NOVEMBER-MIKE 2014: OBJECTIF ANTALYA !

Transcription

NOVEMBER-MIKE 2014: OBJECTIF ANTALYA !
N OVEMBER -M IKE 2014: OBJECTIF A NTALYA !
5 J UILLET – 23 J UILLET 2014
1
2
N OVEMBER -M IKE 2014: OBJECTIF ANTALYA !
Un mois jour pour jour qu’on est rentrés et je suis toujours la tête dans le cockpit, le casque toujours
vissé sur les oreilles, les images défilent et je me remémore chaque instant ou presque. On ne rentre
jamais indemne d’une épopée pareille. Près de 40 heures de vol en 18 jours, non mais vous vous
rendez compte !
Ce n’est pas compliqué, je suis au bureau et j’ai tellement l’esprit ailleurs que je me dis que plutôt
que de perdre mon temps à rêvasser bêtement, autant que je couche sur le papier ces impressions
fantastiques qui nous ont traversés pendant ces 18 jours de folie.
Je vais commencer par un petit résumé en forme de bilan afin que les plus impatients d’images
époustoufliantes puissent se repaitre rapidement de la beauté des photos qui vont suivre (toutes de
Christine, donc c’est sans fard que je peux parler de leur caractère exceptionnel), et que les plus
assoiffés d’aventures, les épicuriens et les plus gourmands prennent le temps de s’abreuver de la
logorrhée débordante de votre serviteur dans la version longue afin de partager au plus profond les
émotions qui nous ont submergé de Venise à Corfou, d’Athènes à Antalya, de Rhodes à Mykonos …
2e vol intercontinental pour November-Mike, avec nous en tout cas (après le Maroc en 2011),
puisque ses ailes nous auront porté jusqu’en Asie (Mineure certes, mais Asie quand même, non
mais !), 2e virée Turque pour nous après l’exploit du Bosphore et de la Corne d’Or un certain 11 Juin
2009 à 14h30 (mon pas sur la Lune à moi, celui-là, je m’en souviens comme si c’était ce matin).
Donc le bilan :
-
près de 40 heures de vol, 17 navigations (16 + 1 local de 30 kms de Lucca à Pise pour
cause de ravitaillement), 11 jours de vol, 8000 bornes dont pas mal de survol maritime, la
Grèce, c’est vraiment plein d’eau.
-
2 continents, 4 pays : France, Italie, Grèce, et Turquie (j’oublie Monaco et San Marino)
-
des mers en veux-tu en voilà : Ligurienne, Adriatique, Ionienne, Egée, Tyrrhénienne,
Akdeniz (Méditerranée en turc, littéralement Mer Blanche ou Mer du Sud)
-
et des montagnes en pagaille: Alpes, Apennins, Monts Parnasse et du Péloponnèse,
plateau Anatolien et les monts du Taurus !!!
-
et des cités fabuleuses, vues d’en haut également: Venise, Athènes, Pise, Rhodes
-
et des sites archéologiques qui ne le sont pas moins : Pompéi, Paestum, Corinthe, Cap
Sounion, Ephèse, Aphrodisias
-
et des sites toujours aussi chouettes : Corfou, le Golfe de Corinthe, les Cyclades (ah !
Mykonos), la Toscane, la Côte d’Azur, etc, etc.
Le tout avec une MTO très capricieuse et pas sympa au départ de France comme au retour d’ailleurs,
à croire que notre mère patrie ne veut nous laisser ni partir ni revenir, nous obligeant une refonte
complète de nos plans initiaux, et bouleversant le calendrier des autorisations obtenues
laborieusement avant le départ : Sarajevo, Tirana étaient au programme, ce sera pour 2015 !
Mais partant toujours du principe qu’on va là où il fait beau et que s’il fait moche là où on avait prévu
d’aller, c’est qu’ils ne nous méritaient pas, nous avons orienté nos ailes vers le beau temps et vers le
CAVOK qui nous a accompagné de Venise à Antalya et retour jusqu’à Pise. Avant et après, pas pareil…
Un petit Chavenay-Aix pour fuir les orages et les perturbs à répétition qui ont balayé la France
pendant tout cet été pourri, un dernier coup de rein pour atteindre Venise pour fuir devant la
déprime qui nous aura couru après jusqu’en Italie, et après changement de cap, toute la botte côté
Adriatique, puis Corfou (ah ! Corfou !!!!) et CAVOK plein pot pendant toute l’Odyssée Grecque, du
Golfe de Corinthe aux Cyclades, en passant par Athènes, et le Dodécanèse (ah ! Rhodes !!!), puis
Turque en passant par Ephèse et Aphrodisias, 2 merveilles antiques, Pamukkale et les monts du
Taurus qui se mirent dans les lacs salés, avant de revenir par la côte de la Méditerranée qui recouvre
les cités englouties de Kaş pour finir par un retour épique d’arc de triomphe en arc de triomphe, de
celui d’Hadrien d’Antalya à Perge, de Paestum à Pompéi, de Rome à Pise, toujours CAVOK pour cette
remontée par l’Italie côté Tyrrhénienne cette fois-ci. Tout ça pour buter sur une nouvelle barrière
d’orages et un mistral d’enfer qui nous oblige à nouveau à une petite étape de stars à Cannes, tapis
rouge pour nous avant de clore cette épopée ce 23 Juillet, en cette fin d’après-midi quasi radieuse,
par un kiss landing dont moi seul ai le secret quand il s’agit d’apporter une touche finale, pleine de
bon goût et chargée d’élégance comme celle qui me caractérise au quotidien, à cette nouvelle
Odyssée aéronautique aussi homérique que les précédentes, Grèce oblige…
Donc si on se résume : du bonheur en barre, du merveilleux à tous les étages, nous sommes allés au
sommet de l’Olympe, nous avons croisé Icare une fois encore, et nous avons tutoyé les anges au
quotidien. Voici comment ça s’est passé.
S AMEDI 5 J UILLET :
C HAVENAY (LFPX) -A IX (LFMA) - 3 H 30
Réveil 8h. Ça ne sert à rien de se précipiter, MTO pourrie, on le savait depuis hier à la lecture des TAF
long… C’est blindé sur l’Est et ce, pour un bail. La décision a déjà été prise de tenter de s’échapper
par le Sud. Il parait qu’il va y avoir une accalmie entre 2 perturbs, genre traine très très active. On va
bien voir.
Ça se lève, les METAR et TAF s’améliorent à partir de la Loire, ça reste dégueu sur la région
parisienne : crachin, pas de plafond, pas de vent, le marais barométrique nase. Coup de fil au
spécialiste de Météo France, les seuls qui te filent une vraie vision et qui sont toujours d’un énorme
conseil. Le gars n’y va pas par quatre chemins : y a une fenêtre de tir en milieu de journée et après ça
va se reboucher. Terrain à 13h, la nave est prête pour Aix, on verra bien si ça passe. Tous les avions
qui ont essayé de partir sont revenus ou restés. Un DR400 se pose, il revient de Dreux, il n’a pas pu
aller plus loin. Faut y aller, la cochonnerie arrive par l’Ouest. On charge la mule, prévol du feu de de
dieu, dernier debriefing avec Gilbert notre chef mécano qui nous a fait une 100h aux p’tits oignons,
et 14h30, aligné en 23 et vogue la galère. On décolle dans une trouée mais ça se reblinde à partir de
RBT. Contact avec Etampes, il parait qu’ils ont du plafond et de la visi. On se perd un peu (eh oui ! ça
arrive quand on fait trop confiance à son GPS !) mais on finit en slalomant entre les grains par se
retrouver à l’ouest d’Etampes et de là on voit quasiment jusqu’à la Loire. Youpi ! C’est passé ! Tu
parles, Charles : entre Briare et Nevers, c’est à nouveau pourri. Mais de relevé de terrain en terrain
grâce au SIV, on sent que ça va le faire. Le moral remonte à partir de Roanne, l’altitude également et
à St Etienne c’est CAVOK. Ca y est, c’est gagné !!! 2h qu’on est partis. On s’arrête comme prévu ?
4
Non, on ne va pas gaspiller notre chance, on sait que la perturb scélérate gambade joyeusement
derrière nous. Le Massif Central ne m’a jamais paru aussi beau. 6000 pieds, je tiens la chaine des
Puys dans la main droite, le Vercors dans la main gauche, puis le Ventoux, le Rhône superbe, et on
descend sur Aix. Ouaouh !!! On est en finale, on est en finale, we are the champions !!! (vieille
réminiscence de 98 en cette phase finale de la coupe du monde au Brésil).
