Dossier de presse

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Dossier de presse
Klavdij SLUBAN
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M A I
L’expérience des confins
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GILLES ALTIERI
De la baltique à la Chine
À l’est de l’Est
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KLAVDIJ SLUBAN
Entre parenthèses
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KLAVDIJ SLUBAN
Repères biographiques
11
Photos disponibles
16
Œuvres exposées
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Fiche technique
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RELATIONS AVEC LA PRESSE Agence Observatoire - Véronique Janneau
Contact : Aurélie Cadot - Tél. 01 43 54 87 71 - Fax 09 59 38 87 71 - [email protected]
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L’expérience des confins
G ILLES ALTIERI,
directeur de l’Hôtel des Arts, commissaire de l’exposition
J
’ai découvert les photographies de Klavdij Sluban à l’occasion d’une
exposition qui lui était consacrée à l’Hôtel de Sauroy en 2008 dans le
cadre du « Mois de la Photo » à Paris. Le choc fut immédiat et l’ébranlement provoqué, durable. Un embarquement au long cours pour les
confins de l’Europe centrale à bord du Transsibérien et du Transtibétain.
Erri de luca qui a préfacé l’ouvrage Transsibériades consacré à ses photographies, écrit : « Le photographe a la nostalgie de la neige maternelle de
l’enfance qui le rebordait dans son coin de terre, mais ici la neige est devenue une lèpre blanche, elle ne recouvre pas le sol, elle le ronge. Son silence
est oppressant. Le photographe utilise rarement une vitesse d’exposition
rapide pour fixer une course, un mouvement. Il laisse plus souvent un
temps de pause plus long sur le diaphragme fermé, pour que le silence
imprègne la pellicule. L’immobile a besoin de plus de temps pour affleurer. »
Sluban nous donne ainsi à voir d’immenses paysages livides ou crépusculaires baignant dans une lumière plombée, où l’on croirait entendre le vent
de la steppe souffler ; espaces désertiques dont la démesure et le vide sont
rendus palpables par la présence toujours énigmatique et surprenante de
l’homme ou de l’animal dont l’insignifiance nous permet en contrepoint
d’en fixer l’échelle. Le monde dans lequel se meut Sluban, est celui des
plaines qu’il arpente indéfiniment en quête, peut-être, d’une révélation, de
quelque chose de l’ordre du numineux ; c’est le monde d’Andreï Tarkovski
au croisement du vertical et de l’horizontal, du religieux et de la matière.
Les vues de lieux habités possèdent une force d’évocation et une perfection formelle égales. La distribution des noirs, des gris et des blancs découpe
des espaces géométriques quasiment abstraits dans lesquels on entr’aperçoit des silhouettes de passants, de passagers de trains, des visages clos et
mutiques.
La photographie de voyage, comme le reportage de guerre est un genre
dont je me suis toujours défié car soit elle recherche le pittoresque, soit
expose de façon suspecte la misère et les tragédies humaines.
Sluban, comme Stanley Greene et Josef Koudelka pour la guerre, n’encourt
pas ce double reproche. Pour preuve les remarquables photographies prises dans les prisons et les centres pénitentiaires en France et dans plusieurs
régions du monde. Une thématique pourtant très délicate à traiter, et pour
Sluban une autre forme de confins à explorer, puisque la prison se situe à
l’extrême frontière du territoire social.
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Cela fait maintenant plus de dix ans qu’il a mis en place et anime des ateliers de reportage photographique avec des jeunes détenus, à Fleury-Mérogis
d’abord, puis dans d’autres établissements à travers le monde. Ses photographies ne sont donc pas les dépouilles et les trophées d’un chasseur
d’images, mais constituent la partie visible d’une expérience humaine
d’une exceptionnelle densité et traduisent la profondeur de son engagement personnel.
Klavdij Sluban explique ce choix : « Je me suis intéressé à la prison, davantage comme lieu que comme thématique. Quand je délimite mon cadre,
même si c’est à un niveau aussi vaste que celui d’une région, je me cogne
à un moment aux frontières, de la même manière que je me cogne aux
murs des prisons, aux parois des cellules. Ma photographie de voyage et
la photographie que je pratique en prison avec les jeunes détenus sont intimement liées. Elles ne sont pas antinomiques : l’une est un voyage débridé
et l’autre est enfermée dans un espace confiné. Elles partent pourtant d’un
même questionnement.
Deux univers extrêmes et tragiques qui par le regard de Sluban acquièrent
une dimension poétique et une unité étonnantes, au point qu’il n’est pas
toujours aisé de distinguer ce qui relève du carcéral ou du monde extérieur.
Un climat uniformément « slubanien » résultant pour une part du caractère
polysémique et presque neutre de ses images et de leur lumière incomparable. La magie froide et envoûtante des noirs et blancs de Sluban. Le noir
à propos duquel Odilon Redon pouvait dire « il faut respecter le noir, rien
ne le prostitue. »
Une formule qui pourrait parfaitement s’appliquer à Klavdij Sluban.
L’exposition de l’Hôtel des Arts présente une sélection d’une centaine
de photographies de Klavdij Sluban, qui couvre les différents cycles de
son travail.
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DE LA BALTIQUE À LA CHINE
À l’est de l’Est
K LAVDIJ SLUBAN
A
vant de parler, M.Hong Jiang détourne lentement le regard vers
la fenêtre du compartiment, tire sur sa cigarette, laisse la cendre
se détacher d’elle-même, puis, au moment où il aurait pu reprendre son histoire, apparaît sur la route en terre le long de la voie ferrée
une moto qu’il se met à fixer. Dans une communion de regards, tous
les autres passagers suivent la course folle du nuage de poussière
poursuivant de près le deux-roues cyclothymique qui monte et descend dans le cadre de la fenêtre au gré des variations topographiques.
Apparu comme par enchantement, le side-car et son pilote s’évaporent sans plus d’explication dans le désert de Gobi. Chacun réajuste
ses pupilles à la pénombre du compartiment. M.Hong Jiang a jeté un
coup d’œil sur le bas-côté droit de la voie : la borne blanche indique
le kilomètre 630. Plus que quatre heures avant Oulan-Bator, kilomètre
404, autant ne pas reprendre son histoire, si c’est pour l’interrompre
aussitôt. Chacun se replonge dans ses pensées.
