Mise au point d`une spécialité fromagère à partir de
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Mise au point d`une spécialité fromagère à partir de
Mise au point d’une spécialité fromagère à partir de poudres laitières F. Neyers Formateur en technologie laitière ENILIA Surgères Mots clés Poudre de lait Fromage Lait reconstitué Postacidification Formagraphe Un chef d’entreprise d’un pays du Magrehb a souhaité mettre en place une fabrication fromagère permettant de présenter des produits ayant de nouvelles caractéristiques sensorielles. Les produits existant sur place sont caractérisés par un certain nombre de défauts liés à l’utilisation exclusive de lait recombiné. Les fromages type « pâte molle » sont postacidifiés, avec une implantation difficile de la flore de surface. Il fallait donc créer des produits proches de pâtes molles plus solubilisés, plus souples, sans cœur plâtreux, avec des goûts moins agressifs. Le caillé fabriqué devait également être travaillé pour faire des pâtes pressées et des pâtes persillées. .1 Contraintes Dès le début du projet, il s’est avéré que la fabrication fromagère se ferait à partir de poudres de lait uniquement (pas de production de lait frais sur place). Le demandeur souhaitait également que la fabrication se fasse uniquement à partir de lait reconstitué et non recombiné. .2 Démarche Les technologies n’ont pas été définies en fonction des caractéristiques des produits, mais en fonction d’objectifs rhéologiques à atteindre. Nous avons donc pris des laits témoins dont nous connaissions les caractéristiques fromagères. Ces laits ont été « décrits » au formagraphe. Les mesures effectuées ont été : Le temps de prise ; TP La fermeté à une fois le temps de prise ; A R La fermeté à deux fois le temps de prise ; A2R La fermeté maximale ; A max La fermeté après 20 minutes de durcissement. Photo 2 Courbes au formagraphe Caractérisation du lait frais TP min AR mm A2R mm Lait frais 42 + CaCl2 17 36 33 45 45 / 56 = CaCl2, 30 pH à 6,50 Lait frais 40 à 6,50 14 25 35 22 35 40 Le lait 2 donne une idée des valeurs à obtenir au niveau de la fermeté. Ces valeurs sont surestimées pour un fromage à pâte pressée, mais à peu près conformes à ce qui se passe en pâte molle solubilisée. Le lait 3 manque de fermeté, le 4 durcit lentement, mais les résultats sont plus intéressants que pour le lait 3. Les premières comparaisons avec des laits obtenus par mélange de poudres, ont donné des résultats non convenables (TP trop longs, raffermissement faible…), incohérents ou difficilement interprétables. .3 Résultats Nombre de mélanges testés : 12 Nombre de formulations retenues : 2 Les formulations retenues permettent d’aboutir aux compositions suivantes : Lait à 38 g de MP, pour 42 g de MG par litre (3,4 % de poudre de rétentat, 9, 8 de poudre de crème) ; Lait à 40 g de MP, pour 43 g de MG par litre (3,6 % de poudre de rétentat, 10 % de poudre de crème). Les mélanges avaient lors des essais un coût estimé de 35,91 à 37,19 euros pour 100 Kg de lait reconstitué, soit des valeurs proches de 2,48 à 2,73 euros par kg de fromage fabriqué. Nombre de formulations vérifiées en fabrication de pâte molle solubilisée : 2 Des essais ont été menés pour fabriquer des fromages avec ces deux formulations. Outre la cinétique de coagulation et de raffermissement, ces essais ont permis également de valider la cinétique d’acidification, l’égouttage en cuve et en moule, ainsi que l’implantation des flore d’affinage dans des conditions de fromages en blanc déterminées. Les résultats ont été probants car les flores se sont bien développées, les fromages n’ont présentés aucun défaut tout au long de leur affinage (pas de cœur plâtreux, pas de décollement de croûte, pas de défaut de goût) ; ils ont été constants jusqu’à une date de 45 jours après emballage dans un papier pour pâte molle classique. La dégustations de ces fromages par des initiés, n’a pas permis de les différencier de fromages faits avec du lait frais (ils ont même été mieux notés que des fromages témoins). .4 Suite à donner .4.1. Validation des recettes sur bassines tecnal Un essai sur chaîne automatisée permettra de valider la mécanisation de ces formulations. Ceci est d’autant plus important que toute cette démarche est censée déboucher sur l’achat de matériel et la mise en place d’une fabrication semi industrielle sur place. Photo de la chaîne tecnal .4.2. Mise en place de cahiers des charges pour les poudres de laits utilisées Les différents mélanges testés ont laissés apparaître des problèmes de répétabilité d’un lot de poudre à l’autre. Un même mélange, fait avec deux lots de poudres différents donnait des résultats très différents (jusqu’à une absence de coagulation dans certains cas). Il a donc fallu travailler avec les fournisseurs de poudres lactées pour obtenir des produits réguliers et ayant une aptitude fromagère (historique du lait utilisé pour fabriquer les poudres de crème et de rétentat). Outre la mise en place de cahier des charges sur les différentes poudres, il a fallu systématiser des analyses rhéologiques simples, permettant de caractériser l’aptitude fromagère des mélanges de poudres à utiliser. .4.3. Modification et adaptation des mélanges pour des pâtes persillées et des pâtes pressées La technologie des pâtes persillées passe par un coiffage plus important, une acidification différente (plus de ferments gazogènes) et un développement microbien internes. Ces essais n’ont pas encore été validé à ce jour (la production des pâtes molles est déjà régulières et il faut d’abord approvisionner les marchés sur place). .5 Etat des lieux A ce jour, un mélange de poudre proche de celui déterminé est utilisé quotidiennement en Algérie pour fabriquer des pâtes molles traditionnelles et d’autres plus stabilisées. Le marché des poudres actuels fait que le fabricant de fromage change souvent de fournisseurs. Il reconnaît d’ailleurs que ces changements se répercutent sur la qualité finale de ces produits (postacidification, présences de thermoréistants, résidus d’enzymes de psychrotrophes…). Malgré tout, du suivi à distance de cette fromagerie permet d’envisager un prochain développement de fromages à croûte lavée, sur des technologies pâte molle ou pâte pressée, toujours à partir de mélange de poudres laitières.