3h30 de vol, soirée entre potes bien méritée. La consultation des esprits météorologiques nous
augurent que du bon sauf pour passer le bout d’Apennins au Nord de Gènes. Donc pas besoin de
trop se presser, ni de trop tarder puisque c’est Cb prévus ici sur Marseille à partir de 14h…. La
scélérate arrive. La fenêtre de tir, je te dis pas…
D IMANCHE 6 J UILLET :
A IX (LFMA)-V ENISE (LIPV) - 3 H 30
Aix, c’est génial. Pas de BdP, tu laisses ton papier de passage dans la boite et tu attends que la
facture arrive. En pratique, elle n’arrive jamais. Merci Aix !!! C’est super et en plus la plateforme est
sympa et très bien située pour aller se balader dans la région (les calanques vues d’en haut, quel
pied !!!).
Décollage vers 11h, destination Venise !!! Les prévisions de la Pythie MTO se confirment (vous avez
vu, je vous plonge déjà dans la Grèce antique) : beau temps maintenant, Cb après. On détale dans
une tempête de ciel bleu qui va nous accompagner jusqu’à Imperia après San Remo. 4500 pieds audessus du Luberon, direct sur Fréjus, Esterel et Maures superbes, puis radada sur la côte d’Azur. On a
les gilets de sauvetage sur le dos, tu parles qu’en cas de panne moteur c’est pas sur des grandes
plages de sable fin que tu vas te poser par-là, surtout à 500 pieds mer.
Contact avec Nice Info, transit sud accepté. C’est parti, et on enchaine : Delta Roméo (après Fréjus),
Sierra Alpha (Iles de Lérins, travers Cannes), Sierra Bravo (Antibes), Echo Alpha (Cap St Jacques), Echo
Bravo (Monaco, « restez en mer, c’est plein d’hélicos »), Echo (Menton, la frontière), adieu la France,
buongiorno Italia !
La côte jusqu’à Gênes et depuis Albenga ça commençait à se dégrader salement. Coup de radio avec
Gènes, ils ont FEW à 3000 pieds. Ah bon. Moi j’étais remonté à 2000 mais depuis je suis redescendu
et là c’est plutôt 600 pieds max et la montagne est perdue dans les nuages. Deux 360° d’attente en
prime pour laisser un Alitalia décoller et verticale terrain avec effectivement FEW 3000 mais le
problème c’est que le FEW est plutôt BKN dans la montagne devant nous et on a un col à 3300 à
passer… On dit au revoir et peut-être à tout à l’heure à Gênes, et on y va, on y croit. On n’est pas trop
de 4 yeux pour trouver l’autoroute qui doit nous emmener au col. Faut dire que les Italiens poussent
le comique de la situation à séparer les voies de l’autoroute pour passer dans des tunnels ou
contourner une colline de part et d’autre, un vrai plat de spaghettis et quand tu montes dans la
montagne avec le relief et les nuages qui sont accrochés un peu partout, je te décris pas l’ambiance.
Christine finit par la trouver, moi je suis obnubilé par le demi-tour. Je vole plus en regardant derrière
et sur le côté que devant. Mermoz devait chercher son passage dans la Cordillère comme ça, j’en suis
sûr… Et ça passe, et sans problème : ça se déchire au fur et à mesure qu’on monte et bientôt on voit
tout, le col, les sommets, le ciel bleu, c’est fait, on n’en parle plus. Ciao Genova ! Descente sur
Voghera, Piacenza, la plaine du Pô, Mantova (sa cathédrale et une pensée pour Roméo et Juliette !!!)
et bientôt l’Adriatique qui se profile. Chioggia, port au sud de la lagune de Venise, on longe la lagune,
1000 pieds, le Lido et ce terrain fabuleux à portée crachat de la place St Marc, j’exagère un peu mais
à peine. La 05 en service donc, « report base leg », ce qui veut dire que tu piques sur la Judecca, tu
5
tournes avant et t’es en finale avec Venise qui défile à tes pieds à gauche. Dingue de chez dingue! Les
fois précédentes, c’était toujours la 23 en service donc tu fais la vent arrière sur la mer. Là, on fait la
finale de rêve qu’on n’a jamais faite. Oula ! Y a de l’émotion sous la verrière, l’appareil photo crépite
sous mon nez, ça va donner. On se pose encore tout esbaudis par la beauté de ce qui vient de e
dérouler sous nos ailes. 14h30, 3h30 après avoir quitté Aix. Encore un vol historique avec une
conclusion non moins exceptionnelle. On range l’avion pour 2 nuits et hop ! vaporetto direct le
Rialto. C’est ça Venise, toute la beauté de l’Italie dans un concentré de bon goût, de magnificence et
d’art, tout ce qui nous va comme un gant.
6 Juillet - Entre Fréjus et Cannes
6
6 Juillet - Iles de Lérins
6 Juillet - Mantoue
7
6 Juillet – Venise !!!!
6 Juillet - En approche sur le Lido
8
M ARDI 8 J UILLET :
V ENISE (LIPV) - F OGGIA (LIBF) - 2 H 55
Que d’émotions, mais à chaque fois c’est pareil, Venise est quand même une destination
extraordinaire, et d’y arriver par les voies de l’aviation légère, c’est toujours un moment intense
d’atterrir sur cet aérodrome historique de Nicelli, où la piste se termine directement dans la mer,
après une finale où les superlatifs ont failli me manquer, moi qui n’en suis pas avare…
Donc après une escale prolongée ici, et après avoir essuyé des orages de tonnerre de dieu la veille au
soir, augurant d’une matinée aéronautique peu paisible… l’équipage fait le bilan météo de la journée.
Pour rappel, à l’origine, il y a bien longtemps (!), le plan était cap à l’est : Strasbourg, Salzbourg,
Rijeka, Zadar, Sarajevo, Tirana et rejoindre la mer Egée à Skiathos après les Météores. Vous aurez
compris que le début a été relégué aux oubliettes en attendant 2015 mais que notre détermination
n’avait pas faibli quant à notre volonté d’aller à Sarajevo et Tirana, et si nous sommes à Venise c’est
bien dans cette perspective. En pratique, on remet tout ça dans la culotte une fois encore avec les
autorisations gentiment accordées par les autorités bosniaques et albanaises : la dépression nous a
rattrapé, profitant lâchement de notre escapade amoureuse vénitienne, et pire, la côte Dalmate est
blindée d’orages à compter de ce matin et en fait ce sera vrai jusqu’à notre retour (y a pas qu’en
France : la Croatie et l’Albanie se sont cogné des orages type tropicaux super dévastateurs). Donc
adieu Sarajevo, adieu Tirana, bonjour Foggia ! Décision prise de fuir tout le paquet de saloperie et de
descendre le plus vite possible là où il fait toujours beau, quoiqu’il se passe ailleurs : j’ai nommé la
Grèce. Donc remake de 2012, on descend la botte et ce soir à Corfou. Presque…
Plan de vol pour Foggia, dans les Pouilles, seule station-service avec de la 100LL dans le Mezzogiorno
avec Reggio di Calabria (cf. nos aventures de l’an dernier durant notre virée pour Malte : pas
d’essence à Brindisi, ni à Bari, obligé de violer l’aéroclub local pour qu’il nous vende un bidon !!!).
Donc dernière station avant autoroute. Objectif refueling et traversée vers Corfou dans la foulée.
Décollage de Venise en 23 cette fois-ci, je monte doucement, très doucement pour laisser le temps
de se repaitre de la vue, encore et encore, puis virage vers la côte qu’on ne va plus lâcher jusqu’à
Focifortare 20 minutes avant Foggia. On laisse derrière les Alpes couvertes d’un rideau noir et la côte
vers Trieste et Roncchi plongés dans un gris sale lourd de signification orageuse. Ravenna, les
militaires nous suivent au radar. Rimini, ses alignements de milliers de parasols et ses plateformes
pétrolières perdues en mer. Ancona, Pescara, les 2 nous laissent passer sans trafic commercial qui
nous oblige à des 360 de retardement. Brindisi Info, puis Amendola, la grande base militaire pleine
d’américains, et on est autorisés à se poser à Foggia, vent plein travers et d’une force pas tout à fait
prévue, même si on était bien branlés depuis qu’on était rentrés dans les terres. Quand je dis plein
travers, c’est plein travers : piste en service la 34, vent 24018G28. Rappelez-moi la limite vent de
travers pour un DR400 : 25 nœuds, c’est cà ? Allez, un œil sur la biroute qui batifole dans tous les
sens, l’autre sur la piste, 1500 mètres devant, pas d’affolation, y a le temps, l’avion en crabe à 45°, on
décrabe au dernier moment et on freine à mort dès le toucher des roues, les pneus hurlent sur
l’asphalte brûlant, le caoutchouc laisse des longues trainées noires, ça chasse un peu mais ça tient,
j’en rajoute à peine, mais on est content d’être posés. Essence, météo, discussion avec les gens du
cru pour savoir à quelle heure ils arrêtent la soufflerie, visiblement c’est pas pour tout de suite. On se
réunit et après une heure à constater que la biroute batifole toujours autant voire plus (on est 25
nœuds rafales 32 nœuds maintenant, toujours plein travers) et la décision est prise : il parait que ça
se calme pendant la nuit et que, le matin, c’est que du bonheur. Donc on va découvrir Foggia ! On
annule le plan de vol pour Kerkyra (Corfou), on attache l’avion avec des gueuses de sable pour pas
qu’il parte sans nous et au dodo.
