ecole nationale vet le nationale veterinaire de lyon
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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2010 Thèse n° METASTASES CUTANEES DE TUMEURS NON CUTANEES CHEZ LE CHIEN, LE CHAT ET LE CHEVAL THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 6 juillet 2010 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par VINCENT Marie Née le 22 décembre 1983 à Avignon (84) ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON Année 2010 Thèse n° METASTASES CUTANEES DE TUMEURS NON CUTANEES CHEZ LE CHIEN, LE CHAT ET LE CHEVAL THESE Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I (Médecine - Pharmacie) et soutenue publiquement le 6 juillet 2010 pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire par VINCENT Marie Née le 22 décembre 1983 à Avignon (84) 3 5 REMERCIEMENTS A Monsieur le Professeur Michel FAURE, De la faculté de médecine Claude Bernard Lyon I, Pour nous avoir fait l’honneur de présider cette thèse. Qu’il trouve ici l’expression de notre profond respect. . A Monsieur le Docteur Didier PIN, De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, Pour nous avoir fait l’honneur de proposer et d’encadrer ce travail. Qu’il soit assuré de notre reconnaissance et de notre gratitude. A Madame le Docteur Frédérique PONCE, De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, Pour avoir accepté de juger ce travail en participant à ce jury. Qu’elle veuille bien accepter nos sincères remerciements. 7 A mes deux parents, toujours présents et attentionnés. Pour votre soutien sans faille même dans mes longs moments de doute, pour l’éducation et la famille que vous m’avez offertes, pour tous les sacrifices que vous avez pu faire pour moi mais surtout pour les bons moments passés ensemble, merci. Sans vous je ne serais pas arrivée là. A Diane, ma sœur, à tous nos moments de jeu, de rire, à tous nos conflits, et à toutes les chutes à poney que tu as endurées par ma faute. J’espère que notre rapprochement.de ces derniers mois se poursuivra et que tu resteras l’esprit libre de la famille. A Papi et Mamie Auxerre, c’est auprès de vous que j’ai mes meilleurs souvenirs d’enfance. J’espère vous avoir encore longtemps auprès de moi. A Papi et Mamie Hyères que j’aurais aimé mieux connaitre. J’espère que le temps nous rapprochera. A tous ceux qui ont participé à ma formation (enseignants, internes, assistants, résidents, maîtres de stage), et, particulièrement pendant mon année d’internat, pour les connaissances et le savoir faire qu’ils m’ont transmis, ainsi que pour la patience dont ils ont fait preuve A la clinique vétérinaire de Toucy. J’y ai découvert le métier avant de décider de devenir vétérinaire. Vous m’avez également redonné envie de la pratique quand je voulais m’en éloigner. A tous les autres maîtres de stage qui m’ont accueillie et fait progresser. A Bernadette et Patrick, parce que vous avez été une formidable deuxième famille. Merci pour tout votre dévouement. A Déborah. Que de souvenirs ! Nos premiers pas, nos premiers mots, nos premiers cours de poney, les gâteaux de Mamie Charlotte, nos soirées pyjama, nos confidences et nos fous rire, nos premiers émois… Sans toi je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Merci pour ta longue et précieuse amitié, puisse-t-elle durer 26 ans de plus, au moins. 9 A Florence, une amie au cœur énorme, toujours présente, de bon conseil et en prime excellente cuisinière. Tu es une très belle personne et une amie formidable. Un merci énorme pour m’avoir coachée, hébergée, nourrie, blanchie, soutenue, sortie…pendant la préparation de ce travail. A toutes ces années d’école, à celle qui a suivi et à celles à venir. A Dorine et à notre entrée à l’école qui m’a permis de découvrir ce que soupçonnais déjà en prépa : tu es quelqu’un de passionnant. Merci pour notre amitié de ces dernières années, pour m’avoir écoutée, conseillée et aidée quand j’en ai eu besoin, pour m’avoir emmenée dans des festivals, pour m’avoir initié à la Saint Nicolas, pour m’avoir fait manger des légumes… J’espère que tu me feras découvrir encore plein d’autres choses. A Lulu, p’tite femme dynamique et au caractère bien trempé. A nos années d’école, à notre binôme de T1, aux multiples soirées passées chez toi, aux bonnes bières Belges que tu m’as fait découvrir, à tous les moments passés ensemble. Merci pour ta franchise et pour m’avoir mis des coups de pied aux fesses quand j’en ai eu besoin. Ne laissons pas le Massif Central nous séparer ! A Nath’. Tu as été ma bouée de secours pendant mon internat. Merci encore pour toutes ces ballades, ces Mac Do, ces discussions, ces repas et ces cafés que nous avons partagés. Je suis heureuse d’avoir fait une année de plus à l’école pour avoir appris à te connaitre. Sois patiente, le bonheur est à ta porte. Je te souhaite le meilleur pour la suite. A mon poulot, Frankoi. Je n’avais pas rêvé un poulot aussi formidable que toi ! Sportif, généreux, intelligent, pompier, dynamique… tu es presque parfait ! A Marie, Chloé, Julie et Fanny, pour les années lycée géniales que j’ai eues grâce à vous. Je promets de vous appeler plus souvent. A tous ceux que j’ai croisé ces dernières années que je n’ai pas cité et qui ont compté pour moi : Fanny, Pierre-Antoine un fidèle ami, Sylvie ma mère de clinique, les voisins du PréVieux, mon groupe de clinique (Rapé, Brunette, Floriane, Elise et Lisa), nos petits poulots (Aurélie, Pierre…), mon super bizuth Thomas, Mary et Snoop’ sans qui la prépa aurait été insurmontable, tous ceux que je n’ai pas cité…. A Volvic et Sally qui m’ont donné mes premiers cours de dermato. A Upsa, qui n’est pas moche ni méchante malgré ce qu’on en dit. 11 SOMMAIRE SOMMAIRE......................................................................................................... 13 LISTE DES ILLUSTRATIONS .................................................................................. 18 LISTE DES TABLEAUX.......................................................................................... 19 INTRODUCTION ............................................................................................. 21 1ERE PARTIE : DEVELOPPEMENT TUMORAL ET DISSEMINATION METASTATIQUE ............................................................................................. 23 I. CARACTERISTIQUES DES TUMEURS : ................................................................ 24 I.A. Croissance tumorale ...................................................................................................24 I.B. Tumeurs malignes ou bénignes : ................................................................................24 II. DIVISION CELLULAIRE NORMALE ...................................................................... 26 II.A. Cycle cellulaire ..........................................................................................................26 II.B. Apoptose ...................................................................................................................27 III. CARCINOGENESE .......................................................................................... 29 III.A. Carcinogénèse à plusieurs étapes ............................................................................29 III.A.1. Initiation : ...........................................................................................................29 III.A.2. Promotion :.........................................................................................................29 III.A.3. Progression : ......................................................................................................29 III.B. Bases moléculaires : proto-oncogènes, oncogènes et gènes suppresseurs de tumeur .........................................................................................................................................30 III.C. Altérations fonctionnelles nécessaires ......................................................................31 III.C.1. Modulation de croissance: insensibilité aux facteurs de croissance et aux inhibiteurs de croissance ...............................................................................................31 III.C.2. Echappement à l’apoptose.................................................................................32 III.C.3. Capacité de réplication illimitée ..........................................................................32 III.D. Instabilité génomique................................................................................................32 IV. DISSEMINATION METASTATIQUE..................................................................... 34 IV.A. Mécanismes d’invasion et de métastase ..................................................................34 IV.A.1. Migration et intravasation ...................................................................................34 IV.A.2. Dissémination vasculaire et extravasation .........................................................35 IV.A.3. Néoangiogénèse et modulation du nouvel environnement .................................37 IV.A.4. Suppression de métastase ................................................................................38 IV.B. Voies de métastase tumorale ...................................................................................39 IV.B.1. Organes cibles ...................................................................................................39 IV.B.2. Dissémination dans les cavités ou le long des séreuses ....................................40 IV.B.3. Dissémination lymphatique ................................................................................41 IV.B.1. Dissémination hématogène ...............................................................................41 13 IV.C. Aspect microscopique ..............................................................................................41 CONCLUSION PARTIELLE .................................................................................... 42 2EME PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DES CAS DE METASTASES CUTANEES ..................................................................................................... 43 I. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS PULMONAIRES ....................................... 44 I.A. Généralités sur les tumeurs primitives du poumon chez le chat : ................................44 I.B. Métastases digitées de tumeurs pulmonaires chez le chat .........................................45 I.B.1. Epidémiologie ......................................................................................................45 I.B.2. Symptômes ..........................................................................................................47 I.B.3. Diagnostic ............................................................................................................49 I.B.4. Etude lésionnelle ..................................................................................................55 I.B.5. Pronostic et traitement .........................................................................................59 I.B.6. Pathogénie ...........................................................................................................59 I.C. Autres localisations de métastases cutanées de tumeurs pulmonaires ......................60 I.C.1. Anamnèse et commémoratifs...............................................................................60 I.C.2. Présentation et évolution cliniques .......................................................................60 I.C.3. Examens de laboratoire et diagnostic ..................................................................60 I.C.4. Lésions nécropsiques ..........................................................................................61 I.D. Pathologie comparée .................................................................................................62 Synthèse...........................................................................................................................62 II. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS MAMMAIRES ET CARCINOME MAMMAIRE INFLAMMATOIRE ................................................................................................. 63 II.A. Généralités et conduite a tenir face a une tumeur mammaire ....................................63 II.A.1. généralités ..........................................................................................................63 II.A.2. Conduite a tenir : diagnostic et pronostic.............................................................63 II.A.3. Conduite a tenir : Traitements .............................................................................67 II.B. Métastases cutanées de tumeurs mammaires ...........................................................71 II.B.1. Présentation clinique ...........................................................................................71 II.B.2. Diagnostic ...........................................................................................................74 II.B.3. Pronostic et traitement ........................................................................................75 Synthèse...........................................................................................................................75 II.C. Carcinome mammaire inflammatoire .........................................................................75 II.C.1. Pathogénie..........................................................................................................75 II.C.2. Epidémiologie .....................................................................................................76 II.C.3. Symptômes (cf. tableau 9) ..................................................................................76 II.C.4. Diagnostic ...........................................................................................................78 II.C.5. Pronostic et traitement ........................................................................................79 Synthèse...........................................................................................................................82 II.D. Pathologie comparée.................................................................................................82 III. METASTASES CUTANEES D’HEMANGIOSARCOMES VISCERAUX ......................... 83 14 III.A. Présentation clinique ................................................................................................83 III.A.1. Epidémiologie ....................................................................................................83 III.A.2. Localisation ........................................................................................................83 III.A.3. Symptômes généraux ........................................................................................83 III.A.4. Lésions cutanées : du derme ou du tissu sous-cutané .......................................84 III.B. Etiologie des hémangiosarcomes cutanés ................................................................84 III.C. Diagnostic ................................................................................................................85 III.D. Exemples de cas d’hémangiosarcomes cutanés secondaires ..................................86 III.E. Pronostic et traitement ..............................................................................................86 III.E.1. Pronostic ............................................................................................................86 III.E.2. Traitement ..........................................................................................................86 III.F. Pathologie comparée ................................................................................................87 Synthèse...........................................................................................................................87 IV. METASTASES CUTANEES DE CARCINOMES DU TUBE DIGESTIF ......................... 88 IV.A. Présentation des tumeurs gastro-intestinales du chien.............................................88 IV.A.1. Tumeurs gastriques ...........................................................................................88 IV.A.2. Les tumeurs intestinales ....................................................................................89 IV.B. Présentation des cas de dissémination cutanée .......................................................91 IV.B.1. Métastases cutanées de carcinomes gastriques ................................................91 IV.B.2. Métastases cutanées d’un adénocarcinome duodénal (94) ...............................93 IV.B.3. Métastases cutanées d’adénocarcinomes coliques (95,96) ...............................94 IV.B.4. Résumé : présentation, pathogénie, pronostic et traitement ..............................96 IV.C. Pathologie comparée ...............................................................................................96 IV.C.1. Caractéristiques cliniques ..................................................................................96 IV.C.2. Traitements .......................................................................................................97 IV.C.3. Comportement métastatique .............................................................................98 Synthèse...........................................................................................................................99 V. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS DE L’APPAREIL GENITAL ...................... 100 V.A. Métastases de séminomes chez le chien et le cheval .............................................100 V.A.1. Chez le chien ....................................................................................................100 V.A.2. Chez le cheval ..................................................................................................104 V.B. Tumeur vénérienne transmissible............................................................................106 V.B.1. Epidémiologie et étiologie .................................................................................106 V.B.2. Présentation clinique ........................................................................................107 V.B.3. Diagnostic .........................................................................................................110 V.B.4. Pronostic-Traitement ........................................................................................110 V.C. Pathologie comparée ..............................................................................................111 V.C.1. Cancers génitaux masculins et métastases cutanées.......................................111 V.C.2. Cancers génitaux féminins ...............................................................................112 Synthèse.........................................................................................................................113 VI. METASTASES CUTANEES D’OSTEOSARCOMES .............................................. 114 15 VI.A. Généralités sur les ostéosarcomes ........................................................................114 VI.A.1. Epidémiologie et manifestations cliniques ........................................................114 VI.A.2. Diagnostic ........................................................................................................115 VI.A.3. Croissance et métastase .................................................................................115 VI.A.4. Traitements et pronostic ..................................................................................115 VI.B. Description des cas ................................................................................................117 VI.B.1. Présentation clinique .......................................................................................117 VI.B.2. Examens complémentaires et diagnostic .........................................................118 VI.B.3. Traitement et évolution ....................................................................................118 VI.C. Pathologie comparée .............................................................................................119 Synthèse.........................................................................................................................119 VII. LEUKEMIA CUTIS : LEUCEMIE LYMPHOÏDE CHRONIQUE PRESENTANT DES LESIONS CUTANEES ....................................................................................................... 120 VII.A. Présentation clinique .............................................................................................120 VII.B. Histopathologie .....................................................................................................120 VII.C. Pronostic et traitement ..........................................................................................120 VII.D. Pathologie comparée ............................................................................................121 Synthèse.........................................................................................................................121 VIII. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS HEPATIQUES : HEPATOBLASTOME CHEZ UN CHEVAL ...................................................................................................... 122 VIII.A. Généralités ...........................................................................................................122 VIII.A.1. Epidémiologie et étiologie ..............................................................................122 VIII.A.2. Histopathologie ..............................................................................................122 VIII.A.3. Dissémination ................................................................................................123 VIII.A.4. Traitement .....................................................................................................123 VIII.B. Description du cas (149).......................................................................................123 Synthèse.........................................................................................................................124 IX. DISSEMINATION CUTANEE IATROGENE ......................................................... 125 IX.A. Sur site chirurgical..................................................................................................125 IX.B. Sur site de ponction................................................................................................126 Synthèse.........................................................................................................................126 X. AUTRES : METASTASES DE TUMEURS RENALES, METASTASES OMBILICALES .... 127 CONCLUSION PARTIELLE .................................................................................. 128 CONCLUSION ............................................................................................... 130 ANNEXE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DES CAS DE METASTASES DIGITEES DE TUMEURS PULMONAIRES CHEZ LE CHAT ...................................................................................... 131 ANNEXE 2 : CLASSIFICATION DES TUMEURS MAMMAIRES SELON LE SYSTEME TNM : CLASSIFICATION DE L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE MODIFIEE PAR LANA, RUTTEMAN ET W ITHROW (2001) (45) ......................................................................... 137 16 ANNEXE 3 : LEXIQUE DES ABREVIATIONS ET DE QUELQUES TERMES .............................. 138 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 139 17 LISTE DES ILLUSTRATIONS Schéma 1 : Cycle cellulaire : ses différentes phases et principaux points de contrôle. Selon Kusewitt et Rush (4) ............................................................................................27 Schéma 2. Illustration du développement tumoral à plusieurs étapes...................................30 Schéma 3. Schéma général de la dissémination métastatique. Illustration de la progression séquentielle de la dissémination métastatique illustrée au travers d’une dissémination de type hématogène. ....................................................................38 Schéma 4. Ages des chats présentant des métastases digitées de tumeurs pulmonaires...................................................................................................................45 Schéma 5. Répartition des races de chats avec des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. N= 58. ......................................................................................................46 Schéma 6.Statut sexuel des chats avec des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. N=58. .......................................................................................................46 Schéma 7. Nombre de doigts atteints chez les chats présentant des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. ..................................................................................47 Schéma 8. Démarche diagnostique simplifiée des pododermatites, adapté d’après Bensignor et Germain (2005) (28) .................................................................................49 Photo 1. Doigt atteint par une métastase cutanée d’une tumeur pulmonaire. .......................48 Photo 2. Aspect histopathologique d’une métastase digitée de carcinome pulmonaire.........59 Photo 3. Aspect clinique d’une chienne présentant des métastases cutanées d’un carcinome mammaire, retiré chirurgicalement quelques semaines auparavant. ............73 Photo 4. Vue rapprochée des lésions de la même chienne que sur la photo 3. ....................73 Photo 5. Envahissement du derme par des métastases d’un carcinome mammaire. ...........74 Photo 6. Abdomen d’une chienne présentant un carcinome inflammatoire d’origine mammaire. ....................................................................................................................77 Photo 7. Hémangiosarcome cutané en région inguinale. ......................................................85 Photo 8. Aspect histologique d’un hémangiosarcome canin. ................................................85 Photo 9. Métastases cutanées d’un adénocarcinome gastrique. ..........................................92 Photo 10 et 11. Tumeur vénérienne transmissible chez des chiens mâles .........................107 Photo 12. Tumeur vénérienne transmissible, coloration de Wright-Leishman. ....................110 Photo 13. Métastases cutanées d’un ostéosarcome. ..........................................................117 18 LISTE DES TABLEAUX Tableau 1. Comparaison entre tumeurs bénignes et malignes, d’après Kusewitt et Rush (4) ........................................................................................................................25 Tableau 2. Sites métastatiques habituels des tumeurs fréquentes des carnivores domestiques. D’après Palazzi et Lemarchad (2001) (9) ................................................40 Tableau 3. Distribution des lésions radiographiques pulmonaires chez les chats présentés pour métastases digitées de tumeurs pulmonaires. ......................................52 Tableau 4. Aspect radiographique des tumeurs pulmonaires. ..............................................53 Tableau 5. Nature de la tumeur et localisation de ses métastases lors des examens nécropsiques des chats présentant une métastase digitée de tumeur pulmonaire. .......56 Tableau 6. Classification des stades cliniques des tumeurs mammaires selon le système TNM. ...............................................................................................................66 Tableau 7. Evaluation des taux de survie en fonction du grade de la tumeur ; .....................67 Tableau 8. Proposition de prise en charge des tumeurs mammaires canines malignes en fonction de la taille de la tumeur, de son stade, de son grade, de son type histologique et de sa différentiation ; modifiée d’après Sorenmo (2003) (43) .................71 Tableau 9. Caractéristiques des CMI au moment du diagnostic dans 4 études. ...................81 Tableau 10. Présentation de cas de localisation secondaire à la peau de tumeurs vénériennes transmissibles décrites depuis 1995. .......................................................109 19 20 INTRODUCTION Les métastases sont des implants de cellules cancéreuses issues d’un tissu tumoral sans continuité anatomique avec la tumeur primitive. (1) Historiquement, ce terme, issu du grec, qui signifie littéralement « je change de place », a été proposé et défini en 1829 par Joseph Claude Récamier. Au 19ème siècle a également été proposé la théorie « de la graine et du sol » c’est-à-dire de la nécessaire adéquation entre une cellule cancéreuse (graine) et son environnement tissulaire (le sol) pour qu’elle engendre une métastase. (1,2) La présence de métastases est le signe de la généralisation de la maladie et son entrée dans la phase terminale. Nous savons que la quasi-totalité des organes peut être touchée. (2) La peau est l’organe le plus facile d’accès au praticien et au propriétaire et la dermatologie représente le premier motif de consultation en médecine des animaux de compagnie et constitue des enjeux économiques importants en médecine équine. (3) La mise en évidence de la dissémination cutanée d’un cancer représente un intérêt pronostic puisqu’elle est le signe la généralisation de la maladie et un intérêt diagnostic lorsqu’il s’agit du premier signe clinique d’une néoplasie généralement viscérale passée inaperçue jusque là. Les publications concernant les métastases cutanées de tumeurs primitives non cutanées chez le chien, le chat et le cheval ont été recherchées sur des bases de données bibliographiques (CAB abstracts, Pubmed, Google Scholar...), sur des moteurs de recherche classique (Google), dans des ouvrages généraux de cancérologie et de dermatologie vétérinaire ainsi que dans les références des publications ainsi trouvées. Les différents cas ainsi recensés ont été classés par type clinique ou histologique : par organe primitivement atteint (poumons, tissu mammaire, tube digestif, appareil génital, os, foie), par type histopathologique lorsque ceux-ci représentaient une entité clinique particulière (hémangiosarcome, leukemia cutis), et également par comportement métastatique (dissémination iatrogène, métastases ombilicales). Nous présenterons d’abord les mécanismes de développement tumoral et de dissémination métastatique avant d’aborder les différents cas de métastases cutanées chez le chien, le chat et le cheval. 21 22 1ERE PARTIE : DEVELOPPEMENT TUMORAL ET DISSEMINATION METASTATIQUE En médecine vétérinaire, le praticien n’est en général confronté qu’à un court moment de l’existence d’une tumeur : son expression clinique. Ceci est d’autant plus vrai dans le cadre des métastases cutanées de tumeurs non cutanées, et à fortiori de tumeurs internes, que leur découverte est fréquemment antérieure au diagnostic de la tumeur initial. Toutefois, l’histoire naturelle de la tumeur débute bien avant son émergence clinique et s’achève à la mort du patient. En amont surviennent différentes étapes de développement de la tumeur. Des stades précancéreux à l’émergence de métastases visibles nous étudierons les étapes de l’évolution des tumeurs ainsi que leurs caractéristiques principales. 23 I. CARACTERISTIQUES DES TUMEURS : Une néoplasie est une « néoformation » composée de cellules, initialement dérivées d’un tissu normal. Elles ont subit des changements génétiques qui leur permettent de devenir relativement indépendantes des systèmes de régulation de la croissance et de s’étendre audelà de leurs limites anatomiques normales. D’autres termes communs utilisés pour parler de néoplasmes se réfèrent à leur apparence ou comportement : tumeur et cancer. Le terme de tumeur ou de néoplasme s’utilise indépendamment du caractère malin ou bénin tandis que le terme cancer décrit toujours une croissance maligne. Les tumeurs bénignes n’envahissent pas les tissus adjacents et ne se dispersent pas dans l’organisme. Les tumeurs malignes - si elles ne sont pas traitées - envahissent localement l’organisme et peuvent s’y disséminer par métastases et, finalement, le tuent. (4) I.A. CROISSANCE TUMORALE Le temps nécessaire à une tumeur pour devenir détectable est appelé période latente. La masse détectable la plus petite fait environ 1 cm de diamètre et contient 109 cellules. Pour qu’une unique cellule transformée forme une tumeur de cette taille elle doit subir environ 30 cycles cellulaires, sous condition que toutes les cellules filles soient viables et puissent se diviser. Il faut donc, pour la plupart des tumeurs, plusieurs années de développement pour devenir détectables. Cependant, a partir du moment où elles sont cliniquement détectables, les tumeurs peuvent sembler grossir très vite. Ceci s’explique par le fait qu’il faut seulement 10 cycles cellulaires pour transformer une tumeur de 1 g en une tumeur de 1 kg. En réalité le temps de doublement du volume varie considérablement selon la vitesse de division cellulaire, la fraction de cellules qui sont compétentes pour se diviser et le taux de mortalité cellulaire. En général les tumeurs bénignes grossissent moins vite que les tumeurs malignes. Il existe cependant de nombreuses variations. De plus, la croissance dépend - et de manière imprévisible - de l’apport sanguin, des effets des facteurs de croissance extrinsèques tels que les hormones, de l’efficacité de la réponse immunitaire, et de l’émergence de souspopulations de cellules particulièrement agressives. (5) I.B. TUMEURS MALIGNES OU BENIGNES : La différence la plus importante entre les tumeurs malignes et bénignes se situe dans le fait que les tumeurs malignes sont capables d’envahir localement et de métastaser au niveau systémique, ce que les tumeurs bénignes sont incapables de faire. Nous nous intéresserons donc uniquement aux tumeurs malignes dans ce travail, plus particulièrement aux conséquences de cette malignité : la dissémination de métastases au tissu cutané. De nombreux critères (morphologiques, de comportement) sont utilisés pour prédire le caractère malin d’une néoplasie. Bien que les tumeurs malignes et bénignes soient toutes deux composées de cellules proliférant, les tumeurs malignes ont un potentiel de réplication illimité. Les tumeurs sont indépendantes des facteurs de croissance exogènes et sont insensibles aux signaux inhibiteurs de croissance de leur environnement. De plus, les cellules malignes sont plus aptes que les bénignes à échapper à la mort cellulaire programmée (apoptose) et à la réponse cytotoxique immunitaire de l’hôte. Comparativement aux tumeurs bénignes, les tumeurs malignes stimulent de manière marquée l’angiogénèse, ce qui leur assure un apport nutritionnel adéquat. 