Éditorial - Green News Techno

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Éditorial - Green News Techno
24 juin 2014 —
N° 137
Stratégies & veille technologiques en environnement
Éditorial
Santé et transition écologique : le couple à ne pas négliger
Selon les données du Centre international de recherche contre le cancer, relayées il y a quelques jours par le réseau Environnement Santé
(RES), la France est le premier pays au monde pour l’incidence des
cancers hormono-dépendants (sein et prostate) et des cancers masculins. Parallèlement, la croissance des maladies chroniques en général,
les cancers mais aussi les diabètes, pathologies cardio-vasculaires ou
respiratoires, ne peut s’expliquer par les seuls facteurs de vieillissement, de dépistage amélioré ou de mode de vie : « l’environnement
est en cause » explique clairement le RES qui regrette que cette crise
sanitaire soit encore largement niée. Le plan Cancer par exemple ne
parle pas de ce lien plus que probable et les perturbateurs endocriniens
qui sont « la principale hypothèse explicative » ne sont mentionnés
que marginalement. Alors certes, une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens a été définie et fin avril, la ministre de l’Ecologie et du développement durable a annoncé des décisions concrètes :
l’élimination du bisphénol A des tickets de caisse, le contrôle des phtalates dans les jouets et l’accélération de la substitution du BPA avec
une proposition de réviser la directive jouets, et enfin l’expertise de
cinq nouvelles substances. Il y a donc, comme on le mentionnait déjà
en février (GNT n°125), une orientation réelle sur ce sujet mais qu’il
conviendrait de renforcer. D’autant qu’il y a un problème à résoudre
au plan européen. On attendait depuis plusieurs mois la publication
d’une feuille de route permettant de définir les critères d’identification
des perturbateurs endocriniens et on craignait que cette définition soit
associée à des principes d’évaluation des risques et non au caractère
intrinsèque des molécules. Publiée le 17 juin, cette fameuse feuille
de route a confirmé ce que redoutaient les experts de ces questions
sanitaires : la définition même du PE sera liée à des notions de seuil
et de dosage (appelées « risque négligeable » dans le texte) mais
aussi à des critères socio-économiques. Outre de dénoncer des démarches lobbyistes d’industriels qui vont à l’encontre des décisions
votées en 2009 par le Parlement et le conseil européen, les experts
associatifs et scientifiques en santé environnementale soulignent les
erreurs d’appréciation du problème. « Les effets à faible dose des
PE ne sont pas une hypothèse, ils ont été largement décrits dans la
littérature scientifique », rappelle notamment Générations Futures. Il
suffit même d’une très faible dose au « mauvais moment » pour
induire des conséquences sanitaires fortes. Sans compter qu’au plan
économique et stratégique, le calcul fait n’est qu’une illusion de court
terme. Eu égard au coût sanitaire de la multiplication des pathologies
(en milliards d’euros), renoncer à prendre des décisions fortes revient
à se tirer une balle dans le pied. Sans compter enfin le signal négatif
envoyé en matière de recherche et d’innovation (en contrôle, substitution etc.) qui lui aussi peut se traduire économiquement à terme.
Sommaire :
Acteurs
p. 2/5
Développement industriel
. . . . . . . . . . ..................
• Première chaufferie opérationnelle pour
AgroNergy : Une chaufferie biomasse alimentée par des agro-pellets
• Référence de choix pour DualSun : 300 m2
de panneaux hybrides implantés
À suivre...
• Concours de création d’entreprises
Start-up
• Premières start-up sélectionnées pour
l’incubateur « respirer dans la ville »
Air Serenity, Natural Grass, AirBoxLab
• Cinq start-up de la filière bois lèvent des
fonds : 1,2 M€ pour Celodev, Pe@rl, Estera et
• Vers la cellule solaire réversible ?
Tecsathermiquee et Tecsafinance
À suivre...
• Vitrine technologique en dessalement :
Première référence industrielle pour Adionics
avec Degrémont
Filière
• Bio-matériaux : exploiter le potentiel du
miscanthus
• Etude de faisabilité d’une plateforme de
transformation du miscanthus
Technologies
. . . . . . . . . . . .
p. 6/7
Énergie
• La tuile solaire thermique en ardoises
répond aux usages français
Éco-produits / Éco-matériaux
• Béton 100 % recyclé
• Produit hydrofugeant en phase aqueuse
• Du lin dans les skateboards
Brevets
A retenir
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .
p. 7
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .
p. 8
• Développements industriels : Azimut Monitoring, Chimirec, Vacher/3Wayste, Sita
• Fusion/acquisition : Sillia VL
• Initiative : innovation bâtiment
• Nouvelle structure : centre d’essais en
aéraulique
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Acteurs
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Développement industriel
Première chaufferie opérationnelle pour AgroNergy
Dans quelques jours, AgroNergy inaugurera
à Brindas (Rhône) sa première chaufferie à
agro-granulés, une unité de 110 kW alimentant des serres agricoles. Une étape pour cette
start-up créée en mai 2013 qui vise pour 2014
la conclusion d’une dizaine de contrats dont
un, bien avancé en discussion, avec une première ville, déjà dotée d’un réseau de chaleur
biomasse et qui pourrait recourir à la solution
AgroNergy pour les sites non raccordés. Incubée par Paris Incubateurs (Nord Express), AgroNergy s’est fixée pour ambition de développer une offre de service en énergie biomasse
permettant aux usagers (bureaux, maisons de
retraite, grandes surfaces, co-propriétés, serres
agricoles..) de bénéficier d’une offre compétitive de chauffage renouvelable sans investissements de départ. Il s’agit en effet de proposer l’implantation de chaudières biomasse (de
100 à 1 000 kW) et de vendre simplement la
chaleur. La spécificité du concept est que ces
chaudières seront alimentées par des agro-
pellets, c’est-à-dire des granulés combustibles
produits à partir de co-produits agricoles (poussières de céréales, rafles de maïs, déchets de
betterave etc.) et non à partir de bois, ce qui
réduit le coût à valeur énergétique identique.
Pour cela, AgroNergy s’appuie sur les compétences technologiques d’un de ses actionnaires, Ragt Energie, qui a mis au point depuis
plusieurs années un procédé de production de
ces agro-pellets qui permet de s’adapter aux
ressources disponibles localement (trouver
la bonne formulation entre les matières premières pour chaque configuration locale) et de
garantir une bonne combustion. En particulier
sur ce point, la technologie Calys développée
par Ragt Energie s’appuie sur des additifs minéraux qui permettent d’avoir une maîtrise des
températures de fusion et une diminution des
émissions corrosives liées à ce type de ressources (présence de chlore et de soufre dans
les matières premières agricoles). Ce modèle
économique, sans investissement et avec une
ressource énergétique peu coûteuse (car peu
ou mal valorisée par ailleurs), devrait représenter une économie de 40 % sur 15 ans pour
les utilisateurs.
