Conseil Général

Transcription

Conseil Général
N° 997S — Vingt-Septième Année
OiixqL Centimes
RÉPUBLICAIN
Mercredi 14 Août 1907
ABSOLUMENT
INÛÉP
ANT
« Lo journal
A B O N N E M E N T S
TROIS MOIS
Saint-Etienne et départements limitrophes
5 fr.
Autres départements
7 fr.
(Etranger.
Le port en sus)
SIX MOIS
UN AN
9 te. 50 18 fr.
12 fr. 50 27 fr.
t
paient d'av.nce.
Les abonnements, partent du 1" au 15 de chaque mris ; ils se pa
A. l'expiration de leur abonnement,, les personnes qui.
. ne dé:
aésireut pas continuer
doivent refuser le" journal. — Les manuscrits
iton 'insérés ne sont pas
rendus.
tion administrative la moins critiquée ettout accroissement d'autorité que lui donnera la loi sera
bien accueilli par l'opinion, parce que son rôle bienfaisant et
qu'il le deviendra encore d'avanLa Session d'Août
tage quand la République entrera dans la voie de la décentraliLa session d'août des Conseils sation gouvernementale et que
généraux est, comme o n sait, se réalisera à ce vœu de M . R i des deux de l'année, la plus im- bot disant, après avoir parlé de
portante, parce qu'elle e s t la l'émancipation administrative de
session budgétaire, mais elle au- la commune : « Je ponsserais la
ra cette fois une animation excep hardiesse plus loin en donnant
tionnelle à cause de l'ardeur e n - aux Conseils généraux le droit
core mal éteinte ce la lutte électo- d'avoir un Comité exécutif qui serale d'où vient de sortir renou- ra la Commission départemenvelée la moitié de l ' a s s e m b l é e tale, comme cela se pratique en
Belgique, en Angleterre. Le prédépartementale.
S a n s doute la politique devrait fet n'intervenant plus dans l e s
être, de par la loi, étrangère aux affaires du départemrnt, sinon
Conseils généraux, la loi du 10 pour en contrôler la régularité,
août 1871. qui a réorganisé ceux sera le représentant de l'Etat,
ci, renferme, en effet, un article moins mêlé qu'aujourd'hui aux
51 qui, tout en leur reconnais- querelles locales et aux petites
sant le droit démettre des v œ u x luttes d'influence. »
Conseil Général
sur toutes les questions é c o n o miques et d'administration générale, leur interdit formellement
les v œ u x politiques.
Cependant les Conseils généraux, maitres de leur ordre du
jour et de leur police de séance,
ont depuis longtemps outrageusement réduit ce malheureux article à l'état de lettre morte. Les
préfets e u x - m ê m e s d'ailleurs se
prêtent avec la meilleure volonté
du monde à cette violation chaque fois qu'il s'agit de v œ u x favorables à la politique gouvernementale du moment et ne s'avisent jamais de protester que
lorsque le vœu é m i s est une pierre
Jetée dans le marécageux jardin
de la pièce Beauvau.
Ainsi, le Conseil général, s'il
est bien avant tout le Conseil de
l'administration du départ ment
est, en m ê m e temps, un Parlement au petit pied, tout aussi
enfiévré de politique que le grand
et même plus encore parce que
la p litique s'y complique plus
directement de questions de clochers et de personnes.
P o u r notre part, c'est à son
rôle d'administrateur du département que nous préférons voir
le Conseil général s'appliquer et
c'est là, en effet, qu'il se montre
avisé, prudent et économe. Malheureusement ce n'est pas lui
qui fait la loi, il la subit ; s'il la
faisait, la situation financière des
départements n'en serait pas,
suivant la marche ascentionnelle
àa budget de l'Etat, au chiffre ou
elle doit être à cette heure, car le
dernier tableau fourni par l e s
bureaux du ministère remontant
à cinq ans, nous n'avons c o m m e
base d'appréciation que les chiffres de 1902. Mais ils sont déjà
éloquents, et le total de 333 millions de dépenses qu'ils accusent
déjà a dû bien grossir depuis
lors, par suite des dépenses nouvelles introduites, dans les trois
budgets : Etat, Département,
Commune, par le développement
de la politique de réforme humanitaire et par l'accroissement du
crédit scolaire résulant de la s u p pression de l'enseignement libre.
En attendant cette réforme à
tous les points de vue si désirable, on peut néanmoins constater, depuis que la République a
donné aux Conseils généraux un
organisme indépendant et c o n forme à leur raison d'être, c e s
Conseils forment un des rouages les plus utiles et peut-être le
mieux compris de notre département, - de nofcre administration
ne serait pas assez dire.
