La recherche au musée du Louvre en 2010

Transcription

La recherche au musée du Louvre en 2010
Le mot du président-directeur
L
’étude scientifique de ses collections est une des missions fondamentales du
musée du Louvre, qui irrigue toutes ses activités ; nombre de ses agents en sont
les acteurs. Les domaines de recherche s’étendent sur de nombreux champs
d’étude : civilisations, artistes, courants artistiques, techniques, histoire des collections et des collectionneurs, histoire du domaine (architecture et jardin), jusqu’à la
préservation et à la conservation des œuvres et des bâtiments, sans oublier l’étude
du public et de son comportement.
Parmi les recherches menées en 2010, certaines modifient fondamentalement la
présentation même des œuvres du musée, comme c’est le cas dans les nouvelles
salles d’art grec – aboutissement de plus de dix années d’étude ; certaines amènent
le public à découvrir ou redécouvrir un artiste, une culture, une époque, grâce
notamment aux quelque quarante expositions ou actualités des salles au Louvre ou
hors les murs. Avec la vingtaine de publications d’ouvrages scientifiques (catalogues
raisonnés, catalogues d’expositions, monographies), les colloques et conférences
consacrés à l’archéologie et à l’histoire de l’art, le résultat de ces études est largement
diffusé auprès de tous.
L’étude de nos collections passe aussi par les nouvelles acquisitions. La politique du musée en matière d’acquisition consiste à renforcer les points forts de nos
collections, mais également à combler les lacunes. Au cours de l’année 2010,
soixante-douze œuvres nouvelles sont venues enrichir les collections conservées par
six des huit départements patrimoniaux du musée du Louvre, ainsi que la section
Histoire du Louvre et le musée Eugène Delacroix.
Que ce soit dans le cadre d’expositions, de prêts d’œuvres, d’ouverture de nouvelles
salles, d’interventions programmées sur les œuvres exposées en salles ou conservées
dans les réserves, de nouvelles acquisitions, de projets de recherche, étudier ces
œuvres au plus près, c’est aussi les conserver et les restaurer. Restaurateurs, physiciens
et chimistes des laboratoires travaillent main dans la main avec les conservateurs
des départements.
Ce premier bulletin de la recherche a pour objectif de recenser les principaux
projets de recherche menés au musée du Louvre tant dans les départements que dans
les services et délégations pour l’année 2010. Il présente les nouvelles acquisitions
de chaque département et offre un panorama des principales restaurations. Il
reprend les temps forts des expositions au Louvre, au Grand Palais, en région et à
l’international et propose un annuaire des acteurs de la recherche.
La recherche au Louvre est, à l’égal du musée et de son histoire, un joyau à multiples
facettes.
C’est la raison pour laquelle le musée a souhaité marquer sa vocation de centre
de recherche en mettant en place un conseil scientifique constitué de membres
éminents de la recherche en archéologie et en histoire de l’art, issus des universités
et des musées nationaux et étrangers, ainsi que d’acteurs du Louvre. Le rôle de
ce conseil est multiple : s’interroger sur l’équilibre entre les différents champs de
recherche ouverts par le musée, proposer des recommandations sur les principaux
projets, suggérer des sujets dans des domaines moins étudiés, susciter des réflexions
transversales, mettre l’accent sur les domaines d’excellence du musée, son originalité
et sa réactivité par rapport aux grandes découvertes et orientations des disciplines
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qui y sont représentées, examiner les méthodes du musée et leur adéquation aux
meilleures pratiques, la qualité de ses réseaux et partenariats, réfléchir sur les
moyens de la diffusion (supports choisis, qualité des communications). La première
rencontre a eu lieu en mars 2011.
Henri Loyrette
 One of the Musée du Louvre’s fundamental missions is to compile a comprehensive, scientific
study of the Museum’s collections, a massive project that permeates all its activities, and involves a
great many of the Museum’s personnel at all levels. The areas of research cover many fields of
study: civilisations, artists, artistic movements, techniques, the history of the collections and
collectors, the history of the Louvre as a royal domain (architecture and garden), the preservation
and conservation of the works and buildings, and the study of the visitors and their behaviour.
Some of the research conducted in 2010 has fundamentally modified the actual presentation of
the works in the Museum, as is the case with the new exhibition galleries devoted to Greek art—
their new arrangement being the culmination of more than ten years of study; some of the research
undertaken now enables visitors to discover or rediscover an artist, a culture, or an epoch, through
some forty exhibitions and events held in or outside the Louvre. The issue of around twenty
authoritative publications (catalogues raisonnés, exhibition catalogues, and monographs), along
with symposiums and conferences devoted to archaeology and the history of art, will ensure the
widespread diffusion of the study results.
The study of our collections also involves the acquisition of new works. The Museum’s acquisition
policy is to enhance the areas of strength in our collections, and to fill the gaps. In 2010, six of the
eight cultural heritage departments in the Musée du Louvre, the History of the Louvre department,
and the Musée Eugène Delacroix, were augmented with seventy-two new works.
The systematic study of the Museum’s treasures also involves conservation and restoration
projects, which involve exhibitions, loans of works, the opening of new exhibition rooms,
programmed intervention on works displayed in exhibition rooms or conserved in the Museum
storerooms, new acquisitions, and assorted specific research projects. To this end, the departments’
curators work in close collaboration with a crew of experts that includes restorers, laboratory
physicists and chemists.
Our first research bulletin lists all the research projects conducted in the Musée du Louvre in the
Departments, divisions, and delegations in 2010. It presents the new acquisitions in each
Department, and offers a panorama of the main restoration projects. It takes a look at the highlights
of the exhibitions in the Louvre and the Grand Palais, and regional and international exhibitions,
and provides a comprehensive list of all the research staff.
The Louvre’s research programme is as multifaceted as the Museum itself, and as complex as its
history. Hence the Museum’s decision to mark its growing commitment as a research centre by
establishing a steering committee comprised of eminent members of the Museum, universities,
and national and international museums, who are involved in archaeological research and art
history. The committee has a number of core functions: assessing the balance between the
Museum’s various fields of research; proposing recommendations for the main projects; suggesting
subjects in areas of study that have received less attention; promoting inter-departmental activity;
highlighting the Museum’s areas of excellence, its originality, and reactivity with regard to the
major discoveries and orientations of the disciplines represented in the Museum; ensuring the
Museum’s methods are state-of-the-art, guaranteeing the quality of its networks and partnerships;
and reflecting on the means of diffusion (supports chosen, communication quality, etc.). The first
meeting of the committee was held in March 2011.
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Le mot du président du conseil scientifique
C
réer une typologie de la centaine de projets de recherche qui ont vu le jour, se
sont poursuivis ou achevés en 2010 au musée du Louvre est chose complexe
tant les sujets sont liés à la spécificité des collections. Cependant, on voit se
dessiner deux grandes orientations.
La première a pour objectif de caractériser une technique, d’identifier un peintre,
un atelier ou un centre de création : c’est ce qui a été fait autour de Raphaël, du
mobilier Boulle, des terres cuites et de la taille des sculptures de la Renaissance
italienne, de la technique du lustre métallique, de la dorure sur céramique glaçurée,
de la production des céramiques de l’Espagne arabe dans les arts de l’Islam ou des
tablettes cunéiformes.
La seconde consiste à recenser et publier un corpus (même si, à bien des égards,
ce type d’étude a quelque chose à voir avec les activités de recherche citées
précédemment). Ce travail a été accompli pour les émaux méridionaux, les marques
de collections en arts graphiques, les œuvres d’art américaines conservées sur le
territoire français (base La Fayette), les sculptures souabes gothiques tardives, la
correspondance de Delacroix ou la verrerie antique conservée au Louvre, ainsi que
pour les collections mises au jour lors de fouilles anciennes comme à Arslan Tash
(les ivoires) et Éléphantine. La réédition du premier guide rédigé par Champollion
participe de cette même problématique.
Les missions de fouilles ou de prospections archéologiques auxquelles participe
le musée s’ancrent dans la recherche archéologique au sens large tout en gardant
leur spécificité muséale : à Saqqara (Égypte), Baouit (Égypte) et Myrina (Turquie), les
équipes du musée réétudient les lieux et les contextes d’où proviennent certaines
œuvres de nos collections ; à Tulul el-Far (Syrie), Mouweis (Soudan) et Paykend
(Ouzbékistan), elles contribuent à faire avancer l’histoire chronologique, sociale et
culturelle des civilisations étudiées ; enfin, à Merenptah (Égypte), la compréhension
du décor d’un vaste tombeau royal autant que sa conservation et présentation in situ
constituent l’enjeu de la mission.
Certains services et délégations du musée mènent, quant à eux, des projets de
recherche transversaux : le service Études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique procède à de nombreuses études sur le
comportement du public dans ses pratiques réelles et virtuelles et sur ses attentes en
matière de médiation et d’aide à la visite ; la Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies, qui participe à la veille sanitaire des collections
patrimoniales, suit certaines restaurations-conservations et les chantiers en cours
afin de limiter les effets néfastes sur les œuvres ; le service du Récolement des dépôts
antiques et des arts de l’Islam met en place, entre autres, le pilotage transversal du
récolement des dépôts du Louvre dans les autres musées nationaux.
Accompagné de mes collègues français et étrangers issus du monde universitaire
et muséal, j’ai accepté de rejoindre le conseil scientifique que souhaitait créer le
musée. Notre travail s’annonce passionnant, étant donné la gamme des collections
dont dispose le Louvre, la qualité des chercheurs et la qualité globale de la recherche
au Louvre.
En histoire de l’art comme en archéologie, c’est la recherche « sur le champ »,
c’est-à-dire sur les objets, qui constitue la dimension commune entre le monde
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universitaire et celui des musées. L’interaction entre la recherche du musée et celle
pratiquée par les universitaires, sur une même œuvre ou sur un même artiste, est
extrêmement enrichissante. Pour les universitaires, c’est un appel à se pencher sur
l’œuvre, sur l’objet, ce que les milieux académiques tendent parfois à oublier. En
même temps, la qualité de cette recherche doit atteindre le même niveau que celui
de la recherche académique, soit le niveau le plus haut.
L’idée couramment répandue est que les musées sont des « machines à conserver »
et non des « machines à comprendre », oubliant donc cette connaissance approfondie
des œuvres que seule procure la recherche. De plus, si la recherche dans certains
musées est limitée à leurs seules collections, pour un musée comme le Louvre, il n’y
a pas de limites, mais plutôt matière à défi.
Salvatore Settis
 It would be quite a challenge to classify the hundred or so research projects that were initiated,
pursued, or completed in 2010 at the Musée du Louvre, as the subjects covered are closely tied to
the specific nature of the various collections. That said, the two main fronts of this vast research effort
are fairly easily defined. The first type involves pinpointing a technique, a given painter, workshop, or
production centre, and so far has included such varied subjects as the painter Raphael; Boulle
furniture; Renaissance earthenware and sculpting techniques; metallic lustre technique; the gilding
of glazed ceramics; ceramic production in Islamic Spain, and not least cuneiform tablets.
The second approach entails the progressive inventorying and publishing of each corpus of
works in the Louvre’s possession (though in many respects this type of study is similar to the
previous one). Examples of this include listing the “champlevé Limoges” enamels; indexing
collectors’ marks on drawings and prints; cataloguing all American artworks held in France (La
Fayette database); the late Gothic Swabian sculptures; the Delacroix correspondence; the Louvre’s
antique glassware; and the finds from past excavations at Arslan Tash (ivories) and Elephantine.
This vast project comprises the publication of a new edition of Champollion’s first guide.
The Musée du Louvre’s archaeological projects largely involve archaeological research oriented
specifically to museum-based practices: at S.aqqārah (Egypt), Baouit (Egypt), and Myrina (Turkey),
the Museum’s teams are re-examining the contexts and places from which many of the Louvre’s
works originate; at Tulul el-Far (Syria), Muweis (Sudan), and Paykend (Uzbekistan) the teams are
helping to chart the chronological, social, and cultural history of the civilisations studied; and,
lastly, another Louvre team is analysing the decorations in a vast royal tomb at Merenptah (Egypt),
while investigating new ways of conserving and exhibiting the finds in situ.
Several of the Museum’s departments and delegations are involved in interdepartmental research
projects: for example, the Study and Research Division for Audience Policy and Art Education has
conducted numerous studies into audience behaviour, practices and expectations – both real (on
site) and virtual (online) – with an eye to developing interactive communication of knowledge, and
visitor aids; the Delegation of Preventative Conservation and Administrative Coordination, which
contributes to the maintenance of the national heritage collections, oversees certain restorationconservation projects to minimise damage to the works; the Department responsible for locating
and authenticating antique deposits and for the Islamic Arts, has established a interdepartmental
management system for the location and verification of Louvre deposits in the other national
museums.
Along with various French and international colleagues from universities and museums, I have
accepted to join the Advisory Board created at the Museum’s behest. Given the wealth of the
Louvre’s collections, the quality of its researchers, and the globally high standards of the Louvre’s
research, our work promises to be extremely interesting. In both art history and archaeology,
fieldwork, that is the study of the objects themselves, is practised by both universities and museums
alike, which makes close interaction between museum and university research on the same works
or artists very enriching. This overlapping of interests enables university researchers to focus on a
particular work or object that might otherwise be overlooked, and requires particularly high
standards of academic research.
In general, a museum tends to be viewed as a machine à conserver, that is, a “conservation
machine”, rather than a place of learning, which overlooks the fact that a proper knowledge of any
museum’s works can only be acquired through intensive research. Moreover, while research in some
museums is limited to their own collections, at the Louvre there are no such limits, only challenges.
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Antiquités orientales
Antiquités égyptiennes
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Arts de l’Islam
Sculptures
Objets d’art
Peintures
Arts graphiques
musée Delacroix
histoire du louvre
Service du Récolement des dépôts antiques
et des arts de l’Islam
Délégation à la conservation préventive
et à la coordination des régies
Service Études et recherche de la Direction
de la politique des publics
et de l’éducation artistique
Outils de la recherche
Travaux
de recherche
Travaux de recherche
Antiquités orientales
L
es axes de recherche du département des Antiquités orientales correspondent
aux domaines couverts par les collections sur une période de temps qui va de
la préhistoire jusqu’au début de l’Islam, et sur un territoire qui s’étend, selon
les périodes historiques, de l’Afrique du Nord jusqu’à l’Asie centrale et de l’Anatolie
au Yémen.
Les coopérations internationales constituent un axe majeur de l’activité du
département. Elles concernent actuellement presque tous les pays du Proche et du
Moyen-Orient, jusqu’en Asie centrale, et comportent à la fois un volet scientifique
et l’un des programmes concernant la formation et la conception muséographique.
L’année 2010 a été marquée par l’important développement de ces programmes,
particulièrement avec la Syrie et l’Arabie Saoudite. L’exposition « Routes d’Arabie.
Archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite » (hall Napoléon, 16 juillet –
27 septembre 2010) restera la première grande manifestation consacrée au passé du
royaume d’Arabie Saoudite ; le catalogue a été conçu comme un ouvrage historique
de référence.
L’histoire des collections, éclairant l’étude des œuvres, est l’un des principaux axes
de nos recherches et de nos publications.
B. André-Salvini
 The areas of research in the Department of Near Eastern Antiquities match the domains
covered by the collections, whose historical and traditional geographic framework comprises a
period that spans from prehistory to the beginnings of Islam, involving a large geographical area
that extends—depending on the historical periods—from North Africa to Central Asia, and from
Anatolia to Yemen.
International cooperation plays a major role in the Department’s activities. The partnerships
currently involve all the countries in the Near and Middle East and Central Asia, and comprise a
research programme, and one of the programmes relating to training and museology. The year 2010
witnessed a major development in these partnerships, particularly with Syria and Saudi Arabia. The
exhibition “Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du Royaume d’Arabie Saoudite” (Roads of Arabia.
Archaeology and History of the Kingdom of Saudi Arabia), held in the Hall Napoléon from 16 July to
27 September 2010, was the first major event devoted to the history of the Kingdom of Saudi Arabia;
the catalogue was devised to provide a reference work for researchers and historians.
The history of the collections, which sheds light on the study of the works, is one of the principal
areas for research and publication.
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Antiquités orientales
Les ivoires d’Arslan Tash
Projet suivi par Élisabeth Fontan et Giorgio Affanni
ont tous été acquis d’Élie Borowski, marchand à Bâle, qui luiUn ensemble exceptionnel d’ivoires a été découvert en 1928
même les aurait achetés en 1955 à un antiquaire parisien. Dixsur le site d’Arslan Tash, par une mission du musée du Louvre
sept de ces ivoires ont été acquis par le Metropolitan Museum
dirigée par François Thureau-Dangin, conservateur en chef du
de New York en 1957, un en 1966 par le musée de Hambourg,
département des Antiquités orientales.
quarante et un éléments entiers ainsi qu’une centaine de fragArslan Tash, nom qui signifie « la pierre au lion », est situé à
ments par le Badisches Landesmuseum de Karlsruhe entre 1970
l’extrême nord de la Syrie, à quelques kilomètres de la frontière
et 1972, enfin vingt et un ont été déposés en 1992 au Bible
turque et à l’est de l’Euphrate. Deux campagnes de fouilles ont
Lands Museum de Jérusalem.
été menées au cours de l’année 1928 : la première s’est déL’origine de ces œuvres est obscure. Sans doute y eut-il des
roulée au printemps avec la participation du père dominicain
fouilles clandestines entre les deux campagnes de fouilles ou
Augustin Barrois, de l’École biblique et archéologique française
juste après la fermeture du chantier et/ou des vols dans un
de Jérusalem, et de Georges Dossin, épigraphiste à l’université
local de stockage. L’examen des œuvres a permis de constater
de Liège, la seconde à l’automne avec le concours de Maurice
que certains fragments provenant du commerce complétaient
Dunand.
des plaquettes issues de la fouille, ce qui prouve que la majeure
Les fouilles ont notamment mis au jour un palais néopartie des ivoires de la collection Borowski proviennent bien
assyrien du Ier millénaire avant J.-C. et un autre bâtiment, plus
d’Arslan Tash. Les recherches sont en cours pour retracer l’hisancien, appelé le « bâtiment aux ivoires », sans doute un autre
toire mouvementée de cette collection.
palais. Arslan Tash / Hadatu était, comme le site voisin de Tell
En 2006 a été lancé le projet d’une nouvelle publication de
Ahmar / Til Barsip, une capitale provinciale de l’Empire assyl’ensemble des ivoires d’Arslan Tash, fruit d’une collaboration
rien aux ixe-viiie siècles. C’est dans les quinze derniers jours de
entre le musée du Louvre, l’université de Bologne et la Direcjuin 1928, après le départ de Thureau-Dangin et Dossin, qu’eut
tion générale des antiquités et des musées de Syrie (DGAMS).
lieu la découverte par le père Barrois du lot le plus important
L’équipe chargée de l’étude et de la publication est comdes fameux ivoires. Les ivoires, qualifiés traditionnellement de
posée de : Élisabeth Fontan, conservateur en chef au déparphéniciens, constituaient un décor de mobilier, associés à des
tement des Antiquités orientales ; Giorgio Affanni, docteur
éléments de verre coloré. Les fouilleurs ont retrouvé les traces
(université de Turin) ; Annie Caubet, conservateur général
de un ou peut-être deux lits ou bien d’un lit et d’un trône.
honoraire (musée du Louvre) ; Serena Maria Cecchini, proLa publication parut dès 1931 : Arslan Tash, par F. Thureaufesseur émérite (université de Bologne) ; François Poplin,
Dangin, A. Barrois, G. Dossin et M. Dunand. Cent quatorze
ivoires y sont publiés. Ils ont
été partagés entre le Louvre
et le musée national d’Alep,
selon la réglementation en
vigueur à l’époque du mandat. Quarante-six d’entre eux
sont aujourd’hui conservés
au département des Antiquités orientales, soixante
et onze sont exposés à Alep.
Cependant,
un
certain
nombre d’ivoires qui figurent
dans la publication ne sont
pas inventoriés au Louvre et
ne sont ni exposés ni répertoriés à Alep. En revanche,
certaines œuvres présentées dans les vitrines d’Alep
n’apparaissent pas dans la
publication. De plus, six plaquettes de très belle qualité
sont conservées à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.
Par ailleurs, un nombre
important d’ivoires attribués
d’un point de vue stylistique
à Arslan Tash se trouvent dans
des musées où ils sont arrivés
via le commerce de l’art. Ils
La Naissance d’Horus, département des Antiquités orientales (AO 11465)
19
Travaux de recherche
professeur au Muséum d’histoire naturelle ; Fabrizio Venturi
(université de Bologne) ; Maria Giulia Amadasi, professeur à
l’université de Rome.
Le sommaire provisoire est le suivant :
Introduction historique (S. M. Cecchini)
Origine de la matière animale et modes de fabrication
(A. Caubet et F. Poplin)
Histoire des fouilles et de la collection d’ivoires (É. Fontan)
Étude iconographique et stylistique (G. Affanni)
Catalogue
Essai de reconstruction du mobilier (É. Fontan et G. Affanni)
Appendice : Les inscriptions (M. G. Amadasi)
Parallèlement, l’université de Bologne sous la direction de
Serena Maria Cecchini a effectué, en collaboration avec la
DGAMS, une nouvelle mission d’étude sur le terrain pour
préciser la stratigraphie et la chronologie. En effet, au cours
des fouilles anciennes, aucune céramique, aucun tesson n’a
été recueilli. Le problème réside dans l’absence de protection
du site, qui est entièrement recouvert par le village moderne.
En 2007 a eu lieu une mission de relevé topographique,
suivie en 2008 d’une mission de prospection géomagnétique.
La fouille s’est déroulée en septembre 2009.
L’étude des œuvres a débuté en 2006 et s’est terminée en
décembre 2010. Chaque pièce a fait l’objet d’un examen sous
loupe binoculaire, de photographies et de dessins (les deux
faces et les tranches), d’un examen et de photos sous lumière
UV. Le récolement d’environ deux cents œuvres a permis
d’établir le catalogue, qui est en voie d’achèvement.
Cette étude s’est accompagnée de campagnes de restauration
confiées à Juliette Levy, Agnès Cascio et Marie-Emmanuelle
Meyohas notamment, au Louvre, où le travail est terminé, et à
Alep (en cours), dans le cadre de la coopération entre le musée
du Louvre et la DGAMS.
Parallèlement, un programme d’analyses en laboratoire a été
entrepris en collaboration avec le Centre de recherche et de
restauration des musées de France (C2RMF) sous la direction
d’Ina Reiche et de Katarina Müller, dont une première tranche
a été effectuée en 2010.
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large des nouvelles
recherches sur les ivoires du Ier millénaire menées par Georgina
Herrmann pour Nimroud et par Claudia Suter pour Samarie.
É. Fontan
 An archaeological mission from the Musée du Louvre, led by François
Thureau-Dangin (head of the Département des Antiquités Orientales),
discovered an exceptional set of ivories at the Arslan Tash archaeological
site (Syria) in 1928. Most of the ivories, which were allotted to the Louvre
and the Aleppo National Museum in accordance with the regulations at
the time, were published in 1931.
The differences between the works that appeared in the publication and
those kept in the Louvre and Aleppo, and the fact that certain works
acquired by other museums were stylistically similar to the published works
from Arslan Tash, led to the project for a publication (“catalogue raisonné”)
of all the ivories from Arslan Tash.
The members of the team which conducted the study and compiled the
catalogue are: Elisabeth Fontan (Musée du Louvre), Giorgio Affanni (Turin
University), Annie Caubet (Musée du Louvre), Serena Maria Cecchini
(University of Bologna), Fabrizio Venturi, François Poplin (Muséum
d’Histoire Naturelle), and Maria Giulia Amadasi (University of Rome). The
study of the works included conservation programmes, and a series of
laboratory analysis was conducted in collaboration with the C2RMF (Centre
for Research and Restoration of the Museums of France).
At the same time, the Italian division has renewed fieldwork at the site to
verify the stratigraphic and chronological data (September 2007, 2008,
2009).
This study is part of a larger project of new research into the ivories of
the 1st millennium bc, conducted by Georgina Herrmann for Nimrud, and
Claudia Suter for Samaria.
Programme d’étude historique et matérielle de la collection
de tablettes cunéiformes du Louvre
Projet suivi par Béatrice André-Salvini, Anne Liégey, restauratrice de sculptures,
et Anne Bouquillon, ingénieur de recherches au C2RMF
20
Un nouveau programme d’études, de restauration et d’analyses concernant des séries bien identifiées dans la collection
des textes cunéiformes du Louvre apporte des éléments nouveaux dans le cadre de recherches sur leur contexte historique
d’origine. Les analyses effectuées dans le but d’approfondir la
connaissance matérielle des tablettes sont menées parallèlement à la mise au point et au développement de méthodes
de traitement de conservation-restauration non destructives.
L’origine de cette étude repose sur la volonté et la nécessité
de conserver après restauration l’aspect et les caractéristiques
originales du support écrit, ce qui sauvegarde la possibilité de
mener ultérieurement des investigations sur la nature et la
composition originelles des matériaux.
Un programme original de restauration des textes cunéiformes en terre crue et cuite a donc été mis en place. L’objectif
premier était de restaurer les tablettes en terre crue sans les
cuire, en appliquant un traitement respectant leur matière. La
méthode de consolidation adoptée pour ce matériau fragile
préserve son aspect et sa composition et permet d’effectuer son
dessalement. Le projet se développe actuellement en liaison
avec un programme d’analyses mené en coopération avec le
Centre de recherche et de restauration des musées de France
(C2RMF). Née des besoins de la restauration, cette étude a
débouché sur des axes de recherche plus étendus. La détermination de la provenance des argiles doit permettre de proposer
certaines hypothèses ou conclusions d’ordre historique.
Une première sélection de tablettes a été effectuée dans
les collections du département des Antiquités orientales et
il a été procédé à un échantillonnage. Le choix a porté sur
des pièces très altérées et lacunaires de la correspondance du
roi Hammurabi de Babylone avec l’intendant Šamaš-hasir,
son représentant chargé de l’administration des domaines de
Larsa, une grande ville de la Mésopotamie méridionale, capitale d’un royaume conquis par le roi de Babylone en ± 1763
avant J.-C. (les dates suivent la chronologie traditionnelle dite
« moyenne » ; elles sont relatives). Ces textes royaux sont donc
Antiquités orientales
guerre, et transportées alors dans un château de la Loire où
elles ont été entreposées pendant plusieurs années dans un
lieu très humide, a été une longue opération, maintenant
achevée ; voir le chapitre « Restaurations ») ;
– la collection des tablettes paléo-babyloniennes des archives
de Larsa (écrites à Larsa).
Les perspectives sont naturellement de continuer cette
recherche combinant analyse et restauration sur des séries de
textes venant de sites, de périodes ou de règnes identifiables
et datés. (Les séries principales proviennent des anciennes
fouilles françaises effectuées à la fin du xixe siècle et pendant
la première moitié du xxe siècle, sur les sites de Tello et Larsa
[Irak], Suse [Iran], Ras Shamra / Ougarit [Syrie].)
B. André-Salvini
 A new programme of studies, conservation and analyses of a series of
clearA new programme of examination, analysis, and conservation of a
series of clearly identified lots in the Louvre’s collection of cuneiform
tablets, is providing new information about their original historical context.
The first aim of the programme was to restore the clay tablets without
baking them, by a treatment of consolidation followed by desalinisation,
with no effect on the mineralogical or chemical characteristics of the clay,
while also respecting the appearance of the object.
Launched as part of a general restoration programme, this procedure led
to more detailed research, including the identification of each tablet’s
provenance, enabling the researchers to determine their history. The
analytical process, applied to a limited number of objects, will be extended
to include a larger sample of clay tablets corresponding to well-known
series, namely, the letters of Hammurabi (and Awil-Ninurta) addressed to
Samas-hasir (sent to Larsa), and the collection of Paleo-Babylonian tablets
from the Larsa archives (written in Larsa).
Lettre de Hammurabi à Šamaš-hasir concernant l’entretien des terres du palais
à Larsa, département des Antiquités orientales (AO 8317 [TCL VII, 18])
bien situés géographiquement et chronologiquement et nous
savons qu’ils furent écrits pendant une période de temps limitée, d’environ dix années.
Le protocole d’analyse adopté permet tout d’abord de caractériser les principaux constituants de la matière des tablettes.
Ces analyses sont effectuées au C2RMF pour la roche totale
et au laboratoire Géosystèmes de l’université Lille 1 pour les
argiles. Le laboratoire ERM de l’université de Poitiers étudie la
composition chimique des sels solubles.
Ce projet, présenté lors la 55e Rencontre assyriologique internationale, à Paris en 2009, a fait l’objet d’une première publication (A. Liégey, A. Bouquillon, P. Recourt, V. Bout, B. AndréSalvini, « Les tablettes cunéiformes en terre crue du musée du
Louvre. Évaluation d’un protocole de traitement », Conservation, restauration des biens culturels, 28, 2010, p. 29-36).
Le procédé d’analyse, mis au point sur un nombre restreint
d’objets, va désormais s’étendre à un échantillonnage plus
important de tablettes en terre crue correspondant à des ensembles bien connus. Les lots prioritaires sont :
– les lettres de Hammurabi (et Awil Ninurta) adressées à
Šamaš-hasir (envoyées à Larsa), soit environ soixante tablettes,
entrées au Louvre en 1922 (acquises de Géjou à Bagdad), publiées par François Thureau-Dangin (Lettres de Hammurapi à
Šamaš-hâsir, Paris, 1924 [Textes cunéiformes du Louvre VII])
(la restauration de ces tablettes, sorties du Louvre pendant la
Les Durighello, consuls,
collectionneurs et marchands
à Sidon
Projet suivi par Élisabeth Fontan, avec la contribution
de Néguine Mathieux (département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines), d’Élisabeth David
(département des Antiquités égyptiennes)
et du département des Arts de l’Islam
Dans la seconde moitié du xixe siècle et au début du xxe, plusieurs membres d’une famille originaire de Venise et installée
au Levant, les Durighello, participèrent à l’enrichissement du
département des Antiquités orientales. Alphonse, vice-consul
de France à Saïda, a collaboré à la mission de Phénicie dirigée
par Ernest Renan. Deux de ses fils ont poursuivi son action,
Edmond, le fouilleur, et Jacques-Ange, le marchand. La contribution des Durighello va bien au-delà des informations données par les registres d’acquisition. En effet, de nombreuses
œuvres découvertes par eux sont passées par l’intermédiaire de
divers collectionneurs, diplomates, marchands ou banquiers,
avant d’arriver au Louvre, comme par exemple le sarcophage
d’Eshmounazor. Ils sont à l’origine de l’entrée au département
des Antiquités orientales de près de quatre cents objets, aussi
bien des œuvres exceptionnelles que des pièces de série. Leur
contribution concerne également le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et, pour une moindre part,
ceux des Antiquités égyptiennes et des Arts de l’Islam.
21
Travaux de recherche
L’étude met en outre en lumière les conditions dans lesquelles
se sont déroulés les débuts de la recherche archéologique au
Levant et la constitution des collections des musées occidentaux.
É. Fontan
 In the second half of the nineteenth century and the beginning of the
twentieth, the Durighello family—originally from Venice, but who settled
in the Levant—contributed extensively to the Department of Oriental
Antiquities by providing almost four hundred new objects for the collection;
some works are unique pieces, while others belong to sets.
