L E S C O N F E R E N C E S D E L ` I R E S T
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L E S C O N F E R E N C E S D E L ` I R E S T
LES CONFERENCES DE L’IREST CYCLE 2014-2015 Institut de Recherche et d’Etudes Supérieures du Tourisme (IREST) Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Serge TRIGANO Cofondateur Mama Shelter, Ex-PDG Club Med L’expérience Mama Shelter Compte-rendu de la conférence donnée le mercredi 15 octobre 2014 de 18h à 20h à Amphithéâtre DESCARTES, SORBONNE 17, place de la Sorbonne, 75005 Paris Réalisé par : Claire Vautrin, Julie Toussaint, Marie-Gaëlle Gourvennec, Daniela Rosca, Emilie Guillaume, Victoria Limareva, Charlotte Leclanche, Romain Rattina (M1 GATH) 0 Table des matières Introduction de l’intervenant par Monsieur Decelle..................................................... 1 Serge Trigano : « l’expérience Mama Shelter » ........................................................... 2 I) Le Club Méditerranée ............................................................................................... 2 a. La création ............................................................................................................ 2 b. Le développement ................................................................................................. 3 c. L’aventure de Serge Trigano ................................................................................ 4 II) L’expérience du Mama Shelter ................................................................................ 4 a. La réflexion menée après son licenciement .......................................................... 4 b. L’ouverture du premier Mama Shelter, avec des débuts difficiles ....................... 5 c. Le développement du concept avec de nombreuses ouvertures ........................... 7 Conclusion ................................................................................................................ 8 III) Questions ................................................................................................................ 8 Introduction de l’intervenant par Monsieur Decelle Monsieur Decelle, professeur d’Economie à l’Université Paris 1 La Sorbonne, nous présente Monsieur Serge Trigano que nous avons la chance de recevoir parmi nous. Ce dernier, qu’il qualifie de « capitaine de l’industrie dans le domaine du tourisme » va dans un premier temps nous raconter son aventure puis les élèves auront l’occasion de lui poser des questions. Ancien Président du Club Méditerranée, Serge Trigano va nous expliquer son expérience dans cette entreprise puis il nous présentera son aventure au Mama Shelter. Cela permettra une discussion et des questions sur l’innovation touristique et l’entreprenariat, qui sont d’ailleurs au cœur de l’atelier de mise en situation dans deux parcours de notre formation cette année ainsi que l’année prochaine dans des cours sur l’innovation. 1 Serge Trigano : « l’expérience Mama Shelter » Serge Trigano a vécu toute sa vie dans le monde du tourisme qui est selon lui avant tout un « acte d’amour » qui a commencé au Club Méditerranée et qui porte aujourd’hui les gènes du Mama Shelter. Il a essayé de transposer son expérience à une nouvelle aventure et vient aujourd’hui nous raconter une « histoire d’amour », celle du Mama Shelter. Pour cela, il retrace son parcours professionnel afin de bien comprendre comment est né ce concept. Serge Trigano a commencé sa carrière professionnelle au Club Méditerranée et décide de nous expliquer sa création. I) Le Club Méditerranée a. La création Le Club Méditerranée est né de l’initiative d’un diamantaire belge champion de water-polo : Gérard Blitz en 1950. Celui-ci avait travaillé en Suisse dans des structures qui réapprenaient à vivre à des personnes rescapées des camps de concentration. Les populations sortaient tout juste de la souffrance de la guerre, il voulait donc qu’elles retrouvent les bonheurs originels et pour cela utiliser son expérience pour créer « une nouvelle aventure ». Son idée était d’organiser des vacances bon marché aux Baléares avec un mode d’hébergement peu cher ; bon marché signifiait alors à l’époque : camping. Il a donc dû chercher du matériel de camping, et a décidé de retenir l’entreprise familiale Trigano. Gilbert Trigano (le père de Serge Trigano) et Gérard se sont entretenus afin que ce dernier lui expose son idée : des vacances où les gens mangeront, feront du sport et la fête dans un club bon marché aux Baléares. Ce projet a séduit Gilbert Trigano. Le Club Med est donc né grâce à la rencontre de ces deux hommes qui ont une idée improbable dans un contexte de privations d’après-guerre. L’aventure a démarré en 1950 aux Baléares avec 2 000 personnes. Pour assurer une telle fréquentation, des publicités ont été affichées dans le métro des semaines avant, annonçant des séjours de 15 jours pour une somme de quelques centaines d’euros. Quelques jours après, ils ont placé des affiches « complet » (alors que ce n’était pas le