La Républque pourrait faire
mieux encore et réaliser la réforme préconisée, par M, Ribot,
mais ce ne sera pas tant qu'elle
sera animée de l'esprit Jacobin
qui caractérise la politique gouvernementale actuelle. D e s m i nistres de l'Intérieur pratiquant
la pression électorale comme
vient de le faire M. Clémencau
ontbesoin de leurs préfets soient
intimement mêlés aux querelles
locales et aux petites luttes d'influence.,,
Ainsi ils rabaissent leur rôle,
mai» il est vrai que, d'autre part,
M Clemenceau s'est ingénié à
à leur donner plus de panache :
la plume blanche au chapeau au
lieu de la plume noire ! Et voilà à
quelles fadaises, après 37 ans de
République, fait tourner la politique gouvernementale un premier ministre qui protesterait
avec indigration si on lui contestait la vertu démocratique.
Mais, mon Dieu, l'Empire n'était pas plus ridicule q j a n d , en
1851, il donnait aux conseillers
généraux un unifforme et d'un
très bel effet, par parenthèse, si
l'on s'en rapporte à cette description d'un modèle qui fut envoyé
à toutes les préfecture de France :
« Habit à la française, bleu foncé, à neuf bsutons d'argent, avec
broderies de feuilles de chêne,
d'olivier et d'épis de blé e n soie
bleu clair nuancé et en argent,
au collet, aux parements et à la
bataille. Gilet blanc. Pantalon
bleu foncé, du m ê m e drap que
l'habit, avec bandes ds soie et
d'argent. Epée à poignée de n a cre,|gsrde argentée. Chapeau à le
française, ganse en velours noir,
brodée en soie bleu et argent. »
D'ailleurs, c o m m e point de
Si le cœur vous en dit, Moncomparaison, nous ferons remar
sieur le Conseiller général? L e
querque l'ensemble des dépenses
décret du 4 janvier 1854 n'a jadépartemales ne dépassait pas
mais été abrogé et il vous fournit
deux cant neuf millions en 1874,
le moyen d'être aussi reluisant,
alors que l'on était e n pleine
avec m ê m e un cachet plus éléliquidation des désastres de la
gant, que les préfets de M. Cleguerre et en pleine réfection de
menceau.
l'outillage national.
L e Conseil général estl'intituLA ROUVRAYE.
Adresser
Lettres
A N N O N C E S
et Communications
AU DIRECTEUR DU J O U R N A L
Place Marengo, 10. — SAINT-ÉTIENNE
Refus d'un Croiseur
L'officieux « Messager de Cronstadt»
a n n o n c e la p o s s i b i l i t é d'un refus de
la part du g o u v e r n e m e n t d'ace pter
l e c r o i s e u r Rurik, c o n s t i u i t e n Angleterre, à c a u s e de c e r t a i n e s défect u o s i t é s t e c h n i q u e s . Le bruit c o u r t
que, d a n s t e c a s , le litige s e r a i t s o u m i s à l'arbitrage.
Dirigeable Belge
Un ballon dirigeable a é t é l a n c é
hier s o i r à b o u v i è r e s , e n p r é s b n c e
d'une aifluence c o n s i d é r a b l e .
A bord "se. t r o u v a i e n t trois p e r s o n n e s , il a été i m p o s s i b l e d é p r o c é d e r
aux expériences projetées à c a u s e
de la force du vent.
Le d i r i g e a b l e a atterri à Pont-àCelles.
En Corée
Le n o u v e l e m p e r e u r a c o n t r e s i g n é
l'ai rôt d j la Cour c o n d a m n a n t à m o r t
le prince Yi et a la p r i s o n perpétuelle
l e s autres, m e m b r e s de la dél égat i on
c o r é e n n e a la C o n i é r e n c e de la H a y e
e n v o y é e par son p è r e ; m a i s o n s a i t
q u e toul le personnel d e cette d é l é gation s e t r o u v e a c t u e l l e m e n t a u x
Etats-Unis.
Le Territorisme en Russie
Un t é l é g r a m m e s p é c i a l a d r e s s é à
la v Gazette de la B o u r s e », a n n o n c e
q u e d e s i n d i v i d u s o n t i n c e n d i é la
viîle de Knratchefl, s i t u e d a n s la prov i n c e d'Oiel. L e s malfaiteurs o n t
é g a l e m e n t l'ail s a u t e r lo d é p ô t d e
p o u d r e de la g a r n i s o n l o c a l e .