La jeune Yen Li doit se demander ce que fait à cet instant même sa fille
de 18 mois laissée à la garde de ses parents, dans un village du sud de
la Chine, dans la province de Canton. M.Tsai Tao, la trentaine joufflue,
se réjouit d’aller retrouver sa vie d’« étudiant » tout de suite après la
frontière russe, dans la ville d’Oulan-Oude. Quant à celui qui s’était
présenté, au départ de Pékin, par un « I am Professor » sans appel, il
veille soucieusement sur quatre sacs de sport alignés sur la couchette
du dessus, non repliée bien que ce soit la pleine journée. À chaque fois
que le train fait une embardée, car certaines secousses du Transsibérien
semblent provoquées par une vague tellurique et font se lever les
novices qui vérifient si cette fois le train n’a pas déraillé pour de bon,
Professor va immédiatement vérifier le contenu de ses sacs. Cliquetis
de bouteilles entrechoquées et jurons en mongol. Après avoir nettoyé
les dégâts, il se rassoit à sa place et reste immobile derrière ses lunettes de soleil de star surannée. Nul ne mettra en doute son statut, pas
même lorsqu’à la douane chinoise il devra ouvrir les quatre sacs et que
seront mises à nu des dizaines de bouteilles d’alcool. Professor a une
prestance naturelle qui lui permet de garder ses lunettes de soleil
même devant des douaniers.
Quittant la morne désolation de la Sibérie, le train commence à s’animer en Mongolie avec les travailleurs immigrés et les contrebandiers
montés à Oulan-Bator.
« Je m’adresse à vous car vous avez de belles chaussettes. » C’est par ces
mots que se présente le traducteur de M. Hong Jiang. En réalité, ce
n’est pas tant l’esthétique des chaussettes que leur qualité qui vaut
l’honneur d’être admis dans le cercle de M. Hong Jiang : lui-même est
« dans » la chaussette. Refoulé par deux fois à l’aéroport de Moscou,
il tente cette fois la conquête de la Russie par la voie terrestre. Car il
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veut s’implanter sur le marché russe. À la question « Combien de personnes travaillent dans vos usines à travers la Chine ? », l’homme d’affaires, songeur, tire sur sa cigarette, regarde longuement par la fenêtre,
puis répond à mi-voix : «... et même plus ».
MOSCOU-PÉKIN,
1900
Lors de l’Exposition
universelle de 1900,
à Paris, une des
attractions principales
consistait à prendre
place dans un wagon
de la Compagnie
internationale des
wagons-lits reconstruit
à l’identique.
Les 50 859 955 visiteurs
qui en firent l’expérience
purent contempler,
quarante-cinq minutes
durant, les paysages
divers que parcourt
le Transsibérien.
Un décor à quatre
vitesses monté sur
rouleaux défilait plus
ou moins rapidement,
selon leur degré
d’éloignement.
Les neuf rouleaux que
peignit Pavel Pyasetsky
entre 1894 et 1899
représentaient environ
850 mètres de paysages,
scènes de la vie locale,
petites gares ou
construction de villes
nouvelles le long de
la voie du Transsibérien.
Chaque rouleau pèse
entre 17 et 25 kilos.
Le petit Paul Morand
fit ainsi, à 12 ans,
son « premier grand
voyage »...
Défilent les paysages. La muraille de Chine brièvement entr’aperçue,
son million de morts engloutis dans sa construction.
Et combien de morts pour hisser le Transtibétain à plus de cinq mille
mètres, défiant les lois du permafrost ? Tandis qu’une voix suave diffusée dans tous les wagons vante la prouesse technique du train le
plus haut du monde, sur l’écran plasma de chaque compartiment
apparaissent des schémas montrant la symbiose entre la construction
de ce tronçon de voie et l’écosystème environnant. Impossible d’éteindre l’écran, impossible de baisser le son. La voix suave indique que des
masques à oxygène sont à la disposition des voyageurs.
Les passagers du Transsibérien se divisent en deux catégories. Ceux
pour lesquels le passage des frontières est une expérience excitante et
ceux pour lesquels c’est une question de survie. La première catégorie
comprend, entre autres, des ferrovipathes, des étudiants en rupture, des
Américains en goguette, sans oublier tous ceux qui se sont fait avoir
par Cendrars, s’apercevant in fine que la lecture de La Prose du Transsibérien était bien plus intense que la réalité du voyage « mythique ». Dans
la seconde catégorie, seul le contenu des bagages différencie ceux qui
voyagent vers un monde meilleur, emportant objets de valeur, souvenirs
et habits personnels, de ceux qui transportent des biens de consommation par-delà la frontière dans le seul but de les revendre avec un
bénéfice qui justifiera la prise de risque.
Nulle atmosphère de voyage d’agrément dans le compartiment. D’où
sûrement cette convivialité sincère, car chacun semble comprendre la
motivation des autres. Les heures interminables d’attente à la frontière
aidant, les langues se sont déliées. Au temps perdu en formalités
douanières et chasse aux trafiquants en tout genre, il faut ajouter le
changement des boggies de chaque wagon. L’écartement des rails en
Mongolie, et dans toute l’ancienne Union soviétique d’ailleurs, est
légèrement supérieur à celui qui prévaut en Chine.
Dans l’immobilité forcée, dissipant le silence de la nuit, Yen Li avait
demandé soudain : « Est-il vrai qu’une fois saouls, les hommes russes
peuvent devenir très violents ? »
Sentant la difficulté, pour l’étranger auquel s’adressait la question, de
formuler une réponse tout aussi tranchante, la jeune femme avait
expliqué, en russe, qu’elle allait à Moscou pour servir d’interprète sur
les marchés – et les chantiers aussi, peut-être. « En tout cas, les marchés, c’est sûr. »
Les douaniers chinois étaient arrivés au moment où elle s’était mise à
raconter ce qui se disait dans son village des actes commis par les
hommes russes une fois saouls.
