Lion d`Afrique - Species Survival Network
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Lion d`Afrique - Species Survival Network
Lion d'Afrique Panthera leo CoP13 Prop. 6 (Kenya) Transfert de l’Annexe II à l’Annexe I du lion d’Afrique (Panthera leo) OPINION DU SSN : SOUTENIR L’ADOPTION DE LA PROPOSITION • • • • • • • Le Lion d’Afrique remplit les critères biologiques posés dans le paragraphe c(i) de l’Annexe 1 de la Résolution Conf.9.24 (Rev. CoP12) pour une inscription à l’Annexe I: il y a un déclin d’individus en liberté qui a été observé comme en cours ou qui est intervenu dans un passé récent. La population actuelle de lions d’Afrique en liberté dans la nature est estimée à 23 000 (entre 16 500 et 30 000) individus; c’est entre 45 et 70% moins nombreux que les estimations de 1996 qui se montaient à près de 30 000-100 000 individus. L’espèce est classée comme «vulnérable» par l’UICN sur la base du critère C2a(i) ce qui signifie qu’elle est exposée à «un grand risque d’extinction dans la nature» du fait d’une population estimée à 10 000 individus sexuellement en âge de se reproduire, du déclin du nombre des individus en âge de se reproduire, de l’absence de sous-populations contenant plus de 1000 individus en âge de se reproduire. La catégorisation de l’UICN a été confirmée par un inventaire récent des lions d’Afrique libres dans la nature par le Groupe de Travail sur le Lion d’Afrique. Les spécimens de lions d’Afrique sont soumis au commerce international qui comprend des trophées de chasse (jusqu’à 728 par an au cours de ces dernières années), des peaux (jusqu’à 274 par an au cours de ces dernières années), et des crânes (jusqu’à 200 par an au cours de ces dernières années). Les quotas de trophées de chasse sont établis à des niveaux non-durables dans certains endroits et certains quotas sont difficiles à appliquer. Des preuves récentes (Whitman et al., 2004) indiquent que la chasse au trophée qui vise les mâles – a des effets supplémentaires qui affectent son caractère durable comme le dérangement causé sur les cycles de reproduction et la destruction des systèmes sociaux qui résulte dans de plus fréquentes prises de pouvoir, une augmentation des infanticides par les jeunes mâles et parfois des extinctions localisées. L’inscription du lion d’Afrique à l’Annexe I encouragerait les Parties exportatrices à autoriser la Conférence des Parties à décider de quotas d’exportation pour les trophées de chasse conformément à la Résolution Conf.9.21, comme c’est le cas pour le guépard, le léopard et d’autres espèces de l’Annexe I; cela encouragerait la formulation de quotas basés sur des conseils scientifiques solides, utilisant les dernières informations sur les populations du lion, pour assurer que les exportations ne portent pas préjudice à la survie de l’espèce. L’inscription du lion à l’Annexe I encouragerait également les Parties importatrices à s’assurer, avant d’émettre un permis d’importation, que le commerce des trophées de lions ne portera pas préjudice à la survie de l’espèce, conformément à l’article III(3)(a). PREUVE D’UN DECLIN EN COURS OU QUI EST INTERVENU RECEMMENT DANS LE PASSE Il y a cent ans, les lions d’Afrique existaient dans tous les habitats qui lui convenaient d’Afrique sub-saharienne. Aujourd’hui, cette espèce autrefois commune est devenue incroyablement rare en dehors des zones protégées et les populations sont extrêmement fragmentées. Les lions ne se trouvent maintenant que dans 89 locations, 45% desquelles comprennent 70 animaux ou moins. La moitié de la totalité des lions se répartit dans seulement cinq populations : la Réserve de gibier de Selous en Tanzanie, l’écosystème de Serengeti-Maasai Mara en Tanzanie et au Kenya, l’écosystème de Kruger en Afrique du Sud, les Parcs Nationaux de Kafue, du bas du Zambezi et la vallée du Luangua en Zambie et le Delta de Okavango au Botswana. Toutes les populations de l’Afrique de l’ouest et de l’Afrique centrale sont petites et isolées, et diminuent même dans certaines zones protégées. La meilleure information disponible sur les lions d’Afrique en liberté est un inventaire continental récemment publié (Bauer et Van Der Merwe 2004) qui indique que la population totale est estimée à 23 000 animaux (entre 16 500 et 30 000) ce qui contraste avec l’estimation qui relevait entre 30 000 et 100 000 animaux il y a moins d’une dizaine d’années (Nowell et Jackson 1996). Bien que des différences méthodologiques rendent impossible la comparaison directe entre ces