Le challenge pour AgroNergy est donc non
seulement d’identifier des clients pour son
offre de chaleur renouvelable mais surtout
de susciter la structuration des filières locales
d’approvisionnement et de production d’agropellets, en s’appuyant sur l’expertise de Ragt
Energie pour la formulation des combustibles,
pour garantir l’alimentation de ses chaudières.
Un vrai travail territorial sur l’économie circulaire qui a séduit l’accélérateur KIC InnoEnergy
mais aussi nos confrères de Challenge qui
avaient en avril dernier sélectionné l’entreprise
dans son palmarès 2014 des start-up où investir (1 M€ recherchés).
AgroNergy > 06 59 11 56 00
> [email protected]
Ragt Energie > 05 63 36 91 46
Référence de choix pour DualSun
Solaire2G qui développe depuis quelques années son offre de panneaux solaires hybrides
DualSun totalement intégrés (et pas une
superposition de panneaux PV et thermique)
vient de passer indéniablement une étape
cruciale dans le déploiement de sa technologie. Après quelques opérations pilotes, mettant en œuvre à chaque fois une poignée de
panneaux hybrides (jusqu’à 22 dans un logement collectif marseillais), c’est à une autre
échelle qu’intervient l’entreprise marseillaise
dans le projet de rénovation du siège social
du groupe Bouygues Construction, Challenger, en région parisienne. Solaire2G a
en effet fourni 180 panneaux Dualsun (soit
300 m2) qui pourront couvrir 70 % de l’eau
chaude sanitaire de Challenger (restaurant,
club de direction et gymnase) et permettront
par ailleurs d’améliorer le rendement photovoltaïque de 10 % grâce à l’effet de refroidissement des cellules (sécurisant aussi mieux
l’auto-consommation du site). L’installation
s’intègre dans un projet de rénovation à
énergie positive et remplace l’équivalent de
420 m2 de panneaux thermiques, en apportant d’une part une esthétique plus grande
(pas de décalage visuel avec le reste de l’installation photovoltaïque) et une plus grande
simplicité d’usage. En effet, par rapport à des
panneaux thermiques classiques qui peuvent
subir des surchauffes dans les périodes de
moindre activité (notamment le week-end),
la technologie Dualsun affiche une température de stagnation qui ne dépasse pas les
75 °C, permettant de s’affranchir des problèmes de dégradation du fluide caloporteur
et donc des dispositifs complexes de purge
qu’il convient de mettre en œuvre dans
les installations traditionnelles thermiques.
A noter que la centrale a été conçue pour
pouvoir être relayée par la boucle d’eau géothermique quand il y a moins ou pas de soleil
mais aussi pour participer à un rafraîchissement de cette même boucle d’eau géothermique pendant les nuits de périodes chaudes
(fonction inversée d’échange de chaleur).
Cette réalisation qui vient d’être achevée
avec la pose du dernier panneau Dualsun le
12 juin met donc en exergue tout le potentiel
de la technologie de Solaire2G et marque de
fait un tournant dans le développement de
la start-up.
up Bio-Bean Ltd (projet de l’University College
London) porte par exemple sur la conception
de biocarburants à partir de déchets de café.
Edenworks (Université de New-York) s’intéresse à l’aquaponie dans un contexte de production agricole urbaine. Enfin deux projets sur
les capteurs industriels permettant un meilleur
suivi et anticipation des process sont à retenir :
Bearing Analytics qui développe des capteurs
sans fil pour la surveillance de l’équipement
industriel et Konux (start-up créée en mars et
basée à Munich) sur une nouvelle génération
de capteurs opto-mécaniques. A noter que sur
les 40 autres projets nominés en phase finale
du concours, huit ont également une vision environnementale : dans le stockage d’énergie,
le traitement d’eau, la gestion de données des
drones, l’éclairage intelligent, les bio-murs, les
parking ou bâtiment intelligents etc.
> www.founder.org
Solaire2G/ Dualsun > 04 13 41 53 71
À suivre...
Concours de création d’entreprises
Le programme de création d’entreprise Founder.org créé en 2012 par un ancien investisseur
en capital-risque, Michael Baum, et destiné aux
étudiants entrepreneurs du monde entier, a
rendu publique la liste des dix bénéficiaires de
la subvention de 100 000 $ pour la promotion
2015 d’étudiants de 2ème année. Sur cette
sélection, quatre lauréats ont un intérêt écotechnologique direct ou stratégique. La start-
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Acteurs
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Start-up
Premières start-up sélectionnées pour l’incubateur « respirer
dans la ville »
Il y a quelques jours a été inauguré l’incubateur « Respirer en ville », lancé par Paris
Region Lab et le i-lab d’Air liquide. Il accueille
trois start-up qui ont été sélectionnées à
la suite de l’appel à candidatures. Dans le
domaine de l’environnement externe de la
ville a été retenue la société Natural Grass
qui avait été nominée en 2013 au grand prix
de l’innovation de la ville de Paris (cf. GNT
n°114). Cette entreprise développe rappelons-le des surfaces végétalisées caractérisées par une résistance importante au piétinement mais très légères grâce au substrat
innovant utilisé (mélange de granulés de
lliège, de sable et de microfibres). Après les
surfaces sportives, Natural Grass s’est attaqué
au marché urbain, avec l’offre CityNest, pour
proposer la végétalisation de surfaces plus
contraignantes : non seulement les zones de
circulation et parking, mais aussi tout type
de toiture (sans contrainte de résistance), les
murs, les pieds d’arbre etc.
Les deux autres sélectionnés sont des startup complémentaires dans le champ d’activité
de l’air intérieur. Air Serenity intervient ainsi
en traitement avec une offre technologique
très avancée qui met en œuvre à la fois un
média d’adsorption des polluants et une
technologie de régénération de ce média à
base de plasma froid. La start-up s’apprête
à sortir un premier purificateur d’air pour
l’habitat tout en poursuivant une stratégie
d’intégration de sa cartouche dans d’autres
équipements du marché (voir notre article
complet dans GNT n°105).
