Éditorial - Green News Techno
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24 juin 2014 — N° 137 Stratégies & veille technologiques en environnement Éditorial Santé et transition écologique : le couple à ne pas négliger Selon les données du Centre international de recherche contre le cancer, relayées il y a quelques jours par le réseau Environnement Santé (RES), la France est le premier pays au monde pour l’incidence des cancers hormono-dépendants (sein et prostate) et des cancers masculins. Parallèlement, la croissance des maladies chroniques en général, les cancers mais aussi les diabètes, pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires, ne peut s’expliquer par les seuls facteurs de vieillissement, de dépistage amélioré ou de mode de vie : « l’environnement est en cause » explique clairement le RES qui regrette que cette crise sanitaire soit encore largement niée. Le plan Cancer par exemple ne parle pas de ce lien plus que probable et les perturbateurs endocriniens qui sont « la principale hypothèse explicative » ne sont mentionnés que marginalement. Alors certes, une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens a été définie et fin avril, la ministre de l’Ecologie et du développement durable a annoncé des décisions concrètes : l’élimination du bisphénol A des tickets de caisse, le contrôle des phtalates dans les jouets et l’accélération de la substitution du BPA avec une proposition de réviser la directive jouets, et enfin l’expertise de cinq nouvelles substances. Il y a donc, comme on le mentionnait déjà en février (GNT n°125), une orientation réelle sur ce sujet mais qu’il conviendrait de renforcer. D’autant qu’il y a un problème à résoudre au plan européen. On attendait depuis plusieurs mois la publication d’une feuille de route permettant de définir les critères d’identification des perturbateurs endocriniens et on craignait que cette définition soit associée à des principes d’évaluation des risques et non au caractère intrinsèque des molécules. Publiée le 17 juin, cette fameuse feuille de route a confirmé ce que redoutaient les experts de ces questions sanitaires : la définition même du PE sera liée à des notions de seuil et de dosage (appelées « risque négligeable » dans le texte) mais aussi à des critères socio-économiques. Outre de dénoncer des démarches lobbyistes d’industriels qui vont à l’encontre des décisions votées en 2009 par le Parlement et le conseil européen, les experts associatifs et scientifiques en santé environnementale soulignent les erreurs d’appréciation du problème. « Les effets à faible dose des PE ne sont pas une hypothèse, ils ont été largement décrits dans la littérature scientifique », rappelle notamment Générations Futures. Il suffit même d’une très faible dose au « mauvais moment » pour induire des conséquences sanitaires fortes. Sans compter qu’au plan économique et stratégique, le calcul fait n’est qu’une illusion de court terme. Eu égard au coût sanitaire de la multiplication des pathologies (en milliards d’euros), renoncer à prendre des décisions fortes revient à se tirer une balle dans le pied. Sans compter enfin le signal négatif envoyé en matière de recherche et d’innovation (en contrôle, substitution etc.) qui lui aussi peut se traduire économiquement à terme. Sommaire : Acteurs p. 2/5 Développement industriel . . . . . . . . . . .................. • Première chaufferie opérationnelle pour AgroNergy : Une chaufferie biomasse alimentée par des agro-pellets • Référence de choix pour DualSun : 300 m2 de panneaux hybrides implantés À suivre... • Concours de création d’entreprises Start-up • Premières start-up sélectionnées pour l’incubateur « respirer dans la ville » Air Serenity, Natural Grass, AirBoxLab • Cinq start-up de la filière bois lèvent des fonds : 1,2 M€ pour Celodev, Pe@rl, Estera et • Vers la cellule solaire réversible ? Tecsathermiquee et Tecsafinance À suivre... • Vitrine technologique en dessalement : Première référence industrielle pour Adionics avec Degrémont Filière • Bio-matériaux : exploiter le potentiel du miscanthus • Etude de faisabilité d’une plateforme de transformation du miscanthus Technologies . . . . . . . . . . . . p. 6/7 Énergie • La tuile solaire thermique en ardoises répond aux usages français Éco-produits / Éco-matériaux • Béton 100 % recyclé • Produit hydrofugeant en phase aqueuse • Du lin dans les skateboards Brevets A retenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . p. 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . p. 8 • Développements industriels : Azimut Monitoring, Chimirec, Vacher/3Wayste, Sita • Fusion/acquisition : Sillia VL • Initiative : innovation bâtiment • Nouvelle structure : centre d’essais en aéraulique 1 24 juin 2014 Acteurs N°137 © Green News Techno Développement industriel Première chaufferie opérationnelle pour AgroNergy Dans quelques jours, AgroNergy inaugurera à Brindas (Rhône) sa première chaufferie à agro-granulés, une unité de 110 kW alimentant des serres agricoles. Une étape pour cette start-up créée en mai 2013 qui vise pour 2014 la conclusion d’une dizaine de contrats dont un, bien avancé en discussion, avec une première ville, déjà dotée d’un réseau de chaleur biomasse et qui pourrait recourir à la solution AgroNergy pour les sites non raccordés. Incubée par Paris Incubateurs (Nord Express), AgroNergy s’est fixée pour ambition de développer une offre de service en énergie biomasse permettant aux usagers (bureaux, maisons de retraite, grandes surfaces, co-propriétés, serres agricoles..) de bénéficier d’une offre compétitive de chauffage renouvelable sans investissements de départ. Il s’agit en effet de proposer l’implantation de chaudières biomasse (de 100 à 1 000 kW) et de vendre simplement la chaleur. La spécificité du concept est que ces chaudières seront alimentées par des agro- pellets, c’est-à-dire des granulés combustibles produits à partir de co-produits agricoles (poussières de céréales, rafles de maïs, déchets de betterave etc.) et non à partir de bois, ce qui réduit le coût à valeur énergétique identique. Pour cela, AgroNergy s’appuie sur les compétences technologiques d’un de ses actionnaires, Ragt Energie, qui a mis au point depuis plusieurs années un procédé de production de ces agro-pellets qui permet de s’adapter aux ressources disponibles localement (trouver la bonne formulation entre les matières premières pour chaque configuration locale) et de garantir une bonne combustion. En particulier sur ce point, la technologie Calys développée par Ragt Energie s’appuie sur des additifs minéraux qui permettent d’avoir une maîtrise des températures