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LES PAPILLONS BLEUS
L'histoire :
Dans un futur proche, au cœur d'une grande ville côtière se trouve "Les papillons bleus": une unité
de soins pour malades difficiles (un hôpital psychiatrique). Les attentats et la brusque montée des
eaux obligent l'état à faire évacuer la population vers l'intérieur des terres. Dans le chaos général, 8
pensionnaires ainsi qu'un stagiaire et le fils de la directrice ont échappé à l'évacuation. Sous
l'influence de Lola qui prétend voir l'avenir, ils se réfugient sur le toit de leur établissement. Lola est
persuadée que son frère Simon disparu dans un attentat va venir les sauver. L'entreprise de survie
désespérée oscille entre délires et confessions coup de poing sur les origines de leurs internements.
A la fin et contre toute attente, alors qu'ils auront décidé de construire un radeau en abandonnant
Lola seule à ses visions, des hélicoptères viendront les secourir.
10 Personnages :
Lola :
Personnage dramatique. Elle vient d'une cité, a fait partie d'une bande de terroristes. A posé une
bombe dans le métro. Pas de victime sauf son frère Simon, officiellement. Elle est persuadée qu'il
est encore vivant. Ce qui fait qu'elle est considérée comme mythomane. Le public ne doit pas se
douter qu'elle est saine d'esprit et que son frère est vraiment vivant. Ce qui n'est pas difficile
puisqu'elle lui parle alors qu'il n'est pas là. En réalité, elle a un contact par la pensée avec son frère.
Ce contact est ténu et incontrôlé. C'est plus de l'ordre de l'instinct.
Meuf :
Caillera méchante au grand cœur. Quelques neurones défaillantes, tout de même.
Stella :
Se prend pour une star de la chanson et pour une princesse. Elle parle aux fées.
Tippi :
Personnage existant en vrai, Tippi Degré a vécu son enfance dans la jungle entourée des animaux.
Ses parents ont fait des films sur elle. En vrai, elle va bien. Dans cette histoire, elle a très mal vécu
son adaptation à la vie moderne. Se ballade avec un poisson dans un bocal ou un sac plastique.
Téo :
Idiot lunaire. Attendrissant, drôle, facétieux.
Jules :
Atteint d'une forme d'autisme. Il est le cliché du type qui récite l'encyclopédie, des formules
chimiques...
César :
Se prend pour un homme illustre. S'attribue toutes les phrases historiques.
Elsie :
double personnalité : psychopathe et petite fille modèle. Elle passe de l'une à l'autre en enlevant sa
capuche sous laquelle elle a de jolies couettes.
Stéven :
Infirmier stagiaire pas très compétent. A des problèmes de coeur, un peu perdu mais avec une
certaine tendresse pour les pensionnaires.
Lautrec :
Le fils de la directrice du centre. Il n'est pas pensionnaire. Poète dandy, heureux au milieu des
« fous ».
Prologue (facultatif):
Lautrec :
La lumière s'allume sur lui, dans une pause étudiée, très classe, un sourire enjôleur. Il s'adresse au
public.
Mes amis, mes amis, mes amis... Vous devez être tout ouïe pour entendre cette histoire. Avoir les
yeux grands ouverts pour regarder cette aventure. Avoir le cœur crédule pour croire à ce récit. Oh
bien-sûr, vous pourrez douter. De ce qui vrai, de ce qui ne l'est pas. Mais je vous encourage. A
laisser vos méfiances, à nous faire confiance … Ce fût le temps des premiers amours, des premiers
émois, l'affirmation de notre moi, perdus entre le doute et la foi, remplis de croyances politiques,
mystiques, magiques, parfois puérils, souvent ridicules mais tellement plein d'espoirs, d'envies et
cette sensation que rien n'est impossible et que tout va changer. Ce fût le temps où du haut de notre
tour, sur le toit de notre monde, ce monde que nous regardions d'en haut, nous étions prêts à tout,
plus jamais seuls, partie d'un tout qui était notre royaume, où nous étions reines et rois, princesses
de la ville, princes de la cité et pourtant...
Entrée des personnages sur une musique de Fauve « de ceux » qui illustre bien le thème de la
différence. Ils déambulent dans la pénombre puis se retirent. Seule Lola reste en bord de scène.
Scène 1 :
Lola est seule en bord de scène, sur le toit de l'unité de soins. Elle parcourt la salle des yeux, la
ville qui s'étend devant elle, l'air perdu.
Voix off :
Aux dernières nouvelles, dans plusieurs régions du monde, la mer est montée si haut que des îles et
des pays ont disparu, rayés de la surface du globe. Non pas comme dans ces films catastrophe où
l'ont voit des vagues immenses recouvrir Manhattan et se retirer ensuite, mais plutôt comme une
marée montante accélérée et ininterrompue. La mer monte à la vitesse d'un cheval au galop,
recouvrant sur son passage les toits des plus basses maisons, avançant inexorablement jusque loin
dans les terres. Pour ne plus se retirer. Ce ne sont pas là d'impressionnants tsunami. C'est une lente
et définitive inondation. Cette histoire se passe au 11è étage d'un hôpital d'une grande ville côtière
encore épargnée par les flots. Dans une unité de soins pour malades difficiles.
Lola :
Bruuuuit ! (elle se penche au bord de la scène et on entend un bruit fort de ville. Elle ferme les yeux
et inspire profondément comme si elle respirait les odeurs de la ville) Silence ! (elle s'écarte : plus
de bruit.)
Elle joue comme une enfant avec ça un petit moment puis se met à déambuler. Elle parle à son frère
qui n'est pas là.
Lola :
Simon ? Est-ce que tu es là ? Je sais que tu me retrouveras ici. Même si ils disent que ce toit est
interdit aux pensionnaires. Même si ils disent que les pensionnaires des papillons bleus sont
interdits d'aller sur le toit. Que c'est dangereux pour des jeunes comme nous d'aller sur le toit. Ils
bloqueront les escaliers qui montent jusqu'au toit. Ils m'empêcheront d'aller jusqu'au toit. Ils
m'empêcheront d'aller jusqu'à toi. (Téo est entré derrière elle. Il se dandine, n'osant pas
l'interrompre). Mais je viendrai quand-même. Et tu me retrouveras.
Téo :
Heu... Lola ?
Lola :
Elle soupire, mi-agacée mi-attendrie.
Téo... T'étais pas sensé me suivre jusqu'ici.
Téo :
Tu fais quoi, en fait, là, parce que c'est le toit ici, c'est tout en haut et c'est dehors alors tu sais, c'est
pas bien ici, de venir en fait, tu sais c'est pas... c'est vachement haut et pis c'est dehors, encore,
alors... Heu... Tu... C'est juste ça, en fait que on peut pas, tu sais. Faut pas... Ici, c'est pas. J'veux
dire, moi j'étais pas venu jamais ici c'est juste pour te chercher parce que t'étais pas avec tout le
monde en bas... Lola, tu dis un truc parce que là, en fait je parle mais toi tu dis rien du tout presque.
Et les infirmiers y vont dire (il prend une grosse voix) « c'est une grosse bêtise ! » en fait y disent ça
tout le temps mais là peut-être y z'auront vachement raison... C'est sûr que là c'est une grosse bêtise
on va se faire crier la gueule et moi aussi avec....
Lola :
Chhhh... On ne dira rien.
Téo :
Mais y vont demander...
