N° 67 - Inra
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BIoTEcH•INFo www.biotech-actu.com LA LETTRE DES BIOTECHNOLOGIES A N A LY S E La «e-R&D» et ses promesses L’informatisation des processus de recherche et développement est une évolution incontournable qui reste à apprivoiser. L a « e-R&D » n’est plus un concept. C’est une réalité qui prend forme au quotidien pour les acteurs de la pharmacie et des biotechnologies. Ses objectifs : la systématisation des expériences, l’assimilation des données (l’application des mathématiques au décodage de la biologie), la dissémination de ces informations auprès des collaborateurs, la constitution de banques homogènes et, théoriquement, la possibilité de connecter des informations disparates. Elle offre aussi des solutions pour dompter certains problèmes stratégiques, tels que la gestion des connaissances, devenu le mot d’ordre des entreprises de recherche, selon David Slack, viceprésident du développement commercial d’Isis Pharmaceuticals. L’informatisation du processus de R&D est généralement reconnue comme un accélérateur dans la sélection des molécules, ainsi qu’un moyen puissant de réduire les coûts. Mais, selon que l’on propose ou que l’on utilise ces solutions, l’écart de jugement sur leur maturité est élevé. Ainsi, Michael SUITE P.2 Grey, P-DG BIoTEcH•INFo NUMÉRO 67 - 25 OCTOBRE 2000 ACTUALITÉS Biovector sur la sellette La société toulousaine, qui développe de nouvelles méthodes de délivrance de médicaments, vient de changer de direction. Emile Loria, ancien P-DG, est parti fin septembre, à la demande des actionnaires du capital-risque (dont Sofinnova et 3i). Il a été remplacé par Jean Quintard, pour la gestion de l’entreprise, et Robert Zimmer, spécialiste de la délivrance de médicaments, pour la partie scientifique. La société, qui a levé depuis 1991 (deux ans après sa création) un total de 46 millions de dollars, est arrivée à une étape charnière. Selon des sources proches du secteur, l’une de ses principales difficultés vient de son partenariat avec SmithKline Beecham. Le groupe a « freiné » leur programme commun de vaccins contre la grippe et les streptocoques par voie nasale, car il posséderait une technologie concurrente en interne produisant de meilleurs résultats. Jean Quintard reconnaît le revers, mais en modère l’impact. « Nous avons quatre familles de produits et cinq accords. Il faut garder l’essentiel des programmes, les rendre peut-être moins ambitieux, et réévaluer les partenariats en cours », précise le dirigeant. Il affirme avoir encore suffisamment de trésorerie pour deux ans (certaines rumeurs assurent que les fonds ne dépassent pas six mois), mais prévoit une réorientation de l’entreprise avant six mois. « Notre problématique, c’est d’ajuster la stratégie de l’entreprise à la logique de son financement, reprend-il. Nous sommes à la croisée des chemins financiers. Cela répond à la volonté des actionnaires de ne pas rester sur la même lancée pendant six années de plus et de chercher de nouveaux adossements financiers », auprès de nouveaux investisseurs ou d’un acheteur. Novartis investit en protéomique Le groupe suisse va prendre une participation de 43 millions de dollars dans GeneProt, une société américaine créée en mars dernier par les scientifiques suisses de Geneva Proteomics. GeneProt a mis au point une méthode pour identifier, sélectionner et synthétiser des protéines de moins de 20 kilo-Dalton impliquées dans une pathologie. GeneProt étudiera les profils protéiques (protéomes) de tissus pour trois pathologies humaines sélectionnées par Novartis. Les protéines pouvant devenir des candidats-médicaments, de nouvelles cibles moléculaires et des marqueurs de la pathologie, intégreront le portefeuille du groupe pharmaceutique. Ce dernier versera 41 millions de dollars supplémentaires sur quatre ans pour l’exclusivité des droits sur ces produits, auxquels pourront s’ajouter d’éventuelles redevances. L’entente, encore soumise à l’accord des autorités de la concurrence, est la plus importante pour Novartis en protéomique. Le suisse mobilisera toutes les capacités de GeneProt la première année, puis environ un tiers d’ici à trois ans, à mesure que l’américain montera en puissance. Synt:em se rapproche de Morphochem Le nîmois Synt:em, détenteur d’une technologie de découverte de molécules in silico et d’un procédé de vectorisation des médicaments dans le cerveau, vient de signer une alliance stratégique avec le munichois Morphochem, développeur de petites molécules. « La société Vertex a récemment publié un article montrant que les 4 000 médicaments existants sont en fait basés sur 30 squelettes chimiques différents, auxquels on rajoute des éléments pour obtenir certaines activités, ce qui pose parfois des problèmes de propriété intellectuelle, explique Michel Kaczorek, P-DG de Synt:em. L’objectif de notre accord est que nous utilisions notre procédé informatique Actimap pour trouver de nouvelles molécules et que Morphochem puisse ensuite synthétiser des “squelettes” uniques. » L’accord prévoit que les deux sociétés vont codécouvrir, covalider (dans les laboratoires de Morphochem) et codévelopper des molécules antivirales, objet initial de cette collaboration d’un an, qui pourra être étendue ultérieurement. « C’est une collaboration à un stade très précoce et l’un des premiers partenariats de ce type entre biotechs européennes », affirme le P-DG, qui souligne le levier financier de chacun (Morphochem a récemment levé 40 millions d’euros et Synt:em pense bientôt boucler un tour de table d’environ 15 millions d’euros). Ce rapprochement, qu’il qualifie de « fiançailles », est-il le prélude à un mariage francoallemand ? « Tout est possible », élude le