extrait

Transcription

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DESCRIPTIONS
FONCTIONNELLES
POINTS DE REPÈRE
TOPOGRAPHIQUES
ACRES (rue des) : va de la rue des Costils à la rue du
général Gerhardt ; DCM du 27 / 01 / 1982. Acre, «
mesure agraire représentant le plus souvent quatre
vergées, soit environ 8 000 m2 », est issu de l’ancien scandinave akr, qui avait le sens de « champ
cultivé, terrain à labourer ». Son sémantisme a
vraisemblablement été influencé par celui du vieil
anglais æcer « champ, quantité définie de terre ».
Nous sommes donc en présence d’un terme qui
s’est implanté en Normandie par l’intermédiaire
des Vikings venus d’Angleterre et qui s’est imposé
sur l’ensemble du territoire au Moyen Âge, sans
doute par une volonté politique ducale.
BUTTE (La) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, au nord de la
Chambre d’agriculture.
CABINES (rue des) : va du chemin des Carrières à la
rue Dunant. Elle s’appelait en 1431 la rue es Fèves,
du nom d’une famille Le Feuvre ou Le Fèvre. Dans
une délibération du conseil municipal du 10 février
1839, cette rue s’appelait rue de la Cabine. Il est possible que cabine soit une forme dialectale de l’ancien français cavine, nom dérivé du latin cavus «
creux », désignant une ravine, une pente accentuée, un lieu encaissé.
CASCADES (parking des) : donne sur la montée du
Bois-André (un ruisseau arrive sur ce parking).
CAVÉE (rue de la) : va de la rue Alsace-Lorraine à
la place de Gouville à Agneaux. Elle tire son nom
de sa forme en creux, du latin cavata « creuse ».
Cette rue était autrefois le vieux chemin de SaintLô à Coutances.
CHENNIÈRE (allée de la) : va de la rue Nicolas Houël
à la rue aux manoirs ; DCM du 20/05/1957. Il existait en 1405, sur le territoire de la commune de
Saint-Thomas, une rue presque parallèle à la rue
Hault-Torteron nommée la rue de la Chennière.
CINQ-CHEMINS (rue des) : va du rond-point de l’Europe au rond-point des Cinq-Chemins ; DCM du
30/06/2003. Une carte de 1823 de Saint-Lô éditée
par monsieur Esmangart nous permet de penser
que le nom a été donné en référence au carrefour
qui se trouvait à cet endroit et d’où partaient cinq
chemins. Un arrêt de Louis XIV de 1671 fixait la
largeur d’un chemin à 8 pieds, soit 2,60 m.
CINQ-CHEMINS (rond-point des) : dessert la rue des
Cinq-Chemins et la rue Louise-Michel ; DCM du
23/09/2002. Voir la rue des Cinq-Chemins.
COSTILS (Les) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô entre la D 974
et la Vire. Le nom costil dérive du latin costa «
côte » et désigne en ancien français une côte, un
coteau. Dans le Dictionnaire du monde rural de
Marcel Lachiver, un côtil peut être, en Normandie, une pièce de terre qui est située sur le versant
d’une colline.
COSTILS (rue des) : située à l’est du chemin de la
Roquette ; dénomination proposée en raison de
la configuration géographique du lieu. Voir Les
Costils.
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L’ UN IV ERS S O C IA L
CRETTE (chemin de la) : nom d’une parcelle riveraine donné au chemin rural allant de Lignerolles à
la rocade. Il s’agit d’une portion du chemin appelé
« de Lignerolles au Hutrel » ; DCM du 22/05/2001.
Une crette pouvait désigner en ancien français une
masure, une ferme.
CREUSET (rue du) : va de la rue Philippe d’Aigneaux
au bois de la Falaise. Creuset signifie « petit creux ».
CREUSET (passage du) : donne sur la rue du Creuset. Voir la rue du Creuset.
ENFER (chemin de l’) : va de la rue de la Trapinière à
la rue Saint-Jean. Le latin infernus, a, um, signifie «
en bas » ; l’ancien français enfer peut donc désigner
un lieu en contrebas, ou encaissé, en accord avec
la topographie des lieux. C’est l’explication la plus
plausible. On dit aussi que ce chemin, situé à l’est
de la ville, menait aux endroits servant à inhumer
les pestiférés, du XIVe au XVIe siècle. Les vents
dominants étant d’ouest, la population aurait ainsi
été protégée des miasmes.
FALAISE (rue de la) : va de la rue du Creuset vers le
bois de la Falaise. Falaise vient du francique falisa
qui signifie « rocher » ; le mot falaise apparaît pour
la première fois chez Wace, il a été introduit en
français par l’intermédiaire du dialecte normand.
Philippe d’Aigneaux aumôna en 1217 cette terre à
l’hôtel-Dieu.
FALAISE (rampe de la) : Voir rue de la Falaise.
FONTAINE (rue de la) : va de la rue de la Haute-Folie
à la rue du Grand-Jardin ; DCM du 07/03/1990.
Ce nom concerne certainement une ancienne fontaine située à cet endroit.
FOSSÉS (rue des) : va de la rue Torteron à la rue de
Villedieu, cette voie dessert l’arrière des maisons
de la rue Torteron. Selon André Descoqs, « […]
le ruisseau de Torteron a dû être à une époque
très éloignée creusé et élargi pour assécher la vallée. Le fossé ainsi établi descendait vraisemblablement jusqu’à la Vire. En effet le cartulaire de l’église
Notre-Dame mentionne “le fossé de derrière les
Ruettes”. De plus certaines pièces d’un dossier des
archives de l’hôpital intitulé “Le Pré Algarins [c’està-dire le pré appartenant à la famille Garin] autrement des Fossés ou des Avalaisons” nous parlent
de cet ouvrage ; notamment un acte de 1359 » .
HAMEAU (allée du) : va de la rue du général Lemarois à la rue du Pontchéel ; DCM du 26/10/1999.
HAUTE-RUE (rue) : va de la rue Élisabeth-de-Surville à la rue Béchevel. Cette rue doit vraisembla-
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blement son nom à sa situation sur les hauteurs
de Saint-Lô.
HUTREL (Le) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô, non loin de
la D 972. C’est sur le Livre rouge ou Cartulaire
de l’hôtel-Dieu de Saint-Lô que le nom du Huterel apparaît pour la première fois et cela à propos
d’une pièce de terre cédée à cet établissement par
Richard du Huterel (1250). Le mot huterel signifie en Basse-Normandie « butte » ou « levée de
terre». Le village du Huterel offre un aspect particulier. Les maisons, au lieu de s’aligner en rues,
sont disséminées autour d’un terrain vague appelé
« la commune du Huterel » et contenant un hectare environ. La jouissance de cette place est exclusivement réservée aux riverains. Des maisons qui
entourent cette grande place, une seule présente
quelques caractères d’ancienneté. Elle remonte au
XVIe siècle et est appelée « la grande maison du
Huterel ». Cette maison faisait partie du fief Taby,
ainsi appelé du nom d’une des premières familles
qui tinrent cette roture du baron évêque de SaintLô. Un Thomas Taby vivait à Saint-Thomas-deSaint-Lô vers le milieu du XIIIe siècle. Au XVe
siècle, les Le Tellier possédaient au Huterel divers
champs dont la tenure n’est pas connue. Au XVIe
siècle, maître Michel Putot, avocat, prenait le titre
de sieur du Huterel. Plus tard, on rencontre encore
au Huterel des Hardy, des Sanson, mais surtout des
Le Tellier, tels Maistre Jean-Pierre-David Le Tellier,
conseiller et avocat du Roi au bailliage de Saint-Lô
(1771). voir fig. 1
MONCEAUX : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, à proximité
de la route d’Isigny-sur-Mer (D 6) et tout près de
la commune du Mesnil-Rouxelin. Monceau vient
du latin monticellum, diminutif de mons, et a produit en ancien français moncel, signifiant « petit
mont, colline ». Ce lieu-dit, qui s’est également
écrit Montsaulx, est connu dès le XIIe siècle. Le
cartulaire manuscrit de l’abbaye de Saint-Lô fait
connaître qu’Henri II d’Angleterre, duc de Normandie, confirma à ce monastère la donation d’un
pré compris entre deux moulins situés sur la Dollée et aumôné par Geoffroy, fils d’Hervé de Montsaulx. Montsaulx était une aînesse importante de
la seigneurie de Pierrefitte ; il comprenait non seulement la terre de ce nom, mais encore celle de la
Barberie et de la Coudraye. Les renseignements
COMMERCE · ARTISANAT
font défaut pour établir la liste des aînés à partir
de Geffroy de Montsaulx.
MONT-RUSSEL (rue du) : va du boulevard de la Dollée à la rue de Verdun. Russel est probablement
une variante de ruissel, « ruisseau ». Les parlers
locaux de Normandie ont généralement réduit la
diphtongue [yi] à [y].
MONCHAIS (Le) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Saint-Thomas-de-Saint-Lô, entre la
Grande Gouherie et le Hutrel. Monchais est la
forme dialectale de moncel qui veut dire « petit
mont ». Le domaine donna certainement son
nom à la famille du Moncel, Moncelle ou Monchais, dont firent partie Thomas de Moncello, Gregorius de Moncel, Johanna et Alicia de Moncello,
cités au Livre rouge ou Cartulaire de l’hôtel-Dieu
de Saint-Lô. Le Monchais a appartenu successivement aux familles Quétier, Coquet et Samson.
Signalons, dans ce qui était auparavant la charreterie, une petite fenêtre de style ogival datant
du XIVe ou du XVe siècle, à côté de laquelle la
muraille qui l’encastre se creuse, comme si la paroi
eût appartenu à une tourelle. Une tradition, peutêtre récente, y voit les derniers vestiges d’une chapelle qu’il faudrait alors faire remonter aux temps
des Coquet ou des Quetier.
MONTERIE (La) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, entre les
rivières Le Semilly (au nord) et Fumichon (au sud).
Ce nom indique qu’il s’agit d’une colline, d’un sommet peu élevé.