24 Tous les tissus présentent une morphologie, macroscopique et microscopique, spécifique qui varie peu entre les individus d’une même espèce. Les tissus néoplasiques perdent ces aspects différenciés de morphologie cellulaire et d’organisation. La perte des caractères morphologiques du tissu mature (taille, aspect du cytoplasme, du noyau, forme…) est souvent accompagné par une perte de fonction et le développement d’un comportement agressif (altération de l’adhésion, mobilité, sécrétion de protéases…). Puisque certains processus bénins évoluent en processus malins et que certains néoplasmes malins peuvent développer une agressivité croissante au cours du temps (la progression maligne), les tumeurs sont affectées d’un grade, afin de refléter où elles se situent sur la ligne menant de la bénignité au stade hautement malin, et d’un stade afin de définir l’extension de la dissémination tumorale. L’association du grade et du stade permet d’indiquer un pronostic pour l’hôte et de déterminer les stratégies thérapeutiques adaptées. (4) Tableau 1. Comparaison entre tumeurs bénignes et malignes, d’après Kusewitt et Rush (4) Différentiation cellulaire Vitesse de croissance Tumeurs bénignes Tumeurs malignes Les cellules semblent bien différenciées Organisation similaire à celle du tissu d’origine Peu ou pas d’anaplasie Manque de différentiation fréquent Structure souvent atypique Extension lente et progressive Croissance lente à rapide ; taux de croissance erratique Peu d’images de mitose Images de mitose souvent nombreuses Images de mitose d’apparence Parfois images anormales de normale mitose Invasion locale Pas d’invasion Croissance cohésive Présence fréquente d’une capsule Métastases Degré variable d’anaplasie Pas de métastases Invasion locale Croissance infiltrante Généralement pas de capsule Métastases fréquentes (critère définitif de malignité) 25 II. DIVISION CELLULAIRE NORMALE II.A. CYCLE CELLULAIRE Les cellules somatiques se multiplient selon deux phases séquentielles : la mitose et la cytokinèse. La mitose est la division nucléaire et la cytokinèse implique la division du cytoplasme, les deux se produisant en succession rapprochée. La division nucléaire est précédée par un doublement du matériel génétique dans la période du cycle cellulaire appelée interphase. Cette période est également caractérisée par une activité cellulaire intense de production d’ARN, lipides et protéines. L’alternance entre la mitose et l’interphase, dans tout tissu, est appelée cycle cellulaire. Le cycle cellulaire est constitué de 4 périodes : la phase M (mitose), la phase S (de synthèse d’ADN) et les phases G1 et G2. L’interphase (phases G1, G2 et S) est la période la plus longue du cycle. (5) Cf. Schéma 1. La majorité des cellules des tissus normaux ne se divisent plus. Les cellules ne se multipliant pas sont généralement arrêtées entre les phases M et S, qu’on appelle alors phase G0 (Growth 0). (5) En réponse à des stimuli extérieurs, tels que des facteurs de croissance ou des molécules d’adhésion cellulaire, les cellules peuvent entrer dans le cycle cellulaire. Durant la phase G1 (Growth 1) du cycle cellulaire, les cellules répondent aux signaux mitogéniques. Quand un point défini de la phase G1 (le point de restriction, R) est passé, les transitions dans le cycle se font de manière autonome. La progression dans le cycle cellulaire se fait via l’activation ou l’inactivation d’une classe de protéines nommées kinases cyclines dépendantes (CDK) qui interviennent en de nombreux points de contrôle. (5) . La majorité des cellules adultes ne se divisent plus. Elles sont sorties de la phase G1 et restent en phase G0. Quand des cellules normales sont soumises à des signaux de stress (radiations par exemple), des dommages à leur ADN ou un manque en oxygène, elles sont capables de subir un arrêt du cycle cellulaire (en G1, S et G2), une mort cellulaire programmée ou les deux. A l’intérieur des cellules, des systèmes de surveillance sont actifs aux points de contrôle du cycle cellulaire pour reconnaitre et répondre aux dommages de l’ADN. La protéine suppresseur de tumeur p53 est l’une des protéines de régulation du cycle cellulaire les plus étudiées. En présence de dommages sur l’ADN, la protéine p53 reste phosphorylée et le cycle cellulaire est stoppé ce qui permet de laisser à la cellule le temps de réparer son ADN. (4) De nombreuses cellules tumorales ne répondent plus aux signaux, extrinsèques et intrinsèques, qui les dirigent vers G0 et n’expriment plus de p53 fonctionnel. En conséquence, ces cellules sont perpétuellement dans le cycle cellulaire. En outre, puisqu’elles n’arrêtent plus leur cycle à la suite de dommages sur leur ADN, elles peuvent accumuler progressivement des mutations génétiques. (4) 26 Duplication de l’ADN G2 S Point de contrôleG1/S: vérification de l’intégrité de l’ADN Point de contrôle G2/M: vérification de la duplication et de l’intégrité de l’ADN Cycle cellulaire Point de restriction G1 M G1 Mitose G0 Cellule fille Schéma 1 : Cycle cellulaire : ses différentes phases et principaux points de contrôle. Selon Kusewitt et Rush (4) II.B. APOPTOSE Lorsque les cellules sont endommagées ou incapables de réparer leur ADN, la cellule peut être dirigée vers l’apoptose ou « mort cellulaire programmée ». L’apoptose est régulière et physiologique dans les tissus proliférant et peut également être induite par un grand nombre de stimuli pathologiques. Elle peut survenir lors d’un manque de facteurs de survie dans l’environnement cellulaire ou lors de la liaison des récepteurs cellulaires avec des facteurs de mort (comme le facteur de nécrose tumorale TNFα par exemple). L’hypoxie et le manque de nutriments peuvent également conduire à l’apoptose. L’endommagement de l’ADN peut induire l’apoptose qui est, dans ce cas, déclenchée par le facteur p53. Les cellules cytotoxiques immunitaires, dont les lymphocytes T et les Natural Killer (NK), peuvent également stimuler l’apoptose. Les signaux de l’apoptose activent une variété de voies qui induisent souvent le relargage du cytochrome C depuis les mitochondries. Les effecteurs de l’apoptose sont les caspases, des protéases intracellulaires qui détruisent les organelles cellulaires et l’ADN. Les marques morphologiques de l’apoptose sont la margination de la chromatine, la condensation et la fragmentation du noyau et la condensation de la cellule avec préservation des organelles. Au stade terminal, la cellule se rompt en corps apoptotiques qui sont engloutis par les cellules adjacentes sans stimulation de la réponse inflammatoire. (4,5) 27 Le cycle cellulaire garantit la réplication contrôlée de l’ADN avant que la cellule ne se divise. Les cellules répondent à des signaux de l’environnement et des signaux de croissance en avançant dans le cycle cellulaire. Les cyclines et les kinases cyclines dépendantes sont des composants ayant un effet stimulant sur la croissance cellulaire. Les influences inhibitrices proviennent d’une série de points de contrôle qui répondent aux stimuli extérieurs. Ils comprennent les gènes suppresseurs de tumeur tels que le p53 ainsi que des gènes impliqués dans la réparation de l’ADN. Le processus de réplication de l’ADN est sujet à des erreurs et est surveillé par des enzymes de réparation de l’ADN. En conséquence il y a de nombreuses protections, dans le cycle cellulaire, qui permettent de s’assurer que la division produit des cellules normales et que l’ADN est répliqué correctement. Ces systèmes doivent être dépassés pour qu’une cellule cancéreuse maligne apparaisse. (4,5) 28 III. CARCINOGENESE III.A. CARCINOGENESE A PLUSIEURS ETAPES Le cancer est le résultat phénotypique d’une série d’évènements, génétiques et non génétiques, qui peuvent se produire sur une longue période de temps. La majeure partie des néoplasies se développe selon un processus de carcinogénèse à plusieurs étapes. Cette théorie est basée sur le fait qu’il faut, au moins, deux mutations avant l’induction du phénotype malin. Il y a 3 étapes de base impliquées dans la carcinogénèse et qui permettent de générer une cellule cancéreuse à partir d’une cellule normale. (5,6) Cf. Schéma 2. III.A.1. INITIATION : L’étape d’initiation est une étape rapide qui affecte le matériel génétique de la cellule. Des agents initiateurs (carcinogènes) induisent des changements permanents et irréversibles dans l’ADN d’une cellule. La synthèse d’ADN est nécessaire pour fixer (irréversiblement) le stade initié. L’évènement initiateur n’est pas suffisant pour induire la transformation néoplasique. (5,6) Ces cellules sont morphologiquement normales et peuvent rester quiescentes pendant des années. Cependant, elles contiennent des mutations qui leur apportent, sous certaines conditions, un potentiel de croissance supérieur. Par exemple, une cellule initiée peut répondre plus fortement aux signaux mitotiques ou être plus résistante aux signaux d’apoptose que ses voisines. (4) III.A.2. PROMOTION : L’étape suivant l’initiation est appelée promotion. Si, à l’issue de l’initiation, la cellule ne répare pas ses dommages cellulaires, des facteurs de promotion peuvent engager la cellule dans le processus de carcinogénèse vers l’apparition du phénotype malin. La promotion tumorale peut être causée par le même agent que l’agent initiateur ou par des promoteurs de croissance normaux ou des hormones. (5) Des agents promoteurs permettent des modifications tissulaires et cellulaires réversibles. Ils ne sont pas capables d’induire une transformation néoplasique s’ils n’agissent pas sur des cellules initiées au préalable. L’action de l’agent promoteur est réversible jusqu’à l’apparition de la première cellule autonome tumorale. Ces agents peuvent induire des changements de morphologie, d’index mitotique ou de degré de différentiation cellulaire mais n’altèrent pas le génome à proprement parler. (6) En général, les agents promoteurs ne sont pas mutagéniques. Cependant, ils altèrent l’expression de gènes, dans les cellules initiées et non initiées, et peuvent créer, ainsi, un environnement dans lequel les cellules initiées ont une croissance favorisée. (4) En d’autres termes, la promotion sert à augmenter la population cellulaire initiale et modifie son phénotype afin d’augmenter la probabilité qu’une autre modification génomique irréversible se produise. (6). III.A.3. PROGRESSION : Les agents de progression sont capables de convertir une cellule qui a été initiée, ou une cellule en phase de promotion, en une cellule exprimant un phénotype malin, capable de se développer en un néoplasme. Ces agents induisent des altérations du génome, affectant le taux de croissance, les propriétés d’invasion et les capacités à métastaser. Alors que l’initiation conduit, en général, à une altération plus discrète du génome, la promotion est 29 associée à une modification génomique majeure (comme une translocation par exemple). (4,6) Normal Initiation Génétique Irréversible Cellule initiée Promotion Non génétique Réversible Lésion prénéoplasique / tumeur bénigne Progression Génétique/Non génétique Réversible/Irréversible Tumeur maligne Schéma 2. Illustration du développement tumoral à plusieurs étapes. Les cellules initiées possèdent des dommages génétiques irréversibles. En présence d’un promoteur, ces cellules se transforment en une lésion prénéoplasique ou en tumeur bénigne. Après d’autres altérations, génétiques et épigénétiques, une tumeur maligne émerge d’un sous clone de cellules provenant de la lésion bénigne. D’après Kusewitt DF. (4) Plus simplement, pour qu’une tumeur apparaisse, le génome doit être altéré, de manière irréversible, au moins deux fois. La phase de promotion augmente la probabilité qu’une cellule altérée une fois (initiation) soit altérée une seconde fois (progression). (6). Cette séquence d’évènements, dans la formation tumorale, est la conséquence de changements génétiques. Depuis le début des années 1980, la recherche sur le cancer a révélé que le cancer est une maladie impliquant des changements dynamiques dans le génome. La découverte de gènes appelés oncogènes et de gènes suppresseurs de tumeur a permis d’améliorer notre compréhension de la carcinogénèse. III.B. BASES MOLECULAIRES : PROTO-ONCOGENES, ONCOGENES ET GENES SUPPRESSEURS DE TUMEUR Les proto-oncogènes sont des séquences normales d’ADN dont la fonction est de réguler la réponse cellulaire face à des signaux externes qui stimulent sa croissance et sa différentiation. Ces gènes n’initient pas la croissance tumorale lorsqu’ils sont intacts. Dans une cellule normale, l’expression des produits des proto-oncogènes est très bien régulée, permettant une croissance, un développement et un fonctionnement cellulaires normaux. (6) 30 On peut diviser leur site et mode d’action, dans la cellule normale, selon cette classification : les facteurs de croissance, les récepteurs aux facteurs de croissance, les protéines kinases, les transducteurs de signaux ainsi que les protéines nucléaires et les facteurs de transcription. (5) Les proto-oncogènes sont qualifiés d’oncogènes si leur niveau d’expression, ou leur produit, est altéré de telle manière que la cellule gagne un potentiel de transformation maligne. La conversion d’un proto-oncogène en un oncogène est le résultat d’une modification du matériel génétique du tissu cible. L’allèle activé de l’oncogène domine l’allèle originel : seul un allèle a besoin d’être modifié pour obtenir un changement de phénotype. Plusieurs mécanismes existent grâce auxquels un oncogène peut être activé de manière aberrante. De plus, n’importe quel oncogène peut être altéré, de plusieurs façons, ce qui induit plusieurs anormalies dans la protéine qu’il code. La majorité des oncogènes altère la progression de signaux en corrompant la fonction membranaire normale ou les protéines nucléaires ou cytoplasmiques qui permettent la transduction des signaux cellulaires. La conséquence de ce type d’évènement peut être la production de nouvelles protéines, la perte du contrôle de la différentiation ou de la prolifération et la production d’un nouveau produit génétique suite à la perte de la régulation adéquate. (5,6) Plus récemment, une autre classe de gènes intervenant dans la carcinogénèse a été identifiée : les gènes suppresseurs de tumeur, également connus sous le nom d’antioncogènes. Les produits de ces gènes interviennent pour restreindre ou inhiber la prolifération cellulaire. Si les gènes suppresseurs de tumeur sont perdus, la prolifération cellulaire peut devenir incontrôlée, permettant le développement d’un cancer. (6) Les deux allèles des gènes suppresseurs de tumeur doivent être affectés pour que des changements de phénotype soient observés. (5) Il a été démontré que l’expression d’un oncogène n’est pas suffisante pour causer une tumeur. De plus, au moins deux oncogènes mutés ou délétés doivent coopérer pour que la tumeur soit maligne. (6) III.C. ALTERATIONS FONCTIONNELLES NECESSAIRES Les cellules cancéreuses ont acquis des erreurs, dans leurs circuits de régulation, qui permettent le contrôle de la prolifération cellulaire et l’homéostasie. Il a été suggéré que la grande variété de génotypes de cancers est le résultat de, seulement, six types d’altérations dans la physiologie cellulaire qui, ensemble, commandent la croissance tumorale. En voici la liste: croissance autonome, insensibilité aux signaux inhibiteurs de croissance, évasion de la mort programmée, potentiel de réplication illimité, angiogénèse et, enfin, invasion tissulaire et métastase. Les processus d’angiogénèse, d’invasion tissulaire et de métastase seront traités dans le cadre de la dissémination tumorale (paragraphe IV.A ci-dessous). III.C.1. MODULATION DE CROISSANCE: INSENSIBILITE AUX FACTEURS DE CROISSANCE ET AUX INHIBITEURS DE CROISSANCE Les cellules sont en dialogue permanent avec leur environnement ce qui permet de maintenir l’homéostasie de l’organisme. Un échange constant d’informations existe entre les cellules, via des médiateurs solubles dont les facteurs stimulateurs de croissance, les facteurs inhibiteurs de croissance et les hormones. Ces médiateurs permettent un contrôle précis de la croissance des cellules non néoplasiques. D’un autre côté, les cellules néoplasiques perdent, souvent, à la fois leur dépendance vis-à-vis des facteurs de 31 croissance extrinsèques et leur sensibilité aux facteurs inhibiteurs provenant de leur environnement. Tout ceci aboutit à une absence de réponse aux besoins de l’organisme et à l’augmentation de la capacité à mener une croissance autonome. (4) III.C.2. ECHAPPEMENT A L’APOPTOSE Les cellules néoplasiques échappent aux limites de la division cellulaire, deviennent indépendantes des facteurs de stimulation de croissance exogènes et des facteurs inhibiteurs et perdent également leur sensibilité aux signaux apoptotiques. Le potentiel de prolifération illimité est une caractéristique des néoplasies, particulièrement des néoplasmes malins. La plupart des cellules cancéreuses acquièrent une résistance à la mort cellulaire programmée. La majorité des cellules tumorales font échouer l’apoptose par une inactivation fonctionnelle du gène p53, considéré comme une molécule préapoptotique clé. En développant des mécanismes d’inactivation des facteurs de mort cellulaire, ces cellules tumorales échappent à l’apoptose nécessaire à l’homéostasie de leur microenvironnement. Ceci entraine un déséquilibre entre la production cellulaire et les pertes cellulaires et une augmentation du volume tumoral. Il faut, cependant, souligner que la croissance d’une tumeur n’est pas exponentielle. Une partie des cellules tumorales est continuellement perdue du pool en réplication, à cause d’arrêts irréversibles du cycle cellulaire, de différentiation et de mort cellulaire. (4) III.C.3. CAPACITE DE REPLICATION ILLIMITEE Les mécanismes de réplication normaux de l’ADN ne permettent pas de dupliquer l’extrémité de l’ADN, les télomères, qui sont donc raccourcis à chaque division. Les télomères trop courts sont incompatibles avec une division continue. Les cellules embryonnaires, contrairement à la majorité des cellules adultes, expriment une enzyme riboprotéique, la télomérase, qui permet la réplication et l’extension des télomères. La plupart des cellules néoplasiques réacquièrent une activité télomérasique et répliquent leurs télomères. La longueur des télomères est donc stabilisée et les cellules peuvent se diviser indéfiniment. Il semble que la réexpression de la télomérase joue un rôle important dans l’immortalité cellulaire. (4,5) III.D. INSTABILITE GENOMIQUE On sait que les cellules cancéreuses produisent des télomères de grande taille, instables, qu’elles perdent leur capacité à réparer correctement leur ADN, qu’elles présentent une méthylation aberrante de l’ADN et qu’elles présentent des taux augmentés d’amplification génomique, recombinaison, conversion et transposition. Ces facteurs contribuent à une élévation du nombre de mutations et d’aberrations chromosomiques chez les cellules néoplasiques. Les caryotypes de cellules tumorales peuvent donc être anormaux et instables. On estime qu’une aneuploïdie croissante est corrélée à un caractère malin croissant. (4) Nous avons présenté les capacités qu’une cellule normale doit acquérir pour présenter les marques de la malignité. La plupart de ces capacités requièrent des changements dans le génome via des mutations, des amplifications ou des translocations chromosomiques. Cependant, dans une cellule normale, le processus de mutation est inefficace à cause des mécanismes permanents de maintenance. Il est, donc, difficile d’expliquer pourquoi les cancers se développent malgré tout. On peut supposer que le génome doit parvenir à un état 32 de mutabilité augmenté pour se transformer en cellule cancéreuse. Il est, également, possible que les mécanismes de maintenance soient atteints en premier ce qui explique l’augmentation de la mutabilité du génome. (5) 33 IV. DISSEMINATION METASTATIQUE Une métastase est définie comme la dissémination de cellules néoplasiques, à un site distant de la tumeur primaire, où elles prolifèrent pour former une masse macroscopique. Les métastases ne sont pas une extension directe de la tumeur et ne sont pas dépendantes de la voie de dissémination. (5) La présence de métastases constitue un critère absolu de malignité. Les métastases sont estimées responsables de près de 90% des morts liées au cancer. De plus, on estime que, chez l’homme, environ 30% des tumeurs solides ont déjà métastasé, au moment du diagnostic initial, diminuant de beaucoup la probabilité de réussite des thérapies. Les mécanismes de dissémination métastatique sont donc importants à comprendre pour prévoir l’évolution tumorale et, lorsque des métastases sont déjà présentes, adapter les stratégies thérapeutiques. (1,4) Le processus de dissémination métastatique est caractérisé par une progression séquentielle, qui sera détaillée dans la suite de l’exposé, et plusieurs voies de dissémination: dissémination lymphatique, dissémination hématogène, ou essaimage dans les cavités corporelles et les surfaces (dissémination transcoelomique). (1,4) IV.A. MECANISMES D’INVASION ET DE METASTASE La formation de métastases est un processus complexe qui nécessite l’invasion du milieu extracellulaire, l’entrée dans les vaisseaux sanguins ou lymphatiques, l’extravasation des cellules tumorales et la colonisation du site métastatique. Ces activités requièrent des modifications de l’adhésion aux autres cellules et à la matrice extracellulaire, des modifications de la motilité et de la capacité à être envahissante. A cause de la complexité du processus métastatique et de l’hétérogénéité des cellules tumorales ce phénomène est relativement inefficace. Parmi les nombreuses cellules tumorales qui entrent dans le flux circulatoire peu seront capables de finalement produire une colonie métastatique. (4) IV.A.1. MIGRATION ET INTRAVASATION Les cellules doivent se détacher de la masse tumorale principale, éventuellement traverser la membrane basale et entrer dans la matrice extracellulaire. Pour que les cellules puissent se séparer des autres, il faut que les structures d’adhésion intercellulaire (jonction intercellulaires, desmosomes) soient absentes. En même temps que ces cellules se détachent des autres, elles doivent établir des contacts avec les composants du milieu extracellulaire. Les intégrines et d’autres récepteurs spécifiques des membranes cellulaires reconnaissent et se lient à de nombreux composants de la matrice extracellulaire tels que la fibronectine, la laminine, le collagène et la vitronectine. Durant l’invasion métastatique, les carcinomes expriment un nombre augmenté de ces récepteurs. De plus, les récepteurs, au lieu d’être situés à la surface basale de la cellule, sont distribués sur toute la surface cellulaire. Il semble, également, que les cellules tumorales puissent moduler le type de récepteurs au milieu extracellulaire qu’elles expriment, leur permettant ainsi de s’adapter à différents microenvironnements. (4) Suite à leur attachement aux composants de la membrane basale ou au tissu conjonctif interstitiel, les cellules tumorales doivent se frayer un passage pour migrer en direction des structures vasculaires. Ceci est rendu possible par une activité enzymatique dirigée contre les composants de la matrice extracellulaire. Les cellules tumorales dégradent la membrane 34 cellulaire et les composants du milieu extracellulaire en augmentant l’activité protéasique nette autour d’elles. L’activité protéasique nette est déterminée par plusieurs facteurs: le taux de synthèse des protéases, le niveau d’activation des protéases et le taux de synthèse des inhibiteurs de protéases. Protéases et anti-protéases peuvent êtres produites et activées par la cellule elle-même ou bien par des cellules avoisinantes non néoplasiques, c'est-à-dire les fibroblastes du stroma tumoral ou les macrophages. Les protéases, qui sont connues pour avoir un rôle important dans la métastase tumorale, sont les métalloprotéinases comme la collagénase de type IV et l’urokinase. (1,4) Plusieurs fois, durant l’invasion et le développement métastatique, les cellules tumorales migrent activement. Cette locomotion est contrôlée et coordonnée par des altérations du cytosquelette et des structures d’adhésion qui lui sont intimement associées. La migration des cellules néoplasiques est stimulée par des facteurs de croissance autocrines et par les fragments issus du clivage des composants du milieu extracellulaire. (4). Ainsi, la dégradation de la matrice extracellulaire semble être un phénomène déterminant pour la formation des métastases. (7) Le processus d’intravasation se termine lorsqu’une cellule cancéreuse entre dans la circulation vasculaire ou lymphatique. Les cellules tumorales peuvent entrer dans la circulation au travers des vaisseaux sanguins préexistants, de petites artérioles, des veinules, des vaisseaux lymphatiques ou des vaisseaux associés à la tumeur. Pour les structures vasculaires les plus larges, le processus d’intravasation nécessite la pénétration de cellules adventices, la digestion de la membrane basale vasculaire et la pénétration entre ou au travers des cellules endothéliales. Il semble que l’intravasation via la vascularisation associée à la tumeur soit plus facile et ne requière que le transit entre les cellules endothéliale jusqu’à la circulation. (5) IV.A.2. DISSEMINATION VASCULAIRE ET EXTRAVASATION IV.A.2.1. Dissémination vasculaire A tous les stades de la progression du cancer, les cellules tumorales doivent échapper à la détection et la destruction par le système immunitaire (immunosurveillance). Ceci est particulièrement vrai une fois dans le torrent circulatoire où les cellules tumorales sont vulnérables vis-à-vis des défenses immunitaires naturelles et adaptatives. (5) Dans la circulation, les cellules tumorales s’agglutinent en emboles. Ce phénomène est favorisé par des adhésions, homotypiques, entre ces dernières et les cellules sanguines, notamment les plaquettes. (4,8). Dans les vaisseaux, les cellules tumorales peuvent être reconnues et attaquées par les lymphocytes de l’hôte. Les plaquettes semblent protéger l’embole tumoral et faciliter la métastase. L’arrêt et l’extravasation d’un embole tumoral en un site distant impliquent alors l’adhésion à l’endothélium vasculaire puis, à nouveau, la traversée de la membrane basale vasculaire selon les mêmes mécanismes que ceux précédemment cités. (1,4) IV.A.2.2. Arrêt des emboles On pense que l’arrêt des cellules tumorales circulantes, en des sites distants, est conditionné par deux phénomènes distincts mais non exclusifs. Il s’agit du piégeage des cellules tumorales, de grande taille, dans la lumière des petits vaisseaux (capillaires et veinules) de l’organe cible et de l’interaction, via des récepteurs, entre la cellule tumorale et les vaisseaux de l’hôte. Des travaux, confirmant cette hypothèse, ont été effectués sur des modèles de 35 métastase au foie et démontrés dans d’autres types de cancers et de sites métastatiques, notamment les poumons. Ce phénomène de piégeage suggère que le site métastatique est largement influencé par le site du premier lit vasculaire (de petit calibre) rencontré par une cellule tumorale. D’autre part, il a été prouvé que des molécules d’adhésion spécifiques interviennent dans l’arrêt de la cellule tumorale. La laminine V, un composant de la membrane basale endothéliale, est exposé, entre les cellules endothéliales, dans les vaisseaux de petit calibre. Des études d’imagerie unicellulaire ont montré la liaison des cellules tumorales à la laminine V en ces sites. La distribution initiale des métastase est donc déterminé, à la fois, par schéma de drainage, lymphatique ou vasculaire, à partir de la tumeur primaire et par la capacité des cellules tumorales à interagir avec les molécules d’adhésion des cellules endothéliales. Il est probable que le mécanisme dominant soit dépendant du type tumoral et de l’organe cible. (1,5) IV.A.2.3. Extravasation La première étape de l’extravasation consiste en l’adhésion à l’endothélium vasculaire et on sait que certains récepteurs endothéliaux sont exprimés préférentiellement dans les organes cibles. Ainsi, lorsque les cellules tumorales se retrouvent dans la circulation sanguine, après passage par le canal thoracique, l’expression des récepteurs endothéliaux va conditionner leur arrêt. De plus, certains organes cibles synthétisent des molécules chimioattractives qui recrutent la population tumorale en migration. Les facteurs de croissance « insuline-like » I et II peuvent être donnés en exemple. En outre, les sites métastatiques doivent fournir un microenvironnement adéquat pour la croissance tumorale : certaines tumeurs ont donc des sites de métastase privilégiés (1,4,5). Une fois que la cellule cancéreuse, ou l’embole tumoral, s’est arrêtée elle peut, soit sortir immédiatement de la circulation vers l’organe cible, soit rester dans la circulation. Les mécanismes de l’extravasation sont similaires à ceux de l’intravasation. IV.A.2.4. Survie précoce Quelle que soit leur localisation, les cellules cancéreuses doivent survivre dans leur nouvel environnement. La survie précoce des métastases, lors de cette étape, est un frein à la dissémination des cancers. Plusieurs études chez la souris ont montré la capacité des cellules cancéreuses à s’arrêter dans de multiples organes du corps. En quelques heures, le nombre de cellules restantes est très réduit. En quelques jours, le nombre de cellules viables peut être réduit à 0,1% du nombre initial, même dans les modèles de cancer les plus agressifs. (5) La spécificité d’organe des cancers, est largement déterminée par les organes dans lesquels les cellules cancéreuses sont les plus aptes à survivre après leur arrêt initial. Le succès de la dissémination métastatique d’un cancer est donc déterminé par les interactions entre la cellule cancéreuse et son microenvironnement (exprimé en anglais par la théorie du « seed and soil », soit littéralement « la graine et la terre »). (5) Il faut, tout de même, garder à l’esprit que des métastases à localisation atypiques ne doivent jamais être exclues, pour le clinicien ou pour le pathologiste, qui pourra alors réorienter l’examen clinique vers le siège de la tumeur primitive. (1) 36 IV.A.3. NEOANGIOGENESE ET MODULATION DU NOUVEL ENVIRONNEMENT Après la survie dans le site de métastase, la cellule tumorale doit proliférer et moduler son nouvel environnement. On pense que, dans la majeure partie des cas, les cellules cancéreuses s’extravasent puis prolifèrent dans le nouvel organe. Cependant, il est également possible que la prolifération se produise à l’intérieur des vaisseaux sanguins, dans un processus nommé métastase intravasculaire, et s’étende ensuite à l’extérieur du vaisseau, dans les tissus locaux. Dans les deux situations, une modulation du nouvel environnement est nécessaire pour la croissance et la progression des lésions métastatiques. Il est, maintenant, accepté que cette modulation est liée à des changements du stroma induits par la tumeur. Ces changements peuvent aboutir à la production de facteurs de croissance ou bien de signaux utilisés par la tumeur pour sa croissance. Ces facteurs ont une importance dans la prolifération et la progression tumorale (y compris l’angiogénèse). (5) L’angiogénèse est nécessaire, non seulement à la croissance de la tumeur primitive qui ne pourrait excéder une taille d’un à deux millimètres sans que l’hypoxie ne mette en œuvre les mécanismes d’apoptose, mais aussi, et surtout, pour la formation de métastases qui trouvent une porte d’entrée dans la circulation sanguine générale. Dans les tissus sains, la prolifération des cellules endothéliales est contrôlée par l’équilibre entre les facteurs qui les activent et ceux qui inhibent leur activation. (1) Les tumeurs malignes produisent des signaux qui provoquent la survie, la motilité, l’invasion, la différentiation et l’organisation des cellules endothéliales. Ces étapes sont nécessaires à la création d’une vascularisation de la tumeur. Les facteurs angiogéniques, associés aux tumeurs, peuvent être produits directement par les cellules tumorales ou être issus des cellules inflammatoires accompagnant la tumeur, notamment les macrophages. Parmi la douzaine de facteurs angiogéniques identifiés, deux semblent exercer une action prépondérante : le facteur de croissance vasculoendothélial (VEGF) et le facteur de croissance basique des fibroblastes (bFGF). (1,5) Par ailleurs, certaines tumeurs produisent, également, des facteurs antiangiogéniques (angiostatine, endostatine et vasculostatine) et il semble que la croissance tumorale, ainsi que l’aptitude métastatique, dépendent du déséquilibre entre les facteurs favorisant et les facteurs inhibant l’angiogénèse. (1) La vascularisation de la tumeur initiale (mesurée par la densité en microvaisseaux) a été corrélée avec le comportement métastatique de la plupart des tumeurs humaines et de nombreuses tumeurs animales. L’expression de facteurs angiogéniques de croissance ou de facteurs de survie, et, de leurs récepteurs, respectivement dans le sérum et dans les tumeurs, a également été corrélée avec un mauvais pronostic. Un faisceau de preuves soutient, également, l’importance de l’angiogénèse dans la biologie de la métastase. (5) 37 Cellule transformée Expansion clonale, diversification, angiogénèse TUMEUR PRIMAIRE « sous clone » aux propriétés métastatiques marquées Membranes basales Adhésion et invasion de la membrane basale Lymphocyte hôte Lyse de la matrice extracellulaire Pénétration dans la lumière vasculaire Néovascularisation Interaction avec le système immun Plaquettes Embole tumoral (cellules tumorales et plaquettes) Adhésion à la membrane basale Extravasation Développement métastatique Angiogénèse et coissance VAISSEAU SANGUIN TUMEUR METASTATIQUE Schéma 3. Schéma général de la dissémination métastatique. Illustration de la progression séquentielle de la dissémination métastatique illustrée au travers d’une dissémination de type hématogène. D’après (8) et (4) IV.A.4. SUPPRESSION DE METASTASE Une grande variété de changements génétiques et épigénétiques affectent l’adhésion cellulaire, la motilité et la production de protéases. Ainsi, le potentiel métastatique est probablement le résultat cumulatif de nombreuses altérations génétiques et il semble peu probable qu’un unique changement génétique puisse donner à une tumeur l’aptitude de métastaser. Un petit nombre de gènes a été identifié et semble supprimer efficacement les métastases. Pas exemple, les gènes qui codent les E-cadhérines et les inhibiteurs des métalloprotéases sont considérés comme des gènes « suppresseurs de métastase » dont la 38 perte d’activité stimule le détachement cellulaire et la destruction de la matrice extracellulaire, nécessaires au processus métastatique. (1,4) IV.B. VOIES DE METASTASE TUMORALE La dissémination tumorale peut emprunter trois voies : la voie lymphatique, la voie hématogène ou l’essaimage dans les cavités ou le long des séreuses. La dissémination par transplantation directe (par le biais d’instruments chirurgicaux par exemple), si elle s’avère théoriquement possible, est en pratique extrêmement rare. Elle sera cependant traitée dans notre exposé car c’est une voie connue de dissémination métastatique à la peau. Les organes avasculaires à l’état normal (cornée, cartilage articulaire) sont en principe exclus du phénomène métastatique. (1) IV.B.1. ORGANES CIBLES Tous les organes vascularisés peuvent, en théorie, être le site de métastases. Cependant, l’incidence est majeure en ce qui concerne les organes filtres, comme les nœuds lymphatiques, pour la lymphe, ou les organes riches en capillaires (foie, poumons, reins, moelle osseuse) qui arrêteront plus facilement les emboles tumoraux. La paroi artérielle étant plus résistante, les vaisseaux lymphatiques et sanguins, de type capillaire ou veineux, sont les plus susceptibles d’être effondrés par la poussée néoplasique. Néanmoins, une dissémination artérielle peut survenir lorsque les cellules tumorales traversent les lits capillaires pulmonaires ou les shunts artérioveineux pulmonaires ou bien lorsque les métastases pulmonaires, elles-mêmes, donnent naissance à des emboles supplémentaires. Lors de dissémination veineuse, les cellules qui sont transportées dans le flux sanguin seront automatiquement dirigées vers le foie (grâce au drainage par la veine porte) ou les poumons (via les veines caves). Toutefois, les tumeurs qui surviennent à proximité de la colonne vertébrale délèguent souvent des emboles vers le plexus paravertébral et cette voie de dissémination est probablement impliquée dans les fréquentes métastases vertébrales des carcinomes de la prostate et, plus rarement, de la thyroïde. (1) 39 Tableau 2. Sites métastatiques habituels des tumeurs fréquentes des carnivores domestiques. D’après Palazzi et Lemarchad (2001) (9) Siège de la tumeur primitive Site de métastase Presque tous les cancers à l’exception des leucémies, lymphomes malins (et généralement des mastocytomes) Plèvre et poumons Cancers lymphophiles, mastocytomes, tumeurs testiculaires Nœuds lymphatiques (et poumons secondairement) Prostate, mamelle, thyroïde Os Mastocytomes, lymphomes malins Moelle osseuse et sang Presque tous les cancers et, particulièrement, tube digestif, pancréas, rate (notamment hémangiosarcome), leucémies, lymphomes malins Foie Presque tous les cancers Reins Mélanomes malins, tumeurs mammaires, hémangiosarcomes spléniques Cerveau Hémangiosarcomes de la rate, tumeurs ovariennes (mésothéliomes, dysgerminomes, certaines tumeurs de la granulosa) Mamelle (en particulier carcinoses), mais aussi poumons, hémangiosarcomes, … Glandes circumanales Séreuses péritonéales Tumeurs vénériennes Organes génitaux externes, cavités nasales, amygdales, lèvres et truffe Peau Lèvres, cavité orale IV.B.2. DISSEMINATION DANS LES CAVITES OU LE LONG DES SEREUSES Quand le cancer se développe sur la surface d’une structure abdominale ou thoracique, il rencontre peu d’obstacles à sa dissémination. Les mésothéliomes peuvent être confinés à la cavité abdominale ou à la cavité pleurale mais les cellules tumorales se disséminent volontiers dans la cavité couvrant ainsi toutes les surfaces, viscérale ou pariétales. Chez le chien et l’homme, les adénocarcinomes ovariens disséminent préférentiellement par cette voie. Même en l’absence d’invasion des organes, les tumeurs, telles que les mésothéliomes et les adénocarcinomes ovariens, sont très difficiles à traiter et sont généralement fatales. (4) Cette voie ne sera pas à l’origine de métastases cutanées mais certaines tumeurs semblent essaimer vers la peau à la faveur d’une dissémination chirurgicale, par transplantation directe, selon les mêmes principes que ceux de l’essaimage transcoelomique. De manière comparable, le sarcome de Sticker (tumeur vénérienne transmissible) se propage par homogreffes, lors de rapports sexuels ou par contact truffe-organes génitaux externes, avec des localisations possibles dans les cavités nasales ou les amygdales. (9) 40 IV.B.3. DISSEMINATION LYMPHATIQUE Cette voie de dissémination est nettement prépondérante pour les tumeurs épithéliales (carcinomes). Certaines tumeurs non épithéliales peuvent également l’emprunter, à savoir : le mastocytome (extrêmement lymphophile), le lymphome malin et le mélanome malin. Les sarcomes peuvent également employer cette voie de dissémination dans une moindre mesure. (1,4) L’atteinte des nœuds lymphatiques est dictée par les voies de drainage lymphatique. Les nœuds lymphatiques les plus proches de la tumeur sont, en général, colonisés le plus tôt et développent les masses métastatiques les plus grosses. Pendant de nombreuses années, on a pensé que les cancers se développaient, par étapes, du site primaire aux nœuds lymphatiques puis aux sites à distance (comme les poumons par exemple) et que les nœuds lymphatiques représentaient une barrière à la dissémination du cancer. L’exérèse des nœuds lymphatiques contenant du tissu tumoral devait donc permettre de protéger le patient contre une extension à distance de la tumeur. Cependant, les nœuds lymphatiques régionaux peuvent être shuntés à cause d’une anomalie du drainage lymphatique, d’origine naturelle, ou induite par le traitement ou la tumeur. Des études, plus récentes, suggèrent que la dissémination métastatique ne se fait pas selon un ordre préétabli et que la présence de métastases dans les nœuds lymphatiques indique que la néoplasie est déjà devenue largement systémique. (4) IV.B.1. DISSEMINATION HEMATOGENE Les systèmes, lymphatique et hématogène, sont étroitement liés l’un à l’autre et la distinction entre ces deux voies de dissémination peut paraitre artificielle. Cependant, les sarcomes ont plus tendance à disséminer via la voie hématogène que les carcinomes. Les tumeurs envahissent préférentiellement les veines plutôt que les artères car la paroi de ces dernières et plus épaisse et difficile à franchir. Généralement, les tumeurs qui entrent par les veines empruntent la veine cave et se logent dans les poumons, ou le système porte et le foie. Les néoplasies qui métastasent aux poumons peuvent secondairement entrer dans la circulation artérielle. (4) IV.C. ASPECT MICROSCOPIQUE Au plan microscopique, les métastases présentent une architecture et un aspect cytologique identiques à celles de la tumeur primitive ou, au contraire, différents, en général moins différenciés (cas fréquent qui rend, parfois, impossible un diagnostic d’histogénèse précis). Les métastases peuvent différer de la tumeur primitive sur de nombreux aspects morphologiques : • Par la perte d’un caractère de différentiation : cas des métastases achromiques d’un mélanome malin dont la tumeur primitive pourrait être fortement chargée de pigment mélanique, • Par la perte d’une composante : cas des métastases de type simple (une seule population cellulaire est tumorale) issues d’une tumeur mammaire de type complexe (où deux populations cellulaires sont tumorales), • Par perte des critères cytologiques du tissu original (cas des tumeurs anaplasiques). Il convient par conséquent de multiplier les sites de prélèvements biopsiques faisant l’objet d’une analyse histopathologique afin d’optimiser la précision du diagnostic. (9) 41 CONCLUSION PARTIELLE La propension métastatique d’une tumeur constitue un critère majeur du devenir d’un patient. Les bases moléculaires permettant à certaines cellules de perdre leurs propriétés d’adhésion, pour s’individualiser et manifester une croissance autonome, ainsi que les facteurs impliqués dans l’acquisition de propriétés de motilité, nécessaires à la migration au travers de la matrice extracellulaire, commencent à être mieux connus. La dissémination métastatique peut se faire par voie lymphatique ou hématogène ou par essaimage transcoelomique ou iatrogène et nécessite, dans tous les cas, de nombreuses étapes. Au plan pratique, il incombe de bien connaître les différentes voies empruntées par les cellules tumorales métastatiques ainsi que la relation entre un type tumoral et ses « habitudes métastatiques » de manière à détecter, au mieux, la phase de généralisation. L’examen histopathologique systématique, des masses tumorales après leur exérèse chirurgicale, est nécessaire pour typer la tumeur, rechercher des emboles tumoraux... La peau est rarement un site métastatique privilégié et le diagnostic (histopathologique) d’une métastase cutanée permet, souvent, d’orienter la recherche du cancer primitif qui est, fréquemment, passé inaperçu. Nous verrons, dans la suite de l’exposé, quels sont les types tumoraux pour lesquels des métastases cutanées ont été décrites et leurs caractéristiques. Par ailleurs, on devra garder à l’esprit que toute tumeur peut, potentiellement, donner des métastases cutanées. 