BSL Conjuguer flexibilité et performance

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BSL Conjuguer flexibilité et performance
d ’ E x p é r i e n c e
François Rochet (Fondateur d’Agenoria),
Danièle Touchet (Responsable du Club Créateur
de Beauté, BSL) et Rolf Beyer (Directeur, BSL)
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R e t o u r
BSL Conjuguer flexibilité
et performance
P
asser de 5.000 colis à 110.000 colis par
an, avoir des journées à 500 commandes
comme à 6.000 sans perdre en qualité ni
en performance : tel est le cœur de métier
de Bretagne Services Logistiques. Fondée
en 1997 par Jean-René Rioual (alors patron de la
logistique d’Yves Rocher, à présent à la retraite) et
Rolf Beyer, BSL se voulait à l’origine une cellule
créée à part pour développer son savoir faire et
le proposer à d’autres acteurs du marché. « Nous
avons commencé avec 15 personnes pour gérer
l’activité Outre-Manche d’Yves Rocher », se souvient Rolf Beyer, aujourd’hui à la tête d’une société
qui emploie 200 personnes pour un CA de 9 M€,
filiale de MSL (voir encadré). Et de poursuivre :
« La volonté de Jean-René Rioual était atypique :
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Bretagne Service Logistiques (alias BSL) est un prestataire logistique
spécialisé dans la Vente à Distance et l’e-commerce. Discret, il traite
cinq millions de colis par an pour des clients aussi divers que Le Club
des Créateurs de Beauté (cosmétiques), Atlas Men (textile), Chasse Marée
(Edition) ou encore Woodbrass (instruments de musique). Des activités
très fluctuantes au mois, à la semaine et au jour qui réclament une grande
flexibilité tant au niveau des salariés que du système d’information
et des moyens de préparation, mais aussi un véritable savoir faire.
Thibault Esnée,
Responsable Atlas
for Men chez BSL
il voulait former des cellules autonomes de
100/200 personnes qui ne dépendaient pas du
groupe. Le challenge était intéressant car il fallait trouver des systèmes d’information adaptés. Or, en VAD, les S.I. étaient souvent du développé maison d’il y a 30 ans que l’on avait fait
évoluer un peu, voire beaucoup. Nous avons
préféré opter pour un WMS du marché. » BSL
choisit alors EGO de Sitaci pour gérer son
premier entrepôt à Rennes. « Nous voulions
être flexible et pouvoir nous adapter à d’autres
clients, justifie Rolf Beyer. Au début, nous préparions 5.000 à 10.000 colis par jour. Mais le
problème était qu’Interbase n’était pas fait
pour. Nous avons donc pris notre autonomie
vis-à-vis d’EGO. Lors du départ de l’équipe
par le client, afin de s’assurer notamment du bon
dimensionnement au jour le jour des ressources
humaines sur chacun des sites de BSL.
fondatrice, nous avons racheté les sources et développé l’application nous-mêmes. »
Un moteur d’ordonnancement
pilotable
Une plate-forme dynamique
d’un jour sur l’autre
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L’objectif était de s’appuyer sur un outil comportant diverses requêtes de sélection des commandes
à préparer. « Nous voulions que ce soit les opérationnels qui optimisent », insiste Rolph Beyer,
« d’où la nécessité d’un WMS intégrant un moteur
d’ordonnancement pilotable, complète François
Rochet, Fondateur du cabinet de conseil Agenoria,
totalement en phase avec son client sur ce point. Il
est important que l’outil informatique soit prédominant sur le physique car il est plus facile de trier
informatiquement que physiquement », martèle-til, avec bon sens.
Toute la difficulté du métier consiste en effet à bien
comprendre les besoins de chaque client à partir
d’une analyse fine de son portefeuille de commandes pour déterminer le processus de préparation
le plus performant (avec chariots/semi-automatisé,
nombre de chariots/lignes/préparateurs, étapes de
contrôle pondéral/niveaux de tolérances…). Reste
ensuite à intégrer les contraintes clients et produits
pour définir les bons paramètres de sélection des
vagues de préparation et de tri des colis préparés
dans l’outil informatique. Sans oublier de piloter le
tout au quotidien en fonction des prévisions fournies
Marie-Madeleine
Marchand,
Responsable
Chasse-Marée
et Woodbrass
chez BSL.
BSL en bref
L’entrepôt flexible : organiser plutôt qu’automatiser
ATTENDUS
COMMANDES
Syst.
info.
STOCKAGE
ARTICLES
RECEPT. Approvisionnement
Schéma :
Principe d’organisation
ORDONNANCEMENT
PREPA. CDE.
Pick to Line
PREPA. CDE.
Pick & Pack
PREPA. CDE.
