marc ribot Trio Marc Ribot, guitare Henry Grimes, contrebasse Chad
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marc ribot Trio Marc Ribot, guitare Henry Grimes, contrebasse Chad
dimanche 18 avril – 20h Marc Ribot Trio Marc Ribot, guitare Henry Grimes, contrebasse Chad Taylor, batterie entracte Jim Hall Trio Jim Hall, guitare Scott Colley, contrebasse Joey Baron, batterie Fin du concert vers 22h30. 18-04 RIBOT HALL.indd 1 13/04/10 11:52 Deux explorateurs en cavale Deux guitaristes aux antipodes ? Non : deux générations, certes, mais deux guitaristes-cultes, bien plus proches qu’il n’y paraît. Rien à voir avec le goût du démonstratif cher aux guitar heroes. Ceux-là sont deux amoureux des marges. Celle de la discrétion pour Jim Hall, aristocrate malicieux et puits de science poétique, qui fêtera ses quatre-vingts printemps à la fin de l’année ; celle du musicalement incorrect pour Marc Ribot, cinquante-six ans, dégaine de sans-abri et squatteur de toutes les musiques qui ne rentrent pas dans les tiroirs. En commun aussi, un pedigree de collaborations choisies avec un goût imparable. Pour l’aîné, des heures de gloire aux côtés de Sonny Rollins, Art Farmer, Jimmy Giuffre, Chico Hamilton, Bob Brookmeyer, Paul Desmond, Bill Evans, Ron Carter, Pat Metheny… Pour le cadet, un abonnement à long terme avec Tom Waits, Elvis Costello et John Zorn, et des collaborations qui ont fait date auprès des Lounge Lizards, de Marianne Faithful ou de Bashung. Dans les deux cas, les albums dont ils sont les leaders sont infiniment moins nombreux que ceux où ils se sont glissés dans les univers de musiciens amis. En constante, chez l’un comme chez l’autre, la volonté inflexible d’assumer sa singularité. Pour autant, leurs trajectoires ne se sont jamais croisées. Jim Hall a beau être l’exemple parfait du « guitariste pour guitaristes », un maître dont se sont directement inspirés ceux de la génération des Bill Frisell, Pat Metheny ou John Scofield, son aura d’enseignant avisé n’a pas effleuré l’environnement de Marc Ribot. Trop brut de décoffrage, le cadet ; trop enclin à un rapport « organique » à la musique, trop rétif à l’analyse probablement. Ce n’est pas un hasard si le trio avec lequel Marc Ribot se présente est la réduction de son quartette Spiritual Unity (où se rajoute le trompettiste Roy Campbell), né du désir d’illustrer la musique d’Albert Ayler en compagnie d’Henry Grimes, qui fut le contrebassiste du saxophoniste free légendaire. Avec Chad Taylor, le batteur du Chicago Underground, cela fait trois générations assemblées dans le trio « libertaire » du guitariste. Henry Grimes, disparu de la planète jazz durant trois décennies, est revenu à la musique en 2002. Une histoire incroyable, un véritable roman, un scénario de rédemption à la Clint Eastwood. Un come back rendu possible grâce au don d’une contrebasse de son admirateur William Parker. Henry Grimes a vingt ans de plus que Ribot. Lequel affiche le même écart avec son jeune batteur. Trois générations, un même objet d’amour – le free jazz –, mais trois 2 18-04 RIBOT HALL.indd 2 13/04/10 11:52 angles différents. Pour Henry Grimes, c’est une langue « maternelle » ; pour Chad Taylor, c’est la résultante de son environnement, la scène alternative de Chicago ; pour Marc Ribot, l’un des possibles où épanouir son âme rebelle. Car le garçon a l’embarras du choix : biberonné au r’n’b, émoustillé au punk rock, visité par le hard core, enraciné avec Los Cubanos Postizos ou les interprétations de la musique de l’Haïtien Frantz Casseus, épris de nuances lorsqu’il est dirigé par John Zorn, pris dans les turbulences de ses groupes Shrek ou Rootless Cosmopolitans autrefois, de Ceramic Dog aujourd’hui… Et pas l’ombre