Lola :
On ne dira rien. Téo, on ne dira rien. C'est un secret. Ici. Cet endroit. C'est un secret. Tu ne diras
rien ?
Téo :
Mais si y demandent...
Lola :
Je parlerai pour toi.
Téo :
Mais si y me regardent dans mes yeux ! Y verront bien que ça clignote à fond « je te mens, je te
mens, je me fous de ta gueule, Téo raconte que des grosses craques » !
Lola :
Téo, Téo, Téo ! T'auras qu'à fermer les yeux. Ils verront que dalle.
Elle commence à partir. Téo ferme les yeux très fort.
Téo :
Oui mais alors j'vois plus rien.
Lola :
Recule jusqu'à moi !
Téo :
Je recule en arrière ?
Lola :
Allez, Téo !
Téo :
Marche arrière !
Lola :
Allez ! Tu diras rien, hein !
Elle le prend par l'épaule et le guide vers la sortie.
Téo :
Y verront que dalle, je ferme les yeux !
Noir
Scène 2 :
Entrée de Téo avec l'infirmier stagiaire Stéven.
Téo :
T'as vu ? T'as vu ? C'est trop... C'est trop... C'est trop un super toit, hein ? C'est moi qui l'a trouvé !
C'est moi qui l'a trouvé le preums ! Après Lola, mais bon...
Stéven :
Mais bordel, Téo ! C'est interdit d'aller sur le toit ! Le toit est for-melle-ment interdit aux
pensionnaires des papillons bleus !
Téo :
Mais toi t'es cool...
Stéven :
Mais.... Oui je suis cool mais franchement, je peux pas te laisser grimper ici, merde ! Je suis là pour
vous encadrer, c'est mon boulot ! C'est mon dernier mois de stage ! Si jamais ils apprennent que je
t'ai vu et que j'ai rien dit mais... mais je saute, moi !(façon de parler pour dire qu'il se fait virer,
bien-sûr)
Téo :
Non non ! Fais gaffe ! C'est beaucoup trop haut ! Saute pas.
Stéven :
Bon, vous êtes combien à connaître cet endroit ?
Téo :
Il regarde autour de lui pour compter.
Ben... un.
Stéven :
Téo... Tu m'as parlé de Lola.
Téo :
Et une avec Lola ! Mais c'est tout.
Entrée de Jules avec une chaise.
Jules :
Découvrant le toit pour la première fois.
Ouah... Super, c'est super !
Stéven:
Téo...
Mais l'entrée de Stella et Meuf lui coupe la parole. Elles portent une table ou une caisse
suffisamment grande pour grimper à 3 dessus.
Meuf :
Allez, pousse ! Mais pousse ! J'vois rien !
Stella :
Mais moi je tire, heu ! C'est toi qui pousse !
Stéven se prend la tête dans les mains. Téo fait signe qu'il n'y est pour rien.
Jules :
En bord de scène, il inspecte les lieux.
Espace rectangulaire délimité en périmètre par des rebords qui... pas de rebords, merde, pas de
rebords... !
Dès qu'il aura le temps, il va installer méticuleusement 4 chaises. Une à chaque coin de la scène.
Meuf :
Ben pousse-toi alors !(découvrant le toit) Ah la vache ! Ah la vache de sa mère, ça défonce la mère
de la vache ! Ouah ! Foncedé...
César entre et répète la même phrases toutes les trente secondes en faisant les 100 pas les mains
croisées dans le dos.
César :
Soldats, du haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent !
Jules :
T'as vu un peu ? T'as vu ça ? Non mais t'as vu ça ? Mais-où-et-donc-hors-ni-car-mais-où-et-donchors-ni-car …
etc... Stéven, dépité, a baissé les bras.
Meuf :
Non mais je vois, quoi !
Stella : (à Jules)
Respire, respire, moi non plus je sais pas où il est Ornicar mais c'est pas grave, on lui enverra un
p'tit texto !
Meuf :
Non mais je vois que ça quoi ! C'est toute ma vie qui s'explose d'un coup ! C'est oufffff ! C'est
Ffffffff..... Comme l'espace de la galaxie, mec ! L'infini puissance l'infini.
Stella :
Au moins plus que ça : taille 1 million au carré si ça s'trouve !
Stéven s'assied sur une des chaises et tente d'appeler en vain un interlocuteur inconnu. En fait sa
petite amie mais on le saura plus tard.
Jules : (faisant de grandes enjambées)
1 million au carré-2 millions au carré-3, etc...
Stella :
C'est tendance i-mmense ! Moi, c'est là que je tourne le clip de mon nouveau single. (elle chante)
Toaaa et moaaa, sur le toaaaa, on est deux et pas troaaaa ! Ici, le dj ! Là, la piscine, (elle chante)
Tout en haut de la touououour, mon amouououour, pour toujouououours, nanananaouououour ! Ici
le guitariste : solo ! (elle fait un solo de guitare électrique, Téo fait de la air batterie) ! C'est mon
manager qui a tout arrangé ! Ils vont filmer en deltaplane ! Crazy dingue, non ?
Meuf :
Mais carrément truc de guedin, meuf !Y'a trooop d'la place ! On va s'évanouir de la mort, ici !
Ambiance de teuf top splatchy kif ! Truc de malades !
Stéven : (raccrochant son tél)
Bon, à propos de malades...
Téo :
C'est pas grave !
Jules :
25 millions au carré-26 millions au carré...
Stella :
Mais j'y pense ! Nous sommes en haut de la plus haute tour ! C'est féerique ! (courant au bord du
vide) Prince ! Prince ! Venez me sauver ! Venez me sauver ! Y m'entend pas ! Le con ! Hé prince !
Prin-ceuh !
Jules :
Son prénom. Tu dois l'appeler par son prénom. Les princes ont des prénoms : par ordre
alphabétique, Albert, Edgard, Edmond, Henry, Simon, William...
Stella : (elle prononce à l'anglaise)
Simon ? So cute ! (elle appelle) Siimon !!!
Stéven :
Stella ! Arrête, tu vas tomber, là !
Stella :
« Princesse ». « Princesse Stella », le p'tit nouveau. Toi t'es jaloux de Simon ! Mon Sim... Et puis je
peux PAS tomber. J'ai de la poudre de fée mon chou.
Elle souffle dans sa main en direction du visage de Stéven.
Meuf :
Stiiiiiive ! T'es là mon pote ! Check la meuf, Steve ! Check à donf ma gueule, allez viens !
Stéven :
Bon, ça suffit, tous ! Vous pouvez pas rester là. Sinon vous êtres bons pour la cellule d'isolement. Et
moi je vais me faire virer. Alors on va tous redescendre gentiment. On en a pour une minute.
D'accord ?
Silence. Les pensonniaires se regardent tous et explosent de rire.
Meuf :
Oh, le seum !!!
Jules :
Une minute ! 60 secondes ! 600 10èmes de secondes ! 6000 100èmes de secondes ! Tic-tac-tic-tactic-tac !
Stella souffle de la poussière de fée à la figure de Stéven, Téo lui serre la main l'air de le féliciter
d'avoir dit une grosse connerie. Stéven s'assied sur la table, la tête entre les mains.
César :
Soldats, du haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent !
Jules :
Napoléon Bonaparte (15 août 1769 - 5 mai 1821) dans une célèbre phrase adressée à ses officiers de
l'armée française au début de la bataille des Pyramides, le 21 juillet 1798, au pied des pyramides de
Gizeh !