de fusion et une diminution des émissions corrosives liées à ce type de ressources (présence de chlore et de soufre dans les matières premières agricoles). Ce modèle économique, sans investissement et avec une ressource énergétique peu coûteuse (car peu ou mal valorisée par ailleurs), devrait représenter une économie de 40 % sur 15 ans pour les utilisateurs. Le challenge pour AgroNergy est donc non seulement d’identifier des clients pour son offre de chaleur renouvelable mais surtout de susciter la structuration des filières locales d’approvisionnement et de production d’agropellets, en s’appuyant sur l’expertise de Ragt Energie pour la formulation des combustibles, pour garantir l’alimentation de ses chaudières. Un vrai travail territorial sur l’économie circulaire qui a séduit l’accélérateur KIC InnoEnergy mais aussi nos confrères de Challenge qui avaient en avril dernier sélectionné l’entreprise dans son palmarès 2014 des start-up où investir (1 M€ recherchés). AgroNergy > 06 59 11 56 00 > [email protected] Ragt Energie > 05 63 36 91 46 Référence de choix pour DualSun Solaire2G qui développe depuis quelques années son offre de panneaux solaires hybrides DualSun totalement intégrés (et pas une superposition de panneaux PV et thermique) vient de passer indéniablement une étape cruciale dans le déploiement de sa technologie. Après quelques opérations pilotes, mettant en œuvre à chaque fois une poignée de panneaux hybrides (jusqu’à 22 dans un logement collectif marseillais), c’est à une autre échelle qu’intervient l’entreprise marseillaise dans le projet de rénovation du siège social du groupe Bouygues Construction, Challenger, en région parisienne. Solaire2G a en effet fourni 180 panneaux Dualsun (soit 300 m2) qui pourront couvrir 70 % de l’eau chaude sanitaire de Challenger (restaurant, club de direction et gymnase) et permettront par ailleurs d’améliorer le rendement photovoltaïque de 10 % grâce à l’effet de refroidissement des cellules (sécurisant aussi mieux l’auto-consommation du site). L’installation s’intègre dans un projet de rénovation à énergie positive et remplace l’équivalent de 420 m2 de panneaux thermiques, en apportant d’une part une esthétique plus grande (pas de décalage visuel avec le reste de l’installation photovoltaïque) et une plus grande simplicité d’usage. En effet, par rapport à des panneaux thermiques classiques qui peuvent subir des surchauffes dans les périodes de moindre activité (notamment le week-end), la technologie Dualsun affiche une température de stagnation qui ne dépasse pas les 75 °C, permettant de s’affranchir des problèmes de dégradation du fluide caloporteur et donc des dispositifs complexes de purge qu’il convient de mettre en œuvre dans les installations traditionnelles thermiques. A noter que la centrale a été conçue pour pouvoir être relayée par la boucle d’eau géothermique quand il y a moins ou pas de soleil mais aussi pour participer à un rafraîchissement de cette même boucle d’eau géothermique pendant les nuits de périodes chaudes (fonction inversée d’échange de chaleur). Cette réalisation qui vient d’être achevée avec la pose du dernier panneau Dualsun le 12 juin met donc en exergue tout le potentiel de la technologie de Solaire2G et marque de fait un tournant dans le développement de la start-up. up Bio-Bean Ltd (projet de l’University College London) porte par exemple sur la conception de biocarburants à partir de déchets de café. Edenworks (Université de New-York) s’intéresse à l’aquaponie dans un contexte de production agricole urbaine. Enfin deux projets sur les capteurs industriels permettant un meilleur suivi et anticipation des process sont à retenir : Bearing Analytics qui développe des capteurs sans fil pour la surveillance de l’équipement industriel et Konux (start-up créée en mars et basée à Munich) sur une nouvelle génération de capteurs opto-mécaniques. A noter que sur les 40 autres projets nominés en phase finale du concours, huit ont également une vision environnementale : dans le stockage d’énergie, le traitement d’eau, la gestion de données des drones, l’éclairage intelligent, les bio-murs, les parking ou bâtiment intelligents etc. > www.founder.org Solaire2G/ Dualsun > 04 13 41 53 71 À suivre... Concours de création d’entreprises Le programme de création d’entreprise Founder.org créé en 2012 par un ancien investisseur en capital-risque, Michael Baum, et destiné aux étudiants entrepreneurs du monde entier, a rendu publique la liste des dix bénéficiaires de la subvention de 100 000 $ pour la promotion 2015 d’étudiants de 2ème année. Sur cette sélection, quatre lauréats ont un intérêt écotechnologique direct ou stratégique. La start- 2 24 juin 2014 Acteurs N°137 © Green News Techno Start-up Premières start-up sélectionnées pour l’incubateur « respirer dans la ville » Il y a quelques jours a été inauguré l’incubateur « Respirer en ville », lancé par Paris Region Lab et le i-lab d’Air liquide. Il accueille trois start-up qui ont été sélectionnées à la suite de l’appel à candidatures. Dans le domaine de l’environnement externe de la ville a été retenue la société Natural Grass qui avait été nominée en 2013 au grand prix de l’innovation de la ville de Paris (cf. GNT n°114). Cette entreprise développe rappelons-le des surfaces végétalisées caractérisées par une résistance importante au piétinement mais très légères grâce au substrat innovant utilisé (mélange de granulés de lliège, de sable et de microfibres). Après les surfaces sportives, Natural Grass s’est attaqué au marché urbain, avec l’offre CityNest, pour proposer la végétalisation de surfaces plus contraignantes : non seulement les zones de circulation et parking, mais aussi tout type de toiture (sans contrainte de résistance), les murs, les pieds d’arbre etc. Les deux autres sélectionnés sont des startup complémentaires dans le champ d’activité de l’air intérieur. Air Serenity intervient ainsi en traitement avec une offre technologique très avancée qui met en œuvre à la fois un média d’adsorption des polluants et une technologie de régénération de ce média à base de plasma froid. La start-up s’apprête à sortir un premier purificateur d’air pour l’habitat tout en poursuivant une stratégie d’intégration de sa cartouche dans d’autres équipements du marché (voir notre article complet dans GNT n°105). L’autre société retenue pour intégrer l’incubateur est AirBoxLab, créée en 2013, avec l’objectif de proposer au marché grand public un outil de monitoring avancé de la qualité de l’air intérieur, et en continu. Cette start-up qui était d’ailleurs présente au dernier salon Innovact a tout d’abord