La langue et la culture des jeunes
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La langue et la culture des jeunes
UNIVERSITÉ PALACKÝ D’OLOMOUC FACULTÉ DES LETTRES Département des Études romanes Veronika Kašparová La langue et la culture des jeunes Mémoire de Licence Directeur de mémoire : Mgr. Jitka Uvírová, Ph.D., Université Palacký d’Olomouc OLOMOUC 2009 Remerciements: J‘adresse mes remerciements à Madame Jitka Uvírová, directrice de mon mémoire et à Mademoiselle Aurélie Dubois, pour le temps, les consiels, la gentilesse et le soutient qu’elles m’ont consacrés. Je tiens également à remercier Mademoiselle Aurélie Stettler, professeur de FLE à Zlín, pour son temps, ses remarques, ses suggestions pratiques et ses encouragements qui ont contribué considérablement à la réalisation de ce document. Olomouc, le 7 mai 2009 2 Je déclare que le présent mémoire de Licence est le résultat de mon propre travail et que toutes les sources bibliographiques utilisées sont citées. Olomouc, le 7 mai 2009 3 Table des matières: INTRODUCTION...................................................................................................................................... 5 1 ....... APPROCHE DE LA SITUATION LINGUISTIQUE ET CULTURELLE DANS LES CITÉS ...................................................................................................................................................................... 7 1.1 LA FRANCE COMME MELTING-POT ............................................................................................. 7 1.2 LA LANGUE DES CITÉS ............................................................................................................. 10 1.2.1 Maux du dire – la description et les fonctions.................................................................... 10 1.2.2 La langue des cités par rapport à l’enseignement.............................................................. 10 1.2.3 Caractéristiques de la langue des cités au niveau grammatical et lexical......................... 12 1.3 LE VERLAN .............................................................................................................................. 19 1.4 ARGOT ..................................................................................................................................... 21 1.5 CULTURE DES JEUNES DE CITES ................................................................................................ 24 1.5.1 Le Hip hop.......................................................................................................................... 24 1.5.2 Le Rap ................................................................................................................................ 25 1.5.3 Le Slam – la poésie de rue.................................................................................................. 28 1.5.4 Tags et Graffes (graffitis) ................................................................................................... 29 2 ............................................................................... LANGAGE ET CULTURE DES JEUNES .................................................................................................................................................................... 32 2.1 APPROCHE DU LANGAGE DES JEUNES ....................................................................................... 32 2.1.1 Caractéristiques ................................................................................................................. 32 2.1.2 Influences ........................................................................................................................... 33 2.1.3 Localisation – Où parle-t-on „jeune“? .............................................................................. 34 2.2 GRAMMAIRE DU LANGAGE DES JEUNES.................................................................................... 36 2.2.1 Phonétique et phonologie................................................................................................... 36 2.2.2 Morphologie et syntaxe ...................................................................................................... 36 2.2.3 Lexicologie ......................................................................................................................... 42 2.3 INFLUENCE DU FRANÇAIS DES CITES SUR LE FRANÇAIS DES JEUNES ......................................... 48 2.4 LE LANGAGE « TEXTO » - LES SMS ......................................................................................... 49 CONCLUSION......................................................................................................................................... 51 4 INTRODUCTION « Je crois que s’intéresser au langage des jeunes est un fantasme d’adulte. La société compte de plus en plus de " vieux jeunes " qui courent derrière les " jeunes jeunes ". Or ce sont les ados des banlieues qui, aujourd’hui, représentent le modèle le plus emblématique de la jeunesse. » Pierre Merle 1 Les jeunes, représentant une grande partie de la population et souhaitant à tout prix se différencier des adultes et des enfants, nous montrent au fur et à mesure les traits d’une nouvelle culture. La jeunesse ne se distingue pas des autres seulement par son style vestimentaire, par ses intérêts et par son „look“, mais également par la manière dont elle parle. La langue, ou plus précisément le langage, est une marque distinctive de l’âge, des milieux sociaux, de la formation acquise et finalement de chaque individu. Il est donc naturel que la langue des jeunes soit vraiment différente de celle des adultes. Une partie de la jeunesse française se compose d’individus issus de l’immigration. Ces jeunes, dont les parents sont d’origine étrangère, sont quand même nés en France. Ils ne reconnaissent pas seulement la culture et la langue française mais aussi celle de leurs parents. De ce fait, ils se trouvent dans un milieu bilingue et aux confins de deux cultures. Les mouvements migratoires de longue date ont fortement influencé la culture française, la langue française et par la force des choses, le langage des jeunes. Nous pouvons même parler d’un phémomène de métissage culturel qui marque d’une certaine façon les banlieues des grandes villes où la concentration des immigrés est relativement plus importante. D’une part, cette situation dans les banlieues entraîne une certaine délinquance et la criminalité car elle est liée à la discrimination, à la marginalisation et à l’incompréhension; d’autre part, elle réveille les villes, elle leur donne des couleurs, elle les fait bouger. La situation linguistique et culturelle dans les banlieues intéresse beaucoup les linguistes et les sociologues car elle offre un grand éventail d’accents, de nationalités et de rythmes de vie. En plus, elle a un impact sur la culture française et elle représente une source d’inspiration pour les jeunes qui fréquentent les banlieues. C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé de consacrer ma réflexion à la langue des jeunes et partiellement à „leur“ culture. Je suis intéressée par ce sujet 1 http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p19981015/dossier/a60785verlan_cherche_deuxi%C3%A8 me_souffle.html, [12. 2. 2009]. 5 non seulement par rapport à sa diversité et à la largeur de ses points de vue, mais aussi en ce qui concerne la question des banlieues. Finalement, j’ai choisi ce sujet parce que j’aspirais toujours à mieux connaître la langue de ma génération pour comprendre les différences linguistiques, culturelles et les écarts de mentalités entre la France et la République tchèque. Il est certain que l’homme n’est pas apte à maîtriser parfaitement la langue, compte tenu de ses variations incessantes, mais je crois que l’on peut tout à fait envisager une tentative d’approche et essayer de comprendre ses fluctuations. La jeunesse française compte un nombre non négligeable de Français issus de l’immigration. Ceux-là se croisent avec les Français de souche et forment des communautés propres à la banlieue. Cette osmose culturelle et linguistique détermine la vie dans les cités et crée une image typique des périphéries des grandes villes. La question venant naturellement de cette situation est Dans quelles mesures la langue-culture jeune de banlieue influence-t-elle le français des jeunes en général ? J’essaierai de répondre à cette question en prenant en considération d‘autres facteurs qui ont une certaine influence sur le français. Je diviserai mon travail en deux parties dont la première va présenter au niveau théorique les enjeux de la langue et de la culture des banlieues. Dans la première partie, j‘essaierai de montrer la situation linguistique et culturelle des banlieues en parcourant les différents points de vue sur les immigrés. La deuxième partie sera orientée sur le français des jeunes en général au niveau pratique. Je tenterais d’approcher la langue des jeunes en expliquant les procédés de création de leurs mots, en observant le changement au niveau phonétique, morphologique, syntaxique et lexical. 6 1 APPROCHE DE LA SITUATION LINGUISTIQUE ET CULTURELLE DANS LES CITÉS 1.1 La France comme melting-pot L’immigration en France Les banlieues parisiennes et celles des grandes villes comme Marseille, Lyon, Lille, etc. sont souvent considérées comme des zones créatrices de délinquance, d’échec scolaire et de chômage. Tout cela est étroitement lié à l’immigration qui est enracinée dans la culture française depuis le début du 20e siècle. La France devient au fur et à mesure un lieu de métissage culturel qui vitalise et bouscule les villes dans le bon, mais aussi dans le mauvais sens. Pour expliquer la situation dans les banlieues, je vais prendre l’exemple de Paris. Sa population s’est accrue de deux façons différentes: Premièrement, il s’agit d’une migration de l’intérieur (Occitans, Basques, Bretons,…) puis d’une migration venue de l’étranger. Dans le premier cas, les Français venant des différents coins de la France se sont sans doute assimilés au niveau linguistique ainsi qu’au niveau culturel et social, par contre la situation des immigrés de l’extérieur est devenue un peu plus complexe. C’est donc celle qui va nous intéresser le plus dans ce chapitre. 2 La première vague migratoire date de l’époque de la Première Guerre mondiale pendant laquelle des travailleurs chinois ont été envoyés en France pour remplacer les ouvriers français partis au front. Les Vietnamiens et les Cambodgiens s’installent dans la ville peu après. C’est donc l’immigration asiatique qui marque la capitale en premier. Ensuite, Arméniens et Portugais arrivent à Paris pour fuir de mauvaises conditions de vie et une situation politique problématique dans leur pays. A la même période, des Maghrébins déclenchent une autre vague de migration qui est suivie un peu plus tard par des Africains, des Espagnols, etc. 3 L´immigration en France a été déclenchée aussi dans les années 60 par l’initiation des Français eux-mêmes, qui invitaient les étrangers en France à occuper les postes que les Français refusaient. C’était le cas des postes peu profitables; comme le travail à la chaîne dans les usines etc. Ce besoin de main d’oeuvre peu chère 2 CALVET, Jean-Louis: Les voix de la ville. Introduction à la sociologie urbaine. Édition Payot & Rivages, Paris 1994, p. 250. 3 Ibid, p. 251. 7 a été satisfait par les arrivants généralement de pays défavorisés. Ce mélange de nationalités différentes crée des conditions idéales pour le plurilinguisme. Il s’agit surtout de certains quartiers (p.e. Belleville) où le chinois, l’arabe, le berbère 4 et les langues africaines sont pratiqués non seulement dans la famille mais également dans les commerces et dans les services publics. Le plurilinguisme ne pose pas quand même autant de problèmes que les cultures et les religions différentes qui s’y croisent. Il ne faut pas non plus omettre la situation financière de ces immigrés qui est souvent délicate. Tout cela mène à leur réclusion dans des ghettos dont il est vraiment difficile de sortir. Le ghetto y joue un rôle de cage et à la fois de cocon. C’est un lieu qui est mis à part par ses habitants aussi bien qu’il est repoussé par la société de l‘extérieur. La population du ghetto élabore entre ses murs un mode de vie particulier qui la protège de la société vivant hors du ghetto mais qui l’enferme d’autre part dans des conditions de vie défavorisées. On pourrait dire qu’ils s’enferment dans le milieu auquel ils veulent échapper. Tout cela produit des problèmes qui entraînent une ségrégation et une oppression raciale. 5 Les enfants d’immigrés doivent affronter souvent le mépris et l’incompréhension qu’ils rencontrent en effet presque partout. Il est donc évident que les habitants de la cité seront marqués par cet échec et qu’ils auront du mal à trouver du travail. Ils se trouvent dans un cercle vicieux où le dégoût, le chômage, la criminalité et l‘exclusion alternent. D’autre part, les événements de la banlieue sont parfois surmédiatisés; ce que confirment par exemple les bagarres et les émeutes en novembre 2005 et cela n’a fait qu’accroître l’image négative des gens sur les banlieues et les jeunes qui en sont issus. De ces problèmes résultent que les jeunes de banlieue ont développé une langue particulière qui les caractérise, ainsi qu’une culture spécifique et c’est ce qui va nous intéresser à présent. L’appartenance au groupe des jeunes de la cité se manifeste forcément par le langage utilisé. C’est la façon de parler qui les aide à se distinguer et à s’exprimer. Elle est pour eux un code qu’ils connaissent tous, qu’ils développent et qu’ils modifient selon l’usage. Surtout, leur langue ne doit pas être comprise de tous, mais rester compréhensible uniquement au sein du groupe. Ils ne veulent pas se faire comprendre 4 Il s’agit de la langue de compétence parlée par les parents et la langue maternelle (Calvet, 1992:256). Le phénomène de ghettoisation est expliqué dans la monographie de Didier Lepeyronnie Ghetto urbain – Ségrégation, violence, pauvreté en France aujourd’hui. 5 8 des adultes – au collège, au lycée, en famille. Il s’agit donc d’un certain code par lequel ils se différencient et dans lequel ils se cachent. « Leur langue est à la fois un espace de liberté et une prison, un lieu où ils jouent à l’abri du regard inquisiteur des professeurs, des parents, mais aussi un lieu où ceux-ci les enferment: „Tu as vu comment tu parles? Tais-toi!