SUJET D`ÉTUDE 2 Mondialisation et diversité culturelle (pages 116

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SUJET D`ÉTUDE 2 Mondialisation et diversité culturelle (pages 116
SUJET D’ÉTUDE 2
Mondialisation et diversité culturelle (pages 116-133)
• Le programme
Sujet d’étude
Mondialisation et
diversité culturelle
Une situation au moins
Orientations et mots-clés
– Le cinéma en Asie
– Géographie des goûts
alimentaires
– Géographie des langues
en Europe
On présente l’émergence d’une culture mondiale.
On montre que la vitalité des métissages culturels
n’exclut pas la pluralité de cultures singulières qui
témoignent des appartenances identitaires.
• Repères
Propositions de mise en œuvre du sujet d’étude
Présentation du sujet d’étude
Le programme prend le terme de « culture » dans
son acception la plus large (l’ensemble des normes,
des usages, des coutumes, des manifestations artistiques et religieuses qui caractérisent une société)
plutôt que dans son acception restreinte (les créations symboliques et artistiques, le patrimoine, les
biens culturels). Mais il invite à une analyse géographique des faits culturels, c’est-à-dire à un raisonnement multiscalaire, distinguant le mondial et le
local. En effet, la puissance de grandes entreprises
capables de produire et de diffuser massivement
des biens culturels standardisés, la croissance des
flux migratoires, le tourisme favorisent le développement d’une culture mondialisée et l’homogénéisation des modes de vie et des comportements.
Toutefois, si cette culture de masse apparaît à
l’échelle mondiale comme une des composantes des
cultures contemporaines, des cultures singulières,
ancrées dans une histoire et un territoire, continuent d’exister aux échelles locales, régionale ou
nationale. L’essor de la culture mondiale contribue
paradoxalement au maintien de ces cultures multiples. En effet la revendication, la réappropriation
ou la recomposition d’une culture propre est une
réponse à la crainte d’une uniformisation et d’une
perte d’identité suscitée par la mondialisation culturelle. Il convient par ailleurs d’éviter toute approche figée et de montrer que ces cultures singulières
dialoguent, s’affrontent, et se mélangent dans des
territoires de plus en plus multiculturels.
Progression 1. Autour de la situation : Géographie
des goûts alimentaires
Séance 1. Lancement du sujet d’étude à partir de la
double page d’ouverture puis étude de la situation 1.
Séance 2. Mise en perspective de la situation : de la
diversité des cultures à la multiplication des métissages (cours 1).
Séance 3. L’émergence d’une culture mondiale et
ses limites (cours 2).
Séance 4. Évaluation à l’aide de la double page 132133 ou à partir de l’étude d’une nouvelle situation
(situation 2 ou situation 3).
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䊳
Progression 2. Autour de la situation : Géographie
des langues en Europe
Séance 1. Lancement du sujet d’étude à partir de la
double page d’ouverture puis étude de la situation 3.
Séance 2. Mise en perspective de la situation : cours
1, la diversité culturelle.
Séance 3. L’émergence d’une culture mondiale et
ses limites (cours 2).
Séance 4. Évaluation à l’aide de la double page 132133 ou à partir de l’étude d’une nouvelle situation
(situation 1 ou situation 2).
䊳
Progression 3. Autour de la situation : Le cinéma
en Asie
Séance 1. Lancement du sujet d’étude à partir de la
double page d’ouverture puis étude de la situation 2.
Séance 2. Mise en perspective de la situation : les
diverses formes, les acteurs, les limites de la culture
mondiale (cours 2).
Séance 3. La persistance de la diversité culturelle
malgré l’essor de la culture mondiale (cours 1).
Séance 4. Évaluation à l’aide de la double page 132133 ou à partir de l’étude d’une nouvelle situation
(situation 1 ou situation 3).
䊳
OUVERTURE
Un cybercafé à Abidjan (pages 116-117)
La lecture de cette photographie fait apparaître à
la fois l’ancrage de la société ivoirienne dans les cultures locales (les femmes portent des vêtements traditionnels ; l’une porte des marchandises sur la tête,
comme souvent en Afrique occidentale ; le petit
commerce de rue fait partie des fonctions dévolues
aux femmes, comme celle qui se tient devant son
éventaire à gauche), et, en même temps, son inscription dans un monde globalisé (vêtements occidentaux portés par les hommes, boutique de sacs à
main à la mode européenne, boutique de téléphonie et d’accès à Internet). Internet (pour Interconnected Networks), réseau d’échanges de messages
électroniques et de fichiers, s’est beaucoup développé depuis les années 1990. On compte aujourd’hui plus d’un milliard d’internautes. L’accès au
réseau se fait auprès d’un fournisseur d’accès. Il
nécessite un ordinateur ou un autre type de terminal d’accès (téléphone mobile) et emprunte des
canaux de communication filaires (réseau téléphonique, câble, fibre optique) ou sans fil mais nécessitant alors des antennes relais (Wi-Fi, satellite, 3G).
