N° 5 Biodiversité et choix variétal
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N° 5 Biodiversité et choix variétal
Qui d'entre nous n'est pas, au moins une fois, resté indécis devant le présentoir de semences d'une graineterie ou perplexe en feuilletant le catalogue d'un pépiniériste ? Avec cette même question en tête : quelle variété (espèce) acheter ? Le dossier technique de ce mois n'a sûrement pas la prétention d'apporter une réponse à toutes vos interrogations, d'autant que nous aborderons le sujet en nous limitant aux aspects liés à la santé des plantes. Pour le reste, nous vous laissons le choix des formes et des couleurs… Vous trouverez en fin de document une liste (non exhaustive) de producteurs, de sociétés ou de personnes de contact qui pourront vous aider, lors de vos prochains achats, à effectuer les choix les plus judicieux. Il est impossible de parler de choix variétal sans d'abord envisager les conditions culturales dans lesquelles va croître la plante. LA RUSTICITE En termes simples, la rusticité est l’aptitude de la plante à supporter les conditions climatiques courantes tout au long de l’année dans un endroit donné : gel, humidité, chaleur extrême, sécheresse, vent violent… Facteurs affectant la rusticité La rusticité d’une plante qui, en général, s’améliore avec l'âge, est toujours meilleure si les conditions de culture au jardin se rapprochent de celles qu’elle rencontre dans son habitat naturel. Les éléments suivants influent sur la rusticité : la fertilité et le drainage du sol, la température du sol et de l’air, les taux d’humidité, de luminosité et de précipitations. Mieux vaut toujours sélectionner une plante adaptée à un endroit, plutôt que de modifier le terrain pour satisfaire ses besoins. Les adaptations pour la survie Dans la nature, les plantes développent différentes stratégies pour supporter des conditions sévères. En général, les plantes rustiques restent en dormance en hiver et limitent leur période de croissance aux saisons qui offrent des conditions de lumière, d’humidité et de température favorables. Les annuelles achèvent leur cycle de vie en une seule saison, laissant en dormance des graines qui germeront au printemps. Chez de nombreuses vivaces, la partie aérienne meurt en automne. Bien isolées sous terre, les racines stockent des éléments nutritifs qui favoriseront une croissance rapide dès le retour de bonnes conditions. Les plantes ligneuses caduques se protègent en se débarrassant de leurs feuilles en automne, car ce sont leurs organes les plus sensibles au froid. Les bourgeons restent au repos jusqu’au printemps. La plupart des persistants rustiques portent des petites feuilles dont la surface réduite, souvent coriace ou couverte d’une couche isolante de poils, minimise l’effet desséchant des vents forts. Ces plantes s’enracinent en profondeur, là où le sol ne gèle pas. Elles peuvent aussi adopter un port tapissant, ou produire des huiles aromatiques qui favorisent la conservation de l’eau et agissent comme un antigel. Les effets de l’habitat Pour répondre aux exigences d’une plante, il faut connaître son habitat naturel. Ainsi, les espèces alpines, qui vivent dans les éboulis et les fentes de rochers, développent des racines qui pénètrent en profondeur à la recherche d’eau et d’aliments nutritifs. Elles se trouvent à la fois isolées des températures extrêmes de froid et de chaleur. En hiver, les pousses aériennes sont maintenues à 0°C environ par une couche de neige dure qui, en fondant au printemps, favorise une période de croissance courte, mais intense. Souvent, ces plantes fleurissent tôt, pour produire des graines et pouvoir se mettre au repos avant le retour de la neige. Au jardin, offrez-leur un sol très bien drainé, pauvre en éléments nutritifs, où elles pourront s’enraciner profondément, et abritez-les des déluges de l’hiver. Les plantes de climat chaud, désertique, peuvent stocker de l’eau dans leurs tissus charnus. Les épines, les poils ou le revêtement externe cireux, coriace, les protègent du dessèchement et