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Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 LES RECIFS D’EROS Une action de prévention des risques liés à la sexualité et à la vie affective RAPPORT D’EVALUATION Juillet 2013 Holisme Communication – Résidence du port – Bat. B – 26 rue du Mont saint clair – 34280 Carnon & 04 67 58 87 41 [email protected] www.holisme.org N° SIRET : 394 103 154 00065 – APE : 8899B – N° de formation : 91340326834 0 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 SOMMAIRE INTRODUCTION I. PRESENTATION DE L’ACTION 1. 2. 3. 4. 5. II. Les Les Les Les Les constats de départ objectifs intervenants actions réalisées outils d’évaluation EVALUATION DE L’ACTIVITE 1. Les jeunes 2. Les professionnels 3. Les partenaires III. EVALUATION DU PROCESSUS 1. Cohérence objectifs/valeurs 2. Cohérence objectifs/méthodes 3. Qualité de la communication entre les acteurs 4. Cohérence entre les acteurs 5. Appréciation des professionnels des établissements 6. Adaptation des activités au public 7. Approche globale de la santé 8. Légitimité des intervenants 9. Appréciation des jeunes 10. Respect du calendrier IV. EVALUATION DES RESULTATS 1. 2. 3. 4. Problématiques des jeunes rencontrés Analyse des objectifs à destination des jeunes et de leur entourage Analyse des objectifs à destination des professionnels Inégalités sociales de santé CONCLUSION ET PERSPECTIVES 1 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 INTRODUCTION Ce rapport présente le bilan des activités réalisées pour l’action « Les Récifs d’ Eros », ayant pour objectif de sensibiliser les jeunes aux enjeux de la sexualité et de la vie affective, pour la période septembre 2012 à juillet 2013. Cette action est développée au sein d’Holisme depuis l’année 2007. Depuis le début, elle bénéficie à de plus en plus de classes et de jeunes et à un nombre croissant puis stable d’établissements. Récapitulatif annuel Année 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011 2011-2012 2012-2013 I. Nombre de structures 4 11 9 9 8 7 Nombre de groupes 25 41 39 50 60 36 Nombre de séances 36 84 100 100 100 72 Nombre de jeunes 681 990 1520 1520 1780 1010 PRESENTATION DE L’ACTION 1. Les constats de départ Se rapporter au dossier relatif à l’appel à projets. 2. Les objectifs Objectifs spécifiques Objectif général Objectifs pour les jeunes et leur Objectifs pour les professionnels entourage Sensibiliser les jeunes aux enjeux de la vie affective et sexuelle Développer les compétences des adultes dans l’approche de la vie affective et sexuelle et dans les échanges avec les jeunes 1 Développer les capacités des jeunes à vivre leur vie affective et sexuelle dans le 1. Développer les compétences des respect de ce qu’ils sont et de leur adultes dans le dialogue avec les partenaire jeunes sur la vie affective et sexuelle 2 Développer la capacité des jeunes à évaluer les risques et les réduire 2. Améliorer les connaissances sur concernant la contamination VIH et IST les lieux ressources 3 Développer la capacité des jeunes à 3. Développer les compétences des évaluer les risques et les réduire adultes à repérer, orienter et concernant la grossesse non désirée accompagner les jeunes vers les lieux ressources 4.Améliorer la connaissance des parents sur la vie affective et sexuelle et leurs compétences dans le dialogue avec leurs enfants 2 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 3. Les intervenants L’équipe intervenante est pluridisciplinaire, ce qui favorise sur chaque thématique, la réflexion à la fois sur la démarche pédagogique, les outils et les messages de prévention. Elle est composée de : - Bertrand BLANCHARD, coordinateur, Master en Actions de Prévention Sanitaires et Sociales - Alexandra DETRY, psychologue clinicienne - Anne laure STOCKER, chargée de projets - Gaëlle HENRY, Master2 Intermédiation et développement social 4. Actions réalisées Se rapporter au dossier relatif à l’appel à projets 5. Outils d’évaluation Se rapporter au dossier relatif à l’appel à projets 3 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 II. EVALUATION DE L’ACTIVITE 1. Les jeunes Type Nom Etablissement Lycée Lycée Lycée Lycée Etablissement La Gardiole Maurice Clavel Joseph Vallot Champollion Lycée Lycée Lycée La Merci Jules Guesde Victor Hugo Ville Effectif par Nombre classe ou groupe Gigean Frontignan Lodève Lattes La Grande Motte Montpellier Lunel Nombre de classe 25 25 20 30 jeunes 50 