Le développement du réseau s’appuie donc sur une
infrastructure matérielle ; c’est pourquoi son utilisation reflète les inégalités de développement : les
pays développés comptaient plus de 40 % d’internautes en 2005, l’Afrique subsaharienne moins de
5 %. Ce sont les grandes villes qui concentrent le
plus d’internautes, au Nord comme au Sud où
l’essor des cybercafés compense un peu le nombre
limité d’ordinateurs personnels. Le développement
d’Internet affecte profondément les industries culturelles du fait de la possibilité de télécharger des
musiques, des films, des œuvres écrites (Google a
signé des accords avec MTV, Universal, Sony, CBS,
et a racheté Youtube en 2006). Internet est un puissant vecteur de diffusion de la culture mondialisée
– et aussi une menace pour les droits des auteurs
du fait des téléchargements illégaux.
Carte (pages 118-119)
La carte montre des aires au sein desquelles l’influence d’une religion, d’une croyance ou d’une
sagesse a fortement marqué la culture (productions
symboliques et artistiques, patrimoine), la société
(structures de parenté, hiérarchies sociales et familiales), le territoire (toponymie, inscription des lieux
de culte dans l’espace public, rapport à la nature). Le
professeur peut faire réfléchir les élèves au mode de
représentation choisi et à la difficulté de cartographier un phénomène aussi complexe. Tout d’abord,
la carte n’indique pas l’intensité des pratiques religieuses aujourd’hui. Par exemple, en France, si le
catholicisme a fortement imprégné la société, la
culture et le territoire, cette religion n’y compte plus
que 15 % de pratiquants réguliers chez les femmes,
10 % chez les hommes. Ensuite, la carte ne permet
pas d’apprécier le nombre d’agnostiques et d’athées,
principalement concentrés dans les pays occidentaux. Troisièmement, on peut faire observer que le
choix d’une cartographie en aires rend malaisée la
représentation des minorités religieuses, de plus en
plus importantes du fait des migrations de population, notamment dans les métropoles (pas de représentation par exemple des diasporas juive ou chinoise; l’islam est la seule religion minoritaire indiquée
en Europe). Enfin, les dynamiques ne sont pas représentées (essor du pentecôtisme et de l’évangélisme
en Afrique subsaharienne – où ils progressent plus
que l’islam – et en Amérique latine, sécularisation
croissante en Europe).
SITUATION 1
Comment les goûts alimentaires se diffusent-ils dans le monde ? (pages 120-121)
• Objectifs
Comprendre que les goûts alimentaires sont à
la fois très divers et en partie mondialisés.
➞ Comprendre comment des aliments se diffusent
hors de leur région d’origine.
➞
• Repères
Dans les différentes parties du monde, l’alimentation a d’abord été fondée sur les plantes cultivées
localement et les espèces animales autochtones. On
distingue quatre grandes céréales de civilisation : le
blé au Proche-Orient, en Europe et en Chine du
Nord, en Inde du Nord ; le riz en Asie du Sud et du
Sud-Est ; le maïs en Amérique ; le millet en Afrique.
Cependant, chaque civilisation a compté des marchands en contact avec d’autres cultures, et les produits alimentaires ont très tôt circulé. Ainsi nombre
d’aliments caractéristiques d’une cuisine nationale
ou régionale sont en fait importés. On peut donner
l’exemple de l’Italie : les pâtes auraient été rapportées de Chine par Marco Polo, la tomate est originaire d’Amérique, le café d’Éthiopie. Il ne faut tou83
tefois pas confondre les métissages culinaires et la
mondialisation du goût. Les premiers sont anciens
et aboutissent à des recettes originales : une plante
ou une espèce importée est cuisinée selon les
modes de cuisson et d’assaisonnement locaux. La
seconde est récente et liée à la puissance financière
de grandes firmes agroalimentaires ou de chaînes
de restauration.
• Déroulement possible de la séance
Lancement Le professeur peut lancer la séance en
demandant aux élèves quels plats ils consomment
le plus souvent, afin de déboucher sur la problématique.
Étape 1 Montrer qu’il existe des goûts « ethniques» et des manières de consommer les aliments
très diverses : on peut s’appuyer sur les documents
1, 2 et 3.
Étape 2 Montrer l’ancienneté et les acteurs des
métissages culinaires : on peut s’appuyer sur les
documents 4 et 5.
