Papouasie- Nouvelle-Guinée Limites du modèle de paiement mobile
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Papouasie- Nouvelle-Guinée Limites du modèle de paiement mobile
UPU UNION POS TALE UNIVERSELLE Etude de cas no 9 – PapouasieNouvelle-Guinée Limites du modèle de paiement mobile Nomsa Kachingwe Alexandre Berthaud Janvier 2014 3 Table des matières Page Acronymes 4 I. Introduction 5 II. Inclusion financière en Papouasie – Nouvelle-Guinée – Défi de taille 5 1. Contexte socioéconomique en Papouasie – Nouvelle-Guinée 6 2. Caractéristiques du marché des services financiers 6 3. Cadre juridique et réglementaire applicable aux services financiers et postaux 9 III. Modèle d’activité adopté par Post PNG pour MobileSMK 10 1. Objectifs stratégiques relatifs à MobileSMK 10 2. Description du modèle d’activité pour MobileSMK 11 3. Analyse du modèle d’activité – Principaux problèmes et défis 12 IV. Conclusions et enseignements tirés 14 Annexes 15 4 Acronymes ANZ BAsD BSP FMI IFC GSMA PFIP PGK PTC SMK USD UPU PME Australia and New Zealand Banking Group Banque asiatique de développement Bank South Pacific Fonds monétaire international Société financière internationale Association mondiale des opérateurs mobiles Programme d’inclusion financière du Pacifique Kina Post and Telecommunication Corporation Salim Moni Kwik Dollar des Etats-Unis Union postale universelle Petites et moyennes entreprises 5 I. Introduction A l’instar de nombreuses postes dans le monde, l’opérateur désigné de Papouasie – Nouvelle-Guinée (Post PNG) joue aujourd’hui un rôle crucial en ce qui concerne la fourniture de services financiers dans les zones rurales ou isolées du pays. Grâce à son réseau de bureaux de poste et d’agences postales, Post PNG assure un service de transfert d’argent au niveau national, à savoir SMK, qui permet aux clients d’envoyer rapidement de l’argent depuis un bureau de poste vers un autre bureau de poste. En 2011, Post PNG a lancé MobileSMK, la version mobile de SMK, qui offre aux utilisateurs la possibilité de réaliser des transferts interpersonnels d’argent grâce à leur téléphone portable. Post PNG loue également des bureaux à ANZ, qui a récemment ouvert des succursales dans deux bureaux de poste du réseau Post PNG. Les technologies mobiles ont très rapidement été utilisées dans le cadre des services financiers en Papouasie – Nouvelle-Guinée et, au cours de ces trois dernières années, plusieurs entreprises ont mis en place des services financiers mobiles. MobileSMK était le premier service de ce type apparu en Papouasie – Nouvelle-Guinée, et cinq autres services concurrents ont été lancés depuis. Parmi les autres prestataires proposant des services financiers mobiles, on compte des banques commerciales, des banques de microfinance ainsi que le principal opérateur de réseau de téléphonie mobile, Digicel. Le cas de Post PNG constitue un exemple intéressant d’adoption précoce des technologies mobiles pour la prestation de services financiers postaux. Malgré le succès que Post PNG a initialement connu lors du lancement de MobileSMK, l’opérateur désigné a rencontré plusieurs difficultés au niveau de l’exploitation et de la gestion de ce service. En outre, Post PNG a enregistré des pertes considérables liées à d’importantes contraintes au niveau de ses ressources et à une concurrence féroce sur le marché des services financiers mobiles. Plus précisément, il semble que le service MobileSMK consume les revenus générés par le service SMK, ce qui se traduit par une baisse des recettes globales et une hausse significative des coûts. Bien que Post PNG ne soit pas la seule à avoir connu une telle situation, cet exemple montre qu’il peut être nécessaire, pour les opérateurs désignés notamment, d’adopter une approche prudente en ce qui concerne l’expansion des services financiers grâce aux nouvelles technologies. Il s’agit d’une question cruciale pour garantir la viabilité de la poste et des initiatives postales visant à favoriser l’inclusion financière. II. Inclusion financière en Papouasie – Nouvelle-Guinée – Défi de taille L’accès aux services financiers est extrêmement limité en Papouasie – Nouvelle-Guinée. On estime que l’exclusion financière touche près de 85% de la population adulte et principalement les femmes, les 1 communautés rurales et les travailleurs de l’économie informelle . Le fait que la majorité des habitants n’a pas accès aux services financiers de base est considéré comme un frein important pour le développement social et économique du pays. Le Gouvernement a donc fait de l’inclusion financière une priorité et a adopté 2 une stratégie nationale sur l’inclusion et l’éducation financière visant à promouvoir l’éducation financière, à mettre en place un système de paiement national et à développer les services de microfinancement dans 3 l’ensemble du pays . 1 Papua New Guinea: Financial System Stability Assessment, Fonds monétaire international, 2011. National Financial Inclusion and Financial Literacy Strategy, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée. 3 Financial Inclusion Exposition (Expo) 2012 Report, Banque centrale de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 2012. 