La formation de formateur à Nancy
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La formation de formateur à Nancy
Universités et métiers de la formation : quels enjeux, quelles spécificités ? Proposition de communication : M.J.Choffel-Mailfert, Virginie Savalle, Hélène Voirpy 1 La formation de formateur à Nancy : une spécificité qui résiste au temps et permet d’anticiper? Cette communication est proposée par l’équipe qui actuellement encadre et anime les dispositifs de formation de formateurs diplômants au sein de Nancy Université Formation Continue (NUFC) pour examiner en quoi ces dispositifs sont porteurs aujourd’hui encore de l’histoire dont ils sont issus, en l’occurrence, celle du CUCES et dans quelle mesure cette filiation est aujourd’hui opérante pour faire face aux évolutions des métiers de la formation. L’un des concepteurs des premières formations de formateurs, Gérard Malglaive2 n’hésite pas à montrer que l’histoire de ce métier de formateurs est indissociable de celle de « l’Ecole de Nancy » dans les années soixante, qui fut « mieux que représentative » et « sans doute (…) dans une large mesure le modèle et l’inspiratrice » de la formation des adultes. Nous tenterons donc de reconstituer les étapes historiques qui, partant des premières actions « d’accompagnement réflexif des formateurs », conduisent à la construction des premiers dispositifs de formation de formateurs et ensuite à leur institutionnalisation dans un cadre de formation universitaire diplômante. Cette reconstitution historique ne pourrait se faire sans montrer comment depuis un demi siècle, des acteurs ont pensé ces expériences et mis en œuvre les transformations, les innovations, qui permettent aujourd’hui à Nancy Université Formation Continue de proposer ses actuels dispositifs de formation de formateurs. Aussi, cette communication tentera-telle de dégager ce qui, au travers des orientations de l’offre de formation et des « partis pris » pédagogiques actuels, procède d’une filiation historique spécifique. Notre méthode emprunte la démarche de la socio-histoire3 au sens où elle s’inspire de la démarche des historiens fondée sur une analyse des archives et des témoignages et sur la prise en compte du contexte qui aide à la compréhension du passé, car on ne peut comprendre les dispositifs actuels qu’en mettant en évidence leur historicité. Mais notre démarche a aussi recours aux acteurs de cette histoire, qu’ils soient des individus ou des collectifs, aux relations que ceux-ci ont noués entre eux, à ce qui a été en débat et a donné lieu à des accords ou à des controverses. Elle explore également les modes de travail de ces acteurs qui vivaient au quotidien et en équipe ce qu’on appelle aujourd’hui « pratiques réflexives », « échanges de pratiques » et formalisaient des démarches pédagogiques innovantes à partir de dispositifs expérimentaux. 1 M.J.Choffel-Mailfert : MC Sciences de l’Information et de la Communication, LHPS-Archives HPoincarré-CNRS UMR 7117, Nancy Université Formation Continue Virginie Savalle : Responsable de formation, DUFA-TFA, Nancy Université Formation Continue Hélène Voirpy : Responsable de formation, Licence professionnelle « Métiers de la formation, de l’insertion et de l’Accompagnement », Nancy Université Formation Continue 2 Cf. G.Malglaive, Formateur d’adultes : un itinéraire, l’Harmattan, 2007. 3 Cf G.Noiriel 1 Notre présentation s’organisera en deux temps. D’une part nous établirons un raccourci monographique institutionnel qui permettra de reconstituer les étapes importantes de l’histoire de la formation de formateurs, de l’INFA-Cuces, au CUCES, puis à NUFC et de les comprendre à partir des contextes historiques qu’ils soient locaux (celui de la Lorraine industrielle par exemple au travers des actions collectives du bassin houiller) ou relèvent des politiques d’éducation nationales ( loi de 1971 ). D’autre part, cette reconstitution n’a de sens que si elle permet de dégager les fondements pédagogiques de cette formation de formateurs, de comprendre comment ils ont émergé, ont été mis systématiquement en débat, rediscuté, redéfini, réaffirmés, et ont perduré jusqu’à aujourd’hui. Pour cela, les témoignages d’acteurs qui ont été à l’initiative ou se sont retrouvés impliqués, collectivement dans ces actions, à des moments clés, et donc qui ont tenu un rôle stratégique au regard de cette histoire et de ces évolutions nous semble incontournable. Les premières formations de formateurs de l’INFA-CUCES, initiées il y a un demi-siècle, en référence à l’Education populaire et à l’expérience des Maisons familiales rurales qui ont inventé la démarche de formation par alternance- ont d’abord développé des pratiques d’accompagnement réflexif, privilégié la production de documents pédagogiques et proposé du travail en groupe favorisant la réflexion collective, la coconstruction permanente de l’innovation. Aujourd’hui, au sein de NUFC, la formation continue universitaire qui prépare aux métiers de la formation professionnelle pour adultes a évolué pour s’adapter aux transformations des métiers et s’est ouverte plus explicitement vers les champs de l’accompagnement et de l’insertion, pour répondre aux demandes de certification et d’harmonisation des diplômes, pour s’adapter aux diverses réformes qui se sont succédées. La réflexion collective, la co-construction, l’expérimentation, l’innovation, le lien fort avec le monde professionnel sont toujours présents. Nous montrerons que la formalisation de « l’idéologie pratique4 « qui s’est exprimée dans « le feu de l’action» du CUCES des années soixante, sous forme de thématiques clés et de principes commandant aux modalités de travail est aujourd’hui précieuse pour penser l’ingénierie pédagogique des dispositifs, les adapter aux besoins des champs professionnels et fournir aux futurs professionnels les capacités qui font d’eux des agents de changement au sein des organisations par leur posture de praticien réflexif. Eléments de bibliographie : Françoise Laot, 1999, « La formation des adultes », Paris : L’Harmattan. 4 Expression employée par G. Malglaive ibid p. 34 2 Françoise Laot, 2001, « la formation de formateurs à Nancy dans les années soixante », in D.Fablet ( coord.), la formation des formateurs d’adultes, Paris, L’Harmattant. Françoise Laot, P Orly, (2004), « Education et formation des adultes. Histoire et recherches », Paris : INRP. Jean pierre Le Goff (1996), « L’érosion des idéaux de l’éducation permanente », Education permanente, n°129. Gérard Malglaive, (2007),« Formateur d’adultes : un itinéraire », l’Harmattan.. Education permanente (1971) , « la Formation de formateurs », n°12. Bertrand Schwartz, 1969, « Pour une éducation permanente », Education permanente, n°1. Noel Terrot, 1994, « Education des adultes et formateurs ; une approche historique », in F.Gérard et al.(coord.), les métiers de la formation, Paris : la documentation française. Recherche et Formation (2006) , « Formation de formateurs d’adultes, approche historique », n° 53 Recherche et Formation (1995) « Recherches sur les institutions et pratiques de formation», n° 19 Jacky Beillerot (1974). « Formateur métier ou fonction ? », Education Permanente n°26, Actualité de la formation permanente (1989). « L’évolution des métiers de la formation. Formation qualifiante pour les formateurs » Paris : Centre Inffo. Gérard Noiriel. « Introduction à la socio-histoire », Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2006. 3