sexe-- maladies-cardiovasculairesAHA-2012

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sexe-- maladies-cardiovasculairesAHA-2012
06/02/2012
Hugues Raybaud Profil Déconnexion
http://medscape.fr//article/1350751/
De Medscape France
Recommandations AHA activité sexuel…
Premières recommandations AHA sur l'activité sexuelle chez le cardiaque
Auteur :
3 février 2012
Paris, France - « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe…- et les maladies cardiaques, faudrait-il
ajouter - sans jamais avoir osé le demander ». Tel pourrait être l'intitulé des premières recommandations parues dans
Circulation. Elles ont pour but de répondre aux interrogations des patients, et, dans la majorité des cas, de les rassurer
[1].
Partant du postulat que « les relations sexuelles sont une composante importante de la qualité de vie des patients hommes et femmes - atteints de maladies cardiovasculaires et de leur partenaire, y compris les plus âgés » mais ne
pouvant exclure que certains patients limitent leurs relations sexuelles par peur d'un risque pour leur santé
cardiovasculaire, les cardiologues de l'American Heart Association ont rédigé des recommandations claires et
pratiques -evidence based medecine à l'appui- afin de faciliter le dialogue entre les professionnels de santé et leurs
patients.
« Ces recommandations constituent une base pour rassurer les patients. Elles démystifient l'activité sexuelle et la
replacent dans le cadre de l'activité physique quotidienne, commente le Pr Claire Mounier-Vehier (Hôpital
cardiologique, CHRU de Lille) pour heartwire. De plus, elles ont été élaborées à la fois par des cardiologues et des
experts en urologie et couvrent de nombreux champs de la cardiologie. » Et de fait, qu'il s'agisse d'infarctus, d'arythmie,
d'insuffisance cardiaque, de valvulopathies…, tous les aspects de la pathologie cardiaque sont abordés, avec la
conclusion relativement commune que l'activité sexuelle est tout-à-fait permise en l'absence de symptômes, sous
réserve de respecter certains délais en cas d'accidents cardiovasculaires, d'intervention chirurgicale, ainsi que des
consignes de bon sens. Elle reste déconseillée quand la pathologie n'est pas stabilisée et quand il existe des
symptômes lors de n'importe quelle activité physique modérée.
Angor, infarctus et arythmie : quels risques ?
Activité sexuelle et angor : Le spasme coronaire -appelé du doux nom d' « angina d'amour »- qui survient pendant les
minutes et les heures qui suivent l'activité sexuelle représente moins de 5% des crises d'angor. Il est rare chez les
patients qui ne ressentent pas de symptômes pendant un effort physique intense et plus fréquent chez les patients
sédentaires. Selon les experts, si un patient peut supporter une dépense énergétique de 3 à 5 METs sans montrer
d'ischémie pendant le test d'effort, alors le risque d'ischémie pendant l'activité sexuelle est très faible.
Activité sexuelle et infarctus : Une méta-analyse de 4 études de cas en cross-over, qui comportaient une majorité
d'hommes (50 à 74%) entre 50 et 60 ans, a montré que l'activité sexuelle était associée à une augmentation de 2,70 du
risque relatif d'infarctus du myocarde comparativement à des périodes de temps sans activité sexuelle. De façon
intéressante, le risque relatif d'infarctus du myocarde ne semblait pas être plus élevé chez les sujets avec un
antécédents d'IDM par rapport à ceux sans antécédents.
En revanche, là encore, la sédentarité augmente le risque relatif d'accident pendant l'amour. Les auteurs notent
cependant que, bien que l'activité sexuelle soit associée à une augmentation du risque, le taux d'événement est minime
car le temps d'exposition au risque est court, et ne constitue qu'un faible pourcentage du temps d'exposition total au
risque d'ischémie cardiaque ou d'infarctus du myocarde.
Au final, l'activité sexuelle est la cause de moins de 1% de tous les infarctus aigus. Pour les individus avec des
antécédents, le risque de récidive dans l'année est estimé à 10% (3% chez les patients présentant une bonne tolérance
à l'exercice) et l'activité sexuelle n'augmente que très légèrement ce risque.
Activité sexuelle et arythmie/mort subite : Selon un rapport d'autopsie rapportant 5559 morts subites, 34 (0,6%) sont
intervenues pendant l'acte sexuel. Deux autres études ont rapportées des chiffres similaires (0,6% -1,7%). A noter :
parmi tous ces décès intervenus au cours du coït, 82 à 93% étaient des hommes. Et pour la majorité d'entre eux (75%),
l'accident fatal est survenu au cours d'une relation extraconjugale, la plupart du temps avec une partenaire plus jeune
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dans un environnement ou après une consommation excessive d'alcool et de boisson !
