le moment de la separation - Page personnelle de René Barbier

Transcription

le moment de la separation - Page personnelle de René Barbier
Remi HESS
LE MOMENT DE LA SEPARATION
Discours d’un départ en retraite, pour la cérémonie de la Coupole de
Paris 8, dans le cadre de l’université d’été doctorale du laboratoire
Experice des 26 et 27 juin 2015 à Saint-Denis.
« Je suis venu à Paris 8 pour y faire ce que je ne
pouvais pas faire ailleurs ; je pars ailleurs pour faire ce que
je ne puis plus faire à Paris 8 ».
Chers collèges, chers étudiants, chers amis,
Jean-Louis Le Grand m’a demandé de préparer un petit discours à
l’occasion de mon départ en retraite. Ce n’est pas dans mes habitudes
d’écrire ce genre de texte. D’ordinaire, je les improvise, mais aujourd’hui
est un jour particulier. Plusieurs personnes m’ont demandé d’écrire ce
texte, car obligées d’être absentes, elles voulaient savoir ce que je pourrais bien inventer en ces circonstances nouvelles pour moi. En fait,
compte-tenu de la longueur des interventions précédentes, je vais prendre modèle sur le préfet de la Seine Saint-Denis lors de la cérémonie de
ses vœux en janvier 2015 auxquels il m’avait invité. Ce jour-là, il remettait
à ma fille aînée, Hélène, directrice des ressources humaines à la préfecture de Bobigny, les insignes de chevalier de l’ordre national du mérite (à
quarante trois ans, c’est pas mal !)… Le préfet a fait ce discours : « J’ai
écrit mon texte. Vous pourrez le lire. Passons aux choses sérieuses :
buvons un coup ! ». Moi, je rajoute : « Dansons ! ».
1 Suite pour mes lecteurs :
« Pour ce qui est de ton départ à la retraite, il est évident que tu
manqueras à la fac sans doute davantage qu’elle ne te manquera (quoi que…) ».
Fabien Granjon, 24 juin 2015.
Tout d’abord, je tiens à vous remercier d’être venus si nombreux aujourd’hui. Je remercie mes vingt-deux collègues d’Experice pour avoir eu
l’idée de cette réunion festive dans le cadre d’une université d’été
doctorale si productive. Je ne les nommerai pas, vous les connaissez,
mais chaque membre de ce groupe restera toujours présent dans mon
cœur. Je remercie Clara et le groupe des danseurs de tango de l’université
pour s’être associé à cette fête. Je remercie mes trois enfants, ma nièce
Véronique qui connaît bien Paris 8 pour y avoir été la secrétaire du
conseil scientifique, de s’être déplacés pour partager ce moment singulier
dans la vie.
Vivre et penser le passage
Dans ma longue carrière d’enseignant à Paris 8, il m’a souvent été donné
de participer à ces manifestations de départ en retraite ; parfois sinistres,
il faut le reconnaître. Je ne me souviens pas avoir assister à un tel événement aussi réjouissant, lors du départ en retraite d’un autre collègue.
C’est donc pour moi un grand honneur de vous connaître, de vous
aimer.
Me revient à l’idée une remarque d’une des grandes bureaucrates de
l’université (on avait surnommé le couloir où elle avait son bureau : le
mur des lamentations, tellement elle faisait pleurer, jouissant de torturer
ses subordonnés, ses collègues) : « Quand je prendrai ma retraite, me ditelle il y a bien dix ans, tout le monde m’aura oubliée. Toi, on se
souviendra de toi ! ». Sous-entendait-elle : en bien ? Non, plutôt en mal !
Elle était pessimiste !
2 Cela me semble important, ce soir, de réfléchir avec vous à ce passage
que je dois vivre et qui peut être parfois douloureux, pour celles ou ceux
qui s’accrochent à leur pouvoir de mandarin ou simplement pour ceux
qui se sont donnés à leur travail. C’est vrai que l’on s’investit énormément dans ce métier d’enseignant-chercheur ou dans celui de secrétaire
de formation. La relation pédagogique, je l’ai particulièrement investie,
non seulement sur le plan pratique à l’université et ailleurs (j’ai été professeur de lycée de 1971 à 1983, professeur d’école normale jusqu’en
1986), - je veux souligner ici que si j’ai été fidèle à Paris 8, je n’en ai
jamais été un chronique : j’ai fait beaucoup d’années en parallèle au
dehors -, mais aussi sur le plan théorique, puisque j’ai publié quatre
ouvrages sur ce thème, avec G. Weigand, L. Colin et Ch. Delory pour
mon métier de directeur de thèse. De plus, plusieurs anciens étudiants, je
pense tout particulièrement à Augustin Mutuale, ont travaillé plus
brillamment encore cette question à ma suite…
L’amour pédagogique
Je ne crois pas mentir en disant que j’ai aimé mes élèves, mes étudiant(e)s, chacun(e) avec sa transversalité différente. Depuis 1975 où je
parlais de pédagogie implicationnelle, j’ai toujours été intéressé par les
personnes, plus singulièrement la personne que j’avais en face de moi
pour l’aider à investir sur son moment académique comme occasion de
travailler cette éducation tout au long et au large de la vie que nous avons
investi à Pratiques de formation à partir de 1980, ou encore, ces dernières
années, dans le cadre du master EFIS.
Dynamique instituante des rencontres
J’ai déjà raconté comment ma vie a été bouleversée par mes rencontres :
avec A. Akoun, A. Badiou, P. Ricoeur ou H. Lefebvre, au départ, qui
m’ont donné le goût de devenir un intellectuel ; avec R. Lourau qui,
pratiquant la pédagogie institutionnelle, l’autogestion pédagogique, m’a
fait prendre confiance dans mes possibilités après une scolarité primaire
ou secondaire assez chaotique. Issu d’une famille où personne n’avait fait
3 d’études secondaire, je me suis retrouvé transformé par ce gai savoir que
proposait R. Lourau…
En février 1971, alors que je rédigeais ma maîtrise de sociologie, il me fit
rencontrer G. Lapassade. J’étais chez R. Lourau et j’assistais, six heures
durant, à leur rédaction commune des Clés pour la sociologie qui fut leur
best-seller. Ils avaient écrit chacun des morceaux, des briques, et ils les
ordonnaient en chapitres, écrivant des transitions sur la machine à écrire
de René… Pour eux, faire un livre était une sorte de maçonnerie. Cette
séance transforma ma vie d’auteur que j’avais amorcée l’année précédente, en publiant mon premier article dans la revue Autogestion qui fut
une autre initiation. En fin de journée, Georges me commanda deux
chapitres à rendre deux jours plus tard pour son livre L’analyseur et
l’analyste. Trois semaines après, il me demandait d’écrire l’avant-propos
du livre !