de la chaleur du soleil. Lors de la saison sèche, une plante grasse peut perdre jusqu’à 70% de sa teneur en eau, et tolérer dans ce cas une gelée sévère. Après les premières pluies, elle gonfle littéralement de sève et fait éclater ses fleurs. Sous un climat froid et humide, la plupart des plantes grasses exigent la chaleur d’une serre chauffée ou doivent être rentrées à l’intérieur avec peu ou pas d’eau durant leur période de repos. Les effets du climat Sous un climat continental, les précipitations ont surtout lieu l’été. Les hivers sont relativement secs et souvent très froids. Les différences saisonnières très marquées entraînent une forte augmentation de température au printemps, suivie d’un été long et chaud. Ces conditions sont idéales pour le développement des plantes et de leurs boutons floraux. À la fin de l’été, les pousses ligneuses se durcissent, c’est I’aoûtement qui rend les parois cellulaires internes fermes et coriaces, mais flexibles. Ainsi, la plante est mieux armée pour supporter un hiver rigoureux. Le climat maritime est caractérisé par des précipitations réparties plus régulièrement tout au long l’année. Ces conditions nuisent au bon aoûtement des pousses, qui deviennent plus sensibles au gel. Une pluie persistante en hiver fait pourrir les racines des plantes en dormance ou en semi-dormance. Au printemps, un temps inhabituellement doux favorise le départ prématuré de pousses qui se montrent alors très sensibles aux dégâts d’une gelée même légère. La rusticité des plantes cultivées Une plante exposée à une température inférieure à son seuil de résistance voit son activité physiologique dégradée, ce qui se traduit par des nécroses sur ses tiges et ses feuilles, avec à court terme sa mort. Pour éviter cela, identifiez les limites de tolérance de chaque plante et offrez-lui les conditions de température qu’elle réclame. Protégez les espèces persistantes du froid et des vents desséchants qui augmentent la transpiration à la surface des feuilles. C’est d’autant plus important que, par temps de gel ou de sécheresse, les plantes ne peuvent remplacer rapidement cette perte en eau en la puisant dans le soI. Abritez-les (surtout les jeunes sujets) près d’une haie brise-vent, ou posez dessus un filet spécial à mailles serrées. Évitez le gel des racines en leur offrant un sol profond, meuble, facile à bêcher et bien drainé, où elles pénétreront aisément. Complétez la protection en posant en hiver un paillis sec et épais qui protégera celles-ci d’un excès d’humidité. Favorisez l’aoûtement (durcissement) du bois, en plaçant les plantes qui tolèrent le plein soleil dans un lieu chaud et ensoleillé : par exemple près d’un mur chaud, qui, en été, conserve et restitue la chaleur du soleil, et, en hiver, fournit quelques degrés de chaleur supplémentaires, suffisants pour protéger une plante fragile. L'ENVIRONNEMENT DU JARDIN Chaque jardin est une entité unique, parce qu’il combine divers facteurs variables : type de sol et drainage, quantité de lumière, exposition au vent et au froid. Avant de procéder à toute plantation, il est bon de connaître les conditions prédominantes de la région et leurs variations infimes à l’échelle du jardin. Cela vous permet de choisir les végétaux en toute connaissance de cause. Connaître son type de sol Les sols minéraux résultent de l’érosion des roches. On les classe selon la taille et la composition de leurs particules. ● texture sableuse, pour un sol bien aéré, riche en sables, mais pauvre en réserves d'eau et en éléments nutritifs ; ● texture limoneuse, pour un sol assez massif, riche en limons, aux mauvaises propriétés physiques ; ● texture argileuse, pour un sol riche en argiles, mal aéré, imperméable, difficile à travailler, mais assez riche en éléments nutritifs ; ● texture équilibrée, correspondant à la texture optimale, présentant toutes les qualités des précédentes. Les proportions granulométriques idéales pour un sol seraient : 40% de sables, 35% de limons et 25% d'argile. Dossier technique n°5 – octobre 2004 2 Il est hautement