MONTS (Les) : lieu-dit de l’ancienne commune de
Sainte-Croix-de-Saint-Lô situé au sud de Saint-Lô,
à proximité de la commune de Baudre ; désignation donnée en fonction du relief. Au XVIIe siècle,
Gilles Girard, mari de Catherine de Parfouru, était
sieur des Monts.
MONTS (rue des) : va de la Planche-du-Bois à la
route d’Isigny (D 6) ; DCM du 20/01/1999.
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L’ UN IV ERS S O C IA L
MONTS COSNARDS (Les) : lieu-dit situé au nord-est
de Saint-Lô, au niveau de la D 88. Le sens actuel
de « mari trompé » est possible, mais il n’est attesté
dans aucun texte avant 1608. Dans les campagnes
de Basse-Normandie, il avait le sens de « fier, vaniteux »; au Moyen Âge, le mot cornard désignait un
niais, un nigaud, et cosnard signifiait « stupide, âne,
guignol ». Il existait une confrérie des cornards ou
cônards à Rouen, à Évreux, à Cherbourg. À Cherbourg, le bailli des cosnards était élu chaque année.
Il portait comme insignes la mitre et la crosse. Vêtu
de la sorte, il parcourait les rues monté sur un âne.
Pour Mardi gras, ou pour le jour de la Saint-Barnabé qui tombe le 11 juin, un cortège s’organisait à
travers la ville. Les cosnards, déguisés et masqués,
formaient une procession gaie et burlesque ; ils
jetaient des fruits secs et des épices aux enfants. À
ceux qui le méritaient, ils adressaient sur leur passage des remarques acides et de mordantes épigrammes. Leur verve visait volontiers les abus du
clergé dont ils parodiaient les cérémonies et la hiérarchie. Pour la plupart, les cosnards se recrutaient
parmi les hommes de loi, avocats, huissiers, juges
et procureurs ainsi que parmi les chefs des corporations. Lorsque le cortège s’était suffisamment
diverti en parcourant la ville, il traversait les faubourgs et se dirigeait vers la vallée de Quincampoix. Il suivait la Divette et terminait la randonnée
au pont que l’on nomme encore aujourd’hui aux
Cosnards. L’un des membres possédait là une maison où tous les frères cosnards ripaillaient deux
jours durant. Même si elle n’est pas attestée, une
semblable confrérie a pu exister à Saint-Lô. En 1431,
Richard Cosnard, cordonnier, habitait près de l’abbaye de Sainte-Croix-de-Saint-Lô. Dans un extrait
d’une délibération du 10 février 1839, on trouve un
monsieur Cosnard habitant Venelle du Grouais. À
la demande des riverains, le nom du lieu-dit, jugé
péjoratif ou injurieux, a été supprimé.
MONTS-DE-LA-HEUTIÈRE (route des) : va de la limite
de la commune à la N 2174 (ancienne N 174), route
passant par les lieux-dits Les Monts et La Heutière
; DCM du 27/10/2005. Voir lieu-dit La Heutière.
PÉRELLES (rue des) : va de la promenade des
Pérelles à la rue Valvidemesle. Cette rue se trouve
sur un plateau pierreux et qui s’appelait dès le XVe
siècle, les « Prelles » ou « Perrelles » ; pérelle est en
effet une forme diminutive du latin petra « pierre
». Michel Gouffrey qui était Juge de Garde de la
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monnaye, office qu’il occupa, au moins de 1680 à
1689, se qualifiait de Sieur des Pérelles.
PÉRELLES (promenade des) : débouche sur la rue
Valvidemesle. Voir rue des Pérelles.
PETITE-SUISSE (rue de la) : va de la route d’Isigny (prolongation de la rue d’Isigny, maintenant
nommée rue du général Gerhardt) au chemin du
Bois. La configuration des lieux, avec cette vallée de la Dollée encadrée par des pentes boisées,
a sans doute suggéré cette appellation, comme l’a
été celle de Suisse normande dans la Basse-Normandie intérieure.
PIERREFITTE : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, entre les
routes de Bayeux et de Caumont-l’Éventé. Pierrefitte vient du latin petra ficta qui signifie « pierre
fichée ». La dénomination désigne l’endroit où il
y a une pierre dressée, peut-être une borne ou un
mégalithe. En 1599, Georges de Varroc était sieur
de Pierrefitte. En 1666, Chamillard admit parmi
les anciens nobles Pierre Varroc, sieur du Butel
et de Pierrefitte.
PRÉ-DE-BAS (rue du) : impasse qui débouche sur la
rue de l’Ombrée.
PRÉ-DE-HAUT (rue du) : va de la place de l’Arc-enCiel au boulevard de la Dollée.
RÉDUCHÊNE (Le) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, à proximité de
la D 88. Sur la carte de Cassini (seconde moitié
du XVIIIe siècle), on trouve le « Roy du Chêne
», rey étant la version dialectale de roy / roi. Mais
le français rayon, sous sa forme normande rioun,
est employé au sens de « sillon ». Par ailleurs, on
appelle encore raie un sillon entre deux bandes de
terre labourée. Nous sommes donc probablement
en présence d’une désignation agricole à caractère topographique, vraisemblablement assortie
d’un nom d’homme : Le Rai Duchêne (peut-être
pour Duquesne). Le rai, du latin rigare signifiant
« s’écouler », « ruisseler », désigne également un
filet d’eau.
ROCREUIL (rue du) : va du rond-point Paul-Nelson
et rejoint la vallée Cagnon à Agneaux ; DCM du
23/09/2002. « Rocreul » ou « Roquereul » n’est pas
connu avant 1460. C’était aux XIIe et XIVe siècles
« La petite Vaucelle » qui dépendait du fief de la
Vaucelle sis sur la paroisse Notre-Dame de SaintLô. Dans la délibération du Conseil général en 1848,
il est dit que « L’écluse du Rocreuil est en construc-
L’U NIVERS SOCIAL
tion et les assises de la maçonnerie ont pu être
établies sur le rocher. Il n’en est pas de même du
barrage ; l’on rencontre, dans ce moment-ci, d’assez grandes difficultés, et tout fait croire qu’il ne
pourra être que sur le sable ». Rocreul dérive du
latin rocca, qui a donné en français le nom roche.
VALENÇON (Le) : lieu-dit situé au nord de la route
de Candol (D 999), à proximité de la maison du
département et du lieu-dit La Poulinière, ce nom
Valençon viendrait de « Vey-Lançon » (XVIe
siècle), un vey étant la forme dialectale pour un
gué, les deux termes étant issus du latin vadum.
Ce gué n’est autre que l’ancien radier de la Poulinière si connu des amateurs de pêche. On parlait
déjà de ce gué dans un acte de 1242 dans le Livre
rouge ou Cartulaire de l’hôtel-Dieu de Saint-Lô.
Lançon est probablement un patronyme, à l’origine un diminutif du mot lance.
VALLON (rue du) : va de la place Barbey-d’Aurevilly
à la rue Émile-Énault. Cette rue se trouve dans un
vallon où coule un ruisseau.
VALLON (allée du) : va de la rue Émile-Énault à la
rue Abbé-Frémy. Voir rue du Vallon.
VALVIDEMESLE (rue) : va de la rue Élisabeth-de-Surville à la rue Saint-Thomas. Au XIIIe siècle, elle
s’appelait la Vitemesle, mais il arriva bientôt que
par suite de la configuration du terrain, ce nom fut
précédé du mot Val. L’un des chapitres du journal
des revenus de l’hôtel-Dieu est intitulé en l’année
1400 Le Valvidemesle, tandis que le même compte,
en 1405, mentionne les rues Val Vitemelle et du Val
Vitemelle à la Gouherie. Cette dernière appellation
indique d’une façon claire et précise l’orientation
de la rue Valvidemesle. Ce renseignement est utile,
car des textes anciens permettent de confondre
parfois cette rue avec la rue Corne-de-Cerf. Le
cartulaire de l’église Notre-Dame mentionne la
rue Valvitemesle (1438). L’étymologie du mot Vitemesle est obscure : peut-il s’agir d’une variante de
l’ancien français vitecoc « coq de bruyère, sorte de
grosse bécasse », mesle étant une forme dialectale
de merle, avec un amuïssement de la consonne [r]
devant la consonne liquide [l] ? Il est en revanche
assuré que la consonne dentale intervocalique [t]
s’est ensuite sonorisée en [d].
VALVIRE (rue) : débouche sur la rue de la Poterne
; DCM du 10/06/1966. Cette rue de la basse ville
qui longe la rivière s’appelait jadis la « Vauvire »
ou « Val de Vire ». Elle s’appela successivement
au cours des siècles « rue tendante aux Moulins
de Vire ou bien au Pont de Dollée », puis rue de
Vire, pour s’appeler définitivement rue Valvire en
1416. Cette rue Valvire était l’unique rue du quartier. Elle menait aux moulins de Vire construits au
XIe siècle par l’évêque Geoffroy de Montbray et qui
furent longtemps les plus importants de la ville et
de sa banlieue. Son prolongement vers le nord s’appelait « le chemin qui mène à Montcocq » (1437).
Ce chemin desservait le port à vins ou port Cauvelande établi sous le mont Vaudon, inutilisé depuis
la canalisation de la rivière mais dont l’emplacement reste connu sous le nom de port Cavelande.
VALVIRE (ancienne rue) : fait communiquer la venelle
Foucard avec la rue Valvire ; DCM du 24/04/1967.