conçu un appareil, baptisé Alima, qui intègre une série de capteurs pour suivre les paramètres classiques (Co, CO2, humidité, température) mais aussi les COV totaux (avec une technologie MEMS en nanomatériau qui permet une mesure très fine) et les particules. Mais ce qui fait le différentiel d’Alima n’est pas tant l’outil de collecte des données que son caractère communicant et les capacités d’analyse des données qui sont associées. L’objectif n’est pas seulement d’indiquer à l’usager la qualité de l’air (avec un code couleur pris par l’appareil de mesure ou sur application mobile), mais de permettre une anticipation de l’évolution de cette qualité de l’ambiance intérieure et ainsi contribuer à faire évoluer les comportements personnels. Cela est rendu possible par un algorithme de prédiction qui s’appuie sur l’élaboration dans les premières semaines d’usage de l’Alima d’un profil personnalisé (modèle de pollution en quelques sortes), totalement associé au bâtiment et au style de vie de chacun. Cette connaissance acquise permet donc d’anticiper des pics de pollution et de générer des alertes pouvant susciter des modifications de comportements. « L’enjeu n’est donc pas seulement d’informer mais bien de donner les moyens de faire baisser les taux d’exposition à la pollution » explique Jacques Touillon, le fondateur de l’entreprise. L’entreprise sera bien sûr en capacité de fournir des services d’accompagnement et de conseil personnalisés et l’utilisateur pourra partager avec d’autres usagers au profil identique les retours d’expérience et être stimulé par des opérations de challenging. A terme, au-delà des fonctions de monitoring, l’appareil communicant pourra de fait être aussi un appui au pilotage des dispositifs d’air conditionné, de ventilation ou d’appareils de purification d’air. Il est aussi question de décliner d’autres capteurs qui permettront d’aller chercher aussi les sources de pollution plus précisément et les qualifier. AirBoxLab a mené une opération de bétatest avec une centaine de sites pilotes dans 24 pays (via une opération de crowdfunding à l’été 2013), dans le but notamment d’optimiser le produit et le service associé et se préparer à l’industrialisation. C’est dans cette phase pré-industrielle que se situe donc aujourd’hui AirBoxLab qui a pour objectif d’être opérationnelle au plan commercial à partir de cet automne. Cinq start-up de la filière bois lèvent des fonds Depuis 4 ans, les forestiers investisseurs de Forinvest Business Angels ont investi près près de 4 M€ dans 14 entreprises de la filière bois. Les dernières opérations menées sur 2014 portent à elles-seules sur 1,2 M€, alors même que l’année n’est pas finie. Les 5 bénéficiaires sont Celodev, Pe@rl, Estera, TecsaThermique et TecsaFinance. Celodev, société créée en 2007 développe des enzymes (cocktail à façon) permettant de traiter à moindre coût et de manière naturelle les fibres de cellulose dans l’industrie papetière, par exemple en réduisant l’énergie consommée, en améliorant les étapes de désencrage, la qualité mécanique du papier, en augmentation la rapidité du process etc. (voir notre article dans GNT n°29 en mai 2011). Celodev a levé 600 k€ dont 270 k€ auprès de 30 BA. La société limousine Pe@rl a développé pour sa part un procédé de dépollution des eaux chargées en métaux lourds mettant en œuvre des écorces de bois (procédé par biosorption sur « écorces activées »- cf. GNT n°104). La levée de fonds que GNT évoquait en mars (GNT n°127) s’est donc confirmée à hauteur de 800 k€ (dont 450 k€ par 50 BA). Dans le domaine de la biomasse énergie, deux entreprises ont été retenues : Estera (vente directe d’énergie bois produite par des chaudières mobiles alimentées en plaquettes forestières – 1,3 M€ dont 150 k€ auprès de 13 BA) et Tecsathermique, qui fabrique des bûches en bois densifié et des absorbants pour laboratoires et litières (180 k€). Le dernier investissement (200 k€) est celui dans TecsaFinance, holding de PME dans le domaine plus traditionnel du travail du bois (sciage, ossatures charpentes, parquets). Celle-ci vient d’être officialisée : Degrémont (Suez Environnement) est sélectionnée par Masdar pour la construction d’un projet pilote de dessalement « éco-énergétique » à Abou Dhabi. L’unité intègrera la technologie AquaOmnes de déionisation liquide/liquide en combinaison avec d’autres améliora- tions en filtration (Ultrafiltration et osmose inverse) apportées par Dow Water and Process solution. La maîtrise énergétique permise par cette combinaison technique et notamment par le procédé Adionics, autorisera l’alimentation de l’unité par des énergies renouvelables. > www.forinvest-ba.fr À suivre... Vitrine technologique en dessalement Il y a quelques semaines (GNT n°13319 mai), la start-up Adionics nous indiquait qu’une annonce était attendue avec un partenaire industriel pour une montée à l’échelle de son procédé d’extraction de sels dans l’eau par absorption liquide-liquide. 3 24 juin 2014 Acteurs N°137 © Green News Techno Filière Bio-matériaux : exploiter le potentiel du miscanthus Depuis plusieurs années qu’est évoqué le déploiement d’une filière miscanthus en France, c’est essentiellement pour des usages énergétiques (combustibles de type pellets par exemple) ou pour des usages assez simples de type litière et paillage. Cette plante non vivrière, capable de pousser sur des sols dégradés sans nécessiter d’intrants spécifiques, recèle pourtant bien d’autres atouts qu’il convient de valoriser, en particulier dans le domaine des matériaux (biomatériaux pour la construction ou bio-composites). Point sur la mise en place de la filière en Ile-de-France. Il paraît évident qu’une ambition de filière ne peut pas s’appuyer sur un seul type de débouchés, fut-il sur un créneau porteur comme celui de la biomasse énergie. Il est d’ailleurs clair que cela n’a pas totalement convaincu jusqu’à présent puisque moins de 4 000 ha ont été plantés à ce jour en France en Miscanthus. Il y a donc des initiatives technologiques qui sont portées, illustrant le potentiel du miscanthus comme matière première. C’est le cas avec la start-up Biomiscanthus France Holding actuellement en passage industriel à Mende et dont le savoir faire permet de produire un bioplastique essentiellement basé sur le miscanthus et destiné à cibler les applications équivalentes à elles du PLA aujourd’hui (voir notre article dans GNT n°118). Mais individuellement de tels projets manquent de poids pour tirer réellement toute une filière nouvelle au plan national. Pour une culture totalement nouvelle, ne connaissant pas d’autres usages précédemment (contrairement au lin ou