recommandé de faire réaliser par un laboratoire une analyse granulométrique du sol, surtout dans le cas d'un nouveau jardin. Cette analyse va également fournir des indications sur la nature acide ou calcaire du sol ainsi que sur sa richesse en éléments minéraux. Tous ces éléments vont permettre de ne planter que des végétaux qui rencontreront des conditions optimales de croissance ou de faire, éventuellement, les corrections qui s'imposent. En effet, peu de jardins disposent d’un sol limoneux, fertile, bien drainé, idéal pour la plupart des plantes mais il existe plusieurs moyens d’améliorer le sol de votre jardin. L’incorporation de matières organiques, comme le compost ou le fumier décomposé, augmente le taux en humus du sol et améliore sa structure. L’ajout d’humus dans un sol argileux rassemble les fines particules en éléments plus gros, entre lesquels l’air et l’eau circulent mieux. Un apport d’humus dans un sol sablonneux accroît sa capacité à retenir aussi bien l’eau que les éléments nutritifs. Le pH varie de 0 à 14 : un sol acide a un pH inférieur à 6,5 ; un sol alcalin un pH supérieur à 7,5 ; un sol neutre, un pH voisin de 7. Le chaulage réduit l’acidité, tandis que l’apport de matières organiques diminue l'alcalinité à un certain niveau. En pratique, mieux vaut sélectionner des plantes qui acceptent la qualité du sol de votre jardin, plutôt que d’essayer de changer radicalement le pH. Gérer l’eau dans le sol Principale source d’eau pour les plantes du jardin, la pluie est vitale pour leur développement. Elle pénètre dans le sol, où les radicelles l'absorbent, en même temps que certains éléments minéraux essentiels qui ont été dissous. Un sol aéré, humide, mais néanmoins bien drainé, favorise cette activité. Une terre détrempée manque d’oxygène, ce qui est fatal à la plupart des plantes dont les racines, privées d’oxygène, s’asphyxient et pourrissent En revanche, les végétaux qui poussent à l’état naturel dans un terrain marécageux et détrempé, comme les plantes de marais et des berges des cours d’eau, s’accommodent bien de cette situation. Jouer avec l'ombre et la lumière Toutes les plantes ont besoin de lumière, indispensable pour la photosynthèse qui assure leur croissance. La chaleur du soleil réchauffe l’air et le sol. Elle accroît l'humidité, en raison de l’évaporation qui en résulte. Le taux de croissance d’une plante dépend de la quantité de lumière qu’elle reçoit, donc de la longueur du jour et de la durée de la période de végétation, qui varie selon les climats et les saisons. Les plantes ont des exigences très différentes en matière de lumière. Celles qui aiment le soleil s’étiolent et pâlissent à l’ombre. Inversement, le feuillage des espèces qui sont adaptées à l’ombre flétrit sous l’assaut des rayons du soleil. Dans une région froide, exposez en plein soleil les plantes de climat doux, l'idéal étant de les installer au pied d’un mur ensoleillé. La chaleur de l’été favorise le stockage des éléments nutritifs dans les racines, les bulbes et les tubercules souterrains, ainsi que l’aoûtement des pousses ligneuses, qui permet de mieux résister aux froids de l’hiver. Mais les plantes ont toujours besoin de lumière, même en période de repos végétatif. Les endroits mal éclairés du jardin posent souvent un problème, car la majorité des plantes exigent une exposition ensoleillée pour prospérer. Il faut les agrémenter de végétaux qui poussent spontanément dans un habitat à l’ombre, en sous-bois par exemple, à la base d’une falaise ou d’un ravin, et qui tolèrent une faible luminosité. Il existe diverses intensités d’ombre. La lumière tamisée est semblable à celle que l’on trouve dans les haies et les bois verdoyants, où la lumière filtre au cours de la journée, ce qui permet aux plantes de recevoir directement le soleil durant de courtes périodes. Un emplacement à mi-ombre bénéficie d’un ombrage léger, mais plus ou moins constant durant toute la journée, par exemple à proximité d’un arbre caduc. Un lieu exposé à une ombre épaisse ne reçoit jamais de soleil direct, par