2 6 1. Contexte socioéconomique en Papouasie – Nouvelle-Guinée La population de Papouasie – Nouvelle-Guinée, qui s’élève à sept millions d’habitants, est extrêmement diversifiée, et plus de 800 langues sont parlées à travers le pays. Une grande partie de la population vit dans des zones rurales ou isolées, et l’agriculture de subsistance est la principale source d’emploi pour bien des foyers. La topographie du pays, qui comprend une large chaîne de montagnes et de nombreuses îles, rend difficile l’accès à la plupart des endroits situés loin de la capitale, Port Moresby. La Papouasie – Nouvelle-Guinée possède d’importantes ressources naturelles et est notamment riche en pétrole, en gaz, en minerais, en forêts et en fonds de pêche. Cependant, l’économie est fortement fragmentée: l’économie formelle, qui repose avant tout sur l’extraction de minerais, est peu développée, tandis que le secteur informel, qui consiste principalement en des activités de subsistance ou de semi1 subsistance, est très important . Il a été constaté une certaine croissance dans le secteur des PME, mais l’activité minière reste le principal moteur économique. Selon la BAsD, les récentes évolutions dans le secteur du gaz naturel liquéfié font de la Papouasie – Nouvelle-Guinée l’une des économies d’Asie connaissant la croissance la plus rapide. En 2012, le pays a enregistré une croissance économique de 9,2%, soit l’un des 2 taux les plus élevés de la région . Néanmoins, faire en sorte que ce récent boom économique se traduise par un développement social généralisé reste un défi de taille pour le Gouvernement. Environ 37% de la population vivent sous le seuil de 3 e pauvreté national et, en 2012, le pays se classait au 156 rang sur 187 pays et territoires en ce qui 4 concerne son indice de développement humain . Outre la pauvreté qui touche l’ensemble du pays, la Papouasie – Nouvelle-Guinée est également confrontée à une corruption généralisée et à une augmentation de la violence et de la criminalité. Néanmoins, il existe certains signes d’amélioration quant aux perspectives économiques et sociales. Le Gouvernement a lancé un ensemble de plans de développement stratégique 5 ambitieux, notamment un plan de développement à moyen terme pour la période 2011–2015 , et des réformes ont été engagées dans le secteur public à des fins d’amélioration des services dans les domaines de la santé et de l’éducation, d’aménagement du territoire et de développement des infrastructures. 2. Caractéristiques du marché des services financiers Le marché des services financiers en Papouasie – Nouvelle-Guinée est assez diversifié, puisqu’il comprend des banques commerciales et des établissements financiers non bancaires. Cependant, comme dans bien d’autres pays en développement, les banques commerciales dominent le système financier, et les actifs du 6 secteur bancaire représentent près de 70% du total des actifs du système financier au niveau national . Il existe actuellement quatre banques commerciales en Papouasie – Nouvelle-Guinée: BSP, ANZ, Westpac Bank et Maybank. Le secteur bancaire possède, au total, 66 succursales, 300 guichets automatiques et plus de 10 000 terminaux de transfert électronique de fonds situés à un point de vente. BSP détient la plus grande part du marché de détail et plus de 80% des comptes. Il possède également le plus vaste réseau de points d’accès, avec 35 succursales, 295 guichets automatiques de banque, 10 000 terminaux de transfert électronique de fonds situés à un point de vente et plus de 60 agents bancaires, parmi lesquels des bureaux 7 de poste et des bureaux du trésor public au niveau des districts . ANZ possède également une part considérable du marché de détail et propose des crédits à un certain nombre de petits exportateurs de café ainsi qu’à d’autres commerçants. 1 Papua New Guinea Overview, Banque mondiale, 2013. Papua New Guinea Overview, Banque asiatique de développement, 2013. 3 Indicateurs du développement dans le monde, Banque mondiale, 2011. 4 Rapport sur le développement humain 2013, Programme des Nations Unies pour le développement, 2013. 5 Papua New Guinea Medium Term Development Plan 2011–2015, Ministère de la planification et du suivi, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 2010. 6 Papua New Guinea: Financial System Stability Assessment, Fonds monétaire international, 2011. 7 Bruett, T. et Fipo, J., Building a Mobile Money Distribution Network in Papua New Guinea, publication conjointe du Programme d’inclusion financière du Pacifique et de la Société financière internationale, 2008. 2 7 Parmi les autres institutions financières, on compte notamment des sociétés de financement, des caisses de 1 retraite, des compagnies d’assurance et des sociétés d’épargne et de crédit . Le secteur de la microfinance, qui est encore émergent, compte actuellement trois banques: PNG Microfinance Limited, Nationwide Microbank et People’s Micro Bank (branche récente de la banque publique National Development Bank). Par ailleurs, National Development Bank propose des prêts ruraux, et certaines organisations non gouvernementales proposent des services de microfinancement dans les zones rurales. Malgré un éventail relativement varié de prestataires, la portée des services financiers en Papouasie – Nouvelle-Guinée est limitée. D’après le FMI, environ 650 000 personnes ont accès à des services financiers officiels, soit 10% de la population globale, ou 17% de la population adulte. Plusieurs obstacles freinent depuis longtemps le développement d’un système financier inclusif en Papouasie – Nouvelle-Guinée, parmi lesquels la géographie du territoire, le faible niveau de sécurité, l’insuffisance critique en infrastructures et le manque de connaissances de la population adulte sur les questions financières. Par conséquent, les services financiers sont largement orientés vers les marchés urbains et faciles à atteindre du secteur formel. Néanmoins, certaines entreprises déploient actuellement des efforts pour rendre les services financiers accessibles en zone rurale, et les services