Untitled - Des Lendemains Qui Chantent

Transcription

Untitled - Des Lendemains Qui Chantent
Socio-histoire des musiques
amplifiées
avec le soutien des
Archives Départementales
de la Correze
Catalogue de l’exposition
Tulle, juin 2015
SOMMAIRE
Avant-propos
p. 4
Introduction
p. 6
Équipe
p. 7
Les origines du Rock en France et en Corrèze
p. 8
Serge Pendariès, guitariste dans The Group’ Five
p. 12
Les innovations techniques et sonores
p. 16
Lieux emblématiques du Rock en Corrèze
p. 21
Jean-Luc Roudière, chansons électriques
p. 32
Faire du Rock, un parcours de combattants
p. 37
Le groupe Sylvie Flash Gang, d’Oceanic à Lö
p. 44
Du Festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze
p. 49
Visavis, “I Wanna Dance”
p. 57
Culture, rock et politique : le cas tulliste
p. 62
Frise historique
p. 72
Remerciements
p. 76
Liste des entretiens réalisés
p. 77
État des sources
p. 78
Orientation bibliographique
p. 82
Avant-proposPhilippe Berthelot
Avant-propos
Impossible de connaître cette réalité
humaine du rock en Corrèze sans ce travail
de recherche mené par l’association
Des Lendemains Qui Chantent, en partenariat
avec l’ADDIAM et les Archives Départementales.
Et pourtant, il est essentiel pour expliquer
les pratiques artistiques, culturelles et sociales
de la musique d’aujourd’hui ; pratiques qui
s’inscrivent dans une longue histoire qui ne relève
pas seulement des grandes icônes planétaires.
En effet, derrière la grande histoire
des musiques populaires, depuis la fin du xixe
siècle, se cachent une multitude d’industriels,
d’artisans, de bricoleurs, de bidouilleurs,
d’inventeurs, de praticiens, d’artistes,
de mélomanes, d’opposants, de militants,
de fans, d’amateurs et d’organisateurs, qui
composent « ces mondes de l’art ».
L’avènement de l’électrification et de
l’amplification, la fixation et le développement
des communications sont venus augmenter
les effets des grandes migrations humaines
contraintes ou volontaires. Ces évolutions
technologiques, avec leurs effets économiques
et culturels, ont accéléré les phénomènes
d’appropriation, d’échange, de détournement,
pour contribuer au « Tout Monde » d’Édouard
Glissant. Aucun territoire n’échappe à ce vaste
mouvement de « mondialité » ! Tous les territoires,
la Corrèze comme les autres départements,
sont empreints de cette diversité culturelle
complexe en mouvement.
Ces pratiques, ces façons de s’engager dans
la musique, de vivre le son, donnent à voir
des Corréziens dans des itinéraires communs,
particuliers ou marquants.
Les témoignages recueillis dans cette exposition
montrent l’opiniâtreté de personnes, de musiciens,
de faiseurs de son, de diffuseurs radiophoniques,
de fans, de disquaires, d’organisateurs
d’événements… qui ont construit une histoire
locale en résonance avec le monde, qui se doit
d’être racontée.
4
Comment entre Tulle, Sexcles, Brive,
Limoges et Nedde mais aussi Bourges ou Paris,
après les bals, les « surprises parties », les boums,
les concerts, une « scène locale », des
communautés musicales, des filiations
sonores corréziennes se sont-elles construites
dans cette deuxième partie du xxe siècle ?
Pendant très longtemps, le regard porté par
les politiques publiques de la culture s’est attaché
à fixer la mémoire dans une vision patrimoniale
centrée sur les vieilles pierres et les grandes
réalisations locales.
L’exercice de mémoire entrepris dans
la réalisation de cette exposition rejoint d’autres
initiatives de plus en plus nombreuses en France
et en Europe qui mettent en avant des réalités
sociales et culturelles constitutives d’une mise
en mouvement historique par les territoires,
qui démontre très clairement qu’une grande
partie de la musique produite et pratiquée
ne relève pas des seules modes orchestrées
du moment. Bien au contraire, ce travail
indispensable de mise à jour des pratiques révèle
des continuités, des filiations, mais aussi
des ruptures, indispensables pour comprendre
ce qui se fait aujourd’hui.
C’est pourquoi je tiens à saluer l’initiative prise
par Des Lendemains Qui Chantent ! J’encourage
à poursuivre ce travail de collectage et
de valorisation des pratiques culturelles sur
les territoires, ce qu’elles produisent et comment
elles le produisent !
Enfin je n’oublie pas la démarche citoyenne
et militante portée par toutes ces personnes, très
souvent dans un cadre associatif, qui contribuent
à l’intérêt général en favorisant l’expression
des droits culturels et leur prise en compte par
l’action publique.
Philippe Berthelot
Directeur du Florida (Agen) de 1992 à 1998
puis directeur de la Fédurok devenue
la Fédélima (Fédération des Lieux de Musiques
Actuelles) de 1998 à 2014.
La salle de concerts de Tulle, dite Scène
de Musiques Actuelles, « Des Lendemains Qui
Chantent » sort de terre en 2004. Elle est le fruit
des générations de militants, d’activistes de la
culture « rock » qui ont su trouver l’oreille des
élus et des techniciens en charge des politiques
publiques pour arracher la construction de cet
équipement.
À l’ouverture de la salle, les acteurs militants qui
portent le projet depuis fort longtemps redoublent
d’investissement pour prendre possession pleine
et entière de ce nouvel outil. Dans cette période
de forte mobilisation, il apparaît la nécessité
de prendre du recul sur cette activité, sur cette
discipline et ses esthétiques. On appelle alors un
certain Marc Touché.
C’est là que débutent les prémisses de ce qui se
concrétise aujourd’hui dans ce catalogue.
L’histoire des musiques actuelles, des musiques
amplifiées en particulier, et son lien avec l’histoire
sociale des territoires où ces pratiques ont émergé,
commence à faire l’objet d’études depuis
une dizaine d’années. À Tulle, le sociologue
Marc Touché, particulièrement intéressé par
ces problématiques, engage à partir de 2009, avec
l’aide active de Cyril Bouysse, alors professeur
au Conservatoire de Tulle, un travail de recherche
qui se cristallise autour de la mise en évidence
de l’apparition de la guitare électrique dans
le paysage musical corrézien. Il conduit
à la réalisation d’une première exposition et
d’un concert autour de la personnalité de Jack
Erhard, guitariste et figure emblématique
du début des musiques amplifiées en Corrèze.
de jeunes, pratiquant les musiques actuelles,
porteurs de projets personnels liés à cette
discipline, en quête de sortie de leur isolement
et de réponses institutionnelles.
Et c’est à l’aune de la politique de cohésion
sociale, son nouveau ministère de rattachement,
que Bernadette Vignal continue d’affirmer
l’importance de ces travaux de recherche,
comme un outil de compréhension du monde,
du comment les populations s’inscrivent dans
une histoire.
Il faut alors la clairvoyance, l’ambition et
la confiance des Archives Départementales
de la Corrèze pour donner un futur à ce projet.
C’est enfin un peu le hasard, et beaucoup
les circonstances qui font arriver Romain Mercier
à la tête de ce travail monumental, diligenté
par l’association Des Lendemains Qui Chantent.
Dans un contexte social et financier difficile,
l’association prend tout de même le pari un peu
fou de recueillir la mémoire de ces musiciens
électriques et d’en promettre l’exégèse.
Son président d’alors, Nicolas Baudelet, prend
par la suite, en tant que chargé de mission
à l’ADDIAM de la Corrèze, sa part de travail
et de contribution à cette aventure.
Quelles sont les spécificités de la culture « rock »
des années 1970 ou 1980 sur le territoire
corrézien ? Peut-être n’en y-a-t-il pas vraiment.
Et c’est moins ces spécificités que nous illustrons
ici que les récits de la vie de quelques musiciens
locaux, pionniers d’une modernité qui nous a tous
submergés depuis. Mémoires Électriques
nous raconte une traversée de 20 ans d’histoires
locales, au cœur d’une déferlante culturelle
Quelques années plus tard, cette démarche
mondiale marquée par l’essor d’un média de
reprend sous l’influence discrète mais réelle
masse aujourd’hui disparu, le disque.
Philippe Berthelot – Directeur du Florida (Agen)
de Bernadette Vignal, déléguée départementale
de 1992 à 1998 puis directeur de la fédurok
à la vie associative, pour qui ce travail enclenché
Nous en avons cité certains, mais que tous soient
devenu la Fédélima (Fédération des Lieux de
mérite d’être poursuivi.
ici remerciés pour la qualité de leur investissement
Musiques Actuelles) de 1998 à 2014.
dans cet ovni dans la vie de notre association.
Car de fait, la Direction Départementale de
la Jeunesse et des Sports, où elle exerça jadis, est
confrontée dès les années 1990 à des demandes
Damien Morisot
Directeur de l’association
Des Lendemains Qui Chantent
Les origines du rock en France et en Corrèze
5
INTRODUCTION
Cette exposition, consacrée à l’histoire du rock
en Corrèze, propose d’explorer ce foisonnement
artistique et culturel à l’œuvre pendant
les décennies 1970 et 1980 à l’échelle locale.
Elle retrace le parcours de ces précurseurs
et l’évolution des mentalités et des pratiques sur
un territoire éloigné des centres d’effervescence
américains, anglais ou parisiens devenus
aujourd’hui mythiques. Pour écrire cette histoire,
une vision sociologique et ethnographique a été
ici privilégiée, laissant la part belle aux exemples.
Si les années 1960 voient les premiers
bourgeonnements du rock’n’roll dans
les campagnes et dans les villes, nous sommes
encore bien loin du bouillonnement
contemporain des « musiques actuelles », terme
qui n’existe d’ailleurs pas encore.
Les musiques traditionnelles ou populaires,
autour du rendez-vous du bal, sont alors bien
ancrées dans les territoires. Les premiers
concerts de rock n’ambitionnent pas de mobiliser
un public allant au-delà de leurs réseaux.
La presse, quant à elle, est timide sur le sujet,
les articles rares. Quelques entrefilets laissent
percer un regard plutôt perplexe que curieux.
Ce sont ces pionniers, musiciens, mais aussi
organisateurs de spectacle, employés culturels,
responsables de lieux, ou simples aficionados
de rock qui sont, par leurs initiatives, à l’origine
d’un mouvement culturel dont la salle
de concert Des Lendemains Qui Chantent
à Tulle se veut l’héritière.
Cette exposition est le fruit d’un projet initié
en 2009 et relancé en 2012, mené par
Des Lendemains Qui Chantent en partenariat
avec l’ADDIAM (Agence Départementale
de Développement des Initiatives Artistiques
et de Médiation de la Corrèze) et les Archives
Départementales de la Corrèze. Il s’agissait avant
tout de retrouver et de rencontrer les acteurs
qui ont été moteurs dans le développement
des musiques actuelles pour recueillir leur
mémoire via des entretiens enregistrés, dans
la tradition de nombreuses enquêtes menées
pour les musiques traditionnelles et de folklore.
Depuis 2012, plus de quarante témoignages
ont été collectés, soit près de cinquante heures
d’enregistrements.
Grâce à l’amabilité de ces témoins, il a été
possible de rassembler de nombreuses traces
matérielles d’archives (photographies, coupures
de presse, contrats d’engagement de concerts,…)
mais aussi d’enregistrements sonores ou vidéo
ainsi que du matériel d’époque (instruments
de musique, pédales, racks, magnétophones…).
L’exposition propose, de façon thématique,
d’éclairer les principaux enjeux de l’aventure
rock de ces musiciens et groupes de l’époque,
de l’apprentissage de l’instrument
à la structuration du groupe (professionnel ou
non) dans l’espace. Pour mieux comprendre
comment ce phénomène a trouvé peu à peu
sa place dans la société entre les années 1970
et le début des années 1990, l’apparition
de ce mouvement rock en Corrèze est replacée
dans son contexte historique et social.
À l’heure où des témoins privilégiés de cette
histoire disparaissent progressivement, il était en
effet urgent que ce genre musical et le phénomène
culturel qui l’accompagne entrent pleinement
dans le champ scientifique et fassent l’objet d’un
travail de recherche et de mémoire.
6
Équipe
L’exposition Mémoires Électriques a pu voir le jour
grâce à l’action conjointe de Des Lendemains
Qui Chantent, l’ADDIAM, les Archives
Départementales de la Corrèze, les Archives
Municipales de Tulle, le Centre Régional
des Musiques Traditionnelles en Limousin,
le Conseil Départemental de la Corrèze, Institut
National de l’Audiovisuel, la Médiathèque
de l’Agglomération de Tulle, la Direction
Départementale de Cohésion Sociale et
de la Protection des Populations de la Corrèze,
Marc Touché.
Commissariat général
Romain Mercier, Nicolas Baudelet
Conception scénographique
Arnaud Rozé, Romain Mercier, Nicolas Baudelet
Commissariat scientifique
Romain Mercier, Nicolas Baudelet
Soutien spécial des Archives Départementales
de la Corrèze, en particulier de Vincent Rigau,
Justine Berlière, Julien Mendes, Jean-Marc Nicita,
ainsi que l’ensemble du personnel
Mise en œuvre, suivi administratif,
technique et logistique
Enora Mahé, Damien Morisot,
Matthias Colombel, Ana Leylavergne,
Lucie Gantois
Crédit photos
Sylvestre Nonique-Desvergnes
Création graphique et création du site web
BIGRE Design : Atelier Adrien Aymard
(graphisme), Studio Kaïlis et Moshi Moshi
(conception web), Fabien Raymondaud
(développement web).
Soutien technique
Raphaël Durand, Alan Lemesle,
Olivier Durif, Nicolas Giner, Cinémathèque
du Limousin, Centre Régional des Musiques
Traditionnelles en Limousin, Enora Mahé,
Matthias Colombel, Simon Chapelas, Jonathan
Philippe, Pierrick Aubouin Dépôt Légal
de Limoges, Archives Municipales de Tulle
Témoins et prêts d’archives
Didier Lorioux, Yvan Pessin, Jean-Luc Roudière,
Jean-Michel Lachaud, Jean-Louis Delage,
Pascal Demailly, Marc Kerjouan,
Gérard Beaussonie, Pierre Fleygnac,
Bertin Meynard, Frédérick Jansen,
Francis Lachaud, Marc Démereau,
Joëlle Bernier, Marc Millon, Michel Lacombe,
Vincent Malmartel, Jean-Pierre Mons,
Pierre Diederichs, Marc Fanthou,
Michel Propilosky, Ghislain Henaff,
Thierry Gourdal, Jean-Jacques Dumas,
Lucien Peuch, Jacky Chevrier, Alain Brugière,
Franck Magnaux, Manu Layotte,
Jean-Luc Boisselier, Denis Gorsse,
Gérard Maupertuy, Dominique Bénété,
Serge Pendariès, Dominique Richard,
Pascal Aigle, Nadine Roux, Pierre Gaspart,
Claude Rochais, Bernard Comby, et toux ceux
dont la mémoire orale n’a pu être enregistrée.
Prêt de matériel
Pierre Fleygnac, Pascal Demailly,
Ghislain Henaff , Jean-Luc Roudière,
Ligue de l’Enseignement - FAL 19,
Thibault Peyrat
Partenariat
Institut National de l’Audiovisuel
TSF Philips B4F70-A01
– 1958
Coll. Des Lendemains
Qui Chantent 2014.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
Contexte historique
Le taux de natalité connaît dans le monde un essor dès 1942 qui
se poursuit jusqu’en 1975, c’est le baby-boom. Une nouvelle génération voit
alors le jour. En parallèle de la reprise économique d’après-guerre, c’est la
promesse de lendemains qui chantent avec le plein-emploi et une société
qui accède progressivement aux loisirs. Malgré un contexte mondial encore tendu avec la guerre froide, les enfants de la LiMon père a connu, et j’ai connu aussi, des gens bération aspirent à plus de libertés, ils entendent vivre
comme Jack Erhard qui a été, à mon sens, le premier leurs vies loin des peurs qu’ont connues leurs parents
orchestre à mettre en évidence sur l’affiche quelqu’un qui durant l’entre-deux-guerres. À cette époque en France
jouait de la guitare électrique. Et si tu veux, et en Corrèze, le bal populaire, ou bal musette, est tout
c’était le symbole de modernité. On savait que quand on à la fois une pratique récréative et permet de faire des
allait écouter ces gens-là, on allait avoir du rock, rencontres tout en créant de la sociabilité. De nombreux
on allait avoir des musiques actuelles de l’époque, et pas orchestres sillonnent les territoires pour faire « guincher »
que de l’accordéon, de la valse et des paso. dans les dancings, avec accordéon, batterie, cuivres et
Marc Antoine Millon
guitares acoustiques.