au chanvre par exemple), construire une filière se révèle complexe : il faut réussir à mobiliser conjointement le secteur agricole et coopératif et à l’autre bout de la chaîne le milieu industriel susceptible de générer les débouchés pérennes, avec au centre des capacités scientifiques et techniques pour optimiser l’ensemble des étapes de la filière, et des acteurs territoriaux pour accompagner le déploiement. Cette réflexion de filière a été menée très tôt en Ile-de-France, dès 2007. Des agriculteurs ont été incités à planter des surfaces en miscanthus, avec l’idée dans un premier temps d’adresser la filière énergétique mais avec en tête une vision à terme de diversification des débouchés et de création de valeur notamment dans les matériaux biosourcés. Cette vision s’est concrétisée en 2012 par le lancement du projet BFF (Biomasse pour le futur), porté scientifiquement par l’Inra dans le cadre du programme d’investissements d’avenir. Ce projet qui dans sa première version présentée en 2010 visait seulement à travailler sur la sélection et l’évolution variétale des plantes d’intérêt pour les biomatériaux et la chimie du végétal (et l’élaboration de nouveaux matériaux), a rassemblé pour son lancement en 2012 tout le panel des acteurs nécessaires à la structuration réelle d’une filière. Ainsi des industriels sont capables d’exprimer leurs attentes (cahier des charges attendus pour les futurs matériaux biosourcés ou chargés en fibres) mais aussi les contraintes de process pour orienter les équipes de recherche dans leurs travaux sur les plantes et réciproquement, une ouverture vers des opportunités nouvelles de développement peuvent se faire jour pour les industriels sur la base des avancées scientifiques. Ce dialogue permanent entre différents acteurs est complété par une prise en compte des contraintes culturales, techniques et économiques ou des objectifs territoriaux de reconquête de certains sols notamment. Il s’agit de définir les caractéristiques de sols autorisant une bonne croissance du miscanthus ou les propriétés des variétés à opérer une phyto-stabilisation de certains polluants quand les sols utilisés sont dégradés ou pollués. L’idée est donc de faire travailler conjointement et parallèlement les différents acteurs de la chaîne de valeur pour converger ensemble vers une filière où les volumes d’approvisionnement et des produits en aval, les qualités obtenues et les équilibres économiques seront satisfaisants pour tous, et donc pérennes. Depuis janvier 2013, l’association Biomis 3G a été créée pour animer cette réflexion continue et croisée entre les acteurs de la filière et commencer à définir les organisations en Ile-de-France (et bientôt sur l’ensemble de l’axe Seine, incluant la Normandie). Il y a quelques jours, le projet BFF et Biomis 3G ont ainsi pu présenter un rapport d’étape de leur démarche qui s’étalera jusqu’en 2019-2020. Déjà sur la base d’une première génération variétale de miscanthus (celle couramment utilisée aujourd’hui), deux débouchés ont été étudiés et pré-développés. D’une part dans le secteur du bâtiment avec Alkern et Ciments Calcia (et Armines pour l’appui scientifique), un bloc béton-fibres de miscanthus (60 % fibres), donc allégé a été présenté, mettant en valeur non seulement des propriétés thermiques et acoustiques mais également mécaniques puisque ce bloc est auto-porteur. L’objectif est maintenant d’aller vers 80 ou 90 % de fibres en conservant le caractère auto-porteur, un défi rendu possible par l’excellente rigidité de la fibre de miscanthus. Cette même propriété de rigidité est également particulièrement apprécié dans les approches bio-composites qui sont étudiées avec Faurecia, PSA et Addiplast. Elle permet en effet de simplifier le passage dans l’extrudeuse et de conserver ces propriétés de rigidité dans le matériau final, quand d’autres fibres ont tendance à « s’emmêler » et perdre en performances mécaniques. L’un des défis de ce projet est d’augmenter la résistance en température du biocomposite pour permettre son utilisation pour des pièces proches du moteur. Des premières pièces fibres-thermoplastique devraient être produites pour des essais cet été par Addiplast, une communication scientifique sur ces premiers résultats étant d’ores et déjà prévue à l’automne à l’occasion du congrès annuel BFF-Biomis 3G. L’intégration de fibres de miscanthus dans des résines thermodurcissables est également dans la roadmap des équipes engagées sur ce projet. Au-delà des pistes d’application finales (qui devraient d’ailleurs s’ouvrir dans les prochaines années sur les biomolécules), bien d’autres travaux scientifiques et techniques sont menés parallèlement. C’est le cas notamment avec une attention particulière mise sur les opérations de défibrage pour lesquelles des pistes sont identifiées pour disposer d’une méthode simple, peu impactante pour les fibres et respectueuse de l’environnement. Mais c’est surtout sur l’évolution variétale qu’un saut scientifique peut s’opérer pour consolider à terme toute la filière. Les chercheurs des différentes équipes engagées (Inra, Arvalis, Cirad...) ont passé en revue 21 variétés différentes de miscanthus, décortiqué leurs propriétés et structures, pour imager ensuite les croisements les plus pertinents pour répondre aux différents enjeux de l’ensemble de la filière (culture, défibrage, propriétés finales applicatives). L’idée serait de parvenir à définir une poignée de variétés ayant des vocations plus affirmées pour certains débouchés. A noter que si disposer d’une seule variété capable de répondre aux différents marché peut paraître un idéal, conserver une diversité est aussi une exigence pour 4 24 juin 2014 Acteurs N°137 © Green News Techno Filière Bio-matériaux : exploiter le potentiel du miscanthus se prémunir de l’apparition d’un ravageur qui pourrait compromettre toute la filière d’un seul coup. A ce jour, les chercheurs ont déjà bien en tête les orientations qui fonderont la deuxième génération variétale, qui pourrait donc devenir une réalité agricole d’ici trois ans (8 à 10 ans sans doute pour la génération suivante). On soulignera que cette préoccupation d’évolution variétale inclut totalement les exigences économiques et techniques de la mise en culture. L’un des objectifs, y compris sur la génération actuelle de miscanthus, est de faciliter et sécuriser la culture. Faciliter en réduisant les coûts, via notamment une stratégie de culture par semence et non par rhizomes. Et sécuriser aussi en disposant de variétés connaissant moins d’aléas sur la reprise des rhizomes plantés (aujourd’hui forte perte sur ce qui est planté la