ARCHITECTURAUX
Édifices religieux
va de la rue des 29e et 35e divisions à la rue du général Gerhardt ; DCM du
21/03/1966. Cette modeste rue évoque l’ancienne
abbaye de Saint-Lô. Elle se dressait au haut du
Neufbourg, au milieu d’un vaste domaine. Elle
comprenait le manoir abbatial, l’église et le cimetière de l’abbaye. L’entrée de l’abbatiale s’opérait par
la rue du Neufbourg. Logis abbatial, grange, boulangerie, pressoir, cellier, colombier, maison des
blanchisseuses se pressaient autour de cours intérieures et étaient entourés de jardins. L’un des jardins était accessible par la rue du Neufbourg. Le
cimetière de l’abbaye était destiné à l’inhumation
des morts des trois paroisses de la ville : SaintLô, Sainte-Croix-de-Saint-Lô et Saint-Thomasde-Saint-Lô. Il était situé au niveau de la place
comprise entre la rue du Neufbourg et l’église
Sainte-Croix. Il fut désaffecté en 1788 et remplacé
par le cimetière actuel à la suite d’une épidémie
de variole. Les terrains dépendant de l’ancienne
abbaye de Saint-Lô furent aliénés en 1811, afin d’établir un dépôt d’étalons et de remonte. Les origines
de l’abbaye sont incertaines. La légende veut que
ce soit Sainte-Hélène, mère de l’empereur Constantin au IVe siècle, qui ordonna l’édification, à Briovère, du premier temple catholique, à la place d’un
temple païen, sous le vocable de Saint-Étienne, qui
fut pape de 253 à 257. Charlemagne, en 805, fit un
ABBAYE (rue de l’) :
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voyage en Cotentin et aurait rebâti le monastère,
détruit par la première invasion des Normands, et
lui aurait donné une parcelle de la vraie Croix :
ainsi, l’église Saint-Étienne devint l’église SainteCroix
CAPELLE (La) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, entre la rue
Léon-Jouhaux et l’impasse du Domaine. Ce nom
vient du mot latin capella, à l’origine du français
chapelle, et désigne un sanctuaire chrétien d’importance secondaire. Vers 1200, Hugues de Rampan, chevalier, donna à l’abbaye de Saint-Lô le
champ de la Capelle et les costils du Petit-Douit.
La forme capelle, sans palatisation de la consonne
initiale, est normano-picarde.
CHAPELLE (impasse de la) : débouche sur la rue de
la Grange. Cette chapelle faisait partie de la léproserie de la Madeleine. Très délabrée, elle fut utilisée comme dépendance d’une exploitation rurale,
ce qui explique le nom de la rue de la Grange, à
laquelle aboutit cette impasse.
ÉGLISE (rue de l’) : commence route de Carentan,
passe le long de l’église Saint-Georges et continue
vers Villiers-Fossard.
MADELEINE (rue de la) : va de la rue de la Goubedière à la rue de la Planche-du-Bois. Un ancien
chemin, le chemin de Bayeux, partait du cimetière de l’abbaye de Sainte-Croix, empruntait
la rue de la Madeleine en suivant le tracé d’une
ancienne voie romaine, et accédait à la chapelle
de la Madeleine. Cet édifice est ce qui reste d’un
établissement connu sous le nom de « léproserie
de la Magdelaine ». C’est lors le troisième concile
de Lyon, en 533, qu’il fut ordonné que les lépreux
seraient nourris, entretenus aux frais de l’Église,
par les soins de l’évêque. Charlemagne, par un édit
de 789, sépara les lépreux de la société. À partir du
XIIe siècle, l’Europe se couvrit d’asiles destinés à
abriter les lépreux. Ces hôpitaux étaient appelés
léproseries, ladreries, ou maladreries ; ils étaient
dédiés très souvent à sainte Madeleine. L’existence
de la maladrerie de la Magdelaine est révélée par
le cartulaire de Notre-Dame-de-Saint-Lô en 1215
et par une inscription en gothique carrée qui se
trouve sur le porche de l’église de Saint-GeorgesMontcocq, datée et faisant état de la maladrerie.
À proximité, sur « le Férage de la Madeleine », se
tenait le 22 juillet « la foire Madeleine », transférée au XVIIIe siècle sur la place du champ de
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Mars (férage dérive du mot fère, forme dialectale de foire). Cette foire, dont un acte de 1336
mentionne qu’elle était « appartenante au prieur
et frères malades », semble avoir été créée pour
fournir des revenus à la léproserie, fondée par les
bourgeois de Saint-Lô, donnée et réunie à l’hôpital général de la ville. Une patente du 7 avril 1584
stipulait que le revenu de la léproserie était destiné
à la nourriture des malades. Un document, de la
moitié du XVIIe siècle, donnait le détail du patrimoine des lépreux. Le 22 février 1611, par lettres
patentes du roi Louis XIII, la Magdelaine fut réunie à la fabrique de Notre-Dame-de-Saint-Lô sur
l’avis du cardinal du Perron, grand aumônier de
France. Au début du XVIIIe siècle, la léproserie
n’existait plus que de nom, les paroissiens nommaient le chapelain obligé de dire la messe tous
les dimanches à la chapelle. Puis on aurait cessé
d’y dire ces messes et d’enterrer les morts dans le
cimetière des lépreux qui la bordait au nord, vers le
milieu du XVIIIe siècle. À la Révolution, les biens
dépendant du trésor et de la fabrique de l’église
Notre-Dame-de-Saint-Lô furent vendus, la terre
et la chapelle également, sans « les bancs, escabots
et autel ». Pendant la Révolution, la chapelle aurait
servi de magasin à fourrage et d’asile aux prêtres
réfractaires. Après la Révolution, il fut question de
la rendre au culte. En 1922, la famille Tréfeu était
propriétaire de la chapelle, convertie en dépendance agricole, et des terres qui en dépendaient.
Après avoir été bien délabrée, cette chapelle, classée monument historique en 1974 et acquise par
la ville de Saint-Lô en 1988, fut restaurée et transformée en 1994 en mémorial dédié aux soldats des
29e et 35e divisions américaines ayant libéré SaintLô (voir fig. 2).
NOTRE-DAME (parvis) : espace relativement étroit
devant l’église Notre-Dame, dessert les rues Carnot, des Prés, Porte-au-Lait, Henri-Amiard et de
la Chancellerie ; DCM du 02/05/1955. Ce parvis est dominé par l’église Notre-Dame. L’église
actuelle succède à la chapelle « Sainte-Marie-duChâteau » qui, vers le milieu du XIe siècle, fut érigée en paroisse. L’édifice devint rapidement trop
exigu et la construction de la nouvelle église commença vers 1290 ; elle se termina en 1685, quatre
siècles furent nécessaires à l’achèvement de NotreDame. Cette œuvre résulte d’une longue patience.
Le monument n’a pas été édifié sur un espace libre
L’U NIVERS SOCIAL
où ses différentes parties auraient pu se développer suivant le plan prévu. Au contraire, les trésoriers de la paroisse ne disposaient pas de grosses
sommes et devaient acheter le terrain nécessaire,
au fur et à mesure de leur disponibilité, parcelle
par parcelle, aux différents propriétaires des maisons regroupées autour du château épiscopal, sur
le plateau de la ville haute. Au cours des siècles
suivants, l’édifice ne reçut que des modifications
de détails, mais ce fut le XXe siècle qui apporta le
chaos, les 6 et 7 juin 1944, et l’on pouvait craindre
une ruine définitive. L’église fut restaurée par M.
Froidevaux, architecte en chef des monuments historiques. C’est à lui que l’on doit la façade en schiste
et les portes de bronze, que l’on voit depuis le parvis. (voir fig 3)
SAINTE-CROIX (place) : débouche sur la rue du
Neufbourg, la rue des 29e et 36e divisions et la
rue Vieillard-de-Boismartin. Située sur le côté sud
de l’église Sainte-Croix, elle se nommait « place
de l’ancien cimetière », lequel servait aux trois
paroisses de la ville, Saint-Lô, Sainte-Croix et
Saint-Thomas. Ce cimetière fut désaffecté en 1788,
à la suite d’une épidémie de variole, et transféré
dans une partie du clos à l’Abbé, correspondant à
l’emplacement du cimetière actuel. Il surplombait
la rue du Neufbourg d’environ deux mètres et était
encadré sur les quatre côtés de rangées d’arbres. Le
vieux cimetière fut transformé en place publique.
Les travaux de nivellement mirent à jour d’anciens
sarcophages. L’église faisait partie de l’abbaye de
Saint-Lô. (voir fig. 4)
SAINT-THOMAS (rue) : va de la rue Torteron à la
rue de la Marne. Dénomination ancienne. La rue
Saint-Thomas doit son origine à l’église qui fut
rebâtie en 1624 au faubourg Torteron, sur le bord
de ce ruisseau maintenant canalisé. Une ancienne
église existait antérieurement à l’est du château.
Construite en 1170, elle était sous le vocable de
Saint Thomas de Cantorbéry (Thomas Becket) qui,
suivant la chronique, serait passé à Saint-Lô cette
même année 1170. La nouvelle église fut transfor-
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L’ UN IV ERS S O C IA L
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L’U NIVERS SOCIAL
mée par la suite en halle, puis démolie pour faire
place au théâtre, qui lui-même fut détruit en juin
1944. Il se situait à l’angle de la rue Saint-Thomas
et de la rue de la Herbaudière. (voir fig. 5)
Édifices militaires
BELLE (rue du) : va de la place général de Gaulle à la
rue de la Chancellerie. Ce lieu, connu depuis 1174
sous le nom de « Porte du Belle », « Belle » ou «
Baelle », était la place d’armes de l’ancien château
féodal. Son nom signifiait « territoire, enceinte »
d’un château, c’est une variante de l’ancien français
baille / bail, terme issu du latin baculum « bâton,
pieu », d’où « palissade, enceinte ». Elle était autrefois appelée « rue allante de l’église Notre-Dame à
la Porte du Neufbourg » ; peuplée de bourgeois et
de prêtres, c’était un quartier important au XVe
siècle. On relevait dans le compte de la baronnie
de Saint-Lô, pour les années 1445-1446, au chapitre « le Baelle » les noms de trente-quatre personnes sujettes à rentes envers le seigneur baron du
lieu. Cela nous montre l’importance que pouvait
avoir ce quartier, de peu d’étendue cependant. Le
Belle fut complètement rasé au XVIe siècle lors de
l’édification de la citadelle de Saint-Lô. On a donc
conservé ce nom de rue du Belle en souvenir de la
place d’armes du château féodal.