Précisons que les auteurs se sont voulus exhaustifs et qu'outre l'angor, l'infarctus et l'arythmie, les recommandations
détaillent aussi les risques et les délais à respecter avant de reprendre une activité sexuelle en cas d'antécédents
d'infarctus, en période post-angioplastie , post-pontage, en cas d'insuffisance cardiaque, de valvulopathies , de
maladies cardiaques congénitales ainsi que chez les porteurs de pacemaker et de défibrillateurs implantables. Elles
concluent, niveaux de preuve à l'appui, que chez les hommes et les femmes avec une maladie cardiovasculaire stable
présentant peu ou pas de symptômes pendant leurs activités quotidiennes de routine, une activité sexuelle est permise.
A l'inverse, les patients avec une maladie cardiaque décompensée (angor, insuffisance cardiaque, arythmie ou une
valvulopathie sévère) doivent attendre que leur état se stabilise pour envisager une activité sexuelle.
Les experts soulignent par ailleurs que le réentrainement à l'exercice tel que proposé dans le cadre d'un programme de
réhabilitation peut constituer une stratégie intéressante pour les patients cardiaques qui souhaitent reprendre une
activité sexuelle.
La question de la contraception et de la grossesse doit elle aussi être posée, en particulier en cas de maladies
coronaires, valvulaires et de cardiomyopathies dilatées. La contraception hormonale orale est en effet susceptible
d'augmenter le risque de complications thrombo-emboliques. « Quant à la grossesse, elle n'est pas sans danger chez
certaines femmes, en particulier celles sous anticoagulants » précisent-ils.
Le 7ème ciel compte pour 2 ou 3 étages, selon la partenaire
Durant l'acte sexuel, la pression artérielle systolique et diastolique ainsi que le rythme cardiaque augmentent
modérément. La plus forte élévation ayant lieu pendant les 10 à 15 secondes de l'orgasme, suivie d'un retour rapide à
la normale. Sur ce point, hommes et femmes sont à égalité.
Il est classique de considérer que l'énergie dépensée pendant l'acte sexuel équivaut à monter 2 étages. Des données
établies sur la base d'études menées chez les jeunes hommes mariés lors d'un rapport sexuel avec leur partenaire
habituel, où le rythme cardiaque dépasse rarement 130 bpm, et où la pression artérielle systolique ne s'élève pas au
dessus 170 mm Hg. Dans d'autres conditions (sujet plus âgé, en moins bonne forme physique, avec une partenaire
inhabituelle et à fortiori si elle est plus jeune !) , le nombre d'étages à gravir peut augmenter… « En cas de partenaire
illégitime, l'énergie dépensée équivaut plutôt à 3 étages » précise Claire Mounier-Vehier.
Les médicaments cardiovasculaires ont peu d'impact sur la fonction sexuelle
Concernant l'effet potentiellement délétère de certains médicaments sur la fonction sexuelle, les bêtabloquants et les
diurétiques souvent montrés du doigt. Mais ici, les auteurs des recommandations sont clairs : l'analyse de 6 études
incluant plus de 15 000 sujets a montré que les bêtabloquants étaient associés à une dysfonction érectile (DE) dans
seulement 5 cas sur 1000 et que le taux annuel d'impuissance était lui de 3 pour 1000. Attention à l'effet nocebo (ici, le
fait de savoir que l'on prend un médicament susceptible d'induire une dysfonction érectile), car il est, lui, selon les
auteurs, loin d'être négligeable.
Chez les femmes, aucun effet sur la fonction sexuelle n'a pu être montré avec les antihypertenseurs, bien que les
diurétiques thiazidiques et l'aldostérone aient été associés avec une moindre lubrification vaginale et à des irrégularités
menstruelles.
Sur l'intérêt des traitements à visée cardiovasculaires et leur maintien; la recommandation des auteurs est, là encore,
très claire : pas question de se passer de thérapies qui améliorent les symptômes et la survie des patients en raison
de supposés effets sur la fonction sexuelle. Pour autant, si un patient se plaint de problèmes sexuels, il importe d'en
rechercher la cause : est-ce une conséquence de la maladie cardiaque ou vasculaire, un effet nocebo ou est-ce lié à
une angoisse ou une anxiété ?
« En cas d'une DE liée à un traitement bien identifié; des switchs sont parfois possibles» signalent les
recommandations. Ou encore des aménagements dans le traitement : « Il arrive que l'on aggrave un trouble de
l'érection lorsque l'on baisse trop la pression artérielle. C'est un problème de dosage. On peut alors proposer au patient
de morceler la prise du médicament en deux pour éviter les effets indésirables. Le patient le comprend et l'accepte très
bien quand on lui explique. C'est avant tout une question de dialogue» signale Claire Mounier-Vehier.
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Une large place faite aux IPDE5
La place des IPDE5 est, elle aussi, abordée dans ces recommandations. Il est rappelé que ces médicaments sont
efficaces pour le traitement de la DE chez les patients présentant une hypertension artérielle systémique, une maladie
coronaire ou une insuffisance cardiaque stabilisée, sans qu'aucun des 3 agents actuellement sur le marché (sildenafil,
tadalafil et vardenafil) n'ait montré une efficacité et une sécurité supérieure à un autre.