première année). Le travail engagé depuis 2012 au sein de BFF, avec en outre le retour des années précédentes de chacun des acteurs, fait ainsi clairement ressortir des éléments scientifiques, techniques et organisationnels probants qui confortent la vision d’une filière miscanthus sur l’axe Seine. Ce projet structurant prévoit aussi de maintenir une réflexion ouverte sur divers autres débouchés : outre les biomolécules déjà évoquées, les acteurs de Biomis 3G sont ouverts à la question des co-valorisations avec d’autres fibres végétales, de même qu’ils sont attentifs à la consolida- (suite) tion des usages plus traditionnels (énergie et matériau de litière). Une réflexion s’engage par exemple sur la méthanisation des fumiers issus de l’utilisation de miscanthus en paillage d’élevage pour disposer de moyens de consolider ce débouché (projet sur les fumiers équins). A rappeler enfin que le projet BFF cible parallèlement la culture de sorgho) dans le même esprit de diversification des usages (en particulier dans le Sud de la France, et devrait donc aussi voir émerger une démarche structurante multipartenariale sur cette autre plante dans les prochains mois. Biomis 3G, Bernard Courtin, Délégué général, > [email protected] À suivre... Etude de faisabilité d’une plateforme de transformation du miscanthus La mise en place d’une filière de miscanthus en France qui ne soit pas exclusivement orientée sur des applications énergie ou d’usage simple (paillage ou litière) repose sur une maîtrise qualitative des fibres, granulats, particules ou farines qui peuvent être proposés aux nouveaux marchés des matériaux, que ce soit pour faire des matériaux isolants, des panneaux structuraux, du béton fibré ou des composites à matrice polymère. Dans un esprit assez complémentaire des réflexions engagées en Ile-de-France, la plateforme de R&D Fibres Recherche Développement (qui représente à travers ses adhérents fondateurs environ 15 % des productions de plantes à fibres en France) s’est penchée sur cette question de l’adéquation entre la ressource actuelle de miscanthus (variété commune utilisée) et les cahiers des charges potentiels des industriels pouvant la mettre en œuvre, et sur les moyens technologiques éventuellement à mettre en place pour construire cette filière d’approvisionnement à plus forte valeur ajoutée. C’est à la demande d’un de ses adhérents, InVivo, que FRD a mené cette étude (intégrant la faisabilité d’une plateforme de pré-traitement du matériau) dont les résultats ont été présentés à l’occasion de la récente convention Sinal à Chalons-enChampagne. Deux constats ressortent tout d’abord. D’une part, pour rappel, il existe un vrai potentiel de valorisation des fibres de miscanthus dans les matériaux. Des essais ont montré l’intérêt de valoriser à la fois les propriétés de rigidité et de structure plus aérée du miscanthus dans des panneaux ou béton pour le bâtiment (effets d’isolation et de résistance combinés). De même dans les process de la plasturgie, le miscanthus pourrait s’avérer plus simple à manipuler que d’autres fibres naturelles telles que le lin ou le chanvre (et moins cher). Cela dit, FRD a aussi constaté en approfondissant les attentes des industriels en matière de cahier des charges techniques (en s’appuyant sur les expériences eues avec d’autres ressources végétales), que le miscanthus tel qu’il est disponible à ce jour en sortie de champ (caractérisé en détail dans l’étude) ou de plateformes actuelles (pensées pour le paillage ou les combustibles) n’est pas en adéquation avec ces exigences. Pour convaincre les industriels utilisateurs de sauter le pas et par ailleurs consolider les débouchés des agriculteurs producteurs de miscanthus, il convenait donc d’étudier la route technologique à mettre en place pour faciliter cette liaison entre ressources et marchés applicatifs à valeur ajoutée. Point intéressant, l’étude de FRD a montré que les étapes nécessaires pour affiner l’offre produits en miscanthus reposaient sur des équipements existants sur le marché, ce qui évite tout verrou technique et facilite les estimations financières d’investissement, de rendement et de coût de fonctionnement. Ainsi pour répondre aux exigences techniques en matière de farines, de fibres, de particules ou de granulats pour les différents marchés étudiés, une combinaison d’étapes de broyage, broyage fin, purification, calibration et fonctionnalisation s’avère nécessaire et a été validée. Cet enchaînement permet de pallier les problèmes d’hétérogénéité des fractions récoltées, mais aussi les problèmes de fines, de longueurs de brins, de présence de feuilles ou encore d’état de surface des fibres (qui ont naturellement un taux de surfaces lisses éle- vé, ce qui n’est favorable aux interfaces avec les matrices des matériaux). Sur cette base, FRD est aujourd’hui en mesure d’établir des cahiers de charge pour les volumes en sortie de champ et pour les produits semi-finis destinés aux marchés applicatifs. L’étude de faisabilité menée est allée au-delà des critères techniques, définissant les tailles de plateformes cohérentes en fonction à la fois de la taille du bassin d’approvisionnement et des critères techniques des équipements à mettre en œuvre (capacités, rendements etc.). Trois modèles s’avèrent ainsi possibles économiquement et techniquement : une unité à 1 2001 500 T de miscanthus annuel traités (100 ha environ cultivés), une taille intermédiaire entre 3 600 et 4 500 t/an (environ 300 ha), soit enfin une plateforme ciblant 750 ha d’exploitations et 9 000 t/an de matière traitée. Sur ce dernier scénario, un investissement de 1,5 M€ serait alors nécessaire pour un chiffre d’affaires d’environ 2,5 M€, sachant en outre que certains des équipements de l’unité pourraient servir sur d’autres ressources (telles que le colza). Il y a donc dans ce travail mené par Fibres Recherche Développement des éléments probants pour accélérer le déploiement d’une filière miscanthus cohérente et à valeur ajoutée, la difficulté étant cependant aujourd’hui d’impulser l’initiative d’un tel investissement (même s’il reste accessible), sans lequel pourtant le marché aval aura du mal à se lancer. Une stratégie de filière qui impose sans doute de faire bouger les lignes entre les acteurs et décideurs territoriaux et économiques. FRD, Nicolas Da Silva, chargé de projet Matériaux > 03 25 83 41 90 Pensez à consulter en ligne sur www.green-news-techno.net 5 24 juin 2014 Technologies N°137 © Green News Techno Énergie La tuile solaire thermique en ardoises répond aux usages français Dans le domaine solaire en France, solaire thermique ou photovoltaïque, l’intégration