The programme, which also involves other departments in the Museum,
provides direct insight into the conditions in which the first archaeological
research was conducted in the Levant, and into how the collections in
Western museums were built up.
Programme de l’Orient méditerranéen
dans l’Empire romain
Projet suivi par Nicolas Bel
Dans le cadre de la préparation de la nouvelle présentation
consacrée aux provinces orientales de l’Empire romain dans
les collections du Louvre (ouverture prévue en 2012), plusieurs
groupes d’objets ont été plus particulièrement étudiés en 2010 :
– Bekaa libanaise : après l’étude des mains votives en bronze
(P.-L. Gatier et N. Bel, « Mains votives de la Phénicie romaine »,
Monuments Piot, t. 87, 2008, p. 69-104), recherche sur les cultes
héliopolitains, en particulier sur les liens entre connaissances
astronomiques, développement de l’astrologie et iconographie
portée par les objets ;
– Cilicie et Cappadoce : recherche sur les liens existant entre le
culte du Jupiter Dolichenus et le corpus des figurines de bronze de
Cilicie, où la combinaison aigle-taureau apparaît fréquemment ;
– côte levantine : étude des sarcophages en pierre de la côte
levantine (Sidon, Byblos) : importation, ateliers locaux, copies ;
début du catalogage des cippes funéraires de Sidon (environ
cent dix numéros) : typologie, épigraphie, onomastique.
N. Bel
 In preparation for the new exhibition devoted to the eastern provinces
of the Roman Empire (opening scheduled for 2012), several sets of the
Louvre’s objects from the Bekaa Valley (Lebanon), Cilicia, Cappadocia, and
the Levantine coast were subjected to detailed studies in 2010,
includingincluding bronze figurines related to the cult of Jupiter Dolichenus,
stone sarcophagi, and Sidonian stelae.
La statuaire en bronze sud-arabique
Projet suivi par Françoise Demange, Benoît Mille,
archéométallurgiste (C2RMF), et Iwona Gajda,
épigraphiste, chargée de recherches au CNRS UMR 8167
22
Cette recherche s’inscrit dans le cadre de la convention de coopération signée en 2006 avec la Direction des antiquités du
Yémen (GOAM). La statuaire en bronze est l’une des productions les plus originales et les moins bien connues de l’art du
Yémen antique (Ier millénaire avant J.-C. – viie siècle après J.-C.).
Mené depuis 2007 en collaboration avec Benoît Mille et
Iwona Gajda, ce travail s’articule autour de l’étude appro-
fondie de trois sculptures en bronze, dont deux portent une
dédicace : une exceptionnelle statue d’homme, une applique
représentant un lion passant, une statuette en ronde bosse
représentant un lion debout. Cette étude a mis en évidence
l’originalité des ateliers de bronziers locaux, qui transcrivent
dans leur propre langage stylistique les influences venues du
monde oriental.
L’utilisation de techniques de fonte très particulières a été
révélée par l’étude menée au C2RMF. Le noyau de terre conservé au cœur de la pièce fait partie intégrante de sa structure et
les soudures des différents éléments rapportés (tête, membres,
etc.) utilisent ce noyau comme renfort. Deux expositions-dossiers ont présenté les premiers résultats (2008 et 2009) et une
étude plus poussée de la statue d’homme vient d’être publiée
(Monuments Piot, t. 89, 2010).
Les recherches de datation au radiocarbone (charbons se
trouvant dans les noyaux des pièces) se poursuivent (laboratoire de l’université de Tucson, états-Unis). Les résultats comparés des trois pistes de recherche explorées (épigraphie, style des
œuvres, techniques de fabrication et datation) permettent de
proposer des dates pour les pièces étudiées, mais peuvent aussi
désormais servir de référence pour la lecture d’autres bronzes.
En effet, le corpus, une centaine d’œuvres actuellement, ne
cesse de croître, malheureusement la plupart du temps grâce à
des découvertes fortuites ; il est donc toujours très difficile de
dater ces œuvres privées de tout contexte archéologique.
Ces recherches ont aussi permis de restaurer les trois œuvres
étudiées et de contribuer à la formation de restaurateurs yéménites. Une exposition, centrée sur la production particulièrement riche de sculptures en bronze dans la région du Jawf au
début du Ier millénaire avant J.-C., est programmée pour 2013,
mais la conjoncture politique actuellement très difficile dans le
pays nous contraint pour le moment à suspendre sa préparation.
F. Demange
 This research, in collaboration with the C2RMF (Centre for Research
and Restoration of the Museums of France) and CNRS epigraphy expert
Iwona Gajda, focuses on the study and restoration of three bronze
sculptures from ancient Yemen, two of which bear a dedication. The study,
which revealed unusual bronze casting technique enables to propose
dating of the three sculptures. It will serve as a reference for the
interpretation of other bronzes from southern Arabia. The project also
provided training experience for four Yemenite restorers.
Programme d’étude de la sculpture
de Mari
Projet suivi par Sophie Cluzan
La sculpture retrouvée sur le site de Mari, en Syrie, est exceptionnelle à divers égards et témoigne de ce que la ville était un
centre d’art important. Le corpus des statues retrouvées dans
les couches du milieu du IIIe millénaire avant J.-C. présente des
caractéristiques qui nous éclairent sur ce qu’était la culture de
cette cité.
Notre collaboration à la mission archéologique française de
Mari et l’importance historique de ce site dans les collections
du département des Antiquités orientales nous ont conduits
à engager un programme d’étude de ces œuvres. À cet effet,
parallèlement aux observations effectuées sur les quatre-vingt-
Antiquités orientales
dix exemplaires conservés au Louvre, plusieurs campagnes
d’étude ont été menées en Syrie, notamment au musée national de Damas, où une trentaine de pièces ont déjà été examinées en détail. L’ensemble de ces études doit conduire à la
publication d’une synthèse générale sur ce corpus.
Les principaux axes de recherche retenus pour ce programme
sont les suivants : répartition topographique et approche chronologique ; existence d’ateliers et d’un art du portrait ; observations
techniques et histoire de chacune des sculptures avant destruction ; modalités des massacres ; caractéristiques et signification
du corpus dans l’ensemble syro-mésopotamien de l’époque – en
approchant les œuvres de Tello, d’Ur, de la Diyala, d’Ebla, etc.
Parallèlement, ce programme entre dans la formation d’un certain nombre d’étudiants de l’École du Louvre. De plus, une base
de données a été constituée, qui, à terme, regroupera l’ensemble
du corpus de Mari conservé au Louvre et en Syrie.
S. Cluzan
 Our collaboration on the French archaeological project in Mari (Syria)
and the site’s historical importance in the collections of the Department of
Oriental Antiquities has prompted a specific study programme on Mari
sculpture, which will also provide training experience for students at the
École du Louvre. Work has begun on a database containing the entire
corpus of Mari artefacts kept in the Louvre and in Aleppo.
Autres programmes de recherche
du département des Antiquités
orientales
Recherches sur les musées de Syrie
Parmi les grands programmes de l’année 2010, un projet
d’études sur les musées de Syrie a occupé une place importante
au département des Antiquités orientales, mobilisant particulièrement deux conservateurs (Sophie Cluzan, Nicolas Bel) et
une documentaliste (Monique Buresi). Il s’inscrit dans le cadre
de la convention de coopération signée en 2006 entre le musée du Louvre et la DGAMS et du programme de coopération
bilatéral passé entre le gouvernement français et la Syrie. Ce
projet a donné lieu, depuis 2009 et notamment en 2010, à des
recherches concernant l’état actuel des musées (structure et
muséographie) et leurs perspectives d’avenir (rédaction d’un
rapport concernant les recherches sur les musées syriens par
Sophie Cluzan, avec une importante participation de Nicolas
Bel et l’assistance de Monique Buresi). Sur le plan scientifique,
les recherches ont principalement porté sur l’histoire et l’archéologie syriennes, dans une perspective culturelle, éducative et de développement. Le programme muséographique du
musée national de Damas sera au centre des réflexions menées
à partir de 2011 dans un cadre institutionnel élargi.
 One of the main programmes undertaken in 2010 was the survey and
assessment of the museums in Syria (current status, and development
programme). This survey was particularly important for the Department of
Oriental Antiquities, and involved two curators (Sophie Cluzan and Nicolas
Bel) and a specialist for documentation (Monique Buresi). It was conducted
within the framework of the cooperation agreement signed in 2006
between the Musée du Louvre and the Directorate General of the
Antiquities and Museums of Syria (DGAMS), and the bilateral cooperation
programme between the French government and Syria.
Parmi les programmes qui n’ont pas donné lieu à des études
significatives en 2010, certains méritent d’être mentionnés car
ils s’inscrivent dans les projets menés de façon régulière par le
personnel scientifique ou les chercheurs associés. La liste n’est
pas exhaustive, certains projets à long terme seront décrits en
temps utile.
Domaine de l’écriture
Parcours épigraphique du département des Antiquités orientales.
Le volume I des textes cunéiformes sera achevé en 2011
(B. André-Salvini).
Étude des textes provenant de Suse, en akkadien et en élamite.
Projets de publication sur les textes proto-élamites (J. Dahl,
université d’Oxford), sur les textes en élamite-linéaire
(B. André-Salvini, M. Salvini, ICEVO [Istituto di Studi sulle
Civiltà dell’Egeo e del Vicino Oriente], Rome), sur les textes
juridiques et économiques de Suse (F. Malbran et al.) et sur les
textes scientifiques de Suse (Ch. Proust).
Mésopotamie
Publication des actes du colloque « Babylone » (Louvre, 2008),
dans Documenta Asiana, Rome (dir. B. André-Salvini, à paraître
en 2011).
Catalogue raisonné de la collection de glyptique entrée par acquisition (F. Demange, à paraître en 2012-2013).
Les Sceaux royaux du IIIe millénaire de la Babylonian Collection
de Yale (S. Cluzan), en liaison avec les collections du Louvre.
Exposition-dossier sur le tableau de Félix Thomas représentant
la porte no 3 de Khorsabad pendant les fouilles de Victor Place,
salle d’actualité du département (É. Fontan, printemps 2011).
Une monographie (Louvre, coll. « Solo ») sur les reliefs assyriens
de Khorsabad s’inscrit dans la continuité de cette présentation.
Étude de la polychromie sur les pierres (sculpture de Khorsabad, sculpture phénicienne) (É. Fontan).
Iran et Asie centrale
Catalogue raisonné des antiquités du monde transélamite au musée
du Louvre (A. Benoit, à paraître en 2012-2013).
Levant
Syrie. Une partie des projets s’inscrivent dans le cadre de la
convention passée avec la DGAMS. Outre les projets décrits
plus haut (Mari, Arslan Tash), qui doivent déboucher sur des
publications, signalons :
– une exposition-dossier sur la statue d’Ebih-il de Mari, salle
d’actualité du département (S. Cluzan, été 2011), suivie d’une
monographie (Louvre, coll. « Solo ») ;
– les fouilles de François Thureau-Dangin sur le site d’époque
assyrienne de Tell Ahmar / Til Barsip, G. Bunnens avec la participation d’É. Fontan pour les collections du Louvre ;
– un programme de publications, en liaison avec la Mission
archéologique franco-syrienne à Ras Shamra / Ougarit (DGAMS
et Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, laboratoire
Archéorient) ;
– des textes lexicographiques sur Ougarit / Ras Shamra
(B. André-Salvini) ; sceaux de Ras Shamra (S. Cluzan).
Le Levant dans l’Empire romain. Dans le cadre du programme
d’ouverture des nouvelles salles en 2012 (N. Bel), co-directeur
de l’ouvrage général sur L’Orient méditerranéen dans l’Empire
romain et un projet d’une monographie (Louvre, coll. « Solo »)
sur Jupiter héliopolitain.
Israël. Projet d’exposition-dossier sur deux statuettes de bronze
provenant de fouilles récentes israéliennes sur le site de Hazor
(salle d’actualité du département des Antiquités Orientales,
É. Fontan, fin 2011-2012).
23
Travaux de recherche
Bahrein
Participation à la publication du matériel archéologique des
fouilles de Qala’at el-Bahrein (N. Chevalier), sous la direction
de P. Lombard (Lyon, Maison de l’Orient et de la Méditerranée,
laboratoire Archéorient).
Histoire des collections
L’histoire des collections constitue l’un des principaux
axes des recherches et des publications. Plusieurs projets de
publications sont en cours. Outre le projet sur les Durighello (voir ci-dessus), deux monographies sont prévues dans
les prochaines années : François Thureau-Dangin (1872-1944)
(B. André-Salvini) et Histoire des fouilles de Tello, à partir des
collections (B. André-Salvini). D’autres monographies suivront,
portant également sur les grands sites dont les fouilles ont
formé les collections du Louvre, et notamment sur Mari, Ras
Shamra (S. Cluzan), Tell Ahmar (G. Bunnens, É. Fontan).
B. André-Salvini
 Some of the Department’s projects are part of the studies conducted
by the scientific staff and researchers involved in the Department’s various
study programmes, such as inscriptions, the history of the collections,
Mesopotamia, Iran, the Levant, and Bahrain; some of the research is linked
to the opening of new exhibition rooms in 2012, and to agreements made
with the General Directorate of the Antiquities and Museums of Syria.
Programme Achemenet
Projet suivi par Yannick Lintz, Pierre Briant
et Salima Larabi
Le musée du Louvre a été l’un des premiers partenaires du
programme international Achemenet, lancé par la chaire
d’histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire
d’Alexandre au Collège de France en 2000. L’enjeu de ce programme est de rassembler et de diffuser sur le web des ressources variées (textes anciens, objets de musées, dessins, photographies, récits de voyageurs, contributions scientifiques,
etc.) relevant d’un espace-temps historique, le Moyen-Orient
de l’Indus à la Méditerranée, sous la domination des Perses
achéménides, de 550 à 330 avant J.-C. Aujourd’hui, ces ressources sont mises en ligne sur deux sites : www.achemenet.
com, qui réunit les corpus de textes anciens et d’importantes
contributions scientifiques, et le Mavi (Musée achéménide
virtuel et interactif) à l’adresse www.museum-achemenet.college-de-france.fr, qui regroupe déjà plus de huit mille œuvres
conservées dans une quinzaine d’institutions à travers le
monde. La collaboration du Louvre à ce programme se traduit
par sa présence dans le comité de pilotage et par celle de plus
de quatre cents pièces achéménides de ses collections dans le
Mavi. Ce partenariat est amené à se renforcer en 2011.
Y. Lintz
 The aim of this programme is to bring together the assorted online
resources relating to the Middle East (from the Indus Valley to the
Mediterranean) under the rule of the Persian Achaemenids (550 to 330 bc).
These resources are available online via two sites: www.achemenet.com,
which brings together the corpuses of ancient texts and major scientific
contributions; and MAVI (the Virtual Interactive Achaemenid Museum)
www.museum-achemenet.college-de-france.fr, which provides photos of
more than 8,000 works held in fifteen museums around the world.
24
Antiquités égyptiennes
Antiquités égyptiennes
C
onstituée d’environ soixante-cinq mille œuvres, produites dans la vallée du
Nil pendant plus de quatre millénaires, la collection d’antiquités égyptiennes
du musée est une des plus riches du monde. La majorité d’entre elles sont
arrivées en France par voie de partages de fouilles, accordés par l’Égypte de 1852 à
1952.
Les collections y ont ainsi gagné des enrichissements de très grande qualité, avec
des certitudes précieuses sur le contexte archéologique de ces œuvres.
Les axes majeurs de nos travaux de recherche s’articulent autour de plusieurs
thèmes, dont l’histoire des collections – depuis leur découverte jusqu’à leur
inscription sur nos inventaires ; les analyses et études, en collaboration avec le
C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France), de nos
objets – ou de leurs contenus – en vue de préciser leurs lieu et mode de fabrication
ainsi que leur datation. Ces travaux se poursuivent en parallèle à la rédaction des
catalogues des séries conservées, qui s’accompagnent toujours d’une traduction des
inscriptions. Le projet muséographique OMER (« L’Orient méditerranéen à l’époque
romaine »), dont les salles doivent ouvrir à l’automne 2012, a mobilisé de nombreux
membres du département, qui participent à son programme scientifique et culturel.
Environ six cents œuvres égyptiennes, produites pendant la conquête romaine, y
seront exposées.
Trois chantiers de fouilles en Égypte et un au Soudan illustrent la détermination
du département à s’inscrire dans une politique archéologique active.
G. Andreu-Lanoë
 Comprising around 65,000 artefacts produced in the Nile Valley over a period of more than
four thousand years, the Louvre’s collection of Egyptian antiquities is one of the richest in the
world. Most of the works arrived in France as part of an agreement with Egypt to jointly carry out
archaeological digs between 1852 and 1952, and to share the finds accordingly.
This long period of collaboration enriched the Museum’s collections with works of the highest
quality, and provided precise details about the specific archaeological context of each of the
artefacts retrieved.
The current research drive involves several areas of activity, including the full documentation of the
history of the collections, from the initial discovery of the artefacts, to their admission to the Museum
and registration in our inventories; along with a detailed analysis of each object (and its contents) in
collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France), in
order to specify the methods, dates and place of manufacture for each of the objects registered. In
parallel, a systematic catalogue is being compiled of the sets of works housed in the Museum,
including a translation whatever inscriptions the objects may contain. This comprehensive and
ambitious museographic project has involved a broad swathe of staff from the various departments
of the Louvre, and has been given the title of “OMER”, standing for “LOrient méditerranéen à
l’époque romaine” (The Mediterranean East during the Roman Period), which will be the subject of
and exhibition due to open in autumn 2012, when around six hundred Egyptian works, produced
during the era of Roman dominion of the Mediterranean, will be presented to the public.
The three archaeological digs in Egypt and Sudan in which the Louvre is at present actively
involved in research are evidence of the Museum’s current archaeological policy.
25
Travaux de recherche
Le musée égyptien de Champollion illustré
Projet suivi par Sylvie Guichard
Champollion rédigea le premier guide de la collection égyptienne à l’occasion de l’ouverture du musée Charles X, le
15 décembre 1827. Le 15 mai 1826, il avait été nommé par
une ordonnance royale conservateur de la seconde division
des monuments égyptiens et orientaux.
Cet ouvrage est un petit livret de cent soixante-six pages à
la simple couverture de papier, format in-12o, paru sous le titre
Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X.
Dans la préface, Champollion expose brièvement ses conceptions muséographiques, alors mises en pratique dans les quatre
salles (actuellement salles 27 à 30) qu’il avait été chargé d’aménager au premier étage de l’aile sud de la cour Carrée, répartissant les objets entre une salle des dieux, une salle civile et
deux salles funéraires. Ce guide sommaire devait permettre au
visiteur se promenant dans le nouveau musée Charles X d’y
trouver la description du monument qu’il avait sous les yeux,
avec des explications précieuses car ces objets étaient totalement inconnus du public parisien de l’époque. Il devait l’aider
à aborder la civilisation égyptienne, à identifier les rois et les
dieux, à établir la chronologie des pharaons, à comprendre
les principes de l’écriture hiéroglyphique que Champollion
venait de découvrir, en un mot à lever le voile sur trois mille
ans d’histoire. Les pages de ce livret présentent quelque cinq
mille objets, presque un à un et salle par salle, mais de façon
sommaire, sans numéro d’inventaire ni origine de collection,
et surtout sans dessin ni illustration permettant de les identi-
26
Le Musée Charles X en 1863, gravure de A. Régis d’apr. Joanne, Paris illustré, 1863
fier. Par ailleurs, certains mots employés par Champollion, en
particulier les noms des dieux et des rois, ne sont plus en usage
aujourd’hui et s’avèrent difficiles à interpréter.
Ce livret fut le seul guide du musée Charles X jusqu’en 1855.
À la mort prématurée du savant, en 1832, le département égyptien perdit son autonomie et il fallut attendre la nomination
d’Emmanuel de Rougé pour qu’en 1855 le livret soit remplacé
par la première édition de la Notice sommaire des monuments
égyptiens exposés dans les galeries du Musée du Louvre.
L’objectif de la réédition de ce premier catalogue du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre était
d’identifier les objets cités par Champollion, de retrouver les
collections d’où ils provenaient, d’indiquer leurs numéros
d’inventaire et surtout de les illustrer par des photographies,
en suivant l’ordre exact des chapitres du livret. Cette réédition
permet de se faire une idée du département tel qu’il était lors
de son ouverture et de mesurer la richesse de la collection dès
sa formation par Champollion.
Pour l’identification des objets cités dans ce livret, nous avons
exploité les manuscrits de Champollion conservés dans différents services d’archives. Les archives des musées nationaux
conservent une partie des feuillets rédigés par le savant, ses
« brouillons », reliés en un volume unique sous le titre Champollion inventaire manuscrit. D’autres feuillets complétant ceux
du Louvre ont été retrouvés dans la masse des quatre-vingt-huit
volumes qui composent les « Papiers Champollion » au départe-
Antiquités égyptiennes
ment des Manuscrits de la Bibliothèque nationale. Quand elle est
précisée, l’origine des objets indique le plus souvent la collection
du marchand d’art Edme Durand et celle du consul d’Angleterre
en Égypte Henry Salt ; l’étude des inventaires particuliers a fourni
des informations très précieuses. Les Lettres d’Italie et les Lettres
d’Égypte adressées par Champollion à son frère ont livré une
mine de renseignements sur ses conceptions muséographiques.
Outre le dépouillement des archives et des catalogues de collections, la présence d’étiquettes collées par Champollion sur de
nombreux objets a facilité leur identification. Le recoupement
de tous ces éléments, à quoi s’ajoute une longue familiarité avec
l’ensemble de la collection, nous a finalement permis d’identifier à peu près huit cents œuvres ; sachant que nous avons renoncé d’emblée à identifier certaines catégories d’objets dont les
descriptions par Champollion étaient trop imprécises, en particulier un lot de scarabées au nombre de trois cent quatre-vingts
représentant des divinités ou des emblèmes de divinités. L’analyse pointue des descriptions de Champollion nous a parfois réservé de belles découvertes d’objets « dormant » dans les réserves
et non identifiés jusqu’alors, comme un fragment de textile aux
cartouches du roi Ramsès III et deux vases canopes au nom d’un
prêtre du roi Thoutmosis IV.
Cette réédition sera précédée d’une introduction développée
comportant : le décret de nomination de Champollion comme
conservateur, son difficile parcours pour obtenir ce poste, ses
conceptions muséographiques telles qu’il les expose dans ses
lettres, l’histoire de l’aménagement du musée Charles X par les
architectes Percier et Fontaine, les décors des plafonds des quatre
salles, l’origine des fonds de la collection (collection Brindeau,
collection Durand, collection Salt, collection Drovetti). À la fin
de l’ouvrage figureront une bibliographie et un lexique qui établira une correspondance entre le vocabulaire de Champollion
et la terminologie utilisée par les égyptologues d’aujourd’hui.
Ce premier catalogue du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre est connu des égyptologues. Il
était toutefois nécessaire de le rendre plus accessible à la communauté scientifique en lui adjoignant l’identification des
monuments cités accompagnés de photographies. Il aura entre
autres pour effet de dévoiler le génie muséographique de JeanFrançois Champollion.
S. Guichard
Notice descriptive des monumens égyptiens du Musée Charles X
 When the Musée Charles X opened on 15 December 1827, Jean-François
Champollion produced a concise 166-page book entitled Notice descriptive
des monumens égyptiens du Musée Charles X (Description of the Egyptian
Monuments in the Musée Charles X). Eight months earlier, Champollion had
been appointed conservateur de la seconde division des monumens égyptiens et
orientaux (curator of the Egyptian and Oriental section of the Louvre).
Champollion’s book aimed to help visitors understand the civilisation of
ancient Egypt, identify the kings and gods, establish a chronology of the
pharaohs, and understand the principles of hieroglyphic writing that he
had recently discovered. There followed a brief room-by-room description
of some five thousand objects exhibited in the Museum, without inventory
numbers or information about the origins of the items, and without any
drawings or illustrations to enable visitors to match the descriptions with
the objects themselves.
The task of re-editing that first catalogue of the Department of Egyptian
Antiquities, which for years served as a handbook for Egyptologists, involved
consulting many manuscripts and Champollion’s letters so as to identify the
objects itemised in the book, establish which collections they belonged to,
and match their inventory numbers, and it moreover required providing photographic illustrations. The re-edition of this catalogue will give readers an
idea of what the Department was like when it first opened, and will enable
them to appreciate the wealth of the collection compiled by Champollion.
Recherches sur les fouilles françaises menées sur l’île d’Éléphantine
(Assouan), 1906-1911
Projet suivi par Élisabeth Delange
Ce sont les objets de la collection dont le conservateur a la
responsabilité qui servent de point de départ à toute réflexion
scientifique. Les circonstances ensuite peuvent entraîner des
recherches approfondies sur des séries spécifiques.
Ces trois facteurs conjugués – connaissance de la collection,
opportunité et durée dans le temps – ont coïncidé pour susciter l’étude des fouilles françaises d’Éléphantine. Deux ouvrages
en cours de publication témoignent de son achèvement : l’un
avec l’Institut allemand du Caire, sur le Chnoubeum – le
cimetière des Béliers sacrés –, l’autre, à la demande de M. Jean
Leclant, par l’Académie des inscriptions et belles-lettres, qui
présente le récit des fouilles, le catalogue des objets qui en proviennent et plusieurs contributions savantes.
Le Kôm d’Éléphantine que Clermont-Ganneau et Clédat ont
commencé à dégager, en 1906, correspond à une cité qui n’a
cessé d’être remaniée pendant toutes les époques historiques,
de la préhistoire jusqu’à la période arabe, et où habitations et
lieux de culte plusieurs fois détruits ou agrandis voisinaient
avec un cimetière datant de l’Ancien et du Moyen Empire.
Au début du xxe siècle, les campagnes de fouilles étaient
traditionnellement suivies de partages d’objets entre l’Égypte
et le pays fouilleur. Les caisses ainsi parvenues au Louvre, sans
27
Travaux de recherche
28
tir de laquelle il était désormais envisageable de dresser
un catalogue d’objets et d’en
comprendre le contexte.
En 2005, Horst Jaritz, directeur émérite de l’Institut suisse
en Égypte, prit la décision de
publier le Chnoubeum, où
il avait lui-même mené des
fouilles. Il s’avérait dès lors
indispensable de joindre nos
efforts pour élargir notre compréhension du cimetière des
Béliers (époque ptolémaïque
et romaine) grâce à l’étude des
documents laissés par nos prédécesseurs. La confrontation
permanente entre l’archéologie de terrain et ce que dévoilent les archives a permis
de retrouver la stratigraphie
archéologique, enrichissant
considérablement le propos.
Ces différentes tâches s’étirèrent dans le temps. Pour
mieux saisir l’ensemble des
Fouilles françaises de la nécropole d’Éléphantine, photo prise par J. Gautier en 1909. Archives Clermont-Ganneau au CIS
travaux – sujet du second
(Corpus Inscriptionum Semiticarum), Académie des inscriptions et belles-lettres
ouvrage –, il était nécessaire
de revenir à l’archéologie de
terrain. Les interventions des archéologues allemands et suisses
être ouvertes intégralement ni le contenu inventorié, furent
pendant les dernières décennies trouvent un écho dans l’ardéménagées plusieurs fois au sein du musée, puis laissées pour
chéologie de « papiers », qui en retour reprend sa cohérence à
compte. Un appel public lancé dans les années 1920 offrit aux
la lumière des fouilles actuelles. Ce va-et-vient fructueux a perinstitutions qui le désiraient la possibilité d’y prélever les obmis de donner vie aux manuscrits des carnets de fouilles, qui à
jets de leur choix, entraînant une dispersion de ces pièces, à
l’évidence n’étaient destinés à être lus que par les archéologues
Toulouse, Dijon, Nantes, Boulogne-sur-Mer, Strasbourg et au
eux-mêmes. C’est pourquoi les bribes de notes consignées dans
musée de l’Homme à Paris.
leurs archives ont pu à la suite d’une connaissance plus globale
Dès la première consultation des archives des fouilles, un
prendre chair autour du squelette livré par ces brèves notations
raccord de deux fragments a pu être effectué sur une statue
personnelles. La compréhension approfondie des fouilles ande la déesse Anoukis, point de départ d’une longue quête
ciennes dépendait de ce mouvement de balancier, nécessitant
dans l’identification des objets d’Éléphantine. En revenant
échanges et partage des connaissances.
sans cesse vers ces grimoires d’archéologues, par une lecture
Parallèlement il devenait indispensable de procéder à des
assidue et répétitive, au fil du temps, grâce à la mémorisation
interventions de restauration pour des séries inédites. Ainsi, les
des formes, à la confrontation avec leur description hâtive
éventuels morceaux d’un puzzle devaient être assemblés, une
ou encore par un croquis à main levée, les objets sont sorsérie exceptionnelle de figurines de gazelles liées à la déesse
tis de l’ombre. La typologie des pièces d’Éléphantine a proAnoukis, vénérée sur l’île, a retrouvé toute sa matérialité. Cergressivement permis de les différencier des séries provenant
taines reliques exceptionnelles issues d’une cachette du temple
d’autres lieux de fouilles. Par ailleurs, l’examen direct des
de Satet, et qui ont été plusieurs fois restaurées dans l’Antipièces mises en dépôt a non seulement servi le récolement,
quité, nécessitaient de même une intervention moderne.
mais surtout donné lieu à des raccords inattendus, dont les
Ce que livreront bientôt les ouvrages, destinés aux égyptoplus spectaculaires concernent la statuaire (citons Khnoumlogues et aux spécialistes, mériterait d’être connu du public à
hotep AF 9916, l’effigie du dieu Khnoum AF 10037, ou encore
l’occasion d’une exposition qui, selon notre souhait, mettrait
la figure de Minmès E 12795).
en scène objets et documents d’archives, les uns et les autres
Plusieurs événements successifs ont stimulé cette recherche.
livrant le point de rencontre du travail croisé des archéoloAinsi l’exposition « Cent ans de fouilles françaises » (Paris, pagues et du conservateur de musée. Certains chefs-d’œuvre
lais de Tokyo, 1981) fut-elle l’occasion de découvrir les archives
sont connus de tous, comme les blocs issus du temple de
de Clermont-Ganneau conservées au cabinet du Corpus des
Satet, joyaux de l’art thoutmoside (exposés dans la salle 12
études sémitiques à l’Académie. Opportunité suivie par le don
du département) ; d’autres sont uniques, d’autres encore, plus
exceptionnel des archives de Jean Clédat, en 1986, qui compremodestes, illustrent la vie des habitants d’Éléphantine, ville
nait documents et carnets de fouilles. Parmi tous ces papiers, les
frontière aux marges de la première cataracte du Nil.
carnets d’Éléphantine devenaient une source majeure, complémentaire des données d’archives de Clermont-Ganneau, à parÉ. Delange
Antiquités égyptiennes
Égypte pharaonique
et romaine, Soudan
Recherches sur Deir el-Médina
au Nouvel Empire
Projet suivi par Guillemette Andreu-Lanoë et Geneviève
Pierrat-Bonnefois
Effigie du dieu Khnoum, département des Antiquités égyptiennes (AF 10037)
 The kom of Elephantine, which Clermont-Ganneau and Clédat
excavated between 1906 and 1911, corresponds with a city that continued
to develop from prehistory up until the Arab period. At the beginning of
the twentieth century, objects discovered during archaeological expeditions
were traditionally shared between Egypt and the country carrying out the
excavations. The chests of artefacts arrived in the Musée du Louvre without
being fully opened, and no inventory was made of the objects. In the
1920s, certain objects were entrusted to various museums in Toulouse,
Dijon, Nantes, Boulogne-sur-Mer, Strasbourg, and the Musée de l’Homme
in Paris.