cas) pour susciter de l’attractivité et inciter les gens à acheter ces séjours. Malgré des conditions de confort assez précaires, les gens sont heureux de venir faire la fête. 2 b. Le développement Ce club aux Baléares fût un succès, d’où l’ouverture d’un deuxième village puis d’un troisième. Au départ, c’est une aventure de célibataires, puis les personnes viennent en famille avec leurs enfants. De nouvelles formules sont également apparues pour s’adapter aux évolutions, telles que les baby clubs, une amélioration du confort… A travers le Club Med, les fondateurs ont créé la table de huit, la formule tout compris, mais aussi leur propre monnaie puisqu’au Club circulait le « collier bar », qui correspondait à des boules de couleurs différentes pour payer les consommations au bar. Le Club Méditerranée s’est développé dans un premier temps tout autour de la Méditerranée puis par la suite en Asie, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, en essayant à chaque fois de faire évoluer le concept, afin de s’adapter à tous les changements nécessaires. Le Club Méditerranée a aussi mis en place des laboratoires de langue sur les sites où il s’implantait afin que le personnel local qui accueille les touristes sache parler leurs langues. De plus, il a valorisé sur chaque site une vraie restauration locale, familiale, en plus des cuisines internationales. Les clients veulent tout essayer si quelque part il y a la nourriture de « leur mère ». L’entreprise a ainsi montré de nombreuses capacités : trouver des sites, s’adapter dans chaque pays, concevoir des villages vacances (avec l’aide également d’architectes et d’ingénieurs), faire découvrir des lieux différents et surtout des lieux atypiques malgré parfois les réticences des conseils d’administration. En effet, il a été le premier à s’implanter et faire découvrir le Maroc, Bali, Cancun, Saint Domingue. Une équipe est spécialisée dans la découverte des plus beaux endroits du monde. Le Club Méditerranée a donc pris des risques dans sa manière de s’implanter (pas de réelle étude de marché préalable), de s’ouvrir à de nouveaux marchés, et d’appréhender son métier (valorisation du métier de « Gentil Organisateur »). Selon Serge Trigano, il est vraiment intéressant de casser les codes et de « ne pas rentrer dans le moule » pour ne pas s’ennuyer. Il a pris le cas du Japon comme exemple. A l’époque, prendre des vacances au Japon était considéré comme un crime vis-à-vis de l’entreprise, mais Gilbert avait quand même pour ambition de s’y implanter. Pendant 10 ans, il est allé au Japon régulièrement pour parler du bienfait des vacances mais chaque fois il était pris pour « un fou furieux ». Dans les années 80, lorsque le gouvernement japonais favorise les vacances, il fait une interview sur une chaîne de télévision japonaise en expliquant ce que sont les vacances et le Club 3 Méditerranée. Ce risque a été concluant puisqu’en 1997 s’implante le premier tour opérateur de vacances au Japon, non japonais. c. L’aventure de Serge Trigano Serge Trigano évoque le Club Méditerranée comme une formidable aventure humaine. Il a occupé plusieurs fonctions : GO (« Gentil Organisateur », c’est-à-dire animateur), puis chef de village, directeur, et président. Mais en 1997, il se fait licencier pour mésentente avec un actionnaire majoritaire. La famille Trigano n’ayant presque plus d’actions dans la société, il ne pouvait pas faire face à ce conflit. Il conclut en nous expliquant que la détention de capital est importante dans une société afin de garder un certain contrôle. II) L’expérience du Mama Shelter a. La réflexion menée après son licenciement Suite à ce licenciement difficile, Serge Trigano s’est posé la question de ce qu’il allait faire. Il n’avait pas envie de prendre sa retraite ni de faire une copie du Club Méditerranée. Dans cette étape, il a été fortement soutenu par sa famille. Suite à sa constatation du changement du monde du tourisme, il a commencé à réfléchir avec ses deux fils. En effet, dans les années 2000, la structure familiale se modifie avec de nombreux divorces et des parents qui partent séparément avec leurs enfants. Les vacanciers partent pendant des durées plus courtes et non plus trois semaines ou un mois de vacances comme c’était le cas auparavant. De plus, certaines destinations ne sont plus considérées comme sereines. A partir de tous ces changements, une réflexion a été menée avec la conclusion qu’il fallait trouver un autre territoire que les Resorts, et que la ville allait se substituer à la plage. Le tourisme des villes allait devenir important du fait des courts séjours, du travail formidable des mairies, de l’apparition des vols low-cost qui rendent accessibles le déplacement pour effectuer des week-ends etc. Une fois la ville comme point de départ, Serge Trigano et ses fils ont analysé son offre touristique : les clients ont le choix entre des palaces (entre 800 euros et 1500 euros la nuit) ou des hôtels de chaîne « sans saveurs, sans identités, insipides, incolores.» Ils ont donc voulu créer des lieux différents où les touristes qui viennent visiter la ville et les hommes d’affaires peuvent se retrouver dans des lieux autres que dans des endroits tristes et « sans saveurs ». 