Objectifs de la politique économique et sociale
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Objectifs de la politique économique et sociale
Chapitre 47 47 Objectifs de la politique économique et sociale Volume 5 • Profil E © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Table des matières Chapitre 47 Objectifs évaluateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2. Politique structurelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 3. Politique conjoncturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 3.1. Politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 3.2. Politique fiscale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 3.3. Politique budgétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 4. Politique sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Objectifs Profils Objectifs évaluateurs Autoévaluation B E M 1.5.4.6 Objectifs de la politique économique et sociale. J’explique les objectifs de la politique économique et de la politique sociale (stabilité des prix, plein emploi, croissance écoE M nomique, équilibre budgétaire de l’Etat, équilibre social, balance commerciale, qualité environnementale) et leur signification pour l’économie en générale. © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale 1. Généralités La politique économique regroupe l’ensemble des interventions de l’Etat sur l’activité économique afin d’atteindre les objectifs de croissance économique, de plein-emploi, de stabilité des prix, de justice sociale. La détermination de la politique économique la plus appropriée à une situation économique donnée n’est pas simple. Le contexte doit être observé et analysé dans sa globalité, tant au niveau de l’économie suisse que de l’économie mondiale, ainsi que du degré d’ouverture de l’économie nationale sur l’extérieur. Une fois le diagnostic posé, l’Etat doit déterminer le ou les objectifs prioritaires qu’il souhaite mener (maîtrise de l’inflation, chômage, relance de la croissance, etc.) et quelle(s) politique(s) appliquer. ont ments e n r e v ou aire « Les g s somm è r t n e, io a boug ç une vis i S . e uge onomi i ça bo S de l’éc . s e x . des ta des lois ajoute e s o p rs, im ger, toujou de bou e t ê r r ’a tions. » Si ça s ubven s s e ’État d mme d is, donne n ur et ho , acte tats-U t des É Reagan 9 Ronald , 40e présiden e 1981 à 198 d ain améric Pour orienter l’activité économique à court terme (de quelques mois à deux, trois ans), l’Etat agira au travers de sa politique conjoncturelle. Pour modifier les modes de fonctionnement de l’économie sur le long terme, l’Etat conduira une politique structurelle. 2. Politique structurelle La politique structurelle se préoccupe du long terme. Elle ne permet pas d’obtenir des résultats rapides. Elle vise à agir sur les structures économiques du pays, c’est-à-dire l’ensemble des institutions et des relations entre acteurs économiques, et sur le mécanisme des différents marchés. Il s’agit donc de transformer le mode de fonctionnement du système économique. Les moyens de la politique structurelle peuvent être menés par : • Formation scolaire, professionnelle, gymnasiale, académique. • Soutien à la recherche. • Aides publiques à des secteurs, des régions. • Fiscalité favorisant l’épargne, les investissements. • Financement des infrastructures routières, ferroviaires. • Politique agricole. • Législations environnementales. • Privatisation d’entreprises publiques. • Modification du système de retraite. • Aménagement du territoire. © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 3 Chapitre 47 En Suisse, le principe de la politique structurelle est inscrit dans la Constitution fédérale, à l’article 103 : « La Confédération peut soutenir les régions économiquement menacées et promouvoir des branches économiques et des professions si les mesures d’entraide que l’on peut raisonnablement exiger d’elles ne suffisent pas à assurer leur existence. Elle peut, au besoin, déroger au principe de la liberté économique. » 3. Politique conjoncturelle Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999 (Etat au 18 mai 2014) Art. 100 : Politique conjoncturelle 1 La Confédération prend des mesures afin d’assurer une évolution régulière de la conjoncture et, en particulier, de prévenir et combattre le chômage et le renchérissement. 2 Elle prend en considération le développement économique propre à chaque région. Elle collabore avec les cantons et les milieux économiques. 