75 60 150 1 30 19 30 3 30 36 TOTAL 30 570 75 1010 2 3 3 5 Filles : 72% Garçons : 28% Tranche d’âge : 15-19 ans Moyenne d’âge : 16 ans 2. Les professionnels Un certain nombre de professionnels étaient présents lors des séances avec les jeunes et ont bénéficié de la réflexion proposée aux élèves. Nous pouvons donc les comptabiliser dans le nombre d’adultes touchés par l’action. Profession des professionnels : professeurs, infirmières, surveillants, assistants d’éducation. Nombre moyen de professionnels ayant assisté aux séances : 31 3. Les partenaires 1. Comité de pilotage de l’action Chantal Sabonnadière – directrice SEGPA Collège Marcel Pagnol, Montpellier Anne Millot - Directrice Planning, Montpellier 4 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 Béatrice Rougy – Directrice de la santé, Région LR Marianne Lepers – infirmière Lycée Jules Guesde, Montpellier Laurence Lucereau – Inspection Académique Montpellier Sylvain Guillot – directeur SEGPA Collège Las Cases, Montpellier Bertrand Blanchard, Anne-Laure Stocker - Holisme Rôle : - Garantir la qualité de l'action - Contrôler le respect des axes du projet - Réfléchir à l’amélioration du dispositif Rythme : 2 réunions par an 2. Partenaires acteurs de santé intervenant dans les mêmes lieux de réalisation : Portia, AMT Arc-en-Ciel, Mouvement Français pour le Planning Familial, Désidérata, Le Refuge, BPDJ de Lunel, APS 34, Vivre, Aparsa, CMP Lunel, Cie des nuits partagées, Souffle LR 3. Partenaires directs d'action : Etablissement Contact Durée et appréciation du CESC partenariat 5 ans, assez bon Pas nommé, 1 réunion de rentrée 3 ans, très bon Oui, 1 réunion 5 ans, très bon Pas nommé, 1 réunion de partenariat 2 ans Pas nommé, 1 Section générale : très réunion de bon partenariat Section professionnelle : bon 8 ans, bon Oui, 2 réunions Lycée La GardioleGigean Documentaliste Lycée V.Hugo-Lunel Lycée Joseph Vallot, Lodève Infirmière Infirmière Lycée J.GuesdeMontpellier Infirmière Lycée JF. ChampollionLattes Lycée La Merci, La Grande Motte Lycée M.ClavelFrontignan Proviseur adjoint/Infirmière Professeur 1ère année, très bon Directrice adjointe 8 ans, très bon Pas nommé, 1 réunion Pas nommé, 1 réunion - Professionnels de santé des structures : Le partenariat se réalise principalement avec l'infirmière avec laquelle nous organisons l'action, son déroulement. Elle participe aux interventions et participe à l'évaluation en fin d'action. Pour les établissements agricoles qui ne disposent pas de service de santé, les contacts s'établissent avec les CPE, et/ou le directeur adjoint. - Professionnels d'encadrement : Ils participent à l'organisation de l'action, peuvent participer aux interventions et répondent à l'évaluation finale. 5 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 - Professionnels de l'enseignement : Les professeurs sont invités aux réunions de préparation, participent aux interventions et répondent à l'évaluation finale. Lors des interventions, leur participation revêt différentes formes : questions et opinions lors des échanges avec les jeunes, éclairage sur la thématique à partir de la matière enseignée. Ils participent à l'évaluation finale de l'action. - Fédération de parents d’élèves Cette année, au lycée jules Guesde, nous avons sollicité la Fédération de parents d’élèves comme relais d’information pour le temps d’échanges qui a eu lieu au sein de l’établissement au sujet de nos interventions et de la thématique vie affective et sexualité en général. 6 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 III. EVALUATION DU PROCESSUS 1. Cohérence objectifs/valeurs Holisme est en interaction constante avec des partenaires du champ de la santé et de la prévention, comme en témoigne sa participation aux collectifs (Santé des Jeunes Hérault, Sida, Réseau 34 Addictologies, Réseau ville-hôpital adolescents…) qui sont le lieu de réflexions collectives, d’échanges de pratiques et d’expériences. Egalement, Holisme fait partie du comité de pilotage du Pôle Régional de compétences en Education pour la Santé, chargé de proposer des orientations en matière d’éducation pour la santé aux Agences Régionales de Santé. Ces nombreuses implications dans les réflexions communes avec l’ensemble des acteurs de prévention démontrent que nos objectifs sont en cohérence avec les valeurs affichées par les partenaires. 