« En dépit de récits anecdotiques reliant les IPDE5 à un événement cardiaque, aucune étude d'importance ou de métaanalyse n'a retrouvé de lien de cause à effet entre cette classe de médicaments et une augmentation des infarctus du
myocarde ou d'autres événements cardiaques » précisent les auteurs. De son côté, Claire Mounier-Vehier rappelle que
« traiter efficacement la dysfonction érectile (notamment par IPDE5) est un facteur de bonne observance des
thérapeutiques cardiovasculaires. »
En termes de contre-indication, le vardénafil (contrairement au tadalafil et au sildenafil) est à éviter chez les patients
avec un allongement congénital du QT, des antécédents de torsades de pointe et chez les patients prenant des
médicaments qui allongent l'intervalle QT. Bien sûr, les dérivés nitrés restent une contre-indication absolue à l'utilisation
des IPDE5. De même, on ne doit pas administrer de dérivés nitrés chez les patients se plaignant d'une douleur
thoracique ou ayant fait un infarctus aigu sans laisser un intervalle d'au moins 24 heures après la dernière dose de
sildénafil ou de vardénafil et au moins 48 heures après une dose de tadalafil. « Outre les dérivés nitrés, les patients qui
présenteraient une douleur dans la poitrine ou un syndrome coronaire aigu peuvent se voir administrer toutes les
autres classes thérapeutiques » détaillent les recommandations.
Les femmes ne sont pas oubliées : la possibilité d'un traitement par estrogènes efficace contre la sécheresse génitale
des femmes post-ménopausées a été étudiée, au vu notamment des questionnements sur estrogéno-thérapie et
augmentation du risque cardiovasculaire chez les femmes recevant une combinaison hormonale
d'estrogène/progestérone (mais pas chez les femmes recevant des estrogènes seuls). Résultat : les femmes peuvent
utiliser ces traitements sans crainte en raison d'une absorption systémique (et fortiori locale) minimale et donc sans
risque. A noter, « les troubles de la dysfonction endothéliale chez les femmes (troubles de l'orgasme, sécheresse
vaginale, insuffisance érectile clitoridienne….) peuvent être, comme la dysfonction érectile chez l'homme, un marqueur
du risque cardiovasculaire » prévient Claire Mounier-Vehier.
Enfin, les experts insistent dans ces recommandations sur l'importance du conseil et du soutien psychologique, tant
l'anxiété et la dépression sont des composantes fréquentes de la maladie cardiaque. Le ou la partenaire ne doit pas
être oublié. Par ailleurs, des questionnaires peuvent être utilisés pour faciliter la discussion entre patient et
professionnels de santé si nécessaire. « Quand il est difficile de poser la question de la sexualité, l'auto-questionnaire
est un bon moyen d'aborder le sujet. Pour ma part, j'utilise l'IIEF (voir pdf), un questionnaire en 5 points très facile
d'utilisation. »
Pdf à télécharger
« Face à ces questions, le partenariat cardiologue-sexologue est indispensable » conclut le Pr Claire Mounier-Vehier.
En raison de leur nombre, les liens d'intérêt des différents auteurs n'ont pas été rapportés mais ils peuvent être
consultés sur la publication originale. Le Pr Claire Mounier-Vehier est consultante pour la plupart des firmes
pharmaceutiques commercialisant des antihypertenseurs pour la rédaction d'articles et de diaporamas, la réalisation
de conférences, des missions de conseil.
Liens
Quand une dysfonction érectile résiste aux médicaments
[Medscape France > En pratique ; 8 décembre 2011]
L'activité physique ou sexuelle épisodique majore le risque d'évènement aigu
[Medscape France > Actualités ; 4 mai 2011]
Différents facteurs peuvent compromettre la vie sexuelle de l'hypertendu
[Medscape France > Actualités ; 20 avril 2011]
Comment vivre après un infarctus ?
medscape.fr/cardiopathies/…/1350751/
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Recommandations AHA activité sexuel…
[Medscape France > Actualités ; 11 février 2011]
Référence
1. Levine G. N ; Steinke E.E ; Bakaeen F.G. Sexual activity and cardiovascular disease : A Scientific Statement From
the American Heart Association. Circulation published online January 19, 2012. doi:
10.1161/CIR.0b013e3182447787
Stéphanie Lavaud
Après un doctorat en biologie du vieillissement, Stéphanie Lavaud s’est tourné vers le journalisme médical. Elle a
travaillé au cours des 10 dernières années pour différents supports spécialisés (Le Généraliste, Info respiration, Le
Concours Médical, Impact Pharmacien) et pour la rubrique santé du magazine Pleine Vie. Stéphanie Lavaud n'a aucun
conflit d'intérêt à déclarer.
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