Télécharger le projet pédagogique théâtrale de l`Art Semeur

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Ce projet s’adresse à tous ceux qui souhaitent donner un
enseignement plus riche et plus ludique à nos enfants. Le
théâtre est un outil d’apprentissage exceptionnel pour les
enfants pourtant encore très peu proposé. Cet art nécessite
peu de moyens : le musicien a besoin de son instrument, le
comédien a besoin de son corps. Il permet d’acquérir au
rythme de chacun une grande confiance en soi, un
épanouissement individuel, une maîtrise de ses émotions et
enfin le respect .
Ma passion pour le théâtre et mon plaisir d’être avec les
enfants m’ont dès 1996 amené à lier l’un à l’autre d’abord
en centre aéré puis en école primaire. Cette dernière
expérience m’a confirmé l’intérêt que les enfants portent au
théâtre et le plaisir que je trouve à exercer cette
activité. Faire du théâtre à l’école, c’est vraiment
transformer auprès de l’enfant l’image qu’il a de l’école,
et lui ouvrir les portes de son imagination. C’est aider
l’enfant à grandir car il ne faut jamais oublier la
difficulté de grandir ; c’est soutenir sa croissance tout en
l’encourageant vers son autonomie ; c’est l’accompagner
dans sa construction tant physique que psychologique.
Je souhaiterai par ce projet proposer l’art que j’exerce
depuis 26 ans aux enfants. Ce projet vise toutes les
structures accueillant un jeune public de 4 à 12 ans et
principalement les écoles, les centres aérés et les
hôpitaux. Il me semble en effet essentiel de soutenir
l’enfant dans la maladie et la pratique du théâtre a
probablement de grandes vertus thérapeutiques, puisque le
psychisme retient souvent un malade dans sa maladie.
Les séances pourront se dérouler idéalement le matin, en
petits groupes de 7 à 15 enfants. L’atelier pourra durer
selon l’âge des enfants de 30 minutes à 1 heure et avoir
lieu 1 à 2 fois par semaine. Quoiqu’il en soit, ceci sera
discuté avec le professionnel s’occupant des enfants.
Lors de la 1ère séance, je me présente et j’aborde la notion
de théâtre. « Qu’est-ce que le théâtre ? ». Certains enfants
du groupe ont parfois une réponse plus ou moins précise.
« Le théâtre, c’est comme un pestacle », rétorquent les plus
jeunes. Avec ces derniers, le cirque ou les marionnettes
leur permettent une première approche de l’art dramatique.
Avec les enfants plus grands, je définis le théâtre par le
biais du cinéma et des vedettes du moment. Enfin, j’explique
le déroulement de chaque atelier de théâtre, les règles à
respecter et les objectifs de cette activité, j’insiste
alors sur le but premier qui est le plaisir de jouer
ensemble.
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Le plan que j’ai choisi n’est pas du tout formel. On peut
utiliser des exercices de la 2ème partie dans le cadre
d’ateliers sans spectacle à l’issue ; on peut aussi, en
accord avec l’enseignant ou l’animateur faire l’atelier « à
la carte » en optant pour le travail de telle ou telle
notion.
SOMMAIRE
1ère PARTIE : DU JEU AU THEATRE : L’OPTION
ATELIERS SIMPLES
Relaxation et échauffement ………………………………………………
Espace scénique et présentation …………………………………
Respiration …………………………………………………………………
Diction et voix ………………………………………………………………
Confiance et respect………………………………………………………
Imitation ……………………………………………………………………
Immobilité et déplacement …………………………………………………
Emotion ………………………………………………………………………
Imagination et persuasion…………………………………………………
Improvisation…………………………………………………………………
Masques……………………………………………………………………
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2ème PARTIE : DU THEATRE A LA SCENE : L’OPTION
SPECTACLE A L’ISSUE
Création de textes……………………………………………………………
Textes supports………………………………………………………………
Choix et distribution………………………………………………………
Mise en scène…………………………………………………………………
Préparation……………………………………………………………………
Spectacle ……………………………………………………………………...