CHÂTEAU (rue du) : va de la rue Dame-Denise à la
rue Alfred-Dussaux. La rue du Château tire son
nom de l’ancienne appellation de « l’Enclos » qui
constituait Saint-Lô au IXe siècle. Toustain de Billy
dans son Histoire du Cotentin, indique que Réginon, abbé de Prum, l’appelait « le Château ou la
ville de Saint-Lô ». C’était, peut-être comme du
temps des Romains, une ville forte. En 1140, la
charte d’Algare, évêque de Coutances, instituant
les chanoines réguliers de Saint-Augustin, fait allusion à « Notre-Dame du Château ». Au XIVe siècle,
la ville de Saint-Lô était constituée du Château ou
Enclos et de trois faubourgs ; on rencontre pour la
première fois ce nom d’« Enclos » dans un contrat
de 1480. Au XVe siècle, cette rue s’appelait la « rue
de la Court l’Evesque », du latin cohors, -ortis «
domaine », devenu au Moyen Âge court. Elle correspondait exactement, à l’est, au grand portail du
« Château de l’Evesque » dit « la Court de l’Evesque
». La rue fut connue au XVIIe siècle sous le nom de
la rue de l’Évêché, elle s’appela au XVIIIe siècle rue
du Château, nom qu’elle porte encore aujourd’hui
(voir fig. 6).
CHEVALERIE (La) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, entre la rivière
Le Semilly et la commune de La Barre-de-Semilly.
Au XVe siècle, les lieux-dits dénommés La Chevalerie correspondent à d’anciennes commanderies, considérées comme « maisons de chevaliers
», quand ils ne représentent pas les biens de propriétaires dont le nom patronymique est Chevalier.
Des fouilles ont été effectuées avant les travaux de
voirie au sud de Saint-Lô. Des vestiges datés des
IIe et IIIe siècles de notre ère ont été étudiés. Ils ont
livré un mobilier céramique typique de la période
gallo-romaine ; la majorité de la vaisselle est tournée et les produits d’importation sont nombreux.
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L’ UN IV ERS S O C IA L
GUET (impasse du) : débouche rue de Tessy ; DCM
du 07/03/1966. Ancien poste de garde donnant
accès à la caserne Bellevue.
PORTE-AU-FOUR (rue) : va de la rue Belle-Croix à
la rue Saint-Georges. Dès 1593, elle est signalée sur
un acte sous le nom de « Porte Dufour ». Au XIIIe
siècle, des Dufour occupent la « maison du bourreau ». En 1817, le plan de la ville la fait commencer
dès la place Belle-Croix et finir où s’embranche la
rue Verte-de-Haut, tandis qu’en 1836, un état de la
population la fait commencer à l’issue de la venelle
du Moulin et la fait remonter jusqu’à la rue des Palliers. Jadis il existait dans nos faubourgs un grand
nombre de portes ou barrières dont la dernière
se voyait près du presbytère Notre-Dame. Au bas
de la rue Saint-Georges, il en existait une appelée Porte-du-Four. Ces portes aidaient à la perception des droits et redevances. Au n° 15 de la rue se
10
trouve la seule maison à colombages restant après
le bombardement du 6 juin 1944.
PORTE-AU-LAIT (rue) : va du Parvis Notre-Dame
à la rue Torteron ; une des trois portes de la forteresse gardait l’entrée sud de la ville depuis 805,
date de l’achèvement des fortifications de Charlemagne. En 890, les fortifications furent rasées
par les Normands. Les murailles furent relevées au
XIe siècle. La rampe de la Porte-au-Lait emprunte
une portion de pont sous lequel passait le Torteron,
aujourd’hui souterrain. La circulation y était difficile à cause des commerces qui s’y pressaient. C’est
par ce passage que les fermières venaient chaque
matin vendre le lait de leur ferme, d’où ce nom de
Porte-au-Lait.
PORTE-DOLLÉE (rue) : va de la rue Louis-Beuve à
la rue des Noyers ; Autrefois, de la halle au blé, on
descendait à la Porte-de-Dolée par la « rue qui va
à la porte de Dolée » (1369), dite aussi : « rue qui
entre en la Porte Dolée » (1387) ; mais dès 1326,
le cartulaire de l’église Notre-Dame la nomme «
rue de la Porte Dolée ». Souvent, au cours du XVe
siècle, elle fut appelée « rue qui va du Marché à la
Porte Dolée ». Au XVIe siècle, elle est habituellement dite : « rue de la Porte Dolée, en Enclos ».
Elle fut ensuite appelée rue des Images avant de
retrouver son nom actuel. La Porte-Dollée, dont
il subsiste l’arche, était une des entrées importantes de Saint-Lô et a été le théâtre de batailles
sévères au Moyen Âge et pendant les guerres de
Religion. En 1574, Montgomery réussit à échapper par cette porte au maréchal de Matignon qui
assiégeait la ville.
POTERNE (rue de la) : va du rond-point du Six-juin
à la rue des Noyers. Une poterne est un terme de
fortification, une fausse porte, une galerie souterraine ménagée pour faire des sorties secrètes
et qui communique de l’intérieur d’une place ou
d’un ouvrage dans le fossé de cette place ou de cet
ouvrage. Saint-Lô était autrefois une des plus fortes
places de guerre de la Normandie. On ne trouve
plus de trace de la poterne qui occupait à mi-côte
le versant occidental de la place et était flanquée
au nord et au sud par les tours encore existantes
de la Rose et de Beauregard. Une rue fut ouverte
entre la porte de Dollée et la partie ouest du rempart. Cette voie reçut le nom de rue de la Poterne,
nom qui se retrouve dans un contrat du 7 avril
1582. Cette rue de la Poterne (intra-muros) fut par
L’U NIVERS SOCIAL
la suite appelée rue du Rempart. Cette voie communique avec l’Enclos par les rues à la Paille et de
la Chancellerie. En 1405, le compte de l’hôtel-Dieu
appelait déjà cette rue, « rue de la Poterne ou Posterne ». En 1557, nous trouvons cette rue « sise en
clos de la ville » mais en 1628, elle bordait l’eau de
Dolée. La rue de la Poterne en Dolée longeait à
l’est le rocher de la forteresse et côtoyait à l’ouest de
grandes prairies qui descendaient jusqu’à la rivière.
Avant Geoffroy de Montbray, ces prairies étaient
traversées par la voie d’accès au pont de Briovère,
l’ancienne voie romaine.
Édifices civils publics
ABREUVOIRS (rue des) : va de la rue docteur Leclerc
au Boulevard du Midi ; DCM du 20/05/1957. Autrefois, dans ce quartier, il n’y avait que des champs
où coulaient des ruisseaux, sans doute les cultivateurs y menaient-ils leur bétail à boire par un chemin menant aux abreuvoirs.
AMAZONES (rue des) : va de la rue de la Goubedière à la rue des Écuyers ; DCM du 17/02/1977. Les
rues des Amazones, des Cavaliers, des Écuyers, de
l’Éperon se trouvent à proximité du haras national
de Saint-Lô, d’où ces dénominations.
CAVALIERS (rue des) : va de la rue de l’Éperon à la
rue des Écuyers ; DCM du 16/02/1977.
CHANCELLERIE (rue de la) : va de la rue des Prés à la
rue des Images ; la rue de la Chancellerie, avant la
Seconde Guerre mondiale, reliait la rue des Images
(en haut de la rue Porte Dollée) à la rue des Remparts. Au XIVe siècle, elle s’appelait rue du Manoir
Boulenc, puis en 1405 elle devint rue du Puits Boulenc, enfin rue de la Chancellerie. En effet, Jehan
Boulenc avait son manoir dans cette rue au début
du XIVe siècle, il était garde du scel de la vicomté
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L’ UN IV ERS S O C IA L
de Carentan et possédait donc à ce titre l’office de
chancelier.
DÉVERSOIR (rue du) : va du pont de Roanoke au
boulevard de la Dollée et la rue Valvire ; DCM du
06/03/1974. Comme son nom l’indique, cette rue
porte le nom d’une vanne par où s’écoule l’excédent
d’eau du barrage sur la Vire. (voir fig. 7)
ÉCUYERS (rue des) : va de la rue de la Goubedière à
l’avenue de Paris ; DCM du 16/02/1977.
ÉPERON (rue de l’) : va du chemin de la Madeleine à
la rue des Écuyers ; DCM du 16/02/1977.
FONTAINE-VENISE (rue de la) : va de la rue de la
Marne au boulevard du Midi. En 1405, cette rue
conduisait de la rue Haut-Torteron à la fontaine
de ce nom. Elle se prolongeait jusqu’au Poncel. On
l’appelait encore rue « Venise ou allant à la Fontaine Venise ». La fontaine Venise était ainsi nommée dès le XVe siècle. Jehan Letaneur possédait
en l’année 1400 l’hôtel de la Fontaine Venis. C’est
à partir du XVIe siècle que le mot s’est écrit Venise.
Dans une charte du XIIIe siècle, elle est nommée la
Fontaine du Poncelle. En 1943 La fontaine Venise
était un monument historique du vieux SaintLô, située dans un quartier fort pittoresque. On
y voyait encore une vasque en granit de belle proportion ainsi que la fontaine proprement dite dont
la tradition populaire assurait que « son eau titre
un degré d’alcool ». Cette fontaine n’était-elle pas
dédiée à Sainte Venisse, une sainte liée à l’élément
liquide, priée par les femmes pour la régulation de
leurs menstrues et traditionnellement représentée
nue dans un baquet ?
GARE (place de la) : se situe devant la gare et est limitée par l’avenue de Briovère ; DCM du 30/01/2010.
C’est en 1853 que le tronçon de la voie ferrée SaintLô-Lison fut inauguré. La ligne ne sera ouverte
que le 1er mai 1860. Le 29 décembre 1878, le tronçon Saint-Lô-Coutances est ouvert au trafic. La
première gare était un bâtiment à pans de bois
et briques provenant de l’ancienne gare de Caen.
C’est en 1928 qu’a été inaugurée officiellement la
nouvelle gare. Celle-ci sera détruite au cours des
bombardements de 1944. La place porte désormais
(2012) le nom de Guy Fontenelle, président fondateur de l’association pour la défense et la promotion de la ligne Caen-Rennes.