4 A la réalisation de ce projet, a été associé le grand designer Philippe Starck, avec qui ils avaient créé des liens à l’époque du Club Méditerranée. Celui-ci fut très intéressé par cette création. b. L’ouverture du premier Mama Shelter, avec des débuts difficiles La famille Trigano et Philippe Starck ont essayé de trouver un lieu dans un quartier populaire (9,18, 20, 10ème, …) afin de pouvoir offrir des chambres à des prix d’appel entre 69 et 89 euros et de permettre de faire visiter Paris à partir de lieux qui racontent une histoire. De plus, ils voulaient se positionner dans un quartier où il n’y avait pas beaucoup de commerces pour que le Mama Shelter devienne un vrai lieu de vie. Ils ont fini par trouver un parking à l’abandon appartenant au CDT (filiale du Crédit Lyonnais), rue de Bagnolet dans le 20ème arrondissement. Un cahier des charges a ensuite été donné à Philippe Starck, dont les mots d’ordres étaient : lieu de vie, lieu de fête (grand bar et restaurant où l’on peut venir à douze, petite scène pour accueillir des groupes de musique), chambres pas très grandes aux étages (entre 18 et 22 m2) mais confortables (qualité de la literie, des draps, salle d’eau…). Une fois abouti, ce premier Mama Shelter a coûté entre 25 et 27 millions d’euros. Pour pouvoir obtenir tous ces financements, Serge Trigano a apporté en fonds propres toute son épargne. Il a vendu un appartement et a mis ses stocks options (« son parachute doré »). Mais bien entendu cela n’était pas suffisant. Il s’est donc rendu dans les banques avec qui il travaillait à l’époque du Club Méditerranée et qui lui avaient promis qu’elles lui accorderaient des prêts sans problème. Mais aujourd’hui, en tant que directeur licencié du Club Méditerranée, les banques ne voulaient pas lui faire de crédit car selon elles, un hôtel dans le 20ème arrondissement n’allait pas fonctionner. D’autant plus qu’un restaurant et un hôtel dans un même lieu ne pouvaient pas simultanément prospérer (les banques lui estimaient au mieux 40 à 50 couverts par jour). Au total, environ quarante banques et groupes financiers ont refusé. Finalement c’est la Caisse d’Epargne qui leur est venue en aide en leur conseillant une niche fiscale. Cette dernière accorde des avantages fiscaux aux investisseurs et bailleurs de chambres pour une durée d’au moins 9 ans. Grâce à cette niche fiscale, le Mama Shelter a su attirer un peu plus de 150 investisseurs particuliers (tels que des commandants de bord par exemple) qui désiraient bénéficier d’abattements fiscaux. En échange, le Mama Shelter s’engageait auprès d’eux par le biais de garanties. Compte tenu de cette spécificité, le Mama Shelter est donc une résidence de tourisme et non un hôtel. 5 Cette résidence de tourisme qui a ouvert en septembre 2008 comporte 172 chambres, une partie bar et restauration mais avec une grande baie vitrée pour pouvoir reconvertir le lieu en chambres si le projet ne fonctionnait pas. La décoration a été réalisée de façon assez innovante par Philippe Starck. Afin de découvrir ce lieu, une journaliste du journal Libération, placée au Nouvel Observateur, est venu huit jours avant l’ouverture pour le visiter. Elle a approuvé totalement le concept, d’où la rédaction de quatre pages dans le Nouvel Observateur où elle faisait l’éloge du Mama Shelter en disant que c’était une merveilleuse idée. Ensuite, d’autres journaux ont pris le relais ce qui a permis de faire connaître le Mama Shelter. Finalement ce lieu raconte surtout une histoire : celle de la famille Trigano qui se retrouve à la ville (après avoir exploité les bords de mer), de Philippe Starck, de l’équipe d’Apple (pour équiper les chambres de Mac) et d’autres hommes et femmes qui ont réussi à mettre en valeur ce lieu et le faire vivre. Selon Serge Trigano, c’est l’intangible qui est le plus important : l’ambiance, « les fous rires »… et pas seulement ce qui est tangible, matériel, même si le confort joue aussi un rôle. Il faut donc trouver un lieu, le mettre en scène et le faire vivre avec des hommes et des femmes. Il a donc recruté son personnel selon des qualités humaines, plus que sur la formation hôtelière classique. Il privilégie également la promotion interne. Le créateur de Mama Shelter nous rappelle que dans les métiers de l’hôtellerie, du service, nous ne sommes les serviteurs de personne mais que nous sommes au service des clients. Il faut faire plaisir, apporter autre chose qu’une chambre c’est-à-dire un regard, un sourire, une attention. Nous devons apporter l’exceptionnel, être à l’attente du client avant même qu’il émette son désir. C’est comme ça, selon lui, que le Mama Shelter a réussi son aventure. Aujourd’hui, l’établissement est complet et fait environ 500 couverts par jour en semaine et 800 couverts par jour en week-end, et cela encore après six ans. Il est occupé par une clientèle très diversifiée : à la fois des personnes avec peu de moyens et d’autres qui en ont plus (ticket de restaurant pouvant aller de 12 à 50 euros). De plus, c’est un lieu de mélange, très animé, avec une programmation musicale variée. Le Mama Shelter est donc devenu le lieu de vie du 20ème arrondissement et a dynamisé le quartier où il est implanté. 