Au passage des frontières, tout le monde est coupable. Tandis que
défilent dans le compartiment les divers uniformes, se dessinent par la
fenêtre les silhouettes des soldats de faction le long du train. Postés
tous les cent mètres, emmitouflés dans leurs verts manteaux rem-
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bourrés, ils doivent rester immobiles dans la nuit hivernale, par –
25°C, à surveiller tout mouvement suspect. On peut voir de temps à
autre chavirer l’un d’entre eux, s’endormant debout transi de froid,
tour de Pise déclinant à vue d’œil, avant de se redresser in extremis.
Les douaniers partis, comme tous les voyageurs ont encore leur passeport à la main, la conversation reprend sur les visas. Le type 261,
commercial, permet de rester au maximum trois mois en Russie et
coûte 700 dollars ; le visa de travail, 1 000 dollars, autorise un séjour
d’un an mais est bien plus difficile à obtenir.
Le train s’ébroue, les conversations s’arrêtent au beau milieu des phrases.
Chaque redémarrage est une victoire appréciée proportionnellement
au temps que le train a passé à l’arrêt. Chacun se tait dans sa propre
langue. Avec en tête la frontière à venir et son lot de paramètres à
résoudre.
Plus tard, dans la langueur de l’après-midi, il arrive aussi que le Transsibérien vogue majestueusement sur ses rails. Le voyageur confortablement installé dans sa couchette en classe molle (en Chine, le confort
se partage en « classe dure » et « classe molle »), le voyageur, donc,
s’adonne sans retenue à un oblomovisme (1) assumé. Parfois ce sont les
chatons blancs des peupliers qui le tirent de sa rêverie, d’autres fois ce
sont les flocons de la première neige.
D’un voyage l’autre, les paysages se superposent sans s’écraser, les
images s’accumulent sans se soucier des saisons. Les stipes plumeuses
ondulant sur la steppe comme une vague marine laissent place au lac
Baïkal gelé. Une colonne de voitures roule à vive allure sur la glace. En
Sibérie, tant que la glace est suffisamment épaisse, les chauffeurs préfèrent emprunter lits de rivières et lacs gelés aux surfaces bien lisses
plutôt que les routes défoncées.
Sur le quai, à Krasnoïarsk, le voyageur s’arrête devant l’horloge de la
gare. Ayant demandé l’heure à un passant, il sait qu’il est 9 heures du
matin, en heure locale. Sachant que l’heure des gares est toujours
calée sur le temps de Moscou, qu’il est 5 heures à Moscou au même
moment, pourquoi l’heure de la gare indique-t-elle midi ? Tandis qu’il
essaie de résoudre cette équation à plusieurs fuseaux horaires, le voyageur se fait apostropher par un Russe titubant malgré l’heure matinale :
« N’essaie pas de comprendre, elle n’a jamais marché, cette foutue pendule. » Puis, en s’éloignant : « Si ça se trouve, elle débloque peut-être pas
tant que ça... parce qu’elle donne l’heure exacte de Pékin depuis le début.
Et qu’on va tous finir par y passer, à l’heure de Pékin, tôt ou tard ! »
En remontant dans le train, à deux compartiments d’intervalle, les
Russes, à l’heure de Moscou, sortent doucement de la nuit, tandis que
les Chinois, à l’heure de Pékin, entament leur déjeuner.
(1) Dans un roman intitulé Oblomov (1859), Ivan Gontcharov décrit un personnage dont les traits de caractère essentiels sont la procrastination, la paresse et l’apathie. Lénine considérait que l’oblomovisme (oblomovsh-china) était une maladie inhérente au peuple russe, profondément persuadé qu’il faudrait « s’y mettre », mais plus profondément convaincu encore que cela ne sert à rien...
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Entre parenthèses
K LAVDIJ SLUBAN
…extraits…de mémoire…le train de nuit quitte la gare de
Moscou vers le centre de la Russie. J’ai en poche les autorisations tamponnées signées contresignées qui me permettront d’entrer dans le
camp disciplinaire pour adolescents de la petite ville où mon seul
contact est le pope. "Tu verras, m’ont-ils dit, tu descends à 4h30 du
matin, là il y aura un camion qui t’attendra puis t’emmènera jusqu’à la
maison du pope. Problema niet."
Une fois le train reparti, les rares passagers disparus, j’attends sur le
quai. Je trouverai le camion derrière la gare. Le chauffeur dort, je monte,
m’installe à côté, lorsqu’il se réveille nous partons. Après une heure de
route défoncée, il m’indique du menton une maison. Il fait toujours
nuit, j’entre après avoir frappé plusieurs fois. Je m’assois sur le canapé,
en attendant. Soudain, avant même d’ouvrir les yeux, je sens qu’on
m’observe. Les six enfants du pope sont là, en face de moi, assoupi
assis. Leur mère déboule, les fait manger, les envoie à l’école.
- Mon mari n’est pas là, voulez-vous l’attendre ou est-ce qu’on va ensemble
à la prison ?
Nous sommes installés dans le vaste bureau du directeur du camp disciplinaire. Pour marquer le côté solennel de la rencontre, il a posé un
stylo doré et une feuille blanche par devers lui. Dans l’administration
pénitentiaire russe (et ex-soviétique), seul le bureau du directeur est
dépourvu d’ordinateur. Il trouve mon projet fort intéressant, mais !
- Pourquoi n’êtes-vous pas venu en compagnie de Sergueï Petrovitch ?
- Mon mari est au sanatorium depuis deux semaines, répond à ma
place mon accompagnatrice.
- C’est fâcheux, lui dit le directeur, mi-embêté mi-dépité, mais, voyez-vous,
je ne peux recevoir une telle demande émanant de la part d’une femme.
Revenez avec Sergueï Petrovitch. Quand rentre-t-il à la maison ?
- Dans trois mois.
Le soir même, je suis installé dans un compartiment du train de nuit
en direction de Moscou.
