Le commerce extérieur de la Chine en 2014
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Le commerce extérieur de la Chine en 2014
Le commerce extérieur de la Chine en 2014 Avec une progression de 3,5% de son commerce extérieur en 2014, la Chine enregistre pour la troisième année consécutive un résultat inférieur aux objectifs (+7,5%). Il s’agit de sa plus faible performance depuis la crise financière. Les échanges de biens s’établissent à 4 306 Mds USD selon les douanes chinoises et la Chine enregistre un excédent commercial record de 380 Mds USD, soit le double du solde de 2010. A 1 963 Mds USD, les importations chinoises, en partie affectées par la chute des prix mondiaux des matières premières, enregistrent une très faible croissance (+0,7% en glissement annuel). L’Union européenne, premier fournisseur de la Chine, voit ses ventes progresser de 11%, reflet de la demande chinoise toujours croissante de biens de consommation. Les exportations chinoises (2 343 Mds USD soit +6% par rapport à 2013) sont de moins en moins portées par le commerce de transformation lié à la fonction du pays d’usine du monde. Panorama général des échanges 1. L’Asie-Pacifique représente une part importante des échanges de la Chine (45% de son commerce extérieur) mais les échanges commerciaux dans la région marquent le pas en 2014 Parmi les dix premiers partenaires commerciaux de la Chine continentale, cinq sont asiatiques (HongKong, Japon, Corée du Sud, Taïwan, Malaisie). Après plusieurs années de forte croissance (+13% de croissance annuelle en moyenne entre 2005 et 2013), les échanges sino-asiatiques n’augmentent que de 2,4% entre 2013 et 2014. Ce faible dynamisme est particulièrement marqué pour les relations sino-japonaises (+0,3%) et sino-taiwanaises (+0,7%) et sino-australiennes (+0,1%). Les échanges de Chine avec la Corée du Sud (+6%) et l’Inde (+8%) sont en revanche parmi les plus dynamiques de la région, tirés par les exportations chinoises de biens. 2. La Chine poursuit son expansion commerciale en suivant le tracé des nouvelles Routes de la Soie La stratégie chinoise Une Ceinture, une Route visant d’une part, à faciliter les échanges extérieurs de la Chine, notamment via la réalisation de grands projets d’infrastructures et d’accords de libreéchange, et d’autre part, à sécuriser l’approvisionnement énergétique de la Chine, a continué d’être promue en 2014. L’ASEAN, qui bénéficie depuis 2010 d’une zone de libre-échange avec la Chine continentale, représente 11% des échanges totaux de la Chine. Après plusieurs années de croissance à deux chiffres, le volume des échanges ne progresse que de 5% en 2014. La part de l’Asie centrale dans les échanges commerciaux de la Chine reste, quant à elle, faible (1%) mais celle-ci a doublé en dix ans et bénéficie de la mise en service en janvier 2014 d’une ligne ferroviaire reliant la province du Zhejiang au Kazakhstan sur près de 4600 kilomètres. En 2014, les échanges chutent de 10,5% du fait de la baisse des achats chinois d’hydrocarbures de la région (-25%). Le commerce de biens entre la Chine et le Proche et Moyen Orient (7% du commerce extérieur chinois) est, en revanche, particulièrement dynamique en 2014 (+10%) en grande partie stimulé par la hausse des exportations chinoises de biens. Le déficit commercial de la Chine vis-à-vis de cette zone est ainsi divisé par deux (18 Mds USD soit son niveau le plus faible depuis 2010). Juin 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN CHINE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 1 3. Les échanges avec l’Union européenne, les Etats-Unis et la Russie sont, en 2014, parmi les plus dynamiques du commerce extérieur chinois L’UE reste le premier partenaire commercial de la Chine et absorbe 14% des échanges. En 2014, l’UE est en outre la zone la plus dynamique du commerce extérieur chinois (+10% en g.a.). Cette croissance est aussi bien notable au niveau des importations chinoises (+11%) que des exportations (+9%). Les importations de biens en provenance de l’Allemagne, de France, du Royaume-Uni et de l’Italie augmentent respectivement de 11%, 18%, 24% et 10% selon les douanes chinoises. Deuxième partenaire de la Chine, les Etats-Unis deviennent en 2014 le premier client de la Chine. La croissance des échanges sino-américains (+7%) est toutefois moins prononcée que celles des échanges sinoeuropéens ce que l’on peut en partie expliquer par la diminution des achats chinois de machines, appareils et matériels électriques (-6%), premier poste d’achats chinois, et par la dépréciation de l’EUR face au CNY. Les échanges entre la Chine et la Russie, 9ème partenaire commercial de la Chine, sont stimulés par les importations chinoises d’hydrocarbures qui continuent de constituer près d’un tiers des échanges et augmentent de 11% en valeur en 2014 malgré la baisse du prix du pétrole. 