Les églises (catholique romaine et orthodoxe), le
Transcription
Les églises (catholique romaine et orthodoxe), le
Les églises (catholique romaine et orthodoxe), le protestantisme, le jansénisme et les jésuites L’Eglise catholique romaine L'Église catholique romaine est une Église chrétienne et la principale Église catholique. L’Église catholique considère que par la succession apostolique, elle est la continuatrice des apôtres (les douze disciples choisis par Jésus-Christ dont les Évangiles nous disent qu'ils l'accompagnaient de son vivant et ont témoigné de sa résurrection.). En effet, les Apôtres auraient désigné des successeurs, qui auraient eux-mêmes nommé des successeurs, le tout constituant une succession ininterrompue d’évêques. Pour l’Église catholique, tout évêque est le successeur d’un apôtre qui a la responsabilité que les Apôtres avaient vis-à-vis de Jésus : il a en charge une Église locale (son diocèse) sur lequel il doit veiller. Le pape est l’évêque de Rome, successeur de Pierre. À ce titre il est le premier des évêques et doit veiller à l’unité de l’Église. L’Église catholique romaine est constituée de toutes les Églises locales dont l’évêque est en communion avec le pape. La direction de l’Église est assumée par le pape et par l’ensemble des évêques, réunis en concile œcuménique sur convocation du pape. Les conciles sont rares, convoqués à des moments exceptionnels. L’essentiel du gouvernement de l’Église se trouve au Vatican, dont le pape est le chef d’État. L’Église catholique romaine se reconnaît comme « la seule subsistance de l’Église primitive fondée par JésusChrist » (Dominus Jesus) par « succession apostolique continue » du christianisme des premiers siècles (Christianisme Primitif). Elle considère détenir, seule, « la plénitude du dépôt de la foi » dont la doctrine a été fixée lors des sept premiers conciles œcuméniques. Elle considère également être, seule, « pleinement médiatrice de salut ». Liturgie (ensemble réglé et ordre des cérémonies et des prières composant le culte public officiellement institué par une Église) Le point culminant de la liturgie catholique est la fête de Pâques (le troisième jour après sa crucifixion), fête de la résurrection de Jésus. Elle est précédée du temps du Carême (période de quarante jours précédant Pâques. Il commence le mercredi des Cendres et se termine par la Semaine sainte. Il est marqué, pour les pratiquants, par un jeûne de quarante jours qui rappelle le temps qu'aurait passé Jésus dans le désert pour y être tenté par Satan), et se termine par la Semaine Sainte, avec le Jeudi Saint, le Vendredi Saint et la Veillée Pascale (où ont lieu de nombreux baptêmes). Cette fête est suivie d’une période de cinquante jours appelée « temps pascal » qui se termine par la Pentecôte. La résurrection de Jésus est aussi célébrée chaque dimanche, et chaque semaine est couronnée liturgiquement par le dimanche. Les offices l’office des lectures, l’office du matin (laudes), l’office du milieu du jour (rassemblant tierce, sexte et none), l’office du soir (vêpres), l’office des complies. Messe La messe est la célébration centrée autour de l’Eucharistie. Toute la vie liturgique gravite autour de cette célébration. Ceci est particulièrement vrai pour la messe dominicale qui a lieu le dimanche ou le samedi soir. Il est demandé aux catholiques d’y participer chaque dimanche (l’obligation dominicale). L’Eucharistie Les chrétiens catholiques et orthodoxes appellent eucharistie et les protestants appellent sainte cène la célébration, ordinairement faite chaque dimanche, pendant laquelle on partage le pain et le vin, comme Jésus a, selon le Nouveau Testament, demandé de le faire lors du dernier repas (Cène) pris avec ses disciples avant sa Passion. Le point d'achoppement principal entre catholiques et protestants concerne la présence réelle du Christ dans le pain et le vin de l'eucharistie, affirmée par les catholiques, tandis que les protestants n'y voient qu'une sorte de geste commémoratif conformément à l'expression « en mémoire de ». Sacrements Les sacrements sont des signes de l’action de Dieu dans la vie d’un croyant et de l’Église. L’Église catholique romaine en distingue sept: 1. Le baptême. Le sacrement est dit ex opere operato, c’est-à-dire qu’il agit « de lui-même » en dépit de qui le confère. Il est réputé faire le chrétien. 