données, la grande différence entre ces deux estimations indique fortement un déclin prononcé et constant de cette espèce à l’échelle continentale. En se basant sur les chiffres les plus hauts et les plus bas des deux estimations, on décèle un déclin potentiel de population à l’échelle continentale de 45 à 70%. En plus de ce déclin global, plusieurs populations individuelles ont également considérablement diminué. De tels déclins localisés sont intervenus dans toutes les régions. Par exemple, la population du Parc National de Hwange au Zimbabwe a baissé de 500 (Nowell et Jackson 1996) à seulement 120 (Bauer et Van Der Merwe 2004). L’UICN classe le lion de «vulnérable» sur la base du critère C2a(i) ce qui signifie que l’espèce fait face à « un grand risque d’extinction dans la nature » avec une estimation de population qui se monte à moins de 10 000 individus en âge de se reproduire, un déclin constant de la population en âge de se reproduire, aucune sous-population ne contenant plus de 1000 individus en âge de se reproduire. La classification de l’UICN a été soutenue par un inventaire récent des lions d’Afrique en liberté (Bauer et Van Der Merwe 2004). Species Survival Network Website: www.ssn.org · Email: [email protected] 2100 L Street NW, Washington DC 20037 USA · Tel: +1 301-548-7769 · Fax: +1-202-318-0891 Le SSN note qu’une troisième étude suggère que les populations de lions sont peut-être plus importantes (Chardonnet 2002). Cependant, ce recensement informel n’est pas une indication de la meilleure information disponible et ne devrait pas se substituer à l’inventaire de Bauer et Van Der Merwe (2004) qui est plus récent, plus global et qui a été revu par les autres scientifiques. Le recensement de Chardonnet se base sur une opinion informée et non sur un comptage réel, il n’a pas été revu par les autres scientifiques et n’a pas pour but d’être global ou de faire autorité. Il ne devrait être utilisé qu’en complément des autres inventaires et pas pour les remplacer. Le SSN note cependant que, comme Bauer et Van Der Merwe, Chardonnet donne une estimation de population du lion bien plus basse que l’estimation de 1996 par Nowell et Jackson ce qui prouve qu’un déclin est intervenu. CRITERES D’INSCRIPTION Le lion d’Afrique remplit les critères d’une inscription à l’Annexe I posés dans la Résolution Conf.9.24 (Rev.CoP12). Précisément, le lion remplit le critère C(i) de l’Annexe 1 parce que « un déclin dans le nombre d’individus dans la nature est en cours ou passé (mais avec la possibilité qu’il reprenne) ». Comme le prouvent le classement dans la catégorie «vulnérable» par l’UICN et l’inventaire récent de Bauer et Van Der Merwe (2004), la meilleure information disponible sur les populations du lion confirme qu’on a observé un déclin considérable dans le nombre d’individus dans la nature et tout indique que ce déclin est constant. Par ailleurs, il a été suggéré que les petites populations isolées (et géographiquement séparées) du lion d’Afrique de l’ouest et d’Afrique centrale remplissent également les critères d’inscription à l’Annexe I sur la base des critères A(i) et (ii) : ces populations géographiquement séparées sont petites et se caractérisent par un déclin observé, déduit ou prévu du nombre d'individus ou de la superficie et de la qualité de l'habitat, et chaque sous-population est très petite. Des auteurs ont récemment suggéré que ces populations doivent être placées dans la catégorie « en danger critique d’extinction » par l’UICN (Bauer et Van Der Merwe 2004). MENACES ACTUELLES Les lions d’Afrique sont exposés à beaucoup de menaces dans la nature comprenant la perte et la dégradation d’habitat, la baisse de leurs proies dans la nature, les maladies, le conflit homme-nature, et des niveaux de chasse au trophée non-durables. Le SSN est convaincu qu’une action doit être entreprise pour adresser chacune de ces menaces dans un contexte approprié. La CITES offre le mécanisme approprié pour adresser la menace du commerce international des trophées de lion. La recherche indique que les quotas de trophées de chasse sont établis à des niveaux qui ne sont pas durables dans certains endroits ; et que les quotas sont souvent mal appliqués. Des chercheurs (Creel et Creel 1997) ont découvert que si le niveau de chasse au lion dans la Réserve de gibier de Selous en Tanzanie était durable en 1992, cela n’aurait pas été le cas si la chasse au lion avait été pratiquée à pleine capacité du quota de chasse ; seulement 28% du quota ont été