4. Bien qu’en forte croissance ces dernières années, les échanges entre la Chine et les pays émergents subissent en 2014 les effets de la baisse des prix des minerais et des hydrocarbures L’Amérique Latine représente 6% du commerce extérieur chinois soit un doublement des parts de marché en dix ans, que l’on peut en grande partie expliquer par la hausse des importations chinoises de minerais. Les échanges de biens entre la Chine et la région en 2014 pâtissent de la chute mondiale des prix des minerais qui affecte en premier lieu le Brésil, deuxième fournisseur de minerais de fer de la Chine et responsable d’un tiers des échanges sino-latino-américains. Les échanges sino-africains (5% du commerce extérieur chinois) suivent le modèle « angolais » : vente de matières premières contre achats de produits manufacturés, les importations de pétrole, essentiellement en provenance d’Angola, constituant 45% du total des achats chinois. Le commerce sinoafricain enregistre, en 2013 comme en 2014, une croissance de 6% qui contraste avec le fort dynamisme des années précédentes, en partie sous l’effet de la baisse mondiale des prix des matières premières. Décomposition sectorielle des importations 1. La chute des prix de matières premières n’explique pas à elle seule la faible croissance des importations chinoises : celle-ci doit également être attribuée au ralentissement de la demande industrielle locale et de la croissance chinoise La croissance du PIB chinois s’est en effet établie à 7,4% en glissement annuel sur l’année 2014, soit son taux le plus faible depuis 1990. Durant cette période, les importations chinoises de machines, appareils et matériels électriques, deuxième poste d’importations (22% du total) derrière le secteur minerais – hydrocarbures, chutent de 3%. Au troisième rang des importations chinoises (9% du total), le secteur des machines, appareils et engins mécaniques enregistre une croissance globale de 5% en g.a. mais certaines catégories importantes de produits (notamment dans le secteur des TIC) enregistrent des baisses. Ces tendances reflètent en partie le ralentissement du commerce de transformation, tirées par les entreprises à capitaux étrangers implantées en Chine. Les importations de type transformation (c’est-àdire les achats exclusivement destinés à être réexportés après transformation ou assemblage) constituent ainsi 32% du total des importations chinoises en 2014 contre 47% en 2007 selon une étude réalisée par le Centre d'études prospectives et d'informations internationales (CEPII) en mars 2015. Juin 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN CHINE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 2 2. « Le basculement vers le haut de gamme de prix/qualité des importations est un changement récent et spectaculaire » (CEPII) Selon le CEPII, les achats de produits haut de gamme ont progressé de plus de 10 points depuis 2007, pour représenter la moitié des importations chinoises de biens en 2012. Si les pièces et composants constituent l’essentiel des produits haut de gamme importés, les biens de consommation font une entrée remarquable, leur part dans les échanges manufacturiers passant de 2% en 2002 à 9% en 2012 (dernières données disponibles). En novembre 2014, le gouvernement central a en outre dévoilé une série de mesures visant à encourager les importations de produits de haute technologie, qui constituent 11% des importations totales de la Chine (selon une classification de l’OCDE). Les importations en provenance de France, 6ème fournisseur dans ce secteur (5% de parts de marché) sont particulièrement dynamiques (+31% en 2014 selon les douanes chinoises). 3. Alors que les questions de santé publique et de sécurité sanitaire des aliments agitent régulièrement l’opinion publique chinoise, les importations de produits agroalimentaires et de produits de santé restent dynamiques en 2014 Le secteur des industries agricoles et agroalimentaires (6% du total) poursuit sa progression en 2014 (+7%) sous l’effet conjugué de la demande croissante des consommateurs chinois notamment pour les protéines animales (production exigeante en termes de surface arable, alors que la Chine a quasiment atteint le maximum de sa surface cultivable) et de la succession de scandales alimentaires, qui mine la confiance des consommateurs chinois dans les produits domestiques. Les importations de soja en provenance des Etats-Unis et du Brésil (de très loin premier poste d’importations du secteur agroalimentaire) ainsi que de produits laitiers, œufs et miels restent dynamiques en 2014 (respectivement +8% et +24%). Les achats de viandes et abats et de vins et spiritueux (secteur sur lequel la part de marché française atteint 56%) diminuent respectivement de 1,5% et 7%. Les achats chinois dans le secteur de la santé (1,6% du total) sont en forte croissance en 2014 (+13%) en raison du dynamisme des produits pharmaceutiques qui représentent plus de la moitié des importations du secteur et dont la demande a été multipliée par dix en dix ans. La France se positionne au quatrième rang des fournisseurs de la Chine sur ce segment, derrière l’Allemagne, les Etats-Unis et l’Italie. 