6 c. Le développement du concept avec de nombreuses ouvertures Compte tenu de ce succès, la famille Trigano a voulu ouvrir un deuxième établissement. Selon eux, il est essentiel de s’installer dans des villes qu’ils aiment, auxquelles ils sont attachés, sans de réelles études de marchés. Ils ont donc ouvert le deuxième établissement à Marseille (une grand-mère des associés vivait dans cette ville), puis le troisième à Istanbul (le fils de Serge Trigano étant marié avec une turque). Lyon a ensuite accueilli un établissement, qui est devenu un formidable lieu de travail, puisque de nombreux séminaires et colloques se déroulent dans cette ville. La mairie de Bordeaux a ensuite émis le souhait d’accueillir un de leur établissement en centre-ville ; pour la première fois le Mama Shelter s’est donc implanté en plein cœur de ville. On remarque ici une évolution du concept. Serge Trigano a ici mis en évidence l’importance de s’implanter dans des villes qui étaient preneuses du concept, qui manifestaient leur adhésion afin de faciliter le processus. Ainsi, Mama Shelter compte ouvrir un autre établissement à Los Angeles d’ici la fin de l’année prochaine. Le conférencier a conclu sur le Mama Shelter en expliquant qu’ils ont su « casser les codes de l’hôtellerie classique », qu’ils sont différents et qu’ils s’attachent à faire plaisir aux clients. Tout cela grâce à un « designer de génie », à l’équipe d’Apple, à des personnes talentueuses et animées pour faire vivre ce lieu. Dans chaque établissement, il réunit le personnel pour leur raconter toute l’histoire du Mama Shelter et ce qu’ils attendent d’eux. Pour toutes ces raisons, Serge Trigano qualifie cette aventure de véritable histoire d’amour. Ce sentiment est partagé avec la clientèle car selon les questionnaires complétés (sur leur satisfaction au sujet du check-in, de la chambre, de la restauration…), 96% de la clientèle s’estime satisfaite et trouve que c’est un concept formidable ; les 4% restant estimant que les chambres sont trop petites et que l’ambiance n’est pas à la hauteur. C’est un moyen important qui permet d’évoluer en se remettant en question régulièrement. Du fait de ce succès, le concept est copié dans le monde par les allemands, les hollandais, les américains: des hôteliers viennent dormir et prennent des photos. Des éléments du Mama Shelter ont été repris dans d’autres structures mais selon lui son concept est celui qui arrive à combiner de la meilleure façon l’hôtellerie, la restauration, les salles de réunion et de concerts. L’enjeu est de savoir s’ils seront capables de continuer à se développer et garder leur différence. 7 Conclusion Pour conclure de manière générale, Serge Trigano nous a expliqué que la France est un pays où l’on tolère mal l’échec comparé aux Etats-Unis. L’enjeu est donc de réussir à montrer le succès d’un nouveau projet pour que tout le monde veuille participer à cette aventure. Le conférencier a donc pris le soin d’inscrire dans un carnet toutes les banques qui ont exprimé leur refus au début du projet (et qui sont prêtes à investir des dizaines de millions d’euros aujourd’hui), afin de ne pas faire appel à elles pour le développement du Mama Shelter ou de les faire patienter comme elles ont pu le faire à l’époque. Enfin, l’ultime conseil consiste à persévérer et ne pas se laisser abattre quand on a un vrai projet car il suscitera peu d’engouement au départ. III) Questions 1) Quelle est l’origine du nom Mama Shelter? (François-Xavier Decelle) Le nom vient d’une discussion entre Philippe Starck et l’un des fils de Serge Trigano. L’idée de « Shelter » qui reprend la notion d’abri en anglais : c’est un lieu qui met à l’abri des agressions de la ville et qui protège. Et « Mama » c’est la femme qu’on aime le plus au monde, c’est un talent qui nous accueille, qui nous protège, qui nous donne à manger quand on n’a pas faim. Puis ils ont lié les deux mots ensemble, d’où le nom Mama Shelter : « l’abri de la maman », ce qui ne veut absolument rien dire, mais cela intrigue les gens. La moitié des personnes à qui ils ont proposé le nom Mama Shelter leur ont dit que ce nom était absurde, que c’était un nom américain qui ne marcherait pas en France. Pourtant aujourd’hui, la marque est assez connue. 