Étape 3 Identifier les acteurs de la mondialisation
de certains plats ou modes de consommation.
Conclusion Les goûts alimentaires sont révélateurs de la cohabitation de cultures locales et d’une
culture mondiale.
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• Les réponses aux questions
Analyse des documents
Question 1. Un repas chinois ne comporte pas une
entrée, un plat principal et un dessert mais un
ensemble de mets choisis pour obtenir un équilibre
entre les saveurs. D’autre part, en Chine du Sud
(région de Canton), on mange des insectes, des
souris, des serpents, des singes, des araignées.
Commentaire : la diversié culinaire. La Chine,
comme l’Inde et l’Europe, doit la richesse de sa
cuisine au fait qu’elle a développé à la fois des cuisines paysannes (cuisson à la marmite, utilisation de
produits locaux), une cuisine de cour (impériale)
(cuisson au four – le célèbre canard laqué pékinois,
recette élaborée sous la dynastie des Ming, 16391644), et des cuisines de marchands en contact avec
d’autres cultures (nombreux à Canton, Hongkong,
Pékin et Shanghai qui ont ainsi joué le rôle de pôles
de brassages alimentaires). L’utilisation de baguettes
et non de couverts à l’européenne est révélatrice de
l’importance du collectif par rapport à l’individu : le
plat est situé au milieu de la table, les convives ne
touchent jamais les baguettes avec leurs lèvres et
peuvent ainsi se resservir plusieurs fois dans le plat
commun.
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Question 2. La femme porte un costume traditionnel et prend le thé assise sur ses talons. Les ustensiles sont disposés sur une natte posée au sol : bol à
thé (sans anses), boîte à thé, sorte de petit brasero
pour l’eau chaude, louche en bambou.
COMMENTAIRE Le rituel du thé. L’art du thé, dit aussi
cérémonie du thé, vient des moines bouddhistes :
c’est un moment de méditation. Il a été codifié dès
le XVIe siècle. L’hôte ou l’hôtesse, en vêtement traditionnel, prépare le thé, le verse dans les bols et sert
les invités dans un ordre déterminé, en commençant
par les plus âgés. L’hôte et l’invité se courbent en
signe de respect. Les invités dégustent lentement le
thé en parlant peu. La chambre de thé est volontairement très simple afin de favoriser la méditation. Il
existe deux écoles de thé ; chacune a développé un
rituel un peu différent. Longtemps réservé à l’élite,
l’art du thé se démocratise mais au prix d’une transformation profonde. Il est devenu, dans le Japon
contemporain, une sorte d’industrie culturelle.
Question 3. Chaque partie du monde a des saveurs
préférées.
COMMENTAIRE La diversité des goûts. Les sociétés
conservent des goûts souvent bien spécifiques. Les
Asiatiques distinguent une cinquième saveur,
l’umami, la saveur du glutamate de sodium. Il s’agit
du sel utilisé dans la cuisine chinoise, dont le goût
diffère de celui du chlorure de sodium. Il est présent
notamment dans la sauce de soja. Les Japonais distinguent en outre une sixième saveur, qu’on pourrait traduire approximativement par « fade » et que
les palais européens n’arrivent généralement pas à
reconnaître.
Question 4. Le vin et la bière, le café, le thé, le sucre
se sont diffusés dans le monde entier.
COMMENTAIRE Des échanges anciens. Les échanges
de produits alimentaires dans l’Ancien Monde, entre
Chine, Inde et monde méditerranéen, remontent à
l’antiquité (routes des épices, diffusion du café en
Europe). La découverte de l’Amérique a été un moment clé. Le maïs, la tomate, le dindon, la pomme de
terre sont arrivés en Europe. L’acclimatation de la
canne à sucre dans les Antilles et au Brésil – à l’origine de la traite négrière européenne – a permis
l’essor de la consommation du sucre, auparavant
considéré comme un produit de luxe en Europe. En
effet la canne est originaire d’Asie du Sud et les Européens connaissaient peu le sucre avant le XIIIe siècle.
Ce sont les Italiens qui l’ont introduit: on peut raconter le repas servi par les Vénitiens à Henri III, pour
l’impressionner, avec des assiettes et une décoration
de table entièrement réalisés en sucre – repas resté
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fameux puisque c’est à cette occasion que le roi de
France aurait découvert l’usage de la fourchette.
Friands de sucre, les Européens ont d’abord tenté
d’acclimater la canne dans les îles méditerranéennes,
mais en vain, puis à Madère et aux Canaries, mais
c’est en Amérique que la production a pu être développée sur une grande échelle.