Affiche de promotion
de l’orchestre Jack Erhard
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent,
97NUM. Fonds Des Lendemains
Qui Chantent
À l’aube des années 1960, Outre-Manche, de jeunes gens se prénommant Paul McCartney et John Lennon ou bien Mick Jagger et Keith
Richard sont l’illustration de ce mouvement. Souvent influencés par un environnement familial propice à la musique, ils ont les oreilles tournées vers
l’autre côté de l’Atlantique. Fascinés par le Rythmn’ blues et l’émergence
du rock’n’roll aux États-Unis en écoutant les disques de Bo Didley, Fats
Domino ou bien Little Richards, ils s’approprient à leur façon ces rythmes
et sonorités.
Teppaz Domino Pil’
– années 60
Coll. Des Lendemains
Qui Chantent 2014.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
L’amplification d’un phénomène musical nouveau
Un nouveau phénomène voit le jour, avec l’apparition de stars
mondiales. Les chansons sont diffusées à la radio, les disques distribués de
plus en plus largement. Alors naissent les idoles : Elvis Presley aux ÉtatsUnis, les Beatles et les Rolling Stones en Angleterre. Les Shadows les avaient
précédés dès le début des années 1950 en intégrant des guitares électriques
soutenues par des systèmes d’amplification. Le son recherché à ce moment,
dit clair ou « clean », est éloigné des sonorités distordues qui apparaissent dans
les années 1960. Ces jeunes, enfants du baby-boom, s’emparent en France et
en Corrèze de cette nouvelle musique. Là où l’accordéon était jusqu’alors roi,
les instruments électroamplifiés et le rock commencent à s’imposer de manière durable dans la société française marquée par une période de mutation
des Trente Glorieuses.
L’industrie musicale mondiale se structure, des firmes comme
Vox, Fender, Marshall, devenues depuis légendaires, prennent une nouvelle
ampleur. Chacun souhaite atteindre un volume sonore plus important, ce qui
entraîne une course à l’équipement. Toutefois, le matériel coûte cher, il faut
donc trouver des solutions alternatives : bricolages et inventions sont de mise.
8
Les origines du rock en France et en Corrèze
9
Un des grands groupes de l’époque, c’était Eric Erdé.
Son père avait un orchestre où il jouait de l’accordéon.
Son fils a commencé à chanter. Le batteur, c’était
Jean-Marc Lajudie. Je crois que visiblement il se
faisait un peu chier chez papa dans « l’orchestre René
Deloutre ». Donc ils ont fait une dissociation et ils ont
monté l’orchestre de bal qui s’appelait Eric Erdé. Sauf
qu’ils ont commencé à mettre de l’orgue Hammond,
Jean-Marc jouait sur une batterie avec des cymbales
partout, des doubles toms... Quand tu vois les batteries
que tu avais à l’époque, c’était une révolution.
Section de cuivres et ils enquillaient tout ce qu’on
entendait à la radio à l’époque, tu pouvais le voir
jouer dans les baluches. Il y a eu ici ensuite une
dissociation entre ça et le « bal trad » Marc Antoine Millon
1 – Concert du groupe « Hippocampe »
en avril 1974 au Golf Drouot.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Michel Lachaud.
Le rock entre progressivement dans
les orchestres de bal
De nouveaux instruments électrifiés font au
même moment leur apparition en France. En Corrèze,
des pionniers s’emparent très vite de ces outils, Jack
Erhard intègre dès 1959 une guitare électrique au sein
de son orchestre de bal. Au sein de certains de ces orchestres, on peut entendre dans les bals des reprises de
tubes de la TSF. Ces musiques nouvelles se popularisent
auprès des jeunes adultes qui fréquentent les bals.
2 – Concert du groupe de Brive
« The Group’Five » en 1970 au Golf Drouot.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
3 – Diplôme du Golf Drouot obtenu
par le groupe de Brive « Sylvie Flash Gang »
en septembre 1979.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Michel Propilosky.
Des lieux rock emblématiques : Le Golf Drouot
et le festival du Printemps de Bourges
Les débuts du rock en France sont liés à un lieu parisien devenu mythique : le Golf Drouot. Dans ce club, plusieurs centaines de groupes de
rock s’affrontent entre 1962 et 1981 sur le « Tremplin » afin de remporter
les faveurs du public à l’applaudimètre et devant un jury composé de professionnels du spectacle. Des artistes tels Johnny Hallyday, Eddy Mitchell
ou Magma y font leurs premiers pas. Des stars anglo-saxonnes comme
The Who ou David Bowie y sont accueillies. Des groupes corréziens sont
aussi sélectionné : The Group’ Five ou encore Sylvie Flash Gang remportent le tremplin respectivement en 1970 et en 1979.
Le festival du Printemps de Bourges créé en 1977 prend ensuite
le relais et devient progressivement un tremplin emblématique au service
de la découverte de nouveaux talents. Dominique A., Mano Negra, Les
Têtes Raides mais aussi des Corréziens : Jean-Luc Roudière, Mandarine
ou Visavis y ont fait leurs armes.
Certains musiciens commencent à se spécialiser dans le rock’n’roll.
D’abord en travaillant, le plus souvent « à l’oreille », les morceaux des vedettes
du moment dans le but de les reproduire le plus fidèlement possible. Puis,
peu à peu, nombre d’entre eux se tournent vers la composition. Par le biais de
la création originale et de l’invention, le musicien amateur trouve un moyen
de s’émanciper.
Photographies de promotion
de Jack Erhard
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Des Lendemains Qui Chantent
Jouer seul n’est pas satisfaisant, le rock’n’roll se pratique en
groupe. Souvent issus des orchestres de bals, des musiciens commencent à
travailler ensemble des compositions dans des locaux variés allant du local
inexploité de l’entreprise familiale au pavillon de jardin en bois, de la cave
humide prêtée par un ami à une grange à la campagne.
1
Les répétitions, c’était en général lorsqu’un
membre de l’orchestre avait de la place chez lui. Jean-Michel Lachaud
2
10
3
Les origines du rock en France et en Corrèze
11
Musiciens et groupes corréziens
Inscrit par ses parents à des cours de violon à l’âge de huit ans,
Serge Pendariès, quatre ans plus tard, commence la guitare, d’abord classique à l’école de musique de Brive-la-Gaillarde, puis rapidement électrique
pour jouer une musique qui lui plaît davantage, attiré par Johnny Hallyday
ou encore Eddy Mitchell.
Au collège Saint-Joseph à Brive, il décide de monter un groupe
de rock avec Dominique Hyllaire à la guitare, Christian Vézine à la basse et
Jean-Louis Pesme à la batterie. Serge Pendariès avoue par la suite qu’ils ne
savaient pas vraiment jouer à ce moment-là. Ils s’essayent alors à des morceaux instrumentaux dans la veine du groupe britannique The Shadows. Le
groupe se produit ponctuellement dans des surprises
Il y a eu un truc fantastique. Le groupe parties emblématiques de la culture yéyé où les jeunes se
le plus connu à l’époque, c’était Triangle et dans réunissent dans le garage des parents autour d’électroce groupe, le batteur Jean-Pierre Prévotat phones portatifs - le Teppaz - pour écouter de la musique
ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre batteur, et danser.
Jean-Claude Deyzac. Quand nous on est passé,
le public a cru que c’était le batteur de
Triangle qui jouait avec nous. Ça a duré pendant
un moment et pendant l’heure qui a suivi,
ça a été la célébrité fabuleuse. Nous, on l’a pris
à la rigolade et on a joué le jeu.
Ces jeunes musiciens se réunissent à Brivela-Gaillarde, dans le garage de la maison des parents du
batteur, Jean-Louis Pesme, pour répéter. Ce dernier joue
sur une vieille batterie des années 1930 achetée d’occasion, et dont on devait chauffer les peaux des toms sur
Serge Pendaries
le poêle pour les tendre. Serge Pendariès et Dominique
Hyllaire, les deux guitaristes, jouent sur des guitares
électriques de la marque néerlandaise Egmond, des instruments bon marché de basse facture avec une lutherie déplorable rendant l’instrument plus
difficile à jouer. Sans autres ressources financières, ils fabriquent de petits
amplificateurs à partir de postes de radio TSF avec l’aide de ces nombreux
réparateurs d’appareils électriques et électroniques installés à Brive.
Page de droite :
Affiche de promotion du groupe
« The Group’ Five ».
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent,
97NUM. Photo Jacques Helgy.
Fonds Serge Pendaries.
12
En 1967, alors qu’ils sont au lycée Cabanis, ils forment The Group’
Five, composé de Dominique Hyllaire à la basse, Jean-Claude Floiras dit
« Foxy » au chant, Serge Pendariès à la guitare, Jean-Claude Deyzac qui sera
remplacé à la batterie par Jean-Pierre Fouilloux lorsqu’il part faire son service militaire. La présence d’une section vocale leur permet désormais de
suivre leurs influences autour de la vague du blues-rock anglais et américain
popularisé par le guitariste Eric Clapton. Le groupe reprend alors des morceaux comme ceux des Pretty Things, John Mayall, The Cream, Ten Years
After ou encore Canned Heat. Serge Pendariès explique aujourd’hui qu’à
cette époque, les groupes se positionnent essentiellement sur des reprises de
succès musicaux, dans la tradition des orchestres de bals.
Serge Pendariès, guitariste dans The Group’ Five
13
1 – Photographie de promotion du groupe
« The Group’ Five ».
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
2 – Serge Pendaries et sa guitare
en novembre 1969 au Cardinal à Brive.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
3 – En route pour Paris, au Golf Drouot
en mai 1970. Jean-Claude Floiras dit « Foxy ».
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
1
3
6
14
2
4
5
7
4 – Le groupe « The Group‘ Five » sur
scène à l’Olympia de Tarbes, tournée Sud Radio
en août 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
5 – Jean-Claude Floiras dit « Foxy » et
Dominique Hyllaire lors d’un concert
de « The Group’ Five » en novembre 1969
au Cardinal à Brive.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
À cette époque, c’était les répercutions de Woodstock
ou de l’île de Wight. […] Il y en a un qu’on
a fait qui était assez impressionnant, c’était à Nedde
dans la Haute-Vienne. […] Dans ce festival, il y a eu
les meilleurs groupes français comme Les Variations,
Ange, Martin Circus, Triangle... Ils étaient tous là.
Et nous ! L’anecdote, c’est qu’il y en avait tellement de
groupes, ça faisait un budget assez important quand
même. […] J’avais un peu le sens du business parce
que j’étais allé voir l’organisateur avant de jouer
en lui disant Tu peux pas me payer, là ? Parce que
nous après, on va pas rester longtemps.
Je pense qu’on a été un des rares groupes à avoir été
payé. J’avais senti venir le truc donc j’avais
pris les sous. Après, ce qui s’est passé quand les
groupes ont voulu se faire payer, c’est qu’il n’y avait
pas l’argent sur le compte pour les régler.
6 – Le batteur de « The Group’ Five » en
novembre 1969 au Cardinal à Brive.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Serge Pendaries.
7 – Photographie du groupe « The Group’ Five »
dans leur local de répétition en février 1969.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Photo Martinez. Fonds Serge Pendaries.
Mai 68, un vent de liberté et d’émancipation
souffle en Corrèze. Les dancings, nombreux à Brive, se
reconvertissent progressivement en boîtes de nuit laissant de plus en plus la place à une musique rock, afin
de répondre à une nouvelle clientèle composée d’un
public jeune. Le Cardinal rebaptisé La Locomotive, La
Charrette, le Sam Palladium, le Verdanson programment peu à peu, les samedis soirs, dimanches après-midi
et soir, des groupes et artistes de renommée nationale
ou internationale comme Vigon (rythm’n’blues), les
Aphrodite’s Child (rock progressif), John Lee Hooker
(blues) ou Vince Taylor (rock’n’roll). The Group’ Five
accompagnent sur scène des artistes tel que Vince Taylor
resté quelques semaines de plus en Corrèze. Les musiques actuelles trouvent dès lors un peu plus leur place
dans le département, aux côtés du folklore et du bal
traditionnel.
En cette toute fin de décennie 1960, The Group’Five commence
à envisager les choses de plus en plus sérieusement. Après leur bac, les
membres du groupe entament des études supérieures. Ils sont en médecine,
en « kiné », en commerce, mais ils se consacrent essentiellement à la musique.
Ils échappent pour un temps au service militaire. Leur renommée locale leur
permet de se produire en Corrèze, en Haute-Vienne mais aussi en Dordogne
et dans le Lot. En 1970, ils sont sélectionnés sur cassette démo de deux de
leurs compositions pour le « sacro-saint » Tremplin du Golf Drouot, qu’ils
remportent. Il gagnent alors l’enregistrement d’un 45 tours en studio ainsi
qu’une tournée sur les podiums de Sud Radio. Ce succès leur permet d’assurer plusieurs concerts en première partie d’artistes de variétés populaires tels
que Stone et Charden.
Le groupe se sépare en 1974, avec leur entrée dans la vie professionnelle. Serge Pendariès, pour sa part, se tourne quelques années plus tard
vers le jazz. Sa passion pour la musique ne l’a jamais quitté. Il est toujours
guitariste dans le groupe de jazz Les Aristofan New Sextet créé en 1982 à
Brive-la-Gaillarde. Dans ses souvenirs, Serge Pendariès évoque le passage de
The Group’ Five au festival de Nedde en Haute-Vienne qui s’est déroulé en
à la toute fin des années 1960.
Serge Pendariès, guitariste dans The Group’ Five
15
L’ère de l’électrification
1
L’électricité et l’amplification sonore électronique sont utilisées
comme des éléments majeurs des créations des musiques dites « amplifiées ».
C’est à l’aube des années 1930 qu’apparaissent les premières guitares électriques sur le marché américain. Au cours des années 1950, les premières
guitares Solid Body sont commercialisées. À l’inverse de leurs homologues acoustiques, elles possèdent un corps plein qui ne résonne plus sans
l’aide de l’amplification. Les marques Fender avec ses modèles Telecaster
et Stratocaster, Gibson avec sa guitare Les Paul s’emparent du marché. Les
basses électriques commercialisées à la même période sont également adoptées par les musiciens de rock.
C’est comme ça que j’ai rencontré Grasset
alias Verto. Lui, il était maboule de King Crimson
et alors c’est lui qui m’a appris à faire des échos
avec les magnétos. Moi, à ce moment-là, je m’étais
payé un Sony à la CAMIF parce que mon père,
il était dans l’enseignement. Avec ce Sony, les vitesses
intéressantes, c’était 19 et 7,5. Il fallait des input
en inch. Avec ça, tu arrivais à faire ton montage. […]
Avec Verto, on s’est retrouvés à jouer plusieurs fois
ensemble. Un jour, on a mis deux magnétophones
Revox à 3-4 mètres l’un de l’autre avec une loop.
Je crois que c’était dans un festival à Capedenac qu’on
avait fait ça. On avait fait un concert assez étrange.
[...] C’était un truc lunaire. Ça avait vachement
frappé les gens. Ça enrobait vachement les chansons et
surtout c’était soft et planant. Et même à la
fin du concert, tu quittes la scène, il y a tout qui tourne
encore parce que des loop de 10 minutes, c’est mortel
aussi. Pour te dire comment on se démerdait à l’époque. 2
Jean-Luc Roudière
1 – Photographie de Patrick Perrot du groupe
« Sylvie Flash Gang » et sa basse Fender.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM. Fonds Michel Lacombe.
2 – Jacques Pineau à la technique son pour
le groupe de Limoges « Ex Vitae » (années 1970).
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM. Fonds Marc-Antoine Millon.
3 – Le groupe « Decibel PIM » en répétition
à Saint Clément en 1979.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais.
16
3
Jacques Lars et sa guitare
électrique Fender Stratocaster
lors d’une répétition
du groupe de Limoges
« Ex Vitae » (années 1970).
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM.
Fonds Claude Rochais.
