bach [Remerciements au ruisseau]
5.
Am Feierabend [Le Soir après le travail]
6.
Der Neugierige [Le Curieux]
7.
ungeduld [Impatience]
8.
Morgengruss [Salut matinal]
9.
Des Müllers Blumen [Les Fleurs du meunier]
10.
Tränenregen [Pluie de larmes]
11.
Mein! [Mienne !]
entracte
12.
Pause [Pause]
13.
Mit dem grünen Lautenbande [Avec le ruban vert du luth]
14.
Der Jäger [Le Chasseur]
15.
Eifersucht und Stolz [Jalousie et ierté]
16.
Die liebe Farbe [La Couleur chérie]
17.
Die böse Farbe [La Couleur mauvaise]
18.
Trockne Blumen [Fleurs séchées]
19.
Der Müller und der Bach [Le Meunier et le ruisseau]
20.
Des Baches Wiegenlied [La Berceuse du ruisseau]
Composition : mai-septembre 1823.
Publication en cinq cahiers de mars à août 1824 par Sauer et Leidesdorf.
Durée : 1 heure environ.
« J’espère avec coniance qu’il pourra se trouver une âme semblable à la mienne, qui saisira les mélodies
glissées sous les mots et qui me les restituera » : ainsi écrit Wilhelm Müller, l’auteur du cycle poétique
de La Belle Meunière, dans son journal dès 1815. Deux ans après avoir achevé le recueil, en 1822,
il coniera au musicien berlinois Bernhard Josef Klein : « mes lieder aboutissent seulement à une
moitié de vie, une vie de papier en noir et blanc, jusqu’à ce que la musique les anime du soule de la vie,
ou plus encore, alors que celui-ci sommeille en eux, l’appelle et le réveille. » Si Schubert avait su que
Müller voyait d’un bon œil la réappropriation de ses poèmes par les musiciens, peut-être l’aurait-il
contacté pour lui ofrir les œuvres qu’il avait inspirées ; ce ne fut pas le cas : Müller mourut un an
avant le compositeur (en 1827) sans en rien savoir.
7
Schubert avait-il peur de réitérer la déception vécue avec Goethe, son poète favori, qui ignora de
toute sa superbe son envoi de 1816, lui préférant un Reichardt ou un Zelter ? Toujours est-il
qu’avec Wilhelm Müller, il rencontre en 1823 le troisième de ses poètes préférés, après l’étoile
inaccessible (environ 70 Goethe-Lieder) et après l’ami cher (une quarantaine de lieder sur des
textes de Johann Mayrhofer). C’est à lui qu’il consacrera une bonne part de sa production lyrique
des dernières années, essentiellement à travers ses deux cycles – car l’on ne peut pas parler de
cycle à propos du Schwanengesang, écrit d’août à octobre 1828 – de La Belle Meunière, publiée en
1824, et du Voyage d’hiver de 1827.
Il est aisé de comprendre ce qui attire Schubert dans les poèmes de son contemporain : c’est un
même univers que les deux hommes partagent, nourri du Wandern, ce voyage cher au cœur
allemand qui se voit parfois transformé en douloureuse errance, fait d’une nature relet de l’âme
et façonné par cette proximité entre l’amour et la douleur dont témoigne aussi le fameux texte
schubertien de 1822 intitulé Mon rêve (« Voulais-je chanter l’amour, cela m’entraînait à la douleur ;
voulais-je chanter la douleur, cela me menait à l’amour »). Pour conter tout ceci dans La Belle Meunière,
point de narrateur extérieur, mais la voix du garçon meunier, le double de Müller (car Müller,
en allemand, signiie meunier). C’est lui qui parle dans presque tous les lieder, coniant au lecteur
les désirs et les peines dont la meunière ne sait rien ; ce qui rend son « efacement » dans le n° 20,
La Berceuse du ruisseau, d’autant plus marquant.