3 Dans les domaines du crédit et de la monnaie, du commerce extérieur et des finances publiques, elle peut, au besoin, déroger au principe de la liberté économique. La Confédération, les cantons et les communes fixent leur politique budgétaire en prenant en considération la situation conjoncturelle. 4 5 Afin de stabiliser la conjoncture, la Confédération peut temporairement prélever des suppléments ou accorder des rabais sur les impôts et les taxes relevant du droit fédéral. Les fonds prélevés doivent être gelés ; lorsque la mesure est levée, les impôts et taxes directs sont remboursés individuellement, et les impôts et taxes indirects, affectés à l’octroi de rabais ou à la création d’emplois. 6 La Confédération peut obliger les entreprises à créer des réserves de crise ; à cette fin, elle accorde des allégements fiscaux et peut obliger les cantons à en accorder aussi. Lorsque les réserves sont libérées, les entreprises décident librement de leur emploi dans les limites des affectations prévues par la loi. La politique conjoncturelle vise à agir sur la situation à court terme de l’activité économique, à minimiser les fluctuations économiques, afin de parvenir aux objectifs suivants : La stabilité des prix • L’Etat cherche à garantir le pouvoir d’achat des agents économiques en luttant contre l’érosion monétaire due à l’inflation. • Se mesure par le taux d’inflation. L’équilibre du commerce • Ensemble des flux entre une économie et le reste du monde durant une période donnée. extérieur • Se mesure par le solde de la balance des transactions courantes en % du PIB. Une balance positive signifie que le pays exporte plus de biens et services qu’il n’en importe (« excédent commercial » ou « balance excédentaire »)1. Dans le cas d’une balance déficitaire, des causes possibles peuvent être la faiblesse de l’industrie, la surévaluation de la monnaie favorisant les biens importés par rapport à la production nationale. 1 4 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale Le plein emploi • Le rôle de l’Etat est de favoriser le plein emploi, ou du moins un taux de chômage le plus bas possible, en favorisant la création d’emplois directement ou indirectement. • Se mesure par le taux de chômage. La croissance économique • L’Etat cherche à promouvoir une croissance économique soutenue et durable. • Se mesure par le taux de croissance du PIB. Définition La balance des transactions courantes regroupe les échanges de marchandises, les échanges de services, les flux de revenus et les transferts courants entre la Suisse et le reste du monde. Source : www.glossaire-international.com Ces objectifs ont été schématisés par l’économiste Nicholas Kaldor (1908-1986) sous la forme d’un carré magique. Ce schéma représente les buts de la politique économique conjoncturelle. En fonction de ce carré magique, on peut mesurer l’impact de la politique économique selon l’aire du carré reliant les différents axes entre eux. La surface idéale, soit la situation conjoncturelle parfaite, est un carré tel que le graphique ci-dessous. Si la croissance est forte et s’accompagne d’une stabilité des prix, d’un taux de chômage faible et d’un solde de la balance des transactions courantes positif, la surface du carré sera importante. Plus la surface du carré pour un pays, pendant une période donnée, s’éloigne de la surface idéale du carré magique, plus la situation se détériore. Une telle représentation permet de visualiser le respect des objectifs et les situations où la croissance économique est déséquilibrée. Le carré magique de Kaldor et sa surface idéale Taux de croissance 0 % +4 % Export-Import Taux de chômage 6 % 0 % Taux d’inflation © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 5 Chapitre 47 On dit de ce carré qu’il est magique, car il est très difficile, pour ne pas dire irréalisable, d’équilibrer chaque objectif en même temps. Les objectifs peuvent s’opposer. Quelques exemples : • Inflation et chômage Si le taux de chômage est bas, en général le taux d’inflation est élevé. • Croissance économique et stabilité des prix La croissance économique est caractérisée par une hausse du pouvoir d’achat. Les gens ayant plus d’argent dépensent plus. Cette augmentation de la demande entraîne de l’inflation. • Exportations-importations et inflation Si la balance commerciale s’améliore, la stabilité des prix se détériore