Les innovations techniques et sonores
17
Les possibilités permises par ce matériel sont immédiatement
détournées. Il n’est plus seulement question de jouer plus fort mais aussi
d’exploiter les nouvelles palettes de sonorités offertes par l’électrification. En
effet, ces nouveaux instruments et amplificateurs, lorsqu’ils sont poussés au
maximum de leurs capacités, produisent un son tranchant et distordu. Dans
le courant des années 1960, l’exploration du timbre et de ses modifications se
développe avec l’invention d’effets sonores comme les reverb, les chambres
d’écho qui reproduisent les acoustiques de cathédrales. Les pédales d’effet
wah-wah et fuzz déforment encore plus profondément les sonorités.
1 – Studio de Jean-Luc Roudière
et Bertin Meynard.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Luc Roudière.
2 – Photographie de Jacques Lars et
Jean-Loup Marlaud en expérimentation,
groupe de Limoges « Ex Vitae ».
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc-Antoine Millon.
3 – Jacques Lars, Jean-Loup Marlaud
et Jean-Michel Philippe
du groupe de Limoges « Ex Vitae »,
en expérimentation.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc-Antoine Millon.
En Corrèze, au début des années 1970, acquérir les instruments
requis pour la pratique des musiques amplifiées n’est pas aisé et les jeunes
musiciens n’ont souvent pas les moyens de s’acheter un matériel conçu dans
ce but. Leur guitare ou basse de rêve Gibson ou Fender coûtent, à elles
seules, plusieurs mois de salaire, et pas ou peu de boutiques en proposent
dans le département.
4 – Bertin Meynard au son et Lilou
à la lumière sur un concert
de Jean-Luc Roudière.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Luc Roudière.
Pour Serge Pendaries, guitariste dans le groupe briviste The
Group’ Five, l’achat d’un matériel de marque Fender ou Gibson paraît impensable tant le prix en est élevé. Il se fait offrir par ses parents une guitare
électrique de la marque néerlandaise Egmond. C’est une guitare électrique
bon marché mais de mauvaise facture qui ne facilite pas l’apprentissage tant
les cordes sont éloignées du manche.
1
2
3
18
4
1
1 – Technique lors d’un concert du groupe « Molybdène »
à Marcillac-la-Croisille en juillet 1981.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais.
2 – Magazine d’électronique Le Haut Parleur
n°1252 du 19 mars 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Des Lendemains
Qui Chantent.
2
Pour le matériel c’était surtout les réseaux. Jean-Luc
Roudière expérimentait des magnétophones
à bande pour fabriquer des Delays. Je m’étais
bricolé plein de pédales d’effets. Il fallait aussi réaliser
la sono de A à Z, on savait comment ça
fonctionnait à la fin. Il n’y avait pas le choix.
Mes potards de wah-wah cassaient, donc il fallait en
trouver en pièces détachées. […] J’allais
à Brive pour les trouver mais ces potards n’avaient
pas la force mécanique pour être montés sur
un coulissant.[…] Je m’étais fait un rack avec
3 pédales wah-wah et je cherchais des fréquences
et déclenchais les événements comme ça....
C’était très Zappa comme influence.
Course à l’équipement et système D
La plupart des apprentis musiciens rivalisent
d’inventivité pour s’équiper d’instruments adéquats. Des
batteurs comme Michel Lacombe (groupes Océanique
et Sylvie Flash Gang) ou Marc Fanthou (groupe DékapFour formé à Tulle en 1977) se fabriquent eux-mêmes
une batterie de fortune à partir de cartons, bidons, rivets ou boîtes de conserves. Des guitaristes ou bassistes
comme Dominique Bénété (bassiste du groupe Rocorico
formé à Brive-la-Gaillarde en 1981) ou Franck Magnaux
(guitariste du groupe Phoenix formé à Tulle en 1973)
placent un micro au niveau de la rosace de leur guitare
acoustique afin de se rapprocher des sonorités de guitares électriques. Ils se servent aussi des objets présents
Pierre Fleygnac
dans les foyers à cette époque comme des TSF ou des
électrophones. En modifiant ces appareils, ils arrivent
à y brancher leurs instruments et obtiennent de petits amplificateurs pour
créer un son électrique saturé. Cette pratique caractéristique en dit long sur
le décalage entre la passion et les moyens nécessaires pour l’accomplir. Ils finissent par acquérir des instruments électriques de plus ou moins bonne facture, certains s’achètent l’instrument de leur rêve avec leurs premiers salaires.
D’autres, déjà plus équipés, vont plus loin dans la quête de nouvelles sonorités et expérimentent de nombreux effets. Jean-Luc Roudière
essaie divers procédés techniques à partir de pédales et de racks d’effets complexes, quitte à détourner le matériel de son utilisation première afin de créer
des textures sonores originales jouées en concert et enregistrées en studio.
Les innovations techniques et sonores
19
Magnétophone à bandes TEAC
Tascam – series 32-2B
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
Salle Latreille
Des murs, un toit, un emplacement en plein centre ville de Tulle…
Bref de quoi donner des envies aux organisateurs de concerts. La salle Latreille est un lieu historique de la cité tulliste, cette halle dans laquelle se
tenaient cérémonies officielles, soirées festives, ou exposition fit l’objet d’importants travaux en 1978 pour prendre sa forme actuelle sur deux niveaux.
Vue intérieur de la salle Latreille,
janvier 1956, photographie La Montagne
Arch. dép. de la Corrèze, 24FI/112.
Fonds La Montagne
Magnétophone cassette –
Tascam portastudio model n°244
Prêt Pascal Demailly.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
La fine fleur du rock ou de la chanson s’y est produite à l’initiative de différentes organisations. Trois jeunes Tullistes, Roland Teixeira,
Guy Grimal et Michel Balbous font partie des premiers à utiliser la salle des
fêtes dans ce cadre. Ils constatent que la jeunesse s’ennuie à Tulle et qu’il
faut y remédier. Ils passent des paroles aux actes en organisant en janvier
1976 un concert du groupe Catherine Ribeiro + Alpes à la salle Latreille.
Le pari est réussi, la salle est pleine à craquer. Dès 1992, l’association Swing
Easy y organise plusieurs fois par an des concerts. Des groupes comme
Ludwig Von 88, Les Rats, Little Bob ou encore Les Wampas y ont posé
leurs instruments. Ne disposant pas d’isolation acoustique, le voisinage fit
rapidement connaître son mécontentement.
Les concerts de rock ne sont aujourd’hui plus monnaie courante
dans ce lieu. Toutefois, la salle accueille de temps à autres la faune rock’n’roll
à l’occasion de bourses aux disques durant lesquelles le format vinyle est à
l’honneur.
Mon copain Vincent Dominguez, le bassiste, il m’avait
fabriqué une batterie en carton et alors moi j’avais
tellement honte. On répétait au foyer culturel de Brive
et il fallait traverser la bibliothèque pour aller dans
la salle pour répéter, alors je la lui faisais porter.
Michel Lacombe
Centre Raoul Dautry
Nous sommes à Brive-La-Gaillarde, au cœur
de la cité des Chapélies à Courteline. Au milieu des années 1970, la ville ouvre le Centre culturel Raoul Dautry.
Des activités y prennent place, on y fait de la photo ou du
théâtre, le projet conduit par Christian Minos se déploie
petit à petit. Les membres du groupe Océanic habitent
ce quartier. C’est là-bas qu’ils débutent la musique. Une
salle du centre leur est prêtée en échange de cours de
musique à dispenser. Une fête de quartier est organisée par le centre culturel en 1977. Le groupe y fera ses
premières armes.
Le groupe Océanic en concert au centre
Raoul Dautry, 1979
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Michel Propilosky.
20
21
Le Café-concert associatif Lost-Angeles à Lostanges
Ce lieu est au départ une maison située dans le lieu-dit Le Jaladis
dans la petite commune de Lostanges, à 30 kilomètres au sud de Tulle. La
bâtisse est achetée dans les années 1980 par Alain et Françoise Raczymow
qui décident d’aménager le sous-sol afin d’en faire un café-théâtre-concert
associatif. Avec l’aide de Dominique Richard alors intermittent du spectacle,
ils effectuent quelques travaux de rénovation, d’aménagement, de décoration
et d’installation technique (matériel de sonorisation).
1
1 – Programme du café-concert Lost-Angeles,
juin 1987, dessin Marc Démereau.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc Démereau.
22
Le lieu ouvre ses portes en mai 1986. C’est le musicien Marc
Démereau, alors instituteur à Lostanges, qui s’occupe de dessiner les programmes et affiches de communication. À la fin de cette même année, après
huit mois d’ouverture, le bilan est très positif puisque le lieu associatif a déjà
plus de cinquante spectacles à son actif et a su attirer un public nombreux.
L’objectif de l’association est dès le départ de décloisonner les différentes
disciplines et esthétiques en programmant aussi bien du théâtre, du cinéma que des concerts de jazz comme de rock. Des groupes d’ici tel que
Mandarine (Brive), Les Singlar Blou (Egletons), Jean-Luc Roudière (Tulle),
Le Trio Jazz Rock de Bernard Entraygues (Brive), Visavis (Tulle), le Trio
Hamann, mais aussi le bluesman français Patrick Verbeke s’y sont produit.
L’association cesse son activité à la fin des années 1980.
Ci-dessous : Programme d’ouverture du
café-concert Lost-Angeles, mai 1986, dessin
Marc Démereau.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc Démereau.
Ci-contre : Programme recto verso
du café-concert Lost-Angeles, juillet-août 1987,
dessin Marc Démereau.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc Démereau.
23
Chez Didier
À l’automne 1978, Didier Lorioux, un musicien corrézien ouvre
un café situé dans la rue de Bournazel à Tulle. « Le Flash Bar » mais aussi
« Chez Didier », c’est comme ça que les habitués l’ont baptisé.
Lieu emblématique, de l’avis des témoins l’ayant fréquenté, il a été
l’un des points de rassemblement de « l’activité et de l’énergie rock à Tulle ».
Lorsqu’il a ouvert, Didier, le gérant, avait souhaité aménager la vieille écurie
qui se situait sous le café afin d’en faire une salle de spectacle. L’importante
activité qu’a connu le lieu dès son ouverture ne lui a jamais permis de faire
ces travaux. Il est néanmoins considéré par beaucoup comme un haut lieu de
sociabilité grâce à l’accueil réservé à ses clients venus de Tulle ou de plus loin.
Il ferme ses porte en 1981.
Le Lycée Bossuet
Affiche du concert du groupe
Starship le 5 novembre au lycée Bossuet.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM
Fonds Frédérick Jansen.
Le lycée catholique, situé à l’ouest de Brive, a connu lui aussi
quelques émois rock’n’roll. Le 2 octobre 1975, une soirée est donnée dans
la salle de spectacle pour fêter le cent cinquantenaire de l’établissement. Les
sketchs et saynètes se succèdent. Aux alentours de 22 h 30, les cinq élèves qui
montent sur scène sont les derniers à se produire. Armés d’un enthousiasme
non dissimulé et de guitares électriques aux accords aléatoires, le quatuor attaque une reprise de « Jumping Jack Flash » puis de « Brown Sugar » des Rolling
Stones. Cacophonie musicale ou défiance envers l’autorité, à la fin du deuxième morceau, M. l’abbé Paul Triadou, supérieur de l’école, fait irruption
sur scène pour demander l’arrêt immédiat des hostilités. Face aux vives protestations d’une partie des élèves, l’homme consentira un dernier morceau.
Le groupe se lancera alors dans une version longue de « Satisfaction » jusqu’à
ce que le corps enseignant finisse par priver les musiciens de l’électricité nécessaire aux instruments amplifiés en abaissant le commutateur électrique de
la scène. La fête est vraiment finie quelques secondes plus
tard lorsque le batteur réalise qu’il est désormais le seul à
produire du son.
Le groupe, qui n’avait pas de nom au départ,
s’appellera Starship, « le bateau des stars », chacun des
musiciens s’identifiant à une star anglo-saxonne du rock.
Il eut l’autorisation de reproduire l’expérience, mais en
journée cette fois, le mercredi 5 novembre à 16 h dans
le nouveau gymnase de l’établissement. Une ultime représentation de cette formation (légèrement modifiée)
aura lieu en octobre 1976. Il y a bien eu du rock au lycée
Bossuet, qu’on se le dise.
24
Concert du groupe les Fleshtones
au Night-club le Blason, organisé
par l’association Swing Easy,
mai 1991, photographies La Montagne.
Arch. dép. de la Corrèze,
23SI/66469 - 23SI/66470
- 23SI/66471 .
Fonds La Montagne
Le Blason
Discothèque haute perchée dans une des artères principales du
cœur de Tulle, Le Blason est dans les années 1990 le rendez-vous des fêtards
de tout poil. Les musiques électroniques font danser jusqu’au bout de la nuit
une clientèle nombreuse. Si les disques de Dépêche Mode font vibrer les
murs, le rock en live n’en sera pas pour autant en reste. On retrouve ici Swing
Easy, l’association militante, qui programme une ribambelle de concerts.
Les New-Yorkais du groupe Fleshtones y donnent un concert mythique le
30 avril 1991, ce même concert sera fêté 20 ans plus tard, le 29 avril 2011
à Des Lendemains Qui Chantent, association de la salle éponyme héritière
de Swing Easy.
Lieux emblématiques du rock en Corrèze
25
Roland Space Echo re-201 –
année de sortie 1974
Prêt Jean-Luc Roudière.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
1
1 – Centre Culturel et Sportif de Tulle,
vue extérieure, réception des travaux, septembre
1966, photographie La Montagne.
Arch. dép. de la Corrèze, 10FI/1833/1.
Fonds La Montagne
2 – Vue d’ensemble du Centre Culturel et Sportif
de Tulle, octobre 1983, photographie La Montagne.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Arch. dép. de la Corrèze, 24FI/206.
Fonds La Montagne
3 – Couverture de l’Entonnoir, magazine
culturel d’information du Centre Culturel et Sportif
de Tulle, mai 1979.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Louis Delage.
2
À l’époque on avait réussi à avoir pignon sur rue,
c’est mon cas. Pouvoir être payé par la ville
pour foutre le buzz, pour bouger un petit peu toutes
ces lignes à commencer par le centre culturel
qui était bloqué en fait. On appelait ça le centre
culturel mais il ne s’y passait rien.
Jean Louis Delage
Le Centre Culturel et Sportif de Tulle
A l’instar des politiques culturelles nationales,
les politiques de la ville intègrent peu à peu la question
culturelle dans les débats. C’est ainsi que diverses structures peuvent être créées. Le Centre Culturel et Sportif
de Tulle, inauguré en décembre 1966, en est l’illustration. L’équipe municipale et Jean-Louis Delage qui représentait une certaine forme de contre culture en fut
salarié dès 1977. Il s’attacha à y organiser des concerts, faciliter le prêt de salle
de répétition pour les groupes, créer des liens avec les associations tout en
cohabitant avec les activités sportives présentes dans le lieu. Le concert « C’est
de la Merde » organisé avec Jean Luc Roudière fut un moment marquant de
l’histoire du CCS. On y retrouve Folle Avoine, Allysum, Major Grubert et
Ex Vitae sur scène aux côtés de Jean Luc Roudière, Les groupes avait alors
investi l’espace public.
Korg Stage Echo – model
SE-500 – 1978
Prêt Jean-Luc Roudière.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
La Cave à Musique
3
26
C’est au 6 rue d’Alverge que la Cave à Musique ouvre ses portes
dans le courant de l’année 1982. La boutique est alors le première à se spécialiser dans la vente d’instruments de musique. Outre la vente le propriétaire,
Georges Guyonnet, propose aussi un service de librairie musicale, de réparation d’instruments, de lutherie ainsi que de cours de musique. Dans le rayonnage, aux côtés des violons ou des accordéons, les guitares électriques mais
aussi les claviers et synthétiseurs dont la mode se propage dans la décennie 80
font leurs apparitions. Nombre de groupes se fourniront en matériel dans le
magasin jusqu’à sa fermeture en 1999.
Lieux emblématiques du rock en Corrèze
27
Ci-contre : Charlie Hebdo, mercredi 19 mars
1997, article de soutien contre
la fermeture de la MJC d’Ussel,
article Oncle Bernard, dessin Tignous.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM
Fonds Michel Gazi.