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DU JEU AU THEATRE : L’OPTION ATELIERS
SIMPLES
L’option ateliers simples est une approche du théâtre
relativement approfondie mais qui exclut l’objectif d’un
spectacle. Les ateliers se déclinent sous forme de jeux
énumérés et développés les uns après les autres. Selon les
souhaits des professionnels concernés, on pourra aborder
avec les enfants soit tous les jeux soit certains plus
précisément.
1)Relaxation et échauffement
 La relaxation sera un rituel à chaque début de
séance. Même si elle ne dure que 5 minutes, elle est
essentielle et nécessite des tapis de sol. Les enfants
s’allongent sur le dos, jambes allongées, bras le long du
corps, yeux fermés. Le but n’est pas de « dormir » comme
certains protestent parfois mais à chaque séance de leur
expliquer que c’est un instant de détente, de bien-être, de
repos, de vide intérieur ; c’est un moment de silence où
l’on essaie au maximum de relâcher ses muscles et d’évacuer
toutes les tensions intérieures afin d’aborder la séance de
théâtre le plus disponible possible. L’expérience m’a permis
de vérifier l’efficacité de cette méthode : les enfants
sont au théâtre et non ailleurs, ils sont beaucoup plus
attentifs.
Après ces 5 à 10 minutes , on abordera tous les exercices
sous forme de jeux.
Les jeux d’échauffement du corps se déroulent en tout
début de séance et doivent se pratiquer en douceur.
 Certains permettent de dégourdir les muscles,
ils prolongent la relaxation et rendent le corps plus
« malléable ».
Ex : * gesticuler souplement les doigts, puis les poignets,
puis les avant-bras, puis les bras.
* tourner la tête très doucement de façon à faire
comme un cercle complet (avant, droite, arrière, gauche )
dans un sens, puis dans l’autre.
 L’équilibre permet d’acquérir une plus grande
souplesse et de découvrir les aptitudes du corps à être
« déformé ».
Ex : sur un pied, se recroqueviller sur soi même puis
s’ouvrir lentement comme une fleur jusqu’à acquérir une
grande ampleur.
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 D’autres ont pour but de stimuler des parties
précises du corps et de n’utiliser que le muscle nécessaire
au geste demandé. Cela permet de ne pas gaspiller
inutilement son énergie et de cibler l’énergie dans le geste
précis que l’on effectue.
Ex : la marionnette coupée : deux par deux, un des enfants
(assis ) est la marionnette, l’autre (debout ) est le
marionnettiste, tire les ficelles imaginaires du nez, de la
tête, des bras, des doigts, puis les coupe et recommence.
2)Espace scénique et présentation
La présentation de chacun des membres du groupe est
indispensable dès la 1ère ou 2ème séance pour les enfants mais
aussi pour moi.
Ex : On s’assoit en ronde, le 1er enfant doit répéter 3 fois
« citron » de façon audible, articulée et rapide ; avant que
le 3ème « citron » ne soit émis, l’enfant suivant doit dire
son prénom, et ainsi de suite.
La plupart des jeux de présentation mettent en œuvre la
délimitation de l’espace scénique. Avant tout autre travail
de théâtre, ces jeux sont la base de l’apprentissage
théâtral. Ils aident à repérer les coulisses, la scène, le
public. La scène peut être délimitée par des chaises ou du
scotch de couleur au sol. Je signale alors et montre aux
enfants qu’en coulisse, je suis moi, le pied sur scène, je
suis un(e) autre. En imposant une entrée, un parcours et une
sortie à respecter lors de jeux, les enfants seront plus
précis par la suite lors d’indications de mise en scène.
Ex : l’enfant vient se présenter (nom, âge) sur scène avec
un déplacement précis à respecter.
J’utilise souvent un exercice qui permet aussi de montrer à
l’enfant que la scène est un lieu de don. On offre par
plaisir un cadeau aux spectateurs.
Ex : l’enfant entre sur scène, emprunte le chemin précis
indiqué et nous chante une chanson de son choix ou nous dit
une poésie, puis il suit le chemin précis de retour.
Ce type de jeu est parfois difficile pour certains.
3)Respiration
Il est important d’apprendre à respirer correctement afin
 de ne pas « se casser la voix »
 d’optimiser son souffle sans effort
 d’avoir une présence sur scène meilleure et plus efficace.