esthétique en toiture a toujours été un défi visant à lever certains freins d’accès au marché, en particulier pour les bâtiments et maisons dont la valeur architecturale est grande ou pour des zones réglementées par les Bâtiments de France. Et dans ce contexte, les toitures en ardoises étaient assez mal loties. Du moins jusqu’à l’annonce en 2011 par le groupe Cupa du développement de la tuile Thermoslate. Ce panneau solaire thermique mettait en effet en œuvre de vraies ardoises pour servir de collecteur thermique, dans une structure sous laquelle circulait le fluide caloporteur (cf. GNT n°48 du 11 décembre 2011). Impossible dans ce cas là de déceler le toit du panneau : l’idéal de l’intégration. Bien que déjà finalisé au plan industriel en Espagne, ce panneau thermique ne répondait pas totalement aux habitudes de pose de l’ardoise en France et aux DTU associés. Il a donc été nécessaire pour Cupa France de poursuivre avec sa maison mère le développement du produit et surtout obtenir l’avis technique validant la parfaite adéquation du panneau avec les obligations nationales. C’est donc ce qui a été fait sur 2012 avec une modification du système d’intégration en couverture amenant à la délivrance de l’avis technique en mai 2013 (validation de l’étanchéité, conformité au DTU, jusqu’à 13° de pente seulement). Cupa France a ainsi pu entamer sa phase commerciale en France et enregistrer une dizaine de chantiers, tant en neuf qu’en rénovation. Le développement de la version 2 de la Thermoslate a cependant intégré bien plus qu’une adaptation du système d’intégration du panneau avec le reste de la couverture, en améliorant aussi le rendement énergétique du dispositif. En effet, dans la première version, les ardoises étaient collées avec une résine conductrice thermique sur une plaque d’aluminium sous laquelle passait un circuit caloporteur. Aujourd’hui, ce circuit caloporteur a été totalement modifié. Les ardoises sont en effet placées sur une double tôle d’aluminium, créant en son sein des microcanaux très peu épais mais larges : la surface d’échange thermique entre les ardoises et le circuit s’en trouve ainsi largement augmentée. Cette amélioration permet de réduire la surface de panneaux nécessaire pour accumuler la même énergie thermique. Avec la V1, il fallait jusqu’à 30 % de surface supplémentaire à un panneau traditionnel en verre pour obtenir la même puissance énergétique (le panneau avec ardoise étant physiquement limité en température par les propriétés de l’ardoise). Avec la nouvelle Thermoslate, cet écart de surface occupée est réduit à 12 ou 15 % seulement, en jouant sur la meilleure exploitation de la chaleur captée par les ardoises, ce qui est toujours un facteur important. Si la solution Thermoslate reste à l’investissement supérieure à celle des panneaux vitrés (20 à 25 % plus chère), la comparaison n’a que peu de raisons d’être car les marchés visés par Cupa (zones ou bâtiments classés, maison d’architectes etc.) avec cette nouvelle tuile répond à une attente qui était jusqu’ici sans solution et ne pouvait donc pas utiliser les capacités du solaire thermique. Par ailleurs, l’utilisation de l’ardoise apporte des spécificités thermiques qui ont des répercussions positives sur l’exploitation : si les capacités d’accumulation thermique d’une ardoise sont intrinsèquement limitées (ne dépassant jamais 90 °C), cela signifie aussi qu’il n’y a aucun risque de surchauffe dans le circuit caloporteur, même en cas de stagnation du liquide (lors d’absences estivales par exemple). Cette propriété se traduit par la non-nécessité d’un système de vidange du circuit lors des périodes de non usage, comme c’est le cas pour les circuits associés à des panneaux vitrés quand on veut éviter que le liquide « caramélise ». Cette vraie simplification de conception et l’absence de maintenance qui découle de la robustesse du dispositif peuvent donc être aussi des éléments différenciants pour le marché. Cupa France, Erwan Galard > 02 23 30 07 39 Vers la cellule solaire réversible ? En alternative au silicium pour la production des cellules photovoltaïques, est aujourd’hui étudié de manière assez assidue dans le monde le perovskite (du nom de son découvreur). Il s’agit d’un matériau minéral cristallin (CaTiO3) qui permet la conception de cellules à bas coût (cellules 5 fois moins chères que les cellules silicium) grâce notamment à un process de production assez simple et à température ambiante. Les rendements obtenus sont encore assez modestes mais progressent régulièrement et vite, laissant à penser qu’on pourra atteindre sans doute des rendements de cellule dépassant les 20 % (voire les 30 % en couplage avec du silicium). On a aussi noté que les électrons pouvaient se déplacer plus loin dans le matériau, ce qui ouvrirait la voie à des cellules plus épaisses, capables d’absorber plus de lumière et donc être plus puissantes. Un nouvel atout vient par ailleurs d’être mis en valeur par des chercheurs de la Nanyang Technological University à Singapour. Il serait en effet possible de concevoir à base de perovskite (formulation hybride inorganique-organique) des cellules photovoltaïques qui pourraient également émettre de la lumière. Concrètement, cela signifie qu’un module réalisé avec cette structure de matériau hybride pourrait produire de l’électricité le jour et servir de panneau lumineux (esthétique ou informatif) la nuit. L’équipe de Singapour a montré qu’on pouvait émettre une large gamme de couleurs, et donc maîtriser l’émission lumineuse pour faire du module un véritable écran. Cela signifie aussi bien sûr que ce matériau pourra aussi directement adressé le marché des écrans, sans nécessairement l’associer aux fonctions photovoltaïques. Son intégration dans le bâtiment pourrait aussi être facilité par le fait qu’il s’agit d’un maté- riau semi-transparent : il peut donc être utilisé comme un verre teinté pour remplacer certains vitrages et générer de l’électricité le jour ou des effets de lumière la nuit. Au plan industriel, les chercheurs travaillant déjà sur la mise à l’échelle des procédés de production de cellules photovoltaïques en pérovskite, estiment qu’il devrait être assez simple de modifier les procédures de fabrication pour produire les panneaux capables aussi d’émettre de la lumière. Ce sont donc des perspectives très alléchantes qui sont proposées par les travaux sur l’usage de la pérovskite, d’autant plus qu’en plus des applications dans le bâtiment, le matériau peut produire un effet laser et donc trouver des débouchés dans les puces électroniques pour des appareils d’émission, détection et contrôle