L’autre société retenue pour intégrer l’incubateur est AirBoxLab, créée en 2013, avec
l’objectif de proposer au marché grand public
un outil de monitoring avancé de la qualité
de l’air intérieur, et en continu. Cette start-up
qui était d’ailleurs présente au dernier salon
Innovact a tout d’abord conçu un appareil,
baptisé Alima, qui intègre une série de capteurs pour suivre les paramètres classiques
(Co, CO2, humidité, température) mais aussi
les COV totaux (avec une technologie MEMS
en nanomatériau qui permet une mesure très
fine) et les particules. Mais ce qui fait le différentiel d’Alima n’est pas tant l’outil de collecte des données que son caractère communicant et les capacités d’analyse des données
qui sont associées. L’objectif n’est pas seulement d’indiquer à l’usager la qualité de l’air
(avec un code couleur pris par l’appareil de
mesure ou sur application mobile), mais de
permettre une anticipation de l’évolution de
cette qualité de l’ambiance intérieure et ainsi
contribuer à faire évoluer les comportements
personnels. Cela est rendu possible par un
algorithme de prédiction qui s’appuie sur
l’élaboration dans les premières semaines
d’usage de l’Alima d’un profil personnalisé
(modèle de pollution en quelques sortes),
totalement associé au bâtiment et au style
de vie de chacun. Cette connaissance acquise
permet donc d’anticiper des pics de pollution
et de générer des alertes pouvant susciter
des modifications de comportements. « L’enjeu n’est donc pas seulement d’informer mais
bien de donner les moyens de faire baisser
les taux d’exposition à la pollution » explique
Jacques Touillon, le fondateur de l’entreprise.
L’entreprise sera bien sûr en capacité de
fournir des services d’accompagnement et
de conseil personnalisés et l’utilisateur pourra partager avec d’autres usagers au profil
identique les retours d’expérience et être
stimulé par des opérations de challenging.
A terme, au-delà des fonctions de monitoring, l’appareil communicant pourra de fait
être aussi un appui au pilotage des dispositifs
d’air conditionné, de ventilation ou d’appareils de purification d’air. Il est aussi question
de décliner d’autres capteurs qui permettront
d’aller chercher aussi les sources de pollution
plus précisément et les qualifier.
AirBoxLab a mené une opération de bétatest avec une centaine de sites pilotes dans
24 pays (via une opération de crowdfunding
à l’été 2013), dans le but notamment d’optimiser le produit et le service associé et se
préparer à l’industrialisation. C’est dans cette
phase pré-industrielle que se situe donc aujourd’hui AirBoxLab qui a pour objectif d’être
opérationnelle au plan commercial à partir
de cet automne.
Cinq start-up de la filière bois lèvent des fonds
Depuis 4 ans, les forestiers investisseurs de
Forinvest Business Angels ont investi près près
de 4 M€ dans 14 entreprises de la filière bois.
Les dernières opérations menées sur 2014
portent à elles-seules sur 1,2 M€, alors même
que l’année n’est pas finie. Les 5 bénéficiaires
sont Celodev, Pe@rl, Estera, TecsaThermique
et TecsaFinance. Celodev, société créée en
2007 développe des enzymes (cocktail à
façon) permettant de traiter à moindre coût
et de manière naturelle les fibres de cellulose
dans l’industrie papetière, par exemple en réduisant l’énergie consommée, en améliorant
les étapes de désencrage, la qualité mécanique du papier, en augmentation la rapidité
du process etc. (voir notre article dans GNT
n°29 en mai 2011). Celodev a levé 600 k€
dont 270 k€ auprès de 30 BA. La société
limousine Pe@rl a développé pour sa part un
procédé de dépollution des eaux chargées en
métaux lourds mettant en œuvre des écorces
de bois (procédé par biosorption sur « écorces
activées »- cf. GNT n°104). La levée de fonds
que GNT évoquait en mars (GNT n°127) s’est
donc confirmée à hauteur de 800 k€ (dont
450 k€ par 50 BA). Dans le domaine de la
biomasse énergie, deux entreprises ont été
retenues : Estera (vente directe d’énergie bois
produite par des chaudières mobiles alimentées en plaquettes forestières – 1,3 M€ dont
150 k€ auprès de 13 BA) et Tecsathermique,
qui fabrique des bûches en bois densifié et
des absorbants pour laboratoires et litières
(180 k€). Le dernier investissement (200 k€)
est celui dans TecsaFinance, holding de PME
dans le domaine plus traditionnel du travail du
bois (sciage, ossatures charpentes, parquets).
Celle-ci vient d’être officialisée : Degrémont
(Suez Environnement) est sélectionnée par
Masdar pour la construction d’un projet pilote de dessalement « éco-énergétique » à
Abou Dhabi. L’unité intègrera la technologie
AquaOmnes de déionisation liquide/liquide
en combinaison avec d’autres améliora-
tions en filtration (Ultrafiltration et osmose
inverse) apportées par Dow Water and Process solution. La maîtrise énergétique permise par cette combinaison technique et notamment par le procédé Adionics, autorisera
l’alimentation de l’unité par des énergies
renouvelables.
> www.forinvest-ba.fr
À suivre...
Vitrine technologique en dessalement
Il y a quelques semaines (GNT n°13319 mai), la start-up Adionics nous indiquait qu’une annonce était attendue avec
un partenaire industriel pour une montée à
l’échelle de son procédé d’extraction de sels
dans l’eau par absorption liquide-liquide.
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Filière
Bio-matériaux : exploiter le potentiel du miscanthus
Depuis plusieurs années qu’est évoqué le déploiement d’une filière miscanthus en France, c’est essentiellement
pour des usages énergétiques (combustibles de type pellets par exemple) ou pour des usages assez simples
de type litière et paillage. Cette plante non vivrière, capable de pousser sur des sols dégradés sans nécessiter
d’intrants spécifiques, recèle pourtant bien d’autres atouts qu’il convient de valoriser, en particulier dans le
domaine des matériaux (biomatériaux pour la construction ou bio-composites). Point sur la mise en place de la
filière en Ile-de-France.
Il paraît évident qu’une ambition de filière
ne peut pas s’appuyer sur un seul type de
débouchés, fut-il sur un créneau porteur
comme celui de la biomasse énergie. Il est
d’ailleurs clair que cela n’a pas totalement
convaincu jusqu’à présent puisque moins de
4 000 ha ont été plantés à ce jour en France
en Miscanthus.
Il y a donc des initiatives technologiques qui
sont portées, illustrant le potentiel du miscanthus comme matière première. C’est le
cas avec la start-up Biomiscanthus France
Holding actuellement en passage industriel
à Mende et dont le savoir faire permet de
produire un bioplastique essentiellement
basé sur le miscanthus et destiné à cibler
les applications équivalentes à elles du PLA
aujourd’hui (voir notre article dans GNT
n°118). Mais individuellement de tels projets manquent de poids pour tirer réellement
toute une filière nouvelle au plan national.