exemple sous un arbre ou un arbuste persistant, ou bien entre deux murs, deux haies de conifères ou deux bâtiments. Abriter du vent Le mouvement de l’air à la surface des feuilles augmente la transpiration. Si la perte en eau est supérieure à la quantité que la plante peut puiser dans le sol, le feuillage peut présenter des brûlures et se mettre à sécher. Dans les cas extrêmes, la plante meurt. Ce phénomène est plus redoutable en hiver, notamment chez les persistants, car les pertes en eau ne peuvent être compensées lorsque le sol est gelé. Sur les côtes ou dans les endroits exposés, un vent violent brûle le bout des branches des plantes ligneuses : installez des brise-vent, de préférence des arbres ou des haies, qui abritent sur une distance égale à cinq fois leur hauteur. Protéger du froid Le sol gèle lorsque l’air froid stagne en surface et abaisse la température en-dessous de 0°C. Une poche d’air froid se forme à la base d’une pente, dans une vallée par exemple, ou contre une barrière solide, comme un mur. Lors d’une forte gelée, la contraction du sol provoque un dessèchement qui endommage les racines des plantes. Même des espèces rustiques peuvent subir le dégât du gel, surtout au niveau des jeunes pousses printanières. Paillez les végétaux fragiles afin de les protéger. Évitez de placer ce type de plantes dans un lieu froid et n’installez à cet endroit que des sujets rustiques qui ne démarrent qu’en mai, une fois écarté tout risque de gelée sévère. Dossier technique n°5 – octobre 2004 3 CHOISIR SES VARIETES POTAGERES Les plantes que nous cultivons dans nos jardins sont un exemple de métissage et de "mixité sociale" : vieille souche régionale, fruit encore tout jeune de manipulations géniales et trouvaille exotique coexistent pour le plaisir de tous. C’est la biodiversité variétale, un patrimoine culturel, fait d’anecdotes, de recettes de cuisine, de savoirfaire jardinier, mais d’abord un patrimoine génétique. En effet, les variétés légumières trouvent toutes leur origine dans la recombinaison génétique (le croisement) de deux variétés parentes. On ne fait du neuf qu’avec du vieux. C’est pourquoi il serait abusif de voir dans les variétés locales ou anciennes des entités par nature supérieures aux autres : tous les caractères des variétés modernes proviennent évidemment de variétés plus anciennes, voire des espèces sauvages, quand elles existent encore. Pour la laitue, par exemple, la forme sauvage est souvent utilisée pour les croisements car elle présente des caractères de résistance au gel et aux pucerons qui sont héréditaires. Cela reste une protection naturelle. Notons qu’il n’y a pas d’OGM chez les laitues, tout comme chez les autres légumes cultivés en Belgique. Variété, cultivar, hybride L’amélioration des légumes, qui permet d’obtenir de nouvelles variétés, ne met en jeu que des individus appartenant à la même espèce ou à des espèces voisines. On les croise, seul moyen dont on dispose, classiquement, pour redistribuer les gènes et avoir des chances d’obtenir une descendance réunissant certaines qualités des parents, avec le minimum de défauts. Le gène est le support de l’hérédité. A chaque gène ou groupe de gènes est associé un caractère, comme, par exemple, la couleur du fruit, la résistance au froid ou à telle ou telle maladie. Si l’on pouvait comparer une plante à un ordinateur, son patrimoine génétique serait le logiciel qui lui permet de fonctionner. Une variété potagère améliorée serait alors un ordinateur doté de la dernière version du logiciel. Une variété est, à l’intérieur d’une même espèce, un ensemble de plantes cultivées de plus en plus homogènes et standardisées. Les individus appartenant à cette variété doivent se ressembler le plus possible, et pour cela posséder des patrimoines génétiques le plus proches possible. Un cultivar est une population dans laquelle tous les individus sont strictement semblables d’apparence (ce que les généticiens appellent le phénotype), mais ils possèdent également les mêmes gènes. La variété hybride F1, c’est la