La Maison des Jeunes
et de la Culture (MJC) d’Ussel
Créée dans les années 1950, la MJC d’Ussel propose dès sa création de nombreuses activités notamment culturelles. Des concerts de variétés y ont lieu aux côtés de quinzaines cinématographiques thématiques. Jean
Luc Roudière, Océan et Ex Vitae s’y produisent. La Maison s’intéresse plus
particulièrement aux musiques actuelles avec la création de sa radio associative dans le courant de l’année 1983. Une centaine de bénévoles lui font vivre
ses belles heures aux côtés de salariés tels que Thierry Salagnac, Philippe
Coudert ou Didier Estrade. La diffusion de la musique par la voie des ondes
fait germer l’idée de proposer des concerts. Patrick Abrial ou Liz Mc Comb
viennent chanter pour le public ussellois. La MJC s’associe ensuite au festival de blues de La Roche Canillac par l’entremise de Jean-Michel Leygonie.
C’est à ces occasions que l’équipe salariée de la radio se forme aux techniques
du spectacle. Un parc de matériel scénique voit le jour.
Novatrice, la MJC accueille dès les années 1990 des groupes en
résidence, à une époque où le concept est encore peu répandu. Très présente
sur le terrain, notamment à Jazz en Limousin, la MJC assure les régies techniques, fournit du matériel ou encore prodigue des conseils scéniques.
Dans ces mêmes années, la MJC permet à de nombreux artistes
blues d’envergure internationale de se produire au cours de la saison ou bien
lors de l’Ussel Blues Festival. On y retrouve aussi bien Jean-Jacques Milteau
que Lucky Peterson. D’autres tels que Raoul Petite ou les locaux de Singlar
Blou, Les Éjectés ou Visavis participent au rayonnement de la structure.
Mais en 1997, la municipalité annonce la fermeture de la MJC au
profit d’une régie municipale. Malgré l’organisation de la contestation avec
la création d’un comité de soutien et de manifestation, le sort de la MJC est
scellé. L’inévitable fermeture est couverte par des médias nationaux tels que
Charlie Hebdo qui viendra réaliser un reportage ou encore l’Humanité.
28
Lieux emblématiques du rock en Corrèze
29
Le barbare
Créé en 1978 par Yvan Pessin, Le Barbare est un restaurant-barcafé-concert situé à Argentat. Il s’agit d’un des lieux rock les plus emblématiques en Corrèze. En 16 ans, avec un nombre incalculable de concerts,
presque tous les musiciens de la région y ont joué.
1
1 – Affiche du Barbare, 1979.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Yvan Pessin.
2 – Yvan Pessin, le patron devant l’entrée
du Barbare, fin des années 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Yvan Pessin.
Au départ, Yvan s’oriente d’abord vers un cabaret jazz puis, à la
demande d’une partie de sa clientèle jeune, il commence à organiser des
concerts de rock, séduit par l’énergie dégagée par cette musique. Il n’hésite pas à parcourir les quatre coins de la Corrèze pour aller afficher les
programmes de ses soirées. Rapidement le bouche à oreilles se met en
place, le public apprécie l’ambiance du lieu. Le Barbare reçoit de plus en
plus de sollicitations de la part de groupes désireux de faire un détour par
Argentat où ils savent qu’ils seront généreusement accueillis. Patrick Verbeke,
Benoit Blue Boy, les Sheriffs, les Casse-Pieds ne sont que quelques exemples
parmi d’autres.
En 1986, se déroule le festival de Sexcles (à proximité d’Argentat)
avec le gratin de la scène rock alternative française. Le Barbare devient, le
temps de l’événement, le lieu d’accueil et de restauration des groupes programmés. Il a été jusqu’en 1994, un des principaux points de relais de la
culture rock alternative qui émerge en France à cette même période.
3 – Le groupe de rock alternatif
Les Casse-Pieds, années 1990.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Yvan Pessin.
4 – Affiche du Barbare.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Yvan Pessin.
Ci-contre : Affiche du Barbare, 1986, Molteau.
Arch. dép. Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Yvan Pessin.
2
3
30
4
31
Musiciens et groupes corréziens
Figure emblématique, guitariste, auteur compositeur interprète,
Jean-Luc Roudière est très actif en Corrèze pendant les décennies 1970 et
1980. Il est sans doute l’un des premiers artistes locaux à utiliser les techniques liées à l’amplification du son au service d’un projet artistique basé sur
des musiques et des textes qu’il compose et écrit.
Né en 1953 en Ariège, il arrive en Corrèze en 1969. C’est dans une
librairie, d’une manière surprenante, qu’il achète sa première guitare acoustique de marque Couesnon en 1968. Il prend quelques cours de musique
à Tulle avec Albert Hamann avant de poursuivre en autodidacte. Comme
beaucoup, il « repique » à l’oreille les morceaux qu’il écoute sur son Teppaz,
tourne-disque facilement transportable avec haut-parleur dans le couvercle.
Sa première guitare électrique est une Egmond qu’il gagne dans une fête
foraine. Plus tard, il achète une Aria, guitare de qualité intermédiaire fabriquée au Japon.
Ci-contre : Jean-Luc Roudière et sa guitare
électrique double manche Jacobacci.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Luc Roudière.
Il monte un premier groupe, très éphémère, qui répète dans une
salle du centre culturel de Tulle mise à disposition par M. Trigueros, le directeur de l’époque. Il trouve aussi plusieurs occasions de se produire, seul
avec sa guitare, en particulier au sein de fêtes de cellules politiques comme
celle du Parti communiste du Pont des Angles. Il y reprend des chansons
engagées, dont celles de l’artiste limougeaud Jacques-Émile Deschamps, et
rencontre un franc succès parmi le public.
Après son bac, il entre à l’École Nationale des Arts Décoratifs
à Limoges. Il y côtoie un milieu artistique alternatif sur fond de contestation politique de l’après-mai 68. Tout en suivant ses études, il continue à
se passionner pour la musique, l’écriture et le dessin.
Ça a été une époque de concert. On répétait Avec des amis, il crée à Tulle l’association Carol Live
et après on partait en camion. On faisait les festivals. qui organise des concerts salle Latreille et présente des
C’était une grosse démarche quand même. artistes comme Mama Béa Tekielski ou Patrick Abrial.
Il fallait piocher les dates, booker les trucs. Tout ça Il commence aussi à écrire et à composer plus sérieusec’était aussi avec le réseau Tartempion. ment. Il s’équipe d’un matériel de sonorisation et crée
Finalement c’était assez actif parce qu’il y avait l’association Star Flipper pour gérer la production de
toujours des dates à faire. Des fois, on pouvait partir ses propres concerts et enregistrements tout en contipour cinq ou six dates d’affilée. nuant ponctuellement à organiser des concerts à Tulle.
Jean-Luc Roudière
À ce moment-là, Jean-Luc Roudière s’entoure de musiciens comme Jean-Loup Marlaud au saxophone, Jean-Pierre
Grasset dit « Verto » à la guitare. Il se lie aussi d’amitié avec Bertin Meynard
qui devient son sonorisateur. Ensemble, ils enregistrent en 1978 le 33 tours
Overchoses au studio Tangara à Toulouse qui sort sous le label toulousain
Fléau et est édité à 1 000 exemplaires. Dans cet album, il s’inspire du rock
progressif et de la folk music.
32
33
1 – Vinyle 45 tours Commando / La dame de cœur de Jean-Luc Roudière. Auto-production Star Flipper.
Enregistré en 1982.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière.
2 – Dossier de promotion de Jean-Luc Roudière
Chansons électriques.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière.
3 – Photographie de promotion de Jean-Luc Roudière.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière.
1
1 – Vinyle 33 tours Overchoses de Jean-Luc
Roudière. Label Fléau. Enregistré au studio Tangara
à Toulouse en janvier 1978.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Luc Roudière.
4 – Jean-Luc Roudière dans son studio d’enregistrement.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière.
5 – Jean-Luc Roudière sur scène.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière.
1
Peu après cette sortie, il organise avec l’association Star Flipper
le 10 juin 1978 le festival « C’est de la merde » dans la salle omnisports du
Centre Culturel et Sportif de Tulle. Cinq groupes de musiques amplifiées
s’y produisent. Cet activisme culturel fait de Jean-Luc Roudière l’une des
figures les plus populaires en Corrèze dans les esthétiques rock.
C’était une manifestation avec plein de groupes et on
ne soupçonnait pas en fait ce que ça voulait dire.
Tous ces métiers-là, les métiers de régisseurs à la limite,
ça existait à la rigueur chez Johnny Hallyday,
mais c’était la construction de ces aventures
professionnelles, il n’y avait pas de véritable
réglementation, il n’y avait pas de formations... On ne
soupçonnait pas tout ce que ça impliquait.
On se disait qu’il faut louer la salle, il faut avoir une
sono, il faut coller des affiches […] Ces trucs-là
c’est quand même un peu d’apprentissage. Quand tu as
cinq ou six groupes qui déboulent, il faut loger
tout le monde, il faut les nourrir. Il faut la billetterie,
la SACEM, on ne connaissait pas ces machins-là.
C’est rentré assez facilement mais là, on a commencé à
comprendre qu’il fallait s’organiser bien plus
sérieusement pour être efficaces. En fait, notre souci
d’efficacité, c’était essentiellement de ne pas perdre
de pognon parce que lorsque tu fais venir des groupes,
si tu ne fais pas de recettes, tu étais un peu
dans les choux parce que c’était pris dans ta poche.
Avec son camion acheté à un groupe de bal,
accompagné de Bertin Meynard et de ses musiciens,
Jean-Luc Roudière effectue plusieurs tournées en Limousin et au-delà. On le retrouve notamment au festival
de Saint-Céré dans le Lot en 1979, à celui de Montluçon en 1981, au festival de la chanson vivante à Estissac
(Aube) en 1982, au festival « Plein Champs » à SallesCourbatiès (Aveyron) en 1983, ainsi qu’au Tremplin du
Printemps de Bourges où il est sélectionné pour la région
Limousin en 1985. À cette occasion, il est accompagné
de musiciens corréziens comme Pierre-Henri Traux à la
batterie, Jean-Michel Moreau aux percussions, Pascal
Demailly à la basse et aux claviers, et Pierre Fleygnac
à la guitare.
Il réalise tout au long de cette période
plusieurs enregistrements avant d’être approché par l’artiste Gérard Manset, l’une de ses références musicales,
pour produire un album. Ce projet ayant avorté, l’album
Zéro Matinal et le clip de la chanson « Baby Doll » sont
finalement produits par la Ville de Tulle et l’association
Peuple et Culture en 1987.
Parallèlement, il intègre une entreprise de sonorisation à Paris en
tant qu’ingénieur du son assistant. C’est le début de sa carrière professionnelle comme technicien son pour de nombreux spectacles, concerts, festivals
ou plateaux télévisés pour des artistes de renommée nationale ou internationale. Il est toujours en activité professionnelle.
34
3
4
2
5
Jean-Luc Roudière, chansons électriques
35
Guitare folk – Ovation new
hartford conn – model n°1617-4
et étui hardcase personnalisé
Prêt Jean-Luc Roudière.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes.
Le rock, mode d’emploi
Le problème à l’époque, c’était pour les lieux
de répétition parce qu’on n’avait que les mobylettes
pour se déplacer. Il n’était pas rare de se
retrouver à deux dessus avec l’ampli au milieu
et les guitares dans le dos. On répétait
chez les Éclaireurs de France. C’était un hangar
en partie en préfabriqué. C’était solide et confortable
mais il n’y avait pas de chauffage. On s’était
fait virer une fois par les voisins du quartier
[du Chambon à Laguenne] parce qu’on faisait
beaucoup trop de bruit.
Marc Kerjouan
On arrivait le vendredi soir et on repartait le
dimanche soir, on passait tous nos week-ends à bosser
avec le Teppaz, à travailler ce qu’on entendait.
À l’orée de la décennie 1960, la pratique du
rock n’est pas chose facile. Cette nouvelle musique n’est
pas encore entrée dans les mœurs, et son apprentissage
n’est pas dispensé dans les conservatoires de musique. Il
est vrai que ces lieux institutionnels ne correspondent
pas à la philosophie du rock.
Dans ces conditions, chacun alors se doit
d’être plus ou moins autodidacte. Les musiciens d’orchestres de bals qui s’intéressent au rock ont certes des
facilités de par leurs pratiques et leurs connaissances
musicales préalables. Ils connaissent les notes, souvent
l’harmonie. Il ne reste qu’à adapter leur façon de jouer
au manche de guitare électrique.
Les novices, quant à eux, doivent se montrer
pragmatiques et développer leur oreille, c’est-à-dire la
capacité à reproduire les mélodies et sons qu’ils entendent. Chacun invente sa propre façon de jouer en s’inspirant des musiques à la mode. Avoir un ami musicien permet la transmission
directe de savoirs. On échange alors astuces et conseils, tant en matière de
pratique que d’occasions pour acquérir un instrument, trouver un local de
répétition, jouer avec d’autres.
Marc-Antoine Million
Table de mixage Faylon ES 300
– années 1970 – acquisition
Des Lendemains Qui Chantent 2014.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes.
Les disques, support d’apprentissage, donnent au disquaire
local un rôle de passeur de connaissances. Cette méthode d’acquisition
de compétences est largement connue sous le terme de « repiquage », facilité par les systèmes de diffusion portatifs tels que les Teppaz. Les musiciens d’un groupe se retrouvent autour de cet outil dans le local de répétition et travaillent ensemble à l’étude appliquée des morceaux pour les
reproduire le plus fidèlement possible. La reprise est souvent une étape
incontournable pour acquérir des bases musicales. Ces temps de pratiques
forgent des amitiés solides.
1
1 – Première parution de la rubrique « la guitare
à dadi » dédiée à l’apprentissage de la guitare
dans la revue Rock et Folk, n°65, juin 1972.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Des Lendemains
Qui Chantent.
2
36
2 – Le groupe Océanic de Brive en répétition
devant leur leur local de répétition, 1978.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky.
Faire du rock, un parcours de combattants
37
Les répétitions, c’était le samedi. On répétait
dans la salle polyvalente à Aubazine jusqu’à
2 heures du matin. Les paysans, ils descendaient à
minuit avec la fourche en nous disant d’arrêter
mais on arrêtait pas bien sûr. C’était la salle
de la municipalité. On avait les clefs. Il n’y avait
que nous qui avions les clefs parce
qu’il n’y avait jamais rien dedans. Les gens
descendaient nous voir le dimanche après-midi.
C’était l’attraction pour eux.
Répéter
La question du local de répétition est une
préoccupation fondamentale de la pratique musicale. Il
est la base de l’existence sociale du groupe comme entité autonome. C’est l’espace dans lequel se produit du
« jeu collectif », pour reprendre une expression du champ
sportif, mais aussi un espace de sociabilité.
Les musiciens estiment qu’il était assez
simple de trouver un lieu de répétition en Corrèze
Jean-Pierre Mons
malgré le fait que ces derniers étaient la plupart du
temps éloignés d’une quelconque norme en termes
d’isolation et de confort acoustique. Ils dénichent alors un espace adéquat dans la maison d’un des membres du groupe ou dans une bâtisse
inoccupée qu’ils aménagent comme ils peuvent. Certains se tournent vers
les pouvoirs publics et obtiennent un lieu (salles polyvalentes, Centres
Culturels, Maison des Jeunes et de la Culture,...) dans lequel répéter.
1 – Le public d’un concert du groupe
de Tulle Dekap-Four à la salle Latreille (Tulle),
fin des années 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des
Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds
Didier Lorioux.
2 – Jean-Paul Peyrat pendant une
répétition dans un local mis à disposition
par la mairie de Tulle, 1983.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des
Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds
Pierre Fleygnac.
3 – Marc Fanthou, batteur du groupe
Dekap-Four, 1978.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc Fanthou.
6 – Le groupe Molybdène dans leur studio
de répétition, 1981.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Claude Rochais.
4 – Le groupe de Brive Sylvie Flash Gang
en concert, fin des années 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Michel Lacombe.
7 – Concert du groupe de Tulle Dékap-Four
au Mille Club (Tulle), 1978.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Didier Lorioux.
5 – Le groupe N’Mators dans leur studio
de répétition, 1990.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Pierre Fleygnac.
8 – Concert du groupe de Tulle Wolfgang.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Pascal Demailly.