Pour une culture totalement nouvelle, ne
connaissant pas d’autres usages précédemment (contrairement au lin ou au chanvre
par exemple), construire une filière se révèle
complexe : il faut réussir à mobiliser conjointement le secteur agricole et coopératif et
à l’autre bout de la chaîne le milieu industriel susceptible de générer les débouchés
pérennes, avec au centre des capacités
scientifiques et techniques pour optimiser
l’ensemble des étapes de la filière, et des
acteurs territoriaux pour accompagner le
déploiement. Cette réflexion de filière a été
menée très tôt en Ile-de-France, dès 2007.
Des agriculteurs ont été incités à planter des
surfaces en miscanthus, avec l’idée dans un
premier temps d’adresser la filière énergétique mais avec en tête une vision à terme
de diversification des débouchés et de création de valeur notamment dans les matériaux biosourcés. Cette vision s’est concrétisée en 2012 par le lancement du projet BFF
(Biomasse pour le futur), porté scientifiquement par l’Inra dans le cadre du programme
d’investissements d’avenir. Ce projet qui
dans sa première version présentée en 2010
visait seulement à travailler sur la sélection
et l’évolution variétale des plantes d’intérêt
pour les biomatériaux et la chimie du végétal
(et l’élaboration de nouveaux matériaux), a
rassemblé pour son lancement en 2012 tout
le panel des acteurs nécessaires à la structuration réelle d’une filière. Ainsi des industriels sont capables d’exprimer leurs attentes
(cahier des charges attendus pour les futurs
matériaux biosourcés ou chargés en fibres)
mais aussi les contraintes de process pour
orienter les équipes de recherche dans leurs
travaux sur les plantes et réciproquement,
une ouverture vers des opportunités nouvelles de développement peuvent se faire
jour pour les industriels sur la base des avancées scientifiques. Ce dialogue permanent
entre différents acteurs est complété par une
prise en compte des contraintes culturales,
techniques et économiques ou des objectifs
territoriaux de reconquête de certains sols
notamment. Il s’agit de définir les caractéristiques de sols autorisant une bonne croissance du miscanthus ou les propriétés des
variétés à opérer une phyto-stabilisation de
certains polluants quand les sols utilisés sont
dégradés ou pollués. L’idée est donc de faire
travailler conjointement et parallèlement
les différents acteurs de la chaîne de valeur
pour converger ensemble vers une filière
où les volumes d’approvisionnement et des
produits en aval, les qualités obtenues et les
équilibres économiques seront satisfaisants
pour tous, et donc pérennes.
Depuis janvier 2013, l’association Biomis 3G
a été créée pour animer cette réflexion continue et croisée entre les acteurs de la filière
et commencer à définir les organisations en
Ile-de-France (et bientôt sur l’ensemble de
l’axe Seine, incluant la Normandie). Il y a
quelques jours, le projet BFF et Biomis 3G
ont ainsi pu présenter un rapport d’étape
de leur démarche qui s’étalera jusqu’en
2019-2020. Déjà sur la base d’une première
génération variétale de miscanthus (celle
couramment utilisée aujourd’hui), deux débouchés ont été étudiés et pré-développés.
D’une part dans le secteur du bâtiment avec
Alkern et Ciments Calcia (et Armines pour
l’appui scientifique), un bloc béton-fibres de
miscanthus (60 % fibres), donc allégé a été
présenté, mettant en valeur non seulement
des propriétés thermiques et acoustiques
mais également mécaniques puisque ce
bloc est auto-porteur. L’objectif est maintenant d’aller vers 80 ou 90 % de fibres en
conservant le caractère auto-porteur, un défi
rendu possible par l’excellente rigidité de la
fibre de miscanthus. Cette même propriété
de rigidité est également particulièrement
apprécié dans les approches bio-composites
qui sont étudiées avec Faurecia, PSA et Addiplast. Elle permet en effet de simplifier le
passage dans l’extrudeuse et de conserver
ces propriétés de rigidité dans le matériau
final, quand d’autres fibres ont tendance à
« s’emmêler » et perdre en performances
mécaniques. L’un des défis de ce projet est
d’augmenter la résistance en température
du biocomposite pour permettre son utilisation pour des pièces proches du moteur.
Des premières pièces fibres-thermoplastique devraient être produites pour des
essais cet été par Addiplast, une communication scientifique sur ces premiers résultats étant d’ores et déjà prévue à l’automne
à l’occasion du congrès annuel BFF-Biomis
3G. L’intégration de fibres de miscanthus
dans des résines thermodurcissables est
également dans la roadmap des équipes
engagées sur ce projet.
Au-delà des pistes d’application finales
(qui devraient d’ailleurs s’ouvrir dans les
prochaines années sur les biomolécules),
bien d’autres travaux scientifiques et techniques sont menés parallèlement. C’est le
cas notamment avec une attention particulière mise sur les opérations de défibrage
pour lesquelles des pistes sont identifiées
pour disposer d’une méthode simple, peu
impactante pour les fibres et respectueuse
de l’environnement. Mais c’est surtout sur
l’évolution variétale qu’un saut scientifique
peut s’opérer pour consolider à terme toute
la filière. Les chercheurs des différentes
équipes engagées (Inra, Arvalis, Cirad...)
ont passé en revue 21 variétés différentes
de miscanthus, décortiqué leurs propriétés
et structures, pour imager ensuite les croisements les plus pertinents pour répondre
aux différents enjeux de l’ensemble de la
filière (culture, défibrage, propriétés finales
applicatives). L’idée serait de parvenir à
définir une poignée de variétés ayant des
vocations plus affirmées pour certains débouchés. A noter que si disposer d’une seule
variété capable de répondre aux différents
marché peut paraître un idéal, conserver
une diversité est aussi une exigence pour
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Filière
Bio-matériaux : exploiter le potentiel du miscanthus
se prémunir de l’apparition d’un ravageur
qui pourrait compromettre toute la filière
d’un seul coup. A ce jour, les chercheurs ont
déjà bien en tête les orientations qui fonderont la deuxième génération variétale,
qui pourrait donc devenir une réalité agricole d’ici trois ans (8 à 10 ans sans doute
pour la génération suivante). On soulignera
que cette préoccupation d’évolution variétale inclut totalement les exigences économiques et techniques de la mise en culture.
L’un des objectifs, y compris sur la génération actuelle de miscanthus, est de faciliter
et sécuriser la culture. Faciliter en réduisant
les coûts, via notamment une stratégie de
culture par semence et non par rhizomes.
Et sécuriser aussi en disposant de variétés
connaissant moins d’aléas sur la reprise des
rhizomes plantés (aujourd’hui forte perte sur
ce qui est planté la première année).