généralement. Heureusement, ce carré n’a pas que des objectifs contradictoires. Un effet positif sur un objectif entraîne d’autres objectifs favorablement. Quelques exemples : • Croissance économique et chômage En période de croissance, les entreprises ont des carnets de commandes remplis, la demande augmente et la production aussi. Les entreprises engagent et le chômage diminue. • Stabilité des prix et équilibre de la balance extérieure L’économie suisse est très dépendante de l’étranger : les matières premières, les exportations, le marché du travail, etc. En veillant à maintenir un franc suisse stable, la BNS favorise l’équilibre de la balance extérieure. Un franc trop fort pénaliserait les exportations et un franc trop faible renchérirait les importations. Avec l’évolution de l’économie ces dernières décennies, il y a lieu d’ajouter au carré magique de Kaldor deux piliers du développement durable, à savoir : • Le pilier social (être socialement acceptable) soit l’équité sociale, l’équilibre social. • Le pilier environnemental (être écologiquement soutenable), soit la qualité et la protection de l’environnement. En rajoutant ces domaines, le carré magique s’est mué en hexagone magique ou polygone magique. Tout comme pour le carré magique de Kaldor, des objectifs peuvent s’opposer. Quelques exemples : • Croissance économique et équilibre social La recherche d’une équité salariale peut démotiver les entrepreneurs. • Protection de l’environnement, plein emploi et équilibre de la balance extérieure Des lois trop contraignantes en matière de protection de l’environnement pourraient pousser les entreprises à délocaliser leur production. Non seulement il y aurait des pertes d’emplois en Suisse, mais il faudrait importer les biens manquants, ce qui déséquilibrerait notre balance extérieure. 6 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale Plein emploi Le moins de chômage possible Stabilité des prix Maîtrise de l’inflation Croissance économique Encouragement d’une croissance économique constante Qualité de l’environnement Réduction de la pollution Equilibre du commerce extérieur Réalisation d’une balance des transactions courantes positive Equité sociale Paix social grâce à la justice distributive Source : « Droit, Etat, Economie – 11e édition », p. 279, éditions Schtaz Verlag GmbH, juin 2014 Les objectifs peuvent également agir favorablement. Deux exemples : • Croissance économique et équilibre social En période de croissance économique, la santé des entreprises est bonne. Ces dernières engagent, augmentent les salaires, ce qui conduit à une amélioration du bien-être au sein de la société et à un équilibre social plus large. • Croissance économique et protection de l’environnement Grâce à des recettes supplémentaires (plus de salaires pour les employés, plus d’impôts pour l’Etat, plus de bénéfices pour les entreprises), les moyens disponibles à consacrer à l’environnement sont en hausse. 3.1. Politique monétaire La politique monétaire a pour objectif d’assurer la stabilité de la monnaie nationale, que ce soit la stabilité interne, mesurée par le niveau général des prix, ou la stabilité externe, mesurée par le taux de change de la monnaie nationale en devises étrangères. Cet objectif de stabilité des prix constitue, en règle générale, l’élément prioritaire de la politique monétaire. La hausse des prix ayant pour origine une augmentation de la quantité de monnaie en circulation dans l’économie, la politique monétaire vise à maîtriser la quantité de liquidités disponible dans une économie. © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E de édiate m out m i e us et part s r u o j « La ca t tou ent ion es roissem l’inflat c c a n la e:u ide de la mêm p a r t n port aleme par rap e i a anorm n on té de m ion. » quanti roduct p e d 006), ume (1912-2 edman d’économie ri au vol F n to Mil obel 6 xN in et Pri mérica iste a économ en 197 Reproduction interdite 7 Chapitre 47 La politique monétaire agit à travers plusieurs canaux. Elle peut agir sur les taux d’intérêt et les crédits qui influencent la consommation et l’investissement. La maîtrise de l’émission de la monnaie fiduciaire est une prérogative qui revient à l’Etat. Ce contrôle de la création monétaire a été constitutionnellement confié à la BNS. Abandon du taux plancher le 15.01.2015 3.2.Politique fiscale La fonction première des impôts est le financement des dépenses de l’Etat, soit la couverture de ses besoins financiers. L’Etat joue un rôle dans l’économie en ajoutant d’autres fonctions à sa politique fiscale : • Réguler l’économie en stimulant l’activité économique par une diminution des impôts ou en la ralentissant par une augmentation des impôts. ois en s, parf d r u o l tion mpôts omma « Des i s n o c ant la parfois diminu taxés, s t i u d de, o la frau des pr t n a e ettes ourag des rec t n en enc e v u ui elles q rent so c d e n u e q g en ibles avec plus fa s e l a enues c t b fis o e êtr nt pu s. » auraie odeste m s u l e sur la ux p echerch ations dans R des ta N ), s 0 e 9 d 7 e . 