César :
Elle est de moi, cette phrase, Morbleu ! Comme toujours quand je prononce une parole
remarquable, môssieur Jules s'entête à l'attribuer à quelque illustre inconnu.
Jules :
Napoléon et loin d'être un inconnu mais je ne veux surtout pas te froisser, César, surtout ne le prend
pas mal, c'est juste que je ne peux pas m'empêcher. Mes parents seraient contrariés si je ne faisais
pas assez étalage de mes connaissances culturelles, pardon, carbonate d'hydrogène h2co3,
hydroxyde de sodium naoh...
etc...
Stéven :
Bon, tant pis pour vous, viré pour viré, moi je me casse.
Meuf :
Steeve...
Elle l'appelle définitivement "Stive"
Stéven :
J'm'appelle pas Steeve. (Entrée de Tippi comme un animal apeuré.) On non, pas Tippi. Elle a pas le
doit d'être en extérieur ! Elle va rechuter avec vos conneries !
Tippi :
On est dehors ? On peut sortir ? Y'a des animaux ?
Téo :
Heuu...genre animaux comme ceux avec qui t'étais quand t'étais petite dans la savane des tropiques
loin en Australopitèquie ?
Jules :
En Namibie. Tippi est née le 4 juin 1997 en Namibie alors que ses parents, Alain Degré et Sylvie
Robert, travaillaient en tant que photographes.
Meuf et Stella : (blasées)
On sait...
Jules :
Durant son séjour là-bas, elle se lie d’amitié avec les animaux dont un éléphant Abu de 28 ans...
Meuf et Stella :
On sait...
Jules :
Un léopard surnommé J&B, des crocodiles, lionceaux, girafes, et caméléons.
Meuf et Stella :
On sait ...
Jules :
Tippi a participé à un documentaire sur les animaux étant enfant, puis entre 12 et 13 ans, à des films
écologiques.
Meuf et Stella :
On ss...
Stéven :
Chut ! C'est important pour Tippi. Il faut qu'elle l'entende.
Jules :
Ayant pour but la sensibilisation des enfants au sort de la Terre et de ses animaux. Ces films sont
actuellement rediffusés sur la chaîne pour enfant Gulli.
Meuf et Stella : (excédées)
On sait !!!
Tippi :
On peut s'échapper, alors ? On peut s'enfuir ?
Téo :
Non non, trop haut ! A moins de savoir voler...
Tippi : (battant des ailes en s'approchant du bord)
Mais on est les papillons bleus ! On est les papillons bleus !
Stéven :
Tippi, non !
Ils la retiennent.
Tippi :
On doit pouvoir s'envoler ! Faut qu'on trouve des fleurs ! Des fleurs !
Stéven :
Tippi, c'est bon...
Téo :
On n'est pas des vrais papillons... Ça se voit, non ?
Stella : (chante)
Papillons de lumière, sous les projecteurs !
Stéven :
La ferme Stella !
Stella : (elle soupire et boude)
Princesseuh !
Meuf : (à Stella)
Vas-y, ferme-la, meuf ! (en parlant de Tippi) Tu vois pas qu'elle pète un câble ? Vas-y, respect pour
la communauté des meufs.
Stella :
D'accord, Meuf. Les fées sont d'accord avec toi.
Stéven :
Bon, cette fois-ci : je-me-casse !
Il se dirige vers la sortie et s'arrête net, les bras levés. Il recule tandis qu'entre Elsie, un couteau à
la main. Elle est sérieuse, version capuche.Tous se figent.
Jules :
Regan Theresa Mac Neil dans « L'exorciste », interprétée par Linda Blair, réalisé en 1973 par
William Friedkin.
Stella :
Pas vu.
Tippi :
J'avais pas la télé...
Stéven :
Elsie, pose ce couteau, s'il-te plaît.
Elsie continue d'avancer vers Stéven en silence. Entrée de Lola.
Lola :
Fais ce qu'il te dit Elsie. Stéven est avec nous. N'est-ce pas, Stéven ?
Stéven :
Mais... carrément !
Téo : (tout content d'avoir un nouvel ami)
Yes !
Stella :
C'est magique !
Meuf :
Range ton couteau, Meuf.
Tippi :
On pourra toujours l'utiliser pour chasser...
César :
L'arme n'est meurtrière que si la main qui la tient... Est celle d'un assassin...
Jules :
Citation historique de...
Lola :
Pas maintenant, Jules !
Elsie : (A Stéven)
Entre nous, mec. Ce couteau ne me quitte pas. Ni le jour ni la nuit. J'aiguise sa lame dès que l'envie
me prend de le planter dans un corps tout chaud . Et l'envie me prend souvent. Alors, j'aiguise et
l'envie se calme. Il vaut mieux pour toi que l'envie se calme. (Elle repousse sa capuche en arrière
laissant voir de joilies couettes. Voix de petite fille joyeuse) Maman aime beaucoup cet endroit !
Elle dit que je vais bien m'amuser ici avec tous mes amis. On fera des fêtes, des rondes et des
parties de cache-cache !
Téo : (se penchant au bord)
Moi je me cache ici, personne me trouve jamais. J'ai gagné mais je suis mort.
Elsie :
Maman dit qu'il faut prévoir le goûter pour tout le monde et que le monsieur va aller le chercher à la
cuisine. (méchante, à Stéven), Tu vas à la cuisine. Tu prends de quoi bouffer. Tu dis rien. Tu
remontes. On bouffe ce putain de goûter.
Meuf :
Vrai comment j'ai la dalle, meuf ! Ziva, steeve, j'descends avec toi !
Stéven :
C'est bon j'y vais tout seul. Il vaut mieux.
Lola :
Stéven. On doit tous rester ici. (silence) Quelqu'un va venir nous chercher.
Stéven :
Allons bon. Et qui donc ?
Lola :
Simon.
Stéven :
Ton frère ?
Stella :
Le prince Simon! Qu'est-ce que je disais ! J'avais raison ! Vous avez entendu, les fées ?
Meuf :
Ouais mais attends. Ton refré, là, le Simon, c'est celui qu'est clamsé quand y a la bombe qui vous a
pété à la face, là dans l'RER ! Il est genre mort ton frangin, non ?
Téo :
En fait, c'est que on l'a pas retrouvé en vrai et donc si il est pas retrouvé en vrai c'est qu'il est perdu
donc si il est perdu c'est qu'il est quelque part, c'est Lola qui dit. Moi...
Lola :
Il n'est pas mort.
César :
Ce qui ne te tues pas te rends plus fort.
Jules :
Alexandre le grand, Roi de Macédoine.
César :
Non, c'est de moi !
Jules :
Né en -356. Fils de Philippe II de Macédoine et d'Olympias d'Epire, Alexandre est une des plus
grandes figures de l'Antiquité.
César :
Je suis une des plus grandes figures de tous les temps.
Lola :
Simon s'est engagé dans l'armée.
César :
Soldats, du haut...
Meuf :
La ferme, vous deux !
Jules :
Napoléon Bonap...
Stella :
On a dit la ferme! Ils se taisent. Oh, ça marche ! Merci les fées !
Stéven :
Lola. Ton frère... J'te jure... Il est plus là. Tu le sais.
Lola :
Je sais. Mais il va revenir. C'est pour ça qu'il faut qu'on l'attende tous. Ici.
Stéven :
OK, Lola... Si je le fais, si je vous laisse rester ici...
Lola :
Toi aussi tu restes.
Stéven :
Mais j'vais perdre mon job, j'vais tout perdre !