2. Cohérence objectifs/méthodes Dans le cadre de nos actions de formation continue auprès des travailleurs sociaux, nous questionnons nos pratiques et notre démarche d’intervention. Leurs retours ainsi que les demandes croissantes en formation montrent que nous sommes reconnus sur nos méthodes. Cette année, nous avons réalisé des formations et conférences-débats à destination de professionnels médico-sociaux et éducatifs sur le mal-être des adolescents. Les participants, dans leurs évaluations, ont relevé la pertinence tant en terme de contenus qu’en terme de démarche et outils de prévention proposés. Au sein des Collectifs auxquels nous participons, nous analysons et échangeons sur nos approches et nos outils avec les partenaires. Tout cela nous permet de dire que nos méthodes sont en adéquation avec nos objectifs. 3. Qualité de la communication entre les acteurs Les contacts sont nombreux avec nos partenaires ; d’une part au sein des établissements où nous intervenons, d’autre part avec d’autres structures intervenant sur des champs communs. La première rencontre avec les lieux d’intervention permet de : - présenter la structure, l’équipe et les ateliers (si 1er contact), - de faire une ébauche de calendrier des séances, - de recueillir des indications sur les publics concernés, ses spécificités Nous participons aux CESC (Comité d’Education à la Santé et la Citoyenneté) des établissements, et ce, tout au long de l’année, dans le but de mettre en place des actions, d’en faire le suivi ou parfois le bilan. Ce premier contact est suivi de nombreux échanges téléphoniques et par mails pour parvenir à caler le calendrier des séances, ce qui est une étape nécessitant très souvent beaucoup de patience et de temps. 4. Cohérence entre les acteurs Holisme dispose d’une charte (voir en annexe) depuis 2007, définissant ses missions, ses objectifs, son éthique. La charte de l’Education Nationale, pour les intervenants extérieurs en milieu scolaire, mise à disposition en 2009, reprend les mêmes principes que ceux fixés dans notre charte. Egalement, la cohérence entre les acteurs se réalise au moment des réunions de CESC en début et fin d’année scolaire. 7 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 5. Appréciation des professionnels des établissements Les professionnels ayant assisté aux séances ont tous une appréciation très positive de l’action : ils insistent sur la richesse des échanges avec l’intervenant et entre jeunes, l’importance d’une réflexion sans jugement et dans le rappel des interdits fondamentaux (le cadre de la loi) et la nécessité de donner cette possibilité aux jeunes de s’adresser à une tierce personne à une période où ils se posent beaucoup de questions sur ces sujets et où les réponses apportées entre pairs ne sont pas toujours efficientes. Ils sont plusieurs à rapporter la difficulté à travailler avec des groupes de plus de 30 élèves et apprécieraient un travail en sous-groupes ou un étalement sur plus de séances. 6. Adaptation des activités au public Nos modalités d’intervention sont adaptées au public adolescent tant dans la forme proposée que dans les contenus. Du point de vue de la forme, nous utilisons l’outil power point attrayant en différents aspects : textes, images, animations visuelles et les débats leur permettant de s’impliquer dans les questionnements proposés. La seconde séance leur permet de manipuler des moyens de contraception que nous apportons, ce qui les rend encore plus actifs et favorise une appropriation des informations plus durable. Le contenu est au plus proche de leurs préoccupations puisque centré sur ce qu’ils vivent, permettant une lecture globale et individuelle des problématiques. Enfin, le contenu des échanges peut varier en fonction de l’âge moyen des groupes. 7. Approche globale de la santé Nos actions sont construites selon une approche globale de la santé. La première séance de « Récifs d’Eros » aborde la vie affective selon une approche à la fois historique, philosophique, culturelle, sociale et traite globalement de la question de la relation à l’autre. Les différents déterminants de la santé sont toujours abordés de façon intriquée puisqu’ils agissent tous sur le bien-être général des individus. Cette approche globale de la santé inscrite dans notre éthique associative et professionnelle fait également grandement écho aux jeunes, enclins à parler de la santé somatique mais bien plus enthousiastes à développer les autres aspects de leur santé, notamment les aspects relationnels. 