Question 5. Les marchands et les migrants sont à
l’origine de nouveaux mélanges culinaires. Les acteurs de la mondialisation du goût sont de grandes
firmes multinationales comme McDonald’s.
COMMENTAIRE Contrairement à une idée admise,
les plats et aliments mondialisés (pizzas, sushis,
hamburger, kebabs…) ne sont pas totalement standardisés. Leur fabrication respecte les goûts dominants des différentes parties du monde grâce à l’emploi d’épices ou de condiments locaux, voire en
adaptant les recettes. Il existe par exemple des
burgers végétariens en Inde : la viande est remplacée par une galette de légumes.
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COURS
La diversité du monde (pages 122-123)
• Objectifs
Mesurer la diversité culturelle dans le monde
d’aujourd’hui.
➞ Notions de culture, aire culturelle, métissage.
➞
• Repères
La diversité culturelle est une réalité forte mais les
aires culturelles sont malaisées à circonscrire. Le
risque principal de toute cartographie en aires est
de faire croire à l’existence de cultures fermées,
immuables, nettement délimitées, alors qu’elles
entrent en contact et se mélangent, se métissent,
non seulement sur leurs marges mais en leur sein
même du fait des migrations, des échanges, des
conquêtes. Pour autant, on peut sans doute distinguer dans la longue durée des « civilisations », au
sens où les définissait Fernand Braudel en 1963 dans
Grammaire des civilisations : « des continuités, […] des
structures spatiales, sociales, économiques et mentales ». Il en distinguait neuf : occidentale, orthodoxe, latino-américaine, musulmane, africaine, chinoise, hindoue, bouddhiste et japonaise. L’ouvrage
de Samuel Huntington, Le choc des civilisations,
publié en 1996, reprenait cette distinction mais en
concluait l’inéluctabilité d’un choc civilisationnel :
c’est bien entendu cette affirmation non démontrée qui a valu à l’ouvrage de très violentes critiques.
La carte des religions (double page 118-119) et celle
des langues paraissent donc préférables à utiliser
pour présenter la diversité du monde
• Déroulement possible de la séance
Lancement On peut partir de la photographie
page 122 et faire relever tous les éléments d’altérité
afin de déboucher sur la problématique.
Étape 1 L’étude de la carte des aires linguistiques
et de celle des grandes religions (pp. 118-119) met
en lumière la diversité culturelle dans le monde
d’aujourd’hui.
Étape 2 Une analyse critique de ces cartes permet
de montrer les limites de la cartographie des aires
culturelles.
Étape 3 On met en évidence la vitalité des métissages, le développement du multiculturalisme. On
peut s’appuyer sur les documents 3 et 4 mais aussi
sur l’environnement du lycée compte tenu de la
richesse multiculturelle de la société française
contemporaine.
Conclusion La diversité culturelle est une réalité
mais les cultures ne sont ni fermées (dans l’espace)
ni figées (dans le temps).
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• Les réponses aux questions
Les cultures traditionnelles
Question 1. La photographie montre le pèlerinage
à Bénarès (Varanasi), où les hindous, hommes et
femmes, se baignent dans le Gange pour se purifier.
Certains hommes ne portent qu’un pagne de coton
blanc noué autour des hanches. Les femmes portent
des saris, long vêtement drapé autour du corps et
de la tête, souvent de couleur vive.
COMMENTAIRE Les pèlerinages. Le pèlerinage à
Bénarès est le plus important de l’Inde du Nord. Il
est notamment accompli par des personnes âgées
ou malades, car quiconque meurt à Bénarès échappe
au cycle des réincarnations. En effet, pour les
hindous, le but suprême n’est pas de parvenir à la
félicité mais à la délivrance du désir, la fusion dans
l’Absolu. La présence de la mort est partout sensible
à Bénarès où, tout au long des quais du Gange, on
peut voir des bûchers funéraires. Les cendres sont
ensuite jetées dans le fleuve. Les pèlerins doivent
se purifier – afin de hâter la fin du cycle de leurs
réincarnations – en buvant trois gorgées d’eau, puis
en s’immergeant entièrement trois fois de suite.
Parmi eux, on distingue des sadhus, reconnaissables
au simple pagne de coton qu’ils portent pour tout
vêtement en signe de renoncement. Ces mystiques,
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qui ont choisi de mener une vie d’ascètes et vivent
en mendiant, constituent environ 1,5 % de la population indienne. Le professeur pourra évoquer
d’autres grands pèlerinages (chrétien: Rome; musulman : La Mecque ; chrétien, juif et musulman : Jérusalem ; bouddhiste : Sarnath, près de Bénarès, ou le
Bouddha a fait son premier prêche; shintoïste: Ise…).