“ Liberté, prison. Leur langue est comme leur cité, comme leur vie. » 6 Ils sont enfermés dans la prison du langage comme entre les murs de leurs cités. Ils se mettent en marge de la société ; néanmoins, ils n’ont pas beaucoup de possibilités de faire autrement. Ce sont souvent les collégiens et les lycéens qui sont issus de l’immigration, qui vivent toujours dans leurs cités (dans leurs ghettos) qu’ils quittent rarement. « Lorsqu’un groupe est socialement exclu, qu’il se trouve marginalisé ou rejeté, il a parfois une sorte de sursaut d’orgueil et marque lui-même les frontières le séparant des autres en glorifiant sa spécificité, comme s’il se mettait volontairement à part. » 7 Il est nécessaire d’imaginer exactement la situation de ces jeunes qui vivent dans un pays qui n’est pas souvent le pays d’origine de leurs parents, dont la culture est différente, où on parle une autre langue, pour pouvoir comprendre leur situation. Ce sont des jeunes qui se trouvent aux confins de deux cultures, celle de leurs parents et celle du pays d’accueil. La situation linguistique est tout à fait similaire – ils parlent souvent français, mais dans la famille, ils ne trouvent pas toujours de bons modèles langagiers. 8 La forme du français qu’ils parlent se base sur le français qui est le code dominant, elle est en revanche enrichie d’un ensemble de mots d’origine étrangère quelquefois modifiés et de procédés morphologiques et syntaxiques différents. Cette expression linguistique est appelée par J.- P. Goudaillier « les maux du dire ». 9 6 SEGUIN, Boris – TEILLARD, Frédéric: Les céfrans parlent aux français. Chronique de la langue des cités. Calmann-Lévy, Paris 1996, p. 19. 7 CALVET, Jean-Louis: Les voix de la ville. Introduction à la sociologie urbaine. Édition Payot & Rivages, Paris 1994, p. 269. 8 Ibid, p. 256. 9 GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités. Maisonneuve et Larose, Paris 2001, p. 8. 9 1.2 La langue des cités 1.2.1 Maux du dire – la description et les fonctions La langue des cités 10 est appelée « maux du dire » à cause des sentiments de déphasage et d’exclusion de ses représentants. Ceux-ci se trouvant dans une situation d’échec scolaire et parfois dans une situation de non-intégration, utilisent la langue française qu’ils modifient de différentes manières. Ils coupent et ils tronquent les mots. Cette destruction de la langue est faite par l’implantation de procédés formels ou empruntés à d’autre dialectes ou parfois même d’autres langues. Ces marques ont une fonction identitaire, c’est–à-dire qu’elles cherchent à identifier les personnes qui parlent cette langue. On peut citer deux fonctions principales de la langue des cités: Premièrement, c’est la fonction cryptique, c’est donc celle qui a pour but de coder le message porté par la langue. Deuxièmement, c’est la fonction ludique. Celle-ci est liée au jeu, soit conscient soit inconscient. 11 Le français des cités peut être également vu comme un type d’argot. D’après le dictionnaire Larousse du français argotique, « l’argot est un „idiome artificiel“ dont les mots sont créés pour n’être pas compris par les non-initiés. » 12 D’après cette définition, la langue des cités fournit cette fonction. Les jeunes des cités s’identifient à leur langue qu’ils ne veulent pas faire connaître aux autres car elle est leur propriété, leur façon de manifester ce qu’ils pensent et finalement, un code secret par lequel ils peuvent exprimer les sujets tabous et les interdits (moraux, religieux, politiquement incorrects, etc.) 1.2.2 La langue des cités par rapport à l’enseignement « Pourquoi vous êtes jamais absent, m’sieur? On vous aime bien, mais travailler, c’est relou. » 13 Le parler de jeunes dans l’enseignement pose énormément de problèmes aux enseignants. Ils considèrent souvent cette variante du français comme futile, vulgaire ou 10 La langue des cités est souvant appélée comme « parler des jeunes » ou « téci », téci = verlan de la cité. GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités. Maisonneuve et Larose, Paris 2001, p. 9s. 12 CARADEC, François: LAROUSSE. Dictionnaire du français argotique et populaire. Éditions Larousse, Paris 2006, p.10. 13 SEGUIN, Boris – TEILLARD, Frédéric: Les céfrans parlent aux français. Chronique de la langue des cités. Calmann-Lévy, Paris 1996, p. 42. 11 10 agressive ; cependant, ils ne se rendent parfois pas compte que les élèves ont du mal à s’exprimer „comme il faut“ car ils n’ont pas forcément l’habitude de pratiquer le français de l’école. En plus, ce qui peut sembler correspondre à des vulgarités aux yeux des professeurs s’avère n’être que des simplifications d’expression ou juste la façon dont s’expriment ces jeunes des banlieues. La question de la langue des cités et des agressivités dans la classe est devenue le pain quotidien des enseignants, pourtant ils ne parviennent pas toujours au dénouement. La langue des cités produit des accrochages entre les élèves et les professeurs, souvent dus à des malentendus. Michèle Tromeur, C.P.E. 14 au Collège Les Amonts, fournit un témoignage relatif à la violence verbale, elle confirme sur TF1 que ces conflits entre les élèves et les professeurs sont entraînés par l’incompréhension. «…Parfois il y a incompréhension entre les élèves et les adultes et ce que l’on prend nous pour de l’agression, c’est parfois simplement leur manière de s’exprimer, leur vocabulaire, leur langage et que nous on peut prendre pour une agression n’en est pas une forcément dans leur esprit. De même nous, quand on emploie certains mots, on se rend compte, à leurs grands yeux, qu’ils ne comprennent rien. Donc parfois, c’est tout simplement un problème de communication entre les deux groupes…» 15 Le problème de communication entre les professeurs et les élèves est traité dans Les Céfrans parlent aux Français de Boris Seguin et Frédéric Teillard qui s’efforcent d’améliorer la communication dans l’enseignement en montrant aux élèves leurs capacités et en leur faisant connaître leur propre langue. Le résultat du travail annuel est un dictionnaire de 400 mots. Un autre point de vue sur le français des cités dans l’enseignement est montré dans le film de Laurent Candet, Entre les murs. Il s’agit d’une fiction d’une part et d’un documentaire d’autre part. La situation dans le collège français de la banlieue parisienne est décrite de telle façon que la fiction du film n’est pas loin d’être vraie. Le langage, les vêtements, les gestes des élèves et leur comportement – tout semble authentique. L’histoire se déroule entre les murs d‘un collège du 20e arrondissement. Le film fait un parcours rapide d’une année scolaire en ne montrant qu’une seule classe (la quatrième), dont la plupart des élèves 14 Conseillère Principale d’Éducation. GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités. Maisonneuve et Larose, Paris 2001, p. 11. 15 11 sont issus de l’immigration. Les vrais problèmes que les enseignants aux lycées et aux collèges de la banlieue envisagent, y sont décrits, parfois d’une façon comique, parfois dans toute leur cruauté et violence. Au niveau linguistique, le film crée une notion concrète du français des cités. Il montre l’accent „beur“ aussi bien que le vocabulaire caractéristique de la banlieue. Enfin, le métissage culturel et linguistique y souligne la difficulté de la communication entre le corps enseignant et les élèves. La situation linguistique dans les banlieues est donc complexe. J.-P. Goudaillier pense pouvoir l’apaiser en évitant d’enfermer ces parlers dans un ghetto linguistique. La solution qu’il propose vis-à-vis de ce sujet concerne la variété des niveaux de langue en formation pédagogique. Il est également utile, d’après J.-P. Goudaillier, de mettre les langues apportées par l’immigration sur un même pied d’égalité. Ce projet de reconnaissance des langues minoritaires en France pourrait relever de la politique culturelle des langues en France. Par contre, un problème que J.-P. Goudaillier pourrait rencontrer en réalisant ce projet, est l’indifférence du gouvernement, dont la méfiance par rapport aux langues minoritaires est connue, surtout depuis que Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir. 1.2.3 Caractéristiques de la langue des cités au niveau grammatical et lexical Phonétique Le français des cités propose une grande variété de prononciations et surtout d’accents différents, compte tenu de la diversité des origines culturelles de ses locuteurs. L’accent varie selon les quartiers et les banlieues. La prononciation est souvent marquée par des sonorités issues de la langue arabe ; ce qui entraîne une modification de certaines voyelles. Dans le français parlé par les jeunes à Paris, les phénomènes suivants se sont répandus: Voyelles: Fermeture de [a] en [ae], surtout devant [R], p.e.: Paris [paeRi], tard [taeR] Fermeture de [a] en [ae] pour les graphies oi, p.e.: quoi [kwae] Recul (postériorisation) de [a] en dans les terminaisons az, atr, adr : gaz , verdâtre Ouverture de non accentué en [a] : joli (antériorisation) 12 ou avancée Ouverture de Les nasales en [oe] : joli ont tendance à reculer, surtout en finale; elle devient et peut aller jusqu’à légèrement labialisé : copain magasins Consonnes: En certaines positions, „r“devient très postérieur, l’emphase peut même modifier sa prononciation à pharyngal qui produit un recul général de l’articulation [t, d] et [k, g] devant [i] et [y] ont tendance à avoir une articulation au centre de la voûte du palais Toutes les consonnes ont tendance à s’affaiblir. A l’extrême, dans un parler très négligé, on ne percevrait plus que des vocalisations. Le [v] disparaît souvent devant oir : pouvoir [puwaeR], avoir [awaeR]. 16 En ce qui concerne le plan accentuel de la langue, on remarque un déplacement systématique de l’accent vers la première syllabe. Ce déplacement est en rupture avec l’accentuation du français standard qui, au contraire, met l’accent sur la dernière syllabe. Ce déplacement de l’accentuation affecte l’intonation de sorte que la courbe mélodique remonte avant la fin du groupe intonatif. Un autre phénomène qui marque la phonétique du français des cités est l’assimilation de la sonorité. Elle est un produit d’une économie langagière et on la rencontre également dans le français parlé. L’assimilation est largement répandue car elle contribue à une certaine facilité de prononciation. Pour justifier son importance et son influence sur le français, voici quelques exemples tirés de Les Céfrans parlent aux Français de Boris Séguin et Frédéric Teillard. Ex.: Oui, i fait chaud, m’sieur, on est fatigué. On m’a volé mon sac, m’sieur, j’peux pas travailler. Vous pouvez m’en prêter, un texte, m’sieur, j’crois que je l’ai oublié. J’l’ai retrouvé r’trouvé, m’sieur, j’l’ai r’trouvé! Quand j’ai dit à mon reup qu’les poulets i z avaient arrêté mon cousin, i m’a regardé et i m’a fait: Les poulets? Les poulets? Qu’est-ce que c’est les poulets? T’es folle ou quoi! Y a un chien qui m’a coursé. 16 http://accentsdefrance.free.fr/standard/standardphonetique.html#analyse2 [29. 1. 2009]. 13 Morphologie Ce chapitre sera consacré à l’explication des procédés qui consistent en la tranformation des mots, soit pour des raisons d’économies langagières, soit pour crypter la langue. Parmi ceux-ci, on peut citer les procédés morphologiques suivants: troncation (apocope, aphérèse), redoublement hypocoristique après aphérèse, resuffixation après troncation et absence de marques désinentielles verbales. Troncation: L’Apocope (la troncation droite) est un procédé qui consiste en la suppression de plusieurs phonèmes à la fin du mot. Elle est utilisée le plus souvent en argot traditionnel et en français des cités. Son utilisation remonte aujourd’hui aussi au français parlé et il y a même des exemples de mots tronqués qui sont devenus des variantes fréquemment utilisées dans le français standard (p.e. stylo < stylographe, vélo < vélocipède, cinéma < cinématographe, métro < métropolitain etc.). Ex.: assoc’ (< association) dèg (dégoutant, dégouté, dégueulasse) djig (< djiga, = verlan de gadji – fille, femme) reuf (< reufré, = verlan de frère) tasse (< taspé, verlan de pétasse, soit prostitué soit une femme qui se comporte de manière très désagréable) trom (< tromé, = verlan de métro) turve (< turvoi, = verlan de voiture) 17 L’Aphérèse (troncation gauche) s’oppose à l’apocope. Il s’agit du même procédé, par contre cette fois-ci, ce sont les phonèmes en tête de mot qui sont supprimés. Elle prend de plus en plus d’importance car elle sert d’élément auxiliaire au redoublement syllabique 18 . Ex: blème (< problème) cart (< rencart = rendez-vous) dwich (< sandwich) lèz (< balèze = fort) zesse (< gonzesse) 17 18 Les exemples cités viennent de Comment tu tchatches de J.-P. Goudaillier. Voir paragraphe suivant. 14 zic (< musique) 19 Si l’apocope est souvent utilisée dans le français académique, ce n’est pas le cas de l’aphérèse qui est utilisée surtout dans la langue des cités ou parfois dans le langage parlé des jeunes. Redoublement hypocoristique après aphérèse J.-P. Goudaillier explique le redoublement hypocoristique comme « un procédé formel de formation des mots qui relève essentiellement de la fonction ludique du langage ». Cette fonction confirme son utilisation surtout parmi les enfants. La langue des cités opère ce procédé aussi en raison du cryptage. Ex.: dic > dicdic (indicateur de police) fan > fanfan (enfant) zon > zonzon (prison) 20 Resuffixation après troncation La resuffixation est également un procédé formel qui est typique pour les argots. En français des cités on peut citer des exemples suivants : bombax (resuffixation en -ax de bombe) chichon (resuffixation en -on de chicha, = verlan d’haschisch) pourave (resuffixation en -ave de pourri) taspèche (resuffixation en -èche de taspé, = verlan de pétasse) 21 Absence de marques désinentielles verbales Un autre trait typique de la morphologie du français des cités est l’absence des marques désinentielles verbales. Il existe un nombre de verbes français qui manquent d’indication de temps, de mode et de personne. Cette absence peut être expliquée par l’influence des langues tsiganes dont les verbes se terminent en -av. Ces verbes ne sont jamais conjugués et restent invariables en personne et en nombre. Ex.: bébar (voler, mentir), bédav (fumer), chafrav (travailler), chourav (dérober), dicave (regarder, voir), poucav (dénoncer, balancer), etc. 22 19 Les exemples cités viennent de Comment tu tchatches de J.