A propos de la stratégie colis-express
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A propos de la stratégie colis-express
Commission AILLERET : A propos de la stratégie colis/express. La mondialisation des échanges, le développement du e.commerce, l’interdépendance des économies, les délocalisations des centres de production, la mobilité des hommes et l’apparition de moyens de transports plus rapides et capables d’embarquer de grands volumes de fret (avion cargo, TGV) expliquent que l’activité colis/Express, à la différence du courrier, est sur une phase ascendante. Néanmoins, il conviendra de noter que la préoccupation pour le développement durable et les réglementations européennes protectrices de l’environnement et de la santé (limitation de vitesse, limitation des accès aux centres ville, interdiction des vols de nuit) affectent l’activité de tous les opérateurs. 1-) Quelques définitions indispensables pour comprendre. -Qu’entend-t-on par colis et Express ? On confond souvent, et à tort, les deux notions. Ce qui les distingue, c’est le délai de distribution. L’Express est distribué en J+1 au maximum (ex Chronopost). Au maximum car il existe des J+12 heures. Le colis, lui, est distribué en J+2 (ex Coliposte). -B to C (business to customer) : Entreprise vers client ! Evidemment, se décline toutes les variantes : B to B, C to B, C to C. 2-) Un peu d’histoire… En 1983, se crée, Chronopost, la première filiale de La Poste en partenariat, à part égale (50%/50%) avec Tatexpress. En 1998, La Poste entame des discussions avec les franchisés du réseau allemand DPD pour acquérir une première participation et créer un réseau européen. A cette époque, la poste hollandaise rachète TNT tandis que la poste allemande confrontée aujourd’hui à de sérieuses difficultés aux USA (1 milliard d’euros de pertes) acquiert DHL. En 2002, Géopost décide de se lancer dans le colis. C’est l’échec cuisant de Dilipack. C’est à partir de ce revers que se structure, pour le marché national, Coliposte (créations d’agence, de plates-formes Coliposte, et d’un management dédié). Faute de capacités d’investissement suffisantes, La Poste renonce à la logistique. Les allemands ont fait le pari contraire. Ils ont financé les investissements non pas avec l’entrée en bourse mais avec le prix du timbre, l’un des plus élevés en Europe à l’époque. 1 Géopost se lance à partir de 2002/2003 dans une politique de croissance externe tous azimuts. Nous y reviendrons ! En 2007, Géopost structure son réseau express international en signant des accords avec Aramex et AF-KLM/Sodexi. Ces accords de transport permettent à La Poste d’être présente partout, notamment sur le continent américain, au moment même ou l’accord avec Fedex est dénoncé. 3-) La stratégie des principaux concurrents de La Poste. - FEDEX et UPS, les deux géants américains s’appuient sur l’oligopole qu’ils ont constitué aux USA sur l’ensemble du marché express et rapide aussi bien routier qu’aérien depuis la lettre jusqu’au container, ainsi que sur le marché de fret express aérien international. A noter que les deux géants américains génèrent l’essentiel de leurs profits globaux sur le seul marché national où ils détiennent à eux deux 70% du marché. -TNT a revendu toute son activité logistique qui représentait le 1/3 de son chiffre d’affaires. L’entreprise devient ainsi un gestionnaire de réseau spécialisé dans le courrier et l’express. L’ambition de l’entreprise est de se spécialiser dans le trafic interrégional c'està-dire, pour l’essentiel, l’Europe ! TNT souhaite se développer dans l’Express et lorgne sur GLS ( General Logistics System, filiale de Royal Mail). -DHL est devenu le plus gros logisticien du monde. Avec un chiffre d’affaires de 17 milliards d’euros, DHL partage la première place dans le domaine de l’Express avec UPS. En revanche, DHL rencontre des difficultés sur les marchés domestiques en France, au Royaume-Uni et l’Italie où l’entreprise a perdu plusieurs centaines de millions d’euros. La réussite et donc la priorité de DHL est désormais le marché asiatique. GLS est un petit Géopost. Elle s’est développée, comme Géopost, par acquisitions en Europe et notamment avec le l’achat en France d’Extand et d’un réseau de franchisés en Italie ; GLS est présente en Angleterre à travers Parcel Force, la division colis de la poste britannique. GLS, spécialiste du colis, n’a d’autre ambition que de croître en Europe. 2 A retenir : les 4 grands, FEDEX, UPS, DHL et TNT détiennent 50% du marché ! 