La rencontre de ces deux subjectivités, celle du poète et celle du musicien, s’unissant intimement
au travers de la igure du meunier, se fait sous le signe de la simplicité. « Je crois avoir trouvé dans
vos poèmes la sonorité pure et la simplicité vraies auxquelles j’ai toujours aspiré. […] Seul vous,
Wilhelm Müller, vous me restez, avec votre fraîcheur et votre originalité juvéniles », écrira Heinrich
Heine au poète en 1826. (Que l’on y songe un peu avant de taxer ces poèmes de médiocrité…)
Face à cette écriture, Schubert abandonne les recherches formelles et le dramatisme de lieder
comme Gruppe aus dem Tartarus ou Der Zwerg au proit d’un ton fait de naturel et de sobriété,
privilégiant la forme strophique (pure dans 8 lieder sur 20, une proportion importante) et les
harmonies claires ; il retrouve par là quelque chose de l’idéal du Volkslied, ce chant populaire que
Müller lui-même avait en tête au moment de jeter sur le papier ces « poèmes d’un corniste
ambulant », comme les appelle la page de titre de l’édition de 1820.
Pour la première fois, Schubert compose un véritable cycle, un Zyklus von Liedern – peut-être une
alternative aux tentatives scéniques (c’est aussi l’époque du travail sur l’opéra Fierrabras, qui ne
sera pas créé avant 1897), comme Brahms le fera plus tard avec ses Romances de Maguelonne ?
Plus que dans les recueils, notamment autour de Goethe, qu’il avait réunis pour la publication,
il faut chercher un précédent du côté du premier cycle « historique », An die ferne Geliebte de
Beethoven, composé en 1816. Ici, la construction est plus lâche, l’ensemble plus long également
(20 pièces au lieu de 6) ; mais l’unité proposée par les poèmes de Wilhelm Müller, que Schubert
utilise dans leur quasi-totalité, transparaît aussi bien dans le jeu sur les tonalités, qui réunit les
lieder par blocs de deux, trois ou cinq, que dans les igures mélodiques ou dans les dessins
aquatiques du piano. Ces derniers, liés au ruisseau, élément central de la dramaturgie dessinée
par le cycle (c’est lui qui mènera le jeune homme à la meunière, c’est lui qui le bercera d’une onde
8
consolatrice), courent d’un lied à l’autre, tour à tour enchanteurs, attirants ou bouillonnants, et
dessinent un il conducteur en résonance avec les sentiments du héros.
C’est donc tout logiquement que La Belle Meunière s’ouvre sur une idée de luidité où se rejoignent
le chant du ruisseau qui fait tourner les roues du moulin et l’appel du voyage qui pousse le
meunier : une association que continueront d’explorer les deux lieder suivants, qui achèvent de
mettre en place le décor, aussi bien psychologique que musical. Ce Halt! (n° 3), apparemment
décidé dans son joyeux ut majeur, laisse parfois entendre l’incertitude au détour d’une phrase. Les
huit lieder suivants voient s’épanouir l’amour du meunier pour la meunière, dans une douceur
que l’émotion vient parfois emporter de son lot ; ainsi dans Am Feierabend, où le jeune homme
s’agace de sa propre passivité, dans Ungeduld, où l’on comprend que l’enthousiaste déclaration
d’amour ne franchit pas les lèvres du soupirant, ou dans Mein!, où la conquête imaginaire le fait
chanter d’une voix tour à tour haletante ou mélismatique. Avec une Pause (n° 12) qui porte bien
son nom, où le meunier-poète conie sa diiculté à chanter encore (un thème qui nourrira à
nouveau la Winterreise et notamment le inal et dépouillé Der Leiermann, un thème aussi très cher
à Heine, que Schubert mettra en musique au soir de sa vie), commence un cycle dans le cycle,
consacré à la couleur verte : celle qu’aime la bien-aimée (n° 13), celle du chasseur, le rival heureux
accompagné de ses fanfares (n° 14 et 15), la liebe Farbe (n° 16) qui convoque des images de mort
en si mineur, la böse Farbe (n° 17) en un si majeur faussement décidé. Ne reste plus qu’à chanter
l’épilogue ; mais aux glas, dorénavant omniprésents, se mêle bientôt la douceur du ruisseau, dans
les bras duquel la mort se fait consolation. « Gute Nacht » : voilà consommé le si germanique adieu
au monde (que l’on se souvienne de Papageno…). Écho au souhait de bonne nuit de la meunière
aux travailleurs dans le n° 5, écho aussi du premier lied, c’est ce « Gute Nacht » qui ouvrira, quatre
ans plus tard, la Winterreise, témoignant de l’inscription profonde, dans la psyché schubertienne,
de l’amalgame entre voyage et mort, réunis autour de l’idée d’adieu.