Je mets en œuvre la technique de la respiration ventrale ou
abdominale qui, comme son nom l’indique, fait participer
l’abdomen par contraction et décontraction. Cette
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respiration est pratiquée par bon nombre de chanteurs,
acteurs mais aussi dans des domaines très divers tels qu’en
sophrologie, yoga, danse, … Nous connaissons tous cette
méthode puisque c’est la respiration naturelle du nouveau-né
et c’est celle qui prend le relais à la
respiration pulmonaire lorsque nous nous endormons. Elle est
aussi très utile à la relaxation. J’utilise cette technique
à partir de 7 ans (CE1) pour deux raisons :
 les enfants de moins de 7 ans sont beaucoup plus dans le
présent et dans le jeu ; ils ne verront pas l’intérêt à
terme de ce travail ;
 ils n’auront jamais de très longs textes à apprendre, ils
n’auront pas besoin d’économiser leur souffle.
Enfin, lors de cet exercice, les enfants sont allongés au
sol par sécurité. En effet, on inspire plus profondément
donc on inhale plus d’ oxygène, ce qui peut provoquer chez
certains individus au bout de plusieurs respirations des
maux de tête. C’est pourquoi j’insiste auprès des enfants
pour que chacun fasse à son rythme et s’arrête s’il commence
à sentir un début d’étourdissement. Cependant, lors de mon
expérience, jamais ce problème n’est survenu. La respiration
abdominale a toujours été très efficace pour les enfants.
Tout avis contraire de l’enseignant ou du responsable doit
être communiqué et sera bien évidemment respecté. Une fois
la respiration maîtrisée, on peut faire quelques exercices
sur les expirations.
Ex :  dire une phrase de différentes façons et / ou en
boucle
 prononcer toutes les consonnes et voyelles de
l’alphabet
 émettre un son sur toute l’expiration
4)Diction et voix
On travaille ici tout autant la prononciation et
l’articulation que le rythme de la phrase et son volume.
 L’enseignement que j’ai eu m’a rendue très rigoureuse en
matière de diction. Il s’agit d’apprendre à parler
correctement et à gommer certains accents le temps de la
scène. On redécouvre les sons qui ont tendance à se perdre
au fil des siècles et qui nous échappent dans le parlé
courant.
Ex :  on dit « une baignoire » et non « une bainoire »
 on dit « je m’excuse » et non « je m’escuse »
On redécouvre le « o » ouvert [
], le « o » fermé [ o ],
le « e » ouvert [
], le « e » fermé [
], le « é »
simple [
], le « è » appuyé [
] et certains autres sons
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souvent mal prononcés ou mélangés comme le « on » [
« in » [
], le « an » [
] et le « un » [
].
], le
 L’articulation est très importante pour la bonne
compréhension du texte et donc de l’histoire par les
spectateurs. Il y a pour cela toutes sortes de jeux et aussi
des phrases à répéter en boucle. Il faut ici ouvrir
correctement les mâchoires et s’efforcer de détacher chaque
syllabe de façon à ce que la phrase soit compréhensible.
Ex :  « Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos
têtes ?»
 Le téléphone arabe non parlé est un jeu où l’on lit
sur les lèvres de son voisin la phrase qu’il articule
lentement et que l’on doit répéter de la même manière au
suivant.
 Pour ce qui est du rythme de la phrase ou du texte, il
s’agit de montrer aux enfants qu’au théâtre, une phrase peut
se dire autrement que grammaticalement. On peut la dire
lentement ou rapidement ou de façon linéaire. Prononcer une
phrase de façon neutre, c’est à dire dénuée de tout sens,
vidée de son essence, permet de redécouvrir les mots les uns
après les autres et retrouver leur sens originel.
C’est ainsi que l’on trouve son « médium ». Le médium est
la voix juste, là ou elle ne force pas, où elle est claire
et nette. Après avoir chuchoté plusieurs fois une phrase en
ayant pris soin de l’articuler afin qu’elle reste distincte,
la phrase dite à voix haute devient nette, la bouche et le
diaphragme ayant acquis une grande ampleur. On dit que l’on
a trouvé son médium. La respiration ventrale fait alors
résonner le son et on perçoit alors des vibrations dans tout
le corps.
Par ces variations de volume, on apprend à placer sa voix à
différents niveaux sans se faire mal. Un personnage peut
chuchoter sur scène, tous les spectateurs doivent avoir
clairement entendu.