8. Légitimité des intervenants L'équipe d'Holisme, qui s'est constituée au fur et à mesure des années, relève à ce jour d'un haut niveau de compétences, résultant de plusieurs convergences. D'une part, un haut niveau de spécialisation initiale qui nous assure d'appréhender sereinement l'ensemble des apports scientifiques sur la prévention. D'autre part, une approche plurielle des compétences regroupant ainsi trois éléments essentiels à la prévention : l'éducatif, le psychologique et l'animation. Nous sommes aussi dans un perpétuel processus de formation continue et nous consacrons également un temps conséquent en interne à la réflexion sur de nouvelles approches ou théories. Enfin, la compétence de l'équipe s'inscrit dans un continuum de 20 années d’actions de prévention où chaque membre de l'équipe hérite d'un socle de connaissances et d'expérience acquise par l'association et confronte sa compétence initiale et son savoir–faire à la réalité du terrain. Aucun professionnel quelques soient ses diplômes et son bagage professionnel ne peut se targuer d'avoir une compétence immuable. Il importe, puisque l'humanité bouge et se restructure, en permanence d'être indéfectiblement des critiqueurs de nos propres pratiques pour tendre vers une adaptation continuelle. Ce travail consiste aussi à repenser à l'articulation entre la posture professionnelle et l'être d'émotion que nous sommes pour produire une action empreinte de professionnalisme et d'humanité. 8 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 9. Appréciation des jeunes Appréciation de l’action OUI % 53 52 Séance 1 Séance 2 UN PEU 30 32 Ce qui t’a plu Méthode : « le fait de pouvoir échanger sans jugement », « la liberté d’expression » Outils : « l’animation des séances », « le diaporama » Thèmes : « parler d’amour et pas que de sexualité » % NON % 13 14 Ce qui t’a déplu Forme : « trop de monde la 2nde séance », « le comportement de certains », « les bavardages » Contenu : « parler des IST », « le sujet de la prostitution » Globalement les jeunes expriment leur satisfaction à avoir abordé de nombreux thèmes au sujet de l’amour et de la sexualité ainsi que leur satisfaction à avoir réfléchi avec leurs pairs sur ces sujets. Propositions d’amélioration Peu de propositions. Sur la méthode : « un temps où on sépare filles et garçons », « faire ces interventions à des plus jeunes » Sur le contenu : « parler plus des risques » Appréciation de l’intervenant Moyenne générale donnée par les élèves 15.5/20 Commentaires des élèves Compétences : « amène la dialogue entre nous », « permet le débat sans être jugé » Qualités relationnelles : « captivant », « de l’humour », « donne confiance », « ouvert » 10. Respect du calendrier Le calendrier de l’action a été respecté. 9% des ateliers prévus ont été reportés pour différents motifs : oublis des professeurs, absence des élèves, période de stage pour les sections professionnelles… 9 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 IV. Objectifs spécifiques Objectif général EVALUATION DES RESULTATS Objectifs pour les jeunes et leur Objectifs pour les professionnels entourage Sensibiliser les jeunes aux enjeux de Développer les compétences des la vie affective et sexuelle adultes dans l’approche de la vie affective et sexuelle et dans les échanges avec les jeunes 1. Développer les capacités des jeunes à vivre leur vie affective et sexuelle dans le respect de ce qu’ils sont et de leur partenaire 1. Développer les compétences des adultes dans le dialogue avec les jeunes sur la vie affective et sexuelle 2. Développer la capacité des jeunes à 2. Améliorer les connaissances sur évaluer les risques et les réduire les lieux ressources concernant la contamination VIH et IST 3. Développer les compétences des 3. Développer la capacité des jeunes à adultes à repérer, orienter et évaluer les risques et les réduire accompagner les jeunes vers les concernant la grossesse non désirée lieux ressources 4. Améliorer la connaissance des parents sur la vie affective et sexuelle et leurs compétences dans le dialogue avec leurs enfants. 