2. 3. 4. 5. 6. 7. La confirmation, par laquelle l’évêque confirme le baptême. L’eucharistie ou communion : manger le corps et le sang de Jésus-Christ sous forme du pain (l’hostie) et du vin consacrés. Elle est considérée comme étant le plus important sacrement de l’Eglise. Le sacrement de pénitence et de réconciliation, ou confession des péchés à un prêtre qui peut conférer « l’absolution », c’est-à-dire la remise des péchés. Récemment les cérémonies pénitentielles collectives, pratique ancienne, ont été remises à l’ordre du jour ; cependant elles ne sont admises que dans des cas urgents, voir motu proprio Misericordia Dei du 2 mai 2002. L'extrême-onction. Le mariage, sacrement indissoluble depuis le XIIIe siècle. L’annulation est toutefois possible dans certains cas exceptionnels, notamment la non-consommation du mariage. Les personnes séparées qui se remettent en couple sont considérés comme adultères si elles ne vivent pas « comme frère et sœur » c’est-à-dire dans l’abstinence. L'ordination des évêques, prêtres et diacres, ou sacrement de l’ordre. L’Eglise orthodoxe Les Églises orthodoxes sont les Églises chrétiennes nées ou fondées dans l'antique zone de culture grecque, c'est-à-dire dans la zone orientale du bassin de la Méditerranée. Elles se sont très tôt développées de façon autonome, se sont séparées définitivement de L'Eglise romaine en 1054 (schisme entre l’occident catholique et l’orient orthodoxe). Elles ont gardé une forte continuité avec le christianisme tel qu'il était à l'origine en mettant l'accent sur la sanctification du monde et la résurrection du Christ. Pour l'Eglise orthodoxe, une unité extérieure comme celle de l'Eglise catholique n'est pas considéré comme nécessaire. Les différentes Eglises sont donc indépendantes, et leurs limites sont généralement celles des Etats. Elles sont dirigées par un patriarcat, la primauté honorifique revenant au patriarche de l'Eglise orthodoxe grecque de Constantinople, parfois contestée par le patriarcat moscovite ("Troisième Rome"). Les Églises orthodoxes représentent dans le monde la deuxième plus grande confession chrétienne en nombre de fidèles après l'Église catholique. Chaque église est autocéphale, c'est-à-dire gouvernée par son propre évêque, appelé métropolite, patriarche ou archevêque et ne reconnaît donc pas l'autorité du pape romain. Certains patriarcats, les plus anciens, disposent cependant d'une autorité morale admise par les autres églises orthodoxes. Liste des principales églises orthodoxes autocéphales : Constantinople, Alexandrie, d'Antioche, de Jérusalem, russe, géorgienne, serbe, roumaine, bulgare chypriote, grecque, albanaise, polonaise, tchèque et slovaque, en Amérique Liturgie Le cœur de la spiritualité orthodoxe est riche, principalement dans le chant de la liturgie fortement symbolique. La liturgie originale dure cinq heures, la liturgie basilienne dure environ deux heures, la liturgie de Jean Chrysostome ne dure environ qu'une heure et demie et c'est celle qui est célébré la plupart des dimanches tandis que, pour les fêtes plus importantes, on préfère la liturgie de Saint-Basile. Avec les orthros (matînes) et d'autres prières, l'office dure aussi trois heures les dimanches normaux ; de ce fait, tous ne restent pas du début à la fin. Le chant développe une particulière importance dans la liturgie russe orthodoxe. Ils sont compris comme prière à part entière ; ils ne doivent donc être « produits » que par les voix humaines. Dans la liturgie orthodoxe, on se signe chaque fois que la Trinité est mentionnée. Le signe de croix se pratique