HÔTEL-DE-VILLE (square de l’) : va de la place du
général de Gaulle à la rue de la Laitière-Normande.
12
PONT-LETTON (rue du) : va de la rue des Courtils à
la rue de la Marne. Le pont Letton, au XVIIIe siècle,
était un ouvrage de peu d’importance. Il se composait d’un ponceau en maçonnerie établi dans le bas
de la descente de la Crapauldière. Son nom est cité
dans une charte de 1333. Le pont disparut entre 1810
et 1812, époque à laquelle le ruisseau Torteron fut
couvert. L’ancien français lete est une variante de
late « latte, pièce de bois longue ». Il se peut donc
que le pont Letton ait été appelé ainsi parce qu’il
était initialement construit en bois.
VIEUX-HARAS (rue du) : va de la rue Vieillard-deBois-Martin à la rue des 29e et 35e divisions. Le
dépôt d’étalons doit sa fondation à l’application
du décret impérial du 4 juillet 1806. Ce dépôt
recruta ses reproducteurs par la voie du haras du
Pin. Le 1er octobre 1806 arriva un premier convoi
de quinze étalons. D’autres suivirent. Ce dépôt
fut installé sur les terrains et les bâtiments désaffectés de l’ancienne abbaye de Sainte-Croix. C’est
là que furent établis le vieux haras et le dépôt de
remonte. Ainsi, le vieux haras était situé entre la
Remonte, dont les bâtiments allaient du chevet de
l’église Sainte-Croix à la route d’Isigny, et le Champ
de Mars, entre la place Sainte-Croix et le boulevard du Nord. Le vieux haras était une annexe
du haras national de la route de Bayeux, donc un
dépôt d’étalons destinés à la reproduction, alors
que la Remonte, sous administration militaire,
avait mission de recruter des chevaux pour l’armée. Le vieux haras comprenait des écuries, des
logements, divers bâtiments séparés par des cours,
ainsi que des jardins pour les officiers et les palefreniers. La déclaration de guerre allait précipiter
le déclin et la fin du vieux haras. Les Allemands
y installèrent un casernement, transformant les
écuries en chambrées, logèrent les officiers dans
la maison de la cour d’honneur. Les palefreniers et
leurs familles cohabitèrent avec les troupes d’occupation quelques temps ; les étalons pour la plupart
restèrent dans leur station de « monte », sauf pour
nécessité de service où ils réintégrèrent le nouveau
haras. Les civils furent expulsés en automne 1942
et relogés en ville. Puis ce furent les bombardements des 6 et 7 juin 1944. Le vieux haras, très
délabré, conservait les maisons d’habitation aux
toitures éventrées mais les écuries, la maison des
officiers et la loge de la concierge étaient détruits.
Certaines familles de palefreniers furent relogées
L’U NIVERS SOCIAL
dans les appartements « retapés » avec les moyens
de l’époque : papier goudronné pour les toitures,
vitrex pour les carreaux. Le vieux haras ne retrouva
pas ses étalons ; il servit de camp aux prisonniers
allemands employés au déblaiement des ruines
jusqu’à la fin de 1945. Le vieux haras fut démoli
lors de la reconstruction de Saint-Lô. Il en reste
deux vestiges : le manège, transformé en salle de
cinéma quelques années (Le Normandy), affecté
ensuite à des groupes musicaux, et un petit mur de
soutènement entre le clocher de l’église et la rue de
la Libération. (voir fig. 8)
Édifices de spectacles et jeux
BOULOIR (rue du) : va de la rue de la Marne à la
place Barbey d’Aurevilly. Bouloir veut dire « jeu de
boules ». L’appellation est antérieure à 1742.
Édifices privés
BÔDEL (Le) : forme normande du mot bordel signifiant en ancien français « cabane, habitation rurale
». Le Bôdel ou Bosdel est un vieux et beau manoir
situé sur la rive droite de la Vire, entre la Vaucelle
au nord et la Poulinière au sud. Les premiers propriétaires connus sont Thomas Jourdain et Jean
de Conteville (début XIVe siècle-1539). Ceux-ci
jouèrent un rôle important dans la cité. Passé par
mariage aux Gourfaleur de Bonfossé, Le Bôdel fut
vendu en 1583 à Ponthus Vincent, sieur de la Seigneurie, constructeur de la partie XVIe siècle qui
est l’exploitation agricole. Il passa en 1633 aux Vaultier, officiers de justice, puis en 1681, par mariage,
à Nicolas Henry, sieur de la Beaumerie, bienfaiteur de l’hôtel-Dieu et constructeur de la partie
« moderne » (fin XVIIe siècle). En 1744, MarieAnne Henry du Bôdel épouse Antoine Vieillard
de Boismartin, brillant avocat au Conseil supérieur
de Bayeux, maire de Saint-Lô. Son descendant,
l’avocat Huet, restaura au milieu du XIXe siècle la
propriété passée par héritage dans la famille Vaugrente. (voir fig. 9)
CHARTERIE (impasse de la) : débouche sur la rue
de Cotbois ; DCM du 25/10/1995. La délibération
précise : « à proximité du terrain portant le nom
de Jardin de la charterie ». La charreterie est une
remise pour les charrettes et tous les instruments
agricoles ; on peut aussi écrire charterie.
DOMAINE (impasse du) : débouche sur la route de
Bayeux ; DCM du 22/12/1977. Cette appellation
13
L’ UN IV ERS S O C IA L
est consécutive à l’implantation d’un lotissement
dans le domaine du manoir de la Capelle qui lui
est contigu.
FRUITIER (impasse du) : débouche sur la rue de la
Trapinière ; DCM du 22/12/1977.
FOLIE HAUTE- (La) : lieu-dit situé sur l’ancienne
commune de Saint-Thomas, près de la rocade sud
(D 972), entre le Bois Ardent et le Hutrel. Une folie,
du latin folia, « feuille », est à l’origine une « feuillée
», c’est-à-dire un bois ou encore une construction
en branchages. À partir du XVIIe siècle, ce mot
prit le sens de « riche maison de plaisance ». Maître
Jehan Fauchon se titrait sieur de la Haute Folie le
15 décembre 1596. Terre et sieurie passèrent au fils
aîné, Pierre Fauchon (1621). Au décès de celui-ci,
mort sans héritiers directs, la Haute-Folie échut à
son neveu Michel qui en prit le titre. Mais, entre
ses mains, la période de splendeur des Fauchon
fit place à celle de la décadence. La Haute Folie fut
acquise en partie, tant par messire Jacob de Cerisay, écuyer, lieutenant particulier, assesseur au bailliage de Saint-Lô, que par le seigneur de Rampan,
deux créanciers de Michel Fauchon.
14
FOLIE HAUTE- (rue de La) : va de la rue Cavelier de
la Salle à la place Georges Pompidou ; DCM du
11/12/1984. Voir lieu-dit La Haute Folie.
MANOIRS (rue aux) : va de la rue général Lemarois à
la rue du Ponchel ; DCM du 20/05/1957. Cette rue
porte bien son nom puisque dans ce quartier existaient plusieurs manoirs.
PIGEONNIER (impasse du) : débouche sur la rue de la
Trapinière ; DCM du 22/12/1977. On peut supposer
que le manoir de la Trapinière, autrefois manoir de
la Pitardière, possédait un pigeonnier.
Édifices hors d’usage
PLANCHE-DU-BOIS (La) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô,
entre la D 88 et le Moulin-l’Abbé. Le mot planche
a naturellement le sens de « petit pont », sa forme
dialectale est planque. Le moulin à eau de la
Planque du Bois (possession de l’abbaye) n’était
autre que le moulin du Vivier ou de Hault.
PLANCHE-DU-BOIS (rue de La) : va de la rue de la
Petite Suisse à la rue de Martinville, aux chemins
L’U NIVERS SOCIAL
de la Dollée, et aux Costils de Martinville ; elle
franchit le ruisseau la Dollée au moyen d’un pont,
le terme de planche signifiant « petit pont ».
RUINIÈRES (Les) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, en bordure de
la D 559 et à proximité de la rivière Le Semilly. Le
cadastre de 1808 écrit « Les Rasnières ». Quelle
est l’origine de ce nom ? Est-ce « un lieu peuplé
de grenouilles » (latin rana, ancien français raine)
ou vient-il de Rannier, nom de famille issu du
germanique Hramhari (harmn « corbeau » et
hari « armée »), désignant alors une ferme ou un
domaine appartenant à cette famille ? Aucun édifice ne demeure pour résoudre cette question justifiant ainsi l’assimilation au mot ruine.
LOCALISATIONS
QUARTIERS
BAULIEU : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de
Sainte-Croix-de-Saint-Lô, non loin des communes
de La Luzerne et de Saint-André-de-l’Épine. « Bon
Lieu », « Banlieu », « hameau Bonlieu », voici un
nom qui prête à toutes les graphies. Il peut s’agir
du terme banlieue « territoire dans le voisinage
et sous la dépendance d’une ville », étymologiquement « lieu du ban », c’est-à-dire « distance à
laquelle s’étendait le ban seigneurial ». Ou est-ce
le toponyme très fréquent Beaulieu, qui a servi à
désigner un nouveau château, un nouveau village
situé dans un lieu d’où l’on a une belle vue ? Il y a
en France vingt-quatre communes portant ce nom,
sans compter les très nombreux lieux-dits.
BOURG-BUISSON (rue du) : va du quai JosephLeclerc-Hardy jusqu’à la place de la Gare. Le
Bourg-Buisson était une section de la commune
d’Agneaux. En 1837, le conseil municipal de SaintLô demande l’annexion du Bourg-Buisson. On
raconte qu’en 1864, une grosse querelle mit aux
prises Saint-Lô et Agneaux. Saint-Lô, voulant
s’agrandir, jeta un œil de convoitise sur le BourgBuisson afin d’y construire sa gare. Cette querelle
fut à l’avantage de Saint-Lô dont les limites s’élargirent au détriment d’Agneaux.
