Histoire des Arts 2014 (Suite III) Monet
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Histoire des Arts 2014 (Suite III) Monet
Histoire des Arts Arts Plastiques (II) Série des variables – Claude Monet Série évolutive – Piet Mondrian (Suite) Monet, La Cathédrale de Rouen : questions et récapitulatif : - Dans la série des 30 tableaux de la Cathédrale de Rouen peints par Monet, quels sont les 4 versions que vous avez choisies ? - Quelles sont les heures du jour pour chaque tableau choisi ( matin, midi, soir) ? - Quel temps fait-il pour chaque toile choisie ( brumeux, ensoleillé, gris…) ? - Quelle est la position du soleil (de la lumière) et des ombres ? - Distinguez-vous les « ombres propres » et les « ombres portées » ? Quelle(s) couleur(s) ont-elles ? - Quelles sont les différentes luminosités ? - Quelles sont les différentes couleurs pour chaque toile choisie ( tonalités de bleus, d’ocres, de gris, de bruns, de rouges, …)? De façon générale : - Y a-t-il des empâtements ? Oui, comme des effets de pierres (« Cette falaise sculptée », disait Monet à propos de cette cathédrale). - Quel cadrage utilise Monet ? Cadrage « serré » (le portail de la Cathédrale est « pleincadre ») - Comment est structuré le tableau ( ou chaque tableau choisi) ? Ce sont des structures linéaires majoritairement verticales. Le tableau est composé sur la verticalité. - Quelles autres études en série Monet a-t-il réalisées ? - De 1890 à 1891 : Les Meules (série de 25 tableaux : Les meules, milieu du jour / Les meules, soleil couchant / Les meules, effets de neige, temps couvert / …) - De 1899 à 1901 : Le Parlement , coucher de soleil / Le Parlement, reflets sur la Tamise / Le Parlement, soleil couchant, - De 1900 à 1904 : Vues de la Tamise : Charing Cross bridge, et Waterloo bridge . - 1904, 1906 et 19O7 : Les nymphéas. Récapitulatif : . L’Impressionnisme : opposition à un art dit « académique » ( Voir : Le « Salon des refusés ») - Importance de la lumière et de la couleur - Peintures « sur le motif » : à l’extérieur, dans la nature, et non dans l’atelier ( déjà il y a des exemples antérieurs avec Courbet (1819-1877) – ex. : La Vague ,1869) - Les sujets : . La nature (soleil, mer, herbes, eaux) ; par exemple les paysages pour Monet (Le jardin de Giverny, Les nymphéas) . Les personnages, les scènes du quotidien, par exemple pour Renoir, ou pour Seurat (La grande Jatte, 1884-86) . Le travail par touches juxtaposées ; décomposition et fragmentation colorée. Ces procédés par touches, points, traits, conduisent à la décomposition analytique de la couleur et de la lumière, par exemple avec : . Van Gogh : touches larges, incisions dans la pâte colorée, mouvements tournants (rotatifs). . Monet : « Impressions » des brumes, lumières, scintillements, miroitements. C’est le tableau Impression soleil levant, 1874, conservé au Musée Marmottan à Paris, qui donna son nom au mouvement impressionniste, à la suite d’une remarque moqueuse d’un critique d’art. . Renoir : touches juxtaposées, chevauchées, superposées. . Seurat et Sisley : systématisation du point, qui donna son nom au courant « pointilliste » (comme pour le tableau La grande Jatte de Seurat) La cathédrale de Rouen : Architecture historique Classée « Monument historique », les premières pierres de cette cathédrale datent du Haut Moyen Âge (XIIème siècle) ; sa construction est poursuivie en style « Gothique normand », dotée d’une « tour-lanterne ». La flèche en bois recouverte de plomb de style « renaissance » fut détruite par un incendie en 1822. Cette flèche est aujourd’hui en fonte (reconstruction de 1825 à 1876) et culmine à 151 mètres de haut. Cette cathédrales est la plus haute de France et la plus large (avec une façade occidentale de 61, 60 mètres). Piet Mondrian : Piet Mondrian, né en 1872 aux Pays-Bas et mort à New-York (Etats-Unis) en 1944, est un des pionniers de l’abstraction, avec les russes Vassili Kandinsky et Kasimir Malevitch. La réputation de Mondrian s’est construite sur l’épuration radicale du tableau : toute trace de référence au naturel visible est évacuée. En prenant appui sur le « cubisme analytique » (de 1912 à 1914), sa méthode à partir de 1917, va être de plus en plus abstraite, et se concentrer, avec des moyens de plus en plus réduits, vers la construction d’une composition équilibrée. Cette composition est faite de formes géométriques simples comme des rectangles et 4 ou 5 couleurs en aplat (=uniformes), placées sur une trame orthogonale (=avec des horizontales et des verticales uniquement). Avec cette démarche, Mondrian eut une grande influence au XXème siècle, aussi par ses implications auprès des architectes et du design (mobilier, objets industriels de consommation courante, espaces privés et publics). Nous étudierons, à travers une série de tableaux réalisés entre 1909 et 1917 (L’arbre), ce passage progressif d’une peinture figurative à une peinture abstraite par Mondrian. Série évolutive : L’arbre (1909-1917) Mondrian Piet Mondrian,L'arbre rouge, 1909, Huile sur toile, 70x99 cm, Gemeentenmuseum, La Haye Piet Mondrian, L'arbre bleu, 1911, huile sur toile, 37,7x49 cm Piet Mondrian,L'arbre argenté,1911, Huile