4
5
6
7
8
1
2
38
3
Faire du rock, un parcours de combattants
39
Studio de répétition historique
du groupe Wolfgang, situé rue Anne Vialle
à Tulle, retrouvé en l’état en 2014.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent,
97NUM Photographie Sylvestre
Nonique-Desvergnes, 2014
1
2
Faire des concerts
1 – Jean Lars du groupe de Limoges
Ex Vitae en répétition.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Marc-Antoine Millon.
2 – Studio de répétition du groupe Wolfgang
situé rue Anne Vialle à Tulle.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Pascal Demailly.
Les contraintes techniques et matérielles, les difficultés à trouver des endroits
pour pratiquer font paradoxalement souffler un vent de liberté, c’est pour ces
jeunes l’heure de l’émancipation. Créer ses propres morceaux permet de s’affirmer. De même, jouer en concert devant un public, ce qui n’est pas chose
évidente pour chacun. Tous n’y prétendent pas, pour certains la musique
demeure un plaisir personnel, un loisir passionné.
Toutefois, lorsqu’un groupe se produit en public, de nouvelles
contraintes apparaissent. Les lieux où jouer ne sont pas légion, le matériel
nécessaire pour sonoriser un concert est quasi inexistant sur le territoire.
Il faut alors à nouveau se débrouiller, imaginer des salles de concert et fabriquer du matériel. Les premiers locaux sont les salles de répétitions des
groupes qui jouent alors principalement devant leurs amis.
Les concerts se déroulent souvent dans des lieux détournés de leurs
fonctions premières. Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC), réfectoires
de Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT), salles polyvalentes communales, café-concert, lycées... en sont sans doute les exemples les plus caractéristiques.
Dans les années 1960, les surprises parties sont pour les groupes
de rock l’occasion de jouer devant leurs amis tandis que les boîtes de nuit organisent dès les années 1970 des concerts de rock afin d’attirer une clientèle de
jeunes. Les festivals qui ont essaimé dès le début des années 1970 participent
aussi de cette logique.
40
Faire du rock, un parcours de combattants
41
1 – Gérard Maupertuy chanteur
du groupe Dékap-Four à la salle
Latreille (Tulle), fin des années 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent,
97NUM. Fonds Didier Lorioux.
Le rock, un état d’esprit
Le rock, plus qu’une musique, correspond à des valeurs, une
manière de voir les choses, de vivre et de penser. Tous se connaissent
à l’échelle du département. Ils partagent les mêmes goûts et les mêmes
pratiques culturelles.
2 – Pierre Fleygnac, guitariste
du groupe Molybdène à la technique
son pendant le festival Rock place
du Foirail à Tulle, 1981.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent,
97NUM. Fonds Claude Rochais.
Héritiers du mouvement de la contre-culture des années 1960,
on les appelle « les Hippies », « les Babas ». Dès la fin des années 1970,
des groupes de musique tel que le Major Grubert à Tulle revendiquent
leur appartenance au mouvement contestataire punk incarné en Angleterre par les Sex Pistols ou The Clash. Ces communautés se retrouvent
dans des lieux estampillés rock, tel que le bar « Le Flash Bar » appelé
aussi « Chez Didier » tenu par Didier Lorioux. On
Quand on a fait de la musique, quand on y échange des informations, on crée des nouvelles
rentrait dans l’école toutes les gonzesses elles formations et surtout on passe du temps ensemble.
1 – Didier Lorioux à la batterie.
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM.
Fonds Didier Lorioux.
2 – Bertin Meynard, sonorisateur
de l’artiste de Tulle
Jean-Luc Roudière pendant
une séance d’enregistrement,
début des années 1980.
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Luc Roudière.
1
3 – Fiche technique de l’artiste
Jean-Luc Roudière,
début des années 1980.
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM.
Fonds Bertin Meynard.
2
criaient « Les voilà, les voilà ! ». C’était
de la folie à l’époque, c’était un truc. Elles savaient
qu’on jouait dans le groupe et on nous
demandait partout. À chaque étude, on amenait
les guitares, les pétards, tout y passait.
Les codes du rock s’installent peu à peu,
qu’ils soient vestimentaires, éthiques, musicaux, le
monde se pense désormais autrement. Les interdits attirent aussi cette faune, certains y trouveront
Frédérick Jansen
un moyen de se construire, de trouver ses limites.
Ce monde un peu à part est principalement masculin, pas ou peu de filles sont directement impliquées dans l’aventure
musicale. Mais le phénomène des groupies prend des proportions considérables et les groupes locaux n’y échappent pas.
3
Toutefois, une limite, financière cette fois, refroidit nombre de
musiciens. Peu réussissent à vivre de cette activité. Ils ne comptent pas
leur temps pour autant. Pour vivre, ils travaillent la semaine et font de
la musique soir et week-end. Ce rythme éprouvant a finalement raison
de beaucoup de volontés. Certains réussissent à concilier passion et métier, et trouvent une place dans les métiers du spectacle qui se structurent avec l’ouverture du régime d’intermittent aux artistes et aux
techniciens en 1969.
Se structurer
Les témoignages recueillis montrent aussi l’importance des phénomènes d’autoproduction chez les musiciens. On note déjà l’existence de
tremplins et concours de rock. Ces derniers sont pour les groupes un moyen
de se confronter artistiquement à un public, à un jury ou à leurs pairs. C’est
aussi l’occasion d’acquérir une plus ample notoriété. En effet, certains ont pu
par ce biais se produire au Golf Drouot à Paris ou au Printemps de Bourges,
considéré comme une forme d’aboutissement dans une carrière de musicien.
Pour se faire connaître, ces groupes de rock doivent se donner eux
même les moyens de se structurer. Ils produisent ainsi leurs propres documents de communication, affiches, flyers ou press-book (dossier de présentation du groupe). L’enregistrement en répétition ou en concert d’une « démo »
ou d’une « maquette », souvent sur cassette audio, leur permet de diffuser leur
musique et de démarcher les lieux qui organisent des concerts. La réalisation
d’un vinyle 45 tours ou 33 tours est un aboutissement. Objet « sacré », il est un
indicateur que le groupe a atteint l’échelon supérieur en terme de structuration
et qu’il entre « dans la cour des grands ».
1
42
2
Faire du rock, un parcours de combattants
43
Musiciens et groupes corréziens
Contexte historique
En 1974, dans la cité des Chapélies à Brive-la-Gaillarde, une
bande d’amis décide de former un groupe, Océanic, avec les frères Lacombe
- Daniel au chant, Michel à la batterie -, Michel Propilosky à la guitare et
Vincent Dominguez à la basse. C’est sans avoir appris à jouer, sur des instruments de fortune, qu’ils commencent à répéter au centre socioculturel Raoul
Dautry tout juste ouvert. La batterie de Michel Lacombe est fabriquée en
carton et boîtes de conserves, la guitare de Michel Propilosky est un jouet
acheté à la boutique « Aux mille articles » amplifié avec un magnétophone à
cassettes. Ils réussissent progressivement à s’équiper d’un matériel convenable et se constituent un répertoire composé principalement de reprises,
des Rolling Stones aux Beatles.
On s’était fait prêter un bus et on était content,
on frimait. C’est des rêves de gamins. […] Pour moi,
ça reste des très bons souvenirs quand on avait
ce bus et qu’on faisait des concerts parce qu’on l’a eu
quelques temps, ce bus. C’est des grands moments
de rigolade. Un fois, on voulait faire notre entrée sur
scène, on voulait faire comme Peter Gabriel.
[…] On voulait mettre le paquet donc on voulait
rentrer dans le noir et puis quand ça s’allume, on est
prêt. Le problème, c’est qu’on n’y voyait rien.
Michel Rivassou, le problème qu’il a eu, c’est qu’il
s’est pris les pieds dans les fils et l’ampli est tombé alors
il a mis la tête devant pour protéger l’ampli pour pas
qu’il tombe. Il s’était ouvert partout. Lorsque
les projecteurs se sont allumés, il était dégoulinant de
sang partout. C’était très réussi !
Le groupe se structure pour se produire en
concert. Thierry Chassary s’occupe de trouver des dates,
ils créent eux-mêmes leurs affiches, louent un camion
pour transporter le matériel. Ils jouent dans des salles
des fêtes, sur des charrettes ou dans des granges en se
présentant comme un orchestre de bal afin d’obtenir
plus de dates. Ils sont programmés à Terrasson en première partie de Little Bob Story.
En 1978, Patrick Perrot remplace à la basse
Vincent Dominguez qui part rejoindre le groupe Rouge
à Lèvres formé à Aubazine. Fabrice Raymond devient le
manager du nouveau groupe formé sous le nom de Sylvie
Flash Gang. Le 13 avril 1979, ils jouent au cinéma le
« Roc » à Terrasson. Le concert est un succès. Le 1er juin
1979, Sylvie Flash Gang est sélectionné pour le Tremplin
Michel Lacombe
du Golf Drouot où ils remportent le premier prix. Un
article leur est dédié dans le journal spécialisé Best. De
retour en Corrèze, un concert est organisé le 15 juin 1979 dans l’immeuble
consulaire de Brive avec plusieurs centaines de spectateurs. La soirée se termine par des débordements : glaces brisées, lavabos arrachés, moquettes
brûlées. Le rock sera désormais interdit de cité dans ce lieu.
Page de droite :
Couverture du contrat technique
du groupe Sylvie Flash Gang.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Michel Lacombe.
44
Le Sylvie Flash Gang tourne beaucoup dans la région, avec
des séries de concerts dans des boîtes de nuit ou des festivals, à Figeac,
Périgueux, Turenne, Beynat, Concots, Limoges, Toulouse. Se consacrant
totalement au projet, ils imaginent déjà une percée. Leur style évolue avec
des compositions s’inspirant de la scène de rock français, dans la vague
de groupes comme Téléphone, Starshooter, Marquis de Sade, Ganafoul...
Le 28 septembre 1979, ils remportent à nouveau le Tremplin du Golf Drouot.
En 1980, le groupe s’installe à Nantes, territoire qu’ils espèrent
plus propice au développement de leur talent. Ils donnent un dernier concert
à Beynat. À Nantes, le groupe connaît de nombreux déboires. Il est fragilisé
par les tensions qui s’accumulent. La dynamique recherchée n’est en fait pas
atteinte et ils ne se produisent que rarement. Le groupe se sépare ensuite de
Patrick Perrot le bassiste, et part s’installer à Toulouse. De retour en Corrèze,
le groupe se sépare finalement en 1981.
Pour certains, c’est la fin d’une aventure. Par la suite, Daniel Lacombe rejoint les compères de Rouges à Lèvres. Ce groupe, formé de Henri
Champy à la guitare, Bruno Audubert à la batterie et Vincent Dominguez
à la basse, compose énormément de morceaux mais ne tourne que très peu
jusqu’à sa séparation en 1984.
Daniel Lacombe et Henri Champy n’abandonnent pas. Ils continuent à travailler ensemble et donnent naissance en 1984 à Lö, groupe de
rock dont les titres sont chantés en français dans le style New Wave. Avec
1
leurs maquettes en poche, des enregistrements studios qu’ils ont réalisés
eux-mêmes, ils démarchent les maisons de disques. Ils sont rapidement
remarqués par un éditeur qui leur fait rencontrer Philippe Lerichomme,
producteur artistique de la maison de disque Polygram dans laquelle le
groupe signe. Ils enregistrent deux 45 tours en 1986 et 1987 sans rencontrer le succès escompté. Après plusieurs mois à écumer
Lorsque le groupe s’est arrêté, on n’avait rien. les studios de la maison de disques, Daniel Lacombe et
Michel Rivassou et Fred Jansen avaient leur métier Henri Champy décident de quitter l’aventure Polygram
mais nous rien, le désert. Après, il faut savoir en 1987.
ce qu’on fait et c’est tard, à 24 balais « Qu’est-ce que je
fais ? ». Moi, en tant que batteur, j’étais un peu
Pour Michel Propilosky et Michel Lacombe,
perdu. Je m’étais un peu laissé porté par tout ça, sans l’expérience du Sylvie Flash Gang reste une période heutrop réfléchir. Moi, j’étais bien là dedans, j’aimais reuse. Aujourd’hui, la musique continue à faire partie de
bien la vie qu’on menait. [...] Donc c’est la réalité qui leur quotidien : l’un est toujours musicien, intermittent
nous tombe dessus comme ça, d’un seul coup. du spectacle, l’autre est professeur de batterie dans une
Bon, en fait, on n’avait rien à perdre, on n’avait pas de
métier donc on n’a pas perdu grand chose.
Michel Lacombe
1 – Affiche de concert du groupe Océanic, fin des années 1970.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent,
97NUM. Fonds Michel Propilosky.
2 – Océanic sur scène à la fête du quartier des Chapélies, Brive, 1977.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky.
Page de droite :
Affiche de concert du groupe Sylvie Flash Gang.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky.
2
46
Portrait du groupe Océanic, quartier des Chapélies, Brive, 1978.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky.
Le groupe Sylvie Flash Gang, d’Océanic à Lö
47
Guitare électrique
Fender Telecaster
américaine modifiée
artisanalement
et incomplète.
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
« Trois jours de paix et de musique »
Du 15 août au 18 août 1969, le festival de Woodstock secoue les
États-Unis. Près de 500 000 spectateurs se réunissent pour « trois jours de
paix et de musique ». Une trentaine de groupes de rock, folk, soul ou blues les
plus en vue de la scène internationale se succèdent sur scène : The Who, Jimi
Hendrix, Crosby, Stills, Nash & Young, Canned Heat, Janis Joplin, Johnny
Winter, Jefferson Airplane, ou encore Joe Cocker.
On était des fous d’affichage. […]
On collait des affiches sur les trottoirs par terre.
C’était des affichages terribles. C’était
vers le 8-9 juin et ça correspondait au moment de
la commémoration des pendus de Tulle. Bien sûr
je crois qu’il y avait un drapeau bleu blanc rouge,
parce qu’ils étaient tous plantés partout dans Tulle.
Il y avait toujours une affiche à côté
«C’est de la merde». La pub avait été extrêmement
bien faite. Donc on a été obligé d’aller
enlever nos affiches.
Bertin Meynard à propos du festival
« C’est de la merde ».
Amplificateur Fender
Tremolux et cabinet
Fender Tremolux
35 watts.
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
Les festivals comme ceux de Newport (1954)
et Monterey (1967) aux États-Unis ou celui de l’île de
Wight (1968) en Angleterre l’avaient toutefois précédé
en lançant l’ère des grands rassemblements autour de
cette musique. Woodstock est néanmoins le plus emblématique dans l’histoire de la pop music et du mouvement hippie. Cette contre-culture développée par
les enfants du baby-boom prône de nouvelles valeurs
libertaires et rejette les valeurs traditionnelles, le mode
de vie des aînés et le développement de la société de
consommation, sur fond de contestation politique de la
guerre du Vietnam.
De nombreux échos en Corrèze
Les retombées de ces festivals sont rapidement visibles
dès le début des années 1970 en France. La multiplication des innovations
techniques de systèmes d’amplification et de sonorisation puissants permet
désormais la diffusion « live » auprès d’un public de plusieurs milliers de
personnes.
La Corrèze et ses alentours n’échappent pas à ce phénomène.
À Nedde, petite commune du département de la Haute-Vienne à la frontière
de la Corrèze et de la Creuse, un enfant du pays organise au début de cette
décennie un festival devant la boîte de nuit qu’il gère, l’Arizona. Il réussit
le pari de réunir les principaux groupes français de la scène rock : Triangle,
Les Variations, Zoo ou encore Ange, mais aussi des vedettes locales comme
le groupe de Brive The Group’ Five. Le festival sera néanmoins un gouffre
financier important pour son organisateur. Il n’y a pas de seconde édition.
Le 10 juin 1978, Jean-Luc Roudière et Bertin Meynard pour l’association Star Flipper organisent le festival « C’est de la merde » au Centre
culturel et sportif de Tulle où se produisent cinq groupes du Limousin et un
groupe de Bordeaux. C’est un succès.
48
Du festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze
49
Calendrier 1989 du festival de Domps,
vendu pour soutenir le festival.
Photographie du panneau signalétique
du Boulevard du Rock situé à Domps
et inauguré le 27 mai 1988.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Photo Yves Lapeyre. Fonds Nadine Roux.
Affiche du Festival de Domps, 1re édition
du 10 juin 1982.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Nadine Roux.
Affiche du Festival de Domps,
2e édition, 4 juin 1983.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Nadine Roux.