4. L’urbanisation du pays et l’émergence de la classe moyenne chinoise créent de nouveaux besoins Les importations de matériel de transports représentent 6% du total et sont particulièrement dynamiques en 2014. Les ventes de véhicules de tourisme assemblés, qui représentent près de la moitié des importations du secteur transports, enregistrent une croissance de 26% tandis que celles du secteur aéronautique augmentent de 23%. Si elles ne représentent que 2,8 Mds USD, les importations chinoises de produits cosmétiques ont doublé depuis 2011 et enregistrent une très forte hausse en 2014 (+60%). La France est, de très loin, premier fournisseur dans ce secteur avec 36% de parts de marché en 2014 suivie par le Japon et les Etats-Unis. Décomposition sectorielle des exportations 1. Malgré la hausse des coûts de main d’œuvre, la Chine reste en 2014 « l'atelier du monde », lui permettant ainsi de trouver de nouveaux débouchés pour ses industries en surcapacité Les exportations d’articles issus de l’industrie manufacturière intensive en main d’œuvre restent majoritaires (jeux, vêtements et chaussures, mais aussi matières plastiques, automobile et parties). Les secteurs des machines, appareils et matériels électriques, des machines, chaudières et engins mécaniques, Juin 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN CHINE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 3 des vêtements, chaussures et accessoires ainsi que des meubles et jouets concentrent 63% des exportations de biens. Dans ces secteurs, la croissance des exportations chinoises est comprise entre 5 et 7% sauf pour le secteur machines, appareils et matériels électriques (571 Mds USD soit 24% du total) qui ne progresse que de 1,7%. Si les Etats-Unis et l’Union européenne restent les premiers marchés d’exportations de produits chinois, le dynamisme des ventes de biens vers l’ASEAN (+11%) et l’Afrique (14%), reflète l’importance croissante des pays en voie de développement en tant que débouchés pour l’industrie chinoise, notamment dans des secteurs minés par les surcapacités. 2. Les exportations de la Chine sont désormais moins portées par l’insertion du pays dans les chaînes mondiales de production que par la diversification de l’offre chinoise Selon une étude réalisée par le CEPII, les exportations ordinaires, fondées principalement sur des inputs locaux (à la différence de produits assemblés ou arrangés en Chine) sont aujourd’hui majoritaires (58% des exportations chinoises en 2014 contre 47% en 2007). Cette mutation va de pair avec l’ascension des firmes chinoises dans le commerce extérieur chinois. 70% des exportations ordinaires sont ainsi réalisées par des firmes chinoises tandis que 80% des exportations de transformation, reflet de la participation de la Chine dans les chaînes mondiales de productions, sont réalisées par des firmes à capitaux étrangers. Les entreprises d’Etat jouent en outre un rôle de moins en moins important dans le commerce extérieur de la Chine, 79% des exportations opérées par des firmes chinoises étant aujourd’hui réalisées par des entreprises privées selon les statistiques officielles chinoises. Enfin, l’étude du CEPII démontre que le niveau technologique des exportations chinoises ordinaires est en progression ces dernières années, le volume d’exportations de biens de moyenne technologie dépassant aujourd’hui celui des exportations de biens de faible technologie. Les exportations de produits de haute technologie restent toutefois faibles (8% des exportations ordinaires). *** Le commerce chinois s’inscrit ainsi dans une transition vers un système fondé sur la fin du modèle de production à faible coût sur lequel reposait l’avantage comparatif du pays, la montée en gamme de l’économie et des exportations, ainsi que, selon le ministère chinois du Commerce, « la croissance raisonnable des importations de biens de consommation générale étroitement liés au bien-être de la population ». Cette transition suppose des objectifs de croissance modérée du commerce extérieur. L’objectif de croissance des échanges de biens, une fois encore revu à la baisse, s’établit à 6% pour 2015. La Chine continuera cependant d’avancer son agenda de politique commerciale qui vise notamment à multiplier les accords de libre-échange avec ses voisins et le long des nouvelles routes de la Soie. Outre une possible entrée en vigueur des ALE avec la Corée du Sud et l’Australie fin 2015, la Chine espère conclure cette année un ALE « renforcé » avec la zone ASEAN, ainsi qu’un Partenariat Economique Régional Global avec ses partenaires de l’Asie-Pacifique. Pékin souhaite accélérer les négociations en cours avec le Sri Lanka et Israël et a lancé deux études de faisabilité depuis le mois de janvier pour la conclusion d’accords avec les Maldives et la Géorgie. D’autres devraient suivre dans le courant de l’année (Colombie, Népal, Inde). Clause de non-responsabilité - Le service économique s’efforce de diffuser des informations exactes et à jour, et corrigera, dans la mesure du possible, les erreurs qui lui seront signalées. Toutefois, il ne peut en aucun cas être tenu responsable de l’utilisation et de l’interprétation de l’information contenue dans cette publication. Juin 2015 © DG Trésor AMBASSADE DE FRANCE EN CHINE SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL 4