5)Confiance et respect
 Les relations de confiance doivent être instaurées dans le
groupe. Cela permet, quand on est sur scène, de s’entraider
si l’un ou l’autre semble en péril.
Ex : le jeu de l’aveugle : j’installe dans l’espace quelques
obstacles ; les enfants sont deux par deux, l’un est
l’aveugle, l’autre le guide ; ce dernier doit rassurer
l’infirme, le faire marcher, lui faire franchir les
obstacles sans le mettre à aucun moment en danger.
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 Le respect au théâtre c’est écouter les autres, se taire
quand chacun passe sur scène. Il est aussi sur scène, on
respecte celui qui est en difficulté ou intimidé, on parle
une fois que l’autre a fini sa réplique, on ne se moque pas.
6)Imitation
Cela permet à l’enfant de développer de la rigueur et de
l’exigence envers soi-même. Trois sortes de jeux sont
possibles, à partir de ceux-ci on peut en créer de nouveaux
ou les dévier.
 Le mime
L’enfant choisit un animal, le mime de façon muette puis
peut imiter ensuite le bruit.
 le miroir
Un enfant est le miroir, l’autre est face au miroir. Chaque
geste de l’enfant, qui doit être effectuer avec lenteur, est
reproduit avec précision par l’enfant – miroir
 La pose
Un enfant prend une pose de son choix avec une expression
sur le visage et s’immobilise dans un coin retranché (ex :
derrière un paravent ) ; l’enfant suivant observe la pose et
l’expression et les reproduit de la façon la plus identique
possible et ainsi de suite. Au dernier enfant, on demande au
premier de reprendre sa position initiale et on constate le
résultat.
7)Immobilité et déplacement
Ces jeux permettent une maîtrise du corps et de l’équilibre.
Ils seront utiles ensuite pour des mises en scène. Pour le
déplacement, l’enfant apprend différents rythmes et crée
différentes démarches.
Ex :  la statue : les enfants marchent dans la salle et
s’immobilisent à mon signal.
 la course au ralenti : les enfants se disposent sur
la ligne de départ indiquée et doivent marcher, tout en
décomposant leur mouvement, le plus lentement possible.
Le dernier arrivé ayant bien respecté la consigne a gagné.
8) Emotion
Il s’agit là de travailler sur de nombreux sentiments mais
aussi de savoir les nommer. Les jeux d’émotions permettent à
l’enfant de faire vivre le personnage qu’il joue.
Les enfants sont souvent très riches d’émotions mais ils ne
savent pas comment elles s’appellent ni comment différencier
celles qui sont proches. Qu’est-ce que la déception ou
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l’orgueil ? Leur vocabulaire s’enrichit et leur sera très
utile tout au long de leur vie afin de savoir parler de leur
sentiment, ce qui évitera un repli sur soi. Au début, je
donne une explication très simple à l’émotion demandée en
leur donnant pour appui une situation de fait.
Ex : Les enfants marchent dans la salle et je leur dis
« vous êtes énervés car votre petit frère vous a cassé un
jouet. » ou « vous êtes angoissés car vous êtes seuls et
vous entendez des portes grincer et le plancher craquer. ».
Entre chaque émotion, les enfants reprennent une marche
neutre.
Au fur et à mesure de l’évolution du groupe dans ce genre
d’exercices, j’en arriverai à juste citer un état et euxmêmes devront trouver une situation X qui correspond au
sentiment ( ex : « affolé » ).
Les plus jeunes apprécient un jeu qui associent un signal
donné (taper des mains 1 fois, 2 fois, 3 fois, etc) à un son
ou une parole, à une attitude du corps, à une situation et à
un sentiment. Une fois que chacun a bien saisi quel signal
correspond à quelle attitude, je donne les signaux dans le
désordre.
9)Imagination et persuasion
 Ces jeux développent et conservent l’imaginaire des
enfants. On peut ainsi inventer une histoire tous ensemble.
Ex :  L’histoire commence par « Il était une fois » et
chaque enfant à tour de rôle invente un « bout » d’histoire.