Autres
Colis
Tri pour
distribution
PAO
IMPRESSION
Source : 20e Assises de la Logistique
Principe d’organisation
Le système d’information est donc l’une des clés
de voûte du dispositif. BSL reçoit le portefeuille de
commandes de ses clients (un entête, une adresse,
les lignes de commandes …) et l’intègre à son outil
de gestion d’entrepôt (WMS). Chaque Responsable client (Danièle Touchet, Marie Madeleine
Marchand et Thibault Esnée) regarde la disponibilité des produits et sélectionne les commandes à
préparer parmi l’ensemble de celles qui sont possibles en fonction de critères pertinents (trois au
maximum parmi les départs transporteurs, le
volume du produit, le format des cartons, le type de
préparation, les priorités clients…) afin de constituer des lots optimisés. Les produits sont ensuite
réservés et les vagues de réapprovisionnements du
stock des ateliers, lancées. Puis les documents pour
le client (facture) et à usage interne (BL) sont
imprimés. Les articles sont prélevés selon les lots
optimisés. Des contrôles pondéraux et par échantillonnage sont effectués tout au long de la préparation. Puis les colis conformes sont emballés et triés
pour être expédiés via le circuit approprié (La
Poste, un messager, un réseau de points relais…)
◆ Bretagne Services Logistiques, PME spécialisée en logistique
VAD et E-commerce implantée en périphérie de Rennes
◆ 200 collaborateurs
◆ 5 millions de colis traités par an
◆ 9M€ de CA de prestations
◆ 2 sites à Bruz (5.500 m2), St Jacques des Landes (17.000 m2)
◆ Principales référence : Atlas for Men, Le Club des Créateurs
de Beauté, Woodbrass, Yves Rocher, Brioche Dorée, Le
Chasse-Marée, Fine-Linéa, Sotiaf, Editions Atlas, Lena Bliss…
◆ Filiale à 60 % de MSL (Mecanic Services Logistiques)
Les préparations textiles pour Atlas for Men sont effectuées
au moyen de chariots à roulettes pour plus de flexibilité
(autant de préparateurs/chariots lancés que nécessaire) et
de fiabilité (un opérateur prépare sa commande de A à Z).
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MSL en bref
◆ Mecanic Services Logistiques, professionnel de la logistique
E-commerce, VAD et du routage Marketing direct, basé
à Evreux (17.000 m2)
◆ Près de 400 collaborateurs (dont les 200 de BSL)
◆ 12 à 14 millions de colis traités par an
(dont 7 à 9 mécanisés à Evreux)
◆ 39.500 m2 de surfaces d’entreposage en tout
(ateliers, stockage, etc.)
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Cet opérateur mal entendant est passé maître dans
l’art du lancé de colis à l’expédition pour Adrexo !
Des produits variés et atypiques.
Pour CCB, BSL utilise
des chariots pour
préparer les produits
à rotation lente.
Des ressources flexibles
Un autre facteur clé est la polyvalence et la flexibilité des opérateurs. « Nous avons signé un accord
entre la société et ses salariés. Nous échangeons des
informations en permanence afin d’ajuster au mieux
les ressources sur chaque site. Mais si les salariés
savent qu’il y a des exceptions par période, nous
connaissons aussi les limites à ne pas franchir »,
explique Rolf Beyer. BSL emploie en effet 80 % de
personnel féminin. Ces jeunes femmes ont souvent
des enfants, ce qui peut poser des problèmes de
garde, d’où la nécessité de les prévenir suffisamment
à l’avance si leurs horaires sont modifiés. Des activités en parallèle comme du reconditionnement peuvent également occuper le personnel dans les
périodes creuses (entre 11h et 15h). A l’inverse, s’il
n’y a plus de travail, il se peut que les opérateurs partent plus tôt que 17h. « Si tout se passe bien, nous
n’avons aucune heure improductive : quand l’activité est là, les opératrices travaillent ; s’il n’y en a
pas, elles ne sont pas là. Et quand l’activité varie, on
essaie de les faire revenir, mais c’est moins facile »,
admet Rolf Beyer.
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Pour CCB, des contrôles
pondéraux sont
effectués tout au long
de la chaîne.
La tolérance peut aller
de 8 g (produits)
à 100/200g pour
les cadeaux.
Le taux d’erreur est
de 1 pour 10.000.
Pour CCB, les colis pour
La Poste sont chargés
en vrac au moyen
de ce système de
« feuille glissante ».
BSL recourt peu à l’interim (5 à 8 %) car le prestataire privilégie les CDD longue durée. « En
VAD, les pics se situent du 30 septembre au
18 décembre, puis du 10 janvier à fin mars. Nous
formons les gens à partir de mi septembre et les
gardons jusqu’à fin mars », indique le Directeur
de BSL. Cela nécessite quand même d’avoir de
bonnes prévisions. « Au début, les clients ont parfois du mal à comprendre que nous devons aller
au-delà des grandes masses qu’ils sont prêts à
nous fournir pour savoir finalement ce que nous
allons avoir comme commandes le lendemain.
Mais cela est indispensable, surtout lorsqu’ils
exigent des délais serrés. »
Un objectif de 10 à 15 %
de croissance par an
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selon les souhaits des clients (livraisons rapides,
clients privilégiés), la nature des articles et des colis
(poids, format…), etc.
Par ailleurs, le WMS offre une visualisation dynamique du picking par rapport aux commandes en
cours. « En moyenne, ce sont une centaine de références par semaine qui sont bougées au picking,
précise Rolf Beyer. Nous avons une plate-forme
complètement dynamique d’un jour sur l’autre
pour être performants. » « Peu d’outils permettent
de traiter à la fois les commandes mono lignes et
multi lignes », observe François Rochet.
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Pour CCB, la préparation des autres produits
est semi-automatisée.
« Le problème est d’adapter en permanence nos
structures à l’activité, résume Rolf Beyer, toujours locataire de ses sites. Ses atouts sont toutefois d’être capable de mettre en œuvre rapidement un nouveau dossier (ex : un démarrage mi
septembre avec une préparation mécanisée pour
un dossier décidé mi mars) et d’avoir un outil
informatique polyvalent. Après s’être rapproché
de Qualibris, spécialiste du routage Marketing
direct à Evreux, ce qui lui permet d’adresser les
acteurs de la VAD en Ile-de-France, BSL envisage une implantation du côté de Lille, autre pôle
phare de la VAD, via une reprise d’activité existante en interne ou en externe. « Le facteur de
proximité reste important », juge Rolf Beyer qui
vise une croissance de 10 à 15 % par an. Avec la
montée en puissance du e-commerce notamment,
cela semble tout à fait réaliste !
Cathy Polge