En m’associant au comité de rédaction de cette revue Autogestion, R.
Lourau me fit travailler avec D. Guérin, M. Raptis, Fougeyrollas, J.
Duvignaud, S. Jonas, J. Guigou, D. Guillerm, Y. Bourdet et bien
d’autres. Ensuite, il y eu d’autres revues (L’homme et la société, avec Eddy
Trèves ; Pour avec Rolande Dupont)… Georges et René me sollicitaient
constamment pour publier. Je sortais 10 articles en 1973. J’ai bien rendu
à Georges et René ce qu’ils m’avaient donné sur ce terrain, puisque je les
ai abondamment publiés en fin de vie ou après leur mort !
L’engagement dans l’écriture
A Nanterre, notre rapport à l’écriture était davantage militant que « scientifique », au sens étroit où on l’entend aujourd’hui. Nos publications
restituaient nos interventions. Je m’appliquais aussi à vulgariser notre
mouvement. Nous défendions nos idées, notre paradigme. Nous rencontrions alors un certain succès. Ma thèse sur les Maos publiée en 1974 se
vendit à 2000 exemplaires, chiffre étonnant quarante années plus tard !
La socianalyse et de La pédagogie institutionnelle, aujourd’hui, traduite en
espagnol en 1976, furent vendus à 5000 exemplaires. Mon nom fut alors
associé à ceux des fondateurs du mouvement de l’AI. En 1976, je
publiais un ouvrage en espagnol associé à F. Guattari…
4 Faire du terrain
G. Lapassade m’avait emmené sur le terrain d’abord de la socianalyse à
partir de 1972, puis sur celui de l’ethnographie, au Maroc, pour étudier
les rituels de transe en 1977.
L’entrée à Vincennes
Le jour de ma soutenance de thèse, le 30 juin 1973, à laquelle assistaient
une cinquantaine de collègues institutionnalistes de Nanterre, G.
Lapassade nous avait proposé de nous faire recruter à Vincennes, en
sciences de l’éducation. C’est un groupe de dix (parmi lesquels P. Ville,
A. Savoye, R. Lourau, F. Gavarini…) qui fut ainsi recruté dans un
département où il n’y avait que quatre enseignants titulaires pour 2000
étudiants. Le recrutement d’une petite centaine de chargés de cours par
ce département marqua les années 1970. Le groupe institutionnaliste
quitta donc Nanterre pour Vincennes où il fit école, en y retrouvant M.
Lobrot, J. Ardoino, puis R. Barbier qui, à l’époque, était un sociologue se
réclamant de l’analyse institutionnelle.
L’entrée en recherche interculturelle
En juin 1974, alors que nous faisions salon sur les pelouses de Vincennes, E. Brass, responsable du bureau de la recherche-formation de
l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, vint proposer à G. Lapassade
d’organiser une rencontre expérimentale, le stage du Meux, qui fut le
point de départ, pour moi, de quarante années de recherche sur le terrain
de la pédagogie interculturelle. J’ai compté 200 jours d’enquête de terrain
dans des classes ou des groupes franco-allemands, sans compter les
stages nombreux que j’ai organisés permettant à des jeunes de plusieurs
pays d’apprendre à travailler ensemble. Avec G. Lapassade, P. Ville, R.
Jaulin, L. Colin, Pascal Dibie, J.-R. Ladmiral, H. Nicklas, A. Coulon, G.
Weigand, B. Müller, J. Demorgon, G. Prein, D. Dufour, Ch. Wulf et bien
d’autres, nous avons formé l’Ecole interculturelle de l’OFAJ. Paris 8 y
5 joua un rôle déterminant. J’ai calculé que l’Ofaj avait financé pour 6
millions d’euros ces quarante ans de recherches internationales auxquelles j’ai été associé ! Incroyable, rétrospectivement ! Entre 1980 et
1997, ce furent les universités d’été interculturelles au château de Ligoure
avec G. Weigand où nous associons des Italiens (Lorenzo Giaparizze,
Diana De Vigili), des Polonais, même des Argentins !… Sur ce terrain,
entre 1988 et 2008, avec A. Savoye, puis L. Colin, nous avons publié
deux collections (70 livres) qui devaient marquer la recherche
interculturelle : la bibliothèque européenne de sciences de l’éducation
chez Armand Colin et Exploration interculturelle et science sociale chez
Anthropos.
Le suivi de l’écriture de mémoires
En 1976, mes collègues du collectif enseignant de sciences de l’éducation
m’avaient invité à me spécialiser dans l’encadrement des maîtrises.
M’appuyant sur l’expérience de R. Fonvieille, j’introduisis la pratique du
journal et des autres formes de l’écriture impliquée pour aider les
praticiens (éducateurs ou enseignants français et étrangers) qui constituaient alors la population du département à passer de l’oral à l’écrit. Ce
travail n’a jamais cessé pour moi. J’ai accompagné plusieurs centaines
d’étudiants à soutenir leur maîtrise puis leur master. Je chiffre à 800 le
nombre d’étudiants que j’ai ainsi suivis pour produire des recherches de
100 à 120 pages.
Penser l’analyse institutionnelle
A la fin des années 1970, ce fut un travail intellectuel intense avec Michel
Authier qui m’aida à développer mes capacités d’analyse… Il m’aida à
produire quelques idées, une manière nouvelle de lire l’analyse
institutionnelle.
6 L’habilitation à diriger des thèses
En 1982, par un coup de fil du Japon, J. Ardoino me suggéra de soutenir
une thèse d’Etat sur travaux. En 1981, j’en étais en effet à 7 ouvrages
publiés. Jacques trouvait mon travail solide. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Ce
fut une sorte d’habilitation avant l’heure.