financiers mobiles s’imposent peu à peu comme le principal moyen de toucher les personnes non bancarisées. Figure 2 – Prestataires de services financiers mobiles en Papouasie – Nouvelle-Guinée Prestataire Service Lancement Description du service Post PNG MobileSMK 2011 Service de transfert d’argent, uniquement disponible sur le réseau Digicel BSP BSP Mobile Banking 2011 Services bancaires mobiles: vérification du solde de compte, transfert de fonds entre comptes BSP uniquement, paiement de factures et rechargement du crédit de communication. Disponible sur tous les réseaux mobiles Wantok Moni 2013 Wantok Moni: transfert d’argent vers n’importe quelle personne, disponible uniquement sur le réseau Digicel Easipay 2009 Easipay: achat d’électricité prépayée en utilisant le crédit de communication CellMoni 2011 CellMoni: paiement de factures, rechargement du crédit de communication et transfert d’argent vers n’importe quel utilisateur du réseau Digicel Nationwide Microbank MiCash et MiLife 2012 Compte bancaire sur mobile (MiCash) et assurance-vie temporaire ou prise en charge des frais d’obsèques (MiLife), uniquement disponible sur le réseau Digicel ANZ ANZ goMoney 2013 Vérification du solde de compte, paiement de factures, achat auprès de points de vente du réseau ANZ goMoney, rechargement du crédit de communication, transfert de fonds vers les titulaires de comptes ANZ ou autre. Uniquement disponible sur le réseau Digicel Westpac Everywhere Banking (service bancaire par SMS) 2011 Vérification du solde de compte, transfert de fonds entre comptes Westpac uniquement, demande de relevés de compte ou de chéquiers. Disponible sur tous les réseaux mobiles Digicel Source: sites Web des entreprises. 1 Ibid. 8 Post PNG est un acteur important dans le domaine des services financiers mobiles, puisque MobileSMK était le premier service de transfert d’argent par téléphone portable lancé en Papouasie – Nouvelle-Guinée. BSP a lancé son service bancaire mobile la même année, et d’autres banques ont suivi l’exemple. Des évolutions similaires ont également lieu dans le secteur pourtant restreint de la microfinance. Nationwide Microbank a, par exemple, récemment lancé un service de compte bancaire sur mobile (MiCash) et un pro1 duit de microassurance accessible par téléphonie mobile (MiLife). Selon un récent rapport de GSMA , 70% des clients ayant adhéré au service MiCash n’étaient pas clients de Nationwide Microbank auparavant, ce qui indique que ce service permet véritablement d’atteindre les personnes non bancarisées. Digicel, principal opérateur de réseau de téléphonie mobile du pays, propose lui aussi un service mobile de transfert d’argent, appelé «Cellmoni», et héberge les plates-formes mobiles de tous les autres prestataires. Parmi les autres opérateurs de réseaux de téléphonie mobile, on compte notamment Bmobile et Citifon (tous deux gérés par l’entreprise publique de télécommunications Telikom). Les réseaux de ces deux opérateurs ont une couverture et une infrastructure limitées, et aucun de ces opérateurs n’a activement fait la promotion des services financiers mobiles sur sa plate-forme. Ces récentes évolutions ont commencé à transformer le paysage financier en Papouasie – Nouvelle-Guinée. Le rapport de GSMA indique que le pays compte actuellement plus de points de vente servant d’agents à 2 des entreprises proposant des services financiers mobiles que de succursales bancaires . Les services financiers mobiles permettent donc aux institutions financières, aux opérateurs de réseaux de téléphonie mobile et à la poste de surmonter les difficultés liées à la géographie et à l’infrastructure, qui limitaient jusqu’à présent l’accès des populations non bancarisées aux services financiers. En outre, les solutions mobiles représentent un moyen sûr d’accéder aux services financiers, ce qui est à prendre en considération dans un pays où il existe d’importants problèmes de sécurité relatifs à l’argent liquide en zone rurale comme 3 en zone urbaine . Cependant, le domaine des services financiers mobiles comporte son lot de difficultés. Sur le plan de la demande, la pénétration de la téléphonie mobile reste relativement faible, puisque seuls 34% de la population déclarent utiliser un téléphone portable. L’interopérabilité insuffisante entre les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile et les prestataires de services financiers mobiles fait augmenter le coût des transactions, ce qui constitue un obstacle supplémentaire limitant l’accès à ces services pour les foyers défavorisés ou ayant de faibles revenus. Sur le plan de l’offre, il apparaît clairement que la concurrence entre les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile est très faible, puisque actuellement la majorité des services financiers mobiles sont uniquement disponibles sur le réseau Digicel. Digicel s’est imposé face à Telikom, l’opérateur historique, et a su conquérir une part importante du marché de la téléphonie mobile et gagner la confiance des utilisateurs. Par ailleurs, des améliorations pourraient être apportées en ce qui concerne l’infrastructure technologique, le réseau d’agents, les canaux de distribution et, plus important encore, l’exploitation du système de paiement national et la réglementation entourant celui-ci. A l’heure actuelle, ce système n’est pas tout à fait adapté aux paiements mobiles et électroniques. De plus, il n’existe aujourd’hui aucun cadre réglementaire officiel concernant les services bancaires et de paiement mobiles. Selon la Banque centrale de Papouasie – Nouvelle-Guinée (Bank of Papua New Guinea), le système est encore largement basé sur les transactions 4 en espèces et par chèque, qui restent les principaux moyens de paiement . Il est donc essentiel de surmonter ces difficultés, notamment si les services financiers mobiles doivent contribuer au développement d’un système financier inclusif en Papouasie – Nouvelle-Guinée. 