Dans le Lot, à Saint-Céré, entre 1979 et 1982, le festival autogéré
des « Césarines Pleine Lune » est organisé par l’association « Du délire et rien
d’autre » composée de hippies venus s’installer dans la région. Le festival accueille des artistes de styles différents comme Bill Deraime, Bracos Band,
Potemkine mais aussi des groupes locaux comme Jean-Luc Roudière ou
Alyssum. Lors de l’édition 1982, 10 000 spectateurs déferlent en trois jours.
À Tulle, devant l’absence de lieux de concert, des musiciens amateurs de rock
décident d’organiser une soirée sur la place du Foirail. Ce petit festival a lieu
deux années de suite, le 27 juin 1981 et le 26 juin 1982.
Page de droite :
Affiche du festival du Foirail,
place du Foirail à Tulle.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Nadine Roux.
50
Serge Vachet en imagine une réplique chez lui à Domps, village
de 180 habitants en Haute-Vienne. Avec l’aide des membres du foyer des
jeunes, le festival se tient dès 1982 et réunit 300 spectateurs. Fort de son
succès, il passe, en quelques années, d’un budget de 3 000 francs à un budget
de 141 000 francs en 1987. En 1988, le conseil municipal prend la mesure
de l’événement et décide de baptiser la rue principale le « Boulevard du rock »
inauguré le 27 mai.
51
Ce festival de Sexcles a été annoncé
à l’échelon national sur Rock&Folk et tout.
Seulement, le problème, c’est que les gens
qui ont organisé ce festival avaient annoncé qu’il y
aurait une navette qui partirait gratuitement
de Brive à Sexcles. Donc tous les punks de France
et de Navarre sont arrivés en train à Brive,
or il n’y avait pas de navettes. Et là, le début de
l’histoire a commencé, c’est à dire que tous ces punks se
sont retrouvés dans les rues. Pas loin de 1 000 quand
même, pour une ville comme Brive. Quand tu vois
arriver 1000 crêtes, ça surprend, surtout à l’époque.
On est en 86. Ils se sont pas démontés
les mecs, ils ont monopolisé tous les taxis
et ils sont montés à Sexcles et une fois là-haut,
ils ont dit aux taxis qu’il fallait qu’ils envoient la
note aux organisateurs, chose qui a été faite.
Thierry Gourdal
Page de gauche :
Affiche du Festival de Domps, 4e édition
du 8 et 9 juin 1985.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Nadine Roux.
Un festival de rock alternatif à Sexcles
Les 8, 9 et 10 août 1986, le festival « Rock et
Baroque » de Sexcles bouscule le paysage corrézien. Manu
Layotte, un musicien originaire d’Argentat, membre du
groupe Les Casse-pieds, habitué des concerts dans le
métro parisien, est l’un des organisateurs. Démesuré, le
festival réunit quelques-uns des grands noms de la scène
du rock alternatif français : Parabellum, Les Garçons
Bouchers, O.T.H., La Souris Déglinguée ou encore les
Hot Pants.
Avec un budget de 720 000 francs, 60 kilowatts de son, 400 kW
d’éclairage, 275 salariés techniciens et artistes, le site a une capacité de plusieurs milliers de personnes et la scène principale est une grosse infrastructure. Environ 5 000 spectateurs venus de toute la France y participent. Il n’y
eut qu’une seule édition du festival, le montage financier n’étant pas viable.
1 – Couverture et 4e de couverture
d’un livret de présentation
de la 6ème édition du festival de Domps
du 6 et 7 juin 1987, contenant
la nouvelle « La ballade de Martial Bidou ».
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Nadine Roux.
2 – Didier Blanleuil du groupe 2e round
sur la scène du festival de Domps pour
sa deuxième édition de 1983.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Pierre Fleygnac.
Affiche du Festival de Domps, 4ème édition du 8 et 9 juin 1985
Arch. Dép. Corrèze, cote. Fonds Nadine Roux.
1
52
2
Du festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze
53
1
2
Page de gauche :
Affiche du Festival de Sexcles
du 8 et 9 aout 1986.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Marie Arnon.
D’autres événements sont organisés dans les années 1970-1980,
le plus souvent par des équipes militantes bénévoles. Dans un contexte peu
structuré, sans soutien significatif des pouvoirs publics, avec peu de normes
de sécurité et des montages financiers fragiles, l’organisation reste souple et
tient de l’improvisation et de la « débrouille ».
1 et 2 – Couverture et page 13 du livret
de présentation de la 14e édition du festival
de printemps de Davignac, 1988.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Ghislain Hénaff.
Ces concerts constituent néanmoins des expériences initiatiques,
aussi bien pour les musiciens qui se produisent ainsi devant plus de spectateurs, que pour le public qui s’identifie à ce mouvement et se sent appartenir
à une « culture rock ».
En Limousin, les festivals de rock tiennent une place de plus en
plus importante aux côtés des musiques traditionnelles, comme en témoigne
le festival de Rouffiat à Davignac en Corrèze. Créé en 1977, ce festival est
d’abord consacré au folklore avant d’ouvrir ses portes au rock en y intégrant
une soirée dédiée à partir de 1987.
54
Du festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze
55
Musiciens et groupes corréziens
Parc de microphones
historiques de la Fédération
des Associations Laiques
de la Corrèze (FAL19).
Prêt FAL.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes.
Sticker autocollant Visavis.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Francis Lachaud.
En 1968, Philippe Mauget, Pierre-Henri Traux et Francis
Lachaud sont dans la même école maternelle de Tulle. C’est au lycée Edmond
Perrier, en 1983, qu’ils décident de faire de la musique ensemble, Francis à la
guitare, Pierre-Henri à la batterie et Philippe comme chanteur. Régis Bouyge les rejoint la même année tandis que Pierre Beyssac intègre le groupe à la
basse en 1984. Visavis tire son nom de la chanson « Marseilles » du groupe de
hard rock australien Angel City, l’une de leurs références musicales.
Dès le départ, la possibilité de répéter dans de bonnes conditions
leur est donnée par le père de Pierre-Henri, intendant au lycée Edmond
Perrier. Ce dernier met à leur disposition un local dans un ancien dortoir
d’internat. Le groupe commence à répéter et se constitue un répertoire de
reprises de The Police, AC/DC ou encore Rory Gallagher, avant de donner
son premier concert à la fête du lycée en juin 1983.
Il y avait beaucoup de rivalités entre
les groupes. Je retiens ça, moi. Je me souviens que je
parlais avec un musicien de Phase Pattern,
un groupe de musique synthétique de Limoges en
attendant les résultats du jury [de sélection
pour le festival du Printemps de Bourges en 1991].
On parlait lorsqu’on a entendu que le gagnant
était Visavis. J’ai une joie intérieure mais je continue
ma phrase. Le musicien me dit qu’il est content
pour moi et puis là, on voit Pierre-Henri, le batteur
du groupe, qui arrive en disant : «Comment on
vous l’a mis !» Il y avait de grosses rivalités et on avait
nos ennemis, c’était le groupe Hors Série à l’époque.
[…] On avait la haine, tout ce qui ressemblait de près
ou de loin à un groupe, on avait la haine.
C’était très marqué, le territoire, à l’époque.
Francis Lachaud
Par la suite, leur répertoire s’étoffe de compositions personnelles dans un style hard rock chanté
en anglais. Leur rigueur et leurs efforts de structuration
sont rapidement payants. Le groupe bénéficie du soutien
de leur entourage. Ils aménagent à Saint-Jal une maison
louée exprès par la mère de Francis Lachaud. Ils jouent
en première partie du guitariste Paul Personne en 1985
au centre culturel et sportif de Tulle. La même année,
ils produisent à Saint-Jal leur première maquette avec
l’aide de Jean-Luc Roudière qui les enregistre avec un
magnétophone à bande 4 pistes.
En juin 1986, ils rencontrent un franc succès au
festival de Domps en Haute-Vienne. Le public apprécie leur
énergie, leur cohésion et la qualité de leurs compositions.
Néanmoins, les départs successifs de Régis Bouyge et Pierre
Beyssac (guitare et basse) entraînent un ralentissement
des projets pendant un an et demi.
Visavis, « I Wanna Dance »
57
Page de gauche :
Le guitariste de Visavis
Francis Lachaud,
dans le local de répétition
historique du groupe,
Seilhac, 2014.
Photographie Sylvestre
Nonique-Desvergnes, 2014
Dessin de fanzine
réalisé pour le groupe Visavis.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Francis Lachaud.
Entre 1985 et 1988, le groupe entre plusieurs fois en studio. À
Clermont-Ferrrand, ils enregistrent le titre « Cheers in love » qui sera diffusé plusieurs fois sur des radios nationales, notamment dans l’émission
« Tango Wango » de Francis Zegut sur RTL. En 1988, Max Mauget, le père
de Philippe, finance sous forme d’avance de production l’enregistrement du
45 tours « I wanna dance » qui sort au début de l’année en auto-production. Le vinyle trouve le succès tant espéré auprès du public local et donne
à Visavis une dimension plus large. En effet, il leur permet de participer au
Tremplin pour Tokyo, un tremplin rock national diffusé dans l’émission de
télévision « Décibels » sur FR3. Ils parviennent en finale à La Locomotive à
Paris le 22 septembre 1988, sans la remporter. C’est une déception, d’autant
plus que Pierre-Henri (batterie) doit lui aussi partir à l’armée dans les jours
qui suivent. Démoralisé, le groupe décide de patienter un an puis se remet au
travail à la fin de l’année 1989.
En parallèle, en 1988, les statuts de l’association Déclics sont déposés. Elle a pour but d’aider le groupe dans sa structuration et la production de ses concerts. Visavis installe ses quartiers généraux à Seilhac chez
la grand-mère de Francis Lachaud, d’abord dans une grange en 1988, puis
dans le garage de la maison en 1990 suite à des problèmes d’infiltration d’eau
dans la toiture de la grange.
Lorsque le groupe est sélectionné pour représenter le Limousin
pour le Tremplin des découvertes du Printemps de Bourges de 1991, après
sept années de travail, il possède déjà une expérience considérable de la scène,
ayant assuré des concerts et des festivals partout en France. Le Printemps
de Bourges est un passage obligé pour rencontrer le succès national. Ils ne
remportent pas ce Tremplin mais réalisent néanmoins une belle prestation
sous les yeux du public et des producteurs à la recherche de nouveaux talents.
Pochette du 45 tours I Wanna Dance autoproduit par
le groupe Visavis, Déclics productions, 1988.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains
qui Chantent, 97NUM. Fonds Francis Lachaud.
58
Visavis, « I Wanna Dance »
59
Quelques mois plus tard, Philippe Mauget, leur chanteur
charismatique, est atteint d’une grave maladie qui l’emportera six mois après.
Terrassé, le groupe trouve tout de même la force de continuer à jouer, sans
chanteur d’abord. À la suite de quelques essais infructueux, Régis Bouyge, le
guitariste, est finalement désigné pour assurer le chant.
1 et 2 – Série de dessins réalisé pour
la promotion du groupe Visavis.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Francis Lachaud.
3 – Jaquette J-card de la cassette
audio démo du groupe Visavis, Déclics
production, 1990.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Francis Lachaud.
Clavier bandoulière Korg remote
Keyboard RK-100 –
commercialisé à partir de 1984.
Prêt Pascal Demailly.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
Les membres de Visavis ne se sont jamais vraiment séparés. Si le
groupe musical est resté quelques années en sommeil, ils n’ont cependant
jamais arrêté de jouer ensemble tout en suivant leurs propres projets. En
2013, la formation historique de Visavis composée de Francis Lachaud (guitare), Régis Bouyge (guitare-chant), Pierre-Henri Traux (batterie) et Pierre
Beyssac (basse) décide de se reformer et travaille sur un nouveau répertoire de compositions personnelles. Ils se produisent le 13 juillet 2014 à
Pandrignes à la grande joie de leur public fidèle.
1
3
2
60
Batterie Capelle qui a équipé le studio de répétition
des 13 Vents ouvert à Tulle en 1994
(aujourd’hui hors service).
Des Lendemains Qui Chantent.
Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes.
Visavis, « I Wanna Dance »
61
Jusqu’en 77 […], les collectivités locales ne faisaient
sans doute pas grand chose, au moins dans
des petites villes. Le rôle donné à la culture, c’était
de superviser la bibliothèque, les archives,
s’occuper d’une école de musique... S’intéresser au
spectacle vivant, ça n’existait pas vraiment.
Pierre Diederichs
Lors de la création du ministère des Affaires
culturelles par André Malraux en 1959, le rock et autres
« musiques actuelles » ne font pas partie de ses priorités.
Il faut attendre le ministère de Jack Lang pour que les
pratiques amateurs soient reconnues, en particulier dans
le décret du 10 mai 1982 qui mentionne la « capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement [ses] talents et
de recevoir la formation artistique de [son] choix ».
Dans le cadre d’une volonté politique de décentralisation culturelle, après les « maisons de la culture » à vocation pluridisciplinaire inaugurées au début des années 1960, les Centres d’Action Culturelle (CAC),
d’envergure plus modeste, apparaissent à partir de 1967 et se développent
sur le territoire à partir de 1969. Les villes corréziennes se dotent également
de ces équipements, que ce soit un CAC, un centre culturel, une Maison des
Jeunes et de la Culture.
C’est en 1977 que la municipalité de Tulle commence à s’intéresser
au spectacle vivant et nomme Jean-Louis Delage au centre culturel. Son rôle :
organiser diverses manifestations théâtrales, éventuellement des concerts.
L’enseignement de la musique se structure également. Jusqu’à ces annéeslà, les membres de l’Harmonie-Fanfare des « Enfants de Tulle » assurent
eux-mêmes la formation des plus jeunes.
1
2
62
Des besoins en locaux se faisant sentir, la mairie prête son grenier et sa conciergerie. Au début des années 1970, suite à la libération de
salles à l’école Turgot, l’activité se développe et les enseignants deviennent
alors des personnels vacataires de la municipalité. Finalement en 1983, avec
l’accroissement continu du nombre d’élèves, l’équipe municipale obtient les
subventions nécessaires à la construction du bâtiment actuel, situé Avenue
Alsace Lorraine à Tulle. La structure devient alors une école nationale de
musique sous administration municipale. Onze années plus tard, c’est au
tour de l’ancien cinéma L’Eden d’être rénové pour devenir l’actuel théâtre
des Sept Collines.
Professeur de mathématiques et jeune élu municipal tulliste,
Pierre Diederichs est en contact direct avec ces jeunes musiciens rock, toujours en quête de moyens pour travailler. Ponctuellement, une partie des
sous-sols de l’actuel Centre Culturel et Sportif est mise à disposition ainsi
que des locaux de l‘école de musique. La salle Latreille, qui n’est alors qu’une
grande halle, est également prêtée gracieusement.
3
Pari gagné pour l’association Rock à la Grange qui,
samedi dernier, a réussi, douze heures durant, à mettre
Tulle en Transe, Musicale, bien sûr. Mettre Tulle en
transe, grâce à un festival rock inédit dans la préfecture
corrézienne avec huit groupes dont cinq régionaux
et trois nationaux dont la réputation n’est plus à faire :
pour beaucoup, cela relevait de la gageure.
Extrait du compte rendu du festival par
l’association Rock à la Grange
1 – Couverture du Fanzine
l’Entonnoir, mensuel d’information
du Centre Culturel et Sportif de Tulle,
avril 1979.
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Louis Delage.
2 – Couverture du Fanzine
l’Entonnoir, mensuel d’information
du Centre Culturel et Sportif de Tulle,
février 1980.
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM.
Fonds Jean-Louis Delage.
3 – Livret de présentation du festival
« Rock en Transe » organisé
par l’association Rock à la Grange.
Arch. dép. de la Corrèze,
Collection Des Lendemains qui
Chantent, 97NUM.
Fonds Daniel Vergne.
D’autres lieux sont investis à Tulle dont l’emplacement de l’actuel parking Saint-Pierre, où des locaux
sont mis à disposition par la mairie. Le groupe DekapFour y aménage un studio de répétitions avec une isolation phonique réalisée artisanalement à partir de matériaux de récupération.
Les Enfants du Rock
Petit à petit, les groupes se multiplient et la
« fièvre rock » s’enracine comme moyen d’expression, une
façon de vivre. Les musiciens investissent les bars, la cité et la jeunesse vit
au rythme de cette musique. Une nouvelle génération porte à son tour le
phénomène.