Lola :
Tout va bientôt disparaître. Tout ce qui est en bas. Quelque chose approche.
Stéven :
Mouais... Bon. Je vais voir ce que je peux faire. Personne d'autre n'est dans votre combine de tarés...
heu.. personne ?
Téo :
Personne. (en fermant les yeux) J'te jure !
Entrée de Lautrec
Lautrec :
Enfin, il était temps que moi aussi je prenne de la hauteur. (révérences) Mesdames. Messieurs. Voici
donc notre refuge ! Où devrai-je dire, notre échappée ? Notre exutoire ? Est-ce en ce lieu vierge et
ouvert que se trouve notre liberté ? Notre libération ? C'est donc ici que Lola, dans ses mystiques
visions, nous voit monter nos sacs et poser nos jalons ? Le petit stagiaire fait partie de l'équipe ? Il
est chou.
Stéven :
Lautrec ? Mais... T'es avec eux ?
Lautrec :
Comme toujours. J'ai choisi les fous parce que les gens normaux sont ennuyeux. A part toi, bien-sûr.
Toi aussi tu les aimes. Mais c'est un amour qui reste raisonnable. Et ennuyeux. Moi, je les aime... à
la folie.
Stella :
Lautrec, c'est le plus ouf des blue Butterflies !
Jules : (à Téo)
Les papillons bleus, en anglais.
Stella :
C'est le nom de mon nouvel album. La prod a adoré. Les designers bossent sur le logo à partir du
tatoo que j'ai en bas du dos.
Meuf :
Moi j'ai un iguane sur l'épaule, ça claque, non ?
Tippi :
Y fait beaucoup trop froid pour lui, ici !
Meuf :
T'inquiètes, Tippi.
Stéven :
Lautrec, si t'as mère apprend que tu participes à cette... cette infraction des lois de son établissement
, elle ne voudra plus jamais que tu y mettes les pieds.
Stella : (qui continue son délire)
Les fans font un sitting en bas de la tour depuis 3 jours en attendant que je sorte parler à la presse.
Mais je laisse monter le suspense en restant ici, genre incognito.
Elsie : (méchante)
Tu veux dire que t'es ici pour te cacher de tes fans ? T'es une traître, c'est ça ?
Stéven :
Non non, pas du tout, Elsie. Stella croit qu'elle est une star mais c'est pas vrai. Hein, Stella ?
Stella :
Le plus dur c'est de cacher ma vraie nature... de princesse, tu vois. Et puis... les fées !
Lautrec :
J'adore ! J'ai décidé de m'installer ici à plein temps, Stéven. Ma mère à autre chose à faire que de
s'occuper des frasques de son fils prodige. Avec les menaces terroristes et les caprices du climat, les
gens normaux sont occupés à sauver leur peau.
Stéven :
Je sais, ils parlent de déplacer tout le monde vers l'intérieur du pays. Tout part en...
Lautrec : (qui le coupe)
..quenouille. N'est-ce pas, princesse ?
Meuf :
On dit : « tout part en couille" Quenouille, ça veut rien dire. Ou alors c'est une marque de pâtes.
Scène 3:
On entend un vol d'oiseaux. Ils lèvent tous la tête.
Tippi :
Des oies sauvages ! Des oies sauvages ! C'est pas par-là ! Elles se trompent de sens ! Elles doivent
migrer vers le nord ! Vers le nord ! Allez vers le nord !
Lola :
Elles ne se trompent pas, Tippi ! Elles fuient.
Stéven :
Ouais, ben on devrait peut-être faire comme elles.
Lola :
C'est trop tard, Stéven. Il vaut mieux être ici quand ça arrivera.
Stéven :
Quoi ?
Elsie :
Maman dit que tout le monde sera sauver, qu'on ira sur une nouvelle planète pour faire une grande
ronde ! Méchante. On va tous crever.
Sur fond de vol d'oiseaux, panique de Téo, Meuf, Stella, César, Jules et Tippi.
Téo :
Quoi ? Qu'est-ce qu'elle a dit, là ?
Stéven :
Rien, elle a rien dit.
Téo :
Crever ? (il imite le bruit d'un pneu qui éclate et se dégonfle) Kroufff... Pchht ? Ah ben non, ça, moi
j'ai pas envie !
Il court dans tous les sens.
Jules :
La fin du monde! Apocalypse, apokàlupsis!
Elsie : On va tous crever!
Puis elle répète en boucle « maman,maman.. » en tournant sur elle-même.
Stéven :
Mais puisque je vous dit que tout va bien!!
Téo :
Genre on est morts Kroufff... Pchht ? mais alors là, ben j'veux pas !
Tippi :
Pas mon poisson, pas mon poisson !
Jules :
La fin du monde. Apocalypse, apokàlupsis! Tremblement de terre !!!
César :
Et il y eut un grand tremblement de terre, le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière
devint comme du sang et les étoiles du ciel tombèrent sur la terre ! (Cit de L'Apocalypse)
Meuf :
C'est des mythos !
Stella :
Les fées ne sont pas d'accord !
Jules :
Éruption volcanique! Raz de marée! Migrations massives des populations!
César :
Et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leurs places. Les rois de la terre, tous les
esclaves et les hommes libres, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des montagnes !
Téo :
Mais fermez vos bouches !
Stéven :
C'est bon, c'est bon !
Tippi :
Les oies migrent vers le sud, les oies migrent vers le sud !
Elsie :
On va tous crever!
Téo :
Kroufff... Pchht ! Kroufff... Pchht !
Meuf :
Mais c'est trop des mythos, là !
Stella :
Vous faites peur aux fées ! Vous faites peur aux fées !
Stéven :
Mais arrêtez, bordel !
Lautrec :
Ça suffit, mes amis. Ça suffit !
Ils répétent leurs denières répliquent en boucle. (Pour exprimer le côté panique compulsive, nous
avions défini pour chacun un parcours et des gestes répétitifs à la manières des automates)
Lola:
Elle s'approche du bord de scène en murmurant puis de plus en plus fort à mesure que le bruit de la
ville enfle:
Bruit... bruit... bruit... Bruit! Bruit! BRUIT!
Elle se penche en bord de scène, le bruit de la ville recouvre les cris des pensionnaires. Soudain elle
se recule. C'est le silence.
Silence. (un temps) Ça va aller. Je vous le promets.
Téo :
T'as promis à Téo et à Stella et pis à Meuf et Tippi et pis aussi à Jules et César et à toi aussi Elsie
que nous on peut pas être zigouillés ! T'as dit ! T'as promis ! T'as dit ! T'as promis !
Lola :
Je sais ce que j'ai dit, Téo ! C'est pour ça que nous sommes là, tous. Cet endroit, ce toit, c'est ce qui
nous sauvera !
Meuf :
Ouais. Respect.
Stéven :
Ben là, vous êtes pas prêts de guérir... Je vous rappelle qu'on devrait être en salle de gym à l'heure
qu'il est. Alors pour l'instant personne ne s'inquiète de votre absence mais bientôt on va nous
chercher partout. Il va falloir un peu « redescendre » !
Lautrec :
Tu trouves ça « anormal » de paniquer devant la catastrophe imminente ?
Stéven :
Ben...