 Les objets transformables est un jeu où je dispose
plusieurs objets ; un enfant en choisit un et selon sa
forme, sa couleur, sa texture, l’objet n’est plus ce qu’il
est mais devient quelque chose d’autre (ex : un rouleau de
scotch devient une roue de voiture d’enfant).
 Quant aux jeux de persuasion, ils développent l’assise, la
confiance en soi – même de l’enfant et nécessitent une
grande concentration.
Ex : le vendeur ou la pub : un enfant choisit un objet et
sur scène doit le vendre au public donc en vanter tous les
mérites et le rendre unique et indispensable.
10) Improvisation
 Il existe différents types d’improvisations. Pour
l’improvisation guidée, je donne une situation de départ.
Lorsque les situations de départ et de fin sont indiquées,
c’est une improvisation très guidée. L’improvisation libre
laisse libre choix aux enfants de leurs situations de départ
et de fin. L’improvisation thématique doit être réalisée à
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partir d’un thème donné. Enfin, l’improvisation muette est
souvent pratiquée avec les masques neutres.
 D’autre part, l’improvisation peut être soit individuelle,
soit collective.
Individuelle, elle permet à l’enfant de se retrouver seul
avec lui – même ; il ne peut pas compter sur les autres.
L’enfant invente alors un personnage qui a une démarche, un
caractère, une silhouette propres, qui peut se parler à soi
– même ou dans une langue inventée. Les accessoires
(chapeau, lunettes, châle, parapluie, …) peuvent aider
l’enfant dans sa recherche.
Collective, l’improvisation permet de faire travailler
plusieurs enfants ensemble, l’objectif étant de trouver sa
place dans le groupe et de nouer des relations avec chaque
personnage.
Ex : l’ascenseur bloqué : plusieurs personnes se retrouvent
bloquées dans un ascenseur, comment réagissent-elles ?
Chaque enfant aura préalablement réfléchi à son personnage
(âge, métier, …).
11 ) Masques
J’utilise ici des masques blancs dits « neutres » car l’on
est parfois mieux caché pour montrer ses émotions. Seuls le
regard et le corps s’expriment. Aborder le masque avec les
enfants, c’est découvrir la commedia dell’arte et tous ses
personnages célèbres : Arlequin, Pantalon, Colombine,
Pierrot, Polichinelle. Ce théâtre là est à la portée des
enfants car il est très simple. Il est alors préférable de
débuter par des jeux muets (il y a très peu de dialogues
dans la commedia italienne) puis plus tard d’y greffer la
voix. Le masque oblige l’enfant à redoubler son articulation
et son volume sonore. L’exercice que je donne pour exemple a
été effectué à plusieurs reprises avec des enfants de CM1 et
CM2 et a eu un franc succès. Cela peut faire l’objet d’un
spectacle.
Ex : Deux enfants sont sur scène, masques sur le visage ;
ces personnages ne se connaissent pas. On assiste à leur
rencontre muette. L’enfant qui sera le premier à s’exprimer
est choisi avant de commencer. Lorsqu’un personnage
s’exprime par son corps, ses déplacements, son regard,
l’autre est immobile, regarde et écoute celui qui s’exprime.
Quand celui – ci a terminé, il s’immobilise et fixe son
partenaire qui sort alors de son immobilité pour répondre à
la proposition de son camarade et ainsi de suite. Il
s’instaure ainsi un véritable dialogue « en différé » entre
ces deux personnages. Les enfants s’arrêtent à mon signal
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« merci ». Il en ressort des histoires très émouvantes et
parfois hilarantes.
Le clown est aussi un bon outil de travail car il est rare
qu’un enfant n’ait jamais vu un spectacle de cirques ou de
guignols. Le nez rouge et la perruque sont ainsi de bons
accessoires pour accéder aux émotions très marquées du
clown.
Je peux proposer aussi la création de masques, en binôme.
Avec des bandes de plâtres, nous pouvons, dès l'âge de
8/9ans, créer son propre masque, le faire sécher et le
décorer.
DU THEATRE A LA SCENE : L’OPTION
SPECTACLE A L’ISSUE
L’option spectacle à l’issue est une approche du théâtre
plus complète puisqu’elle inclut la présentation d’un
spectacle, qui est l’aboutissement d’un travail mené sur de
nombreuses séances. Les enfants débuteront par différents
jeux de théâtre et en feront application avec un texte. Le
spectacle est alors l’objectif à atteindre.