1. Problématiques des jeunes rencontrés Nous avons constaté la coexistence chez les jeunes rencontrés, de normes opposées, comme en reflètent certaines de leurs postures paradoxales : « je n’en parle pas car c’est interdit par la religion » mais à l’écrit des questions précises sont posées par ces mêmes jeunes sur « la sodomie, la fellation, les femmes fontaine…» L’idéal de performances sexuel reste fort chez les jeunes rencontrés, qui peuvent prôner une relation amoureuse nécessairement associée à des rapports sexuels sans sentiment ; cette norme est alors la condition d’une « image au top » de leur performance physique. Dans cette même idée d’efficacité sexuelle impérative, le premier rapport sexuel doit avoir lieu avec une professionnelle et nous avons pu constater une accentuation des discours valorisant une initiation à la sexualité sous la forme d’un rituel de passage qui s’accomplit alors au Dallas à La Jonquera. Les représentations d’une sexualité émérite jusqu’alors fantasmée s’acheminent vers une réalité, voire s’assimilent au réel, qu’il soit vécu par eux-mêmes ou par des proches. Des différences de postures de genre s’expriment de façon très marquée, notamment au lycée Jules Guesde où l’on rencontre des jeunes filles, qui, lorsqu’elles prennent la parole, imposent des règles et exigences plus dures que les garçons : « on ne parle pas de sexualité » car « si on en parle, on aura une sale réputation ». Les garçons ont pu se montrer à plusieurs reprises, dans un processus d’ouverture et de développement de compétences psychosociales face à une forme de machisme finalement instituée par des jeunes filles. L’esclave tient alors plus le système que le dictateur plus enclin à une évolution de sa posture. Enfin, l’actualité a pu remettre en exergue certains positionnements radicaux et raviver des débats tumultueux ; ainsi, les controverses intarissables au sujet du mariage pour 10 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 tous ont suscité des propos homophobes et acerbes plus fréquents et d’une vivacité que nous constations de manière plus exceptionnelle ces dernières années. 2. Analyse des objectifs à destination des jeunes et de leur entourage Objectif spécifique 1 : Les bases d’une communication libre et respectueuse sont posées avec le groupe en début d’intervention ; il s’agit de rappeler des fondamentaux qui permettent aux jeunes d’envisager leur participation sans parler de leur intimité, sans jugement des autres ni de l’intervenant et avec un vocabulaire qui permet la reformulation de mots vulgaires. Pendant les ateliers, la facilité d’expression est progressive mais souvent rapide, du fait notamment de la forme du diaporama (images et questions simples) et de la mise en place de débats dès le début de la 1ère séance sur les rapports de genre et la séduction, l’homosexualité, la place de la famille… Les prises de paroles sont souvent plus retenues lors de la séquence sur le plaisir et les zones érogènes tandis qu’elles se densifient à nouveau au sujet de l’intimité et de ses définitions ainsi que sur l’évolution des références sociales et culturelles des 50 dernières années. La participation lors du second atelier reste constante, tant au moment des échanges en binômes ou en petits groupes qu’au moment de la restitution des informations au sujet des moyens de contraceptions, du VIH et des IST ; les notions fondamentales autour de la loi sont plus souvent des moments d’écoute et de question de leur part. Il est tout de même parfois plus compliqué de parvenir à une expression libre et homogène en particulier quand l’effectif fille-garçons est déséquilibré, ce qui est souvent le cas en sections professionnelles et agricoles ; ce sont des situations où nous accentuons les exigences d’écoute réciproque des arguments respectifs. Parmi les « ingrédients indispensables pour l’épanouissement sexuel et amoureux » les plus fréquemment cités, les jeunes notent spontanément des éléments de communication. Ils citent la nécessité d’une écoute réciproque, tant sur les désirs de chacun que sur les attentes respectives ; cet élément constitue souvent une prise de conscience nouvelle qui se concrétise notamment lors d’une séquence de l’atelier sur la notion de réciprocité qui alimente le plaisir dans une relation amoureuse et/ou sexuelle. L’écoute de l’autre devient alors un élément qui renforce l’épanouissement des partenaires. Malgré leurs doutes fréquemment exprimés à l’oral pendant les échanges en atelier, ils insistent sur la nécessité d’une confiance réciproque qui serait la base d’une bonne entente et d’une complicité dans une relation de couple ; ils constatent et vivent souvent douloureusement des rencontres amoureuses où ils se sont sentis trahis. Mais la confiance reste une