Untitled - Des Lendemains Qui Chantent
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Untitled - Des Lendemains Qui Chantent
Socio-histoire des musiques amplifiées avec le soutien des Archives Départementales de la Correze Catalogue de l’exposition Tulle, juin 2015 SOMMAIRE Avant-propos p. 4 Introduction p. 6 Équipe p. 7 Les origines du Rock en France et en Corrèze p. 8 Serge Pendariès, guitariste dans The Group’ Five p. 12 Les innovations techniques et sonores p. 16 Lieux emblématiques du Rock en Corrèze p. 21 Jean-Luc Roudière, chansons électriques p. 32 Faire du Rock, un parcours de combattants p. 37 Le groupe Sylvie Flash Gang, d’Oceanic à Lö p. 44 Du Festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze p. 49 Visavis, “I Wanna Dance” p. 57 Culture, rock et politique : le cas tulliste p. 62 Frise historique p. 72 Remerciements p. 76 Liste des entretiens réalisés p. 77 État des sources p. 78 Orientation bibliographique p. 82 Avant-proposPhilippe Berthelot Avant-propos Impossible de connaître cette réalité humaine du rock en Corrèze sans ce travail de recherche mené par l’association Des Lendemains Qui Chantent, en partenariat avec l’ADDIAM et les Archives Départementales. Et pourtant, il est essentiel pour expliquer les pratiques artistiques, culturelles et sociales de la musique d’aujourd’hui ; pratiques qui s’inscrivent dans une longue histoire qui ne relève pas seulement des grandes icônes planétaires. En effet, derrière la grande histoire des musiques populaires, depuis la fin du xixe siècle, se cachent une multitude d’industriels, d’artisans, de bricoleurs, de bidouilleurs, d’inventeurs, de praticiens, d’artistes, de mélomanes, d’opposants, de militants, de fans, d’amateurs et d’organisateurs, qui composent « ces mondes de l’art ». L’avènement de l’électrification et de l’amplification, la fixation et le développement des communications sont venus augmenter les effets des grandes migrations humaines contraintes ou volontaires. Ces évolutions technologiques, avec leurs effets économiques et culturels, ont accéléré les phénomènes d’appropriation, d’échange, de détournement, pour contribuer au « Tout Monde » d’Édouard Glissant. Aucun territoire n’échappe à ce vaste mouvement de « mondialité » ! Tous les territoires, la Corrèze comme les autres départements, sont empreints de cette diversité culturelle complexe en mouvement. Ces pratiques, ces façons de s’engager dans la musique, de vivre le son, donnent à voir des Corréziens dans des itinéraires communs, particuliers ou marquants. Les témoignages recueillis dans cette exposition montrent l’opiniâtreté de personnes, de musiciens, de faiseurs de son, de diffuseurs radiophoniques, de fans, de disquaires, d’organisateurs d’événements… qui ont construit une histoire locale en résonance avec le monde, qui se doit d’être racontée. 4 Comment entre Tulle, Sexcles, Brive, Limoges et Nedde mais aussi Bourges ou Paris, après les bals, les « surprises parties », les boums, les concerts, une « scène locale », des communautés musicales, des filiations sonores corréziennes se sont-elles construites dans cette deuxième partie du xxe siècle ? Pendant très longtemps, le regard porté par les politiques publiques de la culture s’est attaché à fixer la mémoire dans une vision patrimoniale centrée sur les vieilles pierres et les grandes réalisations locales. L’exercice de mémoire entrepris dans la réalisation de cette exposition rejoint d’autres initiatives de plus en plus nombreuses en France et en Europe qui mettent en avant des réalités sociales et culturelles constitutives d’une mise en mouvement historique par les territoires, qui démontre très clairement qu’une grande partie de la musique produite et pratiquée ne relève pas des seules modes orchestrées du moment. Bien au contraire, ce travail indispensable de mise à jour des pratiques révèle des continuités, des filiations, mais aussi des ruptures, indispensables pour comprendre ce qui se fait aujourd’hui. C’est pourquoi je tiens à saluer l’initiative prise par Des Lendemains Qui Chantent ! J’encourage à poursuivre ce travail de collectage et de valorisation des pratiques culturelles sur les territoires, ce qu’elles produisent et comment elles le produisent ! Enfin je n’oublie pas la démarche citoyenne et militante portée par toutes ces personnes, très souvent dans un cadre associatif, qui contribuent à l’intérêt général en favorisant l’expression des droits culturels et leur prise en compte par l’action publique. Philippe Berthelot Directeur du Florida (Agen) de 1992 à 1998 puis directeur de la Fédurok devenue la Fédélima (Fédération des Lieux de Musiques Actuelles) de 1998 à 2014. La salle de concerts de Tulle, dite Scène de Musiques Actuelles, « Des Lendemains Qui Chantent » sort de terre en 2004. Elle est le fruit des générations de militants, d’activistes de la culture « rock » qui ont su trouver l’oreille des élus et des techniciens en charge des politiques publiques pour arracher la construction de cet équipement. À l’ouverture de la salle, les acteurs militants qui portent le projet depuis fort longtemps redoublent d’investissement pour prendre possession pleine et entière de ce nouvel outil. Dans cette période de forte mobilisation, il apparaît la nécessité de prendre du recul sur cette activité, sur cette discipline et ses esthétiques. On appelle alors un certain Marc Touché. C’est là que débutent les prémisses de ce qui se concrétise aujourd’hui dans ce catalogue. L’histoire des musiques actuelles, des musiques amplifiées en particulier, et son lien avec l’histoire sociale des territoires où ces pratiques ont émergé, commence à faire l’objet d’études depuis une dizaine d’années. À Tulle, le sociologue Marc Touché, particulièrement intéressé par ces problématiques, engage à partir de 2009, avec l’aide active de Cyril Bouysse, alors professeur au Conservatoire de Tulle, un travail de recherche qui se cristallise autour de la mise en évidence de l’apparition de la guitare électrique dans le paysage musical corrézien. Il conduit à la réalisation d’une première exposition et d’un concert autour de la personnalité de Jack Erhard, guitariste et figure emblématique du début des musiques amplifiées en Corrèze. de jeunes, pratiquant les musiques actuelles, porteurs de projets personnels liés à cette discipline, en quête de sortie de leur isolement et de réponses institutionnelles. Et c’est à l’aune de la politique de cohésion sociale, son nouveau ministère de rattachement, que Bernadette Vignal continue d’affirmer l’importance de ces travaux de recherche, comme un outil de compréhension du monde, du comment les populations s’inscrivent dans une histoire. Il faut alors la clairvoyance, l’ambition et la confiance des Archives Départementales de la Corrèze pour donner un futur à ce projet. C’est enfin un peu le hasard, et beaucoup les circonstances qui font arriver Romain Mercier à la tête de ce travail monumental, diligenté par l’association Des Lendemains Qui Chantent. Dans un contexte social et financier difficile, l’association prend tout de même le pari un peu fou de recueillir la mémoire de ces musiciens électriques et d’en promettre l’exégèse. Son président d’alors, Nicolas Baudelet, prend par la suite, en tant que chargé de mission à l’ADDIAM de la Corrèze, sa part de travail et de contribution à cette aventure. Quelles sont les spécificités de la culture « rock » des années 1970 ou 1980 sur le territoire corrézien ? Peut-être n’en y-a-t-il pas vraiment. Et c’est moins ces spécificités que nous illustrons ici que les récits de la vie de quelques musiciens locaux, pionniers d’une modernité qui nous a tous submergés depuis. Mémoires Électriques nous raconte une traversée de 20 ans d’histoires locales, au cœur d’une déferlante culturelle Quelques années plus tard, cette démarche mondiale marquée par l’essor d’un média de reprend sous l’influence discrète mais réelle masse aujourd’hui disparu, le disque. Philippe Berthelot – Directeur du Florida (Agen) de Bernadette Vignal, déléguée départementale de 1992 à 1998 puis directeur de la fédurok à la vie associative, pour qui ce travail enclenché Nous en avons cité certains, mais que tous soient devenu la Fédélima (Fédération des Lieux de mérite d’être poursuivi. ici remerciés pour la qualité de leur investissement Musiques Actuelles) de 1998 à 2014. dans cet ovni dans la vie de notre association. Car de fait, la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, où elle exerça jadis, est confrontée dès les années 1990 à des demandes Damien Morisot Directeur de l’association Des Lendemains Qui Chantent Les origines du rock en France et en Corrèze 5 INTRODUCTION Cette exposition, consacrée à l’histoire du rock en Corrèze, propose d’explorer ce foisonnement artistique et culturel à l’œuvre pendant les décennies 1970 et 1980 à l’échelle locale. Elle retrace le parcours de ces précurseurs et l’évolution des mentalités et des pratiques sur un territoire éloigné des centres d’effervescence américains, anglais ou parisiens devenus aujourd’hui mythiques. Pour écrire cette histoire, une vision sociologique et ethnographique a été ici privilégiée, laissant la part belle aux exemples. Si les années 1960 voient les premiers bourgeonnements du rock’n’roll dans les campagnes et dans les villes, nous sommes encore bien loin du bouillonnement contemporain des « musiques actuelles », terme qui n’existe d’ailleurs pas encore. Les musiques traditionnelles ou populaires, autour du rendez-vous du bal, sont alors bien ancrées dans les territoires. Les premiers concerts de rock n’ambitionnent pas de mobiliser un public allant au-delà de leurs réseaux. La presse, quant à elle, est timide sur le sujet, les articles rares. Quelques entrefilets laissent percer un regard plutôt perplexe que curieux. Ce sont ces pionniers, musiciens, mais aussi organisateurs de spectacle, employés culturels, responsables de lieux, ou simples aficionados de rock qui sont, par leurs initiatives, à l’origine d’un mouvement culturel dont la salle de concert Des Lendemains Qui Chantent à Tulle se veut l’héritière. Cette exposition est le fruit d’un projet initié en 2009 et relancé en 2012, mené par Des Lendemains Qui Chantent en partenariat avec l’ADDIAM (Agence Départementale de Développement des Initiatives Artistiques et de Médiation de la Corrèze) et les Archives Départementales de la Corrèze. Il s’agissait avant tout de retrouver et de rencontrer les acteurs qui ont été moteurs dans le développement des musiques actuelles pour recueillir leur mémoire via des entretiens enregistrés, dans la tradition de nombreuses enquêtes menées pour les musiques traditionnelles et de folklore. Depuis 2012, plus de quarante témoignages ont été collectés, soit près de cinquante heures d’enregistrements. Grâce à l’amabilité de ces témoins, il a été possible de rassembler de nombreuses traces matérielles d’archives (photographies, coupures de presse, contrats d’engagement de concerts,…) mais aussi d’enregistrements sonores ou vidéo ainsi que du matériel d’époque (instruments de musique, pédales, racks, magnétophones…). L’exposition propose, de façon thématique, d’éclairer les principaux enjeux de l’aventure rock de ces musiciens et groupes de l’époque, de l’apprentissage de l’instrument à la structuration du groupe (professionnel ou non) dans l’espace. Pour mieux comprendre comment ce phénomène a trouvé peu à peu sa place dans la société entre les années 1970 et le début des années 1990, l’apparition de ce mouvement rock en Corrèze est replacée dans son contexte historique et social. À l’heure où des témoins privilégiés de cette histoire disparaissent progressivement, il était en effet urgent que ce genre musical et le phénomène culturel qui l’accompagne entrent pleinement dans le champ scientifique et fassent l’objet d’un travail de recherche et de mémoire. 6 Équipe L’exposition Mémoires Électriques a pu voir le jour grâce à l’action conjointe de Des Lendemains Qui Chantent, l’ADDIAM, les Archives Départementales de la Corrèze, les Archives Municipales de Tulle, le Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin, le Conseil Départemental de la Corrèze, Institut National de l’Audiovisuel, la Médiathèque de l’Agglomération de Tulle, la Direction Départementale de Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de la Corrèze, Marc Touché. Commissariat général Romain Mercier, Nicolas Baudelet Conception scénographique Arnaud Rozé, Romain Mercier, Nicolas Baudelet Commissariat scientifique Romain Mercier, Nicolas Baudelet Soutien spécial des Archives Départementales de la Corrèze, en particulier de Vincent Rigau, Justine Berlière, Julien Mendes, Jean-Marc Nicita, ainsi que l’ensemble du personnel Mise en œuvre, suivi administratif, technique et logistique Enora Mahé, Damien Morisot, Matthias Colombel, Ana Leylavergne, Lucie Gantois Crédit photos Sylvestre Nonique-Desvergnes Création graphique et création du site web BIGRE Design : Atelier Adrien Aymard (graphisme), Studio Kaïlis et Moshi Moshi (conception web), Fabien Raymondaud (développement web). Soutien technique Raphaël Durand, Alan Lemesle, Olivier Durif, Nicolas Giner, Cinémathèque du Limousin, Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin, Enora Mahé, Matthias Colombel, Simon Chapelas, Jonathan Philippe, Pierrick Aubouin Dépôt Légal de Limoges, Archives Municipales de Tulle Témoins et prêts d’archives Didier Lorioux, Yvan Pessin, Jean-Luc Roudière, Jean-Michel Lachaud, Jean-Louis Delage, Pascal Demailly, Marc Kerjouan, Gérard Beaussonie, Pierre Fleygnac, Bertin Meynard, Frédérick Jansen, Francis Lachaud, Marc Démereau, Joëlle Bernier, Marc Millon, Michel Lacombe, Vincent Malmartel, Jean-Pierre Mons, Pierre Diederichs, Marc Fanthou, Michel Propilosky, Ghislain Henaff, Thierry Gourdal, Jean-Jacques Dumas, Lucien Peuch, Jacky Chevrier, Alain Brugière, Franck Magnaux, Manu Layotte, Jean-Luc Boisselier, Denis Gorsse, Gérard Maupertuy, Dominique Bénété, Serge Pendariès, Dominique Richard, Pascal Aigle, Nadine Roux, Pierre Gaspart, Claude Rochais, Bernard Comby, et toux ceux dont la mémoire orale n’a pu être enregistrée. Prêt de matériel Pierre Fleygnac, Pascal Demailly, Ghislain Henaff , Jean-Luc Roudière, Ligue de l’Enseignement - FAL 19, Thibault Peyrat Partenariat Institut National de l’Audiovisuel TSF Philips B4F70-A01 – 1958 Coll. Des Lendemains Qui Chantent 2014. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Contexte historique Le taux de natalité connaît dans le monde un essor dès 1942 qui se poursuit jusqu’en 1975, c’est le baby-boom. Une nouvelle génération voit alors le jour. En parallèle de la reprise économique d’après-guerre, c’est la promesse de lendemains qui chantent avec le plein-emploi et une société qui accède progressivement aux loisirs. Malgré un contexte mondial encore tendu avec la guerre froide, les enfants de la LiMon père a connu, et j’ai connu aussi, des gens bération aspirent à plus de libertés, ils entendent vivre comme Jack Erhard qui a été, à mon sens, le premier leurs vies loin des peurs qu’ont connues leurs parents orchestre à mettre en évidence sur l’affiche quelqu’un qui durant l’entre-deux-guerres. À cette époque en France jouait de la guitare électrique. Et si tu veux, et en Corrèze, le bal populaire, ou bal musette, est tout c’était le symbole de modernité. On savait que quand on à la fois une pratique récréative et permet de faire des allait écouter ces gens-là, on allait avoir du rock, rencontres tout en créant de la sociabilité. De nombreux on allait avoir des musiques actuelles de l’époque, et pas orchestres sillonnent les territoires pour faire « guincher » que de l’accordéon, de la valse et des paso. dans les dancings, avec accordéon, batterie, cuivres et Marc Antoine Millon guitares acoustiques. Affiche de promotion de l’orchestre Jack Erhard Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Des Lendemains Qui Chantent À l’aube des années 1960, Outre-Manche, de jeunes gens se prénommant Paul McCartney et John Lennon ou bien Mick Jagger et Keith Richard sont l’illustration de ce mouvement. Souvent influencés par un environnement familial propice à la musique, ils ont les oreilles tournées vers l’autre côté de l’Atlantique. Fascinés par le Rythmn’ blues et l’émergence du rock’n’roll aux États-Unis en écoutant les disques de Bo Didley, Fats Domino ou bien Little Richards, ils s’approprient à leur façon ces rythmes et sonorités. Teppaz Domino Pil’ – années 60 Coll. Des Lendemains Qui Chantent 2014. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. L’amplification d’un phénomène musical nouveau Un nouveau phénomène voit le jour, avec l’apparition de stars mondiales. Les chansons sont diffusées à la radio, les disques distribués de plus en plus largement. Alors naissent les idoles : Elvis Presley aux ÉtatsUnis, les Beatles et les Rolling Stones en Angleterre. Les Shadows les avaient précédés dès le début des années 1950 en intégrant des guitares électriques soutenues par des systèmes d’amplification. Le son recherché à ce moment, dit clair ou « clean », est éloigné des sonorités distordues qui apparaissent dans les années 1960. Ces jeunes, enfants du baby-boom, s’emparent en France et en Corrèze de cette nouvelle musique. Là où l’accordéon était jusqu’alors roi, les instruments électroamplifiés et le rock commencent à s’imposer de manière durable dans la société française marquée par une période de mutation des Trente Glorieuses. L’industrie musicale mondiale se structure, des firmes comme Vox, Fender, Marshall, devenues depuis légendaires, prennent une nouvelle ampleur. Chacun souhaite atteindre un volume sonore plus important, ce qui entraîne une course à l’équipement. Toutefois, le matériel coûte cher, il faut donc trouver des solutions alternatives : bricolages et inventions sont de mise. 8 Les origines du rock en France et en Corrèze 9 Un des grands groupes de l’époque, c’était Eric Erdé. Son père avait un orchestre où il jouait de l’accordéon. Son fils a commencé à chanter. Le batteur, c’était Jean-Marc Lajudie. Je crois que visiblement il se faisait un peu chier chez papa dans « l’orchestre René Deloutre ». Donc ils ont fait une dissociation et ils ont monté l’orchestre de bal qui s’appelait Eric Erdé. Sauf qu’ils ont commencé à mettre de l’orgue Hammond, Jean-Marc jouait sur une batterie avec des cymbales partout, des doubles toms... Quand tu vois les batteries que tu avais à l’époque, c’était une révolution. Section de cuivres et ils enquillaient tout ce qu’on entendait à la radio à l’époque, tu pouvais le voir jouer dans les baluches. Il y a eu ici ensuite une dissociation entre ça et le « bal trad » Marc Antoine Millon 1 – Concert du groupe « Hippocampe » en avril 1974 au Golf Drouot. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Michel Lachaud. Le rock entre progressivement dans les orchestres de bal De nouveaux instruments électrifiés font au même moment leur apparition en France. En Corrèze, des pionniers s’emparent très vite de ces outils, Jack Erhard intègre dès 1959 une guitare électrique au sein de son orchestre de bal. Au sein de certains de ces orchestres, on peut entendre dans les bals des reprises de tubes de la TSF. Ces musiques nouvelles se popularisent auprès des jeunes adultes qui fréquentent les bals. 2 – Concert du groupe de Brive « The Group’Five » en 1970 au Golf Drouot. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. 3 – Diplôme du Golf Drouot obtenu par le groupe de Brive « Sylvie Flash Gang » en septembre 1979. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. Des lieux rock emblématiques : Le Golf Drouot et le festival du Printemps de Bourges Les débuts du rock en France sont liés à un lieu parisien devenu mythique : le Golf Drouot. Dans ce club, plusieurs centaines de groupes de rock s’affrontent entre 1962 et 1981 sur le « Tremplin » afin de remporter les faveurs du public à l’applaudimètre et devant un jury composé de professionnels du spectacle. Des artistes tels Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou Magma y font leurs premiers pas. Des stars anglo-saxonnes comme The Who ou David Bowie y sont accueillies. Des groupes corréziens sont aussi sélectionné : The Group’ Five ou encore Sylvie Flash Gang remportent le tremplin respectivement en 1970 et en 1979. Le festival du Printemps de Bourges créé en 1977 prend ensuite le relais et devient progressivement un tremplin emblématique au service de la découverte de nouveaux talents. Dominique A., Mano Negra, Les Têtes Raides mais aussi des Corréziens : Jean-Luc Roudière, Mandarine ou Visavis y ont fait leurs armes. Certains musiciens commencent à se spécialiser dans le rock’n’roll. D’abord en travaillant, le plus souvent « à l’oreille », les morceaux des vedettes du moment dans le but de les reproduire le plus fidèlement possible. Puis, peu à peu, nombre d’entre eux se tournent vers la composition. Par le biais de la création originale et de l’invention, le musicien amateur trouve un moyen de s’émanciper. Photographies de promotion de Jack Erhard Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Des Lendemains Qui Chantent Jouer seul n’est pas satisfaisant, le rock’n’roll se pratique en groupe. Souvent issus des orchestres de bals, des musiciens commencent à travailler ensemble des compositions dans des locaux variés allant du local inexploité de l’entreprise familiale au pavillon de jardin en bois, de la cave humide prêtée par un ami à une grange à la campagne. 1 Les répétitions, c’était en général lorsqu’un membre de l’orchestre avait de la place chez lui. Jean-Michel Lachaud 2 10 3 Les origines du rock en France et en Corrèze 11 Musiciens et groupes corréziens Inscrit par ses parents à des cours de violon à l’âge de huit ans, Serge Pendariès, quatre ans plus tard, commence la guitare, d’abord classique à l’école de musique de Brive-la-Gaillarde, puis rapidement électrique pour jouer une musique qui lui plaît davantage, attiré par Johnny Hallyday ou encore Eddy Mitchell. Au collège Saint-Joseph à Brive, il décide de monter un groupe de rock avec Dominique Hyllaire à la guitare, Christian Vézine à la basse et Jean-Louis Pesme à la batterie. Serge Pendariès avoue par la suite qu’ils ne savaient pas vraiment jouer à ce moment-là. Ils s’essayent alors à des morceaux instrumentaux dans la veine du groupe britannique The Shadows. Le groupe se produit ponctuellement dans des surprises Il y a eu un truc fantastique. Le groupe parties emblématiques de la culture yéyé où les jeunes se le plus connu à l’époque, c’était Triangle et dans réunissent dans le garage des parents autour d’électroce groupe, le batteur Jean-Pierre Prévotat phones portatifs - le Teppaz - pour écouter de la musique ressemblait comme deux gouttes d’eau à notre batteur, et danser. Jean-Claude Deyzac. Quand nous on est passé, le public a cru que c’était le batteur de Triangle qui jouait avec nous. Ça a duré pendant un moment et pendant l’heure qui a suivi, ça a été la célébrité fabuleuse. Nous, on l’a pris à la rigolade et on a joué le jeu. Ces jeunes musiciens se réunissent à Brivela-Gaillarde, dans le garage de la maison des parents du batteur, Jean-Louis Pesme, pour répéter. Ce dernier joue sur une vieille batterie des années 1930 achetée d’occasion, et dont on devait chauffer les peaux des toms sur Serge Pendaries le poêle pour les tendre. Serge Pendariès et Dominique Hyllaire, les deux guitaristes, jouent sur des guitares électriques de la marque néerlandaise Egmond, des instruments bon marché de basse facture avec une lutherie déplorable rendant l’instrument plus difficile à jouer. Sans autres ressources financières, ils fabriquent de petits amplificateurs à partir de postes de radio TSF avec l’aide de ces nombreux réparateurs d’appareils électriques et électroniques installés à Brive. Page de droite : Affiche de promotion du groupe « The Group’ Five ». Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Photo Jacques Helgy. Fonds Serge Pendaries. 12 En 1967, alors qu’ils sont au lycée Cabanis, ils forment The Group’ Five, composé de Dominique Hyllaire à la basse, Jean-Claude Floiras dit « Foxy » au chant, Serge Pendariès à la guitare, Jean-Claude Deyzac qui sera remplacé à la batterie par Jean-Pierre Fouilloux lorsqu’il part faire son service militaire. La présence d’une section vocale leur permet désormais de suivre leurs influences autour de la vague du blues-rock anglais et américain popularisé par le guitariste Eric Clapton. Le groupe reprend alors des morceaux comme ceux des Pretty Things, John Mayall, The Cream, Ten Years After ou encore Canned Heat. Serge Pendariès explique aujourd’hui qu’à cette époque, les groupes se positionnent essentiellement sur des reprises de succès musicaux, dans la tradition des orchestres de bals. Serge Pendariès, guitariste dans The Group’ Five 13 1 – Photographie de promotion du groupe « The Group’ Five ». Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. 2 – Serge Pendaries et sa guitare en novembre 1969 au Cardinal à Brive. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. 3 – En route pour Paris, au Golf Drouot en mai 1970. Jean-Claude Floiras dit « Foxy ». Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. 1 3 6 14 2 4 5 7 4 – Le groupe « The Group‘ Five » sur scène à l’Olympia de Tarbes, tournée Sud Radio en août 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. 5 – Jean-Claude Floiras dit « Foxy » et Dominique Hyllaire lors d’un concert de « The Group’ Five » en novembre 1969 au Cardinal à Brive. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. À cette époque, c’était les répercutions de Woodstock ou de l’île de Wight. […] Il y en a un qu’on a fait qui était assez impressionnant, c’était à Nedde dans la Haute-Vienne. […] Dans ce festival, il y a eu les meilleurs groupes français comme Les Variations, Ange, Martin Circus, Triangle... Ils étaient tous là. Et nous ! L’anecdote, c’est qu’il y en avait tellement de groupes, ça faisait un budget assez important quand même. […] J’avais un peu le sens du business parce que j’étais allé voir l’organisateur avant de jouer en lui disant Tu peux pas me payer, là ? Parce que nous après, on va pas rester longtemps. Je pense qu’on a été un des rares groupes à avoir été payé. J’avais senti venir le truc donc j’avais pris les sous. Après, ce qui s’est passé quand les groupes ont voulu se faire payer, c’est qu’il n’y avait pas l’argent sur le compte pour les régler. 6 – Le batteur de « The Group’ Five » en novembre 1969 au Cardinal à Brive. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Serge Pendaries. 7 – Photographie du groupe « The Group’ Five » dans leur local de répétition en février 1969. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Photo Martinez. Fonds Serge Pendaries. Mai 68, un vent de liberté et d’émancipation souffle en Corrèze. Les dancings, nombreux à Brive, se reconvertissent progressivement en boîtes de nuit laissant de plus en plus la place à une musique rock, afin de répondre à une nouvelle clientèle composée d’un public jeune. Le Cardinal rebaptisé La Locomotive, La Charrette, le Sam Palladium, le Verdanson programment peu à peu, les samedis soirs, dimanches après-midi et soir, des groupes et artistes de renommée nationale ou internationale comme Vigon (rythm’n’blues), les Aphrodite’s Child (rock progressif), John Lee Hooker (blues) ou Vince Taylor (rock’n’roll). The Group’ Five accompagnent sur scène des artistes tel que Vince Taylor resté quelques semaines de plus en Corrèze. Les musiques actuelles trouvent dès lors un peu plus leur place dans le département, aux côtés du folklore et du bal traditionnel. En cette toute fin de décennie 1960, The Group’Five commence à envisager les choses de plus en plus sérieusement. Après leur bac, les membres du groupe entament des études supérieures. Ils sont en médecine, en « kiné », en commerce, mais ils se consacrent essentiellement à la musique. Ils échappent pour un temps au service militaire. Leur renommée locale leur permet de se produire en Corrèze, en Haute-Vienne mais aussi en Dordogne et dans le Lot. En 1970, ils sont sélectionnés sur cassette démo de deux de leurs compositions pour le « sacro-saint » Tremplin du Golf Drouot, qu’ils remportent. Il gagnent alors l’enregistrement d’un 45 tours en studio ainsi qu’une tournée sur les podiums de Sud Radio. Ce succès leur permet d’assurer plusieurs concerts en première partie d’artistes de variétés populaires tels que Stone et Charden. Le groupe se sépare en 1974, avec leur entrée dans la vie professionnelle. Serge Pendariès, pour sa part, se tourne quelques années plus tard vers le jazz. Sa passion pour la musique ne l’a jamais quitté. Il est toujours guitariste dans le groupe de jazz Les Aristofan New Sextet créé en 1982 à Brive-la-Gaillarde. Dans ses souvenirs, Serge Pendariès évoque le passage de The Group’ Five au festival de Nedde en Haute-Vienne qui s’est déroulé en à la toute fin des années 1960. Serge Pendariès, guitariste dans The Group’ Five 15 L’ère de l’électrification 1 L’électricité et l’amplification sonore électronique sont utilisées comme des éléments majeurs des créations des musiques dites « amplifiées ». C’est à l’aube des années 1930 qu’apparaissent les premières guitares électriques sur le marché américain. Au cours des années 1950, les premières guitares Solid Body sont commercialisées. À l’inverse de leurs homologues acoustiques, elles possèdent un corps plein qui ne résonne plus sans l’aide de l’amplification. Les marques Fender avec ses modèles Telecaster et Stratocaster, Gibson avec sa guitare Les Paul s’emparent du marché. Les basses électriques commercialisées à la même période sont également adoptées par les musiciens de rock. C’est comme ça que j’ai rencontré Grasset alias Verto. Lui, il était maboule de King Crimson et alors c’est lui qui m’a appris à faire des échos avec les magnétos. Moi, à ce moment-là, je m’étais payé un Sony à la CAMIF parce que mon père, il était dans l’enseignement. Avec ce Sony, les vitesses intéressantes, c’était 19 et 7,5. Il fallait des input en inch. Avec ça, tu arrivais à faire ton montage. […] Avec Verto, on s’est retrouvés à jouer plusieurs fois ensemble. Un jour, on a mis deux magnétophones Revox à 3-4 mètres l’un de l’autre avec une loop. Je crois que c’était dans un festival à Capedenac qu’on avait fait ça. On avait fait un concert assez étrange. [...] C’était un truc lunaire. Ça avait vachement frappé les gens. Ça enrobait vachement les chansons et surtout c’était soft et planant. Et même à la fin du concert, tu quittes la scène, il y a tout qui tourne encore parce que des loop de 10 minutes, c’est mortel aussi. Pour te dire comment on se démerdait à l’époque. 2 Jean-Luc Roudière 1 – Photographie de Patrick Perrot du groupe « Sylvie Flash Gang » et sa basse Fender. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Lacombe. 2 – Jacques Pineau à la technique son pour le groupe de Limoges « Ex Vitae » (années 1970). Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc-Antoine Millon. 3 – Le groupe « Decibel PIM » en répétition à Saint Clément en 1979. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais. 16 3 Jacques Lars et sa guitare électrique Fender Stratocaster lors d’une répétition du groupe de Limoges « Ex Vitae » (années 1970). Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais. Les innovations techniques et sonores 17 Les possibilités permises par ce matériel sont immédiatement détournées. Il n’est plus seulement question de jouer plus fort mais aussi d’exploiter les nouvelles palettes de sonorités offertes par l’électrification. En effet, ces nouveaux instruments et amplificateurs, lorsqu’ils sont poussés au maximum de leurs capacités, produisent un son tranchant et distordu. Dans le courant des années 1960, l’exploration du timbre et de ses modifications se développe avec l’invention d’effets sonores comme les reverb, les chambres d’écho qui reproduisent les acoustiques de cathédrales. Les pédales d’effet wah-wah et fuzz déforment encore plus profondément les sonorités. 1 – Studio de Jean-Luc Roudière et Bertin Meynard. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 2 – Photographie de Jacques Lars et Jean-Loup Marlaud en expérimentation, groupe de Limoges « Ex Vitae ». Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc-Antoine Millon. 3 – Jacques Lars, Jean-Loup Marlaud et Jean-Michel Philippe du groupe de Limoges « Ex Vitae », en expérimentation. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc-Antoine Millon. En Corrèze, au début des années 1970, acquérir les instruments requis pour la pratique des musiques amplifiées n’est pas aisé et les jeunes musiciens n’ont souvent pas les moyens de s’acheter un matériel conçu dans ce but. Leur guitare ou basse de rêve Gibson ou Fender coûtent, à elles seules, plusieurs mois de salaire, et pas ou peu de boutiques en proposent dans le département. 4 – Bertin Meynard au son et Lilou à la lumière sur un concert de Jean-Luc Roudière. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. Pour Serge Pendaries, guitariste dans le groupe briviste The Group’ Five, l’achat d’un matériel de marque Fender ou Gibson paraît impensable tant le prix en est élevé. Il se fait offrir par ses parents une guitare électrique de la marque néerlandaise Egmond. C’est une guitare électrique bon marché mais de mauvaise facture qui ne facilite pas l’apprentissage tant les cordes sont éloignées du manche. 1 2 3 18 4 1 1 – Technique lors d’un concert du groupe « Molybdène » à Marcillac-la-Croisille en juillet 1981. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais. 2 – Magazine d’électronique Le Haut Parleur n°1252 du 19 mars 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Des Lendemains Qui Chantent. 2 Pour le matériel c’était surtout les réseaux. Jean-Luc Roudière expérimentait des magnétophones à bande pour fabriquer des Delays. Je m’étais bricolé plein de pédales d’effets. Il fallait aussi réaliser la sono de A à Z, on savait comment ça fonctionnait à la fin. Il n’y avait pas le choix. Mes potards de wah-wah cassaient, donc il fallait en trouver en pièces détachées. […] J’allais à Brive pour les trouver mais ces potards n’avaient pas la force mécanique pour être montés sur un coulissant.[…] Je m’étais fait un rack avec 3 pédales wah-wah et je cherchais des fréquences et déclenchais les événements comme ça.... C’était très Zappa comme influence. Course à l’équipement et système D La plupart des apprentis musiciens rivalisent d’inventivité pour s’équiper d’instruments adéquats. Des batteurs comme Michel Lacombe (groupes Océanique et Sylvie Flash Gang) ou Marc Fanthou (groupe DékapFour formé à Tulle en 1977) se fabriquent eux-mêmes une batterie de fortune à partir de cartons, bidons, rivets ou boîtes de conserves. Des guitaristes ou bassistes comme Dominique Bénété (bassiste du groupe Rocorico formé à Brive-la-Gaillarde en 1981) ou Franck Magnaux (guitariste du groupe Phoenix formé à Tulle en 1973) placent un micro au niveau de la rosace de leur guitare acoustique afin de se rapprocher des sonorités de guitares électriques. Ils se servent aussi des objets présents Pierre Fleygnac dans les foyers à cette époque comme des TSF ou des électrophones. En modifiant ces appareils, ils arrivent à y brancher leurs instruments et obtiennent de petits amplificateurs pour créer un son électrique saturé. Cette pratique caractéristique en dit long sur le décalage entre la passion et les moyens nécessaires pour l’accomplir. Ils finissent par acquérir des instruments électriques de plus ou moins bonne facture, certains s’achètent l’instrument de leur rêve avec leurs premiers salaires. D’autres, déjà plus équipés, vont plus loin dans la quête de nouvelles sonorités et expérimentent de nombreux effets. Jean-Luc Roudière essaie divers procédés techniques à partir de pédales et de racks d’effets complexes, quitte à détourner le matériel de son utilisation première afin de créer des textures sonores originales jouées en concert et enregistrées en studio. Les innovations techniques et sonores 19 Magnétophone à bandes TEAC Tascam – series 32-2B Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Salle Latreille Des murs, un toit, un emplacement en plein centre ville de Tulle… Bref de quoi donner des envies aux organisateurs de concerts. La salle Latreille est un lieu historique de la cité tulliste, cette halle dans laquelle se tenaient cérémonies officielles, soirées festives, ou exposition fit l’objet d’importants travaux en 1978 pour prendre sa forme actuelle sur deux niveaux. Vue intérieur de la salle Latreille, janvier 1956, photographie La Montagne Arch. dép. de la Corrèze, 24FI/112. Fonds La Montagne Magnétophone cassette – Tascam portastudio model n°244 Prêt Pascal Demailly. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. La fine fleur du rock ou de la chanson s’y est produite à l’initiative de différentes organisations. Trois jeunes Tullistes, Roland Teixeira, Guy Grimal et Michel Balbous font partie des premiers à utiliser la salle des fêtes dans ce cadre. Ils constatent que la jeunesse s’ennuie à Tulle et qu’il faut y remédier. Ils passent des paroles aux actes en organisant en janvier 1976 un concert du groupe Catherine Ribeiro + Alpes à la salle Latreille. Le pari est réussi, la salle est pleine à craquer. Dès 1992, l’association Swing Easy y organise plusieurs fois par an des concerts. Des groupes comme Ludwig Von 88, Les Rats, Little Bob ou encore Les Wampas y ont posé leurs instruments. Ne disposant pas d’isolation acoustique, le voisinage fit rapidement connaître son mécontentement. Les concerts de rock ne sont aujourd’hui plus monnaie courante dans ce lieu. Toutefois, la salle accueille de temps à autres la faune rock’n’roll à l’occasion de bourses aux disques durant lesquelles le format vinyle est à l’honneur. Mon copain Vincent Dominguez, le bassiste, il m’avait fabriqué une batterie en carton et alors moi j’avais tellement honte. On répétait au foyer culturel de Brive et il fallait traverser la bibliothèque pour aller dans la salle pour répéter, alors je la lui faisais porter. Michel Lacombe Centre Raoul Dautry Nous sommes à Brive-La-Gaillarde, au cœur de la cité des Chapélies à Courteline. Au milieu des années 1970, la ville ouvre le Centre culturel Raoul Dautry. Des activités y prennent place, on y fait de la photo ou du théâtre, le projet conduit par Christian Minos se déploie petit à petit. Les membres du groupe Océanic habitent ce quartier. C’est là-bas qu’ils débutent la musique. Une salle du centre leur est prêtée en échange de cours de musique à dispenser. Une fête de quartier est organisée par le centre culturel en 1977. Le groupe y fera ses premières armes. Le groupe Océanic en concert au centre Raoul Dautry, 1979 Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. 20 21 Le Café-concert associatif Lost-Angeles à Lostanges Ce lieu est au départ une maison située dans le lieu-dit Le Jaladis dans la petite commune de Lostanges, à 30 kilomètres au sud de Tulle. La bâtisse est achetée dans les années 1980 par Alain et Françoise Raczymow qui décident d’aménager le sous-sol afin d’en faire un café-théâtre-concert associatif. Avec l’aide de Dominique Richard alors intermittent du spectacle, ils effectuent quelques travaux de rénovation, d’aménagement, de décoration et d’installation technique (matériel de sonorisation). 1 1 – Programme du café-concert Lost-Angeles, juin 1987, dessin Marc Démereau. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc Démereau. 22 Le lieu ouvre ses portes en mai 1986. C’est le musicien Marc Démereau, alors instituteur à Lostanges, qui s’occupe de dessiner les programmes et affiches de communication. À la fin de cette même année, après huit mois d’ouverture, le bilan est très positif puisque le lieu associatif a déjà plus de cinquante spectacles à son actif et a su attirer un public nombreux. L’objectif de l’association est dès le départ de décloisonner les différentes disciplines et esthétiques en programmant aussi bien du théâtre, du cinéma que des concerts de jazz comme de rock. Des groupes d’ici tel que Mandarine (Brive), Les Singlar Blou (Egletons), Jean-Luc Roudière (Tulle), Le Trio Jazz Rock de Bernard Entraygues (Brive), Visavis (Tulle), le Trio Hamann, mais aussi le bluesman français Patrick Verbeke s’y sont produit. L’association cesse son activité à la fin des années 1980. Ci-dessous : Programme d’ouverture du café-concert Lost-Angeles, mai 1986, dessin Marc Démereau. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc Démereau. Ci-contre : Programme recto verso du café-concert Lost-Angeles, juillet-août 1987, dessin Marc Démereau. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc Démereau. 23 Chez Didier À l’automne 1978, Didier Lorioux, un musicien corrézien ouvre un café situé dans la rue de Bournazel à Tulle. « Le Flash Bar » mais aussi « Chez Didier », c’est comme ça que les habitués l’ont baptisé. Lieu emblématique, de l’avis des témoins l’ayant fréquenté, il a été l’un des points de rassemblement de « l’activité et de l’énergie rock à Tulle ». Lorsqu’il a ouvert, Didier, le gérant, avait souhaité aménager la vieille écurie qui se situait sous le café afin d’en faire une salle de spectacle. L’importante activité qu’a connu le lieu dès son ouverture ne lui a jamais permis de faire ces travaux. Il est néanmoins considéré par beaucoup comme un haut lieu de sociabilité grâce à l’accueil réservé à ses clients venus de Tulle ou de plus loin. Il ferme ses porte en 1981. Le Lycée Bossuet Affiche du concert du groupe Starship le 5 novembre au lycée Bossuet. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM Fonds Frédérick Jansen. Le lycée catholique, situé à l’ouest de Brive, a connu lui aussi quelques émois rock’n’roll. Le 2 octobre 1975, une soirée est donnée dans la salle de spectacle pour fêter le cent cinquantenaire de l’établissement. Les sketchs et saynètes se succèdent. Aux alentours de 22 h 30, les cinq élèves qui montent sur scène sont les derniers à se produire. Armés d’un enthousiasme non dissimulé et de guitares électriques aux accords aléatoires, le quatuor attaque une reprise de « Jumping Jack Flash » puis de « Brown Sugar » des Rolling Stones. Cacophonie musicale ou défiance envers l’autorité, à la fin du deuxième morceau, M. l’abbé Paul Triadou, supérieur de l’école, fait irruption sur scène pour demander l’arrêt immédiat des hostilités. Face aux vives protestations d’une partie des élèves, l’homme consentira un dernier morceau. Le groupe se lancera alors dans une version longue de « Satisfaction » jusqu’à ce que le corps enseignant finisse par priver les musiciens de l’électricité nécessaire aux instruments amplifiés en abaissant le commutateur électrique de la scène. La fête est vraiment finie quelques secondes plus tard lorsque le batteur réalise qu’il est désormais le seul à produire du son. Le groupe, qui n’avait pas de nom au départ, s’appellera Starship, « le bateau des stars », chacun des musiciens s’identifiant à une star anglo-saxonne du rock. Il eut l’autorisation de reproduire l’expérience, mais en journée cette fois, le mercredi 5 novembre à 16 h dans le nouveau gymnase de l’établissement. Une ultime représentation de cette formation (légèrement modifiée) aura lieu en octobre 1976. Il y a bien eu du rock au lycée Bossuet, qu’on se le dise. 24 Concert du groupe les Fleshtones au Night-club le Blason, organisé par l’association Swing Easy, mai 1991, photographies La Montagne. Arch. dép. de la Corrèze, 23SI/66469 - 23SI/66470 - 23SI/66471 . Fonds La Montagne Le Blason Discothèque haute perchée dans une des artères principales du cœur de Tulle, Le Blason est dans les années 1990 le rendez-vous des fêtards de tout poil. Les musiques électroniques font danser jusqu’au bout de la nuit une clientèle nombreuse. Si les disques de Dépêche Mode font vibrer les murs, le rock en live n’en sera pas pour autant en reste. On retrouve ici Swing Easy, l’association militante, qui programme une ribambelle de concerts. Les New-Yorkais du groupe Fleshtones y donnent un concert mythique le 30 avril 1991, ce même concert sera fêté 20 ans plus tard, le 29 avril 2011 à Des Lendemains Qui Chantent, association de la salle éponyme héritière de Swing Easy. Lieux emblématiques du rock en Corrèze 25 Roland Space Echo re-201 – année de sortie 1974 Prêt Jean-Luc Roudière. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. 1 1 – Centre Culturel et Sportif de Tulle, vue extérieure, réception des travaux, septembre 1966, photographie La Montagne. Arch. dép. de la Corrèze, 10FI/1833/1. Fonds La Montagne 2 – Vue d’ensemble du Centre Culturel et Sportif de Tulle, octobre 1983, photographie La Montagne. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Arch. dép. de la Corrèze, 24FI/206. Fonds La Montagne 3 – Couverture de l’Entonnoir, magazine culturel d’information du Centre Culturel et Sportif de Tulle, mai 1979. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Louis Delage. 2 À l’époque on avait réussi à avoir pignon sur rue, c’est mon cas. Pouvoir être payé par la ville pour foutre le buzz, pour bouger un petit peu toutes ces lignes à commencer par le centre culturel qui était bloqué en fait. On appelait ça le centre culturel mais il ne s’y passait rien. Jean Louis Delage Le Centre Culturel et Sportif de Tulle A l’instar des politiques culturelles nationales, les politiques de la ville intègrent peu à peu la question culturelle dans les débats. C’est ainsi que diverses structures peuvent être créées. Le Centre Culturel et Sportif de Tulle, inauguré en décembre 1966, en est l’illustration. L’équipe municipale et Jean-Louis Delage qui représentait une certaine forme de contre culture en fut salarié dès 1977. Il s’attacha à y organiser des concerts, faciliter le prêt de salle de répétition pour les groupes, créer des liens avec les associations tout en cohabitant avec les activités sportives présentes dans le lieu. Le concert « C’est de la Merde » organisé avec Jean Luc Roudière fut un moment marquant de l’histoire du CCS. On y retrouve Folle Avoine, Allysum, Major Grubert et Ex Vitae sur scène aux côtés de Jean Luc Roudière, Les groupes avait alors investi l’espace public. Korg Stage Echo – model SE-500 – 1978 Prêt Jean-Luc Roudière. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. La Cave à Musique 3 26 C’est au 6 rue d’Alverge que la Cave à Musique ouvre ses portes dans le courant de l’année 1982. La boutique est alors le première à se spécialiser dans la vente d’instruments de musique. Outre la vente le propriétaire, Georges Guyonnet, propose aussi un service de librairie musicale, de réparation d’instruments, de lutherie ainsi que de cours de musique. Dans le rayonnage, aux côtés des violons ou des accordéons, les guitares électriques mais aussi les claviers et synthétiseurs dont la mode se propage dans la décennie 80 font leurs apparitions. Nombre de groupes se fourniront en matériel dans le magasin jusqu’à sa fermeture en 1999. Lieux emblématiques du rock en Corrèze 27 Ci-contre : Charlie Hebdo, mercredi 19 mars 1997, article de soutien contre la fermeture de la MJC d’Ussel, article Oncle Bernard, dessin Tignous. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM Fonds Michel Gazi. La Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) d’Ussel Créée dans les années 1950, la MJC d’Ussel propose dès sa création de nombreuses activités notamment culturelles. Des concerts de variétés y ont lieu aux côtés de quinzaines cinématographiques thématiques. Jean Luc Roudière, Océan et Ex Vitae s’y produisent. La Maison s’intéresse plus particulièrement aux musiques actuelles avec la création de sa radio associative dans le courant de l’année 1983. Une centaine de bénévoles lui font vivre ses belles heures aux côtés de salariés tels que Thierry Salagnac, Philippe Coudert ou Didier Estrade. La diffusion de la musique par la voie des ondes fait germer l’idée de proposer des concerts. Patrick Abrial ou Liz Mc Comb viennent chanter pour le public ussellois. La MJC s’associe ensuite au festival de blues de La Roche Canillac par l’entremise de Jean-Michel Leygonie. C’est à ces occasions que l’équipe salariée de la radio se forme aux techniques du spectacle. Un parc de matériel scénique voit le jour. Novatrice, la MJC accueille dès les années 1990 des groupes en résidence, à une époque où le concept est encore peu répandu. Très présente sur le terrain, notamment à Jazz en Limousin, la MJC assure les régies techniques, fournit du matériel ou encore prodigue des conseils scéniques. Dans ces mêmes années, la MJC permet à de nombreux artistes blues d’envergure internationale de se produire au cours de la saison ou bien lors de l’Ussel Blues Festival. On y retrouve aussi bien Jean-Jacques Milteau que Lucky Peterson. D’autres tels que Raoul Petite ou les locaux de Singlar Blou, Les Éjectés ou Visavis participent au rayonnement de la structure. Mais en 1997, la municipalité annonce la fermeture de la MJC au profit d’une régie municipale. Malgré l’organisation de la contestation avec la création d’un comité de soutien et de manifestation, le sort de la MJC est scellé. L’inévitable fermeture est couverte par des médias nationaux tels que Charlie Hebdo qui viendra réaliser un reportage ou encore l’Humanité. 28 Lieux emblématiques du rock en Corrèze 29 Le barbare Créé en 1978 par Yvan Pessin, Le Barbare est un restaurant-barcafé-concert situé à Argentat. Il s’agit d’un des lieux rock les plus emblématiques en Corrèze. En 16 ans, avec un nombre incalculable de concerts, presque tous les musiciens de la région y ont joué. 1 1 – Affiche du Barbare, 1979. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Yvan Pessin. 2 – Yvan Pessin, le patron devant l’entrée du Barbare, fin des années 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Yvan Pessin. Au départ, Yvan s’oriente d’abord vers un cabaret jazz puis, à la demande d’une partie de sa clientèle jeune, il commence à organiser des concerts de rock, séduit par l’énergie dégagée par cette musique. Il n’hésite pas à parcourir les quatre coins de la Corrèze pour aller afficher les programmes de ses soirées. Rapidement le bouche à oreilles se met en place, le public apprécie l’ambiance du lieu. Le Barbare reçoit de plus en plus de sollicitations de la part de groupes désireux de faire un détour par Argentat où ils savent qu’ils seront généreusement accueillis. Patrick Verbeke, Benoit Blue Boy, les Sheriffs, les Casse-Pieds ne sont que quelques exemples parmi d’autres. En 1986, se déroule le festival de Sexcles (à proximité d’Argentat) avec le gratin de la scène rock alternative française. Le Barbare devient, le temps de l’événement, le lieu d’accueil et de restauration des groupes programmés. Il a été jusqu’en 1994, un des principaux points de relais de la culture rock alternative qui émerge en France à cette même période. 3 – Le groupe de rock alternatif Les Casse-Pieds, années 1990. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Yvan Pessin. 4 – Affiche du Barbare. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Yvan Pessin. Ci-contre : Affiche du Barbare, 1986, Molteau. Arch. dép. Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Yvan Pessin. 2 3 30 4 31 Musiciens et groupes corréziens Figure emblématique, guitariste, auteur compositeur interprète, Jean-Luc Roudière est très actif en Corrèze pendant les décennies 1970 et 1980. Il est sans doute l’un des premiers artistes locaux à utiliser les techniques liées à l’amplification du son au service d’un projet artistique basé sur des musiques et des textes qu’il compose et écrit. Né en 1953 en Ariège, il arrive en Corrèze en 1969. C’est dans une librairie, d’une manière surprenante, qu’il achète sa première guitare acoustique de marque Couesnon en 1968. Il prend quelques cours de musique à Tulle avec Albert Hamann avant de poursuivre en autodidacte. Comme beaucoup, il « repique » à l’oreille les morceaux qu’il écoute sur son Teppaz, tourne-disque facilement transportable avec haut-parleur dans le couvercle. Sa première guitare électrique est une Egmond qu’il gagne dans une fête foraine. Plus tard, il achète une Aria, guitare de qualité intermédiaire fabriquée au Japon. Ci-contre : Jean-Luc Roudière et sa guitare électrique double manche Jacobacci. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. Il monte un premier groupe, très éphémère, qui répète dans une salle du centre culturel de Tulle mise à disposition par M. Trigueros, le directeur de l’époque. Il trouve aussi plusieurs occasions de se produire, seul avec sa guitare, en particulier au sein de fêtes de cellules politiques comme celle du Parti communiste du Pont des Angles. Il y reprend des chansons engagées, dont celles de l’artiste limougeaud Jacques-Émile Deschamps, et rencontre un franc succès parmi le public. Après son bac, il entre à l’École Nationale des Arts Décoratifs à Limoges. Il y côtoie un milieu artistique alternatif sur fond de contestation politique de l’après-mai 68. Tout en suivant ses études, il continue à se passionner pour la musique, l’écriture et le dessin. Ça a été une époque de concert. On répétait Avec des amis, il crée à Tulle l’association Carol Live et après on partait en camion. On faisait les festivals. qui organise des concerts salle Latreille et présente des C’était une grosse démarche quand même. artistes comme Mama Béa Tekielski ou Patrick Abrial. Il fallait piocher les dates, booker les trucs. Tout ça Il commence aussi à écrire et à composer plus sérieusec’était aussi avec le réseau Tartempion. ment. Il s’équipe d’un matériel de sonorisation et crée Finalement c’était assez actif parce qu’il y avait l’association Star Flipper pour gérer la production de toujours des dates à faire. Des fois, on pouvait partir ses propres concerts et enregistrements tout en contipour cinq ou six dates d’affilée. nuant ponctuellement à organiser des concerts à Tulle. Jean-Luc Roudière À ce moment-là, Jean-Luc Roudière s’entoure de musiciens comme Jean-Loup Marlaud au saxophone, Jean-Pierre Grasset dit « Verto » à la guitare. Il se lie aussi d’amitié avec Bertin Meynard qui devient son sonorisateur. Ensemble, ils enregistrent en 1978 le 33 tours Overchoses au studio Tangara à Toulouse qui sort sous le label toulousain Fléau et est édité à 1 000 exemplaires. Dans cet album, il s’inspire du rock progressif et de la folk music. 32 33 1 – Vinyle 45 tours Commando / La dame de cœur de Jean-Luc Roudière. Auto-production Star Flipper. Enregistré en 1982. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 2 – Dossier de promotion de Jean-Luc Roudière Chansons électriques. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 3 – Photographie de promotion de Jean-Luc Roudière. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 1 1 – Vinyle 33 tours Overchoses de Jean-Luc Roudière. Label Fléau. Enregistré au studio Tangara à Toulouse en janvier 1978. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 4 – Jean-Luc Roudière dans son studio d’enregistrement. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 5 – Jean-Luc Roudière sur scène. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 1 Peu après cette sortie, il organise avec l’association Star Flipper le 10 juin 1978 le festival « C’est de la merde » dans la salle omnisports du Centre Culturel et Sportif de Tulle. Cinq groupes de musiques amplifiées s’y produisent. Cet activisme culturel fait de Jean-Luc Roudière l’une des figures les plus populaires en Corrèze dans les esthétiques rock. C’était une manifestation avec plein de groupes et on ne soupçonnait pas en fait ce que ça voulait dire. Tous ces métiers-là, les métiers de régisseurs à la limite, ça existait à la rigueur chez Johnny Hallyday, mais c’était la construction de ces aventures professionnelles, il n’y avait pas de véritable réglementation, il n’y avait pas de formations... On ne soupçonnait pas tout ce que ça impliquait. On se disait qu’il faut louer la salle, il faut avoir une sono, il faut coller des affiches […] Ces trucs-là c’est quand même un peu d’apprentissage. Quand tu as cinq ou six groupes qui déboulent, il faut loger tout le monde, il faut les nourrir. Il faut la billetterie, la SACEM, on ne connaissait pas ces machins-là. C’est rentré assez facilement mais là, on a commencé à comprendre qu’il fallait s’organiser bien plus sérieusement pour être efficaces. En fait, notre souci d’efficacité, c’était essentiellement de ne pas perdre de pognon parce que lorsque tu fais venir des groupes, si tu ne fais pas de recettes, tu étais un peu dans les choux parce que c’était pris dans ta poche. Avec son camion acheté à un groupe de bal, accompagné de Bertin Meynard et de ses musiciens, Jean-Luc Roudière effectue plusieurs tournées en Limousin et au-delà. On le retrouve notamment au festival de Saint-Céré dans le Lot en 1979, à celui de Montluçon en 1981, au festival de la chanson vivante à Estissac (Aube) en 1982, au festival « Plein Champs » à SallesCourbatiès (Aveyron) en 1983, ainsi qu’au Tremplin du Printemps de Bourges où il est sélectionné pour la région Limousin en 1985. À cette occasion, il est accompagné de musiciens corréziens comme Pierre-Henri Traux à la batterie, Jean-Michel Moreau aux percussions, Pascal Demailly à la basse et aux claviers, et Pierre Fleygnac à la guitare. Il réalise tout au long de cette période plusieurs enregistrements avant d’être approché par l’artiste Gérard Manset, l’une de ses références musicales, pour produire un album. Ce projet ayant avorté, l’album Zéro Matinal et le clip de la chanson « Baby Doll » sont finalement produits par la Ville de Tulle et l’association Peuple et Culture en 1987. Parallèlement, il intègre une entreprise de sonorisation à Paris en tant qu’ingénieur du son assistant. C’est le début de sa carrière professionnelle comme technicien son pour de nombreux spectacles, concerts, festivals ou plateaux télévisés pour des artistes de renommée nationale ou internationale. Il est toujours en activité professionnelle. 34 3 4 2 5 Jean-Luc Roudière, chansons électriques 35 Guitare folk – Ovation new hartford conn – model n°1617-4 et étui hardcase personnalisé Prêt Jean-Luc Roudière. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Le rock, mode d’emploi Le problème à l’époque, c’était pour les lieux de répétition parce qu’on n’avait que les mobylettes pour se déplacer. Il n’était pas rare de se retrouver à deux dessus avec l’ampli au milieu et les guitares dans le dos. On répétait chez les Éclaireurs de France. C’était un hangar en partie en préfabriqué. C’était solide et confortable mais il n’y avait pas de chauffage. On s’était fait virer une fois par les voisins du quartier [du Chambon à Laguenne] parce qu’on faisait beaucoup trop de bruit. Marc Kerjouan On arrivait le vendredi soir et on repartait le dimanche soir, on passait tous nos week-ends à bosser avec le Teppaz, à travailler ce qu’on entendait. À l’orée de la décennie 1960, la pratique du rock n’est pas chose facile. Cette nouvelle musique n’est pas encore entrée dans les mœurs, et son apprentissage n’est pas dispensé dans les conservatoires de musique. Il est vrai que ces lieux institutionnels ne correspondent pas à la philosophie du rock. Dans ces conditions, chacun alors se doit d’être plus ou moins autodidacte. Les musiciens d’orchestres de bals qui s’intéressent au rock ont certes des facilités de par leurs pratiques et leurs connaissances musicales préalables. Ils connaissent les notes, souvent l’harmonie. Il ne reste qu’à adapter leur façon de jouer au manche de guitare électrique. Les novices, quant à eux, doivent se montrer pragmatiques et développer leur oreille, c’est-à-dire la capacité à reproduire les mélodies et sons qu’ils entendent. Chacun invente sa propre façon de jouer en s’inspirant des musiques à la mode. Avoir un ami musicien permet la transmission directe de savoirs. On échange alors astuces et conseils, tant en matière de pratique que d’occasions pour acquérir un instrument, trouver un local de répétition, jouer avec d’autres. Marc-Antoine Million Table de mixage Faylon ES 300 – années 1970 – acquisition Des Lendemains Qui Chantent 2014. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Les disques, support d’apprentissage, donnent au disquaire local un rôle de passeur de connaissances. Cette méthode d’acquisition de compétences est largement connue sous le terme de « repiquage », facilité par les systèmes de diffusion portatifs tels que les Teppaz. Les musiciens d’un groupe se retrouvent autour de cet outil dans le local de répétition et travaillent ensemble à l’étude appliquée des morceaux pour les reproduire le plus fidèlement possible. La reprise est souvent une étape incontournable pour acquérir des bases musicales. Ces temps de pratiques forgent des amitiés solides. 1 1 – Première parution de la rubrique « la guitare à dadi » dédiée à l’apprentissage de la guitare dans la revue Rock et Folk, n°65, juin 1972. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Des Lendemains Qui Chantent. 2 36 2 – Le groupe Océanic de Brive en répétition devant leur leur local de répétition, 1978. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. Faire du rock, un parcours de combattants 37 Les répétitions, c’était le samedi. On répétait dans la salle polyvalente à Aubazine jusqu’à 2 heures du matin. Les paysans, ils descendaient à minuit avec la fourche en nous disant d’arrêter mais on arrêtait pas bien sûr. C’était la salle de la municipalité. On avait les clefs. Il n’y avait que nous qui avions les clefs parce qu’il n’y avait jamais rien dedans. Les gens descendaient nous voir le dimanche après-midi. C’était l’attraction pour eux. Répéter La question du local de répétition est une préoccupation fondamentale de la pratique musicale. Il est la base de l’existence sociale du groupe comme entité autonome. C’est l’espace dans lequel se produit du « jeu collectif », pour reprendre une expression du champ sportif, mais aussi un espace de sociabilité. Les musiciens estiment qu’il était assez simple de trouver un lieu de répétition en Corrèze Jean-Pierre Mons malgré le fait que ces derniers étaient la plupart du temps éloignés d’une quelconque norme en termes d’isolation et de confort acoustique. Ils dénichent alors un espace adéquat dans la maison d’un des membres du groupe ou dans une bâtisse inoccupée qu’ils aménagent comme ils peuvent. Certains se tournent vers les pouvoirs publics et obtiennent un lieu (salles polyvalentes, Centres Culturels, Maison des Jeunes et de la Culture,...) dans lequel répéter. 