d’une dispersion : à chaque fois un engagement total au service de la « beauté convulsive », la seule qui vaille pour les surréalistes. Celle-là même qui cimente l’histoire du trio de ce soir, chacun à l’écoute des deux autres pour repousser les murs des conventions. Dérapages acceptés, décollages autorisés et ceinture de sécurité malvenue. Avec eux, pas de forme close. Ils sont là pour mettre en scène leur évasion. Version explicite. Même scénario, en version implicite, avec Jim Hall. Regardez-le bien. Un faux air de Professeur Tournesol ? Mieux que ça – en jazz, souvent, l’habit fait le monk : une conception « tournesolienne » de la musique. Pour Jim Hall, celle-ci est un puits de science à enflammer comme au pays de l’or noir… La mélodie, l’harmonie et le rythme pris comme prétextes à jeux de mots. Le jazz comme un jeu d’enfants dont on ne se lasse jamais. Sous la surface des conventions, une liberté totale pour l’imagination. Si Marc Ribot visite le free jazz, Jim Hall explicite le jazz libre. Cet homme-là connaît sur le bout de ses dix doigts les pièges harmoniques de tous les standards de Broadway et les cent solutions pour les résoudre avec l’élégance de l’insouciance, l’apparence de l’irrationnel, la prise de risque maximale, l’intégration des silences, l’art du contre-pied. C’est cela qui en fait, plus qu’un soliste, un interlocuteur. Un seul disque de guitare solo dans toute sa carrière… Celui avec qui la conversation rebondit toujours là où on l’attend le moins. Ses récents duos enregistrés avec le guitariste Bill Frisell ou le pianiste Geoff Keezer sont d’une liberté littéralement enivrante. Pas l’ombre d’une inhibition musicale. L’audace de ceux qui n’ont plus rien à prouver et tout à donner. Avec Scott Colley, c’est déjà une longue histoire. Quinze ans, depuis leurs Dialogues de 1995. Une histoire de couple idéal guitare-contrebasse, comme Jim Hall en vécut précédemment avec Ron Carter et Don Thompson. Quand il n’accompagne pas le guitariste, Scott Colley joue avec la crème des saxophonistes – Chris Potter, Donny McCaslin, Ravi Coltrane – ou des batteurs – Bill Stewart, Antonio Sanchez, Brian Blade… ou Joey Baron. 3 18-04 RIBOT HALL.indd 3 13/04/10 11:52 Et si ce dernier est le plus « neuf » sur la route de Jim Hall, il est aussi l’interlocuteur du prochain album du guitariste, pour un duo guitarebatterie aux allures de planète vierge. Il y a deux ans, leur rencontre, arbitrée par Bill Frisell et ce même Scott Colley, n’est pas passée inaperçue. Le secret de l’intensité de leur album Hemispheres ? Tous les quatre ont enregistré au centre d’un studio, regroupés pour s’entendre sans le moindre artifice, s’obligeant à produire un mixage « naturel » au moment où ils jouaient. Car ils savent bien que c’est là que le jazz se joue vraiment. Dans l’intervalle entre les notes, dans la fluidité des interstices, dans les plissements de paupières et les sourires en coin. La leçon du professeur ? Faites les quatre cents coups… Alex Dutilh dimanche 25 avril – 20h samedi 15 mai – 20h Première partie Uri Caine Ensemble Plays Mozart John McLaughlin & the 4th Dimension Uri Caine, piano Jim Black, batterie John Hebert, basse Chris Speed, clarinette Josefina Vergara, violon Ralph Alessi, trompette Nguyen Le, guitare Seconde partie Carla Bley « The Lost Chords Find Paolo Fresu » Carla Bley, piano Paolo Fresu, trompette Andy Sheppard, saxophone Billy Drummond, batterie Steve Swallow, basse John McLaughlin, guitare Etienne Mbappé, basse Gary Husband, claviers et batterie Mark Mondésir, batterie Imprimeur france repro | Licences E.S. 1-1027391, 2-1027392, 3-1027393 Et aussi… Les partenaires média de la Salle Pleyel 18-04 RIBOT HALL.indd 4 13/04/10 11:52