Aspects sanitaires de la consommation de viande
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Aspects sanitaires de la consommation de viande
ARTICLE DE REVUE 566 Prise de position de la Commission fédérale de l’alimentation (COFA) au sujet des données épidémiologiques actuelles Aspects sanitaires de la consommation de viande Evelyne Battaglia Ri chi, Beatri ce Baumer, Beatrice Conrad, Roger Darioli, Alexandra Schmid et Ulri ch Keller Membres d’un groupe de travail de la COFA La viande représente une source précieuse de macro- et micronutriments, notamment de protéines, de vitamines A, B1 et B12, de niacine, de fer et de zinc. Ainsi, renoncer à consommer de la viande favorise les carences en micronutriments, en particulier en fer et en vitamine B12. Au cours de ces dernières années, de grandes études de cohorte prospectives ont examiné le lien entre la consommation de différents types de viande (en particulier de viande rouge et de viande transformée) et la morbidité/mortalité. Introduction et définitions La viande fait partie des aliments de base. Elle constitue une importante source de protéines précieuses mais également de vitamines, en particulier de vitamine B12, ainsi que de fer, de zinc et d’autres micronutriments. Toutefois, des données récentes de la littérature scientifique indiquent qu’une consommation croissante de viande rouge, en particulier sous forme transformée, peut avoir des conséquences négatives sur la santé. Un groupe de travail de la Commission fédérale de l’alimentation (COFA) s’est intéressé au sujet et a rédigé pour l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) un rapport détaillé comprenant des recommandations [1]. Le présent article est une version raccourcie de ce rapport. Dans sa prise de position, la commission ne s’est volontairement pas penchée sur les aspects écologiques, éthiques ou sociaux de la consommation de viande. Cela un processus visant à augmenter la durée de conserva- ne signifie cependant pas que ceux-ci sont négligeables. tion et ont été mélangés à des ingrédients tels que le sel Dans la littérature scientifique de référence, les termes ou le sel de saumure. de viande «rouge» et de viande «blanche» sont souvent Tous les types de préparations et produits carnés ne utilisés. Ces termes ne sont pas définis dans la Loi suisse peuvent pas être classés clairement, et les définitions sur les denrées alimentaires. La plupart du temps, la choisies peuvent varier légèrement de celles utilisées viande de muscle (viande fraîche) de bœuf, de veau, de dans les études citées ci-après. porc, d’agneau, de cheval et de gibier est classée comme viande rouge. La viande dite blanche désigne la viande de volaille. Dans certaines études, la viande de lapin est également considérée comme une viande blanche. Par Aspects sanitaires de l’alimentation sans viande (végétarisme) ailleurs, le terme «viande transformée» (processed Par rapport aux personnes mangeant de la viande, les meat) est aussi utilisé dans la littérature. Cette catégo- végétariens ont un risque moindre de mourir d’une rie regroupe tous les types de produits carnés, tels que maladie cardio-vasculaire ou de développer certains la saucisse, la charcuterie ou le saucisson, qui ont subi types de cancer, comme le révèle une métaanalyse de SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 ARTICLE DE REVUE 567 sept études [2]. Chez les végétariens, le risque relatif n’ont pas consommé suffisamment de suppléments de de décès suite à une cardiopathie coronaire était plus vitamine B12 durant la grossesse, des dommages neuro- faible de 29% et le risque de développer un cancer était logiques majeurs et irréversibles ont été décrits comme plus faible de 18% par rapport aux mangeurs de viande. conséquence de la carence en vitamine B12 [11, 12]. Le végétarisme lui-même est-il responsable de la baisse de ces risques de maladie? La réponse reste floue. Certaines données indiquent que les végétariens se distinguent également des mangeurs de viande dans Liens entre la consommation de viande et la santé d’autres domaines qui ont une influence positive sur la Les connaissances disponibles