42 2EME PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE DES CAS DE METASTASES CUTANEES La présence de métastases est, à la fois, la preuve absolue du caractère de malignité de la tumeur, et, dans le cas de métastases cutanées, le révélateur d’un phénomène néoplasique parfois passé inaperçu jusque-là. Les métastases sont le témoin d’un stade avancé de la maladie. Tous les cancers peuvent, potentiellement, être à l’origine de métastases cutanées. Leur diagnostic est important car, ces métastases peuvent permettre de retrouver un cancer primitif ou, si elles surviennent dans un contexte de cancer connu, elles sont le témoin d’une évolutivité de la maladie qui peut justifier une modification de la stratégie thérapeutique. Chez l’Homme, leur fréquence est évaluée entre 1 et 9% des cancers. L’espérance de vie d’un patient humain, après leur diagnostic, est généralement brève: la médiane de survie est de 6,5 mois et le taux de mortalité à 1 mois est de 13%. (10,11) Ces métastases cutanées sont rares chez les carnivores domestiques et exceptionnelles chez le cheval. Elles ont été décrites dans le cadre de tumeurs pulmonaires, mammaires, digestives, génitales, d’hémangiosarcomes, de leucémie lymphoïde chronique, d’hépatoblastomes et d’actes médicaux. Les caractéristiques cliniques, diagnostiques et thérapeutiques, des tumeurs primitives et de leurs métastases cutanées, seront abordées, ainsi que quelques aspects de pathologie comparée pour chacune d’entre elles. 43 I. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS PULMONAIRES Des métastases cutanées digitées de tumeurs pulmonaires primitives ont été décrites chez 58 chats dans la littérature anglophone et francophone de 1974 à 2007. (12,13,14,15,16,17,18,19) L’ensemble des données disponibles, est résumé dans l’annexe 1. Il semble qu’elles soient les métastases cutanées les plus fréquentes chez le chat. D’autres localisations cutanées, sur l’abdomen, de tumeurs pulmonaires sont également rapportées chez le chat. (20,21) Aucun cas n’a été décrit chez le chien. I.A. GENERALITES CHAT : SUR LES TUMEURS PRIMITIVES DU POUMON CHEZ LE Contrairement à l’homme, les tumeurs primaires du poumon sont rares chez les carnivores domestiques. Il manque de résultats chiffrés, récents et précis, particulièrement dans l’espèce féline. Chez le chat, leur incidence est de l’ordre de 0,2 à 1,2% des chats autopsiés, dans des études réalisées dans les années 70, avec une prévalence annuelle de 2,2 pour 100000. (22) Elles affectent principalement les chats âgés : l’âge moyen d’apparition est de 11 à 12 ans, selon les études, avec un intervalle de 2 à 20 ans. Concernant une éventuelle prédisposition sexuelle, les résultats divergent et il semble difficile de conclure sur l’existence ou non d’un facteur de prédisposition aux tumeurs primitives du poumon lié au sexe chez les carnivores domestiques. Les chats de maison à poils courts représentent la majorité des individus atteints, mais ils représentent également la majorité de la population féline. (23,24,25) Les signes d’appel d’une tumeur pulmonaire primitive sont extrêmement variables. Les signes les plus fréquents sont la perte de poids (40%), la léthargie (34%), l’anorexie (26%), ainsi la dyspnée (34%) (23). La présence de signes respiratoires (dyspnée, tachypnée, toux) varie, selon les études, de un quart à la moitié des chats. (24,25). Cependant, les signes ayant la plus longue durée d’évolution avant que l’animal ne soit référé sont, dans l’étude de Hahn, une toux improductive, une perte de poids et une boiterie (23). La boiterie a été un signe présenté dans 25% des cas, dans une étude sur 35 chats, et était un indicateur de la présence de métastases (24). Chez le chat, la tumeur la plus fréquemment rencontrée est l’adénocarcinome (72 à 87%) dont la forme indifférenciée prédomine. On retrouve, ensuite, le carcinome des glandes bronchiques (13%) puis les carcinomes épidermoïdes (4-5%) et, enfin, les carcinomes anaplasiques (plus fréquemment à cellules géantes) (26). On considère que ces tumeurs ont globalement un fort potentiel métastatique. Lors du diagnostic, 65 chats sur 86 (75,6%) ayant une tumeur pulmonaire primitive présentaient une ou plusieurs métastases. Des métastases, aux nœuds lymphatiques bronchiques, ont été détectées chez 25 chats et des métastases à distance chez 40 chats. Des métastases à la cavité pleurale ont été détectées chez 26 chats et des métastases extrathoraciques chez 14 chats. Les métastases extrathoraciques sont détectées dans de multiples sites: muscles squelettiques (n=9), peau (8), foie (5), rate (3), cerveau (2), rein (1), intestin (1) et os (1). (23) 44 I.B. METASTASES DIGITEES DE TUMEURS PULMONAIRES CHEZ LE CHAT I.B.1. EPIDEMIOLOGIE 58 cas de métastases digitées de tumeurs pulmonaires primitives ont été recensés dans la littérature anglo-saxonne et française. Les chats atteints sont généralement âgés, même si un cas a été décrit chez un chat de 2 ans (12). Cf. Schéma 4. L’âge moyen est de 11,9 ans. Si l’on prend en compte uniquement les 42 chats dont le dossier dossier médical est rapporté de manière détaillée (dont 40 dont l’âge est connu), l’âge moyen est de 11,3 ans +/- 4,2 ans. La médiane est de 11 ans. (12,13,14,15,16,17,18) Nombre d'animaux 6 5 4 3 2 1 0 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Age Schéma 4. Ages des chats présentant des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. La vaste majorité, des chats présentés pour métastases digitées de tumeurs pulmonaires primitives, sont des chats de maison à poils courts: ils représentent 88% des individus. Les autres races sont indiquées dans le Schéma 5 ci-dessous. 45 Chat de maison PL; 2 Siamois; 1 Autre; 7 Chat de maison PC; 51 Persan; 1 Croisé Persan; 1 Pure race, non spécifiée; 1 Inconnue; 1 Schéma 5. Répartition des races de chats avec des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. N= 58. Légende : Chat de maison PL : chat de maison à poils longs, Chat de maison PC : chats de maison à poils courts Aucune prédisposition de sexe n’est mise en évidence dans l’apparition l’apparition de métastases digitées. Cf. Schéma 6. F; 7 M(S); 27 F(S); 22 M; 2 Schéma 6.Statut sexuel des chats avec des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. N=58. Légende : M= mâle, M(S) = mâle stérilisé, F= femelle, F(S) = femelle stérilisée. 46 I.B.2. SYMPTOMES I.B.2.1. Motifs de consultation : Tous les animaux ont été présentés pour une boiterie associée à la présence d’une tuméfaction d’un ou de plusieurs doigts. Dans un cas la tuméfaction est apparue après l’apparition de la boiterie, qui fut associée à une hyperextension du carpe carpe droit (15). I.B.2.2. Examen des membres: L’examen révèle une dermatose podale se présentant sous forme de tuméfactions douloureuses de la troisième phalange. Cf. Photo 1. Un ou plusieurs doigts d’un ou de plusieurs membres sont affectés. Le nombre de doigts atteints est variable : cf. Schéma 7. Chez 72% des animaux plusieurs doigts sont atteints. Ces résultats concordent avec une étude effectuée sur 56 prélèvements histologiques dont l’analyse a conclu à une métastase digitée d’un carcinome pulmonaire et dans laquelle 80% des animaux avaient plus d’un doigt atteint. (27). n = 39 Nombre de doigts atteints sur chaque individu 16 14 15 14 12 10 10 8 6 4 2 0 1 2 Nombre de doigts atteints >2 Schéma 7. Nombre de doigts atteints chez les chats présentant des métastases digitées de tumeurs pulmonaires. Les doigts, tuméfiés, présentent fréquemment une ulcération ou un écoulement purulent. 13 chats sur 17 en sont atteints dans l’étude de Gottfried et al. (13). Une atteinte des griffes est présente dans la majorité des cas : périonyxis, griffe déviée, onychomadèse, onychogryphose, onychoschizie… L’animal peut être présenté à tous les stades évolutifs : de la simple boiterie à l’atteinte quadripodale. 47 Photo 1. Doigt atteint par une métastase cutanée d’une tumeur pulmonaire. Photographie du Dr B. Lepoint I.B.2.3. Autres localisation des métastases : Les lésions digitées sont parfois associées à d’autres localisations : des nodules ont été rapportés sur la tête, la paroi abdominale, le tissu cutané dorsolombaire, dans les masses musculaires (région préscapulaire, biceps fémoral) (12,14,15). I.B.2.4. Symptômes respiratoires : Les symptômes respiratoires sont très rarement présents lors de la présentation initiale de l’animal : 1 chat sur 58 présentait une toux intermittente lors de la consultation (12). Chez 2 autres chats, sont rapportés, respectivement, un épisode de toux, un an auparavant, et des infections récurrentes de l’appareil respiratoire supérieur, à priori sans lien avec la présence de la tumeur pulmonaire (13). Les symptômes respiratoires apparaissent rarement par la suite: 1 chat a développé une toux 3 semaines après la présentation, trois autres une dyspnée, 5, 7 et 11 semaines après la première consultation (14,15,16) I.B.2.5. Evolution et autres symptômes : D’autres symptômes, non spécifiques, apparaissent par la suite : abattement (4 chats), perte de poids (1 chat), anorexie (3 chats), hyperthermie (1 chat), douleurs liées à d’autres métastases (base de la queue, genou). Quatre chats ont développé des signes d’atteinte neurologique centrale : un a présenté des convulsions et une tuméfaction de la face, 1 a présenté une amaurose, un a présenté une anisocorie associée à une tuméfaction de la face, et un dernier a présenté des vocalisations persistantes. Un chat sans antécédent de souffle cardiaque a présenté une paralysie flasque des deux postérieurs mais la présence ou l’absence de pouls fémoral n’a pas été notée. (13,15,18). L’apparition de ces symptômes ou la persistance de la boiterie ont souvent motivé l’euthanasie, si elle n’avait pas été réalisée dès l’établissement du diagnostic. 48 I.B.3. DIAGNOSTIC I.B.3.1. Diagnostic différentiel I.B.3.1.1. Boiterie Les causes ostéo-articulaires de boiterie autre qu’une métastase digitée devront être éliminées (examen orthopédique, radiographies…) I.B.3.1.2. Pododermatite Les autres pododermatites caractérisées par des nodules et des fistules seront écartées. On peut proposer l’arbre décisionnel, présenté Schéma 8, pour explorer les différentes hypothèses : − − − − − − − pododermatite bactérienne, pododermatite fongique (dermatophytose, levurose), pododermatite allergique, psychodermatose, néoplasmes et métastases cutanées, pododermatite parasitaire (démodécie, trombiculose) pododermatite traumatique (corps étrangers (CE)) Schéma 8. Démarche diagnostique simplifiée des pododermatites, adapté d’après Bensignor et Germain (2005) (28) 49 I.B.3.1.3. Lésions des griffes Les causes d’anomalies des griffes doivent également êtres exclues. En présence d’anomalie des griffes touchant un pied chez un chat, il faudra rechercher : − − − − une infection bactérienne, fongique (dermatophytose, cryptococcose, sporotrichose), parasitaire (démodécie), un traumatisme (griffe cassée ou arrachée), une fistule artério-veineuse, une néoplasie (carcinome épidermoïde primitif, hémangiosarcome, métastase de carcinome pulmonaire…). On devra envisager, face à des lésions touchant plusieurs pieds : − − − − − − − une infection bactérienne secondaire à une infection par le FeLV ou le FIV, une infection bactérienne secondaire à une maladie endocrinienne telle qu’un diabète sucré ou un syndrome de Cushing (iatrogène ou spontané), une candidose, une affection auto-immune (pemphigus foliacé, pemphigus vulgaire, lupus érythémateux systémique, maladie des agglutinines froides, vascularite, allergie) une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), des déficits nutritionnels, une métastase de tumeur pulmonaire ou pancréatique. (29) L’étiologie des atteintes isolées des griffes est donc vaste. Les examens complémentaires à privilégier sont l’examen cytologique, la culture bactériologique, l’examen histopathologique et la mise en place d’un traitement insecticide, voire d’un régime alimentaire d’éviction. (28) I.B.3.2. Analyses sanguines Une numération-formule sanguine et des analyses biochimiques sériques ont été réalisées dans 13 cas ; aucune anomalie remarquable et aucun syndrome paranéoplasique n’ont été notés (13,18). Le statut sérologique vis-à-vis du virus leucémogène félin n’est rapporté que dans un cas et le résultat est négatif (18). Des anomalies non spécifiques hématologiques et biochimiques (marqueurs rénaux et hépatiques ainsi que ionogramme) sont mises en évidence dans une étude de 86 chats présentant des tumeurs pulmonaires. Dans la même étude, 20% des chats présentaient des signes cliniques suggérant une hyperthyroïdie. (23). Aucune anomalie spécifique des analyses sanguines ne semble donc associée aux tumeurs pulmonaires et à leurs métastases digitées. I.B.3.3. Examen radiographique I.B.3.3.1. Examen radiographique des membres atteints Les radiographies des extrémités montrent un gonflement des tissus mous en regard des lésions. Une lyse osseuse de la troisième phalange est également présente dans tous les cas. (12,13,14,15,18) On note une atteinte de la deuxième phalange dans 3 des 6 cas radiographiés de l’étude de Gottfried et al. (2000) (13). On peut rencontrer, également, une prolifération osseuse en spicules, associée à la lyse osseuse. (14). Trois cas ont, également, présenté d’autres anomalies radiographiques. L’un a présenté une réaction périostée de l’ensemble des phalanges du pied affecté (13). Un autre a présenté, 50 dès la première consultation et avant l’apparition d’une tuméfaction d’un doigt, une boiterie avec hyperextension du carpe droit. L’examen radiographique a mis en évidence une dégénérescence de l’étage distal des os du carpe (15). Sur un troisième chat l’examen radiographique a permis d’objectiver une prolifération osseuse autour de la crête tibiale et de l’extrémité proximale de la fibula. Cette lésion radiographique s’est présentée sous la forme de néoformations osseuses en spicules et de lésions lytiques ponctuées de l’extrémité proximale de la fibula associées à une fracture transverse de la tête de la fibula. (14) I.B.3.3.2. Examen radiographique du thorax Lors d’affections respiratoires, la radiographie du thorax constitue un examen aisé et essentiel. Dans le cas de suspicion de tumeur primitive du poumon, elle constitue un examen indispensable. Même si elle ne permet pas de conclure avec certitude, elle prolonge l’examen clinique et peut orienter les examens complémentaires ultérieurs. Trois projections radiographiques du thorax (face, profils droit et gauche) sont à effectuer pour permettre une visualisation optimale de tous les lobes pulmonaires. On utilisera un temps d’exposition court et un voltage important. Cet examen ne permet de détecter que les tumeurs dont la taille excède 0,5 à 1 cm. Les tumeurs que l’ont peut voir radiographiquement ont déjà effectué les deux tiers de leur cycle de croissance complet. (30) La radiographie thoracique permet de mettre en évidence la présence d’une ou de plusieurs masses compatibles avec la présence d’une tumeur primitive dans 95% des cas, dans notre étude bibliographique. Les lobes caudaux sont plus souvent atteints (12 animaux sur 13 présentent des lésions dans les lobes caudaux). Le plus souvent (10 cas sur 13) il s’agit d’une masse unique mais de multiples masses, ou une opacification généralisée des champs, sont également rencontrés. Cf. L’image radiographique n’est cependant pas spécifique et peut être compatible avec une tumeur primitive, une ou des métastases, un granulome, un abcès, des kystes et parfois, lors d’atteinte non focale, une pneumonie, un asthme félin… Tableau 3. L’image radiographique n’est cependant pas spécifique et peut être compatible avec une tumeur primitive, une ou des métastases, un granulome, un abcès, des kystes et parfois, lors d’atteinte non focale, une pneumonie, un asthme félin… 51 Tableau 3. Distribution des lésions radiographiques pulmonaires chez les chats présentés pour métastases digitées de tumeurs pulmonaires. Lésions Nombre de cas Masse unique dans lobe crânial Gauche : 1 (14) Masse unique dans lobe caudal - Droit : 5 (13,14,15) dont 1 avec présence d’épanchement et 1 associé à une opacification alvéolaire diffuse (15) - Gauche : 2 (13,18) - Coté inconnu : 1 (13) 1 ? Multiples masses (lobes caudaux atteints systématiquement) 3 (14,15) dont 1 associé à un épanchement (15) Infiltrat nodulaire interstitiel ± péribronchique 2 (13) généralisé chez 1 animal et localisé au lobe caudal gauche chez l’autre Présence de masse mais aspect non décrit 8 Il semble difficile d’établir une corrélation parfaite entre l’image radiograph radiographique et le type histologique de la tumeur. Certains auteurs ne trouvent pas de lien entre l’aspect radiographique et la nature de la tumeur (23) tandis que d’autres tentent de répertorier les différents aspects radiographiques en fonction de la nature de la tumeur (30). Nous en donnons un exemple Tableau 4. 52 Tableau 4. Aspect radiographique des tumeurs pulmonaires. Effectué à partir de l’article de Miles KG (1988). Type de tumeur Localisation Image radiographique Carcinome épidermoïde Moyenne ou périphérique Variable Adénocarcinome Moyenne ou périphérique Masse unique bien circonscrite. Moins fréquemment, densifications alvéolaires Carcinome bronchioalvéolaire Moyenne ou périphérique Densification alvéolaire lobaire. Moins fréquemment, opacification alvéolaire ou interstitielle Les images radiographiques extrapulmonaires sont, le plus souvent, un épanchement pleural ou une lymphadénopathie régionale. L’examen échographique du thorax peut également être envisagé pour localiser la tumeur et, surtout, pour la réalisation de prélèvements cytologiques échoguidés. I.B.3.4. Examen cytologique I.B.3.4.1. Examen cytologique des lésions digitées L’examen cytologique tient une place importante dans le diagnostic différentiel des affections des griffes quand une ou peu de griffes sont atteintes. Du matériel provenant du pli unguéal et de derrière la griffe doit être obtenu et soumis à analyse. Cependant, l’aspiration à l’aiguille fine a rarement été réalisée et n’a pas permis d’établir le diagnostic de métastase de tumeur pulmonaire dans les 2 cas ou elle a été effectuée. (15,18) Chez l’un des deux chats, cette analyse a tout de même permis d’orienter le diagnostic. Les cytoponctions ont donné des lames à forte cellularité, contenant une population unique de cellules cohésives en feuillet et amas. De nombreuses cellules présentaient des marges cytoplasmiques anguleuses, un abondant cytoplasme bleu clair et un noyau avec un nucléole rond en position centrale, compatible avec une différenciation épithéliale. Le diagnostic histopathologique a été un carcinome pulmonaire primitif. (18) I.B.3.4.2. Examen cytologique des lésions thoraciques I.B.3.4.2.1. Examen cytologique des épanchements En présence d’un épanchement, l’examen cytologique du liquide fait partie intégrante de la démarche diagnostique. L’exfoliation de cellules tumorales dans le liquide pleural se produit, le plus souvent, lors de tumeur épithéliale. Chez 178 chats, l’épanchement tumoral représentait 37% des liquides pleuraux (31). Au départ, si les cellules tumorales n’ont pas encore desquamé, seules les cellules mésothéliales hyperplasiques sont présentes. Une légère composante inflammatoire peut accompagner les cellules tumorales. A cause de l’invasion tissulaire et de l’exfoliation ou de la nécrose, la composante cellulaire peut devenir très marquée. Les cellules mésothéliales réactives qui desquament doivent être distinguées des cellules tumorales. Les 53 cellules anaplasiques, qui desquament, peuvent être peu différenciées, ce qui limite l’identification de leur origine. La présence d’une population uniforme de cellules, non mésothéliales et non hématopoïétiques, a probablement une signification clinique, quel que soit les critères de malignité visibles. L’identification de l’origine tissulaire est facilitée si les cellules sont bien différenciées, en particulier en présence d’une activité sécrétrice comme on peut s’y attendre lors d’adénocarcinome. (31) Un seul animal avec des métastases digitées a présenté un épanchement. La cytologie a permis la mise en évidence des cellules épithéliales néoplasiques, sans plus de précisions (15). Dans une étude sur des chats avec des tumeurs primitives du poumon, un diagnostic a été établi dans 12 des 13 cas ayant subi une thoracocentèse et une analyse du liquide recueilli (23). Dans une autre étude de 17 chats, 11 ont présenté un épanchement thoracique. Chez 8 d’entre eux, on a analysé le liquide obtenu par thoracocentèse : le liquide était un transsudat clair à légèrement teinté de sang ; Il n’a été identifié des cellules néoplasiques que dans un seul cas. (25) Dans la pratique, le diagnostic de malignité, s’il est établi, est le seul nécessaire. I.B.3.4.2.2. Examen cytologique des masses Les néoplasies du poumon peuvent être diagnostiquées grâce aux lavages bronchoalvéolaires ou à une aspiration à l’aiguille fine du parenchyme pulmonaire. Dans une étude sur des chats avec des tumeurs primitives du poumon, un diagnostic a été établi dans 20 cas sur les 25 ayant subi une aspiration à l’aiguille fine du parenchyme pulmonaire (à l’aveugle ou échoguidée) et dans 5 des 7 cas pour lesquels le prélèvement a été obtenu par un brossage bronchiolaire. (23) Les carcinomes, adénocarcinomes et carcinomes épidermoïdes peuvent être diagnostiqués par les deux techniques. (32) I.B.3.4.2.2.a. Examen cytologique des tumeurs pulmonaires A l’examen cytologique, les tumeurs primitives du poumon ressemblent aux autres tumeurs épithéliales. L’examen des cytologies, obtenues par aspiration à l’aiguille fine, montre de gros placards de cellules épithéliales sur un arrière fond de sécrétions et de mucus. Des formation aciniques indiquent une origine glandulaire et doivent suggérer un adénocarcinome. Sont notées des limites cellulaires bien visibles, une hyperchromasie marquée et une anisocariose fréquente. Un pléomorphisme modéré à important est classique dans les carcinomes pulmonaires. Les images alvéolaires ou papillaires peuvent être bien visibles. Les cellules adénomateuses peuvent avoir une seule vacuole de grande taille, sécrétrice. L’absence de cils est une caractéristique des cellules malignes mais est également retrouvée lors de dysplasies. Une inflammation sévère d’accompagnement est fréquente. La différenciation entre les carcinomes bien différenciés et les lésions dysplasiques graves peut être impossible. (33) La différenciation cytologique des différentes origines de la néoplasie (bronchique, bronchiolaire, alvéolaire) ne peut pas être faite. De nombreux carcinomes métastasent au parenchyme pulmonaire. Les préparations cytologiques de carcinomes primaires et métastatiques sont similaires et ils ne peuvent pas être définitivement distingués par l’évaluation cytologique seule. (32) Seul le carcinome épidermoïde possède des images caractéristiques qui autorisent une identification lors de l’analyse cytologique. (32) 54 I.B.3.4.2.2.a. Examen cytologique des masses pulmonaires dans le cadre d’une métastase digitée Lors de notre étude bibliographique de métastases digitées de tumeur primaires pulmonaires, un examen cytologique par ponction à l’aiguille fine des lésions thoraciques a été effectué dans 1 cas. Il a permis de mettre en évidence une population cellulaire monomorphe compatible avec un carcinome épidermoïde. Les mêmes images avaient également été vues sur les examens cytologiques des doigts atteints. (18) I.B.3.5. Examen histopathologique L’examen histopathologique de biopsies est une part essentielle de la pratique en cancérologie. Dans le cas de néoplasies, il permet d’établir un diagnostic. La réalisation des biopsies des lésions digitées implique l’amputation de la troisième phalange. En effet, l’examen des lésions des griffes nécessite le prélèvement de tout l’étui corné et, surtout, des matrices, dorsale et ventrale, de la griffe. De plus, une ostéolyse de la troisième phalange, diagnostiquée par la radiographie, est présente. La technique de référence reste donc l’amputation, sous anesthésie générale, de la troisième phalange. Les résultats des examens histopathologiques sont présentés dans le paragraphe suivant. Toutes les tumeurs primitives sont des carcinomes ou des adénocarcinomes. I.B.4. ETUDE LESIONNELLE I.B.4.1. Examen nécropsique L’examen nécropsique a été réalisé chez 18 individus. Il permet de confirmer la présence d’une tumeur pulmonaire dans tous les cas. La tumeur se présente sous différentes formes. On observe une à plusieurs masses, plus ou moins bien circonscrites, de couleur blanche à jaune pâle et de taille inférieure à 3,5 cm, dont le centre est fréquemment nécrotique. Un épanchement thoracique est noté dans 3 cas sur 18, toujours associé à des lésions pleurales (4/18). Cf. Tableau 5 ci-dessous. Conjointement à l’atteinte digitée, des métastases de la tumeur pulmonaire primitive sont retrouvées au niveau des reins (9/18), des muscles squelettiques (7/18), des nœuds lymphatiques (3/18), du cœur (4/18) , des os (4/18), du foie (2/18), de la peau (3/18), des glandes salivaires (1/18), de la paroi de veine (1/18) et du tractus digestif (1/18). Cf. Tableau 5 ci-dessous. 55 Tableau 5. Nature de la tumeur et localisation de ses métastases lors des examens nécropsiques des chats présentant une métastase digitée de tumeur pulmonaire. NL : Nœud Lymphatique ; M : Muscle ; ND : information non disponible N° cas Nature de la tumeur Lésion pulmonaire Autres lésions et sites métastatiques 1 (17) Carcinome épidermoïde Oui Fémur droit, Scapula droite, Rein gauche, NL poplité gauche Lèvres supérieures 2 (15) Adénocarcinome Nombreux nodules de 2-5 mm de diamètre Nombreuses plaques sur la plèvre pariétale. Epanchement thoracique jaune trouble (500ml). Epanchement péricardique clair (3ml) Reins (nodules de 7 mm), Foie (lobules marqués et 2 nodules crèmes de 5mm) M oblique externe, biceps fémoral gauche, M. infra épineux droit, glande salivaire submandibulaire gauche, Iléum (nodules crèmes <3mm) 3 (15) Adénocarcinome Plaques jaunes-roses sur la plèvre pariétale Foie et Reins : nombreux nodules fermes, couleur crème, < 5mm Quadriceps gauche : nodule < 5mm 4 (19) Adénocarcinome papillaire bronchique ND Bords ventraux du poumon fermes, couleur crème, pas de collapsus Masse 3 cm dans le lobe caudal droit ND ND Cœur, Reins, Vertèbre T6 5 (19) Vertèbre T6 6 (19) Adénocarcinome bronchique ND Yeux, M squelettiques, Duodénum, colon, NL trachéobronchiques, retropharyngés, préscapulaires, coliques, iliaques et poplités. 7 (14) Carcinome bronchique Masse unique, lobe crânial gauche. diamètre < 3 cm, peu circonscrite, couleur pale M vaste médial, M. gastrocnémien gauche, Rein gauche 56 N° cas Nature de la tumeur Lésion pulmonaire Autres lésions et sites métastatiques 8 (14) Carcinome bronchique Masses, dans le lobe moyen droit et les lobes caudaux. Diamètre < 3 cm, peu circonscrites, couleur pale Plèvre localement affinée, plissée et en dépression ; Epanchement thoracique séreux M. biceps fémoral droit, M vaste latéral gauche, M sartorius gauche. Reins Cœur : atteinte multifocale biventriculaire Peau de la région dorso lombaire 9 (14) Carcinome bronchique Masses, dans le lobe crânial gauche, le lobe moyen droit et les lobes caudaux. Diamètre < 3 cm, peu circonscrites, couleur pale Adhésion fibreuse de la plèvre aux bords du lobe caudal et cardiaque gauche. Epanchement thoracique séreux Rein droit. Associé à une hémorragie récente. Cœur : ventricule droit et septum interventriculaire 10 (14) Carcinome bronchique Rein gauche 11 (18) Carcinome épidermoïde 14 (12) 20 (12) 22 (12) Adénocarcinome Masses, dans le lobe crânial gauche et le lobe caudal droit. Diamètre < 3 cm, peu circonscrites, couleur pale Masse blanche dans le lobe caudal droit, adjacente à la bronche primaire. 3,5cm de diamètre, ferme, bien circonscrite, avec un centre nécrotique Oui ND Adénocarcinome Oui ND Muscles de la jambe et du bras Adénocarcinome Oui ND Muscles du jarret Tissu cutané abdominal Adénocarcinome Oui ND Pas d’autres métastases décrites Carcinome bronchique Oui ND Reins, cœur, poumons 12, 15, 21 (12) (13) Veine iliaque interne gauche NL poplité Tissu sous-cutanée du bassin 57 I.B.4.2. Aspect des métastases digitées L’examen histopathologique des doigts montre toujours une infiltration tumorale ostéocutanée entrainant une lyse osseuse importante. Dans de nombreux cas, on note une perte de la griffe, une lyse de la troisième phalange (P3) et dans quelques cas, une nécrose extensive de P3. Quelques animaux présentent une ulcération de l’épiderme, principalement sur la face dorsale du doigt, avec une croûte sérohémorragique à sa surface. Le tissu tumoral a été identifié, principalement, dans les zones adjacentes à la griffe et à l’os de la dernière phalange, ainsi qu’à l’intérieur du derme en face dorsale et sous l’épiderme du coussinet. La tumeur envahit, souvent, la jonction dermo-épidermique de l’épithélium du coussinet et, parfois, l’acrosyringium des glandes sudorales eccrines. Des foyers de nécrose ont été communément trouvés, dispersés dans la tumeur. Des néoformations osseuses sous périostées ont été trouvées associées à P3, avec des îlots de cellules néoplasiques à l’intérieur de l’espace médullaire ainsi qu’à l’intérieur de l’os néoformé. Une invasion de l’espace intra-articulaire a, parfois, été retrouvée, associée à une invasion de la deuxième phalange (P2). (13) Dans plusieurs cas, des agrégats de cellules néoplasiques ont été retrouvés dans les artérioles. (14) Les autres tissus atteints par des métastases présentaient les mêmes caractéristiques que les lésions podales. Le tissu tumoral comporte, généralement, une combinaison de structures tubulaires et d’amas de cellules, en îlots ou en cordons. Le tissu fibrovasculaire de soutien est présent en quantité variable, avec une fibrose plus importante au niveau des lésions podales. Les structures tubulaires sont tapissées par un épithélium cylindrique comportant, dans les cas les plus différenciés, soit plus d’une fois sur deux, un épithélium pseudo-stratifié fait de cellules ciliées et de cellules caliciformes à mucus. Le nombre de ces cellules varie fortement à l’intérieur d’une même tumeur et entre les tumeurs. L’épaisseur de l’épithélium varie de une à plusieurs couches avec, parfois, de courtes papilles s’étendant à l’intérieur de la lumière glandulaire. Les cellules tumorales présentent un noyau de taille variable, modérément chromatique, généralement avec un ou plusieurs nucléoles proéminents et amphophiles. Le cytoplasme est en quantité modérée. Les limites des cellules sont nettes. Une réaction au P.A.S.et une coloration au bleu alcian permet de mettre en évidence du matériel muqueux dans le cytoplasme des cellules tumorales. (12,13,27) Lors de carcinomes épidermoïdes, le derme du doigt contient des formations nodulaires non encapsulées et mal circonscrites composée de cordons d’un épithélium kératinisant néoplasique. De nombreuses cellules néoplasiques présentent un cytoplasme irrégulièrement vitreux et fortement éosinophile (partiellement kératinisé). Des foyers de cellules néoplasiques sont associés à une lyse de la troisième phalange. De nombreux desmosomes relient les cellules entre elles, dans le derme et le poumon. (18) L’examen histopathologique de la tumeur pulmonaire confirme la présence d’un adénocarcinome ou d’un carcinome bronchique primitif 58 Photo 2. Aspect histopathologique d’une métastase digitée de carcinome pulmonaire. Mise en évidence de l'origine épithéliale des nodules tumoraux métastatiques, du derme profond, par immunomarquage des cytokératines. Photographie du Dr. D. Pin I.B.5. PRONOSTIC ET TRAITEMENT Dans le cadre de notre étude, les métastases de la tumeur primitive sont déjà présentes. Le pronostic est très sombre à court terme. Tous les chats sont morts, rapidement, après l’apparition de la première lésion : au maximum après 122 jours (13), et, plus fréquemment, dans les 5 semaines suivant la présentation initiale. Cependant, il n’a pas été rapporté de tentative de traitement. Un traitement curatif chirurgical n’est pas envisageable car la tumeur a déjà métastasé. Peu d’informations sont disponibles disponibles sur les traitements radiothérapiques et chimiothérapiques. Des essais ont été effectués chez le chien avec des succès limités. Des réponses positives sont rapportées en utilisant un protocole comportant de la vindesine (avec ou sans cisplatine). (34) Il nous semble qu’un traitement palliatif peut, cependant, être entrepris avec pour objectif de soulager l’animal. Dans notre étude, les animaux sont toujours présentés pour boiterie. L’amputation du doigt atteint, dans un but diagnostic, est parfois rapporté comme ayant amené une amélioration clinique (15). L’utilisation d’analgésiques, bien que non rapportée dans la littérature, nous semble être un impératif dans l’attente du diagnostic ou de l’euthanasie. I.B.6. PATHOGENIE Les tumeurs pulmonaires en cause ont un fort fort potentiel métastatique mais la pathogénie précise de la localisation digitée reste inconnue. La théorie la plus couramment avancée postule que la tumeur se dissémine par voie hématogène. Les coussinets, sièges d’échanges thermiques importants, possèdent un réseau vasculaire très développé qui 59 pourrait favoriser l’implantation métastatique. En effet, les vaisseaux de faible calibre favorisent l’enclavement et la fixation des cellules tumorales. Le tropisme pour cette localisation peut également être expliqué par différents mécanismes : l’expression de récepteurs endothéliaux favorisant l’adhésion des cellules tumorales et la synthèse de molécule chimio-attractives par l’organe cible qui recrutent la population tumorale en migration. (1,12,13,34). I.C. AUTRES LOCALISATIONS DE METASTASES CUTANEES DE TUMEURS PULMONAIRES Des métastases cutanées d’adénocarcinome bronchique, situées sur l’abdomen, ont été récemment décrites chez 2 chats. Contrairement aux animaux présentés ci-dessus, les lésions cutanées sont accompagnées de signes généraux et d’anomalies de l’examen de l’appareil respiratoire. (20,21) I.C.1. ANAMNESE ET COMMEMORATIFS Les deux cas ont concerné des chattes stérilisées, de maison, à poils courts, de 6 et 11 ans. Les motifs de consultation sont une baisse d’activité, avec absence de toilettage, pour le 1er chat (21) et une anorexie associée à une dermatite et à une boiterie intermittente pour le 2ème chat (20). Ce dernier a présenté des signes respiratoires, avant la consultation, sous forme d’épisodes de toux pendant les 12 mois précédents ; un diagnostic de présomption d’asthme avait été réalisé et un traitement corticoïde de longue durée avait résolu les symptômes. Cinq semaines avant la consultation, le chat a été traité pour toux et hyperthermie avec des antibiotiques et des corticoïdes (céfalexine 20mg/kg, per os, deux fois par jour et prednisolone 1mg/kg/j, per os, pendant 10 jours) ce qui a permis un arrêt de la toux. I.C.2. PRESENTATION ET EVOLUTION CLINIQUES Lors de l’examen clinique, le premier animal est en hyperthermie (39,5°C), avec une fréquence respiratoire modérément augmentée (45 mouvements par minute) et une absence de bruit respiratoire dans la portion caudale de l’hémithorax droit. Six jours plus tard, l’animal présente une dyspnée sévère, due à un épanchement thoracique, avec anorexie, léthargie, hyperthermie (39,5°C) et des vomissements occasionn els. Huit jours après la présentation, le chat est euthanasié car ses symptômes s’aggravent. Lors de la consultation, le deuxième chat est abattu et en hyperthermie (39,7°C). Des râles pulmonaires bilatéraux, plus marqués dans les lobes caudaux, sont audibles. Des pustules et des papules érythémateuses, distribuées symétriquement, sont visibles sur l’abdomen. Ces lésions sont centrées sur l’aréole des mamelles. En certains endroits les papules sont coalescentes et forment des plaques. Les lésions sont douloureuses. Le chat refuse de se déplacer et la boiterie ne peut pas être observée mais la palpation des deux membres postérieurs est douloureuse. Les nœuds lymphatiques poplités sont hypertrophiés et douloureux. I.C.3. EXAMENS DE LABORATOIRE ET DIAGNOSTIC Chez le chat numéro 1, on réalise une numération et une formule sanguines, un profil biochimique, des tests FeLV et FIV ainsi que des analyses urinaires qui ne mettent en évidence qu’une neutrophilie très discrète. Chez le deuxième animal, les mêmes analyses sanguines sont effectuées et elles ne révèlent pas d’anomalie. 