de la lumière. NTU, Dr Nripan Mathews > [email protected] 6 24 juin 2014 Technologies N°137 © Green News Techno Éco-produits / Éco-matériaux Béton 100 % recyclé A l’occasion du salon Environord, la filiale de Valenciennes du groupe Sita France a été distinguée pour la conception d’un nouveau matériau, le C’urban (concrete recycling by Sita). Il s’agit d’un béton composé à 100 % de matériaux recyclés, combinaison de trois matériaux : des sédiments fluviaux, des sables de fonderie et des gravats de déconstruction. Cette formulation inédite garantit les mêmes propriétés et utilisation qu’un béton fabriqué à partir de matériaux de carrière et contribue donc à une limitation des pressions sur les ressources naturelles et ce à un coût de marché. A noter que le process de recyclage optimise aussi le recours à l’eau, aux liants et autres adjuvants. Le C’Urban est actuellement au démarrage de son déploiement commercial, avec des tests environnementaux qui sont en cours de finalisation sur des prototypes de produits finaux. Sita Nord > [email protected] Produit hydrofugeant en phase aqueuse La société ONIP vient d’annoncer la disponibilité d’une nouvelle formulation de produit hydrofuge de protection des surfaces contre le ruissellement en extérieur et en intérieur, totalement en phase aqueuse. Cette solution permet de proté- ger des maçonneries minérales (bétons et briques) et leur conserver leur aspect d’origine, en évitant notamment les proliférations de végétations diverses. Le caractère aqueux de la formulation est le principal avantage du produit Hydrofuge ONIP par rapport au produit de la gamme déjà existant (Hydronip Façade), en plus du fait qu’il ne dégage qu’une faible odeur et ne jaunit pas. Onip, Michel Plana > [email protected] Du lin dans les skateboards Après l’avoir présenté aux JEC en mars, Fibres Recherche Développement et la société Arkaïc Concept ont mis en valeur au Sinal l’EPO-Flax. Il s’agit d’un skateboard dont le corps de la planche est en matériau composite sandwich largement biosourcé. Ce matériau est composé d’une âme en liège qui est renforcée en couches externes par des plusieurs tissus de lin, imprégnée d’une résine époxy. Au stade actuel du prototype, la résine retenue est une époxy pétrosourcée, point qui pourrait évoluer. La mise en œuvre a été réalisée par moulage au contact suivi d’un vide. Le prototype permet de valoriser les apports techniques du lin, notamment en terme d’absorption des vibrations et donc de confort d’usage du skate. Cette conception permet en outre d’alléger la plance de 200 g par rapport au modèle d’origine en bois. FRD > [email protected] Arkaïc Concept > www.arkaic-concept.fr Brevets Déchets Energie Procédé pour isoler les terres rares et/ou éléments métalliques annexes contenus dans la phase magnétique d’aimants permanents n° 2997095 – CEA rep. par cabinet Nony – 25 avril 2014 Matériau composite comprenant des nano-objets notamment des nano-objets de carbone, son procédé de préparation et encre et électrode comprenant ce matériau n° 2997076 – CEA rep. par Brevalex 25 avril 2014 Eaux Procédé de traitement des digestats, engrais obtenu et unité de traitement n° 2997078 & 079– Melspring rep. par Avoxa – 25 avril 2014 L’invention concerne un procédé permettant par l’utilisation d’une matière minérale de type zéolithe, argile ou terre de diatomées de capter dans la phase liquide du digestat l’azote ammoniacal sous forme ionisée. Cette fraction solide est ensuite séparée du mélange pour être valorisée. Dispositif de rénovation de conduites des eaux usées n° 2997164 – Geiger Kanaltechnik GmbH rep. par cabinet Benech 25 avril 2014 Moyens d’échange thermique liquide/gaz, notamment eau/air et système de production d’eau à partir de l’humidité de l’air comprenant de tels moyens n° 2997177 – MM. Montgomery et Deguitre rep. par Novagraaf Technologies – 25 avril 2014 Procédé de préparation d’un matériau composite thermoplastique à base de graphène n° 2997087 – Arkema France rep. par cabinet Plasseraud – 25 avril Le procédé permet une bonne dispersibilité du graphène dans la matrice choisie (thermoplastique, élastomérique ou non) pour conférer au matériau final des propriétés de conductivité, ou de résistance thermique ou mécanique nouvelles. Parmi les applications, on note des encres (dans l’électronique) mais aussi des usages dans le stockage d’énergie (électrodes pour supercapacités ou pile à combustible). Arkema a également déposé un brevet pour un composite à matrice thermodurcissable renforcé de graphène (n° 2997088) Portail intégrant des cellules photovoltaïques n° 2997126 – Cadiou Industrie et Schurer Industrie Torbau rep. par cabinet Michel Poupon – 25 avril 2014 Moteur à ammoniac n° 2997131 – Jean Aben Essamba – 25 avril 2014 Hydrolienne flottante n° 2997135 – Tidalys rep. par cabinet Le Guen et Maillet – 25 avril 2014 Ensemble comprenant une hydrolienne et un déflecteur de flux d’eau n° 2997136 – Sabella rep. par cabinet Michel Poupon – 25 avril 2014 Palier à roulement, notamment pour éolienne n° 2997158 & 159 – Aktiebolaget rep. par Casalonga et associés 25 avril 2014 Structure porteuse pour panneaux solaires n° 2997169 – Dome Solar – 25 avril 2014 Support de panneaux photovoltaïques au sol n° 2997170 – Dome Solar 25 avril 2014 Dispositif de fixation de tuiles solaires pour une toiture solaire n° 2997171 – Saint-Gobain Glass rep. StGobain Recherche – 25 avril 2014 Convertisseur thermo-électrique n° 2997172 & 173– Airbus Operations rep. par Santarelli – 25 avril 2014 Procédé de fabrication d’un dispositif photovoltaïque à couches minces, notamment pour vitrage solaire n° 2997226 & 227 – Crosslux rep. par cabinet Germain et Maureau 25 avril 2014. Voir article sur Crosslux dans GNT n°105 Electrode négative pour cellule électrochimique de stockage d’énergie, cellule et batteries associées et leur utilisation dans un véhicule électrique n° 2997228 – Renault – 25 avril 2014 Pile à combustible améliorée n° 2997229 – Université de Lorraine et CNRS rep. par cabinet Michel Poupon – 25 avril 2014 Pile à combustible à membrane échangeuse de protons présentant une durée de vie et des performances accrues n° 2997230 – Opilex – 25 avril 2014 Générateur d’électricité et récupérateur d’énergie n° 2997247 – CEA et Institut polytechnique de Grenoble, CNRS rep. par Brevinnov – 25 avril 2014 Chimie verte / Ecomatériaux Procédé de production d’alcools et/ou solvants à partir de biomasse avec recyclage d’un flux interne comprenant des alcools et/ou des solvants en amont ou au sein du prétraitement n° 2997093 & 094 – IFP Energies nouvelles – 25 avril 2014 7 24 juin 2014 À retenir