Comme l’université manquait terriblement d’encadrants, bien que je ne
sois alors que chargé de cours, le président Claude Frioux m’habilita à
diriger des thèses. R. Lourau, encore lui !, me fit entrer dans ce métier de
directeur de thèse. Comme lui ou A. Badiou, mais contrairement à
beaucoup de mandarins, j’ai accepté de diriger des étudiants qui venaient
de pays où l’on ne lisait que peu (Les Comores, par exemple), et qui nous
arrivaient avec un niveau très faible… Je leur ai fait faire un chemin qui
permit à la francophonie de disposer de quelques cadres intellectuels
supplémentaires. Pendant 33 ans, je me suis adonné à ce travail avec
passion. 80 étudiants ont soutenu leur thèse sous ma direction. Quarante
sont devenus professeurs d’université dans 15 pays, sur quatre
continents. Les autres sont devenus des chercheurs impliqués sur le
terrain du travail social, de la danse, de l’édition, notamment dans des
pays pauvres. J’ai fait rayonner le prestige de Paris 8 en participant à plus
de 250 jurys de thèse en France et à l’étranger ! Je crois que c’est un
record. Cette transversalité internationale suscita des traductions de mes
livres. Aujourd’hui, mon travail est traduit dans douze langues.
L’exclusion d’Autogestion
En 1984, le groupe institutionnaliste se fit exclure de la revue Autogestion,
noyauté par une clique conduite par le fils d’un dirigeant du CNPF.
J’allais voler le fichier de nos 600 abonnés dans le bureau de cet imposteur. Je leur envoyais un faire-part pour leur annoncer le décès du
pluralisme à la revue. Pour marquer ce passage à l’acte héroïque (j’avais
dû escalader les sept étages d’un bâtiment hostile), R. Lourau et Guy de
Vogüe (un peintre qui habitait le palais du Roi de Rome à Rambouillet et
était l’unique comte à être adhérant du Parti communiste), créèrent
l’ordre du Crochet du gauche dont ils me firent chevalier ! J’en suis
aujourd’hui le grand chancelier !
7 En poste à la fac
En 1986, élu maître de conférence de sciences de l’éducation à Paris 8, je
pris en charge la direction de la cellule d’information et d’orientation.
Avant ma titularisation, j’avais déjà été chef de service. Entre 1983 et
1986, j’ai créé l’Institut de formation des enseignants et des formateurs.
Dans les années 1980, il y avait très peu de bâtiments à Paris 8. Je gérais
cet institut du coffre de ma voiture où j’avais les cinquante dossiers des
enseignants travaillant dans cette formation. C’est G. Berger qui reprit les
choses en main ensuite, mais avec un vrai bureau ! A la fin des années
1970, j’avais déjà secondé G. Lapassade dans la mise en place de l’AES.
Reims et l’expérience de l’IUFM expérimental
En 1990, je fus élu professeur à Paris 8 (ex æquo avec A. Coulon) et à
Reims. Le CNU m’invita à choisir Reims, ma ville natale, pour y créer
l’IUFM expérimental. J’acceptais ce poste difficile. Pour reconnaître mon
implication dans cette innovation, Jacques Meyer, mon directeur, me
proposa de signer un dossier qui me permit de devenir professeur de
première classe le 1er septembre 1993. Je fus sur la même liste nationale
de promotion que mon maître R. Lourau, de quatorze ans mon aîné. A
cela s’ajouta l’obtention d’une prime d’encadrement doctoral durant 8
années.
L’aisance matérielle
Par rapport à beaucoup de proches qui galéraient, j’avais le sentiment
d’être riche ! Devenu le pair de Georges et René, je renonçais alors à
demander quelque promotion que ce soit. Cela me donna une
indépendance, une liberté d’esprit et de parole que peu de collègues ont
pu s’autoriser à avoir. Cette désinvolture de l’être qui me caractérise m’a
toujours permis de dire leur vérité aux puissants ou impuissants et de
poser des actes pour le moins analyseurs.
8 Un succès littéraire qui fait des jaloux
En 1989, conseillé par A.-M. Métailié et P. Dibie, j’ai publié un ouvrage
sur l’anthropologie historique de la valse qui fut un succès médiatique et
intellectuel (ce livre fut salué par les Annales). Michel Bernard qui
dirigeait le département de danse me demanda d’assurer des cours
d’histoire de la danse, lors de mes quatre années passées à Reims. Cela
me permit de garder contact avec Paris 8.
C’est dans ce contexte que parut un premier livre (polémique) contre
mes recherches (1993), écrit par les Guilcher, deux vieux historicistes,
des réactionnaires bretons, qui, contre la mienne, faisaient l’éloge de la
méthodologie de F. Gasnaut, conservateur à la BNF, qui avait proposé
de détruire les archives de la guerre d’Algérie... Depuis, plusieurs autres
ouvrages ont été consacrés à ma théorie des moments, à ma pédagogie,
au journal des moments… Ils sont parus en France ou ailleurs, heureusement plus compréhensifs ! L’Italie a même publié une anthologie de
textes hessiens !
La création de cours de tango à Paris 8
Ma rencontre avec Michèle Rust, danseuse merveilleuse, me donna l’idée,
quand je revins à Paris 8, en septembre 1994, d’y créer avec elle des
cours de tango. 400 étudiants de sept départements différents
participèrent à cette aventure entre 1994 et 1998. Une enquête faite à
l’époque auprès des étudiants désigna ce cours comme le second le plus
populaire de l’université. Ma fille Charlotte participa à l’animation de ces
cours fondateurs où elle apprit la pédagogie des grands groupes. Après le
décès de mes parents, je laissais à d’autres l’animation de ces cours que je
continuais à fréquenter.
Les irrAIductibles
A partir de 2002, il y eu l’aventure des irrAIductibles. La thèse de
Benyounès Bellagnech soutenue en 2006 est consacrée au moment
fondateur de cette expérience qui se poursuivit sous différentes formes.
9 Je ne citerai pas ici tous les fidèles de nos réunions. Ils savent la place
particulière qu’ils ont dans mon cœur. Les irrAiductibles furent une petite
entreprise où des doctorants aidèrent de jeunes étudiants à entrer dans
une écriture critique, où des plus doués aidaient des moins doués. 6000
pages ont été publiées dans cette revue, ayant des connexions dans
cinquante pays…
L’organisation de la recherche, une exigence de la
bureaucratie
Sur le terrain de la recherche, à partir de 1994, il y eu une restructuration
progressive de la manière de travailler. Depuis 1976, j’étais directeur de
Laboratoire d’analyse institutionnelle fondé par J. Ardoino, R. Lourau,
G. Lapassade et M. Lobrot. Mais en 1994, il fallait faire des labos où se
regroupaient les enseignants. Je dus abandonner le laboratoire d’anthropologie des danses sociales que j’animais parallèlement au LAI pour me
regrouper avec d’autres.