Le travail engagé depuis 2012 au sein de BFF,
avec en outre le retour des années précédentes de chacun des acteurs, fait ainsi clairement ressortir des éléments scientifiques,
techniques et organisationnels probants qui
confortent la vision d’une filière miscanthus
sur l’axe Seine. Ce projet structurant prévoit
aussi de maintenir une réflexion ouverte sur
divers autres débouchés : outre les biomolécules déjà évoquées, les acteurs de Biomis
3G sont ouverts à la question des co-valorisations avec d’autres fibres végétales, de
même qu’ils sont attentifs à la consolida-
(suite)
tion des usages plus traditionnels (énergie et matériau de litière). Une réflexion
s’engage par exemple sur la méthanisation
des fumiers issus de l’utilisation de miscanthus en paillage d’élevage pour disposer de
moyens de consolider ce débouché (projet
sur les fumiers équins). A rappeler enfin que
le projet BFF cible parallèlement la culture
de sorgho) dans le même esprit de diversification des usages (en particulier dans le
Sud de la France, et devrait donc aussi voir
émerger une démarche structurante multipartenariale sur cette autre plante dans les
prochains mois.
Biomis 3G, Bernard Courtin, Délégué général,
> [email protected]
À suivre...
Etude de faisabilité d’une plateforme de transformation du miscanthus
La mise en place d’une filière de miscanthus
en France qui ne soit pas exclusivement orientée sur des applications énergie ou d’usage
simple (paillage ou litière) repose sur une
maîtrise qualitative des fibres, granulats, particules ou farines qui peuvent être proposés
aux nouveaux marchés des matériaux, que
ce soit pour faire des matériaux isolants, des
panneaux structuraux, du béton fibré ou des
composites à matrice polymère. Dans un esprit
assez complémentaire des réflexions engagées
en Ile-de-France, la plateforme de R&D Fibres
Recherche Développement (qui représente à
travers ses adhérents fondateurs environ 15 %
des productions de plantes à fibres en France)
s’est penchée sur cette question de l’adéquation entre la ressource actuelle de miscanthus
(variété commune utilisée) et les cahiers des
charges potentiels des industriels pouvant la
mettre en œuvre, et sur les moyens technologiques éventuellement à mettre en place pour
construire cette filière d’approvisionnement à
plus forte valeur ajoutée. C’est à la demande
d’un de ses adhérents, InVivo, que FRD a mené
cette étude (intégrant la faisabilité d’une plateforme de pré-traitement du matériau) dont
les résultats ont été présentés à l’occasion
de la récente convention Sinal à Chalons-enChampagne.
Deux constats ressortent tout d’abord. D’une
part, pour rappel, il existe un vrai potentiel
de valorisation des fibres de miscanthus dans
les matériaux. Des essais ont montré l’intérêt
de valoriser à la fois les propriétés de rigidité et de structure plus aérée du miscanthus
dans des panneaux ou béton pour le bâtiment
(effets d’isolation et de résistance combinés).
De même dans les process de la plasturgie,
le miscanthus pourrait s’avérer plus simple à
manipuler que d’autres fibres naturelles telles
que le lin ou le chanvre (et moins cher). Cela
dit, FRD a aussi constaté en approfondissant
les attentes des industriels en matière de
cahier des charges techniques (en s’appuyant
sur les expériences eues avec d’autres ressources végétales), que le miscanthus tel qu’il
est disponible à ce jour en sortie de champ
(caractérisé en détail dans l’étude) ou de plateformes actuelles (pensées pour le paillage
ou les combustibles) n’est pas en adéquation avec ces exigences. Pour convaincre les
industriels utilisateurs de sauter le pas et par
ailleurs consolider les débouchés des agriculteurs producteurs de miscanthus, il convenait
donc d’étudier la route technologique à mettre
en place pour faciliter cette liaison entre ressources et marchés applicatifs à valeur ajoutée. Point intéressant, l’étude de FRD a montré
que les étapes nécessaires pour affiner l’offre
produits en miscanthus reposaient sur des
équipements existants sur le marché, ce qui
évite tout verrou technique et facilite les estimations financières d’investissement, de rendement et de coût de fonctionnement. Ainsi
pour répondre aux exigences techniques en
matière de farines, de fibres, de particules ou
de granulats pour les différents marchés étudiés, une combinaison d’étapes de broyage,
broyage fin, purification, calibration et fonctionnalisation s’avère nécessaire et a été
validée. Cet enchaînement permet de pallier
les problèmes d’hétérogénéité des fractions
récoltées, mais aussi les problèmes de fines,
de longueurs de brins, de présence de feuilles
ou encore d’état de surface des fibres (qui ont
naturellement un taux de surfaces lisses éle-
vé, ce qui n’est favorable aux interfaces avec
les matrices des matériaux). Sur cette base,
FRD est aujourd’hui en mesure d’établir des
cahiers de charge pour les volumes en sortie
de champ et pour les produits semi-finis destinés aux marchés applicatifs.
L’étude de faisabilité menée est allée au-delà
des critères techniques, définissant les tailles de
plateformes cohérentes en fonction à la fois de
la taille du bassin d’approvisionnement et des
critères techniques des équipements à mettre
en œuvre (capacités, rendements etc.). Trois
modèles s’avèrent ainsi possibles économiquement et techniquement : une unité à 1 2001 500 T de miscanthus annuel traités (100 ha
environ cultivés), une taille intermédiaire entre
3 600 et 4 500 t/an (environ 300 ha), soit enfin
une plateforme ciblant 750 ha d’exploitations
et 9 000 t/an de matière traitée. Sur ce dernier
scénario, un investissement de 1,5 M€ serait
alors nécessaire pour un chiffre d’affaires d’environ 2,5 M€, sachant en outre que certains
des équipements de l’unité pourraient servir
sur d’autres ressources (telles que le colza).
Il y a donc dans ce travail mené par Fibres
Recherche Développement des éléments probants pour accélérer le déploiement d’une
filière miscanthus cohérente et à valeur ajoutée, la difficulté étant cependant aujourd’hui
d’impulser l’initiative d’un tel investissement
(même s’il reste accessible), sans lequel pourtant le marché aval aura du mal à se lancer.
Une stratégie de filière qui impose sans doute
de faire bouger les lignes entre les acteurs et
décideurs territoriaux et économiques.