…une autre ville…un autre camp disciplinaire, toujours en
Russie. Les autorisations ont tardé, mais cette fois-ci, c’est sûr, tout est
en règle. Sauf qu’on ne peut pas me remettre le papier en mains propres,
car l’ordinateur est tombé en panne. Plutôt que de perdre une journée
de plus, on me conseille de me présenter directement au camp le lendemain matin. Le directeur est au courant. Je n’arrive qu’en fin de
matinée car il m’a fallu un certain temps pour comprendre que pour
aller de la gare ferroviaire à l’arrêt de bus qui me déposera devant le
camp, il fallait passer par l’écluse. La petite ouverture découpée dans
l’immense porte en fer par laquelle je m’adresse au gardien du camp
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se situe si bas que je suis pratiquement à genoux. Pas au courant le
gardien. J’insiste. Il prend le combiné du téléphone sans cadran, de
l’autre côté son à-peine-supérieur hurle avant même d’entendre sa
voix. De téléphones sans cadrans en hurlements, j’arrive à convaincre
un haut responsable du bien-fondé de ma présence, de la réalité du
fax derrière la porte, de l’authenticité des autorisations. C’est que le
directeur s’est absenté et le fax se trouve dans une pièce dont lui seul
possède la clef. Il ne reviendra que dans trois jours. Après le thé et une
conversation toute en banalités, le sous-directeur prend sur lui et m’emmène dans la partie détention où je peux commencer à travailler. Trois
jours plus tard, le directeur me convoque, apparemment très fâché.
L’autorisation n’est jamais arrivée. Deux coups de fil plus tard, le fax
crache sa feuille. "On était en rupture de papier" me dit, impassible, la
secrétaire chargée de l’envoi. Je peux continuer à travailler.
Chaque lieu de détention où je suis intervenu, en France, en
ex-Yougoslavie ou en ex Union-Soviétique, repose sur des codes parallèles à la loi en vigueur. Au règlement carré vient se greffer une loi de
la survie. Aux empêchements de l’un, l’autre trouve des solutions de
contournement sans cesse renouvelées, fondées non seulement sur les
sentiments humains, mais sur toutes ces plaques interactives, allant
des conditions économiques ou sociales jusqu’aux conditions climatiques.
Ce qui fait de la prison le lieu de tous les affects. De tous les
chantages.
Lorsque je suis entré pour la première fois au Centre des Jeunes
Détenus de Fleury-Mérogis (Essonne), en 1995, je venais de passer
une année entière en pourparlers au ministère de la Justice. Mon idée
de départ était simple : je désirais poursuivre en milieu carcéral la
même démarche photographique que j’avais menée jusque là en des
pays de prédilection. Des frontières imperméables aux murs infranchissables, cogner aux parois de l’intérieur. Quand bien même le sujet
se prête au sensationnalisme, je quittais sciemment le terrain du
reportage pour photographier à la première personne du singulier.
Conjuguer ma pratique photographique en milieu carcéral et les ateliers avec les jeunes détenus pour tisser un lien entre la photographie
d’auteur et le partage d’une passion avec des adolescents en milieu
extra-ordinaire. Ce faisant, je mettais en place une poche où se rejoignaient des questions, des thématiques, des préoccupations qui
m’ont toujours tenu à cœur.
Ces nouveaux espaces à explorer ne sont pas inaccessibles car
à l’autre bout de la planète, mais bien parce qu’on les maintient à l’abri des regards. Alors que la photographie a fait depuis belle lurette le
tour du monde de l’exotisme, les murs de certaines institutions lui
fournissent l’occasion de donner à voir en créant du sens.
Sachant que je ne voulais pas faire un reportage photographique, encadré par deux surveillants me faisant visiter le zoo, ses bêtes
féroces, ses spécimens rares… il me fallait l’aval de l’administration
pénitentiaire en même temps que l’assurance d’une liberté de mouvement au sein de la prison. D’où l’année de pourparlers. Le CJD de
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Fleury s’avéra idéal car un labo photo noir et blanc existait déjà sur
place. Il fut accepté que je passerais trois semaines d’affilée, du matin
au soir, avec un groupe de jeunes âgés entre treize et dix-huit ans,
tous volontaires, à explorer leur lieu de détention par le biais de l’appareil photographique. Ni animateur, ni professeur, je me positionnai
d’emblée comme photographe pratiquant. Avec une exigence de rendu
(prise de vue, développement, tirage) plutôt qu’une approche disciplinaire ou morale.
Cela commence un lundi matin avec le mode d’emploi de
l’appareil, l’après-midi nous photographions déjà à travers la prison,
accompagnés d’une personne de l’administration, avant de nous quitter
nous mettons les films sous cuve, le mardi matin développement,
l’après-midi planches contact puis premier tirage. "C’est magique !" dit
Omar, "Non, c’est chimique." rétorque Gaylord.
Dans le laboratoire, je suis seul avec les sept détenus (sept parce qu’il
y a sept agrandisseurs). Avec les années je remarquerai que la place et
l’agrandisseur qu’ils se seront choisis spontanément correspondent à
certains traits de leur personnalité. D’une année l’autre, jamais les mêmes
toujours pareils. Le rythme est soutenu : pour participer à l’atelier, il
leur faut sacrifier toutes les autres activités et même les promenades.
Immersion totale.
À aucun moment je ne chercherai à savoir la raison de leur présence en ces lieux. Au départ, ils se sentent soulagés de mon orientation strictement photographique. Je suis même perçu comme quelque
peu obtus, pour ne pas dire limité. Au fur et à mesure que le temps
passe, nous apprenons à nous connaître, la confiance s’installe. Je sens
en eux, alors, le désir de parler, de se parler. Cependant, j’ai toujours
refusé de me retrouver dépositaire de leur histoire. Si facile de s’improviser psy, gourou ou grand frère. Mais jamais je ne les renvoie dans
leur coin. À chacune de leur demande, je trouve une réponse photographique. Grande surprise, ce ne sont pas les virées à travers la prison
qu’ils préfèrent. Non, ce qu’ils veulent, dès qu’ils ont maîtrisé la pratique du tirage, c’est s’enfermer dans la chambre noire et travailler. J’ai
refusé également la présence d’un poste de radio. Avec pour fond
sonore les tirages lavés à l’eau du robinet, le travail progresse le plus
souvent dans une atmosphère débridée parfois dans un silence total.
Paradoxalement, une lueur de liberté se profile dans ce surenfermement volontaire. Durant la journée, je dois même imposer des temps
de respiration, le soir ils ne veulent pas quitter le labo.
La qualité de leur production est au-delà de tout ce que j’avais pu imaginer. L’idée de présenter leurs travaux au sein de la prison s’impose.