2) Vous êtes en train de vous développer, vous avez besoin d’investissement. De ce fait, comment allez-vous protéger votre sécurité financière et ne pas revivre la même expérience qu’au Club Méditerranée? (étudiant en Master 2) En France, il n’y a pas de protection, c’est un environnement fortement capitalistique. Il y avait deux solutions: soit ils se contentaient du Mama Shelter Paris, qui est une belle affaire et qui leur permettait de vivre avec quelques associés, soit ils décidaient d’en faire d’autres (mais à chaque fois c’est entre 15 et 20 millions d’euros d’investissement). Même si les projets sont financés grâce au système de résidences de tourisme, il y a quand même à 8 chaque fois de l’endettement et des fonds propres à apporter. Toutefois, ils ont pris le risque de se retrouver dans une situation délicate et essayent de mieux se protéger aujourd’hui. C’est l’envie de développer le concept. A la différence avec le Club Méditerranée, il a pu prendre du recul, acquérir de l’expérience et s’entourer des meilleurs avocats. Mais il n’y a pas de protection à 100%. Soit ils gardaient un Mama Shelter et ils le contrôlaient (encore sous la dépendance financière des banques), soit ils se développaient et courraient un risque. Ils ont pris ce risque car ils ont eu peur de se retrouver marginalisés par des grandes chaînes hôtelières allemandes, américaines, hollandaises qui viennent d’ouvrir des design hôtels à Paris. S’ils voulaient avoir une chance d’exister, il fallait qu’ils prennent le risque d’accélérer le développement et donc qu’ils aient d’éventuels problèmes de contrôle de la société. 3) Vous dites que vous n’avez pas fait d’études de marchés, comment avez-vous persuadé les investisseurs? (Johan, étudiant en Master 1 EDTI) Avec le discours, avec le pouvoir de persuasion. A Paris ils ont fait des efforts importants pendant 5 ans pour trouver le financement. Puis, comme l’établissement de Paris a bien fonctionné, cela a été plus facile pour Marseille. En renouvelant le système de résidence de tourisme à Marseille, ceux qui leur avaient fait confiance à Paris ont décidé de les accompagner sur Marseille (en achetant des chambres). Ils leur ont dit qu’ils faisaient ce système de façon un peu improbable, sans se mettre dans des sites classiques : à Marseille ils se sont implantés cours Julien, à Lyon dans le quartier Jean Macé. Dès que le premier a prospéré, les investisseurs ont décidé de les suivre plus facilement même sans étude de marché, parce qu’ils payent leur loyer, remboursent leurs prêts, et payent tous leurs partenaires. Aujourd’hui, ce sont les investisseurs qui viennent les voir pour leur proposer un site et de le transformer en Mama. 4) Si vous n’avez pas fait d’études de marchés, comment avez-vous sélectionné les villes d’implantation du Mama Shelter? (Clarisse, étudiante en Master 1 EDTI) Il y a un discours pour les journalistes, c’est de se mettre dans les villes qu’ils aiment, là où ils ont une relation affective (une grand-mère, une cousine, une femme, des enfants). L’autre partie du discours, c’est qu’il y a en France, un certain nombre de villes qui sont incontournables, comme Marseille, Lyon, Bordeaux, Paris où ils vont essayer d’en faire un deuxième et un troisième car Paris permet d’avoir plusieurs Mama. Ensuite il y a les grandes villes du monde, donc ils réfléchissent à Amsterdam. Ils n’iront pas à Berlin car c’est 9 une ville qui est en soi déjà « Mama Shelté », donc le Mama n’apporterait rien, ils préfèrent regarder sur Düsseldorf ou Munich. Aux Etats-Unis par exemple, si Los Angeles fonctionne, ils essayeront de faire un deuxième établissement à Miami puis iront sur des villes de seconde importance comme Dallas par exemple qui est une ville importante et où le concept n’existe pas. Quand Serge Trigano énonce qu’ils ne font pas d’étude de marché, ils regardent tout de même la taille de la ville, l’importance de l’implantation. Ils ont signé un contrat pour s’implanter à Lille qui sera la 7e implantation du Mama et ouvrira théoriquement dans 2 ans. Il y a eu un appel d’offres dans la ville de Lille sur un des plus beaux sites de la ville et c’est le Mama qui l’a gagné contre Hilton, Sheraton, Accor, etc. Ils pensent que Lille au sens large est une métropole en plein développement ce qui les intéresse tout particulièrement. Ils regardent donc la taille de la ville et discutent avec les élus car ils souhaitent s’implanter dans les villes où ils sont bien reçus et bienvenus, par exemple à Bordeaux c’est grâce à Monsieur Juppé qu’ils se sont installés, et à Monsieur Collomb à Lyon. 5) Avec toutes ces ouvertures, vous n’avez pas peur de devenir une chaîne ? (étudiant en Master 2) Il y eu le risque depuis le deuxième établissement à Marseille. Ils ont couru ce risque puisque cela marchait à Paris, pourtant ce n’était pas sûr qu’ils puissent le dupliquer. Le plus important pour eux est d’être capable de bien maîtriser l’encadrement des équipes. En effet, selon eux, il est toujours possible de trouver des sites, des décorateurs comme Stark ou d’autres, des technologies comme Apple ; mais le véritable enjeu est de trouver des personnes réellement intéressées par ce métier. La limite du Mama est donc la capacité à attirer des talents, dans le désir d’anoblir le métier de l’hôtellerie et de trouver des hommes et des femmes qui souhaitent les