Les aires culturelles
Question 2. Le chinois (parlé en Chine), l’anglais
(parlé au Royaume-Uni mais aussi dans les anciennes
colonies anglaises en Afrique et en Inde), l’hindi
(principale langue de l’Inde), l’espagnol (parlé en
Espagne et en Amérique latine), le russe (parlé en
Russie) sont les langues qui comportent le plus
grand nombre de locuteurs.
COMMENTAIRE Les langues européennes se sont
diffusées dans le monde du fait de la colonisation
européenne (XVIe-XXe siècles). Elles demeurent encore des langues de communication en Amérique
latine, en Afrique et en Asie, mais dans de nombreux
pays elles reculent dans les classes populaires au
profit des langues autochtones et ne sont plus véritablement parlées que par les élites.
䊳
Le dialogue des cultures
Question 3. Amin Maalouf est franco-libanais.
COMMENTAIRE Le texte d’Amin Maalouf est un bon
point de départ pour faire réfléchir les élèves sur la
distinction entre l’identité d’un individu, qui est
unique, et ses appartenances, qui peuvent être multiples. Le pluralisme des appartenances est un trait
marquant du monde contemporain.
Question 4. Les enseignes des restaurants montrent
la cohabitation de la culture turque et de la culture
chinoise.
COMMENTAIRE Belleville compte une importante
population d’origine étrangère ou immigrée. Aux travailleurs venus du Maghreb, de Turquie et d’Afrique
noire s’ajoute depuis les années 1980 une nombreuse
population d’origine asiatique.
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SITUATION 2
Quelles influences culturelles se croisent
dans le cinéma asiatique ? (pages 124-125)
• Objectifs
Comprendre que le cinéma en Asie est ancré à
la fois dans les cultures locales et la culture mondiale.
➞ Comprendre la place et l’influence du cinéma
asiatique dans le monde.
➞
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• Repères
L’Asie produit beaucoup plus de longs métrages de
cinéma que les États-Unis ou l’Europe. Ce cinéma a
élaboré des genres très fortement ancrés dans les
cultures nationales (films musicaux indiens, films
d’arts martiaux japonais et chinois). Si beaucoup de
ces films, produits pour un public populaire, sont
de qualité médiocre, certains sont remarquables et
ont influencé les réalisateurs occidentaux, contribuant largement au renouvellement du cinéma américain. Il faut citer notamment le réalisateur japonais Akira Kurosawa : Les sept samouraïs (1954)
deviennent Les sept mercenaires de John Sturges en
1960 ; Yojimbo (1961) deviendra Pour une poignée de
dollars avec Sergio Leone en 1964. La place grandissante des films coréens et chinois dans les festivals
et les palmarès est aujourd’hui une des marques de
l’émergence de ces puissances sur la scène mondiale.
• Déroulement possible de la séance
Lancement On peut partir des films que les élèves
connaissent pour formuler la problématique.
Étape 1 Montrer la vitalité du cinéma asiatique en
s’appuyant sur les documents 2 et 5.
Étape 2 Comprendre les échanges culturels entre
cinéma asiatique et occidental en s’appuyant sur les
documents 1 et 3.
Étape 3 Montrer la spécificité du cinéma indien
(doc. 4 et 6).
Conclusion Le cinéma asiatique est à la fois ancré
dans les cultures des pays d’Asie et la culture mondiale.
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• Réponses aux questions
Analyse des documents
Question 1. Les quatre premiers producteurs de
longs métrages sont l’Inde, les États-Unis, le Japon
et la Chine.
COMMENTAIRE On peut faire calculer la somme des
films produits par la France, l’Allemagne, l’Espagne
et l’Italie : 417. L’Union européenne prise dans son
ensemble se classerait donc au troisième rang.
Question 2. Les films américains sont exportés en
Chine où ils remportent de grands succès. Certains
de ces films sont influencés par le cinéma asiatique,
notamment par les films d’arts martiaux.
COMMENTAIRE Les influences réciproques. La puissance financière des grands majors d’Hollywood
leur permet de diffuser leurs films dans une grande
partie de l’Asie, notamment en Chine. En 2004, les
coûts de production des films produits par les
䊳
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majors ont été de 63 millions de dollars et les frais
de diffusion de 34 millions de dollars. Ces films sont
de plus en plus influencés par ceux des cinéastes
asiatiques. Les sabres lasers de La guerre des étoiles
sont un bel exemple de métissage culturel.
Question 3. L’Inde totalise plus de quatre milliards
d’entrées au cinéma par an (quatre entrées par habitant en moyenne). Les films indiens exercent une
domination écrasante du marché intérieur du pays.