-P. Goudaillier. Ibid. 21 Ibid. 22 Ibid. 20 15 Dans ce groupe de verbes on peut également inclure un certain nombre de verbes verlanisés qui sont restés invariables après la verlanisation. C’est p. e. pécho (choper), péta (taper), etc. Lexicologie Dans les paragraphes précédents, j’ai essayé de montrer quelques traits de la phonétique et de la morphologie des cités. Maintenant, je voudrais présenter de manière brève les enjeux de la lexicologie. Le vocabulaire du français des cités est extrêmement riche grâce aux emprunts d’autres langues. Surtout dans ce domaine, l’influence des langues étrangères n’est pas négligeable. En plus, ce vocabulaire est toujours en train de se dévélopper et les expressions qui sont à un moment donné « branchées » peuvent « faire vite ringue » 23 . La langue cherche à trouver toujours des mots qui sont aptes à caractériser le mieux la situation de ses locuteurs. La lexicologie est donc la partie la plus variable de la langue (pas seulement celle des cités). En ce qui concerne la thématique de vocabulaire, elle est visiblement propre aux activités des jeunes et à la délinquance. On peut citer les thèmes suivants: l’argent, les drogues – douces et dures, le sexe et la prostitution, le sida, le trafic en tout genre, la femme et l’homme, l’alcool, etc. Néanmoins, les thématiques liées à la vie dans les cités, plus précisément dans ses communautés plus ou moins larges, apparaissent aussi. C’est p.e. la famille, l’école, le chômage et les problèmes rencontrés dans les cités. 24 Deux types de création lexicale sont propres au français des cités: ce sont les procédés sémantiques (les emprunts à divers langues, l’utilisation des mots issus du vieil argot, la métaphore et la métonymie) et les procédés formels 25 (déformation de type verlanesque, troncation, resuffixation après troncation, redoublement des syllabes). Bien que ces procédés assurent le renouvellement constant du lexique, ils ne sont pas seuls à pouvoir fournir cette fonction. Il s’agit beaucoup plus de la combinaison 23 « Branché » signifie à la mode, ce mot est par contre aujourd’hui souvent remplacé par le mot « hype », « faire ringue » est le contraire de « branché ». 24 GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités. Maisonneuve et Larose, Paris 2001. 25 Je les ai classés dans le chapitre de la morphologie. 16 de ces procédés qui foisonne. C’est une véritable accumulation et profusion qui marque la langue des cités. 26 Emprunts aux langues étrangères et aux divers parlers Mots d’origine arabe ou berbère Ex.: bzazel(s) (sein), casbah (maison), fatma (femme), haram (péché), heps (prison), kif (mélange de tabac et de cannabis), maboul (fou), mesquin (pauvre type), toubab (français de souche), barka (prostituée), zelta (haschisch) etc. 27 Mots d’origine tsigane Ex.: bédo (point, cigarette de haschisch), bouillav (posséder sexuellement, tromper quelqu’un), couillav (tromper quelqu’un), chafrav (travailler), choucard (bien, chouette), chourav (dérober, voler), gajdo (gars, homme), gadji (fille, femme), marav (battre, frapper, tapper), pélo (sexe masculin, homme) etc. 28 Mots d’origine africaine et de créol Ex.: go (fille), macoumé 29 (de créol antillais, homosexuel), couniamamaoe 30 (en créol antillais: “la chatte à ta mère“, l’insulte utilisée uniquement entre Antillais), etc. Parmi d’autres procédés de création lexicale, on peut classer la métaphore et la métonymie. Il s’agit de figures de style qui ne sont pas utilisées seulement dans la langue littéraire mais elles se manifestent ainsi dans le langage parlé. Elles reposent sur la substitution d’un mot à un autre. La différence entre ces deux figures de style est donnée par le rapport entre les mots substitués. Si la métaphore est fondée sur un rapport de ressemblance entre les deux termes, la métonymie se fonde sur un rapport très variable. Métaphore Ex.: airbags (seins, poitrine de femme), bombax, bombe (fille qui est très belle), bounty (noir qui veut ressembler à un blanc), caisse (voiture), cagoule, capote 26 GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités. Maisonneuve et Larose, Paris 2001. 27 Les exemples cités viennent de Comment tu tchatches de J.-P. Goudaillier. 28 Dans le Dictionnaire de Boris Séguin et Frédéric Teillard l’ortographe „marave“. Ex.: « Mon père, i va marave parce que je suis pas rentrée à l’heure.». 29 Les exemples cités viennent de Comment tu tchatches de J.-P. Goudaillier. 30 L’exemple vient de Dictionnare de Boris Séguin et Frédéric Teillard. 17 (préservatif), fax, findus (fille sans poitrine), galère (situation difficile), fromage blanc (français de souche), gazelle (jeune fille grande et mince), etc. Métonymie Ex.: bleu (policier), Bonaparte (billet de 500 francs), casquette (contrôleur), Delacroix (billet de 100 francs), pélo (homme), etc. 18 1.3 Le Verlan « Tu causes en verlan T’as dix-sept ans Un corps tout blanc Des jeux d’enfant Tu m’ dis jourbon J’ me gratte le front Et j’ te réponds » Pierre Bachelet, L’Amour en verlan 31 Le Verlan représente une autre forme du langage codé qui s’est répandu surtout dans les banlieues. L’histoire du verlan est peut-être plus lointaine qu’il nous semble. Les tentatives étant conformes à l’inversement des syllabes se sont manifestées en littérature depuis longtemps. Même Béroul dans Le Roman de Tristan s’amuse à inverser les syllabes du nom Tristan de sorte que celui-ci est appelé Tantris au moment où il arrive en Angleterre. Il ne s’agit pas par contre du vrai verlan, c’est plutôt un jeu anagrammique. La supposition que le verlan existait déjà à l’époque de Moyen Age serait vraiment exagérée. En revanche, le verlan comme forme de langue populaire s’est propagé surtout dans les années 80. Le dictionnaire Larousse caractérise le verlan par les mots suivants: « Argot codé dans lequel on inverse, souvent approximativement, les syllabes des mots. » 32 Cette brève caractéristique montre le trait principal du verlan – c’est l’inversion des syllabes dans le mot qui permet de créer un nouveau mot formellement différent du mot précédent. Le nom de verlan a été créé de la même façon, c’est-à-dire les syllabes ont été renversées (l’envers > verlan). La verlanisation affecte surtout les mots monosyllabiques ou dissyllabiques. Pour expliquer le procédé de la formation des mots de type verlanesque, je vais m’appuyer sur le travail de J.-P. Goudaillier Comment tu tchatches ! La transformation du mot monosyllabique en son correspondant verlanisé réclame un élément dissyllabique qui lui permettra le passage à la forme verlanisée. Après la verlanisation, le mot redevient monosyllabique grâce à la troncation qui suit directement. La troncation entraîne le changement phonétique du ø fermé en œ ouvert. 31 32 http://paroles-de-chansons.abazada.com/ [12. 2. 2009]. Le petit Larousse compact 2006. p. 1105. 19 Ex.: femme [fam] + verlanisation > *[møfa] + apocope > [mœf] = meuf père [pɛ ] > [pɛ ø] + verlanisation > *[ øpe] + apocope > [ œp] = reup Si la structure syllabique des mots est différente de celle-ci: C(C)V(C)C 33 qui est représentée par les mots de type “femme“, la transformation du mot en verlan sera fondée seulement sur l’inversement. C’est-à-dire la consonne finale ne vas pas être tronquée. Ex.: ça [sa] > [as] aç, fou > ouf, chaud > auch, joint > oinj, là > àl Le verlan propose une large gamme de possibilités de changement des mots. Même les mots une fois verlanisés peuvent être reverlanisés. Néanmoins, le verlan n’est jamais utilisé dans la phrase entière. Il est souvent combiné avec d’autres procédés de la formation lexicale (avec troncation, resuffixation, redoublement syllabique, etc.) Tous ces procédés assurent que la parole de la banlieue sera mal comprise, surtout par les non-initiés. 33 Consonne - (consonne) - voyelle - (consonne) –consonne. 20 1.4 Argot « Il y a presque autant de définitions de l’argot qu’il y a d’argotiers et d’argotologues » Pierre Merle 34 On a souvent une conscience éronée sur les parlers argotiques. La constatation que l’argot est un langage de malfaiteurs et de la prostitution est d’une part véritable, mais d’autre part on omet d’autres groupes et milieux fermés qui se servent de ce type de langage. L’argot est avant tout un idiome artificiel dont le rôle principal est de crypter la langue pour ne pas être compris par les non-initiés. L’argot existe dans toutes les langues depuis longtemps car l’humanité a toujours eu besoin d’exprimer des sujets tabous et c’est pour la plupart par la voie langagière que ce besoin a été accompli. Les premiers indices conservés révélant l’argot remontent au 15e siècle quand François Villon rédige ses Ballades. La langue des malfrats dans laquelle le recueil est écrit est une sorte d’argot des malandrins. La fin du 19e siècle fait la preuve du développement du langage argotique qui, sous l’influence du réalisme, est livré par les protagonistes des romans du milieu laborieux. Les soldats des tranchées de la Première Guerre mondiale appelés « Poilus » représentent une autre vague de parlers argotiques. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les résistants créent également leur parler codé. On pourrait citer ainsi le « milieu parisien » 35 du 20e siècle qui disposait d’une grande quantité d’expressions argotiques. En voyant tous ces exemples, on peut constater que l’argot occupe une place importante dans l’évolution de la langue parlée. La délimitation des bornes entre l’argot et le français populaire n’est pas toujours évidente, comte tenu qu’il s’agit de deux variantes égalitaires du français parlé. Pourtant, la limite pourrait être assignée par le fait de la compréhension. Si l’argot est utilisé dans un groupe social enfermé et que sa compréhension est limitée au sein du groupe dans lequel il est pratiqué, le langage populaire est plus démocratisé, cela veut dire qu’il est compréhensible pour le plus large public. L’argot peut passer pour un langage populaire dès qu’il devient compréhensible pour les profanes. Si l’argot perd sa fonction cryptique, il est appelé jargot (il se trouve aux confins de l’argot et du jargon – d’où le nom). 34 35 MERLE, Pierre: Argot, verlan et tchatches. Les Essentials, Milan 1997, p. 3. Le nom particulier pour l’endroit de réputation scélérate. 21 On peut distinguer l’argot classique (souvent dit traditionnel) et l’argot moderne. Ce dernier se différencie entre autres par la formation lexicale. Il accepte plus aisément des termes étrangers. J.-P. Goudaillier désigne comme facteur déterminant l’immigration, qui influence l’évolution de l’argot moderne. Comme j’ai mentionné au début de ce chapitre, on a tendance à croire que l’argot est la langue exclusivement propre aux malfrats. Il existe toutefois aussi l’argot de la banque, l’argot de la drogue, l’argot de la prostitution ou l’argot de l’informartique, etc. Tous ces parlers ont en commun leur utilisation dans des milieux relativement fermés. Parmi les argots les plus connus on pourrait citer largonji qui est un jargon substituant la première lettre par „l“ et la renvoyant à la fin du mot additionné d’un suffixe fantaisiste. (Ainsi langonji a été créé de cette façon: jargon > largon + suffixe ji.) Un autre argot connu est le loucherbème. C’est un argot des bouchers et des abattoirs qui est toujours utilisé. D’après certains argotologues, même le verlan fait partie des parlers argotiques de la jeunesse de banlieue. Cette thèse trouve par contre aussi des opposants. C’est p. e. Auguste Lebreton, qui rejette l’idée que le verlan puisse être classé parmi les argots car il est employé plutôt pour la distraction. Il souligne pourtant que « la personne non initiée ne peut s’y retrouver ». 36 Or, l’argot proposant un large éventail de ses variétés et révélant des sujets tabous et des interdits de la société, devient le centre d’intérêt des recherches linguistiques. L’argot n’est cependant pas le sujet principal de mon mémoire de Licence, donc pour ceux qui s’y intéressent, je renvoie aux travaux de J.-P. Goudaillier De l’argot traditionnel au français contemporain des cités et aux travaux de P. Merle Argot, verlan et tchatches. Maintenant, je voudrais montrer les exemples de l’argot traditionnel français et mettre en évidence son influence sur le français contemporain des cités. Argot traditonnel français : Argent : artiche, blé, cresson, fric, galette, métal, oseille, tune Avare : arpinche, radin, rat Crédit : crayon, crédo, croume Chapeau : beda, galure, galurin 36 LEBRETON, Auguste: Du rififi chez les homme. Gallimard, 1954 Paris, p. 34. 22 Chaussures : godasses, pompes Cigarette : clope Dépenser : flamber, fusiller Désabiller : défrusquer, déharnacher, déloquer Habiller : atiffer, fagoter, harnacher Ivre : beurré(e), bourré(e), plein(e) Observer : allumer, mater Policier : condé, flic, flicaille, poulaille, poulet, renifle Prison : ballon, bigne, bloc, cabane, carlingue, placard Voiture : bagnole, caisse Voler : carotter, tirer 37 Les mots issus du vieil argot francais utilisés par les jeunes : arracher artiche(s) caisse clope condé s’enfuir argent voiture cigarette policier flag galère gratter griller larfeuille flagrant délit situation difficile travailler repérer QN portefeuille mastoc placard sape taf costaud prison vêtements travail tune argent Le français des cités s’est alimenté de termes d’origine argotique. La base argotique des mots empruntés au français des cités se soumet généralement à la verlanisation. Les variantes verlanisées remplacent souvent les mots originels. Pour finir, je voudrais montrer la différence d’expression en français contemporain des cités et en vieil argot français en présentant l’exemple suivant: FCC : Il a roulé à donf avec la seucai. L’est dangereux c’te keum ! L’est complètement ouf ! V. A. : Y’est allé le champignon à fond avec la tire. Complètement louf le mec ! 