Lautrec :
Tu penses peut-être qu'il n'y a qu'eux, les fous, pour réagir comme cela devant ce qui se passe? En
bas, la population se prépare à évacuer la ville d'un jour à l'autre. Les attentats se multiplient. Les
digues des ports ne repoussent plus les vagues toujours plus fortes. La confusion est telle que les
journaux parlent d'une panique générale, d'un vent de folie. Tout le monde cherche un refuge. Lola a
dit que le notre était ici. Notre monde va peut-être disparaître mais nous, nous ne voulons pas fuir.
Nous voulons rester ici, sur ce toit. Le toit de notre monde. Ou du moins de ce qu'il en restera.
Stéven :
Sur un toit ! Vous pensez être sauvés en restant sur un toit !? Mais bordel, réveillez-vous ! Y'a que
des gens comme vous pour penser un truc pareil !
Lola :
Tu me crois folle, Stéven ? Regarde-moi dans les yeux ! Est-ce que tu me crois vraiment folle ?
Stéven :
Je pense que tu es juste désespérée.
Lola :
Je n'ai jamais eu autant d'espoir qu'aujourd'hui.
Stéven :
Ok, ok... Toutes façons, au point où on en est... J'vais chercher à manger et des couvertures ; il
commence à faire froid.
Scène 4:
Il sort.
Stella :
J'comprends pas... Les fées sont parties...
Meuf :
T'inquiètes, elles vont revenir tes p'tites meufs !
Stella :
Je sais pas... C'est la première fois qu'elles partent.
Elsie : méchante.
Elles sont parties parce que t'as peur.
Stella :
Non...
César :
La peur donne des ailes.
Tippi :
Alors elle pourra s'envoler ?
Téo : (il grimpe sur une chaise et commence à battre des ailes)
Ouais mais pas trop haut à cause du soleil...
Jules :
Dans la mythologie grecque, Icare est le fils de Dédale. Il est connu principalement pour être mort
après avoir volé trop près du Soleil.
César :
Lorsque le jeune Icare veut s'élever jusqu'au cieux grâce aux ailes fabriquées par son père, il devient
trop imprudent et poursuit son essor. Mais les feux du soleil amollissent la cire de ses ailes; elle
fond dans les airs. Pâle et tremblant, il appelle son père, et tombe dans la mer, qui reçoit et conserve
son nom.
Pendant que César conte cette histoire, Téo mime Icare et finit par dégringoler de sa chaise, mort.
Jules :
Ovide. Les métamorphoses. Livre 8.
César :
Non monsieur !
Elsie :
T'as peur !
Stella :
Non...
Elsie :
Si. Tu pues la peur. Tu n'as plus confiance. Tu doutes. Tu voudrais retourner en bas pour prendre des
bons gros calmants ! Dormir et retourner aux pays de tes rêves de contes de fées comme une sale
petite gamine pleurnicharde et chialer ta morve dans ton vieux doudou moisi !
Téo : (se relevant après la mort d'Icare)
Oh oh... Pas bon...
Lautrec :
Doucement, Elsie...
Lola :
Laisse... Elles en ont besoin...
Elsie :
Pourquoi tu veux pas grandir, hein ? Pourquoi tu continues à croire à ces conneries de contes de
fées !
Meuf :
Eho, meuf ! C'est pas toi qui nous casse les couilles avec ta maman qui te parle dans ta teuté? Tu
laisses tranquille Stella la princesse, maintenant ! Ok ma gueule ?
Elsie : gentille.
Maman dit que je dois dire pardon.
Meuf :
Ben elle a raison ta reum ! Parce que Stella c'est une star des étoiles ! Une vraie star de arenebi
(« rnb »), même !
Stella :
Papa trouvait que j'avais une belle voix. Il disait que j'étais belle. Et j'étais fière quand il m'appelait
princesse. Il disait que je deviendrais une star. Il disait aussi... que je devenais une femme... J'aimais
pas... quand il disait ça... parce que... la nuit... Il venait...long silence. Quelqu'un a vu mes fées ?
César :
Les enfants se taisent quand on refuse de les croire.
Jules :
La chanteuse Barbara, dans ses « Mémoires interrompues ».
César :
C'est moi que vous interrompez, monsieur !
Lola :
Regardez le soleil qui se couche sur la ville...
tous s'approchent du bord de scène.
Lautrec :
Répandant sur la cité son feu déclinant,
l'astre solaire embrasé s'éloigne en un froissement.
Derrière l'horizon où l'attendent de beaux draps,
il dardent ces deniers rayons puis s'endort dans un lit de soie.
(Retour de Stéven avec des couvertures)
Bonne nuit les hommes,
la nuit s'ouvre aux fantômes,
aux chats noirs et aux innocents...
Jules :
Heu... C'est de... C'est de...
Lautrec :
Ne cherche pas, Jules. C'est de moi.
César :
C'est évident, monsieur !
Stéven :
Lola. J'te demande pardon... Pour Simon. T'as peut-être raison. Peut-être qu'il n'est pas mort.
Lola :
Il viendra. Du ciel.
Téo :
Oui... mais quand... en fait ?
Stella :
Un beau jour, ou peut-être une nuit...
Chanson de Barbara « L 'aigle noir ». Meuf, Tippi, Jules et César prennent des couvertures et se
trouvent un coin pour dormir. Lautrec vient poser une couverture sur les épaules de Stella. Tout le
monde se pause sauf Téo qui mime un oiseau au ralenti avec sa couverture. Scène poétique.
NOIR LENT.
Scène 5:
Tout le monde dort sauf Stéven qui téléphone et Lola qui l'observe. Lautrec est reparti. Stella n'est
plus là.
Stéven : au téléphone
Oui, c'est moi. Bon écoute, ça fait presque deux mois que tu réponds plus. Je sais que tu m 'en
veux... et j'ai fini par comprendre que t'avais raison. J'aurai dû rester avec toi . Ce stage dans cet
établissement spécialisé, c'était pas une bonne idée. Je pensais me rendre utile, prendre un peu ma
vie en main en aidant ceux qui sont encore plus paumés que moi. Mais au final, ici je sers à rien. Tu
m'as dit que tu avais besoin de moi. Moi aussi j'ai besoin de toi. Je veux rentrer. Si tu veux bien.
Rappelle-moi vite. Si on doit déménager vers l'intérieur du pays, je voudrai qu'on le fasse ensemble.
Il raccroche.
Lola :
Elle va rappeler.
Stéven :
Non, c'est mort.
Lola :
Elle va rappeler.
Stéven : (ironique)
Ah ouais ? Et comment t'en es si sûre ?
Lola :
Je l'ai vu.
Stéven :
Putain, Lola, faut arrêter, là, c'est de pire en pire. Tu te rends compte qu'ici, tout le monde te suit ?
Tu entraînes tout le monde dans ton délire, tu... tu es en train d'aspirer tout le monde vers le fond,
bordel !
Lola :
Je nous sauve !
Stéven :
Mais oui, bien-sûr ! Tu nous sauves ! Et tu prédis l'avenir ! (un temps) C'est une maladie, Lola ! Une
ma-la-die ! (son tel vibre dans sa poche. Il le sort, regarde le numéro, regarde lola, incrédule)
Lola :
C'est elle...
Stéven : (se reprenant)
Évidemment que c'est elle. Allo, Nora? Oui je... (un temps pendant qu'il écoute. Puis il raccroche,
essaye de se calmer et regarde Lola avec défi) Et alors ? Elle a dit quoi ? Selon toi, Mademoiselle
Nostradamus ?
Lola :
Elle est déjà partie. Elle est dans l'intérieur du pays. Dans un refuge de la croix rouge. Elle a peur
mais elle croit être en sécurité.