1 – Le public d’un concert du groupe de Tulle Dekap-Four à la salle Latreille (Tulle), fin des années 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Didier Lorioux. 2 – Jean-Paul Peyrat pendant une répétition dans un local mis à disposition par la mairie de Tulle, 1983. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Pierre Fleygnac. 3 – Marc Fanthou, batteur du groupe Dekap-Four, 1978. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc Fanthou. 6 – Le groupe Molybdène dans leur studio de répétition, 1981. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais. 4 – Le groupe de Brive Sylvie Flash Gang en concert, fin des années 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Lacombe. 7 – Concert du groupe de Tulle Dékap-Four au Mille Club (Tulle), 1978. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Didier Lorioux. 5 – Le groupe N’Mators dans leur studio de répétition, 1990. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Pierre Fleygnac. 8 – Concert du groupe de Tulle Wolfgang. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Pascal Demailly. 4 5 6 7 8 1 2 38 3 Faire du rock, un parcours de combattants 39 Studio de répétition historique du groupe Wolfgang, situé rue Anne Vialle à Tulle, retrouvé en l’état en 2014. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM Photographie Sylvestre Nonique-Desvergnes, 2014 1 2 Faire des concerts 1 – Jean Lars du groupe de Limoges Ex Vitae en répétition. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Marc-Antoine Millon. 2 – Studio de répétition du groupe Wolfgang situé rue Anne Vialle à Tulle. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Pascal Demailly. Les contraintes techniques et matérielles, les difficultés à trouver des endroits pour pratiquer font paradoxalement souffler un vent de liberté, c’est pour ces jeunes l’heure de l’émancipation. Créer ses propres morceaux permet de s’affirmer. De même, jouer en concert devant un public, ce qui n’est pas chose évidente pour chacun. Tous n’y prétendent pas, pour certains la musique demeure un plaisir personnel, un loisir passionné. Toutefois, lorsqu’un groupe se produit en public, de nouvelles contraintes apparaissent. Les lieux où jouer ne sont pas légion, le matériel nécessaire pour sonoriser un concert est quasi inexistant sur le territoire. Il faut alors à nouveau se débrouiller, imaginer des salles de concert et fabriquer du matériel. Les premiers locaux sont les salles de répétitions des groupes qui jouent alors principalement devant leurs amis. Les concerts se déroulent souvent dans des lieux détournés de leurs fonctions premières. Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC), réfectoires de Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT), salles polyvalentes communales, café-concert, lycées... en sont sans doute les exemples les plus caractéristiques. Dans les années 1960, les surprises parties sont pour les groupes de rock l’occasion de jouer devant leurs amis tandis que les boîtes de nuit organisent dès les années 1970 des concerts de rock afin d’attirer une clientèle de jeunes. Les festivals qui ont essaimé dès le début des années 1970 participent aussi de cette logique. 40 Faire du rock, un parcours de combattants 41 1 – Gérard Maupertuy chanteur du groupe Dékap-Four à la salle Latreille (Tulle), fin des années 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Didier Lorioux. Le rock, un état d’esprit Le rock, plus qu’une musique, correspond à des valeurs, une manière de voir les choses, de vivre et de penser. Tous se connaissent à l’échelle du département. Ils partagent les mêmes goûts et les mêmes pratiques culturelles. 2 – Pierre Fleygnac, guitariste du groupe Molybdène à la technique son pendant le festival Rock place du Foirail à Tulle, 1981. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Claude Rochais. Héritiers du mouvement de la contre-culture des années 1960, on les appelle « les Hippies », « les Babas ». Dès la fin des années 1970, des groupes de musique tel que le Major Grubert à Tulle revendiquent leur appartenance au mouvement contestataire punk incarné en Angleterre par les Sex Pistols ou The Clash. Ces communautés se retrouvent dans des lieux estampillés rock, tel que le bar « Le Flash Bar » appelé aussi « Chez Didier » tenu par Didier Lorioux. On Quand on a fait de la musique, quand on y échange des informations, on crée des nouvelles rentrait dans l’école toutes les gonzesses elles formations et surtout on passe du temps ensemble. 1 – Didier Lorioux à la batterie. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Didier Lorioux. 2 – Bertin Meynard, sonorisateur de l’artiste de Tulle Jean-Luc Roudière pendant une séance d’enregistrement, début des années 1980. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Luc Roudière. 1 3 – Fiche technique de l’artiste Jean-Luc Roudière, début des années 1980. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Bertin Meynard. 2 criaient « Les voilà, les voilà ! ». C’était de la folie à l’époque, c’était un truc. Elles savaient qu’on jouait dans le groupe et on nous demandait partout. À chaque étude, on amenait les guitares, les pétards, tout y passait. Les codes du rock s’installent peu à peu, qu’ils soient vestimentaires, éthiques, musicaux, le monde se pense désormais autrement. Les interdits attirent aussi cette faune, certains y trouveront Frédérick Jansen un moyen de se construire, de trouver ses limites. Ce monde un peu à part est principalement masculin, pas ou peu de filles sont directement impliquées dans l’aventure musicale. Mais le phénomène des groupies prend des proportions considérables et les groupes locaux n’y échappent pas. 3 Toutefois, une limite, financière cette fois, refroidit nombre de musiciens. Peu réussissent à vivre de cette activité. Ils ne comptent pas leur temps pour autant. Pour vivre, ils travaillent la semaine et font de la musique soir et week-end. Ce rythme éprouvant a finalement raison de beaucoup de volontés. Certains réussissent à concilier passion et métier, et trouvent une place dans les métiers du spectacle qui se structurent avec l’ouverture du régime d’intermittent aux artistes et aux techniciens en 1969. Se structurer Les témoignages recueillis montrent aussi l’importance des phénomènes d’autoproduction chez les musiciens. On note déjà l’existence de tremplins et concours de rock. Ces derniers sont pour les groupes un moyen de se confronter artistiquement à un public, à un jury ou à leurs pairs. C’est aussi l’occasion d’acquérir une plus ample notoriété. En effet, certains ont pu par ce biais se produire au Golf Drouot à Paris ou au Printemps de Bourges, considéré comme une forme d’aboutissement dans une carrière de musicien. Pour se faire connaître, ces groupes de rock doivent se donner eux même les moyens de se structurer. Ils produisent ainsi leurs propres documents de communication, affiches, flyers ou press-book (dossier de présentation du groupe). L’enregistrement en répétition ou en concert d’une « démo » ou d’une « maquette », souvent sur cassette audio, leur permet de diffuser leur musique et de démarcher les lieux qui organisent des concerts. La réalisation d’un vinyle 45 tours ou 33 tours est un aboutissement. Objet « sacré », il est un indicateur que le groupe a atteint l’échelon supérieur en terme de structuration et qu’il entre « dans la cour des grands ». 1 42 2 Faire du rock, un parcours de combattants 43 Musiciens et groupes corréziens Contexte historique En 1974, dans la cité des Chapélies à Brive-la-Gaillarde, une bande d’amis décide de former un groupe, Océanic, avec les frères Lacombe - Daniel au chant, Michel à la batterie -, Michel Propilosky à la guitare et Vincent Dominguez à la basse. C’est sans avoir appris à jouer, sur des instruments de fortune, qu’ils commencent à répéter au centre socioculturel Raoul Dautry tout juste ouvert. La batterie de Michel Lacombe est fabriquée en carton et boîtes de conserves, la guitare de Michel Propilosky est un jouet acheté à la boutique « Aux mille articles » amplifié avec un magnétophone à cassettes. Ils réussissent progressivement à s’équiper d’un matériel convenable et se constituent un répertoire composé principalement de reprises, des Rolling Stones aux Beatles. On s’était fait prêter un bus et on était content, on frimait. C’est des rêves de gamins. […] Pour moi, ça reste des très bons souvenirs quand on avait ce bus et qu’on faisait des concerts parce qu’on l’a eu quelques temps, ce bus. C’est des grands moments de rigolade. Un fois, on voulait faire notre entrée sur scène, on voulait faire comme Peter Gabriel. […] On voulait mettre le paquet donc on voulait rentrer dans le noir et puis quand ça s’allume, on est prêt. Le problème, c’est qu’on n’y voyait rien. Michel Rivassou, le problème qu’il a eu, c’est qu’il s’est pris les pieds dans les fils et l’ampli est tombé alors il a mis la tête devant pour protéger l’ampli pour pas qu’il tombe. Il s’était ouvert partout. Lorsque les projecteurs se sont allumés, il était dégoulinant de sang partout. C’était très réussi ! Le groupe se structure pour se produire en concert. Thierry Chassary s’occupe de trouver des dates, ils créent eux-mêmes leurs affiches, louent un camion pour transporter le matériel. Ils jouent dans des salles des fêtes, sur des charrettes ou dans des granges en se présentant comme un orchestre de bal afin d’obtenir plus de dates. Ils sont programmés à Terrasson en première partie de Little Bob Story. En 1978, Patrick Perrot remplace à la basse Vincent Dominguez qui part rejoindre le groupe Rouge à Lèvres formé à Aubazine. Fabrice Raymond devient le manager du nouveau groupe formé sous le nom de Sylvie Flash Gang. Le 13 avril 1979, ils jouent au cinéma le « Roc » à Terrasson. Le concert est un succès. Le 1er juin 1979, Sylvie Flash Gang est sélectionné pour le Tremplin Michel Lacombe du Golf Drouot où ils remportent le premier prix. Un article leur est dédié dans le journal spécialisé Best. De retour en Corrèze, un concert est organisé le 15 juin 1979 dans l’immeuble consulaire de Brive avec plusieurs centaines de spectateurs. La soirée se termine par des débordements : glaces brisées, lavabos arrachés, moquettes brûlées. Le rock sera désormais interdit de cité dans ce lieu. Page de droite : Couverture du contrat technique du groupe Sylvie Flash Gang. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Lacombe. 44 Le Sylvie Flash Gang tourne beaucoup dans la région, avec des séries de concerts dans des boîtes de nuit ou des festivals, à Figeac, Périgueux, Turenne, Beynat, Concots, Limoges, Toulouse. Se consacrant totalement au projet, ils imaginent déjà une percée. Leur style évolue avec des compositions s’inspirant de la scène de rock français, dans la vague de groupes comme Téléphone, Starshooter, Marquis de Sade, Ganafoul... Le 28 septembre 1979, ils remportent à nouveau le Tremplin du Golf Drouot. En 1980, le groupe s’installe à Nantes, territoire qu’ils espèrent plus propice au développement de leur talent. Ils donnent un dernier concert à Beynat. À Nantes, le groupe connaît de nombreux déboires. Il est fragilisé par les tensions qui s’accumulent. La dynamique recherchée n’est en fait pas atteinte et ils ne se produisent que rarement. Le groupe se sépare ensuite de Patrick Perrot le bassiste, et part s’installer à Toulouse. De retour en Corrèze, le groupe se sépare finalement en 1981. Pour certains, c’est la fin d’une aventure. Par la suite, Daniel Lacombe rejoint les compères de Rouges à Lèvres. Ce groupe, formé de Henri Champy à la guitare, Bruno Audubert à la batterie et Vincent Dominguez à la basse, compose énormément de morceaux mais ne tourne que très peu jusqu’à sa séparation en 1984. Daniel Lacombe et Henri Champy n’abandonnent pas. Ils continuent à travailler ensemble et donnent naissance en 1984 à Lö, groupe de rock dont les titres sont chantés en français dans le style New Wave. Avec 1 leurs maquettes en poche, des enregistrements studios qu’ils ont réalisés eux-mêmes, ils démarchent les maisons de disques. Ils sont rapidement remarqués par un éditeur qui leur fait rencontrer Philippe Lerichomme, producteur artistique de la maison de disque Polygram dans laquelle le groupe signe. Ils enregistrent deux 45 tours en 1986 et 1987 sans rencontrer le succès escompté. Après plusieurs mois à écumer Lorsque le groupe s’est arrêté, on n’avait rien. les studios de la maison de disques, Daniel Lacombe et Michel Rivassou et Fred Jansen avaient leur métier Henri Champy décident de quitter l’aventure Polygram mais nous rien, le désert. Après, il faut savoir en 1987. ce qu’on fait et c’est tard, à 24 balais « Qu’est-ce que je fais ? ». Moi, en tant que batteur, j’étais un peu Pour Michel Propilosky et Michel Lacombe, perdu. Je m’étais un peu laissé porté par tout ça, sans l’expérience du Sylvie Flash Gang reste une période heutrop réfléchir. Moi, j’étais bien là dedans, j’aimais reuse. Aujourd’hui, la musique continue à faire partie de bien la vie qu’on menait. [...] Donc c’est la réalité qui leur quotidien : l’un est toujours musicien, intermittent nous tombe dessus comme ça, d’un seul coup. du spectacle, l’autre est professeur de batterie dans une Bon, en fait, on n’avait rien à perdre, on n’avait pas de métier donc on n’a pas perdu grand chose. Michel Lacombe 1 – Affiche de concert du groupe Océanic, fin des années 1970. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. 2 – Océanic sur scène à la fête du quartier des Chapélies, Brive, 1977. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. Page de droite : Affiche de concert du groupe Sylvie Flash Gang. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. 2 46 Portrait du groupe Océanic, quartier des Chapélies, Brive, 1978. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Michel Propilosky. Le groupe Sylvie Flash Gang, d’Océanic à Lö 47 Guitare électrique Fender Telecaster américaine modifiée artisanalement et incomplète. Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. « Trois jours de paix et de musique » Du 15 août au 18 août 1969, le festival de Woodstock secoue les États-Unis. Près de 500 000 spectateurs se réunissent pour « trois jours de paix et de musique ». Une trentaine de groupes de rock, folk, soul ou blues les plus en vue de la scène internationale se succèdent sur scène : The Who, Jimi Hendrix, Crosby, Stills, Nash & Young, Canned Heat, Janis Joplin, Johnny Winter, Jefferson Airplane, ou encore Joe Cocker. On était des fous d’affichage. […] On collait des affiches sur les trottoirs par terre. C’était des affichages terribles. C’était vers le 8-9 juin et ça correspondait au moment de la commémoration des pendus de Tulle. Bien sûr je crois qu’il y avait un drapeau bleu blanc rouge, parce qu’ils étaient tous plantés partout dans Tulle. Il y avait toujours une affiche à côté «C’est de la merde». La pub avait été extrêmement bien faite. Donc on a été obligé d’aller enlever nos affiches. Bertin Meynard à propos du festival « C’est de la merde ». Amplificateur Fender Tremolux et cabinet Fender Tremolux 35 watts. Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Les festivals comme ceux de Newport (1954) et Monterey (1967) aux États-Unis ou celui de l’île de Wight (1968) en Angleterre l’avaient toutefois précédé en lançant l’ère des grands rassemblements autour de cette musique. Woodstock est néanmoins le plus emblématique dans l’histoire de la pop music et du mouvement hippie. Cette contre-culture développée par les enfants du baby-boom prône de nouvelles valeurs libertaires et rejette les valeurs traditionnelles, le mode de vie des aînés et le développement de la société de consommation, sur fond de contestation politique de la guerre du Vietnam. De nombreux échos en Corrèze Les retombées de ces festivals sont rapidement visibles dès le début des années 1970 en France. La multiplication des innovations techniques de systèmes d’amplification et de sonorisation puissants permet désormais la diffusion « live » auprès d’un public de plusieurs milliers de personnes. La Corrèze et ses alentours n’échappent pas à ce phénomène. À Nedde, petite commune du département de la Haute-Vienne à la frontière de la Corrèze et de la Creuse, un enfant du pays organise au début de cette décennie un festival devant la boîte de nuit qu’il gère, l’Arizona. Il réussit le pari de réunir les principaux groupes français de la scène rock : Triangle, Les Variations, Zoo ou encore Ange, mais aussi des vedettes locales comme le groupe de Brive The Group’ Five. Le festival sera néanmoins un gouffre financier important pour son organisateur. Il n’y a pas de seconde édition. Le 10 juin 1978, Jean-Luc Roudière et Bertin Meynard pour l’association Star Flipper organisent le festival « C’est de la merde » au Centre culturel et sportif de Tulle où se produisent cinq groupes du Limousin et un groupe de Bordeaux. C’est un succès. 48 Du festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze 49 Calendrier 1989 du festival de Domps, vendu pour soutenir le festival. Photographie du panneau signalétique du Boulevard du Rock situé à Domps et inauguré le 27 mai 1988. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Photo Yves Lapeyre. Fonds Nadine Roux. Affiche du Festival de Domps, 1re édition du 10 juin 1982. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Nadine Roux. Affiche du Festival de Domps, 2e édition, 4 juin 1983. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Nadine Roux. Dans le Lot, à Saint-Céré, entre 1979 et 1982, le festival autogéré des « Césarines Pleine Lune » est organisé par l’association « Du délire et rien d’autre » composée de hippies venus s’installer dans la région. Le festival accueille des artistes de styles différents comme Bill Deraime, Bracos Band, Potemkine mais aussi des groupes locaux comme Jean-Luc Roudière ou Alyssum. Lors de l’édition 1982, 10 000 spectateurs déferlent en trois jours. À Tulle, devant l’absence de lieux de concert, des musiciens amateurs de rock décident d’organiser une soirée sur la place du Foirail. Ce petit festival a lieu deux années de suite, le 27 juin 1981 et le 26 juin 1982. Page de droite : Affiche du festival du Foirail, place du Foirail à Tulle. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Nadine Roux. 50 Serge Vachet en imagine une réplique chez lui à Domps, village de 180 habitants en Haute-Vienne. Avec l’aide des membres du foyer des jeunes, le festival se tient dès 1982 et réunit 300 spectateurs. Fort de son succès, il passe, en quelques années, d’un budget de 3 000 francs à un budget de 141 000 francs en 1987. En 1988, le conseil municipal prend la mesure de l’événement et décide de baptiser la rue principale le « Boulevard du rock » inauguré le 27 mai. 51 Ce festival de Sexcles a été annoncé à l’échelon national sur Rock&Folk et tout. Seulement, le problème, c’est que les gens qui ont organisé ce festival avaient annoncé qu’il y aurait une navette qui partirait gratuitement de Brive à Sexcles. Donc tous les punks de France et de Navarre sont arrivés en train à Brive, or il n’y avait pas de navettes. Et là, le début de l’histoire a commencé, c’est à dire que tous ces punks se sont retrouvés dans les rues. Pas loin de 1 000 quand même, pour une ville comme Brive. Quand tu vois arriver 1000 crêtes, ça surprend, surtout à l’époque. On est en 86. Ils se sont pas démontés les mecs, ils ont monopolisé tous les taxis et ils sont montés à Sexcles et une fois là-haut, ils ont dit aux taxis qu’il fallait qu’ils envoient la note aux organisateurs, chose qui a été faite. Thierry Gourdal Page de gauche : Affiche du Festival de Domps, 4e édition du 8 et 9 juin 1985. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Nadine Roux. Un festival de rock alternatif à Sexcles Les 8, 9 et 10 août 1986, le festival « Rock et Baroque » de Sexcles bouscule le paysage corrézien. Manu Layotte, un musicien originaire d’Argentat, membre du groupe Les Casse-pieds, habitué des concerts dans le métro parisien, est l’un des organisateurs. Démesuré, le festival réunit quelques-uns des grands noms de la scène du rock alternatif français : Parabellum, Les Garçons Bouchers, O.T.H., La Souris Déglinguée ou encore les Hot Pants. Avec un budget de 720 000 francs, 60 kilowatts de son, 400 kW d’éclairage, 275 salariés techniciens et artistes, le site a une capacité de plusieurs milliers de personnes et la scène principale est une grosse infrastructure. Environ 5 000 spectateurs venus de toute la France y participent. Il n’y eut qu’une seule édition du festival, le montage financier n’étant pas viable. 1 – Couverture et 4e de couverture d’un livret de présentation de la 6ème édition du festival de Domps du 6 et 7 juin 1987, contenant la nouvelle « La ballade de Martial Bidou ». Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Nadine Roux. 2 – Didier Blanleuil du groupe 2e round sur la scène du festival de Domps pour sa deuxième édition de 1983. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Pierre Fleygnac. Affiche du Festival de Domps, 4ème édition du 8 et 9 juin 1985 Arch. Dép. Corrèze, cote. Fonds Nadine Roux. 1 52 2 Du festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze 53 1 2 Page de gauche : Affiche du Festival de Sexcles du 8 et 9 aout 1986. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Marie Arnon. D’autres événements sont organisés dans les années 1970-1980, le plus souvent par des équipes militantes bénévoles. Dans un contexte peu structuré, sans soutien significatif des pouvoirs publics, avec peu de normes de sécurité et des montages financiers fragiles, l’organisation reste souple et tient de l’improvisation et de la « débrouille ». 1 et 2 – Couverture et page 13 du livret de présentation de la 14e édition du festival de printemps de Davignac, 1988. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Ghislain Hénaff. Ces concerts constituent néanmoins des expériences initiatiques, aussi bien pour les musiciens qui se produisent ainsi devant plus de spectateurs, que pour le public qui s’identifie à ce mouvement et se sent appartenir à une « culture rock ». En Limousin, les festivals de rock tiennent une place de plus en plus importante aux côtés des musiques traditionnelles, comme en témoigne le festival de Rouffiat à Davignac en Corrèze. Créé en 1977, ce festival est d’abord consacré au folklore avant d’ouvrir ses portes au rock en y intégrant une soirée dédiée à partir de 1987. 54 Du festival de Woodstock à celui de Sexcles en Corrèze 55 Musiciens et groupes corréziens Parc de microphones historiques de la Fédération des Associations Laiques de la Corrèze (FAL19). Prêt FAL. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Sticker autocollant Visavis. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Francis Lachaud. En 1968, Philippe Mauget, Pierre-Henri Traux et Francis Lachaud sont dans la même école maternelle de Tulle. C’est au lycée Edmond Perrier, en 1983, qu’ils décident de faire de la musique ensemble, Francis à la guitare, Pierre-Henri à la batterie et Philippe comme chanteur. Régis Bouyge les rejoint la même année tandis que Pierre Beyssac intègre le groupe à la basse en 1984. Visavis tire son nom de la chanson « Marseilles » du groupe de hard rock australien Angel City, l’une de leurs références musicales. Dès le départ, la possibilité de répéter dans de bonnes conditions leur est donnée par le père de Pierre-Henri, intendant au lycée Edmond Perrier. Ce dernier met à leur disposition un local dans un ancien dortoir d’internat. Le groupe commence à répéter et se constitue un répertoire de reprises de The Police, AC/DC ou encore Rory Gallagher, avant de donner son premier concert à la fête du lycée en juin 1983. Il y avait beaucoup de rivalités entre les groupes. Je retiens ça, moi. Je me souviens que je parlais avec un musicien de Phase Pattern, un groupe de musique synthétique de Limoges en attendant les résultats du jury [de sélection pour le festival du Printemps de Bourges en 1991]. On parlait lorsqu’on a entendu que le gagnant était Visavis. J’ai une joie intérieure mais je continue ma phrase. Le musicien me dit qu’il est content pour moi et puis là, on voit Pierre-Henri, le batteur du groupe, qui arrive en disant : «Comment on vous l’a mis !» Il y avait de grosses rivalités et on avait nos ennemis, c’était le groupe Hors Série à l’époque. […] On avait la haine, tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un groupe, on avait la haine. C’était très marqué, le territoire, à l’époque. Francis Lachaud Par la suite, leur répertoire s’étoffe de compositions personnelles dans un style hard rock chanté en anglais. Leur rigueur et leurs efforts de structuration sont rapidement payants. Le groupe bénéficie du soutien de leur entourage. Ils aménagent à Saint-Jal une maison louée exprès par la mère de Francis Lachaud. Ils jouent en première partie du guitariste Paul Personne en 1985 au centre culturel et sportif de Tulle. La même année, ils produisent à Saint-Jal leur première maquette avec l’aide de Jean-Luc Roudière qui les enregistre avec un magnétophone à bande 4 pistes. En juin 1986, ils rencontrent un franc succès au festival de Domps en Haute-Vienne. Le public apprécie leur énergie, leur cohésion et la qualité de leurs compositions. Néanmoins, les départs successifs de Régis Bouyge et Pierre Beyssac (guitare et basse) entraînent un ralentissement des projets pendant un an et demi. Visavis, « I Wanna Dance » 57 Page de gauche : Le guitariste de Visavis Francis Lachaud, dans le local de répétition historique du groupe, Seilhac, 2014. Photographie Sylvestre Nonique-Desvergnes, 2014 Dessin de fanzine réalisé pour le groupe Visavis. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Francis Lachaud. Entre 1985 et 1988, le groupe entre plusieurs fois en studio. À Clermont-Ferrrand, ils enregistrent le titre « Cheers in love » qui sera diffusé plusieurs fois sur des radios nationales, notamment dans l’émission « Tango Wango » de Francis Zegut sur RTL. En 1988, Max Mauget, le père de Philippe, finance sous forme d’avance de production l’enregistrement du 45 tours « I wanna dance » qui sort au début de l’année en auto-production. Le vinyle trouve le succès tant espéré auprès du public local et donne à Visavis une dimension plus large. En effet, il leur permet de participer au Tremplin pour Tokyo, un tremplin rock national diffusé dans l’émission de télévision « Décibels » sur FR3. Ils parviennent en finale à La Locomotive à Paris le 22 septembre 1988, sans la remporter. C’est une déception, d’autant plus que Pierre-Henri (batterie) doit lui aussi partir à l’armée dans les jours qui suivent. Démoralisé, le groupe décide de patienter un an puis se remet au travail à la fin de l’année 1989. En parallèle, en 1988, les statuts de l’association Déclics sont déposés. Elle a pour but d’aider le groupe dans sa structuration et la production de ses concerts. Visavis installe ses quartiers généraux à Seilhac chez la grand-mère de Francis Lachaud, d’abord dans une grange en 1988, puis dans le garage de la maison en 1990 suite à des problèmes d’infiltration d’eau dans la toiture de la grange. Lorsque le groupe est sélectionné pour représenter le Limousin pour le Tremplin des découvertes du Printemps de Bourges de 1991, après sept années de travail, il possède déjà une expérience considérable de la scène, ayant assuré des concerts et des festivals partout en France. Le Printemps de Bourges est un passage obligé pour rencontrer le succès national. Ils ne remportent pas ce Tremplin mais réalisent néanmoins une belle prestation sous les yeux du public et des producteurs à la recherche de nouveaux talents. Pochette du 45 tours I Wanna Dance autoproduit par le groupe Visavis, Déclics productions, 1988. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Francis Lachaud. 58 Visavis, « I Wanna Dance » 59 Quelques mois plus tard, Philippe Mauget, leur chanteur charismatique, est atteint d’une grave maladie qui l’emportera six mois après. Terrassé, le groupe trouve tout de même la force de continuer à jouer, sans chanteur d’abord. À la suite de quelques essais infructueux, Régis Bouyge, le guitariste, est finalement désigné pour assurer le chant. 1 et 2 – Série de dessins réalisé pour la promotion du groupe Visavis. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Francis Lachaud. 3 – Jaquette J-card de la cassette audio démo du groupe Visavis, Déclics production, 1990. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Francis Lachaud. Clavier bandoulière Korg remote Keyboard RK-100 – commercialisé à partir de 1984. Prêt Pascal Demailly. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Les membres de Visavis ne se sont jamais vraiment séparés. Si le groupe musical est resté quelques années en sommeil, ils n’ont cependant jamais arrêté de jouer ensemble tout en suivant leurs propres projets. En 2013, la formation historique de Visavis composée de Francis Lachaud (guitare), Régis Bouyge (guitare-chant), Pierre-Henri Traux (batterie) et Pierre Beyssac (basse) décide de se reformer et travaille sur un nouveau répertoire de compositions personnelles. Ils se produisent le 13 juillet 2014 à Pandrignes à la grande joie de leur public fidèle. 1 3 2 60 Batterie Capelle qui a équipé le studio de répétition des 13 Vents ouvert à Tulle en 1994 (aujourd’hui hors service). Des Lendemains Qui Chantent. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Visavis, « I Wanna Dance » 61 Jusqu’en 77 […], les collectivités locales ne faisaient sans doute pas grand chose, au moins dans des petites villes. Le rôle donné à la culture, c’était de superviser la bibliothèque, les archives, s’occuper d’une école de musique... S’intéresser au spectacle vivant, ça n’existait pas vraiment. Pierre Diederichs Lors de la création du ministère des Affaires culturelles par André Malraux en 1959, le rock et autres « musiques actuelles » ne font pas partie de ses priorités. Il faut attendre le ministère de Jack Lang pour que les pratiques amateurs soient reconnues, en particulier dans le décret du 10 mai 1982 qui mentionne la « capacité d’inventer et de créer, d’exprimer librement [ses] talents et de recevoir la formation artistique de [son] choix ». Dans le cadre d’une volonté politique de décentralisation culturelle, après les « maisons de la culture » à vocation pluridisciplinaire inaugurées au début des années 1960, les Centres d’Action Culturelle (CAC), d’envergure plus modeste, apparaissent à partir de 1967 et se développent sur le territoire à partir de 1969. Les villes corréziennes se dotent également de ces équipements, que ce soit un CAC, un centre culturel, une Maison des Jeunes et de la Culture. C’est en 1977 que la municipalité de Tulle commence à s’intéresser au spectacle vivant et nomme Jean-Louis Delage au centre culturel. Son rôle : organiser diverses manifestations théâtrales, éventuellement des concerts. L’enseignement de la musique se structure également. Jusqu’à ces annéeslà, les membres de l’Harmonie-Fanfare des « Enfants de Tulle » assurent eux-mêmes la formation des plus jeunes. 