Following the exhibition entitled “Cent Ans de fouilles françaises” (One
Hundred Years of French Excavations) at the Palais de Tokyo, 1981, the
exceptional donation of Jean Clédat’s archives in 1986, and the decision of
Horst Jaritz (Director Emeritus of the Swiss Institute in Egypt) to publish
Chnoubeum in 2005, where he has conducted archaeological digs, a
thorough study of the Elephantine excavations is currently under way, and
the results will soon be made available in two publications: one on the
Chnoubeum, the cemetery of Holy Rams, published in collaboration with
the German Archaeological Institute in Cairo; the other an account of the
Elephantine excavations, a catalogue of the objects discovered, and several
contributions from specialists, published by the Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres of France.
La participation de Guillemette Andreu-Lanoë au colloque
organisé par le Conseil suprême des antiquités égyptiennes
(CSA) et le CNRS (UMR 171, Mafto) a été l’occasion d’enrichir le dossier des « mystères de Deir el-Médina » ; les vestiges
in situ, les œuvres conservées au département et les textes ne
donnent pas toujours de réponses concordantes. Ce fut ainsi
l’occasion de mettre en relief les chiffres apparemment contradictoires entre le nombre des maisons et des tombes datant du
règne de Ramsès II et celui, très important, mentionné dans les
textes documentaires des règnes postérieurs (XXe dynastie en
particulier). Ce travail a bénéficié d’échanges répétés avec nos
collègues du Museo Egizio de Turin.
Parallèlement, le programme piloté par Geneviève Pierrat-Bonnefois sur les analyses de contenu des vases du cimetière est de Deir el-Médina (XVIIIe dynastie) se poursuit. Ce
programme est effectué en liaison avec le Laboratoire de biogéochimie moléculaire, UMR 7177 CNRS – université de Strasbourg, et le Laboratoire de paléogénétique végétale de Lyon.
Les échanges entre le département et ces institutions ont porté
sur la nature des produits naturels concernés afin d’intégrer
une synthèse des données égyptologiques.
G. Andreu-Lanoë
 In 2010, research on Deir el Medina included the creation of an
inventory of the houses and tombs dating from Ramses II’s reign, and the
residues of the contents of vases from the East Cemetery were analysed (the
programme was carried out by the Laboratoire de Biogéochimie Moléculaire
in Strasbourg, and the Laboratoire PaléogénétiqueVégétale in Lyon.
Récolement des collections lithiques
du département
Projet suivi par Raphaël Angevin
Le récolement des collections lithiques du département des
Antiquités égyptiennes du musée du Louvre a eu lieu du 17 mai
au 18 juin 2010, dans le cadre d’un stage hors spécialité effectué au titre de la formation initiale des élèves conservateurs de
l’Institut national du patrimoine. Ce dernier nous a offert l’opportunité de procéder à un nouvel examen de ces pièces, sur la
base d’une étude technologique approfondie. La description des
quelque six cent vingt-huit artefacts en silex identifiés a conduit
à une révision de leur typologie – souvent incertaine – et de leur
attribution chronologique. Pour un certain nombre de pièces
d’exception (couteaux « rippleflake » de la période de Nagada,
grands couteaux bifaciaux thinites ou dynastiques), il a par
ailleurs été possible de reconsidérer – à travers le prisme défor-
29
Travaux de recherche
mant des productions de prestige – la question de la pérennité
des industries lithiques entre le IVe et le IIe millénaire avant J.-C.,
en mettant en lumière les apports d’une démarche multiscalaire
et diachronique à l’approche anthropologique des techniques.
En fondant notre analyse sur une évaluation critique de la documentation ancienne, nous avons pu reconstituer une partie
au moins des assemblages d’origine, pour des ensembles provenant de fouilles anciennes et souvent mal documentées (nécropoles protodynastiques d’Abou Rawach et d’Oumm-el-Ga’ab
près d’Abydos, etc.). In fine, ce récolement a permis de proposer
une réflexion approfondie sur la conservation pérenne, la mise
en valeur et la présentation au public des collections lithiques
patrimoniales au sein des institutions muséales.
R. Angevin
 The comprehensive authentication of the Department’s collections of
stone artefacts has enabled the curators to re-examine some 658 objects
fashioned from flint, which has led to a review of their classification and
chronological attribution. This shed new light on the continuity of lithic
industries between the fourth and second millennium bc, and some of the
original assemblages were reconstituted.
Recherches sur les collections
(œuvres sculptées, papyrus)
Projet suivi par Christophe Barbotin
La préparation du second tome du Catalogue des statues du
Nouvel Empire a été l’occasion d’étudier une trentaine de statues représentant des particuliers, pour la plupart dignitaires
des règnes des XVIIIe, XIXe et XXe dynasties. L’étude de chaque
œuvre est systématiquement accompagnée d’une description,
d’une analyse, d’un dessin à main levée puis d’un calque des
décors et des inscriptions, toutes ces étapes permettant d’avoir
une connaissance approfondie de la statue et de la démarche
technique et artistique qui a présidé à son exécution. Signalons au passage la découverte d’une peinture antique en faux
granite rose sur le groupe calcaire A 61, un phénomène rarement attesté à cette époque.
Le travail régulier dans les réserves, et tout particulièrement
dans le « salon des refusés », où sont conservés des éclats, des
fragments et autres objets cassés difficilement identifiables, a
permis de s’intéresser à un énigmatique fragment de pierre.
Une enquête rigoureuse l’a fait parler : il s’agit d’un exceptionnel bassin du roi Hakoris (ive siècle avant J.-C.), portant
la transcription hiéroglyphique d’une scène de couronnement
(publié dans la Revue d’égyptologie, 61 [2010]).
Enfin, dans le très riche fonds de papyrus du département,
un papyrus inédit (E 25357), à la fois court et difficile à interpréter, mentionne une sombre affaire de détournement d’esclave sur fond de meurtre et de fuite nocturne, en l’an 47 de
Thoutmosis III… Son étude a pu être entreprise en 2010.
C. Barbotin
30
 In the framework of the publication of the catalogue of statues from
the New Kingdom of Egypt, work in 2010 focused on a systematic study of
the around thirty statues of individuals, most of whom were dignitaries.
A detailed study of a fragment of stone kept in the reserve collection
enabled researchers to identify a basin from King Hakoris, dating from 4 bc.
A new papyrus (E 25357), which mentions the abuse of a slave in the
47th year of Thutmose III’s reign, is currently being studied.
Recherches sur l’Ancien Empire
Projet suivi par Michel Baud
Les travaux consacrés au IIIe millénaire avant J.-C. ont été poursuivis, particulièrement dans le domaine de l’architecture civile
et royale. L’étude des mastabas d’Abou Rawach d’une part (IVe dynastie, chantier Ifao [Institut français d’archéologie orientale]),
et de ceux du secteur qui environne la concession du Louvre à
Saqqara d’autre part (Ve-VIe dynasties), a permis d’analyser leur
structure interne et leurs modes de construction. On a remarqué
l’existence de murs d’enveloppe successifs (ou « accrétions »),
qui rappellent les techniques employées aux pyramides ; ce type
de structure caractérise particulièrement les tombeaux les plus
anciens, massifs et imposants, dans lesquels la chapelle interne
est de petite taille. Sur le chantier même de Saqqara, l’examen
détaillé du soubassement de la chaussée du roi Ounas (limite sud
de la concession du Louvre) a montré qu’il se composait de nombreux blocs de remploi, provenant clairement d’un temple royal.
Ils ont été cartographiés et sont en cours d’étude, ainsi que les
marques à l’encre noire que portent certains d’entre eux.
M. Baud
 The Museum’s current research into the Empire of Ancient Egypt
focuses on civil and royal architecture, and involves an analysis of the
internal structures and construction methods employed for the mastabahs
of Abu Rawash (4th Dynasty) and Saqqara (5th and 6th Dynasties) This has
revealed the presence of successive encasing walls, reminiscent of the
techniques used to build the pyramids, particularly in the case of the oldest
tombs with small internal chapels.
The foundation of the causeway of King Unas in Saqqara, comprised of
reused blocks from a royal temple, is currently being studied, thanks to the
Louvre’s archaeological work on the site.
Étude de la vaisselle de pierre
du Nouvel Empire en vue d’un
catalogue raisonné
Projet suivi par Hélène Bouillon
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’une thèse de doctorat
(Paris IV, codirection Dominique Valbelle et Geneviève PierratBonnefois au département) consacrée au développement de la
vaisselle de luxe en Égypte au Nouvel Empire et à ses liens avec
le commerce international en Méditerranée orientale au Bronze
récent. Les études ponctuelles menées sur les sites archéologiques ou les collections de musées n’ont pas à ce jour déterminé l’origine d’une vaisselle de luxe retrouvée dans l’ensemble
du bassin méditerranéen oriental. La question de son apparition dans le répertoire des formes égyptiennes est d’ailleurs rarement posée. Cette ambiguïté est source d’un paradoxe : alors
que nombre de ces formes proviennent de modèles étrangers,
ces mêmes vases retrouvés hors d’Égypte (au Proche-Orient et
dans le monde égéen) sont toujours qualifiés d’« égyptiens »,
voire d’« égyptisants ». Il s’agira donc de définir clairement par
quel type d’échanges (commerciaux, diplomatiques, culturels)
ces vases ont circulé et d’aborder la problématique des échanges
internationaux en Méditerranée au Bronze récent.
H. Bouillon
Antiquités égyptiennes
 A study of stone crockery from the New Kingdom, which is held in the
Department of Egyptian Antiquities, is being conducted within the
framework of a doctoral thesis (directed by Dominique Valbelle and
supervised by Geneviève Pierrat-Bonnefois in the Department) on the
development of luxury crockery in the New Kingdom of Egypt, and its links
with international trade in the eastern Mediterranean in the Late Bronze
Age. This study will subsequently lead to the compilation of a comprehensive
catalogue.
Recherches sur la collection
de serviteurs funéraires (ouchebtis)
Projet suivi par Jean-Luc Bovot
Le catalogue raisonné Les Serviteurs funéraires du Moyen et du
Nouvel Empire au Louvre, en cours de préparation, concernera
environ deux mille exemplaires, soit la moitié de la collection
de ces figurines que les Égyptiens nommaient chaouabtis au
Nouvel Empire (XVIIIe-XXe dynastie, 1550-1069 avant J.-C.),
ouchebtis ensuite. Les résultats des recherches menées sur
cette collection sont partiellement diffusés dans des articles
scientifiques. En 2010, dans la revue Égypte Afrique & Orient,
un article faisait le point des connaissances sur les serviteurs
funéraires des divines adoratrices, prêtresses du clergé d’Amon,
dont l’existence et la succession durant la Troisième Période
intermédiaire (XXIe-XXVe dynastie, 1069-664 avant J.-C.)
ne sont souvent attestées que par l’existence même de ces
statuettes. Une autre étude a été consacrée aux serviteurs
d’artistes et artisans. En effet, la présence systématique du
nom et du (des) titre(s) du défunt sur la statuette constitue
une source unique pour la connaissance sociologique, tant sur
le plan onomastique que pour l’existence de nombreux titres
rarement attestés. La dispersion et le nombre des serviteurs
(plusieurs dizaines de milliers) dans les collections mondiales,
publiques et privées, demandent une mise à jour constante
de la bibliographie et, indirectement, un suivi permanent du
marché de l’art.
J.-L. Bovot
 Some information about the study of the collection of figurines of
funerary servants from the Middle and New Kingdoms of Egypt—which is
being conducted with a view to the publication of a comprehensive
catalogue—was presented in articles published in 2010. The articles dealt
with the funerary figurines of divine female worshippers and priestesses of
Amon, during the Third Intermediate Period, and figurines of artists and
craftsmen.
Étude de la collection d’armes
Projet suivi par Nathalie Couton-Perche
L’étude de la collection d’armes a porté en 2010 sur les objets
suivants :
– les flèches de Sedeinga présentées dans l’exposition « Méroé. Un empire sur le Nil » : une étude typologique a été publiée dans le catalogue et il a été procédé à une identification
du bois des pointes de flèche (bois de Grewia sp., bien attesté
dans la zone soudano-sahélienne) ;
– la dague d’Ahmôsis : son décor présentant une analogie
troublante avec la dague de la reine Ahhotep du musée du
Caire, des doutes ont été émis sur son authenticité, tout ou
partie ; une analyse générale du métal et de son décor et un
examen approfondi ont permis d’établir un relevé de la dorure,
présente sur les deux faces ; une étude de la ciselure du décor
est en cours ;
– quatre des cinq moyeux de char dont la présence dans
notre collection présente un caractère exceptionnel et dont un
seul est publié : une analyse du bois est en cours.
N. Couton-Perche
 In the framework of the exhibition entitled “Méroé. Un empire sur le
Nil” (Meroë, an Empire on the Nile) in 2010, the study of the weapons
collection focused on the arrows from Sedeinga. Research is currently
being conducted on the dagger of Ahmose, and on chariot hubs.
Archives scientifiques :
fonds photographiques Thédenat
et Maspero, archives Mariette
Projet suivi par Élisabeth David
Entreprise en 2010, l’analyse préliminaire d’archives éparses
donne déjà des résultats notables. Le recoupement des fonds
photographiques de l’abbé Henri Thédenat (sept cent trentetrois négatifs), touriste en Égypte au début du xxe siècle, avec
ceux de Gaston Maspero (mille deux cent quatre-vingt-huit
tirages), donnés au département des Antiquités égyptiennes à
soixante-quinze années de distance, met à la disposition de
la recherche près de mille cinq cents vues d’Égypte et du Soudan, prises de 1901 à 1914 par un ami du directeur du Service
des Antiquités de l’Égypte. Une base de données documente
les négatifs Thédenat, et son illustration (numérisation des
originaux) a commencé. Inédites en quasi-totalité, ces photographies ont permis en 2010 d’affiner les recherches sur
l’exploration des vestiges égyptiens, notamment celles d’Élisabeth Delange (Éléphantine) et celles de collègues extérieurs
au Louvre (Karnak).
La collaboration avec Alain Prévet, responsable des archives
des musées nationaux, a par ailleurs permis d’identifier dans
ces archives l’unique liste complète connue à ce jour, et réputée perdue, des monuments issus des fouilles de Mariette
au Sérapéum de Memphis : l’origine de mille six cent quatrevingt-quatorze monuments, accordés en partage à la France
par le gouvernement égyptien, se trouve ainsi assurée.
É. David
 The Department has a significant reserve of works by Abbot Henri
Thédenat and Gaston Maspero, comprising around 1,500 photographs of
Egypt and Sudan taken between 1901 and 1914. The digitisation of the
negatives has enriched the database of the Thédenat collection. In 2010,
these photographs enabled the Department to refine the coverage of
explorations of Egyptian remains, particularly the work of Élisabeth Delange
(Elephantine), and that of colleagues external to the Louvre (Karnak).
Furthermore, the complete list of 1,694 registered artefacts from the
archaeological excavations conducted by Auguste Mariette in the
Serapeum (temple) at Memphis—rights to excavate the monuments were
given to France by the Egyptian government under an agreement to share
finds—was identified in the Musées Nationaux archives.
31
Travaux de recherche
Étude pluridisciplinaire sur la
technologie des bronzes antiques
Étude du papyrus médical E 32847
Projet suivi par Marc Étienne
Projet suivi par Marc Étienne
La technologie des bronzes antiques a fait l’objet d’une étude
pluridisciplinaire très fructueuse, grâce à l’intervention de
Benoît Mille (CNRS) pour les procédés de fabrication et de
Marc Aucouturier (C2RMF) pour les analyses sur les patines
et les dorures. Une synthèse de cette recherche sur les statues
de bronze de la première moitié du Ier millénaire avant J.-C. a
été présentée à l’occasion d’une exposition au Metropolitan
Museum de New York. Les études et analyses effectuées lors de
l’intervention de restauration des statues de Bachasou et du
dignitaire anonyme (E 7692 et 7693) ont fourni des résultats
inattendus. Elles conduisent à remettre en question des données jusqu’alors tenues pour sûres, comme la technologie de
fabrication des statues égyptiennes de cette époque, et notamment les techniques de fonte et de soudure, et à reconsidérer l’hypothèse de l’utilisation de statues antérieures comme
source iconographique et matérielle de certaines de ces œuvres.
M. Étienne
Le papyrus médical E 32847, acquis en 2006, a connu une large
publicité parmi le monde scientifique touchant tant à l’égyptologie qu’à l’histoire de la médecine. Cependant, l’impatience
légitime liée à la publication de son contenu doit être modérée
par l’état de conservation particulièrement délicat et singulier
du support, exigeant un traitement dont il faut inventer le
protocole. Ce traitement est un préalable à toute manipulation des fragments nécessaire à l’établissement du texte et à la
compréhension du document, dans la mesure où les limites de
l’utilisation de l’imagerie numérique ont été atteintes. L’élaboration du protocole et le suivi de cette restauration ont fait
l’objet d’une présentation à la commission de restauration du
Louvre (séance du 15 octobre 2010) tandis que l’étude épigraphique s’est poursuivie, en collaboration avec François-René
Herbin (CNRS). La validation prochaine de ce protocole permettra de replacer les morceaux épars afin de faire progresser
la connaissance de ce document exceptionnel.
M. Étienne
 A very fruitful multidisciplinary study was conducted on the techniques
used for ancient bronzes, thanks to the collaboration of Benoît Mille (CNRS)
and Marc Aucouturier (C2RMF), who participated in the analysis of the
statues of the Libyan chief Bachasou and of an anonymous dignitary
(E 7692 and 7693).
 Owing to its particularly fragile state of conservation, the medical
papyrus E 32847 (acquired in 2006) is in need of attentive restoration,
which is currently being assessed by the Louvre’s restoration commission
(meeting of 15 October 2010); meanwhile the epigraphic study of the
document continues, in collaboration with F.R. Herbin (CNRS).
Recherche sur l’histoire des
collections du département : textes
démotiques ou bilingues (écritures
démotique égyptienne et grecque)
Bronzes et petite statuaire divine des
époques tardives
Projet suivi par Marc Étienne et Marie-Claude Sagay
L’histoire des collections du département, en particulier sur la
période 1870-1914, s’est considérablement affinée, grâce aux
recherches sur les acquisitions effectuées de 1873 à 1908 par
Eugène Revillout, spécialiste du démotique et conservateur
adjoint au département. Ces recherches ont été menées en
association avec Marie-Claude Sagay, spécialiste de l’écriture
démotique.
Ce travail a donné lieu à la vérification de la lecture des
textes démotiques ou bilingues inscrits sur plus de cent cinquante papyrus, mille étiquettes de momies et mille cinq cents
ostraca, ainsi qu’à la mise à jour de leurs fichiers respectifs. Des
données précieuses pour cette période de la fin du Ier millénaire
avant notre ère ont été ajoutées au « répertoire des titres » établi par Élisabeth David.
M. Étienne
 In 2010, Marie-Claude Sagay, a specialist in Demotic script, helped
study and verify the 150 papyri, 1,000 mummy labels, and 1,500 Demotic
and bilingual ostraca acquired between 1873 and 1908 by Eugène
Revillout, a specialist in Demotic script and assistant curator of the
Department.
32
Projet suivi par Florence Gombert-Meurice
Les auteurs de catalogues de bronzes sont toujours confrontés
aux mêmes limites : provenance inconnue, datation hypothétique, pratique de dévotion mal cernée, iconographie décrite
de manière générale faute d’inscription permettant de préciser
la forme divine. La matière est surabondante, mais souvent dénuée de contexte archéologique précis. L’un des phénomènes
les plus marquants de la piété égyptienne aux époques tardives
est donc l’un des moins connus.
Un premier axe de recherche a été, lors de l’exposition « Gift
for the Gods » (New York, The Metropolitan Museum of Art,
2007-2008), de préciser l’identité possible des dédicants des
bronzes de Ay’n Manâwir (oasis de Kharga). Cette piste est
essentielle pour l’étude des bronzes égyptiens aujourd’hui. Au
Louvre, les collections de bronzes égyptiens sont remarquables
tant par leur importance numérique que par la qualité des
pièces qui les composent. L’étude des statuettes découvertes
dans le Sérapéum – plus de trois cents pièces – est une première étape de la recherche menée sur les bronzes du musée,
parallèlement à celle des statuettes mises au jour sur le site de
Ay’n Manâwir. L’étude des statuettes de ritualistes constituera
un autre pan de la recherche. Une étude précise des bronzes
inscrits et des statuettes divines en pierre pourra éclairer en
partie la question des dédicaces. Parallèlement, un catalogue
sommaire permettra de définir une approche générale avec un
nouveau type de classement des bronzes et d’aborder les délicates questions des donations, des dépôts de confréries, des
Antiquités égyptiennes
pratiques de pèlerinage et autres pratiques votives associées
aux bronzes.
F. Gombert-Meurice
 With the aim of compiling a detailed catalogue of the Department’s
collection of bronzes, the study will ensure more precise information
regarding the dates and provenance of certain works, and the votive
practices pertaining to these periods. The entire collection will be reevaluated in the light of recent discoveries. An initial study of the over three
hundred bronzes from the Serapeum (temple) is being conducted in parallel
with an analysis of the bronzes recently unearthed at the site of Ayn Manawir
(south of the Kharga Oasis), during excavation work currently being carried
out by the Cairo-based IFAO (French Institute for Oriental Archaeology).
Étude et publication d’ostraca
inscrits en hiératique
Projet suivi par Pierre Grandet
Ces ostraca inscrits en hiératique, acquis par le département
en octobre 1994 et avril 2007, appartiennent à l’ancienne collection de l’égyptologue Alexandre Varille. Ces objets se répartissent en ostraca documentaires (soixante-dix-huit), littéraires
(quatre-vingt-un), figurés (sept) et poids à inscriptions hiératiques (trois). Il s’y ajoute deux ostraca coptes et huit objets ou
fragments d’objets qui ne sont pas des ostraca.
Le travail comporte pour chaque objet la réalisation d’un
fac-similé et d’une transcription hiéroglyphique, ainsi qu’une
traduction commentée. Quelques ostraca particulièrement
intéressants ont été étudiés en 2010, notamment, parmi les
ostraca littéraires : E 33037 (Enseignement d’Amenemhat Ier, 1,
3-8), E 32890 (Hymne à la crue du Nil, 14, 5 – 14, 8), E 32922
(Lettre satirique du papyrus Anastasi I, 2, 6 – 3, 1). Le numéro
E 32919 porte un texte littéraire inconnu titré Enseignement
délivré au Menset. Parmi les ostraca non littéraires, citons
E 27675, écrit au verso d’un fragment de relief, et qui porte
une liste intéressante de produits minéraux. Parmi les ostraca
figurés, notons E 33021, qui figure Nékhemmout visitant sa
maîtresse, laquelle l’attend chez elle.
P. Grandet
 A systematic study (to be published shortly) is currently being carried
out on the ostraca (potsherds) in the Varille collection, acquired in 1994
and 2007. An exact copy is being made of each ostracon, together with a
transcription of its hieroglyphs, along with a translation and commentary.
The types of ostracon comprise documentary (78), literary (81), and
figurative (7) examples, along with weights bearing hieratic inscriptions
(3). Also included are 2 Coptic ostraca, and 8 objects or fragments that are
not classified as ostraca.
Étude des restes humains
Projet suivi par Hélène Guichard
Du fait de la présence de momies humaines dans ses collections, le département se trouve au premier rang des responsables dans le dossier de l’étude des restes humains, lequel met
en jeu des questions de conservation mais aussi de déontologie,
l’attitude des conservateurs et du public ayant considérable-
ment évolué ces dernières années sur ce sujet délicat. Le département s’est largement impliqué dans le dossier scientifique de
l’étude et de la conservation-restauration des restes humains,
questions paradoxalement taboues et « dans l’air du temps » :
participation – à la demande du SRDAI (service du Récolement
des dépôts antiques et des arts de l’Islam) – à la mise en place
d’un comité de pilotage interdisciplinaire pour l’étude des
momies d’Antinoé déposées par l’État, direction du master 2
de M. Nicolas de Larquier consacré à la paléopathologie appliquée aux momies égyptiennes, redécouverte et opération de
conservation de la momie de Neshor conservée au département
(confiée à Laure Cadot, restauratrice d’objets ethnographiques
et de restes humains), conception, enfin, d’un séminaire de
master 1 que l’École du Louvre souhaitait créer pour l’année
2010-2011 autour des restes humains et animaux patrimonialisés, autant de projets qui permettent au département des
Antiquités égyptiennes de figurer en bonne position parmi les
acteurs d’un domaine à la fois riche d’enseignements et placé, à
l’heure actuelle, sous les feux de l’actualité scientifique.
H. Guichard
 The Department plays a key role in issues relating to the ethics and the
conservation of human remains , and together with the SRDAI (the
department responsible for locating and authenticating antiquities, and for
Islamic arts) has set up a special committee for the study of the mummies
from Antinopolis currently in the custody of the French State; the management
of Nicolas de Larquier’s second year of studies at Masters II level devoted to
the palaeopathology of Egyptian mummies; the rediscovery and conservation
of the mummy of Nes-Hor; and the development of a new Masters I level
seminar at the École du Louvre centred on human remains and animals that
have been preserved and have become part of the cultural heritage.
Études sur les papyrus du département
Projet suivi par François-René Herbin
En 2010, le déchiffrement, la traduction et l’interprétation des
papyrus funéraires conservés au département se sont poursuivis, plus particulièrement sur les documents suivants :
– le papyrus médical E 32847, en collaboration avec Marc
Étienne ;
– les bandelettes de momie d’Ounnefer fils de Hekenet
(AF 11957), plus de cent trente fragments comportant des
extraits du Livre des Morts et des textes originaux de nature
rituelle ;
– le papyrus E 5353, d’époque romaine, qui ressemble à un
banal Livre des Morts, mais comporte une section liturgique et
magique relative à l’anéantissement d’Apophis ; la découverte
d’un parallèle dans un manuscrit du Metropolitan Museum de
New York permettrait de saisir la structure particulière du texte ;
– le papyrus N 3173, qui est une nouvelle version du Livre de
repousser le mauvais ; ses nombreux fragments (environ quatrevingts), aujourd’hui dispersés dans des boîtes ou collés sur des
cartons, ont été scannés et leurs photographies repositionnées
puis réunies pour permettre une remise en place des fragments
originaux, laquelle doit être programmée par le département ;
– le papyrus N 3283, qui a l’apparence d’un exemplaire du
Livre des Morts d’époque romaine ; un examen approfondi a
montré d’importantes divergences textuelles qui vont bien audelà de simples variantes ;
33
Travaux de recherche
– la section I du Livre du Fayoum d’après le papyrus
AF 13423 ; ce manuscrit d’époque romaine, conservé au
Louvre, contient la première page et surtout, bien qu’incomplet, le début de ce texte, qu’aucune des autres versions existantes n’a conservé.
F.-R. Herbin
 In 2010, studies involving the deciphering, translation, and interpretation of funerary papyri held in the Department focused on the medical
Papyrus E 32847; the wrapping of the mummy of Ounnefer (AF 11957),
son of Hekenet; the Papyri E 5353, N 3173, and N 3283; and section I of
the Book of Faiyum on Papyrus AF 13423.
Recherches sur les peintures
des tombes thébaines
Projet suivi par Sophie Labbé-Toutée
Les tombeaux de notables et d’artisans situés sur la rive occidentale de Thèbes / Louxor sont au nombre de cinq cents environ et offrent le panorama le plus exhaustif et le plus spectaculaire de l’art des peintres du Nouvel Empire. Malheureusement,
depuis le début du xixe siècle, ces tombes ont été, très souvent,
endommagées ou pillées. C’est pourquoi l’étude des relevés de
ces scènes effectués au xixe siècle est nécessaire pour rétablir
le programme décoratif de ces monuments. Dans cette perspective, le département a procédé en 2010, à l’occasion de
la préparation de l’exposition « Visions d’Égypte. Émile Prisse
d’Avennes » à la Bibliothèque nationale de France, en collaboration avec Élisabeth Delange, à l’identification de scènes
peintes des tombes thébaines dans l’œuvre inédite de Prisse
d’Avennes (1807-1879). Ces dessins et estampages, conservés à la Bibliothèque nationale, n’ont été que peu étudiés et
sont rarement légendés. L’identification de leur provenance
archéologique, tout comme celle des tombes thébaines reproduites par Hippolyte Boussac (1847-1942) sur des aquarelles
conservées au département des Antiquités égyptiennes, a
été menée à bien ; ce travail s’inscrit dans un programme de
recherche des archives graphiques et photographiques mené
par le département.
S. Labbé-Toutée
 This study has enabled researchers to identify the Theban tombs
pictured in the works of Prisse d’Avennes in the Bibliothèque Nationale de
France recently re-examined in preparation for the exhibition “Visions
d’Égypte. Émile Prisse d’Avennes” (in collaboration with Élisabeth
Delange), and also the Theban tombs featured in the watercolours by
Hippolyte Boussac, held in the Department of Egyptian Antiquities.
Catalogue des statues privées
de l’Égypte tardive
Projet suivi par Olivier Perdu
34
L’année 2010 a été consacrée à l’achèvement du premier volume du catalogue des statues privées de l’Égypte tardive (cent
quarante-quatre en tout) réunies au musée depuis sa création.
L’importance de ces statues tient à leur très grande diversité,
leur seul point commun étant leur destination, qui est d’être
placées dans des temples, où elles devaient permettre à leur
propriétaire de bénéficier des conditions nécessaires à sa destinée posthume. Diversité des époques, puisqu’elles se répartissent sur toutes les étapes de l’histoire pharaonique entre
la fin du Nouvel Empire et la domination romaine ; diversité
des origines, dans la mesure où elles proviennent de toutes
les régions d’Égypte, y compris du Delta et de ses principales
localités ; diversité des formes, des matières et des dimensions
également ; diversité des inscriptions enfin. Ainsi, la collection
des statues tardives du Louvre peut prétendre refléter plus d’un
millénaire d’évolution artistique.
L’aide de Sylvie Guichard, au département, a été essentielle
pour la recherche documentaire sur l’histoire récente des
pièces et de leur mode d’entrée dans les collections.
O. Perdu
 The year 2010 saw the completion of the first volume of the catalogue
of Late Egyptian private statues dating from the end of the New Kingdom
to the period of Roman rule, representing more than a thousand years of
artistic evolution.
Groupe d’étude sur le lapis dans
le trésor de Tôd
Projet suivi par Geneviève Pierrat-Bonnefois
Ce groupe d’études pluridisciplinaires, constitué à l’initiative
de Geneviève Pierrat-Bonnefois, ancien directeur de la mission
archéologique du Louvre à Tôd, et dirigé par Philippe Quenet,
a pour but de réexaminer à des fins de publication exhaustive le lapis dans le trésor de Tôd. Sa démarche est fondée sur
la volonté de prendre en compte l’ensemble des fragments et
d’actualiser le savoir les concernant, plusieurs décennies après
la première publication.