D s troupe'-- e t d e s p o m p i e r s o n t
été e n v o y é s s u r les l i e u x .
Aux Indes Néerlandaises
Une d é p ê c h e officielle d e s I n d e s
N é e r l a n d a i s e s a n n o n c e q u e d e u x pat r o u i l l e s ont e n c o r e été a t t a q u é e s par
d e s i n d i g è n e s a r m é s de flèche--, d a n s
l'île de . S e r a m . Un officier e t d e u x
s o l d a t s e u r o p é e n s o n t été l é g è r e m eut
b l e s s é s . Il y a e u cinq t u é s .
Etats-Unis et Japon
On a n n o n c e q u e l e s n é g o c i a t i o n s
e n g a g é e s en v u e de la c o n c l u s i o n d'un
f a i t e n t r e l'Amérique e t l e j a p o n
o n t été s u s p e n d u e s par s u i t e du r e l u s
du Japon d'accepter les p r o p o s i t i o n s
américaines.
Le p r é s i d e n t R o o s e v e l t s e r a i t très
c o n t r a r i é d e c e t t e s i t u a t i o n qui l e
met daiiS l ' i m p o s s i b i l i t é d e tenir s^s
p r o m e s s e s e n v e r s l'Etatde Californie.
BILLET
DU
SOIR
Nous signalions
l'autre jour la pétitions des dames de Genève, qui veulent empêcher tes jeunes gens dé danser. La danse est actuellement
très
fiai portée en Suisse. Voici, en effet,
ce que dit une information
de Berne.
Il y a dans la vallée de Frutigen de
nombreux
italiens
qui travaillent
à
l'établissement
de la ligne du Lœtschberg. Ces Italiens sont beaux et vigoureux,
et les jeunes fîltes du pays
semblent
les regarder
avec
complaisance, si l'on s'en rapporte
à la note
que vient de publier
la Direction
de
police et que voici dans toute sa sévérité :
a Toutes personnes
du sexe
jéminin
qui danseront,
boiront ou se promèneront avec des étrangers
seront appréhendées
par les représentants
de
l'autorité
et remises
sans pitié aux
mains
de l'autorité
compétente
qui
décidera
des peines qui devront
leur
être infligées. »
Quelles peines ? Les jetlera-t
on en
prison î Leur infligera-t on une amende ou bien, comme autrefois
aux personnes impudiques,
leur
donnera-t-on
le fouet f Je ne saurais
cous le dire.
Mais les termes mêmes de la note de
police prouvent
assez qu'à
Frutigen
on ne badine pas avec
l'amour.
Disons-le vile : il n'est pas
convenable qu'une jeune fille boive ou simplement se promène
avec un homme qui
d'un parti ne peut être qu'une purtie de journal »
n'est ni son père ni son frère. Quant à
danser, c'est une autre affaire. Il est
admis,
en effet, qu'on doit
choisir
pour danser une personne
du sexe
auquel on n'appartient
pas. Mais on
ne saurait
se livrer à ce plaisir
que
sons tes yeux d'une vigilante
maman.
Ainsi le veulent et la décence et l'usage
même ailleurs qu'à Frutigen. Et si cet
usage et la décence reçoivent
partout
d'asses nombreux
accrocs, il ne faut
s'en prendre qu'à l'amour, petit dieu
fertile en ruses de tous
genres.
Les
An^iOtiCGS s o n t
reçu
eaccltisivemoixt.
AUX BUREAUX DU JOURNAL, 10, PLACE MA3ENG0
Chronique locale
Réclames 3"' page
Annon es légales
Annoib'fcs 4»« page
,
,
Contre ces menues défaillances
de
la jeunesse,
le châtiment
le plus répandu était jusqu'ici le couvent.
Mais
voici que Frutigen
innove.
C est un
pays terrible
et où. la police, qui n'a
pas le sourire, n'aime pas leis sourires
éclos sur de fraîches lèvres de vingt
ans. L'autorité frappera sans pitié les
délinquantes.
Je les plains de tout mon
cœur et j'ose indiquer
qu'on
agirait
plus sagement
en s'occupant
de les
marier.
LE DOMINO
NOIR.
[,
2 fr. la UfiBSt
j „ _r
0 60
o 40 —
toujours à craindre de la part-des mu
sulmans.
Il est certain que si les portes n'avaient prs été défoncées et la place en
levée comme elle l'ont élé, grâce aux
véritables prodiges accomplis par les
enseignes de vaisseau Cosme et Ballan
de, dès le lendemain en face de cette
pseudo-victoire marocaine, les campagnards seraient arrivés en si grand
Domtye que les Français auraient été
sûrement tous massacrés. La place se
rait alors devenue tellement imprenable pour notre petit corps d'expédition
Vers la Pacification
Tout est calme depuis samedi
Paris, 13 août.