N°137 © Green News Techno Développement industriel contrairement aux filières d’évapo-incinération. Initiative Azimut Monitoring intègre plusieurs de ses compétences en suivi et contrôle de paramètres environnementaux pour proposer aux entreprises (industriels, grandes enseignes commerciales etc.) un outil global de d’observation, suivi et traitement des données de leur environnement proche, leur permettant de disposer de nouveaux indicateurs pour leurs démarches Iso 14 001 et 26 000 (RSE). L’outil est baptisé BeeLivin et inclut tout d’abord l’instrumentation d’un site à trois niveaux : avec la station Greenbee (météo, ozone, particules et bruit extérieur), Fireflies QEI (particules fines, CO2, bruit, température, humidité en intérieur) et Apialerte (comptage d’abeilles par vidéo, co-développé avec Apilab et l’Inra, qui permet d’évaluer la bonne santé des essaims en fonction des entrées et sorties et modes de vol). Le service comprend non seulement la collecte des données, mais aussi leur sécurisation et leur analyse, l’édification d’indicateurs environnementaux personnalisés et la création d’une WebTV permettant de rebondir sur les informations, les diffuser et sensibiliser le public en interne ou en externe. A noter qu’en cas d’alerte sur la santé des abeilles, suite à l’observation vidéo, une prestation de diagnostic approfondie est proposée avec Apilab (l’offre Apidiag) qui permet d’analyser les causes du problème (pesticides, particules, métaux lourds etc.). L’offre de base est commercialisée avec une part d’investissement (15 500 € dont les ruches) et des services annuels (5 200 €). Le groupe Vacher qui développe la technologie 3Wayste a inauguré il y a quelques jours la première usine mettant en œuvre sa technologie brevetée de tri et valorisation avancés des poubelles grises. C’est l’écopôle Altriom du Puy-en-Velay qui devient donc la vitrine du savoir faire de Vacher dans cette stratégie de valorisation matière (emballages recyclables extraits, matières organiques séparées) et combustibles (combustibles de substitution) des poubelles non triées au départ par les usagers. Et fait ainsi la démonstration de la possibilité d’alternatives à l’enfouissement ou à l’incinération directe pour ces volumes de déchets non triés. > [email protected] A l’occasion d’une journée technique organisée par l’association Constructions & Bioressources, l’’ENSAM (Campus de Cluny) et le CSTB ont annoncé avec l’association C&B le lancement d’une mission d’accompagnement dédiée aux entreprises innovantes de Bourgogne dans le domaine du bâtiment. Ce dispositif vise à fournir un appui personnalisé aux PME et TPE du secteur pour faciliter les démarches innovantes en particulier leur finalisation et leur accès au marché. L’un des points clés est d’apporter et d’orienter une évaluation technique des produits et procédés nouveaux (performance et aptitude à l’emploi) pour offrir au marché un gage objectif de crédibilité et de sécurité des produits innovants. Il s’agit aussi d’aborder très tôt cette phase d’évaluation des développements innovants pour optimiser la maturation des nouveaux produits et procédés. > http://www.constructions-bioressources.org/ Sita a inauguré il y a quelques jours une nouvelle ligne de tri haute technologie dans son usine de Régène Atlantique à Bayonne, usine de recyclage des plastiques. Cette unité offre un tri plus fin des plastiques (par exemple la séparation des bouteilles selons deux couleurs, bleu clair et mélangé) et donc une production de matières premières recyclées de plus forte valeur ajoutée. Elle permet notamment d’adresser avec les déchets de bouteilles PET les marchés industriels des fibres (par exemple pour le rembourrage et l’isolation, les moquettes pour l’automobile), des bouteilles et feuilles plastiques. Fusion / acquisition Le groupe Chimirec poursuit sa stratégie d’élargissement de ses activités et d’accentuation de l’offre de valorisation des déchets industriels, en annonçant l’implantation sur son site de Beaucaire d’un procédé de régénération des liquides de refroidissement usagés (LRU). Cette unité a une capacité de régénération de 1 000 tonnes de LRU, qui complète le volume de 5 000 tonnes déjà traité sur Chimirec PPM (technologie développée en 2007). Ce traitement consiste notamment en un filtration fine (ultrafiltration fine) qui permet d’épurer et clarifier le glycol dilué et usagé, sans le dénaturer, permettant un recyclage du produit, Le nouveau groupe Sillia VL, né du regroupement de Sillia Energie à Lannion et de Bosch Solar à Venissieux, a été lancé officiellement le 16 juin. L’usine de Vénissieux qui été à l’arrêt depuis 7 mois redémarre ainsi depuis quelques jours avec 128 salariés. Sofie, holding du groupe électronique Elvia, a été le moteur du projet, en partenariat avec Urbasolar et le soutien des pouvoirs publics et du groupe Bosch. La capacité de production du groupe ainsi formé est avec les deux sites de 1 000 000 de panneaux, soit une puissance de 260 MWc, créant de fait le leader français des producteurs de modules. Le pôle NEU du groupe SFPI a inauguré à côté de Lille son nouveau centre d’essais et de formation aéraulique. Ce centre de 1 000 m2 a pour vocation d’effectuer des essais, mesures et contrôles sur des systèmes et équipements mettant en œuvre différentes techniques d’utilisation de l’air en industrie. On pourra y simuler toutes les solutions de traitement d’air et de process utilisant la force aéraulique, qu’il s’agisse de technique de protection de l’environnement ou des opérateurs (métier de Delta Neu) ou de transport pneumatique (métier de Neu International Process). Neu Automation s’appuiera également sur ce centre pour mettre au point ses programmes d’automatisation des process développés. Cet outil sera enfin un appui important aux opérations de formation aux techniques de l’air, développés dans le groupe. Co-Clicquot Éditions Siège social et rédaction : 5, clos fleuri - 76 113 Sahurs, RCS Rouen 524709011 Rédactrice en chef : Cécile Clicquot de Mentque, tél. : 02 35 32 65 39 [email protected] Abonnez-vous sur www.green-news-techno.net > Pour 1 destinataire : 489 € HT > Pour 4 destinataires* : 759 € HT Abonnement pour une année : 32 Tarifs spéciaux collectivités, TPE, universités etc. : consultez le site Nouvelle structure numéros *4 destinataires d’une même entreprise Service commercial / abonnement : Tél : 02 35 32 65 39 [email protected] Directeur de la Publication : Jean-François Capo Canellas Maquette : fx Ponchel – www.fxponchel.fr 32 numéros par an, diffusé exclusivement par abonnement. 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