9
8 Juillet – Venise au décollage
8 Juillet - Rimini
10
8 Juillet – 22 nœuds rafales 32 plein travers à Foggia
M ERCREDI 9 J UILLET :
F OGGIA (LIBF) – K ERKYRA (LGKR)- 2 H 25
Ravis d’avoir découvert ce patelin loin de tout circuit touristique, super sympa, on repart le cœur
léger pour Corfou. Plan de vol, météo, CAVOK partout. Seule difficulté : le décollage, car couper la
soufflerie ici signifie avoir un petit 20 nœuds… plein travers. C’est parti parce qu’ils remettent le
ventilateur en route, « Fox November Mike, clear for take-off, runway one six, wind two four zero
two two knots ». Bon on a de la chance, y a pas de rafales. Je positive. Le manche à contre dans la
cuisse de Christine et on décolle. Effet girouette immédiat. Je lâche un « bon, ça, c’est fait ! » qui plait
beaucoup à l’équipage et on rejoint la côte à Trani, l’une des magnifiques cités toutes blanches et
souvent fortifiées qui jalonnent toute cette partie de la côte qui donnent un parfum d’Afrique du
Nord par avance. On quitte nos amis militaires d’Amendola pour Brindisi Info. Bari à 11h, on
commence à grimper, Brindisi à 11h30, 7500 pieds, et 20 minutes plus tard on entame les 100 kms
de traversée maritime pour Corfou, cap au 110, on est à 8500 pieds pour cause de cumulus un peu
plus élevés que prévus sur Otranto, je reste le nez sur l’horizon artificiel, et je commence mon circuit
visuel : vario, horizon artificiel, cap, vario, horizon artificiel, cap… On voit bien l’horizon, pas de souci
de perte de repère, je peux regarder dehors, d’autant qu’au bout de 5 minutes je n’en crois pas mes
yeux, je dis : « regarde, Corfou ! » et je tourne la tête un peu à gauche, la côte Albanaise me tend les
bras, c’est stupéfiant, phénomène de loupe, on a l’impression qu’elle est, allez, disons à 30 kms alors
qu’en fait elle est à plus de 80 kms. Christine n’en revient pas non plus, on se pince pour vérifier
qu’on n’a pas trop forcé sur le Montepulciano la veille, c’est magnifique et subjuguant.
GABI, point de report fictif que nous avons créé à la limite de la FIR Brindisi, abeam sud de TIGRA le
point officiel de passage de la frontière 10 nautiques au nord, GABI 5 minutes plus tard. On est à mi11
chemin. On passe avec Kerkyra qui nous demande de commencer notre descente pour être à OTONI
à 2000 pieds (caillou qui sert de point de report 20 kms avant Corfou). C’est vrai que c’est long à
perdre, 6500 pieds ! A 500 pieds/minutes ça fait presque un quart d’heure, et à 3,5 kms/minute, ça
fait plus de 50 bornes, donc faut pas mollir. Ensuite mis en attente à l’ouest de l’ile pour laisser
passer un gros et on se pose en 35 comme une fleur. Encore une fois cette traversée maritime s’est
superbement passée, dans le calme et la décontraction et avec des visions quasi surréalistes en
prime. Des comme ça, j’en redemande !
A 13h, on est opérationnels pour nos 48 premières heures grecques. Ca y est, on y est !
Corfou, étape de rêve, encore une certes, mais la plus italienne des iles grecques ne trahit pas sa
réputation de beauté et quel pied de se balader en scoot loin des hordes touristiques parquées au
nord de l’ile. Des criques, une eau émeraude translucide, carte postale, c’est sûr, mais on ne boude
pas notre plaisir.
9 Juillet – Trani dans les Pouilles
12
9 Juillet - Corfou
V ENDREDI 11 J UILLET : K ERKYRA (LGKR)- M EGARA (LGMG) - 2 H 10
M EGARA (LGMG) – S YROS (LGSO) – 1 H 05
Aujourd’hui on va à Syros (du foie bien sûr, je la fais une fois pour toutes et qu’on n’en parle plus),
Syros, ile des Cyclades un peu à l’ouest de Mykonos, qui, elle, n’a pas voulu nous accueillir pour cause
de trafic estival trop important.
J’en profite pour ouvrir une parenthèse pratique sur le vol en Grèce. Un rappel pour ceux qui
l’auraient oublié, voler en Grèce demande un peu de préparation et des contacts systématiques
avant de partir avec tous les terrains où on a envie de faire escale, quitte à modifier en route les
heures, les dates d’arrivée, car si on a prévenu, tout s’arrange toujours. Mais il faut savoir que les
terrains où il y a de la 100LL sont rares, très rares : une dizaine en tout et pour tout sur une superficie
grande comme la France… Certains terrains avec 100LL ne sont pas douaniers (Megara, Karpathos),
et d’autres sont douaniers mais sans 100LL (Mykonos, Skiathos, Santorin). Certains terrains ne vous
accueillent que pour 2h parce que pas assez de place de parking (Mykonos), ou alors il faut réserver
bien à l’avance (Skiathos), mais tous exigeront une demande d’autorisation pour landing and parking,
même ceux où il y a plein de place (Corfou, Rhodes, Héraklion, etc.). Donc un peu d’optimisation
s’impose quand on veut se promener dans le ciel d’Icare et surtout à vos mails avant de partir !
Destination les Cyclades où nous allons festoyer joyeusement pendant 3 jours puisque nous sommes
de mariage et de baptême orthodoxes à Tinos, au Nord de Mykonos, mais où il n’y a pas de terrain.
Donc escale technique à Megara (banlieue d’Athènes avant le Pirée) pour refueler et 2e vol pour
Syros qui a le mérite d’avoir plein de place, mais qui n’a pas de 100LL et qui n’est pas douanier. On ne
13
peut pas tout avoir. Et de là nous rejoindrons Tinos par bateau, comme nous l’eussions fait depuis
Mykonos si d’aventure ils avaient daigné nous accueillir, cette bande de …
Reprise : Décollage en 17, transit côte ouest de l’ile parce qu’un jet russe est en finale sur la 35 et on
traverse vers la côte continentale. J’ai oublié de parler météo. Pas le grand bleu au départ, pas
vraiment mais on nous a promis du CAVOK à partir de Patras, alors allons-y. Pas question de franchir
la montagne pour tirer directement sur Athènes, c’est plein de cunimbs. Donc 1000 pieds max le long
de la côte, on se tape même de la pluie avant Prevesa, on louvoie entre les îles de la mer ionienne et
la côte mais ça passe sans difficulté, et on arrive face à Araxos à l’entrée du Golfe de Corinthe,
magnifique autoroute aérienne de plus de 150 kms jusqu’au canal. Le grand beau temps est là,
maintenant, depuis Patras : plus de pluies éparses, plus de vent, plus que l’azur au–dessus, éclatant,
et la mer d’un bleu non moins pur en dessous, les montagnes qui bordent notre route, c’est beau,
c’est doux, on est bien.
Corinthe, ses 4 colonnes qui se battent en duel, le canal un peu plus loin, on quitte Athènes Info pour
Megara, le terrain mixte militaire-civil qui nous accueille une fois de plus super sympa. Refueling, il
est 11h30, repos pendant une heure, le temps d’avaler un œuf dur et un bout de gâteau piqués ce
matin à l’hôtel.