60 Lors de la première consultation du chat numéro 1, des radiographies thoraciques ont mis en évidence une opacification intéressant tout le lobe caudal droit. Un examen échographique du thorax est réalisé 6 jours plus tard, sur une suspicion d’épanchement thoracique. Il révèle un épaississement de la plèvre et du péricarde associés à un épanchement pleural. L’analyse du liquide d’épanchement révèle un exsudat. Des analyses cytologiques sont réalisées sur le nodule cutané et le liquide d’épanchement. Leur aspect est similaire : présence d’une population cellulaire épithéliale atypique, organisée en amas de type acinaire, avec une anisocariose marquée et un rapport nucléocytoplasmique élevé. Les analyses permettent de conclure à la présence d’un carcinome. L’examen radiographique du thorax du chat numéro 2 révèle une opacification alvéolaire avec une consolidation du lobe pulmonaire caudal droit. L’examen cytologique du contenu d’une pustule intacte révèle des cellules inflammatoires accompagnées d‘un contingent des cellules rondes à polyédriques, de taille variable, avec un cytoplasme vacuolé et un gros noyau contenant de gros nucléoles aux formes irrégulières. Des mitoses normales et anormales sont observées. Ces cellules sont, parfois polynucléées, parfois associées en amas ; certaines sont ciliées. Ces cellules sont identifiées comme des cellules néoplasiques d’origine épithéliale, provenant de l’appareil respiratoire. L’analyse des nœuds lymphatiques, hypertrophiés, ne révèle pas de métastase mais une hyperplasie réactionnelle. L’examen histopathologique de biopsies cutanées met en évidence l’infiltration du derme superficiel et profond par des cordons et des nodules de cellules épithéliales néoplasiques. Des emboles de ces cellules sont présents dans les vaisseaux lymphatiques. I.C.4. LESIONS NECROPSIQUES Chez les deux animaux, en plus des lésions observées lors de l’examen clinique, on ne trouve que des lésions thoraciques. L’autopsie du chat numéro 1 met en évidence un épanchement thoracique sérohémorragique, un nodule blanc-jaune de 3 cm de diamètre dans le lobe pulmonaire caudal droit, de nombreux petits nodules blanc de quelques millimètres de diamètre dans tout le reste du parenchyme et sur la plèvre, un épaississement de la plèvre pariétale du péricarde et du médiastin, deux nodules blancs sur le diaphragme, avec la présence d’une hypertrophie des nœuds lymphatiques médiastinaux et bronchiques. La lésion cutanée fait 0,5 cm de diamètre, est ulcérée et s’étend dans le tissu sous-cutané. Sur le 2ème chat, de petits nodules blancs, de 2 mm de diamètre en moyenne, sont disséminés dans tout le parenchyme pulmonaire. Un plus gros nodule de 1,5 mm est présent dans le lobe caudal droit. De petits nodules similaires sont présents sur la plèvre pariétale. Des prélèvements sont effectués sur les lésions des deux animaux. Leur examen histopathologique confirme le diagnostic d’adénocarcinome bronchique avec métastases cutanées et pleurales. 61 I.D. PATHOLOGIE COMPAREE En médecine humaine, lorsque des métastases cutanées d’une tumeur primitive d’origine inconnue apparaissent, le cancer du poumon est le premier à rechercher chez un homme et le cancer du sein chez une femme. Les cancers du poumon métastasent à la peau dans 2,8 à 8,7% des cas, dans les phases avancées de la maladie. Dans 7 à 23,8% des cas il s’agit de la première manifestation de la tumeur primitive. (35). Dans plusieurs études, il est montré que, lorsqu’un carcinome pulmonaire s’étend à la peau, les métastases sont souvent présentes avant ou au moment du diagnostic (17 sur 25 dans une étude de 2006) (36). Les localisations préférentielles des métastases sont la poitrine, le dos et l’abdomen. Des métastases digitées se produisent moins fréquemment (6 à 8%) (37,38). Le diagnostic est histopathologique, comme chez l’animal. Le pronostic est sombre car, en général, la maladie est avancée avec l’atteinte d’autres sites tels que le cerveau, le foie, les os et les surrénales. Dans une étude sur 34 patients ayant développé des métastases cutanées d’une tumeur pulmonaire, le temps de survie moyen, à partir du diagnostic de cancer pulmonaire, a été de 10,3 mois (médiane de 7 mois) et de 4,9 mois à partir du diagnostic de métastase cutanée (médiane de 3 mois). (38) Les métastases sous-unguéales sont décrites chez l’homme. Elles concernent principalement des patients avec des tumeurs primaires du poumon (41%), des organes génito-urinaires (17%) et de la poitrine (9%). Leur présentation clinique est similaire à celle des métastases digitées du chat. Elles sont fréquemment douloureuses et se présentent, souvent, soit comme une hypertrophie ou une tuméfaction, érythémateuse, de l’extrémité distale du doigt, soit comme un nodule rouge violacé qui déforme l’ongle ou les tissus mous. Les lésions sont souvent confondues avec une infection aiguë. Les lésions affectent un ou plusieurs doigts des mains dans 92% des cas. Ces métastases peuvent se présenter chez des patients cancéreux et des patients chez lesquels aucun cancer n’a été diagnostiqué. (39) S YNTHESE Une tumeur pulmonaire peut métastaser en localisation digitée chez le chat avant l’apparition des signes respiratoires. Il s’agit donc d’une affection à connaitre et à envisager devant toute lésion douteuse du coussinet ou du doigt. En présence d’une telle lésion et compte tenu du pronostic très réservé, il semble justifié de réaliser une biopsie avec, éventuellement, des radiographies du membre et du thorax. 62 II. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS MAMMAIRES ET CARCINOME MAMMAIRE INFLAMMATOIRE Les tumeurs mammaires métastasent de manière privilégiée aux poumons (60 à 80% des métastases observées), mais d’autres organes peuvent également être atteints : nœuds lymphatiques, surrénales, reins, cœur, os, foie, cerveau, œil, nez, rate, utérus. (40,41,42,43) Peu fréquemment, la peau est une localisation métastatique des tumeurs mammaires félines ou canines : on parle alors de carcinomatose cutanée. (42) Une forme particulière de carcinome mammaire se manifeste principalement par des signes cutanés qui font suite à l’envahissement des vaisseaux lymphatiques du derme par des emboles tumoraux : le carcinome mammaire inflammatoire. Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’une métastase cutanée, nous traiterons de cette entité clinique car il s’agit d’une manifestation cutanée de la dissémination métastatique. II.A. GENERALITES ET CONDUITE A TENIR FACE A UNE TUMEUR MAMMAIRE II.A.1. GENERALITES Les tumeurs des glandes mammaires sont les tumeurs les plus fréquentes chez la chienne (de 25 à 50% des tumeurs observées dans l’espèce canine selon les études). Elles sont parmi les plus fréquentes chez la chatte, après les lymphomes et les tumeurs cutanées (environ 17% des tumeurs dans l’espèce féline). (40) Leur incidence annuelle a été estimée de 198 à 260 pour 100 000 chiennes. Chez la chienne on trouve 50% de tumeurs bénignes et 50% de tumeurs malignes. Parmi les tumeurs malignes, les adénocarcinomes sont les plus fréquents (environ 84% des tumeurs malignes). (40,44) Leur dissémination métastatique à la peau a peu d’intérêt diagnostique : les tumeurs mammaires sont des tumeurs facilement identifiables et l’apparition des métastases suit, généralement, de quelques mois à quelques années, la découverte de la tumeur primaire. L’apparition de ce type de métastases devrait pouvoir être minimisée par la conduite d’une démarche diagnostique, pronostique et thérapeutique adaptée, afin de réduire au maximum la probabilité de dissémination. Ces étapes sont également à effectuer en présence de métastases cutanées, afin d’évaluer les conséquences de la maladie sur l’organisme. II.A.2. CONDUITE A TENIR : DIAGNOSTIC ET PRONOSTIC En présence d’une tumeur mammaire, la démarche diagnostique est la même que devant toute autre tumeur. Le but est dévaluer les répercussions cliniques de la tumeur sur l’organisme et de permettre d’identifier le processus néoplasique en présence. II.A.2.1. Découverte de la tumeur Le tissu mammaire est visible et palpable. Les tumeurs de la mamelle se présentent sous forme de nodule(s) ou de masse(s) dont l’identification est aisée. Elles peuvent être détectées par le propriétaire ou par le vétérinaire. La palpation des mamelles devrait être 63 effectuée, lors de tout examen clinique, particulièrement chez les femelles non stérilisées ou stérilisées tardivement. (40) II.A.2.2. Bilan d’extension Chez la chienne, environ la moitié des tumeurs mammaires sont malignes tandis que, chez la chatte, 80 à 90% sont malignes. (45,46) Le bilan d’extension permet d’évaluer, de la façon la plus exhaustive possible, les répercussions organiques de la présence tumorale. Il permet, également, de donner des informations cliniques de pronostic. (40) II.A.2.2.1. Bilan d’extension locale Il faut localiser précisément la ou les glandes atteintes. Cette étape permettra, ensuite, d’orienter l’examen du système lymphatique, la technique de prélèvement et la technique chirurgicale. Le bilan d’extension locale précise la durée d’évolution de la tumeur, sa vitesse de croissance, sa taille, sa mobilité par rapport aux tissus environnants et l’existence d’un phénomène inflammatoire ou d’une ulcération cutanée. (40) La peau étant un site métastatique possible, on pourra, lors de l’examen de la zone mammaire, identifier des nodules cutanés métastatiques. II.A.2.2.2. Bilan d’extension régionale Le bilan d’extension régionale consiste en l’évaluation de l’infiltration ganglionnaire. La grande majorité des tumeurs mammaires cancéreuse est d’origine épithéliale et leur première voie de dissémination est lymphatique. (40,43,45) Chez la chienne, les mamelles M1 et M2 sont drainées par le lymphocentre axillaire ipsilatéral (palpable uniquement en cas d’hypertrophie dans le creux axillaire), les mamelles M4 et M5 sont drainées par le lymphocentre inguinal superficiel, la mamelle M3 est, le plus souvent, drainée par le nœud lymphatique axillaire mais peut également être drainée par le nœud lymphatique inguinal. (40,43). Chez la chatte, les nœuds lymphatiques axillaires drainent les deux mamelles antérieures (M1 et M2). Les ganglions inguinaux superficiels drainent les mamelles postérieures M3 et M4. Il n’existe que très rarement une communication lymphatique entre M2 et M3. Dans les deux espèces, les vaisseaux lymphatiques ne traversent pas la ligne médiane. (44) La palpation n’est pas une méthode fiable de détection d’une infiltration ganglionnaire métastatique : toute infiltration métastatique n’entraine pas une adénopathie, et toute adénopathie n’est pas synonyme d’infiltration néoplasique. (40,43) La cytologie par ponction à l’aiguille fine devrait être systématiquement réalisée. Cette méthode est assez fiable, avec une sensibilité de 100% et une spécificité de 96%, selon une étude incluant des chiens atteints de nombreux types tumoraux. (43) Seul l’examen histopathologique du nœud lymphatique entier permet d’exclure une infiltration métastatique. (40,43) II.A.2.2.3. Bilan d’extension générale Le bilan d’extension générale correspond à la recherche de métastases à distance. Plusieurs études ont montré que les poumons sont le site de d’implantation privilégié, avec 60 à 80% des métastases observées. Tous les chiens avec des tumeurs mammaires malignes devraient subir un examen radiographique thoracique selon deux incidences ou deux incidences latérales et une incidence de face. Cet examen permet de détecter des 64 métastases d’une taille supérieure à 5 mm environ. Elles se présentent sous forme de nodules ou de masses, uniques ou multiples, à bords nets ou flous. Le scanner permet la détection de nodules de taille inférieure (4 mm), c’est l’examen standard d’évaluation de métastases pulmonaires en médecine humaine. Cette nette prédominance de métastases pulmonaires ne doit pas faire oublier l’existence d’autres organes cibles, en particulier les os, le foie et l’encéphale. Ainsi, une boiterie douloureuse, des convulsions, des anomalies biochimiques hépatiques, la palpation d’une masse abdominale… doivent conduire à des investigations approfondies de ces organes, à la recherche de métastases, chez un chien présentant ou ayant présenté une tumeur mammaire. Il en est de même lorsqu’on découvre la présence d’une carcinomatose cutanée afin d’évaluer l’extension de la maladie. (40,43) Enfin, les tumeurs malignes de la mamelle peuvent être à l’origine de syndromes paranéoplasiques. Il s’agit principalement d’une fièvre, d’une coagulation intravasculaire disséminée ou d’un syndrome de Cadiot-Ball associé à la présence de métastases pulmonaires. (40) II.A.2.3. Pronostic II.A.2.3.1. Pronostic clinique Le bilan TNM permet de codifier les caractéristiques cliniques de la tumeur et permet d’établir un bilan clinique de la maladie pour préciser le pronostic. Les trois éléments étudiés (tumeur primaire, nœuds lymphatiques régionaux et identification des métastases à distance) prennent en compte les résultats du bilan d’extension. A chacun de ces éléments est attribuée une note. L’association des différentes notes permet d’obtenir le stade clinique. Le Tableau 6 ci-dessous reprend la classification de l’organisation mondiale de la santé en 1980. En Annexe est proposée une classification modifiée, utilisée dans certaines publications, et qui comporte 5 stades cliniques au lieu de 4. Plus le stade TNM augmente, plus le pronostic est sombre. La classification TNM constitue un moyen pratique afin de donner une première évaluation du pronostic. 65 Tableau 6. Classification des stades cliniques des tumeurs mammaires selon le système TNM. D’après Owens LN (TNM classification of tumors in domestic animals, 1st edition. Geneva: World Health Organisation. 1980) SYSTEME TNM Extension de la tumeur primaire : T Plusieurs critères sont utilisés : la taille et l’état de la peau et des tissus sous-jacents. T0 : pas de tumeur T1 : Taille inférieure à 3cm T2 : Diamètre compris entre 3 et 5 cm T3 : Diamètre supérieur à 5 cm T4 : Tumeur de toute taille avec extension directe à la peau et aux muscles On peut ensuite affiner chaque note en évaluant l’adhérence de la tumeur aux tissus voisins : a : Non adhérente b : Adhérente à la peau c : Adhérente au muscle Atteinte des nœuds lymphatiques locorégionaux : N Les critères étudiés par la palpation sont la taille, la fermeté, la mobilité, l’adhérence, le caractère unilatéral ou bilatéral et le nombre : N0 : Pas d’adénopathie N1 : Adénopathie unilatérale a : non fixée b : fixée N2 : Adénopathie bilatérale a : non fixée b : fixée Métastases à distance : M M0 : Absence de métastases M1 : Présence de métastases. GROUPEMENT PAR STADES Stade I Stade II Stade III Stade IV T N M T1 a, b ou c T0 T1 a, b ou c T2 a, b ou c Tous T3 Tous T Tous T N0 ou N1a N1 N1 N0 ou N1a Tous N Tous Nb Tous N M0 M0 M0 M1 Chez la chienne, le taux de survie à plus de 2 ans après chirurgie serait de 70% pour les tumeurs de moins de 3 cm, alors qu’il serait de 25% pour les tumeurs de plus de 3 cm. (44) Chez la chatte, la taille de la tumeur a également une signification pronostique. Le temps de survie moyen est de 6 mois pour une tumeur de plus de 3 cm, alors qu’elle est de 2,5 ans pour une tumeur de moins de 3 cm. (44) Ce stade clinique associé à un pronostic permet au propriétaire de prendre sa décision vis-àvis des possibilités de traitement à envisager. 66 II.A.2.3.2. Pronostic histopathologique Le diagnostic définitif est obtenu par examen histopathologique de biopsies de la masse. Celles-ci sont généralement obtenues lors de l’exérèse de la masse. Cet examen permet de confirmer la présence d’une néoplasie, de la typer et d’obtenir le grade histologique qui revêt une importance capitale dans l’établissement d’un pronostic, dans le cas des adénocarcinomes mammaires. Le Grading de Scarff et Bloom évalue, de 1 à 3 points, le degré de différentiation, d’anaplasie et le nombre de mitoses observées au grossissement x400. En fonction du nombre de points le degré de malignité est faible, modéré, ou élevé. (45,47) Les taux de survie en fonction du grading ont été étudiés. Les résultats sont résumés dans le Tableau 7 ci-dessous. Tableau 7. Evaluation des taux de survie en fonction du grade de la tumeur ; D’après Lagadic et al. (1990) (47) Grade 1 Grade2 Grade 3 0 – 6 mois 0,97 1 0,77 6 – 12 mois 0,91 0,78 0,33 12 – 18 mois 0,86 0,57 0,27 18 – 24 mois 0,86 0,43 0,17 24 – 30 mois 0,66 0,43 0,17 30 – 36 mois 0,63 0,43 0,17 La présence de métastases ou d’emboles vasculaires, décelés lors de l’examen microscopique, influence également, très défavorablement, le pronostic des cancers mammaires après exérèse (47). Le praticien et le pathologiste porteront une attention particulière à l’invasion des vaisseaux lymphatiques du derme associée au développement de carcinomes mammaires inflammatoires (cf. paragraphe II.C.4.2 ci-dessous). On voit que le grade de la tumeur et son stade clinique influent sur les taux de survie et les récidives. Il est, donc, essentiel de bien évaluer le pronostic pour proposer la thérapeutique la plus adaptée afin de limiter l’évolution de la maladie (et son extension éventuelle au tissu cutané) et d’augmenter la durée de survie. II.A.3. CONDUITE A TENIR : TRAITEMENTS Les méthodes de traitement des cancers du sein chez la femme comprennent la chirurgie, la radiothérapie, l’hormonothérapie et la chimiothérapie. Un consensus existe sur les modalités de la prise en charge des patientes. En médecine vétérinaire, la chirurgie est le seul traitement communément pratiqué et il n’existe pas de consensus sur l’utilisation des autres traitements anticancéreux disponibles. 67 II.A.3.1.1. Chirurgie C’est le seul traitement permettant de contrôler l’extension locale de la tumeur. Des marges de 1 cm minimum, par rapport au bord de la tumeur, doivent être respectées. Cette chirurgie peut avoir différents objectifs : contribution au diagnostic et au pronostic par analyse histopathologique suite à l’exérèse, chirurgie curative en l’absence de métastase, chirurgie combinée à d’autres moyens thérapeutiques, chirurgie palliative de cancer avancé (en présence de métastases pulmonaires, par exemple, cette chirurgie peut permettre de soulager l’animal et de supprimer les symptômes qui le gênent). (40,45) Plusieurs techniques peuvent être employées (40,45): − − − − − − La nodulectomie : on enlève uniquement la tumeur sans toucher au tissu mammaire environnant. Généralement utilisée lorsque le nodule est petit (<5mm), encapsulé, bien délimité et non adhérent. La mammectomie partielle : on retire la tumeur et le tissu mammaire au contact de la tumeur. Cette technique est utilisée pour des tumeurs jusqu’à 2 cm de diamètre et n’occupant qu’une partie d’une seule glande. La mastectomie locale : on enlève la glande mammaire entière où se trouve la tumeur La mastectomie régionale : on enlève un groupe de glandes, en fonction de la localisation de la tumeur et du drainage lymphatique. Si la glande 2 est atteinte, on enlève les glandes 1 et 2 ; si la glande 4 est atteinte, on enlève les glandes 4 et 5. La mastectomie unilatérale d’une chaine complète : l’exérèse concerne toute la chaine contenant la tumeur, y compris le tissu situé entre chaque glande et le système lymphatique associé. La mastectomie complète bilatérale : les deux chaines sont enlevées, lorsque des tumeurs sont présentes sur les deux chaines. Il est préférable d’intervenir en deux fois, avec un mois d’intervalle entre les deux interventions, sinon la suture cutanée pourra être difficile à réaliser. Les données disponibles indiquent que l’extension de la chirurgie a peu d’influence sur le taux de survie et de récidive chez la chienne (à condition que la tumeur soit enlevée dans son intégralité et que les marges soient saines). (43) Chez la chatte, la mastectomie unilatérale complète est la technique la plus souvent utilisée : elle réduit significativement la probabilité de récidives locales. Mais on peut estimer que 10 à 15% des chattes, avec des nodules bénins, sont exagérément traitées par cette méthode. (45) La chirurgie est cependant contre indiquée lorsque des métastases sont présentes et dans le cas des carcinomes inflammatoires. II.A.3.1.2. Chimiothérapie Proposée chez toutes les femmes présentant un risque métastatique, la chimiothérapie est également utilisée chez la chienne avec des tumeurs malignes de la mamelle. Il y a, cependant, peu d’informations concernant leur efficacité chez les animaux présentant des métastases à distance au moment du diagnostic. (43). 68 Chez la chienne, un protocole composé de 5 fluoro-uracile (5-FU) (150 mg/m2, par voie intraveineuse) et de cyclophosphamide (100 mg/m2, par voie intraveineuse) administrés le même jour, une fois par semaine, pendant 4 semaines, a donné de bons résultats sur des tumeurs de grade histologique III. Dans le groupe de 8 chiennes où seule la chirurgie a été entreprise, 67% des chiennes meurent dans les 2 ans suivant la chirurgie, à cause des métastases. Dans le groupe dans lequel une chirurgie a été associée au protocole de chimiothérapie sus-cité, toutes les chiennes ont survécu 2 ans après la chirurgie. Les effets secondaires observés ont été bénins et bien tolérés (44,48). La doxorubicine a permis une rémission partielle de longue durée (12 et 15 mois) sur des métastases pulmonaires d’adénocarcinomes mammaires chez deux chiennes (49). Cependant, chez 12 chiennes présentant des cancers mammaires (de grade histologique II et III) et traitées avec une chimiothérapie adjuvante, doxorubicine associée au docetaxel, aucun allongement de l’intervalle de récurrence, ni du temps avant métastase, ni de la durée de survie, n’a été démontré par rapport aux 19 chiennes traitées par chirurgie uniquement (50). Chez la chatte, plusieurs protocoles utilisant de la doxorubicine ont montré une efficacité sur les tumeurs mammaires. Une chimiothérapie composée de doxorubicine (25 mg/m2 par voie IV, à J1), toutes les 3 semaines, seule ou associée à du cyclophosphamide (100 mg/m2 per os, de J3 à J6 après la doxorubicine), toutes les 3 à 4 semaines, a induit une réponse à court terme chez environ la moitié des chats qui présentaient une tumeur non résécable ou métastasée (45). Selon Novosad en 2001, des chattes présentant des tumeurs de stade TNM 3, traitées avec ce protocole (5 traitements), après chirurgie, ont une moyenne de survie augmentée : 641 jours contre 180 lors de chirurgie seule. Ce protocole semble donc assez intéressant et a été assez bien toléré. (44) Une étude rétrospective, effectuée par le même auteur en 2006, sur l’utilisation de doxorubicine pour traiter 67 cas d’adénocarcinomes mammaires chez la chatte, a donné, également, des résultats intéressants. Le protocole étudié consistait en l’administration, par voie intraveineuse, de doxorubicine à la dose de 1 mg/kg, toutes les 3 semaines, pendant 5 cycles. La moyenne de survie atteint 14 mois chez les chattes traitées avec ce traitement après une mastectomie complète. 59% des patients étaient en vie à 1 an, 37% à 2 ans et 17 % à 5 ans. (51) Ces études suggèrent que l’utilisation de la chimiothérapie adjuvante pourrait améliorer la prise en charge des tumeurs mammaires de la chatte mais des essais randomisés sont toujours nécessaires afin de prouver réellement leur efficacité. II.A.3.1.3. Autres traitements D’autres traitements sont à l’étude : nouveaux protocoles de chimiothérapie, immunothérapie, photothérapie, hormonothérapie… La radiothérapie, peu disponible en France à l’heure actuelle, pourrait prendre une place plus importante dans la stratégie de lutte combinée contre les tumeurs mammaires. Son association à l’exérèse chirurgicale est notamment utile pour les sarcomes des glandes mammaires qui récidivent localement. (44,43) La radiothérapie peut également être palliative lorsque l’exérèse de la tumeur est impossible ou dans le cas de carcinomes inflammatoires (44). Les œstrogènes et la progestérone ont un rôle dans le développement des tumeurs mammaires. On sait que des récepteurs, aux œstrogènes et à la progestérone, sont présents dans 50% des tumeurs malignes de la chienne mais que leur présence est rare dans les métastases. (46,52) Bien que l’ovariohystérectomie précoce ait un rôle préventif dans le développement de tumeurs mammaires, il semble, qu’en l’état actuel des 69 connaissances, la stérilisation des chiennes après l’apparition de la tumeur n’a pas d’intérêt thérapeutique. De plus, on manque de données sur l’efficacité des anti-œstrogènes tels que le tamoxifène (utilisé pour certaines tumeurs du sein de la femme). (45,46) L’utilisation de l’hormonothérapie semble, donc, à l’heure actuelle, avoir peu d’intérêt dans le traitement de tumeurs malignes métastasées. Le niveau d’expression de la cyclooxygénase 2 (COX 2) est corrélé avec les signes cliniques et histologiques de malignité des tumeurs mammaires. On a donc supposé que l’utilisation d’inhibiteurs de la COX-2 pourrait avoir une utilité dans le traitement des tumeurs mammaires du chien. Une inhibition de la production de prostaglandines E-2 (à action proangiogénique) et une diminution de la prolifération cellulaire ont été obtenues, suite à l’utilisation d’un inhibiteur sélectif de la COX-2, sur des lignées de cellules de tumeurs mammaires canines. Des résultats cliniques sur d’autres tumeurs (comme les carcinomes transitionnels de la vessie) ont également été obtenus. En outre, dans le cas des carcinomes mammaires inflammatoires, seul le piroxicam, un inhibiteur de la COX-2, a permis d’obtenir des résultats cliniques. (45,53) Bien qu’il manque encore de preuves cliniques de leur efficacité, les anti-inflammatoires sélectifs anti-COX-2 pourront donc être intéressants dans le traitement de carcinomes mammaires et de leurs métastases. En utilisant les informations présentées ci-dessus sur le comportement des tumeurs mammaires et l’efficacité des traitements disponibles, un arbre décisionnel de prise en charge en fonction de leur taille, de leur stade clinique et de leur type histologique est proposé ci-dessous. (Tableau 8) 70 Tableau 8. Proposition de prise en charge des tumeurs mammaires canines malignes en fonction de la taille de la tumeur, de son stade, de son grade, de son type histologique et de sa différentiation ; modifiée d’après Sorenmo (2003) (43) Abréviations : NL : nœud lymphatique ; OVH : ovariohystérectomie Stade clinique Type tumoral Différentiation histologique Traitement recommandé 1 Carcinome Différencié Ablation <3cm 1 Carcinome Non différencié Ablation totale + Chimiothérapie >3cm 2 et 3 Carcinome Tous Ablation totale + Chimiothérapie Toute taille 4 Carcinome Tous Ablation totale (avec NL) + Chimiothérapie Toute taille 5 Carcinome Tous +/- chirurgie (palliative) Chimiothérapie palliative Toute taille Tout stade Carcinome Inflammatoire Chimiothérapie + Analgésiques + Antiinflammatoires Toute taille 1, 2 et 3 Sarcome Tous Carcinosarcome Taille de la tumeur <3cm Exérèse large + Radiothérapie si exérèse incomplète + Chimiothérapie Compte tenu des connaissances actuelles, peu de traitements adjuvants efficaces sont disponibles dans le traitement des tumeurs mammaires métastasées. Leur prévention et, le cas échéant, leur détection et leur traitement, précoces, sont donc essentiels. II.B. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS MAMMAIRES Ce type de métastases cutanées est assez fréquemment rapporté dans les ouvrages généraux (42,54) malgré un assez faible nombre d’articles décrivant des cas (55,56,57,58,59,60). Il s’agit surtout d’adénocarcinomes, bien qu’il ait été décrit un cas de métastase cutanée d’ostéosarcome extrasquelettique mammaire chez une chienne Doberman (61). II.B.1. PRESENTATION CLINIQUE II.B.1.1. Commémoratifs et anamnèse Les animaux atteints sont des femelles âgées de 11 à 13 ans, dans l’espèce canine, et de 10 et 12 ans, dans l’espèce féline. Une exérèse de tumeur mammaire réalisée quelques semaines (et jusqu’à 2 ans) auparavant est fréquemment rapportée dans l’anamnèse. Cependant, D. Pin rapporte le cas d’une chienne dont le carcinome mammaire a été découvert un mois après les lésions métastatiques. (58) 71 II.B.1.2. Lésions cutanées Les lésions se présentent, souvent, sous la forme de papules ou de nodules fermes, souvent coalescents, pouvant former des plaques (parfois dites en coulée de lave). Les lésions sont, souvent, multiples et érythémateuses, ulcérées ou érodées. Cf. Photo 3 Une douleur ou un prurit est parfois présent (42,56,58,59). On peut, également, observer des bulles sous épidermiques, témoins de l’embolisation de cellules tumorales (62). La présence de métastases peut être associée à un carcinome inflammatoire ou une infection de la peau (56,58). Initialement, les lésions sont localisées aux alentours de la tumeur initiale. Elles s’étendent rapidement aux zones adjacentes : tronc, ligne blanche, ars et, parfois, jusqu’à la région anale. (42,55,58,60). Des localisations et présentations plus atypiques peuvent cependant se produire. Un chien a été présenté avec une dermatose vésicopustuleuse sur le coté gauche du thorax (56). Une chatte a développé, 5 mois après une mastectomie, des masses inguinales fongiformes, érythémateuses et ulcérées, évoquant chez les auteurs des plaques éosinophiliques (60). Des localisations plus lointaines sont possibles. Une métastase sur un doigt est rapportée (62). Enfin, un cas est décrit chez un chat de 10 ans qui a présenté un nodule sous-cutané, bien délimité, de 0,5 cm de diamètre, entre les deux oreilles, 1 an après l’exérèse d’un adénocarcinome mammaire métastasé au nœud lymphatique inguinal. L’analyse histopathologique a confirmé la suspicion de métastase de la tumeur mammaire initiale, associée à des métastases hépatiques, spléniques et pulmonaires. (57) 72 Photo 3. Aspect clinique d’une chienne présentant des métastases cutanées d’un carcinome mammaire, retiré chirurgicalement quelques semaines auparavant. Atteinte du tronc du coté de la zone opérée. Photographie du Dr. D. Pin Photo 4. Vue rapprochée des lésions de la même chienne que sur la Photo 3. On observe des croutes et des ulcères. Les lésions sont séparées par des zones de peau saine et entourées par un bourrelet inflammatoire. Photographie du Dr. D. Pin. 73 II.B.1.3. Signes généraux Lors de la première présentation de ces nodules, les signes généraux sont souvent absents. Seul un animal présentait des difficultés respiratoires au moment du diagnostic (59). Dans les semaines suivantes, les animaux développent fréquemment une détresse respiratoire, un abattement ou une diarrhée qui motive l’euthanasie. II.B.2. DIAGNOSTIC Le diagnostic est basé sur l’anamnèse, qui rapporte, quasiment toujours, l’existence de tumeurs mammaires, opérées quelques semaines à quelques années auparavant, sur l’observation des lésions et sur la réalisation de biopsies cutanées. Le diagnostic différentiel dépend de la présentation des lésions. En outre, il peut être compliqué par la présence d’infections secondaires, bactériennes ou mycosiques. Il inclut : − − − − D’autres tumeurs cutanées (lymphome cutanéo-muqueux T épithéliotrope, mastocytome, carcinome épidermoïde) Une xanthomatose (infiltration du derme par des histiocytes chargés de lipides dans certaines dyslipidémies) Une calcinose cutanée (secondaire à un hypercorticisme) Des plaques éosinophiliques ou des granulomes éosinophiliques (chez le chat) (42,58) Le diagnostic de certitude est histopathologique. Il s’effectue sur des biopsies cutanées. On observe une prolifération tumorale maligne, constituée de cellules glandulaires, pléomorphes, souvent peu différentiées, isolées, parfois associées en petits amas lobulés. Le derme, l’hypoderme et l’épiderme peuvent être atteints. Est, aussi, présente une infiltration des vaisseaux lymphatiques cutanés par de nombreux emboles néoplasiques, ainsi que des nodules de cellules tumorales s’étendant à partir de ceux-ci. Des images de perméation lymphatique sont parfois visibles. (42,55,56) Photo 5. Envahissement du derme par des métastases d’un carcinome mammaire. Photographie du Dr. D. Pin. 74 II.B.3. PRONOSTIC ET TRAITEMENT Le pronostic est sombre à court terme, tous les cas décrits ayant été euthanasiés dans les 5 semaines suivant la consultation initiale. Les traitements envisageables sont uniquement palliatifs. Les infections, bactériennes ou fongiques, sont traitées. Dans le cas où elles étaient présentes, leur traitement a apporté une amélioration du confort par disparition du prurit (58). Les chimiothérapies anticancéreuses palliatives peuvent être envisagées. Cependant, il y a peu de publications prouvant leur efficacité chez la chienne atteinte de tumeurs mammaires ayant déjà métastasé (voir le paragraphe II.A.3 Conduite a tenir : Traitements, ci-dessus). Parmi les cas décrits ci-dessus, un chien a bénéficié d’un traitement à base de doxorubicine, à la dose de 30mg/m2 par voie intraveineuse (IV), mais une seule injection a pu être réalisée à cause de l’apparition d’une neutropénie sévère chimioinduite (58). La doxorubicine est une molécule fréquemment utilisée dans le traitement des cancers du sein chez la femme mais on dispose de peu d’informations sur son efficacité chez la chienne. On peut, cependant, noter que des cas individuels de chiens présentant des métastases pulmonaires d’adénocarcinomes mammaires, ayant répondu à la doxorubicine sont publiés. (43,49). S YNTHESE La carcinomatose cutanée est une affection rare, pouvant atteindre les chiennes ou les chattes, qui a une faible valeur diagnostique car elle suit l’apparition d’une tumeur de la glande mammaire. Elle est le signe de la généralisation du processus tumoral et a, donc, un caractère pronostic péjoratif et contre indique toute chirurgie mammaire éventuelle. Sa prophylaxie passe par une démarche raisonnée du diagnostic, du pronostic et du traitement de la tumeur primitive. II.C. CARCINOME MAMMAIRE INFLAMMATOIRE Ce syndrome, bien connu chez la femme, est un type particulier de cancer mammaire localement avancé et très agressif. Il ne s’agit pas, à proprement parler, de métastases, mais, plus, d’une répercussion clinique de la dissémination métastatique. La première description chez la chienne a été réalisée, en 1983, lors d’une étude sur 10 cas (63). Depuis, peu d’études ou de cas individuels ont traité de cette forme de cancer mammaire et ce n’est qu’en 2004 que les 3 premières descriptions ont été faites chez la chatte (64). On distingue deux formes cliniques de carcinomes mammaires inflammatoires (CMI): le CMI primaire, qui apparait alors qu’aucun antécédent de nodule mammaire n’est rapporté, et l’IMC secondaire, qui se développe chez des patients qui ont déjà présenté une tumeur mammaire. (65) II.C.1. PATHOGENIE L’obstruction lymphatique, par les cellules tumorales, crée une stase capillaire et un engorgement qui aboutissent à un érythème et une hyperhémie cutanés. L’aspect macroscopique est, donc, dû à l’effet des métastases de la tumeur mammaire sur la vascularisation cutanée. 