dirigeant. NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 1 EN BREF Human Genome Sciences et Aventis Behring (filiale du groupe francoallemand basé à King of Prussia, Pennsylvanie) vont codévelopper et commercialiser une protéine plasmatique développée par Delta Biotechnology (Nottingham, RoyaumeUni), une filiale d’Aventis. Le spécialiste de la thérapie génique, Transgène, entend lever entre 80 et 100 millions de francs d’ici à la fin de l’année. Ces fonds serviront notamment au financement de son traitement anticancéreux Muc1. Transgène devrait également annoncer à la fin de l’année un accord avec une société américaine. SmithKline Beecham interrompt son partenariat avec Cantab Pharmaceuticals, privant ainsi le britannique d’un financement et de redevances estimés jusqu’à 25 millions de dollars. Le titre Cantab Pharmaceuticals a perdu les deux tiers de sa valeur après l’annonce de l’échec des essais cliniques d’un de ses candidats médicaments les plus avancés, le TH-GW. Destiné au traitement de verrues génitales, ce produit était développé avec le soutien de SmithKline Beecham. Servier a posé la première pierre de son centre de production de médicaments en Chine, la semaine dernière. Il entend également créer dans ce pays un nouveau centre international de recherche thérapeutique (CIRT) qui participera « au développement clinique international pour les nouvelles molécules issues des trois centres de recherche en France ». BIoTEcH•INFo ACTUALITÉS Roche livre un pan de sa R&D à Basilea Afin de se concentrer sur ses axes thérapeutiques stratégiques (système nerveux central, oncologie, maladies vasculaires, virales, inflammatoires et gynéco-urinaires), jugés plus rentables, Roche va créer une société de biotechnologie, Basilea Pharmaceutica, qui héritera du portefeuille en dermatologie, infections bactériennes et fongiques du groupe de Bâle (Suisse). Soit cinq molécules entrant en phase I ou II, deux en recherche préclinique et dix au stade de l’optimisation. Roche aura une participation minoritaire. L’identité des autres investisseurs n’a pas été révélée, d’autant que leur nombre n’est pas encore fixé. Bien qu’indépendante, Basilea sera dirigée par des anciens de Roche et s’installera aux environs de Bâle. Opérationnelle en novembre, elle démarrera avec un capital de 50 millions de francs suisses (33,2 millions d’euros). Roche aura une option prioritaire sur les développements et la commercialisation des produits de Basilea. MEL s’associe à Lynx Plutôt que d’inhiber la cancérisation des cellules ou cibler les cellules malignes pour les détruire, Molecular Engines Laboratories (MEL, Paris) développe une stratégie inverse : induire la réversion tumorale, naturellement très rare. MEL affirme avoir déjà identifié une centaine de gènes impliqués dans ce processus. Mais la société estime qu’elle n’est qu’à la moitié de ses efforts. Pour identifier les 100 gènes supplémentaires censés intervenir, il lui fallait une technique rapide et très sensible de mesure d’expression génétique différentielle entre les cellules tumorales et celles qui sont redevenues saines. C’est l’objet de ce premier accord de recherche. « Grâce à la technologie de Lynx, qui distingue des variations de seulement 20 %, nous allons faire en trois mois ce que nous comptions faire en trois ans », estime Claude Hennion, P-DG. Lynx (Hayward, Californie), qui s’est associé pour deux ans au français, commencera à travailler sur une première lignée de cellules cancéreuses fournie par MEL. Le français paiera ce service ainsi que des redevances si les produits ou services auquel Lynx aura contribué venaient à être commercialisés. Un premier produit issu de cette collaboration devrait entrer en phase clinique à la fin 2001. Forte de ces perspectives, MEL compte lever 15 millions de dollars d’ici à la fin de l’année auprès de plusieurs investisseurs « très visibles dans le monde anglo-saxon ». A N A LY S E S U I T E (SUITE DE LA PAGE 1) La ‹«e-R&D» et ses promesses de Trega Biosciences, une société américaine qui vend notamment des tests pour prédire comment un médicament va réagir dans le corps, estime que la mise au point d’une molécule pourra bientôt être comparable à la conception d’un avion : « Pour concevoir un Boeing, tous les paramètres (atterrissage, freinage…) ont d’abord été prévus sur ordinateur dans un bureau d’ingénieurs. Les molécules suivront le même chemin », affirmait-il à la conférence BioPartnering Europe, la semaine dernière. La réticence est plus grande du côté de la pharmacie, même si ces solutions sont jugées incontournables. « La e-R&D permet d’étendre l’expérience de biologie traditionnelle in vivo ou in vitro, en laboratoire, à des expériences in silico sur ordinateur, notamment pour simuler la physiologie et les maladies, indiquait de son côté Ken Fasman, vice-président de l’informatique pour la R&D d’AstraZeneca. Ensuite, l’échange électronique facilite plusieurs étapes des essais cliniques : le recrutement de patients en ligne, l’acquisition de données, la simulation d’essais. Mais il y a encore beaucoup de scepticisme quant à la capacité de la e-R&D à remplacer les techniques existantes. » De fait, les outils de la e-R&D soulèvent plusieurs problèmes : la fragmentation de l’information, la sécurité de données confidentielles (qu’elles viennent de l’entreprise ou appartiennent au patient), ou encore le fait d’opérer sur Internet en tenant compte des réglementations différentes selon les pays. Et la coexistence de différentes platesformes gêne la pharmacie. « Comment les sociétés de bio-informatique réagiraient si AstraZeneca imposait des formats standardisés de sécurité ou de langage informatique ? » interroge Ken Fasman. Lancée avec le sourire, cette