première génération qui suit le croisement de deux lignées pures de cultivars. Tous les individus sont identiques, et ils jouissent souvent, outre des qualités des parents, d’une vigueur particulière. Pour l’obtenir, on croise une lignée pure, qui fournit le pollen, avec une autre, dont on supprime les organes mâles et qui donnera les semences hybrides. On trouve des variétés hybrides chez les choux, les Cucurbitacées (courgettes, concombres), la carotte, le maïs, l’asperge, l’endive, la tomate... Les variétés sont issues d’un processus de sélection : on sème des graines issues de très nombreux croisements réalisés de manière plus ou moins dirigée entre différentes plantes "parentes", et on observe ce qui se passe. Dans la descendance, le sélectionneur repère les sujets qui semblent intéressants, puis il les teste en culture pendant plusieurs années, pour enfin en confier la multiplication à des producteurs de semences, après quoi la nouvelle variété sera mise à la disposition des cultivateurs, amateurs ou professionnels. Les caractères d’une variété : exemple de la laitue Rien de plus simple, a priori, qu’une salade. Pourtant, que de progrès depuis le temps où les Egyptiens la cultivaient comme... plante oléagineuse. Des centaines d'années de sélection ont profondément modifié l'espèce sauvage (graines plus grosses plus faciles à semer, perte de la pilosité, moins de latex, feuilles plus grandes, pomme plus grosse et plus serrée…). Si on y regarde de plus près, les centaines de variétés actuelles de laitue diffèrent par d’innombrables caractères. C’est pourquoi le choix de la variété est déterminant pour le succès de toute culture potagère. Type variétal : une laitue peut être "beurre" (laitue pommée ordinaire), "batavia" (feuilles cloquées), "romaine" (pomme élevée) ou "à couper". Parmi les batavias, on peut distinguer les batavias européennes, à pomme lâche, et les batavias américaines à pomme serrée, type 'Iceberg'. Chez les laitues non pommées, on reconnaît aisément différentes sortes comme les Lollo, finement ondulées, les 'feuilles de chêne', à feuilles lobées. Couleur de la graine : blanche ou noire, exceptionnellement jaune. Couleur de la feuille : verte ou rouge (présence de pigments anthocyaniques). Saison ou type de culture auquel la laitue est adaptée : laitue de serre, laitue de plein champ, laitue de printemps, d’été, d’automne ou d’hiver (semée à la fin de l’été précédent, récoltée au printemps). Résistance aux ravageurs ou maladies : mildiou (Bremia), pucerons, viroses… Dossier technique n°5 – octobre 2004 4 La biodiversité végétale diminue-t-elle ? On observe dans le monde une régression générale des variétés locales et paysannes au profit de variétés dites "améliorées". Depuis 100 ans, l'évolution des pratiques maraîchères, du commerce des semences (regroupement des petites maisons en groupes internationaux) et des habitudes alimentaires a entraîné la disparition d'espèces végétales indigènes, jugées sans intérêt. A contrario, on a vu l'arrivée de légumes plus 'exotiques' qui sont venus enrichir la gamme disponible : la courgette, le maïs sucré, le brocoli, le poivron et le fenouil sont apparus, les variétés de tomates ont littéralement "explosé". Variétés de terroir ou hybrides ? C’est un fait : au fil du temps, certaines variétés disparaissent des catalogues, d’autres apparaissent, en fonction des exigences de l’époque. Nous apprécions aujourd'hui les laitues bien vertes et croquantes, c’est pourquoi 'Appia' tend à remplacer 'Grosse blonde paresseuse' dans les potagers. Nous préférons les pommes de terre lisses, à chair jaune et ferme, à celles qui sont bosselées, farineuses et blanches. Nous congelons nos légumes, ce qui rend nécessaires des variétés de haricots verts à récolte groupée. Faut-il regretter cette évolution ? Nous ne rentrerons pas dans le débat, pourtant extrêmement important, de la dépendance des agriculteurs, notamment ceux des pays en voie de développement, vis-à-vis des grands groupes semenciers internationaux pour nous recentrer sur le sujet