1 Pénicaud, C., Le point sur le secteur: Résultats de l’étude mondiale 2012 sur l’adoption des services d’argent mobile, publication de GSMA Mobile Money for the Unbanked, 2012. 2 Ibid. 3 Bruett, T. et Fipo, J., Building a Mobile Money Distribution Network in Papua New Guinea, publication conjointe du Programme d’inclusion financière du Pacifique et de la Société financière internationale, 2008. 4 Banque centrale de Papouasie – Nouvelle-Guinée (www.bankpng.gov.png). 9 3. Cadre juridique et réglementaire applicable aux services financiers et postaux Comme expliqué précédemment, la réglementation applicable aux banques et aux autres institutions financières présente d’importantes faiblesses, bien que des réformes substantielles soient en cours. En ce qui concerne la poste, la législation n’encourage pas explicitement la prestation de services financiers postaux autres que les mandats et bons de poste. Il est possible que cette situation limite la contribution du réseau postal à l’inclusion financière en Papouasie – Nouvelle-Guinée. 3.1 Cadre juridique et réglementaire applicable aux services financiers 1 La loi sur la Banque centrale , telle que modifiée en 2000, prévoit que la Banque centrale de Papouasie – Nouvelle-Guinée assure la supervision et la régulation des autres banques et institutions financières agréées, à l’exception des compagnies d’assurance dommages. Elle est donc la principale autorité de supervision du système financier en Papouasie – Nouvelle-Guinée. La loi sur les banques et les institutions 2 financières de 2000 est le principal texte législatif régissant les activités des banques et des autres institutions financières agréées. Il convient de souligner que cette loi prévoit des dispositions spéciales fixant un ratio minimal de fonds propres moins élevé pour les banques de microfinance agréées que pour les autres banques, afin de favoriser l’expansion des services de microfinancement en Papouasie – Nouvelle-Guinée. Parmi les autres lois relatives aux institutions financières, on compte la loi de 1995 modifiant le droit appli3 4 cable aux sociétés d’épargne et de crédit , la loi de 2000 sur les dispositions générales relatives à la retraite 5 et la loi de 2000 sur l’assurance-vie . Toutefois, la principale faiblesse de ce cadre réglementaire régissant les services financiers réside en l’absence de directives sur les paiements électroniques et mobiles et sur les relations avec les agents bancaires. Il s’agit d’une lacune importante au vu de la progression rapide des services financiers mobiles et de l’essor du système d’agents bancaires en Papouasie – Nouvelle-Guinée. Bien qu’un projet de loi concernant le système de paiement national ait été publié en 2011, des incertitudes existent quant à l’application de cette loi aux prestataires de services financiers mobiles, notamment aux prestataires autres que les banques. A l’heure actuelle, la Banque centrale de Papouasie – Nouvelle-Guinée délivre les agréments pour les services financiers mobiles au cas par cas. Même si la Banque centrale entend favoriser un modèle centré sur les banques pour les services financiers mobiles, elle reconnaît que les prestataires non bancaires sont également nécessaires pour étendre ces services à l’ensemble du pays et elle a donc pris des mesures spéciales concernant Post PNG et Digicel. 3.2 Cadre juridique et réglementaire applicable à la poste 6 La loi de 1996 sur la transformation de PTC en différentes sociétés établit que la poste, qui était alors une branche de PTC (société sous le contrôle de l’Etat), devenait une entreprise indépendante, à savoir Post 7 PNG Limited. La principale loi encadrant les activités de Post PNG est la loi sur les services postaux de 1996. La loi sur les services postaux accorde à Post PNG le droit exclusif de fournir certains services postaux et de réaliser des transactions liées à des mandats de poste et à des bons de poste. Elle précise qu’un mandat de poste est un ordre de paiement délivré en vertu de la loi sur les services postaux ou établi par une autorité postale à des fins de paiement dans le cadre de cette loi, et que cette définition s’applique au service SMK 8 et aux autres méthodes de transfert d’argent . En s’appuyant sur cette définition, il semblerait que la poste soit juridiquement habilitée à proposer des services mobiles de mandat de poste, puisque de tels services ne constituent qu’une amélioration par rapport aux mandats traditionnels (SMK). Néanmoins, il n’est pas explicitement prévu qu’elle puisse proposer des services financiers supplémentaires tels que des services de dépôt, de prêt ou d’assurance. 1 Central Banking Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 2000. Banks and Financial Institutions Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 2000. 3 Savings and Loans Societies (Amendment) Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 1995. 4 Superannuation (General Provision) Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 2000. 5 Life Insurance Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 2000. 6 Post and Telecommunication Corporation (Corporatisation) Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 1996. 7 Postal Services Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 1996. 8 Section 2.2, Postal Services Act, Gouvernement de Papouasie – Nouvelle-Guinée, 1996. 