Des velléités organisatrices commencent à fourmiller au milieu
des années 1980. À Tulle, des amis, passionnés de musiques alternatives, s’y
intéressent. Éric Beynel, Laurent Creyton, Thierry Lacan, Christine Souletie et Daniel Vergne fondent une association : « Rock à la Grange ». Elle a pour
but d’organiser des concerts en ville et dans les alentours. Entre « système D »
et bienveillance municipale, les concerts s’enchaînent. Le public se presse
dans les salles des fêtes pour applaudir des groupes à la mode. Lors d’une
dernière soirée, l’exaltation est à son comble, l’ambiance est irréelle. Ce
coup d’éclat a justement été nommé « Rock en Transe ». Nous sommes le 10
juin 1989. L’affiche est alléchante pour les amateurs : La Souris Déglinguée,
Tender Hooks, OTH et Western Electrique sont invités. Tulle est pour un soir
une capitale punk. 750 personnes se rassemblent au Centre culturel municipal, prêté pour l’occasion. Les commémorations des Pendus de Tulle ayant
lieu ce même jour en sont quelque peu troublées. Rock en Transe marque le
début d’une nouvelle ère, celle du dialogue avec les pouvoirs publics.
Culture, Rock et Politique : le cas tulliste
63
L’événement fait Politique
Page de droite
Logo de l’association Rock à la Grange.
Créé en 1987 par Hervé Marchat.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Daniel Vergne.
En créant Déclics en 1988, Visavis voit plus loin que ses propres
besoins. L’association adresse les premières demandes écrites à la Ville de
Tulle pour la création d’un studio commun de répétitions adapté aux musiques amplifiées. Ce projet est popularisé auprès de la population avec un
grand concert où douze groupes se produisent gratuitement le 22 juin 1991
place Martial Brigouleix à Tulle. Les fonds récoltés sont finalement insuffisants mais une dynamique est lancée.
1 – Montage de la scène à la salle Latreille
pour le concert Sheriff/Supersnazz/Flatliners
le 31 octobre 1993.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Daniel Vergne.
Poursuivant sur leur lancée, Christine Souletie et Daniel Vergne
ne s’arrêtent pas là. C’est au Blason, discothèque tulliste, qu’ont lieu les prochains concerts d’une nouvelle association qu’ils créent avec des amis. Swing
Easy, c’est son nom, n’a de cesse de battre le pavé pour organiser des concerts
de rock, de punk et de tous ces courants musicaux laissés pour compte. La
municipalité tulliste ne peut ignorer ces événements tant ils sont fédérateurs
pour les amateurs du genre.
2 – Article de presse, l’Echo, lundi 24 juin 1991.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Pascal Demailly.
Le 30 octobre 1993, Les Sheriffs sont à l’affiche. L’association
est victime du succès de ce groupe punk. Les guitares résonnent largement
au-delà des murs de la salle municipale, les spectateurs s’attroupent à l’extérieur. C’en est trop pour les riverains et les commerçants. La fréquence des
concerts et les nuisances engendrées les poussent à rédiger une pétition qui
arrive sur le bureau du maire Jean Combasteil.
1
L’idée d’un lieu dédié aux musiques actuelles est avancée par le
maire. Les membres de Swing Easy ne savent qu’en penser. L’association
« n’avait même pas osé l’imaginer », sourit Christine Souletie. « Nous n’étions
pas clairs à l’époque, avoue-t-elle, entre rester dans l’underground ou bien
disposer d’un certain confort, professionnel, subventionné ».
2
64
Culture, Rock et Politique : le cas tulliste
65
1
3
1 – Chuck en plein «slam» pendant
le concert des Hard-Ons (Australie) le 09 octobre
1993 à la salle Latreille.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Daniel Vergne.
2 – Conférence de Marc Touché avec M. Bonnet
(directeur de la DDJS à l’époque) pendant
le Festival Plein La Tête le 08 novembre 1995.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Daniel Vergne.
3 – Le public à la salle des fêtes
de Saint Mexant pour le concert
de Parabellum/Noodles le 15 octobre 1988.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM.
Fonds Daniel Vergne.
2
66
Comme un réflexe, les volontés se rassemblent pour construire
collectivement un projet. D’autres associations rejoignent le mouvement
telles que Peuple et Culture ou la Fédération des Associations Laïques. Entretemps, les élections présidentielles de 1995 voient un Corrézien s’installer
à l’Élysée. Raymond-Max Aubert est élu maire de Tulle la même année.
La nouvelle municipalité ne montre pas le même enthousiasme envers cet
ambitieux projet.
Malgré les désaccords, les acteurs de terrain, passionnés par leur
cause, ne perdent pas espoir. À partir de 1994, l’association Accords et Cris,
propulsée notamment par Visavis, a un local de répétition aux Treize Vents.
En 1995 et 1996, Swing Easy obtient des subventions qui permettent le recrutement de salariés pour en assurer la gestion et la logistique ainsi que
le planning. En effet, une quinzaine de groupes fréquentent le lieu, le calendrier est donc chargé. L’activisme acharné des acteurs et le soutien d’hommes
et femmes engagés en politique comme Pierre Diederichs à la Ville de Tulle
et Dominique Grador à la Région Limousin, ont permis le décloisonnement.
D’autres, tel Fabrice Ponthier, salarié de l’ADDIAM Corrèze, apportent leur
pierre à l’édifice.
Dix années de travail et de discussions animées plus tard, Des
Lendemains Qui Chantent voit le jour. Cette association, dont Daniel Vergne
est le premier président, assure la gestion de la salle de musiques actuelles
tulliste. Celle-ci est finalement implantée dans le quartier de l’Auzelou,
et non dans un entrepôt du quartier de Cueille comme cela avait été initialement prévu.
Culture, Rock et Politique : le cas tulliste
67
Lettre d’un riverain du quartier de l’Auzelou adressé
au maire de Tulle, 22 juin 2001.
Fonds Des Lendemains Qui Chantent.
Le public à la salle des fêtes de Saint Mexant pour le festival
Rock En Transe le 10 juin 1989, pendant le concert d’OTH.
Arch. dép. de la Corrèze, Collection
Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne.
68
Culture, Rock et Politique : le cas tulliste
69
Guitare Eko stratocaster DP
années 1970.
Prêt Pascal Demailly.
Photographie :
Sylvestre Nonique
Desvergnes.
70
Chambre d’echo Dynacord
Echocord mini, amplificateur
Dynacord Bass-king T,
Baffle Dynacord D350
– fin des années 1960.
Prêt Ghislain Henaff.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes.
Culture, Rock et Politique : le cas tulliste
71
Création de l’Entonnoir, fanzine d’information du
Centre Culturel et Sportif de Tulle. Ce magazine créé par
les animateurs du CCS présente notamment l’actualité
culturelle de la ville. Il a la particularité d’être complètement
libre et émancipé de la direction du CCS et laisse aussi
beaucoup l’expression libre aux lecteurs.
Euterpe (Brive)
Sylvie Flash Gang (Brive)
Starship (Brive)
Mises à disposition ponctuelle de lieux par
les pouvoirs publics pour permettre
à des groupes de musique en demande
de répéter. A Tulle : le Centre Culturel et
Sportif de Tulle et la salle Latreille.
A Brive : le Centre Culturel de Courteline.
1967
1968
1969
1970
1971
Océanic
(Brive)
Phoenix
(Tulle)
1972
Flying Cactus Gang
(Tulle - Limoges)
Phoenix en première
partie de Zao au cinéma
Le Splendide de Brive
Arcade
(Tulle)
Ex Vitae (initialement
le groupe s’appelait Flying
Cranes) (Limoges)
The Group’ Five remporte
le Tremplin du Golf Drouot.
Il gagne une tournée sur
les podiums de Sud Radio
ainsi que l’enregistrement
d’un 45 tours
The Group’ Five
(Brive)
Sigma (Tulle)
1973
1973
1974
1976
Concert de Catherine Ribeiro + Alpes à la salle
Latreille : « La grande soirée des jeunes » (Corrèze
Magazine – Fevrier 1976) organisée par trois jeunes
corréziens. « La vieille salle des fêtes était pleine à
craquer. Les jeunes avaient pris d’assaut les chaises
trop rares et s’entassaient les uns sur les autres,
assis sur le parquet de la salle ».
Fin des années 1960 :
La MJC d’Ussel organise dès cette
époque des concerts de rock
Kleenex
(Tulle)
Rouge à Lèvres (Aubazine)
Audacieux concert du groupe
Starship au lycée privé
Bossuet à Brive. Le corps
enseignant vient couper
l’électricité pour arrêter
le spectacle.
1975
Jean-Luc Roudière enregistre
et sort son premier 33 tours Overchoses
Dekap Four
(Tulle)
Décibel Pim
(Tulle)
Athénaz
1977
1978
Festival « C’est de la Merde »
organisé par l’association
Star Flipper au Centre
Culturel et Sportif de Tulle.
Le groupe
Sylvie Flash
Gang remporte
le tremplin
du Golf Drouot
Ananda
(Tulle)
1979
1980
Bar Chez Didier
situé rue de Bournazel
à Tulle. Lieu de rassemblement
des jeunes et d’expression
d’une culture rock
ANNÉES 70
La Dame de Cœur
Une des premières
discothèques locales
à organiser ponctuellement
des concerts de rock
La Mangeoire
à Brive. Bar boite avec
des concerts
Musica
Magasin d’instruments
de musique à Brive
La Charette
Club qui produisit
de nombreux concerts
de rock
Le Cardinal renommé
La Locomotive à Brive.
Dancing qui produisit de
nombreux concerts de rock,
Rythm’n’blues, Blues.
San Palladium club
qui produisit de nombreux
concerts
FIN DES ANNÉES 70
L’Écurie
à Saint-Yrieix-la-Perche.
Boite de nuit spécialisée
dans le rock
Bar Lagraula
à Marcillac-La-Croisille.
Des concerts sont organisés
ainsi qu’un festival
« Ça Rock à Lagraula »
1979-1982 : Festival de Saint-Céré.
Il y eu quatre éditions du festival autogéré
des Césarines Pleine Lune organisé par
l’association « Du délire et rien d’autre ».
Artistes accueillis : Bill Deraime,
Bracos Band, Potemkine…
mais aussi des groupes locaux comme
Jean-Luc Roudière ou Alyssum.
Jean-Jacques Dumas monte son studio
d’enregistrement à Brive la Gaillarde.
Il eut une clientèle composée d’orchestres
mais quelques « rockeurs » comme
Jean-Luc Roudière, Rouge à Lèvres
ou Lö enregistrèrent là bas.
Création de radios libres en
Corrèze. Ouverture importante
à la culture rock. Radio Dira
à Tulle, Radio Licorne à Brive
Sortie du 45 tours
Commandant
la Dame de Cœur
de Jean-Luc Roudière
Traffic
(Tulle)
Molybdène
(Tulle)
1980
Rocorico
(Brive)
Visavis
(Tulle)
Mandarine
(Brive)
Deuxième
Round
1981
Création de l’association
« Rock à la Grange »
qui a pour but de faire
vivre le rock
à Tulle et ses alentours
Un vieux local situé, dans
les locaux d’EMMAUS
est mis à disposition
de groupes pour répéter
à Tulle.
Steak Frites
au tremplin
du Golf Drouot
1982
1983
Festival « Rock en Transe » organisé
par l’association Rock à la Grange,
au Centre Culturel et Sportif
de Tulle. Les élus locaux commencent
à prendre cette pratique culturelle au
sérieux. 700 spectateurs accueillis
pour douze heures de rock, cinq
régionaux (Hors Série, Visavis,
Les Ejectés et Singlar Blou) et trois
nationaux (Western Electrique,
OTH et La Souris Déglinguée)
se produisent.
Wolfgang en première
partie de Little Bob
à la salle Latreille.
Concert organisé par
l’association Swing Easy
Wolfgang (Tulle)
Singlar
Blou
(Egletons)
Lö (Brive)
Visavis env Paul Personne au CCS de Tulle
Bloc-note
(Tulle)
1984
Syndrom Kebra
(Brive)
1985
1986
Le Barbare
à Argentat. Ce café concert reconnu
en Corrèze, lieu emblématique pour
tous les amateurs. Il a organisé
un nombre important des concerts
de groupes renommés allant du blues
au rock alternatif.
Bar le Petit Zinc
à Brive. Des concerts rock
y sont organisés.
Festival de Sexcles. Début du mouvement
rock alternatif avec des groupes emblématiques
comme O.T.H. ou La Souris Déglinguée.
Festival de Domps. Organisé tous les ans au mois
de juin. Serge Vacher en est l’instigateur. Plus de 6 000
personnes et près de 80 groupes principalement
régionaux y ont participé.
Festival rock au Foirail à Tulle. Il est organisé par quelques
musiciens locaux. Des groupes comme Dékap Four,
Molybdène, Flying Cactus Gang, Vin Rouge ou Kleenex
se sont produits.
1987
Le directeur du Conservatoire de musique
de Tulle met à disposition du groupe Visavis
une salle pour que ces derniers se préparent
au Printemps de Bourges.
Visavis en final du
« tremplin pour Tokyo »
diffusé sur FR3
BF15 (Ussel)
Jean-Luc Roudière aux
découvertes du Printemps
de Bourges
inauguration du Labo, le 1er local de répétition
de la Corrèze exclusivement conçu pour la répétition
des musiques amplifiées. L’association Accords
et Cris en a la responsabilité.
Jean-Luc
Roudière
enregistre et sort
le 33 tours Zéro
Matinal en
coproduction
avec la Ville
de Tulle
1987
Visavis au
tremplin
des découvertes
du Printemps
de Bourges
Enregistrement
et sortie du 45 tours
I Wanna Dance Singlar Blou aux
découvertes
du Printemps de Bourges
1988
1989
Lost Angeles
café concert associatif situé à
Lostanges. Il y eut de nombreux
concerts organisés à raison
parfois de 2 ou 3 par semaine.
Des groupes locaux mais aussi
avec un rayonnement plus large.
Décloisonnement des genres allant
du jazz au rock.
Le rock fait son entrée au festival
de Davignac aux côtés du folklore avec
une soirée dédiée.
N’Mators
(Tulle)
1990
Fatal Major
au tremplin des
découvertes
du Printemps
de Bourges
Vae Victis
(Tulle)
Fatal Major
(Brive)
Repris de Justesse
(Ussel)
RSKP
(Brive)
1991
1992
1993
ANNÉES 90
Étang de Ruffaud
L’Écureuil
à Marcillac La Croisille
L’Aquarius à Tulle.
Bar boite avec des concerts
de rock organisés.
Le Pivert à Tudeil
le Green Blues
bar boite situé à Tulle.
Des concerts sont
régulièrement organisés.
L’association Swing Easy est créée. Daniel Vergne
et Christine Souletie en sont les instigateurs.
Ils organisent entre 1990 et 1994 de nombreux
concerts de musiques amplifiées à un rythme régulier
au Blason une discothèque située à Tulle.
1994
Avant-proposPhilippe Berthelot
REMERCIEMENTS
L’équipe Des Lendemains Qui Chantent ainsi
que celle de l’ADDIAM de la Corrèze, chargées
de la conception de l’exposition, tiennent
en premier lieu à témoigner leurs sincères
remerciements à toutes les personnes qui ont
accepté de livrer leur souvenirs, de parler d’eux,
de leur vécu et à confier leurs archives. C’est
avant tout grâce à eux que ce projet scientifique
et culturel a été rendu possible. Un grand merci
pour l’accueil et la gentillesse dont ils ont fait
preuve :
Pascal Aigle, Gérard Beaussonie, Dominique
Bénété, Jean-Luc Boisselier, Alain Brugière,
Joëlle Bernier, Jacky Chevrier, Bernard Comby,
Jean-Louis Delage, Pascal Demailly,
Marc Démereau, Pierre Diederichs, Jean-Jacques
Dumas, Marc Fanthou, Hugues Fargeas,
Pierre Fleygnac, Pierre Gaspart, Michel Gazi,
Denis Gorsse, Thierry Gourdal, Ghislain Henaff,
Frédérick Jansen, Marc Kerjouan, Francis
Lachaud, Jean-Michel Lachaud, Michel Lacombe,
Manu Layotte, Didier Lorioux, Franck Magnaux,
Vincent Malmartel, Gérard Maupertuy,
Bertin Meynard, Marc-Antoine Millon,
Jean-Pierre Mons, Serge Pendariès, Yvan Pessin,
Lucien Peuch, Michel Propilosky, Dominique
Richard, Claude Rochais, Jean-Luc Roudière,
Nadine Roux, Thierry Salagnac. Merci
à tous ceux qui ont contribué à cette collecte
en nous donnant des informations au détour
d’une rencontre.