valeur fondamentale à leurs yeux qui leur permet notamment un dialogue et des échanges dans la franchise et la sincérité. Les adultes présents, souvent en fond de salle, nous disent remarquer que les apartés entre les élèves sont très souvent dans le sujet de l’atelier. L’expression est également facilitée pour les adultes qui assistent aux ateliers ; certains nous disent qui sont « plus à l’aise pour aborder le sujet avec des jeunes », qu’ils voient « comment on peut parler de sexualité avec des jeunes ». Enfin, il est fréquent que des jeunes viennent individuellement ou à deux pour poser des questions sur un vécu personnel. Globalement, et comme le montre le graphique ci-dessous, les retours d’évaluations, tant des jeunes que des structures, sont massivement positifs sur la liberté d’expression, l’écoute, la compréhension et la qualité des échanges. 11 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 Ils apprécient également la façon dont les intervenants les aident à formuler ou reformuler leurs questions, « à trouver les mots », « à les écouter » et ressentent fortement une absence de jugement qui les surprend en même temps que cela les motive. Les critères de respect s’évaluent clairement au fil des échanges lors des ateliers, en particulier dans le respect des points de vue entre filles et garçons ; les premières prises de paroles sont souvent acerbes et vives mais peu à peu les propos intègrent le fait qu’il n’y a pas forcément d’affirmations possibles selon le genre. Les jeunes citent après les ateliers que l’épanouissement amoureux et sexuel doit passer par « l’acceptation de l’autre tel qu’il est » et que « le désir doit être partagé » ; on constate en effet que la réflexion est très égocentrée avant d’intégrer la réciprocité d’une relation. Cette année, il y a eu une recrudescence assez générale de propos homophobes assortie d’une réaffirmation de valeurs très traditionnelles axées sur le couple hétérosexuel avec enfants. Nous avons pu le constater sur les différents territoires d’interventions. Un des sujets fréquemment exprimé dans les évaluations finales et qui suscite un grand intérêt pendant les ateliers est « doit-on tout accepter par amour ? ». Les jeunes prennent systématiquement conscience du décalage entre leur avis et leur vécu ; il nous est alors possible de travailler avec eux les moyens qui permettent de respecter les attentes de chacun ainsi que la limite qu’ils doivent réfléchir, au-delà de laquelle la relation n’est plus synonyme de bien-être et d’épanouissement. Le manque de respect des parents, de la famille vis-à-vis de l’intimité ou des choix amoureux a pu être soulevé à plusieurs reprises ; au sujet de l’intimité, les positions sont plutôt homogènes même si certains signalent une plus grande pudeur que d’autres et peuvent être choqués de repères familiaux différents. Quant au positionnement de la famille, leurs propos peuvent être plus contrastés, certains acceptant plus facilement l’intervention de la famille sur leur relation amoureuse, d’autres excluant tout argument y compris les questions de violences conjugales. Les débats, notamment sur les écarts d’âge dans un couple permettent de mettre en évidence une nouvelle fois, l’absence de règles imposées associée à une indispensable réflexion qui permette de poser des repères au cas par cas. La notion de consentement est facilement affirmée mais nécessite à chaque fois des échanges sur les moyens de savoir si l’autre est d’accord ; d’une évidence prétendue, les jeunes reconnaissent peu à peu la difficulté à savoir réellement les désirs de l’autre et notamment lors d’association avec les produits, sujets que nous évoquons systématiquement. Enfin, il est notable d’entendre s’exprimer des limites posées entre « ce que l’on veut ou l’on voudrait » et « ce que l’on peut faire ». L’affirmation de leurs choix dans leur vie affective et sexuelle n’est pas toujours facile du fait même des différences de maturité et d’expériences au sein d’un même groupe ; cependant les attentes en termes de désirs, de plaisirs et de bien-être sont dominantes leurs évaluations. Ainsi, nous pouvons dire que les ateliers ramènent cette question du 12 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 plaisir au premier plan d’une relation et que les jeunes, au-delà d’être d’accord sur son principe, en formulent la nécessité plus individuellement par écrit. Parmi les affirmations autour de