Ces milliers de fragments de perles, incrustations, amulettes
et sceaux-cylindres constituent le plus important rassemblement antique de lapis avec celui des tombes royales d’Ur. Les
fragments identifiables sont des témoignages de l’artisanat du
lapis dans les civilisations allant de la Mésopotamie jusqu’à
l’Anatolie entre 2600 et 1850 avant J.-C., ce qui justifie la coopération de plusieurs spécialistes. Ce rassemblement exceptionnel pose également la question du lapis en Égypte et des
relations entre ce pays et les pays producteurs aux différentes
époques. L’étude de la partie du trésor conservée au musée du
Louvre est très avancée et a fait l’objet de deux communications par les membres du groupe.
En dépit de conditions difficiles, le groupe a mené des missions d’étude sur la part du trésor en lapis conservée au musée
du Caire. Une mission complémentaire était programmée
pour 2011. Outre la publication nouvelle du trésor de lapis,
le groupe envisage une base de données en ligne sur les objets en lapis du trésor de Tôd, ainsi qu’une table ronde sur les
échanges égypto-mésopotamiens du IIIe au début du IIe millénaire (teneur, routes, modalités).
Les partenaires sont : l’université de Strasbourg – CNRS
UMR 7044, Philippe Quenet et Sylvie Donnat ; l’université Rennes 2 – CNRS UMR 5133, Michèle Casanova ; l’université Lille 3 – CNRS UMR 8164, Denis Lacambre ; le CNRS
UMR 5133, Virginie Danrey.
G. Pierrat-Bonnefois
Antiquités égyptiennes
 This study group comprises members from the University of Strasbourg
/ CNRS - UMR 7044, the University of Rennes 2 / CNRS - UMR 7041, CNRS
- UMR 5133, and the University of Lille / CNRS - UMR 8164 (UMR: Joint
Research Unit) and focuses on studying the lapis lazuli objects from the Tod
treasure, with a view to re-examining the trade networks through which all
these objects were acquired. A paper or electronic publication may be
issued in 2011.
Programme sur les faïences
de Méditerranée orientale
Projet suivi par Geneviève Pierrat-Bonnefois
Il s’agit d’un projet de recherche transversal, commun au
département des Antiquités égyptiennes et au département
des Antiquités grecques, étrusques et romaines. Pour le
département des Antiquités égyptiennes, le propos est de mener
à partir d’une sélection d’objets de même provenance et de
même datation des recherches sur les groupes de productions
en analysant les aspects de ces faïences, avec en corollaire
l’idée d’avancer sur le problème des faïences « gréco-saïtes »,
nombreuses dans nos collections. La confrontation des
analyses, effectuées au C2RMF, et des études permet de
réattribuer la production de ces faïences à des ateliers de l’île
de Rhodes, alors qu’on les attribuait auparavant à l’Égypte.
Les applications du projet sont nombreuses : publications
d’articles dans diverses revues d’archéométrie et d’archéologie
égyptienne et grecque, communications dans des conférences
internationales, et enfin diffusion d’une base de données
ouverte aux échanges.
G. Pierrat-Bonnefois
 The research project on the production of faience continues in
collaboration with the C2RMF, aimed at ascertaining the origins and
chronology of the Department’s faience wares.
Catalogue des stèles
du Moyen Empire
Projet suivi par Lilian Postel
Le catalogue raisonné des quelque cent vingt-cinq stèles du
Moyen Empire que conserve le musée du Louvre a été entrepris en 2007. La collection, en grande partie inédite ou publiée
de manière inadéquate à la fin du xixe siècle, compte un large
échantillon de stèles privées, dédiées par de hauts dignitaires
de l’État ou par des personnages de condition beaucoup plus
modeste et réparties sur l’ensemble du Moyen Empire, même
si la documentation de la fin de la période (fin XIIe dynastie – XVIIe dynastie) représente environ les trois quarts de
l’ensemble. Les notices individuelles, outre la traduction commentée des textes, mettent l’accent sur les délicates questions
de datation et de provenance afin d’obtenir un corpus de référence raisonnablement fiable. Dans la même perspective, des
indices développés ainsi que des annexes paléographiques et
typologiques viendront compléter le catalogue proprement dit
et viseront à fournir aux chercheurs un outil de travail aussi
performant que possible. Les stèles étudiées en 2010 appar-
tiennent essentiellement à la fin du Moyen Empire, époque
pour laquelle on dispose de critères chronologiques encore peu
sûrs. La compréhension de ces monuments passe également
par une étude des réseaux structurant l’entourage royal comme
les sociétés provinciales de la première moitié du IIe millénaire
avant notre ère : elle suppose des enquêtes parfois de longue
haleine et une confrontation systématique avec l’abondante
documentation épigraphique de cette période, aujourd’hui largement dispersée à travers le monde.
L. Postel
 The compilation of a comprehensive catalogue of the Louvre’s 125
stelae from the Middle Kingdom began in 2007. Studied in 2010, the
stelae were shown to date mainly from the end of the Middle Kingdom. An
understanding of these relics involves studying the networks of which the
royal entourage was composed, such as the provincial societies of the first
half of the 2nd millennium bc. To do this requires extensive research and
the systematic collation of the abundant epigraphic documentation from
this period, which is widely dispersed around the world.
Projet de construction d’une
chronologie absolue pour la
XVIIIe dynastie
Projet suivi par Anita Quilès
Dans le cadre d’un projet de construction d’une chronologie
absolue pour la XVIIIe dynastie, des datations au radiocarbone
ont été effectuées au laboratoire de mesure du carbone 14 du
Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Saclay. Deux
séries d’objets de courte durée de vie, archéologiquement
attribués aux règnes de Thoutmosis III (vanneries de Deir elMédina) et de Toutankhamon-Horemheb (bouquets de fleurs
de la tombe de Sennefer), ont été mesurées. Par modélisation
bayésienne, en combinant ces analyses à la durée connue ou
supposée des règnes et à la succession des rois, une chronologie absolue de cette dynastie a été proposée : elle s’étend de
1570 à 1310 cal BC.
D’autre part, la collection de poupées votives provenant
de mines de galène du Gebel Zeit a été datée afin de situer
avec précision la période d’utilisation du sanctuaire dont elles
proviennent. Ces mesures établissent une période d’activité
comprise entre 1750 et 1265 cal BC, c’est-à-dire entre le début
de la Deuxième Période intermédiaire et le milieu du Nouvel
Empire.
A. Quilès
 As part of the project to establish a definitive chronology for the 18th
Dynasty, radiocarbon dating was carried out on two sets of objects
attributed to the reigns of Thutmose III (wickerwork from Dayr al-Madiˉnah)
and Tutankhamen/Horemheb (bouquets of flowers from the tomb of
Sennefer), resulting in the definitive chronology for the dynasty of 1570 to
1310 BCE.
35
Travaux de recherche
Étude des masques de momies
provenant de la forteresse
de Mirgissa
Projet suivi par Patricia Rigault
Le site de la forteresse de Mirgissa, en Nubie soudanaise, a
été fouillé par une mission française dirigée par Jean Vercoutter au cours de sept campagnes (1962-1969), lors de la campagne de sauvetage des monuments de Nubie. Cinquante-trois
masques de momies, en plâtre, furent attribués à la France à
l’issue de ces fouilles ; ils sont conservés au Louvre, où ils font
l’objet d’un catalogue scientifique. Cette collection unique
couvre une période qui s’étend de la fin du Moyen Empire
à la XVIIe dynastie. Son étude permet de mettre en évidence
l’évolution des croyances funéraires dont témoignent ces
masques et leur importance dans le développement des cercueils, notamment ceux de type « rishi » de la XVIIe dynastie.
Les analyses de polychromie en cours apportent elles aussi des
informations importantes, notamment sur l’emploi privilégié
de certains matériaux, dont l’orpiment.
P. Rigault
 The 53 mummy masks found during excavation work at Mirgissa
(Nubia) date from the end of the Middle Kingdom to the 17th dynasty.
Their study is providing information about the evolution of funerary beliefs
and the importance of masks in the development of coffins.
Section copte
Étude du matériel provenant
de l’église nord du monastère de
Baouit : identification, raccords,
analyses, restauration
Projet suivi par Dominique Bénazeth
À la suite du partage des fouilles de Baouit, en 1902, le musée
du Louvre a reçu des sculptures architecturales et des boiseries
provenant de cet ancien monastère copte. La fouille reprise
sur l’une des églises (campagnes Louvre-Ifao 2003-2007) et la
découverte d’archives sur les fouilles anciennes (en 2004) ont
donné lieu à un projet de publication.
La recherche a considérablement enrichi notre connaissance
des pièces données au Louvre en 1902 (une autre partie se trouve
au Musée copte du Caire). L’identification de leur provenance,
des associations et des raccords retrouvés, a largement complété
la documentation des œuvres. Des analyses ont été effectuées
(essence des bois peints, identification de pigments, datations
au radiocarbone). Deux études poussées ont été menées sur des
boiseries exceptionnelles (un vantail de porte et un ensemble de
vingt-trois pièces constituant une cloison sculptée).
D. Bénazeth
 Following the Louvre’s resumption of excavation work at the Baouit site in
Recherches sur l’Antiquité
soudanaise
Projet suivi par Michel Baud, Élisabeth David
et Aminata Sackho-Autissier
En relation avec le chantier de Mouweis au Soudan, Michel
Baud a poursuivi les recherches sur les structures méroïtiques
en contexte urbain, domestique, artisanal et officiel. Élisabeth
David est chargée de la documentation des objets découverts
et en administre la base de données, qui comporte deux mille
cent trente-quatre entrées à ce jour. L’un et l’autre ont étudié
divers aspects de la culture matérielle méroïtique, en particulier la typologie des figurines animales et la symbolique des
figurines humaines d’argile, qui pour certaines présentent des
motifs décoratifs. Les scellements d’argile ont été analysés, et
une attention particulière a été portée à leurs supports d’application, comme les vanneries, ou aux éléments de fermeture,
ficelles et cordelettes, nouées ou non. Une typologie du matériel lithique, très abondant et varié, a été dressée.
La collection des antiquités soudanaises conservées au département rassemble environ trois cents pièces et est, pour l’essentiel, composée de poteries et de petits artefacts, en cours d’étude
par Aminata Sackho-Autissier.
M. Baud
 Research on urban domestic, craft-related, and official Meroitic
buildings, and on various aspects of the Meroitic material culture, is being
conducted in parallel with excavation work at Muweis. The department’s
collection of Sudanese antiquities (300 objects) is currently being studied.
36
2003—the Museum has a collection of sculpted architectural elements and carved
wooden panels found in previous excavation work (1902)—there has been a significant increase in the knowledge about these objects: their provenance, associations, and linking elements have been identified. Analyses of the painted wooden
panels and pigments were conducted, and radiocarbon dating was carried out.
Étude du mobilier funéraire de la
tombe de la « Prophétesse » d’Antinoé
Projet suivi par Florence Calament
Cette recherche est le fruit d’une collaboration, notamment
avec le musée de Grenoble (Hélène Vincent, conservateur
en chef), l’université Rennes 2 (Christophe Vendries, professeur d’histoire romaine), l’Institut archéologique allemand de
Berlin (Pr Ricardo Eichmann, directeur de l’Orient Abteilung) et
le C2RMF. L’année 2010 a vu la finalisation de ce projet autour
du corps habillé de la dite « Prophétesse » et de son mobilier funéraire, comprenant une dizaine de pièces dont un remarquable
instrument de musique (luth), en vue de la publication d’une
monographie (sous presse). Intégralement conservé au musée
de Grenoble, c’est à ce jour le seul ensemble funéraire complet
exhumé des nécropoles d’Antinoé en Moyenne-Égypte à avoir
fait l’objet d’une étude exhaustive ; il a ainsi bénéficié de la mise
en œuvre de moyens scientifiques (radiocarbone, radiographie,
identification de l’essence des bois, analyse de pigments et dépôts). L’une des révélations de cette étude est qu’elle a permis
de revoir entièrement la datation de la tombe et de rendre la
défunte à la période byzantine (vie – début viie siècle).
F. Calament
Antiquités égyptiennes
 Research focused on the completion of the study of this funeral
furniture—in collaboration with the University of Rennes II, the German
Archaeological Institute of Berlin, and the C2RMF (the Centre for Research
and Restoration of the Museums of France)—comprising a dozen pieces,
and the mummified corpse (held in the Museum of Grenoble), with a view
to the publication of a monograph.
Étude de la collection papyrologique
copte
Projet suivi par Florence Calament et Catherine Louis
Cette étude a été menée selon trois axes : étude de textes en
dialecte fayoumique (collaboration avec Anne Boud’hors,
directeur de recherche au CNRS, IRHT [Institut de recherche
et d’histoire des textes], Paris), suivi des travaux de Catherine
Louis sur les parchemins et papiers littéraires, poursuite du
dossier de la correspondance de Pesynthios, évêque de Coptos
(569-632), soit une soixantaine de papyrus au Louvre. Véritablement démarré en 2007, ce programme de réédition (collaboration avec le Pr Jacques van der Vliet, université de Leyde)
est maintenant arrivé à mi-parcours ; il a été présenté devant le
XXVIe Congrès international de papyrologie à l’université de
Genève (16-21 août 2010).
Chargée de recherche au CNRS (Strasbourg) et collaborateur
associé, Catherine Louis étudie le fonds copte du Louvre, qui
comprend environ deux cent cinquante feuillets et fragments
de textes littéraires sur parchemin et papier, provenant en majorité de la bibliothèque antique du monastère Blanc (HauteÉgypte). La totalité des fragments bibliques, plus aisément
identifiables, a fait l’objet d’un examen systématique visant
à recueillir tous les éléments concrets (dimensions, réglure,
aspect, etc.) nécessaires à leur description ; ils entreront dans
le premier volume du catalogue, en cours d’écriture et de mise
en page. Parallèlement, des fragments destinés à figurer dans le
second volume (apocryphes, hagiographie, homélitique) ont
été récemment identifiés ; deux d’entre eux ont ainsi pu être
reconnus comme étant jointifs et provenant d’une homélie
attribuée à Bacchios de Maïouma, tandis qu’un feuillet entier a
été rendu à son auteur, Proclus de Constantinople. Ces efforts
d’identification se poursuivent régulièrement, dans le but de
construire l’architecture du second volume du catalogue.
F. Calament
 This study focused on three areas: a study of texts written in the
Faiyumic dialect—in collaboration with Anne Boud’hors, director of research
at the CNRS, IRHT-Paris (Institute of Research and History of Texts)—followed
by work conducted by Catherine Louis on literary parchments and papers,
and the continuation of the study of the correspondence of Pesynthios,
bishop of Coptos (569–632), comprising around sixty papyri in the Louvre.
Catalogue des pierres sculptées
conservées par la section copte
Projet suivi par Cédric Meurice
L’établissement du catalogue des quatre cents pierres sculptées
de la section copte du département a débuté par l’étude des
pièces provenant du site monastique de Baouit, à la lumière
de la reprise des fouilles du site depuis 2003. La confrontation
entre la collection du Louvre et les découvertes archéologiques
récentes d’éléments sculptés provenant du groupe central des
églises apporte beaucoup à notre connaissance de la sculpture
copte des ve-viie siècles et les deux volets de l’étude paraissent
indissociables. Notre travail consiste à replacer les différents
styles rencontrés à Baouit dans l’histoire de l’art copte. Ensuite,
à la lumière des sculptures dégagées dans la plus grande église
du monastère depuis 2008, église qui est aussi la plus tardive,
nous tentons d’établir que certaines sculptures ont été réutilisées. Les pierres de la collection du Louvre sont donc étudiées
pour elles-mêmes, mais également comme éléments de décors
d’église réutilisés pendant près de deux siècles.
C. Meurice
 The collection comprises four hundred carved stone objects, most of
which originate from shared archaeological finds at Baouit at the beginning
of the 20th century. The resumption of work at the site in 2003 is enriching
our knowledge about Coptic sculpture in general, and particularly the
carvings from this prime site.
Étude du matériel en bois
de Fostat-Istabl ‘Antar
Projet suivi par Marie-Hélène Rutschowscaya
Les années 2007 à 2009 ont été employées à la recherche des objets stockés dans le magasin de l’Institut français d’archéologie
orientale (Ifao) et dans celui du Conseil suprême des antiquités
égyptiennes (CSA). Le travail a été consacré à leur conditionnement, leur description et leur enregistrement avec photographies dans la base de données : mille cent objets ont été répertoriés. En 2010, avec l’aide de la restauratrice Sandrine Linxe, tout
le matériel a pu être examiné et trié en vue d’effectuer des restaurations, des dessins techniques, des analyses en laboratoire et
des photographies. L’analyse des traces d’outils permettra d’étudier les méthodes de fabrication ; des tests de restauration ont
servi à déterminer les méthodes les plus appropriées.
La typologie concerne la vie quotidienne : toilette, tissage, écriture, ustensiles de cuisine, jouets, socques, éléments
tournés et décors de meubles, serrures, baguettes et débris de
tournage. De nombreux objets sont fragmentaires, donc difficiles à identifier ; c’est pourquoi l’examen des cassures, des
perforations et des vestiges de clous ou de tenons a été fait
pour pouvoir comparer ces fragments à des objets complets
conservés dans des musées ou sortis de fouilles (Tebtynis, Antinoé, Baouit). En 2009, un colloque, « Wooden Material from
Fustat », a réuni à l’Ifao tous les chercheurs travaillant sur les
fouilles du site ; les actes en seront publiés en 2011-2012.
M.-H. Rutschowscaya
 In 2010, all the material in the store-rooms of the IFAO and the CSA
(Supreme Council of Antiquities)—totalling 1,100 objects—was examined
and stored with the help of the restorer Sandrine Linxe, with a view to
carrying out restoration work, producing technical drawings and
photographs, and conducting laboratory analyses. They are everyday
objects: items of toiletry, weaving, writing, and cooking utensils, toys,
clogs, furniture decorations, locks, sticks, and wood-turning debris. Many
objects are difficult to identify as they are broken.
37
Travaux de recherche
Antiquités grecques, étrusques
et romaines
A
fin de répondre aux principales attentes des chercheurs, spécialistes de
l’Antiquité ou des temps modernes, l’équipe scientifique du département
des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre a
privilégié trois axes de recherche : l’étude matérielle des œuvres en vue de leur
publication, l’histoire de la réception de l’Antiquité classique et l’étude des contextes
archéologiques des objets parvenus au Louvre. Plusieurs recherches portent donc
sur les techniques antiques (bronze, verre, etc.) et sur l’histoire des collections et
des fouilles anciennes : collections Richelieu, royales, Borghèse, Albani, Campana ;
études des contextes archéologiques de certains sites de Méditerranée orientale
(Tanagra, Éléonte de Thrace, Macédoine, Rhodes, Antioche, Myrina, Smyrne…) ou
occidentale (Gabies, Cerveteri, territoire antique de la Tunisie…). Ces recherches
sont menées à l’occasion d’expositions, d’analyses scientifiques liées à la gestion des
collections, mais aussi en fonction du plan de publication des catalogues raisonnés
et sommaires, qui vise à combler les lacunes les plus importantes. Pour l’année 2010,
nous évoquons ci-dessous deux projets emblématiques de ces études : d’une part,
la publication du troisième tome consacré aux verres antiques du Louvre, qui est
l’occasion de dresser le bilan des recherches menées dans ce domaine depuis dix ans ;
d’autre part, l’étude de la collection Campana et la préparation du réaménagement
des salles romaines, lesquelles sont à l’origine des recherches qui débutent sur les
plaques architecturales de terre cuite dites « plaques Campana ».
J.-L. Martinez
 To meet the principal needs of the researchers, specialists in Antiquities, and specialists in the
Modern Era, the research team in the Musée du Louvre’s Department of Greek, Etruscan, and Roman
Antiquities has pursued research in three core areas: crafting techniques, the history of the reappraisal
of Classical Antiquity, and the study of the archaeological contexts of the objects that have entered
the Louvre collections over time. A fair amount of research has been conducted on early craft
techniques (bronze, glass, etc.) and on the history of the collections, and past excavation work: the
Richelieu, royal, Borghese, Albani, and Campana collections; and studies have been conducted on
the archaeological contexts of certain sites in the eastern Mediterranean (Tanagra, Eleonte in Thrace,
Macedonia, Rhodes, Antioch, Myrina, Smyrna, etc.) and the western Mediterranean (Gabii, Cerveteri,
the ancient territory of Tunisia, etc.). This research is carried out on objects prior to exhibitions, or as
part of scientific analyses related to the preservation and handling of the objects themselves, and the
resulting data are published in the relative catalogues as part of the ongoing inventory of the Louvre’s
entire patrimony. Two noteworthy examples of the research carried out in 2010 are the publication
of the third volume devoted to Louvre’s collection of antique glassware, which provided an
opportunity to review all the research conducted in this field over the last ten years; and the systematic
examination of the Campana collection prior to the reorganisation of the Roman rooms, which led
to a new study of the ornamental terracotta tablets known as the “Campana plaques”.
38
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Bilan de dix ans de recherche sur les collections de verres antiques
du musée du Louvre
Projet suivi par Véronique Arveiller-Dulong et Marie-Dominique Nenna
À l’occasion de la parution en janvier 2011 du troisième et dernier volume consacré aux verres antiques du musée du Louvre,
il nous a paru pertinent de présenter un rapide bilan de cette
recherche conduite depuis dix ans. Au-delà d’un simple catalogue, cette publication achève de mettre à la disposition du
public spécialisé et du grand public une synthèse sur l’artisanat
verrier antique depuis le viiie siècle avant J.-C. jusqu’au viie siècle
après J.-C., synthèse – et c’est là son originalité – fondée sur les
collections des trois départements antiques du musée du Louvre.
En trois volumes parus entre 2000 et 2010, les deux mille trois
cent soixante-six objets ou ensembles d’éléments conservés au
Louvre ont été publiés par grande catégorie technique ou par
emploi. Le premier volume, paru en 2000, est consacré à deux
cent soixante-dix-sept contenants et vaisselles en verre façonné sur noyau et moulé d’époque grecque et romaine allant du
vie siècle avant J.-C. au ier siècle après J.-C. Paru en 2005, le deuxième volume réunit mille trois cent quarante-neuf pièces en
verre soufflé datées entre le ier et le viie siècle après J.-C.
Enfin, le troisième et dernier volume, publié début 2011, est
dévolu aux objets de parure, aux instruments et aux éléments
d’incrustation produits entre le viiie siècle avant J.-C. et le
viie siècle après J.-C. (sept cent neuf numéros). Pour ces objets
que l’on qualifiait il y a encore peu de « verroterie », les anciens
verriers ont su mettre au point des techniques raffinées, parfois
peu ou pas répandues dans la manufacture des vases, comme
par exemple les perles dorées.
L’un des intérêts de la collection des trois départements des
Antiquités est, une fois de plus, qu’elle fournit des informations sur la provenance de la plupart des objets. Pour ce troisième volume, on soulignera les beaux ensembles que constituent les objets issus des fouilles d’Edfou et de Sedeinga, de
Camiros à Rhodes, de Myrina en Éolide, d’Éléonte de Thrace, de
Carthage, d’Utique et de Gouraya, et de la région de Kertch dans le
Bosphore cimmérien. Ces lots offrent des points d’ancrage
pour étudier un mobilier qui a souvent été négligé dans les
recherches sur le monde gréco-romain. On trouvera peu d’objets d’Europe centrale et occidentale, conservés depuis 1862 au
musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye. Les
pièces dont nous disposons illustrent les différentes phases du
développement de l’artisanat verrier antique. Après les étonnants objets pharaoniques, mésopotamiens ou levantins du
IIe millénaire avant J.-C., l’artisanat du verre connaît des âges
obscurs jusqu’aux viiie-viie siècles. Sa renaissance se manifeste
d’abord par les perles, perles sphériques translucides illustrées
Plaque mosaïquée, ier siècle avant J.-C. – ier siècle après J.-C., département des
Antiquités égyptiennes (N 1636)
Fuseau, Proche-Orient (?),
Collier de perles dorées, Kertch (Crimée),
i
étrusques et romaines (MND 1265, Bj 667)
-ii siècle après J.-C., département des Antiquités grecques,
er
e
ier siècle
avant J.-C. –
siècle après J.-C., département des Antiquités
er
i
grecques, étrusques et romaines (MNE 137)
39
Travaux de recherche
40
doute nettement plus répandu que ne
le révèlent les publications de fouilles.
Mise en valeur par le travail d’Ekaterina
M. Alexieva, la richesse des tombes du
littoral septentrional de la mer Noire,
datées de la basse époque hellénistique
et du Haut Empire, montre l’inventivité des artisans verriers, qui multiplient
formes et motifs pour satisfaire les goûts
d’une large clientèle. Dans le domaine
des éléments de parure, le Haut Empire
n’apporte guère de changements, à
l’inverse de ce qui se passe dans le domaine des contenants et de la vaisselle
de verre, profondément modifié par l’invention du soufflage à la volée au milieu du ier siècle avant J.-C. Néanmoins,
comme par jeu et expérimentation, se
développe alors toute une série de petits
instruments appartenant au monde de
la toilette féminine, du textile et du jeu,
imitant des modèles en os ou en métal ;
la technique du verre doublé de plomb
permet de fabriquer les premiers miroirs
en verre et l’invention du verre à vitre
modifie les conditions de vie. À partir du
iiie siècle, le goût pour un verre apparaissant noir, sans doute pour imiter le jais,
qui se répand surtout dans les éléments
de parure et peu dans la vaisselle, gagne
l’ensemble de l’Empire, où l’on observe
de nombreux bracelets, pendentifs et
perles à décor tacheté ou appliqué mulEnsemble de perles oculées et de pendentifs façonnés sur noyau, Tharros (Sardaigne), viie-iiie siècle avant J.-C.,
ticolore. Des verres de couleurs variées
département des Antiquités orientales (AO 5825)
continuent néanmoins d’être abondamment employés dans les simples perles monochromes et dans
par les découvertes de la nécropole de Camiros et perles trianles pendentifs estampés.
gulaires à décor d’yeux. À partir du vie siècle se répand l’emploi
L’ambition de cette recherche, qui a donné lieu en dix ans à
de verres opacifiés de couleur bleu foncé, bleu turquoise, vert
peine à la rédaction de trois catalogues, était de faire découvrir
clair, blanc et jaune, qui vont servir à manufacturer aussi bien
un mobilier longtemps négligé ou méconnu, de faciliter son apdes contenants que des perles à décor oculé et des pendentifs
proche en mettant en valeur la diversité des techniques qui ont
en forme de masque. Les centres de production se répartissent
présidé au façonnement des vases et des petits objets, enfin de
entre le monde levantin et le monde égéen, avec au moins l’île
le replacer plus largement dans la culture matérielle de l’époque
de Rhodes ; l’Égypte est quant à elle spécialisée dans les éléments
antique. Nous espérons ainsi offrir aux chercheurs comme au
d’incrustation en verre opaque de meilleure qualité, destinés à
public qui fréquente nos salles une utile synthèse sur cet artisaorner le mobilier religieux, funéraire ou domestique. Cet art de
nat antique du verre, qui est devenu au fil des années un outil
l’incrustation va trouver son apogée dans la seconde moitié du
de datation aussi précieux et précis que celui de la céramique.
ive siècle avant J.-C. avec l’emploi du verre mosaïqué et de motifs
végétaux ou figurés miniaturisés tirés des répertoires décoratifs
V. Arveiller-Dulong
égyptien et grec.
On peut supposer, même si les découvertes archéologiques
Bibliographie
sont rares, que c’est à partir de cette époque que se déveNenna (M.-D.), Exploration archéologique de Délos, 32 : Les verres, Paris,
loppent des centres de production régionaux de perles et de
Athènes, EFA, De Boccard, 1999.
pendentifs, comme c’est le cas sans doute des ateliers de CarArveiller-Dulong (V.) et Nenna (M.-D.), Verres antiques du musée du Louvre,
thage et d’autres cités du monde punique. Le dépotoir de
vol. 1 : Les Contenants à parfum en verre moulé sur noyau et la vaisselle
l’atelier de Rhodes, mis au jour dans les années 1960, offre
moulée (viiie siècle av. J.-C. – ie siècle apr. J.-C.), Paris, RMN, 2000.
une bonne image du répertoire des perles et des pendentifs,
Arveiller-Dulong (V.) et Nenna (M.-D.), Verres antiques du musée du
mais aussi des petits instruments en verre, en usage à la fin du
Louvre, vol. 2 : Vaisselle et contenants du ie siècle au début du viie siècle
iiie siècle et au début du iie siècle avant J.-C. Un siècle plus tard,
apr. J.-C., Paris, Musée du Louvre éditions, Somogy, 2005.
les exemples de Délos, avec ses ateliers répartis en plusieurs
Arveiller-Dulong (V.), « Le mobilier en verre de la nécropole de Maule
endroits dans la ville, et de Jérusalem indiquent que ce petit
(Yvelines) », Bulletin archéologique du Vexin français et du Val-d’Oise,
artisanat travaillant à partir de verre brut importé était sans
38, 2006, p. 143-163.
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Spaer (M.), Ancient Glass in the Israel Museum : Beads and Other Small
Objects, Jerusalem, The Israel Museum, 2001.
Stern (E.M.) et Schlick-Nolte (B.), Frühes Glas der alten Welt, 1600 B.C.A.D. 50, Ernesto Wolf Collection, Stuttgart, Hatje Verlag, 1994.
 The ancient craft of glass-making from the eighth century
bc to the
seventh century ad is represented by some 2,366 objects or ensembles of
elements held in the Museum’s three Departments of Antiquities. The
study of this material was conducted over the last ten years and published
in 3 volumes: the first volume in 2000 dealt with the 277 containers and
dishes made by core-formed technique (a prefabricated core of clay is
covered by glass and decoration is made by winding) or by moulding from
the Greek and Roman periods (the sixth century bc to the first century ad);
the second volume in 2005 presented 1,349 pieces of blown glass dating
from the first and seventh century ad; and, finally, the third volume in
January 2011 contained 709 items of finery, implements, and inlays
elements produced between the eighth century bc and the seventh century
ad. The aim of this research was to provide a complete study of small
objects of ancient glass that have long been disregarded or remained
unknown; facilitate understanding by highlighting the various techniques
used to make the vases and small objects; and finally, to put them in the
wider context of the material culture in the Antique period.
Recherches sur les terres cuites architecturales dans le monde grec
et romain : les plaques architecturales dites Campana
Bilan d’étape à l’issue des cinq études menées sur les plaques Campana
à l’atelier de Flore au C2RMF en 2010
Projet suivi par Violaine Jeammet, Néguine Mathieux et Daniel Roger
Restauration : Frédérique Berson, Christine Devos, Marie-Emmanuelle Meyohas, Christine Pariselle et Marie Petit
Analyses au C2RMF : Anne Bouquillon
Au terme du conditionnement et du prérécolement effectués
en 2009-2010 (chantier suivi par Néguine Mathieux et Aurélie
Piriou, sous la direction de Violaine Jeammet), l’étude matérielle
de la collection des plaques architecturales de terre cuite du
Louvre dites « plaques Campana » a franchi en 2010 une étape
décisive. Le musée du Louvre conserve vingt-huit de ces plaques
de grandes dimensions, deux cent quatre-vingts plaques plus
petites et des milliers de fragments (environ sept mille) désormais classés et conditionnés dans neuf cent soixante-quatorze
bacs. Une série de plaques architecturales a été choisie par
Néguine Mathieux et Daniel Roger dans la perspective d’une présentation dans les salles romaines. Huit catégories ont ainsi été
sélectionnées sur des critères de dimensions (plaques de grandes
dimensions et corniches), d’iconographie, de typologie, voire
d’ateliers (signature « VALES »). Ce corpus restreint a fait l’objet
d’analyses et de restaurations afin de mieux comprendre les pratiques des restaurateurs actifs à Rome au milieu du xixe siècle,
dans le cadre de recherches plus complètes portant sur l’ensemble de la collection du marquis Giovanni Pietro Campana
(1807-1880), en grande partie parvenue au Louvre en 1863.