de ce dossier technique. Pour un particulier souhaitant cultiver des légumes, pour lui et sa famille, de manière écologique, est-il préférable de choisir une variété de terroir ou un hybride ? Bien entendu, il n'existe pas une réponse précise mais des arguments que chacun appréciera en fonction de sa propre sensibilité. Variétés de terroir : Avantages : + héritage 'culturel' des jardiniers d'autrefois + adaptation au terroir où elles ont été développées + possibilité de les multiplier soi-même + participation au maintien d'une biodiversité planétaire + diversité énorme de formes, de couleurs, de goûts au sein d'une même espèce Inconvénients : - capacité germinative plus aléatoire si multiplication personnelle ou artisanale - rendements plus faibles - moindre adaptation à nos habitudes culinaires actuelles - sensibilité à certains ravageurs ou maladies Variétés hybrides : Avantages : + facilité de mise en culture (taux de germination élevé, graines enrobées ou en ruban,…) + récolte homogène et rendements élevés + résistance à certains ravageurs ou maladies Inconvénients : - prix élevé des graines - dépendance totale vis-à-vis des semenciers - standardisation du goût CHOISIR SES VARIETES FRUITIERES Le particulier souhaitant planter un ou des arbres fruitiers doit d'abord réfléchir à l'espace dont il dispose. Si groseilliers et framboisiers trouveront toujours une petite place au bord d'une pelouse ou dans un coin du potager, il n'en va pas de même pour les pommiers-poiriers et encore moins pour les cerisiers et pruniers. L'autre contrainte importante est le sol. De manière générale, les fruitiers demandent un sol limoneux, fertile, bien drainé et craignent autant la sécheresse que l'humidité. En cas de terrain défavorable, il est quasi illusoire d'essayer d'améliorer la situation en amenant terre ou terreau dans le trou de plantation car tôt ou tard, les racines des arbres rencontreront le sol original. Pommiers Le pommier est souvent le premier arbre fruitier qu'un particulier souhaite planter dans son jardin. Il est fortement conseillé de s'adresser à un pépiniériste professionnel plutôt qu'à une jardinerie de grande surface. Dossier technique n°5 – octobre 2004 5 Un pépiniériste digne de ce nom doit pouvoir vous proposer au moins une vingtaine de variétés. Les arbres seront disponibles en scions d'un an, en buissons basse-tige, en demi-tiges, en hautes-tiges et parfois même en espaliers. L'idéal serait de planter une variété que l'on apprécie gustativement mais n'espérez pas cultiver facilement chez vous les variétés du commerce. Des variétés comme Jonagold, Golden Delicious ou Cox's Orange sont assez sensibles aux maladies et demandent des soins (traitements) fréquents pour donner le meilleur d'ellesmêmes. Des variété plus récemment arrivées comme Gala ou Pink Lady ne sont pas disponibles pour les particuliers. Dès lors que choisir ? N'hésitez pas à questionner voisins et personnes de votre entourage pour voir s'il n'existe pas une variété bien adaptée à votre région. On a déjà beaucoup parlé des "anciennes variétés" de Gembloux. Il s'agit en fait, au départ, d'un projet de recherche dont l'objectif premier est de rechercher, parmi les variétés d'arbres fruitiers anciennement cultivées dans nos régions, celles qui présentent une bonne résistance aux maladies. Démarré en 1975, le projet a permis de rassembler à Gembloux 2.550 variétés fruitières dont 1.300 sont des pommiers. Parmi cette collection particulièrement impressionnante, les chercheurs du Centre de Recherches Agronomiques de Gembloux ont retenu 16 variétés dont 11 de pommiers, choisies pour leur bonne résistance ou leur tolérance aux principales maladies. Ces variétés sont multipliées et vendues par des pépiniéristes sous la dénomination générale RGF (Ressources Génétiques Fruitières). VARIÉTÉS DE TABLE : Cwastresse Double Pomme moyenne à grosse, vert-jaune, marbrée-striée d’orangé, côtelée, fin septembre à décembre, fertile, excellente pomme croquante, juteuse et bien sucrée durant un mois, toutes formes, moins