2 10 La Banque centrale de Papouasie – Nouvelle-Guinée est l’instance chargée de superviser les services d’agent bancaire et de transfert d’argent assurés par une unité commerciale séparée au sein de la poste. Bien que la Banque centrale ait fait preuve de souplesse envers Post PNG, la loi sur les services postaux continue vraisemblablement de limiter la diversification des services financiers de Post PNG, qui permettrait non seulement de favoriser l’inclusion financière, mais aussi de garantir la viabilité financière de la poste. III. Modèle d’activité adopté par Post PNG pour MobileSMK MobileSMK est un exemple intéressant de service financier mobile entièrement géré par la poste. Post PNG a notamment été l’une des premières entreprises de Papouasie – Nouvelle-Guinée à adopter les technologies mobiles pour proposer des services financiers. Peu d’opérateurs désignés ont fait leur entrée sur le marché des services financiers mobiles en lançant leur propre produit. Toutefois, plusieurs postes dans le monde offrent de tels services en jouant le rôle de fournisseur de liquidités ou en établissant des partenariats avec d’autres acteurs. Cela est notamment le cas en Afrique. L’exemple de Post PNG prouve donc que les opérateurs désignés sont capables de mettre en place leurs propres services financiers mobiles. Néanmoins, une telle initiative a un coût considérable. Post PNG possède actuellement un réseau de 37 bureaux de poste et de quatre agences postales. Il propose un éventail de services postaux, et son offre de services financiers se compose principalement d’un service de transfert d’argent au niveau national (SMK). Il loue également des bureaux servant de succursales à ANZ dans deux bureaux de poste. Le service SMK constitue une véritable réussite, et les services financiers sont une source de revenus importante pour Post PNG. Qui plus est, les revenus issus 1 des services financiers ont augmenté entre 2007 et 2011, passant de 15 à 28% des recettes totales . 1. Objectifs stratégiques relatifs à MobileSMK Post PNG a lancé MobileSMK en juillet 2011 avec pour principal objectif d’améliorer et de moderniser le service SMK et de tirer parti de l’utilisation croissante des téléphones et technologies mobiles dans le domaine des services financiers. Voici quelques-uns des objectifs visés lors du lancement de MobileSMK: – Accroître l’accessibilité au système de transfert d’argent en place: malgré le réseau relativement étendu de bureaux de poste et d’agences postales dont dispose Post PNG, le service SMK ne pouvait être proposé que dans un nombre limité d’endroits. La version mobile de SMK permettait à la poste de faire en sorte que son service de transfert d’argent touche une plus grande partie de la population. – Juguler le risque de concurrence représenté par les banques commerciales et les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile: ces dernières années, les banques commerciales ont vigoureusement promu les stratégies de services bancaires hors succursale en Papouasie – Nouvelle-Guinée, en mettant en place des agences rurales, des réseaux de terminaux de transfert électronique de fonds situés à un point de vente ainsi que de nouveaux services mobiles de transfert d’argent. Les banques ont également fixé des conditions moins strictes pour l’ouverture d’un compte afin de toucher le marché de détail des foyers à faibles revenus, qui était traditionnellement le cœur de cible de Post PNG. Qui plus est, les nouvelles plates-formes mobiles ont entraîné une diminution considérable des coûts supportés par les banques commerciales, en raison de la réduction des frais liés à la gestion et au 2 transport des espèces, et les technologies mobiles leur ont permis d’atteindre une nouvelle clientèle . Ces changements ont été perçus comme menaçant la position dominante de Post PNG et du service SMK sur le marché des transferts d’argent en zone rurale. Etant donné que le lancement potentiel de nouveaux services mobiles de transfert d’argent représentait une concurrence directe pour le service SMK, il était espéré que MobileSMK permettrait à la poste de conserver son avantage concurrentiel sur le marché des transferts nationaux d’argent. 1 2 Statistiques postales 2011, Union postale universelle. Entretien avec Post PNG Ltd, 14 octobre 2013. 11 – Compléter les revenus issus des services postaux: comme dans de nombreux pays, les services postaux de base ne représentent plus une source de revenus durable pour la poste de Papouasie – Nouvelle-Guinée. Les statistiques de l’UPU indiquent en effet que les recettes provenant de la poste aux lettres sont passées de 34 à 15% entre 2007 et 2011. Bien que les services de colis et de logistique occupent aujourd’hui une place importante dans l’offre de Post PNG, l’expansion des services financiers générerait des recettes supplémentaires dont l’opérateur a grand besoin. La part de revenus que les services financiers représentent par rapport aux recettes totales de l’opérateur a presque doublé entre 2007 et 2011, passant de 15 à 27,8%. 