La venue d’Henri Cartier-Bresson tout au long de ces sept années pour
regarder et encourager les travaux des apprentis photographes consistera essentiellement en discussions sur l’enfermement, en un échange
d’expériences. "Henri, t’es revenu ? Trop de la balle !!!" lui lance
Boubacar, "Oui mais si on me gratte trop, tu sais, je risque de ne pas pouvoir ressortir..."
C’est dire si nous avons été meurtris un matin où nous avons
trouvé les négatifs lacérés. Des surveillants s’étaient défoulés durant la
nuit sur cette activité qui de toute évidence commençait à poser problème. Il fallait bien se l’avouer : plus le potentiel de cet atelier s’intensifiait, plus cela dérangeait l’administration pénitentiaire.
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Le mouvement rectiligne de la prison n’était plus respecté. Nos déplacements à but artistique, nos errances à travers les couloirs, tous ces
zigzags n’entraient plus dans la définition pénitentiaire du déplacement.
En 2001, mon atelier avec les jeunes du CJD prenait fin. Motif : "Vous
leur faites trop de bien."
Dès 1998, j’ai mis en place des ateliers similaires dans les pays
de l’ex Union-Soviétique. À défaut de chambre noire, je proposai des
appareils jetables. Avec la crainte que ces objets n’apparaissent soudain comme des produits de luxe tant les conditions de vie sont minimales dans les camps disciplinaires. Une fois de plus, la réappropriation du milieu carcéral à travers leur regard, la satisfaction de mener
un projet à terme, la réappropriation de soi à laquelle mène la photographie, apporteront un souffle nouveau à ces jeunes gens à qui l’on
désapprend à dire "je". Démarche similaire en Slovénie et en Serbie à
partir de 2000.
Mon approche photographique des adolescents en milieu carcéral
n’est pas exhaustive. Bien que entièrement investi dans ces projets, je
ne suis pas un "professionnel des prisons". Avant de commencer cette
série, je me suis posé la question des victimes. N’est-ce pas de ce côtélà qu’il faudrait proposer une aide en priorité ? Mais justement, ma
démarche ne se situe pas au niveau de l’aide. J’offre, sans compassion
aucune, à un groupe d’adolescents de partager un bout de chemin
photographique parce que mon approche est avant tout et par-dessus
tout artistique. Cette compression de l’espace-temps en prison est au
cœur de mon propos. Quant à se demander si la prison rend meilleur…
À l’heure qu’il est, un groupe de jeunes doit être en train d’apprendre
à poser du carrelage dans un des ateliers du CJD qu’ils vont devoir
détruire à la fin de leur stage afin de permettre à un nouveau groupe
de jeunes d’apprendre à poser du carrelage qu’ils vont détruire à la
fin… etc.
Le point commun entre la France, l’ex-Yougoslavie et l’exUnion-Soviétique ? J’en parle quelques langues. Ce qui me permet de
faire tous ces ateliers photographiques en prise directe avec chaque
personne rencontrée. Une fois la curiosité suscitée par le visiteur de
passage disparue, je reste pour essayer de voir là où il n’y a rien à voir
en apparence : ce temps qui s’effiloche, ce calme plat de la non-espérance. Ce rythme bien précis des repas, des promenades, des jours de
visite… dont le souvenir se superpose à mon quotidien d’homme libre.
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Repères biographiques
Klavdij Sluban, est né le 3 mars 1963 à Paris.
Son enfance se déroule à Livold (Slovénie).
Il fait ses études secondaires et supérieures en France et se passionne
pour la photographie dès l’adolescence.
En 1986, il obtient une maîtrise de littérature anglo-américaine
(«L’adolescent dans la littérature anglo-américaine»), effectue un stage
de tirage noir et blanc dans l’atelier de Georges Fèvre, puis voyage.
À son retour à Paris, il enseigne l’anglais. Puis s’installe à la campagne,
en Slovénie. En 1992, il revient en France et se consacre à la photographie.
Il voyage successivement dans les Balkans, autour de la mer Noire,
en ex-Union-Soviétique, autour de la mer Baltique, dans les iles
de la Caraïbe, à Jérusalem, en Amérique centrale et en Asie : Chine
(par le train transsibérien), Japon, Indonésie-Jawa, Bali, Sulawesi.
PRINCIPAUX CYCLES
Balkans-Transit
Autour de la mer Noire - voyages d’hiver
Tokyo Today
Paradise Lost
Jérusalem(s)
Autres rivages - la mer Baltique
Transsibériades (Voyages en Transsibérien : Russie et Chine)
CentroAmerica - d’une Amérique l’autre
Entre parenthèses : jeunes détenus à Fleury-Mérogis, en ex-Yougoslavie,
en ex-Union Soviétique et en Amérique centrale.
PHOTOGRAPHIE EN PRISON
De 1995 à 2001, Klavdij Sluban anime un atelier de reportage
avec les adolescents au Centre des Jeunes Détenus de Fleury-Mérogis
(Essonne). Leurs travaux étaient exposés au sein de la prison à la fin de
chaque stage, Henri Cartier-Bresson est venu régulièrement les encourager,
ainsi que d’autres photographes tels Marc Riboud et William Klein.
Depuis 1998, poursuivant ce projet, il travaille de manière similaire, avec
une dynamique et un échange photographiques, avec des jeunes détenus
de centres de détention en ex-Union Soviétique (Russie, Ukraine, Géorgie,
Moldavie, Lettonie), notamment dans les camps disciplinaires de Mojaisk
et d’Ikcha aux environs de Moscou, de Kolpino près de Saint-Petersbourg,
de Kaliningrad ainsi que dans les camps disciplinaires de Tbilissi et Khoni
(Géorgie), Lipcani (Nord de la Moldavie) et Cesis (Lettonie).
Depuis 2000, il a créé un atelier photographique à Celje (Slovénie)
dans l’unique prison pour jeunes détenus du pays ainsi qu’à Krusevac et
Valjevo (Serbie).
En 2006, il a mis en place des ateliers dans les prisons pour jeunes détenus
à St-Patrick’s Institution, Dublin, Irlande.