Ces séries ont d’abord fait l’objet d’une campagne d’analyses
physico-chimiques et, pour certaines d’entre elles, d’une analyse en thermoluminescence, puis une sélection de ces œuvres
a été étudiée par des restauratrices.
L’objectif était de repérer un éventuel « modus operandi »
propre aux restaurateurs Campana, et de sélectionner les
plaques susceptibles d’être présentées dans les futures salles
romaines. Leur fragilité, en particulier pour les plus grandes,
supposait en effet une restauration préalable et imposait
une réflexion initiale sur leur mode de fixation. Les analyses
conjointes physico-chimiques et en thermoluminescence ont
confirmé la concordance des pâtes et leur ancienneté et permis
de repérer certaines des interventions du xixe siècle quand il
s’agissait de fragments ou de morceaux isolés.
La véritable interrogation porte sur les grandes plaques, les
plus intéressantes a priori par leur aspect et leur iconographie.
Les analyses du Centre de recherche et de restauration des
musées de France (C2RMF), quand elles ont pu être faites (par
exemple Apollon citharède, Cp 4162), ont confirmé leur hétérogénéité, pressentie lors de l’étude préalable (voir le rapport de
Christine Pariselle et les analyses du C2RMF), caractéristique
technique typique des restaurateurs du marquis Campana, qui
procédaient par ajouts modernes et anciens dans une optique
volontairement illusionniste.
Les sondages et nettoyages partiels ont ainsi révélé des indices
techniques intéressants : il apparaît que ces grandes plaques,
recouvertes d’un épais badigeon sur la face et souvent d’une
polychromie tout aussi moderne, sont prises dans un mortier
d’amalgame sur le revers. Il s’agit en réalité d’une savante recom-
Plaque Campana : Apollon citharède, département des Antiquités grecques,
étrusques et romaines (Cp 4162)
41
Travaux de recherche
42
complètes et moins restaurées ? Il faudrait
enfin comparer le corpus du Louvre à
ceux des autres grandes collections européennes, en particulier à Rome.
Contrairement aux petites plaques et
aux corniches, qui posent des problèmes
de restauration et de muséographie traditionnels, la présentation de ces grandes
plaques dans les salles romaines s’avère
donc complexe. Il semble que leur intérêt réside dans le fait qu’elles sont un
témoignage de l’histoire des collections.
On peut alors s’interroger sur la pertinence d’un « piccolo museo Campana »
qui regrouperait les plus beaux pastiches
de cette collection. Cela aurait au moins
le mérite, outre l’intérêt pour l’histoire
de la restauration, de poser la question
de l’histoire du goût d’un collectionneur
romain de la première moitié du xixe siècle
passionné par l’argile à un moment où
se mettaient en place en France les préGiampietro Campana, Antiche Opere in Plastica, 2e éd., Rome, 1851, planche aquarellée : Salle des terres
mices de ce qui allait devenir le musée
cuites du musée Campana au mont-de-piété, Naples, Bibliothèque universitaire de Naples
de Céramique (ouvert en 1824) voulu par
Alexandre Brongniart, révélant ainsi peutêtre un goût nouveau pour ce matériau plus modeste mais prêt
position de fragments de taille et d’épaisseur diverses, prouvant
à détrôner les matériaux nobles (bronze et marbre) qui avaient
leur appartenance initiale à des plaques différentes. La corniche
jusqu’à présent retenu toute l’attention des savants.
supérieure s’avère être le plus souvent un ajout moderne. Certains de ces fragments semblent avoir été surmoulés au xixe siècle
V. Jeammet
pour servir à l’assemblage final tandis que des morceaux de terre
Bibliographie
cuite, voire de tuiles (antiques ou modernes), viennent colmater
Van Rohden (H.) et Winnefeld (H.), Architektonische römische Tonreliefs
les trous. D’autres tessons dans lesquels se trouvent agglomérés
der Kaiserzeit, Berlin, 1911.
des grains d’ocre (pour imiter des terres antiques) apparaissent
Nadalini (G.), « Le musée Campana : origine et formation des collecmodernes. Ces faits corroborent ainsi ce que l’on connaît déjà
tions. L’organisation du musée et le problème de la restauration »,
des pratiques des restaurateurs Campana, passés experts en pasdans L’Anticomanie. La collection d’antiquités aux xviiie et xixe siècles,
tiches dans les divers domaines et matériaux qui formaient la
textes rassemblés par Laurens (A.-F.) et Pomian (K.) (colloque intercollection, mais dont l’art culminait dans la terre cuite, laquelle
national, Lattes, 9-12 juin 1988), Paris, EHESS, 1992, p. 111-121.
avait toutes les faveurs du marquis.
Nadalini (G.), « De Rome au Louvre, les avatars du musée Campana entre
Les petites plaques (corniches et plaques horizontales de
1857 et 1862 », Histoire de l’art, 21-22, 1993, p. 47-58.
moindre importance) présentent un état plus homogène, sans
Nadalini (G.), « La collection Campana au musée Napoléon III et sa
être toutefois dépourvues d’interventions portant tant sur la
première dispersion dans les musées français (1862-1863) », Journal
structure (mêmes ajouts d’éléments modernes en terre cuite)
des savants, 1998, p. 183-225.
que sur la surface.
Sarti (S.), Giovanni Pietro Campana (1808-1880). The Man and His CollecAu terme de cette étude préliminaire, la restauration des
tion, Oxford, 2001 (BAR International Series).
plaques de grandes dimensions de la collection Campana
Walter (C.), « Historique des dépôts, Collection du Marquis Campana »,
s’avère hasardeuse. À moins de s’assurer par une étude radiolodans Bronzes, marbres et autres antiques. Dépôts du musée du Louvre
gique (infrarouges, rayons X traditionnels avec prélèvements
en 1875, sous la dir. de Orgogozo (C.) et Lintz (Y.), Paris, Musée du
systématiques pour de futures thermoluminescences) de l’étenLouvre éditions, 2007, p. 61.
due limitée des remontages anciens, les colmatages effectués
au xixe siècle laissent peu de visibilité pour une étude fiable. Il
 In the wake of the major verification projects conducted by the Departsemble que, dans l’état actuel de nos connaissances, la grande
ment of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities, the Roman ornamental
terracotta tablets, known as the “Campana plaques”, were—for the first
majorité soit fortement restaurée, ce qui pose le problème de
time since the nineteenth century—duly packaged, and photographed
leur authenticité et par ailleurs de leur état de conservation :
before verification and computerisation (28 large tablets, 270 small tablets,
le mortier qui permet l’agrégation des différents morceaux est
and around 7,000 fragments packed in 978 containers). A selection was
très grossier et les collages à la gomme laque, surtout en raison
chosen for analysis by the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
du poids des plaques, se révèlent de plus en plus inefficaces et
the Museums of France) (physio-chemical studies, luminescence dating,
même dangereux.
and a forthcoming study of the colours) and for study before restoration.
Deux pistes de réflexion s’offrent à nous pour l’étude compléThe aim is also to enrich our knowledge of the restorers who worked on the
mentaire de ces grandes plaques. Il faudrait d’abord vérifier l’état
Marquis Campana’s collections in the nineteenth century. A choice of the
des restaurations des plaques analogues de la collection d’Edme
best conserved tablets with the most significant iconography will be made
for the future Roman exhibition rooms.
Antoine Durand (1768-1835) qui sont antérieures : sont-elles plus
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Axe de recherche 1
Étude matérielle des œuvres
et publication des collections
Recherches sur les ateliers et les
pratiques artisanales de la couleur
dans le monde grec
Programme suivi par Violaine Jeammet,
en partenariat avec le C2RMF (Brigitte Bourgeois
et Sandrine Pagès-Camagna)
Depuis plus de quinze ans, l’étude des traitements de surface
des figurines en terre cuite, notamment la polychromie et la
dorure, est menée conjointement avec le Centre de recherche
et de restauration des musées de France (C2RMF). L’analyse
des pigments et l’étude stratigraphique des couches colorées
et des feuilles d’or présentes sur les figurines permettent de
mieux connaître les matériaux comme de mieux comprendre
les gestes des artisans, et ainsi de mettre en valeur la corrélation
entre document archéologique (parfois œuvre d’art) et magistral savoir-faire technique. Cette étude a donné lieu à plusieurs
publications et communications, dont celle associant en 2009
Brigitte Bourgeois, Violaine Jeammet et Sandrine Pagès-Camagna sur la dorure (« Color Siderum. La dorure sur les terres cuites
hellénistiques », dans Les Arts de la couleur en Grèce ancienne… et
ailleurs. Actes du colloque international (École française d’Athènes,
23-25 avril 2009), sous la dir. de Jockey (Ph.), à paraître dans
le Supplément du Bulletin de correspondance hellénique), tandis
qu’en 2010 une nouvelle édition anglaise et espagnole de Tanagras (Valence, 2010, voir infra, « Expositions ») a fait connaître
les dernières découvertes et livré les plus récentes synthèses
sur ces questions. Une journée d’étude en 2011 élargira cette
thématique à celle des vases (lécythes à fond blanc) et devrait
aussi, à terme, prendre en compte les bois.
 The Department and the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France) are working in close collaboration on a long-term study
focusing on a stratigraphic study of the coloured layers and an analysis of the
pigments used on Greek terracotta figurines. The study aims to identify the
practices in antique workshops. The findings of this study were presented at an
international seminar, whose proceedings are due to be published, and in 2010
the new edition of the catalogue Tanagras was published in English and Spanish;
this publication provides a general overview and highlights the latest discoveries.
Recherches sur les techniques des
bronzes grecs et romains : la base
Héphaïstos
Programme suivi par Sophie Descamps en partenariat
avec le C2RMF (Benoît Mille)
Anciennement publiée par André de Ridder, la collection des
bronzes antiques du Louvre a bénéficié d’un long travail de
récolement, de restauration et d’étude lié à l’aménagement
de la salle des bronzes et des réserves. Un catalogue raisonné
des bronzes grecs est en projet. En partenariat avec le Centre
de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF),
le département est à l’origine de la création d’un outil de recherche, la base Héphaïstos, qui vise à recenser la bibliographie consacrée aux techniques de mise en œuvre et aux restaurations documentées des bronzes antiques. En 2010 est parue
une mise au point sur la question des patines : Descamps (S.),
« Couleurs originelles des bronzes grecs et romains. Analyses
de laboratoire et patines intentionnelles antiques », dans La
Chimie et l’Art. Le génie au service de l’homme. Actes du colloque
(Paris, Maison de la chimie, 28 janvier 2009), sous la dir. de DinhAudouin (M.-Th.), Les Ulis, EDP Sciences, 2010 (« L’Actualité
chimique »), p. 115-127. Au mois de mars de la même année,
Sophie Descamps a présenté une synthèse intitulée « Cuivre
noir, κύανος et bronze de Corinthe » à l’occasion d’un séminaire de l’université d’Aix-en-Provence.
 In partnership with the C2RMF (Centre for Research and Restoration
of the Museums of France), the Department has created a database
(Héphaïstos) of all publications devoted to the production techniques and
documented restorations of antique bronzes. In 2010 a study on intentional
patinas was published, and Sophie Descamps presented research on
antique bronze techniques during a seminar on “Corinthian bronzes” at
the Université d’Aix-en-Provence.
Recherches sur la sculpture grecque :
publications sur la collection
du Louvre
Programme suivi par Jean-Luc Martinez
et Ludovic Laugier
La sculpture grecque en pierre du musée du Louvre est bien
publiée grâce aux travaux récents de Marianne Hamiaux. La
définition géographique et chronologique de cet art a cependant été revue et élargie à l’époque impériale. Deux publications doivent paraître prochainement et ont fait l’objet de
recherches conduites en 2010.
Le catalogue raisonné, qui formera le troisième tome des
sculptures grecques du musée du Louvre et que Ludovic Laugier
consacrera aux Sculptures grecques des provinces hellénophones de
l’Empire romain, doit paraître en 2012, à l’occasion de l’ouverture
des nouvelles salles présentant l’Orient méditerranéen à l’époque
romaine. Ludovic Laugier a publié en 2010 plusieurs résultats de
ses recherches sur ce corpus (sur les sculptures de Smyrne dans
Anatolia Antica, XVIII, 2010, p. 321-328, et sur les sculptures de
Phrygie dans le catalogue de l’exposition « Civilisations oubliées
de l’Anatolie antique », Bordeaux, 19 février – 16 mai 2010, p. 6163, nos 25-29).
Une monographie consacrée à la Vénus de Milo par Jean-Luc
Martinez doit par ailleurs faire le point sur notre connaissance de
ce chef-d’œuvre, largement renouvelée par la restauration et les
analyses conduites en 2009-2010 (voir infra « Restaurations »).
 The Department is preparing two publications on Greek sculpture, for
which research was carried out in 2010: Sculptures grecques des provinces
hellénophones de l’empire romain (Greek Sculptures from the Greek-Speaking
Provinces of the Roman Empire) by Ludovic Laugier (to be published in
43
Travaux de recherche
2012), and a monograph devoted to the Venus de Milo by Jean-Luc Martinez,
following restoration work and analyses conducted in 2009–10 (see
“Restoration Work” below). Moreover, in 2010 Ludovic Laugier presented
results from recent research on Greek sculptures of the Imperial period: the
sculptures of Smyrna (now İzmir) in the journal Anatolia Antica (Vol. XVIII,
2010, pp. 321–28), and Phrygian sculptures at an exhibition in Bordeaux.
Recherches sur la céramique
grecque : publications sur la
collection du Louvre
Programme suivi par Anne Coulié, Martine Denoyelle,
Alexandra Kardianou, Sophie Marmois, Sophie Padel
et Marie-Christine Villanueva Puig
La céramique grecque du Louvre est anciennement publiée,
mais de nombreuses séries et des milliers de fragments restent
quasiment inédits. Elle est traditionnellement publiée par
l’Académie des inscriptions et belles-lettres dans une série spécifique (le Corpus vasorum antiquorum). Les recherches en cours
sur les questions de style et d’identification des ateliers comme
sur les analyses techniques (couleur, cuisson des argiles)
expliquent le recours à d’autres formes de publication. En
2010 est paru le vingt-huitième volume du CVA consacré à la
collection du Louvre par Marie-Christine Villanueva Puig, fruit
d’un long travail de recherche conduit sur quatre-vingt-six
lécythes attiques à figures noires du Louvre d’époque archaïque
(CVA Louvre 28 France 42 : Les Lécythes attiques à figures noires,
t. I), réservant la production du ve siècle à un second volume.
D’autres publications sont en préparation : pour le CVA, Les
Lécythes à fond blanc du Louvre par Alexandra Kardianou, Fragments de coupes attiques à figures rouges du Louvre par Sophie
Marmois, Les Amphores attiques à panse à figures noires attiques
du Louvre par Sophie Padel, et, pour les éditions du Louvre, le
catalogue raisonné consacré aux vases de Paestum préparé par
Martine Denoyelle.
Le Louvre possède une exceptionnelle collection d’inscriptions latines (plus de mille deux cents numéros), presque
entièrement conservée en réserve, une très intéressante collection d’inscriptions grecques (plus de quatre cents numéros) et
une modeste (une centaine de numéros tout de même !) mais
remarquable collection d’inscriptions étrusques et italiques.
Connues des spécialistes mais dispersées dans des publications anciennes et souvent pas ou mal illustrées voire complètement inédites (pour les inscriptions étrusques notamment),
ces inscriptions font l’objet de projets de publication. La publication des inscriptions grecques a été confiée à Michèle Brunet
(université Lumière Lyon 2), qui y consacre son séminaire de
recherche et s’est rapprochée du réseau Digital Classicist pour
une publication en ligne. En 2010-2011, elle a notamment repris l’étude des inscriptions des blocs des murs formant le passage conduisant à l’agora de Thasos (Grèce du Nord) conservés
au Louvre et sur place. Pour la publication des inscriptions
étrusques et italiques, confiée à Dominique Briquel, une première étape de recensement, entreprise en collaboration avec
les conservateurs, a permis de découvrir en 2010 plusieurs
inscriptions inédites et d’établir un corpus d’une centaine
d’inscriptions (un chiffre important pour une langue comme
l’étrusque), portées sur une grande variété de supports. Daniel
Roger coordonne le travail de documentation et d’informatisation en cours de la très riche collection d’épigraphie latine :
en 2010, reprenant l’ordre du catalogue analytique dactylographié de Serge Ducroux présenté en 1975, ont été informatisées
les séries consacrées aux divinités, aux empereurs, aux ordres
sénatorial et équestre.
 The Department has embarked on an ambitious programme of
printed and online publications of its collections of Greek, Etruscan, and
Latin epigraphy. Michèle Brunet is working on the publication of Greek
inscriptions and, in 2010, she resumed the study of the inscriptions on the
walls of the Passage of Theoria at Thasos. Dominique Briquel is working on
the publication of Etruscan and Italic inscriptions; an inventory drawn up in
2010 revealed a considerable number of inscriptions (around a hundred).
Daniel Roger is coordinating the documentary work on the very rich
collection of Latin inscriptions, which is currently being placed online.
 The catalogue of the Louvre’s collection of Greek ceramics is traditionally
published by the Académie des Inscriptions et Belles Lettres in a specific set of
works (the Corpus Vasorum Antiquorum). The 28th volume of the CVA (by MarieChristine Villanueva Puig) was published in 2010. The work is devoted to the
Louvre’s collections and focuses on the Louvre’s 86 Attic black-figure lekythoi
from the Archaic period. Work on other publications, for which research was
carried out in 2010, is currently underway. These include les lécythes à fond blanc
du Louvre (“The Louvre’s White-Ground Lekythoi”) by Alexandra Kardianou, and
the catalogue raisonné devoted to the vases of Paestum, by Martine Denoyelle.
Recherches sur les collections
épigraphiques : catalogues
en préparation
44
Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Marianne
Hamiaux et Michèle Brunet (inscriptions grecques) ;
Françoise Gaultier, Laurent Haumesser et Dominique
Briquel (inscriptions étrusques et italiques) ; Daniel Roger,
Agnès Scherer et Marianne Hamiaux (inscriptions latines)
Axe de recherche 2
Histoire de la réception
de l’Antiquité classique
Recherches sur les collections
d’antiques des xviie et xviiie siècles
en France et en Italie
Programme suivi par Jean-Luc Martinez
et Marie-Lou Fabréga-Dubert
Développée à partir de 2004 à l’occasion de l’inauguration de
la salle du Manège et de la publication de deux ouvrages (Les
Antiques du Louvre. Une histoire du goût d’Henri IV à Napoléon Ier,
Paris, Fayard, 2004, ouvrage collectif sous la direction de
Antiquités grecques, étrusques et romaines
J.-L. Martinez, et La Collection Borghèse au musée Napoléon, Paris,
Musée du Louvre éditions, 2009, par M.-L. Fabréga-Dubert),
cette recherche vise à faire le point sur l’histoire des collections
princières d’antiques parvenues au Louvre. Elle s’accompagne
d’une politique de rerestauration des statues antiques débarrassées aux xixe et xxe siècles de leurs ajouts modernes. En 2010,
le projet a porté sur la préparation de deux expositions qui
doivent s’ouvrir en 2011 : « Richelieu à Richelieu » aux musées
d’Orléans, Tours et Richelieu (mars-juin 2011, commissariat
scientifique Jean-Luc Martinez), et « Les Borghèse et l’Antique »
à Rome (décembre 2011 – avril 2012, commissariat scientifique
Marie-Lou Fabréga-Dubert et Jean-Luc Martinez). Reprenant
les archives disponibles (plans, dessins, récits de voyageurs,
inventaires…), ces deux recherches en cours permettront de
proposer une reconstitution du décor du château de Richelieu
vers 1676, date du guide de Benjamin Vignier, et de la villa
décorée pour Marc Antonio IV Borghèse telle qu’elle se présentait au moment de l’achat pour le Louvre en 1807.
 Developed in 2004, the year in which the Salle du Manège was
inaugurated, this research aims to examine the history of the Louvre’s
princely collections of antiques. In 2010, the project focused on the
preparation of two exhibitions which are scheduled to open in 2011:
Richelieu à Richelieu (Richelieu at Richelieu) in the museums of Orléans, Tours,
and Richelieu, and Les Borghèse et l’Antique (The Borghese and the Antique)
in Rome. Using available archive material (plans, drawings, travellers’
accounts, inventories, etc.), the two research programmes will recreate the
decorations in the Château de Richelieu (ca. 1676) and the Villa decorated
for Marcantonio IV Borghese.
Recherches sur les collections de
moulages d’après l’antique
Programme suivi par Jean-Luc Martinez
et Élisabeth Lebreton
Développée à partir de 2002 à l’occasion de l’affectation au
département de la collection de moulages d’antiques conservée aux Petites Écuries du Roi à Versailles et portée par une
politique de restauration ambitieuse et l’animation d’un
réseau des gypsothèques françaises, cette recherche a pour
but d’approfondir notre connaissance matérielle et historique des collections de moulages d’antiques. Faisant suite au
colloque de Cergy-Pontoise de 2001, organisé avec le Groupe
de recherche sur le plâtre dans l’art (GRPA) et consacré
à l’analyse des techniques de mise en œuvre et à l’analyse
chimique des plâtres, ce programme a également pour objectifs de permettre de déterminer la datation et d’identifier
des critères d’attribution des plâtres anciens jetés aux xviie,
xviiie et xixe siècles, et de contribuer à faire mieux connaître
ce domaine du patrimoine français. Un catalogue raisonné
de la collection de la gypsothèque du Louvre à Versailles est
en projet. En 2010, à la demande de Rosa Plana, chargée des
collections de Montpellier, Jean-Luc Martinez a participé au
suivi des restaurations et à l’établissement d’un projet scientifique pour la présentation de ces collections. Élisabeth Lebreton a par ailleurs publié un état des lieux des collections
françaises (« Les plus belles gypsothèques françaises », Dossier
de l’art, 180, décembre 2010).
 Developed in 2002, the year in which the collection of antique casts
from the Petites Écuries du Roi at Versailles was transferred to the
Department, this research aims to improve our material and historical
knowledge of the antique cast collections. In 2010, Rosa Plana (who
manages the collection) invited Jean-Luc Martinez to help set up a scientific
project for the presentation of the Montpellier collection. Elisabeth
Lebreton presented an overview of the French collections titled “Les plus
belles gypsothèques françaises” (The Finest French Gypsotheques; Dossier
de l’Art, no. 180, December 2010).
Recherches sur les collections
d’antiques du marquis Campana
Programme suivi par Catherine Metzger et Françoise
Gaultier (orfèvrerie) ; Violaine Jeammet, Daniel Roger et
Néguine Mathieux (plaques Campana) ; Paolo Nadalini
(Institut national du patrimoine) ; Laurent Haumesser et
Françoise Gaultier (collection étrusque) ; Hubert Giroux
et Marianne Hamiaux (reconstitution des numéros Cp) ;
Ludovic Laugier (marbres)
Le département a engagé un vaste programme de recherche sur
la collection Campana, acquise par l’empereur Napoléon III en
1861 et entrée partiellement au Louvre en 1863. Entrepris par
Françoise Gaultier et Catherine Metzger à l’occasion de l’exposition de 2005 au Louvre consacrée aux bijoux Campana,
le premier volet aboutira à la publication de l’orfèvrerie. En
2010, Françoise Gaultier a présenté à Rimini une synthèse sur
ce sujet (« I gioielli delle collezioni Campana e des Vergers del
Museo del Louvre: origini, acquisizioni, fortuna »). D’autres
recherches témoignent du développement de ces études (voir
infra le dossier sur les plaques Campana). En octobre 2010,
Paolo Nadalini a rappelé l’historique de l’acquisition à Beaulieu-sur-Mer. En décembre, Françoise Gaultier a évoqué à
Orvieto le contexte de sa dispersion (« La fortuna degli Etruschi
nella costruzione dell’Italia Unita: la dispersione della collezione Campana negli anni dell’Unificazione politica dell’Italia »).
À l’occasion de deux expositions monographiques consacrées
à des peintres du Second Empire, Jean-Luc Martinez et Laurent Haumesser ont rappelé le rôle de la collection Campana
dans la réception de l’Antiquité durant la seconde moitié du
xixe siècle, le premier en novembre à Montpellier à l’occasion
d’une conférence organisée par le Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales de l’université
Paul Valéry – Montpellier III (« Cabanel [1823-1889] et
l’antique »), le second en décembre lors d’un colloque organisé
par le musée d’Orsay (« Regarder Gérôme », communication
sur les « Visions de l’Italie antique sous le Second Empire »).
 The Department has embarked on a vast programme of research on
the Campana Collection, which was acquired in 1861. Begun by Françoise
Gaultier and Catherine Metzger in 2005, the year in which the Louvre
presented an exhibition of the jewellery, the first step in the project will be
the publication of the works in gold. In April 2010, Françoise Gaultier
presented an overview of the works in Rimini. Other research attests to the
development of these studies (see the article on the Campana tablets
below). Paolo Nadalini spoke about the history of the acquisition in a
seminar at Beaulieu-sur-Mer in October 2010. Françoise Gaultier gave a
talk on the collection’s dispersal in a seminar held in Orvieto, Italy, in
December.
45
Travaux de recherche
Axe de recherche 3
Étude des contextes archéologiques
Méditerranée occidentale (Italie-Tunisie)
Recherches sur les productions
de la cité étrusque de Cerveteri :
« De Cerveteri au Louvre : la
peinture étrusque et son contexte »
Programme suivi par Françoise Gaultier et Laurent
Haumesser en partenariat avec le Consiglio Nazionale
delle Ricerche (CNR) (Paola Santoro et Vincenzo Bellelli)
et Francesco Roncalli, professeur honoraire à l’université
Federico II de Naples.
Site majeur d’Étrurie, d’où provient une grande partie de la
collection étrusque du Louvre, dont ses principaux chefsd’œuvre (sarcophage des Époux, plaques Campana), la cité de
Cerveteri fait l’objet d’un programme ambitieux de recherche
en partenariat avec plusieurs institutions italiennes. Dans le
cadre d’une collaboration avec le CNR, ce projet a pour objet
de faire le point sur l’histoire des fouilles au xixe siècle et sur les
productions artisanales de la cité. Un volet de la recherche, en
collaboration avec Francesco Roncalli, professeur honoraire à
l’université Federico II de Naples, porte sur les plaques peintes
(analyse des techniques, étude des restaurations et mise en
contexte). En septembre 2010, Laurent Haumesser a présenté à
l’auditorium du Louvre une « Œuvre en scène » consacrée aux
« Plaques peintes de Cerveteri », faisant le point des recherches
sur ces peintures et leur contexte archéologique.
 This project, which is being conducted in partnership with the CNR
(Italian National Research Council) and the Federico II University of Naples,
aims to study the works from the town of Cerveteri (Italy), which make up
a large proportion of the Louvre’s Etruscan collections. In September 2010,
as part of the Louvre’s “Art on Stage” (Œuvre en scène) programme,
Laurent Haumesser gave a lecture on “The painted tablets of Cerveteri” in
the Louvre’s auditorium. The lecture focused on the research conducted on
the paintings and their archaeological context.
Recherches sur les œuvres provenant
de l’Étrurie intérieure conservées
dans les collections du Louvre
Programme suivi par Françoise Gaultier, Laurent Haumesser
et Katerina Chatziefremidou, en partenariat avec le Museo
dell’Accademia Etrusca e della Città di Cortona (MAEC)
46
Les recherches menées sur la partie de la collection étrusque
provenant de l’importante région d’Étrurie située le long des
cours de l’Arno et du Tibre visaient à préciser et compléter nos
connaissances sur le contexte archéologique des œuvres et sur
leur histoire entre leur découverte et leur entrée au Louvre.
Grâce au dépouillement d’archives, de publications anciennes
et de catalogues de ventes, il a été possible en particulier d’établir la provenance de plusieurs pièces ou séries de pièces de
la collection, et de reconstituer avec davantage de précision
les modes de formation des grandes collections du xixe siècle
(Durand, Campana, Pourtalès). Les restaurations menées sur
les objets (notamment sur le bucchero) ont également permis
de mieux comprendre les pratiques des restaurateurs italiens
de l’époque. Les premiers résultats de ces recherches sont présentés dans le catalogue de l’exposition « Gli Etruschi dall’Arno
al Tevere. Le collezioni del Louvre a Cortona », organisée à
Cortone au printemps 2011, en collaboration avec le MAEC
(commissaires Françoise Gaultier, Laurent Haumesser, Paolo
Bruschetti et Paolo Giulierini). D’autres redécouvertes importantes feront l’objet de publications spécifiques.
 The research conducted on works in the Etruscan collection that
originated from sites established along the Arno and Tiber Rivers, aimed to
identify the archaeological context of the works and their history after their
discovery. Restoration work and archive studies have enabled researchers to
identify the origin of several pieces in the collection, and to gain a better
understanding of nineteenth-century Italian restoration practices and the
ways in which the great collections were compiled at that time. The first
results of the research are presented in the catalogue for the exhibition Gli
Etruschi dall’Arno al Tevere. Le collezioni del Louvre a Cortona (The Louvre’s
Collection in Cortona. The Etruscans from the Arno to the Tiber), which
was held in Cortona in spring 2011.
Recherches sur la peinture romaine
du Louvre : reconstitution de la villa
de Fannius Synistor de Boscoreale
Programme suivi par Daniel Roger et Delphine Burlot
(Institut national d’histoire de l’art), en partenariat avec
le Metropolitan Museum de New York et les musées de
Mariemont et de Bruxelles
De taille modeste (une centaine d’œuvres), mais de provenance
prestigieuse, la collection de peintures romaines du Louvre a
fait l’objet d’un catalogue ancien, publié en noir et blanc en
1974. Depuis, la collection a presque complètement quitté les
salles du musée pour la mise en œuvre d’une politique de restauration fondamentale accompagnée d’analyses. La recherche
actuelle s’interroge sur la question des faux, des repeints et des
restaurations du xviiie siècle et vise à restituer des ensembles décoratifs dispersés entre plusieurs musées. Le catalogue raisonné
de la collection après restauration est en préparation. En 2010,
Daniel Roger a pu exposer certains résultats de cette recherche
à l’occasion du cours organique « Archéologie et histoire de
l’art du monde romain » qu’il a consacré à l’École du Louvre à
« Boscoreale et la peinture campanienne » (octobre-décembre
2010), mais aussi lors d’une communication sur les panneaux
du Louvre présentée au colloque « Les fresques romaines de
Boscoreale : perspectives actuelles » organisé du 21 au 23 avril
2010 par le Musée royal de Mariemont et les Musées royaux
d’art et d’histoire de Bruxelles.