FRD, Nicolas Da Silva, chargé de projet
Matériaux > 03 25 83 41 90
Pensez à consulter en ligne sur www.green-news-techno.net
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24 juin 2014
Technologies
N°137
© Green News Techno
Énergie
La tuile solaire thermique en ardoises
répond aux usages français
Dans le domaine solaire en France, solaire
thermique ou photovoltaïque, l’intégration esthétique en toiture a toujours été un défi visant
à lever certains freins d’accès au marché, en
particulier pour les bâtiments et maisons dont
la valeur architecturale est grande ou pour
des zones réglementées par les Bâtiments de
France. Et dans ce contexte, les toitures en
ardoises étaient assez mal loties. Du moins
jusqu’à l’annonce en 2011 par le groupe Cupa
du développement de la tuile Thermoslate. Ce
panneau solaire thermique mettait en effet
en œuvre de vraies ardoises pour servir de
collecteur thermique, dans une structure sous
laquelle circulait le fluide caloporteur (cf. GNT
n°48 du 11 décembre 2011). Impossible dans
ce cas là de déceler le toit du panneau : l’idéal
de l’intégration. Bien que déjà finalisé au plan
industriel en Espagne, ce panneau thermique
ne répondait pas totalement aux habitudes de
pose de l’ardoise en France et aux DTU associés. Il a donc été nécessaire pour Cupa France
de poursuivre avec sa maison mère le développement du produit et surtout obtenir l’avis
technique validant la parfaite adéquation du
panneau avec les obligations nationales. C’est
donc ce qui a été fait sur 2012 avec une modification du système d’intégration en couverture
amenant à la délivrance de l’avis technique en
mai 2013 (validation de l’étanchéité, conformité au DTU, jusqu’à 13° de pente seulement).
Cupa France a ainsi pu entamer sa phase commerciale en France et enregistrer une dizaine
de chantiers, tant en neuf qu’en rénovation.
Le développement de la version 2 de la Thermoslate a cependant intégré bien plus qu’une
adaptation du système d’intégration du panneau avec le reste de la couverture, en améliorant aussi le rendement énergétique du
dispositif. En effet, dans la première version,
les ardoises étaient collées avec une résine
conductrice thermique sur une plaque d’aluminium sous laquelle passait un circuit caloporteur. Aujourd’hui, ce circuit caloporteur a
été totalement modifié. Les ardoises sont en
effet placées sur une double tôle d’aluminium,
créant en son sein des microcanaux très peu
épais mais larges : la surface d’échange thermique entre les ardoises et le circuit s’en trouve
ainsi largement augmentée. Cette amélioration
permet de réduire la surface de panneaux
nécessaire pour accumuler la même énergie
thermique. Avec la V1, il fallait jusqu’à 30 %
de surface supplémentaire à un panneau traditionnel en verre pour obtenir la même puissance énergétique (le panneau avec ardoise
étant physiquement limité en température par
les propriétés de l’ardoise). Avec la nouvelle
Thermoslate, cet écart de surface occupée est
réduit à 12 ou 15 % seulement, en jouant sur
la meilleure exploitation de la chaleur captée
par les ardoises, ce qui est toujours un facteur
important.
Si la solution Thermoslate reste à l’investissement supérieure à celle des panneaux vitrés
(20 à 25 % plus chère), la comparaison n’a
que peu de raisons d’être car les marchés
visés par Cupa (zones ou bâtiments classés,
maison d’architectes etc.) avec cette nouvelle
tuile répond à une attente qui était jusqu’ici
sans solution et ne pouvait donc pas utiliser
les capacités du solaire thermique. Par ailleurs,
l’utilisation de l’ardoise apporte des spécificités thermiques qui ont des répercussions
positives sur l’exploitation : si les capacités
d’accumulation thermique d’une ardoise sont
intrinsèquement limitées (ne dépassant jamais
90 °C), cela signifie aussi qu’il n’y a aucun
risque de surchauffe dans le circuit caloporteur, même en cas de stagnation du liquide
(lors d’absences estivales par exemple). Cette
propriété se traduit par la non-nécessité d’un
système de vidange du circuit lors des périodes
de non usage, comme c’est le cas pour les circuits associés à des panneaux vitrés quand on
veut éviter que le liquide « caramélise ». Cette
vraie simplification de conception et l’absence
de maintenance qui découle de la robustesse
du dispositif peuvent donc être aussi des éléments différenciants pour le marché.
Cupa France, Erwan Galard
> 02 23 30 07 39
Vers la cellule solaire réversible ?
En alternative au silicium pour la production
des cellules photovoltaïques, est aujourd’hui
étudié de manière assez assidue dans le
monde le perovskite (du nom de son découvreur). Il s’agit d’un matériau minéral cristallin
(CaTiO3) qui permet la conception de cellules
à bas coût (cellules 5 fois moins chères que
les cellules silicium) grâce notamment à un
process de production assez simple et à température ambiante. Les rendements obtenus
sont encore assez modestes mais progressent
régulièrement et vite, laissant à penser qu’on
pourra atteindre sans doute des rendements
de cellule dépassant les 20 % (voire les 30 %
en couplage avec du silicium). On a aussi
noté que les électrons pouvaient se déplacer
plus loin dans le matériau, ce qui ouvrirait la
voie à des cellules plus épaisses, capables
d’absorber plus de lumière et donc être plus
puissantes. Un nouvel atout vient par ailleurs
d’être mis en valeur par des chercheurs de
la Nanyang Technological University à Singapour. Il serait en effet possible de concevoir
à base de perovskite (formulation hybride
inorganique-organique) des cellules photovoltaïques qui pourraient également émettre de
la lumière. Concrètement, cela signifie qu’un
module réalisé avec cette structure de matériau hybride pourrait produire de l’électricité
le jour et servir de panneau lumineux (esthétique ou informatif) la nuit. L’équipe de Singapour a montré qu’on pouvait émettre une
large gamme de couleurs, et donc maîtriser
l’émission lumineuse pour faire du module un
véritable écran. Cela signifie aussi bien sûr que
ce matériau pourra aussi directement adressé
le marché des écrans, sans nécessairement
l’associer aux fonctions photovoltaïques. Son
intégration dans le bâtiment pourrait aussi
être facilité par le fait qu’il s’agit d’un maté-
riau semi-transparent : il peut donc être utilisé comme un verre teinté pour remplacer
certains vitrages et générer de l’électricité le
jour ou des effets de lumière la nuit. Au plan
industriel, les chercheurs travaillant déjà sur la
mise à l’échelle des procédés de production
de cellules photovoltaïques en pérovskite, estiment qu’il devrait être assez simple de modifier les procédures de fabrication pour produire les panneaux capables aussi d’émettre
de la lumière. Ce sont donc des perspectives
très alléchantes qui sont proposées par les
travaux sur l’usage de la pérovskite, d’autant
plus qu’en plus des applications dans le bâtiment, le matériau peut produire un effet laser
et donc trouver des débouchés dans les puces
électroniques pour des appareils d’émission,
détection et contrôle de la lumière.