1)Création de textes
Il s’agit soit d’inventer une histoire qui sera la pièce de
théâtre proposé par les enfants, soit de créer plusieurs
saynètes autour d’un thème.
 Comment inventer une histoire ?
Rien de plus simple pour les enfants ! Ils aiment beaucoup
faire cela.
Pour les plus jeunes enfants, on peut se baser sur le jeu
d’imagination : on commence par « il était une fois… » et on
invente l’histoire en créant les personnages et en les
faisant parler. Pour les enfants plus grands, on détermine
le temps, le lieu, les personnages (leur métier) et le
message à faire passer puis on invente l’histoire.
Mon rôle est d’orienter parfois le récit afin qu’il soit
plausible, que le message à faire passer ne soit ni oublié
ni contredit, de traduire éventuellement les phrases dans un
français adapté à l’époque de l’histoire et de rédiger si
besoin est. Chaque enfant choisit et crée son personnage.
Ex : en 1999, une classe de CP et moi-même avions réalisé
deux spectacles de marionnettes : les enfants avaient
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inventé l’histoire, créé leur personnage et fabriqué leurs
marionnettes.
En 2013/14, avec le groupe d'adolescents de Carnoules, nous
travaillons sur la création d'un spectacle, par le biais de
plusieurs improvisations.
 En général, il est très pédagogique, et notamment pour les
plus grands, de traiter d’un thème d’actualité (ex : lutte
contre la pollution ou le tabagisme ) et de travailler ce
thème en amont en classe ou lors d’une autre activité. On
peut même rédiger des saynètes dans le cadre d’une
expression écrite. Ce type de travail est très porteur car
tout en faisant du théâtre, la curiosité de l’enfant
s’éveille et il apprend dans le plaisir. Cela peut toucher
toutes les matières telles que la géographie, l’histoire,
les mathématiques, le français et toutes les disciplines
artistiques comme la peinture ou la musique.
On crée ainsi plusieurs saynètes de 2, 3 ou 4 personnages. A
partir du thème, on s’interroge sur les situations pouvant
illustrer correctement le sujet. On encadre ensuite ces
situations d’une entrée en la matière et d’une sortie.
Ex : Une classe de CE2 avait inventé sur le thème de la
préservation de l’environnement différentes scènes et
notamment une nouvelle aventure d’Achille Talon.
2)Textes supports
Parmi les textes supports à la présentation d’un spectacle
de théâtre, je distingue les pièces « classiques » de
théâtre des textes de théâtre pour enfants qui se trouvent
en librairie depuis plusieurs années.
 Les textes « classiques » de théâtre
Les enfants découvrent ici un auteur de théâtre renommé et
une petite partie de l’Histoire du Théâtre. J’en profite un
peu pour le situer dans son époque, dans son style et dans
sa vie. Ce sont des pièces tout à fait abordables pour des
enfants dont les auteurs sont soient classiques : Molière,
Rostand, Goldoni, Corneille, Marivaux, La Fontaine (ses
fables); soient contemporains : Courteline, Romains, Pagnol,
Prévert. Dans ces derniers, les « Exercices de style » de
Raymond Queneau sont très intéressants à travailler. Ils
peuvent rester au stade de jeux ou bien faire l’objet d’un
spectacle : dire un texte très simple de 99 façons
différentes.
Pour certains textes, on peut travailler l’alexandrin car
dire un texte en alexandrins s’apprend. Il y a certaines
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règles à respecter, savoir y poser sa respiration et faire
sonner les vers. La règle suprême des 12 pieds est à
respecter scrupuleusement. L’alexandrin demande souvent une
traduction afin que l’enfant comprenne ce qu’il dit. C’est
toute une mélodie et cela éveille les enfants à la poésie et
à l’écoute. Ce travail a bien réussi auprès d’enfants de
10/11 ans.
 Les textes de théâtre pour enfants
Ces textes permettent de faire un spectacle avec plusieurs
petites saynètes adaptées à l’âge des enfants ou avec une
pièce qui englobe tous les enfants du groupe.
La plupart des livres supports sont publiés aux éditions
Retz. Tous les livres cités ci-dessous font partie de ma
bibliothèque théâtrale.