Depuis 2007, il travaille avec les gangs d’adolescents (« maras »),
d’Amérique centrale, en installant des ateliers à l’intérieur des prisons
de la Zona 18 et de Chimaltenango au Guatémala, ainsi que dans
les prisons d’Izalco et de Tonacatepeque au Salvador.
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EXPOSITIONS (sélection)
2010
- Rencontres d’Arles 2010 – Festival de Photographies – 41e édition,
« Transsibériades », le Magasin électrique
- Palazzo Duchi d’Acquaviva, Museo Archeologico, « ALL’EST DELL’EST »,
Atri Festival, Italie
- Centre d’Art Contemporain de La Base Sous Marine, Bordeaux,
19e édition d’Itinéraires des Photographes Voyageurs,
« De Transverses à Transsibériades » (1991-2009)
- Museo Nacional de Antropologia de el Salvador (MUNA),
« Tiempo suspendido », photographies des jeunes détenus
de Tonacatepeque et Izalco, Salvador, issus d’ateliers menés par K.Sluban
en 2010 avec les jeunes des maras (gangs) en prison.
2009
- Rencontres d’Arles, remise officielle du prix européen
des éditeurs de photographie : EPAP European Publishers Award for
Photography 2009, projection au Théâtre Antique
- Galerie Taiss, Paris
- Artcurial/Paris Photo
- Beijing Art Fair, Photo Beijing 2009, Lipao gallery
- Photo Beijing 2009, Aura gallery
- L’Imagerie, Lannion, France
2008
- Museum of Texas Tech University, Texas, États-Unis
- Galerie Hôtel de Sauroy, Paris, sélection officielle du « Mois de la Photo »
- Biennale de Photographie de Lyon, exposition de la commande
« Retour-aller », Galerie le Bleu du Ciel
- Beau geste gallery, Shanghai
- Espace St-Cyprien, Toulouse
- Plazza 66 gallery/Life Magazine, Shanghai
2007
- Aura gallery, Shanghai, Chine (catalogue 98p.)
- Musée des Beaux-arts, Caen, France
- Centre d’art de Bolzano, Italie (catalogue collectif: «Visioni di Cina», 168p.)
- Sirius Arts Centre, Irlande
- Fotografia Europea, Festival de Photographie de Reggio Emilia,
Chiostri di San Domenico, Italie, exposition de la commande sur Berlin
(catalogue collectif 372p.)
2006
- Harvard University, États-Unis
- National Gallery, Jakarta, Indonésie (catalogue « Après l’obscurité » 78p.)
- Musée des Beaux-arts de Canton, Chine (rétrospective/monographie)
- Musée des Beaux-arts, Shanghai, Chine
- Musée d’Art Moderne, Guatemala City
- Musée National, Cracovie, Pologne (catalogue 22p.)
- Place de l’Hôtel de Ville, Rennes, France, (formats géants en extérieur,
catalogue «D’ailleurs»58p.)
2005
- Musée de la Photographie, Helsinki, Finlande
- Musée National d’Estonie
- Galerie Fait & Cause, Paris
12
- Festival de Photographie d’Amérique Centrale, San Jose, Costa-Rica
(catalogue 28p.)
- Palais Kutcherfeld, Mois de la photographie de Bratislava, Slovaquie
2004
- Millennium Museum for Contemporary Art, Pekin, Chine
- Gens du voyage au pied du crassier, diaporama sur une communauté
de Roms sédentarisés de Saint-Étienne, festival Transurbaines
- Galerie d’art de l’Union des Artistes, Riga, Lettonie
- Festival Chroniques Nomades, Honfleur
- Cloitre St-Louis, Avignon
2003
- Musée d’Art Moderne, Ljubljana, Slovénie (catalogue : Ex, 106p.)
- Festival International de Photographie, Pingyao, Chine (catalogue collectif)
- Image et Paysage, 16 photographes français, Jakarta, Indonésie
(exposition et catalogue collectif realisés par l’AFAA)
- Festival International de Skopelos, Centre de la Photographie, Grèce
(catalogue collectif)
2002
- Transverses, Maison Européenne de la Photographie, Paris,
parcours sur dix années de photographies. Transverses, 188p, éditions MEP
- Galerie “Pablo de la Torriente Brau”, La Havane, Cuba
- Jérusalem(s) présenté à Jérusalem et dans les territoires occupés (Gaza...)
- Paradise Lost, Galerie du Château d’Eau, Toulouse (catalogue 28p.)
- Encontros da Imagem, festival de Braga, Portugal (catalogue collectif)
2001
- Musée d’art haïtien, Port-au-Prince
- Galerie de Photographie, Saint-Domingue, République Dominicaine
- Centre Méditerranéen de la Photographie, Bastia
- Musée historique de Tbilissi, galerie “le Caravansérail”, Géorgie
2000
- Galeries Photo Fnac, Paris, lauréat prix Niepce
- Musée de la Littérature, Rencontres européennes du livre, Sarajevo
- Musée Pouchkine d’Odessa, Ukraine (catalogue 32p.)
1999
- Institut du Monde Arabe, Paris, commande et exposition collective
sur l’olivier
1998/2000
- Autour de la mer Noire (texte d’Olivier Rolin) est présenté dans les pays
de la mer Noire, avec le soutien des Instituts Français des pays respectifs
1998
- K. Sluban et les jeunes détenus de Fleury-Mérogis : les lieux d’un piège.
Maison Européenne de la Photographie, Mois de la Photo, Paris
(catalogue collectif) Balkans-Transit, Galerie Grazia Neri, Milan
1997
- Metropolitan Museum of Photography, Tokyo
- Exposition itinérante, Japon et Europe : Musée Royal d’Architecture
de Copenhague, Stockholm,
- Luxembourg, Lisbonne… publication de Tokyo Today, éd. Idéodis, Paris, 1997
13
- XXVIIImes Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles,
Palais de l’Archevêché (catalogue collectif)
- Palazzo Publico de Sienne, Italie (catalogue collectif)
- Encontros de Fotografia de Coimbra, Galeria do Atrio, Portugal
(catalogue collectif)
1995-1996
- Balkans-Transit, présenté dans les Balkans avec le soutien des Centres
et Instituts Culturels Français des pays respectifs
1995
- Mediterranea, Ve biennale Internationale de la Photographie,
Rivetti-Fondation pour l’Art, Turin
1994
- D’Est en Ouest, Musée National d’Art Moderne, Centre d’art et de culture
Georges Pompidou, Paris (catalogue éditions Filigranes 24p.)