 Daniel Roger has prepared a new catalogue raisonné of the Louvre’s
collection of ancient Roman paintings, to replace the previous black-and-white
Antiquités grecques, étrusques et romaines
edition published in 1974. Current research is focusing on the subject of
forgeries, retouched works, and eighteenth-century restorations. In 2010
Daniel Roger presented some results of this research at a seminar held from 21
to 23 April 2010, organised by the Musée Royal de Mariemont (Belgium) and
the Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. The presentation focused
on Fresques romaines de Boscoreale: perspectives actuelles: “Les panneaux du
Louvre” (Roman frescoes at Boscoreale—current perspectives: “The Louvre
panels”).
Recherches sur l’histoire de
l’archéologie française en Tunisie :
les collections lapidaires romaines
du Bardo et du Louvre
Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Danièle
Braunstein et Agnès Scherer, en partenariat avec le
Musée national du Bardo (Taher Ghalia) et le Centre
interrégional de conservation et de restauration du
Patrimoine (CICRP) de Marseille (Vincent Mercurio)
Fruit d’une convention signée en novembre 2009 entre l’Institut national du patrimoine de Tunis et le musée du Louvre
pour accompagner la rénovation en cours du musée du Bardo,
ce programme de recherche vise à établir le catalogue des collections de sculptures romaines provenant des sites antiques
de l’ancienne Tunisie et conservées dans les deux institutions. En 2010, au cours de trois missions à Tunis, l’équipe du
Louvre, avec le renfort d’un membre du CICRP de Marseille, a
pu dresser un bilan sanitaire de la collection et faire des préconisations en matière de conservation préventive et de restauration. Un programme particulier a eu pour objet les collections
du Bardo provenant des fouilles de la Carthage romaine. Dans
le même temps, une base de données créée au Louvre a recensé
par dépouillement de la bibliographie existante les contextes
de découverte et permis un premier récolement de la collection du Bardo.
 In November 2009 the Institut National du Patrimoine de Tunis
(National Heritage Institute, Tunis) and the Musée du Louvre signed an
agreement to provide support for the Bardo Museum renovation project.
The accord entailed inventorying the two institutions’ collections of Roman
sculptures retrieved from the ancient sites of Tunisia. In 2010 the Louvre
team’s three missions in Tunis entailed assessing the overall condition of the
collections, evaluating preventive conservation measures, and creating a
database that details the contexts of the finds, prior to locating and
authenticating each item accordingly.
Méditerranée orientale (Grèce-Turquie)
Recherches sur les vases géométriques
attiques du style du Dipylon
Programme suivi par Anne Coulié
Dicté par les impératifs de la conservation préventive, un programme de restauration de six vases du Louvre (A 517, A 516,
A 519, A 552, A 522, A 527) impose de reprendre l’étude d’une
riche collection, composée d’environ deux mille fragments,
la plupart inédits. Un millier d’entre eux, dessalés en 2010,
ont permis de reconstituer des ensembles appartenant à une
quinzaine d’individus. Ainsi, le cratère A 522, œuvre du disciple le plus talentueux du Maître du Dipylon, a retrouvé
son pied jointif. Ce vase, dont un fragment est conservé à
Athènes, résume le triple objectif que nous assignons à l’étude
dans le long terme : la redécouverte d’une collection exceptionnelle sur le plan patrimonial, la nécessité d’une nouvelle
publication scientifique et la constitution, grâce au recours à
l’image 3 D, d’un musée virtuel, seul capable de rassembler
et comparer des vases disséminés dans toute l’Europe et particulièrement entre Athènes et Paris. Un article paru en 2010
présente une partie des résultats de cette recherche (Anne
Coulié, « Deux vases monumentaux du Maître du Dipylon au
musée du Louvre», Revue des musées de France. Revue du Louvre,
1, 2010, p. 22-30).
 Studies showed that six Louvre vases (nos. A 517, A 516, A 519, A 552,
A 522, and A 527) were in urgent need of preventive restoration, which
involved methodically sorting through a collection of around two thousand
fragments, most of which had never previously been shown. The
programme’s objectives are threefold: to publish a comprehensive dossier;
to reappraise this extraordinary heritage of pottery; and to create a bank of
3D images for the world’s first virtual museum of the countless vases
disseminated in museums throughout Europe.
Recherches sur les vases orientalisants
du style de la « chèvre sauvage »
Programme suivi par Anne Coulié, en partenariat avec le
C2RMF
Cette enquête s’inscrit dans une actualité scientifique, renouvelée par les acquis récents de l’archéologie et de l’archéométrie. Étayée par des analyses effectuées au Centre de recherche
et de restauration des musées de France (C2RMF), l’approche
typologique et stylistique vise à distinguer les ateliers et les
artisans qui contribuèrent aux viie et vie siècles avant J.-C. à
la création et à la diffusion d’un style figuré spécifique à la
Grèce de l’Est, connu sous le nom de style de la « chèvre sauvage ». La création d’un site de recherche commun hébergé au
C2RMF est un bon moyen de mettre en valeur la collection des
vases du Louvre, en offrant une couverture photographique
complète en trois dimensions et en favorisant une recherche
vivante et critique. Ce travail pourra être valorisé dans le cadre
d’un colloque consacré à l’étude des archives des fouilles de
Rhodes et à la question des ateliers, ainsi que d’une exposition programmée en 2014 au musée du Louvre et en 2015 à
Athènes.
 The purpose of this study is to identify and highlight the workshops
and craftsmen of the seventh and sixth centuries bc who contributed to
creating and diffusing the figurative style in Eastern Greece called “Wild
Goat”. The creation of a collaborative research site based at the C2RMF
(Centre for Research and Restoration of the Museums of France) is an
effective means of enhancing the Louvre’s collection, as it will contain 3D
visual documentation accompanied by critical essays. This work will be
showcased through a symposium and an exhibition, to be staged in
Rhodes between 2013 and 2015.
47
Travaux de recherche
Recherches sur la céramique
orientalisante thasienne
Programme suivi par Anne Coulié
En vue de la publication dans la collection des « Études thasiennes » de l’École française d’Athènes des vases orientalisants
de « style mélien », des campagnes de dessalement, d’étude et
d’analyse du matériel ont été programmées en 2010 et 2011 à
Thasos. Ces dernières ont fait l’objet d’une convention entre le
Louvre, le Centre de recherche et de restauration des musées de
France (C2RMF) et l’École française d’Athènes. Elles ont permis
de distinguer les séries pariennes, importées de la métropole,
et les productions locales majoritaires, dont les plus anciennes
remontent plus tôt qu’on ne le pensait, au second quart du
viie siècle, soit aux premiers temps de la colonie.
 Desalination campaigns, studies, and material analyses were scheduled
for 2010 and 2011 in Thasos, ahead of a special issue of the École Française
d’Athènes’ publication Études thasiennes dedicated to the orientalising
vases in the “Melian style”. The analyses enabled researchers to distinguish
the Parian series, imported from the metropolis, from the more extensive
local productions, the most ancient of which date back to the second
quarter of the seventh century bc, that is, to the beginning of the colony.
Recherches sur les ateliers
céramiques à Athènes
au ive siècle avant J.-C.
Programme suivi par Violaine Jeammet
Après une communication présentant les premières hypothèses de travail lors du colloque international organisé à
Rhodes en 2009 sur l’art de la coroplathie (actes à paraître), ce
programme prévoit d’étudier conjointement deux domaines
d’activité artisanale traditionnellement distincts qui forment
deux importants ensembles dans les collections du Louvre :
les vases dits « plastiques » (vases et figurines à la fois) d’une
part, et les premières « tanagras » d’autre part, figurines d’un
nouveau genre né au ive siècle à Athènes, issues sans doute des
mêmes ateliers actifs sur l’agora d’Athènes.
L’étude a donné lieu à une première synthèse présentée lors
de deux séminaires (en 2009 à l’Université libre de Bruxelles
et en 2010 dans le cadre de l’un des cinq cours sur l’art de
la terre cuite lors du cours-bloc de l’université de Fribourg).
Elle débouchera en 2011 sur un semestre de cours à l’École du
Louvre, et à terme sur une publication plus exhaustive de la
collection du Louvre.
 The project’s purpose is to bring together in the same study two fields
of craftsmanship that were traditionally distinct, and which form two major
ensembles in the Louvre collections: the “plastic”—or figurine—vases
(which are both vases and figurines), and the first “Tanagra” statuettes, a
new type of figurine that was introduced in the fourth century bc in Athens,
and probably produced in the same workshops in the Athenian Agora.
48
Recherches sur l’histoire
de l’archéologie française
en Grèce du Nord
Programme suivi par Sophie Descamps
et Alexandra Kardianou
Cette recherche porte sur l’histoire de l’archéologie française
en Grèce du Nord, et notamment sur les fouilles effectuées par
Léon Heuzey en Macédoine à partir de 1855, dont les résultats furent présentés à Paris au palais de l’Industrie en 1862,
et sur l’histoire des fouilles de l’armée d’Orient durant la Première Guerre mondiale. L’exposition « Macédoine antique. Au
royaume d’Alexandre le Grand » (octobre 2011 – janvier 2012),
organisée dans le hall Napoléon du musée du Louvre, s’inscrit
dans ce programme. En mars 2010, Sophie Descamps a présenté une partie des résultats de cette recherche à l’université
de Nanterre (« Le Service archéologique de l’armée d’Orient
et la Macédoine antique. Fouilles durant la Première Guerre
mondiale dans la région de Thessalonique », dans le cadre du
séminaire dirigé par Anne-Marie Guimier-Sorbets et Katerina
Chryssanthaki-Nagle). Alexandra Kardianou met à profit le dépouillement des rapports des fouilles des années 1915 à 1923
conservés dans les archives du département pour recenser le
matériel d’Éléonte de Thrace parvenu au Louvre dans ces circonstances.
 This research focuses on the history of French archaeology in Northern
Greece, particularly on the excavations carried out by Léon Heuzey in
Macedonia and those of the Armée d’Orient (French unit fighting in the
Balkans) during World War I. During a seminar at the Université de Nanterre
in March 2010, Sophie Descamps presented an overview of the work that
facilitated the study of the archaeological context of objects from the
region of Thessalonica. Based on a detailed study of the excavation reports
from 1915–23 stored in the Department’s archives, Alexandra Kardianou
compiled an inventory of all the material in the Louvre that came from
Elaeus, Thrace.
Recherches sur les productions
des cités de Smyrne et de Myrina
(Turquie)
Programme suivi par Jean-Luc Martinez, Isabelle
Hasselin, Ludovic Laugier et Néguine Mathieux,
en partenariat avec le Musée archéologique d’Istanbul
À la suite de l’exposition organisée dans le cadre de l’année de
la Turquie en France (« D’Izmir à Smyrne. Découverte d’une cité
antique », 11 octobre 2009 – 6 avril 2010, commissaires : Ludovic
Laugier, Isabelle Hasselin et Jean-Luc Martinez), le département a poursuivi ses travaux sur le contexte archéologique
des objets du Louvre provenant d’Asie Mineure. Jean-Luc
Martinez a présenté en février 2010 à la Société française
d’archéologie classique une synthèse intitulée « Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre et l’archéologie en Turquie » (à paraître dans la
Revue archéologique). Portant son intérêt sur la région d’Izmir, le
département a également été à l’origine du colloque « Rivages
Antiquités grecques, étrusques et romaines
et ports de la Turquie antique » (20-21 mai 2010, Institut français d’Izmir) organisé avec l’École pratique des hautes études
(Stéphane Verger) et le centre culturel français d’Izmir (JeanLuc Maeso). Ce programme comporte également des études
archéométriques des collections lapidaires et de terres cuites
des cités de Myrina et de Smyrne (voir I. Hasselin et L. Laugier, « Smyrne et ses productions artistiques », Anatolia antiqua, XVIII, 2010). Ces travaux ont été présentés en octobre
2010 par Ludovic Laugier et Isabelle Hasselin à l’université
de Bordeaux dans le cadre d’une journée d’étude consacrée
aux « Programmes de recherches en histoire et en archéologie en Turquie ». Dans le cadre d’un partenariat avec le Musée
archéologique d’Istanbul, Isabelle Hasselin prépare la publication des terres cuites smyrniotes d’Istanbul, dont elle a présenté les résultats en mai 2010 lors du symposium archéologique
annuel et en octobre à l’invitation du Musée archéologique
d’Istanbul. Poursuivant les recherches sur les fouilles menées à
Myrina en 1881-1882 (voir H. Duchêne, N. Mathieux, La Lettre
et l’argile. Autour d’une semaine de fouilles à Myrina, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2007), Néguine Mathieux a fait
paraître en 2010 une synthèse sur les tanagréennes trouvées
dans le tombeau A de Myrina (dans Tanagras. Figurines for Life
and Eternity. The Musée du Louvre’s Collection of Greek Figurines,
catalogue de l’exposition, Valence [Espagne], Fondation Bancaja, 30 mars – 7 juillet 2010, Valence, 2010, p. 194-203) et
une nouvelle étude sur les figurines d’acteurs ensevelies avec
le défunt du dit tombeau C de Myrina (dans The Art of Ancient Greek Theater, catalogue de l’exposition, Los Angeles, The
J. Paul Getty Museum, 26 août 2010 – 3 janvier 2011, Los Angeles, 2010, p. 144-148).
 Following the Louvre exhibition “D’Izmir à Smyrne. Découverte d’une
cité antique” (From Izmir to Smyrna: The Discovery of an Ancient City),
from 11 October 2009 to 6 April 2010, and the research carried out into
the history of the Myrina excavations, the Department began a study
project on the archaeological context of the Louvre’s objects from Asia
Minor. In February 2010, J.-L. Martinez presented an overview of “the
Department and archaeology in Turkey” to the Société Française
d’Archéologie Classique. The Department focused on the region of Izmir,
and organised a symposium on “the shores and ports of ancient Turkey”
(20 to 21 May 2010, Institut Français d’Izmir), arranged in conjunction
with the École Pratique des Hautes Études (S. Verger) and the Institut
Français d’Izmir (J.-L. Maeso). The programme also includes archaeometric
studies of the lapidary and ceramic collections from the cities of Myrina and
Smyrna; in October 2010, the results of these studies were presented by L.
Laugier and I. Hasselin at the Université de Bordeaux in the framework of a
study day that focused on “history and archaeology research programmes
in Turkey”. In the framework of a partnership with the Istanbul Archaeology
Museum, I. Hasselin is preparing the publication devoted to Istanbul’s
Smyrnan terracottas: she presented the results during the annual
archaeological symposium in May 2010 and at the Istanbul Archaeology
Museum in October. N. Mathieux continued research into the 1881–82
Myrina excavations, and in 2010 published an overview of the Tanagra
figurines found in Tomb A at Myrina, and a new study of the figurines of
actors buried with the dead in the so-called Tomb C.
Recherches sur les mosaïques
romaines de la cité d’Antioche
sur l’Oronte (Turquie)
Programme suivi par Cécile Giroire
Dans la continuité du travail entrepris depuis 2006, et en raison de l’avancement du projet muséographique de l’Orient
méditerranéen dans l’Empire romain (Omer), la recherche sur
les mosaïques romaines porte sur l’ensemble des œuvres provenant d’Antioche.
Deux axes de recherche ont été privilégiés : l’étude matérielle
de cinq des huit mosaïques d’Antioche du Louvre, à l’occasion
de leur restauration fondamentale effectuée par l’atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal (mosaïque du
Phénix, Ma 3442 ; Personnification, Ma 3460 ; Perroquets enrubannés, Ma 3459 ; Oiseaux autour d’un vase, Ma 3461) et par
celui du musée départemental Arles antique (Amazonomachie,
Ma 3457 et Ma 3463).
Afin de compléter la documentation sur ces œuvres et de
préciser la connaissance de leur contexte archéologique, cette
étude matérielle a été accompagnée d’une première mission de
recherche sur les archives des fouilles d’Antioche (1934-1936)
conservées à l’université de Princeton, visant à réunir tous les
documents d’archives liés aux mosaïques du Louvre.
Ces travaux ont été présentés à l’occasion d’une journée
d’étude sur Antioche organisée à la fondation Dumbarton
Oaks de Washington (15 avril 2010).
 Following the progress made in the museographic project relating to
the Mediterranean East in the Roman Empire, the Roman mosaics project
focused on the Antioch mosaics. Two research methods were adopted: this
involved the material study of five of the Louvre’s eight Antioch mosaics
during their complete restoration; and, to complete the documentation on
these works and clearly identify their archaeological context, this material
study was complemented by an initial research analysis of the Antioch
excavation archives (1934–36) held at Princeton University, New Jersey.
The findings from these studies were presented during an Antioch study
day at the Dumbarton Oaks Foundation, Washington, D.C.
49
Travaux de recherche
Arts de l’Islam
L
a céramique prédomine au sein des collections du département des Arts
de l’Islam (DAI) : outre le grand nombre de pièces de forme et de carreaux
de revêtement qui seront à nouveau offerts aux yeux du public dans les
nouvelles salles du département, dès l’automne 2012, de très nombreux tessons,
fantastique matériel d’étude pour le chercheur, sont conservés dans les réserves.
Loin de sommeiller, ce matériel est l’objet de programmes de recherche thématiques
consacrés tantôt à une technique, tantôt à une aire géographique sur une période
donnée.
L’association des méthodes relevant de l’histoire de l’art, de l’archéologie, de l’étude
des textes et des analyses de laboratoire se révèle déterminante pour identifier les
techniques utilisées par les artisans du monde islamique et tenter d’en retracer les
évolutions. Grâce à ses compétences multiples, l’équipe du DAI est particulièrement
qualifiée pour coordonner ces projets et mettre en perspective les résultats obtenus.
S. Makariou
 A significant quota of the objects in the collections of the Department of Islamic Art (DIA) is
taken up by ceramics: in addition to the many vessels and tiles that will go back on display in the
department’s new exhibition galleries (autumn 2012), the Louvre’s storerooms contain a large
number of potsherds—one of the researcher’s most informative materials. All this stored material is
being systematically studied in distinct research programmes, each one devoted to a particular
technique or geographical area and given period.
By combining various disciplines—art history, archaeology, textual interpretation, and laboratory
analysis—considerable progress has been made in identifying and charting the evolution of crafts
techniques employed throughout the Islamic world. Owing to its multidisciplinary nature, the DIA
team is particularly well equipped to coordinating these projects and putting the results into
perspective.
50
Arts de l’Islam
Les « routes du lustre »
Projet suivi par Delphine Miroudot et Claire Déléry
Depuis fin 2005, le DAI collabore avec le
C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) sur un
projet consacré à la technique du lustre
métallique, qui tient une place exceptionnelle dans l’histoire de la céramique.
Cette technique novatrice consiste à
peindre un décor sur un support glaçuré au moyen d’oxydes de cuivre et
d’argent ; celui-ci a la propriété optique
de présenter sous un certain angle des
reflets métalliques d’une forte intensité
lumineuse.
Outre l’étude du procédé technique et
de son évolution, les recherches visent
à caractériser des centres de production
Fragment de céramique glaçurée à décor de lustre métallique vu en lumière diffuse et à la réflexion spécuafin de tenter d’appréhender la transmislaire (lorsque l’angle d’observation est équivalent à l’angle d’incidence de la lumière), Iran, Suse, ixe siècle,
sion technologique de la Mésopotamie
département des Arts de l’Islam (MAOS 636)
du ixe siècle à l’Espagne et à l’Iran du
xviie siècle. Le matériel analysé provient
tats confirment la virtuosité technique des artisans du monde
des collections du DAI, du musée national du Moyen Âge, mais
islamique. Ainsi a-t-on pu constater, pour les productions du
aussi du musée national de Céramique de Sèvres. Pour répondre
à la problématique de la diffusion technologique, les pièces anaixe siècle, la coexistence sur une même pièce de glaçures de comlysées doivent afficher une provenance sûre : c’est pourquoi une
position différente (alcalines et alcalino-plombifères).
partie du corpus du DAI et du musée national de Céramique
D. Miroudot
choisi est issue des fouilles françaises de Suse. Pour poursuivre
 A programme of research devoted to lustre technique on pottery is being
ces investigations, le British Museum et le musée d’Art islacoordinated with the Department of Islamic Art (DIA). The programme’s aim
mique de Berlin ont rejoint le projet en 2009, avec un ensemble
is to gain a better understanding of the techniques involved and their
de tessons provenant de Samarra (Irak), Fustat (Égypte), Siraf
transmission from Mesopotamia in the ninth century to medieval Spain and
(port médiéval du sud de l’Iran).
Iran in the seventeenth century. Analyses are being conducted at the C2RMF
Les premiers résultats ont été diffusés dans différents articles,
(Centre for Research and Restoration of the Museums of France). The pieces
dont ceux du catalogue de l’exposition « Reflets d’or », qui s’est
under study originate from the collection in the Louvre, the Musée National du
tenue au musée national du Moyen Âge en 2008. L’analyse des
Moyen Age (National Museum of the Middle Ages), the Musée National de la
données permettant de reconstituer les « routes du lustre » est en
Céramique de Sèvres (Sèvres National Ceramics Museum), the British
cours sous la direction d’Anne Bouquillon au C2RMF ; les résulMuseum, and the Museum of Islamic Art in Berlin.
DORAI : Décors dORés dans les Arts de l’Islam
Projet suivi par Delphine Miroudot et Claire Déléry
Ce projet concerne l’étude des techniques de dorure sur céramique glaçurée et sur verre de l’Islam médiéval. Il s’agit de
mettre en lumière des savoir-faire et des transferts de technologie concernant l’Iran, l’Asie centrale, l’Anatolie et la Syrie du
xiie au xve siècle.
Ce programme de recherche, financé depuis 2006 par l’Agence
nationale pour la recherche (ANR), associe le CRP2A (Centre de
recherche en physique appliquée à l’archéologie), le C2RMF, le
DAI, ainsi que le Centre d’étude et de mise en forme des matériaux (Cemef) de l’École nationale supérieure des mines de Paris.
Le programme s’est dans un premier temps appuyé sur les
recherches menées dans le cadre d’une thèse. Il concernait
l’histoire des techniques de décors à la feuille d’or sur des
céramiques glaçurées d’Iran et d’Asie centrale médiévales. Le
corpus étudié a été confié pour étude au CRP2A par le musée
Amir-Timur du site de Shahr-e Sabz (Ouzbékistan) : il s’agit de
carreaux de revêtement architectural datant de la fin du xive
au début du xve siècle. À titre comparatif, le DAI a fourni un
ensemble de tessons de céramique iranienne (fin xiie – début
xiiie siècle) à décor doré.
Cette étude a permis de mettre en évidence la chaîne opératoire nécessaire à l’élaboration de l’or dans les décors architecturaux de la fin du xive siècle et du début du xve. On a ainsi pu
observer, contre toute attente, que l’or, appliqué sous forme de
feuille, subissait une cuisson à haute température.
Le programme s’est ensuite tourné vers l’étude d’une série de
douze tessons de verre à décor émaillé et doré, provenant de
Syrie et attribuables aux xiiie et xive siècles. Ils ont été étudiés au
C2RMF dans le cadre d’un stage de l’École nationale supérieure
des mines et dans le cadre d’un master (Bordeaux 3) au CRP2A.
51
Travaux de recherche
Fragment de bord de plat à décor peint et doré sur glaçure colorée, Iran, dernier quart
xiiie
– début
xive siècle,
département des Arts de l’Islam (MAO 449/36
[extérieur et intérieur])
La dorure est ici obtenue à partir d’une feuille d’or qui, une fois
broyée sous forme de paillettes, est utilisée comme « peinture »,
puis subit une cuisson.
L’usage de la feuille d’or montre que céramistes et batteurs
d’or travaillaient en étroite collaboration.
Outre la publication d’articles, les derniers résultats d’analyse ont été discutés au cours d’une journée d’étude en avril
2010 et donneront lieu à une publication.
D. Miroudot
 The DIA (Department of Islamic Art) is participating in a special
research project on gilding techniques for medieval Islamic glazed ceramics
and glassware. The project aims to chart the transmission of craft skills and
techniques through Iran, Central Asia, Anatolia, and Syria during the
twelfth and fifteenth centuries. Financed by the French National Research
Agency, this research programme is being conducted by the CRP2A
(French Centre for Research in Physics Applied to Archaeology – Bordeaux
III), the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of
France), the DIA, and the École Nationale Supérieure des Mines (French
engineering school) in Paris. Part of the corpus studied was given to the
CRP2A by the Amir Timur Museum in Shahr-i Sabz (Uzbekistan), and the
rest was supplied by the Louvre.
La céramique d’« al-Andalus »
Projet suivi par Claire Déléry
52
Deux programmes de recherche sont consacrés aux productions d’al-Andalus (la péninsule Ibérique – Espagne et Portugal – sous domination islamique).
Le premier a été initié en 2008-2009 à partir de l’étude d’une
jarre conservée au DAI (inv. MAO 429) ; il bénéficie du mécénat
Fondation Furusiyya. L’étude se concentre sur l’ensemble des
jarres connues identiques à celle du Louvre et a été élargie aux
autres jarres moulées d’al-Andalus. Il s’agit d’éclaircir l’histoire
de ces pièces et de tenter de préciser leurs lieu et date de production. On s’appuie sur des recherches en archives et sur des analyses effectuées au C2RMF sous la direction d’Anne Bouquillon.
Le second s’inscrit dans le cadre des programmes de recherche
de la Commission européenne. Intitulé REMAI (Réseau européen des musées d’art islamique), il a pour but une mise en
commun des informations relatives aux objets conservés dans
les grandes collections européennes. L’un des thèmes concrets
choisis par les trois membres actuels du réseau – le Patronato
de l’Alhambra de Grenade, le Victoria and Albert Museum de
Londres, et le DAI – est l’étude de céramiques de l’époque nasride. On associe les études d’archives, les études typologiques
et les analyses de laboratoire, qui seront conduites au C2RMF
sous la direction d’Anne Bouquillon. Ce projet débuté en 2010
se poursuivra jusqu’en 2012. Une publication, un site Internet
et un colloque sont prévus pour diffuser ou communiquer ces
résultats.
C. Déléry
 Two ongoing research programmes focus on the ceramic productions in
Arabic Spain. Initiated in 2008/09, the first programme started with the study
of a jar held in the DIA (inv. MAO 429), and is sponsored by the Furusiyya
Foundation. The second, entitled REMAI (European Network of Islamic Art
Museums), is a European Commission research programme, and includes a
study of glazed ceramics from the Nasrid era. Both programmes involve the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France).
Arts de l’Islam
L’étude du matériel céramique
des fouilles de Nishapour
Études sur les collections
du département
Projet suivi par Rocco Rante et Annabelle Collinet
Le DAI consacre aussi une part de son activité à l’archéologie,
ce qui implique l’étude du matériel céramique. Dans le cadre
des fouilles effectuées à Nishapour (Iran) en 2005-2007, il a
sollicité l’expertise du C2RMF pour l’étude des pâtes et des glaçures afin de préciser les techniques de fabrication des pièces
(composition des glaçures, nature des supports, conditions de
cuisson) et de compléter l’étude macroscopique des grands
groupes de céramiques. L’étude minéralogique et pétrographique des pâtes joue ici un rôle clé pour mener une réflexion
sur la production locale et sur les dynamiques d’importation.
La datation par thermoluminescence des céramiques est quant
à elle intervenue, conjointement à l’archéomagnétisme, pour
attribuer une date aux différents niveaux d’occupation de la
zone fouillée. La publication de cette étude, éditée sous la direction de Rocco Rante et d’Annabelle Collinet, est en cours,
en collaboration avec une équipe de sept personnes du C2RMF.
L’équipe du DAI fouille également à Paykend (Ouzbékistan). Les résultats de la première campagne de fouille, menée
en 2010, sont en cours d’exploitation. Dans le domaine de la
céramique, l’activité est actuellement centrée sur l’étude stratigraphique du matériel ainsi que sur les différentes productions
de céramique de la ville.
A. Collinet
En liaison avec la réouverture du département sont programmées de nouvelles publications :
– un ouvrage général : Les Arts de l’Islam au Louvre, sous
la direction de S. Makariou, avec A. Collinet, C. Déléry,
G. Fellinger, C. Juvin, A. Leclerc, C. Maury, D. Miroudot, R. Rante
et A. C. Mathews ;
– quatre monographies : Le Baptistère de Saint-Louis, par
S. Makariou ; La Pyxide d’al-Mughira, par S. Makariou ; Les Relevés des mosaïques de Damas, par L. Simonis ; Le Porche mamlouk,
par A. Mathews ;
– une publication liée aux fouilles archéologiques : Monographie sur la céramique de Nishapour, par R. Rante et
A. Collinet.
 The following new publications will be issued to coincide with the
reopening of the Department:
- General: Les Arts de l’Islam au Louvre (Islamic Art in the Louvre), curated
by S. Makariou, with contributions from A. Collinet, C. Déléry, G. Fellinger,
C. Juvin, A. Leclerc, C. Maury, D. Miroudot, R. Rante, and A. Mathews.
- Four monographs: Le Baptistère de Saint-Louis (The ‘Baptistère’ of SaintLouis), by S. Makariou; La Pyxide d’al-Mughira (The Pyxis of al-Mughira), by
S. Makariou; Les Relevés des mosaïques de Damas (Copies of the Mosaics of
Damascus), by L. Simonis; and Le Porche mamlouk (The Mamluk Portico),
by A. Mathews
- Specific to the excavations: Monographie sur la céramique de Nishapour
(A Monograph on the Ceramics of Nishapur), by R. Rante and A. Collinet.
 The DIA’s archaeological activities in Nishapur (Iran) and Paykend
(Uzbekistan) involve a considerable amount of work on ceramic wares, and
require the technical expertise of the C2RMF (Centre for Research and
Restoration of the Museums of France) for identifying the techniques date,
and place of fabrication of the material discovered on site.
53
Travaux de recherche
Sculptures
P
lusieurs axes de recherche déterminent les travaux du service :
en premier lieu la constitution de corpus scientifiques consacrés à des foyers
régionaux ou à des sculpteurs ainsi que leur étude ;
ensuite la compréhension de la technique des sculpteurs, des matériaux utilisés et
de leur mise en forme ;
enfin l’histoire des collections de sculptures.
Après avoir étudié des régions françaises (Champagne au xvie siècle, Maine
au xviie siècle) ou étrangères (retables brabançons) et participé à des expositions
monographiques de sculpteurs, principalement du xviiie et du xixe siècle (Sarazin, Puget,
Clodion, Pajou, Boizot, Triqueti, Pradier, Barye), les membres du département ont
présenté en 2010 de nouvelles expositions monographiques (Houdon, Messerschmidt).
Ils se consacrent actuellement à la sculpture florentine du Quattrocento (exposition
prévue au Louvre en 2012), au corpus des sculptures souabes des musées de France,
à une étude transversale sur Edme Bouchardon et collaborent aux expositions sur
Bartolini et sur Rude.
L’étude des matériaux s’inscrit dans le cadre d’une collaboration étroite avec
le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et porte
principalement sur la terre cuite italienne, les traces d’outils sur le marbre et le
bronze français.
Le catalogue et l’identification des photographies du fonds de l’antiquaire
Demotte, surtout composé de sculptures médiévales, ainsi que le catalogue des
sculptures du musée des Monuments français, désormais entrepris avec l’Institut
national d’histoire de l’art (INHA), ouvrent de nouvelles perspectives sur l’histoire
des collections de sculpture.
G. Bresc-Bautier
 The Department’s programme of ongoing research is directed towards:
- creating expert advisory teams focused on regional Schools or specific sculptors;
- understanding techniques and materials used;
- confirming the background of each piece in the Louvre’s various sculpture collections.