 Christian Lamblin : Pièces policières 7/11 ans tome 1 et
2, 20 pièces à jouer 7/13 ans, Petites comédies pour les
enfants 7/11 ans ;
 François Fontaine : Pièces historiques 9/11 ans, Des
sketches à lire et à jouer 5/8 ans, Saynètes pour apprentis
comédiens 5/8 ans ;
 Denise Chauvel : Des spectacles pour les enfants ;
 Guide des pièces de théâtre à faire jouer aux enfants 7/13
ans (Evelyne Leducq & Alain Cardinand) ;
 Apprenez à relaxer vos enfants 2/7 ans (Denise Chauvel &
Christiane Noret) ;
 Mille ans de contes Théâtre Tomes 1 et 2 représente près
de 400 pages par tome d’extraits de pièces pour les
enfants ;
 Théâtre et histoires en dialogues : 18 sketches pour 5/13
ans (Blanchette Marcorelles) ;
 Une sorcière belle comme le jour et 13 autres pièces pour
7/10 ans (Ann Rocard) ;
 2 classeurs aux éditions Scolavox écrits par Ann Rocard
« Le théâtre à l’affiche » pour Grande Section, CP, CE1 (16
pièces) et pour CE2, CM1, CM2 (9 pièces);
 Clowns, Pitreries et farceurs en scène : divers auteurs;
 Sketches et contes à mimer(Brigitte Saussard);
 Pièces pour monstres et sorcières;
 et de nombreuses autres recueils et pièces pour enfants;
 la bibliothèque de théâtre Armand Gatti, maintenant située
à La Seyne sur Mer, où je me ressource et reste informée de
l'actualité théâtrale pour la jeunesse.
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3) Choix et distribution
Dans un premier temps, les ateliers sont consacrés aux jeux
et à une approche sympathique du théâtre. Le choix du texte
ou de la création est déterminé individuellement, mais
toujours en symbiose avec les élèves ou en collaboration
avec l’enseignant (ou le responsable).
 Selon le niveau des enfants que j’aurai pu évaluer tout au
long de la première phase, je présélectionne différentes
saynètes ou pièces ; ce choix est ensuite soumis aux élèves
ou à l'enseignant qui statuera en dernier ressort,
approuvera ou désapprouvera, me demandera éventuellement une
nouvelle proposition. Il pourra aussi choisir de lui-même un
texte.
 Dans le cas d’une création, le thème sera choisi et les
textes écrit, soit en atelier de théâtre, soit lors d’une
autre activité.
Les textes sont ensuite photocopiés pour chaque enfant. Les
enfants sont alors très enthousiastes. Une séance est
consacrée à la lecture du texte et à l’explication
éventuelle de vocabulaire ou de sens. La distribution
(définitive) des rôles m’amène à faire bien remarquer que
les 1ers rôles nécessitent un peu plus de travail et surtout
une bonne mémoire et que les petits rôles ou les rôles muets
prennent une place non négligeable. De plus, chaque enfant
s’engage à aller jusqu’au bout de l’aventure, c’est à dire
jusqu’au spectacle sauf cas exceptionnel (ex :
déménagement). En principe, chaque enfant choisit son rôle ;
en cas de convoitise d’un même rôle, un tirage au sort a
lieu. Malgré ces petits soucis, chacun revient en général
ravi de son choix.
Selon les personnalités, certains se dirigeront vers des
personnages plus en retrait, d’autres vers des personnages à
caractère plus forts. Comme je commence à connaître les
enfants, j’oriente parfois les choix difficiles.
Enfin, pour les plus petits, je surligne leur rôle ; je
conseille vivement aux plus grands de le faire chez eux ;
cela les aide ainsi à apprendre leur rôle.
Quand arrive ce moment-là, l’enthousiasme se fane un peu ;
pourtant mieux vaut se débarrasser de son texte pour jouer
« les mains libres ». J’ai même tendance à débuter la mise
en scène une fois le texte su car il est quasiment
impossible d’indiquer à un enfant ce qu’il doit faire alors
qu’il ne sait pas quoi dire. Cette contrainte leur permet
d’apprendre rapidement leur texte car ils ont souvent hâte
de jouer. Il faut aussi savoir après qui l’on parle et à
qui : est-ce une réponse ou une réflexion personnelle ou un
aparté ?