[ avec le compte de Saint-Aulaire sur la
situMion. Tout est calme maintenant à
Le bruit a couru que le départ du
Casablanca. La douane et les autres
126' de ligne de Perpignan au ait été
services recommencent à fonctionner.
r
précipité afin de faciliter la concentration dans cette ville des troupes destinées à l'expéd tion du Maroc. Au cabinet du ministre de la guerre on déclare
qu'il n'y a aucune relation entre le
départ du 126' et les affaires du Maroc et que 1^ date du départ dii 126*
était arrêtée bien avant les événements
de Casablanca.
La France n'emerra plus de Troupes
L'agence Havas communique la
note officieuse suivante : « Le gouvernement ne compte nullement envoyer
des renforts au Maroc où les effectifs
actuellement soas le commandement
du général Drude sont considérés comme suffisants pour la tâche dont ils
sont chargés 9t dont le programme
comporte uniquement le rétablissement
de l'ordre et l'organisation de la police
Si des trassportr ont été envoyée de
Toulon à Oran, c'est par pure mesure
de précaution et pour parer à toute
éventualité s'il Apparaissait des nécessités qui fort heureusement sont improbables. »
DANS LES_PORTS
A Mazagan, la situation est stationnaire. Les indigènes continuent à
s'opposer au départ des étrangers.
A Rabat, l'amélioration signalée
s'acceutue.
A Casablanca, la journéd de dimanche n'a été marquée par aucun incident
Le cadi et l'itnan ont réuni les fidèles
pour les prières hebdomadaires. Cette
mesure a produit une bonne impression
sur la population indigène qui comprend mieux maintenant le caractère
pacidque de nos intentions. Le drapeau
français a été hissé sur le palais du
gouverneur. Moulay Hamid eu a remercié les représentants de la France
ainsi que de la protection qui lui est
donnée par nos troupes. Dans la nuit
du 9 au 10, quelques alertes se sont
produites aux avants-postes. Deux
sent nel es françaises ont été tuées.
Le valeur « GiM Dersa » qui a
quitté hier Mazagan avec 240 personnes, européennes pour la plupart, arrive apportant la nouvelle que t)ut est
calme, mais qu'on craint des troubles
d'un moment a l'autre. Les tribus sont
arrivées aux portes, exigeant de l'argent et menaçeant d'attaquer en cas de
refus. Le' commandant de 1' « AmiralAube » a averti le gouverneur qu'il
débarquerait des hommes et qu'il bombarderait la banlieue.
Le « Galilée » revient à l'instant de
Casablanca ramenant neuf hommes
gravement blessés. On débarrasse les
rues de Casablanca en brûlant les
cadavres en présence des autorités.
Les troupes poursuivent les Kabyles
très avant dans l'intérieur.
Le « Galilée » vient d'arriver de
Casablanca amenant M. Malperthuy,
consul de France, qui vient conféier
On se battait samedi à Casablanca
_ Un conseil de guerre a eu lieu samedi à Casablanca au consul de France ;
l'amiral Philibert, le général Drude et
le chef d'état-major discutèrent les
mesures a prendre pour repousser les
attaques auxquelles le camp est exposé
chaque nuit. Le conseil de guerre a
coincidé avec un vigoureux
assaut
marocain. Les Kabyles en grand nombre attaquèrent la ville par trois côtés
à la fois ; les canons de la « Gloire » et
du « Gueydon » lurent tournés sur les
Marocains qui> avec une incroyable
audace, avancèrent sans y prêter attention. Déjà l'attaque de vendredi soir
avait été fort vive ; les Marocains
étaient au nombre de plusieurs milliers
Le vapeur « Magnus » annonce qu'à
Casablanca plus de cent juifs f.;rent
assassinés ; une centaine de juives ont
été enlevées par les Marocains.
On confirme qu'uns nouvelle attaque
des tribus pillardes a eu lieu samedi
contre les troupes franco-espagnoles.
Les Marocains ont été repoussés avec
de grosses pertes dans un combat
grillant terminé par une charge à la
baion nette exécutée par trois compagnies. Du côté français il y [a eu un
mort et six blessés.
,
La Genèse du Conflit
L'envoyé spécial du « Journal » à
Tanger, a vu un très haut personnage
marocain qui lui aurait confié le mobile qui, selon lui, a guidé le pacha de
Casablanca dans la préparation d'un
guet-apeos, et ces révélations dénotent
un état d'esprit t-A qu'il semble intéressant de le signaler.