Ce fut le SEPSI (sur l’interculturel). Nous n’étions pas encore assez
nombreux au grès du ministère. Il fallut fusionner avec CRISE (sur
l’imaginaire) de R. Barbier et Jean-Louis Le Grand pour former le
LAMCEP…
La création d’Experice
Comme nous n’étions pas encore assez nombreux, ce fut la fusion avec
le laboratoire de Gilles Brougère de Paris 13 pour former Experice. Avec
Gilles et ses collègues, nous avions en commun des terrains francoallemands, quelques concepts, la foi dans la pratique du journal de
recherche, des bribes de paradigme, notamment l’idée que nous
pouvions expliquer à nos évaluateurs que leurs critères ne pouvaient
guère s’appliquer à nos terrains tant pédagogiques que de recherche !
Gilles est quelqu’un qui sait discuter, qui sait expliquer, expliciter.
10 Un master sur l’intervention
Ce fut alors l’expérience du master Education, formation et intervention sociale.
A mes yeux, une grande réussite. Je suis l’un des inspirateurs des idées
contenues dans cette maquette qui correspondait vraiment à un besoin
social. J’ai dirigé ce master avec passion. Des centaines d’étudiants y ont
été formés ou en présentiel ou à distance.
Car R. Barbier et Ch. Verrier ont su me former à l’enseignement à
distance. Nous avons conçu un parcours du master à distance. Nous
avons pu transposer les acquis de l’autogestion pédagogique sur le terrain
des forums de l’IED. Dans ce contexte si particulier que voulaient
ignorer nos collègues, la pratique du journal prit une ampleur nouvelle.
Avec ce master, malgré, trop souvent, l’hostilité des pouvoirs institués
qui nous ont volé des postes en plusieurs occasions, nous sommes
parvenus, en nous battant à couteaux tirés, à sauver notre équipe
pédagogique et les valeurs que nous représentions sur le plan national et
international.
Travailler en équipe
Cette équipe est une force de travail extraordinaire dans la mesure où
nous sommes un vrai collectif. Certes, nous avons eu des disputes, mais
toujours intérieures à notre paradigme. Il y a eu par exemple des conflits
sur le nombre d’étudiants à prendre en charge. Nous avions parfois 220
candidats pour 60 places à un niveau de formation ! J’étais toujours pour
l’ouverture, d’autres pour la fermeture… En dix ans, notre équipe a été
de plus en plus soudée, de plus en plus cohérente dans ses interventions
pédagogiques ou de recherche. Chacun à son poste, nous avons su faire
naviguer ce grand paquebot qu’est notre labo, notre master. En voulant
travailler avec nous, toutes les personnes recrutées depuis quatre ou cinq
ans savaient où elles mettaient les pieds et se sont intégrées assez souvent
mieux que les premiers arrivés ! Je salue Pascal Nicolas-Le Strat et
Delphine Leroy qui viennent de nous rejoindre et qui sauront ajouter
leur touche, leur couleur à notre palette !
11 Un fléau : les usines à gaz
Toute cette histoire, un peu linéaire, montre, en arrière-fond, une
bureaucratisation progressive de l’université. Le chantier des habilitations
de labo, de diplômes… conduisit à inventer des concepts farfelus : l’offre
de formation et quelques autres ! Les gestionnaires prirent le pas sur les
pédagogues !
Au lieu d’un conseil, on créa trois conseils de l’université qui se
bureaucratisèrent un maximum. Elu au Conseil des études et de la vie
universitaire durant quatre mandats de cinq années, élu au conseil d’UFR
trop longtemps… j’ai beaucoup souffert de voir nos réunions passer à
côté des problèmes pédagogiques, que nous avions, par contre,
beaucoup pensés à la commission pédagogique crée par G. Berger en
1985 et que j’ai présidée durant des années !
Les gestionnaires travaillent sur des statistiques. Les pédagogues avec des
personnes. Il faudra un jour pouvoir les faire travailler ensemble ! G.
Weigand, à Karlsruhe, en tant que vice-présidente de son université, y est
peut-être parvenue mieux que nous !
Le dévouement de Lucette
Sans Lucette Colin qui prit toujours très au sérieux la rédaction de nos
maquettes, j’aurais laissé couler, consterné par la montée du pouvoir des
moins doués ! Elle avait été doyenne de notre UFR durant six ans et,
bien que se barbant à faire ce travail, elle s’y sacrifia pour le groupe ! Que
de temps perdu dans ces activités de contrôle permanent chronophages
qui nous écartent de nos vraies missions !
Normalisation et secondarisation de l’université
En effet, sociologiquement, à partir de 1988, année d’invention du DEA,
on assiste dans l’université française à une secondarisation progressive du
premier cycle, puis du second cycle et aujourd’hui des doctorats. Alors
12 que, de mon temps, les étudiants prenaient le temps qu’il voulait pour
écrire leur thèse (j’ai écrit ma thèse en neuf mois et ma thèse d’Etat en
trois semaines, alors que certains condisciples mettaient douze ans pour
faire ce travail), aujourd’hui tout le monde doit écrire sa thèse en trois
ans ! C’est fou cette normalisation tous azimuts. Cela me donne le
vertige. On a l’impression que les gens qui nous gouvernent ne
connaissent rien à la dimension existentielle du moment universitaire.
La perte de l’esprit critique
La dimension d’éducation tout au long et au large de la vie est scotomisée à Paris 8 comme ailleurs. Alors que Paris 8, sur le papier, est
toujours une université expérimentale, les derniers présidents de l’université se conforment à toutes les réformes sans les réfléchir et éventuellement les contester. Ils ont perdu l’intelligence de la révolte ou de la
contestation qu’eurent certains présidents en s’entourant de grands
professeurs intelligents qui savaient discuter avec le ministère. Pour ne
donner qu’un exemple dans notre champ de compétence : l’influence de
G. Berger sur Danielle Blondel (directrice au ministère) pour faire
reconnaître la valorisation des acquis de l’expérience à l’entrée de
l’université (décret de 1985).
Il y a à la fac presqu’autant de vice-présidents qu’au PS
Aujourd’hui, on a multiplié des vice-présidents. Parfois, ils ne connaissent rien à leur domaine d’attribution.
-Par exemple, le vice-président au numérique ne semble pas au
courant qu’il existe un enseignement en ligne à l’université (20% des
effectifs étudiants !). Quand il était vice-président du CEVU, il a voté
pour une suppression de poste chez nous !