1 2 62 Des besoins en locaux se faisant sentir, la mairie prête son grenier et sa conciergerie. Au début des années 1970, suite à la libération de salles à l’école Turgot, l’activité se développe et les enseignants deviennent alors des personnels vacataires de la municipalité. Finalement en 1983, avec l’accroissement continu du nombre d’élèves, l’équipe municipale obtient les subventions nécessaires à la construction du bâtiment actuel, situé Avenue Alsace Lorraine à Tulle. La structure devient alors une école nationale de musique sous administration municipale. Onze années plus tard, c’est au tour de l’ancien cinéma L’Eden d’être rénové pour devenir l’actuel théâtre des Sept Collines. Professeur de mathématiques et jeune élu municipal tulliste, Pierre Diederichs est en contact direct avec ces jeunes musiciens rock, toujours en quête de moyens pour travailler. Ponctuellement, une partie des sous-sols de l’actuel Centre Culturel et Sportif est mise à disposition ainsi que des locaux de l‘école de musique. La salle Latreille, qui n’est alors qu’une grande halle, est également prêtée gracieusement. 3 Pari gagné pour l’association Rock à la Grange qui, samedi dernier, a réussi, douze heures durant, à mettre Tulle en Transe, Musicale, bien sûr. Mettre Tulle en transe, grâce à un festival rock inédit dans la préfecture corrézienne avec huit groupes dont cinq régionaux et trois nationaux dont la réputation n’est plus à faire : pour beaucoup, cela relevait de la gageure. Extrait du compte rendu du festival par l’association Rock à la Grange 1 – Couverture du Fanzine l’Entonnoir, mensuel d’information du Centre Culturel et Sportif de Tulle, avril 1979. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Louis Delage. 2 – Couverture du Fanzine l’Entonnoir, mensuel d’information du Centre Culturel et Sportif de Tulle, février 1980. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Jean-Louis Delage. 3 – Livret de présentation du festival « Rock en Transe » organisé par l’association Rock à la Grange. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. D’autres lieux sont investis à Tulle dont l’emplacement de l’actuel parking Saint-Pierre, où des locaux sont mis à disposition par la mairie. Le groupe DekapFour y aménage un studio de répétitions avec une isolation phonique réalisée artisanalement à partir de matériaux de récupération. Les Enfants du Rock Petit à petit, les groupes se multiplient et la « fièvre rock » s’enracine comme moyen d’expression, une façon de vivre. Les musiciens investissent les bars, la cité et la jeunesse vit au rythme de cette musique. Une nouvelle génération porte à son tour le phénomène. Des velléités organisatrices commencent à fourmiller au milieu des années 1980. À Tulle, des amis, passionnés de musiques alternatives, s’y intéressent. Éric Beynel, Laurent Creyton, Thierry Lacan, Christine Souletie et Daniel Vergne fondent une association : « Rock à la Grange ». Elle a pour but d’organiser des concerts en ville et dans les alentours. Entre « système D » et bienveillance municipale, les concerts s’enchaînent. Le public se presse dans les salles des fêtes pour applaudir des groupes à la mode. Lors d’une dernière soirée, l’exaltation est à son comble, l’ambiance est irréelle. Ce coup d’éclat a justement été nommé « Rock en Transe ». Nous sommes le 10 juin 1989. L’affiche est alléchante pour les amateurs : La Souris Déglinguée, Tender Hooks, OTH et Western Electrique sont invités. Tulle est pour un soir une capitale punk. 750 personnes se rassemblent au Centre culturel municipal, prêté pour l’occasion. Les commémorations des Pendus de Tulle ayant lieu ce même jour en sont quelque peu troublées. Rock en Transe marque le début d’une nouvelle ère, celle du dialogue avec les pouvoirs publics. Culture, Rock et Politique : le cas tulliste 63 L’événement fait Politique Page de droite Logo de l’association Rock à la Grange. Créé en 1987 par Hervé Marchat. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. En créant Déclics en 1988, Visavis voit plus loin que ses propres besoins. L’association adresse les premières demandes écrites à la Ville de Tulle pour la création d’un studio commun de répétitions adapté aux musiques amplifiées. Ce projet est popularisé auprès de la population avec un grand concert où douze groupes se produisent gratuitement le 22 juin 1991 place Martial Brigouleix à Tulle. Les fonds récoltés sont finalement insuffisants mais une dynamique est lancée. 1 – Montage de la scène à la salle Latreille pour le concert Sheriff/Supersnazz/Flatliners le 31 octobre 1993. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. Poursuivant sur leur lancée, Christine Souletie et Daniel Vergne ne s’arrêtent pas là. C’est au Blason, discothèque tulliste, qu’ont lieu les prochains concerts d’une nouvelle association qu’ils créent avec des amis. Swing Easy, c’est son nom, n’a de cesse de battre le pavé pour organiser des concerts de rock, de punk et de tous ces courants musicaux laissés pour compte. La municipalité tulliste ne peut ignorer ces événements tant ils sont fédérateurs pour les amateurs du genre. 2 – Article de presse, l’Echo, lundi 24 juin 1991. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Pascal Demailly. Le 30 octobre 1993, Les Sheriffs sont à l’affiche. L’association est victime du succès de ce groupe punk. Les guitares résonnent largement au-delà des murs de la salle municipale, les spectateurs s’attroupent à l’extérieur. C’en est trop pour les riverains et les commerçants. La fréquence des concerts et les nuisances engendrées les poussent à rédiger une pétition qui arrive sur le bureau du maire Jean Combasteil. 1 L’idée d’un lieu dédié aux musiques actuelles est avancée par le maire. Les membres de Swing Easy ne savent qu’en penser. L’association « n’avait même pas osé l’imaginer », sourit Christine Souletie. « Nous n’étions pas clairs à l’époque, avoue-t-elle, entre rester dans l’underground ou bien disposer d’un certain confort, professionnel, subventionné ». 2 64 Culture, Rock et Politique : le cas tulliste 65 1 3 1 – Chuck en plein «slam» pendant le concert des Hard-Ons (Australie) le 09 octobre 1993 à la salle Latreille. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. 2 – Conférence de Marc Touché avec M. Bonnet (directeur de la DDJS à l’époque) pendant le Festival Plein La Tête le 08 novembre 1995. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. 3 – Le public à la salle des fêtes de Saint Mexant pour le concert de Parabellum/Noodles le 15 octobre 1988. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. 2 66 Comme un réflexe, les volontés se rassemblent pour construire collectivement un projet. D’autres associations rejoignent le mouvement telles que Peuple et Culture ou la Fédération des Associations Laïques. Entretemps, les élections présidentielles de 1995 voient un Corrézien s’installer à l’Élysée. Raymond-Max Aubert est élu maire de Tulle la même année. La nouvelle municipalité ne montre pas le même enthousiasme envers cet ambitieux projet. Malgré les désaccords, les acteurs de terrain, passionnés par leur cause, ne perdent pas espoir. À partir de 1994, l’association Accords et Cris, propulsée notamment par Visavis, a un local de répétition aux Treize Vents. En 1995 et 1996, Swing Easy obtient des subventions qui permettent le recrutement de salariés pour en assurer la gestion et la logistique ainsi que le planning. En effet, une quinzaine de groupes fréquentent le lieu, le calendrier est donc chargé. L’activisme acharné des acteurs et le soutien d’hommes et femmes engagés en politique comme Pierre Diederichs à la Ville de Tulle et Dominique Grador à la Région Limousin, ont permis le décloisonnement. D’autres, tel Fabrice Ponthier, salarié de l’ADDIAM Corrèze, apportent leur pierre à l’édifice. Dix années de travail et de discussions animées plus tard, Des Lendemains Qui Chantent voit le jour. Cette association, dont Daniel Vergne est le premier président, assure la gestion de la salle de musiques actuelles tulliste. Celle-ci est finalement implantée dans le quartier de l’Auzelou, et non dans un entrepôt du quartier de Cueille comme cela avait été initialement prévu. Culture, Rock et Politique : le cas tulliste 67 Lettre d’un riverain du quartier de l’Auzelou adressé au maire de Tulle, 22 juin 2001. Fonds Des Lendemains Qui Chantent. Le public à la salle des fêtes de Saint Mexant pour le festival Rock En Transe le 10 juin 1989, pendant le concert d’OTH. Arch. dép. de la Corrèze, Collection Des Lendemains qui Chantent, 97NUM. Fonds Daniel Vergne. 68 Culture, Rock et Politique : le cas tulliste 69 Guitare Eko stratocaster DP années 1970. Prêt Pascal Demailly. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. 70 Chambre d’echo Dynacord Echocord mini, amplificateur Dynacord Bass-king T, Baffle Dynacord D350 – fin des années 1960. Prêt Ghislain Henaff. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes. Culture, Rock et Politique : le cas tulliste 71 Création de l’Entonnoir, fanzine d’information du Centre Culturel et Sportif de Tulle. Ce magazine créé par les animateurs du CCS présente notamment l’actualité culturelle de la ville. Il a la particularité d’être complètement libre et émancipé de la direction du CCS et laisse aussi beaucoup l’expression libre aux lecteurs. Euterpe (Brive) Sylvie Flash Gang (Brive) Starship (Brive) Mises à disposition ponctuelle de lieux par les pouvoirs publics pour permettre à des groupes de musique en demande de répéter. A Tulle : le Centre Culturel et Sportif de Tulle et la salle Latreille. A Brive : le Centre Culturel de Courteline. 1967 1968 1969 1970 1971 Océanic (Brive) Phoenix (Tulle) 1972 Flying Cactus Gang (Tulle - Limoges) Phoenix en première partie de Zao au cinéma Le Splendide de Brive Arcade (Tulle) Ex Vitae (initialement le groupe s’appelait Flying Cranes) (Limoges) The Group’ Five remporte le Tremplin du Golf Drouot. Il gagne une tournée sur les podiums de Sud Radio ainsi que l’enregistrement d’un 45 tours The Group’ Five (Brive) Sigma (Tulle) 1973 1973 1974 1976 Concert de Catherine Ribeiro + Alpes à la salle Latreille : « La grande soirée des jeunes » (Corrèze Magazine – Fevrier 1976) organisée par trois jeunes corréziens. « La vieille salle des fêtes était pleine à craquer. Les jeunes avaient pris d’assaut les chaises trop rares et s’entassaient les uns sur les autres, assis sur le parquet de la salle ». Fin des années 1960 : La MJC d’Ussel organise dès cette époque des concerts de rock Kleenex (Tulle) Rouge à Lèvres (Aubazine) Audacieux concert du groupe Starship au lycée privé Bossuet à Brive. Le corps enseignant vient couper l’électricité pour arrêter le spectacle. 1975 Jean-Luc Roudière enregistre et sort son premier 33 tours Overchoses Dekap Four (Tulle) Décibel Pim (Tulle) Athénaz 1977 1978 Festival « C’est de la Merde » organisé par l’association Star Flipper au Centre Culturel et Sportif de Tulle. Le groupe Sylvie Flash Gang remporte le tremplin du Golf Drouot Ananda (Tulle) 1979 1980 Bar Chez Didier situé rue de Bournazel à Tulle. Lieu de rassemblement des jeunes et d’expression d’une culture rock ANNÉES 70 La Dame de Cœur Une des premières discothèques locales à organiser ponctuellement des concerts de rock La Mangeoire à Brive. Bar boite avec des concerts Musica Magasin d’instruments de musique à Brive La Charette Club qui produisit de nombreux concerts de rock Le Cardinal renommé La Locomotive à Brive. Dancing qui produisit de nombreux concerts de rock, Rythm’n’blues, Blues. San Palladium club qui produisit de nombreux concerts FIN DES ANNÉES 70 L’Écurie à Saint-Yrieix-la-Perche. Boite de nuit spécialisée dans le rock Bar Lagraula à Marcillac-La-Croisille. Des concerts sont organisés ainsi qu’un festival « Ça Rock à Lagraula » 1979-1982 : Festival de Saint-Céré. Il y eu quatre éditions du festival autogéré des Césarines Pleine Lune organisé par l’association « Du délire et rien d’autre ». Artistes accueillis : Bill Deraime, Bracos Band, Potemkine… mais aussi des groupes locaux comme Jean-Luc Roudière ou Alyssum. Jean-Jacques Dumas monte son studio d’enregistrement à Brive la Gaillarde. Il eut une clientèle composée d’orchestres mais quelques « rockeurs » comme Jean-Luc Roudière, Rouge à Lèvres ou Lö enregistrèrent là bas. Création de radios libres en Corrèze. Ouverture importante à la culture rock. Radio Dira à Tulle, Radio Licorne à Brive Sortie du 45 tours Commandant la Dame de Cœur de Jean-Luc Roudière Traffic (Tulle) Molybdène (Tulle) 1980 Rocorico (Brive) Visavis (Tulle) Mandarine (Brive) Deuxième Round 1981 Création de l’association « Rock à la Grange » qui a pour but de faire vivre le rock à Tulle et ses alentours Un vieux local situé, dans les locaux d’EMMAUS est mis à disposition de groupes pour répéter à Tulle. Steak Frites au tremplin du Golf Drouot 1982 1983 Festival « Rock en Transe » organisé par l’association Rock à la Grange, au Centre Culturel et Sportif de Tulle. Les élus locaux commencent à prendre cette pratique culturelle au sérieux. 700 spectateurs accueillis pour douze heures de rock, cinq régionaux (Hors Série, Visavis, Les Ejectés et Singlar Blou) et trois nationaux (Western Electrique, OTH et La Souris Déglinguée) se produisent. Wolfgang en première partie de Little Bob à la salle Latreille. Concert organisé par l’association Swing Easy Wolfgang (Tulle) Singlar Blou (Egletons) Lö (Brive) Visavis env Paul Personne au CCS de Tulle Bloc-note (Tulle) 1984 Syndrom Kebra (Brive) 1985 1986 Le Barbare à Argentat. Ce café concert reconnu en Corrèze, lieu emblématique pour tous les amateurs. Il a organisé un nombre important des concerts de groupes renommés allant du blues au rock alternatif. Bar le Petit Zinc à Brive. Des concerts rock y sont organisés. Festival de Sexcles. Début du mouvement rock alternatif avec des groupes emblématiques comme O.T.H. ou La Souris Déglinguée. Festival de Domps. Organisé tous les ans au mois de juin. Serge Vacher en est l’instigateur. Plus de 6 000 personnes et près de 80 groupes principalement régionaux y ont participé. Festival rock au Foirail à Tulle. Il est organisé par quelques musiciens locaux. Des groupes comme Dékap Four, Molybdène, Flying Cactus Gang, Vin Rouge ou Kleenex se sont produits. 