3-1 ess • Inciter les entreprises et les individus en encourageant ou décourageant certaines décisions ou comportements. A titre d’exemple, la fiscalité écologique incite à lutter contre les gaz à effet de serre, à maîtriser sa consommation d’énergie, à trier ses déchets, etc. 72 ch mith (1 de la ri Adam S et les causes re natu • Réduire les inégalités en redistribuant une partie des sommes prélevées vers certaines catégories de citoyens (au travers d’allocations ou de subventions par exemple). 3.3. Politique budgétaire C’est une politique économique qui consiste à utiliser le budget de l’Etat pour atteindre certains objectifs. Il s’agit principalement d’un instrument en vue de la stabilité conjoncturelle. L’action de l’Etat peut se mesurer par l’importance de son budget. Celui-ci comprend : • L’ensemble des recettes que l’Etat obtient par des prélèvements sur les différents agents économiques (impôts, redevances, droits de douane, etc.). • L’ensemble des dépenses engagées par l’Etat, que ce soit pour son fonctionnement (salaires des fonctionnaires par exemple), pour ses dépenses d’équipement (construction d’autoroutes par exemple), pour les versements aux agents économiques (subventions, aides aux entreprises par exemple). 8 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite 6 de 177 Objectifs de la politique économique et sociale Le solde budgétaire représente la différence entre les recettes et les dépenses de l’Etat. On distingue trois cas : • Si recettes > dépenses : le solde budgétaire est excédentaire. • Si recettes < dépenses : le solde budgétaire est déficitaire. • Si recettes = dépenses : le solde budgétaire est à l’équilibre. La politique budgétaire agit sur le solde budgétaire. Ce solde est lié à : • La conjoncture économique : En phase d’expansion, les recettes fiscales sont plus importantes et les dépenses de crise en baisse. En période de crise, les recettes fiscales diminuent et les dépenses de crise augmentent (assurance-chômage par exemple). • Les décisions de l’Etat pour influencer la conjoncture : Politique de relance pour stimuler la conjoncture, soutenir l’activité économique. Politique restrictive pour freiner la surchauffe de la conjoncture, réduire la demande des agents économiques. Si l’Etat verse davantage d’argent aux ménages (aide sociale par exemple), ou leur en prélève moins (baisse des impôts), les ménages augmentent leur consommation et leur demande adressée aux entreprises (politique de demande). Empiriquement, une hausse de revenus a d’autant plus d’effets que les ménages concernés sont modestes, car ils auront tendance à faiblement épargner cet argent. Si l’Etat aide les entreprises (baisse des impôts, aides), celles-ci investissent davantage, ce qui diminuera le chômage et augmentera leur capacité de production (politique d’offre). Dans les deux cas, la production intérieure (PIB) et les importations augmentent. Une hausse des dépenses et une baisse des recettes ont une conséquence négative sur le solde budgétaire. La politique budgétaire est alors expansive. Cette politique aura un effet de hausse sur l’inflation, sur les impôts et/ou sur la dette. Frein à l’endettement Le 2 décembre 2001, les dispositions constitutionnelles sur le frein à l’endettement ont été acceptées par 85 % des votants. Ce soutien populaire a largement contribué au succès de la mise en oeuvre du frein à l’endettement ces dernières années. Avec un taux d’endettement inférieur à 40 %, la Suisse occupe une place enviable en comparaison internationale. Le frein à l’endettement est un mécanisme simple servant à gérer l’ensemble des dépenses de la Confédération. Il vise à empêcher les déficits chroniques et, par conséquent, un accroissement de la dette. Grâce aux règles claires et contraignantes du frein