selon un mouvement de droite à gauche : front, poitrine, épaule droite, épaule gauche. Le pouce, l'index et le majeur sont liés pour représenter la trinité, tandis que l'annulaire et l'auriculaire sont repliés dans la paume pour signifier la double nature. On se signe aussi en admirant une icône avec ou sans prière et dans d'innombrables autres occasions, laissées à la discrétion du croyant. Le fidèle est, en principe, debout à l'office ; beaucoup d'églises n'ont que de sièges que le long des murs pour les personnes âgées ou affaiblies. La position à genoux est peu fréquente. Calendrier Noël se fête le 7 janvier et non le 25 décembre. Quant à la date de Pâques, sa méthode de calcul engendre des écarts variables: certaines années la date est la même, d'autres années il peut y avoir un mois de différence avec la Pâque romaine. Le protestantisme Le protestantisme naît de la Réforme, un mouvement de renouveau spirituel qui se développe dans la période de la Renaissance en Europe, c'est-à-dire à partir du XV siècle de notre ère. Ce terme général regroupe l'ensemble des cultes et Eglises chrétiennes issus de la Réforme, par opposition aux Eglises catholique et orthodoxe. Les principales confessions sont le luthéranisme (Allemagne, Scandinavie et Amérique du Nord), et le calvinisme (Suisse, France, Ecosse, Hollande, Allemagne, Pologne, Hongrie et Amérique du Nord). Il existe aussi de nombreuses Eglises libres et diverses communautés religieuses qui en sont dérivés. Les principes du protestantisme sont basés sur l'autorité exclusive des Ecritures (rejet de l'autorité du pape) qui seules donnent la Parole de Dieu, le salut par la grâce, la justification par la seule foi, le caractère personnel de la foi, l'engagement "sacerdotal" de tous les baptisés en gardant pour seule ligne de conduite : l'Evangile. Luthéranisme Principale composante du protestantisme en Allemagne et en Scandinavie. Elle est issue de l'enseignement et des doctrines du réformateur allemand Martin Luther (1483-1546). Celui-ci, choqué par la cour pontificale et le système des "Indulgences" vendues à des naïfs pensant obtenir le pardon de leurs péchés, se révolta ouvertement contre le pape qui l'excommunia. Luther valida alors la "confession d'Augsbourg", écrite par Melanchthon, qui est le fondement de la constitution des Eglises luthériennes. La croyance de base est la justification par la foi dans le Christ et l'autorité unique de l'Ecriture Sainte, conduisant à rejeter, entre autres, le célibat des prêtres. Bien que conservateur en matière de liturgie, le luthéranisme donne une place importante à la prédication. Il y a environ 80 millions de luthériens dans le monde, dont 300 000 en France. Certaines Eglises Luthérienne disposent d'évêques et d'autres de conseils, de synodes (assemblée régionale ou nationale constituant le gouvernement des Églises protestantes) et d'inspecteurs ecclésiastiques élus. Calvinisme Doctrine chrétienne réformée dont les principes initiaux ont été élaborés par Jean Calvin (1509-1564) dans l'Institution de la religion chrétienne, pour lequel seul Dieu peut accorder la Grâce. Il se différentie du catholicisme par le rôle majeur des Ecritures Saintes comme seule source de vérité et du luthéranisme par la prédestination de l'homme au Bien ou au Mal : le salut éternel est réservé à quelques élus et la damnation inexorable aux autres. L'Eglise calviniste est presbytérienne (presbytérianisme = doctrine calviniste selon laquelle l'autorité dans l'Église doit être exercée par des assemblées élues, composées de pasteurs et de laïcs plutôt que par un évêque; organisation ecclésiale correspondante, en particulier dans les pays de langue anglaise.) L'ornement des temples et les cérémonies de culte sont d'une grande simplicité. Le calvinisme se développa principalement en Suisse, en Hollande et en France où il fut freiné dans sa progression par les guerres de religion. Il est à l'origine de nombreuses sectes américaines