2. Description du modèle d’activité pour MobileSMK MobileSMK est la propriété exclusive de Post PNG. En effet, le modèle d’activité adopté par Post PNG ne repose pas sur des partenariats. Dans le cas présent, la poste entendait proposer le service par elle-même en dirigeant l’ensemble des activités de la chaîne de valeur relative aux services financiers mobiles (v. schéma en annexe 3). La poste a acheté la licence pour sa plate-forme de transfert d’argent par téléphonie mobile auprès de l’entreprise canadienne d’ingénierie informatique Telepin Software Corporation pour près de 6 millions de PGK (soit environ 2 400 000 USD), montant qui n’inclut pas les coûts de maintenance 1 annuels et les frais courants. Il s’agit d’un investissement conséquent, étant donné que les recettes totales de Post PNG en 2011 étaient de 55 millions de PGK (soit environ 22 millions d’USD). Cette plate-forme est hébergée par Digicel et n’est actuellement accessible qu’aux utilisateurs de ce réseau. La possibilité d’étendre ce service aux réseaux BMobile et Citifon a été envisagée, mais ne s’est pas encore traduite de manière concrète. Post PNG a mis en place un réseau d’agents MobileSMK servant de points de dépôt et de retrait d’espèces qui vient compléter son réseau de bureaux de poste et d’agences postales (v. figure 3). La poste ne se charge pas directement de la supervision du réseau d’agents, qui est assurée par une tierce partie. Les fonds reçus par les agents MobileSMK font l’objet d’un cantonnement conformément à la réglementation de l’UPU relative aux services financiers postaux, et le rapprochement des comptes est effectué par le personnel de Post PNG. Post PNG fait également appel aux services de BSP, une des principales banques de Papouasie – Nouvelle-Guinée, qui assure la gestion des espèces pour l’opérateur désigné et lui prête 2 des fonds afin de garantir le fonctionnement du service MobileSMK . 1 2 Le taux de change appliqué dans le présent document est de 2,5 PGK pour 1 USD. Entretien avec Post PNG Ltd, 14 octobre 2013. 12 Figure 3 – Réseau d’agents MobileSMK 3. Analyse du modèle d’activité – Principaux problèmes et défis Au début, le lancement de MobileSMK a été une réussite. Au cours du premier mois, Post PNG a traité des transactions représentant un million de PGK (soit environ 400 000 USD) et a annoncé un partenariat avec 1 Moni Plus, société de financement agréée, afin de proposer des services de prêts par téléphonie mobile . Un partenariat avec Western Union a également été envisagé concernant un service de transfert international d’argent par téléphone portable. Cependant, au cours des deux années ayant suivi le lancement de MobileSMK, Post PNG a enregistré des pertes considérables et a rencontré de nombreuses difficultés quant à l’exploitation du service Mobile SMK. Par exemple, de nombreux clients n’ont pas de pièce d’identité et il est donc difficile pour la poste de vérifier si la personne se présentant est bien celle à laquelle l’argent est destiné. Par ailleurs, des clients se sont plaints qu’ils n’avaient pas reçu les fonds leur ayant été envoyés ou 2 que des fonds transférés par téléphone portable n’étaient pas parvenus à la personne voulue . Les résultats du projet MobileSMK ont été défavorables pour Post PNG en raison de diverses difficultés qui, pour la plupart, ne sont pas spécifiques à la poste. Parmi les facteurs externes ayant mené à cette situation, la concurrence féroce existant sur le marché des services financiers mobiles a joué un rôle important, de même que l’absence de concurrence sur le marché des télécommunications. Néanmoins, les facteurs internes ont eu une incidence plus importante encore. La poste a notamment dû faire face à des contraintes en matière de budget et de personnel et à des complications lors du développement et de l’exploitation du service MobileSMK. Elle a également connu des difficultés concernant la logistique et la gestion des espèces, ainsi que des problèmes au niveau du contrôle interne et de la gestion du système qui ont conduit à des cas de vol et de fraude. En outre, des problèmes de connexion au réseau de téléphonie mobile ont également nui au bon fonctionnement de MobileSMK. Ces questions sont traitées plus en détail ci-dessous: – 1 2 Structure organisationnelle insuffisante: le modèle d’activité choisi par Post PNG est le principal élément ayant contrarié la réussite du projet MobileSMK. Bien que certaines étapes de la chaîne de valeur relative aux services financiers mobiles aient été externalisées, Post PNG porte la responsabilité de l’ensemble du service et se charge donc aussi bien de l’obtention de l’agrément et de l’engagement réglementaire que du service à la clientèle, du marketing ou du développement des produits et des activités. Il s’agit d’un choix onéreux pour un opérateur désigné ayant peu d’expérience dans la gestion de services financiers lui appartenant exclusivement. Qui plus est, les accords conclus entre «Loans made easy with mobile SMK», article paru dans Papua New Guinea Post Courier, 23 septembre 2011. Entretien avec Post PNG Ltd, 14 octobre 2013. 13 Post PNG et ses partenaires sont source d’importants conflits d’intérêts, étant donné que l’opérateur de réseaux de téléphonie mobile collaborant avec la poste propose un produit concurrent et que l’entreprise assurant la gestion du réseau d’agents de la poste gère également le réseaux d’agents de plusieurs autres prestataires de services financiers mobiles. Ainsi, la poste a non seulement eu des difficultés à s’assurer que ses partenaires accordaient la priorité à MobileSMK, mais aussi à superviser son service de manière adéquate, car elle avait externalisé plusieurs tâches cruciales de la chaîne de valeur. Pour conclure, si la poste avait adopté un modèle d’activité basé sur des partenariats profitant à toutes les parties, MobileSMK aurait probablement connu une réussite plus durable. – Compétences et capacités des ressources humaines insuffisantes: les capacités des ressources humaines jouent un rôle primordial en ce qui concerne les services financiers postaux. Ce facteur clé peut avoir une grande influence sur le succès ou l’échec d’un projet. Ce