à l’endettement, la Suisse a pu adopter une politique budgétaire stable et prévoyante. Le frein à l’endettement a non seulement aidé la Suisse à bien maîtriser, en comparaison internationale, la crise financière et économique mais aussi à réduire considérablement sa dette. La réduction de la dette réalisée ces dernières années a permis d’économiser un milliard de francs en dépenses d’intérêts, créant ainsi une marge de manoeuvre pour les investissements et de nouvelles tâches importantes. Frein à l‘endettement – histoire d’un succès, DFF, Eveline Widmer-Schlumpf, cheffe du DFF © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 9 Chapitre 47 4. Politique sociale La politique sociale regroupe l’ensemble des interventions nécessaires pour rendre gouvernable une société vivant dans le cadre d’un système économique libéral. Il s’agit de l’ensemble des actions mises en œuvre progressivement par les pouvoirs publics pour parvenir à transformer les conditions de vie, d’abord des ouvriers, puis des salariés, et éviter les explosions sociales, la désagrégation des liens sociaux. La politique sociale « vise à prévenir, supprimer ou atténuer les situations de détresse et les problèmes sociaux, au niveau individuel ou collectif, ou cherche à favoriser le bien-être des groupes plus fragiles de la société. »2 En Suisse, les bases légales de la politique sociale se trouvent dans la Constitution fédérale (du 18 avril 1999 - Etat le 18 mai 2014). Le Préambule de la Constitution fédérale : « ... La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres », annonce un engagement social de la collectivité. Selon l’art. 2, favoriser la prospérité commune et garantir une égalité des chances aussi grande que possible font partie des buts de la Confédération. L’art. 12 énonce, comme l’un des droits sociaux fondamentaux, celui d’obtenir de l’aide dans des situations de détresse. L’art. 41 énumère les buts sociaux pour lesquels la Confédération et les cantons s’engagent conjointement. Ces buts ont trait à l’accès de tous à la protection sociale, aux soins de santé, à un travail rémunérateur, à un logement convenable, à la formation de base et à la formation continue. Il importe en outre que la famille soit protégée et encouragée, et que l’intégration sociale, culturelle et politique des jeunes soit soutenue. La protection contre les risques sociaux traditionnels (« sécurité sociale ») est expressément mentionnée. Les mesures prises en vue de la réalisation de ces différents buts sociaux relèvent de la politique sociale au sens large. Il n’est cependant pas possible de déduire de ces buts sociaux des droits opposables. Les art. 111 à 117 concernent les assurances sociales, qui sont les instruments de la sécurité sociale dans laquelle la Confédération joue un rôle prépondérant. »3 La politique sociale se réalise au travers : • Des assurances sociales. • De l’aide sociale. • De la politique du marché du travail et de l’emploi. • De la politique de la formation. • De la santé. • Du logement. Source : « Politique sociale, vue d’ensemble », Office fédéral des Assurances sociales, OFAS. 2 Ibid. 3 10 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale Pour enrichir ce chapitre, le site iconomix, une offre de la BNS, propose 4 exemples d’intervention de l’Etat : « Prévoyance vieillesse » http://www.iconomix.ch/fr/materiel/a028/ « Tarification routière » http://www.iconomix.ch/fr/materiel/a017/ « Biens publics » http://www.iconomix.ch/fr/materiel/a004/ « Biens communs » http://www.iconomix.ch/fr/materiel/m06/ © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 11 Chapitre 47 Exercices Exercice 47.1 Carré magique de Kaldor Sur la base de données fictives : 2010 2014 Taux de croissance 3.5 % 0.5 % Taux de chômage 9.5 % 10 % Taux d’inflation 1.5 % 1.9 % Solde de la balance des transactions courantes 2.3 % 1.2 % a) Représentez le carré magique pour l’année 2010. b) Représentez le carré magique pour l’année 2014. Le carré magique de Kaldor et sa surface idéale Taux de croissance 6 0 5 10 ✖✖ ✖ 3 2010 1 2 ✖ Export-Import Taux de chômage ✖ 4 ✖ 2014 ✖ 2 ✖ 1 0 Taux d’inflation c) Entre 2010 et 2014, la situation conjoncturelle s’est-elle améliorée ou détériorée ? Justifiez votre réponse. La situation générale s’est détériorée dans les 4 objectifs : • Le taux de croissance diminue de 3.5 à 0.5 % • Le taux d’inflation augmente de de 1.5 à 1.9 % • Le solde de la balance des paiements diminue de 2.3 à 1.2 %. • En matière de chômage, le taux passe de 9.5 à 10 % Visuellement cela s’observe par une diminution de la surface du carré. 