accompagner. Avec les cinq Mama Shelter, aujourd’hui et demain à Lille et Los Angeles, ils courent le risque chaque jour que des personnes leur disent « le Mama ce n’est plus ce que c’était ». A l’époque de son ouverture, la plupart des hôteliers étaient dépendants des grands systèmes de réservation comme booking.com. Mama Shelter a pris le risque de se différencier. A quelques semaines de l’ouverture, des tours opérateurs sont venus les voir pour leur proposer de prendre 10, 20, 30 chambres à l’année et de les garantir, mais les taux de commissions des distributeurs dans ces métiers sont de 15 à 30 %. Ils ont hésité, car ils avaient des emprunts à rembourser, un certain nombre d’échéances à payer, mais ils ont peut être pris la décision la plus intelligente en ne passant pas par les grands sites de réservations 10 mondiaux mais en créant leur propre système de réservation pour être en contact direct avec leur clientèle. La database leur appartient, c’est-à-dire qu’ils connaissent les goûts de leurs 300 000 clients qui sont présents sur leur database, et sont capables d’échanger avec eux. C’est dans cette relation un peu affective et privilégiée, tant avec les hommes et les femmes qui y travaillent qu’avec ceux qui y séjournent, qu’ils peuvent se différencier des chaînes classiques, mais effectivement, ils courent le risque de défaillance d’occupation des chambres. Leur risque le plus important concerne donc la distribution, qu’ils continuent aujourd’hui à contrôler à 95% (ce qui crée de la jalousie et de l’étonnement des chaînes hôtelières classiques qui dépendent complètement des OTA à qui elles donnent des commissions). C’est un des points de force de Mama Shelter : vouloir continuer à grandir en gardant leur capacité à commercialiser en direct. De ce fait, ils ont dans les bureaux du Mama Shelter une équipe qui est dédiée au site internet pour le faire évoluer, et aux réseaux sociaux. 6) Les hôtels ont-ils des influences sur le quartier où ils s’implantent? (Charles, étudiant en Master 1 DATT) Sur le 20e arrondissement, quand ils cherchaient à s’implanter rue de Bagnolet, le prix de l’immobilier était de 3 000 euros le m². Un employé du Mama s’est informé sur un immeuble en construction en face de l’hôtel et le prix actuel est de 9 000 euros le m². L’implantation du Mama Shelter a donc entrainé une augmentation du prix du m² dans le quartier. L’implantation du Mama Shelter a aussi aidé à faire connaître l’Est parisien, car il y a tous les soirs environ 300 à 400 couverts avec 25% des clients qui dorment au Mama, le reste étant des personnes venant de tout Paris, du 8e, du 16e, et qui ont l’impression d’arriver dans un territoire complètement atypique. Maintenant, ils sont plutôt bien accueillis dans le 20e, les commerçants les regardent avec beaucoup de « sympathie » avec le même phénomène à Lyon et ailleurs. 7) En ce qui concerne le financement, vous dites avoir fait appel au système de résidences de tourisme, est-ce de la défiscalisation? (Jacques-Yves Toulemonde) C’est effectivement de la défiscalisation. A Paris, par exemple, ils ont 172 chambres et 155 propriétaires à qui ils garantissent un retour de l’ordre de 4,2 ou 4,3% sur leur investissement, ils bénéficient d’un certain nombre de déductions, de capacité d’amortir leur investissement donc ils retrouvent des avantages fiscaux, c’est la fameuse loi Censi-Bouvard. Traditionnellement ce sont des contrats de 9 ans mais ils ont décidé de les faire sur 20 ans, 11 car pour Serge Trigano, 9 ans passent très vite, et s’ils avaient choisi cette option ils seraient quasiment en train de renégocier les contrats. Ils sont ainsi propriétaires des murs et des parties communes (bar et restaurants), ils détiennent alors le fonds de commerce des chambres sous forme de résidence de tourisme et ont contracté des emprunts auprès de quelques banques comme BPI qui leur font confiance depuis le début pour financer le bar et les restaurants, ils sont donc difficilement dé logeables. 8) Concernant les implantations internationales, faites-vous appel à des investisseurs français? (François-Xavier Decelle) A Istanbul, c’est un contrat de management, un investisseur turc qui a trouvé le concept intelligent et ils lui ont ainsi donné le cahier des charges afin de construire et aménager le Mama selon les règles prédéfinies. Il gère son hôtel qui lui appartient selon leurs prescriptions et quant à eux, ils sont rémunérés via un pourcentage sur le chiffre d’affaires et sur le résultat. A Los Angeles ce sont eux qui ont financé, le Mama supporte l’investissement. En effet, l’idée aujourd’hui est de développer la marque et ne pas être systématiquement propriétaire des murs. Dans ce métier, il y a ceux qui portent les murs et les installations des hôtels et ceux qui gèrent. Ils se sont clairement mis du côté des gestionnaires. 