Ento-ré de tribus en partie seulement hostiles aux Européens, le pacha
malgré tous les émissaires qu'il avait
envoyés, ne parvenait pas à les attirer
toutes autour de Casablanca. Pour y
parvenir il a voulu remporter un semblant de succès, si minime fût-il,
contre les Français, se disant qu'alors
de Marakech à Casablanca, il ne
resterait plus UQ seul homme valide
dans les campagnes. A ce point de vue
étant donné le caractère arabe, il avait
raison.
Par suite des pourparlers qui avaiei t
eu lieu entre les divers consulats et à
la suite desquels le débarquement a vait été ajourné en raison du trop petit
nombre d'hommes dont disposait le
« Galilée », il savait combien était fai
ble la compagnie de débarquement. 11
savait aussi que de nombreuses troupes arriveraient prochainement. C'est
alors qu'il s'est décidé à tendre un piê
ge, en demandant lui-même l'occupation du consulat de France. Malgré
tout ce qu'il avait entendu dire dn cou
rage de nos hommes, il ne croyait pas
que soixante marins pussent tenir tète
à 2.000 adversaires. Là seulement réside son erreur, mais, comme on le
voit, les ruses les plus savantes sont
Casablanca, 13 août.
Le seul Marocain qui dans la situation actuelle, serve de Irait d'union,
pour la paix entre la France et le Maroc, est Si-Allal-ben-Abbou, délégué
par le sultan au moment du meurtre
des Européens pour rétablir le calme
dans la ville. Le commandant Mangin
l'utilise pour la pacification.
Si-Allal-bea-Abbou a conseillé à
Moulay-Amid e se rendre, pour éviter
la destruction totale de la ville. Quand
Moulay s'est senti incapable de maintenir l'ordre, Abbou a demandé au corn
mandant Mangin la protection'de la
France.
Ce dernier officier mérite d'être sin cèrement loué pour s'être servi des élé
ments marocains pour essayer d'amener le calme. Abbou est resté deux
jours dans la chambre du commandant
Mangin, au consulat français, occupé
avec lui à élaborer le plan de pacifica
tion. Il est actuellement chez MoulayJ
Amid, où il s'occupe des travaux d'hy
gfène, menés rapidement pour débaras
ser les rues des centaines de cadavre»
qui ren.lent l'air irrespirable. Les juits
réquisitionnés oot été chargés de cette
rude besogne. Abbou passe lui- même
chez les notables Marocains, h s rassurant, les entraîne à reprendre courage et à travailler avec les Français
au relèvement de la ville.
Grâce au commandant Mangin et à
Abbou, la ville est presque pacifiée et
assaini. Elle est prête à redevenir le
centre important qu'elle était officiellement. La douane a été réouverte hier
matin. Le docteur Merle a ré nstallé
les dispensaire pour soigner les Arabes
La population juive de Casablanca a
été particulièrement éprouvée. Un nom
bre important d'entre eux ont été tués
par les Kabyles. Os signale beaucoup
de femmes et d'entants emmenés à l'in
térieur en captivité.
11 reste peu de Marocains dans la
ville. Quelques notables demeurent enfermés chez eux. Les juifs se couvrent
la tête de chapeaux de paille, ils n'ont
pas trouvé mieux pour être reconnus
par les légionnaires, qui les confondaient avec les Arabes. Ce serait risible si ce n'était pas si tragique.
Dans les ruelles étroites de Casablanca, les Marocains, respectueux, se
collent contre les murs au passage de
tout Fraaçais.
'
L'ACTION FRÀMMSPAGXOLE
Paris, 13 août.
Il est exact que le gouvernement espagnol a pressenti la France sur l'opportunité de i'envoi aux puissances
d'une note conjointe destinée à affirmer
la communauté de vues et d' ction des
deux pays au Maroc. Mais le gouvernement français n'a pris encore aucune décisision à ce sujet, qui continue
à faire l'objet de conversations diplomatiques.
Cadix, 13 août.
Un escadron de cavalerie a été embarqué à Cadix sur le transatlantique
€ Cieuta ». Ce navire ira a Ceuta pren
dre d'autres troupes et du matériel.
De nouvelles instructions sont parvenues, au port et le service de santé a
reçu l'ordre de diriger immédiatement
sur Marseille pour être embarqué sur
un transport des Messageries en partance tout le matériel que l'on réservait
pour le Mytho. Cet important matériel
devra être rendu en gare de Toulon ce
soir à cinq^ heures pour Oran. Dans ce
a