38 « Il est allé très vite avec la voiture. C’est un vrai danger public. Il est fou de rouler si vite! » 37 Exemples cités viennent de Larousse: Dictionnaire du français argotique et populaire. GOUDAILLIER, Jean-Pierre: De l’argot traditionnel au français contemporain des cités. In: La linguiestique 2002/1, 38, p. 5-24. 38 23 1.5 Culture des jeunes de cités Si l’on parle de la culture des jeunes de cités, on pourrait utiliser le terme de J.-L. Calvet: « la culture intersticielle ». Cela veut dire qu’il s’agit d’une culture qui permet aux jeunes de manifester leur originalité, leur exclusion et finalement leur identité. Cette culture est le résultat du phénomène d’auto-exclusion qui constitue une réponse à l’exclusion initiale de ces jeunes. Ceux-là se trouvent aux confins de deux cultures différentes car ils sont nés en France qui n’est pas le pays d’origine de leurs parents. Une des manifestations de cette culture peut être représentée par le rap et par des productions graphiques (tags, graffes) qui font partie de la culture hip hop. Une autre forme de manifestation concernant le style et le groupe auquel on appartient est assurément le choix vestimentaire. Dans le cas du vêtement du rappeur, on visualise facilement un pantalon large qui descend bas de sorte que le sous-vêtement dépasse du pantalon, un tee-shirt large qui descend presque jusqu’aux genoux, des baskets plus grandes qu’il ne faut, qu’on porte souvent délacées. Cette description de l‘image de rappeur est peut-être un peu exagérée et stéréotypée ; pourtant, je dirais qu’elle caractérise l’image traditionnelle des rappeurs « branchés ». En parlant de la culture intersticielle, il faut rajouter un terme – la culture urbaine, c’est, en effet, celle des grandes villes qui est marquée par les difficultés sociales, par la violence sublimée et enfin par l’honneur. 1.5.1 Le Hip hop Le hip hop comme le rap demeure lié à la culture urbaine. Les origines du hip hop renvoient au blues, à la soul et au funk. L’expression « hip hop » vient des Etats-Unis comme tout ce mouvement. La culture hip hop ne se limite pas seulement à la musique, elle se manifeste ainsi par la danse, par le sport (skateboard) et par la « street fashion » 39 . Le lien entre le hip hop et l’anglais est évident. Les chanteurs de hip hop français ne peuvent pas se détacher complètement du modèle américain, c’est-à-dire l’anglais américain qui est « la langue maternelle » du hip hop et qui représente des éléments constructifs des chansons françaises. En effet, dans la terminologie musicale, une grande partie des termes est empruntée à l’anglais. Les groupes des musiciens sont 39 La façon de s’habiller des amateurs de la culture hip-hop (les vêtements amples). 24 appelés « crews », les « B-boys » dansent sur les rythmes de « beat », de « soul » et de « reggae » etc. Les « MC » et les « DJ » sont très célèbres, et pas seulement sur la scène de hip hop. Même la marque « phare » représentant le hip hop – Fubu – est d’origine américaine. Fubu résume tout l’esprit hip hop: For us by us. 40 Le hip hop entretient un lien avec les cultures urbaines. Malgré les préjugés que la culture hip hop produit par rapport au vandalisme et à la délinquance, on devrait prendre en considération que le hip hop est en revanche l’une des principales solutions aux problèmes sociaux et racials. En plus, il contribue à l’intégration des immigrés et il permet une expression libre de la pensée et du style. Aujourd’hui, la culture hip hop est soutenue en France par les politiques publiques. Il existe des festivals spécialisés dans le mouvement hip hop et certains temples de culture l’ont accueilli sur leurs scènes. 41 Ainsi, le soutien que le hip hop a gagné auprès du public et des associations, on peut constater que la culture hip hop a pû sortir du milieu social et de la banlieue pour s’enraciner dans une vraie culture urbaine. 1.5.2 Le Rap Le rap, venu des Etats-Unis, s’est propagé en France surtout à la fin des années 1980. Il est vu comme une forme de réaction des immigrés et des minorités ethniques contre l’oppression raciale et leur exclusion sociale. Le rap se manifeste comme une culture intersticielle dont le but est de servir à des fins identitaires. C’est-à-dire un groupe qui se trouve en marge de la société et qui essaie de se différencier. C’est par l’intermédiaire du rap que ces jeunes peuvent constituer leur propre culture. Le rap représente une certaine manifestation de leurs problèmes, de leurs goûts et enfin d’euxmêmes. « Le rap joue un rôle symbolique fondamental, il sert de miroir identitaire à des jeunes ayant justement des problèmes d’identité. Et même si l’on peut craindre qu’il participe à la logique du ghetto, il faut l’écouter et tenter de comprendre les enjeux qu’il exprime : c’est le problème de l’intégration (ou de l’exclusion) qui affleure partout dans ses textes. » 42 40 LANGEVIN, Sébastien: En anglais dans le texte. In: Le français dans le monde, 2009/362, p. 39. MANESSE, Lucie: Reconnaissance pour le hip hop. In: Le français dans le monde, 2009/362, p. 45s. 42 CALVET, Jean-Louis: Les voix de la ville. Introduction à la sociologie urbaine. Édition Payot & Rivages, Paris 1994, p. 279. 41 25 Le rap est donc lié aux problèmes d’intégration ; ce qui explique également ses origines – il a été créé aux Etats-Unis par les Africains qui se sentaient mis à part et opprimés. La situation en France semble être similaire. La plupart des rappeurs est d’origine étrangère (p.e. les Africains, les Maghrébins). Pourtant, le rap devient un phénomène si populaire qu’il a élargi son champ de compétence jusqu’à tous les individus qui cherchent à s’exprimer. Le rap désigne un retour vers le texte, c’est-à-dire que le texte est son composant essentiel. « Si le rap est le degré zéro de la mélodie, si le rythme (« échantilloné », donc) y est le roi, il partage la vedette avec les mots. » 43 Le rôle prépondérant du texte dans le rap est justifié par sa mission: il doit dire des choses. Le rap est donc « une forme de bavardage sur fond rythmique ». 44 Le lexique du rap compte un nombre considérable d’emprunts aux langues étrangères: l’arabe, les langues africaines, le tsigan, l’anglais, etc. La richesse des paroles du rap est aussi assurée par des expressions venant de l’argot traditionnel et du verlan. Un certain nombre de mots argotiques a été intégré à la musique française par Renaud qui a été l’un des premier à utiliser le français familier et argotique dans la chanson. Le nom de sa chanson – Laisse béton – a été créé par la verlanisation de « laisse tomber ». Dans les années 70, le verlan n’était connu ni par les jeunes de la banlieue ni par les autres. Renaud a contribué dans une certaine mesure à l’encouragement du langage argotique dans la musique. Renaud, dont les chansons sont écoutées même aujourd’hui, incarne une vraie source d’inspiration pour les chanteurs français. Ses chansons ont été reprises par plusieurs groupes de rap français dans un album intitulé Hexagone 2001: Rien n’a changé. Le vocabulaire est propre au thème dont on parle. Les chansons de rap racontent les problèmes de la banlieue comme le crime, les drogues dures et douces, la violence. Parmi les thèmes souvent abordés, on peut classer aussi la famille et le respect, l’honneur de sa nationalité mais parfois la honte et le mépris. Les rappeurs se moquent de la société, ils sont critiques vis-à-vis de la politique, ils parlent de leur pays et de leur cité. 43 CALVET, Jean-Louis: Les voix de la ville. Introduction à la sociologie urbaine. Édition Payot & Rivages, Paris 1994, p. 274. 44 ibid, p. 274. 26 Comme exemples les plus emblématiques de rappeurs français, on peut citer MC Solaar, Mafia K1 Fry, IAM, Diam’s, Kamelancien, Rohff, Booba, Kery James, etc. 45 Pour changer le point de vue sur le rap, il faut écouter également les chansons de Kamini qui a réussi à faire disparaître les préjugés selon lesquels le rap ne peut exister qu’en ville. Dans la chanson Marly-Gomont, il décrit le village d’où il est originaire. Voici une liste du lexique fréquemment utilisé dans les chansons de rap : Emprunts aux langues étrangères Arabe arnouch, bled, bronzé, fatma, mesquin, zelta Langues africaines go, gorette Tsigan bédo, bicrav, gadjo, gadji, marave, poucaves Anglais bad boy, because, big star, bitch, black, coke, dealer, feeling, fucking life, je smoke, je te fuck, OK, KO, relax, DJ, MC, business Mots issus du vieil argot français artiche, barbouse, loubard, maille, môme, gamin/e, condé, galère, oseille, clope, gaffe, taffe, daron, baston, beigne, torgnolle, chataigne, marron, mandale, groles, bizance, se planter, bécan, crâmer, enflé, taule, gonzesse, thune, kiffer Verlan oinf, ouf, keum, keuf, meuf, rebeu, téci, taspé, aç, ainf, caillera, chelou, ap, eins, ouam, àl, peucho Apocope et aphérèse assoc', tasse, tess, trom, turve, infos, soutif, souvêt, alloc's, dab, mat, blème, zon, prof Français familier et vulgarismes pinard, peigne-cul, cogner, givré, chier, se casser, allumer, furax, boucan, débouler, type, pote, filer, choper, piquer, bidon, mecton, carrément, foutre, crado, faucher, merdique, bouffe, boulot, bagnole, gratos, se saoûler la gueule, chomdu, se bourrer, se défoncer, paumé,pourri, capter, plonger, se faire baiser, niquer, crever, enculer, s'en foutre, chomdu, se bourrer,se défoncer, paumé, pourri, capter, plonger, se faire baiser, niquer, enculer, s'en foutre, faire chier, baltringue, gosse, caisse 45 Voir le site Internet officiel sur le rap français: www.rap1pulsif.com. 27 Locutions figées et expressions foutre le camp, se les geler, se la péter, prendre les plombes, péter les plombs, en avoir plein les bottes, faire la belle/le beau, sécher les cours, un truc de dingue, avoir la patate, avoir la pêche, avoir la banane, foutre le bordel, c’est de la balle, c’est mortel 1.5.3 Le Slam – la poésie de rue « Le slam est peut-être un art, le slam est peut-être un mouvement, le slam est sûrement un Moment... Un moment d’écoute, un moment de tolérance, un moment de rencontres, un moment de partage. » Grand Malade Corps 46 La culture urbaine peut s’exprimer également sous forme de poésie. Cette expression est représentée par le slam qui est un mouvement artistique né aux Etats-Unis et qui s’est popularisé en France dans les années 2000. Le mot « slam » est d’origine américaine et en argot signifie « claque, impact ». Une autre explication possible du terme est donnée par l’initiateur du mouvement, Marc Smith, qui explique avoir choisi ce terme pour son sens sportif et ludique de « schlem » (en basket, en bridge). 47 Le slam est proche de la poésie et à la fois du rap. On peut quand même déterminer une différence de ces deux mouvements. Si la déclamation du rap suppose un accent marqué et le fond sonore et musical plus restreint, celle du slam est plus libre, à part que les textes doivent être dits a cappella 48 . La lecture de ces textes est parfois improvisée et leurs sujets renvoient à la vie en milieu urbain qui présente la violence, le mal de vivre et la révolte. Puisque le slam doit être compréhensible pour le plus grand nombre et qu’il doit être facile à retenir, il est souvent en rimes de sorte qu’il peut s’inscruster dans la mémoire. L’objectif et d’impressionner le public et de le faire pénétrer dans le monde des émotions. Le public peut être même amené à participer et à juger le poète. Le but du slam est donc l’expression de l’émotion, parfois brute, mais de toute façon touchante. L’émergence du slam en France est marquée par Grand Corps Malade 49 , auteur français de slam. Or, le slam, le rap et tout le mouvement hip hop font partie de la culture moderne et surtout de la culture des jeunes. Tous ces genres musicaux incarnent la voix 46 http://www.grandcorpsmalade.com/slam.htm [28. 3. 2009]. http://dict.xmatiere.com/wiki/slam [29. 3. 2009]. 48 Sans accompagnement d’instruments de musique. 49 Voir annexe. 47 28 de la ville qui fait réfléchir, qui fait bouger et qui de temps en temps, nous fait pleurer. Ils représentent une image réelle du milieu dont ils sont issus et ils favorisent l’intégration des individus qui se trouvent souvent en retrait. La jeunesse française vivant hors des banlieues accepte avec facilité tout le mouvement hip-hop et elle s‘est également familiarisée avec les cultures urbaines. L’influence des Français des cités est alors remarquable même du point de vue culturel. 1.5.4 Tags et Graffes (graffitis) Graffitis (mélange de tags et de graffes) 50 « Tags, graffes, ces mots sont trop souvent associés au vandalisme, voire à la violence. Pourtant, pour certains writers, le maniement de la bombe de peinture est un loisir partagé entre amis. D’autres en ont fait leurs métiers. » 51 Avant, les graffitis ne se trouvaient qu’aux endroits périphériques, mais aujourd’hui, on peut les apercevoir même au centre ville. Aucun objet urbain n’est épargné par « cette décoration » : ils se trouvent sur les murs des bâtiments administratifs, sur les propriétés privées, ils fleurissent sur les trains et sur les métros ; même les panneaux de signalisation ne sont pas épargnés. Dans les années 1980, les graffitis se sont répandus en France. Ce phénomène est venu des Etats-Unis est c’est surtout dix ans après son arrivée en France, qu’il a commencé à intéresser un plus grand nombre de writers. Bien qu’il s’agisse d’un art éphémère, il est de plus en plus pratiqué par les jeunes qui le considèrent comme 50 http://www.google.cz/imgres?imgurl=http://www.barcelonagallery.com/fotos/barnaestilo/graffitis / [14.03.2009]. 51 CARTIGNY, Magali & col.: Les artistes du béton. In: VIVA CITÉ/68, 2004, p. 6. 