9) Quels sont vos ressentis concernant l’ouverture du premier Mama malgré la crise économique ? (François-Xavier Decelle) D’après Serge Trigano, cela a été une chance. Ils sont arrivés en pleine crise économique avec un hôtel proposant des chambres à partir de 69-79 euros la nuit, au même prix que les hôtels Ibis ou Formule 1, mais avec une meilleure qualité. D’autre part, les clients de la classe affaires, qui avaient pour habitude de séjourner dans des hôtels de luxe à 300-500 euros la nuit ne sont plus remboursés par leurs compagnies concernant leurs dépenses en hébergement, étant donné le contexte de crise. C’est pourquoi l’offre du Mama Shelter les a séduits, d’une part grâce à leur positionnement haut de gamme et original (grâce à la contribution de P.Stark, Apple, etc.), et d’autre part grâce à des prix compétitifs en dessous du prix moyen à Paris de 135 euros pour une nuit en hôtel. Ils sont ainsi devenus des clients réguliers. Concernant les prix, ils se sont basés sur le système d’Easy Jet utilisant le Yield Management, c’est-à-dire, plus vous réservez tôt moins vous payez et plus vous réservez tard, plus vous payez cher et ceci en fonction de la demande. Ainsi, pour une même chambre, si 12 vous réservez trois mois à l’avance, le prix sera de 69 à 79 euros et si vous achetez à la dernière minute, le prix pourra atteindre 150 à 160 euros. Par conséquent, les clients ayant l’habitude de ce mode de réservation (Easy Jet, Ryanair, SNCF etc. utilisent le Yield Management), les réservations s’effectuent en avance ce qui permet une trésorerie non négligeable. 10) Avez-vous un programme de fidélisation? (Elodie, étudiante en Master 1 GATH). Non, ils n’ont pas de programme de fidélisation concrètement établi, mais ils disposent d’un outil leur permettant de connaître le nombre de séjours d’un client. C’est un peu leur l’idée de la fidélisation avec une vraie clientèle fidèle, et un taux de « repeat business » de 55-60%. D’après leurs enquêtes, 10% des clients effectuent de 10 à 15 séjours par an. Il s’agit principalement de personnes travaillant aux alentours ou ayant l’habitude d’organiser leurs rendez-vous au Mama Shelter (on parle donc d’une vraie fidélisation). Un programme de fidélisation à proprement dit n’est pas encore d’actualité, toutefois il pourra être envisageable à l’avenir même s’ils considèrent que cela fera perdre en partie « l’âme » du Mama. C’est pourquoi aujourd’hui ils s’en tiennent à offrir un service ou cadeau aux clients les plus fidèles. 11) Changez-vous régulièrement la décoration ? (Clarisse, Etudiante en Master 1 EDTI) Philippe Stark est en charge de la décoration et s’ils veulent changer quelque chose, il leur faut son accord. Le but est de garder le concept de départ. « On ne change pas, on renouvelle ». Les projets sont de refaire des vitrines, par exemple, ou toutes autres choses mais pour l’instant le design est gardé tel quel. Toutefois, un vrai débat a été entamé en ce qui concerne le manque de clarté des chambres, et il en a été conclu que cela faisait partie intégrante du style de l’hôtel avec un parti pris, qui plait ou qui ne plait pas. Ainsi, une chambre rose avait été créée et testée par les clients les plus fidèles. Ils expérimentent afin de s’améliorer. Des évolutions ont tout de même été réalisées : par exemple, dans un coin du restaurant très peu occupé par les clients, où Philippe Stark avait installé des canapés et banquettes qui avaient coutés une fortune, l’aménagement a été repensé en les remplaçant par des bouées. Ce projet « décalé » a été initialement rejeté, car l’hôtel se situant dans le 20e arrondissement de Paris et non pas au bord de la mer, l’idée était considérée comme trop osée, cependant elle a été finalement appliquée et ce fut un grand succès. Le questionnement est quotidien en ce qui concerne les changements à mettre en place, ne serait-ce que d’ouvrir 13 un petit bar à bière un peu différent, un peu marrant ou changer le restaurant. Ils sont ainsi en contact permanent avec les équipes pour faire évoluer le design. 12) Pour la formation du personnel, vous dites que l’important c’est d’avoir du talent… Comment sont nommés vos employés? Comment les formez-vous? (Jacques-Yves Toulemonde) Mama Shelter a deux systèmes, deux services. Une formation par les chefs de service sur le terrain en fonction de la spécialité. Une autre formation commune à tous les services est donnée en relation avec « les attitudes, les comportements et l’écoute de la clientèle ». Ils prennent des stagiaires de temps en temps qui sont formés par le responsable directement sur le terrain. Un projet d’école formatrice est envisageable mais étant donné que les ouvertures s’effectuent une par une, ils doublent certaines positions en restaurant ainsi que dans la cuisine pour préparer et former leur personnel avec les réalités du métier. 