À un moindre degré, les films chinois dominent également leur marché national. En Corée et en Thaïlande, la part des films nationaux est aussi très forte.
COMMENTAIRE L’ouverture aux films étrangers. En
Chine, la bourgeoisie urbaine est friande de films
américains, mais les films chinois conservent la préférence du public populaire. En Inde, la part écrasante du marché détenue par la production nationale s’explique par la préférence culturelle du
public, mais aussi par une politique de quotas des
importations extrêmement protectionnistes. Ce
régime protégé est actuellement remis en cause :
d’une part, la bourgeoisie s’abonne à des chaînes de
télévision par satellite qui lui permettent de voir les
films étrangers, américains surtout ; d’autre part, les
classes populaires les découvrent en achetant des
DVD piratés vendus à bas prix.
Question 4. Les histoires de dieux hindous, le rôle
des castes dans les histoires d’amour, les costumes
traditionnels, la place de la musique et de la danse
impriment une forte originalité culturelle au cinéma
indien.
COMMENTAIRE Un immense succcès. Devdas s’inspire
d’un roman très célèbre de la littérature indienne.
Le film raconte les amours impossibles de deux
jeunes gens auxquels leur famille interdit de se
marier. La jeune fille est mariée à un autre et le
jeune homme sombre dans l’alcool avant de venir
mourir aux pieds de sa bien-aimée. Les deux acteurs
principaux sont des icônes dans leur pays et sont
devenus multimilliardaires.
Question 5. Le cinéma de Bollywood s’exporte
auprès de la diaspora indienne, présente en Malaisie, au Maghreb, au Royaume-Uni, aux États-Unis
ainsi qu’en Afrique du Nord et au Proche-Orient.
COMMENTAIRE La diversité du cinéma indien. Le
cinéma de Bollywood prohibe absolument l’érotisme et même les baisers. Ses scénarios mettent en
scène des personnages inscrits dans des structures
familiales traditionnelles, où les hommes et les
femmes ont des rôles sociaux spécifiques. Cela
explique qu’il ait pris la place que tenait naguère le
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cinéma égyptien, dont la production s’est effondrée,
dans les pays d’Afrique du Nord où les comportements montrés dans les films occidentaux paraissent souvent très choquants. Cependant le cinéma
de Bollywood n’est pas le seul en Inde. Bollywood
fait des films en hindi; le Tamilnadu et le Kerala produisent de très nombreux films aussi, mais en
tamoul ou telugu. Il faut aussi citer le cinéma du
Bengale, qui a donné des chefs-d’œuvre avec Satyajit Ray, souvent primé à l’étranger.
COURS
La culture mondiale (pages 126-127)
• Objectifs
Identifier les acteurs et les formes de la culture
mondiale.
➞ Comprendre les résistances à la culture mondiale.
➞
• Repères
Le développement d’une culture mondiale est souvent vu à travers le prisme des biens standardisés diffusés par de grandes multinationales. Cette forme de
mondialisation des modes de consommation est
réelle mais ne doit pas occulter des aspects plus positifs de la mondialisation culturelle : les exigences de
démocratie, la prise de conscience des problèmes
environnementaux relèvent de l’émergence dune
opinion publique mondiale qu’a notamment analysée le géographe Jacques Lévy. Par ailleurs, la mondialisation culturelle suscite des formes de rejet et
de contestation, qui s’expriment à travers le mouvement altermondialiste et les affirmations identitaires
dont participent les fondamentalismes religieux.
• Déroulement de la séance
Lancement On peut s’appuyer sur la photographie
pages 116-117 pour formuler la problématique. On
peut aussi partir de la vie quotidienne des élèves
(vêtements loisirs, alimentation…).
Étape 1 L’émergence d’une culture mondiale
(doc. 1 et 2).
Étape 2 Les acteurs de la mondialisation culturelle
(doc. 3 et 4).
Étape 3 Les résistances à la mondialisation culturelle (doc. 5).
Conclusion En suscitant des réactions identitaires,
la mondialisation culturelle est paradoxalement un
facteur du maintien de la diversité culturelle dans
le monde.
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• Les réponses aux questions
L’émergence d’une culture mondiale
Question 1. Le globe terrestre géant, la projection
de photographies de jeunes du monde entier
montre que les Jeux Olympiques sont un spectacle
planétaire.
COMMENTAIRE Le professeur peut rappeler l’histoire des Jeux.
Question 2. Ces mangas (dessin, en japonais) sont
traduits en français, vendus dans une librairie en
France. Les codes du dessin japonais se diffusent en
Europe.