PRIX ET BOURSES
2009
2008
2006
2004
2001
2000
1998
1996
European Publishers Award for Photography
Centre National des Arts Plastiques/ministère de la Culture,
bourse pour le projet : « Amerika, etc.»
The Arts Council of Ireland, bourse et résidence.
St-Patrick’s Institution, prison pour jeunes détenus
Prix Leica (Medal of Excellence)
Fiacre, ministère de la Culture
Prix Niepce
Lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs, pour le projet
sur la mer Noire
Bourse d’aide à la création, DRAC Ile-de-France, projet sur les prisons
BIBLIOGRAPHIE
Transsibériades, European Publishers Award for Photography 2009 :
Actes Sud, France/ Dewi Lewis, Angleterre/ Braus, Allemagne/
Peliti, Italie/ Lunwerg, Espagne/
Apeiron, Grèce/ 150 pages, préface Erri De Luca
Entre parenthèses, PHOTO POCHE, Ed. Actes Sud, 2005, (coll. Société),
10 ans de photographies sur les adolescents en prison
(France, ex-Yougoslavie, ex Union-Soviétique).
Klavdij Sluban, 10 ans de photographie en prison, coffret DVD,
oe éditions, France, 2005.
Transverses, parcours sur dix années de photographie (1992-2002),
Maison Européenne de la Photographie, Paris, 2002
La Confusion des Genres en Photographie, éditions de la Bibliothèque
Nationale de France, Paris, 2001.
Balkans-Transit, texte de François Maspero, éditions du Seuil,
coll. Fiction & Cie, Paris, 1997.
(Prix Radio France Internationale, existe en collection de poche).
14
Portfolios : Asahi-camera (Japon),
Leica World Magazine (Allemagne),
Photographos (Grèce),
Chinese Photography, Popular Photography (Chine),
Photographies Magazine (France),
Pour Voir (France)…
DOCUMENTAIRES SUR KLAVDIJ SLUBAN
- Derrière la Page, Coup d’œil / Arte, Metropolis, 8min, 2002
- Photos-Photographes, Cndp / La 5e, 13min, 2001
- In L’amour tout court, Henri Cartier-Bresson, Les Films à Lou /
Arte, 90min, 2001
- Metropolis, Arte, 1997
COLLECTIONS
Fonds National d’Art Contemporain, Paris
Bibliothèque Nationale de France
Maison Européenne de la Photographie, Paris
Centre d’Art et de Culture Georges Pompidou, Paris
Galeries Photo-Fnac
Galerie du Château d’Eau, Toulouse
NSM Vie / ABN-AMRO, Paris
Musée Réattu, Arles
Metropolitan Museum of Photography, Tokyo
Musée de la Photographie, Braga, Portugal
Musée d’art moderne, Ljubljana, Slovénie
Musée Pouchkine, Odessa
Musée national d’Estonie
Musée de la Photographie, Finlande
Musée des Beaux Arts de Canton, Chine
Musée des Beaux-arts, Shanghai, Chine
Harvard University, Collection Edwin C.Cohen, États-Unis
15
Photos disponibles
Lettonie, 2002
© Klavdij Sluban
Transsibérien, Chine, 2004
© Klavdij Sluban
Kaliningrad, Russie, 2004
© Klavdij Sluban
16
Photos disponibles
Transsibérien, Mongolie, 2005
© Klavdij Sluban
Pologne, 2005
© Klavdij Sluban
Transsibérien, Mongolie, 2008
© Klavdij Sluban
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Œuvres exposées
CYCLE “MER BALTIQUE AUTRES RIVAGES”
Saint-Pétersbourg, Russie, 2003, 47 x 62 cm
Pologne, 2004, 47 x 62 cm
Rigga, Lettonie,2002, 47 x 62 cm
Kaliningrad, Russie, 2004, 47 x 62 cm
Finlande, 2004, 47 x 62 cm
Sur la route Estonie-Lettonie, 2002, 47 x 62 cm
Estonie, 2001, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
Finlande, 2004, 47 x 62 cm
Kaliningrad, Russie, 2004, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
Lituanie, 2001, 47 x 62 cm
St-Pétersbourg, Russie, 2003, 47 x 62 cm
St-Pétersbourg, Russie, 2003, 47 x 62 cm
St-Pétersbourg, Russie, 2003, 47 x 62 cm
St-Pétersbourg, Russie, 2003, 47 x 62 cm
St-Pétersbourg, Russie, 2003, 47 x 62 cm
Finlande, 2002, 62 x 82 cm
Pologne, 2005, 62 x 82 cm
Rigga, Lettonie, 2003, 62 x 82 cm
St-Pétersbourg, Russie, 2003
Pologne, 2005, 62 x 82 cm
Finlande, 2004, 62 x 82 cm
Lituanie, 2001, 62 x 82 cm
Lettonie, 2002, 62 x 82 cm
Lettonie, 2004, 62 x 82 cm
Kaliningrad, Russie, 2004, 62 x 82 cm
Kaliningrad, Russie, 2004, 62 x 82 cm
CYCLE “PARENTHÈSES”
Fleury-Mérogis, 1995-2001, 40 x 60 cm
Fleury-Mérogis, 1995-2001, 40 x 60 cm
Fleury-Mérogis, 1995-2001, 40 x 60 cm
Fleury-Mérogis, 1995-2001, 40 x 60 cm
Fleury-Mérogis, 1995-2001, 40 x 60 cm
Fleury-Mérogis, 1995-2001
Centre des jeunes détenus de Celje, Slovénie, 2000-2005, 40 x 60 cm
Celje, Slovénie, 2000-2005, 40 x 60 cm
Celje, Slovénie, 2000-2005, 40 x 60 cm
Camp disciplinaire de Krusevac, Serbie, 2004, 40 x 60 cm
Camp disciplinaire de Valjero, Serbie, 2004, 40 x 60 cm