Un coup de flotte (il commence à faire bon ici, enfin un vrai été) et on y retourne. Un petit vol, 45
minutes, pour rallier Syros, mais ô combien agréable puisqu’après approbation par les autorités, on
se refait le travers Athènes, du Pirée au Cap Sounion avec le Parthénon en toile de fond. Je ralentis,
170 km/h, le long de la côte, le Pirée en dessous, l’Acropole au soleil, on passe verticale l’ancien
terrain de la capitale. Et puis tout s’enchaine : le Cap Sounion et le temple de Poséidon qui domine la
mer, Kea, notre 1ère Cyclade, Tinos et Mykonos plus loin, mais nous, on tire direct sur Syros. Syros,
capitale des Cyclades. Contact radio, tour de l’île, la piste sur une falaise, genre porte-avion, qui se
découvre quand on tourne le coin de l’île, longue finale en 18, on longe Ermoupoli sur la droite.
Capitale de l’île, ville d’Hermès, messager des dieux. Comme nous, il avait dû arriver par la voie des
airs. Posé à 13h45, on se parque au bout, y a toute la place qu’on veut ici ! Salutations aux autorités
aéroportuaires : accueillis par un gros pépère tout à fait sympa, qui nous appelle un taxi, une escale
recommandée on vous dit, d’autant que l’île est super belle et la ville vaut le détour. Mariage et
baptême : on est à l’heure, c’est pour demain, tout baigne.
Reprise des aventures ? Ce sera lundi 14 Juillet, jour de la fête nat’, il faut au moins ça pour notre 2e
vol historique pour la Turquie, non ???
14
11 Juillet – Côte ionienne du côté de Prevesa
11 Juillet – Marais salants en face de Patras
15
11 Juillet – Corinthe
11 Juillet – Canal de Corinthe
16
11 Juillet – Athènes et le Parthénon
11 Juillet – Cap Sounion et le Temple de Poséidon
17
11 Juillet – Syros
18
L UNDI 14 J UILLET :
S YROS (LGSO) – S AMOS (LGSM) - 1 H 05
S AMOS (LGSM – A NTALYA (LTAI) – 3 H 00
Et voilà les jeunes mariés baignent dans la béatitude et le bébé dans l’huile d’olive (bien oint sur tout
le corps pour le baptême, il était pas à la fête !) et nous voilà de retour depuis la veille chez Hermès
pour être aux aurores ou presque sur le tarmac. Donc on a fini de cuver les excès de la fête dans une
découverte de la ville, clôturée par un concert classique avec ténor d’opéras sur la place de l’hôtel de
ville et c’est les oreilles encore pleines des cris perçants de Tosca qui vient de perdre son Mario que
je m’endors en retraçant dans ma tête la nave du lendemain qu’on a préparé au millimètre, car ça y
est, c’est maintenant, la Turquie nous attend pour la 2e fois. Cinq ans après Istanbul, aujourd’hui
c’est Antalya.
9h sur le terrain, je monte à la tour, pendant que Christine règle nos dettes en matière de taxes, une
dernière MTO via AEROWEB sur l’i-phone, et l’équipage se rue vers la machine. 1er vol pour Samos,
et ce pour 2 raisons incontournables : refueling à Samos (y a pas de coco ici et après on à 3h de vol
pour Antalya) et Samos est douanier, ce que n’est pas Syros. Plan de vol déposé, autorisation en
poche pour Samos, île de Pythagore, tout est au carré (de l’hypoténuse, bien sûr).
Petit vol de même pas une heure, on décolle en 36 dans l’azur immaculé, on plonge avec la
dégueulante au bout de la piste porte-avion, virage à droite vers Tinos à 30 kms, un 360 au-dessus de
nos lieux de débauche des jours précédents, on déborde Mykonos juste à côté et on aligne les iles :
Ikaria (ça vous dit quelque chose, il parait que c’est par là qu’il a (mal) fini sa nave depuis Héraklion),
Fimaina et Samos à 11h10. Atterrissage de course, t’as pas le choix, le vent est toujours du nord et la
piste est plein Est-Ouest, les seuls 2 kms plats de l’île. Un spectacle de voir les charters de One, Ryan
Air et Easy Jet arriver complètement en crabe ou inclinés en appui sur le vent pour ne pas rater la
piste de 1500m, alors tu imagines quand c’est toi avec ton DR400 qui se ballotte au gré des souffles
d’Eole…
On mastique notre gâteau sec et une pomme, y a pas grand-chose qui passe.
Bon c’est pas tout çà, mais faut qu’on y aille. On se dépêche, on ne veut pas trainer avant les grosses
chaleurs et les orages sur les monts du Taurus.
On perd une 1/2h à cause d’un abruti en bimoteur qui se la pète alors que, nous, on veut faire le
plein et repartir asap. Obligés de mettre une pression grave sur le handling qui n’ose pas bousculer
celui qui paie plein pot, par rapport au nain que je suis avec son tarif réduit grâce à sa carte OAPA
(qui lui permet de faire tomber le coût prohibitif des handlings + taxes de 80€ à 20€). Donc je
commence à m’échauffer, je vais voir le blaireau et je lui dis qu’il bouge son traine-couillons. Il finit
par décarrer et on remplit enfin nos réservoirs. Je réclame à cor et à cri mon autobus pour nous
emmener à l’aérogare faire nos formalités peu habituelles : météo turque et plan de vol pour LTAI.
On a tout : le beau temps, la bonne humeur, l’accord des autorités. Pas de nouvelles de notre
handling à Antalya, on verra bien en arrivant…
Décollage en 09, re-ballottage, virage à gauche une fois qu’on s’est un peu dégagé de l’île mais pas
trop, car la Turquie est à 2 kms seulement mais c’est pas par là qu’on rentre. C’est par REDRA, point
perdu en mer plein nord à 30kms de Samos, le truc qui te fait faire 80 kms de plus pour rien. La
19
contrôleuse m’avait dit que je pourrai prendre un peu de latitude avec la position du dit point, ce qui
était bien mon intention et fut mis en application.
On quitte Samos, contact avec Izmir Info, abeam REDRA de très loin, personne n’est dupe, les turcs
nous suivent au transpondeur, tout baigne, on est rentrés dans leur espace aérien.
Contact avec Efes. La contrôleuse pas cool du tout : « Maintain 3000 feet ». Eh, oh ! J’ai un théâtre à
voir, moi, et une bibliothèque et la maison de la Vierge et c’est pas tous les jours qu’on vient ! Que
dalle, pas question de faire du tourisme plus bas, elle a un trafic qui vient de Kuşadasi. Je m’attends à
un monstre genre 747, quand je m’aperçois qu’il s’agit d’un malheureux Cessna 150 qui fait des tours
de piste. M’en fous, même pas mal : Christine, à coup de zoom, nous fait des images superbes.
On s’enfile la vallée du Grand Méandre (le Büyük Menderes) de Aydin à Nazilli. Contact radio sur une
fréquence non répertoriée, donnée par l’affreuse d’Ephèse. Grande base militaire pas prévue, mais
eux très cool, nous accompagnent jusqu’à ce qu’on vire à droite pour aller voir notre 2e site
archéologique de la journée, j’ai nommé Afrodisias (ou Aphrodisias), magnifique cité grecque dans un
état de conservation superbe qu’on a découvert il n’y a pas si longtemps et que je recommande
chaudement à tout amateur éclairé de la chose hellène. On monte dans la montagne, le site est à
1500 pieds mais faut passer un col à 3500 pieds. On redescend et on découvre le site, Christine me
dit regarde, on est verticale le stade et l’agora nous tend les bras, le théâtre derrière, les temples de
Zeus, Athéna, Apollon, ils sont tous là, le bouleutérion, l’odéon, c’est du grand show, on est aux
premières loges, 2 tours complets, vitesse réduite à 150km/h, un cran de volet, 500 pieds sol, on se
pâme.
Reprise des sens et du cap pour la prochaine destination exceptionnelle : Pamukkale. C’est à côté à
50 bornes, on monte à 5000 pieds pour passer la chaine qui nous sépare, redescente vers la plaine où
on retrouve des allures de Cappadoce avec les sols crayeux et les phénomènes karstiques propres
aux cités troglodytes, on laisse Denizli un peu au sud et au loin est accrochée à la montagne cette
tâche blanche, c’est Pamukkale, avec ses concrétions salines si particulières et ses terrasses en
travertin. Bien sûr, c’est hyper touristisé, mais, que voulez-vous, vu du ciel, ces vasques bleu d’opale,
sur ce blanc éclatant qui fait mal aux yeux, Heliopolis qui surplombe le tout avec son théâtre (3e de la
journée !), on est aux limites du surnaturel, on est à 2000 pieds au-dessus d’un rêve. Quiconque à ma
place n’aurait pas eu la pupille humide à ce moment serait un monstre d’insensibilité.