CANDOL : ce lieu-dit fait suite à La Poulinière et
occupe la rive droite de la Vire qu’il domine. Candol et dolmen ont peut-être pour racine commune
le mot celtique dol qui signifie « feuille ». Mais il y
a aussi une autre hypothèse, assez cohérente avec
les données historiques : camp, du latin campus «
plaine, champ, espace libre » et dol, du latin tardif
dolus « souffrance ». Camp dol serait « le champ
de la souffrance ». Candol était une dépendance de
la baronnie de Saint-Lô dont il relevait nuement.
Il est bon d’ajouter qu’à Candol les évêques barons
de Saint-Lô possédaient une notable étendue de
domaines non fieffés, surtout en prés et prairies,
parmi lesquels les prés faisables, c’est-à-dire que
fauchaient et fanaient par corvées les hommes
astreints à ce travail par leurs titres de propriété.
Les villages Candol, le Haut-Candol et le PetitCandol ont-ils donné leur nom à la famille Quandol, Campdol ou Candol qui vivait au XIIIe siècle
? Cela semble probable, le patronyme ne semblant
pas attesté par ailleurs. (voir fig. 10)
CANDOL (route de) : va du rond-point de la Liberté à
la route de Villedieu (D. 999) ; DCM du 30/03/2004.
Elle se trouve sur le lieu-dit du même nom. Cette
sortie de Saint-Lô date de 1819.
CANDOL PETIT- (rue du) : va de la route de Candol (D 999) au chemin de Lignerolles, en passant
près de l’usine de broyage-déchetterie ; DCM du
30/03/2004. Elle porte le nom du lieu-dit. Des
fouilles ont eu lieu avant les travaux du contournement autoroutier de Saint-Lô. Au Petit-Candol,
l’occupation du début de l’âge du bronze ancien
a livré une structure originale : une fosse circulaire aux parois relativement droites, d’environ un
mètre de diamètre et profonde de quatre-vingts
centimètres. Cette structure isolée, probable fond
de silo, appartenait vraisemblablement à un complexe domestique plus important dont les éléments
les plus fugaces (structures non excavées) ont été
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L’ UN IV ERS S O C IA L
détruits par les mises en culture et l’érosion. Un
ensemble de tessons appartenant à quatre ou cinq
vases différents non tournés a été collecté dans la
partie médiane du comblement constitué de limon
gris et d’altérite de schiste. Parmi les formes reconnaissables figurent la partie haute d’un vraisemblable vase de stockage décoré sous le bord d’un
cordon à section triangulaire et un tesson de vase
doté d’une anse en arceau décorée d’impressions
sur sa face interne. Ces deux céramiques se rapportent à la fin du néolithique et/ou au début de
l’âge du bronze (2300-2000 avant notre ère). Les
sites attribuables à cette période sont particulièrement rares dans la région, l’intérêt du gisement s’en
trouve donc renforcé.
CANDOL VIEUX- (chemin du) : va de la rue Dunant à
la rocade sud (D 972) ; en passant près de la gériatrie de l’hôpital Mémorial et du lieu-dit La Seigneurie. Ce chemin remonte au moins au XIIIe
siècle, il est l’ancienne sortie de Saint-Lô avant le
percement de la route de Villedieu en 1819. Voir
lieu-dit Candol.
HAMEL (Le) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune
de Saint-Thomas-de-Saint-Lô, à proximité du
rond-point de Baudre. C’est une forme ancienne
de hameau. Au XVIIIe siècle, Jean-Baptiste Houël
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était sieur du Hamel. Il possédait également La
Trapinière et la ferme du Haut-Hamel.
HAMEL BAS- (Le) : lieu-dit situé entre la D 559 et la
D 11, en contrebas du Haut Hamel.
HAMEL HAUT- (le) : lieu-dit en bordure de la D 972,
à proximité du rond-point du Semilly.
NEUFBOURG (rue du) : va de la rue de la Laitièrenormande à la place du Major-Howie ; nommée
rue du Maréchal-Foch en 1919, mais ce nom n’a
pas été usité. Après avoir franchi la porte du Neufbourg en traversant « le demaigne de l’Evesque »,
appelé plus tard « les petits champs », on entrait
dans une rue longue, large, presque droite : la rue
du Neufbourg. Cette rue aboutissait à la Croix au
Pellu, à la jonction des chemins de Bayeux et de
Caen. Elle présentait des retraits et des avancées
parfois très prononcés ; sa largeur allait jusqu’à
cinquante pieds (environ seize mètres), ce qui est
énorme. On y voyait quelques jardins, certains très
grands. Sa population se composait de bourgeois
et d’artisans. C’était le moins industriel des faubourgs. La rue du Neufbourg communiquait avec
les Champs-Saint-Thomas par une venelle. Plusieurs autres venelles débouchaient dans le Neufbourg par son côté méridional : c’était « la voie
tendant aux venelles », la rue des cours (1594), la
L’U NIVERS SOCIAL
rue de la Croix au Capel, la venelle à Langlois, la
rue de la Barque (1435), appelée au XVIIe siècle «
la venelle tendant aux Courtilz » (1602), puis après
venelle Morin et venelle Vialatte. La rue du Neufbourg se prolongeait par le chemin de Bayeux vers
l’est et aboutissait au carrefour du Soleil levant au
sud. Vers 1770, les échevins firent paver plusieurs
rues, dont la rue du Neufbourg, « dans laquelle les
échasses les plus hautes auraient garanti difficilement de la boue qui s’y trouvait accumulée dans
l’hiver ». (voir fig. 11).
TANGUAIS (rue des) : part et revient à la rue de Cotbois ; DCM du 25/10/1995. Ce nom a été donné
pour préserver les noms des anciens champs et
lieux-dits, il désigne les personnes qui transportent
la tangue. Voir p. ??? Place du quai à tangue.
ENSEIGNES
POT-D’AIRAIN (rue du) : va de la rue Valvire à la
route de Carentan. Autrefois, la rue du Pot d’Airain arrivait rue des Palliers et se prolongeait par
la rue des Boujoineurs. Un titre de l’année 1393 l’appelait ainsi. S’agit-il de l’enseigne d’une auberge ?
Cette voie escaladait les pentes du Mont es Martins en longeant le manoir de Champeaux, puis
elle côtoyait les palis de Saint-Georges. Des croix
sont incluses dans les murs de cette rue. Voir rue
des Pénitents. (Voir fig. 12).
IMAGES, SCULPTURES
BELLE-CROIX (rue et place) : va de la rue des Noyers
à la rue Porte-au-Four. Au XIIIe siècle, la place
Belle-Croix s’appelait Place de Monseigneur
l’Evêque, en 1520 place au Change, en 1651 place
de la Belle-Croix, en raison de la présence d’une
croix. Le calvaire abattu par les protestants a été
rétabli en 1591 par les bourgeois de Saint-Lô, dont
le généreux Gilles Niques. Les croix marquent les
limites de la bourgeoisie. Les bourgeois de SaintLô qui habitent à l’intérieur de ces limites ne sont
pas soumis aux mêmes droits et obligations que
les gens de l’extérieur. La « maison du bourreau »
se situait dans cette rue.
COTBOIS (rue de) : va de la rue Popielujko à la rue
des Tanguais ; DCM du 25/10/1995. Selon André
Dupont, il s’agit d’un coq de bois sans doute pro-
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L’ UN IV ERS S O C IA L
noncé en patois Co d’bouès ou l’Co d’bouès La
DCM précise « Cotbois, ferme disparue qui était
située à l’emplacement du magasin Intermarché ».
Y avait-il une girouette en forme de coq sur le toit
de la ferme ?
CROIX-AU-CAPEL (rue) : va de la rue Saint-Thomas à
la rue Havin. Cette appellation « Croix-au-Capel »
est signalée en 1250 dans le Livre rouge de l’hôtelDieu de Saint-Lô sous le nom de « Croix au Capé ».
C’est donc une voie très ancienne. Jadis, l’extrémité
occidentale du chemin de la Madeleine débouchait dans la rue Croix au Capel, au carrefour de
la Croix. Elle établissait la communication entre
deux faubourgs, le faubourg de Torteron et celui
du Neufbourg, débouchant dans celui-ci au chevet
de l’église Saint-Thomas et aboutissant en Torteron.
À la fin du XIVe siècle fut construite la citadelle
de Saint-Lô, édifice défendu par une demi-lune,
ouvrage fortifié qui boucha complètement l’entrée
de la ville, de sorte que la rue de la Croix au Capel
resta le seul passage reliant le Neufbourg à la ville
et aux autres faubourgs. Mais pourquoi la mention au Capé ? Cette appellation serait un souve-
18
nir des guerres de religion. Le Christ qui portait la
croix était représenté coiffé d’un chapeau, les réformés avaient l’habitude de porter la croix au chapeau. Ou ne serait-ce pas une croix offerte par un
dénommé Capel, à l’origine surnom de quelqu’un
qui porte une cape ?
CROIX-CANUET (rue) : va de la rue Houssin-Dumanoir à la rue de Baltimore. Autrefois appelée Croix
de Falourdel ou Adigard. Pourquoi cette croix a-telle été érigée et en quelles circonstances ? A-telle été offerte par quelque bourgeois dévôt, par
un seigneur désireux d’obtenir l’absolution d’un
méfait ou par un dénommé Canuet ? Était-elle la
conséquence de vœux exaucés lors de guerres sans
merci ou d’épidémies dévastatrices ? Jalonnait-elle
la route des Croisés ou bien marquait-elle l’emplacement d’un meurtre ou d’un accident ? La croix
actuelle, jetée à terre par les bombardements de
juin 1944, fut remise sur son socle aux frais de plusieurs habitants du quartier. (voir fig 13).
CROIX-LISSEAU (chemin de la) : va du chemin du
Hutrel à la rue de Tessy. Aucun document ne fait
état de cette dénomination, il semblerait qu’il y
L’U NIVERS SOCIAL
ait confusion avec la Croix des Alizots ou Allisots.