13) Vous avez évoqué le fait qu’il y est toutes sortes de personnes au Mama Shelter (jeunes et vieux), et nous aimerions savoir quelles sont les différentes nationalités présentes, y compris de ceux qui y travaillent? (Néféli, étudiante en Master 1 EDTI) Concernant les nationalités, environ 60% des clients sont des français et 40% d’origines étrangères, essentiellement des européens du Nord (allemands, anglais, danois et néerlandais), mais aussi des italiens, espagnols et américains très sensibles au design, notamment celui de Stark. Il n’y a pas d’asiatiques, de russes ou de personnes originaires du moyen orient. En effet, ce style très original et décalé ne plait pas à ce type de population qui préfère une décoration et une architecture plus traditionnelle chic et raffinée comme peuvent le proposer les grands hôtels quatre ou cinq étoiles ou bien les Palaces de Paris. En ce qui concerne le « staff », il est surtout composé de jeunes, beaucoup de français mais aussi d’européens, qui restent de 6 mois à 1 an. Comme l’évoque Serge Trigano : « chez Mama Shelter il y a toutes les couleurs du monde, il y a des beaux, des moches, des minces, des gros, il y a toutes les différences et pas de discrimination tant qu’ils sont propres ! » Bien sûr il y a un tablier, une tenue spéciale et une certaine rigueur, mais chacun peut développer son talent et afficher son originalité. 14 14) Pouvez-vous parler de la répartition du chiffre d’affaires du Mama Shelter de Paris ? (étudiant en Master 2) Le chiffre d’affaires est de 15 millions d’euros. La grosse surprise concerne la partie restauration car, normalement, on n’y gagne peu d’argent. En effet, les marges d’un restaurant sont faibles du fait de toutes les dépenses intermédiaires et charges (aliments, matériel, frais de consommation d’énergie, dépenses liées au personnel en nombre important etc.), tandis que l’hébergement réalise jusqu’à 70% de profit grâce à des dépenses durables comme la décoration par exemple, qui n’est pas renouvelée chaque mois. Or, pour tous les Mama Shelter, 55% du chiffre d’affaires est généré par la restauration et 45% par l’hébergement. Ce qui est complètement atypique, en tout cas dans l’hôtellerie. 15) Quel regard portez-vous sur l’hôtellerie française ? (étudiant en Master 1) Selon Serge Trigano, ce métier est formidable car il laisse de la place pour l’hôtellerie familiale (quand c’est un couple qui gère l’hôtel), pour l’hôtellerie de jeunesse (les auberges de jeunesse), mais aussi pour le design hôtel avec Mama Shelter. L’offre est très variée et permet à chacun de s’y retrouver. De plus, les touristes étrangers sont toujours plus nombreux en France et le ministre du tourisme est aussi le ministre des affaires étrangères, une très bonne chose selon lui qui va permettre une plus grande considération du secteur par la politique. Cela montre aussi que le tourisme est un métier de rénovation, on crée aujourd’hui le milieu où l’on travaillera demain. On a conscience que le tourisme est un vrai acteur du développement économique, qu’il crée des richesses, de l’emploi et contribue à l’épanouissement personnel de chacun en tant que client. Ce secteur a beaucoup d’atouts, même si il y a du progrès à faire, selon Serge Trigano. De plus, avec des outils comme Tripadvisor ils sont jugés et évalués en permanence par les commentaires ajoutés par les clients ou faux clients désormais (en référence aux entreprises payées par des hôteliers pour publier de faux commentaires, souvent négatifs concernant leurs concurrents). Cela motive les hôteliers d’évoluer tout le temps et de se tenir informés. 16) Quels sont vos principaux concurrents? Que pensez-vous de la chaîne Generator? (étudiant en Master 2) Mama Shelter a actuellement beaucoup de concurrents. Il y a deux types de concurrents : des indépendants, qui sont un peu de même style, et puis il y a toutes les grandes chaînes hôtelières, qui s’intéressent à l’hôtellerie haute de gamme. Les concurrents 15 sont de plus en plus nombreux, un phénomène normal et attendu puisqu’aujourd’hui on ne peut rester seul très longtemps sur un segment qui rencontre du succès. On se fait imiter ou même copier très rapidement. Cela ne les effraie pas puisqu’ils essaient de toujours avoir une longueur d’avance sur les autres, tout en veillant à ne pas sortir du segment sur lequel ils se sont basés au sein du marché. Par exemple le Club Med qui a organisé des croisières avec 15 ans d’avance sur le marché, a vu ce nouveau concept ne pas fonctionner. Quant à Generator, le concept est super mais très différent et beaucoup plus économique. 17) Sur quels canaux communiquez-vous? (étudiante en Master 1) Mama Shelter a la chance de disposer d’une importante couverture médiatique, avec presque tous les jours des articles dans des revues spécialisées, soit de design, soit d’entreprises, ou bien dans des revues hôtelières. Les gens entendent donc parler du Mama et se rendent sur le site de Mama Shelter par curiosité. L’importance des réseaux sociaux n’est pas à négliger, ils sont très présents sur Facebook, Tweeter, mais leur vrai outil de communication est avant tout leur site web. Et pour attirer les gens, un investissement coûteux mais très efficace a été réalisé avec l’achat de mots clés. De plus, la marque commence à être connue avec des interviews radio et télévision. 16