réflexion révèle peut-être une tendance lourde, que les intégrateurs de données, les éditeurs de logiciels et les fournisseurs de services via Internet et Intranet auront à méditer. ■ CHRISTINE TACONNET NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 2 SOCIÉTÉ ÉMERGENTE Aureus Pharma ordonne les publications scientifiques La start-up veut structurer les informations renfermées dans quelque 10000 articles pour faciliter l’accès aux résultats relatant la réponse de protéines cibles à différents produits. P our accélérer la découverte de cibles thérapeutiques et de nouveaux médicaments, la stratégie en vogue est déductive : partir de la séquence, génétique ou peptidique, pour aller à la fonction. « Mais le temps nécessaire à rationaliser une voie de signalisation risque de ne pas correspondre aux délais de l’industrie pharmaceutique », objecte André Michel, fondateur et président d’Aureus Pharma. Ce spécialiste de chimie thérapeutique a donc décidé, après vingt ans de recherche universitaire en Belgique et au Canada et cinq ans à la tête du Centre de recherche du groupe français Servier, de prendre le chemin inverse : partir des observations expérimentales, et les formaliser pour les rendre rapidement accessibles. Un premier accord dans six mois « La littérature scientifique du domaine public relate les relations structure et activité observées entre 3 000 à 5 000 cibles protéiques et des molécules ligands, explique André Michel. Pour couvrir l’ensemble des cibles, nous allons devoir étudier 10 000 articles, où sont testés en moyenne 30 ligands. Nous devons donc stocker plus de 300 000 molécules. » Aureus Pharma se propose de développer des outils de bio-informatique afin de documenter, pour une cible donnée, ces informations dans un système expert. Les informations fonctionnelles caractéristiques de la cible et des ligands, ainsi que les protocoles expérimentaux qui ont permis d’observer leur interaction, seront codifiées. « Nous avons choisi des cibles pour valider le concept et aussi pour aller au-devant des besoins de nos futurs partenaires. Un premier accord est à venir dans les six mois », précise le PDG. Les outils permettant de structurer les données devraient être opérationnels dans trois mois. Le système expert permettant d’en tirer des informations sera développé dans un second temps, en collaboration avec l’Inria. Avec l’ambition de construire « un système qui devienne relativement incontournable », Aureus Pharma se développe néanmoins très progressivement. Plutôt que de s’adresser directement à de gros investisseurs, le dirigeant a pré- BIoTEcH•INFo féré s’associer au fonds d’amorçage national BioAm, qui vient d’investir 5 millions de francs, portant les fonds propres à 6,5 millions de francs. Un tour de table de 17 à 20 millions de francs est prévu d’ici quatre à cinq mois, auprès d’investisseurs, principalement français. Il permettra de conforter la propriété industrielle, de signer des contrats et d’intégrer vingt collaborateurs supplémentaires. Dans un premier temps, des étudiants en bioinformatique entreront en alternance dans la société. Pour accueillir ces nouveaux arrivants, Aureus Pharma quittera le 1er novembre les locaux de l’incubateur Paris Innovation pour 360 mètres carrés dans le dixième arrondissement de Paris. Cependant, André Michel se sent toujours un peu seul à la tête du projet, et recherche des associés de haut niveau et de stature internationale pour gagner en crédibilité. « Nous nous adressons essentiellement à la direction de la R&D des groupes pharmaceutiques, car notre produit remet en cause la stratégie de recherche. Et il faut aller très vite : nous avons une fenêtre de deux ans, pendant lesquels ces groupes vont vouloir soustraiter la structuration de leur information interne », estime le dirigeant. Pour les plus petites entreprises, en biotechnologie, Aureus propose des partenariats stratégiques, offrant une expertise de la structuration des informations scientifiques disponibles correspondant à une application donnée. Le parisien nourrit même des ambitions de croissance externe. Mais ce sont là des perspectives pour le deuxième tour de table, d’ici à deux ans. ■ JULIE CAILLIAU FICHE D’IDENTITÉ LIEU : Paris. CRÉATION : janvier 2000. SPÉCIALITÉ : structuration des observations scientifiques portant sur la réponse fonctionnelle de cibles thérapeutiques. FINANCEMENT : 5 millions de francs du fonds d’amorçage BioAm. EFFECTIF : 6 personnes. CONTACT : André Michel, président, Tél. : 01-40-18-57-57 (à partir du 1/11/00) E-mail : [email protected]. EN BREF L’américain Amgen va acquérir, pour 170 millions de dollars, la société Kinetix Pharmaceuticals, spécialisée dans les petites molécules inhibitrices des protéines kinases. Les japonais Kyowa Hakko Kogyo et Mitsui Knowledge Industry, une filiale de Mitsui & Co., se sont associés pour créer une joint-venture spécialisée dans l’exploitation des génomes microbiens. Nommée Xanagen et dotée d’un capital de 100 millions de yens (1,1 million d’euros), cette structure fournira aux sociétés extérieures des informations sur les gènes des microorganismes impliqués, par exemple, dans la dégradation des polluants ou la production d’énergies alternatives. L’agence de contrôle des médicaments britannique a demandé à Medeva de rappeler ces stocks de vaccins oraux contre la polio à cause d’une brèche dans le processus de fabrication destiné à contrôler la transmission de l’encéphalopathie spongiforme bovine aux humains. Le ministère de l’Emploi et le secrétariat d’Etat à la Santé ont entériné le dépistage génomique viral (DGV), qui consiste à rechercher chez les donneurs de sang « la présence de fragments du patrimoine génétique du virus du sida et de l’hépatite