fertile en demi-tige, modérément sensible à la tavelure, peu sensible à l’oïdium, moyennement sensible au chancre en basse-tige, mais plus résistante en haute-tige, tendance au point liégeux. Variété traditionnelle wallonne. Gris Braibant Pomme de taille moyenne, vert-ocre, petite joue colorée de rouge sombre au soleil, toute rugueuse, fin octobre à mai, très bonne conservation, fertile, chair de type Reinette, fruit de dessert, toutes formes, peu sensible à la tavelure, moyennement à l’oïdium et au chancre. Variété traditionnelle en Belgique. Joseph Musch Pomme grosse et large, joue colorée de rouge foncé, mi-rugueuse, octobre à janvier, fertile, chair acidulée-sucrée assez dense, de table jusque novembre, meilleure pour cuire ensuite, toutes formes, peu sensible à la tavelure sur fruit et à l’oïdium, moyennement au chancre. Variété du pays de Liège. La Paix Pomme de taille moyenne, allongée, très colorée de rouge, lisse, aromatique et très sucrée, octobre et novembre, fertile, excellente à croquer, à cultiver uniquement en buisson, peu sensible à la tavelure, moyennement sensible à l’oïdium et au chancre. Origine incertaine. Radoux Pomme de calibre moyen, très colorée de rouge vif, octobre à décembre, très fertile, souvent alternante, chair blanche sucrée-acidulée, à croquer jusque fin novembre, toutes formes, peu à modérément sensible à la tavelure, moyennement à l’oïdium et au chancre suivant les endroits. Variété du pays de Liège. Reinette de Blenheim Grosse pomme dorée, striée de rouge-orange, octobre à décembre, lente à se mettre à fruit mais ensuite très fertile, tendance à alterner, pour la table et spécialement pour le four, toutes formes, modérément à moyennement sensible à la tavelure et moyennement à l’oïdium, peut devenir plus sensible au chancre en vieillissant. Origine : Grande-Bretagne. Reinette Evagil Pomme jaune, léger lavis orangé, lisse, calibre moyen à petit, début septembre à octobre, fruit de dessert surtout pour sa chair fine, sucrée-acidulée et son arôme exceptionnel, convient également en cuisson, toutes formes, peu sensible à la tavelure et à l’oïdium, modérément sensible au chancre. Origine : obtenue en Flandre occidentale. Reinette Hernaut Grosse pomme rouge vin, sur fond vert-jaune, lisse, parfois légèrement rugueuse, octobre à février, bonne conservation, très fertile, chair très croquante, juteuse, acidulée-sucrée, très rafraîchissante, également pour la tarte, toutes formes, peu sensible à la tavelure, à l’oïdium, modérément au chancre, tendance au point liégeux suivant les endroits. Variété originaire du Pajottenland. Dossier technique n°5 – octobre 2004 6 VARIÉTÉS CULINAIRES : Grenadier Pomme moyenne à grosse, vert pâle à jaune, août à septembre, fertile, acidulée, supérieure pour compote et pour cuire, toutes formes, très peu sensible à la tavelure et au chancre, moyennement sensible à l’oïdium et au point liégeux. Origine : Grande-Bretagne. Godivert Pomme moyenne à grosse, vert-jaune, à petite joue rouge, novembre à avril-mai, fertile, très acide, excellente pour compote, moyennement sensible à la tavelure, à l’oïdium et au chancre. Origine : inconnue. Président Roulin Grosse pomme jaune, striée de rose, fin septembre à début décembre, très fertile, tendre, acidulée, à deux fins, supérieure pour compote, toutes formes, peu sensible à la tavelure, à l’oïdium et au chancre; très peu sensible au puceron cendré. Origine : obtenue en Brabant Wallon. Poiriers Globalement, les variétés de poiriers sont moins sensibles aux maladies et aux insectes que les pommiers. On trouve chez les pépiniéristes une vingtaine de variétés, belges ou étrangères. Cerisiers Les cerisiers, même cultivés en basse-tiges, prennent beaucoup de place à l'âge adulte car ils sont souvent greffés sur des sujets porte-greffe (SPG) vigoureux. La seule manière d'obtenir un cerisier d'une taille 'raisonnable' est d'acheter des variétés greffées sur DAMIL®, un SPG nanifiant issu des recherches du Département Biotechnologie du CRA de Gembloux. Ces cerisiers sont vendus en exclusivité