Cette appellation, qui contient le nom de famille
du donateur du monument, aurait subi une déglutination, due à une interprétation fautive : Croix
à Lisot ou Croix Lisot. Édouard Lepingard, en
1893, note au sujet du village du Hutrel ou Huterel : « Presqu’au milieu de ce terrain se voient tout
ensemble une vieille fontaine ornée d’une statuette
de la Vierge ; le piédestal et un tronçon d’une croix
renversée soit aux temps des guerres de religion,
soit à la fin du siècle dernier [XVIIIe]. Cette croix
serait, dit-on, la croix aux Alizots érigée, selon les
uns, au haut de Bechevel, selon les autres, proche
la pièce aux Alizots située à l’embranchement du
petit chemin du Monchais sur la route de SaintLo au pont de Gourfaleur » . D’après un procèsverbal dressé en 1409 pour la fixation des « mettes
du bourgage » (bornes fixant les limites des droits
de bourgeoisie) en exécution d’un accord entre
les bourgeois de la cité et l’évêque de Coutances,
baron de Saint-Lô, la cengle (délimitation), au
départ d’une croix jadis située à l’intersection des
chemins de la Gouerie et du Huterel, allait « par
le chemin jusqu’au Moncel allant de la Croix-auxLizots (alias Alizots) étante sur le pavement du
chemin de la rue de la Villette de Saint-Lô ». Ce
constat des lieux en 1409 décrit parfaitement leur
état actuel. La Villette de Saint-Lô n’est autre que
la rue Béchevel dans le prolongement de la route
de Gourfaleur ou de Tessy.
On peut voir le tronçon d’une croix, sans doute
celle évoquée ci-dessus, sur la pelouse du village
du Hutrel.
IMAGES (rue des) : va de la rue Dame Denise à la
rue Louis Beuve, puis à la rue de la Poterne ; DCM
du 07/03/1966. Elle s’appelait autrefois rue du Puits
Boulenc, puis rue de la Chancellerie, où se trouvait le manoir Boulenc (XIVe siècle), avec une élégante échauguette d’angle. Cette antique demeure
appartenait à Jehan Boulenc, garde du scel (c’està-dire du sceau) de la vicomté de Carentan qui, en
1307, établissait un vidimus de la charte de « Henri,
noble prince, Roy de Engleterre et jadis duc de
Normandie ». Le manoir Boulenc abritait, avant
1944, les bureaux du Courrier de la Manche, où
travaillait le poète normand Louis Beuve. Les imagiers étaient des sculpteurs de figurines sur bois.
Ce sont eux qui donnèrent son nom à la rue des
Images. Ces imagiers décorèrent des vitraux de
l’église Notre-Dame et des demeures, dont l’hôtel
du Rouxelet. C’est par cette rue que l’on accédait
à la rue Thiers et à la place Gambetta en passant
devant la Maison-Dieu, maison à encorbellements
datant du XVe siècle.
LAITIÈRE-NORMANDE (rue de la) : va de la rue de
Beaucoudray à la place du Général-de-Gaulle.
Cette rue doit son nom à une statue de bronze
créée en 1887 par Arthur Leduc (1848-1918), sculpteur originaire de Torigni-sur-Vire. Ce serait, diton, une paysanne de Bérigny qui aurait servi de
modèle au sculpteur. Cette statue grandeur nature
représente une femme portant sur son épaule sa
canne à lait, canne en français régional désigne
la cruche. D’abord installée place Gambetta (à
l’époque devant l’église Notre-Dame), elle fut
transférée en 1921 sur la place des Beaux-Regards
(maintenant jardin public). En 1942, les autorités
allemandes l’enlevèrent de son socle pour la faire
fondre et récupérer le bronze. C’est pour retrouver et garder le symbole de notre région agricole
qu’une des rues de Saint-Lô porte ce nom : rue de
la Laitière-normande. Au début de 1984, un commerçant saint-lois, André Leplanquais, décida de
la faire revivre. Aidé d’autres Saint-Lois, il collecta des dons et réussit à réunir assez de fonds
pour faire fondre une statue presque identique à
la statue originale. Cette statue fut réalisée par le
sculpteur Louis Derbré. Elle fut installée place du
Général-de-Gaulle, près de l’hôtel de ville, puis
déplacée une dernière fois vers l’endroit de cette
place où elle est actuellement. (voir fig. 14)
PETITE-CROIX (impasse de la) : débouche sur la rue
des Ronchettes ; DCM du 27/11/1985. Dans les faubourgs de Saint-Lô, aux XIVe et XVe siècles, de
nombreuses croix de granit se dressaient dans les
rues, aux carrefours, sur les chemins. Certaines
croix servaient de limites, soit aux paroisses, soit
à la bourgeoisie de la ville.
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L’ UN IV ERS S O C IA L
DIRECTIONS
POINTS CARDINAUX
MIDI (boulevard du) : va de la rue de Grimouville à
la rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny.
POINT-DU-JOUR (venelle du) : va de la rue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny à la rue du Maréchal-Juin. Ce nom évoque peut-être une venelle
orientée vers l’est. On n’en trouve aucune mention
dans les documents anciens.
DIRECTIONS, VILLAGES OU VILLES
OÙ MÈNENT CES RUES
BAUDRE (rond-point de) : dessert la rue Henri-Claudel, la D 86 et la D 88 ; DCM du 23/09/2002.
CARENTAN (route de) : part du rond-point situé
entre la rue de la Poterne et la rue des Noyers, en
direction de Cherbourg. Construite vers 1770, elle
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a fait deux tronçons de la rue Verte et de la rue
Verte de Bas.
PARIS (avenue de) : va de la rue du Maréchal-Juin
au rond-point du Bessin. C’est la voie qui mène à
Bayeux, Caen, Paris.
ROQUE (rue de la) : va de la rue du Général-Koenig à l’avenue de Paris. Cette petite rue, au cœur
d’un quartier récent, a une origine très ancienne. Il
s’agissait d’un village, le village de la Roque, appelé
en 1409 le Hamel de Grosse-Tête et plus tard de la
Grouette. Au XIXe siècle, il était placé entre le chemin vicinal de Saint-Lô à Saint-Jean-des-Baisants
et la route nationale de Saint-Lô à Bayeux, jusqu’à
la hauteur du lieu-dit du Flaguais et de la Trapinière. Une voie le traversait, la sangle de la bourgeoisie de Saint-Lô, aboutissant sur la route de
Bayeux, après avoir longé des champs connus sous
le nom du Marais ou Mares Boyuin, alias Bouin.
Sous l’Ancien Régime, ce village de la Roque était
L’U NIVERS SOCIAL
situé, comme le Flaguais et la Trapinière, mi-partie en bourgade, mi-partie hors bourgeoisie, c’està-dire à l’extrême limite des communes de Saint-Lô
et de Sainte-Croix. Il dépendait du fief de GrosseTête dont, en 1402, Colin Grosse-Tête rendit aveu
au couvent des religieux de Saint-Lô. Ce fief appartint à différentes familles jusqu’en 1680 où il revint
à messire Riesse Ravend de la Commune, avocat,
auteur d’une notice historique sur l’église SainteCroix. Cette rue porte le nom de l’ancien village.
SAINT-GEORGES (rue) : va de la rue Porte-au-Four
à la rue de l’Église. Cette rue porte ce nom car
elle se dirige vers Saint-Georges-Montcoq. Si le
nom Saint-Georges resta invariable, il n’en fut
pas de même de la limite méridionale de la rue.
Celle-ci varia suivant l’époque et le bon plaisir des
copistes. Son point de départ actuel a été fixé en
1839 par une commission municipale chargée de
dresser la nomenclature de nos rues. Aux XIIIe
et XVIe siècles, les chartes lui donnent le pont de
Dollée comme point de départ, puis de la place
aux Changes. De nos jours, elle fait suite à la rue
Porte-au-Four. La rue Saint-Georges formait un
faubourg peuplé, industriel et bourgeois, s’étageant
au long du coteau jusqu’à l’église dont il portait le
nom. Cette rue, longue et déclive sur tout son parcours, devait être des plus incommodes. Cependant c’est elle que nos ancêtres empruntaient pour
se rendre à Carentan dans le Cotentin. À la place
de l’institut universitaire de formation des maîtres
actuel, s’élevait le couvent des pénitents (religieux
du tiers ordre de saint François) fondé par Jean
Dubois, avocat et procureur du roi, en octobre
1629. Au n° 2 de cette rue se trouve la maison natale
d’Octave Feuillet.
SAINT-JEAN (rue) : va actuellement de la rue du
Général-Koenig à la rue Léon-Jouhaux ; avant 1944,
elle partait du carrefour de la Bascule, maintenant
place du Major-Howie. Ce nom s’explique simplement par le fait qu’elle était la voie permettant d’aller au village de Saint-Jean-des-Baisants. C’est dans
cette rue que fut posée la première pierre de la
reconstruction de la ville.
TESSY (rue de) : va du rond-point de la rocade sud
à la rue Bellevue. « Le chemin de la ville de SaintLô au Pont de Gourfaleur » fut un chemin pavé
jusqu’en 1409. Cette rue qui a été ouverte en 1828
lui succède.
TORIGNI (rue de) : va du rond-point François-Mitterrand au rond-point de Matignon et se prolonge sur la route de Torigni jusqu’au rond-point
de l’Atlantique ; DCM du 26/05/1970. Cette rue
était autrefois appelée « rue qui tend à Torigni »
et se situait à l’emplacement de l’actuelle rue de
la Marne.
VILLEDIEU (rue de) : va du rond-point du Six-Juin à
la rue Dunant. Le percement de la rue de Villedieu
eut lieu en 1819. Comme son nom l’indique, cette
voie mène en direction de Villedieu.
DESCRIPTIONS
AUTODESCRIPTION
CAUCHAIS (Le) : lieu-dit situé sur l’ancienne commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, à proximité
de la commune de la Luzerne ; ce nom viendrait
de chaussée, chemin chaussé, noms par lesquels
on désignait au Moyen Âge les anciennes voies
romaines, au même titre que chemin haussé ou
chemin perré. Au lieu-dit Le Cauchais serait passée une voie reliant Bayeux (capitale de la tribu
des Bajocasses) à Coutances (capitale de la tribu
des Unelles). La forme cauchais, issue du latin calciata, est doublement dialectale, avec une absence
de palatisation de la consonne initiale et une palatisation de la consonne [k] devant la voyelle [i].