-On a eu une vice-présidente à l’innovation qui s’est toujours
battue contre toute innovation (tout particulièrement, elle s’est battue
contre l’enseignement à distance)…
-On confie à un professeur du secondaire, déchargé plusieurs
années pour faire une thèse (qu’il n’a jamais faite) le bouleversement du
calendrier universitaire. N’ayant jamais dirigé un master, il structure son
13 chantier sur le modèle du lycée ! Il supprime la session de septembre !
-Travaillant sur l’éducation tout au long de la vie depuis 1980,
dirigeant un master ayant la seule mention sur ce thème en France
(jusqu’à 400 étudiants), j’apprends que nous avons à l’université une viceprésidente à l’éducation tout au long de la vie. Je ne sais pas qui c’est !
Elle ne doit pas savoir que j’existe !
Je sais seulement que la prime de ces potentats, amis de la présidente, est
de 6000 euros annuels ! Et dans le même temps, on n’écoute pas le
« petit personnel » qui demande 90 euros d’augmentation !
Si j’avais été président !
Quand j’ai été candidat à la présidence de l’université, j’ai imaginé négocier avec l’Etat de réinvestir notre statut expérimental pour nous centrer
sur la demande étudiante ; on remettrait en cause la normalisation. En
1982, un directeur de thèse dépendait directement du président d’université. Aujourd’hui, il dépend de son directeur de labo qui dépend luimême du directeur de l’école doctorale qui dépend d’un vice-président
du conseil scientifique, qui dépend du président d’université… qui
dépend maintenant lui-même de la COMUE ou je ne sais quoi ! Usines à
gaz sur usines à gaz ! Que les étudiants sont loin ! On choisit comme
directeur d‘école doctorale un professeur qui n’a jamais fait soutenir une
thèse. Comme il est très mal noté par l’AERES, on le promeut président
de l’université, etc !
Président, j’aurais négocié avec le ministère la suppression de tous
ces bureaux inutiles, de tous ces niveaux intermédiaires qui ne produisent
que du parasitage du « travail socialement utile », comme disait Marx.
La fin des profs ?
Le vrai universitaire, celui qui publie des livres, n’a plus aucun pouvoir,
voire aucune compétence, aucune reconnaissance, pour parler comme Axel
Honneth.
14 La fidélité à mes maîtres, travailler le paradigme
J’ai eu une grande fidélité à mes maîtres. Ma vie a été un effort pour
articuler leurs apports et les prolonger. Pour travailler leur paradigme,
entre 1988 et 1994, je fis équipe avec A. Savoye. Entre 1994 et 2002,
intellectuellement, en dehors de G. Lapassade, R. Lourau, G. Weigand,
ou Ch. Delory, je n’ai guère eu de collaborateur sur le terrain de la
théorie. J’étais seul.
A la mort de R. Lourau, P. Ville décida de venir travailler avec moi, et
Gérard Althabe et Hubert de Luze. Il n’a pas fallu attendre longtemps
pour que des personnes comme A. Mutuale, Benyounès Bellagnech,
Jenny Gabriel, D. Alaoui, B. Crépeau, S. Bellelle, V. Schaepelynck, A.-Cl.
Cormery, S. Deulceux, C. Rabineau ; aujourd’hui L. Starytzky, Ch. Caille,
et quelques autres (parmi lesquels certains de mes doctorants)
comprennent la théorie des moments, la transduction, la dissociation…
et portent donc plus loin le travail de ma vie, mais aussi de celles de H.
Lefebvre, G. Lapassade, R. Lourau, J. Ardoino, M. Lobrot...
Je ne parle ici que des Français, mais sur le plan international Mohamed
Daoud, Moussa Harouni en Algérie, Ahmed Lamihi au Maroc, Renato
Curcio, Vito D’Armento, P. Fumarola en Italie où j’ai onze livres
traduits, Ronald Arendt au Brésil, Armando Zambrano en Colombie,
Hélène Theodoropoulou en Grèce, Zhen Hui Hui en Chine, Opapé
Onanga au Gabon, etc. et beaucoup d’autres ont travaillé à développer
notre paradigme. Si j’avais du temps, il me faudrait développer toutes les
coopérations internationales montées sur quatre continents ! Dans les
années 1980-90, j’ai beaucoup investi sur l’Océan indien. En 1993, j’ai
découvert le Japon. Dans les années 2000, ce furent de nombreux
voyages dans cinq ou six pays d’Amérique ! Quatre volumes de mes
voyages au Brésil attendent encore d’être publiés…
Le point fixe
A Nanterre, H. Lefebvre, R. Lourau, J. Baudrillard allaient souvent
manger ensemble dans un restau où ils aimaient que leurs étudiants, que
15 leurs doctorants les accompagnent. R. Lourau reprit cette coutume du
point fixe en arrivant à Vincennes, puis à Saint-Denis… A sa mort, je
choisis de m’établir dans un petit restaurant populaire tenu par une
famille venant des Balkans. Quand ce restaurant s’arrêta, je m’établis au
Chinois… Contrairement à beaucoup de mes collègues, je n’ai guère
sauté le moment du repas. C’était pour moi un moment fort d’échange
avec des collègues, des étudiants…
Y a-t-il une vie en dehors de Paris 8 ?
Si j’ai travaillé quarante deux ans à Paris 8, si je suis devenu une « figure »
de cette université (j’ai découvert que mon nom était celui qui apparaissait le plus dans la bibliographie du très beau livre de G. Berger sur
Paris 8, paru cette année chez Petra), je suis persuadé qu’il y a une vie
après Paris 8 !
Le moment universitaire ne peut pas être un absolu
Je ne veux pas faire du moment universitaire un absolu. R. Lourau disait que
l’analyse institutionnelle se mesurait en cm dans une bibliothèque. A
Sainte Gemme, j’ai mesuré le rayonnage de mes œuvres : 3 mètres ! Sans
compter les centaines d’articles ! J’ai donc apporté ma petite pierre à la
recherche pédagogique, à l’analyse institutionnelle, à l’anthropologie de la
danse, à la théorie du journal, à la pensée interculturelle, à la diffusion de
la pensée de H. Lefebvre et de quelques autres. Certains me perçoivent
comme un « grand pédagogue ». Je n’ai pas cette ambition. Je suis moimême, - c’est déjà beaucoup ! -, dans la multiplicité des moments dont
rend compte mon « Journal des moments » qui se donne à voir dans
mon armoire à journaux.
Retrouver la campagne
A partir du 1er septembre, je vivrai dans un village de 138 habitants où
Lucette et moi avons mis vingt-cinq ans à transformer une vieille ferme
champenoise construite en 1789 (un symbole !) en espace de création, en
16 lieu d’accueil où nous avons reçu en résidence de jeunes chercheurs
venus y écrire leur master ou leur thèse. Un Brésilien y est même resté
deux ans !