After conducting a study of certain French regions (Champagne in the sixteenth century, and
Maine in the seventeenth), and regions abroad (Brabantine retables), and participating in
monographic exhibitions of sculptors, mainly from the eighteenth and nineteenth centuries
(Sarazin, Puget, Clodion, Pajou, Boizot, Triqueti, Pradier, and Barye), the Department prepared and
staged two new monographic exhibitions in 2010 (Houdon, and Messerschmidt). Currently the
Department is investigating fifteenth-century Florentine sculpture (exhibition scheduled at the
Louvre for 2012), and the corpus of Swabian sculptures in various museums across France, and is
collaborating on forthcoming exhibitions devoted to Bartolini and Rude; also scheduled is a
comparative study of Edmé Bouchardon’s sculptures and drawings.
The study of the materials is being conducted in close collaboration with the C2RMF (Centre for
Research and Restoration of the Museums of France) and mainly focuses on Italian terracotta, and
tool-marks on marble work, and French bronzework.
The cataloguing and identification of works in the photographs of the Demotte collection
(composed largely of medieval sculptures), and of the sculptures in the Musée des Monuments
Français (to be compiled in tandem with the INHA, French National Institute of Art History), has
opened new avenues for the study of the Louvre’s extensive sculpture collections.
54
Sculptures
Sculptures souabes gothiques tardives (vers 1450 – 1530)
des musées de France : programme de recherche et projet de catalogue
Projet suivi par Sophie Guillot de Suduiraut
La richesse et la diversité des collections des musées français
permettent de rendre compte de l’importance de la sculpture
médiévale allemande, art majeur à la fin du Moyen Âge sur les
terres de l’Empire germanique.
Le programme de recherche consacré aux sculptures souabes
et la publication du catalogue de ces œuvres constituent la première étape d’un projet général, destiné à mettre en valeur les
sculptures médiévales allemandes des musées de France. Parmi
les centaines de sculptures allemandes que conservent environ
quarante musées, beaucoup demeurent en effet méconnues ou
insuffisamment étudiées.
Le programme s’inscrit dans le cadre du réseau « Sculptures
médiévales des musées de France ». Créé en 2003, ce réseau
réunit les conservateurs des musées de France responsables
de collections de sculptures médiévales. Son but principal est
de faciliter les échanges scientifiques entre les musées, et de
promouvoir la recherche et la publication de catalogues de
collections.
Le choix du domaine de recherche se fonde sur la place prépondérante que tient la Souabe dans la sculpture allemande
de la fin du Moyen Âge. La Sainte Marie Madeleine de Gregor
Erhart, dite autrefois « La Belle Allemande » (musée du Louvre),
est la figure emblématique de cet art souabe tout en douceur
paisible, en grâce et en délicatesse.
La Souabe, dans le sud de l’Allemagne, connaît au xve et au
début du xvie siècle une très abondante production sculptée,
à Ulm et à Augsbourg, les principaux centres artistiques, mais
aussi dans de petites cités très actives comme Biberach, Kaufbeuren ou Memmingen. Les églises et les musées allemands
conservent de nombreux témoins de cette production.
En France également, la sculpture souabe est largement présente dans les collections des musées. Riches en œuvres de
qualité, les musées français comptent environ quatre-vingts
sculptures souabes pour la période allant de 1450 à 1530, dont
quatorze au musée du Louvre.
Ce sont des sculptures religieuses en bois de tilleul polychromé (ou autrefois polychromées et aujourd’hui décapées), pour
la plupart venant de retables d’autel démembrés ; les figures
occupaient la caisse du retable, tandis que les reliefs étaient
appliqués sur les volets. Quelques statues de fonction cultuelle
ou dévotionnelle, utilisées lors de cérémonies et de processions, comme le Christ de l’Ascension et le Christ des Rameaux
du musée du Louvre, sont des exemples plus rares.
Les principaux sculpteurs souabes sont représentés dans les
musées français, tels Hans Multscher, Gregor Erhart, Niklaus
Weckmann, Daniel Mauch ou Jörg Lederer, mais bien évidemment la plupart des œuvres restent anonymes.
Le recensement des sculptures souabes s’appuie sur l’enquête
menée lors de l’exposition de 1991-1992 au musée du Louvre
(Sophie Guillot de Suduiraut, « Sculptures allemandes de la
fin du Moyen Âge dans les collections publiques françaises »)
et a été poursuivi à partir de 2006, avec l’aide du réseau des
sculptures médiévales des musées de France. Des missions ont
été conduites dans plusieurs musées, assorties de nouvelles découvertes comme le Martyre de saint Thomas (Beauvais, musée
départemental) et, en 2010, un Saint Nicolas (Chaumont, musée).
Gregor Erhart, Sainte Marie Madeleine, vers 1515-1520, tilleul, polychromie
originale, département des Sculptures (R.F. 1338)
Une base de données a été créée en 2007 avec l’aide de Christine Vivet-Péclet, chargée d’études documentaires au département des Sculptures, et de deux stagiaires bénévoles. En 2010,
onze sculptures des musées de Cluny et du Petit Palais à Paris
ont fait l’objet d’un master 2 à l’École du Louvre par Chloé Ariot.
L’analyse technique des œuvres, indispensable à leur
connaissance approfondie, a lieu dans le cadre d’un programme du C2RMF destiné à identifier le bois, étudier la structure des sculptures et analyser les polychromies. Les élèves
restaurateurs de l’Institut national du patrimoine et de l’école
supérieure des Beaux-Arts de Tours sont associés aux travaux
et chargés de restaurer trois œuvres, le Martyre de saint Thomas
(Beauvais, musée départemental), Sainte Barbe (Albi, musée
55
Travaux de recherche
Toulouse-Lautrec) et le Christ des Rameaux (Strasbourg, musée
de l’Œuvre-Notre-Dame).
L’analyse stylistique reste la base des travaux de recherche.
De nombreuses sculptures sont quasiment inédites, mal datées,
sans origine ni attribution précises. Les investigations se poursuivent en relation avec des collègues allemands ou français
avec lesquels se nouent de fructueux échanges scientifiques,
en particulier les conservateurs de Colmar et de Strasbourg
Pantxika Béguerie-De Paepe et Cécile Dupeux. Les recherches
ont beaucoup avancé en 2010.
La publication du catalogue raisonné est prévue pour 2014,
en relation avec une journée d’étude qui reste à préciser.
S. Guillot de Suduiraut
Le Christ des Rameaux, pays germaniques, Souabe, bois (tilleul et épicéa),
restes de polychromie originale, département des Sculptures (R.F. 2008.01)
 The wealth and diversity of German specimens in the various museum
collections in France attests to the signal importance of sculpture as an art
form in the German Empire at the end of the Middle Ages.
The programme of research on Swabian sculptures and the publication
of the catalogue of these works are the first stages in a general project
designed to highlight German medieval sculptures held in French
museums. The programme is being implemented in the framework of the
“Sculptures médiévales des musées de France” network, which was created
in 2003 to facilitate the exchange of technical data between museum
curators, and promote research and the publication of catalogues of
collections of sculpture from the Middle Ages.
Swabia was chosen because of the important role the area played in the
development of German sculpture at the end of the Middle Ages. Currently
there are around eighty Swabian sculptures held in different museum
across France.
The in-depth study of these works includes laboratory analysis at the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France),
along with studies of each piece’s history, iconography, and style. A
comprehensive catalogue is scheduled for 2014, in conjunction with a
dedicated Study Day, yet to be arranged..
Études des terres cuites et des méthodes de taille des sculptures italiennes
de la Renaissance
Projet suivi par Marc Bormand
56
Depuis près de quinze ans, le département des Sculptures du
Louvre et le C2RMF mènent une vaste campagne d’études
et d’analyses sur les terres cuites émaillées des Della Robbia
et des Buglioni, ainsi que sur les terres cuites polychromées
italiennes de la Renaissance. Cette enquête explore notamment les très riches collections du Louvre et de nombreuses
collections publiques françaises (Paris, musée des Arts décoratifs, musée Jacquemart-André ; Sèvres, musée national de
Céramique ; Amiens, musée de Picardie ; Écouen, musée national de la Renaissance ; Nîmes, musée des Beaux-Arts ; Rouen,
musée des Antiquités de Seine-Maritime et musée des BeauxArts ; Saint-Omer, musée de l’Hôtel-Sandelin…) ou étrangères
(Florence, musée national du Bargello). Elle doit s’étendre prochainement à d’autres œuvres conservées à Lyon, au musée
des Beaux-Arts, et à Strasbourg, au musée des Beaux-Arts.
Les objectifs de ces recherches sont multiples :
– faire la part des œuvres authentiques et de celles plus tardives dans des ensembles parfois mal ordonnés ;
– caractériser les techniques et les savoir-faire, leur évolution
dans le temps, à travers l’étude fine des divers constituants de
l’œuvre : pâtes, glaçures, polychromies et dorures ;
– identifier les centres de création, regrouper l’ensemble des
œuvres attribuables à chaque artiste (par exemple, le Maître de
David et de Saint Jean) et suivre les étapes de la carrière d’artistes hors Toscane (Émilie, Lombardie, etc.) et hors Italie, particulièrement en France pour les Della Robbia ; ces recherches
devraient par ailleurs s’étendre à des œuvres provenant de
Lombardie ou d’émilie.
Le plus souvent possible, les protocoles d’étude ont fait appel aux regards croisés des conservateurs, des restaurateurs et
des physiciens et chimistes des matériaux à la fois en France
et en Italie, ce qui a permis dans un premier temps d’établir
une collaboration étroite entre spécialistes français et italiens.
Les méthodes d’analyses, micro- ou totalement non destructives, ont mobilisé, selon la nature des matériaux étudiés, plusieurs techniques : en premier lieu les analyses par faisceaux
d’ions (PIXE et PIGE) mises en œuvre sur les accélérateurs de
particules du C2RMF et de l’INFN (Istituto Nazionale di Fisica
Nucleare) de Florence, la microscopie électronique à balayage
(MEB), l’ICP-AES-ICP-MS en collaboration avec le Centre de
recherche pétrographique et géochimique de Nancy, et également les techniques de datation, thermoluminescence (TL)
Sculptures
et luminescence stimulée optiquement
(OSL) du C2RMF, radiographie et tomographie.
Les résultats, portant sur près de cent
œuvres, éclairent le haut niveau de technicité atteint par les artistes florentins de
la Renaissance, le parfait accord entre les
buts recherchés, les moyens et les matériaux mis en œuvre, notamment chez
les Della Robbia.
Le rapprochement des résultats donnés par la TL, l’OSL et l’analyse des matériaux a permis également de réévaluer
un certain nombre de pièces auparavant
dépréciées (par exemple TH38, œuvres
du Petit Palais) et parfois d’affiner les
datations de certaines autres, avant et
après 1520.
Parallèlement, un important travail de
restauration sur les collections, portant
sur plusieurs dizaines d’œuvres depuis
une vingtaine d’années et appuyé par
l’expérience accumulée précédemment,
a permis d’améliorer la connaissance
des techniques de fabrication, pour les
œuvres tant émaillées que polychromes.
Récemment, ce travail a conforté la place
majeure de la Madone Piot de Donatello
du Louvre par rapport à ses différentes
répliques ; il a aussi aidé à reconnaître
les éléments du « puzzle » composite en
Donatello, La Vierge adorant l’Enfant, dite Madone Piot, terre cuite, dorure, incrustations, département des
cent quatre-vingts pièces du retable de
Sculptures (R.F. 3967)
l’Ascension d’Andrea della Robbia, préalable indispensable à la mise en chantier
du Louvre et au C2RMF les 26 et 27 octobre 2011, rapprochant
de sa restauration.
les recherches menées par des historiens de l’art, celles des resCes études ont bénéficié de collaborations scientifiques avec
taurateurs et celles des chimistes et physiciens.
de nombreux musées italiens, en premier lieu le musée national du Bargello à Florence. Mais également avec l’Opificio
M. Bormand
delle Pietre Dure à Florence (centre national de restauration et
 Over the last 15 years, the Department of Sculpture and the C2RMF
d’analyses), le Victoria and Albert Museum à Londres, le Bode
(Centre for Research and Restoration of the Museums of France) have
Museum à Berlin, la National Gallery of Art de Washington
undertaken an extensive programme of study and analysis of Della Robbia
et des laboratoires et des universités françaises et étrangères.
and Buglioni glazed terracotta works, and Italian Renaissance polychrome
Dans ce cadre, une collaboration est en cours avec le Victoria
pottery. The programme covers the Louvre’s own ample collection and the
and Albert Museum sur deux masques funéraires appartenant
many public collections in France and abroad, and has involved researchers
à l’une et l’autre des collections.
from numerous museums, laboratories, and national and international
Les retombées sont multiples :
universities. Among the fruits of the programme is a comprehensive
– base unique de plusieurs milliers de données mise à dispodatabase accessible to researchers, along with many new published articles,
sition des chercheurs ;
various exhibitions of Della Robbia glazed terracotta, and dedicated Study
Days and symposiums.
– nombreuses publications dans des revues à rayonnement
international ; participation à des colloques ;
– exposition « Les Della Robbia » (Nice, musée national
Message biblique Marc Chagall, et Sèvres, musée national de
Céramique, 2001-2002) ou collaborations à des expositions
(« I Della Robbia. Il dialogo tra le Arti nel Rinascimento »,
Arezzo, Museo Statale, 2009 ; « Gian Francesco Rustici », Florence, musée national du Bargello, 2010) ;
– journées d’étude sur les matériaux (terres cuites émaillées)
des Della Robbia, Paris, C2RMF, en collaboration avec le musée
du Louvre et l’INFN de Gênes, 2009 (actes sous presse). Des
journées d’étude plus spécialement consacrées aux terre cuites
polychromées de la Renaissance sont programmées au musée
57
Travaux de recherche
Recherches autour du Maître
de Naumbourg
Projet suivi par Pierre-Yves Le Pogam
La participation du musée du Louvre à l’exposition qui doit se
tenir à Naumbourg en juin 2011 sur le Maître de Naumbourg
a non seulement conduit à approfondir la thématique traditionnelle des liens entre la sculpture gothique française et allemande dans la première moitié du xiiie siècle (des liens symbolisés par la confrontation sur l’affiche de deux chefs-d’œuvre,
le roi Childebert du Louvre et la reine Uta de Naumbourg),
mais également permis de revenir sur de nombreuses problématiques concernant la sculpture française à cette époque.
Ainsi, la question toujours ouverte de l’influence éventuelle de
la cathédrale de Reims sur divers grands chantiers allemands
(Bamberg, Mayence, Naumbourg, etc.) a fait reconsidérer la
chronologie du monument français, notamment pour ses parties orientales, qui sont les plus susceptibles d’avoir précédé les
cathédrales germaniques en cause. De même, les programmes
figurés de la Sainte-Chapelle parisienne et du chœur occidental de Naumbourg présentent des parallèles frappants ; mais
notre recherche tend à montrer qu’il s’agit plutôt là d’une
coïncidence ; le cycle français présente en effet une intention
qui n’a jamais été bien comprise. Enfin, si les jubés français
du xiiie siècle ont été victimes de destructions bien plus radicales que celles qui ont affecté leurs homologues allemands,
leur précocité et l’importance de leur décor sculpté obligent
à s’interroger sur leur éventuel rôle de modèle et amènent en
tout cas à en esquisser un tableau global qui fait encore défaut.
P.-Y. Le Pogam
 The Musée du Louvre’s participation in the “Le maître de Naumbourg”
exhibition scheduled on june 2011 in Naumburg, involved a more detailed
exploration the links between French and German Gothic sculpture,
epitomised by the comparison of two masterpieces: the statue of King
Childebert I in the Louvre, and the statue of Queen Uta in Naumburg,
which has facilitated a re-appraisal of many questions regarding French
sculpture during this period (work relating to Reims Cathedral and the
Sainte-Chapelle in Paris, and the importance of carved rood screens).
Recherches sur les sculptures
florentines du Quattrocento
Projet suivi par Marc Bormand
58
Alors que les sculptures florentines du Quattrocento constituent
l’un des ensembles les plus importants de la collection italienne
du département des Sculptures, leur mise en perspective sous
une forme plus large dans le cadre d’une exposition d’envergure
n’avait jusqu’à présent jamais été envisagée à Paris.
Les recherches en cours, en collaboration étroite avec le
musée national du Bargello à Florence, institution de référence sur le sujet, ont pour objectif d’analyser les thématiques
majeures qui déterminent la place de la sculpture florentine
dans l’éclosion et les premiers développements de la première
Renaissance.
Plusieurs thématiques sont actuellement au centre de ces
recherches : la place des artistes précurseurs de la Renaissance,
la mise en valeur d’une vision de l’Antiquité romaine à la fois
civile et chrétienne, le rôle de certains sujets comme les spiritelli, les modalités de développement de la perspective, le rôle
de nouveaux matériaux comme la terre cuite polychromée et
la terre cuite émaillée dans la diffusion de la beauté, la relation
avec les autres arts.
L’ensemble de cette recherche doit déboucher sur la présentation d’une exposition à Florence et à Paris en 2013.
M. Bormand
 Conducted in collaboration with the Museo Nazionale del Bargello in
Florence, this study aims to analyse the major themes that determine the
role of Florentine sculpture in the blossoming of the arts and the initial
developments of the early Renaissance, such as the role of artists who were
precursors of the Renaissance; the various phases in the development of
perspective; the role of new media and techniques such as polychrome and
glazed terracotta; and sculpture’s relationship with the other arts. This
research programme will culminate in an exhibition in Florence and Paris in
2013.
Autour des techniques des bronzes
français
Projet suivi par Geneviève Bresc-Bautier
À la suite de l’exposition consacrée aux bronzes français
au Louvre, à New York et à Los Angeles (2008-2009), un programme d’analyse de ces sculptures (alliage, noyau, patine,
observation interne, radiographie) a été poursuivi avec le
C2RMF (David Bourgarit, Thierry Borel), le J. Paul Getty
Museum (Jane Bassett) et l’université de Harvard (Francesca
Bewer), et avec la collaboration d’Antoine Amarger et Jean-Marie Welter. Il s’agit de définir les techniques de mise en œuvre,
leurs variations et les éventuelles influences ou spécificités en
fonction des époques, des lieux ou des ateliers. Ce programme
devrait aboutir à une journée d’étude en 2012 (Louvre, C2RMF). L’accent a été plus particulièrement mis sur les œuvres
de la Renaissance (Pilon, Prieur) et sur certains sculpteurs-fondeurs du xviie siècle (Bordoni, Keller). Les bronzes des départements des Sculptures et des Objets d’art ont, pour la plupart,
été étudiés. La recherche se poursuit grâce à la comparaison
avec des analyses effectuées aux États-Unis, en Angleterre et
dans divers musées de France.
G. Bresc-Bautier
 Following the exhibition of French bronzes at the Louvre, New York,
and Los Angeles (2008/09), a detailed analysis of these sculptures (alloys,
cores, patinas, endoscopic examination, and radiography) was carried out
with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of
France; David Bourgarit and Thierry Borel), the J. Paul Getty Museum (Jane
Bassett), and Harvard University (Francesca Bewer), in collaboration with
Antoine Amarger and Jean-Marie Welter. The programme aims to identify
the techniques used to make the bronzes, variations in these techniques,
and the possible influences and characteristics depending on the period,
place of fabrication, and the workshop.
Sculptures
Recherches sur Jean Antoine
Houdon et ses contemporains
ment de travail scientifique. L’INHA prévoit l’organisation d’un
conseil scientifique, de journées d’étude et d’un colloque.
G. Bresc-Bautier
Projet suivi par Guilhem Scherf
Dans le cadre d’une exposition organisée par le Liebieghaus de
Francfort et le musée Fabre de Montpellier (« Houdon. La sculpture sensible »), dont le commissariat et la rédaction du catalogue étaient assurés par Maraike Bückling et Guilhem Scherf,
ce dernier a effectué des recherches sur les matériaux utilisés
par Houdon et ses contemporains Lemoyne, Pigalle, Caffieri
et Pajou. Ont été analysées les différences stylistiques et les
modes opératoires de ces sculpteurs lorsqu’ils sont confrontés
à des matériaux différents (terre cuite, plâtre, marbre, bronze).
Les récentes investigations menées par le J. Paul Getty Museum
à Los Angeles sur les bronzes de Houdon, et par le Museum
of Art de Philadelphie sur les bustes de Franklin par le même
artiste, ont abouti à des conclusions spectaculaires, publiées ou
en cours de publication. Elles mettent en évidence le processus
d’élaboration d’une sculpture dans un matériau donné. Ces
études, pour le moment consacrées à Houdon, devraient être
élargies à d’autres sculpteurs actifs durant la seconde moitié du
xviiie siècle – l’exposition de Francfort a montré les enjeux de
telles recherches –, selon une approche aussi bien scientifique
que sensible, en collaboration avec le C2RMF et d’autres institutions à l’étranger.
G. Scherf
 In the framework of an exhibition organised by the Liebieghaus
Museum in Frankfurt and the Musée Fabre in Montpellier (entitled “Houdon,
La sculpture sensible”)—Maraike Bückling and Guilhem Scherf curated the
exhibition and compiled the catalogue, research were conducted on the
materials used by Houdon and his contemporaries Lemoyne, Pigalle, Caffieri,
and Pajou. Scherf analysed the stylistic differences and techniques of these
sculptors who used a variety of materials (terracotta, plaster, marble, and
bronze).
Catalogue des œuvres du musée des
Monuments français d’Alexandre
Lenoir (1795-1816)
Projet suivi par Geneviève Bresc-Bautier
L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et le département
des Sculptures mènent un programme scientifique consacré à
Alexandre Lenoir et au musée des Monuments français, institution révolutionnaire de premier plan, à l’origine de l’idée de
patrimoine. Le programme est dirigé par Béatrice de ChancelBardelot, pensionnaire à l’INHA, en collaboration avec le département des Sculptures (Geneviève Bresc, Angèle Dequier,
Pierre-Yves Le Pogam). Le département des Sculptures a, depuis
plusieurs années, commencé une base de données recensant
l’ensemble des œuvres. Leur origine, leur présentation au musée
des Monuments français – où elles sont souvent remontées dans
des monuments composites –, leur dispersion et leur localisation actuelle sont ainsi collectées. S’y ajoutent la bibliographie
et la référence aux catalogues édités par Lenoir. Dans l’avenir, la
numérisation de ces catalogues et de nombreuses reproductions
(tableaux, dessins, gravures) permettra de disposer d’un instru-
 The INHA (French National Institute of Art History) and the Department
of Sculpture are carrying out a scientific programme devoted to Alexandre
Lenoir and the Musée des Monuments Français. The programme is directed
by Béatrice de Chancel-Bardelot, a pensionnaire at the INHA, in collaboration
with the Department of Sculpture (Geneviève Bresc, Angèle Dequier, and
Pierre-Yves Le Pogam). The Department has set up a database of all the
works, which contains information about their origin, their presentation in
the Musée des Monuments Français, their dispersal and current location,
together with a bibliography and reference to the catalogues published by
Lenoir.
Le fonds photographique des
antiquaires Georges-Joseph
et Lucien Demotte
Projet suivi par Christine Vivet-Péclet
et Pierre-Yves Le Pogam
Le fonds des plaques de verre des antiquaires Georges-Joseph et
Lucien Demotte est entré au département des Sculptures dans
les années 1980. Il est constitué d’environ deux mille cinq cents
plaques de verre qui reproduisent les œuvres mises en vente
dans leurs deux galeries de Paris et de New York dans le premier quart du xxe siècle. Les œuvres vendues par ces antiquaires
sont essentiellement des sculptures et en majorité des œuvres
médiévales. Dès son arrivée, le fonds a été réinventorié et les
plaques ne concernant pas le domaine de la sculpture ont été
redistribuées aux départements concernés. Puis il a été procédé
aux tirages sur papier des plaques (deux mille photos). L’opération s’est ensuite arrêtée.
En 2009, il a été décidé de reprendre le traitement de ce fonds,
mais cette fois en créant une base de données qui permette d’indexer, d’identifier et de localiser les œuvres. Mille photos ont ainsi
pu être traitées. Dans le même temps, le Metropolitan Museum de
New York s’est livré à une opération de reconnaissance rapide des
œuvres, car il possède également un jeu de tirages photographiques
de ce fonds. L’opération actuellement menée au département des
Sculptures consiste à la fois à identifier précisément les œuvres et
à les mettre en relation avec la base de New York. En 2010, il a
été procédé à l’identification et à la localisation du reste du fonds,
soit un total de deux mille cinq cents plaques de verre. L’objectif à
terme est de créer une base de données en ligne qui pourrait être
enrichie par l’apport de différents musées et institutions possédant
des œuvres issues de ces antiquaires qui ont beaucoup vendu à travers le monde et en particulier aux États-Unis.
Ch. Vivet-Péclet
 In the 1980s the Department of Sculpture’s iconographic collection
was augmented with around 2,500 glass-plate negatives documenting
works (mainly medieval sculptures) sold by the art dealers Georges-Joseph
and Lucien Demotte at the beginning of the twentieth century. In 2009–10
the Department created a database, which lists, identifies, and locates the
works; in parallel, the Metropolitan Museum of Art in New York compiled
a similar archive of its own photographic images of this collection, for the
purpose of providing an online database that can be further updated with
information from other museums and institutions that acquired works from
these two art dealers in Paris and New York.
59
Travaux de recherche
Objets d’art
L
es projets de recherche engagés au département des Objets d’art suivent
plusieurs axes.
Dans le domaine de l’art médiéval, le rôle fédérateur du département au
sein d’un réseau international apparaît clairement avec la poursuite du catalogue de
l’œuvre de Limoges, dont le second corpus d’émaux méridionaux vient de paraître.
Un autre aspect de ce rayonnement international consiste en une collaboration
étroite avec le Courtauld Institute of Art en vue de la mise en ligne d’une base de
données recensant tous les ivoires gothiques connus.
L’exposition d’une ampleur exceptionnelle consacrée à la « Sainte Russie » a ouvert
un champ de recherche sans précédent, partagé avec de nombreuses institutions des
régions anciennes de ce grand pays.
Le département s’affirme aussi dans des domaines moins explorés, en liaison
étroite avec d’autres musées européens, grâce à la publication de deux nouveaux
catalogues raisonnés : celui des ivoires de la Renaissance et des temps modernes
révèle un fonds ancien méconnu, dû principalement à la curiosité des amateurs du
xixe siècle, tandis que celui de l’orfèvrerie du xixe siècle met l’accent sur une collection récente, fruit d’une politique d’acquisition volontariste orientée vers les plus
belles créations de l’argenterie parisienne.
Parallèlement, des campagnes d’analyses scientifiques sont menées en collaboration avec le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France)
et des partenaires étrangers, afin de contribuer à une meilleure connaissance des
techniques utilisées et des pratiques d’atelier, telles que celles des verres à la façon
de Venise ou des céramiques à la manière de Palissy.
Un programme de recherche concernant le mobilier Boulle, mis en place
également avec le C2RMF et divers spécialistes extérieurs, s’inscrit dans le cadre du
vaste chantier des collections lancé en vue de la rénovation complète des salles du
mobilier du xviiie siècle. Ce chantier ambitieux offre plus globalement l’occasion de
réfléchir à une nouvelle muséographie, dans une volonté de transversalité partagée
avec plusieurs départements du musée – intégrant des peintures, sculptures, arts
graphiques et antiquités romaines – afin de faire mieux comprendre cet art de vivre
du siècle des Lumières.
M. Bascou
60
Objets d’art
 The activities of the Department of Decorative Arts cover several distinct areas of research.
In the field of medieval goldsmithing, for instance, the Department plays a federative role in the
coordination of an international network aimed at creating a comprehensive catalogue of the
Champlevé Limoges enamels, the second corpus of which has recently been published (July 2011).
In parallel the Department is working in close collaboration with the Courtauld Institute in London
to create an online database listing all the known Gothic ivories.
Meanwhile the major exhibition “Sainte Russie” (Holy Russia) opened up unprecedented
opportunities for shared research with many institutions in this great country’s former regions. The Department is also establishing itself in less explored areas, in close collaboration with other
European museums, through the publication of two new catalogues raisonnés: the catalogue of
Renaissance and Modern ivories reveals a little-known collection that was built up by nineteenthcentury connoisseurs; whereas the catalogue of nineteenth-century silverwork focuses on a recent
collection built up through an active acquisitions policy oriented toward the most beautiful pieces
produced by Parisian silversmith.
At the same time, the Department has conducted scientific analysis in collaboration with the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) and partners abroad, in
order to help improve knowledge of the techniques used and the practices of the workshops, such
as those relating to glass vessels produced “in the Venetian manner” and ceramics made “in the
manner of Palissy”.
A programme of research on Boulle furniture has also been initiated with the C2RMF and external
specialists, as part of a vast project to study the Louvre’s collections, with a view to the complete
renovation of the Museum’s eighteenth-century furniture rooms. More generally, this ambitious
project provides further input for the ongoing elaboration of a new concept of museographical
installation, by which there will be direct cross-referencing between certain Departments (e.g.,
paintings, sculptures, drawings, prints, and Roman antiquities), in order to better acquaint visitors
with the art of living in the Age of Enlightenment.
61
Travaux de recherche
Second volume du Corpus des émaux méridionaux : L’Apogée
Projet suivi par Élisabeth Antoine
Le Corpus des émaux méridionaux (CEM) a été entrepris sous la
direction de Marie-Madeleine Gauthier († 1998), qui consacra
son existence de chercheur à l’étude de ces émaux du Moyen
Âge. Le premier volume est paru en 1987 aux éditions du
CNRS. Il était consacré aux débuts de la production limousine à l’époque romane, et comprenait quelque trois cents notices longuement développées. À la mort de Marie-Madeleine
Gauthier, l’importance du projet et la somme des informations
déjà rassemblées incitèrent à créer une équipe pour la publication du second volume. Celle-ci s’est constituée sous l’égide
du département des Objets d’art, sous la direction de Danielle
Gaborit-Chopin puis d’Élisabeth Antoine.
Le second volume du CEM vient d’être publié par le Comité
des travaux historiques et scientifiques (CTHS) et les éditions
du Louvre. Il regroupe les émaux limousins exécutés entre 1190
et 1215. Ce tome comprend environ huit cent soixante notices
d’œuvres dispersées dans le monde entier, dans des collections
publiques ou privées, ou passées dans le commerce. Marie-Madeleine Gauthier l’avait intitulé L’Apogée, car il rassemble quelquesunes des créations les plus prestigieuses et les plus remarquables
de l’œuvre de Limoges, avant que l’aspect « sériel » ne domine.
Ce vaste chantier nous a amenés à constituer une équipe
internationale associant le musée du Louvre, le musée de
Cluny, le musée de Limoges (auquel Marie-Madeleine Gauthier
a légué toute sa documentation), de grands musées étrangers –
Ciboire de Maître Alpais (vue d’ensemble), département des Objets d’art
62
(MRR 98)
le Metropolitan Museum of Art de New York, l’Ermitage à SaintPétersbourg, l’Art Institute de Chicago, le Nationalmuseet de
Stockholm –, ainsi que les universités d’Oslo et de León.
Le nombre élevé des notices et des illustrations a imposé un
parti éditorial différent de celui du premier volume. L’ouvrage,
paru en juillet 2011, se compose en effet de deux éléments :
– un livre synthétique regroupant les textes introductifs aux
chapitres, et pour chaque chapitre une sélection de notices des
objets les plus représentatifs ;
– un DVD comprenant le catalogue proprement dit, c’est-àdire toutes les notices et toutes les illustrations.