Angèle Leroy
9
nathalie Stutzmann
des prochains mois, on pourra
Eliot Gardiner à la tête de son
Considérée comme une des plus
les entendre en récital à Paris, en
orchestre, l’Orchestre Révolutionnaire
grandes voix et une des personnalités Espagne, aux Pays-Bas. A la scène,
et Romantique, à Paris, à l’Opéra
musicales les plus marquantes de
Nathalie Stutzmann incarne les
Comique. En 2011, à l’occasion du
notre époque, Nathalie Stutzmann
premiers rôles des opéras de Haendel, 100e anniversaire de la mort de
possède un vaste répertoire qui
mais aussi l’Orfeo de Gluck, le
Gustav Mahler, Sir Simon Rattle
s’étend des passions et oratorios
Ring de Wagner (Erda), ou encore
a invité Nathalie Stutzmann pour
des périodes baroque, classique
la Fledermaus de Strauss. Nathalie
chanter la Symphonie n° 3, à Berlin,
et romantique aux œuvres du XXe
Stutzmann a enregistré plus de 75
Londres et Amsterdam (février 2011)
siècle. Elle travaille régulièrement
disques, dont une grande partie
puis la Symphonie n° 8 (septembre
avec les plus grands chefs, Riccardo
pour RCA, sa maison de disques
2011) à Berlin. Toujours dans le cadre
Chailly, Christoph Eschenbach, Sir
depuis 1991, mais également
de cette célébration, elle chantera
John Eliot Gardiner, Mariss Jansons,
pour Philips, EMI, DGG. Parmi ses
la Symphonie n° 3 à Munich sous
Marc Minkowski, Seiji Ozawa, Sir
nouveautés discographiques 2009
la direction de de Mariss Jansons
Simon Rattle… Elle se produit avec
citons : Schubert Die schöne Müllerin
à Munich, à la tête du Bayerische
les orchestres les plus prestigieux
avec Inger Södergren, (Calliope),
Rundfunk Orchester. En 2009,
comme le Philharmonique de
des Cantates de Bach mais aussi Alt
Nathalie Stutzmann a créé son propre
Berlin, la Dresden Staatskapelle,
Rhapsodie de Brahms, tous deux
orchestre de chambre parallèlement à
le Boston Symphony Orchestra,
dirigés par Sir John Eliot Gardiner
son activité intense de soliste invitée.
l’Orchestre de Paris, le London
(SDG), l’Enfant et les Sortilèges de Ravel Elle consacre une partie de sa saison
Symphony Orchestra… Après des
avec l’Orchestre Philharmonique
à la direction de son ensemble, Orfeo
études complètes de piano, basson,
de Berlin dirigé par Sir Simon Rattle
55, avec lequel elle se produit en tant
direction d’orchestre et de musique
(EMI), et la Messe en si de Bach avec
que chanteuse et chef d’orchestre,
de chambre, Nathalie Stutzmann est
Marc Minkowski (Naïve), la cantate
principalement dans le répertoire du
formée pour le chant par sa mère,
Von deutscher Seele de Pitzner avec
XVIIIe siècle. L’orchestre se produira en
Christiane Stutzmann, puis à l’Ecole
le Deutsches Symphonie-Orchester
France pendant l’automne 2009 dans
d’Art lyrique de l’Opéra de Paris,
Berlin dirigé par Ingo Metzmacher
un programme consacré à Pergolèse,
et enin par le baryton allemand
(Capriccio). Au cours de cette
et en 2010 à Paris, Madrid, Valencia,
Hans Hotter. Grande récitaliste,
saison, Nathalie Stutzmann sera en
Metz dans un programme Vivaldi
spécialiste du lied allemand et de
concerts à Amsterdam, Bruxelles,
et Haendel. L’orchestre Orfeo 55 est
la mélodie française, elle se produit
Londres, Milan, Washington, Madrid,
en résidence à l’Arsenal de Metz. En
dans le monde entier avec la pianiste
etc…, chantera le rôle de Cornelia
plus de nombreux engagements,
suédoise Inger Södergren. Leurs
dans Giulio Cesare de Haendel,
Nathalie Stutzmann s’oriente vers une
enregistrements de Schumann,
aux côtés de Cecilia Bartoli, avec
nouvelle activité, à savoir la direction
Chausson, Poulenc chez RCA, et
Les Arts Florissants dirigés par
d’orchestre. Chevalier des Arts et
récemment des 3 grands cycles de
William Christie, la Passion selon
Lettres, Nathalie Stutzmann donne
lieder de Schubert chez Calliope
saint Matthieu de Bach à La Haye
également des cours d’interprétation
témoignent de cette collaboration
dirigée par Peter Schreier. Au début
à travers le monde.