NTU, Dr Nripan Mathews > [email protected]
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24 juin 2014
Technologies
N°137
© Green News Techno
Éco-produits / Éco-matériaux
Béton 100 % recyclé
A l’occasion du salon Environord, la filiale de
Valenciennes du groupe Sita France a été distinguée pour la conception d’un nouveau matériau, le C’urban (concrete recycling by Sita).
Il s’agit d’un béton composé à 100 % de matériaux recyclés, combinaison de trois matériaux :
des sédiments fluviaux, des sables de fonderie
et des gravats de déconstruction. Cette formulation inédite garantit les mêmes propriétés et utilisation qu’un béton fabriqué à partir
de matériaux de carrière et contribue donc à
une limitation des pressions sur les ressources
naturelles et ce à un coût de marché. A noter
que le process de recyclage optimise aussi le
recours à l’eau, aux liants et autres adjuvants.
Le C’Urban est actuellement au démarrage de
son déploiement commercial, avec des tests
environnementaux qui sont en cours de finalisation sur des prototypes de produits finaux.
Sita Nord > [email protected]
Produit hydrofugeant en phase aqueuse
La société ONIP vient d’annoncer la disponibilité d’une nouvelle formulation
de produit hydrofuge de protection des
surfaces contre le ruissellement en extérieur et en intérieur, totalement en phase
aqueuse. Cette solution permet de proté-
ger des maçonneries minérales (bétons
et briques) et leur conserver leur aspect
d’origine, en évitant notamment les proliférations de végétations diverses. Le
caractère aqueux de la formulation est le
principal avantage du produit Hydrofuge
ONIP par rapport au produit de la gamme
déjà existant (Hydronip Façade), en plus
du fait qu’il ne dégage qu’une faible
odeur et ne jaunit pas.
Onip, Michel Plana > [email protected]
Du lin dans les skateboards
Après l’avoir présenté aux JEC en mars, Fibres
Recherche Développement et la société Arkaïc
Concept ont mis en valeur au Sinal l’EPO-Flax.
Il s’agit d’un skateboard dont le corps de la
planche est en matériau composite sandwich
largement biosourcé. Ce matériau est composé d’une âme en liège qui est renforcée en
couches externes par des plusieurs tissus de lin,
imprégnée d’une résine époxy. Au stade actuel
du prototype, la résine retenue est une époxy
pétrosourcée, point qui pourrait évoluer. La mise
en œuvre a été réalisée par moulage au contact
suivi d’un vide. Le prototype permet de valoriser les apports techniques du lin, notamment
en terme d’absorption des vibrations et donc
de confort d’usage du skate. Cette conception
permet en outre d’alléger la plance de 200 g
par rapport au modèle d’origine en bois.
FRD > [email protected]
Arkaïc Concept > www.arkaic-concept.fr
Brevets
Déchets
Energie
Procédé pour isoler les terres
rares et/ou éléments métalliques
annexes contenus dans la phase
magnétique d’aimants permanents
n° 2997095 – CEA rep. par cabinet
Nony – 25 avril 2014
Matériau composite comprenant
des nano-objets notamment des
nano-objets de carbone, son procédé de préparation et encre et
électrode comprenant ce matériau
n° 2997076 – CEA rep. par Brevalex
25 avril 2014
Eaux
Procédé de traitement des digestats, engrais obtenu et unité de
traitement
n° 2997078 & 079– Melspring rep.
par Avoxa – 25 avril 2014
L’invention concerne un procédé permettant par l’utilisation d’une matière minérale de type zéolithe, argile ou terre de
diatomées de capter dans la phase liquide
du digestat l’azote ammoniacal sous forme
ionisée. Cette fraction solide est ensuite
séparée du mélange pour être valorisée.
Dispositif de rénovation de
conduites des eaux usées
n° 2997164 – Geiger Kanaltechnik
GmbH rep. par cabinet Benech
25 avril 2014
Moyens d’échange thermique
liquide/gaz, notamment eau/air
et système de production d’eau à
partir de l’humidité de l’air comprenant de tels moyens
n° 2997177 – MM. Montgomery et
Deguitre rep. par Novagraaf Technologies – 25 avril 2014
Procédé de préparation d’un matériau composite thermoplastique
à base de graphène
n° 2997087 – Arkema France rep. par
cabinet Plasseraud – 25 avril
Le procédé permet une bonne dispersibilité du graphène dans la matrice choisie
(thermoplastique, élastomérique ou non)
pour conférer au matériau final des propriétés de conductivité, ou de résistance
thermique ou mécanique nouvelles. Parmi les applications, on note des encres
(dans l’électronique) mais aussi des
usages dans le stockage d’énergie (électrodes pour supercapacités ou pile à combustible). Arkema a également déposé
un brevet pour un composite à matrice
thermodurcissable renforcé de graphène
(n° 2997088)
Portail intégrant des cellules photovoltaïques
n° 2997126 – Cadiou Industrie et
Schurer Industrie Torbau rep. par cabinet Michel Poupon – 25 avril 2014
Moteur à ammoniac
n° 2997131 – Jean Aben Essamba –
25 avril 2014
Hydrolienne flottante
n° 2997135 – Tidalys rep. par cabinet
Le Guen et Maillet – 25 avril 2014
Ensemble comprenant une hydrolienne et un déflecteur de flux d’eau
n° 2997136 – Sabella rep. par cabinet Michel Poupon – 25 avril 2014
Palier à roulement, notamment
pour éolienne
n° 2997158 & 159 – Aktiebolaget
rep. par Casalonga et associés
25 avril 2014
Structure porteuse pour panneaux
solaires
n° 2997169 – Dome Solar – 25 avril 2014
Support de panneaux photovoltaïques au sol
n° 2997170 – Dome Solar
25 avril 2014
Dispositif de fixation de tuiles solaires pour une toiture solaire
n° 2997171 – Saint-Gobain Glass rep.