75 II.C.2. EPIDEMIOLOGIE Les chiens exprimant un CMI ont un âge moyen de 9-11 ans, en fonction des études, généralement plus élevé que pour le reste des tumeurs mammaires malignes. Il s’agit, en très grande majorité, de femelles non stérilisées appartenant plutôt aux grandes races (90%>20kg, en moyenne 25kg dans l’étude de Susaneck et al.) mais des petites races peuvent également être concernées (Caniche, Fox terrier, Chihuahua, Cocker Spaniel, Yorkshire Terrier par exemple). (53,63,65) Dans une étude, sur 436 chiens examinés pour dysplasie ou tumeur mammaire, 33 (8%) avaient un carcinome mammaire inflammatoire, soit 18% des 186 animaux présentés avec au moins une tumeur maligne. Cependant, ceci ne reflète pas la prévalence des CMI au sein de la population canine car il existe un biais de sélection, de nombreux cas ayant été référés. (65) Le développement d’un CMI a été corrélé aux phases du cycle ovarien. Chez les 33 chiens présentant un CMI, la tumeur a été décelée 7 à 240 jours après le début du dernier œstrus observé (soit en moyenne 52 ± 9 jours). Parallèlement, chez les chiens présentant d’autres tumeurs mammaires, l’écart était en moyenne 137 ± 16 jours. Dans la même étude, l’administration de progestatifs n’a pas été corrélée au développement des CMI. Trente des 118 chiens (25%) avec d’autres tumeurs mammaires ont été traités aux progestatifs en comparaison des 4 chiens sur 25 (17%) avec un CMI. (65) Les CMI primaires sont moins fréquents que les CMI secondaires (entre 33 et 42% des CMI), ce qui est également le cas chez la femme, où 70% des CMI sont secondaires. Chez 19 chiens présentés pour CMI secondaires, 8 avaient des antécédents de nodule mammaire, à croissance lente, non traité chirurgicalement. Ces nodules ont tous subitement présenté des caractéristiques de CMI. La durée, entre l’apparition du nodule et les signes cliniques de CMI, a été de 162 à 738 jours avec une moyenne de 498 jours ± 104 jours. Chez les chiens qui avaient été opérés, le CMI s’est développé 16 à 152 jours après la résection chirurgicale de la tumeur (soit en moyenne 48 ± 12 jours). Après relecture des lames histopathologiques des tumeurs de 3 de ces animaux, il s’est avéré que 2 d’entre eux présentaient, déjà, des signes d’embolisation lymphatique dermique. (65) Dans une autre étude, chez 8 chiens, les signes cliniques de CMI sont apparus 1 à 10 jours après la chirurgie et aucun signe de CMI n’était visible à l’analyse histopathologique des tumeurs enlevées. (53) Chez la chatte, seuls 3 cas ont été publiés. Il y est décrit des femelles non stérilisées, âgées de 12 à 15 ans. L’une était une Siamoise et les deux autres des chattes européennes à poils courts. Un des animaux avait reçu, pendant 10 ans, des progestatifs en prévention de l’œstrus. Toutes les chattes avaient subit une exérèse de tumeur mammaire, 1 ou 4 mois avant l’apparition des symptômes de CMI. (64) II.C.3. SYMPTOMES (CF. TABLEAU 9) Un placard érythémateux, chaud et douloureux, parfois qualifié d’œdémateux, se développe rapidement, sur une partie variable de l’abdomen, et intéresse quasiment toujours plusieurs mamelles. Les 4èmes et 5èmes glandes sont, le plus souvent, affectées. La zone atteinte est, généralement, très ferme. On note, souvent, une extension de l’induration ou de l’œdème à la face médiale de la cuisse avec présence d’une boiterie. Les deux chaines mammaires peuvent être atteintes. Les nœuds lymphatiques inguinaux peuvent être hypertrophiés, en relation avec une infiltration métastatique. La présence de multiples nodules ou plaques est 76 possible. La douleur semble plus importante chez les animaux présentant un CMI primaire. (53,65,66) Des signes généraux accompagnent, souvent, les CMI. Dans une étude, 94% des chiens présentent un mauvais état général, avec une faiblesse généralisée et une diminution d’activité, contre 18% des chiens avec d’autres tumeurs mammaires (65). Le CMI s’accompagne, parfois, d’une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD), liée au relargage, par la tumeur, de thromboplastine ou à la stase vasculaire à proximité de la tumeur (obstruction des vaisseaux lymphatiques par des cellules néoplasiques ou atteinte de l’endothélium vasculaire par les métastases). Lors de la présentation initiale, certains animaux présentent donc une thrombocytopénie ou des signes de CIVD. (42,62,65,53) Photo 6. Abdomen d’une chienne présentant un carcinome inflammatoire d’origine mammaire. L’abdomen est chaud et douloureux. La peau est épaissie, indurée, érythémateuse et lichénifiée. Photographie du Dr. D. Pin. Chez la chatte, la présentation clinique est similaire à celle de la chienne. La région mammaire (plaie de mastectomie et aires adjacentes) présente, de manière rapide, un érythème, un œdème sévère, une douleur locale importante, des petites zones d’ulcération et d’induration cutanées, sans nodule mammaire sous-jacent. Chez deux animaux, un œdème sévère, associé à un rejet de la suture chirurgicale et à une déhiscence de plaie, est présent. Les membres sont atteints chez tous les animaux (2 au niveau de la face médiale des membres postérieurs, et l’un au niveau des membres antérieurs) sous la forme d’un œdème important et d’un érythème. (64) Les signes généraux, au moment de la présentation, chez les chattes atteintes sont plus modérés que chez les chiennes : une légère diminution d’appétit associé à une perte de 77 poids modérée est rapportée par les propriétaires. L’examen clinique général est normal, excepté pour les symptômes relatifs à la présence du CMI. (64) II.C.4. DIAGNOSTIC Le diagnostic de CMI, chez la chienne et la femme, est un diagnostic clinique qui peut être confirmé par l’observation, à l’examen histopathologique de biopsies profondes, d’emboles néoplasiques dans les vaisseaux lymphatiques dermaux. Dans la majorité des cas, les diagnostics, histopathologique et clinique, coïncident mais certains patients peuvent présenter uniquement des signes cliniques ou histopathologiques. (64,65) II.C.4.1. Diagnostic différentiel La présentation clinique et l’anamnèse permettent d’orienter le diagnostic mais ce dernier est, souvent, difficile à réaliser en début d’évolution. Le diagnostic différentiel se fait avec une mammite (qui est généralement plus localisée et apparait après l’œstrus, la gestation ou la pseudo-gestation), des abcès des glandes mammaires, une panniculite, une pyodermite profonde, une fibroadénomatose ou une tumeur cutanée diffuse mal définie (lymphome, mastocytome). (62,45) II.C.4.2. Diagnostics cytologique et histopathologique La présence d’un œdème inflammatoire ou d’un placard induré, d’apparition rapide, affectant plusieurs mamelles et la peau adjacente, doit conduire à réaliser des ponctions à l’aiguille fine ou une biopsie. Il s’agit d’une des rares tumeurs mammaires où l’analyse cytologique puisse être intéressante : elle peut permettre d’exclure un phénomène inflammatoire (et donc restreindre fortement le diagnostic différentiel). Cependant, dans l’étude de Susaneck, la ponction effectuée sur sept animaux a toujours permis le diagnostic de carcinome alors que, dans l’étude de M.-D. Pérez Alenza (2001), des preuves cytologiques d’une néoplasie n’ont été trouvées que chez 15 des 33 animaux. (63,65) De plus, elle ne peut pas être utilisée seule pour confirmer le diagnostic de carcinome inflammatoire car elle ne révèlera pas l’implication des vaisseaux lymphatiques du derme qui est la marque histologique du carcinome inflammatoire. La cytoponction peut être utile pour évaluer des nœuds lymphatiques suspects d’être infiltrés. (45) Chez l’homme, le diagnostic histopathologique des carcinomes inflammatoires requière l’observation d’une atteinte des vaisseaux lymphatiques du derme. Les études, chez le chien, confirment que cette caractéristique doit être prise en compte dans nos espèces. Il s’agit du seul critère de diagnostic histopathologique puisque de nombreux types de carcinomes peuvent provoquer la maladie. La présence d’emboles lymphatiques dermiques, en l’absence de caractéristiques cliniques, est appelé carcinome inflammatoire occulte, et précède généralement la présentation clinique du CMI. (53,64,65) L’examen histopathologique des CMI canins met en évidence des carcinomes de haut grade (de type solide, tubulaire, papillaire ou adénosquameux) avec une invasion des vaisseaux lymphatiques du derme. Peu fréquemment, des tumeurs malignes mixtes ou des carcinomes riches en lipides peuvent être à l’origine d’un CMI. (62,53,67) Comme chez la femme, la réaction inflammatoire locale (lymphocytes, plasmocytes et macrophages) n’est pas présente systématiquement chez la chienne ou la chatte, malgré les signes cliniques d’inflammation et ne doit pas être considérée comme un critère de diagnostic 78 histopathologique. Deux types d’infiltrations néoplasiques du derme ont été décrits : le type papillaire (caractéristique de CMI secondaire) et le type sarcomateux (associé aux CMI primaires, à une douleur importante et aux traitements antérieurs avec des progestagènes). (67) Chez le chat, deux carcinomes papillaires et un carcinome tubulaire de hauts grades ont été diagnostiqués à l’examen histopathologique. Une invasion du derme, une embolisation tumorale dans les vaisseaux lymphatiques du derme, un œdème du derme ainsi qu’une inflammation secondaire importante avec une grande quantité de neutrophiles ou des lymphocytes, des plasmocytes et des macrophages ont été observés chez les 3 animaux. L’infiltration du derme était systématiquement de type papillaire. Dans un cas, des emboles lymphatiques dermaux étaient présents dans la biopsie réalisée au moment de la mastectomie, indiquant la présence d’un carcinome mammaire occulte. (64) II.C.4.3. Bilan d’extension Des métastases sont généralement présentes dans le nœud lymphatique inguinal correspondant. Les métastases pulmonaires sont plus inconstantes. Parfois, un épanchement pleural est présent dès l’admission. Notons, à ce propos, que les métastases pulmonaires dans le CMI sont plutôt de type miliaire que nodulaire et ne sont, donc, pas toujours visibles radiologiquement du fait de leur petite taille et de la présence, possible, d’hémorragies pulmonaires en liaison avec une CIVD. (53,66) Le bilan diagnostic doit, également, inclure un examen physique complet ainsi qu’une numération-formule sanguine avec un bilan biochimique sanguin. Un bilan de coagulation peut également être effectué car les CMI sont souvent associés à une CIVD. (45) II.C.5. PRONOSTIC ET TRAITEMENT II.C.5.1. Evolution et pronostic Chez le chien, le carcinome inflammatoire est le type de tumeur mammaire le plus agressif et le pronostic est extrêmement sombre. (65) L’état général des animaux, lors du diagnostic, la douleur manifestée, ainsi que le développement de CIVD conduisent à euthanasier certains animaux, avant même la mise en place d’un traitement palliatif (13 chiens sur 33 dans l’étude de Pérez Alenza en 2001, 2 chiens sur 12 dans l’étude de De M. Souza en 2009). (53,65) Les CMI primaires semblent plus agressifs, grossissent plus vite et sont associés à un état général plus dégradé, ce qui amène à l’euthanasie de la majeure partie des chiens (9/14). (65) En fin d’évolution et lors des autopsies, tous les animaux présentent des modifications cutanées et des métastases aux nœuds lymphatiques régionaux. On observe, également, une infiltration tumorale des tissus adipeux et musculaires (chez 90% des animaux) et un œdème sous-cutané (chez 86% des animaux). Des métastases sont trouvées dans les poumons (62% des animaux), le cœur (10%), l’utérus (10%) et la vessie (5%). (65) Chez le chat, malgré un traitement palliatif, l’état général des animaux s’est rapidement dégradé (abattement, anorexie et douleur). Les animaux ont été euthanasiés 10, 15 et 45 jours après le diagnostic. Lors de l’autopsie de 2 des animaux, des métastases ont été trouvées dans les poumons, les nœuds lymphatiques inguinaux et les muscles. (64) 79 II.C.5.2. Traitement Seuls des traitements palliatifs pourront être envisagés car la maladie est en cours de dissémination. La présence d’un CMI est une contre indication à la chirurgie. Non seulement la présence d’un CMI est associée avec une dissémination métastatique de la tumeur mais les patients présentent, souvent, un certain degré de CIVD et des saignements excessifs se produisent au cours de la chirurgie. De plus, la plupart ne peuvent être réséqués. En outre, lors de chirurgie sur un CMI, on observe, systématiquement, une récidive très rapide en une à quelques semaines, suivie d’une dissémination métastasique rapide. (45,66) Un traitement palliatif, composé d’une antibiothérapie et d’une corticothérapie (prednisone à la dose de 0,5 à 1,5 mg/kg), a été administré à 20 chiens. Aucune réponse n’a été observée. Leur durée de survie a été de 4 à 55 jours (25 ± 2 jours en moyenne). (65) Chez 3 animaux, une chimiothérapie a été mise en place sans succès. Deux chiennes ont reçu de la doxorubicine (30 mg/m2 par voie IV, le jour 1) et du cyclophosphamide (200 mg/m2, per os, le jour 4). Elles sont mortes, 6 et 7 jours après l’initiation de la chimiothérapie, avec un abattement marqué, des muqueuses pâles, du méléna, de l’hématémèse, un épanchement abdominal et des hématomes inguinaux. Un troisième animal a été traité avec le même protocole, complété par du 5-FU (à la dose de 150 mg/m2, le jour 11) et de la prednisone (à la dose de 20 mg/m2, per os, tous les jours). Il a été trouvé mort 30 jours après le début du traitement. Aucun des animaux n’a présenté d’amélioration clinique au cours du traitement. Bien que des combinaisons de doxorubicine, de cyclophosphamide et de 5-FU se soient montrées efficaces chez la femme, il est possible que ce ne soit pas le cas chez la chienne. L’évaluation de différentes combinaisons de chimiothérapie est encore nécessaire. (53) Seul un traitement palliatif au piroxicam a donné des résultats. Les CMI sont les tumeurs mammaires avec le plus haut niveau d’expression de la cyclooxygénase 2 (COX 2). Les sept chiens traités au piroxicam, à la dose de 0,3 mg/kg/j, per os, ont, tous, montré une amélioration clinique : diminution de l’érythème, de l’œdème, de la douleur et augmentation de la qualité de vie (activité et appétit). Après l’amélioration de l’état clinique des animaux, la progression de la maladie a stoppé pendant 120 à 210 jours (171 en moyenne). Lorsque les signes cliniques sont réapparus, l’état des animaux s’est rapidement dégradé et ils ont tous été euthanasiés dans les 30 jours suivants. La survie moyenne et la médiane des chiennes de ce groupe ont été, respectivement, de 174 et 185 jours, ce qui est significativement différent des animaux traités, dans la même étude, avec une chimiothérapie à base de doxorubicine. Chez les chats, un traitement palliatif, composé d’une antibiothérapie à large spectre associée à du piroxicam, a été entrepris sans résultat. 80 Tableau 9. Caractéristiques des CMI au moment du diagnostic dans 4 études. CHATTE CHIENNE Susaneck (1983) (63) 10 cas Pérez-Alenza (2001) (65) 33 cas de M. Souza (2009) (53) 12 cas Pérez-Alenza (2004) (64) 3 cas Age moyen 9,1 ans 11,4 ans 10,2 ans 12 à 15 ans Atteinte de plusieurs mamelles 10 (100%) 33 (100%) - Atteinte bilatérale 8 (80%) 18 (55%) 2 mamelles affectées en moyenne 7 (59%) Masse mammaire palpable - 8 (24%) - 0 Chaleur 9 (90%) 9 (75%) 3 Œdème du membre ou de la mamelle 7 (70%) 20 (61%) 3 Modification de couleur 5 (50%) - Mamelle: 7 (59%) Membre: 3 (25%) 11 (92%) 3 Douleur 4 (40%) 7 (59%) 3 Multiples nodules ou plaques cutanées - Modérée : 18 (55%) Sévère : 15 (45%) - 10 (84%) -* Adénomégalie 7 (70%) 23/24 (96%) 1 (8,5%) 3 CIVD 3 (30%) - (5 thrombopénies/12 NFS réalisées) 1 (8,5%) (1 chat : temps de coagulation ↗) Abattement - 31 (94%) - 0* Anorexie - 17/32 (53%) - 0* Métastases (radiographies) - 7/22 (32%) 0 (+1 épanchement pleural) 0 Traitement et Durée moyenne de survie - Antibiotiques + prednisone : 26 jours Chimio : 14 jours Piroxicam : 174 jours 10, 15 et 45 jours - Les résultats sont présentés sous forme de fractions dans le cas ou le nombre d’animaux pour lesquels l’information est disponible est inférieur au nombre d’animaux de l’étude. - : information non disponible CIVD : coagulation intravasculaire disséminée Chimio : 3 animaux traités avec un protocole de chimiothérapie à base de doxorubicine et cyclophosphamide (+ 5-FU et prednisone pour 1 chien) 81 * Symptômes non rapportés au moment du diagnostic mais apparus au cours de l’évolution de la maladie S YNTHESE La détection rapide des CMI semble être importante et l’hypothèse de CMI devrait être incluse dans le diagnostic différentiel, lors de l’examen des femelles adultes, non stérilisées, avec une apparition soudaine d’un œdème, d’une induration et d’une chaleur en face ventrale de l’abdomen. La preuve de l’implication de vaisseaux lymphatiques du derme est une marque histologique du diagnostic des CMI et doit être un signe d’appel pour le clinicien, lors de l’analyse d’une tumeur mammaire, quant à l’apparition probable d’un CMI secondaire. II.D. PATHOLOGIE COMPAREE Chez la femme, le cancer du sein est responsable de la grande majorité des métastases cutanées (plus de 60%). Des métastases cutanées interviennent dans plus de 20% des cancers du sein métastatique. Dans 3,5% des cas, il s’agit de la première manifestation. Les éléments cliniques, qui orientent vers un cancer du sein, sont essentiellement leur grande fréquence, la localisation sur le thorax antérieur et les aspects cliniques, malgré leur variété. La présentation la plus courante d’une métastase cutanée du sein est un agrégat de nodules cutanés colorés, discrets, fermes et indolores. Ceux-ci apparaissent soudainement, se développent rapidement, atteignent une certaine taille (souvent 2 cm) puis restent stationnaires. Il peut, également, s’agir de métastases scléreuses, en cuirasse, engainant la paroi thoracique ou de formes pseudo-peladiques du cuir chevelu. Lors de métastases en cuirasse, la peau est de couleur normale, non inflammatoire mais très épaissie et fibrosée. Un tel cas, chez un chien, a été décrit par Olivry et Yager en 1996 lors d’une présentation de cas cliniques au congrès mondial de Dermatologie Vétérinaire d’Edimbourg. La médiane de survie, après découverte d’une métastase cutanée de cancer du sein, est de 13,8 mois. (10,68) Le carcinome métastatique inflammatoire, chez la femme, se présente de manière similaire à celle du chien et est également la forme la plus agressive de cancer mammaire primaire. Les patientes présentent, de manière soudaine, un gonflement de la poitrine, associée à un érythème diffus, un œdème important, une peau d’orange, de la chaleur, de la sensibilité et une induration diffuse de la poitrine à la palpation. Les carcinomes inflammatoires de la poitrine représentent 1 à 2% des cancers du sein primaire aux Etats-Unis, mais son incidence est en augmentation. Une prise en charge multidisciplinaire (chimiothérapie d’induction, chirurgie, chimiothérapie adjuvante, radiothérapie et hormonothérapie) ainsi que l’introduction de combinaisons incluant une anthracycline (5FU-doxorubicinecyclophosphamide par exemple) suivie par un taxane (docetaxel ou placlitaxel) ont augmenté la probabilité de rémission de cette maladie. Malgré tout, son traitement reste problématique et la médiane de survie est de moins de 5 ans, avec une durée de survie sans rechute de 2,3 ans. (69,70) 82 III. METASTASES CUTANEES D’HEMANGIOSARCOMES VISCERAUX Les hémangiosarcomes sont des tumeurs malignes de l’endothélium vasculaire. La localisation primitive principale des hémangiosarcomes du chien est la rate, moins fréquemment l’atrium droit, la peau ou le foie mais de nombreuses autres localisations sont rapportées. Ils métastasent généralement dans l’abdomen ou les poumons. Cependant, des métastases cutanées existent de manière exceptionnelle. (71,72) Chez le chat, les hémangiosarcomes primitifs sont localisés à la peau ou aux viscères abdominaux mais il n’est jamais suggéré que la localisation cutanée soit secondaire (72). Peu de descriptions cliniques précises, de métastases cutanées d’hémangiosarcomes viscéraux, sont publiées chez le chien (73,74) mais elles sont, fréquemment, rapportées dans des analyses de séries de cas concernant des hémangiosarcomes (71,75). Si les lésions sont diffuses, il est difficile de déterminer si l’hémangiosarcome cutané s’est développé dans cette localisation en tant que tumeur primitive ou en tant que métastase de tumeurs interne ou bien, encore, s’il fait partie d’un phénomène multicentrique. (71,72) Nous présenterons les caractéristiques générales des hémangiosarcomes viscéraux chez le chien, la présentation des hémangiosarcomes cutanés et des cas de localisations cutanées secondaires. III.A. PRESENTATION CLINIQUE III.A.1. EPIDEMIOLOGIE Les hémangiosarcomes touchent plus souvent les chiens que les autres espèces. L’âge moyen d’apparition est de 10 ans quelle que soit la localisation. Les Bergers Allemands et les Golden Retrievers semblent prédisposés aux hémangiosarcomes viscéraux. Il n’y a pas de prédisposition sexuelle. (71,72,76,77) Les chiens à peau peu pigmentée et peu poilue sont prédisposés aux hémangiosarcomes primitifs de la peau (Whippet, Dalmatiens, Beagles, Greyhounds, American Stadfforshire Terrier…). (71,76,78) III.A.2. LOCALISATION Les hémangiosarcomes primaires du chien sont principalement localisés à la rate, à l’atrium droit ou à la peau. Les autres sites sont le rein, l’os, les poumons, la cavité orale, les muscles, la vessie, l’utérus et le péritoine. Probablement du fait de son tissu d’origine, l’endothélium vasculaire, et de l’accès rapide à la circulation qui en résulte, la tumeur a un comportement agressif avec une dissémination souvent rapide et générale. Chez le chat, les hémangiosarcomes touchent, de manière égale, les organes intra-abdominaux ou la peau. (72,76) III.A.3. SYMPTOMES GENERAUX Les signes généraux sont très variables et dépendent de la localisation de la tumeur primitive ou de ses métastases. Un hémangiosarcome splénique s’accompagne d’une perte de poids, d’intolérance à l’effort, d’épisodes d’anorexie et de pâleur des muqueuses. Un collapsus aigu peut survenir à la suite de la rupture de la masse, provoquant un 83 hémopéritoine. Un hémangiosarcome de l’atrium droit ne provoque des symptômes que lorsqu’il est à l’origine d’un épanchement péricardique. Il peut s’accompagner de signes variables, d’une léthargie et d’une faiblesse généralisée (membres postérieurs principalement) à un collapsus aigu et une tamponnade cardiaque. Une CIVD est, parfois, présente au moment du diagnostic. (72,73,74,76) III.A.4. LESIONS CUTANEES : DU DERME OU DU TISSU SOUS-CUTANE Les hémangiosarcomes actiniques (photo-induits) sont, souvent, multiples et sont plus fréquents en face ventrale du thorax et sur l’abdomen. Les hémangiosarcomes infiltrant le derme sont généralement actiniques et se présentent sous forme de nodules ou de plaques, rouge à bleu foncé, plus ou moins circonscrits, de moins de 2 cm de diamètre, souvent multiples. Ils sont plus fréquents que ceux localisés au tissu sous-cutané. Les hémangiosarcomes sous-cutanés (généralement non photo-induits) se présentent comme des masses mal circonscrites, rouge foncé à bleu foncé, ressemblant à des contusions, qui peuvent mesurer jusqu’à 10 cm de diamètre. Une alopécie, une peau épaissie, des hémorragies et des ulcérations peuvent être associés aux hémangiosarcomes dermiques ou sous-cutanés. (71,78) III.B. ETIOLOGIE DES HEMANGIOSARCOMES CUTANES Chez les races à peau claire et à poils ras, les tumeurs sont souvent trouvées sur la peau montrant des lésions induites par la lumière solaire. Ceci suggère que l’hémangiosarcome cutané est une tumeur actinique chez de nombreux chiens. (71,76,78) Une étude montre que ces chiens développent plus fréquemment des hémangiosarcomes dans le derme que dans le tissu sous-cutané. En outre, plus de chiens ont présenté des tumeurs localisées au derme sur la peau glabre du ventre (63% des chiens avec un hémangiosarcome) que sur une zone poilue (10% des chiens avec un hémangiosarcome). Dans cette étude, 39 chiens, avec 46 hémangiomes et hémangiosarcomes, présentaient une élastose solaire dans le derme adjacent à la tumeur. Toutes ces tumeurs étaient localisées au derme dont 40, sur les 46, sur la peau glabre du ventre. (71) Dans cette même étude rétrospective, portant sur 212 chiens présentant un ou plusieurs hémangiomes ou hémangiosarcomes cutanés, 60% des hémangiosarcomes sous-cutanés étaient des lésions métastatiques d’un hémangiosarcome interne. En outre, deux des chiens présentant un hémangiome cutané sont morts dans des circonstances faisant supposer l’existence d’un hémangiosarcome interne, sans que cela ait été confirmé. (71) Dans une étude plus ancienne, qui portait sur 36 chiens atteints d’un hémangiosarcome atrial, 3 chiens ont présenté des métastases au tissu sous-cutané. (75) Ces observations suggèrent, donc, que les hémangiosarcomes cutanés peuvent être primitifs ou secondaires. Les tumeurs primitives actiniques semblent préférentiellement se localiser sur une peau glabre et dans le derme. Les hémangiosarcomes secondaires sont rapportés en position sous-cutanée et sans préférence de localisation. 84 Photo 8. Aspect histologique d’un hémangiosarcome canin. Des cavités sanguines irrégulières sont remplies par des cellules endothéliales néoplasiques. Coloration à l’hémalunéosine. Image du Noah's Arkive, University of Georgia. Photo 7. Hémangiosarcome cutané en région inguinale. III.C. DIAGNOSTIC Les hémangiosarcomes cutanés peuvent être primitifs ou des métastases d’une localisation viscérale. De ce fait, des techniques complètes d’établissement du stade doivent être entreprises. Le bilan d’extension chez un chien ayant une suspicion d’hémangiosarcome doit inclure une numération formule sanguine, un profil biochimique et une analyse d’urine. On surveillera les signes d’apparition d’une CIVD et un bilan de coagulation pourra être effectué. Une palpation abdominale attentive, suivie d’une échographie abdominale, peut mettre en évidence une masse splénique, hépatique, un épanchement abdominal… Des radiographies thoraciques, avec deux vues de profil et une vue dorso-ventrale, doivent être faites à la recherche de métastases. De plus, une échocardiographie, pour détecter un hémangiosarcome de l’atrium droit, peut être effectuée. (72,76) Le diagnostic est histopathologique. La biopsie permet de mettre en évidence la prolifération invasive de cellules endothéliales atypiques ménageant, entre elles, des fentes et des cavités sanguines multiples. Les atypies nucléaires et les mitoses sont fréquentes. Des trombi et des foyers de nécrose sont communément observés. Les cytoponctions des masses, par aspiration à l’aiguille fine ou par prélèvement du liquide d’épanchement, sont, en général, décevantes car la tumeur est hétérogène et les cellules tumorales sont diluées dans le sang qui accompagne le prélèvement. (72,73,76,78) 85 III.D. EXEMPLES DE CAS D’HEMANGIOSARCOMES CUTANES SECONDAIRES Guaguère décrit deux cas d’hémangiosarcome métastasés à la peau de présentations cliniques différentes. (73,74) Une masse sous-cutanée de 5 cm de diamètre est présente en région préscapulaire d’un Epagneul Breton de 11 ans, associée à de très nombreux papules et nodules bleus noirâtres, de 2 à 5 mm de diamètre, en face interne des cuisses et en face ventrale de l’abdomen. L’animal présente un mauvais état général (abattement, hypothermie, émaciation, anorexie, muqueuses pâles) associé à une CIVD. Une anémie non régénérative avec des acanthocytes est présente. Deux masses sont présentes dans le foie et de multiples nodules noirs sont présents sur l’épiploon et dans la rate, le pancréas, le péricarde et la plèvre. L’examen histopathologique confirme la présence d’hémangiosarcomes. (73,74) Chez un Berger Allemand, les métastases cutanées d’un volumineux hémangiosarcome splénique se présentent sous la forme de nodules dermiques ou sous-cutanés, bleus foncés, fermes et mal délimités, en région d’un tarse. Des métastases étaient également présentes dans le foie et l’épiploon. Le chien était en bon état général et seuls l’examen cutané et l’échographie abdominale ont révélé des anomalies (paramètres hématologiques, bilan de coagulation, radiographies thoraciques et échocardiographie dans les limites de la normale). (74) III.E. PRONOSTIC ET TRAITEMENT III.E.1. PRONOSTIC Le pronostic lors d’hémangiosarcomes viscéraux métastasés à la peau est très sombre. (73,74) Le temps de survie médian des chiens présentant un hémangiosarcome splénique est de 3 semaines à 3 mois. Moins de 10% des chiens sont en vie 12 mois après une chirurgie seule. (72) A fortiori, les animaux présentant des métastases cutanées, au moment du diagnostic, ont une durée de survie courte. La médiane de survie de chiens avec un hémangiosarcome métastasé, traités soit par chirurgie, soit par chirurgie plus vaccin bactérien, soit par chirurgie vaccin bactérien et chimiothérapie, est de 73 jours. (77) Le pronostic des hémangiosarcomes cutanés canins a été évalué, en fonction d’un stade histologique. Le stade dépend de la profondeur de leur localisation histologique : stade I (atteinte du derme uniquement), stade II (atteinte des tissus sous-cutanés) et stade III (hémangiosarcomes infiltrant les muscles sous-jacents). Cette classification apporte des informations pronostiques sur le succès du traitement local, le potentiel métastatique et le temps de survie. Les chiens avec un hémangiosarcome de stade I ont un taux de métastase de 30%, avec des métastases qui apparaissent dans d’autres sites dermiques, et une durée de survie médiane de 780 jours. Les chiens avec des hémangiosarcomes hypodermiques de stade II ou II ont un taux d’exérèse chirurgicale complète de 23% seulement (principalement car ces tumeurs sont plus grosses et moins bien circonscrites), 60% de métastases et une médiane de survie significativement plus basse, de 172 jours pour le stade II et de 307 jours pour le stade III. (79) III.E.2. T RAITEMENT L’exérèse de la masse primitive pourrait permettre de minimiser les signes généraux mais n’empêchera pas l’issue fatale de la maladie. Dans le cas d’hémangiosarcomes spléniques, 86 la chirurgie permet d’éliminer la distension abdominale causée par la tumeur et peut arrêter l’hémorragie de la tumeur primitive, au prix d’une forte mortalité péri opératoire. (76) Différents protocoles de chimiothérapie, utilisant la doxorubicine, avec ou sans la vincristine ou le cyclophosphamide, permettent d’obtenir les meilleures espérances de vie (140 à 202 jours). L’utilisation de la doxorubicine, en monothérapie, semble avoir la même efficacité que les protocoles vincristine – doxorubicine - cyclophosphamide ou doxorubicine cyclophosphamide, avec moins de toxicité. (80) Dans une étude, 46 chiens, ayant un hémangiosarcome splénique métastatique (dont 9 avec métastases cutanées), ont subit une ablation chirurgicale de leur tumeur et des métastases accessibles, puis ont été traités avec de la doxorubicine (30mg/m2, par voie IV, toutes les 3 semaines, avec un maximum de 5 semaines au total). La durée moyenne de survie des chiens ayant subi l’ablation de toute tumeur visible était de 267 jours (alors que les chiens qui n’avaient pas subi d’exérèse complète vivaient en moyenne 67 jours). Dans une série, comprenant huit chiens ayant un hémangiosarcome splénique et ayant reçu de la vincristine (0,75mg/m2, par voie IV), de la doxorubicine (30mg/m2, par voie IV) et du cyclophosphamide (100-150 mg/m2, per os) suivi de chlorambucil (20mg/m2, per os) et de méthotrexate (2,5 mg/m2, per os), la médiane de survie globale était de 164 jours. Dans un autre groupe de chiens, ayant reçu de la doxorubicine (30mg/m2, par voie IV) et du cyclophosphamide (50 à 75 mg/m2, per os), la médiane de survie était de 179 jours. La plupart de ces chiens avaient des métastases. (76) L’exérèse des tumeurs visibles, associée à des protocoles de chimiothérapie, semble donc donner de bons résultats sur les métastases, dans les études réalisées jusqu’à présent. Leur efficacité et leur intérêt, dans le cadre de métastases cutanées, reste à évaluer. (42) III.F. PATHOLOGIE COMPAREE Les hémangiosarcomes représentent, environ, 1% de tous les sarcomes de l’homme et la femme. Leur localisation principale est la peau. Le lymphœdème chronique est le facteur prédisposant le plus fréquent. Le deuxième facteur étiologique est la radiothérapie. Le pronostic est, en règle générale, défavorable avec des taux de survie à 5 ans d’environ 10%. (81) Les métastases cutanées d’hémangiosarcomes sont extrêmement rares mais peuvent révéler la présence d’une tumeur dans un site interne tel que le cœur ou l’aorte. (82) S YNTHESE Les métastases cutanées d’hémangiosarcomes viscéraux sont rares mais il est fondamental de les différentier d’un hémangiosarcome cutané primitif, par un bilan d’extension rigoureux, car le pronostic ainsi que le traitement sont différents. Cette particularité rend l’étude de cette entité complexe et nous n’avons que peu de descriptions complètes d’hémangiosarcomes cutanés métastatiques rendant difficile la définition de leurs caractéristiques cliniques, pronostiques et thérapeutiques. 87 IV. METASTASES CUTANEES DE CARCINOMES DU TUBE DIGESTIF Les tumeurs de l’appareil digestif sont peu communes. Les tumeurs épithéliales sont les plus fréquentes et métastasent plus souvent. Plusieurs cas de métastases cutanées, de carcinomes ou d’adénocarcinomes du tube digestif, ont été rapportés chez des chiens dans la littérature. Outre les cas d’adénocarcinomes coliques, duodénaux et gastriques détaillés ci-dessous, ont, également, été décrites des métastases, se présentant sous la forme de nodules, plaques et papules, accompagnées d’un purpura, sur le cou de chiens atteins de carcinome pharyngé et des métastases nodulaires, fermes et circonscrites, sur un chat atteint de carcinome gastrique (62,83) IV.A. PRESENTATION DES TUMEURS GASTRO-INTESTINALES DU CHIEN Les tumeurs gastro-intestinales du chien sont rares et concernent, le plus souvent, l’estomac. IV.A.1. TUMEURS GASTRIQUES IV.A.1.1. Epidémiologie Les mâles sont plus fréquemment atteints que les femelles et les tumeurs bénignes, telles que les léiomyomes, atteignent des animaux plus âgés (âge moyen de 15 ans) que les carcinomes (8 ans). Les facteurs favorisants connus chez l’homme (alimentation, Helicobacter pylori) ont un rôle incertain en médecine vétérinaire. (84,85) Chez le chien, les deux tiers des tumeurs gastriques sont des adénocarcinomes bien que d’autres types tumoraux puissent être trouvés (léiomyome et léiomyosarcome dans un quart des cas, adénome, lymphome primitif ou systémique, mastocytome, fibrosarcome…). (84,85,86) IV.A.1.2. Présentation et évolution Les carcinomes gastriques intéressent souvent l’antre pylorique et s’étendent au corps de l’estomac, généralement le long de la petite courbure, couvrant une grande zone de la paroi de l’estomac, ce qui les rend inopérables. Ils se présentent sous la forme d’un épaississement ressemblant à une plaque (souvent ulcérée), ou, moins fréquemment, à un épaississement diffus ou à un polype sessile. Ces tumeurs partent de la muqueuse mais la plupart s’étendent à la séreuse ou la traversent. L’ulcération est fréquente et profonde, comme un cratère, et provoque une hématémèse ou un méléna. Ils sont, souvent, agressifs, atteignent, parfois, 10 cm et peuvent provoquer une perforation de l’estomac. Parfois , ils entrainent une obstruction pylorique. Des métastases de carcinomes gastriques sont fréquentes car le diagnostic est, souvent, tardif. Les nœuds lymphatiques gastroduodénaux et spléniques sont le plus souvent atteints ; une carcinomatose omentale, mésentérique et péritonéale peut, également, être présente et, les métastases, au foie et à la rate, sont moins fréquentes. Une dissémination systémique généralisée est inhabituelle. Les poumons sont rarement infiltrés. (84,86) 88 Les symptômes fréquemment rencontrés sont des vomissements, une perte de poids et une inappétence. Les autres signes sont une hématémèse, une polydipsie, une douleur abdominale, du méléna et une anémie. Parfois, une ascite se produit. Les signes cliniques sont présents depuis quelques jours à plusieurs mois au moment de la présentation. (84,85,86) IV.A.1.3. Diagnostic Le diagnostic repose sur des techniques d’imagerie médicale (radiographies de contraste, échographie, endoscopie), associées à des techniques de ponctions à l’aiguille fine échoguidées ou à des biopsies (sous endoscopie ou par laparotomie pour plus de sensibilité). (85) IV.A.1.4. Pronostic et traitement Les traitements disponibles sont peu nombreux. La chirurgie est le traitement de choix mais la présence de métastases, la nature diffuse de la tumeur ou sa localisation, la font souvent échouer. Seuls les lymphomes répondent correctement à la chimiothérapie. Les adénocarcinomes et les autres tumeurs ne répondent, généralement, pas bien à la chimiothérapie. Un traitement médical symptomatique, à l’aide d’anti-émétiques (par exemple métoclopramide), d’H2-antagonistes (par exemple cimétidine ou ranitidine), peut être entrepris malgré une réponse aléatoire et de courte durée. IV.A.2. LES TUMEURS INTESTINALES IV.A.2.1. Epidémiologie Les cancers intestinaux sont peu communs. Un grand nombre de types tumoraux est rapporté dans la littérature : polypes, adénomes, adénocarcinomes, léiomyomes, léiomyosarcomes, tumeur carcinoïdes, ganglioneuromes, plasmocytomes, sarcomes, fibrosarcomes, mastocytomes, et lymphome. (86,87) Les tumeurs intestinales se produisent chez les chiens âgés en moyenne de 9 ans. (86,88) Il n’y a pas de prédisposition raciale. Les mâles sont plus souvent atteints que les femelles. (85,86) La majeure partie des tumeurs intestinales est située dans le colon distal. Selon les études, les tumeurs colorectales représentent entre 36 et 60% des tumeurs digestives chez le chien. (86,89) Les tumeurs ayant métastasé à la peau sont des carcinomes, nous nous intéresserons donc plus particulièrement à leur comportement dans la suite de l’exposé. IV.A.2.2. Présentation Les adénocarcinomes sont généralement solitaires et sont plus fréquents dans le rectum que dans le colon et plus encore que dans l’intestin grêle. Les tumeurs colorectales bénignes sont souvent polypoïdes tandis qu’elles sont, généralement, en forme de plaque lorsqu’elles sont malignes. Parfois, elles sont diffuses avec un épaississement d’une portion considérable du colon. Les adénocarcinomes de l’intestin grêle sont, quasiment toujours, annulaires et sténosants ; ils peuvent se produire du duodénum à l’iléon. (86) Lors d’une tumeur de l’intestin grêle, les signes cliniques peuvent être des vomissements intermittents, de l’hématémèse, une anorexie, une déshydratation, du méléna, une 89 hémochésie, une anémie et une masse abdominale palpable. Parfois, on note la présence de fièvre ou de diarrhée. La perte de poids peut être importante. (86,87) La présence de sang en nature dans les selles est le signe le plus courant, mais aussi le plus spécifique, de tumeurs colorectales. Le ténesme est fréquemment rapporté (40% des chiens présentant une tumeur colorectale (89) et 100% des 78 chiens présentant un adénocarcinome dans l’étude de Church (88)). La dyschésie et la diarrhée sont d’autres symptômes relativement fréquents. Les tumeurs colorectales n’ont que, très rarement, des répercussions sur l’état général mais peuvent être associées à une perte de poids ou une anorexie. (89,86) IV.A.2.3. Diagnostic Le diagnostic des tumeurs intestinales repose sur l’anamnèse et l’examen clinique. La tumeur est palpable dans 50% des cas. Un épanchement peut également être présent. Dans plus de 50% des cas de cancer colorectal, il devrait être possible de palper une muqueuse colique anormale ou une striction grâce à une palpation transrectale. (85,87). L’imagerie médicale est importante dans le diagnostic et le bilan d’extension. Les radiographies abdominales, avec produit de contraste, peuvent révéler une masse. L’échographie est intéressante dans la localisation intra-abdominale d’une masse, le bilan d’extension et la réalisation de cytoponctions échoguidées. (85,87) Cependant, ces deux techniques apportent généralement peu d’informations dans le cas de tumeurs colorectales. L’endoscopie et la coloscopie permettent de visualiser les lésions situées dans le duodénum ou dans le colon et de définir leur aspect et leur localisation. Le plus souvent, les tumeurs bénignes sont pédiculées et isolées, alors que les tumeurs malignes se présentent, souvent, sous une forme diffuse ou infiltrante, parfois sténosante, ou bien comme des lésions annulaires localisées. (89) L’examen histopathologique des biopsies vient compléter l’endoscopie et apporte un diagnostic de certitude sur la nature des lésions. Les types histopathologiques des carcinomes de l’intestin sont : adéno- (formant des glandes), mucineux (plus de 50% de mucine), en bague à chaton (plus de 50% des cellules contiennent de la mucine intracellulaire), et indifférencié ou solide (pas de preuve de la formation de glandes). (90) IV.A.2.4. Evolution L’évolution des adénocarcinomes se fait vers un envahissement de la paroi intestinale en profondeur (sous muqueuse, musculeuse, sous séreuse et séreuse). Les adénocarcinomes de l’intestin grêle s’étendent rapidement dans les tissus et les vaisseaux lymphatiques de la séreuse et du mésentère et, par les vaisseaux lymphatiques, vers les nœuds lymphatiques mésentériques. Une carcinomatose transcoelomique péritonéale et une dissémination hématogène vers le foie sont moins fréquents. Les métastases hémolymphatiques, vers les poumons ou les autres organes, sont rares. Les métastases d’adénocarcinomes rectocoliques semblent moins fréquentes. Dans certains cas, une carcinomatose péritonéale peut apparaître, entraînant une ascite (84,86,88). IV.A.2.5. Pronostic et traitement Le bilan d’extension de ces tumeurs doit être complet pour donner au propriétaire le pronostic le plus fiable possible. L’échographie est l’examen de choix pour le bilan d’extension. Elle permet d’évaluer la profondeur d’atteinte de la paroi intestinale, de rechercher la présence de métastases parenchymateuses et d’apprécier l’état des ganglions. 