29 une manière d’expression et un passe-temps. Le milieu des graffitis est plutôt masculin, mais les filles, dont le style est plus fin, graffent parfois aussi. Voici d’abord une liste de vocabulaire propre aux graffitis: Blaze : pseudonym utilisé par les writers pour signer leur réalisation Cartonner : peindre massivement sur une surface Chrome : lettrage argenté Crew : groupe (de writers) Graffe : peinture ou fresque murale en couleur Graffiti(s) : inscription murale pouvant peindre différentes formes: tag, graffe, sticker, pochoir, ombre porté, etc. Repassage : recouvrir entièrement le graffe/le tag de quelqu’un d’autre Tag : signature Toyer : inscrire un commentaire sur le graffe de quelqu’un d’autre, bien souvent une forme de provocation Writer : auteur de graffitis 52 Les writers s’assemblent dans des bandes appelées « crews », qui imposent leur propre style. Dans ces groupes, chacun contribue à la création d’une oeuvre murale. Tous les writers commencent tout d’abord par les tags qui sont leurs signatures, après ils font des graffes. Il y a certains writers qui renoncent à faire des graffes, ils se contentent de faire des tags et de toyer. Le matériel de writer est accessible dans des magasins spécialisés, les writers se chargent de bombes de peinture à rouler et d’embouts de taille variable. Le travail sur un graffe est composé de quatre étapes : Premièrement, il faut « rouler le fond », c’est-à-dire qu’il faut recouvrir les anciens graffitis pour avoir un espace homogène pour la nouvelle création. Ensuite, il est nécessaire de tracer les esquisses avec de la peinture claire. La troisième étape est la plus importante, elle concerne le remplissage. Cela veut dire qu’on colorie la forme esquissée en manifestant son style. A la fin, il faut faire une photo de la fresque car celle-ci risque d’être repassée au bout de quelques jours. 52 CARTIGNY, Magali & col.: Les artistes du béton. In: VIVA CITÉ/68, 2004, p. 6. 30 Pour certains, les graffitis sont vus comme une forme de vandalisme urbain, par contre il faut voir aussi où ils sont placés. Il existe des murs et des endroits où l’on est autorisé à graffer et si le graffe n’endommage pas la propriété privée, il peut donner de la couleur à la grisaille de la ville. C’est aussi pour cette raison que les jeunes graffent, ils préfèrent la couleur au blanc ou au gris. Les graffitis peuvent être considérés comme une nouvelle forme d’art contemporain. (Voir annexe) 31 2 LANGAGE ET CULTURE DES JEUNES 2.1 Approche du langage des jeunes Avant d’approcher le langage des jeunes, il serait convenable d’expliquer ce que signifie l’expression « langue des jeunes ». Ce terme est à savoir utiliser dans des contextes différents: Il peut signifier le français des jeunes des cités comme le souligne Pierre Merle en disant que les jeunes des cités représentent le modèle le plus emblématique de la jeunesse française. Sinon, il ne peut concerner qu’une partie des jeunes français vivant hors des banlieues ou enfin, au plus large sens, il peut comporter dans sa définition la jeunesse française dans son ensemble. Ce qui va nous intéresser maintenant, c’est la jeunesse française vivant hors des banlieues. Le français de ces jeunes est déterminé par plusieurs facteurs différents et il se dévoile comme un langage familier. Le parler des jeunes est la variante du français la plus influencée par les médias et par les phénomènes de nouvelles technologies comme Internet, chat, blogs, forums, SMS, etc. D’autre part, l’influence du français des cités par rapport au français des jeunes 53 qui ne vivent pas en banlieue ne peut pas être niée, car les deux groupes se croisent. Il serait faux de croire que le français des jeunes est approprié uniquement à ce groupe-ci car certains adultes utilisent, pour différentes raisons, le même code. Néanmoins, il est certain que le français des jeunes est propre - en principe - à la jeune génération. 2.1.1 Caractéristiques Le « parler jeune » 54 est une entité linguistique différente du parler standard au niveau lexical et partiellement au niveau grammatical. Cette variante du français est la plus flexible et la plus apte à s’adapter au changement: autrement dit, elle est en développement permanent et elle se soumet très vite aux nouvelles tendances. Elle fait partie de ce qu’on appelle le « français branché » qui est popularisé parmi les jeunes et qui fait partie intégrante de leur vie quotidienne. Ce mode d’expression reste pourtant 53 54 Ce sujet sera traité en détail dans le chapitre 2.3. On peut également utiliser le terme de P. Merle – « djeun’s » 32 confié à des contextes précis – p. e. le français des jeunes n’est pas pratiqué pendant les cours à l’école ou dans la communication publique officielle. Pierre Merle explique la création du français des jeunes par l’intention d’éviter le français littéraire que les jeunes ne maîtrisent souvent pas bien. « Beaucoup de jeunes ont des problèmes avec la grammaire, comme ils en ont avec l’orthographe, la syntaxe, etc. Précisément à cause de ces tracas, ils se sont inventés un moyen de communication ou de non-communication plus postmoderne encore que le postmodernisme : le djeun’s. » 55 D’après certains linguistes, la langue des jeunes manque de vocabulaire et elle dépérit toujours. Certains se souviennent avec nostalgie du français soutenu du classicisme. Cependant, il ne faut pas comparer le parler des jeunes avec la langue de Molière qui est souvent donnée en exemple et qui est, malgré tout, un exemple archaique et non-applicable aujourd’hui. La langue est toujours en train de se développer de sorte qu’elle ne peut pas rester pétrifiée sous une forme qui semble adéquate. On devrait accepter ce développement qui est tout à fait naturel. En plus, la langue est étroitement liée à la culture et à la vie quotidienne qu’elle reflète. Elle doit donc être apte à réagir à tous les changements dans la société afin de pouvoir la décrire d’une part et pour assurer la communication d’autre part. Influencée par les nouvelles technologies, la langue est envahie de termes d’origine étrangère et de mots dits « branchés ». Or, malgré toutes les affirmations vis-à-vis du déclin du français et de son appauvrissement, nous pouvons constater que le français ne se trouve pas « dans la ruine ». Même si l’on parle de « kiff », de « teufs » et de « keums » qui « déchirent trop et qu’on kiffe grave », on n’oubliera pas le « vrai français » et les jeunes le savent bien. Ils réussissent à discerner quel code est convenable dans telle ou telle situation, alors que la langue des jeunes est pratiquée surtout au sein d’un groupe ou entre amis. 2.1.2 Influences La langue est forcément influencée par le milieu dans lequel elle existe, cela veut dire qu’elle est influencée par ses locuteurs qui l’utilisent dans diverses situations linguistiques. Dans le cas du langage des jeunes, la domination médiatique, télévisuelle et informatique est visible. Elle se voit non seulement dans la communication 55 MERLE, Pierre: Le français mal-t-à-propos. L’Archipel, Paris 2007, p. 152. 33 quotidienne mais aussi à l’école – dans les rédactions et surtout dans les dictées. On constate souvent que la jeunesse d’aujourd’hui préfère les magazines et la télévision aux livres. Internet avec toutes ses inventions comme ICQ, Messenger, Skype, tchat, blog, Face Book, You Tube, etc. peut parfois facilement remplacer la vraie communication et si l’on va encore plus loin, l’impression que le monde paraît « dévoré » par les hautes technologies n’est pas tout à fait une fabulation. Mais quel est enfin le vrai résultat produit par la domination des médias et des hautes technologies? D’abord, il faut voir comment la société a réagi aux changements technologiques et comment elle a accepté ces innovations. Comme la majorité de la population se sert parfois d’Internet, regarde la télévision et lit les magazines, on ne peut pas se douter d’une certaine influence. Elle se manifeste dans tous les domaines: l’enseignement, la communication, les relations, le mode de vie, la santé et bien sûr la langue. 2.1.3 Localisation – Où parle-t-on „jeune“? La langue des jeunes est un phénomène tellement répandu que l’on peut l’entendre presque partout, mais sa plus grande émergence est surtout dans le cadre des médias et d’Internet. On la voit en parcourant les blogs, les forums et les chats. Les SMS en sont envahis. Dans les magazines destinés à la jeunesse et dans les émissions télévisées, elle est aussi utilisée par les adultes qui essaient de captiver l’attention des adolescents. Par contre, dans ce cas, leur langage peut prendre un ton de plaisanterie et il montre le côté humoristique de l’énoncé. Certaines radios comme Sky Rock, NRJ ou Fun radio utilisent parfois le langage des jeunes parce que ceux-là sont supposés l’écouter. Ce qu’il faut vraiment souligner par rapport au langage des jeunes et sa localisation, c’est que les jeunes sont capables de reconnaître dans quelles situations la langue des jeunes est convenable et dans lesquelles elle est déplacée. Les jeunes n’utilisent leur code ni à l’école ni dans la communication publique. Il reste dévoué à un groupe qui partage le même univers mental et le même milieu social. Or, la langue des jeunes, représentant une forme de français parlé, est un phénomène qui pose beaucoup de problèmes aux linguistes et au sociologues. Elle est discutée dans le milieu académique aussi bien que dans les articles de nombreux journaux et magazines. Elle rencontre des critiques vis-à-vis de son influence sur la jeunesse française, qui semble, d’après certains, être incapable d’utiliser correctement la langue. Il faut pourtant accepter que la langue des jeunes est une variante de français 34 pratiquée par un grand nombre de la population et qu‘elle détermine d’une façon considérable l’évolution du français en général. 35 2.2 Grammaire du langage des jeunes 2.2.1 Phonétique et phonologie La différence de la langue des jeunes se manifeste surtout sur le plan lexical. En ce qui concerne les modifications par rapport au français standard, les plans phonologique, morphologique et syntaxique sont beaucoup moins atteints. On pourrait dire que le français des jeunes respecte le plan phonologique du français standard à l’exception des emprunts à l’arabe dont la prononciation est parfois modifiée à cause de la prononciation arabe. Des expressions et des mots issus de l’arabe sont souvent prononcés avec la « coloration arabe ». 56 Cela concerne plutôt les quartiers de banlieue où la concentration des immigrés est relativement importante. Pourtant, une certaine influence sur le français des jeunes en général ne devrait pas être niée. C’est plutôt l’intonation qui est caractéristique pour le français des jeunes. Elle a une coloration particulière qui ressemble à la prononciation du français des cités, qui est influencé par le déplacement de l’accent sur l’avant-dernière syllabe. Cette intonation ne peut pas être appliquée bien entendu à tous les Français ; en plus les accents régionaux y jouent aussi un certain rôle. 2.2.2 Morphologie et syntaxe La morphologie de la langue des jeunes ne diffère pas beaucoup de celle du français standard, mais elle est plus ou moins influencée par certains phénomènes du français des cités comme la verlanisation, l’apocope ou l’aphérèse. Ces phénomènes sont beaucoup moins fréquents dans la langue des jeunes que dans le français des cités. Le verlan, qui est un élément de création lexicale propre au français des cités, se manifeste jusqu’à un certain point dans la langue des jeunes en général. Certaines variantes verlanisées qui ont été empruntées au français des cités se sont lexicalisées dans la langue des jeunes comme le confirme les enquêtes menées en 1994 – 1995 à Montpellier et ensuite en 1997 – 1998 à Montpellier, Lille et Paris par Henri Boyer de l’Université Montpellier III. 56 LIOGIER, Estelle: Quelles approches théoriques pour la description du français parlé par les jeunes des cités ?. In: Linguistique/38, 2002, p. 41-52. 36 Le résultat de l’enquête sur la verlanisation est montré dans la tableau suivant. (Il faut par contre éviter de parvenir à des généralités alors que le résultat de cette enquête devrait être perçu comme figuratif. En plus, l’enquête date des années 1994 – 1995 – Montpellier 1 et 1997 – 1998 Montpellier 2, Lille et Paris de sorte que certaines données peuvent être un peu modifiées.) 57 Le verlan est donc connu parmi les jeunes qui vivent hors des banlieues, mais son utilisation se limite seulement à certains mots. Il existe un grand nombre de mots verlanisés qui ne sont utilisés qu’en banlieue. Le tableau ci-contre montre des verlanisations qui sont utilisées en dehors des banlieues avec la fréquence basse ou celles qui n’apparaissent pas. (Les chiffres montrent le nombre total des étudiants sur 70 qui ont été interrogés, qui utilisent ces variantes.) 57 BOYER, Henri: Le français des jeunes vécu/vu par les étudiants. Enquêtes à Montpellier, Paris, Lille. In: Langage et société/95, 2001, p. 75-87. 37 58 58 BOYER, Henri: Le français des jeunes vécu/vu par les étudiants. Enquêtes à Montpellier, Paris, Lille. In: Langage et société/95, 2001, p. 75-87. 38 D’après ce sondage, l’utilisation du verlan apparaît, dans une certaine mesure, dans les pratiques langagières des jeunes vivant hors des banlieues. Par contre, il faut souligner que le verlan n’affecte pas la structure morphologique du français et il n’a pas non plus d’impact sur la conjugaison, sauf dans le cas de certains verbes verlanisés qui ne sont pas aptes à être conjugués de sorte qu’ils restent invariables. Aux temps composés, la conjugaison n’affecte que l’auxiliaire « être » ou « avoir » alors que le participe passé est formé par la variante verlanisée du verbe. Ex.: Verbe choper > pécho (verlan) Il m’a pécho une clope. (Il m’a volé une cigarette.) Une autre manifestation de la langue des jeunes est représentée par la troncation, c’està-dire par l’apocope et l’aphérèse. Ces deux procédés ont déjà été expliqués dans le chapitre 1.2.3. Maintenant, on va voir quelle est leur expansion dans la langue des jeunes en nous appuyant sur les résultats tirés de forums. L’utilisation de l’apocope est beaucoup plus fréquente dans le langage des jeunes que celle de l’aphérèse. Parmi les exemples fréquemment utilisés sur les forums, on peut classer les mots suivants: Ex.: ado (adolescent) bourge (bourgeois) ciné (cinéma) convers’ (conversation, être en convers’) dispo (disponible) expo (exposition) gars, garç (garçon) manif (manifestation) manip (manipulation) mess (message) perso (personellement) prob (problème) prof (professeur) pub (publicité) redif (rediffusion) sympa (sympatique) blème (problème) 39 Un autre phénomène concernant la langue des jeunes est sans doute l’utilisation abondante des préfixes superlatifs comme super-, hyper-, hypra-, extra-, extra-giga-, mega-, ultra-, etc. Ils sont utilisés soit comme des préfixes (méga-fan, hyper-rare, gigafaux) soit comme des éléments de composition (mégagénial) ou soit comme des « intensificateurs » des adjectifs (hyper beau, super jolie). Ces superlatifs connaissent un grand succès. Pourtant, il ne s’agit pas d’un phénomène nouveau. Les superlatifs « mega » et « super » ont connu un succès hexagonal surtout dans les années 1960 et reviennent à la fin du siècle en remplaçant « giga » qui était fréquemment utilisé dans les années 1980. 