Je dégouline de bonheur telle une chantilly ramollie, je ruisselle de plaisir tel un sorbet sous le soleil
napolitain, je suis aux portes du paradis.
On s’arrache à regret après 2 tours, mais faut passer les monts du Taurus maintenant. 5000 pieds pas
assez, 6500 ce sera suffisant, 7000 par sécurité pour franchir la dernière ligne avant de redescendre
sur la mer. Mais avant cela on se mire dans des sacs salés d’un bleu d’une profondeur insondable,
des miroirs parfaits, les nuages se reflètent dedans, et nous également, surface polie parfaite, c’est
magnifique. C’est la région des sept lacs, très prisée par les Turcs pour ces eaux un peu fraiches, et
aux vertus curatives millénaires.
Contact radio avec Antalya, un peu laborieux mais la dame finit par nous capter. Approche par l’ouest
et mis en attente au-dessus de MARINA, la vieille ville d’Antalya, où nous irons nous installer tout à
l’heure mais en attendant, l’intégration dans le trafic aéroportuaire a l’air de leur poser problème.
Pas habitués à gérer un petit au milieu des A320 et B737 quand ce ne sont pas des 747 ! Ma copilote
commence à se lasser de mes 8 au-dessus de la mer et après ¼ d’heure je dépose une réclamation. Je
finis par être entendu par les autorités du contrôle qui me mette en attente à l’équivalent du milieu
20
de vent arrière de la 18 main droite où on va se poser. Encore 10 minutes, re-appel pour dire qu’on
aimerait bien que ce soit notre tour, on laisse passer un Jumbo jet et c’est à nous !
Atterrissage triomphal au milieu de ce ballet de gros porteurs vomissant leurs hordes de touristes
venus du monde entier, roulage de 10 kms à contourner les pistes, 3 demi-tours pour trouver notre
aire de parking, la 77, à côté d’une épave de 737 qui a raté son atterrissage 2 ans auparavant.
Tel Jipitou, j’embrasse le sol turc en sautant au bas de l’avion, qui repose sur le continent asiatique, à
2671 kms en ligne directe depuis Chavenay, au cap 110.
On y est arrivés. Comme prévu. C’est totalement dingue !
1442.5 NM 108.9 ° LTAI 36.915 ° N 30.795 ° E
Jamais je n’ai amené un avion aussi loin de la base et c’est d’une telle simplicité. C’est juste beau,
juste magique.
Les forces de l’ordre arrivent, ainsi que le handling, les services de l’aéroport, tout le monde un peu
étonné, ils ne savent pas trop quoi faire de nous. Je commence par leur demander de faire le plein,
histoire de s’occuper... Le camion arrive au bout d’une 1/2h. Il sera tellement troublé qu’il oubliera
de nous donner la facture qui nous sera rapportée plus tard par le handling. Celui-ci se débarrasse de
nous finalement pour nous laisser aux bons soins du gars de l’aéroport qui finit par nous trouver un
bus après qu’on ait mis des cales et bâché l’avion, le tout après que tout le monde l’ait bien regardé
sous toutes les coutures. Une bande d’extraterrestres, débarqués de leur capsule. Faut dire qu’il n’y a
pas un avion léger dans le secteur. On arrive au terminal international, obligés de rameuter un flic
pour qu’il tamponne nos passeports. Il ne nous croit pas quand on lui dit qu’on débarque de notre
avion, il cherche un gros porteur, n’en voit pas. Christine a une illumination, elle lui montre les
photos de l’avion et d’elle sur le terrain parqué sous la tour de contrôle. Du coup il appelle tout le
commissariat qui veut voir l’avion et/ou Christine, les coquins, je les soupçonne de pensées
malhonnêtes. Plus moyen de partir, encore un peu on passait le week-end avec eux. On finit par
s’extraire et à nous Antalya. Finalement, à Sabiha Gökçen, à Istanbul, c’était super tranquille à côté !
Bière Efes pour arroser notre débarquement, voiture de loc, booking.com pour l’hôtel et 1/2h après
sous la douche pour se remettre de ces 3 heures de vol historiques. Ouaouh !!! J’ai du mal à faire
retomber la tension. Quel vol, mais quel vol !!!!!
21
14 Juillet – Ikaria
14 Juillet – Efes
22
14 Juillet – Afrodisias
14 Juillet – Afrodisias
23
14 Juillet – Au nord de Denizli
14 Juillet – Pamukkale
24
14 Juillet – Pamukkale
14 Juillet – Dans les Monts du Taurus
25
14 Juillet – Lac salé entre Denizli et Antalya
14 Juillet – En attente avant de se poser à Antalya
26
14 Juillet – Antalya : on laisse décoller le 747 avant de se poser
Turquie : Antalya !!!
27
M ERCREDI 16 J UILLET : A NTALYA (LTAI) – R ODOS (LGRP) – 2 H 10
Aujourd’hui, on quitte la Turquie, destination Rhodes. 2e vol de cette année dans ce pays superbe, 4e
en tout à ce jour, pas le dernier, j’en fais le serment.
On rend la bagnole de loc, on retrouve nos amis du handling qui vont nous extorquer au final plus de
300€, c’est un peu plus de ce qui avait été agréé, mais au point où on en est, la Turquie n’a pas de
prix, quand on aime, on ne compte pas…
J’en profite pour ouvrir une parenthèse financière sur les destinations scélérates à éviter à tout prix
et pas forcément aussi loin. Juste par expérience, et ça change tous les jours, ne vous faites pas avoir,
téléphonez systématiquement avant de partir : St Jacques de Compostelle : 200€ pour 2h,
l’emporteront pas au paradis, vaut mieux y aller à pied ; Séville en 2010 a triplé ses tarifs : 200€ pour
2 jours, aller à Jerez pour dédouaner (30€) ; Naples : 80€ pour 2h, 200€ si on était resté ; tous les
aéroports grecs à peu près au même tarif : 80€ à 100€ mais grâce à la carte OAPA (80€ de cotisation
annuelle, on ramène la taxe à 20€ Amortie en 1 atterrissage ; pays scandinaves, oulalala : taxes
rien que pour rentrer dans l’espace aérien suédois, norvégien, finlandais. T’en as déjà pour 200€
avant d’avoir ouvert la bouche à la radio. Existe des forfaits pour les petits avions comme nous. Par
contre, l’Europe de l’Est, pas si chère que ça. Bulgarie, Roumanie, se renseigner mais finalement pas
si exorbitant que d’autres destinations italiennes ou espagnoles (Bucarest, Sofia : 80€ pour 2 jours,
Tirana, Sarajevo, maintenant c’est 40€, Zadar sympa, Dubrovnik attention). Bref, la ballade en avion,
ça se travaille pas tant au niveau des autorisations, mais au niveau de la négociation des tarifs…
2h ça nous prend de finaliser notre discussion tarifaire avec le handling et les services de l’aéroport
d’Antalya, on s’en doutait, on avait pris nos précautions, on était devant le comptoir à 8h30. A 10h30,
on avait tout fini : plan de vol, le chef de la tour est venu nous voir, on s’est salué, il voulait
absolument rencontrer les extraterrestres qui avaient parqué leur soucoupe sous sa tour pendant
48h ; météo (mon weather forecast est amené directement au CdB par véhicule spécial), on fait une
dernière photo avec nos nouveaux potes (on leur a envoyé la photo depuis) et on y va.