Stéven : (énervé)
Elle est en sécurité ! (l'air détaché) Tu aurais fait une bonne enquêtrice. Tu as une bonne capacité de
déduction.
Lola :
Elle ne veut plus te voir. Elle ne veut plus que tu l'appelles. C'est fini.
Stéven : (sec)
Bravo. C'est ça. Précisément. (s'énerve) Intuition féminine, rien de plus. Bon, je me casse. Je vais la
rejoindre.
Lola :
C'est fini, Stéven !
Stéven :
Je t'emmerde ! Tu me laisses gérer ma vie ! Tu ne te mêles pas de ça ! Elle était paniquée ! Elle ne
savait pas ce qu'elle disait ! Je vais donner ma démission, je vais prévenir que vous êtes sur ce toit et
après je prends ma caisse pour aller la rejoindre !
Téo : (il s'est réveillé et approché du vide)
Attention tout le monde ! Je vais faire comme Lola ! BRUIT ! (aucun bruit) Ah ? Ça marche pas ?
BRUIT ! (aucun bruit) Ben alors...
Meuf : se réveillant
Sérieux ! Y'a plus un bruit !? C'est quoi, l'biz, là ? C'est une ville ici ! Y'a du bruit ! Si y'a pas de
bruit c'est quoi, alors ?
Téo :
Chais pas moi...
Stéven :
C'est quoi ce bordel, encore ! ?
Tippi : se réveille aussi
La ville s'est arrêtée : plus de métro, plus de bus, plus de voitures. Vous entendez ?
Téo :
Ben non, justement, on entend rien dans les oreilles...
Tippi :
Les oiseaux ! On entend les oiseaux ! Écoutez !
Meuf :
Ouais mais toi c'est parce que t'habitais dans la jungle alors t'as trop des oreilles de lynx, genre
comme les loups quoi, t'entends hyper bien.
Téo :
Ahooouuu !
Tippi :
Les loups vivent en meute. Comme nous, les papillons bleus. On est des loups, meufs. On est
sauvages et la ville aussi va redevenir sauvage. J'entends le bruit des plantes qui recouvrent le
macadam.
Téo :
Ça fait du bruit, les plantes ? Ça fait quoi comme bruit ? Crrrrr ? Strrrr ?
Stéven :
Bon, amusez-vous bien, cette fois-ci c'est sûr, ciao !
Lautrec : Entrant.
C'est trop tard, Stéven. L'immeuble est vide. La ville entière a été évacuée cette nuit.
Stéven :
Quoi ?
Meuf :
Délire...
Stéven :
Ils ont annoncé une nouvelle vague d'attentats ?
Lautrec :
C'est un risque parmi d'autres. Ils préfèrent parler de catastrophe.
Stéven :
Mais... C'était pas prévu aussi tôt !
Lautrec :
Je sais. Le gouvernement a ordonné l'évacuation d'urgence hier soir.
Stéven :
Mais on a rien entendu !
Lautrec :
Les gens ont fui à pied.
Stéven :
Quoi ? Mais pourquoi ?
Lautrec :
Pour éviter les embouteillages. Ordre du gouvernement.
Stéven :
Mais... Et nous alors ? Personne ne nous a prévenus ! Tout le monde s'est barré sans s'inquiéter de
savoir ce qu'on devenait ? On nous a carrément lâchés ! C'est pas possible ! Et ta mère ? Ta mère n'a
pas pu te faire ça, quand-même ? La directrice est sensée...
Lautrec :
Ma mère ? Je viens de lui dire adieu, Stéven. Même si pour elle c'était juste un au revoir. Je lui ai dit
que je devais passer prendre des affaires chez un ami et que je la rejoindrai aussitôt. Elle a pausé des
questions sur votre absence, bien-sûr. Mais vous n'êtes pas les seuls qui manquaient à l'appel.
D'autres pensionnaires ont profité de la confusion pour échapper à la vigilance des surveillants.
C'est le chaos, Stéven.
Stéven :
Mais tu te rends compte de ce que tu as fait ? On est tous seuls, maintenant ! T'es complètement
inconscient ! Espèce de...
Elsie : qui s'est réveillée discrétement.
Laisse-le ! Ne t'approche pas de lui ! J'ai rêvé que je te tuais et j'ai aimé le bruit que faisait mon
couteau en glissant sur ta gorge. Le son de ton sang qui giclait sur ma main.
Meuf :
Beuurk... Chelou, quand-même...
Lautrec :
C'était un rêve, Elsie. Et maintenant tu es réveillée. N'est-ce pas Elsie ?
Tippi :
Le couteau n'est pas assez aiguisé. Pour trancher la gorge de ta proie, ton couteau doit être plus
aiguisé. Sinon la bête souffre et se débat. Son corps produit de l'hormone de stress qui contamine sa
viande.
Téo :
Alors, le steack il est plus bon ?
Tippi :
Han-han..
Lola :
Elsie ?
Elsie :
Maman dit que c'est une belle journée et que tout le monde doit se réveiller pour prendre le petit
déjeuner.
Téo :
Avec l'ami Ricoré !
Elsie :
Debout les enfants ! C'est l'heure de se réveiller ! Debout les paresseux !
Lola :
Laisse-les dormir.
Elsie : Elle chante, gentille autour de Stéven.
Ce matin, un lapin a tué un chasseur. C'était un lapin qui avait un fusil. (Méchante elle mime un
révolver avec sa main et pause le bout de ses doigts sur la tempe de Stéven) Pan !
Téo :
Lola ?
Lola :
Oui Téo.
Téo :
Pourquoi on part pas avec tous les monsieurs madames de la ville?
Stéven :
Ben, voilà ! Enfin quelqu'un qui a compris qu'on ferait mieux de rejoindre au plus vite l'intérieur des
terres comme l'a dit le gouvernement. Tu vois, Téo, t'as tout à fait raison. C'est bien, Téo.
Téo :
Oui, c'est bien !
Stéven :
On va dire à tout le monde de venir avec nous, d'accord ?
Téo :
D'accord.
Stéven : soulagé
Ah.
Téo :
Lola ?
Lola :
Oui Téo.
Téo :
Pourquoi on part pas avec tous les monsieurs madames de la ville?
Stéven :
Mais c'est pas vrai !
Lola :
Parce que les gens ne savent pas où aller.
Stéven :
Et que toi tu sais forcément où il faut aller, j'imagine ?
Lola :
Il faut aller nulle part. Il faut rester ici.
Stéven :
Et si tu es si sûre de toi, si certaine que c'est ici que l'on sera tous « sauvés », pourquoi n'avoir
prévenu personne d'autre, hein ?
Lola :
Parce que je suis une poseuse de bombe.
Stéven :
Mais arrête ! Tu sais bien que c'est faux. C'est ce que tu as inventé pour te punir de ne pas avoir pu
sauver ton frère de l'attentat, Lola !
Lola :
Il s'est sauvé ! Mais c'est moi qui avait posé la bombe.
Stéven :
Ben voyons !
Lola :
J'étais formée pour ça. Ça a commencé quand j'avais douze ans. J'étais un birdy.
Téo :
Un quoi ?
Lola :
Un oiseau.
Stéven : (pensant qu'elle va s'enfoncer dans sa mythomanie)
Lola...
Tippi :
T'étais un oiseau ? La chance !