DEMI-LUNE (rue de la) : va de la Saint-Georges à la
route de Carentan. Sans doute appelée ainsi parce
qu’elle se termine dans la grande boucle de la route
de Carentan.
FOURCHEMINS (allée des) : va de la rue de la Varroquière à la rue Gambe de Loup ; DCM du
20/05/1957. Un deuxième chemin courait au long
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L’ UN IV ERS S O C IA L
du Clos Varroc du nord à l’est, il reliait la ville de
Saint-Lô au Manoir à l’Orfèvre. Il s’appelait en
1472 la « rue du Poncelle » parce qu’il se prolongeait jusqu’au Manoir de ce nom. En 1394, nous le
voyons nommé « le Quémin qui va au Manoir à
l’Orfèvre », en 1405 il prend le nom de « rue des
Fourchemins ou Fourquemins » ; le quartier s’appelle les « Fourquemins ». Première hypothèse : ce
mot viendrait du mot fourque ou fourche, du latin
furca « fourche » et quemin du latin tardif caminu,
donc « fourche de chemins » ou « chemin fourchu ». Deuxième hypothèse : foure avait en ancien
français le sens d’« excréments des animaux », d’où
« chemin boueux, merdeux ». Troisième hypothèse
: four- serait une forme de l’adverbe et préfixe for(s)
postérieure au XIIIe siècle, avec une fermeture de
la voyelle [o] en [u] (comme dans le verbe se fourvoyer), il s’agirait donc de chemins hors du bourg
ou de chemins qui mènent hors du bourg.
GRAND-JARDIN (rue du) : va de la rue de l’Exode à
la rue Haute-Folie ; DCM du 07/03/1990. Ce nom
a été donné pour préserver les noms des anciens
champs et lieux-dits.
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HAUTS-VENTS (Les) : lieu-dit situé sur l’ancienne
commune de Sainte-Croix-de-Saint-Lô, entre le
rond-point des Ronchettes et le rond-point de l’Atlantique. Nom de lieu-dit fréquent dans la région
concernant un endroit élevé très exposé au vent.
HAUTS-VENTS (rue des) : voie privée située à la hauteur du rond-point de l’Atlantique, du nom du lieudit existant ; DCM du 27/10/2005.
MAISON-BLANCHE (impasse de la) : débouche sur la
rue de Paris ; DCM du 24/09/2007. On peut penser
que le nom de cet ancien chemin a un lien avec la
maison qui se situe au début de cette rue.
PIGAS (rue des) : va de la rue des Ardoisières à la
rue du Buot ; DCM du 03/03/1982. En ancien français, pigace veut dire « pointe, instrument pointu
», le mot dérive de pic. Il y avait probablement là
un champ triangulaire, une pointe difficile d’accès
et non exploitée.
PLAGE-VERTE : se situe entre la place du Quai-àTangue, la rue de la Poterne, le pont de Roanoke
et la Vire. Cet espace engazonné descend en pente
douce vers la Vire, d’où son nom de plage verte.
(voir fig. 15)
L’U NIVERS SOCIAL
ROCMOUSSES (rue des) : rue en boucle qui passe
devant la résidence Langevin et débouche rue
Dunant ; DCM du 28/09/1994. Il semble que ce
nom lui ait été attribué en raison de la présence
de roches couvertes de mousse, à proximité du site.
TRAVERSIÈRE (allée) : va de la rue du GénéralDagobert à la rue du Général-Leclerc ; DCM du
21/04/1966. Ce nom est probablement attribué en
raison de son rôle de liaison entre deux voies. Le
terme désignait jadis un sillon à travers champs
permettant de favoriser l’écoulement des eaux.
VAUCELLE (La) : se situe entre la Vire et la rue
Dunant, à proximité du stade Jean-Berthélem.
Ce nom viendrait du latin vallicella qui signifie
« petite vallée ». L’histoire de la Vaucelle est bien
connue. En 1281, Philippe de la Vaucelle, chevalier,
possédait le manoir à titre de seigneurie. En 1346,
Colin Pitelou, écuyer, en était le propriétaire. En
1409, Guillaume Adigard, lieutenant du vicomte
de Carentan, y avait son hôtel. Sous la domination
anglaise, Guillaume Biote, aussi vicomte de Carentan, reçut la Vaucelle en récompense des services
rendus à l’envahisseur. Les Anglais chassés, la Vaucelle redevint vers 1450 la propriété des Adigard,
pour bientôt passer par suite d’alliance aux Boucard, seigneurs du Mesnil-Amey. C’est à la Vaucelle que naquit Jean Boucard, évêque d’Avranches,
aumônier de Louis XI, et c’est là qu’il mourut. La
chapelle, accotée au manoir, est son œuvre (chapelle dédiée à sainte Pétronille, qu’on appelle de
la Pernelle). Ce fut vers la moitié du XVIe siècle
que la Vaucelle devint la propriété de la famille Du
Chemin jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Anne-Stéphanie Du Chemin porta le domaine de la Vaucelle aux de la Gonnivière par son mariage avec
Pierre-Hervé de la Gonnivière. Puis succédèrent
les familles Le Provost de Saint-Jean-des-Baisants,
de Mary de Longueville et de la Broise. Des personnages illustres vinrent dans ce manoir : en 1346,
Édouard III, roi d’Angleterre ; en 1464 Louis XI
; en 1532 ou 1533 François Ier et en 1562 Charles
IX. Pour cette raison, la Vaucelle fut appelée le «
Palais des rois ».
VAUCELLE (rue de la) : débouche sur la route de Villedieu. Cette rue mène au manoir du même nom
(voir la Vaucelle)
VERTE-DE-HAUT (rue) : impasse débouchant sur la
rue Belle-Croix. Elle passe à travers le foyer des
Quatre-Vents, coupée en deux par la route de
Carentan. L’autre partie était rue Verte-de-Bas.
VERTE-IMPASSE (la) : débouche sur la rue ÉmileÉnault ; DCM du 20/05/1957. À l’origine, cette
impasse cheminait sans doute au travers des prairies et peut-être des bosquets.
DESCRIPTION SUBJECTIVE
BEAUX-REGARDS (square des) : le site des BeauxRegards, dont l’origine est connue depuis 1574,
forme l’angle des remparts sud et ouest de SaintLô. Son emplacement privilégié permet de dominer la vallée de la Vire à l’ouest jusqu’à Agneaux et
au sud, la vue s’étend vers la route de Villedieu, et
surplombe le rond-point du Six-juin et la rue Torteron. C’est dans ce square qu’était érigée la statue
de la Laitière normande, œuvre de Leduc, fondue
par les Allemands pendant l’occupation.
BEAUX-REGARDS (rampe des) : va du Quai-àTangue au square du même nom.
BELLEVUE (rue) : va de la rue de l’Exode à la rue
de Baltimore. Vu l’emplacement de cette rue, sans
doute porte-t-elle son nom grâce à la belle vue que
nous devions y avoir autrefois, avant la construction des maisons et bâtiments.
FLAGUAIS (Le) : lieu-dit situé en bordure de la rue
du Général-Koënig, à proximité de l’école JulesVerne. D’où vient le nom de ce lieu-dit ? De flache,
mare dans les endroits argileux, ou de flague qui,
en Normandie, est un iris sauvage dont les feuilles
servaient de litière ? Un des premiers propriétaires,
Katerine du Flaguey, figure à l’obituaire de la maison-Dieu de Saint-Lô comme bienfaitrice de l’établissement. Un acte du 8 juin 1465 nous apprend
que ce fief comportait « manoir, court, coulombier, gardins, prays, boys, estangs, terres labourables, nommées ensemble l’Ostel et Demayne du
Flaguey », sans néanmoins indiquer son étendue.
FROIDE (rue) : va de la rue de la Source à la rue du
Bouloir. Cette rue est orientée est-ouest. Faut-il
croire qu’il y fait froid ?
DAME-JEANNE (rampe de la) : va de la rue Havin à la
rue Monseigneur-de-Chivré ; DCM du 02/05/1955.
Elle se situe à l’emplacement de l’ancienne rampe
des halles. Cette rue, dénommée « dame Blanche
», prit le nom de « dame Jeanne ». N’y aurait-il pas
confusion entre La Dame blanche, œuvre de Boiel-
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L’ UN IV ERS S O C IA L
dieu, et l’ancien nom de la tour voisine de la rampe
en question. Cette tour se nommait « Tour de la
dame Jeanne ». Ce nom lui venait soit de sa ressemblance avec les grosses bouteilles dites damesjeannes, soit d’une énigmatique dame Jeanne.
MESNILCROC (rue du) : le faubourg du Mesnilcroc,
connu depuis la haute antiquité, est représenté
aujourd’hui par le quartier du Pré. Au XIIIe siècle,
ce faubourg était compris, ainsi que « la Belle Croix
» et « la Verte rue », dans la « Grande Dolée ». Le
nom de Mesnilcroc est formé de mesnil, issu du
latin tardif mansionile, et qui désignait une petite
portion de terre avec habitation, et croc, qui s’applique à la partie crochue du quartier, c’est-à-dire
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à l’extrémité orientale. La charte de 1174 donne à
la paroisse Saint-Thomas tout le Mesnilcroc. C’est
au XIVe siècle, en 1384, que nous voyons pour la
première fois le nom de rue du Mesnilcroc. Celleci comprenait une rue haute et une rue basse qui
sont devenues rue du Pré-de-Haut et rue du Préde-Bas. La rue du Mesnilcroc, qui s’est nommée
rue du Prey l’Évesque, a pris au XVIIIe siècle l’appellation que nous lui connaissons.
OMBRÉE (rue de l’) : impasse qui relie l’escalier du
Quemin-es-Moines à la rue du Pré-de-Bas : elle
dessert deux tours de onze étages et un bâtiment
HLM ; DCM du 07/03/1966.