intense et exceptionnelle, couronnée
de l’été 2010, Nathalie Stutzmann
www.nathaliestutzmann.com
par de nombreuses distinctions,
reprendra la rôle de Geneviève dans
telles que la Deutsche Schallplatten
Pelléas et Mélisande de Debussy,
Inger Södergren
Kritik Preis, Japan Record Academy
dans une production de Stéphane
Née en Suède, la pianiste Inger
Award, Grammy Award. Au cours
Braunschweig dirigée par Sir John
Södergren reçoit une bourse de la
10
Stockholm Royal Academy of Music
et encore car elle introduit l’auditeur
pour continuer ses études à Vienne
dans de rares humeurs.
dans la classe de Carlo Zecchi, puis en
Inger Södergren reste complètement
France avec Nadia Boulanger et
détachée des modes et tendances.
Yvonne Lefébure.
Elle n’a pas peur de proclamer son
Elle démarre alors une carrière
amour pour le pathétique. Elle se
internationale, prouvant qu’elle est
permet d’être guidée par son
une musicienne dotée d’un talent
intuition. L’auditeur n’est pas pris par
exceptionnel et original. Inger
force, mais il est libre de la suivre dans
Södergren fait preuve d’un véritable
sa conquête s’il le désire. une attitude
lair et d’une grande perspicacité dans qui est précieuse et qui lui vaut
ses interprétations d’œuvres de
beaucoup de respect. Depuis 1994,
grands compositeurs comme
elle est également la partenaire de la
Beethoven, Schumann et Brahms. Ses
contralto Nathalie Stutzmann, avec
enregistrements – exclusivement
laquelle elle parcourt le monde
pour Calliope – ont été salués
musical, du Japon à São Paulo en
unanimement par les critiques et
passant par tous les grands centres
couverts de récompenses : Diapason
musicaux d’Europe et d’Amérique du
d’or, Choc du Monde de la Musique,
Nord. Elles ont enregistré (pour RCA
Grand Prix du Disque de l’Académie
Victor Red Seal) des lieder de
Charles-Cros, etc. Ses deux plus
Schumann (Japan Record Academy
récents enregistrements sont
Award) et de Brahms, des mélodies de
consacrés à trois sonates de
Chausson et de Poulenc. Elle a
Beethoven, dont la « Waldstein » et « les
entrepris, toujours aux côtés de
Adieux », et à un récital Mozart. Inger
Nathalie Stutzmann, l’enregistrement
Södergren participe aux grands
des trois grands cycles de lieder de
événements du piano et est l’invitée
Schubert. La Winterreise a été publiée
de diférentes séries prestigieuses de
au printemps 2004, le
concerts : à Paris, par Piano**** et
Schwanengesang est disponible
Les Concerts de la salle Gaveau, mais
depuis l’automne 2005 et
aussi au Théâtre du Châtelet ; par les
Die schöne Müllerin depuis le mois
festivals de La Roque-d’Anthéron, de
d’octobre 2008, le tout chez Calliope.