Lola :
C'est comme ça qu'on appelle les enfants des cités qui sont chargés de prévenir les caïds quand la
police vient faire une descente. C'est parce qu'on siffle. Des oiseaux... (Téo siffle) Comme je faisais
bien mon travail, on m'a invitée a rejoindre les rebelles. J'étais là pour les réunions quand ils
préparaient les premiers attentats. Je les trouvais forts. Vivants. Alors que mes parents restaient
s'éteindre à petit feu dans leur appartement. Ensuite, j'ai voulu participer. Être avec eux dans
l'action. Pour l'attentat du RER, c'est moi qui portait la bombe. Mais Simon m'avait suivie. Et quand
il a compris ce que j'allais faire, il m'a arraché la bombe et s'est mis à courir. Il a disparu dans le
tunnel par lequel devait arriver le train. La bombe a explosé. Il n'y a pas eu de mort. Grâce à Simon.
J'ai été arrêtée.
Lautrec :
Et la justice a demandé une expertise psychiatrique. C'est ma mère qui a été missionnée. Elle a tout
de suite compris que Lola n'était pas folle. Juste une victime de son innocence, de son ignorance.
Une enfant manipulée par des extrémistes. Ma mère a menti. Le juge a déclarée Lola non
responsable de ses actes. Elle est arrivée aux papillons blancs. Elle m'a parlé de Simon. Du toit. Du
rendez-vous. Et je l'ai crue.
Stéven :
Quel rendez-vous ?
Lola : (ignorant sa question)
Tu voulais savoir pourquoi je n'ai pas dit à plus de monde qu'il fallait rester ici ? Maintenant tu le
sais. Je suis une poseuse de bombe et j'ai été déclarée officiellement folle. Qui m'aurait écoutée ?
Stéven :
Là, c'est bon, Lola... C'est trop!
Il sort.
Lautrec :
Stéven...
Lola :
Il reviendra.
Elsie : secouant Jules et César.
Réveillez-vous, les amis ! C'est aujourd'hui le grand jour !
César :
C'est un beau jour pour mourir.
Jules :
Citation du lieutenant-colonel George Custer lors de La bataille de Little Big Horn, qui opposa les
647 hommes du 7e régiment de cavalerie de l'armée américaine à une coalition de Cheyennes et
de Sioux rassemblés sous l'influence de Sitting Bull les 25 et 26 juin 1876.
César :
J'ai un rêve aujourd'hui! Le rêve qu'un jour, chaque vallée sera rehaussée et chaque colline et
chaque montagne sera aplanie !
Jules :
Martin Luther King, extrait de son discours délivré sur les marches du Lincoln Memorial à
Washington D.C. le 28 octobre 1963.
Tippi :
Écoutez !
Meuf :
Quoi, encore ?
Tippi :
Les oiseaux !
Téo :
Où ça les birdy?
Tippi :
On ne les entend plus ! C'est pas normal, ça. C'est pas normal ! Quand les oiseaux s'en vont, c'est
mauvais signe...
Meuf :
Eh, regardez! Y'a des keums en bas ! Cool, y'a encore du monde dans la rue ! Eh, y foutent le feu
aux bagnoles ! Trooop bieeen ! On va les rejoindre ?
Lautrec :
Ce sont des pillards, Meuf. Et il ne vaut mieux pas les rejoindre. Je ne crois pas qu'en te voyant,
leurs intentions soient très... chastes à ton égard.
Meuf :
Sérieux, pourquoi tu m'parles de mon regard ? allez arrête de m'bouffonner, là ! Et puis ça
commencer à m'péter les durites tout ce bordel qui fait plus de bruit ! J'veux du bruit, là !!! Allez,
avec moi ! Plus de bruiiiiit ! Ouais, faites plus de bruiiiiit ! Tout le monde est dans la place ?
Tous :
Ouais !
Meuf :
Est-ce que tout le monde est dans la place ?
Tous :
Ouais !!!!
Meuf :
Alors faites plus de bruiiiiiiiiiiiiiit !!!
Tous :
Ouaiiiiiiiis !!!!
Stella débarque avec un poste à musique.
Stella : Hi, this is Stella on NRJ ! I love you ! I love you so much !
Meuf :
Stella est de retouuuur !
Stella met du son. Un tube du moment qu'elle chante en playback. Grosse éclate de tous.
Scène 6:
Soudain, un bruit remplit l'espace. Celui d'un raz-de-marée. Stella éteint la musique. Tous
s'approchent du bord de scène, les yeux écarquillés.
Téo :
Elle monte vite la mer, dis-donc...
Retour de Stéven en courant.
Stéven :
Hé, y'a un truc pas clair ! Y'a un truc pas clair ! Oh putain... Mais c'est quoi cette vague !
Lola :
On ne craint rien !
Tippi :
On va boire la tasse !
Meuf :
Je sais pas nager !
Lola :
On ne craint rien.
Stéven :
Elle arrive !
Tippi :
Elle passe !
Meuf :
Elle continue !
Ils suivent la vague et vont vers le fond pour la regarder s'éloigner au lointain.
Téo :
Elle a pas l'air fatiguée, la méchante vague.
Lautrec :
Elle ne faiblit pas et se dirige vers l'intérieur du pays ! Je dois prévenir ma mère.
Stéven :
Nora !
Lautrec et Stéven s'en vont. Les autres reviennent vers le bord.
Téo :
Là, on peut plus partir avec tous les monsieurs madames de la ville …
NOIR
scène 7:
Lola est en fond de scène en proie a une certaine agitation. Téo, Jules et César assis bord de scène
en train de pêcher avec des balais auxquels ils ont accroché des ficelles. Tippi est debout à côté de
Téo. Téo regarde tour à tour le poisson de Tippi puis sa canne à pêche. Au bout d'une longue
réflexion, il dit :
Téo :
Toi, t'as déjà un poisson.
Tippi :
Ben...
Long silence.
Téo :
Mais il est pas très gros... à manger...
Jules :
Le poisson de Tippi est un animal de compagnie, Téo. On ne doit pas l'envisager comme faisant
partie de la catégorie des aliments dont nous avons besoin pour survivre, même si depuis 2 jours
nous avons épuisé toute les réserve de nourriture que nous avions récoltée dans l'immeuble.
Téo :
Alors y faut pêcher des gros poissons.
Jules :
C'est ça.
Téo :
Mais c'est long.
Jules :
123 minutes depuis le début. 124. Ce qui, converti en secondes fait exactement...
Téo :
Ohlà, ohlà, non pas bon pas bon les numéros tout plein tout l'temps , ça cogne la tête badambadam ! (il appelle vers le vide) POI-SSONS! POI-SSONS! Y se cachent bien, eux !
César :
Au vent du Nord, rien ne mord et au vent d'Est le poisson fait la sieste.
Jules :
Proverbe Algérien.
César :
Faux, encore une fois. Et j'ajoute une courte histoire humoristique de mon invention. Un passant
demande à un pêcheur : Alors, ça mord ? Le pêcheur répond : non, non, vous savez, les poissons ne
sont pas méchants. (il rit seul à sa blague) Hilarant, n'est-ce pas ?
Téo : (en acquiesçant)
N'est-ce pas.
Jules :
7440, 7441, 7442...
Téo : vociférant, ne supportant plus d'entendre des chiffres
NAARTAGAGOULOU !!! FER-MEZ-LA-BOUCHE-LES-NU-ME-ROOOOOS !
Jules : impressionné
Je... Tu... Oui... Je vais... Essayer... de...