Radio, dernier signe au mec qui a retiré les cales, mise en route, roulage, décollage en 18 et… virage à
gauche vers l’Est sur instruction du contrôle pour laisser passer les gros même si nous on part à
l’Ouest. Quelques tours d’attente pas loin de Perge, là où on était la veille et après un peu de
réclamation, autorisés à prendre le cap le long de la côte à 1000 pieds max. On croise les axes, on
passe Marina, le point de report sur la vieille ville d’Antalya qu’on connait par cœur d’en haut comme
d’en bas maintenant et on pique vers le sud-ouest sous un plafond très bas. J’ai oublié de vous dire
que le bulletin MTO était parfait sauf pour le départ. Orages la veille, bien costauds, résidus ce matin,
horizon glauque sur notre route au réveil mais rien ne pourrait altérer notre foi inextinguible en
notre bonne étoile, ce qui fait qu’on s’est dit : « tu vas voir, ça va se lever »…
Maintenant on y est. Elle est où notre bonne étoile ? Elle est là : on s’enfile sous les enclumes des
cunimbs qui se reforment pour dans pas longtemps, cap plein sud, 1000 pieds le long des montagnes
au-dessus de l’eau, on a nos gilets comme d’hab’ quand on vole si bas et que la côte plonge à pic
dans la flotte. C’est pas beau comme lumière mais la visi est bonne et cà s’améliore derrière, on le
sait. SAHIL, point de report à 30 nautiques d’Antalya, 25 nautiques plus loin la côte tourne au 260, on
va perdre le contact radio mais bon : « contact Dalaman on one-one-nine decimal two two whenever
possible ». Tu parles « whenever possible » ce sera dans une heure, mais on s’en fout, ça y est le
plafond s’est déchiré, il fait beau, les cunimbs sont restés accrochés derrière sur les hauteurs, le
CAVOK attendu est là, il nous tend les bras et on s’y précipite. Je ne remonte pas. On est bien à cette
28
altitude. Finike passe, et on arrive à Kaş, superbe localité quasi inconnue des circuits touristiques,
port magnifique, iles également et de là on va voir des cités grecques englouties au hasard des
phénomènes de subsidence antiques. On les cherche, on les trouve grâce aux barques qui
promènent les touristes. Bon faut reconnaitre qu’on les voit mieux d’en bas mais on est tout content
de les avoir trouvés. On poursuit sur Fethye, son théâtre antique qu’on découvre mais déçus de ne
pas trouver ses temples troglodytes à flanc de falaise, et … contact avec Dalaman !
On grimpe à 4500 pieds pour la traversée maritime vers Rhodes et Dalaman nous demande d’éviter
son terrain pour cause trafic, donc on tire une directe sur Rhodes sans passer par Marmaris. Rhodes
en vue au bout de 5 minutes, Christine ne note même plus les points sur le log, non mais on va où ?
Contact avec Rhodes, Güle güle à Dalaman, c’est promis on reviendra (faut juste que je négocie avec
ma Direction Générale…) et on approche sur LGRP en leur demandant un petit crochet par la ville. Le
palais des Chevaliers de l’Ordre de Malte dans l’enceinte de la ville fortifiée, clochers et minarets
pointés vers le ciel, le port en toile de fond avec son entrée où manque la statue monumentale du
colosse mais, pas grave, le panorama est fantastique. Posé en Grèce à 13h30, 2h après avoir décollé
d’Antalya. 5h de vols turcs cette année, prélude de futurs dans d’autres Cappadoce et rivages de la
Mer Noire ou Blanche (Kara Deniz et Ak Deniz).
Un Jumbo se pose peu de temps après qu’on se soit parqué et l’extrémité de son aile vient nous
passer au-dessus. Le copi nous fait des signes en passant. Le voilà le colosse! On est bien à Rhodes.
16 Juillet – Rhodes
29
16 Juillet – Rhodes, on y est ! November Mike et le Colosse !!! Le Copi nous fait bonjour.
30
16 Juillet – Rhodes
J EUDI 17 J UILLET :
R ODOS (LGRP) – M EGARA (LGMG) – 2 H 40
M EGARA (LGMG) – K ERKYRA (LGKR) – 2 H 00
Après une visite approfondie de la cité des Chevaliers, et un diner de retrouvailles avec le pays
d’Ulysse et d’Icare, une nuit de patachon, because une mégateuf dans le quartier avec musique à
fond et danses jusqu’au lever du jour (6h), réveil à 7, On n’a pas fermé l’œil.
Aujourd’hui objectif Corfou ! En effet, il est temps de penser à rentrer, pour retourner au boulot et
travailler pour payer les heures de vol, je sais, c’est dur ce genre de réflexions prosaïques, mais faut
quand même s’y résoudre. Donc le plan est de remonter comme des brutes sur Corfou et on verra en
fonction de la MTO si on peut mettre en application notre plan A, à savoir remonter par l’Albanie et
la Bosnie ou au contraire repasser par l’Italie. Comme vous le savez déjà, pas de faux suspens : pas
d’Albanie ni de Bosnie cette année, toute la côte Dalmate restera sous un régime d’orages infernal.
Donc ce sera l’Italie, côte Tyrrhénienne, pour notre plus grand plaisir comme on le verra.
Les brutes sont sur le terrain à 9h et à 10h à bord de leur machine, autorisés à mettre en route,
roulage, décollage à 10h15, gilets de sauvetage sur le dos, direction Kos, via Micron (pas grosse,
l’île…), Kos nous expédie à l’ouest à cause d’un Olympic qui approche, tout à 1000 pieds comme
d’habitude, là on demande à remonter un peu quand même parce qu’on fait des sauts de puce de
40kms d’île en île. 3000 pieds pour passer Leros, Patmos puis redescente vers Ilaria et on bifurque
vers Mykonos. On demande à la demoiselle du contrôle si on peut faire un peu de tourisme :
Granted ! y a personne dans le circuit. Trop tôt, les fêtards ne sont pas encore réveillés ou pas encore
arrivés. Un petit 360 autour des moulins et on repique vers Syros et Kéa. Des gros cumulus se
31
baladent maintenant, nous obligeant à bien descendre et c’est sous une pluie battante
complètement inattendue qu’on déborde Syros par le nord avant de virer vers le VOR de KEA. En
contact avec Athinai Info maintenant. Le soleil est revenu sur le Cap Sounion et on refait dans le sens
inverse le transit côtier par Patroclos et l’ancien terrain d’Athènes, le Pirée et finale Megara pour
refueler plus de 2h et demie après Rhodes.
Même accueil toujours aussi sympa, on se ressource, un peu de gâteau, quelques fruits, de la 100LL à
gogo, un grand classique maintenant (la prochaine fois on fait escale pour retourner se balader à
Athènes, promis, trop sympa et trop beau).
Décollage à 14h10, atterrissage à Kerkyra 2h après. Entre les 2, que du bonheur ou presque. La nave
retour mais en plus beau. CAVOK sur toute la ligne, une tentative en route de négocier un passage
sur Delphes en pleine zone militaire (je n’ai jamais réussi à le faire et ce ne sera pas encore pour cette
fois-ci) : « November-Mike I check with military authorities if possible. I call you back). Tu parles, ils
voudront jamais, alors que pour une fois le Mont Parnasse est complètement dégagé, pas un
soupçon de Cb qui se promène. Tant pis. La prochaine fois je dépose une requête 15 jours à l’avance,
car c’est un des rares sites grecs célébrissimes qui me manque vu d’en haut.
Golfe de Corinthe : jamais il n’a été aussi beau, pas de vent, un miroir pour les montagnes qui
l’environnent, Patras, contact avec la base d’Araxos, virage à droite pour remonter la côte égéenne,
contact avec la base de Prevesa, que du grand classique, Parga, dernier point de report continental,
on traverse vers Corfou, VOR de KRK, un peu d’attente comme d’hab, on en profite pour aller se
balader quasiment en Albanie, posé Kerkyra à 16h10.
La tour demande à me parler. Je me dis que j’ai peut-être violé l’espace aérien albanais. Que nenni,
c’est parce que je n’ai pas demandé l’autorisation de rester alors que je devais arriver dans 2 jours. Je
charge à mort la barque du handling qui n’a pas fait son boulot puisque je les ai prévenus la veille du
changement de date, et basta. On s’essuie tous les 2 les pieds sur Swissport qui se ramasse une
avoine et la messe est dite.
Soirée de repos, calme, quiétude, après balade dans la vieille ville qu’on aime vraiment bien one
more time again, prêts pour la nouvelle traversée vers l’Italie du lendemain.
En tout cas, aujourd’hui, on a traversé la Grèce de part en part, de l’extrême Sud-Est à l’extrême
Nord-Ouest.
32
17 Juillet – Mykonos
17 Juillet – Escale à Megara, terrain mixte à côté d’Athènes
33
17 Juillet – Avant Prevesa
17 Juillet – Corfou, finale 35
34
V ENDREDI 18 J UILLET : K ERKYRA (LGRP) – S ALERNO (LIRI) – 2 H 45
Nuit de repos réparatrice, après les 4h40 de vol de la veille et la nuit de patachon qui l’avait
précédée, on en avait besoin. 7h debout, 7h30 petit déj, 8h à l’aéroport, 8h30 au BdP pour le plan de
vol et les taxes, 9h à l’avion, 9h15 le handling rapplique avec la météo (faut toujours 3 plombes à
Kerkyra pour qu’ils la sortent, à chaque fois le handling râle comme un putois, mais rien n’y fait…) :
mais à chaque fois j’ai droit à « Here is your meteo file, Captain », j’adore…
Et on s’aligne à 9h30 en 35.