COMMENTAIRE Les mangas inspirent de nombreux
dessins animés et surtout jeux électroniques. Le
document permet de montrer que la mondialisation
culturelle ne peut être réduite à une américanisation, ni même à une occidentalisation du monde,
même si l’Europe et les États-Unis y jouent un rôle
considérable.
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Les résistances à la mondialisation culturelle
Question 5. En 1950, les femmes iraniennes portaient des vêtements occidentaux. En 1990, elles
portent le voile traditionnel.
COMMENTAIRE Le Shah a mené une politique d’occidentalisation forcée acceptée par les élites mais
très mal par les catégories populaires et les ruraux.
Cette politique se rapproche de celle qu’avait
menée Atatürk en Turquie. La révolution islamique
de 1978 est une réaction à cette occidentalisation
forcée en même temps qu’un rejet d’un régime antidémocratique.
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Les acteurs de la mondialisation culturelle
Question 3. Ces logos sont ceux de chaussures de
sport (basket : sport américain) et de jeans.
COMMENTAIRE L’origine du jean. Le mot jean vient
de Gênes et signifie à l’origine toile de Gênes. On
parle aussi de toile de Nîmes, denim. On peut ainsi
rappeler le rôle décisif de l’Europe dans les origines
de la mondialisation culturelle, processus initié par
les Grandes Découvertes.
Question 4. C’est aux États-Unis et en Europe que
sont implantés le plus d’établissements McDonald’s. L’Asie vient en troisième position. La faible diffusion en Afrique subsaharienne s’explique à la fois
par la pauvreté, par des taux d’urbanisation encore
inférieurs à ceux de l’Asie ou de l’Amérique latine,
par le grand nombre de commerces de rues traditionnels qui concurrencent les fast-foods modernes.
COMMENTAIRE Le document permet de faire comprendre le rôle des firmes transnationales dans la
mondialisation culturelle. Il fait aussi le lien avec la
situation 1. L’essor de la restauration rapide n’est
pas seulement celui du hamburger (d’origine européenne et non américaine : c’était au XIXe siècle la
nourriture des dockers de Hambourg). Croissanteries, sandwicheries se développent aussi. Si, dans les
pays développés, ces formes de restauration bon
marché sont plutôt fréquentées par les jeunes ou
les classes populaires, elles le sont par la bourgeoisie urbaine dans les pays en développement où les
plus pauvres se nourrissent fréquemment de plats
locaux cuisinés sur le trottoir.
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SITUATION 3
La diversité des langues est-elle
une richesse pour l’Europe ? (pages 128-129)
• Objectifs
➞ Montrer la grande diversité linguistique de l’Europe.
➞ Comprendre que la diversité linguistique est une
richesse.
• Repères
La langue est un marqueur fort de l’identité culturelle. En Europe, les États sont unifiés par des
langues nationales, mais l’anglais devient la langue
de communication internationale. En même temps
se développent des formes de résistance et de
reconnaissance des langues régionales.
• Déroulement possible de la séance
Lancement On peut formuler la problématique à
partir de la lecture des panneaux routiers.
Étape 1 La diversité linguistique à l’échelle nationale (doc. 1) et régionale (doc. 4 et 5).
Étape 2 L’essor de l’anglais (doc. 3).
Étape 3 L’importance de la diversité linguistique
(doc. 2).
Conclusion Apprendre plusieurs langues permet
de préserver un patrimoine linguistique tout en disposant de langues de communication.
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• Les réponses aux questions
Question 1. Il y a 23 langues officielles car il n’existe
pas de langue belge, ni luxembourgeoise, ni chypriote.
COMMENTAIRE L’histoire des langues. Les langues
officielles de L’UE sont utilisées conjointement
pour l’ensemble des textes produits à Bruxelles et
à Strasbourg. Le professeur peut présenter les
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grandes familles linguistiques : langues celtiques,
latines, germaniques, slaves, baltes (groupe indoeuropéen) ; finnois, estonien et hongrois (groupe
ouralien) ; turc (groupe altaïque) ; basque (langue
isolée sans langues parentes connues). Les langues
peuvent ainsi être mises en relation avec le peuplement de l’Europe par vagues de migrations successives.
Question 2. Les langues régionales font partie du
patrimoine culturel et contribuent à la diversité des
hommes qui est nécessaire à la démocratie.
COMMENTAIRE Les évolutions. Les principes affirmés
dans la Charte font encore débat en France. La
France l’a signée en 1992 mais ne l’a ratifiée que très
récemment, car la tradition centralisatrice pèse
encore dans les esprits. Cependant il existe aujourd’hui des CAPES de basque, de breton, de corse
même si ces enseignements demeurent très minoritaires. Le professeur peut comparer la situation française et celle qui prévaut en Espagne, où aujourd’hui
chaque région a deux langues officielles : le castillan
et la langue régionale. Ce bilinguisme limite l’enseignement des langues étrangères. Aussi, si l’usage de
l’anglais est répandu, celui du français recule.