Téo :
NAOOON ! Pas deux ! Pas quarante-trente-six-douze ! Rien !
Jules :
Néant...
Téo :
Voilà : néant. C'est bien, « néant ». Néant, c'est rien. Comme Téo : Téo c'est rien qui disaient. Tous
avec leurs grandes bouches pleines de mots.
- T'es crétin, Téo ! T'es crétin Téo !
- T'es qui Téo ? T'es crétin !
- Ah ben oui alors moi c'est le crétin !
- Alors toi tu pars! Ils disent.
- Valise ? Je dis.
- Oui, valise.
- Bisou maman ? Je dis.
- Non! Maman dit. - Pas bisou Téo. (silence)
Lola bisou. Alors, Lola maman. Téo pas crétin avec Lola.
Jules :
Ma maladie peut se guérir. Une fois diagnostiqués, pour certains il y a un véritable espoir. Il faut un
très grand suivi et l'application d'une méthode par l'entourage, un investissement complet -peut-être
difficile au quotidien- mais nécessaire. Je n'ai pas été diagnostiqué assez tôt. Devant ma capacité
presque sans limite à retenir des listes de nombres et de mots, mes parents n'ont pas vu le reste des
symptômes. L'aspect spectaculaire de mon handicap leur a masqué le caractère d'urgence de la prise
en charge de mon handicap. Mes parents, ayant dû quitter l'école très tôt pour travailler, étaient très
fiers de ma mémoire prodigieuse et me faisaient réciter les dictionnaires, Larousse, Robert, puis les
encyclopédies, les noms des chevaux du tiercé, les numéros de toutes les combinaisons gagnantes
du loto depuis son invention en France à la date du...
Téo :
Néant !
Jules :
Oui, néant, c'est bien. Ça calme un peu. Quand mes résultats scolaires sont devenus catastrophiques,
c'est comme si je les avais trahis. Ils me prenaient pour un génie et soudain j'étais devenu pour
eux... un débile. Leur fierté était devenue leur honte. Ils m'ont laissé. Mais j'ai espoir qu'ils
reviennent. Pour eux, je continue à réciter mes connaissances.
César :
"Tu seras un homme mon fils!" m'a dit un jour mon père. Et il a ajouté : "pas un simple homme
parmi les hommes, non ! Tu seras un grand homme!" J'ai souri. J'ai dit : "oui papa, je serai un grand
homme". Il m'a souri. Puis son expression s'est durcie. Et d'une voix menaçante il a conclu par ces
mots : "ou sinon, tu ne seras rien" !
Téo : (après un silence)
Néant !
César :
Oui, monsieur !
Retour des autres.
Stéven : (à Lautrec)
Plus d'électricité nulle part. Et toi, ça a marché ?
Lautrec :
Le portable de Meuf a encore de la batterie mais il n'y a plus de réseau. On est coupés du reste du
monde.
Stéven :
Ça fait 20 jours qu'on est là. C'est plus possible, faut qu'on fasse quelque chose ! On va crever de
faim !
Lola : se voulant rassurante
Stéven...
Stéven :
Non, plus un mot ! Je trouverai une solution tout seul !
Lola chancèle en se tenant la tête à deux mains. Lautrec la retient et l'aide à s'asseoir sur une
chaise.
Lautrec :
Ohlà, doucement. Tu vas bien, Lola ?
Lola :
Je l'ai perdu... Je suis perdue...
Téo :
Hoho... Si Lola elle est perdue, nous on est foutus.
Lola : (elle crie)
Arrêtez ! Vous faites trop de bruit !
Elle va s'isoler au fond de scène.
Stéven :
Je crois qu'elle vous lâche...
Stella :
Ça va passer. Hein, Lola ? Ça va passer ?
Elsie : (à Meuf)
Maman dit que quand on est aux papillons bleus ce n'est pas bien de cacher un téléphone portable
sous son matelas.
Meuf :
Rien à carrer de ta daronne.
Elsie :
Merci !
Meuf : (à César)
Hé, le monsieur, là ! Ho, le grand homme ! Ouais, toi ! Écoute-moi bien direct dans les yeux, grand
homme ! Tu sais c'qui disait mon rép à moi ?
Jules :
Elle parle de son père.
Meuf :
Riiien ! Y disait que dalle, mon rép ! Y cognait la gueule à ma reum comme ça et dans sa face
aussi ! A ma reum !
Jules :
Là, elle parle de sa mère.
Meuf :
Et tu sais c'qu'elle disait ma daronne ? Tu sais quoi ? Eh ben tu sais pas, le monsieur, là ! Naaan, tu
sais pas ! Elle disait : rien à fout' de tes coups d'latte, t'façons ch'uis bourrée à mort, ch'uis déf',
complètement déchire ! L'aut' y voulait encore plus la défoncer alors l'aut' elle 's'défonçait encore
plus ! Et encore plus et encore plus ! Et ça, man, tu vois, c'est comme le loup qui s'mord la queue,
ouaiiis ! Comme le loup qui s'mord la queue ! C'est pour ça, chuis pas un loup, moi, ma gueule,
chuis un iguane !
Tippi :
Les iguanes, ils vivent en liberté.
Meuf :
Ouaiis, en libertéééé ! (Silence, puis à Stella) Sérieux comment c'est tout léger dans mon bide,
meuf ! Ca m'fait tellement d'air que j'vais m'décoller de la planète, kiffe de malade, truc de guedin
top splatchy kiffe !
Stella :
Ouais, je sais Meuf, ça m'a fait ça aussi. Comme un vol de papillons au creux du ventre.
Stéven :
J'y crois pas ! En 8 ans de thérapie elle n'a jamais dit un mot sur son passé, et là elle déballe tout
direct !
Elsie :
Tu veux savoir pourquoi j m'appelle Elsie, mec ?
Stéven :
Heu, je suis pas sûr, non...
Elsie : (gentille)
Quand maman était petite, maman était joyeuse et polie, idiote et bien élevée. Elle connaissait les
bonnes manières parce que ses parents avaient beaucoup d'argent et beaucoup d'amis qui avaient
beaucoup d'argent. Un jour, ses parents perdirent tout leur argent mais un méchant monsieur qui
était un ami avec beaucoup d'argent fit un beau cadeau d'argent en échange de ma maman. Les
parents de ma maman étaient contents de voir revenir l'argent et contents de voir partir leur fille car
elle était joyeuse et polie, idiote et bien élevée. Maman et le méchant monsieur ont fait une fille
mais ils ne lui ont pas donné de prénom parce que maman était trop jeune pour avoir une fille avec
un prénom. Le monsieur était méchant et maman joyeuse et polie, idiote et bien élevée et
leur fille sans prénom grandissait. Quand leur fille eût 10 ans, le méchant monsieur trouva que
maman était vieille. (méchante) Le mec enferma la mère et la gosse dans sa bagnole au bord d'un
putain d'étang. La mère, côté conducteur avec la ceinture de sécurité bloquée. C'était pas la
première fois qu'il faisait ce genre de sale boulot. La gosse à l'arrière avec un jeu vidéo pour
l'occuper. Avant de pousser la caisse au fond de l'étang, il dit à la mère : toi, tu vas crever, tu t'en
sortiras pas. Elle... Si. (gentille) Elsie, c'est joli comme prénom.
Stéven : gêné
Ah mais... J'adore !
Stella : (A Elsie)
Tu sens les papillons ?
Pour connaître la suite et la fin (8 pages) m'écrire :
[email protected]