Camp disciplinaire de Krusevac, Serbie, 2004, 40 x 60 cm
Kolpino, Saint-Pétersbourg, Russie, 40 x 60 cm
Kolpino, Saint-Pétersbourg, Russie, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
Khoni, Géorgie, 2001, 40 x 60 cm
Tbilissi, Georgie, 1999, 40 x 60 cm
Tbilissi, Georgie, 1999, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
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Nievil, Russie, 1998, 40 x 60 cm
Khoni, Géorgie, 2001, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
Ikcha, Russie, 1999, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
Tbilissi, Georgie, 1999, 40 x 60 cm
Lipcani, Moldavie, 1999, 40 x 60 cm
Ikcha, Russie,1999, 40 x 60 cm
Ikcha, Russie,1999, 40 x 60 cm
Lipcani, Moldavie, 1999, 40 x 60 cm
Cesis, Lettonie, 2002, 40 x 60 cm
Lipcani, Moldavie, 1999, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
Kaliningrad, Russie, 2004, 40 x 60 cm
Mojaïsk, Russie, 1998-1999, 40 x 60 cm
Kaliningrad, Russie, 2004, 40 x 60 cm
CYCLE “TRANSVERSES”
Albanie, 1994, 37,5 x 52 cm
Russie, 1999, 37,5 x 52 cm
Haïti, 2000, 37,5 x 52 cm
Turquie, 1999, 37,5 x 52 cm
Cuba, 1999, 55,5 x 37,5 cm
Turquie, 1997, 55,5 x 37,5 cm
Turquie, 1997, 55,5 x 37,5 cm
Géorgie, 1999, 37,5 x 55,5 cm
Ukraine, 1998, 55,5 x 37,5 cm
Ukraine, 1999, 55,5 x 37,5 cm
Porto-Rico, 2000, 55,5 x 37,5 cm
Ukraine, 1998, 44,6 x 62,5 cm
Ukraine, 2000, 44,6 x 62,5 cm
Ukraine, 1998, 44,6 x 62,5 cm
Ukraine, 1998, 44,6 x 62,5 cm
Ukraine, 1998, 44,6 x 62,5 cm
Turquie, 1997, 44,6 x 62,5 cm
Russie, 1999, 55,5 x 82,5 cm
Turquie, 2000, 84,3 x 123,5 cm
CYCLE “TRANSSIBÉRIADES”
Shangai, 2008, 41 x 61,5 cm
Sibérie, Transsibérien, 2007, 41 x 61,5 cm
Mongolie, Transsibérien, 2007, 41 x 61,5 cm
Pingyao, Chine, 2005, 41 x 61,5 cm
Lac Baïkal, Transsibérien, 2003, 41 x 61,5 cm
Mongolie, Transsibérien, 2004, 41 x 61,5 cm
Russie, Transsibérien, 2003, 41 x 61,5 cm
Frontière Mongolie-Russie, 2006, 41 x 61,5 cm
Pingyao, Chine, 2003, 41 x 61,5 cm
Sibérie, Transsibérien, 2003, 41 x 61,5 cm
Sibérie, Transsibérien, 2006, 41 x 61,5 cm
Lac Baïkal, Transsibérien, 2004, 41 x 61,5 cm
Moscou, Transsibérien, 2007, 41 x 61,5 cm
China, 2004, 41 x 61,5 cm
Moscou, Transsibérien, 2006, 41 x 61,5 cm
Moscou, 2006, 41 x 61,5 cm
Pingyao, Chine, 2003, 41 x 61,5 cm
Sibérie, Transsibérien, 2008, 41 x 61,5 cm
Yunnan, Chine, 2008, 41 x 61,5 cm
19
Pingyao, Chine, 2003, 41 x 61,5 cm
Mongolie, Transsibérien, 2007, 78 x 102 cm
Moscou, Transsibérien, 2006, 78 x 102 cm
Shangai, 2008, 78 x 102 cm
Shangai, 2008, 78 x 102 cm
Russie, Transsibérien, 2007, 78 x 102 cm
Mongolie, Transsibérien, 2008, 78 x 102 cm
Pingyao, Chine, 2003, 78 x 102 cm
Shangai, 2006, 78 x 102 cm
Chine, Transsibérien, 2004, 78 x 102 cm
Transsibérien, Frontière Mongolie/Chine, 2003, 78 x 102 cm
Chine, 2004
Lhassa, Palais du Potala, 2007, 78 x 102 cm
Sibérie, Transsibérien, 2007, 100 x 135 cm
Mongolie, Transsibérien, 2004, 100 x 135 cm
Transtibétain, 2007, 100 x 135 cm
Mongolie, Transsibérien, 2003, 100 x 135 cm
Shangai, 2008, 100 x 135 cm
Sibérie, Transsibérien, 2008, 118 x 172 cm
Transtibétain, 2007, 118 x 172 cm
Transtibétain, 2007, 118 x 172 cm
Transtibétain, 2007, 118 x 172 cm
Shangai, 2008, 118 x 172 cm
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Fiche technique
L'exposition aura lieu à Toulon du 2 avril au 22 mai 2011
Le vernissage est prévu le vendredi 1er avril à 18 h 30.
COMMISSARIAT DE L’EXPOSITION
Gilles Altieri, directeur de l’Hôtel des Arts
Un catalogue édité par le Conseil général du Var
à l’occasion de cette exposition comprendra des textes
de Gilles Altieri et Klavdij Sluban.
HÔTEL DES ARTS
Gilles Altieri, directeur
Entrée du public : 236 boulevard Maréchal Leclerc - Toulon
Adresse postale : Conseil général du Var - Hôtel des Arts - rue Saunier
BP 5112 - 83093 Toulon cedex
Tél. 04 94 91 69 18 - Fax 04 94 93 54 76
www.hdatoulon.fr
Horaires : exposition ouverte tous les jours de 10 h à 18 h,
sauf les lundis et les jours fériés.
Tarif : entrée gratuite
CONTACTS
Céline Ricci
Conseil général du Var - Hôtel des Arts
Tél. 04 94 91 69 18 - Fax 04 94 93 54 76
[email protected]
SERVICE DE PRESSE
Agence Observatoire - Véronique Janneau
Contact : Aurélie Cadot
Tél. 01 43 54 87 71- Fax 09 59 38 87 71
[email protected]
www.observatoire.fr
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