sur le lien entre la santé [3]. Les végétariens ont souvent un mode de vie consommation de viande et la santé proviennent prin- plus sain, sont moins souvent en surpoids, fument cipalement de grandes études de cohorte réalisées aux moins et boivent moins d’alcool (voir aussi le rapport Etats-Unis et en Europe, qui ont fait l’objet d’une com- de la COFA sur l’alimentation végétarienne [4]). Dans pilation statistique dans des métaanalyses. Ces études une prise de position, l’American Dietetic Association a ont en particulier examiné le lien entre d’une part les toutefois établi qu’une alimentation végétarienne pré- quantités de viande (rouge et transformée) consommées sentait en soi sans doute des avantages sur la santé [5]. et d’autre part la mortalité et la survenue de certaines En cas d’alimentation sans viande, l’apport suffisant en maladies majeures fréquentes telles que les maladies micronutriments tels que le fer, le zinc et la vitamine cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le cancer. Des B12 peut s’avérer critique. Concernant le fer, c’est la études interventionnelles randomisées et contrôlées viande qui, parmi tous les aliments, contribue le plus seraient certes plus pertinentes, mais de telles études fortement aux apports. Le fer héminique présent dans ne sont pas disponibles et ne sont guère réalisables la viande est mieux absorbé que le fer non héminique pour la consommation de viande. contenu dans les aliments végétaux tels que le pain. Dans une étude européenne, les adolescents présen- Mortalité globale taient relativement souvent des apports insuffisants L’étude du National Institutes of Health – American Asso en fer (13% des filles et 3% des garçons). Les filles avaient ciation of Retired Persons (NIH-AARP), réalisée chez un des apports moindres en fer héminique en raison de demi-million de personnes âgées de 50 à 71 ans, a trouvé leur plus faible consommation de viande par rapport un lien significatif entre la consommation de viande aux garçons [6]. Les auteurs en ont conclu qu’en cas rouge/transformée et la mortalité globale, à la fois d’alimentation sans viande, en particulier chez les chez les hommes et les femmes [13]. Le risque de décès femmes réglées, il fallait veiller à des apports suffisants à 10 ans était supérieur de 31% chez les hommes ayant en fer. Les résultats de cette étude sont en contradic- la consommation la plus élevée de viande rouge par tion avec ceux d’une étude suédoise conduite chez de rapport à ceux ayant la consommation la plus faible jeunes végétaliennes: leur statut martial ne se distin- (quintile le plus élevé versus quintile le plus faible; rap- guait pas significativement de celui des femmes man- port de risque [RR] 1,31; intervalle de confiance à 95% [IC] geant de la viande, vraisemblablement parce que les 1,27–1,35) et il était supérieur de 16% chez les hommes végétaliennes consommaient davantage de légumes, ayant la consommation la plus élevée de viande trans- salades et compléments alimentaires [7]. Dans deux formée par rapport à ceux ayant la consommation la autres études, de faibles réserves de fer (faible taux de plus faible (RR 1,16; IC à 95% 1,12–1,20). Chez les femmes, ferritine) s’observaient aussi fréquemment chez les les chiffres correspondants étaient un RR de 1,36 (IC à végétariens que chez les non-végétariens [8, 9]. 95% 1,30–1,43) pour la viande rouge et un RR de 1,25 (IC Dans une métaanalyse de 26 études, les apports en zinc à 95% 1,20–1,31) pour la viande transformée lorsque le étaient significativement plus faibles chez les végéta- quintile de consommation le plus élevé et le quintile riens par rapport aux non-végétariens [10]. La biodis- de consommation le plus faible étaient comparés. ponibilité du zinc végétal est plus faible que celle du zinc Dans les études Health Professionals Followup Study issu de la viande ou des produits carnés. Toutefois, dans (chez les hommes) et Nurses’ Health Study (chez les la grande étude EPIC-Oxford, les apports en zinc des femmes), des enquêtes nutritionnelles détaillées ont végétariens correspondaient pratiquement aux recom- été réalisées de façon répétée, tous