constat est particulièrement vrai pour Post PNG. Etant donné que la poste n’avait jusqu’alors géré que des transferts d’argent au niveau national, elle ne disposait pas des capacités suffisantes pour assurer la gestion d’un service plus complexe tel que MobileSMK. Il a été établi que le personnel de Post PNG possédait un niveau de compétence très faible et la poste n’a pas su attirer d’employés qualifiés en raison du déclin des activités postales et des pertes subies. Actuellement, le personnel et la Direction ont donc une compréhension limitée des processus internes liés au service MobileSMK et ne sont pas en mesure de mettre en place des mécanismes de contrôle adaptés, ni d’assurer le bon rapprochement des comptes. L’entreprise gérant le réseau d’agents a, par exemple, mis en doute des données relatives à des transactions effectuées grâce à MobileSMK, mais Post PNG a été dans l’incapacité de vérifier ces 1 données, car le personnel ne sait pas comment celles-ci sont générées . Par ailleurs, étant donné que seules une ou deux personnes sont responsables du fonctionnement du système, des cas de fraude et de manipulation de comptes ont été constatés. La Direction de Post PNG estime que le système est une «boîte noire» qu’elle ne comprend pas, raison pour laquelle elle n’est pas en mesure de mettre en place des contrôles internes adaptés. – Ressources et capacité financières limitées: en tant qu’entreprise, Post PNG s’autofinance grâce à des emprunts et à ses flux de trésorerie internes. Elle ne perçoit plus de fonds de la part du Gouver2 nement et n’est pas en mesure de faire appel aux marchés privés pour trouver des capitaux . Malgré ses ressources financières limitées, Post PNG a néanmoins réalisé un investissement conséquent pour développer l’infrastructure technologique, le réseau et le service à la clientèle nécessaires au fonctionnement de MobileSMK. Cet investissement continue de peser sur ses ressources financières. Bien que les services financiers mobiles n’affichent généralement pas de déficit lors des premières années suivant leur lancement, Post PNG n’avait pas la capacité de supporter d’importantes pertes pendant une période prolongée, contrairement aux opérateurs de réseaux de téléphonie mobile, qui disposent de ressources considérables. En outre, MobileSMK n’a pas entraîné une diminution significative des coûts de gestion des espèces. Au contraire, avant le lancement de MobileSMK, le Gouvernement se chargeait de la gestion des espèces pour le service SMK. Ce n’est plus le cas pour MobileSMK, et la poste doit faire appel à BSP comme fournisseur de liquidités, notamment dans les zones de destination des transferts d’argent. En raison de ces nouveaux frais, les coûts de prestation du service MobileSMK sont devenus prohibitifs. – Développement de produit et stratégie marketing inappropriés: la Direction de Post PNG estime que la promotion de MobileSMK comme alternative moins onéreuse et plus pratique à SMK a consumé les 3 recettes issues de SMK . Bien qu’il existe un besoin en services financiers mobiles, notamment dans les zones rurales, les stratégies de marketing et de développement de produit adoptées pour MobileSMK ne permettaient pas de tirer parti de cette demande, notamment au vu de la multiplication récente des services concurrents. Par ailleurs, les stratégies de marketing et de distribution de MobileSMK ne contenaient aucun élément relatif à l’éducation financière. Il aurait pourtant pu être utile de combler les importantes lacunes de la population adulte sur les questions financières pour favoriser l’adoption de Mobile SMK. En tout état de cause, il aurait été plus avisé pour la poste de concentrer ses efforts sur l’amélioration du service SMK et sur la diversification de ses services financiers, plutôt que de lancer un service proche de SMK mais utilisant de nouveaux canaux. 1 Entretien avec Post PNG Ltd, 14 octobre 2013. Entretien avec Post PNG Ltd, 14 octobre 2013. 3 Ibid. 2 14 – Systèmes internes et connexion au réseau inadéquats: Post PNG utilise actuellement un progiciel de gestion intégré pour les services SMK et MobileSMK. Tous les bureaux de poste sont connectés en ligne au système central du siège de la poste. Toutefois, le réseau n’est pas particulièrement stable. Lorsque des problèmes de connexion surviennent entre les bureaux de poste, ces derniers ne peuvent pas réaliser de transactions. Les problèmes de connexion au réseau sont également synonymes de limitations quant aux processus et à l’enregistrement des transactions dans le système interne. Par ailleurs, la poste a également connu des difficultés au niveau de l’exploitation de la plate-forme mobile elle-même. Pour l’instant, aucune demande d’assistance technique n’a été adressée par Post PNG à 1 l’entreprise d’ingénierie informatique . Par conséquent, le fonctionnement de Mobile SMK se trouve affecté par cette absence d’assistance et par les problèmes de connexion au réseau. – Réseau limité de points d’accès: bien que Post PNG possède le plus grand réseau d’agences, celui-ci est nettement moins étendu que le réseau de points d’accès du secteur bancaire, qui comprend un nombre considérable de guichets automatiques de banque et de terminaux de transfert électronique de fonds situés à un point de vente. Etant donné que les guichets automatiques de banque, les terminaux de transfert électronique de fonds situés à un point de vente et les succursales bancaires rurales peuvent aujourd’hui servir de point de retrait de fonds, le réseau postal n’est plus, à lui seul, suffisant pour garantir l’adoption de MobileSMK. De manière générale, les