C ». Cette décision, qui complète le dispositif de sécurité transfusionnelle, a été prise contre l’avis des experts, dont les rapports mettent en évidence un coût économique très important en regard du bénéfice médical apporté par le DGV. NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 3 BOURSE IMMUNOGEN (IMGN, + 34,6 %) IMGN pourrait bien être le premier à maîtriser les monoclonaux « armés », c’est-à-dire porteurs d’un cytotoxique anticancéreux. Son monoclonal humanisé contre le cancer recto-colique est en phase II avec SmithKline Beecham. Genentech lui a demandé « d’armer » l’Herceptin (contre le cancer du sein). Mais, surtout, les récentes alliances avec Abgenix et Morphosys laissent penser que IMGN sera le premier à développer un monoclonal armé totalement humain. ■ ARADIGM (ARDM, + 34 %) ARDM a récemment montré la possibilité d’administrer dans les poumons des opiacés (objet de son accord avec SmithKline) et de l’insuline (accord avec Novo Nordisk). Les résultats obtenus avec son système d’aérosol (AERx) sur le Pulmozyme de Genentech chez des patients atteints de mucoviscidose feront l’objet d’une communication à la Conférence nord-américaine sur la Mucoviscidose, qui doit se tenir du 9 au 12 novembre à Baltimore. Le système permet d’administrer en 2 minutes ce qui auparavant nécessitait une séance de 15 à 30 minutes. ■ SEPRACOR (SEPR, - 28,9 %) L’hypothèse de départ de SEPR est que la séparation de l’isomère, réputé le moins toxique des médicaments constitués par le mélange de deux isomères, permet de réduire un risque important : l’allongement du segment QT de l’électrocardiogramme. Ce phénomène peut induire de graves troubles du rythme cardiaque (les « torsades de pointe »). Mais cette hypothèse vient de connaître son premier revers. Le groupe pharmaceutique Lilly vient de mettre un terme à sa collaboration avec SEPR, qui visait à trouver un successeur au Prozac. Des tests, ont montré que le produit n’améliore pas la toxicité de l’antidépresseur, puisqu’il allonge le segment QT. Toute la gamme de SEPR est ainsi remise en doute. Particulièrement visés : les produits destinés à remplacer des médicaments dont on sait qu’ils allongent le segment QT (comme le Cisapride, qui améliore la motilité digestive, ou l’antihistaminique Astémizole) ou ceux qui entraînent des troubles du rythme (l’antiasthmatique Formotérol, le Doxazocin pour l’adénome prostatique ou l’antidépresseur Sibutramine). ■ RUBRIQUE ANIMÉE PAR TONY MARCEL, CONSEIL EN INVESTISSEMENT BIoTEcH•INFo ACTUALITÉS SangStat remet à plat sa stratégie Inquiet de la compétition des génériques sur le marché des cyclosporines, son produit phare, SangStat (Fremont, Californie) a mis un terme à ses programmes cliniques portant sur la formulation orale de la cyclosporine A (SangCya, pour laquelle une étude de bioéquivalence, en juillet, avait déjà montré les limites), le système de délivrance CycloTech et les produits de diagnostics associés. Il met également en vente la pharmacie virtuelle « The Transplant Pharmacy », qui permettait de passer des commandes électroniques, et compte réduire ses effectifs de 50 personnes (à 230 employés). La société continuera toutefois de promouvoir les capsules Gengraf avec son partenaire Abbott Laboratories en Europe, où elle prévoit des ventes de 20 millions de dollars pour 2001. SangStat veut évoluer vers l’immunologie en général, l’hématologie et l’oncologie. Avec notamment la Thymoglobulin, commercialisée aux Etats-Unis contre le rejet aigu de greffe de rein, et actuellement en essai de phase II comme médicament orphelin pour le traitement du syndrome myélodysplasique (préleucémie). L’américain mise aussi sur un anticorps développé avec Abgenix (Fremont, Californie), ABX-CBL, en phase II/III pour le traitement des maladies homologues résistantes aux stéroïdes. Par ailleurs, Jean-Jacques Bienaimé, président et P-DG, est élu président du conseil de direction en remplacement de Philippe Pouletty, qui se retire de SangStat pour se consacrer pleinement à DrugAbuse Sciences. Ce revirement ne va pas sans questions sur l’avenir de la société. La cyclosporine était en effet son atout et sa nouvelle priorité, la Thymoglobuline (sérum antilymphocytaire), est un domaine où la concurrence existe déjà. Les marchés ont mal accueilli l’annonce : depuis lors, le titre a perdu plus de 30 %, clôturant vendredi à 8,56 dollars au Nasdaq. OPA de Corixa sur Coulter Corixa (Seattle, Washington) propose 900 millions de dollars en actions pour acquérir l’ensemble des titres de Coulter (South San Francisco, Californie). Corixa espère devenir, avec cette fusion, une société d’immunothérapie intégrée, de la découverte d’antigènes à leur commercialisation, atteindre l’équilibre en 2003 et devenir bénéficiaire en 2004. Aucune des deux sociétés n’a encore de produits sur le marché, mais chacune a un anticancéreux soumis à l’approbation de la FDA : le Bexxar de Coulter et la Melacine de Corixa. De plus, elles combineront seize produits en développement clinique et vingt-deux en préclinique. La nouvelle entité, qui gardera le nom de Corixa, sera dirigée par Steven Gillis, CEO de l’actuel Corixa. Michel Bigham, CEO de Coulter, deviendra vice-chairman du conseil d’administration. La fusion devrait être effective en décembre. Mais à la suite de l’annonce de cette OPA, le cours de l’action de Corixa a fortement chuté, abaissant l’offre de plus de 100 millions de dollars. Certains analystes estiment que la fusion est suspendue à l’agrément du Bexxar par la FDA, demandé en septembre et attendu pour la mi-novembre. A défaut, Corixa pourrait se rétracter. ZymoGenetics prend le large Le danois Novo Nordisk vient de donner son indépendance à sa filiale ZymoGenetics, spécialisée