59 Exemples tirés de forums: Il mange hyper vite. C’est ultra stéréotypé. Il est extra extra extravagant. Y a les mecs super sympas. Elle est super originale. Il est beau mais hyper timide. Il a l’air hyper cool. Cette meuf est super canon. Vous cherchez un super extra mega cool blog? L’usage des suffixes expressifs comme -os (calmos, crados, craignos, coolos, gratos) 60 ou -asse (pétasse, connasse, pouffiasse, grognasse, bombasse) 61 est aussi propre à la langue des jeunes. Les mots créés par la suffixation en -asse sont souvent perçus comme péjoratifs. La langue des jeunes ne change pas beaucoup au niveau syntaxique. La situation est la même pour la langue des cités dont la syntaxe demeure sans modifications. On pourrait souligner juste les phénomènes de détachement: la dislocation, l’inversion et 59 MERLE, Pierre: Le dico du français branché. Editions du Seuil, Paris 1999, p. 123. BOYER, Henri: Le français des jeunes vécu/vu par les étudiants. Enquêtes à Montpellier, Paris, Lille. In: Langage et société/95, 2001, p. 75-87. 61 La plupart de ces mots viennent de l’ancien argot français. 60 40 les structures à présentatifs 62 qui apparaissent souvent dans la langue des jeunes aussi bien qu’en français parlé. Ex.: Ce qui me dérange c’est que t’es jamais à l’heure. C’est mon copain qui l’a fait. Il y a un pote qui t’attend. En ce qui concerne l’interrogation, l’inversion du sujet n’est jamais effectuée. Ex.: Tu viens quand? Ca sert à quoi? Tu fais quoi cet aprèm? Un autre trait caractéristique de la langue des jeunes est l’emploi adverbial des adjectifs. C’est la cas de l’adjectif « grave », celui-ci est le plus fréquent. Ex.: Cette chanson, je la kiffe trop grave. Comment elle est trop mortelle. Ca déchire grave! Tu provoques grave, là. T’as aimé ce film? –oh oui! Grave! J’hallucine sévère! L’ellipse est un autre procédé syntaxique qui apparaît dans la langue des jeunes. Celle-ci fait justement preuve de l’économie langagière. Ex.: Désolée, l’autre jour, j’ai un peu crisé. (Je suis désolée...) Pas grave, j’ai pris l’habitude. ( Ce n’est pas grave.) Pas vrai, tu déconnes? (Ce n’est pas vrai, tu plaisantes?) Waouw, mortel, une teuf chez toi? (C’est super, il y a une fête chez toi?) Pour souligner l’importance de l’énoncé, le complément d’objet direct est placé parfois en tête de phrase de sorte que l’ordre de mots peut paraître bouleversé. Ex.: Des gens comme toi, je les casse. (Je n’aime pas les gens de ton genre.) Le ciné, je le kiffe. (J’adore le cinéma.) Ta gueule, ferme-la! (Tais-toi!) 62 LIOGIER, Estelle: Quelles approches théoriques pour la description du français parlé par les jeunes des cités ?. In: Linguistique/38, 2002, p. 41-52. 41 2.2.3 Lexicologie Le lexique de la langue des jeunes est en mouvement incessant. Cette situation peut être expliquée par l’influence des médias sur le langage. La langue des jeunes, qui se trouve sous l’influence des radios libres, de la télévision, de la publicité et d’Internet, est en plus envahie par des anglicismes et à la fois par le verlan et par le français des cités. Tous ces facteurs contribuent au développement du lexique qui subit rapidement des modifications. C’est surtout la jeune génération qui accepte le plus aisément ces modifications et qui est en plus capable de les propager. Il n’est alors pas étonnant que la langue des jeunes se diffère le plus du français standard au niveau lexical. Il existe un grand nombre d’expressions destinées essentiellement à la jeunesse et parfois incompréhensibles pour les adultes. D’autre part, une partie du vocabulaire de la langue des jeunes est issue du français familier de sorte qu’elle n’est pas uniquement propre à la jeunesse (les mots comme « caisse », « meuf », « flic », etc. font déjà partie du dictionnaire). Puisque la langue des jeunes est inventive et très riche en vocabulaire, on va essayer de montrer seulement les exemples qui semblent les plus emblématiques. La liste de vocabulaire suivante est composée de mots venant des blogs de la jeunesse, des forums d’Internet et des dictionnaires du français branché. Exemples: 1) Le lexique d’origine française ou le lexique venu du français argotique: Accro (accroché, dépendant) : « Moi, j’suis accro au cholcolat. » Blaireau (imbécile, idiot) : « Sinon tu restes toute ta vie comme un blaireau... » Bombax ou bombasse (fille très belle) : « Mate cette nana, une vraie bombasse. » Bosser (travailler) : « Je viens pas au ciné, je dois bosser ce soir. » Bouffer (manger) : « Y’ a rien à bouffer dans le frigo. » Bouffon (personne sans envergure) : « Il veut pas venir, le bouffon! » Bourge (bourgeois) : « Il y aura que des bourges à cette teuf... » Caillera (petit voyou ou jeune voyou) : « C’est une caillera, cette meuf. » Canon (fille superbe) : « ...un sacré canon super sympa... » Capter (comprendre) : « Te fatigue pas, j’ai capté. » 42 Carrément (franchement, nettement) : « Carrément méchant, jamais content! » Cartonner (1. avoir une bonne note, 2. réussir) : « Pierre, il cartonne en math. » Chelou (verlan de louche, bizarre) : « Ton mec est un peu chelou, je trouve... » Choper (voler ou attraper) : « Là, tu risques de choper une maladie, toi. » Criser (faire une crise, être jaloux) : « Hier, j’ai un peu crisé. » Daube (chose de mauvaise qualité, sans valeur) : « C’est de la daube! » Déconner (dire des bêtises, ne pas être sérieux) : « J’ai trop déconné hier soir. » Dégueulasse, dégueu (dégoûtant) : « Moi, j’ai trouvé ça dégueu... » Délire (très bien ou fou) : « Ce keum, il est délire quand il chante. » Délirer (fantasmer) : « Franchement, on vit les même trucs, on délire sur les mêmes musiques. » Explosé (cassé, fichu, abîmé) : « Il m’a complètement explosé ma chaîne. » Fric (argent) : « J’suis fauché... J’ai pas de fric. » Galère (une situation difficile, verbe galérer) : « Putain! La galère!... » Grave (beaucoup, vraiment, énormément) : « Je kiffe grave cette série. » Haine (colère, avoir la haine = être en colère) : « Quand je vois les infos à la télé, j’ai la haine. » Halluciner (être très étonné) : « Là, j’hallucine total! » Intello (intellectuel, mais surtout celui qui veut avoir l’air intellectuel) : « PierreIve, il est pas trop sympa... C’est un intello. » Naze (cassé, foutu) : « Elle est naze, ma bagnole. » Marrant (rigolo) : « Chandler et Monica sont assez marrants. » Mater (regarder) : « Mate ce mec! Pas mal, hein? » Mortel (1. bon, très bon, 2. mauvais, très mauvais) : « Trop mortelle l’ambiance dans cette cité. » Net (clair, bien) : « Il a pas l’air net, ce gars. » Top (très bien, de haut niveau) : « C’est pas top, ça. » Type (garçon, homme, mec) : « Il est trop marrant ce type. » Traiter (insulter qqn, injurer qqn) : « Arrête de traiter ma mère! » Zen (tranquille, calme) : « Zen! », Du calme! Ne t’énerve pas! 2) Les emprunts à d’autre langues : Bedave (fumer) : « Tu bedave grave. » 43 Bled (village, pays d’origine) : « Si je me fais virer, mon père me renvoie au bled. » Gadji (femme, fille) : « C’est une gadji méga-top! » Gadjo (homme, garçon) 63 3) Les emprunts à l’anglais : Addict (1. fou, 2. dépendant): « Je suis addict de Friends. » All the time (toujours): « J’y viens all the time. » Boss (chef, chef de gang) : « Il se prend pour un boss... » Bussiness (commerce) : « Mon père, il a son propre bussiness. » Cash (espèce, l’argent liquide) : « Je peux payer en cash? » Feeling (sentiment, par extension: à l’instinct) : « Je l’ai draguée au feeling. » Job (boulot, souvent le petit travail d’été) : « Je cherche un p’tit job. » Joint (cigarette de haschisch) : « Il s’est roulé un joint... » Junky, junkie (personne dépendante des drogues dures) : « ...elle s’est transformée en junkie. » Look (allure) : « Il se fout complètement de son look. » Loser (pardant) : « Jérémy, c’est un loser... » News (1. nouvelles, 2. qqn qui est nouveau quelque part) : « J’suis la news sur ce forum. » Shit (1. haschisch, 2. quelque chose qui n’a pas de valeur) : « Elle fume du shit, mais jamais des drogues dures... » Speed (rapid) : « Aujourd’hui, c’était speed. » Trip (petit voyage) : « Tu veux pas faire un trip ce week-end? » Shopping (courses) : « On a fait le shopping pendant tout l’aprem. » 4) Les expressions et les locutions figées: Avoir la banane (rire ou être content) Avoir les boules (être bouleversé) Avoir la gueule de bois (avoir un malaise lendemain, après avoir trop bu) Avoir la pêche (être en forme) 63 Les emprunts des langues africaines, de l’arabe et du tsigan, se manifestent beaucoup plus en français des cités que dans le français des jeunes en général. Même si ces jeunes connaissent certain mots issus de ces langues, ils les emploient rarement. 44 Avoir rancart (avoir le rendez-vous) Avoir un plan d’enfer (avoir une bonne idée) Avoir la rage (1. être énervé, 2. avoir envie) Ca déchire (c’est super, c’est cool) Ca le fait, ça le fait trop (c’est super, c’est cool) Ca me saoûle (ça m’énerve) C’est de la balle (c’est très bien, c’est super) C’est ta vie (ça ne m’intéresse pas, ça m’est égal) Craquer sur qqn ou qch (tomber amoureux) Etre bercé trop près du mur (être idiot) Etre camé jusqu’au bout des ongles (être défoncé, être totalement drogué) Etre love de qqn (aimer qqn) Faire gaffe (faire attention) Foutre en l’air (1. gâcher, rater, manquer ce que l’on fait, 2. laisser tomber) Foutre le camp (partir, s’en aller) Je m’en fiche (ça m’est égal) Je m’en fous (ça m’est égal – plus fort que je m’en fiche) Péter un câble (devenir fou) Péter les plombs (devenir fou) Pratiquer le sport en chambre (faire l’amour, avoir un rapport sexuel) Se bourrer la gueule (se saoûler) Se foutre de la gueule de qqn (se moquer de qqn) Se foutre la honte (se faire la honte) Se casser les pieds (l’expression plus souvent utilisée – se casser les couilles – vulgaire, faire qch de très désagréable, mettre beaucoup d’énergie dans une tâche) 5) Les gros mots et les insultes : Etant donné que les vulgarismes et les insultes font partie de toutes les langues, le langage des jeunes en comprend également un nombre considérable. En voici quelques-uns : Bâtard (pauvre type), craignos (minable), caillera (verlan de racaille, fripoulle, voyou), dégonflé (lâche, peureux), emmerdeur (casse-pieds, raseur), enculé (pauvre type), enfoiré (arnaqueur), Mickey (pauvre type), niquer (faire l’amour, abîmer, tromper), nique ta mère (insulte très souvent utilisée par les jeunes, très 45 vulgaire), pétasse (idiote, femme de mauvaise vie), salaud (malhonnête, malpropre), salope (femme facile, escroc), ta mère (formule elliptique pour dire « enculé de ta mère »), ta race (formule elliptique pour dire « enculé de ta race »). 64 Les tics de langage : Pierre Merle énumère dans Le français mal-t-à-propos les tics de langage qu’il caractérise comme « une manie involontaire de la répétition qui finit par s’imposer... » 65 Le tic de langage est un élément complètement inutile dans la phrase. Il n’a aucun rôle en ce qui concerne la modification du sens de sorte qu’il ne sert que d’étoffe. Pour quelles raisons on l’utilise? La réponse semble claire : pour gagner du temps à réfléchir avant de dire ce qui est essentiel. Ces tics de langage ne sont pas seulement les mauvaises habitudes des jeunes, tout le monde en a. Voici alors une liste de ceux qui paraissent les plus fréquents : A la limite : « A la limite, je prend le tram. » Attends : « Attends, je ne vais pas faire le premier pas, quand même! » Bien évident : « C’est bien évident qu’il a gagné... » C’est énorme : (cette expression est souvent placée en fin de phrase, on ne fait pas de liaison, donc la prononciation est la suivante : [sɛ'enorm]) : « Elle a eu son bac, c’est énorme! » C’est vrai que : « C’est vrai que ce type est un peu jaloux... » De toute façon : « De toute façon, j’arrive avant minuit. » Ecoute : « Ben, écoute... C’est vrai, quoi! » En fait : « J’suis en troisième, en fait. » En tout cas : « ...en tout cas, on a pas le temps, alors on s’en fout... » Oups! (onomatopée, interjection britannique que l’on utilise dans les situation où on aurait dit avant « mince ») Quoi : « C’est normal, quoi! » Tu vois (celui-ci a remplacé le fameux « tu sais ») : « Tu vois à peu près ce que je veux dire? » 64 65 GUILLERON, Gilles: Le petit livre des gros mots. Éditions First, Paris 2007. MERLE, Pierre: Le français mal-t-à-propos. L’Archipel, Paris 2007, p. 112. 46 Wow! : (interjection exprimant une stupéfaction) : « Wow! Trop beau, ton appart! » 66 Ben, écoute! Franchement voilà, quoi... (Celui-ci paraît presque impossible, on aurait pu dire seulement « C’est comme ça! » 66 Ibid, p. 114-137. 47 2.3 Influence du français des cités sur le français des jeunes Certaines influences du français des cités sur le français des jeunes en général ont été déjà mentionnées dans les chapitres précédents, de sorte que ce qui suit ne sera qu’un récapitulatif des impacts les plus marquants. Le français des cités influence dans, une certaine mesure, la phonétique des Français de souche qui sont en contact avec les Français des banlieues. On observe un déplacement systématique de l’accent sur l’avant dernière syllabe. L’intonation de ces jeunes prend parfois une coloration « arabe », pourtant ce trait ne peut pas être appliqué à tous les jeunes. La morphologie du français est influencée par l’apocope qui est largement utilisée par la jeunesse. La troncation gauche ne trouve pas une telle mise en valeur parmi les jeunes vivant hors des banlieues alors que dans le français des cités, elle se manifeste beaucoup plus. La déformation de type verlanesque est bien connue par la jeune génération, sauf que son utilisation ne se limite qu’à certains mots (voir tableau III et IV). Le glissement syntaxique de l’adjectif « grave » qui est utilisé comme adverbe dans le langage des jeunes a aussi son origine dans le français des cités. L’influence du français des cités sur la langue des jeunes se remarque le plus sur le plan lexical. Une partie du vocabulaire des jeunes vivant hors des banlieues a été empruntée partiellement au français des cités comme en témoignent les mots suivants: fauché, défoncé, caillera, Mickey, kiffer, capter, bourge, daron, keum, meuf, pompes, fric, flic, thune, bouffer, galère, blème, etc. Même certaines expressions ont été reprises p. e. « avoir les boules », « se la péter », « avoir la haine », « avoir le plan d’enfer », etc. L’influence du français des cités est alors visible dans tous les domaines de la langue. Cette situation peut être expliquée par le foisonnement de cette variante de français qui se diffuse surtout par le contact mutuel des Français des cités avec des Français de souche. 