les 4 à 6 ans, sur une mandations générales [3]. période totale de plus de 20 ans (fig. 1). Dans ces études, Les apports en micronutriments peuvent être critiques de nombreux paramètres supplémentaires ont été chez les végétaliens, qui ne consomment aucun aliment collectés et pris en compte dans l’analyse statistique d’origine animale (et donc pas de produits laitiers ni [14]. Ces paramètres concernaient les facteurs de risque d’œufs). Chez les enfants de mères végétaliennes qui connus de maladies cardiovasculaires et certaines SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 ARTICLE DE REVUE 568 formes de cancer, tels que le poids corporel, les lipides talité de 14% (HR 1,14; 95% CI 1,01–1,28) pour une durée sanguins, la consommation de cigarettes et d’alcool, la moyenne de suivi de 13 ans. Pour la viande transfor- pression artérielle, l’origine ethnique, le diabète, etc. Au mée, l’augmentation de la mortalité était de l’ordre de cours de la période de suivi de 22 ou 28 ans, le RR pour la 44% (RR 1,44; IC à 95% 1,24–1,66). Sur la base de leurs don- mortalité globale a augmenté de façon quasi-linéaire nées, les auteurs ont estimé que 3,3% des décès auraient avec la consommation de viande rouge. L’augmentation pu être évités si tous les participants avaient consommé du risque de décès en cas de consommation croissante moins de 20 g de viande transformée par jour. de viande rouge était plus prononcée chez les hommes Aucun lien n’a été trouvé entre la consommation de vo- que chez les femmes (RR 1,37; IC à 95% 1,27–1,47 vs 1,24; IC laille et la mortalité. Une métaanalyse actualisée rela- à 95% 1,17–1,30) lorsque la consommation la plus élevée tive à la mortalité globale a été publiée récemment [16]. était comparée à la consommation la plus faible (c.-à-d. comparaison des quintiles 5 vs 1). En 2013 ont été pu- Maladies cardiovasculaires bliés les résultats de la grande étude européenne EPIC Les études américaines décrites ci-dessus ont également (European Prospective Investigation into Cancer and examiné le lien entre le risque de décès par maladies Nutrition) ayant évalué le lien entre la consommation cardiovasculaires et la consommation de viande [14]. de viande et la mortalité chez 448 568 hommes et A la fois chez les femmes et chez les hommes, une aug- femmes de 10 pays [15]; ces résultats ont confirmé ceux mentation significative de la mortalité cardiovascu- des cohortes américaines [13, 14]: une consommation laire a été constatée par portion consommée (1 portion = 84 g) de viande rouge non transformée (augmentation était associée à une augmentation moyenne de la mor- de 18%) et de viande rouge transformée (augmentation Health Professionals Follow-up Study Nurses’ Health Study Suivi allant jusqu’à 22 ans Suivi allant jusqu’à 28 ans Rapport de risque pour les décès Rapport de risque pour les décès accrue de viande rouge (>160 g vs <10–19,9 g par jour) Rapport de risque 168 g/jour Nombre de portions de viande rouge par jour Nombre de portions de viande rouge par jour Consommation croissante de viande rouge (en portions; 1 portion = 84 g) Rapport de risque Figure 1: Hazard ratio de décès (mortalité globale) dans deux études de cohorte américaines en cas de consommation croissante de viande rouge [14]. Pour une consommation de 168 g de viande rouge par jour, le hazard ratio était chez les hommes de 1,5, c.-à-d. 50% plus élevé qu’en cas de consommation nulle. Health Professionals Follow-up Study Nurses’ Health Study Suivi allant jusqu’à 22 ans Suivi allant jusqu’à 28 ans Toutes les tendances: p <0,003 ou moins Viande rouge non transformée Toutes les tendances: p <0,001 Viande rouge transformée Quintiles de consommation Figure 2: Hazard ratio de mortalité par suite de maladies cardiovasculaires dans deux études de cohorte américaines en cas de consommation croissante de viande rouge [14]. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 ARTICLE DE REVUE 569 de 21%) (fig. 2). Pour la viande non transformée, les Dans l’étude EPIC susmentionnée également, une éléva- hommes et les femmes présentaient une augmenta- tion significative du risque de décès par maladies cardio- tion comparable du risque, tandis que pour la viande vasculaires (RR 1,72; IC à 95% 1,29–2,30) a été constatée transformée, les femmes présentaient une augmenta- pour la viande transformée lorsque la consommation tion du risque relatif plus prononcée que les hommes. la plus élevée était comparée à la deuxième plus faible En 2010 a été publiée une métaanalyse de ces deux consommation (>160 g vs 10–19,9 g par personne et par études, ainsi que de 15 études de cohorte prospectives jour). Aucun lien significatif n’a été trouvé entre la et 3 études cas-témoins supplémentaires ayant évalué consommation de viande non transformée et de viande le lien entre la consommation croissante de viande blanche et le risque de décès par maladies cardiovascu- rouge et transformée et le risque de survenue de car- laires [15]. diopathies coronaires, d’accidents vasculaires céré- Une analyse combinée d’études asiatiques n’a pas trouvé braux et de diabète [17]. Il convient de noter que dans d’élévation du risque de mortalité cardiovasculaire en certaines des études de la métaanalyse, la consomma- cas de consommation croissante de viande rouge [19]. tion de viande a été évaluée à une seule reprise et l’éva- Chez les hommes, il y avait même une réduction faible- luation des facteurs de risque concomitants n’était pas ment significative du risque en cas de consommation aussi détaillée que dans les deux études de cohorte croissante de viande rouge (RR 0,87; IC à 95% 0,78–0,98; mentionnées. Pour la consommation de viande trans- p = 0,04) lors de la comparaison du quartile le plus formée, la métaanalyse a révélé un risque significative- élevé par rapport au quartile le plus bas. Pour la morta- ment accru de développer une cardiopathie coronaire lité globale, aucun lien significatif n’a été constaté. Les et d’en décéder. La consommation de 50 g de viande résultats des études asiatiques ne sont pas forcément transformée par jour était associée à une augmenta- transposables aux pays occidentaux, car la consomma- tion moyenne du risque de 42%. Pour la consomma- tion de viande rouge est par ex. beaucoup plus faible en tion de viande rouge non transformée, aucun lien n’a Asie que chez nous et il existe de grandes différences été trouvé avec le risque de cardiopathie coronaire socio-économiques entre les différents pays de la méta- (risque relatif = 1,00). Concernant le risque d’accident analyse. En Chine, la consommation de viande était vasculaire cérébral, une corrélation significative a uni- associée à un statut socio-économique plus élevé et ce quement été observée pour la consommation crois- dernier s’accompagne d’une plus faible mortalité car- sante de viande rouge, même si les accidents vasculaires diovasculaire [20]. cérébraux étaient dix fois plus rares que les nouveaux cas de cardiopathie coronaire dans ces études. Cancer colorectal et autres types de cancer Une métaanalyse de cinq études de cohorte prospectives Deux métaanalyses ayant évalué le lien entre la a trouvé un lien significatif entre les quantités consom- consommation de viande et la survenue de cancers co- mées de viande rouge et de viande transformée et le lorectaux ont été publiées en 2011: la première méta- risque d’accident vasculaire cérébral ischémique [18]. analyse [21] a inclus 21 études prospectives qui répondaient aux critères d’inclusion (publication dans une revue à comité de lecture [«peer review»], données origi- Risque Relatif (RR) estimé de cancer du côlon nales, cohortes définies, données concernant les quantités consommées et le risque, données concernant la consommation de viande non transformée et transformée). Pour une consommation de 100 g de viande Augmentation du RR de 25% rouge par jour, une augmentation significative (de 17%) du risque de cancer du côlon a été constatée. Pour la 103 g/personne/jour = consommation approximative en CH (6 e RNS) viande transformée, une augmentation significative du risque, de l’ordre de 18%, a été observée en cas de consommation de 50 g/jour. Les auteurs ont conclu de leur analyse que les données justifiaient de recommander une restriction des apports en viande rouge et en Consommation de viande rouge et transformée (g/jour) Polynôme (fractionnaire, «best fit») Intervalle de confiance à 95% Figure 3: Risque relatif de cancer colorectal en cas de consommation croissante de viande rouge (transformée et non transformée) [21]. En rouge, la consommation moyenne approximative, donnée d’après le 6ème rapport sur la nutrition en Suisse [51]. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 viande transformée pour la prévention des cancers colorectaux (fig. 3). La deuxième métaanalyse [22] a inclus 25 études et s’est uniquement concentrée sur la viande rouge non transformée. Pour la comparaison entre une consommation élevée vs une consommation faible de viande rouge, ARTICLE DE REVUE 570 l’augmentation du risque de cancer colorectal était com- viande rouge augmentée de 50 g par jour était associée à parable à celle observée dans la publication [21], même une augmentation du risque de 8% en l’espace de 12 ans. si elle était légèrement moins prononcée (risque relatif Dans l’étude française E3N, conduite chez 66 180 femmes, 1,2; IC à 95% 1,04–1,21), et le lien entre le cancer du rec- un lien statistiquement significatif a aussi été observé tum et la consommation de viande rouge n’était pas entre la consommation de viande rouge transformée statistiquement significatif. et le risque de diabète, ce qui n’était pas le cas pour la Une métaanalyse récemment publiée a décrit le rôle consommation de viande rouge non transformée [28]. de la consommation de viande rouge par rapport à d’autres facteurs de risque connus de cancer du côlon (hérédité, maladies inflammatoires de l’intestin, obésité, manque d’activité physique, etc.). D’après l’analyse de 14 études, il y avait un lien faible mais statistique- Mécanismes à l’origine des conséquences sanitaires négatives de la consommation de viande et de produits carnés ment significatif (risque relatif 1,13; 1,09–1,16) pour la viande rouge en cas de consommation de 5 portions Viande rouge (560 g) par semaine par rapport à 0 portion [23]. Pour la Les raisons de l’effet négatif soupçonné de la viande viande transformée (cinq études), l’augmentation du rouge sur la survenue ou l’évolution de l’athérosclérose, risque n’était pas statistiquement significative. du diabète et de certaines formes de cancer ne sont pas Par ailleurs, une métaanalyse a révélé un lien entre la claires. Il est admis qu’il existe plusieurs facteurs cau- consommation de viande rouge et de viande trans- saux, qui agissent seuls ou en combinaison. Par ailleurs, formée et le cancer de l’œsophage [24]. Des liens avec il est également impossible de distinguer les effets des d’autres types de cancer (oropharynx, larynx, pancréas, différentes sources de viande rouge (par ex. viande de ovaires) ont également été identifiés dans des études porc, de bœuf ou de veau), car il n’existe pas de don- isolées, mais il s’agissait majoritairement d’études cas- nées à ce sujet. témoins moins pertinentes. La viande rouge a une teneur moyenne en fer plus éle- Diabète sucré de type 2 la teneur en fer de la viande de porc et de veau soit plus Dans une métaanalyse des trois études de cohorte proche de celle de la viande de poulet que de celle de la américaines (Health Professionals Follow-up Study viande de bœuf [29]. Un apport excessif en fer hémi- et Nurses’ Health Study I et II), le risque de diabète de nique, la forme sous laquelle le fer est stocké dans la vée que la viande blanche (poulet, dinde) [29], bien que type 2 augmentait avec la consommation croissante viande, a été avancé comme facteur potentiellement de viande rouge transformée [25]. L’augmentation du athérogène [30–33], comme facteur favorisant la crois- risque était relativement faible pour la viande rouge sance de cancers gastro-intestinaux [34, 35] et comme non transformée (19% pour 100 g par personne et par facteur diabétogène [36, 37]. Cette hypothèse ne permet jour), alors qu’elle était nette pour la viande rouge toutefois pas d’expliquer les risques sanitaires plus transformée (51% pour une consommation de 50 g); prononcés associés aux produits carnés par rapport à dans les deux cas, l’augmentation du