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Pour les plus petits, les phrases sont en général courtes,
je leur dis alors et ils répètent après moi. Le choix du
texte est adapté à l'âge de l'enfant.
4)Mise en scène
Le travail de mise en scène m’appartient : j’indique aux
enfants les déplacements, positions, gestes, intonations.
Cependant, et autant que peut se faire, je leur réclame
beaucoup d’initiatives personnelles et très souvent les uns
et les autres ont des idées très justes et très originales
que l’on applique. Lorsqu’on travaille le texte, le rituel
de la relaxation a toujours lieu et si le temps nous le
permet, un jeu de théâtre n’est pas à exclure. L’approche du
spectacle implique de plus en plus de répétitions. Les
enfants doivent être très rigoureux par rapport aux
indications de mise en scène. Je conseille souvent de noter
ces indications ou en tout cas de bien les retenir afin
qu’on ne perde pas de temps à répéter les mêmes choses
constamment.
Une musique ou des bruitages sont parfois intéressants à
intégrer pour soutenir la mise en scène.
5) Préparation
A l’approche du spectacle, vient alors la réflexion
collective sur les costumes, accessoires et le décor. Je
peux également proposer une bande son, si besoin. Les
enfants se sentent d’autant plus impliqués quand ils doivent
réaliser un masque, apporter un accessoire, ou encore
peindre un décor. J’ai de nombreux costumes, accessoires,
tissus qui sont à la disposition des enfants. J’insiste
aussi beaucoup auprès des enfants pour ne pas qu’ils
achètent un costume ou un accessoire « spécialement » pour
le théâtre. En discutant ensemble, souvent un élève a et
propose de prêter à son camarade. Cela renforce la confiance
et la solidarité que je cherche à développer par les jeux
tout le long de l’année. Parfois il manque un objet
indispensable. Si ledit objet est cher ou encombrant, on
trouve une solution.
Ex : 2/3 chaises, des coussins et un grand tissu, suffisent
à créer un canapé.
On peut aussi utiliser la symbolique pour suggérer au
spectateur un décor.
Pour certains spectacles, on peut prévoir d’un commun accord
avec le responsable des enfants un budget, lequel permettra
une utilisation immédiate et future en vue d’autres années
ou d’autres spectacles.
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6) Spectacle
Une fois la date de représentation fixée, les enfants
invitent leur parent et leur famille.
Je propose souvent à l’enseignant d’inclure au spectacle
chansons , poèmes ou danses travaillés au cours de l’année.
Cela aboutit à un spectacle plus complet, plus varié et très
valorisant pour l’enfant. Le déroulement du spectacle est
ensuite fixé selon les rôles des uns et des autres (certains
enfants ont parfois deux rôles) en essayant d’alterner
chants, danses, poèmes et saynètes. On peut aussi inclure un
ou plusieurs présentateurs.
L’italienne, terme théâtral, est la répétition rapide et non
jouée (pas d’intonations) du texte. C’est une remise en
mémoire des répliques et de leur déroulement. Avant le
spectacle, il est vivement conseillé tout en se préparant en
coulisses ( habillage, maquillage ) de faire une ou
plusieurs italiennes.
Deux ou trois répétitions réunissant les groupes dans les
conditions de représentation sont nécessaires. Les enfants
doivent respecter le silence dans les coulisses. Avant de
jouer devant les parents, on peut faire une représentation
pour d’autres enfants.
Quand l’heure du spectacle va sonner, mon rôle est de gérer
le trac et l’excitation, d’encourager les enfants, de faire
quelques minutes de relaxation / décontraction, de se
transmettre le « fluide », c’est à dire l’énergie pour être
les meilleurs possibles. C’est un cadeau que l’on offre au
public et l’aboutissement d’un travail commun. C’est un
moment très riche en émotions.
L’option « spectacle à l’issue » apporte donc à l’enfant une
expérience inoubliable et donne aux parents un excellent
souvenir.
Je souhaite que ce projet ait le mérite d’aboutir, car c’est
pour moi un métier à part entière et j’espère qu’il sera
reconnu comme tel auprès de mes lecteurs.
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