1987 Le directeur du Conservatoire de musique de Tulle met à disposition du groupe Visavis une salle pour que ces derniers se préparent au Printemps de Bourges. Visavis en final du « tremplin pour Tokyo » diffusé sur FR3 BF15 (Ussel) Jean-Luc Roudière aux découvertes du Printemps de Bourges inauguration du Labo, le 1er local de répétition de la Corrèze exclusivement conçu pour la répétition des musiques amplifiées. L’association Accords et Cris en a la responsabilité. Jean-Luc Roudière enregistre et sort le 33 tours Zéro Matinal en coproduction avec la Ville de Tulle 1987 Visavis au tremplin des découvertes du Printemps de Bourges Enregistrement et sortie du 45 tours I Wanna Dance Singlar Blou aux découvertes du Printemps de Bourges 1988 1989 Lost Angeles café concert associatif situé à Lostanges. Il y eut de nombreux concerts organisés à raison parfois de 2 ou 3 par semaine. Des groupes locaux mais aussi avec un rayonnement plus large. Décloisonnement des genres allant du jazz au rock. Le rock fait son entrée au festival de Davignac aux côtés du folklore avec une soirée dédiée. N’Mators (Tulle) 1990 Fatal Major au tremplin des découvertes du Printemps de Bourges Vae Victis (Tulle) Fatal Major (Brive) Repris de Justesse (Ussel) RSKP (Brive) 1991 1992 1993 ANNÉES 90 Étang de Ruffaud L’Écureuil à Marcillac La Croisille L’Aquarius à Tulle. Bar boite avec des concerts de rock organisés. Le Pivert à Tudeil le Green Blues bar boite situé à Tulle. Des concerts sont régulièrement organisés. L’association Swing Easy est créée. Daniel Vergne et Christine Souletie en sont les instigateurs. Ils organisent entre 1990 et 1994 de nombreux concerts de musiques amplifiées à un rythme régulier au Blason une discothèque située à Tulle. 1994 Avant-proposPhilippe Berthelot REMERCIEMENTS L’équipe Des Lendemains Qui Chantent ainsi que celle de l’ADDIAM de la Corrèze, chargées de la conception de l’exposition, tiennent en premier lieu à témoigner leurs sincères remerciements à toutes les personnes qui ont accepté de livrer leur souvenirs, de parler d’eux, de leur vécu et à confier leurs archives. C’est avant tout grâce à eux que ce projet scientifique et culturel a été rendu possible. Un grand merci pour l’accueil et la gentillesse dont ils ont fait preuve : Pascal Aigle, Gérard Beaussonie, Dominique Bénété, Jean-Luc Boisselier, Alain Brugière, Joëlle Bernier, Jacky Chevrier, Bernard Comby, Jean-Louis Delage, Pascal Demailly, Marc Démereau, Pierre Diederichs, Jean-Jacques Dumas, Marc Fanthou, Hugues Fargeas, Pierre Fleygnac, Pierre Gaspart, Michel Gazi, Denis Gorsse, Thierry Gourdal, Ghislain Henaff, Frédérick Jansen, Marc Kerjouan, Francis Lachaud, Jean-Michel Lachaud, Michel Lacombe, Manu Layotte, Didier Lorioux, Franck Magnaux, Vincent Malmartel, Gérard Maupertuy, Bertin Meynard, Marc-Antoine Millon, Jean-Pierre Mons, Serge Pendariès, Yvan Pessin, Lucien Peuch, Michel Propilosky, Dominique Richard, Claude Rochais, Jean-Luc Roudière, Nadine Roux, Thierry Salagnac. Merci à tous ceux qui ont contribué à cette collecte en nous donnant des informations au détour d’une rencontre. Aux Archives Départementales de la Corrèze et à son équipe pour son soutien et la transmission de son savoir-faire. Un grand merci également aux prêteurs de matériel musical, Pascal Demailly, Pierre Fleygnac, Ghislain Henaff, Thibault Peyrat, Jean-Luc Roudière, la FAL 19. L’Atelier Adrien Aymard (création graphique), le Studio Kaïlis et Moshi Mochi (conception du site web), Fabien Raymondaud (développement du site). Arnaud Rozé, constructeur des décors de l’exposition et mise en espace scénographique. Sylvestre Nonique-Desvergnes, pour son travail photographique autour des lieux historiques et du matériel de musique présenté dans l’exposition. Des Lendemains Qui Chantent adresse également ses vifs remerciements à tous ceux qui nous ont aidés techniquement dans la réalisation du projet. Raphaël Durand (modification des tsf en amplificateurs), Alan Lemesle et Simon Chapelas (réalisation des téléphones), Olivier Durif (aide au démarrage des investigations et suivi apporté), la Cinémathèque du Limousin (numérisation vidéo), le CRMTL (numérisation audio), Thierry Le Roy magasin Wood Stuck Music Angers (identification et datation des instruments de musique), Nicolas Giner et les Archives Municipales de Tulle. Ce projet a été possible grâce à ses tout premiers initiateurs : Bernadette Vignal, Daniel Vergne, Cyril Bouysse et Marc Touché qui ont permis la réalisation de la première étape de ce projet en le portant à bout de bras et qui ont vivement participé à sa pérennité. Philippe Berthelot – Directeur du Florida (Agen) Au Comité de pilotage qui a suivi le projet L’imprimerie Maugein de 1992 à 1998 puis directeur de la fédurok pendant tout le long de son déroulement, devenu la Fédélima (Fédération des Lieux de l’ADDIAM de la Corrèze, les Archives Musiques Actuelles) de 1998 à 2014. Départementales de la Corrèze, les Archives Municipales de Tulle, le Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin, la Médiathèque de l’Agglomération de Tulle, la Direction Départementale de Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de la Corrèze, Marc Touché. 76 Entretiens réalisés dans le cadre du projet Mémoires Électriques 2013 26 juin – Didier Lorioux 11 juillet – Yvan Pessin 23 août – Jean-Luc Roudière 23 août – Jean-Michel Lachaud 23 septembre – Jean-Luc Roudière 21 novembre – Jean-Louis Delage 25 novembre – Pascal Demailly & Marc Kerjouan 16 décembre – Gérard Beaussonie 20 décembre – Pierre Fleygnac 2014 10 janvier – Bertin Meynard 10 janvier – Frédérick Jansen 16 janvier – Francis Lachaud 24 janvier – Marc Démereau 31 janvier – Joëlle Bernier 31 janvier – Marc Millon 3 mars – Michel Lacombe 11 mars – Viencent Malmartel 12 mars – Jean-Pierre Mons 13 mars – Pierre Diederichs 19 mars – Marc Fanthou 4 avril – Michel Propilosky 10 avril – Ghislain Henaff 11 avril – Thierry Gourdal 14 avril – Jean-Jacques Dumas 15 avril – Lucien Peuch 18 avril – Jacky Chevrier 8 juillet – Alain Brugière 9 juillet – Franck Magnaux 14 juillet – Yvan Pessin & Manu Layotte 10 septembre – Jean-Luc Boisselier & Denis Gorsse 20 septembre – Gérard Maupertuy 24 septembre – Dominique Bénété 7 octobre – Serge Pendariès 9 octobre – Dominique Richard 29 octobre – Pascal Aigle & Nadine Roux 22 décembre – Pierre Gaspart 2015 11 février – Claude Rochais 12 février – Bernard Comby 77 État des sources Archives municipales de TULLE La pratique musicale Enseignement de la musique Ecole Nationale de Musique et de Danse de Tulle, puis Conservatoire à Rayonnement Départemental de Tulle : 29W, 30W, 39W, 40W, 48W, 68W, 83W, 103W, 117W, 120W, 125W, 145W, 146W, 173W, 174W, 192W, 269W, 299W, 319W, 355W, 382W, 384W, 451W, 453W, 454W, 455W, 570W, 572W, 658W, 659W, 702W, 704W, 705W, 707W, 708W, 709W, 751W, 753W, 757W, 786W, 809W, 837W, 844W, 845W, 905W, 912W (1972-2011) Lieux de spectacle • Local de répétition des Treize Vents (Tulle) : 40W, 413W (1994-2004) • Salle des Musiques Actuelles, avenue du Lieutenant- colonel FARO (Tulle) : 173W, 316W, 319W, 297W, 353W, 382W, 384W, 413W, 454W, 455W, 458W, 658W, 746W, 786W, 883W, 915W (2000-2007) • Salle de répétition groupe rock : 426W, 427W, 431W (1991-1993) Coopérations : Coopérations locales : • Association Swing Easy : 39W, 947W (1992-1994) • Centre d’Animation Culturelle de Tulle : 947W (1984-1994) • Communauté de Communes Tulle et Cœur de Corrèze, Organisation du projet «un territoire en concert» : 2Fi, 844W, 845W, 891W, 912W, 915W (2007-2011) Coopérations départementales : • Association Départementale pour l’Information et l’Animation Musicales (A.D.I.A.M.) : 276W, 298W, 382W, 413W, 455W, 704W, 750W, 785W, 897W, 905W, 907W (2000-2007) • Fédération des Associations Laïques (FAL), projet d’atelier musical expérimental autour de la musique assistée par ordinateur : 553W, 710W (2005) Coopérations régionales : • Association pour l’Etude et la Coordination des Activités Régionales Musicales et Chorégraphiques (ASSECARM) : 947 W (1993) Musiciens • Professeurs de musique : 31W, 103W, 145W, 146W, Concerts et autres manifestations musicales Spectacles musicaux, concerts, festivals, stages, expositions sur la musique : • Colloque « Etat du Rock 91, collectivités locales, rock et autres aventures musicales », Montpellier 15 et 16 février 1991 : 963W (1991) • Concerts, association des Lendemains qui chantent : 3S, 5Fi, 500W, 704W, 770W, 802W, 844W, 892W, 912W (2005-2012) • Concerts, association « Les Sept Collines » : 58W, 82W, 83W, 192W, 382W, 413W, 455W, 844W (19952008) • Concerts à l’Ecole National de Musique : 150W, 173W, 192W (1998) • Concerts scolaires : 145W, 299W, 319W (1972-2001) • Concert Groupe TRUST : 31W (1980) • Exposition Le Rock Alternatif, bibliothèque municipale : 963W (1989) • Festival aux champs à Chanteix : 959W (2009) • Festival du Bleu en Hiver : 269W, 942W (2011-2013) • Festival Musiques en Monédières : 947 W (1992) • Festival des Nuits de Nacre de Tulle : 2C, 1AV, 2 Fi, 30W, 80W, 83W, 120W, 125W, 128W, 150W, 151W, 152W, 163W, 200W, 201W, 260W, 269W, 276W, 298W, 382W, 413W, 441W, 443W, 445W, 456W, 458W, 500W, 652W, 657W, 658W, 659W, 703W, 710W, 745W, 757W, 801W, 813W, 821W, 822W, 832W, 837W, 844W, 863W, 872W, 883W, 892W, 894W, 897W, 901W, 907W, 915W, 942W, 947W (1988-2011) • Festival Ô Les Chœurs : 260W, 269W, 316W, 382W, 458W, 947W (2002-2012) • Fête de la musique : 269W, 443W, 445W, 456W, 458W, 657W, 703W, 745W, 813W, 819W, 844W, 894W, 947W (1992-2010) Soutien institutionnel à la musique Aide matérielle : • Association « Elisabeth my dear »: 316W, 375W, 456W, 458W, 657W, 658W, 770W, 802W, 844W, 907W, 912W, 947W (2002-2011) • Association Des Lendemains Qui Chantent : 750W, 770W, 912W (2007-2011) ARCHIVES DÉPARTEMETALES DE LA CORRÈZE Enseignement de la musique 1189W (Préfecture. 2e division. 3e bureau) 1189W/182 : Brive (1940-1984). - dont école municipale de musique. 1211W (Préfecture. D.A.E.A.D. 1er bureau) 1211W/272 : Personnel (1964-1986). – dont Tulle, école de musique, 1978. 1375W (Préfecture. D.A.E.A.D. 1er bureau) 1375W/102 : Personnel (1979-1990) : dont Tulle, école de musique. 1472W (Préfecture. D.A.E.A.D. 2e bureau) 1472W/51 : Budgets et comptes. – dont Bort-lesOrgues, syndicat intercommunal pour la promotion et l’enseignement de la musique, 1990. 1514W (Préfecture. D.A.E.A.D. 2e bureau) 1514W/37 : Comptes administratifs des établissements publics locaux. – dont syndicat intercommunal de l’école de musique de Bort-les-Orgues, 1992. 1571W (Préfecture. D.A.E.A.D. 2e bureau) 1571W/153 : Comptes administratifs d’EPCI. – dont syndicat intercommunal de l’école de musique de Bort, 1994. 1571W/192 : Budgets supplémentaires d’EPCI. – dont syndicat intercommunal de l’école de musique de Bort, 1996. 1003W (Sous-préfecture de Brive). Affaires communales. 1003W/58 : Brive (1958-1973). – dont école de musique. 1003W/174 : Lubersac (1942-1974). – dont enseignement de la musique aux écoles. 1785W (Sous-préfecture d’Ussel) 1785W/109 : Contrôle de légalité exercé sur les délibérations prises par la commune de Courteix (1972-2003). – dont convention avec l’association Musique en Limousin. 1681W (Direction départementale des services fiscaux) 1681W/129 : Ordonnances d’expropriation par les communes, le département et l’État (1979-1982). – dont n° 114 à Brive-la-Gaillarde, extension de l’école de musique. 1787W (Conseil général. Direction générale des services) 1787W/28 : Loisirs et culture. – dont école de musique et de danse de Tulle : projet pédagogique (1999). Soutien institutionnel à la musique (Conseil général) Versements 1728W (1990-2003), 1404W (1968-1993), 1533W (1985-1998), 1686W (1995-2000). Iconographie Collection d’affiches (non exhaustive) : 1Fi Reportages photographiques du journal La Montagne : 23Fi dont concerts au Blason organisés par l’association Swing Easy, Association départementale pour l’information et l’animation musicale (ADIAM). Fonds numérisés 97NUM Collection Des Lendemains qui chantent. Groupe Sylvie Flash Gang, Michel Lacombe, Pascal Demailly, Claude Rochais, Hugues Fargeas, Francis Lachaud, Jean-Luc Roudière, Yvan Pessin, MarcAntoine Million, Ghislain Hennaf, Marc Démereau, Jean-Louis Delage : coupures de presse, photographies, contrats techniques, affiches, documents de promotion (1970-1990). Presse et périodiques (années 1970-1980) Amical’musique. Journal de l’Amicale des Musiciens d’Orchestres de Bals de la Corrèze, 1948 : PER381. Corrèze magazine : PER334. La Dépêche du Midi : 131PR La Montagne : 133PR (édition de Tulle), 182PR (édition de Brive) Nouvelles, le spectacle vivant en Limousin (anciennement Les Nouvelles musicales et chorégraphiques du Limousin puis Les Nouvelles musicales du Limousin), 1986-2007 : PER501 Mises à dispositions de locaux et de personnels : • Association Des Lendemains Qui Chantent : 35W, 39W, 40W, 83W, 355W, 553W, 554W, 658W (1994-2006) 193W, 269W, 300W, 382W, 455W, 702W, 897W (1977-2006) • Jean-Louis AUBERT, chanteur : 897W, 2Fi 145 (2006) • Johnny HALLYDAY, chanteur : 947 W (1996) • Jean-Luc ROUDIERE, chanteur: 1AV, 947W (1986-1987) • VIS-A-VIS, groupe : 947W, 24PER 28 (1988-1991) 78 79 2 1 – Pédale d’effet Electro-Harmonix Big Muff. Prêt Pascal Demailly. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes 2 – Pédale d’effet Electro-Harmonix Small Stone Phase Shifter. Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes 3 – Pédale d’effet Electro-Harmonix Big Muff. Prêt Pascal Demailly. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes 1 4 5 3 6 4 – Pédale d’effet Electro-Harmonix Blackfinger. Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes 5 – Pédale d’effet Electro-Harmonix Attack Equalizer. Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes 6 – Pédale d’effet Electro-Harmonix Doctor Q Enveloppe Follower. Prêt Pierre Fleygnac. Photographie : Sylvestre Nonique Desvergnes 81 Orientation bibliographique Guillemoteau (P.), Micro Faunes 30 ans de création musicale en Deux-Sèvres, Ed. Patrimoines et médias, Grandvilliers, 2008, 288 p. Bégaudeau (F.), Deux singes ou ma vie politique, Ed. Gallimard, Paris, 2013, 448 p. Foulhoux (P.), Une histoire du rock à Clermont-Ferrand, 50 ans de bruits défendus à Bib City, Ed. Un, Deux... Quatre, Clermont-Ferrand, 2013, 216 p. Charliot (L.), La fabuleuse histoire du rock nantais de 1960 à nos jours, Ed. Laurent Charliot, 2003, 320 p. Darcel (F.), Polard (O) (Dir.), Rok de 1960 à nos jours : 50 ans de musique électrifiée en Bretagne, Tome 1, 1960/1989, Ed. De Juillet, Chantepie, 2010, 236 p. Darcel (F.), Polard (O) (Dir.), Rok de 1960 à nos jours : 50 ans de musique électrifiée en Bretagne, Tome 2, 1990/2013, Ed. LADTK, Rennes, 2013, 480 p. Galland (O.), Sociologie de la jeunesse, Ed. Armand Colin, Paris, 2011 (1re éd. 1991), 256 p. G.E.M.A. (Groupe d’Etudes des Musiques Amplifiées), actes du colloque Politiques publiques et musiques amplifiées, Le Florida, Agen, 1997. Mignon (P.), Hennion (A.), Rock, de l’histoire au mythe, Ed. Anthropos, Paris, 1991, 283 p. Leproux (H.), Le temple du Golf Drouot, Ed. Robert Laffont, Paris, 1992, 552 p. Dauncey (H.), Le Guern (P.), (dir), Stéréo, sociologie comparée des musiques populaires France/Grande-Bretagne, Mélanie Séteun / Irma, Nantes, 2008, 272 p. Touché (M.), Muséographier les « musiques électro-amplifiées » pour une socio-histoire du sonore, Réseaux, 2007/2, n°141-142, p. 97 à 141. Le Guern (P.), En arrière la musique ! Sociologie des musiques populaires en France, Genèse d’un champ, Réseaux, 2007/2, n°141, p.15 à 45. ADDM 53, Rockin’ Laval: une histoire du rock à Laval 1960-2000, Hors série Tranzistor, Ed. Mayenne Culture, Laval, 2009, 172 p. Touché (M.), Mémoire vive 1, Ed. Association musiques amplifiées aux Marquisats d’Annecy, Annecy, 1998, 120 p. Assemblage du matériel recueilli. Photographie Sylvestre Nonique-Desvergnes, 2015 82 Impression : Imprimeries Maugein - Tulle | Graphisme : Atelier Adrien Aymard