problèmes soulevés dans les points ci-dessus indiquent que les bases nécessaires au lancement et à l’exploitation d’un service financier mobile par Post PNG n’étaient pas en place. Si la poste avait initialement adopté une démarche plus progressive ou une approche basée sur des partenariats (dans lesquels elle aurait p. ex. joué le rôle de fournisseur de liquidités pour des prestataires de services financiers mobiles), Post PNG aurait probablement pu acquérir les capacités et mettre en place les systèmes nécessaires à la gestion de services financiers plus complexes tels que MobileSMK. Cette stratégie lui aurait permis de proposer un service financier mobile en réalisant un investissement moindre. IV. Conclusions et enseignements tirés Comme dans de nombreux pays en développement, l’apparition de services financiers mobiles en Papouasie – Nouvelle-Guinée entraîne une transformation du paysage financier. Anticipant la menace planant sur son service de transfert d’argent au niveau national, Post PNG a décidé de lancer son propre service financier mobile: MobileSMK. Malgré son succès initial, MobileSMK est devenu une charge pour Post PNG et a conduit l’opérateur à repenser sa stratégie concernant les services financiers. Cette situation a été aggravée par le fait que la poste ne possédait pas une base financière solide et ne pouvait donc pas compenser les pertes liées à son service financier mobile, qui aurait dû lui apporter des recettes complémentaires, comme cela a été le cas pour d’autres postes dans le monde. L’exemple de Post PNG illustre bien le fait que les opérateurs désignés ayant peu d’expérience dans la prestation de services financiers doivent adopter une approche très prudente en ce qui concerne les services financiers mobiles, y compris lorsque la concurrence exercée par les prestataires de services financiers mobiles s’intensifie. Les réflexions ci-dessous revêtent davantage d’importance encore: – Il convient que la poste renforce les compétences et les capacités de son personnel quant à la gestion des services financiers avant de lancer son propre service financier mobile. – L’avantage représenté par le réseau postal n’est plus suffisant pour garantir le succès d’un tel service. Afin de proposer des services financiers mobiles, il est nécessaire de réaliser un investissement conséquent pour étendre le réseau d’agents et de points d’accès. Les postes doivent impérativement se demander si elles ont les ressources suffisantes pour financer à la fois ce réseau d’agents et leur réseau de bureaux de poste. – Le modèle d’activité choisi doit être en adéquation avec les capacités financières et humaines de la poste à entreprendre certaines activités de la chaîne de valeur relative aux services financiers mobiles. L’opérateur désigné n’est pas nécessairement le mieux placé pour prendre en charge l’ensemble des étapes de cette chaîne de valeur. 1 Ibid. 15 Annexe 1 Contexte socioéconomique global en Papouasie – Nouvelle-Guinée Papouasie – Nouvelle-Guinée Indicateurs généraux Source Année Population (en millions) 7 Indicateurs du développement dans le monde 2011 Population adulte âgée de 15 à 64 ans (en % de la population totale) 58,4 Indicateurs du développement dans le monde 2012 Densité de la population (nombre d’habitants au km²) 15,5 Indicateurs du développement dans le monde 2011 Population rurale (en % de la population totale) 87,4 Indicateurs du développement dans le monde 2012 Produit intérieur brut par habitant (en USD) 2184 Indicateurs du développement dans le monde 2011 Nombre moyen d’abonnés aux réseaux de téléphonie mobile (pour 100 habitants) 34,2 Indicateurs du développement dans le monde 2011 Nombre moyen d’internautes (pour 100 habitants) 2 Indicateurs du développement dans le monde 2011 Population non bancarisée (en % de la population adulte) 85 FMI 2011 Nombre de succursales de banques commerciales pour 1000 km² 0,18 Enquête du FMI sur l’accès aux services financiers 2012 Nombre de succursales de banques commerciales pour 100 000 adultes 1,88 Enquête du FMI sur l’accès aux services financiers 2012 Nombre de guichets automatiques de banque pour 1000 km² 0,80 Enquête du FMI sur l’accès aux services financiers 2012 Nombre de guichets automatiques de banque pour 100 000 adultes 8,45 Enquête du FMI sur l’accès aux services financiers 2012 Nombre de comptes de dépôt détenus par des banques commerciales pour 1000 adultes 202,49 Enquête du FMI sur l’accès aux services financiers 2012 Nombre de comptes de prêt détenus par des banques commerciales pour 1000 adultes 43,64 Enquête du FMI sur l’accès aux services financiers 2012 Indicateurs d’accès aux services financiers 16 Annexe 2 Structure du marché financier en Papouasie – Nouvelle-Guinée Institutions financières en Papouasie – Nouvelle-Guinée – – – – Quatre banques commerciales BSP: 35 succursales, 295 guichets automatiques de banque, plus de 200 agents ANZ: 14 succursales et 40 guichets automatiques de banque Westpac Bank: 15 succursales et 32 guichets automatiques de banque Maybank: deux succursales Trois banques de microfinance Nationwide Microbank PNG Microfinance Limited People’s Micro Bank Cinquante-cinq institutions financières agréées Huit sociétés de financement Vingt-deux sociétés d’épargne et de crédit Cinq compagnies d’assurance-vie et 12 compagnies d’assurance dommages Sept caisses de retraite Une banque nationale de développement (National Development Bank) Sept opérateurs de services financiers mobiles BSP ANZ Nationwide Microbank Post PNG Digicel 17 Annexe 3 Chaîne de valeur relative aux services financiers mobiles Source: Neil Davidson, GSMA, 2012.