Je cultiverai mon jardin, je ferai la cuisine pour les communautés éphémères qui s’y retrouveront et j’irai danser le dimanche avec toutes ces
femmes du coin qui adorent valser dans mes bras.
Je resterai à la disposition de celles et ceux qui voudront venir boire une
bonne bouteille à Sainte Gemme, y partager un moment d’écriture ou de
lecture (notre bibliothèque compte 12 000 livres), fumer un cigare de
temps en temps, en compagnie.
Je vais me mettre au piano, travailler ma peinture !
Avec Valentin et ses amis institutionnalistes ou ethnographes, je rangerai
les archives G. Lapassade, dont je suis le légataire universel…
Je m’occuperai aussi de développer « mon art d’être grand-père », pour
reprendre le sous-titre de mon livre sur Louise.
Je prendrai des vacances avec mon fils Romain pour lui faire découvrir
l’Italie. J’aimerai bien pouvoir l’intéresser aux sciences de l’éducation,
quand il sera fatigué de l’ingénierie.
Donner à l’ethnosocianalyse une dimension mondiale
Sur le plan intellectuel, aujourd’hui, je viens d’accepter le secrétariat de la
Société mondiale de psychosocianalyse, cette discipline nouvelle, qui veut penser
les pratiques d’accompagnement dans un autre registre que le coaching,
le mentoring, le tutoring, etc qui sonnent trop business. Le
psychosocianalyste, contrairement au psychanalyste, ne s’intéresse pas
tant à l’inconscient de la personne, qu’à sa transversalité institutionnelle.
Mais comme lui, il a une posture d’écoute herméneutique… Comment
aider les gens à surmonter les aliénations diverses, les persécutions
institutionnelles ou sociales, en s’appuyant sur la philosophie,
l’anthropologie, l’histoire, la biographie, l’écriture impliquée... ?
17 Jamais les questions traitées par l’analyse institutionnelle (l’instituant,
l’institué, l’implication, les analyseurs, l’autogestion…) n’ont été aussi
pertinentes pour interroger notre époque ! D’autant plus que le contexte
est à l’élimination de la psychologie sociale ou de la psychosociologie :
n’a-t-on pas jeté sur le trottoir, le mois dernier, rue d’Aligre, la bibliothèque de Serge Moscovici ? On n’avait pas remplacé son poste à son
départ en retraite à l’EHESS, (ni celui de Vincent de Gaullejac à Paris 7).
Un ministre détruit ses papiers de famille qui sont aussi des archives d’un
intérêt national, voire international. Contre cette destruction d’un
domaine intellectuel du plus haut intérêt, il y a donc nécessité d’une
initiative instituante sur ce terrain de l’interindividuel.
Avec les apports de l’analyse institutionnelle, de la méthode régressive
progressive, de la sensibilité ethnographique, les psychosocianalystes
penseront ensemble de nouvelles formes de convivialité et
d’intervention. Un grand nombre de collègues, d’anciens étudiants, de
personnes extérieures à l’université de tous pays, acceptent de travailler
dans ce cadre… Cela constitue mon horizon !
Oublier les bureaucrates
Donc, vous l’aurez compris, à partir du 1er septembre, finie la bureaucratie et les bureaucrates ! Lucette Colin qui me connaît assez bien (nous
partageons le moment conjugal depuis quarante ans) disait un jour à
quelqu’un qui se plaignait de moi : « Tu ne feras jamais faire à Remi Hess
quelque chose qu’il n’a pas envie de faire ! ». Et c’est vrai que je n’ai
jamais fait que ce qui me plaisait. Cela évite de vieillir prématurément.
D’ailleurs, ce qui me plait occupe déjà tout mon temps ! Qu’on ne
m’oblige pas aujourd’hui à de nouvelles contraintes ! Comme le chantait
Jacques Brel, je ne veux pas devenir vieux avant d’avoir été adulte. Je suis
resté fidèle aux préceptes de G. Lapassade sur le mythe de l’adulte. Cela
ne changera pas !
18 Pour finir provisoirement
En conclusion, je crois à la Bildung, que je retrouve dans cette formule
d’Henri Lefebvre : « L’œuvre de l’homme, c’est lui-même ». Mais j’ai
envie de rajouter qu’il n’y a pas qu’une manière de se donner forme ! La
mienne est romantique !
Quand je serai à Sainte Gemme, je penserai à vous tous qui continueront
à vous battre contre les parasites, les censures, les blocages et contrôles
inutiles que produit et reproduit sans cesse la bureaucratie dans sa pulsion à asphyxier le social. J’aurais peut-être une petite larme en pensant à
tous ces combats menés contre la bêtise qui nous ont si souvent empêchés d’être encore plus efficaces et utiles.
L’heure est maintenant à la danse ! Je remercie ma fille Charlotte d’avoir
accepté, malgré sa fragilité actuelle, d’ouvrir le bal avec moi !
Saint-Denis, le vendredi 26 juin 2015
LIVRES de Remi HESS
Analyse institutionnelle :
La socianalyse, Paris, Editions universitaires, 1975, 3° éd. Presses universitaires de Sainte Gemme,
2012.
Analisis institucional y socianalisis (en collaboration), Mexico, Ed. Nueva Imagen, 1977.
El Analysis institucional (en collaboration avec M. Lobrot, R. Lourau et al.), Madrid, Campo
Abierto, 1977.
Centre et périphérie, une introduction à l'analyse institutionnelle, Toulouse, Privat, 1978 ; 2° éd. Paris,
Anthropos, 2000.
L'institution sur le divan (en collaboration), Cahiers de l'éducation n°2, Paris VIII, 1981.
Le temps des médiateurs, le socianalyste dans le travail social, Paris, Anthropos, 1981, 360 p.
Perspectives de l'analyse institutionnelle (éd. avec A. Savoye), Paris, Méridiens Klincksieck, coll.
"Analyse institutionnelle", Paris, 1988.
Institutionnelle Analyse, Theorie und Praxis, (éd. avec G. Weigand et G. Prein), Athenäum Verlag,
Frankfurt-am-Main, 1988.
L'analyse institutionnelle (en collaboration avec A. Savoye), Paris, Presses universitaires de France,
"Que sais-je ?" n° 1968, 1993, 2eme éd., 13eme mille. Trad. ital : Pensa, Lecce, 2011.