90 Le pronostic est fonction du type histologique de la tumeur, de la présence ou de l’absence de métastases, de la localisation et de l’étendue de la lésion ainsi que des soins vétérinaires disponibles et des ressources du propriétaire. (87). La chirurgie est le traitement de choix pour les tumeurs intestinales (à l’exception des lymphomes). La mortalité périopératoire peut atteindre 30 à 50% suite à un sepsis, à une péritonite, ou à la décision d’euthanasie sur table lorsque des tumeurs non résécables sont présentes. Après ablation chirurgicale d’adénocarcinomes de l’intestin grêle, la durée moyenne de survie est de 3,5 à 10 mois ; elle est de 12 jours sans traitement. (90) Le pronostic est meilleur pour les adénocarcinomes coliques. L’aspect des lésions joue également un rôle important. Dans une étude portant sur 78 adénocarcinomes colorectaux, l’espérance de vie des animaux atteints d’adénocarcinomes annulaires, est de 1,6 mois en moyenne contre 32 mois pour les animaux atteints de tumeurs isolées et pédiculées. Il est à noter que, dans cette étude, 23 chiens traités de façon symptomatique ont survécu, en moyenne 15 mois, sans grande complication. (88) Ensuite, la localisation et l’étendue de la tumeur sont à prendre en compte car elles conditionnent l’acte chirurgical. Il n’existe pas d’étude randomisée pour évaluer l’efficacité d’une chimiothérapie adjuvante. Peu de descriptions de cas sont disponibles. En revanche, chez des chiens avec des polypes tubulopapillaires rectaux, l’utilisation de piroxicam a apporté une amélioration clinique importante (90); son utilisation pourrait représenter une option thérapeutique intéressante, y compris dans le traitement palliatif de tumeurs métastasées. Néanmoins, d’autres études sont nécessaires pour évaluer le rapport bénéfice/risque de ce traitement et pour déterminer la dose et la voie d’administration les plus adaptées. La radiothérapie, utilisant une dose unique élevée (15 à 25 Gy) par rayonnements à basse énergie, peut fournir un contrôle raisonnable des adénocarcinomes rectaux distaux récidivants. (84) Chez six chiens, la durée médiane de contrôle tumoral fut de 6 mois et aucune complication ne fut rapportée. (91) Elle est, cependant, très peu utilisée à cause de sa toxicité envers les viscères proches et de sa disponibilité. (90) Son utilisation dans le cadre de tumeurs métastasées semble très peu intéressante. IV.B. PRESENTATION DES CAS DE DISSEMINATION CUTANEE IV.B.1. METASTASES CUTANEES DE CARCINOMES GASTRIQUES Deux cas de métastases cutanées d’adénocarcinomes gastriques ont été décrits dans la littérature anglo-saxonne. (92,93) Leur présentation étant très différente ils seront décrits séparément. IV.B.1.1. Métastases cutanées découvertes secondairement à l’adénocarcinome gastrique (93) Une chienne caniche femelle, stérilisée, de 10 ans, est présentée pour des vomissements et une anorexie depuis plusieurs semaines. Un épaississement, avec ulcération, de la paroi gastrique, en regard du pylore et du corps de l’estomac, est visualisé lors d’une laparotomie avec gastrotomie. Son exérèse est réalisée via une gastroduodénostomie. Un tube de gastrostomie est mis en place dans du tissu semblant sain. Un carcinome gastrique indifférencié, avec métastases lymphatiques, est diagnostiqué. Les marges d’exérèse sont infiltrées. 91 Trente-sept jours après la chirurgie, soit vingt-deux jours après le retrait du tube de gastrostomie, le chien est présenté pour un épaississement du tissu sous-cutané, mesurant 5 x 10 cm, en regard du site d’incision du tube de gastrostomie. L’animal va bien et le reste de l’examen clinique est normal. La lésion augmente rapidement de taille : 5 jours plus tard la zone tuméfiée est ferme, plate et chaude et elle s’étend de la zone de gastrostomie à la région inguinale. Une adénomégalie inguinale bilatérale marquée est également présente. L’analyse cytologique, de ponctions à l’aiguille fine de la lésion et des nœuds lymphatiques inguinaux, révèle une population cellulaire épithéliale maligne. Les auteurs concluent à un adénocarcinome gastrique métastatique, bien qu’ils ne puissent pas écarter un sarcome anaplasique. Une chimiothérapie avec de la doxorubicine (30 mg/m2, par voie IV), toutes les 3 semaines, est initiée 43 jours après la chirurgie. Le chien a initialement bien répondu mais la masse inguinale a augmenté de volume à partir du 60ème jour après la chirurgie. La chienne a été hospitalisée, 2 fois, pour des suspicions de pneumonie qui se sont résolues après antibiothérapie. Le 114ème jour après la chirurgie, le chien est en très mauvais été général avec des difficultés respiratoires. Des radiographies thoraciques sont compatibles avec une pneumonie récurrente bien qu’une infiltration métastatique ne puisse être écartée. L’animal est euthanasié. Les métastases au site du tube de gastrostomie peuvent être reliées à un essaimage direct de la tumeur ou à une dissémination par voie hémolymphatique jusqu’au site de cicatrisation fortement vascularisé. (93) (Cf. paragraphe dissémination iatrogène) IV.B.1.2. Métastases cutanées à d’adénocarcinome gastrique (92) l’origine du diagnostic IV.B.1.2.1. Présentation clinique Un chien croisé, mâle non castré, de 12 ans, a développé, au cours des derniers mois, des nodules cutanés multiples, de 1 à 3 cm de diamètre, lisses, de consistance élastique et non adhérents aux tissus sous jacents. Ils sont localisés à l’encolure, au tronc et aux membres pelviens. L’animal présente, également, une anorexie, depuis une semaine, associée à une perte de poids modérée et des vomissements occasionnels. Photo 9. Métastases cutanées d’un adénocarcinome gastrique. Nodules cutanés sur la face médiale de la cuisse droite chez un chien, présentant une anorexie et des vomissements Photo de Dell’Orco et al. (92) 92 IV.B.1.2.2. Examens complémentaires L’examen cytologique, de prélèvements à l’aiguille fine, des nodules cutanés a orienté le diagnostic vers une tumeur épithéliale sécrétant de la mucine ou, moins probablement, vers une inflammation granulomateuse d’origine inconnue. La recherche d’une tumeur primitive, expliquant la présence de ces nodules, a été effectuée. Un examen radiographique a révélé la présence d’une masse, avec une perte de contraste, dans l’abdomen crânial. L’échographie abdominale a révélé un épaississement diffus et important de la paroi de l’antre pylorique, avec perte de l’architecture normale et hypertrophie du nœud lymphatique gastrique. La rate présentait également de multiples zones hypoéchogènes. Des ponctions à l’aiguille fine ont révélé la même population cellulaire que sur les échantillons cutanés. IV.B.1.2.3. Examens nécropsiques et histologiques Les examens post mortem ont confirmé les observations obtenues par imagerie médicale. En outre, de petits nodules sont trouvés dans le pancréas et l’omentum. La muqueuse, les couches musculaires et la séreuse gastrique sont, variablement, infiltrées à effacées par un contingent de cellules rondes à polygonales avec un cytoplasme modéré à abondant et un noyau excentré. Certaine ont une apparence de bague à chaton. Les vaisseaux lymphatiques de la paroi gastrique contiennent de nombreux emboles métastatiques. L’architecture du nœud lymphatique gastrique est complètement remplacée par des plages de cellules néoplasiques. Les nodules cutanés sont histologiquement caractérisés par une infiltration du derme et du tissu sous-cutané par des plages denses de cellules néoplasiques polygonales et très pléomorphiques. Le diagnostic final, basé sur l’histopathologie, l’histochimie et l’immunohistochimie, est celui d’un adénocarcinome mucineux en bague à chaton avec des métastases cutanées, spléniques, duodénales, omentales, pancréatiques et au nœud lymphatique gastrique. IV.B.2. METASTASES CUTANEES D’UN ADENOCARCINOME DUODENAL (94) Un seul cas de métastase cutanée d’un adénocarcinome de l’intestin grêle est décrit en médecine vétérinaire. IV.B.2.1. Présentation clinique Il concerne un Rottweiler, femelle, de 6 ans, non stérilisée. Le chien présente de multiples nodules cutanés de petite taille (environ 1 cm de diamètre) situés principalement en face dorsale du cou, en faces dorsale et latérales du tronc et sur les 4 membres, avec quelques nodules en face ventrale du cou et de l’abdomen. Plusieurs de ces masses sont érythémateuses et ulcérées. Ces nodules ont été remarqués deux semaines auparavant. Lors de la présentation, la chienne présente des vomissements, teintés de sang, depuis deux semaines avec une fréquence croissante, une douleur dorsale, une paraplégie postérieure depuis 3 jours et une anorexie depuis 2 jours. 93 IV.B.2.2. Examens complémentaires et diagnostic L’examen cytologique, de cytoponctions à l’aiguille fine, des nodules cutanés a conclu à une néoplasie à cellules rondes compatible avec un lymphome, une tumeur vénérienne transmissible, une histiocytose maligne ou un carcinome peu différencié. IV.B.2.3. Examens nécropsiques et histopathologiques L’examen nécropsique et les examens histopathologiques ont permis de conclure à un adénocarcinome duodénal avec une dissémination métastatique à de nombreux organes : peau, foie, rein, cœur, poumons, moelle épinière lombaire, nœud lymphatique mésentérique crânial, vessie, urètres, graisse rétropéritonéale, diaphragme, muscles abdominaux, utérus, estomac, œsophage, tissu de connexion entourant la glande thyroïde et tissus périoculaires. De nombreuses masses nodulaires, de 0,5 à 1,5 cm de diamètre, sont observées sur la peau pendant l’autopsie. Elles sont abondantes sur le tronc et le cou, en faces dorsales, sur les flancs et la partie proximale des membres. Elles sont plus éparpillées en face ventrale du cou et de l’abdomen, sur la queue, la face et les pavillons auriculaires. Les parties distales au jarret et au carpe sont indemne de métastases cutanées. De nombreuses masses fermes sont également trouvées sur les organes sus-cités. Des ulcérations muqueuses sont présentes sur le fundus et le pylore de l’estomac. IV.B.3. METASTASES (95,96) CUTANEES D’ADENOCARCINOMES COLIQUES IV.B.3.1. Présentation clinique Deux cas ont été publiés. Ils concernent des chiens femelles : un Lévrier Afghan, de 7 ans, non stérilisé (95) et un croisé, stérilisé, de 12 ans (96). La première chienne a été présentée pour des lésions cutanées, évoluant depuis 2 mois, et pour lesquelles les traitements antérieurs aux glucocorticoïdes et aux antibiotiques n’avaient pas apporté d’amélioration. Ces lésions se présentent sous forme de papules, entourées d’une grande marge érythémateuse, qui progressent vers de grandes plages ulcérées. L’examen général a révélé un animal en mauvais état général, légèrement pyrétique, avec une dyspnée modérée et une hypertrophie mammaire associée à une lactation. Un épanchement thoracique d’un liquide sérohémorragique, en grande quantité, est mis en évidence. Des signes radiographiques d’infiltration pulmonaire sont mis en évidence. Des cultures bactériologiques et fongiques, effectuées sur les liquides obtenus par thoracocenthèse ou lavage transtrachéal, sont stériles. Des signes digestifs (diarrhée et ténesme) sont apparus 2 mois après les lésions cutanées. Le chien est rapidement euthanasié après la présentation. (95) La seconde chienne a présenté un œdème d’un membre postérieur qui est devenu bilatéral, 4 semaines après la présentation initiale, et elle n’a jamais présenté de signes digestifs. Le chien est euthanasié lorsque l’œdème devient bilatéral. (96) Dans les deux cas, les traitements symptomatiques et antibiotiques n’ont donné aucun résultat. Chez les deux chiennes, les nœuds lymphatiques régionaux ne montraient pas d’hypertrophie ou d’induration. 94 IV.B.3.2. Diagnostic et lésions Lors de l’autopsie et des examens histopathologiques, un adénocarcinome colique est mis en évidence, dans les deux cas, associé à des lésions et à une infiltration de nombreux organes internes ainsi que de la peau. L’infiltration cutanée concerne les vaisseaux lymphatiques ainsi que le tissu cutané, proprement dit, avec une fibrose importante. IV.B.3.2.1. Biopsies ante-mortem Des biopsies cutanées ont été effectuées à but diagnostic sur les animaux vivants. Elles ont permis un diagnostic partiel d’infiltration néoplasique, de type et d’origine indéterminés, dans le deuxième cas (96). Dans le premier cas, la chienne a été euthanasiée rapidement après la réalisation de l’examen et il n’est fourni que le compte rendu de l’examen macroscopique et histopathologique post mortem. (95) IV.B.3.2.2. Examen nécropsique Lors de l’autopsie de la première chienne, on note que les lésions cutanées s’étendent sur une grande partie de l’abdomen ventral, les deux paires de mamelles caudales, la région inguinale et la face interne de cuisses. Ces lésions se présentent sous forme d’un épaississement marqué de la peau ainsi que d’ulcérations avec une jonction en forme de cratère avec la peau normale. Des épaississements en plaque sont disséminés sur les séreuses du colon, de la vessie, du péritoine, du diaphragme, de la plèvre pariétale et du médiastin. (95) L’autopsie de la deuxième chienne révèle un œdème de la peau et du tissu sous-cutané des membres postérieurs et de l’abdomen adjacent. Les nœuds lymphatiques adjacents sont tuméfiés et hyperhémiques. Une sténose, focale et annulaire, du colon descendant est notée et est compatible avec l’hypothèse d’un adénocarcinome colique. D’autres lésions sont également mises en évidence : une dilatation biventriculaire du cœur, avec une endocardiose végétative, et une thrombose et congestion pulmonaires. (96) IV.B.3.2.3. Examens histopathologiques Ils confirment, dans les deux cas, l’hypothèse d’adénocarcinome colique. Chez la première chienne, une dissémination généralisée d’un carcinome anaplasique et indifférencié est confirmé, bien qu’une différentiation adénocarcinomateuse soit présente dans la muqueuse colique. Dans le colon, des foyers néoplasiques sont disséminés à l’extrémité des glandes. Ils n’ont pas de membrane basale complète, ils ont remplacé l’épithélium normal et ont provoqué une distension de la lamina propria. (95) Chez la deuxième chienne, la muqueuse colique est remplacée par des structures kystiques contenant du mucus et entourées de cellules anaplasiques épithéliales. La sous-muqueuse et la musculeuse sont infiltrées par de petits foyers de cellules tumorales avec une réaction cireuse. (96) Les vaisseaux lymphatiques du colon sont envahis dans les deux cas. Des métastases sont trouvées dans la paroi péritonéale, le diaphragme, les poumons et le foie ainsi que dans les vaisseaux lymphatiques du colon, de la vessie, de l’interstitium mammaire et de la peau inguinale, dans le premier cas (95), dans la vessie, les nœuds lymphatiques mésentériques et la musculature pelvienne, dans le deuxième cas (96). Dans les deux cas, une infiltration cutanée néoplasique est observée. Elle se présente sous la forme d’infiltrations des vaisseaux lymphatiques et du derme en région inguinale chez le premier animal (95). Des foyers de cellules néoplasiques infiltrent également le tissu cutané 95 du deuxième chien, associé à un œdème et à un infiltrat cellulaire non suppuratif (96). Ces infiltrations sont associées à une fibrose des tissus environnants (particulièrement chez le premier chien chez qui, dans certaine zones, elle représentait la majorité du néoplasme). (95,96) IV.B.4. RESUME : PRESENTATION, PATHOGENIE, PRONOSTIC ET TRAITEMENT Les métastases cutanées de tumeurs de l’appareil digestif sont rares et peu décrites. Elles concernent, selon notre étude bibliographique, des adénocarcinomes. Il n’y a pas de présentation univoque dans ces 5 cas, sinon une localisation comprenant systématiquement l’arrière train. Au moment du diagnostic des métastases cutanées, la tumeur primitive a déjà métastasé à d’autres organes. Des symptômes digestifs modérés sont présents dans 3 des 4 cas où les métastases cutanées ont précédé la découverte de la tumeur primitive. C’est l’analyse des nodules cutanés qui a, alors, permis la recherche et le diagnostic de la tumeur primitive, jusque là passée inaperçue. La cause de la dissémination métastatique à la peau est abordée par Hampson (1990) et est attribuée à une dissémination par voie sanguine (95). Dans le cas où la dissémination a eu lieu au site de gastrostomie, une dissémination iatrogène ou une dissémination hémolymphatique sont possibles. Au vu de l’infiltration lymphatique importante des sites primaires et secondaires de la tumeur, dans tous les cas décrits, une dissémination par voie lymphatique n’est pas à exclure. Le pronostic est sombre. Les animaux présentés initialement pour des lésions cutanées, ont été euthanasiés dès le diagnostic ou dans les 4 semaines qui l’ont suivi. La survie a été plus longue (71 jours après la découverte de la métastase cutanée) pour le chien qui a bénéficié d’une exérèse de la tumeur avant l’apparition de métastases macroscopiques et d’une chimiothérapie ensuite. Comme dans les autres cas de métastases cutanées, seul un traitement palliatif est envisageable. Un traitement symptomatique des symptômes digestifs peut être entrepris : antiémétiques, laxatifs, pansements gastro-intestinaux ... Un traitement antibiotique nous parait indiqué lors de lésions cutanées ulcérées. Les adénocarcinomes gastriques et intestinaux répondent mal aux chimiothérapies. Une chimiothérapie palliative ne semble donc pas être indiquée. Un traitement à base d’AINS serait à essayer, les tumeurs épithéliales semblant bien répondre à ce type de traitement. (89) IV.C. PATHOLOGIE COMPAREE IV.C.1. CARACTERISTIQUES CLINIQUES IV.C.1.1. Adénocarcinomes gastriques Les cancers gastriques sont les 4èmes plus fréquents chez l’homme et sont une cause importante de mort liée au cancer. La survie à 5 ans est mauvaise (20%) malgré des avancées thérapeutiques. Les adénocarcinomes gastriques sont les tumeurs les plus fréquentes et représentent 90% des cancers avec les lymphomes et les sarcomes. Des facteurs de risque existent pour l’apparition de cancers distaux (éloignés du cardia) : infection à Helicobacter pylori, régime alimentaire, tabac… Comme chez le chien, les lésions sont souvent fermes, ulcératives et localisées à l’antre ou au tiers distal de l’estomac. Les 96 adénocarcinomes gastriques ont une propension à disséminer, rapidement, dans l’évolution de la maladie ; la majorité des patients est présentée avec une maladie avancée, avec extension aux organes adjacents, métastases lymphatiques ou maladie systémique. (85,97) IV.C.1.2. Cancers intestinaux Le plus fréquent des cancers gastro-intestinaux est le cancer colorectal. Il s’agit du troisième plus fréquent, toutes tumeurs confondues. En revanche, les tumeurs de l’intestin grêle sont rares. (97) La présentation clinique des adénocarcinomes de l’intestin grêle peut être liée aux effets locaux de la tumeur (saignement, obstruction, douleur) ou, plus fréquemment, à la présence de métastases. Des facteurs de risque génétiques et environnementaux (régime alimentaire, tabac, consommation d’alcool…) sont connus pour les cancers colorectaux chez l’homme. Une progression séquentielle, du polype bénin vers le carcinome, est bien connue et souligne l’importance d’une détection précoce. Les symptômes sont similaires à ceux du chien et de nombreux patients restent asymptomatiques jusqu’à un stade avancé de la maladie. Des programmes de prévention et de dépistage sont mis en place. (97) IV.C.2. TRAITEMENTS IV.C.2.1. Adénocarcinomes gastriques Comme chez le chien, dans les premiers stades de la maladie, la chirurgie est l’option thérapeutique de choix. Elle a été associée à des chimiothérapies adjuvantes avec un bénéfice limité. La chimiothérapie périopératoire (cisplatine et 5 fluoro-uracile) permet d’augmenter la survie globale et la durée de survie sans récidive et fait partie des protocoles standards de traitement des tumeurs gastriques résécables, en Europe. La radiothérapie adjuvante, associée au 5-FU et à la leucovorine, donne, également, de bons résultats et est utilisé couramment aux États-Unis. (97) Pour le traitement des cancers gastriques avancés, traitement disponible. Elle permet d’améliorer la qualité médiane de survie de 7-10 mois au lieu de 3-4 d’accompagnement ». De nombreux protocoles de (épirubicine, cisplatine, 5-FU par exemple). (97) la chimiothérapie est le principal de vie ainsi que la survie globale : mois avec les « meilleurs soins polychimiothérapie sont utilisés IV.C.2.2. Cancers intestinaux Le traitement est similaire à celui utilisé chez les animaux de compagnie. La chirurgie des cancers de l’intestin grêle est la seule option curative lorsque la tumeur est localisée, avec une médiane de survie de 20 mois et une survie à 5 ans de 26%. A cause de la rareté de ces tumeurs, il n’existe pas d’essai clinique randomisé concernant leur traitement systémique. En pratique, les oncologistes traitent les tumeurs duodénales comme des cancers gastriques tandis que les tumeurs distales seront prises en charge avec les protocoles des cancers colorectaux. La chirurgie est également le traitement curatif primaire pour les cancers colorectaux. Lors de cancer du colon, localisé et résécable, une thérapie adjuvante (souvent une combinaison contenant du 5-FU ± un dérivé du platine) est mise en place car une proportion non négligeable des patients développe une maladie récurrente malgré la chirurgie. Une chimiothérapie palliative (oxaliplatine, irinotecan et fluoropyrimides) permet une 97 augmentation de la durée de survie chez les patients avec des métastases. Plusieurs traitements ciblés (anticorps anti facteur de croissance endothélial, inhibiteurs des récepteurs au facteur de croissance épithélial) ont prouvé leur efficacité mais sont moins utilisés en routine. (97) IV.C.3. COMPORTEMENT METASTATIQUE IV.C.3.1. Adénocarcinomes gastriques Selon une étude, sur 348 autopsies de patients avec un adénocarcinome gastrique, les organes les plus fréquemment touchés par les métastases sont, dans l’ordre de fréquence décroissante: le foie (189/348), le pancréas, l’omentum, le péritoine, les poumons, le duodénum, le colon, les glandes surrénales et la rate. (98) Dans cette série, la peau a été le site métastatique dans 4 cas, soit dans 1,1% des cas, ce qui est semblable à la fréquence rapportée dans les autres études (1 à 4,5%). (99) Les métastases cutanées d’adénocarcinomes gastriques représentent 4% des métastases cutanées. (37,99) C’est le cancer qui est le plus fréquemment retrouvé lors de métastases ombilicales. (10) Ces métastases peuvent être uniques ou multiples et sont généralement localisées à proximité de la tumeur initiale, sur la paroi abdominale. D’autres localisations sont également rapportées sur la tête, les sourcils, le cou, les aisselles, la poitrine, les lèvres, le bout des doigts, les épaules, les bras et la région ombilicale. (37,100) On rapporte leur apparition 2 à 10 ans après le diagnostic du carcinome gastrique mais elles peuvent également être le symptôme de présentation. (100) La survie, après métastase cutanée, est de 1,2 mois (série de 7 cancers de l’estomac). (11) IV.C.3.2. Cancers intestinaux Le foie est l’organe le plus fréquemment touché par des métastases des cancers colorectaux. Les poumons, le cerveau ou les os sont touchés beaucoup moins fréquemment. (101) La peau peut être un site de métastase des cancers de l’intestin. Le gros intestin est le deuxième site primaire à l’origine de métastases cutanées chez l’homme et la femme. Il représente respectivement 19% et 9% des métastases cutanées dans une étude de 1972 sur 724 métastases cutanées (37). On estime qu’environ 3,5% des cancers colorectaux métastasent à la peau (102,103). Le rectum est à l’origine de ces métastases dans la moitié des cas. Comme les carcinomes de l’intestin grêle, les métastases cutanées de tumeurs de l’intestin grêle sont exceptionnelles. (37) Les lésions métastatiques cutanées sont localisées, majoritairement, sur l’abdomen ou la région périnéale, fréquemment en regard des zones cicatricielles, mais la poitrine, le dos, les membres, le cou, la face ou le cuir chevelu peuvent, également, être atteints. En général, il s’agit d’adénocarcinomes bien différentiés sécrétant de la mucine. (37) La survie médiane, après métastase cutanée, est de 4,4 mois (série de 9 cancers) (11), avec une moyenne de 18 mois (102) 98 S YNTHESE Les adénocarcinomes gastro-intestinaux représentent une faible proportion des néoplasies canines. Leur dissémination métastatique semble s’effectuer par voie lymphatique et hématogène. Cinq cas de métastases cutanées d’adénocarcinomes gastro-intestinaux ont été publiés, avec une présentation clinique variable. Seule une atteinte du train arrière semble constante. La présence d’une dermatose récurrente, atteignant l’arrière train, parfois sur une cicatrice chirurgicale et associée à des signes digestifs (souvent modérés), doit faire évoquer une telle affection. 99 V. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS DE L’APPAREIL GENITAL De rares cas de métastases cutanées des tumeurs de l’appareil génital ont été décrits dans la littérature. Ils sont, le plus fréquemment, associés à des tumeurs vénériennes transmissibles ou, exceptionnellement, à des séminomes. De manière anecdotique, sont rapportés, sans détail, des cas associés à un dysgerminome chez une chienne Lévrier Afghan (61) ou à des carcinomes prostatiques. Ces derniers se présentent, selon l’observation personnelle de Scott, Muller et Kirk, comme des nodules cutanés uniques ou multiples (54). Une publication concernant un sertolinome, ayant métastasé à la peau (babine inférieure), est répertorié par CAB abstract mais le langage de publication est le turc. (104) V.A. METASTASES DE SEMINOMES CHEZ LE CHIEN ET LE CHEVAL Des organes génitaux mâles, c’est le testicule qui est, le plus souvent, atteint par le cancer. La prévalence des néoplasies du testicule est plus élevée chez le chien que chez les autres espèces. La plupart des tumeurs du testicule proviennent des cellules de Sertoli (sertolinome), de l’épithélium germinal (séminome) ou des cellules interstitielles (tumeur des cellules de Leydig ou leygdigome). (105) Quelques cas d’invasion du tissu sous-cutané de séminomes sont décrits chez le chien et le cheval. V.A.1. CHEZ LE CHIEN V.A.1.1. Généralités Chez le chien, les séminomes sont, souvent, associés à la cryptorchidie. Histopathologiquement, les séminomes ont des caractéristiques malignes mais ils métastasent rarement (dans 4% des cas). Cependant, lorsqu’ils métastasent, ils semblent utiliser les voies lymphatiques vers les nœuds lymphatiques régionaux, les poumons et d’autres viscères abdominaux. (105,106,107) Il est, également, rapporté des invasions des cordons spermatiques (108), des méninges et des yeux (106). L’âge moyen des chiens atteints est de 10 ans. Jusqu’à 71% des séminomes ne sont pas détectés à l’examen physique des testicules (105). Les séminomes de grande taille peuvent provoquer une augmentation de taille du testicule atteint (107). Ils sont en général unilatéraux et solitaires mais 10 à 18% sont bilatéraux et certains testicules affectés ont des tumeurs nodulaires multiples. (105) Une alopécie symétrique et une hyperpigmentation est rapporté dans le cas de séminomes (bien que ces symptômes soient généralement associés aux sertolinomes). L’échostructure des séminomes, examinés par échographie, est décrite comme hypoéchogène ou mixte. (105) Histopathologiquement, les séminomes sont subdivisés en forme intratubulaire ou diffuse. La forme intratubulaire est la plus précoce et se compose d’agrégats de cellules qui remplissent la lumière des tubes séminifères affectés, remplaçant les lignées normales de cellules spermatogéniques et de cellules de Sertoli. L’apparence des cellules tumorales est 100 caractéristique : de très grandes cellules, polyédriques, avec des bords nets, un noyau vésiculaire et des nucléoles proéminents, et un cytoplasme basophile ou amphophile peu abondant. Les images de mitose sont nombreuses et fréquemment anormales. Des agrégats de lymphocytes sont présents dans de nombreuses tumeurs. Dans les formes diffuses, les cellules tumorales ne sont plus confinées aux tubes séminifères : elles forment de vastes plages cellulaires. (107) La castration est un traitement curatif des séminomes non compliqués, avec un excellent pronostic. Cependant, lorsque des métastases sont présentes, un traitement additionnel, radiothérapie ou chimiothérapie, est indiqué (105). Peu de cas de séminomes métastasés sont décrits dans la littérature et les traitements appliqués sont peu nombreux. Quatre chiens, présentant des métastases aux nœuds lymphatiques régionaux traités par téléradiothérapie au Césium 137 (doses totales de 17 à 40 Gy), ont répondu avec une régression tumorale totale. La survie de ces chiens allant de 6 à 57 mois. (109) Les autres traitements entrepris sont : un traitement avec une combinaison d’actinomycine, chlorambucil et mithramycine qui n’a pas apporté de rémission, tout comme l’association vincristine cyclophosphamide ; un traitement avec de la bléomycine utilisée seule a permis une rémission durable chez un chien. V.A.1.2. Description des cas V.A.1.2.1. Métastases sous-cutanées chez un Scottish Terrier de 9 ans (110) Cette publication décrit le cas d’un chien qui a présenté des métastases sous-cutanées d’un séminome associées à des métastases abdominales et pulmonaires, et ce, malgré la mise en place d’une chimiothérapie. V.A.1.2.1.1. Présentation clinique Un Scottish Terrier de 9 ans, pesant 14kg, est référé pour métastases locales d’un séminome. Trois semaines auparavant, une augmentation palpable de la taille de l’épididyme droit motive l’exérèse du testicule droit. Les analyses révèlent un séminome disséminé à l’épididyme et aux nœuds lymphatiques régionaux. L’examen clinique révèle une ectopie du testicule gauche, situé à gauche du prépuce. V.A.1.2.1.2. Diagnostic et examens complémentaires Les examens complémentaires sanguins mettent en évidence une leucocytose (25200 cellules par mm3) avec neutrophilie et lymphocytose. Le temps de sédimentation est également augmenté. Les analyses biochimiques révèlent une augmentation des lactatedéshydrogénases (376 U/L), des phosphatases alkalines (806 U/L), ainsi que du taux de cholestérol. Une hyperprotéinémie est également présente (protéines plasmatiques à 8,5 g/dL). Une protéinurie (4 croix à la bandelette urinaire) et une hématurie (8 à 12 hématies par champ) sont mises en évidence. On détecte une hépatomégalie, une prostatomégalie ainsi que la présence d’une masse sous lombaire sur des clichés radiographiques abdominaux. Une laparotomie exploratrice est alors réalisée. Elle révèle un épaississement du cordon spermatique droit ainsi que des vaisseaux lymphatiques allant au canal inguinal droit. De nombreux nodules, blancs et fermes, sont présents sur le mésentère et l’omentum. Il s’agit 101 de métastases du séminome au cordon spermatique droit, aux nœuds lymphatiques inguinal interne et sous lombaire ainsi qu’à l’omentum. V.A.1.2.1.3. Traitement et évolution : développement de métastases sous-cutanées Une chimiothérapie à l’actinomycine D (0,5 mg/m2, une fois par semaine) et au chlorambucil (2mg/m2/j, per os, pendant 4 jours) est mise en place. Un mois après, 3 nodules sous-cutanés sont observés sur l’épaule gauche. Au bout de 3 semaines, des nodules sont présents de manière diffuse sur tout le corps de l’animal. Les analyses révèlent la présence de métastases cutanées du séminome. Devant l’extension de la maladie, un changement de chimiothérapie est effectué en associant mithramycine et chlorambucil sans résultat car des métastases pulmonaires se développent et le chien est euthanasié moins de 4 mois après sa prise en charge. V.A.1.2.2. Métastases cutanées signes d’appel séminome chez un jeune chien croisé (111) d’un Des métastases cutanées nodulaires sur le dos d’un chien, jeune adulte, sont les premiers signes clinique d’un séminome. Elles sont rapidement associées à des lésions oculaires et toutes deux répondent initialement à un traitement antibiotique et corticoïde. Malgré la mise en place d’une chimiothérapie, le chien décède 3 mois plus tard des suites des métastases du séminome à la peau, aux yeux, au scrotum, au foie, aux reins et au péritoine. V.A.1.2.2.1. Présentation clinique Un chien croisé, non stérilisé, de 3 ans et pesant 15 kg, est présenté pour de multiples nodules cutanés sur le dos. Ces nodules, de 5 à 10 mm de diamètre, sont bien définis, fermes, indolores, et de couleur brun-rouge. Aucune autre anomalie n’est détectée lors de l’examen clinique de l’animal ni des analyses hématologiques et biochimiques. Une biopsie excisionnelle est réalisée. Elle est analysée cytologiquement, par impression directe, et histologiquement. Des amas de cellules polygonales, de taille variable, avec d’importants nucléoles, principalement localisés au derme sont présents, suggérant une prolifération de cellules épithéliales d’aspect tumoral. V.A.1.2.2.2. Traitement médical et évolution Pendant 1 semaine, le chien a suivi un traitement oral antibiotique (céfalexine) et corticoïde (prednisone, 0,65 mg/kg/j) ainsi qu’un complexe vitaminique. Deux semaines plus tard, les lésions cutanées sont moins nombreuses mais le chien présente un œdème cornéen, une uvéite antérieure avec congestion conjonctivale. Un nouveau traitement médical permet une quasi-disparition des lésions cutanées et oculaires, qui récidivent à l’arrêt. Le chien présente, alors (37 jours après la présentation initiale), une augmentation modérée de la taille du testicule droit en plus des lésions cutanées et oculaires. V.A.1.2.2.3. Diagnostic L’échostructure du testicule droit est modifiée et de multiples zones échogènes, délimitées par des lignes hyperéchogènes, sont visualisées. Une cytoponction à l’aiguille fine du testicule est réalisée et révèle la présence d’une population cellulaire compatible avec un séminome. Une castration bilatérale est réalisée, 53 jours après la présentation initiale. Les 102 deux testicules présentent des masses rouge-brun, molles et lobulées. Un diagnostic histopathologique de séminome est établi. V.A.1.2.2.4. Traitement et évolution Suite à la castration, le chien reçoit de la vincristine (0,5 mg/m2, par voie IV, une fois par semaine) et du cyclophosphamide (50 mg/m2, per os, 4 jours par semaine). Un mois après la castration, des lésions nodulaires sont détectées sur les paupières des deux yeux et sur la surface cornéenne gauche. Les lésions cutanées ont augmenté en nombre. L’état général du chien se dégrade progressivement et il meurt 136 jours après la présentation initiale. A l’autopsie, de nombreux nodules métastatiques du séminome, cutanés et sous-cutanés, brun-rouge et de taille variable, sont distribués sur l’ensemble du corps. Des foyers métastatiques sont également détectés dans le scrotum, les cordons spermatiques, le foie, le rein gauche, les yeux et le péritoine. En l’absence d’infiltration lymphatique, les auteurs supposent que la dissémination s’est effectuée par voie hématogène. V.A.1.2.3. Métastases cutanées répondant à la chimiothérapie chez un Montagne des Pyrénées de 10 ans (106) Les auteurs décrivent la présence de métastases cutanées (sur une babine et sur le flanc droit) d’un séminome, chez un chien, qui a très bien répondu à un traitement chirurgical et une chimiothérapie. La présence de la lésion labiale a été le motif de consultation. V.A.1.2.3.1. Présentation clinique Le cas, décrit par Spugnini, concerne un Montagne des Pyrénées de 10 ans qui présente une lésion ulcérée de la lèvre inférieure droite ne répondant pas aux traitements antibiotiques et corticoïdes. La lésion labiale a atteint une taille de 6 centimètres en 5 mois. Parallèlement, le propriétaire rapporte une anorexie associée à une perte de 6 kg sur les 6 derniers mois. Le propriétaire rapporte, également, que le testicule droit est de taille augmentée depuis 20 mois. Le vétérinaire traitant a réalisé, lors de la découverte de cette anomalie, un bilan échographique de l’abdomen et des testicules. Aucune anomalie majeure n’a été observée et le testicule droit présentait des calcifications parenchymateuses focales. Un diagnostic thérapeutique d’orchite a été réalisé et le chien a été placé sous antibiotiques, pendant trois semaines, sans amélioration clinique. A l’examen clinique le chien est maigre. Plusieurs lésions cutanées sont mises en évidence sur la peau, tout comme sur la babine droite. La lésion labiale est une plaque, plus ou moins discoïde, plate, dépilée, érythémateuse avec des ulcérations superficielles. Elle est bien délimitée et indolente. Les nœuds lymphatiques mandibulaires sont de taille et de consistance normales. Le testicule droit est de taille uniformément augmentée (10 par 5 par 5 centimètres), ferme et indolore. V.A.1.2.3.2. Diagnostic Des cytoponctions, par aspiration à l’aiguille fine du testicule droit et de plusieurs lésions cutanées, sont effectuées. L’examen cytologique des ponctions du testicule est évocateur d’un séminome. L’aspect cytologique, de la majeure partie des lésions cutanées, est compatible avec des kystes sébacés ou des lipomes, à l’exception de la lésion de la babine 103 et d’une lésion du flanc droit qui révèlent un population néoplasique qui est difficile à définir à l’examen cytologique seul. Des biopsies excisionnelles, de la lésion labiale et de la lésion cutanée du flanc droit, sont réalisées. Leur examen histopathologique est compatible avec le diagnostic de métastases cutanées d’un séminome. D’autres examens complémentaires sont également réalisés dans le cadre d’un bilan d’extension : une numération et formule sanguine, des analyses biochimiques du sérum, des radiographies thoraciques (latérales et ventrodorsales), ainsi qu’une échographie abdominale. Les résultats des tests de laboratoire sont dans les valeurs usuelles de l’espèce et aucune anomalie n’est mise en évidence lors des examens d’imagerie. V.A.1.2.3.3. Traitement et évolution Une thérapie multimodale est mise en place : chirurgie associée à une chimiothérapie. Les deux testicules, ainsi que la lésion labiale, sont excisés chirurgicalement. La métastase labiale est excisée, en bloc, avec une marge de 2 cm en tissus apparemment sains. Le propriétaire ayant refusé un traitement au cisplatine pour raisons financières, une chimiothérapie à la bléomycine est entreprise (10 mg/m2,, par voie sous-cutanée, une fois par jour pendant 4 jours, puis une fois par semaine pendant 16 semaines). Apres 20 jours, l’état général du chien est meilleur, il est plus alerte et son appétit a augmenté. La métastase cutanée sur le flanc, qui mesurait 1,5 sur 2 cm, n’a pas été retirée chirurgicalement et a été utilisée comme indicateur de l’efficacité de la chimiothérapie. Le volume de la lésion a diminué de moitié dans la première semaine de chimiothérapie et a continué de diminuer dans les 16 semaines de traitement à la bléomycine. A la fin du traitement, une biopsie excisionnelle a été réalisée pour retirer la lésion cutanée résiduelle et évaluer l’efficacité du traitement. Le rapport d’histopathologie montrait un séminome métastatique résiduel avec 35% de nécrose. Des radiographies thoraciques et des échographies abdominales ont été réalisées un, trois, cinq, sept, neuf et douze mois après la chirurgie dans le cadre de la surveillance du bilan d’extension. Apres 12 mois, aucun signe de récurrence n’est observé et la qualité de vie du chien semble bonne. V.A.1.2.4. Synthèse Des cas de dissémination cutanée de séminomes sont rapportés dans la littérature anglosaxonne. (106,110,111) Les lésions métastatiques se présentent sous la forme de nodules cutanés ou sous-cutanés, multiples semblant s’étendre progressivement à l’ensemble du corps. Une dissémination par voie hématogène est suspectée. Leur apparition peut être antérieure ou postérieure à la détection de modifications des testicules et est le motif de consultation chez 2 des 3 chiens. Chez les deux chiens pour lesquels les lésions étaient les plus nombreuses et évolutives, une atteinte concomitante de plusieurs organes a été observée et les traitements de chimiothérapie ont été inefficaces. V.A.2. CHEZ LE CHEVAL Chez le cheval, les tumeurs de l’appareil génital mâle concernent le plus souvent l’appareil génital externe (pénis et prépuce) où se développent, surtout, des carcinomes épidermoïdes et des papillomes, ainsi que le testicule (112). 