utilisés. De même, Whitman et al. (2004) ont trouvé que les quotas de chasse de Tanzanie étaient trop hauts, établis arbitrairement et difficiles à appliquer. D’autres chercheurs (Macdonald et Loveridge 2003) ont trouvé que les quotas de chasse au lion dans les endroits entourant le Parc National de Hwange au Zimbabwe devaient être radicalement diminués pour permettre à la population de lions du Parc de survivre. Par ailleurs, la recherche récente indique que le fait que les chasseurs de trophées visent les mâles les plus gros a des effets supplémentaires qui doivent être pris en compte dans l’établissement des quotas de chasse. Ces effets comprennent un dérangement considérable des cycles de reproduction et des systèmes sociaux, résultant dans une augmentation des infanticides et dans une diminution correspondante dans le succès de la reproduction chez les femelles. En raison de la mobilité des mâles, la chasse au trophée proche des zones protégées est également susceptible de causer des chutes de population qui affectent même les populations au cœur des zones protégées. Cette menace, en plus des mortalités causées par la persécution des lions en tant qu’ «animaux à problèmes» (par exemple en raison de leur chasse du bétail), est considérée avoir un impact négatif considérable sur les populations de lions. La proposition du Kenya permettrait aux Parties de la CITES d’adresser la menace créée par la demande internationale en trophées de lion conformément aux objectifs et aux buts de la Convention. Une inscription à l’Annexe I n’empêchera pas la chasse au trophée d’avoir lieu, mais permettra sans doute d’aider à assurer une réglementation plus stricte de cette activité en encourageant une recherche plus détaillée sur l’état des lions dans la nature, et sur le caractère durable de la chasse au trophée de lion. Une telle inscription encouragera sûrement les Etats de l’aire de répartition du lion à requérir auprès de la Conférence des Parties l’adoption de quotas d’exportation qui reposent sur des données scientifiques conformément à la Résolution Conf.9.21 comme c’est le cas pour les autres espèces inscrites à l’Annexe I. Aujourd’hui, l’Ethiopie est la seule Partie exportatrice à avoir rapporté volontairement au Secrétariat de la CITES son quota national d’exportation des trophées de lion. Une inscription à l’Annexe I encouragera également les Parties importatrices à s’assurer, avant d’émettre un permis d’importation, que le commerce des trophées de lions ne sera pas préjudiciable à la survie de l’espèce conformément à l’Article III (3) (a). CONCLUSION Sur la base de la meilleure information disponible, le lion d’Afrique remplit les critères d’inscription à l’Annexe I. Le SSN rappelle également aux Parties que la Résolution Conf.9.24 (Rev. CoP12) dispose: «…qu'en vertu du principe de précaution, en cas d'incertitude les Parties doivent agir au mieux de l'intérêt de la conservation de l'espèce, lors de l'examen des propositions d'amendement des Annexes I e II». Une inscription à l’Annexe I est sans aucun doute dans le meilleur intérêt de la conservation du lion d’Afrique. RÉFÉRENCES CITÉES Bauer, H. and S. Van Der Merwe, 2004. Inventory of free-ranging lions Panthera leo in Africa. Oryx 38:26-31. Chardonnet, Ph. (ed.), 2002. Conservation of the African Lion: Contribution to a Status Survey. International Foundation for the Conservation of Wildlife, France and Conservation Force, USA. Creel, S. and N.M. Creel. 1997. Lion density and population structure in the Selous Game Reserve: evaluation of hunting quotas and offtake. African Journal of Ecology 35(2): 83-93. Macdonald, D.W. and A.J. Loveridge. 2003. The Lion King: Is His Throne Secure? Lecture given on 7 October 2003 at the Zoological Society of London. Macdonald and Loveridge are with Oxford University’s Wildlife Conservation Research Unit. Reported in Oxford Blueprint (University of Oxford), Volume 4, Issue 2, October 2003, http://www.ox.ac.uk/blueprint/2003-04/3010/17.shtml, viewed 18 April 2004. Also reported in Kirby, A. 2003. Africa’s ‘shocking’ lion loss. BBC News Online, 7 October 2003, http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/3171380.stm, viewed 17 April 2004. Nowell, K. and P. Jackson (eds.), 1996. Wild cats, Status Survey and Conservation Action Plan. IUCN Cat Specialist Group. IUCN, Gland, Switzerland and Cambridge, UK. Whitman, K., A.M. Starfield, H.S. Quadling and C. Packer, 2004. Sustainable trophy hunting of African lions. Nature 428: 175-178.