risque était statis- la viande non transformée, vu que les produits carnés tiquement significative. La métaanalyse a révélé une contiennent en majeure partie de la viande de porc, hétérogénéité significative des études incluses; lorsque dont la teneur en fer est relativement faible. cette hétérogénéité était prise en compte, le RR pour D’autres mécanismes potentiellement responsables de la survenue d’un diabète en cas de consommation de la survenue de l’athérosclérose ont été décrits récem- viande transformée diminuait, passant à 1,23. ment. La phosphatidylcholine et la choline [38] ainsi Le calcul des variations de la consommation de viande que la carnitine [39], des composants typiques de la en l’espace de 4 années dans les trois grandes études de viande, sont en partie dégradées par des bactéries in- cohorte mentionnées a révélé un lien significatif avec testinales en oxyde de triméthylamine (OTMA), un pro- le risque de diabète: par rapport à une consommation duit potentiellement athérogène. Les personnes qui non augmentée, une augmentation moyenne de la mangent de la viande produisent davantage d’OTMA consommation de viande rouge de 42 g ou plus par jour que les végétariens [39]. La viande rouge a une teneur était associée à une augmentation de 48% du risque de en L-carnitine plus élevée que la viande blanche [40]. diabète au cours des 4 années [26]. Bien qu’aucune étude ayant évalué le risque d’athéros- Dans l’étude EPIC-InterAct, qui a porté sur une grande clérose chez l’homme ne soit disponible, l’administra- cohorte européenne, un lien significatif a également été tion de L-carnitine à des souris dans l’étude mention- établi entre les nouveaux cas de diabète et la consom- née ci-dessus [39] a conduit à une production accrue mation de viande rouge [27]. Une consommation de d’OTMA et à la survenue d’athérosclérose. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 ARTICLE DE REVUE 571 Viande transformée Ces recommandations stipulent que parmi les sources La viande transformée se distingue notamment de la de protéines, il convient de privilégier des variantes viande non transformée par le fait que de nombreux «saines» comme le poisson et les haricots aux ham- produits carnés contiennent du sel de saumure et une burgers et hotdogs. La consommation de poisson, pou- quantité relativement élevée de sel à des fins de conser- let, haricots ou noix en lieu et place de la viande rouge vation. Or, la consommation de sel est associée à une non transformée et transformée pourrait réduire le élévation de la pression artérielle [41]. risque de maladies cardiaques et de diabète. Il est Le sel de saumure contient des nitrites; durant le pro- conseillé de manger de la viande rouge (bœuf, porc, cessus de digestion, ces derniers peuvent être transfor- agneau) au maximum deux fois par semaine ou à hau- més en peroxynitrites, qui peuvent favoriser l’athéros- teur de 170 g par semaine au maximum et les auteurs clérose et la survenue de diabète [42]. Les concentrations préconisent de renoncer totalement à la consomma- sanguines de nitrites étaient corrélées à une dysfonc- tion de viande transformée, telle que bacon, charcute- tion endothéliale chez l’homme [43], ainsi qu’à une per- rie, hotdogs ou autres, car ces produits augmentent le turbation de la sensibilité à l’insuline [44]. Les nitrites risque de maladies cardiovasculaires, diabète et cancer ont également été mis en relation avec la survenue du de l’intestin. cancer de l’estomac. Une étude récente n’est toutefois pas parvenue à confirmer ce lien [45]. Par ailleurs, les produits carnés n’apportent que de faibles quantités de Recommandations du World Cancer Research Fund nitrates/nitrites par rapport à la production endogène Le World Cancer Research Fund (WCRF) est un réseau de nitrites et aux apports fournis par les légumes [46]. mondial à but non lucratif regroupant des sociétés de Le développement de cellules de cancer du côlon chez discipline médicales, des scientifiques et des politiciens le rat a néanmoins été favorisé par l’action combinée de la santé. Par le biais de la formation et de la recherche, de la viande cuite contenant