la vie affective et sexuelle, la fidélité reste une valeur fréquemment citée et parfois imposée comme incontournable ; ceci peut être mis en corrélation avec leur angoisse de manque de confiance ressentie dans leur relation. Enfin, la réflexion sur le refus de la violence et de la soumission passe par une redéfinition de ces notions ; on constate parfois des confusions dans leurs idées, certains faits n’étant pas, pour eux de l’ordre de la violence alors qu’ils le sont et inversement, certains sont très réactifs sur des événements qui peuvent donner lieu à du dialogue entre les partenaires. Nous retrouvons dans les évaluations de nombreux qualificatifs comme « l’attention à l’autre », « la douceur », « la tendresse », « les câlins, les bisous », ce qui montre leur attachement aussi à des relations plus sereines. Concernant les lieux ressources, ils sont peu nombreux à être spécifiques à la vie affective et sexuelle des jeunes. Les jeunes connaissent très souvent le planning familial mais ne le citent que sur les aspects contraception ; nous leur précisons que c’est aussi un lieu d’écoute sur des problématiques de violences conjugales notamment. Grâce au CD d’informations que nous leur remettons en fin de seconde séance, et qui est très apprécié, ils le notent souvent dans les évaluations, ils ont accès à de nombreuses ressources (lieux, sites internet, téléphonie sociale). Objectifs spécifiques 2 et 3 : Ces objectifs visent une meilleure connaissance des modes de contamination VIH-IST et des moyens de contraception ; dans tous les lieux où nous nous rendons, nous constatons : des imprécisions sur le VIH, une grande méconnaissance des IST et une information incomplète sur les moyens de contraception. Concernant l’augmentation de l’aptitude à gérer et à réduire les risques, des éléments le montrent, notamment dans les évaluations finales. Concernant les IST, leur attention est grande tant les groupes partent d’un niveau d’information quasi nul ; ils s’approprient facilement les quelques données fondamentales qui leur sont transmises, tant au niveau des modes de contamination que de la prévention. Concernant le VIH, une des réflexions particulièrement riche porte sur la durée qu’ils estiment nécessaire avant de décider d’avoir des rapports non protégés avec leur partenaire. La séquence sur les moyens de contraception est toujours aussi efficiente dans ses résultats, la technique d’animation proposée leur permettant d’être actif (manipulation puis restitution à l’oral). Les idées reçues restent fortement ancrées sur certains de ces moyens de contraception et cette année, des inquiétudes ont porté sur le retrait des pilules 3ème et 4ème génération. Nous avons particulièrement insisté dans certains groupes sur la démarche de consultation d’un gynécologue en travaillant les représentations et les peurs associées. A la question « les séances pourraient-elles intéresser d’autres jeunes, pourquoi ? », les jeunes évoquent l’utilité des ateliers pour « pouvoir poser nos questions », « connaître les risques », « s’informer sur les démarches » ; dans leurs propos, nous constatons en effet leur intérêt quant aux lieux ressources par le biais de leurs questions précises sur les démarches à suivre en cas de prises de risques. Objectif spécifique 4 : Pour répondre à cet objectif, nous avons proposé un travail avec les parents d’élèves dans le cadre des réunions de CESC dans lesquelles leurs représentants sont présents ainsi qu’en contactant les différentes fédérations de parents d’élèves. Cette démarche s’est concrétisée au lycée Jules Guesde par une rencontre d’une heure en présence d’une quinzaine de parents. Nous y avons présenté le contenu des deux ateliers récifs d’Eros puis des échanges ont porté sur leurs préoccupations vis-à-vis de leurs enfants, en l’occurrence, l’homophobie, les risques de prostitution et les rapports de genre. Globalement, les parents présents n’étaient pas particulièrement en difficultés et nous avons regretté le fait qu’aucun parent des sections professionnelles n’ait été là. 13 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 3. Analyse des objectifs à destination des professionnels Quelle que soit la formation initiale des professionnels et leur fonction auprès des groupes, le langage et la démarche apportés par les ateliers suscitent des réactions. Leur participation reste libre et volontaire pendant les ateliers. Cette « technique d’imprégnation » n’est pas institutionnalisée mais elle permet de transmettre, au même titre que pour les jeunes, des repères sur les notions de vie affective et sur la sexualité ainsi que de postures possibles en cas de sollicitations directes des jeunes. Il est fréquent que les professionnels présents aux séances nous expriment l’utilité pour eux d’avoir participé et se déclarent plus à même de mobiliser ces nouvelles ressources dans le cadre de leurs pratiques professionnelles. 