12 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale Exercice 47.2 1. Citez deux facteurs qui ont été ajoutés au carré magique de Kaldor pour obtenir un hexagone magique. L’équité sociale. La qualité, la protection de l’environnement. 2. Citez une situation où les objectifs du carré magique de Kaldor agissent positivement entre eux. En période de croissance, les entreprises ont des carnets de commandes remplis, la demande augmente et la production aussi. Les entreprises engagent et le chômage ainsi diminue. L’économie suisse est très dépendante de l’étranger, pour les matières premières, les exportations, le marché du travail, etc. En veillant à maintenir un franc suisse stable, la BNS favorise aussi l’équilibre de la balance extérieure. Un franc trop fort pénaliserait les exportations et un franc trop faible renchérirait les importations. 3. Citez une situation où les objectifs de l’hexagone magique agissent négativement. Chercher à assurer l’équité sociale avant tout risque de freiner la croissance économique dans la mesure où elle peut démotiver les entrepreneurs. Des lois trop contraignantes en matière de protection de l’environnement pourraient pousser les entreprises à délocaliser leur production. Non seulement il y aurait des pertes d’emplois en Suisse, mais il faudrait importer les biens manquants, ce qui déséquilibrerait notre balance extérieure. © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 13 Chapitre 47 Exercice 47.3 Complétez le tableau ci-dessous : Définition - buts Politique structurelle Politique conjoncturelle Politique budgétaire –Formation. –Soutien à la recherche. –Aides publiques à des secteurs, des régions. Agir sur les structures économiques –Fiscalité. du pays et sur le fonctionnement des –Financement des infrastructures différents marchés. Transformer le mode de routières, ferroviaires. fonctionnement du système économique. – Politique agricole. –Législations environnementales. Politique à moyen et long termes. –Privatisation. – Modification du système de retraite, assurance maternité, etc. –Aménagement du territoire. – Politique fiscale. Réaction aux problèmes « soudains ». – Politique budgétaire. Minimiser les fluctuations économiques. – Politique sociale. Utiliser le budget de l’Etat pour atteindre certains objectifs, tels que garantir le plein emploi, éviter ou limiter les fluctuations économiques. Stabilité interne, soit le niveau général des prix. Stabilité externe, soit le taux de change des CHF en devises étrangères. 14 – Politique monétaire. Agir sur la situation à court terme de l’activité économique. Assurer la stabilité de la monnaie nationale. Politique monétaire Moyens © CREME-CIIP 2016 – Modification, à la hausse ou à la baisse, du niveau des dépenses publiques. –Investissements publics. – Modification de l’imposition. - Contrôle de l’émission monétaire. - Taux d’intérêt. - Faciliter ou entraver le financement des banques et l’accès au crédit. Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale Exercice 47.4 1. En dehors de la croissance, quels sont les 3 autres objectifs de politique économique qu’une nation tend à atteindre ? Maîtrise de l’inflation. Taux de chômage le plus faible possible. Balance commerciale excédentaire. 2. Quelle est, généralement, la conséquence de la diminution de la croissance sur l’emploi ? La récession entraîne une augmentation du nombre de chômeurs. 3. Sur la base de quelques extraits d’un article sur l’Union européenne paru dans le journal « Le Temps » du 5 novembre 2014, répondez aux questions suivantes : « La Commission ne minimise pas le risque déflationniste qui menace l’économie européenne. Mais elle se garde de créer toute panique. Selon ses prévisions conjoncturelles publiées mardi, l’inflation sera de retour en 2016 à 1.6 %, ce qui est très proche de la cible fixée par le Pacte de stabilité. » a) En quoi consiste une prévision conjoncturelle ? Tenter d’évaluer quelle sera la situation économique à un moment donné afin d’adapter, au besoin, la politique conjoncturelle. Ces prévisions ne convainquent pas Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank à Paris. Selon lui, la Commission ne veut pas anticiper un phénomène qui signifie l’arrêt de l’économie. « En parler sape