des nitrites et du fer hémi- elle a pour mission d’aider les hommes à prendre des nique [33]. Un article de revue sur le thème «viande décisions qui réduisent leur risque de cancers. transformée et cancer du côlon» fournit des informa- Concernant la viande, le WCRF recommande dans son tions détaillées sur les processus courants de transfor- Second Expert Report sur la prévention du cancer [50] mation de la viande et sur les mécanismes potentiels de limiter la consommation de viande rouge non de la carcinogenèse [47]. transformée (par ex. bœuf, porc et agneau) et d’éviter de consommer de la viande transformée. Selon ce Recommandations actuelles relatives à la consommation de viande et de produits carnés Recommandations en Suisse rapport, le risque de cancer de l’intestin augmenterait en cas de consommation régulière de plus de 500 g de viande rouge (poids cuit) par semaine. Le WCRF a estimé que 10% des cas de cancer du côlon pourraient être évités si la consommation de viande transformée était Dans les recommandations de la Société Suisse de totalement abandonnée. Nutrition (SSN) datant de 2011 et de l’OSAV, la viande est La quantité de 500 g de viande rouge cuite corres- citée en premier lieu dans la pyramide alimentaire pond à 700–750 g de viande crue, ce qui est à peu près parmi les principales sources de protéines [48], ce qui équivalent à la quantité totale moyenne de viande peut être interprété comme une préférence, et la viande consommée par semaine par un adulte en Suisse et la volaille (viande rouge et blanche) sont mises sur (720 g par personne et par semaine). D’après le 6e rap- un pied d’égalité. Parmi les produits carnés, seuls deux port sur la nutrition en Suisse [51], la consommation produits (salami et fromage d’Italie) sont cités et il est approximative s’élève à 332 g de viande rouge fraîche uniquement mentionné que la viande doit être préférée et à 388 g de viande transformée par personne et par aux produits carnés (et à la charcuterie) car elle contient semaine, ce qui correspond à la quantité totale men- moins de graisses et de sel nitrité pour saumure. tionnée. Recommandations de la Harvard School of Public Health aux Etats-Unis Discussion La Harvard School of Public Health, qui a réalisé de Les études de cohorte prospectives américaines et eu- grandes études épidémiologiques dans le domaine de ropéennes publiées au cours de ces dernières années l’alimentation, a publié sur son site internet des recom- indiquent que la consommation accrue de viande mandations pour une alimentation saine à l’attention rouge et avant tout de produits carnés (viande trans- du grand public [49]. formée) pouvait avoir, au fil des années, des répercus- SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 ARTICLE DE REVUE 572 Prof. Ulrich Keller maladies cardiovasculaires, de certaines formes de Facteurs limitants pour l’évaluation des effets sur la santé FMH Endokrinologie- cancer comme le cancer du côlon et de diabète sucré de Les principales conclusions du présent article ont été Correspondance: Diabetologie Präsident der EEK sions sanitaires négatives en termes de mortalité, de tirées de grandes études de cohorte prospectives. Les type 2. associations identifiées peuvent être influencées par Missionsstrasse 24 CH-4055 Basel ulrich.keller[at]unibas.ch Qualité des preuves des facteurs non pris en compte (residual confounding), Les études épidémiologiques ne peuvent pas apporter par le caractère auto-rapporté des données relatives des preuves directes d’effets, mais elles fournissent aux habitudes alimentaires, ainsi que par la longue uniquement des indications plus ou moins bien dé- période de latence entre l’exposition et la survenue de montrées en identifiant des associations. La qualité et la maladie. Par ailleurs, il est possible qu’il y ait un biais la pertinence des études épidémiologiques citées va- de publication, en ce sens que les résultats négatifs sont rient fortement. Les grandes études de cohorte (HPFS, plus rarement publiés que les résultats positifs. Dans NHS I et II, NIH-AARP, EPIC, E3N), qui ont été réalisées l’étude EPIC, les données de mortalité étaient