dans la découverte de protéines thérapeutiques. L’annonce fait suite à un placement privé de 150 millions de dollars d’un consortium international d’investisseurs mené par EM Warburg, Pincus & Co, et associant les sociétés Patricof & Co Ventures, Apax Ventures, Novo (la société de capital-risque de Novo Nordisk), Frazier & Co et plusieurs investisseurs individuels. Ce groupe détiendra 35 % du capital de la nouvelle entité, tandis que Novo Nordisk conservera 51 % des parts, mais moins de 50 % des droits de vote. Novo Nordisk continuera à jouir des droits sur certains candidats médicaments, notamment la vente dans le monde des antidiabétiques. NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 4 INDUSTRIE Les financiers veulent plus de partenariats Les investisseurs n’attendent qu’une chose des entreprises de biotechnologie: qu’elles montrent comment leur base scientifique va se traduire en argent sonnant et trébuchant. Lors de la conférence BioPartnering Europe, l’accent a été mis sur les partenariats et les acquisitions. L es performances boursières des biotechnologies européennes, représentées par un nombre croissant d’entreprises cotées, leur font progressivement gagner en crédibilité auprès des investisseurs américains. « En un an, l’index des biotechnologies américaines a gagné 160 %, tandis qu’en Europe il augmentait de 260 %, notait Rodney Young, directeur des investissements dans la santé en Europe de SG Cowen, lors d’un débat à la conférence BioPartnering Europe, qui s’est tenue à Londres la semaine dernière. Il existe maintenant deux fois plus de fonds de placement dans la santé en Europe qu’il y a douze mois. Mais le niveau de financement reste bien plus élevé aux Etats-Unis qu’en Europe. » Dans les mois à venir, s’accordent à dire les financiers, les entreprises devront prouver qu’elles sont capables de mûrir en développant leurs collaborations. « Les partenariats restent importants sur le marché d’aujourd’hui. Les biotechnologies en tirent une validation de leurs outils, des revenus, et des compétences qu’elles n’ont pas », reprend Rodney Young. Ces accords font aussi partie d’une stratégie financière. « Ils aident à rester visibles auprès des investisseurs, à condition qu’il y ait un flux consistant d’accords », souligne Barclay Kamb, avocat du cabinet américain Cooley Godward Practice. Et la période semble particulièrement propice car, avec un levier financier plus fort, les biotechnologies ont gagné en marge de manœuvre. « Dans les partenariats, l’équilibre des pouvoirs est en train de changer, reprend Rodney Young. La hausse de valorisation des biotechnologies les rend plus fortes pour négocier. Mais la pharmacie n’est pas L E C A P I TA L - R I S Q U E O P T I M I S T E L es capitaux-risqueurs européens qui sont intervenus à BioPartnering Europe n’ont pas caché leur contentement. Des start-up intéressantes et nombreuses, des introductions en Bourse réussies, l’arrivée de managers patentés de la pharmacie et d’un plus grand nombre d’analystes financiers rend le paysage actuel des biotechnologies européennes plus attirant. Mais ce secteur, relativement nouveau, requiert que le capitalrisque ne se limite pas au financement. « Nous voyons des technologies, des concepts mal dégrossis, et nous aidons à construire des business model autour de ces bases », explique Alexandra Goll, associée de TVM Techno Venture Management, en Allemagne. Tous les projets ne sont pas viables pour autant et les jeunes sociétés qui se créent grâce à des fonds du le seul partenaire possible. D’autres biotechs le deviennent. » Toutefois, nombre d’entreprises européennes, jugées trop spécialisées, manquent encore d’envergure aux yeux des investisseurs, qui voient dans les fusions et acquisitions un passage presque obligé. Les entreprises qui n’ont qu’un outil à proposer sont particulièrement en ligne de mire. « La façon la plus rapide pour elles de passer à l’étape supérieure est d’acquérir une autre société ou de fusionner », explique Francesco de Rubertis, de la société de capital-risque suisse Index Ventures. Fusionner les projets Les rapprochements peuvent parfois s’effectuer à un stade très précoce, souligne Marion Dörner, de la société Earlybird Venture Capital : « Quand nous étudions un projet intéressant mais modeste, nous tentons de voir s’il y a des possibilités de le fusionner avec un autre issu, si possible de notre portefeuille », qui comporte huit sociétés aujourd’hui. Le but : gouvernement, notamment en Allemagne et en France, doivent rester vigilantes. « Les entreprises ne peuvent pas survivre sur des fonds publics. Il y aura une sélection entre le premier et le second tour de financement. Même si la base d’investisseurs devient plus large. Aujourd’hui, en effet, les secondes et troisièmes levées de fonds s’opèrent presque toujours via des groupements internationaux. » compléter la plate-forme technologique ou associer des molécules à plusieurs stades de développement. « Avoir un programme en clinique est très bien. Mais si vous n’avez que deux molécules, et qu’elles en sont déjà à ce stade, votre projet consomme trop de capital pour nous, et les risques d’échec sont trop élevés. Il faut associer des programmes en préclinique », reprend Marion Dörner. Même lorsqu’une entreprise peut faire appel aux marchés publics, son assise technologique devra convaincre. « Les entreprises européennes vont devoir élargir leur plate-forme, estime Charles Foe, directeur chargé des sciences de la vie dans le monde de Lehman Brothers. Cela peut être obtenu par des fusions. Pour cela, elles devront aussi regarder outre-Atlantique. » Mais ces transactions ne seront pas toujours aisées, ajoute le financier : « De plus en plus d’entreprises ont