Aux Archives Départementales de la Corrèze et
à son équipe pour son soutien et la transmission
de son savoir-faire.
Un grand merci également aux prêteurs
de matériel musical, Pascal Demailly,
Pierre Fleygnac, Ghislain Henaff, Thibault
Peyrat, Jean-Luc Roudière, la FAL 19.
L’Atelier Adrien Aymard (création graphique),
le Studio Kaïlis et Moshi Mochi
(conception du site web), Fabien Raymondaud
(développement du site).
Arnaud Rozé, constructeur des décors de
l’exposition et mise en espace scénographique.
Sylvestre Nonique-Desvergnes, pour son travail
photographique autour des lieux historiques et
du matériel de musique présenté dans l’exposition.
Des Lendemains Qui Chantent adresse également
ses vifs remerciements à tous ceux qui nous
ont aidés techniquement dans la réalisation
du projet. Raphaël Durand (modification
des tsf en amplificateurs), Alan Lemesle et Simon
Chapelas (réalisation des téléphones), Olivier
Durif (aide au démarrage des investigations
et suivi apporté), la Cinémathèque du Limousin
(numérisation vidéo), le CRMTL (numérisation
audio), Thierry Le Roy magasin Wood Stuck
Music Angers (identification et datation
des instruments de musique), Nicolas Giner et
les Archives Municipales de Tulle.
Ce projet a été possible grâce à ses tout premiers
initiateurs : Bernadette Vignal, Daniel Vergne,
Cyril Bouysse et Marc Touché qui ont permis
la réalisation de la première étape de ce projet
en le portant à bout de bras et qui ont vivement
participé à sa pérennité.
Philippe Berthelot – Directeur du Florida (Agen)
Au Comité de pilotage qui a suivi le projet
L’imprimerie Maugein
de 1992 à 1998 puis directeur de la fédurok
pendant tout le long de son déroulement,
devenu la Fédélima (Fédération des Lieux de
l’ADDIAM de la Corrèze, les Archives
Musiques Actuelles) de 1998 à 2014.
Départementales de la Corrèze, les Archives
Municipales de Tulle, le Centre Régional
des Musiques Traditionnelles en Limousin,
la Médiathèque de l’Agglomération de Tulle,
la Direction Départementale de Cohésion
Sociale et de la Protection des Populations
de la Corrèze, Marc Touché.
76
Entretiens
réalisés dans le cadre du projet
Mémoires Électriques
2013
26 juin – Didier Lorioux
11 juillet – Yvan Pessin
23 août – Jean-Luc Roudière
23 août – Jean-Michel Lachaud
23 septembre – Jean-Luc Roudière
21 novembre – Jean-Louis Delage
25 novembre – Pascal Demailly & Marc Kerjouan
16 décembre – Gérard Beaussonie
20 décembre – Pierre Fleygnac
2014
10 janvier – Bertin Meynard
10 janvier – Frédérick Jansen
16 janvier – Francis Lachaud
24 janvier – Marc Démereau
31 janvier – Joëlle Bernier
31 janvier – Marc Millon
3 mars – Michel Lacombe
11 mars – Viencent Malmartel
12 mars – Jean-Pierre Mons
13 mars – Pierre Diederichs
19 mars – Marc Fanthou
4 avril – Michel Propilosky
10 avril – Ghislain Henaff
11 avril – Thierry Gourdal
14 avril – Jean-Jacques Dumas
15 avril – Lucien Peuch
18 avril – Jacky Chevrier
8 juillet – Alain Brugière
9 juillet – Franck Magnaux
14 juillet – Yvan Pessin & Manu Layotte
10 septembre – Jean-Luc Boisselier & Denis Gorsse
20 septembre – Gérard Maupertuy
24 septembre – Dominique Bénété
7 octobre – Serge Pendariès
9 octobre – Dominique Richard
29 octobre – Pascal Aigle & Nadine Roux
22 décembre – Pierre Gaspart
2015
11 février – Claude Rochais
12 février – Bernard Comby
77
État des sources
Archives municipales de TULLE
La pratique musicale
Enseignement de la musique
Ecole Nationale de Musique et de Danse de Tulle,
puis Conservatoire à Rayonnement Départemental de
Tulle :
29W, 30W, 39W, 40W, 48W, 68W, 83W, 103W, 117W,
120W, 125W, 145W, 146W, 173W, 174W, 192W, 269W,
299W, 319W, 355W, 382W, 384W, 451W, 453W, 454W,
455W, 570W, 572W, 658W, 659W, 702W, 704W, 705W,
707W, 708W, 709W, 751W, 753W, 757W, 786W, 809W,
837W, 844W, 845W, 905W, 912W (1972-2011)
Lieux de spectacle
• Local de répétition des Treize Vents (Tulle) : 40W,
413W (1994-2004)
• Salle des Musiques Actuelles, avenue du Lieutenant-
colonel FARO (Tulle) : 173W, 316W, 319W, 297W,
353W, 382W, 384W, 413W, 454W, 455W, 458W, 658W,
746W, 786W, 883W, 915W (2000-2007)
• Salle de répétition groupe rock : 426W, 427W, 431W
(1991-1993)
Coopérations :
Coopérations locales :
• Association Swing Easy : 39W, 947W (1992-1994)
• Centre d’Animation Culturelle de Tulle : 947W
(1984-1994)
• Communauté de Communes Tulle et Cœur de
Corrèze, Organisation du projet «un territoire en
concert» : 2Fi, 844W, 845W, 891W, 912W, 915W
(2007-2011)
Coopérations départementales :
• Association Départementale pour l’Information et
l’Animation Musicales (A.D.I.A.M.) : 276W, 298W,
382W, 413W, 455W, 704W, 750W, 785W, 897W,
905W, 907W (2000-2007)
• Fédération des Associations Laïques (FAL), projet
d’atelier musical expérimental autour de la musique
assistée par ordinateur : 553W, 710W (2005)
Coopérations régionales :
• Association pour l’Etude et la Coordination des
Activités Régionales Musicales et Chorégraphiques
(ASSECARM) : 947 W (1993)
Musiciens
• Professeurs de musique : 31W, 103W, 145W, 146W,
Concerts et autres manifestations
musicales
Spectacles musicaux, concerts, festivals, stages,
expositions sur la musique :
• Colloque « Etat du Rock 91, collectivités locales, rock
et autres aventures musicales », Montpellier 15 et 16
février 1991 : 963W (1991)
• Concerts, association des Lendemains qui chantent :
3S, 5Fi, 500W, 704W, 770W, 802W, 844W, 892W,
912W (2005-2012)
• Concerts, association « Les Sept Collines » : 58W,
82W, 83W, 192W, 382W, 413W, 455W, 844W (19952008)
• Concerts à l’Ecole National de Musique : 150W,
173W, 192W (1998)
• Concerts scolaires : 145W, 299W, 319W (1972-2001)
• Concert Groupe TRUST : 31W (1980)
• Exposition Le Rock Alternatif, bibliothèque
municipale : 963W (1989)
• Festival aux champs à Chanteix : 959W (2009)
• Festival du Bleu en Hiver : 269W, 942W (2011-2013)
• Festival Musiques en Monédières : 947 W (1992)
• Festival des Nuits de Nacre de Tulle : 2C, 1AV, 2 Fi,
30W, 80W, 83W, 120W, 125W, 128W, 150W, 151W,
152W, 163W, 200W, 201W, 260W, 269W, 276W, 298W,
382W, 413W, 441W, 443W, 445W, 456W, 458W,
500W, 652W, 657W, 658W, 659W, 703W, 710W, 745W,
757W, 801W,
813W, 821W, 822W, 832W, 837W, 844W, 863W, 872W,
883W, 892W, 894W, 897W, 901W, 907W, 915W,
942W, 947W (1988-2011)
• Festival Ô Les Chœurs : 260W, 269W, 316W, 382W,
458W, 947W (2002-2012)
• Fête de la musique : 269W, 443W, 445W, 456W,
458W, 657W, 703W, 745W, 813W, 819W, 844W, 894W,
947W (1992-2010)
Soutien institutionnel à la musique
Aide matérielle :
• Association « Elisabeth my dear »: 316W, 375W,
456W, 458W, 657W, 658W, 770W, 802W, 844W,
907W, 912W, 947W (2002-2011)
• Association Des Lendemains Qui Chantent : 750W,
770W, 912W (2007-2011)
ARCHIVES DÉPARTEMETALES DE LA CORRÈZE
Enseignement de la musique 1189W (Préfecture. 2e division. 3e bureau)
1189W/182 : Brive (1940-1984). - dont école
municipale de musique.
1211W (Préfecture. D.A.E.A.D. 1er bureau)
1211W/272 : Personnel (1964-1986). – dont Tulle,
école de musique, 1978.
1375W (Préfecture. D.A.E.A.D. 1er bureau)
1375W/102 : Personnel (1979-1990) : dont Tulle,
école de musique.
1472W (Préfecture. D.A.E.A.D. 2e bureau)
1472W/51 : Budgets et comptes. – dont Bort-lesOrgues, syndicat intercommunal pour la promotion
et l’enseignement de la musique, 1990.
1514W (Préfecture. D.A.E.A.D. 2e bureau)
1514W/37 : Comptes administratifs des établissements
publics locaux. – dont syndicat intercommunal de
l’école de musique de Bort-les-Orgues, 1992.
1571W (Préfecture. D.A.E.A.D. 2e bureau)
1571W/153 : Comptes administratifs d’EPCI.
– dont syndicat intercommunal de l’école de musique
de Bort, 1994.
1571W/192 : Budgets supplémentaires d’EPCI. – dont
syndicat intercommunal de l’école de musique de Bort,
1996.
1003W (Sous-préfecture de Brive). Affaires
communales.
1003W/58 : Brive (1958-1973). – dont école
de musique.
1003W/174 : Lubersac (1942-1974).
– dont enseignement de la musique aux écoles.
1785W (Sous-préfecture d’Ussel)
1785W/109 : Contrôle de légalité exercé sur
les délibérations prises par la commune de Courteix
(1972-2003). – dont convention avec l’association
Musique en Limousin.
1681W (Direction départementale des services fiscaux)
1681W/129 : Ordonnances d’expropriation par les
communes, le département et l’État (1979-1982). –
dont n° 114 à Brive-la-Gaillarde, extension de l’école
de musique.
1787W (Conseil général. Direction générale
des services)
1787W/28 : Loisirs et culture. – dont école de musique
et de danse de Tulle : projet pédagogique (1999).
Soutien institutionnel à la musique
(Conseil général)
Versements 1728W (1990-2003), 1404W (1968-1993),
1533W (1985-1998), 1686W (1995-2000).
Iconographie
Collection d’affiches (non exhaustive) : 1Fi
Reportages photographiques du journal La Montagne
: 23Fi
dont concerts au Blason organisés par
l’association Swing Easy, Association départementale
pour l’information et l’animation musicale (ADIAM).
Fonds numérisés
97NUM Collection Des Lendemains qui chantent. Groupe Sylvie Flash Gang, Michel Lacombe, Pascal
Demailly, Claude Rochais, Hugues Fargeas, Francis
Lachaud, Jean-Luc Roudière, Yvan Pessin, MarcAntoine Million, Ghislain Hennaf, Marc Démereau,
Jean-Louis Delage : coupures de presse, photographies,
contrats techniques, affiches, documents de promotion
(1970-1990).
Presse et périodiques (années 1970-1980)
Amical’musique. Journal de l’Amicale des Musiciens
d’Orchestres de Bals de la Corrèze, 1948 : PER381.
Corrèze magazine : PER334.
La Dépêche du Midi : 131PR
La Montagne : 133PR (édition de Tulle), 182PR
(édition de Brive)
Nouvelles, le spectacle vivant en Limousin (anciennement
Les Nouvelles musicales et chorégraphiques du Limousin
puis Les Nouvelles musicales du Limousin), 1986-2007 :
PER501
Mises à dispositions de locaux et de personnels :
• Association Des Lendemains Qui Chantent :
35W, 39W, 40W, 83W, 355W, 553W, 554W, 658W
(1994-2006)
193W, 269W, 300W, 382W, 455W, 702W, 897W
(1977-2006)
• Jean-Louis AUBERT, chanteur : 897W, 2Fi 145
(2006)
• Johnny HALLYDAY, chanteur : 947 W (1996)
• Jean-Luc ROUDIERE, chanteur: 1AV, 947W
(1986-1987)
• VIS-A-VIS, groupe : 947W, 24PER 28 (1988-1991)
78
79
2
1 – Pédale d’effet
Electro-Harmonix Big Muff.
Prêt Pascal Demailly.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes
2 – Pédale d’effet Electro-Harmonix
Small Stone Phase Shifter.
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes
3 – Pédale d’effet
Electro-Harmonix Big Muff.
Prêt Pascal Demailly.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes
1
4
5
3
6
4 – Pédale d’effet
Electro-Harmonix Blackfinger.
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes
5 – Pédale d’effet
Electro-Harmonix Attack Equalizer.
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes
6 – Pédale d’effet Electro-Harmonix
Doctor Q Enveloppe Follower.
Prêt Pierre Fleygnac.
Photographie : Sylvestre
Nonique Desvergnes
81
Orientation
bibliographique
Guillemoteau (P.), Micro Faunes 30 ans
de création musicale en Deux-Sèvres,
Ed. Patrimoines et médias, Grandvilliers,
2008, 288 p.
Bégaudeau (F.), Deux singes ou ma vie politique,
Ed. Gallimard, Paris, 2013, 448 p.
Foulhoux (P.), Une histoire du rock
à Clermont-Ferrand, 50 ans de bruits défendus
à Bib City, Ed. Un, Deux... Quatre,
Clermont-Ferrand, 2013, 216 p.
Charliot (L.), La fabuleuse histoire
du rock nantais de 1960 à nos jours, Ed. Laurent
Charliot, 2003, 320 p.
Darcel (F.), Polard (O) (Dir.),
Rok de 1960 à nos jours : 50 ans de musique
électrifiée en Bretagne, Tome 1, 1960/1989,
Ed. De Juillet, Chantepie, 2010, 236 p.
Darcel (F.), Polard (O) (Dir.),
Rok de 1960 à nos jours : 50 ans de musique
électrifiée en Bretagne, Tome 2, 1990/2013,
Ed. LADTK, Rennes, 2013, 480 p.
Galland (O.), Sociologie de la jeunesse,
Ed. Armand Colin, Paris, 2011 (1re éd. 1991),
256 p.
G.E.M.A. (Groupe d’Etudes des Musiques
Amplifiées), actes du colloque Politiques publiques
et musiques amplifiées, Le Florida, Agen, 1997.
Mignon (P.), Hennion (A.), Rock,
de l’histoire au mythe, Ed. Anthropos, Paris,
1991, 283 p.
Leproux (H.), Le temple du Golf Drouot,
Ed. Robert Laffont, Paris, 1992, 552 p.
Dauncey (H.), Le Guern (P.), (dir),
Stéréo, sociologie comparée des musiques populaires
France/Grande-Bretagne, Mélanie Séteun / Irma,
Nantes, 2008, 272 p.
Touché (M.), Muséographier les « musiques
électro-amplifiées » pour une socio-histoire du sonore,
Réseaux, 2007/2, n°141-142, p. 97 à 141.
Le Guern (P.), En arrière la musique !
Sociologie des musiques populaires en France, Genèse
d’un champ, Réseaux, 2007/2, n°141, p.15 à 45.
ADDM 53, Rockin’ Laval: une histoire
du rock à Laval 1960-2000, Hors série Tranzistor,
Ed. Mayenne Culture, Laval, 2009, 172 p.
Touché (M.), Mémoire vive 1, Ed. Association
musiques amplifiées aux Marquisats d’Annecy,
Annecy, 1998, 120 p.
Assemblage du matériel recueilli.
Photographie Sylvestre
Nonique-Desvergnes, 2015
82
Impression : Imprimeries Maugein - Tulle | Graphisme : Atelier Adrien Aymard