Radio France et de Montpellier, par le
Concertgebouw d’Amsterdam,
la Fundação Calouste Gulbenkian à
Lisbonne, par le Bunka Kaikan de
Tokyo, comme à Londres, Berlin,
Milan, Madrid, etc. Le plus grand don
d’Inger Södergren est peut-être sa
capacité à révéler les trésors cachés
d’œuvres que l’auditeur pensait bien
connaître. Pour la découvrir et la
comprendre, on doit l’écouter encore
11
et aussi…
> cOnceRTS
> SALLe PLeYeL
> MÉDIATHÈQue
SAMeDI 29 MAI, 20H
MARDI 1er juIn, 20H
En écho à ce concert, nous vous
proposons…
Gioacchino Rossini
Ouverture de l’Italienne à Alger
Felix Mendelssohn
Concerto pour violon
Gioacchino Rossini
Variations pour instruments obligés
Franz Schubert
Symphonie n° 5
Piotr Ilitch Tchaïkovski
Eugène Onéguine
jeuDI 23 SePTeMBRe, 20H
Georg Friedrich Haendel
Le Messie
The Sixteen
Orchestra of The Sixteen
Harry Christophers, direction
Rosemary Joshua, soprano
Catherine Wyn-Rogers, mezzo-soprano
James Gilchrist, ténor
david Wilson-Johnson, basse
SAMeDI 25 SePTeMBRe, 20H
Richard Wagner
Lohengrin (extraits)
Siegfried (extraits)
La Walkyrie (extraits)
La Crépuscule des dieux (extraits)
Parsifal (extraits)
Alexandre Scriabine
Poème de l’extase
Brussels Philharmonic
Michel Tabachnik, direction
Torsten Kerl, ténor
Pour tout savoir sur la
programmation 2010/2011,
demandez la brochure à l’accueil et
abonnez-vous dès maintenant !
LunDI 7 juIn, 20H
Robert Schumann
Genoveva
Orchestre National de Lyon
Chœur de l’Orchestre de Paris
Jun Märkl, direction
didier Bouture, Geofroy Jourdain,
chefs de chœur
Anne Schwanewilms, Genoveva
Matthias Goerne, Siegfried
Matthias Klink, Golo
Birgit Remmert, Margarethe
>MuSÉe
15 MAI La nuit des musées
Exposition Chopin à Paris,
l’atelier du compositeur
Ouverture exceptionnelle
de 19h30 à minuit
… de regarder un extrait vidéo dans
les « Concerts » :
Tränenregen, Die schöne Müllerin
orchestré par Anton Webern avec
Thomas Quasthof (baryton), le
Chamber Orchestra of Europe, Claudio
Abbado (direction) enregistré à la Cité
de la musique en 2002
(Les concerts sont accessibles dans
leur intégralité à la Médiathèque.)
… de regarder dans les « dossiers
pédagogiques » :
Romantisme : Franz Schubert dans les
« Repères musicologiques »
À la médiathèque
… d’écouter avec la partition :
Die schöne Müllerin de Franz Schubert
par Nathalie Stutzmann (contralto) et
Inger Södergren (piano) ou par dietrich
Fischer-dieskau (baryton) et Gerald
Moore (piano)
… de regarder :
dietrich Fisher-dieskau dans un récital
Franz Schubert : Die schöne Müllerin,
Bruno Monsaingeon (réalisateur),
Christophe Eschenbach (piano)
… de lire :
Schubert : Die schöne Müllerin de Susan
Youens • Franz Schubert : La Belle
Meunière, Le Voyage d’hiver d’Arnold Feil
9 MAI, De 14h30 À 17h30
CONCERT-PROMENAdE
Terres et déserts
À la découverte des déserts d’Afrique
et d’Amérique ainsi que les steppes
d’Asie centrale grâce à la musique et
aux contes. Avec un atelier autour des
instruments du monde pour les 7/14
ans et leur famille.
Éditeur : Hugues de Saint Simon | Rédacteur en chef : Pascal Huynh | Rédactrice : Gaëlle Plasseraud | Maquette : Elza Gibus | Stagiaires : Géraldine Bussy et Caroline Déodat
Imprimeur FOT | Imprimeur FRANCE REPRO | Licences no 1014849, 1013248, 1013252
Chamber Orchestra of Europe
Iván Fischer, direction
Julia Fischer, violon
Orchestre National du Capitole
de Toulouse
Chœur du Capitole de Toulouse
Tugan Sokhiev, direction
Anatoly Galaov, mise en espace
Garry Magee, Onéguine
Gelena Gaskarova, Tatyana
daniil Shtoda, Lensky
Anna Kiknadze, Olga
Anna Markarova, Madame Larine
Elena Sommer, Filippevna
Mikhaïl Kolelishvili, Grémine
Eduard Tsanga, Zaretski / Le Capitaine
François Piolino, Monsieur Triquet
Sur le site Internet http://
mediatheque.cite-musique.fr