Question 3. L’anglais s’impose comme langue de
communication internationale.
COMMENTAIRE Le professeur peut souligner le rôle
d’Internet dans le développement de l’anglais, ou
plutôt de ce que les Anglais nomment international
pidgin, qui en est une forme assez simplifiée.
Question 4. Les panneaux sont rédigés en français
et en breton.
Question 5. Les langues régionales parlées en
France sont le breton, l’occitan, le franco-provençal, le flamand (néerlandais), l’alsacien ; en Allemagne, le frison et le souabe ; au Royaume-Uni, le
cornique, le gallois, le manx, le gaélique écossais et
le gaélique irlandais ; en Espagne, le galicien, l’asturien, le basque, l’aragonais et le catalan.
COMMENTAIRE Langue et identité. Le nombre de
locuteurs du breton reste limité. Il s’agit de moins
en moins d’une langue maternelle, de plus en plus
d’une langue apprise auprès d’associations militantes. Le breton compte ainsi aujourd’hui des locuteurs à Rennes, alors que cette ville faisait partie du
pays gallo, c’est-à-dire de langue française, et non
du pays bretonnant qui était historiquement limité
à l’extrémité de la péninsule. On peut, à partir de
cet exemple, montrer que les identités régionales
sont autant le fruit de recompositions récentes que
de la réappropriation ou de la permanence d’un
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héritage. On peut faire un parallèle entre le
XIXe siècle, où les progrès du centralisme républicain
ont entraîné des réactions identitaires (la plus
connue est le Félibrige de Frédéric Mistral) qui
invente une grammaire afin d’unifier les divers
parlers occitans), et la fin du XXe siècle où la mondialisation suscite la crainte d’une perte d’identité
et aboutit au même type de conséquences.
Évaluation (pages 132-133)
• Mobiliser ses connaissances
1. La religion majoritaire en Inde est l’hindouisme ;
en Amérique latine, le christianisme (catholique) ;
en Afrique du Nord, l’islam sunnite ; en Europe, le
christianisme (catholique et protestant).
2. Une aire culturelle est une aire géographique
étendue, unifiée par des traits culturels communs.
3. Les grandes firmes transnationales contribuent à
l’émergence d’une culture mondiale en diffusant
dans le monde entier les mêmes produits culturels
(films, disques, mangas), les mêmes produits alimentaires (hamburgers), les mêmes biens de consommation (baskets, jeans).
4. Les élèves pourront faire référence à leur habillement, à leurs loisirs, à leur alimentation.
5. Dans les grandes villes, du fait des migrations,
cohabitent des populations d’origines diverses. Elles
introduisent leurs façons de se nourrir, sont souvent
bilingues, conservent une part des traditions de leur
pays d’origine. Elles les font connaître aux autres
habitants, notamment en ouvrant des restaurants.
Les grandes villes deviennent ainsi multiculturelles.
• Analyser un ensemble documentaire
Présenter des informations tirées de plusieurs
documents
1. Ikea a été créée en Suède. Elle est aujourd’hui
implantée dans vingt-trois pays. Ce sont des pays
riches ou des pays en forte croissance économique
(Chine). Après les premiers magasins suédois, Ikea
a ouvert des magasins dans les autres pays scandinaves (Norvège, Danemark), puis en Europe occidentale, en Amérique du Nord et en Australie.
2. Depuis les années 1990, Ikea s’est implantée en
Espagne et au Portugal, en Europe orientale, en
Russie, au Japon et en Chine.
3. Ikea a connu une très forte croissance : le nombre
de visiteurs dans ses magasins est passé de quelques
milliers en 1954 à 1,6 million en 1964, 125 millions
en 1994, plus de 500 millions en 2004.
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Mettre en relation avec ses connaissances
5. Ikea contribue à l’uniformisation des modes de
consommation en vendant, dans plusieurs parties
du monde, les mêmes meubles.
COMMENTAIRE
Le professeur peut évoquer la
grande diversité des types et des formes de meubles
dans le monde. Ainsi, les repas traditionnels sont
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pris assis sur un siège bas devant une table basse en
Afrique du Nord ou en Turquie ; accroupi devant
une natte posée au sol en Afrique noire ou en
Chine ; accroupi devant une table basse en Inde. La
diffusion de la chaise et de la table hautes constitue donc une forme d’occidentalisation.