tirées des dans des pays où le mode de vie et les habitudes ali- certificats de décès, qui ne contiennent pas toujours des mentaires sont similaires à la Suisse, se caractérisent informations fiables quant à la cause du décès. par une pertinence élevée. Par ailleurs, les études HPFS Un grand nombre de facteurs de confusion ont néan- et NHS I ont évalué les habitudes alimentaires à plu- moins été pris en compte dans les grandes études de sieurs reprises au fil des années. Elles ont en plus pris cohorte. Par ailleurs, les habitudes alimentaires ont été en considération tous les facteurs de risque connus, évaluées à plusieurs reprises et les cohortes américaines tels que le statut tabagique, la pression artérielle, le dia- étaient relativement homogènes concernant le statut bète, l’origine ethnique, l’indice de masse corporelle, socio-économique. les habitudes alimentaires générales, la consommation Les études mentionnées ont inclus des sujets âgés d’alcool, les habitudes en matière d’activité physique, de 35 à 75 ans. L’évaluation des effets de la viande et des etc. Le lien persistait même après inclusion de ces produits carnés sur la santé dans des groupes d’âge facteurs de risque dans une analyse multivariée, ce qui plus jeunes ou plus âgés peut éventuellement différer étaye la suspicion de causalité. de celle présentée dans cet article. En particulier chez Des études randomisées et contrôlées seraient certes les sujets âgés, le rapport bénéfice-risque de la consom- plus pertinentes, mais de telles études ne sont pas dis- mation de viande peut se révéler plus favorable. Le ponibles et ne sont guère réalisables. bénéfice de la viande en tant que source précieuse de protéines peut être plus élevé chez les personnes âgées, chez qui la couverture des besoins protéiques revêt une importance particulièrement grande (prévention de la sarcopénie [52], diminution du risque de chutes et d’ostéoporose, voir le rapport sur les protéines de la L’essentiel pour la pratique Les preuves provenant de métaanalyses et d’études de cohorte, qui ont été synthétisées dans cet article, font ressortir que la consommation de viande rouge et avant tout de produits carnés (viande transformée) a très probablement des répercussions négatives à long terme sur la santé. Les associations identifiées concordaient dans les études américaines et européennes, tant chez les hommes que chez les femmes, et elles persistaient également après prise en compte statistique des facteurs de confusion. Sur la base de la présente analyse, la COFA préconise à l’OSAV de modifier les recommandations actuelles pour une «alimentation équilibrée», de sorte que parmi les sources de protéines, une consommation limitée de viande rouge non transformée soit conseillée. La consommation de viande rouge transformée devrait être recommandée de façon encore plus restrictive. Ces recommandations s’appliquent aux adultes âgés de 35 à 70 ans, étant donné que les études se sont concentrées sur ces groupes d’âge. Chez les personnes âgées, des recommandations restrictives ne sont pas indiquées. SWISS MEDICAL FORUM – FORUM MÉDICAL SUISSE 2015;15(24):566–572 COFA [53]). D’un autre côté, les risques potentiels associés à la consommation de viande ne s’appliquent que dans une moindre mesure aux personnes âgées en raison de la plus courte durée d’exposition future liée à leur espérance de vie moindre. L’augmentation du risque identifiée était la plupart du temps inférieure à 50% et elle était souvent même inférieure à 20%. C’est «beaucoup» ou «peu», selon l’interprétation que l’on en fait. Disclosure statement Les auteurs ne déclarent aucun conflit d’intérêts financier ou personnel en rapport avec cet article. Références La liste complète et numérotée des références est disponible en annexe de l’article en ligne sur www.medicalforum.ch. Photo de couverture © Boleslaw Kubica | Dreamstime.com LITERATUR / RÉFÉRENCES Online-Appendix Literatur / Références 1. Keller U, Baumer B, Battaglia Richi E, Conrad Frey B, Darioli R, Schmid A. Gesundheitliche Aspekte des Fleischkonsums. Ein Bericht der Eidg. 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