48 2.4 Le langage « texto » - les SMS Les courts messages dont l’abréviation SMS 67 en anglais signifie « short message service », ont connu une grande émergence dans les années 1990. Cette forme de communication peu conventionnelle assure une communication dynamique et interactive. Les SMS représentent d’une part la manifestation de la richesse de langue, de l’originalité et de l’ingéniosité. D’autre part, ils se revèlent comme les facteurs contribuant à des perturbations eventuelles par rapport à l’orthographe. Leur utilisation fréquente et surtout le désir d’accélérer la communication parmi les êtres humains, constituent « un langage texto » qui devient de plus en plus différent du français standard. Tous les plans linguistiques sont atteints par les modifications dûes à l’économie de signes, de temps et finalement d’argent. Cela est également justifié par le recours aux abréviations et aux acronymes. Une autre raison possible de l’utilisation du « langage texto » et de l’écriture qui a tendance à être presque phonétique, peut être une certaine « esthétique » par laquelle les jeunes essaient de se faire remarquer et de se démarquer. Ce qui est certain aujourd’hui, c’est que le langage « texto » a gagné un tel succès auprès du public qu’il est même utilisé en dehors des écrans de portables. Ce langage se fait tellement percutant, qu’il apparaît même dans des slogans publicitaires, p. e. un député européen, William Abitbol a fait sa campagne publicitaire en traduisant en SMS le Projet de traité instituant une Constitution pour l’Europe : Pro G 2 Tre-T 1stituan 1 Konstitu6on poor l’€P. Ou encore Jean-François Richet intitule son film en langage « texto » : Ma 6T va cracker. 68 Le langage « texto » est caractérisé par les traits suivants: • Omission des majuscules au début des phrases et dans les noms propres • Omission des signes diacritiques • Utilisation des majuscules à valeur d’eppélation • Troncation et sigles • Abréviation et acronymes • Ecriture phonétique • Utilisation des numéraux et des logogrammes 67 Le nom couramment utilisé en France qui remplace l’anglicisme « SMS » est le « texto ». CÉDELLE, Luc: La Qltur va TL cracker sous la Pre6on malN des SMS?. In: Le Monde de l’éducation/29, 2004, p. 15. 68 49 Caractéristiques générales du langage « texto » En ce qui concerne le plan phonique, on peut remarquer la réduction du diagramme « K » dans tous les relatifs de sorte que « qui, que, quoi » deviennent « ki, ke, koi ». La tendance à utiliser des majuscules lorsque leur prononciation reste la même, comme celle du groupe de graphèmes qu’elles remplacent est assez fréquente, p. e. G => J’ai, T => tes, C => ses ou c’est, etc. L’écriture phonétique trouve ainsi sa place dans le langage « texto » car elle fait gagner du temps et des signes. Ensuite, des numéraux et des logogrammes, qui servent à noter des phonèmes particuliers, sont largement utilisés. 69 Ex. : « chui en ba! sasspass bi1? » - « Chépa! torepa du! ya kelk1? » « Je suis en bas ! Est-ce que ça se passe bien? » - « Je ne sais pas! Tu n’aurais pas du (faire cela)! Il y a quelqu’un? » « SLT, ca va? si T dispo 2m1 onsboi 1 cafE!biz » « Salut! Comment vas-tu? Si tu es disponible demain, on ira boire un café ensemble! Bises » « ki C? - alé vi1! @+ » - « jui KC E NRV! a 12C4! » « Qui est-ce? – Allez, viens! À plus tard! » - « Je suis cassé et énervé! À un de ces quatre! » « G b1 Mé T Kdo! C tro bo 2 sa! Ske T avek L? APL si T pa OQP » « J’ai bien aimé tes cadeaux! C’est trop beau tout ça! Est-ce que tu es avec elle? Appelle(-moi) si tu n’es pas occupé. » 70 Le langage « texto » est aussi intéressant au niveau morphosyntaxique. La suppression de « ne » dans la négation (chépa) aussi bien que l’emploi des adjectifs à la place des adverbes (G grave envie) se montrent dans la majorité des cours messages. Ex.: « G grave envi. C tendance! » - « suis là T ou » « J’ai grave envie. C’est tendance! » - « Je suis là! Où es-tu? » 71 Les SMS offrent une large gamme de possibilités de création lexicale. Ils empruntent une partie du vocabulaire au français des cités et à l’anglais. En raison de l’économie de langage, la siglaison, l’abréviation, la troncation et la création des acronymes occupent une place prépondérante dans le domaine de la création lexicale. Ex.: « G 1 blème kom d’hab stp asap » « J’ai un problème, comme d’habitude. S’il te plaît (viens) as soon as possible » 69 BRANDT, Stefanie: Parlez-vous textos?, http://pagesperso-orange.fr/stefanie.brandt/Parlezvoustextos.htm [17. 4. 2009]. 70 Ibid. 71 Ibid. 50 CONCLUSION La langue et la culture des jeunes représentent une partie inséparable de la France d’aujourd’hui. La façon dont la jeune génération s’exprime est si marquante et intéressante qu’elle devient une base d’exploitation pour de nombreux linguistes et argotologues. Ces experts s’intéressent à la manière dont les représentants de la subculture et de la multiethnicité s’expriment. La créativité et l’originalité de la langue des jeunes se manifestent sur tous les plans linguistiques. La verlanisation, la troncation ou l‘utilisation adverbiale des adjectifs ne sont que quelques procédés qui se retrouvent dans le parler quotidien de la génération contemporaine. On peut entendre des expressions comme „chelou“, „ouf“, „tass“ dans des établissements scolaires ou dans des cités. La langue des jeunes des cités, qui est extrêmement riche et inventive, est toujours en train de se développer et de se propager. Elle peut représenter un certain modèle langagier pour des Français de souche, car ceux-ci se trouvent en contact perpétuel avec la langue-culture jeune. Outre les contacts directs et spontanés, les Français de souche ont de maintes possibilités de connaître la langue des cités à travers les médias et grâce aux cultures urbaines. Les rapeurs et les chanteurs de slam ou de hip hop peuvent être considérés comme des intermédiaires de cette langueculture. J’ai tenté d’analyser la langue des jeunes de la banlieue aussi bien que la langue de la jeunesse française en général. Ce mémoire essaie de montrer les enjeux de la langue de banlieue sur le plan phonétique, morphologique, syntaxique et lexical. En rédigeant ce mémoire, j’ai pu me focaliser sur la langue et la culture de la jeune génération pour mieux comprendre les écarts entre le français littéraire et le français des jeunes. La langue des jeunes pourrait être considérée en tant qu’indicateur de la norme standard de l’avenir. Non seulement parce qu’elle est pratiquée par un grand nombre d’immigrés, mais également parce qu’elle s’est implantée dans une certaine mesure dans le parler standard de la jeune génération française. Même si elle ne se démontre que partiellememt dans le langage des jeunes en général, elle a tracé une empreinte indélébile dans le français contemporain. On peut alors suggérer que la façon dont la génération contemporaine s’exprime détermine un modèle langagier pour les prochaines générations. 51 Par rapport à l’entrée des néologismes issus de la langue des jeunes dans des dictionnaires, on peut se demander si la langue des jeunes aura une influence négative sur la langue française dans le futur. On verra au fur et à mesure si l’Académie Française acceptera plus aisément les modifications de la norme standard ou si elle choisira plutôt la tendence conservatrice par rapport aux changements du français littéraire. 52 Bibliographie: Monographies: CALVET, Jean-Louis: Les voix de la ville. Introduction à la sociologie urbaine. Édition Payot & Rivages, Paris 1994. CARADEC, François: LAROUSSE. Dictionnaire du français argotique et populaire. Éditions Larousse, Paris 2006. GIRARD, Eliane – KARNEL, Brigitte: Le vrai langage des jeunes expliqué aux parents. Presses de la Renaissance, Paris 1993. GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Comment tu tchatches! Dictionnaire du français contemporain des cités. Maisonneuve et Larose, Paris 2001. GUILLERON, Gilles: Le petit livre des gros mots. Éditions First, Paris 2007. LEBRETON, Auguste: Du rififi chez les homme. Gallimard, Paris 1954. MERLE, Pierre: Argot, verlan et tchatches. Les Essentials, Milan 1997. MERLE, Pierre: Le français mal-t-à-propos. L’Archipel, Paris 2007. MERLE, Pierre: Le dico du français branché. Editions du Seuil, Paris 1999. SEGUIN, Boris – TEILLARD, Frédéric: Les céfrans parlent aux français. Chronique de la langue des cités. Calmann-Lévy, Paris 1996. Articles de presse, articles de revues spécealisées: BOYER, Henri: Le français des jeunes vécu/vu par les étudiants. Enquêtes à Montpellier, Paris, Lille. In: Langage et société/95, 2001. CARTIGNY, Magali & col.: Les artistes du béton. In: VIVA CITÉ/68, 2004. CÉDELLE, Luc: La Qltur va TL cracker sous la Pre6on malN des SMS?. In: Le Monde de l’éducation/29, 2004. GOUDAILLIER, Jean-Pierre: De l’argot traditionnel au français contemporain des cités. In: La linguiestique/1, 2001. GOUDAILLIER, Jean-Pierre: Les mots de la fracture linguistique. In: La Revue des 2 Mondes/3, 1996. 53 LANGEVIN, Sébastien: En anglais dans le texte. In: Le français dans le monde/362, 2009. LIOGIER, Estelle: Quelles approches théoriques pour la description du français parlé par les jeunes des cités ?. In: Linguistique/38, 2002. MANESSE, Lucie: Reconnaissance pour le hip hop. In: Le français dans le monde/362, 2009. Sitographie: GARCIA, Daniel – MALAURIE, Guillaume: Verlan cherche deuxième souffle., http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p19981015/dossier/a60785verlan_cherche_ deuxi%C3%A8me_souffle.html, [12. 2. 2009]. AUTEUR INCONNU: Description phonétique du français standardisé., http://accentsdefrance.free.fr/standard/standardphonetique.html#analyse2 [29. 1. 2009]. AUTEUR INCONNU: Rubrique Chansons internationales. http://paroles-dechansons.abazada.com/ [12. 2. 2009]. GRAND CORPS MALADE: C’est quoi le slam?, http://www.grandcorpsmalade.com/slam.htm [28. 3. 2009]. AUTEUR INCONNU: Définition du mot SLAM., http://dict.xmatiere.com/wiki/slam [29. 3. 2009]. AUTEUR INCONNU: Images Google. http://www.google.cz/imgres?imgurl=http://www.barcelonagallery.com/fotos/barnaestil o/graffitis / [14.03.2009]. BRANDT, Stefanie: Parlez-vous textos?, http://pagespersoorange.fr/stefanie.brandt/Parlez-voustextos.htm [17. 4. 2009]. 54 Sites consultés: www.rap1pulsif.com www.quartiersc.canalblog.com www.grandcorpsmalade.com www.forums.france2.fr www.lemonde.fr http://www.entrelesmurs-lefilm.fr/site/ http://casnav.scola.ac-paris.fr/docs/conf/langue_des_jeunes_des_cit%C3%A9s.pdf http://pagesperso-orange.fr/roland.laffitte/EducLJ03.htm http://www.selefa.asso.fr/Peda02T1.htm 55 Resumé Jazyk francouzské mládeže představuje veliké bohatství lexikálních i morfologických obměn. Od spisovné francouzštiny se odlišuje nejen z pohledu slovní zásoby, ale je rozmanitý i z hlediska slovotvorby a částečně i skladby a tvarosloví. Tuto rozmanitost a vynalézavost jazyka vysvětluje zejména fakt, že Francie je zemí, která již od začátku 20. století s ochotou přijímala velké množství přistěhovalců z nejrůznějších koutů světa. Koncentrace imigrantů je nejmarkantnější na předměstích Paříže a ostatních velkých měst jako Lyon, Marseille, Lille, aj. Právě toto národnostní míšení je zásadním faktorem ovlivňujícím nejen jazyk francouzské mládeže, ale i její kulturní projevy. Pro jazykovědce a argotology poskytuje francouzština předměstí vhodné možnosti k průzkumu. Vývoj francouzštiny na předměstích je ovlivněn také sociální situací obyvatel žijících v těchto oblastech, kteří se setkávají s rasovou diskriminací a nezájmem ze strany Francouzů. Imigranti, ale i jejich potomci, se proto často ocitají na okraji společnosti a vytvářejí uzavřené komunity, ze kterých je problematické uniknout. Nacházejí se tak ve složité situaci, kde se prolíná kriminalita s nezaměstnaností a rasovými předsudky. Děti přistěhovalců znají nejen jejich mateřský jazyk, ale i francouzštinu, se kterou se setkávají v každodenní komunikaci a zejména ve škole. Prostřednictvím jazyka se francouzská mládež výrazně odlišuje a zvýrazňuje. Jejich jazyk může být chápán jako určitý typ argotu – přestavuje totiž kód, který je srozumitelný jen v rámci skupiny mládeže a nezasvěcení mu nerozumí. Díky svému specifickému jazyku se mohou mladí dorozumívat mezi sebou, aniž by jim rozuměli rodiči, učitelé či jiné autority. Francouzská předměstí ukazují velkou kulturní různorodost a v průběhu několika desetiletí si vytvořila bohatou kulturní tradici. Hnutí jako hip-hop a rap postupně zdomácněla a stala se nejen určitými ukazateli diskriminačních problémů jejich představitelů, ale přispěla také k integraci diskriminovaných obyvatel. Kulturní projevy vzniknuvší z popudu imigrantů, kteří na sebe upozornili v podobě rapových písní a recitací tzv. „slam poetry“, se staly populárními i v prostředí rodilých Francouzů a rozšířily tak i jazyk, ve kterém byly vytvořeny. Není divu, že francouzština předměstí svým způsobem poznamenala také původní francouzskou mládež. Některé výrazy pocházející z jazyka předměstí zdomácněly a staly se běžnými variantami spisovných tvarů. 