par les Pépinières 'La Roseraie'. Pruniers Quatre variétés RGF sont disponibles, choisies principalement pour leur bonne fertilité. CHOISIR SES VARIETES ORNEMENTALES Nous allons survoler le choix des variétés dans les plantes ornementales, d'une part parce qu'il s'agit d'un domaine si vaste qu'on pourrait y consacrer des dizaines de dossiers techniques et surtout parce qu'il s'agit là d'un sujet où le cœur l'emporte souvent sur la raison. Nous ne pouvons que rappeler l'importance du sol et du climat : inutile de vouloir cultiver des rhododendrons ou des azalées en terre calcaire, illusoire de voir prospérer des plantes méditerranéennes dans un sol lourd et trempé l'hiver, se méfier des belles roses sélectionnées dans le sud de la France et préférer les obtentions anglaises ou allemandes. Pour le reste, à part quelques exceptions, il n'existe pas vraiment de plantes que l'on peut garantir plus résistantes que d'autres à telle ou telle maladie. Par contre, des choix intelligents peuvent être faits lorsqu'il s'agit de planter une haie par exemple. Des essences indigènes abriteront toujours une faune auxiliaire plus importante que des variétés exotiques. De même, les sélections horticoles à grosses fleurs (annuelles, vivaces ou arbustes) sont souvent moins attractives pour les insectes que les variétés plus proches du type 'sauvage'. Pour terminer, signalons que dans le domaine ornemental, la biodiversité est plutôt en augmentation. Chaque saison, on voit apparaître une nouvelle plante vivace ou un nouvel arbuste originaire d'un pays lointain. Cette distance ne signifie pas pour autant plus grande sensibilité : il gèle aussi à –20°C au Nord de la Chine ou sur les pentes de l'Himalaya… Alors, pourquoi ne pas adopter un gracieux bambou ou un joli bananier ? Dossier technique n°5 – octobre 2004 7 CONTACTS Biodiversité potagère • Graines Baumaux : vente par correspondance de variétés paysannes et d'hybrides F1 B.P. 100 – 54062 Nancy Cedex Tél : 00 33 383 15 86 86 – Fax : 00 33 383 15 86 80 – [email protected] – www.baumaux.com • L'Ortie-Culture : légumes originaux et plantes condimentaires Fourneau de Vaulx, 1 – 5646 Stave (Mettet) Tél/fax : 071/72 97 54 – [email protected] • Semailles : plus de 400 variétés de semences et plants bio, certaines variétés sélectionnées en Belgique Rue du Sabotier, 20 - 5340 Faulx-Les-Tombes Tél. : 081/57 02 97 - Fax : 081/23 03 87 - [email protected] – www.semaille.com • Les Semences de Kokopelli : collection de 2500 variétés potagères, manuel de production de semences Rue Fontena, 1 – 5374 Maffe Tél : 086/32 31 72 – www.kokopelli.asso.fr Variétés fruitières • Département Lutte Biologique et Ressources phytogénétiques – CRA-W : fiches descriptives des variétés RGF Rue de Liroux, 4 – 5030 Gembloux Tél : 081/62 03 33 - Fax : 081/62 03 49 • Pépinières d'Enghien : arbres fruitiers formés et formes palissées Rue Noir Mouchon, 23 bis – 7850 Petit-Enghien Tél/fax : 02/395 75 57 – GSM : 0476/57 17 14 – [email protected] • Pépinières 'La Roseraie.': grand choix d'anciennes variétés fruitières et cerisier nain DAMIL Rue John Kennedy, 59 – 6250 Aiseau-Presles (Roselies) Tél : 071/77 39 36 – Fax : 071/74 01 43 - [email protected] - www.pepiniereslaroseraie.be • Pépinières de Louveigné : pépinières générales avec spécialité arbres fruitiers Route de Theux, 122 – 4141 Louveigné Tél : 04/360 80 98 – Fax : 04/360 93 81 – [email protected] - www.pepinieresdelouveigne.be Plantes exotiques • Pépinière 'Bambou du bois' : bambous et camélias Rue Bayet, 113 – 6180 Courcelles Tél/fax : 071/45 51 20 – [email protected] – www.bamboudubois.be • Pépinière Houzeauana : bambous et graminées ornementales Rue de Pâturages, 18 – 7080 Noirchain Tél : 0476/35 75 12 – Fax : 065/51 20 48 – [email protected] – www.houzeauana.com • Pépinières Penninckx : plantes méditerranéennes, exotiques résistantes au froid Autoroute A8/E429 (Halle-Tournai) Sortie 27 - 7850 Marcq/Enghien Tél : 02/395 96 25 - Fax : 02/395 61 65 - [email protected] – www.penninckx.com Dossier technique n°5 – octobre 2004 8