recours à l’échange d’actions. Or beaucoup d’investisseurs américains refusent les titres qui ne sont pas cotés aux EtatsUnis. C’est l’un des problèmes clés du CHRISTINE TACONNET Neuer Markt. »■ ILS BOUGENT ABBOTT Le conseil de direction a élu JOHN LANDGRAF au poste de vice-président « corporate engineering » pour le groupe Abbott Laboratories (Abbott Park, Illinois). Il remplace LANCE WYATT, promu vice-président senior de la division produits de spécialité. ■ BIoTEcH•INFo EUROPABIO ERIK TAMBUYZER, vice président des affaires européennes du groupe Genzyme (Cambridge, Massachusetts) après avoir cofondé et dirigé la société belge Innogenetics, remplace POL BAMELIS au poste de président du conseil de l’association Europabio (Bruxelles, Belgique). ■ GENOME THERAPEUTICS STEVEN RAUSHER, P-DG d’AmericasDoctor.com et ancien d’Abbott, est nommé président et P-DG de Genome Therapeutics (Waltham, Massachusetts). Il remplace ROBERT HENNESSEY, qui reste président du conseil. RICHARD LABAUDINIERE quitte Rhône-Poulenc Rorer et devient vice-président senior de la R&D. ■ NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 5 EN BREF Des chercheurs de l’Université de Glasgow (Ecosse) ont publié un nouveau facteur de risque pour les maladies coronariennes du cœur, indépendant du LDL. Il s’agit du niveau élevé de l’enzyme Lp-PLA2 : lipoprotein-associated phospholipase A2. (« New England Journal of Medicine », 19 octobre) Un réseau national pour l’étude et le traitement du syndrome de Gilles de la Tourette vient d’être créé en France sous l’égide de l’Association française concernée (AFSGT). Par ailleurs, des essais cliniques concernant cinq patients vont avoir lieu d’ici à deux mois à la Pitié-Salpêtrière sous la direction d’Yves Agid. Des électrodes de stimulation vont être implantés dans le cerveau, aux mêmes endroits où ils sont posés dans le cas de la maladie de Parkinson. (« Le Quotidien du médecin », 16 octobre) Une équipe pluridisciplinaire parisienne a réalisé la première autogreffe de cellules musculaires (myoblastes du muscle de la cuisse) pour compenser une insuffisance cardiaque après un infarctus du myocarde. Le patient a récupéré une partie de sa fonction cardiaque perdue. D’autres patients devraient suivre pour confirmer ces résultats encourageants. Des chercheurs de l’Université du système de santé du Michigan suggèrent que le gène RhoC GTPase, impliqué dans les cancers du foie, de la peau et du pancréas, pouvait être un facteur clé dans les cancers du sein inflammatoires. (« Cancer Research », 15 octobre) BIoTEcH•INFo TECHNOLOGIE L’essor de la génomique structurale Financements, colloques internationaux, consortiums… A l’ère de la postgénomique, la biologie structurale explose. Avec un défi : parvenir à une détermination de structures de protéines à haut débit. T rait d’union entre les gènes et la fonction de leurs produits, la structure tridimensionnelle des protéines est une information clé pour la postgénomique. « La structure est un intermédiaire au moins nécessaire sinon indispensable à la détermination de la fonction », explique Joël Janin, directeur du Laboratoire enzymologie et biochimie structurale du CNRS, à Gif-sur-Yvette (Essonne). Et « la structure des protéines est plus longtemps conservée que leur séquence, dit Jean-Michel Claverie, directeur du Laboratoire information génétique et structurale du CNRS, à Marseille. Elle donne donc une bonne idée de la fonction des gènes ». Compléter le catalogue de structures Du coup, la communauté scientifique œuvre à la mise au point d’un programme capable de prévoir la fonction de n’importe quelle protéine, via sa forme, à partir de la séquence de son gène. Mais, pour mettre au point cet outil de génomique structurale, encore faut-il disposer d’un catalogue suffisant d’images en 3D des protéines. Car aujourd’hui, il est « difficile de passer de la séquence à la structure. Si la séquence est homologue à au moins 70 % [à une séquence dont la structure 3D est connue], les programmes de modélisation par homologie fonctionnent bien. Mais si le degré d’homologie est inférieur à 50 %, ça ne marche pas du tout », commente JeanMichel Claverie. Il faut donc diversifier le répertoire de structures déterminées. « Mais, pour obtenir un catalogue de tous les repliements possibles, il faudrait près de 100 000 structures sans redondance. Aujourd’hui, on dispose de 13 000 structures, dont seulement 500 à 1 000 repliements originaux », commente Christian Cambillau, directeur du Laboratoire architecture et fonction des macromolécules biologiques du CNRS, à Marseille. D’où un défi à relever : la détermination de structure à haut débit. La plupart des outils sont là. En amont, la bio-informatique permet, par génomique comparative, d’identifier les gènes prioritaires. En aval, les techniques de résonance magnétique nucléaire et de diffraction des rayons X sur les cristaux protéiques permettent de déterminer la structure des protéines. Mais elles dépendent de l’obtention de protéines solubles. Or, au niveau technologique, «le goulet d’étranglement est dans la production de protéines », souligne Christian Cambillau. Un point confirmé par la plupart des protagonistes. « Le premier objectif est de développer des méthodes d’expression hétérologue pour obtenir des milligrammes de protéine », résume Joël Janin. Pour Christian Cambillau, il faut « développer des plates-formes de clonage universelles, l’automatisation et la miniaturisation des systèmes d’expression, des procédures de purification automatique ». Mais si l’automatisation en série est relativement simple, elle se complique lorsqu’il s’agit de systèmes en parallèle. Car, « il faut une variabilité des systèmes d’expression. On a moins de 10 % de