sur toile, 78,5x170 cm, Gemeentenmuseum, La Haye Piet Mondrian,Pommier en fleur, 1912, huile sur toile, 78x106 cm, Gemeentenmuseum, La Haye Piet Mondrian,Composition avec lignes, 1917, huile sur toile, 300x281 cm, Rijksmuseum KrollerMuller, Otterlo Piet Mondrian,Composition en rouge, jaune, bleu et noir, 1926, huile sur toile, Gemeentenmuseum, La Haye Analyse : - 1er tableau : L’arbre rouge, 1909, huile sur toile, 70x99 cm. ; le référent visuel (l’arbre) est bien présent, Mondrian travaillant cette peinture dans le rapport toujours actif de l’imitation (en grec la « mimèsis »), même si certaines interventions de la couleur par exemple déforment la réalité : l’arbre est rouge, le ciel et le sol se distinguent par un système de barres de bleu posées verticalement (pour représenter aussi la clôture qui se trouve derrière l’arbre) entrecroisées de surfaces rouges pour le sol. Mondrian avait en 1905 découvert la peinture de Van Gogh à Amsterdam qui l’avait fortement marqué, et l’on en voit ici une certaine influence. Cependant ce tableau s’appuie toujours sur la « reconnaissance », l’on peut discerner le tronc de l’arbre, les branches tortueuses, de même le ciel est bleu et la terre est rouge ; l’on peut ainsi les nommer (= donner un nom à la « chose »). Le tableau est donc figuratif. - 2ème tableau : L’arbre bleu, 1911, huile sur toile, 37,7x49 cm. ; ce tableau est une « étude » sur un petit format, sans doute pour un projet d’un tableau plus grand. C’est toujours une œuvre figurative, l’on reconnaît les différents éléments et l’on peut les nommer (le tronc, les branches, la clôture, le ciel, le sol). L’on remarque cependant le geste beaucoup plus enlevé, plus rapide, pour peindre l’arbre ; les branches sont moins détaillées, le sol et la clôture jouent comme une rythmique de pavages bleus et gris, verticaux et horizontaux, tandis que le ciel est travaillé avec des obliques et l’arbre par des courbes. - 3ème tableau : L’arbre argenté, 1911, huile sur toile, 78,5x170 cm. ; notons de suite que ce tableau est plus grand que les deux précédents et surtout que l’arbre bleu, peint la même année. C’est aussi l’année où Mondrian arrive à Paris. L’arbre est ici « argenté » parce qu’il est peint uniquement avec des gris. Il y a un travail de simplification, d ’« épure » , comme une perte des éléments d’informations visuelles superflus, car Mondrian procède à un changement de référent : ici les axes, les lignes de forces, la structure de l’arbre et de ses branches comme mouvements des directions, sont plus importants que l’ « image » imitée de l’arbre. L’on distingue encore le tronc et ce qui seraient les branches, mais celles-ci sont des courbes qui se croisent en créant des surfaces teintées comme des facettes. Le système de pavages en bas et pour le sol est repris et affirmé. - 4ème tableau : Pommier en fleur, 1912, huile sur toile, 78x106 cm. ; il y a ici une accentuation de l’épure, les lignes se rythment en courbes et contre-courbes se croisant, laissant des « surfaces ouvertes » où la couleur va circuler et passer d’une surface à une autre. Sur un fond grisé, quelques zones de bleutés et de jaunes ocres sont posées. Les lignes comme les couleurs deviennent de plus en plus autonomes, les nouvelles surfaces étant considérées pour elles-mêmes, n’évoquant que lointainement « l’image copiée » de l’arbre. Le référent devient davantage la structure abstraite (lignes, surfaces, couleurs, pour ellesmêmes), sans plus de renvoi à la copie visuelle de l’arbre. Il est à noter que Mondrian, à Paris, rencontre de 1912 à 1914 Pablo Picasso et Georges Braque, peintres cubistes déjà très engagés dans la recherche analytique de déconstruction du réel, instaurant plusieurs points de vue d’un même objet sur le même tableau ( le fameux exemple des portraits de Picasso représentant un visage de profil mais dont les deux yeux sont peints de face). Mondrian en sera fortement influencé dans sa démarche. Les deux derniers tableaux ne font pas partie des objets d’étude mais en sont un complément. - 5ème tableau : Composition avec lignes, 1917, huile sur toile, 300x281 cm. ; l’on peut voir que Mondrian à la suite de sa démarche délaisse totalement un référent visuel (arbre ou autre objet) pour ne plus s’intéresser qu’à une « Composition », comme le titre l’indique, de lignes et de rythmes de petits segments (traits) qui se croisent ou non. Cet ensemble s’inscrit dans une forme ovale, en une couleur atonale. Nous avons à faire ici à une œuvre abstraite (nous ne pouvons nullement donner un nom à un ou des objets représentés) de grand format. - 6ème tableau : Composition en rouge, jaune, bleu et noir, 1926, huile sur toile, 400x400 cm. ; cette toile abstraite fait partie de ce qui est le plus connu chez Mondrian : un rythme de peu de couleurs uniformes (aplats) dans une « grille » orthogonale (=faites avec des lignes noires horizontales et verticales). En une grande simplicité, c’est le rapport des grandes et petites surfaces rectangulaires de couleurs et de blanc qui constitue l’œuvre. Ce type de travail influencera ainsi l’architecture, la décoration et le design au cours du XXème siècle.