19 L'analyse institutionnelle (en collaboration avec M. Authier), Paris, Presses Universi-taires de
France, seconde éd. "L'éducateur", 1994.
Voyage à Rio, sur les traces de René Lourau, Paris, Téraède, 2003.
Analyse institutionnelle et pédagogie, en collaboration avec G. Weigand, Dar El-Houda, Ain M’Lila –
Algérie, 2008, 237 p.
Georges Lapassade, vie, œuvres, concepts, Paris, Ellipses, 2010 (en collaboration avec Charlotte Hess).
Cours d’analyse institutionnelle (avec G. Weigand), 4° éd., Sainte Gemme, PUSG, 2012 ; trad.
Italienne Sensibili alle Foglie, 2008.
Penser l’institution avec Georges Lapassade, 2° éd. Sainte Gemme, PUSG, 2012 ; trad. italienne :
Sensibili alle foglie, 2015.
Après Lourau, Refonder l'Analyse Institutionnelle ? Journal (2000-2003), Sainte Gemme, PUSG, 2012.
Analyse institutionnelle et formation de la personne, édité par K. Mendez, Sainte Gemme, PUSG, 2014.
Education :
La pédagogie institutionnelle, aujourd'hui, Paris, Editions universitaires, 1975. Trad.
espagnole : Narcea, Madrid, 1976.
L'université en transe (en collaboration avec P. Boumard et G. Lapassade), Paris, Syros, 1987.
Le lycée au jour le jour, ethnographie d'un établissement d'éducation, Paris, Méridiens Klincksieck, coll.
"Analyse institutionnelle", 1989 ; trad. Ital. : Pensa, 2011, 244p..
Education et changement en éducation, la pratique du pilotage, (en collaboration avec les pilotes de
collèges de l'Académie d'Orléans-Tours), Pratiques de formation, n° spécial 1993.
La relation pédagogique dans les groupes interculturels (en coll. avec Lucette Colin et G. Weigand), Paris,
OFAJ, coll. "Textes de travail", 1994. Trad. all.: OFAJ, Bad Honnef, DFJW, 1995.
La relation pédagogique (en coll. avec G. Weigand), Paris, Armand Colin, "Bibliothèque européenne
des sciences de l'éducation", 1994.
Les sciences de l'éducation, entre théorie et pratique, de Christoph Wulf (traduction et présentation),
Paris, Armand Colin, "Bibliothèque européenne des sciences de l'éducation", 1995, trad. italienne
1998.
Chemin faisant, roman institutionnel d'un ethnosociologue de l'éducation, Vauchrétien, Ivan Davy, 1996.
Des sciences de l'éducation, Paris, Anthropos, 1997, trad. arabe 1999.
Le moment de la création (en collaboration avec H. de Luze) , Paris, Anthropos, 2001, 358 pages.
Le sens de l’histoire, moments d’une biographie (en collaboration avec Christine Delory-Momberger),
Paris, Anthropos, 2001, 414 pages.
Produire son œuvre, le moment de la thèse, Paris, Téraède, 2003 ; trad. anglaise, brésilienne, italienne
(Besa, 2004).
Biographia y Formacion, Narración de sí e Investigación (en coll. avec Gabriele Weigand, Christine
Delory-Montberger, Armando Zambrano Leal), Presses universitaires de Cali, Colombie, 2007.
Gabriele Weigand, La passion pédagogique, histoire de vie recueillie par R. Hess, Paris, Anthropos,
2007, 194 p.
La relation pédagogique, (avec G. Weigand), Anthropos, 2007, 290 p.
L’accompagnement d’une mère en fin de vie (en coll. avec Odile, Geneviève, Benoît Hess), Paris,
Téraède, 2010, 155 p.
Louise, mon art d’être grand père, Sainte Gemme, PUSG, 2012 ; trad. italienne, PUSG, 2013.
Gunter Schmid, pédagogie de l’enfant doué, histoire de vie recueillie et commentée par R. Hess et
présentée par G. Weigand, Sainte Gemme, PUSG, 2012.
Le journal pédagogique 2005-2006, texte établi, annoté et présenté par Sandrine Deulceux, Sainte
Gemme, PUSG, 2012.
Une année au lycée, 3° éd., en collaboration avec Gabriele Weigand, Sainte Gemme, PUSG, 2012.
20 Anthropologie de la danse :
La valse, la révolution du couple en Europe, Paris, Anne-Marie Métailié, 2eme éd., 1989. Trad. ital. avec
nouvelles illustrations, Einaudi, Turin, 1993 ; trad. allemande sous le titre Der Walzer, Geschichte
eines Skandals, avec un ajout de planches et une préface à l'édition allemande, Eva, Hambourg,
1996.
La danse des salons, de Cellarius, éd. et présentation, Grenoble, Jérôme Millon, 1994.
Le tango, Paris, Presses universitaires de France, "Que sais-je?", 1996, seconde édition 1999 ; trad.
italienne 1997, japonaise 1998, turque 2008.
Le moment tango, Paris, Anthropos, 1997, 300 p.
Les tangomaniaques, Paris, Anthropos, 1998, 320 p.
La valse, un romantisme révolutionnaire, Paris, Métailié, 2003, trad. espagnole : Paidos, Buenos Aires,
2004.
Les trois temps de la valse (en chinois, 2005, en coll. avec Zhen Hui Hui).
Voyage à Buenos Aires, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2007.
Le tango dansé (en coll. avec Katia Mendez), Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte
Gemme, 2012.
Tango de printemps, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.
Danse, culture et éducation, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.
Philosophie, Sociologie :
Les maoïstes français, une dérive institutionnelle, Paris, Anthropos, 1974.
La sociologie d'intervention, Paris, Presses universitaires de France, coll. "Le sociologue", 1981. Trad.
portugaise : Res, Porto, 1983.
Henri Lefebvre et l'aventure du siècle, Paris, Anne-Marie Métailié, 1988. Trad coréenne.
Vingt-cinq livres clé de la philosophie, Bruxelles, Marabout, 1995, seconde édition 1998.
Dictionnaire raisonné de la politesse et du savoir-vivre, (collectif sous la direction d’Alain Montandon),
Paris, Le Seuil, 1995.
La pratique du journal, l’enquête au quotidien, Paris, Anthropos, 1998 ; nouvelle édition augmentée :
Paris, Téraède, 2010, trad. all. Waxmann, 2009 ; italienne : Besa, Lecce, 2000 ; portugaise.