réussite avec une seule méthode d’expression. Avec cinq méthodes, on arrive à 50 % », commente Jean-Michel Claverie. La génomique structurale à haut débit est donc bientôt sur les rails. Aux EtatsUnis, plusieurs consortiums disposent déjà de gros budgets. Fin septembre, les NIH ont investi 150 millions de dollars sur cinq ans. « Le total du financement américain public et privé atteint 300 millions de dollars », estime Christian Cambillau. Au Royaume-Uni, le Wellcome Trust, qui a organisé, en avril et septembre derniers, les deux premières conférences internationales sur ce thème, est aussi très engagé. Mais c’est l’Allemagne qui détient le projet européen le plus ambitieux : la « Protein Structure Factory », située à Berlin. Avec seulement 20 millions de francs débloqués par le comité Génopole du ministère de la Recherche pour le génie structural, la France fait pâle figure. Le salut viendra-t-il du privé ? « Le secteur privé est intéressé mais reste distant. Tout ce qui se passe en structure dans le privé est secret. Car il n’y a pas de brevet possible sur les structures », explique Jean-Michel Claverie. Le chercheur, qui prévoit plutôt des alliances privé-public, n’imagine pas un développement de start-up dans le secteur. Quelques-unes se sont pourtant montées ici et là. Comme Structural GenomiX, à San Diego, aux Etats-Unis. « Elle réunit tous les grands noms de la biologie structurale de la côte Ouest. Mais sa présentation à Cambridge donnait l’impression d’un immense bluff », critique Jean-Michel Claverie. La société a pourtant bouclé un second tour de table de 45 millions de dollars, fin septembre. ■ GÉRALDINE MAGNAN NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 6 TECHNOLOGIE Bientôt un vaccin contre le sida? Sous la houlette de Norman Letvin, de l’Ecole de médecine de Harvard, à Boston, une équipe de chercheurs académiques américains et de scientifiques de la société pharmaceutique Merck (Etats-Unis) vient de montrer que son vaccin contre le sida est efficace chez les singes rhésus. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont injecté aux animaux un brin d’ADN contenant les gènes des protéines SIVmac239 Gag et HIV-189.6P Env. Si ce vaccin à ADN n’évite pas l’infection, il dope le système immunitaire de l’animal. Et son efficacité est augmentée par la coïnjection d’une protéine chimère composée de l’interleukine 2 et de la portion Fc d’une immunoglobuline G. Cent quarante jours après avoir été contaminés par le virus SHIV-89.6P, les singes qui ont reçu le vaccin avec la protéine ont développé une forte réponse cytotoxique secondaire. Le taux de leurs lymphocytes CD4+ est resté stable. Leur charge virale était indétectable. De plus, ils n’ont montré aucun signe clinique de la maladie. En revanche, à la même époque de l’étude, la moitié des animaux non vaccinés était malade, l’autre moitié morte. Publiés dans « Science », ces résultats sont très encourageants. Mais les chercheurs ignorent encore la durée de l’efficacité de ce vaccin. Améliorer les vaccins contre la fièvre Q Responsable de la fièvre Q, la bactérie Coxiella burnetii peut provoquer des avortements chez les ruminants et les animaux domestiques (chats, chiens, lapins), qui en constituent le principal réservoir. Le danger est que les bactéries peuvent être excrétées par les animaux sans signe clinique apparent. Aussi, une équipe de l’Inra de Tours va tester les vaccins vétérinaires disponibles pour les améliorer. « Dès l’année prochaine, nous allons déterminer chez la chèvre la protection réelle d’un vaccin slovaque préparé à partir de bactéries infectieuses, en phase I. S’il est efficace, nous nous attacherons alors à fabriquer une forme recombinante de vaccin pour ne pas utiliser de bactéries infectieuses, donc dangereuses », explique Annie Rodolakis, responsable de ce programme. En effet, la bactérie est responsable, chez l’homme, d’infections aiguës, en général bénignes, mais qui peuvent, dans un petit nombre de cas, être mortelles. Les chercheurs travaillent également en parallèle à une variante de test PCR pour améliorer le diagnostic. Analyse du cycle de vie bientôt terminée pour le 3GT de DuPont Dans six mois, DuPont aura achevé l’analyse du cycle de vie de son nouveau polymère de la famille des polyesters, le 3GT (triméthylène glycol téréphtalate), vient de révéler Helen Kuhlman, vice-présidente en charge des biomatériaux, lors d’un passage à Paris. L’un des intermédiaires de la fabrication du 3GT, le propanediol, est obtenu par bioconversion à partir d’amidon du maïs. Si, comme l’espère la chimiste américaine, il se confirme que le procédé de fabrication est à la fois économique et pas plus polluant ni plus consommateur d’énergie que la voie chimique classique, une unité de production de 50 000 tonnes par an pourrait démarrer d’ici à deux ans. Publications scientifiques sur Internet Le nouveau Centre pour la communication scientifique directe (CCSD) du CNRS permettra aux chercheurs d’échanger leurs résultats rapidement. Il sera dirigé par Franck Laloë, directeur de recherche au CNRS. Le CCSD va collaborer avec le serveur américain de Los Alamos, première initiative du genre. Aujourd’hui, les secteurs de la physique et des mathématiques sont plus avancés sur ce point. Mais Franck Laloë a bon « espoir de rallier les collègues des sciences de la vie. Il y a cinq ans, ils étaient réticents car trop liés à l’industrie. Mais, depuis, ils ont eux aussi cette demande ». Lundi 23 octobre, Jean-Claude Guédon, membre de l’Internet Society, tenait une conférence à l’Institut Pasteur où il faisait le constat du pouvoir des éditions privées qui, si elles restent nécessaires, se mettent parfois en travers des chercheurs. Le CCSD permettra de supprimer cet