Gaz à fond, les 160CV du Lycoming se déchainent et c’est dans un hurlement de tôle et d’acier qui va
crescendo que le DR400 s’arrache du sol pesamment, je suis arcbouté sur le manche, les épaules
rentrées, j’épouse la carlingue, je fais corps avec le monstre d’acier et de toile, ruisselant d’huile et
de vapeur, euh bon, j’arrête, si je me souviens bien ça doit être dans Vol de nuit, mais là, c’est un peu
différent. Pas d’orages, pas de Cordillère, pas de turbulences, pas de pluie battante, pas de moteur
essoufflé, juste de la légèreté, du ciel bleu, de la beauté éclatante du ciel et de la mer, de l’avion et
son équipage, ben quoi, c’est vrai qu’on est beaux, et encore plus quand on est inondés de bonheur,
installés dans l’azur à regarder défiler des paysages incroyables…
Point de report à Pale, on quitte l’île, météo, vous l’aurez compris, vu la décontraction du pilote et
l’aisance de son trait de plume : CAVOK sur tout le parcours jusqu’à Salerno, destination de la
journée à moins de 3h d’ici. On attaque pour la 2e fois la traversée vers l’Italie, OTONI, 2e et dernier
point de report terrestre, autorisés à monter jusqu’où on veut, ce sera 6500 pieds cette fois-ci, l’Italie
qu’on voit très rapidement une fois encore, un vrai bonheur de traverser dans ces conditions.
Otranto, la côte italienne 45 minutes après le décollage (on avait un peu de vent dans le pif), on
décide de rester à cette altitude car on a les Apennins à traverser après Taranto et le relief monte à
5500 pieds. On aligne les bases militaires de Lecce et de Grottaglie avant de passer le grand port de
Taranto dans la plante du pied de la botte, et on attaque la montagne après Matera. Des très belles
vallées avec des gorges genre celles du Tarn, très impressionnant et Potenza finalement, dernier
coup de rein et on redescend vers Eboli, voir si le Christ s’y est arrêté vraiment et surtout cap au sud
après avoir établi le contact avec Salerno, pour aller faire du tourisme à Paestum.
Paestum : ses 3 temples au milieu d’un parc, on les cherche, Christine les trouve, normal, ils étaient
de son côté… 2 tours autour à 700 pieds sol, c’est magnifique, et les restes du bouleutérion et de
l’amphithéâtre traversé par la route maintenant, on ne s’en lasse pas.
Puis cap sur le terrain en longeant la côte et posés à 12h05. Fini la Grèce, bonjour l’Italie ! Je suis
toujours aussi esbaudi par la magie et la puissance de l’avion de nous faire passer d’un monde à
l’autre tout en se l’appropriant. Ca va vite, mais on a tout le temps en l’air de dérouler la géographie
sous nos ailes et d’absorber le monde. C’est géant.
Après-midi à retourner à Paestum par voie terrestre cette fois-ci, et compléter ce qu’on a vu d’en
haut, d’en bas maintenant. C’est énorme. On fera la même chose avec Pompéi en repartant mais
dans l’ordre inverse : visite par terre demain, et par air le jour d’après.
Oui, parce qu’on a finalement décidé de rester because que la météo ne s’annonce pas si bonne que
ça pour le retour. La France est sous son régime d’orages d’une rare violence, les bagnoles cabossées
s’en souviennent. Donc il convient de laisser passer tout ça. Pas de précipitation (sans mauvais jeu de
mots) et puis, on a plus de 7 heures et demie de vol depuis hier, et moi je me reposerai bien! La chef
m’accorde une perm’ de 24h.
35
18 Juillet – Dans les Apennins avant Potenza
18 Juillet - Paestum
36
18 Juillet - Paestum
D IMANCHE 20 J UILLET : S ALERNO (LIRI) – L UCCA (LIQL) – 3 H 00
L UCCA (LIQL) – P ISA (LIRP) – 0 H 30
Direction la Toscane. On remonte autant qu’on peut, les orages français vont finalement passer les
Alpes et envahir le nord de la péninsule.
On largue la voiture de loc à l’aéroport, clés dans la boite, c’est dimanche tout est fermé. Contrôle,
on passe avec un autre équipage, celui d’un jet privé, eux, des galons plein les épaules. Comme je les
aime, le regard condescendant sur les bouseux en short que nous sommes, toute la morgue et
l’arrogance du mec frustré qui n’a pas été pris pour faire pilote de ligne. Tant pis pour lui. De ce point
de vue tous les pilotes de ligne qu’on rencontre, les vrais, ceux aux commandes des gros, sont
toujours beaucoup plus sympas, toujours amusés de voir que finalement on va aussi loin qu’eux, plus
lentement certes mais pour le plaisir, pas pour le boulot. Et ils apprécient, ils comprennent. Je me
souviens, à Skiathos, du commandant de bord d’un A320 d’un low cost quelconque, parqué à côté de
nous (à moins que ce ne soit l’inverse…), lui-même pilote de DR400 à ses heures libres, qui était venu
nous voir sur le tarmac pour parler boutique et qui nous enviait réellement, avant de repartir au
boulot et remonter dans son cockpit. Hein, Roger ! C’est pas toi qui nous diras pas le contraire !
La météo devrait être bonne sur tout le parcours même si en arrivant sur Pise, ça doit se cumulifier
abondamment.
C’est parti pour 3h de vol. Après le survol de la ville de Salerno, on coupe la presqu’ile de Sorrento,
pas de Capri, c’est fini cette fois-ci, direct vers Torre del Greco et Pompéi. Contact avec Naples, qui
nous demande si on veut faire le giro di Vesuvio, tiens c’est une idée pour la prochaine fois, on lui dit
37
qu’on veut juste faire le tour des ruines. Granted, on y va et on tourne, on tourne, on tourne… Tout y
passe : théâtre, odéon, stade, amphithéâtre (un des plus beaux que je connaisse), forum, temples de
Jupiter, Mars et toute la bande, etc. D’accord c’est pas de là qu’on voit le mieux les peintures et les
mosaïques, mais on s’en fout, on les a vues la veille pendant notre balade de 7h sans boire un coup,
des vrais malades…
On s’arrache de Pompéi parce qu’on a de la route à faire. On négocie avec Naples le transit par la
baie plutôt que la verticale de son terrain, il accepte et voir Naples (et pas mourir) à 800 pieds mer,
pas mal, pas mal, même si cette baie, elle n’est pas ma préférée.
Transit côtier, on passe les militaires de Mondragone, on continue sur Gaeta et Terracina et on
attaque le transit VFR du contournement de Rome. Une galère qui fait qu’un tour de Paris parait une
promenade de santé à côté. Des points de report en veux-tu en voilà, et des changements d’altitude
incessants, mais au bout du compte ça se passe bien. Pas trop de monde à cette heure de la journée,
(tout le monde fait déjà la sieste ? il est pas midi !), même le contrôleur a la voix trainante, et c’est
dans cette atmosphère nonchalante, tout en surveillant les cunimbs qui se développent en tapinois
sur le relief, qu’on fait le contournement par l’Est : Aprilia, Lariano, Sette Camini, Passo Corese, puis
cap à l’ouest vers Capranica et le Lago di Vico, joli lac de cratère, et on rejoint la côte avant l’ile d’Elbe
et les militaires de Grossetto nous prennent en charge. On les lâche pour Pise peu après. Pise ne veut
pas de nous parce qu’on n’a pas déposé la demande avant et nous on veut pas d’eux parce qu’ils
n’ont plus de 100LL. J’explique : le seul coin sympa pour l’aviation légère dans tous les environs de
cette région fantastiquement belle, c’est Lucca. Essence, accueil sympa, ville très très belle à 2kms,
tout y est, comparativement à Florence (interdit aux VFR, au moins c’est réglé), Sienne (terrain à 30
bornes et taxes abusives), Pise (terrain mixte militaire-civil, si t’as pas demandé avec 48h de prior
notice, c’est la crocce et la banniera, et en plus y a pas de 100LL). Y a bien Massa un peu plus au nord
mais terrain de 500m. Un seul bémol à Lucca, c’est fermé le mardi… Tu peux faire rouvrir le terrain,
mais tu paies 400€. Finalement Antalya…
Donc, on est dimanche. Si demain on est bloqués pour cause d’orages, ce que nous subodorons de
plus en plus, on sera coincés mardi pour cause de fermeture et on ne pourra décaniller que mercredi.
Alors ? Alors, on se pose à Lucca, on ravitaille, on laisse le contrôle appeler Pise, négocier avec leurs
collègues et hop ! passez muscade, c’est dans la pocketta, on a le droit de venir.