104 V.A.2.1. Généralités Les tumeurs testiculaires sont considérées comme rares par de nombreux auteurs. Leur prévalence est, cependant, difficile à estimer en raison du nombre élevé de chevaux castrés précocement. Les données concernant les tumeurs testiculaires sont peu nombreuses et il est donc difficile de fournir des caractéristiques précises concernant leurs effets hormonaux, leur malignité ou les effets de la cryptorchidie sur les tumeurs testiculaires équines. (112) Le séminome, qui a pour origine les cellules germinales des tubes séminifères, est la tumeur la plus souvent rapportée chez l’étalon. Elle concerne des chevaux âgés de 9 à 22 ans, la majorité ayant plus de 10 ans. Il semble que la cryptorchidie soit associée aux séminomes chez le cheval comme chez le chien ou l’homme. La tumeur est généralement unilatérale, lobulée, de consistance moyenne, de couleur claire ou grisée et d’aspect luisant. Sa croissance est souvent rapide et occasionne une déformation et une augmentation de la taille du testicule atteint. La tumeur est fréquemment multifocale. Les séminomes équins semblent plus agressifs que pour les autres espèces et montreraient une plus forte propension à métastaser. Les métastases peuvent concerner les viscères thoraciques ou abdominaux, avec, plus particulièrement, une atteinte des nœuds lymphatiques iliaques médiaux et lombaires situés dans la région de l’aorte terminale. Des métastases ont été mises en évidence jusqu’à deux ans après hémicastration. Il n’a jamais été identifié de cellules tumorales dans l’éjaculat. (112,113) V.A.2.2. Description du cas (113) V.A.2.2.1. Présentation clinique Un cheval arabe hongre, de 22 ans, est présenté pour une masse tissulaire de croissance lente, de 18 cm de diamètre, entourant la zone préputiale. Aucune information n’est disponible concernant le développement ou l’aspect des testicules avant la castration. Une masse de petite taille avait été excisée, dans la même zone, 6 mois auparavant. Lors de l’examen, la néoformation est sous-cutanée, ferme et localisée à la gauche du pénis. Une masse de 15 cm par 4 cm, antérieure et dorsale au bord pelvien, est également palpée. Lors d’une laparotomie exploratrice, l’infiltration de nombreux nœuds lymphatiques abdominaux et du prépuce est confirmée. Le cheval est euthanasié. V.A.2.2.2. Diagnostic V.A.2.2.2.1. Aspect macroscopique Macroscopiquement, une masse ferme de 18 cm de diamètre, bien encapsulée et ferme, est trouvée dans le tissu sous-cutané, ventralement et à gauche du pénis. La masse n’infiltre pas la paroi musculaire abdominale, est blanc-jaune et friable, avec des zones multifocales d’hémorragies et de nécrose. Les cordons spermatiques et les épididymes restants sont fermes, minces et infiltrés de manière diffuse avec un tissu similaire à la masse principale. Les deux nœuds lymphatiques inguinaux superficiels sont de taille doublée, uniformément blanc-jaune et friables. Aucune infiltration des viscères abdominaux n’est observée mais les nœuds lymphatiques inguinaux profonds, lombaires, aortiques, iliaque médiaux et sacrés sont deux à trois fois plus gros que la normale et d’aspect similaire aux nœuds lymphatiques inguinaux. Les poumons sont uniformément hyperhémiques avec une masse, de 2 centimètres de diamètre, dans le lobe crânial gauche. Cette masse est jaune, brillante et friable. V.A.2.2.2.2. Aspect microscopique 105 Histopathologiquement, le tissu de la masse préputiale est formé de larges plages de cellules étroitement serrées, avec peu de stroma délimitant des pseudolobules. Les cellules sont grandes et rondes à polyédriques, avec un noyau vésiculeux et un nucléole proéminent. Les images mitotiques sont fréquentes. De multiples plages de nécrose, accompagnées d’agrégats modérés de lymphocytes, sont présentes. Les cordons spermatiques et les épididymes sont infiltrés avec de nombreuses cellules néoplasiques similaires à celles de la masse principale. La masse pulmonaire comprime le parenchyme voisin et contient un contingent néoplasique cellulaire similaire autour d’une zone centrale nécro-hémorragique. Les nœuds lymphatiques abdominaux de taille augmentée sont infiltrés par des cordons et des plages de cellules néoplasiques. Il est conclu à un séminome métastasé au tissu sous-cutané, aux épididymes, aux cordons spermatiques, aux poumons et à plusieurs nœuds lymphatiques. L’infiltration des cordons spermatiques et de l’épididyme suggère que la dissémination a eu lieu avant la castration. V.B. TUMEUR VENERIENNE TRANSMISSIBLE La tumeur vénérienne transmissible, également connue sous le nom de sarcome de Sticker ou de sarcome vénérien transmissible, est une tumeur transplantable, à transmission horizontale, dans l’espèce canine. Elle est, le plus souvent, transmise lors du coït par transmission de cellules néoplasiques de chien à chien et non pas par transformations de cellules chez l’hôte affecté. (107,114,115) Des localisations cutanées et sous-cutanées, primaires et secondaires, de tumeurs vénériennes transmissibles sont régulièrement rapportées (107,114,115,116,117,118). Les publications concernant des métastases cutanées sont résumées dans le Tableau 10. V.B.1. EPIDEMIOLOGIE ET ETIOLOGIE Sa distribution est mondiale mais sa prévalence est supérieure dans les climats tempérés : les zones d’enzooties comprennent le sud des Etats Unis, l’Amérique Centrale et du Sud, certaines parties de l’Afrique, le Moyen Orient, l’Extrême Orient et l’Europe du Sud Est. Dans certaines régions, où la reproduction canine est peu contrôlée et où les chiens errants sont en concentration importante (zones urbaines), le sarcome de Sticker est la tumeur canine la plus fréquente. Les précipitations importantes et la température annuelle moyenne sont corrélées positivement à la prévalence. (114,115) Le sarcome de Sticker est transmis de chien à chien à travers les barrières du complexe majeur d’histocompatibilité et via la transplantation de cellules tumorales sur des surfaces muqueuses endommagées, durant le rapport sexuel ou d’autres comportements sociaux tels que le reniflement ou le léchage. Ce mode de transmission, par allogreffe de la tumeur vénérienne transmissible, est unique. Le comportement de cette tumeur a d’ailleurs été comparé à celui des parasites. (114) Les sarcomes de Sticker des chiens de toute la planète possèdent un caryotype original et relativement constant de 59 chromosomes contrairement au caryotype normal canin de 78 chromosomes. Ceci est également vrai dans les lésions métastatiques ou après de nombreux passages in vivo ou in vitro. (107,114) Une autre preuve d’une origine cellulaire commune de toutes les tumeurs est la présence d’un réarrangement commun des oncogènes dans des tumeurs provenant de diverses origines géographiques. (107) La présence de ces anomalies, spécifiques et constantes, est en faveur d’un mode de transmission cellulaire. (107,114) 106 Les cellules tumorales sont, généralement, rondes et le sarcome de Sticker est suspecté d’être d’origine histiocytaire. Ceci est étayé par des réactions positives au lysosyme, l’alpha1-antitrypsine, la vimentine et à l’immunomarquage spécifique des macrophages, et une absence de coloration avec les immunocolorations spécifiques d’autres types cellulaires. De plus, deux rapports décrivent la présence de Leishmanies intracellulaires dans des cellules de tumeurs vénériennes transmissibles. (107,114) V.B.2. PRESENTATION CLINIQUE Les chiens atteints sont, fréquemment, de jeunes adultes non stérilisés, vivant dans un zone endémique ou ayant voyagé en zone endémique, et ayant eu des contacts sociaux avec des chiens de signalement similaire. (114) Les organes génitaux externes représentent les sites de localisation primaire les plus communs. La présence de la tumeur se manifeste souvent par des signes d’inconfort chronique ou par des écoulements sanguinolents, par la vulve ou le fourreau, pendant des semaines ou des mois avant le diagnostic. Chez les chiennes, la tumeur est habituellement localisée caudalement dans le vagin ou dans le vestibule. Chez les mâles, la localisation classique se situe à la base du pénis et sa visualisation nécessite une rétraction caudale complète du fourreau. (114) Si la tumeur se développe le plus souvent sur l’appareil génital externe, elle peut également être implantée sur les muqueuses orales, nasales et conjonctivales, ou, moins communément, la peau. (107) La tumeur peut se présenter sous la forme d’une masse unique ou sous celle de multiples nodules. Si la tumeur a été implantée dans une muqueuse, elle croît dans la sous-muqueuse et étire l’épithélium de couverture, qui peut être ulcéré. Une tumeur vénérienne transmissible peut devenir de grande taille au site primaire d’implantation (jusqu’à environ 10 centimètres de diamètre) et envahir les tissus adjacents. (107) La masse, en forme de chou-fleur, est friable et vascularisée. Un signe clinique commun, indépendant du site de localisation de la tumeur, est un écoulement hémorragique. Les chiens, avec une localisation génitale, présentent un risque augmenté d’infection du tractus urinaire. (114) Photo 10 et 11. Tumeur vénérienne transmissible chez des chiens mâles . 107 La période de latence, pour le développement tumoral, est de 2 à 6 mois. La croissance est rapide en 1 ou 2 mois après lesquels de nombreuses tumeurs subissent une rémission spontanée. Les tumeurs persistent rarement plus de 6 mois chez des animaux immunocompétents. La régression est suivie par une immunité de transplantation. Si la tumeur est présente depuis 6 mois ou plus, la régression sans thérapie est peu probable. (107,114) De nombreuses études ont montré que diverses réponses immunes sont opérationnelles à chaque étape de développement et de régression tumorale. Il semble donc rationnel qu’une immunosuppression soit un facteur de risque d’acquisition et de maintien de la tumeur et puisse mener à un potentiel de prolifération plus élevé. (114) Quand elle affecte des animaux immunodéprimés ou des chiots, la tumeur vénérienne transmissible peut métastaser et sa régression spontanée est peu probable. De nombreux articles rapportent des cas de tumeur vénérienne transmissible métastasée et l’incidence des cas, avec dissémination à distance au moment du diagnostic, peut atteindre 17%. Les sites primaires et de métastase sont les nœuds lymphatiques régionaux, la peau et le tissu sous-cutané, l’anus, le cerveau, les yeux, moins fréquemment les os, les reins, l’orbite, le foie, les poumons, la rate, les amygdales sont rapportés. (114,115,119) Lors de métastase cutanée, les localisations rapportées sont fréquemment la région inguinale, la région abdominale ventrale, le thorax et la région cervicale ventrale (115,118,117,120). Les sites primaires sont alors génitaux ou dans la cavité nasale. (Cf. Tableau 10) 108 Tableau 10. Présentation de cas de localisation secondaire à la peau de tumeurs vénériennes transmissibles décrites depuis 1995. Référence Race, Age (années), Sexe Lésion primaire Localisation secondaire Durée d’évolution Traitement Réponse Rogers et al., 1998 (115) Berger australien 2, M Cavité nasale Nodule cutané en région cervicale ventrale 3 mois Vincristine (8 sem.) Récurrence de la tumeur après 8 mois - euthanasie Rogers et al., 1998 (115) Berger allemand, 5, F Vagin (grande taille) NL inguinal superficiel ; nodules souscutanés inguinaux 4 ans RC Rogers et al., 1998 (115) Chow Chow, 5.5, M Pénis Nodule cutané sur le thorax droit ; NL axillaire accessoire gauche 1 mois Radiations au Cobalt 60 simultanément à la vincristine (6 sem.) Vincristine (7 sem.) ; puis Doxorubicine 2 (30mg/m /3 sem., 5 cycles) ; radiations au cobalt 60 Park et al. 2006 (120) Mastiff, 2, F Vulve 3 semaine s Aucun : euthanasie car très mauvais état général Gurel et al., 2002 (117) Croisé, 3.5, F Vagin Nombreuses masses sous cutanées fermes (3 à 12cm) ; médiastin, poumons, foie, rate, reins, NL Masse cutanée pendulaire sur le thorax (1,5x2cm), ND (mauvais état général) ND ND Moutinho et al., 1995 (118) Croisé (5,3kg), 4, M Pénis Nombreuses masses cutanées sur l’abdomen et en région inguinale (1,5 à 4 cm) Apparu suite à fugue de 20 jours ND ND RP à la vincristine puis RC après la doxorubicine ; récurrence (lésion primaire + nouvelle métastase) ; RC après radiations (arrêt des suivis après 1 an) Légende : F=femelle entière, M=mâle entier ; ND= information non disponible ; RP= réponse partielle (diminution de la taille des tumeurs de plus de 50%), RC= réponse complète (régression totale de la tumeur) ; Sem. = semaine 2 Dose des traitements : Vincristine = 0,5mg/m 1 fois par semaine, Cobalt 60 = 3 fractions avec dose minimale moyenne de 15Gy 109 V.B.3. DIAGNOSTIC Le diagnostic définitif est obtenu par examen cytologique ou examen histopathologique des cellules tumorales ou des tissus tumoraux. Les cellules sont, souvent, rondes et séparées, avec une apparence morphologique caractéristique à l’examen cytologique. Les tumeurs vénériennes transmissibles sont, donc, le plus souvent diagnostiquées avec certitude par cet examen, sans qu’un examen histopathologique soit nécessaire. La cytologie exfoliative met en évidence des cellules individualisées, rondes à ovales, avec un cytoplasme bleu pâle abondant et un noyau excentré, présentant occasionnellement des binucléations ou des figures de mitose. Un ou plusieurs nucléoles peuvent être observés, entourés d’une chromatine dense. L’aspect le plus caractéristique de ces cellules est la présence de nombreuses vacuoles cytoplasmiques nettes. (114) L’histopathologie peut être utilisée pour confirmer le diagnostic. Les cellules sont organisées en plages ou en cordons. Le stroma fibrovasculaire est peu abondant en début d’évolution et devient plus important dans les tumeurs plus vieilles. Des lymphocytes et d’autres cellules inflammatoires infiltrent les tumeurs en phase de régression spontanée. (107,114) L’immunohistochimie a permis de diagnostiquer des tumeurs vénériennes transmissibles impliquant des sites métastatiques inhabituels. (114) Photo 12. Tumeur vénérienne transmissible, coloration de WrightLeishman. Les cellules néoplasiques ont un noyau rond, souvent un seul nucléole et un cytoplasme basophile et vacuolé. . L’incidence de la dissémination de la maladie est inférieure à 15% dans la plupart des études. Cependant, un bilan d’extension régional, par palpation et cytoponction des nœuds lymphatiques régionaux, est toujours recommandé. Un examen clinique complet est essentiel pour rechercher un autre site d’implantation tel que les cavités nasales et orales, l’orbite, ou une localisation inhabituelle. Les numérations et formules sanguines, les analyses sérologiques biochimiques et les analyses urinaires ne révèlent pas de changement spécifique. Une polyglobulie a été rapportée chez quelques chiens avec une tumeur de grande taille. (114) V.B.4. PRONOSTIC-TRAITEMENT Une partie des chiens présente une régression spontanée de la tumeur après un ou deux mois de croissance. Après deux mois, plus le temps de présence de la tumeur est long, moins les chances de régression spontanées sont grandes. (114) Bien que de nombreux traitements aient montré leur efficacité dans le traitement de la tumeur vénérienne transmissible du chien, le traitement le plus décrit et avec les meilleurs résultats est une monochimiothérapie à base de vincristine. Cette molécule, relativement 110 sûre et bon marché, assure une réponse complète et durable chez 90 à 95% des chiens traités, après 2 à 8 semaines de traitement. D’autres agents ou protocoles de chimiothérapie ont été utilisés mais aucun n’a montré d’avantages à la monochimiothérapie à base de vincristine. La vincristine est généralement administrée à la dose de 0,5 à 0,75 mg/m2, par voie intraveineuse, une fois par semaine, pendant 3 à 8 injections. La doxorubicine, à la dose de 25 à 30 mg/m2, par voie intraveineuse tous les 21 jours pendant 3 cycles, a été utilisée avec succès sur des tumeurs montrant une résistance à la vincristine. (114,115) La radiothérapie a également montré une efficacité dans le traitement du sarcome de Sticker. Dans une étude utilisant des radiations en orthovoltage, les 18 chiens de l’étude ont répondu avec une rémission complète et durable après 1 à 3 fractions de 10Gy. Dans une autre étude, 15 chiens recevant des radiations en mégavoltage, délivrées par une unité de Cobalt-60, ont totalement répondu sans récidive suite à l’administration de 3 fractions sur une semaine, avec une dose minimum moyenne de 15Gy. L’utilisation de la radiothérapie pour traiter les tumeurs vénériennes transmissible est appuyée par ces études et devrait être envisagée comme une alternative au traitement de chimiothérapie pour des lésions montrant une résistance aux agents systémiques ou localisées dans des sites sanctuaires (cerveau, testicules, yeux). (114) Dans les cas de métastase cutanée de tumeur vénérienne transmissible, pour lesquels un traitement est rapporté, la monochimiothérapie à la vincristine seule n’a pas provoqué de réponse complète sans récidive. Les traitements de radiothérapie ont permis une régression totale des masses tumorales, primaires et secondaires, sans récidive, bien qu’un chien n’a pas été suivi plus d’une année après la fin du traitement. (Cf. Tableau 10) La chirurgie a été rapportée pour des tumeurs solitaires ou métastatique et peut être efficace, dans certains cas, mais des récidives se produisent dans 30 à 75% des cas. On suspecte que l’essaimage par les instruments chirurgicaux est en partie responsable du taux de récidive. Il s’agit donc d’une alternative thérapeutique peu intéressante. (114,115) Compte tenu du fait que certains chiens immunocompétents peuvent présenter une régression spontanée et qu’une grande majorité de chiens, traités avec une monochimiothérapie à la vincristine ou avec des protocoles de radiation, présentent des rémissions, complètes et durables, le pronostic est généralement considéré comme très bon. (114) La présence de métastases cutanées semble, au vu des résultats thérapeutiques obtenus, être d’un mauvais pronostic. V.C. PATHOLOGIE COMPAREE Comme chez les animaux, les tumeurs de l’appareil génital métastasent peu à la peau: d’après Brownstein, chez l’homme, 1% des métastases cutanées proviennent de cancers de la prostate et, moins de 1%, des testicules ; chez la femme, les cancers de l’ovaire représentent 4% des métastases cutanées et les cancers du col utérin 2%. (37,103) Les métastases cutanées du tractus génito-urinaire sont localisées préférentiellement à l’abdomen V.C.1. CANCERS GENITAUX MASCULINS ET METASTASES CUTANEES Les cancers du rein, de la vessie, du testicule et de la prostate sont responsables de 1,1% des métastases cutanées des cancers viscéraux. Parmi l’ensemble des métastases d’origine urologique, la tumeur primitive est rénale dans 66% des cas, vésicale dans 17%, prostatiques dans 12% ou testiculaire (tumeur germinale dans 4%). La médiane de survie 111 est de 6 mois à partir de la découverte des métastases cutanées. La localisation inguinale, pubienne, pénienne est évocatrice ; des métastases ombilicales sont possibles. (10) Les cancers de la prostate métastasent également à la peau (dans 0,7% des cas selon Brownstein et al. (37)). Compte tenu de sa fréquence et de sa mortalité, le cancer de la prostate est une cause majeure de décès liés au cancer chez l’homme. La plupart des tumeurs prostatiques sont des adénocarcinomes. Le carcinome prostatique est agressif et provoque une invasion lymphatique et vasculaire précoce. Les métastases cutanées se présentent préférentiellement comme de multiples nodules en région suprapubienne ou en face antérieure des cuisses. (121) Dans notre étude bibliographique, les publications de cas de séminomes sont les plus nombreux, les autres tumeurs génitales n’ayant pas fait l’objet de descriptions. Nous insisterons donc sur les caractéristiques des tumeurs germinales du testicule chez l’homme. Comme chez le chien, les tumeurs germinales du testicule sont plus fréquentes lors de cryptorchidie que sur des testicules normalement descendus. Contrairement à l’espèce canine, les tumeurs testiculaires surviennent principalement chez des jeunes hommes de 20 à 35 ans. Les tumeurs germinales représentent 90 à 95% des cancers du testicule. Les séminomes en représentent la moitié. (121,122,123) Malgré un fort potentiel métastatique des tumeurs testiculaires chez l’homme, le pronostic est favorable ; environ 70% à 80% des patients sont guéris avec une chimiothérapie à base de cisplatine. (122) Le mode de dissémination est, souvent, lymphatique et la dissémination suit le trajet de drainage. Par ordre de fréquence décroissante, les organes touchés sont les poumons, le foie, le système nerveux central et l’os. (122,123) L’origine germinale testiculaire a été évaluée à 0,5 % des métastases cutanées par Brownstein et al. (37). Il semble que tous les cas de métastases cutanées, de tumeur germinale testiculaire, concernent des choriocarcinomes. Le pronostic de ces patients a été sombre puisque tous ces patients sont décédés, entre 15 jours et deux ans et demi, après le diagnostic de métastase cutanée. (122) V.C.2. CANCERS GENITAUX FEMININS Les cancers génitaux féminins qui métastasent à la peau sont surtout les cancers de l’ovaire (4% des métastases cutanées) et du col utérin (2%). Les sites les plus fréquents sont l’abdomen et la région vulvaire. Chez la femme, les métastases cutanées en région abdominale ont, le plus souvent, une origine ovarienne. (10) Des métastases cutanées apparaissent dans 3,8% des tumeurs ovariennes chez la femme. (103) Les métastases cutanées suivent, généralement, le diagnostic de tumeur ovarienne, avec une durée moyenne de 2 ans ± 1 an. Les lésions, d’une taille de 0,5 à 3 cm de diamètre, se présentent sous la forme d’un nodule cutané unique (parfois ombilical) ou de lésions multiples, avec parfois des lésions en plaque, herpétiformes ou un carcinome inflammatoire. (124) La durée de survie médiane est de 4 mois après l’apparition des métastases cutanées. (37,124) Parmi les cancers du col, les adénocarcinomes et les carcinomes indifférenciés métastasent plus volontiers que les carcinomes épidermoïdes. Les métastases cutanées de cancers de l’endomètre sont très rares et apparaissent très tardivement dans l’évolution du cancer. (10) 112 S YNTHESE Des métastases cutanées de tumeurs de l’appareil génital sont décrites chez le chien pour des séminomes, dysgerminomes, sertolinomes et carcinomes prostatiques, et, chez le cheval, pour un séminome. Ces lésions sont exceptionnelles. Une atteinte du tronc semble constante dans le cas des séminomes, ce qui est en accord avec la présentation chez l’Homme où l’abdomen est la localisation majoritaire lors de dissémination cutanée de cancers génitaux. Bien que des résultats thérapeutiques aient été observés chez un animal, la survie à court terme semble mauvaise et corrélée à la vitesse d’apparition des lésions. Chez le chien, une tumeur spécifique, à transmission horizontale, le sarcome vénérien transmissible, provoque des métastases cutanées de manière plus fréquente et avec un meilleur pronostic. 113 VI. METASTASES CUTANEES D’OSTEOSARCOMES L’ostéosarcome est la tumeur maligne des os la plus fréquente chez le chien. Plusieurs cas de métastases cutanées ou sous-cutanées sont rapportés dans la littérature vétérinaire (125,126). En médecine humaine, de rares cas de métastases cutanées d’ostéosarcome sont également rapportés (moins de 10 cas décrits). (37,127,128) VI.A. GENERALITES SUR LES OSTEOSARCOMES Les ostéosarcomes sont des tumeurs malignes primitives des os qui émergent dans la cavité médullaire et sont caractérisées par la production d’os immature ou ostéoïde par des ostéoblastes malins. (129) VI.A.1. EPIDEMIOLOGIE ET MANIFESTATIONS CLINIQUES L’ostéosarcome des membres est plus fréquent chez le chien que chez n’importe quelle autre espèce et représente plus de 80% des tumeurs osseuses du chien. Les chiens ayant un ostéosarcome sont généralement âgés, avec un âge médian de 8 ans, mais la tumeur peut atteindre des chiens de tout âge. Les races de grande taille sont plus souvent atteintes et les races géantes peuvent développer des ostéosarcomes à un âge plus faible, ce qui est le cas des deux chiens présentés ci-après. Les ostéosarcomes du squelette appendiculaire touchent plus souvent les mâles que les femelles (ce qui n’est pas le cas des ostéosarcomes du squelette axial). (129,130) Les ostéosarcomes présentent des localisations préférentielles. Le squelette appendiculaire est atteint trois à quatre fois plus souvent que le squelette axial. Les membres antérieurs sont, approximativement, deux fois plus souvent affectés que les membres postérieurs, ce qui correspond au ratio de poids supporté par les antérieurs par rapport aux postérieurs. Les localisations les plus fréquentes sont le radius distal, comme dans le cas numéro 2 cidessous, et l’humérus proximal (« près du coude »). Sur les membres postérieurs, ils atteignent, préférentiellement, le tibia proximal et le fémur distal comme chez le chien numéro 1 (« loin du genou »). L’ostéosarcome peut également être associé à une irritation chronique (présence d’un site de cicatrisation de fracture ancienne ou de matériel d’ostéosynthèse) ou à un site irradié antérieurement au cours du traitement d’une autre tumeur. (129,130) Une boiterie est le premier signe clinique dans la majorité des cas. Initialement, elle est souvent intermittente. Un gonflement palpable du membre se développe, généralement, plus d’une semaine après l’apparition de la douleur. Avec l’évolution de la maladie et l’étirement du périoste, le gonflement du membre et la boiterie empirent et la lésion devient chaude et douloureuse au toucher. L’érosion progressive du cortex peut être à l’origine de fractures pathologiques. La durée d’évolution peut être très courte, elle est souvent de un à trois mois. (129,130) L’activité sérique des phosphatases alcalines (PAL) est souvent augmentée. Leur élévation avant chirurgie et l’absence de diminution de l’activité des PAL osseuses après la chirurgie est corrélée avec une survie diminuée après traitement. (129) 114 VI.A.2. DIAGNOSTIC Les cas peu évolués, de sarcomes osseux primitifs, peuvent être suspectés par l’examen clinique et radiographique, mais le diagnostic définitif repose sur les examens cytologiques ou histologiques car l’ostéosarcome, le chondrosarcome et le fibrosarcome osseux ne présentent pas d’aspect radiographique pathognomonique. (129,130) Les tumeurs osseuses primitives peuvent se traduire, sur les radiographies, par un aspect lytique, productif ou mixte. La majorité des ostéosarcomes apparaissent comme des lésions métaphysaires atteignant un seul os. Les corticales sont amincies puis détruites par l’extension de la tumeur dans la cavité médullaire, remplaçant l’architecture métaphysaire normale. La lésion est mal délimitée avec une zone de transition large entre l’os sain et l’os atteint. La réaction périostée est variable. On peut observer des spicules périostés en rayon de soleil ou un triangle de Codman. (129,130) Le diagnostic définitif est confirmé par l’histopathologie. Chez les vieux animaux, ayant des lésions osseuses de grande taille, lytiques, métaphysaires ne traversant pas les espaces interarticulaires, l’ostéosarcome est le diagnostic le plus fréquent. L’ostéosarcome comprend souvent des zones de cartilage et du tissu fibreux ainsi que du tissu ostéoïde et est souvent entouré par de l’os néoformé. L’aspect histopathologique est variable mais, dans tous les cas, le diagnostic définitif est basé sur la production d’ostéoïde ou d’os par des cellules mésenchymales malignes. Les meilleurs échantillons de biopsies sont obtenus au centre de la lésion mais l’examen de plusieurs échantillons peu être nécessaire avant de mettre en évidence une production ostéoïde. (130,129) VI.A.3. CROISSANCE ET METASTASE Les ostéosarcomes sont des tumeurs très agressives localement, avec un haut pouvoir métastatique. Le pronostic est mauvais pour tous les sous-types. Les métastases se font par voie hématogène, peut être en gagnant le flot veineux via les sinusoïdes de la moelle osseuse dont les jonctions endothéliales sont lâches. Bien que moins de 15% des chiens aient des métastases cliniquement visibles, plus de 90% des chiens ont une maladie micrométastatique au moment du diagnostic. Des métastases pulmonaires sont détectables radiographiquement dans approximativement 10% des ostéosarcomes lors du diagnostic. Les sites de dissémination métastatique sont les poumons, les os, et, dans une moindre mesure, les nœuds lymphatiques régionaux. Des radiographies du thorax sont donc à effectuer dans le cadre du bilan d’extension d’un ostéosarcome (129,130,131) Les métastases cutanées sont rares chez l’homme et chez les animaux. (37,127,128) En médecine vétérinaire, des cas sont décrits chez 2 chiens et deux lapins avec des ostéosarcomes sous-cutanés attribués à des métastases présumées d’un ostéosarcome primitif osseux. (125,126,132) VI.A.4. TRAITEMENTS ET PRONOSTIC L’amputation du membre affecté est le traitement standard pour le traitement des ostéosarcomes appendiculaires. Des techniques chirurgicales conservatrices sont beaucoup moins fréquentes. L’amputation peut éliminer la tumeur primitive mais augmente rarement la survie, qui est d’environ 10% à 1 an. Les chiens qui présentent des métastases aux nœuds lymphatiques au moment de l’amputation ont une médiane de survie de 59 jours contre 318 jours pour les animaux indemnes de métastase. En général, les animaux mourrant d’une maladie métastatique, une chimiothérapie adjuvante est nécessaire dans le traitement des 115 ostéosarcomes. Des protocoles, à base de cisplatine ou de carboplatine, éventuellement associée à la doxorubicine, ont prouvé leur efficacité avec des taux de survie à un an de 30 à 60% et des médianes de survie de 230 à 540 jours. (130,131) Lors de la présence d’une maladie métastatique d’un ostéosarcome, on devra envisager la mise en place de traitements palliatifs. Ils ont pour but de contrôler la douleur et la boiterie associée à la tumeur primaire mais ne peuvent pas ralentir la progression tumorale ou augmenter le temps de survie. Les options des traitements palliatifs des ostéosarcomes comprennent l’analgésie, la radiothérapie, l’amputation et la chimiothérapie. Lorsque des métastases sont cliniquement détectables, une bonne réponse à la chimiothérapie est rare. Dans une publication, deux chiens sur trois, ayant un ostéosarcome métastatique, ont répondu partiellement au cisplatine (133). Dans une autre étude, portant sur 45 chiens ayant des métastases d’un ostéosarcome, un seul chien a présenté une rémission partielle pendant 21 jours avec la doxorubicine. Les chiens avaient été traités par le cisplatine (70mg/m2 IV), la doxorubicine (30mg/m2), ou le mitoxantrone (5mg/m2 IV). (134,130) Le chien numéro 1 présenté ci-dessous a subit une amputation, associée à une exérèse des métastases cutanées et à une chimiothérapie sans amélioration de l’état général ni ralentissement de la maladie. L’analgésie est la pierre angulaire des traitements palliatifs des chiens présentant des ostéosarcomes appendiculaires. Au départ, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) peuvent être suffisants pour contrôler la douleur et améliorer la qualité de vie. De plus, l’inhibition de la cyclo-oxygénase 2 peut, également, retarder la croissance tumorale et avoir un effet anti-angiogénique. (135) Des analgésiques plus puissants ou des associations d’analgésiques seront nécessaires dans l’évolution de la maladie (morphine, butorphanol, patchs de fentanyl, tramadol, corticoïdes, par exemple). L’amputation est, également, un moyen efficace de contrôler la douleur, particulièrement chez des chiens qui présentent des fractures pathologiques ou une boiterie ne répondant pas aux analgésiques (ou à la radiothérapie). Cette méthode entraîne un soulagement de la douleur avec peu de réduction de la mobilité et de la qualité de vie de l’animal. (130,135,136) La radiothérapie peut être utilisée comme thérapie palliative : elle réduit l’inflammation locale, diminue la douleur, ralentit la progression des lésions métastatiques et augmente la qualité de vie. Plusieurs protocoles ont été décrits. On peut utiliser 8Gy, 2 jours consécutifs, puis des doses supplémentaires sont administrées de la même manière, au besoin. (135) Malgré des résultats très intéressants, en terme de taux de réponse (74 à 96% des chiens présentent une diminution de la douleur) et de durée de réponse, cette technique est peu utilisée car peu disponible en France. (135,136) La chimiothérapie métronomique est un concept relativement récent où les molécules cytotoxiques sont délivrées à doses faibles et constantes afin d’inhiber l’angiogénèse tumorale. Elle présente un intérêt dans la traitement palliatif des ostéosarcomes. L’objectif est de ralentir la croissance des lésions primaires et secondaires. Parmi les molécules possédant des effets anti-angiogéniques, on trouve le cyclophosphamide, le mitoxantrone, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, le tamoxifène, la doxycyline, les bisphosphonates et le paclitaxel. Cependant, leur efficacité n’est pas prouvée chez le chien et nécessite des investigations complémentaires. (136) 116 Les bisphosphonates, qui sont utilisés dans le cas du chien numéro 2 ci dessous, sont une classe de médicaments utilisés notamment dans le traitement de l’ostéoporose ou de tumeurs osseuses. Ils inhibent la résorption osseuse via un effet inhibiteur sur l’activité des ostéoclastes. Ils inhibent la prolifération des cellules tumorales et l’angiogénèse et induisent l’apoptose de cellules tumorales. (135) En 2005, une étude évaluant la sureté du pamidronate chez 33 chiens qui présentaient un cancer primitif ou secondaire, a conclu que cette molécule était bien tolérée. Chez 10 chiens qui présentaient un ostéosarcome osseux primitif, la densité osseuse a été augmentée par le traitement. De plus, chez 4 de ces 10 chiens, une diminution de la douleur a été notée. (137). Le chien numéro 2 a, cependant, présenté des métastases cutanées de son ostéosarcome après la mise en place du traitement aux bisphosphonates. VI.B. DESCRIPTION DES CAS Deux cas concernant de métastases cutanées d’ostéosarcome appendiculaire, ont été trouvés dans la littérature vétérinaire. Ils concernent deux Rottweilers mâles, l’un est âgé de 3 ans et de statut sexuel non précisé (125) (cas n°1), l’autre est castré et âgé de 6 ans (126)(cas n°2). VI.B.1. PRESENTATION CLINIQUE VI.B.1.1. Cas 1 (125) Le chien est présenté pour une boiterie du membre pelvien gauche évoluant depuis 3 semaines, associée à de multiples masses dermiques, de 1 à 6 cm de diamètre, en diverses localisations, non précisées. Les masses sont fermes à fluctuantes, circonscrites, indolores, non ulcérées, non prurigineuses et non exsudatives. (cf. Photo 13 ci-dessous) Le membre pelvien gauche est enflé et douloureux. Une adénopathie ipsilatérale est observée. Photo 13. Métastases cutanées d’un ostéosarcome. Lésions cutanées du chien présenté ci-dessus. Photographie de Costa FS et al. (125) VI.B.1.2. Cas 2 (126) Le chien numéro 2 est référé pour une lésion osseuse lytique de la portion distale du radius droit. Le motif de consultation, le tableau clinique et la durée d’évolution ne sont pas rapportés. Un mois plus tard, le chien présente plusieurs masses cutanées (cf. VI.B.3 cidessous). 