56 Na druhou strunu je ale jazyk mládeže určitou hrozbou pro Francouzskou Akademii, která se obává znehodnocení francouzštiny a upozorňuje na špatnou znalost francouzského jazyka a zejména francouzského pravopisu. Jaký bude další vývoj jazyka Molièra, Racina a Huga se ukáže postupem času. 57 Summary The language of the French youth is very wealthy concerning the lexical and morphological modifications. It differs from the standard French not only in vocabulary, but it is also very various from the view of word-formation and partly even the composition and the morphology. This variety and invention of the language is based on the fact that France is a country, which became a home for many immigrants from the different parts of the world already since the beginning of the 20th century. The concentration of the communities of the immigrants is mostly seen in the suburbs of Paris and other big cities as Lyon, Marseille, Lille etc. Concretely this multicultural mix is the basic element, which influences not only the language of the French youth itself but also its culture expressions. For the linguists and slang experts is the French language in the suburbs just perfect occasion for the language research. The development of the French language in the suburbs is influenced also with the social situation of people living in these parts, facing the racial discrimination and a lack of interest of the French people. That is why the immigrants but also their children are very often at the edge of the society and afterwards they are making closed communities, which are later very difficult to escape from. This brings them to a very difficult situation, where the crime, unemployment and racist prejudice go in one hand. The children of the immigrants know not only their mother language, but also the French language that the get by everyday communication, mostly in the school. The language is what sets the French youth apart. Their language can be understood as a certain type of slang – it resembles a code, which is understandable only in the group of the youth and people, who are not involved do not understand it. Thanks to this specific language the young people make themselves understood among each other without the parents, the teachers of other authorities would understand them. The French suburbs are showing us a huge multicultural diversity and over the course of the last decades created a rich cultural tradition. The movement as hip-hop and rap has taken the roots gradually and has become not only a certain type of indicator of discriminating problems of the protagonists themselves but the also helped with integration of the discriminated people. The cultural expressions of immigrants which have arose, especially in the rap songs and the recitation of so-called “slam poetry”, became very popular in the surroundings of the native French citizens and enlarged also the language in which they were made. It is not surprising that the French language of 58 the suburbs has marked also the original French youth. Some of the expressions which have the origin in the suburbs have become domestic and a common option of the standard language. On the other side is the language of the French youth a certain threat for the French Academy, which is afraid of devaluation of French language and points on a bad knowledge of the French language, especially the written French. How will the development of the language of Molière, Racine and Hugo look like, shows us the time. 59 Anotace Název práce: La langue et la culture des jeunes Název v angličtině: The Language and the Culture of Youth Souběžný název: ----Podnázev: ----Anotace (krátký popis práce): Bakalářská práce se zabývá jazykem mládeže francouzského předměstí a popisuje také nejvýraznější projevy její kultury. Dále je věnována pozornost francouzštině mladé generace žijící mimo francouzská předměstí. Část práce se zabývá vlivem francouzštiny předměstí na běžnou mluvu mládeže. Jazyk je zkoumám z fonetického, morfologického, syntaktického a lexikálního hlediska. Klíčová slova: jazyk, kultura, mládež, předměstí, francouzština, vliv, fonetika, morfologie, syntax, lexikologie, imigrace. Anotace v angličtině: The thesis is devoted to the language of the youth from French suburbs. It describes also the most noticable cultural expressions of the youth. Moreover, one part of this thesis concerns description of the French of young generation living in the suburbs and its influnece to the French of native people. The language is examined from phonetical, morphological, syntactic and lexical point of view. Anglická klíčová slova: language, culture, youth, subarb, french, influence, phonetics, morphology, syntax, lexicology, immigration. Přílohy volně vložené: ----Přílohy vázané v DP: Ilustrace: Mapy: Grafy: Plány: Noty: Schémata: Portréty: Tabulky: Rozsah práce: 47 s. , 14 s. obr. příloh Jazyk práce: francouzština 60 Annexes 61 Annexe 1 Banlieue et HLM (habitation à loyer modéré) http://quartiersc.canalblog.com/albums/ association/photos/3444401-hlm.html http://quartiersc.canalblog.com/albums/association/ 33260036-cite_du_grand_parc_a_bordeaux.html http://quartiersc.canalblog.com/albums/association/photos/11140380pour_changer_les_regards_sur_clichy_sous_bois.html 62 http://quartiersc.canalblog.com/albums/association/photos/11522574-numeriser0002.html La mixité s’impose lentement http://storage.canalblog.com/32/45/80839/38005753.jpg 63 Annexe 2 Tags et graffes (graffitis) CARTIGNY, Magali & col.: Les artistes du béton. In: VIVA CITÉ/68, 2004 http://images.google.cz/images?hl=cs&q=graffiti+images&lr=&um=1&ie=UTF8&ei=Pu_oSfGMLMON_Qa6kODwAw&sa=X&oi=image_result_group&resnum=1&ct=title 64 65 66 Sources: http://images.google.cz/images?hl=cs&q=graffiti+images&lr=&um=1&ie=UTF8&ei=Pu_oSfGMLMON_Qa6kODwAw&sa=X&oi=image_result_group&resnum=1&ct=title 67 Annexe 3 Représentant de la poésie de slam : Grand Corps Malade – la pochette Grand Corps Malade Slam au café Theranga (photo Audrey Denis) 68 (photo Stefan Rappo) Concert de slam (photo Jean-Michel Delage) Dans le studio (photo Jean-Michel Delage) (photo Jean-Michel Delage) 69 Extrait de textes : Le jour se lève Le jour se lève sur notre grisaille, sur les trottoirs de nos ruelles et sur nos tours Le jour se lève sur notre envie de vous faire comprendre à tous que c’est à notre tour D’assumer nos rêves, en récolter la sève pour les graver dans chaque mur de pierre Le jour se lève et même si ça brûle les yeux, on ouvrira grand nos paupières Il a fait nuit trop longtemps et avancer sans lumière nous a souvent fait tâtonner Personne à pardonner, si on est là aujourd’hui c’est juste qu’on a pas abandonné On a cherché la lueur de l’aube en sachant qu’elle avait la couleur de l’espoir On s’est armé de nos stylos pour écrire nous-mêmes la suite de toute cette histoire Le jour se lève, sort de sa grève, c’est grave à quel point la nuit a été agitée On en a de belles à raconter même si j’imagine que ce sera sûrement loin de tes JT Le soleil éclaire notre papier qu’on avait gratté dans l’ombre pendant toute la nuit La chaleur fait couler l’encre, nos mots quittent nos cahiers, nos voix sortent de l’ennui Alors nous allons prendre la parole, monter sur scène pour un moment, [j’espère que t’en as conscience Finies la patience et la méfiance, on s’offre simplement avec l’écriture une renaissance Le jour se lève et son glaive de lave nous lave des peines et douleurs du passé Notre avenir est lancé… tu nous écouteras et diras franchement ce que t’en as pensé Le jour se lève et la joie se livre, la soif se lit sur nos lèvres, tu devrais nous suivre Si notre heure est brève, nous allons quand même la vivre, nous ne sommes pas bons élèves [mais l’envie nous enivre Alors à ton tour ouvre les yeux, approche-toi et observe avec curiosité Le souffle et l’enthousiasme d’une brigade de poètes sortis tout droit de l’obscurité Ne prends pas ça pour de l’arrogance mais on sent que c’est notre heure et ça fait du bien Notre passion va nous nourrir et je vais retrouver le sourire dans le regard de tous les miens Le jour se lève, on le doit peut-être qu’à nous et quand je dis ça, c’est pas juste une métaphore Le jour se lève et si ça se trouve, c’est uniquement parce qu’on l’a espéré assez fort Le jour se lève sur notre grisaille, sur les trottoirs de nos ruelles et sur nos tours Le jour se lève sur notre envie de vous faire comprendre à tous que c’est à notre tour Notre futur est incertain, c’est vrai que ces deux mots là vont toujours de paire Mais notre jour s’est bien levé, dorénavant il sera difficile de nous faire taire (© Grand Corps Malade, 2005) Source : www.grandcorpsmalade.com 70 Annexe 4 Conversation sur les forums : http://forums.france2.fr/france2/docskd2a/liste_sujet1.htm Mot : Pseudo : Filtrer Rechercher Sujet : Auteur 2.4.1 Comment aborder un mec qu'on ne connait pas ? Posté le 30-10-2006 à 21:06:58 nikitou Bon je pense qu'il y a surement d'autre post sur ce sujet mais bon.. :s En faite il a un un garç que je trouve vraiment très mignon, :$ qu'il à l'air simpa, qui traine avec des personnes qui ont l'air bien et tout. J'ai souvent l'impression qu'il me regarde, et une fois je crois qu'il ma vraiment fixé pendant quelques secondes ... à moins que, comme bocou de personne, je me fasse un film ... (J'ai redoublée cette année, il a donc 14 ans et moi 15 ans. ) C'est difficile de lui parler paskil traine que avec ces pots, je ne le vois jamais avec des filles, et je ne connais aucun garcon qui lui parle ... mais j'ai plusieurs amies qui sont ds ca classe sauf kelles ne lui parle jamais non plus. Enfin voilà je ne sais vraiment comment faire pour pouvoir le connaitre et savoir si ca vaut la peine que je sorte ac lui. aidez moua s'il vous plais, j'en ai marre de penser à lui pr rien. Posté le 31-10-2006 à 13:05:53 Louloutedu59 salut pk tu ne demanderé pa a une de té copine méme si elle ne lui parle jamé sa pouré marché si ta limpression kil te regarde é kil ne ta jamé demandé c peut étre parce kil a peur de te le demandé donc sa seré bien kune de té copine 71 laborde osinon tu pe tj atendre bone chance !!!!!!!! Message édité par Louloutedu59 le 31-10-2006 à 13:07:15 Posté le 01-11-2006 à 13:52:47 The-Malak Doctor sarcastique Abordes le du genre "par hasard" : A la cantine en t'asseyant à coté de lui en prétextant " Il n'y a plus de places ailleurs" ou " Il n'y a que des boulets aux autres tables". S'il fait du sport, tu peux te pointer à la fin d'un entrainement, dire que tu es venue pour voir quelqu'un d'autre et là tu le félicite sur son jeux (vile flatterie ) ou encore dans un café, tu es avec tes copines, lui avec ses potes, et la , quand il se lève, tu te lève aussi et un peu a l'écart, tu lui demande qui il est. Voila, si tu as besoin d'autres conseils, je suis là ^^. Message cité 1 fois Posté le 01-11-2006 à 17:20:45 Sidious 94 Le 01-11-2006 à 13:52:47, The-Malak a écrit : Abordes le du genre "par hasard" : A la cantine en t'asseyant à coté de lui en prétextant " Il n'y a plus de places ailleurs" ou " Il n'y a que des boulets aux autres tables". S'il fait du sport, tu peux te pointer à la fin d'un entrainement, dire que tu es venue pour voir quelqu'un d'autre et là tu le félicite sur son jeux (vile flatterie ) ou encore dans un café, tu es avec tes copines, lui avec ses potes, et la , quand il se lève, tu te lève aussi et un peu a l'écart, tu lui demande qui il est. Voila, si tu as besoin d'autres conseils, je suis là ^^. Un café....Le mec a 15 ans... de temps a autres! --------------- 72 Mais bon une bonne biere Posté le 02-11-2006 à 11:23:22 nikitou lol merci pr vos réponses pr louloute: ben le prob c ke j'aimerais bien le connaitre avant de lui proposer quoi que ce soit; wi peut etre qu'il n'ose pas .. pr the malak: c ce que j'essaye de faire, o sef j'essaye de m'approcher de sa table, et d'aller souvent remplir la carafe d'eau. Mé bn il mange hyper vite lol Il ne fait pas de sport mé j'lé vue une fois en ville et il avait une guitare et pour le café ... j'pense pas qu'il ai l'habitude d'y aller :s Posté le 03-11-2006 à 08:42:21 The-Malak Doctor sarcastique Bon bah s'il ne va pas au café tan pis, c'est dommage parce que c'est un super lieux d'échange ^^ ( Sidious je ne comprend pas en quoi 15ans ce soit trop jeune pour aller au café ? ) Si il joue de la guitare, ça peut aussi être une manière de l'aborder, aller le voir a une répétition, ou s'il joue dans une soirée ^^. Biz Message cité 1 fois Posté le 03-11-2006 à 12:11:12 skateuzgirl31 ba taka alé le voir style de rien et commencé a parlé ac lui(demande lui son prénom sa classe...)pui apré demande lui skil aime faire ds la vi le genre de muzik kil écoute ... plin de truc comme ca!!!et apré au fil dé jour tu va lui dire bnjour...et au bou dun momen dé ke tu te rend comte kil tapréssi bokou tu lui propoze de vous fére une toile tt lé 2 ou ac dé ami a lui et dé amie a toi pour comencé pui apré sil il ve sortir ac toi ca se fera tt seul tu véra jte souaite bonne chance bizes ciao Posté le 03-11-2006 à 17:09:53 Sidious 94 73 Le 03-11-2006 à 08:42:21, The-Malak a écrit : Bon bah s'il ne va pas au café tan pis, c'est dommage parce que c'est un super lieux d'échange ^^ ( Sidious je ne comprend pas en quoi 15ans ce soit trop jeune pour aller au café ? ) Si il joue de la guitare, ça peut aussi être une manière de l'aborder, aller le voir a une répétition, ou s'il joue dans une soirée ^^. Biz Chai pas mais bon...A ctage c est plus macdo....J ai 14 ans alors pour tout te dire --------------Posté le 04-11-2006 à 18:46:56 The-Malak Doctor sarcastique L'avantage d'un café, d'une terrasse, c'est la classe, le romantisme que peuvent nous faire transpirer de tels endroits. Mais bon avec le temps, tout ça n'a plus d'importance... Si une fille te plait, tu lui propose un café chez toi, et si elle accepte, il ne te reste plus qu'à faire le premier pas ^^. Bizx Message cité 1 fois Posté le 04-11-2006 à 19:12:27 Sidious 94 Le 04-11-2006 à 18:46:56, The-Malak a écrit : L'avantage d'un café, d'une terrasse, c'est la classe, le romantisme que peuvent nous faire transpirer de tels endroits. Mais bon avec le temps, tout ça n'a plus d'importance... Si une fille te plait, tu lui propose un café chez toi, et si elle accepte, il ne te reste plus qu'à faire le premier pas ^^. Bizx Le plus romantique c est le parc! testé cette semaine --------------- 74 Annexe 5 Entre les murs Des élèves de François Marin (François Bégaudeau) dans le film de Laurent Cantet, "Entre les murs". Les interprètes du film sont tous non professionnels. http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2008/05/24/entre-les-murs-d-une-salle-declasse_1049063_766360.html 75
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