4. Inégalités sociales de santé Le constat global de la prise en compte des inégalités sociales de santé s’effectue d’abord par l’approche de publics en lycées professionnels et agricoles. Cette action prend donc en compte le gradient social des jeunes. Les différences de genre et le lien social, notamment avec les familles sont pris en compte dans la mesure où nous rencontrons des jeunes proches de l’entrée dans la vie professionnelle, ce qui implique des séparations plus ou moins faciles d’avec leurs familles. Un certain nombre de jeunes (et notamment des jeunes filles maghrébines) que nous rencontrons sont en effet dans des situations de rupture familiale génératrices d’insécurité sociale, financière et affective. Nous pouvons également rendre compte de la prise en compte dans cette action des inégalités sociales de santé. De part la forme de l’animation permettant à chaque jeune de s’exprimer et d’évoquer ses difficultés propres, nous avons pris en compte le gradient social, les différences de genre et le lien social des jeunes. Nous pensons également avoir renforcé les compétences psychosociales des jeunes au travers de différentes techniques d’animation favorisant : - le développement de compétences dans la résolution de problèmes et la prise de décisions : notamment en séance II par la réflexion et les échanges sur des situations fictives de prises de risques - dans le développement d’une pensée critique : notamment en séance I par les débats sur les repères liés à l’éducation et aux cultures, ainsi que sur les valeurs posées en matière de vie amoureuse et de sexualité - dans le développement d’une communication efficace : tout au long des ateliers par une vigilance constante de la qualité de l’écoute et une reformulation des questions et prises de positions des jeunes Le contenu et les thématiques abordées ont permis : - le développement de compétences dans la conscience de soi et des autres : notamment en séance I par le repérage et la redéfinition de l’intimité et par la réflexion au sujet du respect - dans la gestion du stress et des émotions : en séance I et II, au sujet de la perception du désir et du plaisir On peut ainsi affirmer avoir contribué dans cette action à la réduction des inégalités sociales de santé. 14 Action les Récifs d’Eros / Rapport d’évaluation - Juillet 2013 CONCLUSION L’action « Les Récifs d’Eros » sont pour la 6ème année consécutive une réussite et viennent témoigner de l’importance du maintien d’actions de ce type auprès des jeunes. Que ce soient par les professionnels qui relèvent « l’importance de ces interventions à un âge où les jeunes se posent beaucoup de questions sans vouloir ou oser aller vers des adultes », ainsi que pour son intérêt pour « mieux comprendre les élèves » ou par les jeunes qui soulignent l’importance de « pouvoir s’exprimer librement et sans jugement », les échos exprimés sur les ateliers sont positifs. Les contenus sont complémentaires aux enseignements, les techniques d’animations sont efficientes et les compétences psychosociales y sont largement développées. Perspectives - - - malgré la difficulté de mobiliser les parents d’élèves, nous maintenons cet objectif dans le cadre du travail avec les professionnels des établissements, nous envisageons de continuer à potentialiser leur investissement lors des interventions, ce qui est bénéfique pour la relation élèves/professeurs et pour multiplier les interlocuteurs à même de répondre aux préoccupations des jeunes sur leurs questionnements et leurs besoins en termes de ressources mobilisables. nous maintenons le format des deux ateliers et notamment l’approche historique culturelle et philosophique du premier atelier qui permet de questionner un large panel de représentations et de questionnements omniprésents chez les jeunes rencontrés nous réduisons légèrement le volume des interventions sur cette thématique pour une adéquation plus juste avec la demande réelle. 15