StGobain Recherche – 25 avril 2014
Convertisseur thermo-électrique
n° 2997172 & 173– Airbus Operations
rep. par Santarelli – 25 avril 2014
Procédé de fabrication d’un dispositif photovoltaïque à couches minces,
notamment pour vitrage solaire
n° 2997226 & 227 – Crosslux rep. par
cabinet Germain et Maureau
25 avril 2014. Voir article sur Crosslux
dans GNT n°105
Electrode négative pour cellule
électrochimique de stockage
d’énergie, cellule et batteries associées et leur utilisation dans un
véhicule électrique
n° 2997228 – Renault – 25 avril 2014
Pile à combustible améliorée
n° 2997229 – Université de Lorraine
et CNRS rep. par cabinet Michel Poupon – 25 avril 2014
Pile à combustible à membrane
échangeuse de protons présentant
une durée de vie et des performances accrues
n° 2997230 – Opilex – 25 avril 2014
Générateur d’électricité et récupérateur d’énergie
n° 2997247 – CEA et Institut polytechnique de Grenoble, CNRS rep.
par Brevinnov – 25 avril 2014
Chimie verte /
Ecomatériaux
Procédé de production d’alcools
et/ou solvants à partir de biomasse avec recyclage d’un flux
interne comprenant des alcools
et/ou des solvants en amont ou
au sein du prétraitement
n° 2997093 & 094 – IFP Energies
nouvelles – 25 avril 2014
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À retenir
N°137
© Green News Techno
Développement industriel
contrairement aux filières d’évapo-incinération.
Initiative
Azimut Monitoring intègre plusieurs de ses
compétences en suivi et contrôle de paramètres environnementaux pour proposer aux
entreprises (industriels, grandes enseignes
commerciales etc.) un outil global de d’observation, suivi et traitement des données
de leur environnement proche, leur permettant
de disposer de nouveaux indicateurs pour leurs
démarches Iso 14 001 et 26 000 (RSE). L’outil
est baptisé BeeLivin et inclut tout d’abord
l’instrumentation d’un site à trois niveaux :
avec la station Greenbee (météo, ozone, particules et bruit extérieur), Fireflies QEI (particules fines, CO2, bruit, température, humidité en
intérieur) et Apialerte (comptage d’abeilles par
vidéo, co-développé avec Apilab et l’Inra, qui
permet d’évaluer la bonne santé des essaims
en fonction des entrées et sorties et modes
de vol). Le service comprend non seulement
la collecte des données, mais aussi leur sécurisation et leur analyse, l’édification d’indicateurs
environnementaux personnalisés et la création
d’une WebTV permettant de rebondir sur les informations, les diffuser et sensibiliser le public
en interne ou en externe. A noter qu’en cas
d’alerte sur la santé des abeilles, suite à l’observation vidéo, une prestation de diagnostic
approfondie est proposée avec Apilab (l’offre
Apidiag) qui permet d’analyser les causes du
problème (pesticides, particules, métaux lourds
etc.). L’offre de base est commercialisée avec
une part d’investissement (15 500 € dont les
ruches) et des services annuels (5 200 €).
Le groupe Vacher qui développe la technologie 3Wayste a inauguré il y a quelques
jours la première usine mettant en œuvre
sa technologie brevetée de tri et valorisation
avancés des poubelles grises. C’est l’écopôle
Altriom du Puy-en-Velay qui devient donc la
vitrine du savoir faire de Vacher dans cette
stratégie de valorisation matière (emballages
recyclables extraits, matières organiques séparées) et combustibles (combustibles de substitution) des poubelles non triées au départ par
les usagers. Et fait ainsi la démonstration de
la possibilité d’alternatives à l’enfouissement
ou à l’incinération directe pour ces volumes de
déchets non triés.
> [email protected]
A l’occasion d’une journée technique organisée par l’association Constructions & Bioressources, l’’ENSAM (Campus de Cluny) et
le CSTB ont annoncé avec l’association C&B
le lancement d’une mission d’accompagnement dédiée aux entreprises innovantes de
Bourgogne dans le domaine du bâtiment. Ce
dispositif vise à fournir un appui personnalisé
aux PME et TPE du secteur pour faciliter les
démarches innovantes en particulier leur finalisation et leur accès au marché. L’un des points
clés est d’apporter et d’orienter une évaluation
technique des produits et procédés nouveaux
(performance et aptitude à l’emploi) pour offrir
au marché un gage objectif de crédibilité et de
sécurité des produits innovants. Il s’agit aussi
d’aborder très tôt cette phase d’évaluation des
développements innovants pour optimiser la
maturation des nouveaux produits et procédés.
> http://www.constructions-bioressources.org/
Sita a inauguré il y a quelques jours une nouvelle ligne de tri haute technologie dans son
usine de Régène Atlantique à Bayonne, usine
de recyclage des plastiques. Cette unité offre
un tri plus fin des plastiques (par exemple la
séparation des bouteilles selons deux couleurs,
bleu clair et mélangé) et donc une production de matières premières recyclées de plus
forte valeur ajoutée. Elle permet notamment
d’adresser avec les déchets de bouteilles PET
les marchés industriels des fibres (par exemple
pour le rembourrage et l’isolation, les moquettes pour l’automobile), des bouteilles et
feuilles plastiques.
Fusion / acquisition
Le groupe Chimirec poursuit sa stratégie
d’élargissement de ses activités et d’accentuation de l’offre de valorisation des déchets
industriels, en annonçant l’implantation sur son
site de Beaucaire d’un procédé de régénération des liquides de refroidissement usagés
(LRU). Cette unité a une capacité de régénération de 1 000 tonnes de LRU, qui complète le
volume de 5 000 tonnes déjà traité sur Chimirec PPM (technologie développée en 2007). Ce
traitement consiste notamment en un filtration
fine (ultrafiltration fine) qui permet d’épurer et
clarifier le glycol dilué et usagé, sans le dénaturer, permettant un recyclage du produit,
Le nouveau groupe Sillia VL, né du regroupement de Sillia Energie à Lannion et de Bosch
Solar à Venissieux, a été lancé officiellement
le 16 juin. L’usine de Vénissieux qui été à l’arrêt
depuis 7 mois redémarre ainsi depuis quelques
jours avec 128 salariés. Sofie, holding du groupe
électronique Elvia, a été le moteur du projet,
en partenariat avec Urbasolar et le soutien des
pouvoirs publics et du groupe Bosch. La capacité de production du groupe ainsi formé est
avec les deux sites de 1 000 000 de panneaux,
soit une puissance de 260 MWc, créant de fait
le leader français des producteurs de modules.
Le pôle NEU du groupe SFPI a inauguré à côté
de Lille son nouveau centre d’essais et de
formation aéraulique. Ce centre de 1 000 m2
a pour vocation d’effectuer des essais, mesures
et contrôles sur des systèmes et équipements
mettant en œuvre différentes techniques d’utilisation de l’air en industrie. On pourra y simuler toutes les solutions de traitement d’air
et de process utilisant la force aéraulique, qu’il
s’agisse de technique de protection de l’environnement ou des opérateurs (métier de Delta
Neu) ou de transport pneumatique (métier de
Neu International Process). Neu Automation
s’appuiera également sur ce centre pour mettre
au point ses programmes d’automatisation des
process développés. Cet outil sera enfin un appui important aux opérations de formation aux
techniques de l’air, développés dans le groupe.
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