Henri Lefebvre et la pensée du possible, Théorie des moments et construction de la personne, préface de
Gabriele Weigand, Paris, Anthropos, 2009, XX + 688 p.
Henri Lefebvre, vie, œuvres concepts, Paris, Ellipses, 2009 (en collaboration avec Sandrine Deulceux).
Frédéric Le Play, le militant de la réforme sociale (en collaboration avec G. Weigand, M. Herzhoff, C.
Rabineau), Presses Universitaires de Sainte Gemme, coll. « Figures », 2012.
Exploration interculturelle :
Pédagogues sans frontière, écrire l’intérité, Paris, Anthropos, 1998.
Edition et présentation de La vie à Reims pendant la guerre 1914-1918, notes et impressions d'un
bombardé, de Paul Hess, Paris, Anthropos, 1998, 680 pages.
Parcours, passages et paradoxes de l’interculturel, (en collaboration avec Christoph Wulf), Paris,
Anthropos, 1999, trad. allemande Campus, 1999.
L’observation participante dans les situations interculturelles, (avec G. Weigand), Paris, Anthropos, 2006,
trad. all. : Campus, 2007.
Recherches franco-germaniques, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme,
Tome I : Etudes germaniques (2012)
21 Tome II : Mon Allemagne à moi (2012)
Tome III : L’amie critique, journal d’une intérité pédagogique et philosophique (2012)
Tome IV : Les surdoués (2012)
Le moment interculturel dans la biographie (dir. en coll. avec A. Mutuale et G. Weigand), Paris,
Téraède, 2013 ; trad. all., Waxmann, 2013.
Journal des moments :
Le journal des idées, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2005.
Les Etats-Unis, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2006.
Cara Italia, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2007.
Les jambes lourdes, D’ici à là, journal 2004-2005, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte
Gemme, 2012.
Les formes de l’intérité, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.
Journal de l’aliénation, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2012.
Journal du jardin, précédé de « Le moment du jardin », par C. Rabineau, Sainte Gemme, Presses
universitaires de Sainte Gemme, 2012.
La mort d’un chat, journal de réminiscence, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme,
2012.
Suis-je un bourgeois ? Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2013.
Journal de mes dissociations, postface de G. Weigand, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte
Gemme, 2013.
Journal pédagogique (2007-2008), PUSG, 2013
Corps en mouvement, Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, 2013.
S’habiter, Sainte Gemme, PUSG, 2015.
En préparation :
Journal de l’homme total, à paraître chez Petra.
Entrer en retraite, Sainte Gemme, PUSG.
Pépé, Mémé, le déménagement, Sainte Gemme, PUSG.
La mort de pépé, PUSG.
Journal de la maison (2000-2012), 4 volumes.
Journal pédagogique (2009-2013), 2 volumes.
Journal du Brésil (2002-2006), 4 tomes.
OUVRAGES SUR L’ŒUVRE DE REMI HESS
Recherche
L’histoire de la danse, parent pauvre de la recherche, par Jean-Michel et Yvon Guilcher, 1994.
Quelle éducation pour l’homme total ? Remi Hess et la théorie des moments, sous la direction de Mohamed
Daoud et Gabriele Weigand, Dar El-Houda, Ain M’lila, Algérie, 2007, 428 p.
Per une teoria dei momenti in Remi Hess, Proposta antologica di testi hessiani, a cura di Pasquale Andriola,
Lecce (Italie), Pensa, 2011.
22 Le journal des moments, l’atelier de Remi Hess, ouvrage collectif coordonné par Augustin Mutuale,
Sainte Gemme, Presses universitaires de Sainte Gemme, avec des contributions de Christine
Astier, Julie Balateu, Loïc de Bellabre, Christine Caille, Liz Claire, Lucette Colin, Anne-Claire
Cormery, Bertrand Crépeau, Mohamed Daoud, Christine Delory-Momberger, Sandrine
Deulceux, Elhadji Diawara, Houcine Djebbi, Thierry Ducrot, Véronique Dupont, Raymond
Fonvieille, Jenny Gabriel, El Gheribi Malek, Marie Gervais, Laurence Gourdon, Céline Guibert,
Saâdia Hatif, Charlotte Hess, Odile Hess, Djaafar Ikdoumi, Kareen Illiade, Jean-Guy Lacroix,
Asma Majoub, Katia Mendez, Hélène Mangeney, Danielle Manzo, Karolina Mrozik Demont,
Didier Moreau, Augustin Mutuale, Anne Olivier, Luca Paltrinieri, Vassiliki Pandazi, Gwilherm
Perrotte, Blanche Petersen, Jérémy Poulard, Camille Rabineau, Anne-Valérie Revel, Anna Royon,
Ghania Sadat, Valentin Schaepelynck, Yann Strauss, Eléna Theodoropoulou, Gabriele Weigand,
Armando Zambrano, Laurence Zigliara :
Volume I : Une éducation tout au long de la vie, (2012), 398 p.
Volume II : Recherches et Pédagogie (2012), 398 p.
L’aventure épistolaire en formation, Remi Hess et le commun d’un jardin relationnel, ouvrage collectif sous la
direction de Christine Caille, Sainte Gemme, PUSG, 2014, 455 p. avec des contributions de
Christine Astier, Julie Rota, Amélie Marreau, Wafa Dekhil Charni, Karine Sahler , Swan Bellelle,
Opape Onanga, Andrea Verga, Emeline Truchot, Youssef Bennour, Gabriel Paillart, Deborah
Martin-Gentès, Pascal Nicolas-Le Strat, Ghania Lassouani, Augustin Mutuale, Festus Owolabi,
Zahra Fellahi, Odile Hess.
Pédagogie
Augustin Mutuale, De la pédagogie institutionnelle au moment pédagogique, l’avenir de l’école avec Remi Hess
et Gabriele Weigand, 2008, en ligne.
Bertrand Crépeau, Resto, boulot, journaux, entrées dans la recherche d’un doctorant de sciences de l’éducation,
Sainte Gemme, PUSG, 2012, 176 p.
Roberto Sidney Macedo, Joaquim Gonçalves Barbosa, Sergio da Casta Borba, Pedagogia
universitaria, a escola de Paris 8 em Ciencias da educaçao, Salvador (Brésil), EDUNEB, 2014, 168 p.
Katia Mendez, Transmettre, le moment de l’entretien avec Remi Hess, Sainte Gemme, PUSG, 2015, 344
p. Anne-Claire Corméry, Fidélité et infidélité dans une relation élève-maître, Remi Hess et Henri Lefebvre (à
paraître).
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