4-) Géopost : ses marchés, ses principaux résultats, et sa stratégie. a-) L’international -La holding Géopost regroupe les filiales spécialisées dans l’Express et le colis. A travers ses prises de participations, ses acquisitions et ses accords de partenariat, Géopost est présente dans le monde entier. Avec Yurtichi Cargo en Turquie, Interlink en Irlande, Parceline en Grande – Bretagne, Seur en Espagne, DPD en Allemagne et Europe centrale et de l’Est, City Express dans les balkans, Laser en Afrique du Sud, Cargus en Roumanie et bien sûr Chronopost, Coliposte et Exapaq sans oublier les accords opérationnels et franchisés (Aramex, KLM/Sodexi…), la holding Géopost est présente dans le monde entier. Mais, seul le réseau européen est intégré ! -La part des flux B to B et B to C détenu par Géopost (y compris Coliposte) en Europe est de 12% (DPWN 22%, Fedex 2%, UPS 8%, Royal Mail Group 8%, TNT 11%). S’agissant des flux transfrontaliers hors Europe, Géopost est un « nain » puisque la holding ne détient que 1% du marché contre 33% à UPS, 30% à DHL, 13% TNT et 6% FEDEX ! b-) Le marché français : Coliposte est l’acteur dominant du marché français. Coliposte détient 73% du marché français. TNT, DHL, Géodis, UPS sont des opérateurs marginaux ! En résumé, Géopost, grâce à Coliposte, domine le marché domestique français, devient un acteur « sérieux » en Europe mais ne pèse guère sur le marché extra européen. c-) Les résultats de Géopost en 2007. Le CA colis+Express représente 21% du Ca du groupe ! CA de l’Express : 3,17 milliards d’euros soit +8,1% par rapport à 2006. 6,8% hors acquisitions. CA colis : 1,33 milliard d’euros soit +7,4% par rapport à 2006 ! La répartition du CA colis s’établit de la manière suivante : 3 -grand public : 30% -entreprises : 57% -e commerce : 9% -autres : 4% CONSTATS ET QUESTIONS à propos de la stratégie colis/Express. 1-) Quelle est la raison d’être du rachat, il y a trois ans, pour 450 millions d’euros, du réseau Exapaq ? Quel impact financier ? Quel intérêt stratégique ? S’agit-il d’une opération d’achat à caractère défensif ? 2-) Il y a 18 mois, en raison d’erreurs de stratégie, d’un management dépassé et d’une politique tarifaire décalée par rapport au marché, Chronopost a failli disparaître. Le plan Energie 2007, financé par le groupe, a sauvé le fleuron de La Poste. Ainsi et contrairement aux propos tenus le, dimanche 06 octobre 2008, par Mr Claude GUEANT lors d’une émission radiophonique, Chronopost, sur le marché français, n’est pas supplanté par TNT en raison d’une insuffisance de ressources financières ! On ne peut justifier le changement de statut de La Poste avec un argument aussi fallacieux ! C’est l’unité du groupe qui sauva Chronopost ! 3-) L’offre colis est complexe et sans doute peu lisible de certains clients. Ces derniers sont parfois en contact avec les agents commerciaux de Chronopost, de Coliposte, de DPD et d’Exapaq ! 4-) La distribution en France par l’intermédiaire des points relais et l’émergence de petits opérateurs (Kiala, Distrihome…) constituent sans doute un danger pour Géopost. Des investissements pour améliorer la qualité de service sont envisageables (Cityssimo, double présentation…). 5-) Là encore la « métiérisation » a tué les nécessaires synergies entre le réseau grand public et Géopost ! 6-) Géopost veut développer les activités internationales de Coliposte. Pourquoi ? Coliposte doit, à mon sens se concentrer, sur l’hexagone, et bien faire ce qu’elle sait faire ! 4 7-) La priorité des priorités pour Géopost c’est d’être incontournable sur le marché français. Il faut pour cela assurer une qualité de service irréprochable. Ce n’est pas toujours le cas avec Coliposte notamment. Ce n’est pas une question d’investissement mais de qualité de recrutement (salaires, déroulement de carrière…). 8-) « L’ambition de Géopost est d’être reconnu comme le spécialiste mondial du colis » tels sont les propos du patron de Géopost ! N’est ce pas une ambition démesurée ? Que peut Géopost vaste aux mastodontes américains qui, rappelons le, tirent 70% de leurs profits sur le marché américain. Que Géopost veuille devenir un opérateur de référence en Europe est, au fond, assez compréhensible d’autant qu’avec DPD, Seur, Parceline…le réseau est en bonne voie de structuration. Une remarque tout de même : les centaines de millions d’euros investis en Espagne, en France, en Allemagne n’ont pas stoppé la déflation des effectifs de postiers sur le territoire national : 4500 suppressions d’emplois par an depuis plusieurs années ! De ce point l’acquisition prochaine de l’ensemble du réseau Seur en Espagne pour 550 millions d’euros pose question. N’est ce pas trop cher ? L’Espagne est un pays en grande difficulté économique : recrudescence du chômage, récession… Il est vrai que la crise financière changera probablement la donne ! Le prix de cession sera-t-il revu à la baisse ? La Poste renoncera-t-elle à son ambition espagnole ? 9-) Franchement, l’ambition intercontinentale de Géopost semble démesurée. En l’absence de logistique intégrée, choix qu’il ne faut pas regretter, Géopost n’a pas les moyens de cette ambition. Pour concurrencer les grands intégrateurs en Asie du Sud Est et dans les pays émergents, Géopost aurait besoin de ressources financières conséquentes ! 10-) Méditons l’exemple américain : être les meilleurs sur son propre marché avant toute autre ambition. Le marché de Géopost c’est la France, l’Europe et probablement certaines zones de l’Afrique du Nord. 5
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