et notamment la secte des Puritains du fait de sa sévérité. Le Jansénisme, les jésuites et la question de la grâce D’après la doctrine chrétienne, l’homme, déchu depuis le péché originel, ne peut être sauvé que par le don gratuit (la grâce) accordé par la venue sur terre et le sacrifice du Christ. Mais, d’un autre côté, l’homme est libre (le libre arbitre) et cette liberté risque d’entrer en conflit avec le choix des élus par Dieu. Depuis Saint Augustin (IVe siècle), l’Église tente de concilier ces deux notions apparemment contradictoires : Dieu accorde à tous les hommes une grâce gratuite à la naissance qu'il revient à chacun, par ses mérites de rendre agissante. Selon les hommes et les époques, l’Église devra condamner deux tendances très différentes, selon que l’on met l’accent sur le libre arbitre de l’homme ou sur la nécessité absolue de la grâce divine : Libre arbitre de l’homme : Pélage (V siècle). Puis, au XVIe siècle, Ignace de Loyola qui fonda l’ordre des jésuites et Molina. Pour ces derniers, la grâce est donnée à tous, mais c’est chacun des hommes qui la rend ensuite efficace par son choix personnel. Cet ordre, proche de l’humanisme, veut ainsi concilier la possibilité du salut de l’homme avec la morale stoïcienne et la sagesse antique encore païenne. Prédestination de l’homme : les choix de Dieu sont incompréhensibles pour la raison humaine car il n’accorde sa grâce qu’à un petit nombre d’élus : la grâce efficace n’est donc pas toujours donnée à tous les justes, car Jésus n’est pas venu sauver tous les hommes. C’est la position de Calvin au XVIe, puis des jansénistes au XVIIe siècle (développé par Cornélius Jansen dit Jansénius selon son interprétation de Saint Augustin). Cette doctrine de la prédestination pousse l'idée de la grâce toute puissante jusqu'au fatalisme, ne laisse plus subsister en nous aucune liberté et détruit par conséquent la condition même de notre responsabilité morale. Exaltante pour des âmes d'élite, tel Pascal (Les Provinciales), cette doctrine, qui a marqué profondément la pensée française pendant la seconde moitié du XVIIème siècle, risquait de réduire à l'indifférence et au désespoir la masse des fidèles. Le jansénisme se développa d'abord au couvent de Port-Royal. Il se répandit ensuite dans d'autres milieux ecclésiastiques et gagna les villes de province. La doctrine janséniste : L'homme est totalement déchu par suite du péché originel, il tend vers le Mal de façon naturelle. Cette vision de l'homme est proche de celle du calvinisme (c’est pourquoi la jansénisme sera parfois identifié à une hérésie). Seule la grâce de Dieu peut le pousser vers le Bien et le détourner de la « délectation terrestre ». Cette grâce exige de ceux qui la reçoivent, une foi à toute épreuve et un combat quotidien contre le Mal : « à la morale de l'honnête homme, les jansénistes opposent celle de la sainteté » (René Taveneaux). Les jansénistes exigent de leurs pénitents, une contrition parfaite pour leur donner l'absolution. On retrouve ici l'idéal d'intransigeance de Calvin, dans la pratique de la foi (austérité). Le jansénisme, en mettant l’accent sur la faiblesse et la corruption de la nature humaine, exerce une influence décisive sur l’analyse pessimiste que les classiques feront des passions : Racine, qui passa son enfance à Port-Royal, renonce à partir de 1691 au théâtre. La Bruyère et La Rochefoucauld tracent un portrait pessimiste de leurs contemporains. Sous l’influence de Mme de Maintenon, que Louis XIV épousera secrètement, la Cour elle-même devient austère, voire triste... ce qui expliquera en partie une violente réaction, pendant la Régence (de Philippe d’Orléans), au XVIIIe, dans la littérature et dans les mœurs. Puissants, influents, les Jésuites et l'orthodoxie catholique finirent par obtenir la condamnation du jansénisme par le Pape et la Sorbonne, l'emprisonnement et la persécution de ses adeptes et jusqu'à la destruction de l'abbaye de Port Royal (1709).