Plan de vol pour mon vol à l’étranger le plus court de l’histoire : 20 minutes, 30 kms, et on repart.
Bon, en t’obligeant à repasser par Pontedera, ça fait une demi-heure bloc à bloc. Vol sous un ciel de
plomb, les Cb sont là.
Pise à 15h. Et on y restera jusqu’à mardi en se ramassant des orages colossaux, qui auront le mérite
de bien rincer l’avion. Je prie tous les dieux de l’aéronautique et je brûle des cierges dans toutes les
églises qu’on croise pour que la grêle épargne notre fragile DR400… Ma prière sera exaucée !
38
20 Juillet - Salerne
20 Juillet – Le Vésuve
39
20 Juillet – Pompéi
20 Juillet – Pompéi
40
20 Juillet – Après Naples
20 Juillet – Contournement de Rome
41
M ARDI 22 J UILLET :
P ISA (LIRP) – C ANNES (LFMD) – 2 H 00
Décollage à 9h30. Beau temps ici, le tarmac est encore complètement inondé par endroits, le gars du
handling nous dit que jamais il n’a vu des orages aussi violents, les avions, obligés de remettre les
gaz, ou d’aller se poser à Florence. Les jets qui dansaient comme des DR400. Et le nôtre, bien calé,
n’a pas bougé. Trempé comme une soupe. Sèchera en vol.
Décollage en 04, virage à gauche autorisé et youpi ! passage basse altitude juste à côté de la ville, la
tour toujours de traviole, le duomo et le baptistère magnifiques, génial. Merci le contrôle, ça sent le
clin d’œil puisque chaque fois qu’on est passé, on n’a jamais eu le droit de tourner autour. Là, il est
tôt, le contrôle nous fait la fleur du matin, grazie mille !!!!
On rejoint la côte. Massa et les carrières de marbre de Carrare toujours aussi impressionnantes,
montagne éventrée depuis des millénaires, monument historique à elle seule de toutes les beautés
dont elle aura été à l’origine, blancheur éclatante dans le matin.
La Spezia et sa fameuse zone prohibée P2 pleine de sous-marins nucléaires américains, OTAN oblige.
On est en semaine, ça bosse, dégage Gaby : « Climb 3000 feet and report North La Spezia ». On
grimpera à 4000 mais pas plus, y a de la barbule du matin sur le relief et au-dessus des résidus de la
cunimbisation de la veille, mais plus d’orages. Les Cinque Terra et bientôt Sestri Levante et Portofino
dans leur écrin de verdure. Genova nous demande si ça ne nous dérange pas de tirer directement sur
Savona en face parce qu’il a du monde en approche et au départ. Nous, ça ne nous dérange pas et
comme on est d’humeur accommodante, on coupe direct vers les cheminées d’usine de l’autre côté
du golfe de Gênes, 80 kms plus loin (on n’en est plus à un trajet maritime prêt, d’autant qu’on voit
tout le golfe, Gênes et même le fameux Passo dei Giovi, vous vous souvenez, celui qu’on cherchait
entre autoroute, vallée et nuages à l’aller pour aller à Venise. C’est loin, très loin. Une éternité. Le
Christ s’est arrêté à Eboli, pour moi le temps s’est arrêté depuis qu’on est partis.
Ciao Genova, côte parfaitement dégagée jusqu’à Nice, on apprécie la montagne comme rarement on
l’a vue. Comme on est encore à 4000 pieds la vue porte au-delà de la frontière, par-dessus les pics et
les arêtes qui se découpent merveilleusement sur le bleu du ciel. Il y a encore de la neige sur les
sommets, faut dire qu’avec l’été hivernal qu’on se cogne, y a pas de raison que ça fonde.
Ciao Albenga ! A Imperia : « you can leave my frequency and contact Nizza Informazione on… ».
Nice Info, bonjour, on n’a pas jacté la France dans le poste depuis plus de 15 jours. Transit sud
accordé comme à l’aller. Echo à 500 pieds, Monaco : « Faites attention aux hélicos !». Comme d’hab,
certes, pas envie de m’en taper un, on est bien au large de la principauté pour une fois respectueux
des 2 ou 3 nautiques qu’il faut, je ne sais plus. Nice et sa baie (plus belle que Naples), Antibes, Iles de
Lérins, lâchés par Nice, repris par Cannes, escale technique ou destination du jour, on ne sait pas
encore.
17 en service, longue finale, c’est posé, on est en France.
Un tour à l’aérogare, un coup d’œil sur AEROWEB (le 378e depuis le départ au moins, quel service !
Où que tu sois tu peux consulter tous tes trajets et faire ta météo peinard, puissance du net et de
l’ultracommunication). Résultat : c’est plié, un mistral à décorner tous les taureaux de Camargue et
pas question de passer par les Alpes. Plus au Nord il reste un paquet de Cb qui se trouvent bien chez
nous. J’attache l’avion (il n’y a que le pilote qui a eu le droit de retourner à l’avion…) et à nous les
tapis rouges du Palais des Festivals, soirée de stars pour les stars que nous sommes.
42
22 Juillet – Pise
22 Juillet – Pise
43
22 Juillet – Entre Pise et La Spezia
22 Juillet – Carrare
44
22 Juillet – Monaco
M ERCREDI 23 J UILLET : C ANNES (LFMD) – D IJON (LFGI) – 3 H 00
D IJON (LFGI) – C HAVENAY (LFPX) – 1 H 30
Ca sent l’écurie.
Ca sent le métier également. Il nous reste un soupçon de mistral, un doigt de coin pourri côté
Montélimar, un peu de pluie à Lyon, VFR spécial de Vienne à Bron et pour la CTR de St Ex, et de la
brume sur la Saône, un brin de zef plein travers pour l’atterrissage à Dijon pour conclure la première
partie de la journée. Et après que du quasi CAVOK jusqu’à Paris sous réserve de slalomer entre les
grains isolés, le tout dans une fenêtre de tir bien ajustée puisque une heure après notre arrivée le
Novembre-Mike se prenait une rincée devant le hangar… Tout ça pour dire que le prochain qui me
dit que voler en France est un long fleuve tranquille, je lui cause du pays. Parlez-moi des cieux grecs
ou turcs, ça c’est des pays où on sait vivre pour les petits pilotes que nous sommes.
Pourquoi on est passés par Dijon ? Parce que c’était bouché partout ailleurs, banane, les monts du
Beaujolpif dans la crasse, et on a voulu remonter aussi loin que possible au Nord pour sortir de la
patouille. Je te jure!
Allez, je vais pas faire mon Calimero, on aura eu encore des formidables passages au-dessus des
Maures, puis sur les gorges du Verdon, le lac de Castillon et le Ventoux. Et l’après-midi, après une
petite sieste réparatrice et conclusive sur la banquette de l’aéroclub de Dijon-Darois, dernière escale
de cette épopée héroïque et lieu de naissance du November-Mike, le survol du Morvan et une
45
conclusion royale, voire impériale par Fontainebleau (pour les adieux de Bonaparte, c’est bien
trouvé, non ?).
16h15, fin du roulage devant le club. Je coupe les gaz.
Personne. C’est parfait. Nul ne verra la larme que j’écrase furtivement avant que Christine s’en
aperçoive. Gilbert, notre chef mécano sort de l’atelier. Débriefing sur l’état de l’avion et
congratulations chaleureuses.
Et on se sépare à regret de notre engin intercontinental, voire quasi intersidéral quand on mesure ce
qu’il nous a permis de réaliser.
Retour à la maison. Champagne !!!!!
Faites de beaux vols.
Aéronautiquement vôtre,
Christine et Gabriel
23 Juillet – Au décollage de Cannes
46
23 Juillet – Gorges du Verdon
R EMERCIEMENTS :
A mon club chéri, sans qui je ne vivrais pas ces aventures extraordinaires, et à son Conseil
d’Administration qui m’y autorise.
A Gilbert et à toute l’équipe de la mécanique pour la préparation de la machine qui a tourné comme
une horloge pendant près de 40h, me conférant comme à l’habitude la confiance et la sérénité
nécessaire pour accomplir ce genre d’épopée épique.
A tous les services aéronautiques dans tous les pays que ce soit, à commencer par le nôtre avec un
SIV ô combien efficace, pour leur assistance et leur suivi qui nous apporte un soutien colossal quand
on est tout seul là-haut dans des régions qu’on ne connait pas.
C REDITS :
A Christine, pour toutes ces photos fantastiques qui sont autant de marqueurs de moments
extraordinaires et témoins de l’accomplissement de mes rêves.
47