intermédiaire. Ainsi, les documents mis en ligne sont avant tout des « preprints ». Pour consacrer l’initiative au niveau international, une réunion aura lieu, à Lyon, les 30 et 31 octobre. BIoTEcH•INFo EN BREF Un défaut génétique est en cause dans certains cas sporadiques d’hypertension pulmonaire. Il s’agit de mutations germinales du gène codant la protéine BMPR-II, un récepteur de la famille du TGF-bêta. (« Journal of Medical Genetics », octobre) Une souris transgénique, créée par une équipe américaine, a développé le lymphome de Burkitt. Ce modèle animal, détaillé dans le dernier numéro du « Journal of Experimental Medicine », devrait permettre de mieux comprendre les mécanismes moléculaires de ce cancer. Un biochimiste et un informaticien de l’Université américaine de Brown (Providence, Road Island) ont mis au point une méthode de séquençage de l’ADN qui serait, selon eux, plus efficace et plus rapide que les techniques actuelles. La nouveauté se situe au niveau des sondes fixées sur une puce et de l’algorithme utilisé pour analyser les résultats. Les oligonucléotides qui se lient spécifiquement à l’ADN double brins, les TFO (Triplex-forming oligonucleotides), peuvent induire des mutations au niveau de leur site de liaison dans les cellules de la souris. Ces résultats montrent que les tissus somatiques peuvent être la cible de mutagenèse par des acides nucléiques. (« Science », 19 octobre) Un chercheur américain pense avoir fait revivre une bactérie âgée de 250 millions d’années, découverte au NouveauMexique, dans de l’eau de mer incluse dans un cristal. (Nature, 19 octobre) NUMÉRO 67 — 25/10/2000 — PAGE 7 LES LIENS DE LA SEMAINE www.hopkins-biodefense.org L’Université américaine Johns Hopkins consacre quelques pages de son site au bioterrorisme avec des articles, des actualités, des livres. Une partie de cette section présente et relate le symposium national, organisé chaque année au sein de l’université, sur ce sujet. Le prochain a lieu les 28 et 29 novembre. RENDEZ-VOUS • La Fédération française de cardiologie (FCC) organise le quatrième congrès sur l’épidémiologie et la prévention des maladies cardio-vasculaires, les 26 et 27 octobre, à Tours. Renseignements Tél. : 01-44-90-83-83. • L’Institut national de transfusion sanguine propose les neuvièmes séminaires d’actualité transfusionnelle (SAT’INTS) sur le thème « HIV et HCV : du dépistage à l’immunothérapie », les 26 et 27 octobre, à Paris. Contact : Claudine Hossenlopp, Tél. : 01-46-06-04-83. • Le Cambridge Healthtech Institute propose une conférence sur la génomique fonctionnelle (découverte de cibles par la génomique fonctionnelle comparative, utilisation de technologies à haut débit pour l’étude de réponses biologiques, cartographie des protéines), les 13 et 14 novembre, au Centre de conférence www.recherche.gouv.fr/genhomme /default.htm Le site du réseau GenHomme, ouvert en juillet dernier, vient d’être remis à jour. Il fonctionne comme un forum d’échanges avec des ateliers thématiques et a pour objectif de favoriser les partenariats publics-privés dans le domaine de la génomique. Toutes les informations pour obtenir la labellisation GenHomme ou le financement d’un projet sont présentes. www.mpl.ird.fr/entomo_medicale /collection/ L’IRD (Institut de recherche pour le développement) a mis sa collection d’insectes sur le Web. Deuxième banque en Europe derrière celle du British Museum, elle présente des centaines de milliers d’insectes en anglais et en français. R É G L E M E N TAT I O N hôtel Hyatt Harborside, Boston (Massachusetts). Tél. : 00-1-617-630-1300, E-mail : [email protected] Site Internet : www.healthtech.com • Le Colloque scientifique international « Transcriptome 2000 », organisé par le laboratoire CNRS ERS 1984, se tiendra du 6 au 9 novembre. Il fera le point sur vingt-cinq ans de recherche sur les ADNc ; leur clonage et séquençage, l’annotation du génome (analyse de transcriptomes ; protéome et systèmes biologiques) et les applications en biologie, biotechnologie et médecine (perspectives futures ; questions éthiques, légales, économiques et sociales). Contact : Comité d’organisation de Transcriptome 2000 Tél. : 01-49-58-35-00 / 02 E-mail : [email protected] [email protected] Site Internet : www.vjf.cnrs.fr/transcriptome. Allemagne : projet de loi sur les brevets Le gouvernement allemand a adopté, la semaine dernière, un projet de loi protégeant les découvertes biotechnologiques. Présenté par le ministre de la Justice, Herta Daeubler-Gmelin, il pose des frontières éthiques claires. Il interdit, par exemple, de breveter un procédé de clonage humain, un processus de modification de l’identité génétique humaine ainsi que l’utilisation d’embryons humains à buts commerciaux et industriels. A l’inverse, une séquence d’ADN humain pourra être considérée comme invention et brevetée, si son utilisation commerciale est clairement exposée. Ce projet de loi vise à transposer dans le droit allemand la législation européenne sur les inventions biotechnologiques. Il devrait être présenté à la Chambre haute du Parlement (Bundesrat) d’ici à deux mois, puis aux députés du Bundestag. BIoTEcH•INFo Une publication de « L’Usine Nouvelle » - 12-14, rue Médéric 75815 Paris Cedex 17 Tél. : 01-56-79-41-00 – Fax : 01-56-79-45-60 Site Internet : www.biotech-actu.com Prix de l’abonnement annuel (44 numéros) : 3 700 F TTC (TVA 2,10 %). Service abonnements : 41 30 – Fax : 41 34 – Petites annonces : Georges Marécaux : 41 57. Rédaction : Jean-Pierre Gaudard (rédacteur en chef) : 41 90 ; Christine Taconnet (rédactrice en chef adjointe) : 42 18 ; Anne Laurent-Pezet : 42 28 ; Géraldine Magnan : 42 29. Réalisation: Sophie Jarreau : 42 73. 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