Miss Knife habille Olivier Py de lumière à l`Odéon

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Miss Knife habille Olivier Py de lumière à l`Odéon
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Miss Knife habille Olivier Py de lumière à l'Odéon
Certaines divas font leurs adieux au Music-hall, Olivier Py se glisse dans la peau de Miss Knife
pour faire ses adieux en musique à l’Odéon sous les hurlements d’une foule de spectateurs et
d’employés du théâtre en quasi transe.
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Lundi 12 mars, jour de relâche pour les théâtres, le soleil brille, le printemps chante son
introduction lente mais très agréable, le printemps c’est joli pour se parler d’amour.
Miss Knife s’offre la grande salle de l’Odéon, les spectateurs sont au rendez-vous, pas un
siège vide de l’orchestre au deuxième balcon.
Un décor sobre, en fond de scène un panneau de lumières toujours présentes dans les décors
de Pierre-André Weiss pour les spectacles d’Olivier Py. Parmis toutes les ampoules jaunes,
une est rouge, come une trace des âmes oubliées, un esprit différent, une couleur pour éclairer
la sombre route écorchée de Miss Knife lanceuse de couteaux à cœur ouvert.
Quatre musiciens d’élégance vêtus entrent en scène, Julien Jolly rejoint sa batterie, Sébastien
Maire sa contrebasse, Olivier Bernard son saxophone et Stéphane Leach son piano qui lui
servit à composer la majorité des chansons à venir.
Miss Knife n’en est pas à son premier show, la Place Rouge, New-York, Lyon, le festival
d’Avignon, le Café de la Danse et le théâtre du Rond Point eurent la chance de l’accueillir pour
ses cabarets sur des musiques de Jean-Yves Rivaud avec l’accordéon de Christian Paccoud
puis la fabuleuse contrebasse de Matthieu Dalle, hélas disparu de la scène des vivants il y a six
ans et déjà avec le jeune Julien Jolly aux percussions.
Les musiciens commencent un set, une longue introduction jazzy avant l’arrivée de la
chanteuse en robe somptueuse à paillettes, collier immense de diamants, talons noirs et hauts
sur bas à pois et portes jarretelles, la chevelure blonde platine comme une mini miss
américaine les jours de victoire.
Le travestissement peut vite sombrer au ridicule, il trouble, gêne déplace les réalités préimaginées, mais Olivier Py ne le sera jamais de sa première note à son dernier salut quasi nu.
D’une voix puissante il touche les pampilles du lustre de l’Odéon et fait frissonner les
spectateurs sur des textes poétiques, sombres et drôles, riches d’une sincérité rarissime sur la
scène souvent occupée par des imitateurs d’acteurs, des faiseurs de théâtre.
Avec humour et talent, il habite la scène, surfe sur un lit de musique solide, endiablée, à la
rythmique dansante et libératrice de mots salvateurs et justes.
Avec humour et fantaisie, Olivier Py habite son corps, arrache sa perruque blonde pour libérer
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sa chevelure virile, noire et courte.
Dans le corps d’une femme comme n’y étant pas, dans la voix d’un homme comme une
apocalypse joyeuse, féminine et vocale, il libère les genres et ouvre un autre possible, un
ailleurs artistique pour tutoyer l’univers, transcender la liberté.
De chansons en chansons, de textes en textes il parle de lui, du futur, de l’éternité du
changement comme celui de la direction de l’Odéon où nous l’espérons le futur directeur
pourra offrir un jour un tel spectacle à ses abonnés !
Py ne se perd jamais sous les traits de Miss Knife, la diva ne ronge jamais le charisme de
l’artiste.
Une déchirure est perceptible sous les traits et les mots de ce personnage, un gouffre profond,
abyssal peut-être celui de la génération ravagée par le sida, victime sans doute de la culpabilité
d’être différent et du passage de l’ « homosensualité » à l’homosexualité dans les lieux
publics.
L’amour, la mort, la vie, les regrets, les souvenirs, les rêves, tout y est dans ce paradis de
tristesse où l’ange bleu n’est pas Marlène Dietrich mais un artiste en grande forme, le corps
superbement gainé par sa robe, souple dans ses gestes, léger, heureux peut-être sous le
maquillage, plus jeune que jamais, on retrouve l’acteur « Des drôles », sa générosité, sa
fougue, son authenticité.
Le temps d’un morceau remarquablement interprété par les quatre musiciens et Miss Knife
revient dans un costume de gorille, la salle rit comme tout le long du spectacle, une pudeur
pour cacher la peine des textes. Sous le gorille une robe noire, transparente, élégante, Miss
Knife danse à en montrer sa culotte, se moque d’Olivier Py et dessine les traits d’une société
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finement analysée sous une plume acide et précise.
Les Jardins de Pampelune résonnent comme les vergers d’Avignon, Olivier Py fait ses adieux
à l’Odéon, mais gageons que son âme d’artiste et son travail brillant et ambitieux va s’inscrire
dans la droite lignée de Jean Vilar et d’Alain Crombecque, brillants directeurs du festival
d’Avignon où maître Py dans son bureau niché va s’installer pour faire vibrer la ville et ses
fantômes l’été mais aussi l’hiver pour que le théâtre soit une joie pour tous sans perdre de vue
de multiples exigences.
18 Chansons, une performance physique et vocale, un public en délire au moment des saluts,
un rappel soutenu par les employés du théâtre en boa, tristes de dire au revoir à un directeur
exemplaire mais heureux de chanter sous les plumes et les paillettes.
De nombreux rappels, une foule debout, les cris de Claire Chazal, les sifflets joyeux de Carole
Bouquet, le sourire de Charlotte Rampling, les visages radieux des spectateurs, les bravos
confirment le moment de grâce et les honneurs mérités pour Miss Knife et Olivier Py.
Une réussite, une vraie, bientôt en tournée et de retour à Paris en Octobre pour quinze jours
que nous ne manquerons pas de vous annoncer.
Visuels (c) : Bérénice Clerc.
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