la confiance et crée la peur chez les consommateurs et les investisseurs », dit-il. b) En quoi la confiance des consommateurs et des investisseurs est-elle si importante ? La consommation privée est un des piliers de la croissance car elle représente une grande partie de la demande intérieure (environ les 2/3). Si le climat de consommation est mauvais, cela influence les entreprises qui renoncent à des investissements, ce qui freine la production ou la productivité. Si le consommateur est confiant quant à sa situation professionnelle et financière (pas de crainte du chômage), il va consommer – croissance. © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 15 Chapitre 47 P. Moscovici [Ministre de l'Economie et des Finances en France de 2011-2014] a expliqué que des facteurs géopolitiques, notamment les crises en Ukraine et au Proche-Orient, mais aussi des problèmes plus spécifiques à l’UE, comme le niveau élevé de la dette publique et privée ou la fragmentation des marchés financiers, étaient les éléments en cause. « Mais les réformes structurelles menées ces dernières années commencent à porter leurs fruits », a-t-il dit. c) Qu’est-ce qu’une réforme structurelle ? Modification profonde de l’économie d’un pays, transformation de la structure, du mode de fonctionnement du système économique. Exemples : Formation, aides à la recherche et à l’innovation, subventions à des régions, aménagement du territoire, etc. 4. a) Quelles activités économiques sont favorisées par une baisse de l’euro ? Parmi les affirmations suivantes, cochez celles qui sont exactes : Industrie d’exportation. o x Tourisme vers l’étranger. o x Industrie d’importation. o Secteur des services en Suisse. o Secteur bancaire vers l’étranger. o Tourisme vers la Suisse. o b) Une baisse de l’euro est-elle favorable ou défavorable au solde de la balance des transactions courantes de la Suisse ? Défavorable, car les importations seraient moins chères et les exportations plus chères, ce qui pourrait se traduire par une balance déficitaire. La péréquation financière sert aussi à réduire les inégalités entre cantons. 16 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite Objectifs de la politique économique et sociale 5. Cochez la ou les réponses justes. a) Les conséquences néfastes d’une création excessive de la monnaie sont : x o • De l’inflation • Une augmentation de la valeur de la monnaie o b) En période d’inflation : • La demande diminue o • La production augmente x o • Les prix augmentent x o • Le chômage augmente o 6. Quel est l’objectif principal de la politique monétaire menée par la BNS ? La stabilité des prix 7. Lorsque la BNS diminue les taux d’intérêt pour les prêts accordés aux banques, quel est l’impact sur : a) Les taux d’intérêts pratiqués par les banques ? Ils baissent. b) Les ménages et les entreprises ? Ils contractent plus d’emprunts, ils épargnent moins. c) La consommation ? Elle augmente. 8. Politique fiscale et ses fonctions : a) Quelle est la première fonction des impôts ? Financer les dépenses de l’Etat. b) Une autre fonction est de réduire les inégalités. Expliquez cette fonction. Redistribuer une partie des sommes prélevées vers certaines catégories de citoyens (aides, allocations, subsides, etc.). © CREME-CIIP 2016 Volume 5 • Profil E Reproduction interdite 17 Chapitre 47 9. Analysez la citation datant de 1776 d’Adam Smith : « Des impôts lourds, parfois en diminuant la consommation des produits taxés, parfois en encourageant la fraude, engendrent souvent des recettes fiscales plus faibles que celles qui auraient pu être obtenues avec des taux plus modestes. » Cette citation montre l’ancienneté de l’idée selon laquelle « trop d’impôt tue l’impôt ». Une fiscalité trop lourde à des effets désincitatifs potentiels qui peuvent se traduire par une diminution de l’activité (moins de demande des consommateurs) et par la fraude. Trop d’impôt décourage également l’offre des entreprises lorsque l’impôt les touche. 10.En prenant des exemples, indiquez de quelles manières, en Suisse, l’Etat mène-t-il sa politique sociale ? Répartition des richesses, système d’assurances sociales, subventions, droit du travail, aides à la famille, au logement, allocations familiales, etc. 11.Citez quelques assurances sociales. AVS, AI, APG, AC, PP (prévoyance professionnelle), AA (assurance accidents), Assurance maladie de base. 18 © CREME-CIIP 2016 Reproduction interdite