117 VI.B.2. EXAMENS COMPLEMENTAIRES ET DIAGNOSTIC VI.B.2.1. Cas 1 (125) Les radiographies du membre postérieur gauche du chien numéro 1 révèlent une lésion destructrice avec présence de zones ostéolytiques de la partie distale du fémur gauche, accompagnée d’une élévation du périoste avec une néoformation périostée (triangle de Codman). Ces lésions sont évocatrices d’un cancer primaire osseux. Aucune métastase n’est visible sur les radiographies thoraciques. Des prélèvements, par aspiration à l’aiguille fine, et par biopsie, sont effectués sur la lésion osseuse et sur les lésions cutanées. Leur analyse permet de conclure à un ostéosarcome fibroblastique. VI.B.2.2. Cas 2 (126) Les radiographies thoraciques révèlent des métastases pulmonaires probables. Le dosage de l’activité des phosphatases alcalines sériques est dans les valeurs usuelles (26 U/L). D’après l’aspect radiographique et cytologique, un diagnostic ostéosarcome est suspecté. Par la suite, les examens nécropsiques, cytologiques (effectués lors des consultations) et histopathologiques (suite à l’autopsie de l’animal), permettent le diagnostic d’un ostéosarcome appendiculaire métastasé aux poumons, à la rate, aux quatrièmes et cinquièmes côtes gauches et à la peau (en face médiale de la cuisse droite et dans la région interscapulaire T1-T3). Une masse, observée en région dorsolombaire, est identifiée comme étant un fibrolipome de découverte fortuite sans relation avec l’ostéosarcome. (126) VI.B.3. TRAITEMENT ET EVOLUTION VI.B.3.1. Cas 1 (125) Une amputation du membre pelvien gauche est effectuée. Les masses cutanées sont retirées chirurgicalement en respectant des marges chirugicales de 3 centimètres. Associée au traitement chirurgical, une chimiothérapie intraveineuse avec du cisplatine est entreprise. Une antibiothérapie prophylactique à l’enrofloxacine (2,5 mg/kg, par voie sous-cutanée, toutes les 24 heures) est mise en place en relation avec la chirurgie et la chimiothérapie. Malgré ce traitement, l’état général du chien se dégrade et une déhiscence de plaie avec une infection profonde de la peau est observée. Le chien est euthanasié suite à la découverte de métastases. Leurs localisations et la durée de survie ne sont pas précisées. VI.B.3.2. Cas 2 (126) Le chien est enrôlé dans un essai clinique de thérapie palliative au bisphosphonate. Quatre semaines après le début de la prise en charge, le chien présente de multiples masses cutanées : en face médiale de la cuisse gauche, en région interscapulaire et en région dorsolombaire. Une augmentation marquée de l’activité des phosphatases alcalines est observée (413U/L). Le chien est euthanasié deux semaines plus tard à cause de l’augmentation de la douleur et d’une absence de réponse à la thérapie. (126) 118 VI.C. PATHOLOGIE COMPAREE L’ostéosarcome est un cancer peu fréquent chez l’Homme mais est la tumeur maligne des os la plus fréquente (31%). Il affecte principalement les jeunes gens, de 10 à 20 ans, pendant la croissance. Hormis cette différence avec le chien, la présentation clinique, l’aspect radiologique et les traitements sont similaires. La tumeur survient, généralement, en région métaphysaire, près du genou dans 60% des cas. Une douleur, plus importante la nuit, est suivie de l’apparition d’un gonflement. Des métastases pulmonaires sont présentes dans 30% des cas environ. Des examens d’imagerie médicale doivent, donc, être effectués pour détecter une dissémination aux poumons ou à d’autre os. Les métastases cutanées sont exceptionnelles. Les traitements utilisés sont la chirurgie, pour les tumeurs primaires et les métastases pulmonaires, ainsi que la chimiothérapie adjuvante pré- et post-opératoire (cisplatine, doxorubicine, ifosfamide et méthotrexate à fortes doses). L’utilisation de la chimiothérapie a permis une augmentation de la survie à long terme, d’une vingtaine de pour cent à une soixantaine actuellement. (123) S YNTHESE Les ostéosarcomes sont fréquents chez les vieux chiens de grande race mais les métastases cutanées sont très rares. Au moment du diagnostic, chez les cas décrits, les symptômes évocateurs d’un ostéosarcome appendiculaire étaient présents et ont permis d’orienter le pathologiste vers le diagnostic étiologique des masses cutanées. Le pronostic est sombre et les deux chiens ont été euthanasiés suite à l’évolution de la maladie primaire et métastatique malgré les chimiothérapies mises en place. 119 VII. LEUKEMIA CUTIS : LEUCEMIE LYMPHOÏDE CHRONIQUE PRESENTANT DES LESIONS CUTANEES La leukemia cutis, ou leucémie cutanée, est une dissémination à la peau d’une leucémie agressive. Chez le chien et le chat, elle est rare et associée à des leucémies lymphocytaires chroniques. (54,138) La leucémie lymphocytaires chronique est définie comme la prolifération anormale de cellules lymphoïdes, d’aspect morphologique mature, provenant le plus souvent de la moelle osseuse. (139,140) Contrairement aux leucémies lymphoïdes aiguës, caractérisées par une détérioration rapide de l’état, les leucémies lymphocytaires chroniques se présentent avec une évolution clinique lente pendant laquelle des lésions cutanées peuvent se développer. (138) VII.A. PRESENTATION CLINIQUE Des leucémies cutanées ont été diagnostiquées chez des chiens et un chat. Chez deux chiens (138,141) et un chat (142), une leucémie chronique à cellules T a été diagnostiquée avant l’apparition des lésions cutanées. Les lésions spécifiques se présentent sous la forme de nombreux nodules, papules et pustules, de plaques, d’érythème, de purpura, d’alopécie ou d’ulcères. (54,138,141,143) Le tronc semble systématiquement atteint avec, également, parfois des lésions sur le cou (143), la tête (138), les ars (143), les extrémités (138) ou les lèvres (143). Les lésions du chat se présentaient sous la forme d’arrangements linéaires de nodules le long du bord des oreilles et des paupières, suggérant une association avec les vaisseaux sanguins ou lymphatiques (142). Un prurit peut être associé (143) ou non (142,138) à la présence des lésions. Des lésions cutanées, non spécifiques (pyodermite), peuvent également être associées aux leucémies chroniques : elles sont rapportées chez 2 chiens sur 22 présentant une leucémie lymphocytaire chronique (144). VII.B. HISTOPATHOLOGIE L’examen histopathologique des biopsies lésionnelles montre un infiltrat cellulaire monomorphe (lymphocytaire) périvasculaire, interstitiel, lichénoïde ou diffus, atteignant principalement le derme (superficiel, moyen et/ou profond). Un épidermotropisme est parfois noté mais aucun micro-abcès de Pautrier (micro-abcès épidermique lymphocytaire) n’est observé. (54,138,143) Des vaisseaux peuvent être dilatés et oblitérés par des cellules néoplasiques identiques à celles de l’infiltrat dermique. Une nécrose des tissus, due à l’obstruction vasculaire, peut être associée. (138) VII.C. PRONOSTIC ET TRAITEMENT Le pronostic des leucémies cutanées est inconnu compte tenu du faible nombre de cas. L’évolution des leucémies chroniques lymphocytaires est lente et les chiens ont une durée de survie de 1 à 2 ans, même sans chimiothérapie. La chimiothérapie est indiquée lorsque le patient présente des symptômes tels qu’une hépatomégalie, une splénomégalie, une adénopathie, ou des modifications de l’hémogramme (anémie, leucocytose à plus de 60000/mm3, thrombocytopénie). Les traitements recommandés actuellement se composent d’une association de chlorambucil et de prednisone. (139) On notera cependant que, chez 120 un chien, les lésions cutanées sont apparues après la mise en place d’une chimiothérapie. (138) VII.D. PATHOLOGIE COMPAREE En médecine humaine, les lésions cutanées, chez les patients atteints de leucémie, peuvent être dues à l’infiltration de cellules leucémiques (infiltrats spécifiques) ou à d’autres processus inflammatoires qui ont, parfois, une morphologie similaire (infiltrats non spécifiques). Les infiltrats spécifiques, appelés leucémie cutanée, n’ont pas une apparence clinique caractéristique. Selon que les cellules leucémiques infiltrent l’épiderme, le derme ou le tissu adipeux sous-cutané, le tableau clinique peut être extrêmement variable et peut simuler d’autres maladies cutanées. En général, les lésions les plus fréquentes dans la leucémie chronique sont de multiples papules et nodules, localisés ou généralisés, ou des plaques. Ces lésions sont de couleur chair, roses, érythémateuses ou brun-rougeâtre à violet et peuvent devenir purpuriques. (140,145) S YNTHESE Lors de lésions cutanées multiples, particulièrement de petits nodules sur le tronc, chez un animal présentant une leucémie chronique lymphocytaire, on doit suspecter une leucémie cutanée mais ne pas exclure la possibilité de lésions secondaires non spécifiques. Le diagnostic s’appuiera sur le résultat de biopsies lésionnelles. 121 VIII. METASTASES CUTANEES DE TUMEURS HEPATIQUES : HEPATOBLASTOME CHEZ UN CHEVAL L’hépatoblastome est la tumeur maligne du foie la plus fréquente chez l’enfant, avec environ 1,5 diagnostic pour 1 million d’enfants de moins de 15 ans, dans les pays occidentaux. (146,147,148) Les hépatoblastomes sont rarement diagnostiqués en médecine vétérinaire mais quelques cas sont rapportés chez des chevaux, des moutons, des cochons, un alpaga, des chiens, des souris et un taureau. (149,150,151,152,153,154,155,156) Un seul cas d’hépatoblastome, avec dissémination métastatique à la peau, a été décrit, suite à l’autopsie d’un poulain. (149) VIII.A. GENERALITES VIII.A.1. EPIDEMIOLOGIE ET ETIOLOGIE Les hépatoblastomes sont des néoplasies malignes hépatiques atteignant, plus fréquemment, de jeunes enfants ou de jeunes animaux. C’est une tumeur rare mais qui représente la tumeur maligne primitive du foie la plus courante chez l'enfant (un tiers des tumeurs malignes du foie de l’enfant). (147,148,149,151) Dans l’espèce équine, les cas concernent des animaux de 10 mois (150), 11 mois (151), 2,5 ans (152), 3 ans (155), 3 poulains de moins de 2 heures (149) et un est fœtus avorté (154). Des cas d’hépatoblastome sont également rapportés chez des animaux adultes (un chien de 13 ans (157), un taureau de 10 ans (156) et des moutons adultes (153)), ce qui suggère que la tumeur peut survenir chez des animaux âgés, ou que, plus probablement, des animaux peuvent vivre avec la tumeur pendant des périodes de temps assez longues. L’étiologie des hépatoblastomes est incertaine. Cependant, chez l’homme, ils peuvent être associés avec certains syndromes congénitaux ou génétiques tels que la polypose adénomateuse familiale et le syndrome de Beckwith-Wiedmann. (146,147,158) VIII.A.2. HISTOPATHOLOGIE Les hépatoblastomes sont probablement dérivés d’un précurseur de cellules souches et de nombreuses tumeurs contiennent des caractères histologiques reflétant les diverses étapes de la différentiation. La classification histologique humaine a été utilisée pour décrire les hépatoblastomes chez les animaux. Les hépatoblastomes sont classés en type épithélial et en type mixte (épithélial/mésenchymateux). Le type épithélial est ensuite subdivisé en fœtal pur, embryonnaire, macrotrabéculaire ou à petites cellules indifférenciées. Les éléments mésenchymateux les plus fréquents sont du tissu ostéoïde ou cartilagineux. Les tumeurs mixtes peuvent présenter ou non des caractères tératoïdes et comprendre du cartilage, des os, des muscles striés ou du tissu neural. (146,158) Le type fœtal comprend des cellules épithéliales fœtales qui sont polygonales. Elles ressemblent aux hépatocytes, contiennent des quantités variables de glycogène et de graisse. Elles peuvent être organisées en plaque irrégulières qui peuvent former des canalicules ou des sinusoïdes. Les cellules épithéliales du type embryonnaire sont petites, étirées, contiennent un cytoplasme peu abondant, ont un noyau hyperchromatique et peuvent être organisées en rosettes, cordons ou rubans. Les types macrotrabéculaires semblent similaires aux carcinomes hépatocellulaires et peuvent comprendre des éléments 122 glandulaires et des zones de métaplasie épidermique. Les petites cellules anaplasiques sont souvent organisées en plages et ne sont pas différentiables des autres cellules blastiques. Les types mésenchymateux sont composés de tissu mésenchymateux, ostéoïde et peuvent comprendre une quantité variable de cellules épithéliales anaplasiques. (149) VIII.A.3. DISSEMINATION Chez l’homme, les métastases sont présentes dans 10 à 20% des cas au moment du diagnostic, avec les poumons comme site préférentiel de métastase. Les autres sites de métastases, dont les os et le cerveau, sont rares et généralement impliqués dans le cadre de maladies récidivantes. (146,158) La peau a également été rapportée comme un site métastatique lors de récidive d’hépatoblastome. (159) Chez les animaux, les sites métastatiques les plus fréquents sont les poumons. Ont également été rapportées des métastases aux nœuds lymphatiques trachéo-bronchiques, aux nœuds lymphatiques mésentériques, à l’omentum, aux vaisseaux cérébraux et myocardiques. (152,154,155) Le cas présenté ci-dessous est le seul cas animal publié avec des métastases cutanées, cérébrales et osseuses. VIII.A.4. TRAITEMENT Aucune tentative thérapeutique n’a été rapportée chez les animaux domestiques. En médecine humaine, le pronostic des hépatoblastomes est variable en fonction du nombre de secteurs hépatiques atteints et de la présence ou non de métastase. La chirurgie, associée à une chimiothérapie, pré et/ou post-opératoire (à base de vincristine, doxorubicine et 5-FU), est un des traitements de choix, à l‘heure actuelle, avec des taux de survie de l’ordre de 70%, tous stades confondus. (146,158) VIII.B. DESCRIPTION DU CAS (149) Peu de données anamnestiques sont connues, excepté la présence d’une dystocie. Le poulain est un nouveau né de 2 heures. L’autopsie révèle des masses cutanées, dans le foie, l’encéphale, les méninges et l’os stylohyoïde. De nombreuses masses cutanées surélevées, molles, roses, et bien démarquées, de 0,5 x 0,5 x 1 cm, sont présentes sur le garrot, le dos et les flancs. Sur le côté gauche, les côtes, de la deuxième à la onzième, sont fracturées et la cavité péritonéale contient un fluide translucide jaune en petite quantité. Une masse brun clair, multilobulée et bien démarquée, de 20 x 16 x 11 cm, s’étend depuis le lobe gauche du foie. Le centre de la masse est nécrotique et contient une quantité modérée de fluides sérohémorragiques et hémorragiques. Les ventricules latéraux de l’encéphale sont dilatés par une petite quantité de liquide jaune. Le cervelet est cavitaire et contient une masse rose bien délimitée, de 1 cm de diamètre, entourée d’une substance jaune gélatineuse. Des masses, de 0,3 à 2 cm de diamètre, brun-rouge, marbrées sont présentes dans le plexus choroïde, les méninges cérébrales, le sinus frontal et le septum nasal. Une région rouge, de 4 cm de diamètre, bien délimitée est également observée sur l’os stylohyoïde gauche. A l’examen histopathologique, la masse hépatique est bien délimitée et séparée du parenchyme normal par une capsule dense. Le tissu est formé de cellules fusiformes, individualisées et bien différentiées, ainsi que de cellules polygonales, compatibles avec des cellules épithéliales embryonnaires, supportées par un stroma mésenchymateux. Entre les cellules épithéliales, on observe des foyers de nécrose, d’hémorragie, de minéralisation ainsi 123 que de rares zones de tissus ostéoïde et d’hématopoïèse extramédullaire. Toutes les autres masses sont des métastases. Elles sont formées de plages et de cordons de cellules épithéliales embryonnaires et fœtales supportés par un stroma fibrovasculaire lâche. Les masses hépatiques, cutanées et méningées sont expansives et compressives, alors que les masses cérébrales et osseuses sont infiltrantes et destructrices. Des marquages immunohistochimiques sont également réalisées (alpha-1- fetoprotéine, vimentine et cytokératine). Ils sont positifs sur la tumeur hépatique primaire et ses métastases. Les cellules contiennent du glycogène et des lipides. Il est conclu à un hépatoblastome mixte avec des caractères tératoïdes présentant des métastases à la peau, au cerveau et à un os. (149) S YNTHESE Les hépatoblastomes sont des tumeurs très rares. La découverte de métastases cutanées semble être une exception. Le seul cas publié est un rapport d’autopsie chez un cheval nouveau né, mort dans les heures suivant la naissance et dont l’hépatoblastome a métastasé à plusieurs organes. 124 IX. DISSEMINATION CUTANEE IATROGENE La dissémination tumorale iatrogène cutanée, bien que rare, est régulièrement décrite chez l’homme : elle peut apparaître après biopsie, ponction ou sur cicatrice chirurgicale. (10) Chez les animaux domestiques, elle est très peu rapportée. Deux publications présentent des disséminations à la peau, consécutives à une chirurgie, chez des chiens. (160,161) IX.A. SUR SITE CHIRURGICAL Anderson décrit le cas d’une chienne West Highland White Terrier, stérilisée, de 12 ans. Un carcinome transitionnel de la vessie est diagnostiqué suite à la réalisation d’une laparotomie et à l’examen de biopsies. Quatre mois après la chirurgie, le chien est présenté avec une métastase cutanée sous la forme d’une plaque ulcérée et ferme sur la ligne médiale de l’abdomen, en regard de l’incision chirurgicale. (161) Une étude rétrospective entre 1980 et 1988 a été menée pour identifier les disséminations cancéreuses chirurgicales dans deux universités vétérinaires et un centre de référence : huit chiens et deux chats ont été trouvés. Huit des dix animaux présentaient des carcinomes. Les causes ont été des chirurgies, de plus d’une heure, chez six d’entre eux (trois cystectomies partielles, une amputation, une amputation de l’oreille et une amputation du pavillon auriculaire). On sait que la dissémination tumorale a concerné le site de l’incision chez 9 animaux (six sur l’abdomen, deux sur la tête et un sur le tronc), cependant il n’est pas précisé quels tissus sont atteints, sauf pour un cas plus précisément décrit. Il s’agit d’un Malamute, de onze ans, ayant subit une exérèse par cystectomie partielle d’un carcinome transitionnel de la vessie. Au moment de la chirurgie, aucune métastase n’a été diagnostiquée. Le chien a été placé sous chimiothérapie adjuvante, post-opératoire, pendant 5 semaines (30mg/m2 de doxorubicine le jour 1 et 100mg/m2 de cyclophosphamide les jours 3 à 6, répété toutes les semaines). Une métastase cutanée, sous la forme d’une masse ferme, de 13 centimètres de diamètre, en partie caudale de la ligne d’incision, est diagnostiquée 21 semaines après la chirurgie. Cette masse est excisée. Soixante semaines après la présentation initiale, une masse de 15 centimètres de diamètre, à croissance rapide, identifiée comme un carcinome à cellules transitionnelles, est présente sur la ligne médiane en regard de l’incision chirurgicale. Une exérèse est, de nouveau, réalisée. Le chien est euthanasié 131 semaines après la première chirurgie à cause d’une nouvelle récidive. Lors de l’autopsie, il n’a pas été retrouvé de signe de la néoplasie sur la vessie ou un autre organe. (160) L’implantation des cellules cancéreuses, via les instruments chirurgicaux, ne peut pas être certifiée et on doit envisager la possibilité d’une apparition spontanée dans l’évolution de la maladie. Dans une publication, un carcinome gastrique a métastasé sur le site de pose d’un tube de gastrostomie (cf. paragraphe IV.B.1.1 ci-dessus). Les auteurs rapportent deux causes possibles pour cette métastase : une dissémination iatrogène via le tube ou bien implantation de cellules en circulation dont l’arrêt sur le site de stomie est favorisé par les phénomènes cicatriciels. (93) Cependant, leur apparition sous la forme d’une lésion, fréquemment unique, sur le site cicatriciel, évoque en priorité une dissémination iatrogène. (161) 125 IX.B. SUR SITE DE PONCTION L’implantation de cellules tumorales est, également, rapportée suite à la réalisation de ponctions échoguidées de carcinomes transitionnels de la vessie, de l’urètre et de la prostate. Les cellules ont essaimé le long du trajet de l’aiguille dans la paroi abdominale. Il n’est pas précisé si la peau est atteinte. Cette atteinte est, cependant, possible et est décrite chez l’homme, par exemple dans le cas de ponctions de carcinomes hépatocellulaires ou de métastases hépatiques d'un adénocarcinome colique (162,163). On estime que l’implantation tumorale, lors de ponctions à l’aiguille fine, est une complication rare chez l’homme, avec une fréquence de 0,003 à 0,009%. (164) S YNTHESE La dissémination tumorale via les instruments chirurgicaux ou les ponctions, bien que possible, est, dans les faits, extrêmement rare chez les animaux domestiques. Les règles de chirurgie oncologique doivent, cependant, être respectées pour limiter ce risque, particulièrement dans le cas de carcinomes digestifs ou urinaires. 126 X. AUTRES : METASTASES DE TUMEURS RENALES, METASTASES OMBILICALES Outre les tumeurs décrites précédemment, d’autres cas de métastases à la peau ont été rapportés mais sans être détaillés. Les adénocarcinomes rénaux métastasent, généralement, aux poumons mais d’autres organes peuvent être atteints, tels que le cerveau, le cœur et la peau. Sur 200 animaux, de diverses espèces (chiens, cochons et bétail), présentant une néoplasie rénale primaire, trois chiens avaient des métastases cutanées. (165) Chez l’homme, les cancers de l’appareil urinaire métastasent relativement fréquemment à la peau. Les tumeurs rénales sont les plus fréquentes, suivies par les tumeurs de la vessie puis de la prostate. Elles représentent entre 1 et 5% des métastases cutanées selon les études. (10,37) On estime que 4% des cancers du rein métastasent à la peau. Il s’agit surtout de carcinomes. (103) La présentation de ces métastases se fait, généralement, sous la forme de plaques ou de nodules. Le tronc et la tête sont plus fréquemment atteints que le reste du corps. (37) Crowe et Todoroff (166) rapportent 3 cas (2 chiens et 1 chat) de métastases cutanées de tumeurs internes ayant la particularité d’être localisées sur l’ombilic. La présentation clinique est identique avec un ou plusieurs nodules ombilicaux fermes (2 cm dde diamètre environ). Le diagnostic différentiel doit être fait avec une hernie, un granulome inflammatoire ou une persistance du canal de l’ouraque. Une cœlioscopie a révélé, dans chaque cas, un envahissement tumoral généralisé ayant motivé l’euthanasie. L’analyse histopathologique a montré qu’il s’agissait d’un adénocarcinome pancréatique, d’un tératome (concernant l’ovaire et le rein droits ainsi que le péritoine) et d’un adénocarcinome jéjunal. (166) Chez l’homme, les métastases ombilicales, ou nodule de sœur Mary-Joseph, sont une forme clinique particulière de métastases cutanées. Elles sont souvent d’allure vasculaire, parfois ulcérée. La tumeur primitive est souvent un carcinome abdominopelvien d’origine digestive et notamment en rapport avec une tumeur gastrique ou, plus rarement, génitale. (10) 127 CONCLUSION PARTIELLE Les métastases cutanées, de tumeurs non cutanées, sont rares chez les carnivores domestiques et exceptionnelles chez le cheval. Elles concernent, principalement, les tumeurs pulmonaires du chat, qui métastasent aux doigts, et les tumeurs mammaires, qui métastasent, surtout, dans les zones cutanées proches de la tumeur. A l’exception des métastases digitées, l’aspect clinique est variable mais il s’agit souvent d’une masse unique ou de multiples petits nodules. Le tronc semble être plus fréquemment atteint. Dans de nombreux cas, l’infiltration cutanée est le premier signe clinique de la néoplasie. Le diagnostic de certitude repose sur la biopsie et l’examen histopathologique. Le pronostic est sombre et, à quelques exceptions près, les animaux meurent dans les semaines ou les mois suivant le diagnostic. Peu d’études existent sur le traitement des patients atteints de cancers métastasés et leur prise en charge n’est pas standardisée. En présence d’une dermatose chronique ne répondant pas aux traitements, de multiples nodules ou d’une masse cutanés, en particulier chez les animaux cancéreux, le praticien doit envisager l’hypothèse d’une infiltration néoplasique de la peau et pratiquer une biopsie. 128 129 CONCLUSION Les métastases cutanées de tumeurs internes sont très rares chez les carnivores domestiques. Leur découverte est généralement le signe d’appel de la tumeur interne et un marqueur de sa malignité et de son agressivité. Le pronostic en est toujours très sombre. Ce travail est une synthèse, la plus exhaustive possible, des métastases cutanées recensées dans la bibliographie. La description de nouveaux cas permettra d’affiner la description de chacune des entités décrites précédemment. Une meilleure connaissance de celles-ci devrait permettre un diagnostic et une prise en charge thérapeutique plus précoces. Elle amènerait également à éviter certaines chirurgies inutiles. Les métastases cutanées concernent des tumeurs primitives très disparates. Nous avons abordé les tumeurs pulmonaires du chat, les tumeurs mammaires, le carcinome mammaire inflammatoire, les adénocarcinomes du tube digestif, les hémangiosarcomes, les ostéosarcomes, les tumeurs de l’appareil génital, les hépatoblastomes, les leucémies lymphoïdes chroniques ainsi que les métastases ombilicales et la transplantation chirurgicale de tumeurs. Cependant, les manifestations cutanées des tumeurs internes sont, le plus souvent, de type syndrome paranéoplasique plutôt que de type métastatique. Enfin, les métastases cutanées ne sont qu’une petite partie de la cancérologie cutanée vétérinaire. Bien souvent, les nodules, masses ou plaques néoplasiques sont les manifestations de tumeurs cutanées primitives pour lesquelles le praticien peut disposer de solutions thérapeutiques curatives. 130 131 1 Pool 2 3 4 5 6 Moore et Middleton 1982 (15) Moore et Middleton 1982 (15) Carpenter (1987) (19) Carpenter (1987) (19) Carpenter (1987) (19) (1974) (17) N° ca s Auteur AD, PD et PG AG III 4 membres (AD III et IV) M(S) 4 membres F(S) AD et PD F ND >2 4 Chat PC >2 10 Croisé Persan >2 7 Persan 1 11 M(S) Chat PC >2 M(S) AD II et IV Chat PC 7 AG IV >2 Doigts atteints F 11 Race sexe Age vomissements, Perte de P3 Boiterie, périonyxis, Doigts tuméfiés Périonyxis Doigts tuméfiés Secondairement : boiterie, douleur de la base de la queue, toux, perte de poids, abattement, Nodule sur doigt III du MTG et masse en région pré scapulaire. Boiterie puis douleur et tuméfaction de doigts de l’AD et PG. Secondairement, nombreux nodules sur épaule droite, biceps fémoral gauche, paroi abdominale Boiterie progressive, perte de poids Doigt ulcéré et purulent Principaux symptômes : tu- Opacification alvéolaire diffuse, masse dans le lobe diaphragmatique droit Epanchement thoracique. Masses dans les lobes caudaux Présence d’une meur pulmonaire Radiographie pulmonaire épider- Adénocarcinome Adénocarcinome Carcinome moïde Nature de la tumeur digitée épider- Adénocarcinome des glandes bronchiques Adénocarcinome papillaire bronchique Adénocarcinome Adénocarcinome Carcinome moïde Nature de la tumeur pulmonaire Yeux, Muscles squelettiques, duodénum, colon, nombreux NL Cœur, reins, vertèbre T6 Vertèbre T6 Plèvre, foie, reins, muscle quadriceps gauche Muscles abdominal oblique externe, biceps fémoral gauche, infra-épineux droit, glande salivaire mandibulaire, plèvre, intestins, foie, reins Fémur droit, Scapula droite, rein gauche, NL poplité G, lèvre supérieure Autres métastases Légende : F= femelle, F(S) = femelle stérilisée, M= mâle, M(S)= mâle stérilisé, Chat PC = chat domestique de race inconnue à poils courts, Chat PL = chat domestique de race inconnue à poils longs, AD=antérieur droit, PD= postérieur droit, AG= antérieur gauche, PG= postérieur gauche, NL= nœud lymphatique, M.= muscle, ND ou case vide = information non disponible Annexe 1 : Revue bibliographique des cas de métastases digitées de tumeurs pulmonaires chez le chat 132 7 May et Newshol me (1989) 9 May et Newshol me (1989) 1 3 1 (12) (12) (12) Estrada et Lagadic (1992) 1 2 1 1 ScootMontcrief et al.(1989) (18) 1 0 (14) (14) 8 (14) (14) N° ca s Auteur PG IV et V Chat PC AD III PD II, III et IV F(S) Chat PC PD IV, PG III Chat PC 14 Chat PC F 7 Chat PC F 2 >2 1 AD IV, AG III M(S) 10 >2 14 PG IV >2 7 PD II et III >2 AD IV 10 PG III et IV Chat PC M(S) >2 AD I et III MPG : II Chat PC 9 MPD : II M(S) M(S) 2 Doigts atteints 9 Race sexe Age Doigts enflés, hyperthermie, abattement, Doigts enflés et onychomadèse Boiterie Doigt enflé et onychomadèse. Dyspnée sévère 11 semaines après la première présentation. Boiterie Doigts enflés et onychomadèse Boiterie Doigts enflés et onychomadèse Boiterie Principaux symptômes : Présence Non effectué tu- d’une Présence d’une meur pulmonaire Masse dans le lobe caudal gauche près du hile Plusieurs masses: lobes crânial gauche et caudal droit. Plusieurs masses: lobes crânial gauche, moyen droit, caudaux droits et gauches Opacité tissulaire lobe diaphragmatique droit Masse d’opacité tissulaire dans le lobe crânial gauche Radiographie pulmonaire bron- bron- bron- bron- Adénocarcinome Adénocarcinome bien différencié (cellules caliciformes parfois ciliées) Adénocarcinome tubuleux très différencié Carcinome épidermoïde infiltrant le derme Carcinome chique Carcinome chique Carcinome chique Carcinome chique Nature de la tumeur digitée épider- bron- bron- bron- bron- Adénocarcinome Adénocarcinome très différencié pseudo-stratifié (cilié) Carcinome moïde Carcinome chique Carcinome chique Carcinome chique Carcinome chique Nature de la tumeur pulmonaire Masses sous-cutanées Veine iliaque interne NL poplités Rein gauche Cœur Rein droit région du M. biceps fémoral droit, M. vaste latéral gauche, M sartorius gauche, 2 reins, cœur, peau dorso lombaire M. vaste droit, M. gastrocnémien gauche, rein gauche Autres métastases 133 1 5 16 1 7 1 8 1 9 2 0 21 22 (12) (12) (12) (12) (12) (12) (12) 4 N° ca s (12) Auteur Chat PC F 14 Chat PC F 16 Chat PC M(S) 12 Chat PC M(S) 12 Chat PC M(S) 17 Chat PC M 2 Chat PC M 19 Siamois F(S) 10 Chat PC F Race sexe Age 2 2 2 2 1 >2 1 >2 Doigts atteints Principaux symptômes : Présence d’une meur pulmonaire Présence d’une meur pulmonaire Présence d’une meur pulmonaire Non effectué Non décelable Non effectué Non effectué tu- tu- tu- Présence d’une tumeur pulmonaire tumeur pulmonaire Radiographie pulmonaire Adénocarcinome moyennement différencié Adénocarcinome différencié (quelques rares cellules ciliées) Adénocarcinome bien différencié avec métaplasie épidermoïde Adénocarcinome moyennement différencié. Métaplasie épidermoïde Adénocarcinome tubulo-papillaire différencié (pseudostratifié parfois cilié) Adénocarcinome différencié avec métaplasie épidermoïde discrète Adénocarcinome tubulo-papillaire différencié (quelques cellules ciliées) Adénocarcinome bien différencié moyennement différencié Nature de la tumeur digitée Adénocarcinome moyennement différencié Adénocarcinome moyennement différencié avec métaplasie épidermo¨de modérée Adénocarcinome différencié avec métaplasie épidermoïde (adénoacanthome) Adénocarcinome bien diférencié. Hyperplasie des glandes bronchiques tubulo-papillaire bien différencié Nature de la tumeur pulmonaire Tumeur musculaire du jarret et cutanée abdominale Tumeur musculaire de la jambe et du bras Tête (crâne) bassin Autres métastases 134 23 Gottfried et al. (2000) 24 25 26 27 28 29 30 31 (13) (13) (13) (13) (13) (13) (13) (13) (13) N° ca s Auteur PG IV AD III F(S) AG II F(S) AG II F(S) AG F(S) AD V M(S) AG M(S) AD III F(S) Chat PC 1 6 Chat PC ND ND Chat PC 1 19 Chat PL ND 9 Chat PC 1 16 Chat PC 1 20 Chat PC 1 11 Chat PC 1 F(S) >2 Doigts atteints 13 Chat PC F(S) 13 Race sexe Age Boiterie Doigt tuméfié avec la griffe déviée médialement En fin d’évolution, apparition d’une paralysie flasque des membres pelviens Boiterie Doigt tuméfié avec un écoulement purulent Boiterie Doigt tuméfié et ulcéré Boiterie Doigt tuméfié avec un écoulement purulent En fin d’évolution : anorexie, abattement Boiterie Doigt tuméfié et ulcéré. Boiterie Doigt tuméfié et suintant Boiterie Doigt tuméfié, ulcéré Boiterie Principaux symptômes : Masse dans le lobe caudal gauche Non effectué Non effectué Non effectué Non effectué Présence de plusieurs zones d’opacification nodulaire interstitielle dans le lobe caudal gauche Radiographie pulmonaire Nature de la tumeur digitée Nature de la tumeur pulmonaire Autres métastases 135 N° ca s 32 33 34 35 36 37 38 39 40 Auteur (13) (13) (13) (13) (13) (13) (13) (13) (13) AD IV F(S) AG IV M(S) PG III F(S) AD II et III M(S) PD III et IV F(S) PG III F(S) AG III et PD III F(S) 1 AG IV 11 M(S) Chat PC 2 15 Chat PL 1 15 Chat PC 2 12 Chat PC 2 15 AD IV Doigt III de chaque membre M(S) Chat PC >2 ND Chat PC 1 11 Chat PC 1 6 Chat PC 1 Doigts atteints 13 Race sexe Age Boiterie Doigt tuméfié avec une griffe incarnée Boiterie Doigts tuméfiés et ulcérés En fin d’évolution : anorexie, abattement Boiterie Doigt tuméfié, ulcéré, onychomadèse Boiterie Doigts tuméfiés Boiterie Doigts tuméfiés, pousse anormale des griffes Boiterie Doigts tuméfiés Boiterie Doigt tuméfié En fin d’évolution : présence de convulsions, d’un gonflement de la face Boiterie Doigt tuméfié avec un écoulement purulent En fin d’évolution : présence de signes neurologiques ( anisocorie et tuméfaction faciale) Boiterie Doigt tuméfié avec une griffe incarnée Principaux symptômes : Masse nodulaire interstitielle dans un Masse dans le lobe caudal droit Opacification nodulaire interstitielle et infiltration péri bronchique Masse dans le lobe caudal droit Non effectué Masse dans le lobe caudal droit Radiographie pulmonaire Nature de la tumeur digitée Nature de la tumeur pulmonaire Autres métastases 136 N° ca s 41 42 Auteur (13) Pollack et al. (16) Chat PC F 9 >2 AD II et PG II Chat PC 2 F(S) Doigts atteints 5 Race pure non spécifiée Race sexe Age ND Boiterie Doigt tuméfié avec une griffe incarnée, écoulement purulent En fin d’évolution : anorexie, amaurose Principaux symptômes : Présence d’une meur pulmonaire lobe caudal tu- Radiographie pulmonaire Carcinome moïde épider- Nature de la tumeur digitée Carcinome moïde épider- Nature de la tumeur pulmonaire Métastase intermandibulaire Autres métastases Annexe 2 : Classification des tumeurs mammaires selon le système TNM : classification de l’organisation mondiale de la santé modifiée par Lana, Rutteman et Withrow (2001) (45) BILAN D’EXTENSION Extension de la tumeur primaire : T Plusieurs critères sont utilisés : la taille et l’état de la peau et des tissus sous-jacents. T0 : pas de tumeur T1 : Taille inférieure à 3cm T2 : Diamètre compris entre 3 et 5 cm T3 : Diamètre supérieur à 5 cm T4 : Tumeur de toute taille avec extension directe à la peau et aux muscles Atteinte des nœuds lymphatiques locorégionaux : N Les critères étudiés par la palpation sont la taille, la fermeté, la mobilité, l’adhérence, le caractère unilatéral ou bilatéral et le nombre : N0 : Pas d’adénopathie N1 : Adénopathie unilatérale N2 : Adénopathie bilatérale Métastases à distance : M M0 : Absence de métastases M1 : Présence de métastases. ATTRIBUTION DU STADE CLINIQUE Stade 1 Stade 2 Stade 3 Stade 4 Stade 5 T T1 T2 T3 T1, 2 ou 3 T1, 2 ou 3 N N0 ou N1a N0 N0 N1 N0, 1 ou 2 M M0 M0 M0 M0 M1 137 Annexe 3 : Lexique des abréviations et de quelques termes 5-FU : 5 fluoro-uracile ADN : Acide Désoxyribonucléique AINS : Anti Inflammatoire Non stéroïdien CIVD : Coagulation Intra-Vasculaire Disséminée CMI : Carcinome mammaire inflammatoire COX : Cyclo-OXygénase FeLV : Feline Leukemia Virus. Virus de la leucémie féline FIV : Feline Immunodeficiency Virus. Virus d'immunodéficience féline IV : Intra Veineuse SC : Sous-Cutanée Acrosyringium : Portion intra-épidermique du canal excréteur des glandes sudorales Actinique : Induit par la lumière solaire Aneuploïdie : Fait d’avoir un nombre de chromosomes anormal Angiogénèse : Formation de nouveaux vaisseaux à partir de vaisseaux préexistants Autocrine : Qualifie un messager chimique (hormone) qui agit sur la cellule même qui l'a produit Cytokinèse : Division du cytoplasme dans les dernières phases de la méïose et de la mitose pour former des cellules filles. Dyschésie : Difficulté à la défécation Micro-abcès de Pautrier : cavité de l'épiderme contenant presque exclusivement des lymphocytes anormaux. Cette lésion est quasi pathognomonique d’un lymphome cutané épithéliotrope Onychogryphose : Déformation et croissance excessive d’une griffe Onychomadèse : Chute d’une griffe Onychoschisie : Fissure d’une griffe Organelle : Chacun des éléments constituant la cellule (par exemple le noyau, le centrosome, les mitochondries, etc.). Ostéoïde : Matrice osseuse non encore minéralisée Per os : Par voie orale Périonyxis : Inflammation du repli unguéal 138 BIBLIOGRAPHIE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. Palazzi, X., Lemarchand, T. (2001) Physiopathologie des métastases 1ère partie: aspects fondamentaux et mécanismes de dissémination métastatique. Prat. Med. Chir. Anim. Cie. 36(6), 427-434. Lebret, T., Méjean, A. (2008) Les métastases des cancers urologiques: historique, définitions et enjeux. Prog. Urol. Form. Med. Contin. Suppl. 7, S143-S146. Guaguère, E. (2008) Dermatologie vétérinaire: passé, présent et futur. Bull. Acad. Vet. France 161(4), 313-321. 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Les caractéristiques cliniques, diagnostiques et thérapeutiques, des tumeurs primitives et de leurs métastases cutanées, sont abordées, ainsi que quelques aspects de pathologie comparée pour chacune d’entre elles. Les métastases cutanées sont très rares chez les carnivores domestiques. Leur découverte est généralement le signe d’appel de la tumeur interne et un marqueur de sa malignité et de son agressivité. Le pronostic en est toujours très sombre. Des métastases cutanées de tumeurs non cutanées ont été décrites dans le cadre de tumeurs pulmonaires, de tumeurs mammaires sous forme de carcinomatose ou de carcinome inflammatoire, de carcinomes digestifs, de tumeurs génitales, d’hémangiosarcomes, de leucémie lymphoïde chronique, d’hépatoblastomes et d’actes médicaux. MOTS CLES : - Métastases - Peau - Chat - Chien - Cheval JURY : Président : Monsieur le Professeur Michel FAURE 1er Assesseur : 2ème Assesseur : Monsieur le Docteur Didier PIN Monsieur le Docteur Frédérique PONCE DATE DE SOUTENANCE : 6 Juillet 2010 ADRESSE DE L’AUTEUR : 7 allée des Genévriers 30650 Rochefort du Gard