Les œuvres ont été regroupées par chapitres typologiques –
châsses, crosses, reliures, etc. –, puis, si nécessaire, par iconographie à l’intérieur du chapitre, et enfin par ordre alphabétique des lieux de conservation.
La période étudiée correspond à d’importantes mutations
techniques telles que l’utilisation de têtes d’applique classicisantes fondues en série et l’abandon des fonds vermiculés
animés de fins rinceaux gravés et de figures émaillées au profit
des figures réservées dorées se détachant sur des fonds émaillés
où domine le célèbre bleu lapis de Limoges. Stylistiquement,
les premiers signes du style gothique se manifestent par des
drapés fluides et plus naturalistes.
Outre le ciboire d’Alpais, chef-d’œuvre de l’émaillerie
limousine, ce volume présente des séries d’œuvres caractéristiques du tournant entre roman et gothique, telles les châsses
de l’Adoration des Mages ou de Thomas Becket. Les réserves
eucharistiques adoptent des formes multiples, dont les plus
spectaculaires sont les colombes qui étaient suspendues audessus de l’autel, symbolisant la descente de l’Esprit saint. Les
chandeliers forment un groupe de transition vers les objets
profanes, assez peu nombreux pour cette période. Ceux de
la célèbre église d’Urnes (Norvège), conservés dans ses murs
depuis le xiiie siècle, montrent la très large diffusion de l’œuvre
de Limoges dans l’Occident tout entier.
Ce projet très ambitieux débouche donc sur une publication
longtemps attendue, qui sera un instrument de travail indispensable pour tous les médiévistes.
Les recherches menées ont permis de nouer des liens entre
différentes institutions au niveau international, qui se sont
déjà manifestés par les actions suivantes :
– une journée d’étude organisée en novembre 2008 par le
British Museum : « The Heritage of Maître Alpais », dont les
actes ont été publiés en décembre 2010 (communication
d’Élisabeth Antoine : « L’iconographie du ciboire d’Alpais.
Nouveaux points de vue et vieilles questions », p. 21-27) ;
– la journée d’étude organisée par l’INHA en mai 2009 sur l’actualité de la recherche dans le domaine des émaux méridionaux,
à laquelle six des auteurs du CEM 2 ont fait une communication
(actes parus aux Presses universitaires de Rennes en 2011) ;
– la participation d’Élisabeth Antoine au colloque organisé
en février 2010 au Victoria and Albert Museum à l’occasion de
la réouverture des salles médiévales et Renaissance (communication sur « Theme and Variations in the Oeuvre de Limoges
around 1200: The Question of Models ») ;
– l’accueil de chercheurs étrangers, telle Ekaterina Nekrassova, conservateur à l’Ermitage ;
Objets d’art
– la tenue d’une journée d’étude à
l’automne 2011, à l’occasion du lancement de la publication du tome 2, journée à laquelle les auteurs et les autres
spécialistes seront invités à communiquer.
Notre ambition est, avec cette parution, de relancer à partir du Louvre les
rencontres annuelles autour des émaux,
organisées jusqu’en 1997 par le British
Museum. Elles pourraient se tenir,
par roulement, en plusieurs lieux : le
Louvre, Limoges, et d’autres institutions
en fonction de l’actualité.
É. Antoine
 The study of medieval Champlevé Limoges
enamels, conducted by Marie-Madeleine Gauthier
(† 1998), led to the publication of an initial
volume of the Corpus des Emaux Méridionaux
(Corpus of Southern Enamels; 1987, Éditions du
CNRS): devoted to early enamel production in
Limoges in the Romanesque period. This volume
comprised around 300 entries.
The next phase of the study is focusing on
Châsse de saint Thomas Becket (vue d’ensemble), département des Objets d’art (OA 11333)
860 Limoges enamels produced between 1190
and 1215, dispersed in public and private
collections worldwide and on the art market. An
the National Museum of Fine Arts in Stockholm, and the universities of Oslo
international team was formed to carry out this work under the aegis of the
(Norway) and León (Spain).
Department of Decorative Arts, in collaboration with the Musée de Cluny,
This very ambitious project culminated in a publication in 2011, which
the Musée de Limoges, the Metropolitan Museum of Art, New York, the
will serve as an indispensable working tool for all medievalists.
State Hermitage Museum in Saint Petersburg, the Art Institute of Chicago,
Le mobilier Boulle
Projet suivi par Frédéric Dassas
Les travaux de recherche sur le mobilier Boulle concernent
d’une part la rédaction de la première partie du catalogue
raisonné des collections de mobilier, d’autre part les restaurations, en cours ou à venir. Ce double objectif explique les
orientations retenues : recherches documentaires sur l’histoire
de la collection du Louvre et les collections de mobilier Boulle
au xviiie siècle, recherches sur les œuvres elles-mêmes dans
le but de préciser les critères de datation et d’attribution, recherches sur les matériaux en vue de la définition de nouveaux
protocoles de restauration.
Recherche historique
L’une des particularités de la collection de mobilier Boulle
conservée au département des Objets d’art est la relative ancienneté de son entrée dans les collections nationales. Sur les
quarante-sept numéros que compte actuellement le projet de
catalogue, trente sont issus de saisies révolutionnaires. Un certain nombre de ces pièces ont été identifiées dans les collections du xviiie siècle. Le mobilier Boulle est en effet le seul à
être suffisamment référencé dans les documents de l’époque
pour pouvoir faire l’objet d’une recherche historique approfondie. De nombreuses contributions récentes, fruit du travail
de conservateurs ou d’experts, ont apporté des éléments significatifs enrichissant notre connaissance de l’histoire de ce type
de meubles au xviiie siècle. L’objectif de la recherche en cours
est d’arriver à un niveau de synthèse permettant d’inscrire
pleinement la collection du Louvre dans l’environnement de
son temps et d’établir de façon définitive le degré de certitude
– ou d’incertitude – auquel peuvent prétendre les identifications généralement retenues.
À ce jour, les recherches se sont portées dans trois directions : les catalogues de vente du xviiie siècle, les recherches sur
les collectionneurs et celles sur les saisies d’émigrés.
Les catalogues de vente du xviiie siècle
Le dépouillement complet des mentions de mobilier attribué à
Boulle dans les ventes du xviiie siècle a été entrepris en 2008 et
devrait être achevé au plus tard en 2012. Sur cent quatre-vingtquatorze ventes repérées comprenant des pièces de mobilier,
un tiers environ a été dépouillé, qui inclut la presque totalité
des ventes majeures.
Étude des commanditaires et des collectionneurs
La connaissance des collections de la seconde moitié du
xviiie siècle ne peut être approchée de façon satisfaisante que
par le croisement des informations issues des catalogues de
vente et de celles issues des dépouillements d’archives. Dans
un premier temps, le travail s’est limité à la collation et au
63
Travaux de recherche
consultation des cartons mise en route. Ce travail devrait être
achevé en 2011.
Le fruit de ces recherches a fait l’objet d’un cours dispensé
depuis l’automne 2008 à l’École du Louvre. Le cours a pris fin
au printemps 2011. Un état de la question aura été proposé à
cette occasion sur les points suivants :
– définition du corpus d’André Charles Boulle, étude des
critères d’attribution ;
– les ateliers contemporains d’André Charles Boulle ;
– les commanditaires contemporains d’André Charles
Boulle ;
– les liens entre le mobilier Boulle et l’évolution du décor
intérieur ;
– le mobilier « néo-Boulle » du xviiie siècle ; analyse typologique et stylistique, problèmes d’attribution ;
– les collectionneurs de mobilier Boulle dans la seconde moitié du xviiie siècle ;
– les saisies révolutionnaires et l’entrée des meubles attribués
à Boulle dans les collections nationales.
Attribué à André Charles Boulle, Cabinet, département des Objets d’art
(OA 5453)
dépouillement des documents de base que sont les scellés et
inventaires après décès, ponctuellement enrichis par les procès-verbaux des greffiers des Bâtiments du Roi lorsqu’ils étaient
aisément accessibles.
La recherche a porté sur les commanditaires et collectionneurs suivants : le Grand Dauphin, Claude Le Bas de Montargis, Pierre Gruyn, Pierre Thomé, Pierre Crozat, le président de
Machault, le duc de Bourbon, Jean de
Jullienne, Ange Laurent Lalive de Jully,
Augustin Blondel de Gagny, le marquis
de Marigny, Maximilien Radix de SainteFoy, le comte de Vaudreuil, Grimod de
La Reynière, le duc de Praslin.
Le nombre de références utiles de
mobilier Boulle dépasse à ce jour les six
cents items et constitue le corpus de
base à partir duquel la suite du travail
pourra se dérouler.
64
Les archives révolutionnaires
Les archives révolutionnaires permettent
de retracer l’histoire de l’entrée des collections de mobilier Boulle dans les collections nationales au fur et à mesure de
leur saisie au titre de biens des émigrés.
Le dépouillement le plus complet possible des cartons de la série F17 relatifs
à la Commission des monuments et la
Commission temporaire des arts a été
entrepris en 2009. Les inventaires ont
été systématiquement dépouillés et la
Recherche scientifique et technique
Ces travaux de recherche sont menés en collaboration avec le
C2RMF et avec la participation d’intervenants extérieurs (université Paris I Sorbonne, Institut national du patrimoine [INP],
laboratoire Valectra, Laboratoire d’expertise du bois et de datation par dendrochronologie).
Les études visent essentiellement à la caractérisation des matériaux et des techniques de mise en œuvre, afin d’enrichir le
corpus de données susceptible d’aider à la datation et à l’attribution :
– étude des bois et des assemblages : examens de dendrochronologie, relevés des traces d’outils, schémas de construction ;
– étude des métaux (bronzes, laitons et étains) : détermination de la composition des alliages (ce programme bénéficie
d’un mécénat de compétence de la Fondation EDF – laboratoire Valectra) ;
– étude des marqueteries : relevés comparatifs.
Attribuée à André Charles Boulle, Bibliothèque, département des Objets d’art (OA 5459)
Objets d’art
Collaboration au Gothic Ivories
Project (2008-2011)
Projet suivi par Marie-Cécile Bardoz
Attribuée à André Charles Boulle, Commode, département des Objets d’art
(OA 5477)
Protocoles de restauration
La définition de protocoles de restauration doit tenter de répondre à plusieurs questions : la consolidation des collages et
les protections de surface nécessaires pour prévenir les soulèvements récurrents dans les marqueteries et la corrosion des
laitons et étains, enfin le degré de nettoyage des bronzes dorés.
Collage des marqueteries
La fragilité principale des meubles ornés de marqueterie de
métal consiste dans le défaut d’adhérence de cette dernière. La
recherche porte à la fois sur la détermination de la nature des
colles anciennes et sur le choix de la colle la mieux adaptée
aux contraintes de conservation actuelles.
Corrosion des laitons et étains
L’objectif de la recherche est de mettre au point une technique
permettant d’éviter toute intervention abrasive susceptible
d’endommager la gravure des parties métalliques des marqueteries. Les essais effectués au cours de l’année 2011 devront
permettre de choisir une technique plus neutre.
Protection de surface
La recherche porte à la fois sur la détermination des protections de surface anciennes et sur le choix d’une protection
adaptée à la conservation de la collection. Le choix entre les
différentes formules qui ont fait l’objet de tests et d’essais de
vieillissement, de la simple cire aux vernis à la gomme-laque,
sera fait au cours de l’année 2011, à partir des résultats obtenus
et au regard des exigences du département tant du point de
vue esthétique que de la conservation des œuvres.
Nettoyage des bronzes
Un protocole de nettoyage des bronzes à la vapeur a été expérimenté. Il est en cours de validation.
F. Dassas
 The research on Boulle furniture involves the compilation of the first part
of a comprehensive catalogue of the Louvre furniture collections and a
specific campaign of restoration. This twofold objective explains the approach
that was taken: documentary research on the history of the Louvre collection
and the eighteenth-century collections of Boulle furniture, research on this
luxury furniture with the aim of clarifying dating and attribution criteria, and
research on the materials with the aim of defining new restoration protocols.
Ce projet, lancé en 2008 par le Courtauld Institute of Art,
consiste à référencer les ivoires gothiques conservés dans les
collections publiques et privées du monde entier dans une base
de données documentaire consultable gratuitement sur Internet
(une image par œuvre et un cartel descriptif succinct comprenant une datation, un historique, un état et une bibliographie).
La collaboration des grandes institutions muséales européennes a été sollicitée. Ainsi, le musée du Louvre et le musée
de Cluny pour la France, le British Museum et le Victoria and
Albert Museum pour le Royaume-Uni, ont donné accès à leurs
ressources documentaires (dossiers d’œuvres, photographies).
Les deux cent dix-huit notices concernant les ivoires gothiques
du musée du Louvre ont été relues, corrigées et validées en
2010 par le département des Objets d’art.
Une première mise en ligne, partielle, a été effectuée en
décembre 2010 : elle concerne les collections d’une trentaine
d’institutions, sur la centaine de celles qui collaborent au projet. Les notices du Louvre seront versées dans la base courant
2011. Le Courtauld Institute assure l’enrichissement et la mise
à jour périodique de la base ; celle-ci est consultable à l’adresse
suivante : http://www.gothicivories.courtauld.ac.uk/
M.-C. Bardoz
 This project, launched in 2008 by the Courtauld Institute of Art
(London), will list Gothic ivories held in public and private collections around
the world in a widely accessible database on http://www.gothicivories.
courtauld.ac.uk/. An initial database of some of the ivories was made
available online in December 2010, containing works from the collections of
around thirty of the one hundred institutions collaborating on the project.
The Louvre’s entries will be placed in the online database in 2011.
Les verres émaillés vénitiens
de la Renaissance
Projet suivi par Françoise Barbe
Le projet, lancé en 2009 par Isabelle Biron (C2RMF), Marco
Verita (Laboratorio di Analisi dei Materiali Antichi, Venise)
et Rosa Barovier, se concentre sur la production des verres
émaillés vénitiens, alors que, jusqu’à présent, seul le matériau
« verre » a été étudié. La prise en compte des émaux colorés
qui le décorent permet de mettre en place un axe de recherche
précis et pertinent, centré sur le large répertoire des verres
émaillés traditionnellement attribués aux ateliers de Venise de
la fin du xve et du xvie siècle. Cette étude devrait permettre non
seulement de distinguer les verres vénitiens de ceux produits
dans d’autres centres « à la façon de Venise », mais encore d’apporter des précisions d’ordre chronologique quant à l’usage
de certains matériaux. Par ailleurs, l’authenticité des grandes
coupes bleues, à riches décors dorés et émaillés, a parfois été
remise en cause. Les premières analyses montrent que l’une de
ces magnifiques pièces, conservée au Louvre, est authentique,
relançant ainsi le débat sur la validité des critères scientifiques
et stylistiques discriminants.
F. Barbe
65
Travaux de recherche
 This project, which was initiated in 2009 by researchers from the
C2RMF and the Laboratorio di Analisi dei Materiali Antichi (Laboratory for
the Analysis of Ancient Materials) in Venice, is focusing on Venetian
enamelled glass vessels. The study will enable researchers to distinguish
between glass vessels of Venetian origin and those produced “in the
Venetian manner” in other centres. It will also enable them to establish a
precise chronology of the use of certain materials, and deal with questions
of authenticity. The first analyses have reopened discussions on the validity
of distinguishing scientific and stylistic criteria.
Les céramiques de Bernard Palissy
et ses continuateurs
Projet suivi par Françoise Barbe
Depuis les fouilles effectuées aux Tuileries dans les années
1980, le C2RMF est étroitement associé à l’étude des fragments
de céramique de l’atelier de Bernard Palissy. La richesse de
ces matériaux archéologiques et la grande variété des pièces
de musée traditionnellement attribuées à Bernard Palissy ou
à ses « continuateurs », qui suscitent de nombreuses interrogations quant à leur lieu et leur période de fabrication, justifient pleinement la poursuite des analyses physico-chimiques
par le C2RMF en étroite relation avec les études stylistiques
et historiques conduites notamment au musée du Louvre, au
musée national de la Renaissance d’Écouen et à la Cité de la
céramique de Sèvres.
Les axes de recherche actuels sont les suivants :
– la production propre de Bernard Palissy et de son atelier ;
– les pièces à décor de « rustiques » dans la suite de Palissy
(fin du xvie et début du xviie siècle), et leur distinction d’avec les
copies et les faux du xixe siècle ;
– les objets traditionnellement attribués aux ateliers de poterie de Fontainebleau, dits d’Avon ;
– les pièces ornées de décors exécutés par moulage, peut-être
produites en Normandie (Pré-d’Auge, Lisieux, Manerbe).
F. Barbe
 Since the archaeological investigations in the Tuileries in the 1980s,
the C2RMF has been closely involved in the study of ceramic fragments
from the Bernard Palissy workshop. The archaeological material and the
pieces held in museums, which are traditionally attributed to Palissy or his
“continuators”, raise many questions about their place and period of
fabrication.
The physical-chemical analyses conducted at the C2RMF are continuing
in conjunction with stylistic and historical studies in the Musée du Louvre,
the Musée d’Écouen, and the Cité de la Céramique de Sèvres.
Projet de catalogue raisonné du
mobilier de la fin du Moyen Âge,
de la Renaissance et de la première
moitié du xviie siècle
Projet suivi par Agnès Bos
66
La collection de meubles du musée du Louvre est riche d’environ cent cinquante pièces, qui illustrent de façon relativement
exhaustive la création des menuisiers et les débuts de l’ébéniste-
rie aux époques concernées : dressoirs, coffres, armoires, chaires
et tables, mais aussi quelques éléments de mobilier liturgique. Si
l’origine géographique de ces meubles est essentiellement française, il s’y ajoute toutefois un petit nombre de pièces italiennes.
Bien que certains meubles, comme l’armoire attribuée à
Hugues Sambin, soient depuis longtemps connus et publiés,
beaucoup d’entre eux n’ont jamais fait l’objet d’une étude approfondie. Des campagnes de constats d’état détaillés sont en
cours avec une restauratrice afin de faire un bilan sanitaire de
la collection et d’obtenir des informations sur la structure des
meubles. Ces constats devront être complétés par des analyses
scientifiques (dendrochronologies, radiographies…) afin de préciser, pour certaines pièces, leur datation, mais aussi d’approcher de façon plus fine les conditions et les aspects matériels de
la mise en œuvre du bois. Un partenariat avec le C2RMF est en
cours d’élaboration pour la réalisation de ces analyses.
A. Bos
 The Louvre’s collection of furniture dating from the end of the Middle
Ages, the Renaissance and the first half of the seventeenth century
comprises around 150 items, which are largely of French manufacture, and
exemplify the work of joiners and the beginnings of cabinetry. The studies
will be based on detailed reports of each piece’s state of conservation and,
in some cases, will entail both dendro-chronological and radiographic
analyses, performed in collaboration with the C2RMF.
L’ordre du Saint-Esprit : étude des
éléments textiles (xvie-xixe siècle)
Projet suivi par Agnès Bos
De l’ordre du Saint-Esprit fondé en 1578 par Henri III, le musée
du Louvre conserve, outre le trésor proprement dit, de nombreux éléments textiles : ornements de la chapelle pour les
cérémonies de l’ordre, manteaux des grands officiers datant
d’avant la Révolution, manteaux et éléments d’habits confectionnés à la Restauration. Un manteau prérévolutionnaire a
été restauré par la restauratrice Antoinette Villa à l’occasion de
son prêt à l’exposition « Fastes de cour et cérémonies royales.
Le costume de cour en Europe 1650-1800 », au château de
Versailles en 2009. Cette opération fut l’occasion d’observations détaillées sur la technique de broderie, complétées par
des analyses des fils métalliques effectuées par Dominique de
Reyer (Laboratoire de recherche des Monuments historiques
[LRMH]). Cette première étape doit être prolongée par la restauration et l’étude des autres manteaux prérévolutionnaires
conservés au musée du Louvre, mais aussi par le rapprochement avec un manteau daté avec certitude des années 16751676, remis au roi de Pologne Jean III Sobieski, conservé au
château de Wawel à Cracovie. Cette étude doit aboutir à terme
à une publication.
A. Bos
 The Louvre has some exceptional textiles from the prestigious Order
of the Holy Spirit, founded by King Henry III of France in 1578. These
include chapel ornaments for the Order’s ceremonies, the mantles of the
Grands Officiers prior to the Revolution, and mantles and clothing items
produced under the Bourbon Restoration. The conservation requirements
of one of the mantles have led to detailed studies of the embroidery
technique, complemented by analyses of the metallic threads.
Objets d’art
Études des ivoires de la Renaissance
et des temps modernes
Catalogue raisonné des collections
d’orfèvrerie du xixe siècle
Projet suivi par Philippe Malgouyres
Projet suivi par Anne Dion-Tenenbaum
Ivoires de la Renaissance et des Temps modernes. La collection du
musée du Louvre marque l’achèvement de l’étude menée ces dix
dernières années sur une collection restée pratiquement inédite. Ces recherches ont bénéficié de contacts réguliers avec
les collègues responsables de collections similaires, à Londres,
Berlin, Dresde, Munich et Vienne.
Ce catalogue raisonné recense trois cents œuvres de la fin
du xve siècle jusqu’au milieu du xixe siècle et comprend également des œuvres qui ont depuis été transférées vers d’autres
collections ou inscrites pour ordre sur nos inventaires. Nous en
avons souhaité l’organisation thématique puis chronologique.
Cette attitude maximaliste a été dictée par le désir de reconstituer aussi l’histoire de cet ensemble, fruit de la libéralité des
collectionneurs plus que d’une politique d’achats. L’ouvrage
fournit ainsi une référence en français dans ce domaine dominé par les études anglo-saxonnes.
Ce volume vient clore la publication des ivoires du département des Objets d’art, dont le premier volume, consacré aux
ivoires médiévaux, est paru en 2003.
P. Malgouyres
Il importait de remettre à jour le dernier catalogue de l’orfèvrerie moderne du département des Objets d’art du musée du
Louvre, qui datait de 1958, alors que la politique d’acquisition menée ces trente dernières années, grâce à l’impulsion de
Daniel Alcouffe, s’était attachée à enrichir la collection de
pièces de la première moitié du xixe siècle. La collection du
musée du Louvre est aujourd’hui l’une des plus complètes,
reflétant tous les courants qui se succèdent du néoclassicisme
à l’éclectisme.
Le catalogue raisonné, classé par ordre alphabétique d’orfèvres, comprend environ cent vingt numéros, comptant des
ensembles parfois importants, tels que des nécessaires ou des
services. Certains orfèvres, comme Biennais, Lebrun, FromentMeurice, ou encore Christofle grâce aux versements du ministère des Finances, sont particulièrement bien représentés.
Le catalogue est assorti d’un répertoire de notices biographiques des orfèvres cités, fondées sur des recherches d’archives
et livrant des renseignements inédits. Il devrait ainsi constituer
un ouvrage de référence sur l’orfèvrerie du xixe siècle.
A. Dion-Tenenbaum
 The comprehensive catalogue of the Louvre’s Renaissance and Modern
Ivories is the culmination of a ten-year study on a hitherto practically
unknown corpus of artefacts. The catalogue contains three hundred works,
dating from the end of the fifteenth century to the middle of the nineteenth
century, and entries are organised by theme, then chronologically. It also
details the history of this collection, which was built up more through the
generosity of collectors than through acquisitions. It serves as a Frenchlanguage reference work in a field which is otherwise dominated by studies
in English. This volume completes the publication in 2003 of the collection
of medieval ivories in the Department of Decorative Arts.
 The collection of nineteenth-century silverware in the Department of
Decorative Arts has been considerably enriched over the last thirty years.
Hence the need to publish a comprehensive catalogue of this collection
that serves as a reference work, and includes the silver table service from
the Napoleon III apartments. The catalogue comprises around 120 items,
and comprises a list of biographical entries.
67
Travaux de recherche
Peintures
L
e rayonnement international du département des Peintures pour ce qui
concerne les travaux de recherche entrepris à l’initiative de ses personnels
scientifiques a été revivifié depuis quelques années grâce à la mise en place
de réseaux de recherche et de journées d’étude, instruments de rencontres et de
dialogues entre des spécialistes de plusieurs pays.
Ainsi le recensement des peintures françaises et néerlandaises du xvie siècle a-t-il
par exemple favorisé la mise en place d’un réseau de recherche sur cette époque,
tandis que se mettaient en place les journées d’étude consacrées à Rembrandt,
Watteau, Léonard ou Raphaël qui ont permis la création de réseaux de chercheurs
dédiés à ces artistes.
Autre conséquence de cette politique, la mise en ligne des bases de données
concernant les écoles américaine (base La Fayette) et anglaise (base D’Outre-Manche)
a été suivie en 2010 du lancement de la base Gracia, recensant l’art espagnol.
Parallèlement à ces nouveaux axes de travail, le département des Peintures
poursuit sa politique de publication de catalogues sommaires de ses collections ;
après l’école italienne, puis les écoles flamande et hollandaise, le solde des écoles
étrangères (allemande, anglaise, espagnole, danoise, suisse, etc.) est à présent prêt
pour publication.
Par ailleurs, la préparation des expositions prévues pour les prochaines années a
entraîné des recherches importantes, souvent menées en partenariat avec le Centre
de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), portant sur Léonard
de Vinci, Raphaël, Giotto, Delacroix ou Rubens.
Enfin, il convient de rappeler que les différentes activités d’un département
patrimonial – acquisitions, restaurations, préparations d’accrochages, diverses
publications – engendrent tout un lot de recherches consacrées aussi bien aux
collections du musée du Louvre qu’à celles de musées en régions.
V. Pomarède
68
 The Department of Paintings’ international reach in terms of the projects initiated by its
research staff has been strengthened over the last few years through the introduction of networks
and reference forums titled “Study Days”, devised to enable specialists from various countries to
meet and discuss topical issues.
One example of this activity is the completion of a new inventory of sixteenth-century French
and Dutch paintings, which has contributed to the creation of a research network focusing on this
period, and a series of Study Days on Rembrandt, Watteau, Leonardo, and Raphael, with relative
research networks specific to these artists.
The launch of the online databases of the American (La Fayette Database) and English Schools (the
Outre-Manche database), led to the creation of the GRACIA database of Spanish art, effective since 2010.
In parallel with these new areas of activity, the Department of Paintings is pursuing its policy of
publishing catalogues sommaires of its collections. Following the catalogues of the Italian, Flemish,
and Dutch Schools, catalogues of all the remaining foreign Schools (German, English, Spanish,
Danish, Swiss, etc.) are now ready for publication.
The preparation of exhibitions scheduled for the coming years has led to other major research
programmes, often conducted in partnership with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France) and focusing on Leonardo da Vinci, Raphael, Giotto, Delacroix, and Rubens.
Lastly, it is important to note that a cultural heritage department’s various activities—acquisitions,
restoration work, exhibition preparation work, and various publications—generate daily research
on the Louvre’s collections and those in regional museums.
Peintures
Journées d’étude autour de la collection de peintures de Raphaël et de son atelier
Projet suivi par Vincent Delieuvin
En vue de l’exposition consacrée aux dernières années de
Raphaël, organisée en 2012 en collaboration avec le musée du
Prado et avec le commissariat scientifique de Paul Joannides et
Tom Henry, une nouvelle étude des tableaux du maître a été
lancée fin 2008.
Le Louvre possède un ensemble remarquable de seize œuvres
peintes par Raphaël et son cercle, d’une grande diversité thématique (portraits d’apparat et portraits intimes, grands tableaux d’autel et petites peintures de dévotion privée), posant
souvent de difficiles problèmes d’attribution entre le maître et
les membres de son atelier. À côté de chefs-d’œuvre entièrement autographes comme le Portrait de Baldassare Castiglione,
en très bel état de conservation, les quatre tableaux envoyés
à la cour de François Ier en 1518 présentent en effet des différences d’exécution, liées à la participation plus ou moins
importante de l’atelier. Afin d’enrichir les comparaisons, les
œuvres de la période mantouane de Giulio Romano ont aussi
été prises en compte.
Pour tenter d’aider ce travail de connoisseurship, il a été décidé de réexaminer au laboratoire du C2RMF toutes ces peintures, afin de renouveler les informations obtenues lors de la
précédente campagne d’étude menée à l’occasion de la grande
rétrospective de 1983. Le nombre et la qualité des examens se
sont en effet considérablement accrus, notamment la réflectographie infrarouge, très performante depuis la récente acquisition de la caméra Osiris. Un travail similaire a été entrepris par
le musée du Prado sur sa riche collection, ce qui a permis de
multiplier les comparaisons entre les œuvres.
L’ensemble des résultats obtenus a été présenté à un groupe
de trente spécialistes lors de deux journées d’étude, les 18 et
19 octobre 2010. La première journée s’est d’abord consacrée à l’analyse croisée de trois retables tardifs de Raphaël et
de son atelier conservés au Louvre et au Prado : la Madonna
della Quercia, La Perla et la Grande Sainte Famille de François Ier.
Étonnamment, cet examen a révélé des procédés diversifiés
de mise en œuvre de la composition, laissant soupçonner une
utilisation différente des dessins préparatoires. La journée s’est
ensuite concentrée sur le problème de l’état de conservation
des peintures transposées de bois sur toile. Plusieurs tableaux
de Raphaël ont en effet été transposés dès la seconde moitié du
xviiie siècle, et plusieurs autres, prélevés en Europe (la Madone
de Foligno du Vatican ou le Spasimo di Sicilia du Prado), ont
connu en France le même traitement jugé alors salutaire. Le recoupement des études scientifiques sur tous ces tableaux transposés, aujourd’hui conservés dans des institutions différentes,
s’avère essentiel pour comprendre l’évolution des techniques
de transposition en France depuis le milieu du xviiie siècle,
et pour appréhender au mieux les restaurations futures. À
ce titre, le cas du Grand Saint Michel a été abordé : quelques
tests d’allègement de vernis ont été présentés, et l’état correct
de l’œuvre a pu être constaté, excepté la partie inférieure de
l’ancienne planche gauche. Le projet de restauration, soutenu
par tous les experts, pourrait commencer après l’exposition. La
seconde journée s’est déroulée dans les salles du musée avec les
tableaux décrochés et décadrés. Chacun a été étudié par observation directe et avec l’aide des dernières images scientifiques
projetées sur écran.
Journées d’étude Raphaël (séance du 19 octobre 2010), Saint Michel terrassant
le démon (INV. 610)
La richesse des informations fournies par l’imagerie scientifique nécessite désormais une analyse plus fine. Les réflectographies infrarouges ont livré par exemple d’intéressants
rapprochements avec certains des dessins préparatoires, dont
l’attribution est aussi débattue que celle des peintures. Pour
mieux comprendre la diversité des procédés d’exécution rendue évidente à travers toutes ces études, il s’avère indispensable
de les comparer aux résultats obtenus sur d’autres œuvres,
notamment celles conservées au musée de Capodimonte, où
l’intervention de l’atelier est manifeste. Ces deux journées ont
suscité un grand enthousiasme et plusieurs collègues, dont
ceux de Naples, ont proposé de procéder à des examens sur
leurs œuvres et d’en présenter les résultats lors de la journée
d’étude publique organisée au Louvre le 25 juin 2011.
V. Delieuvin
 A new study of the remarkable set of sixteen works painted by Raphael
and his circle was launched at the end of 2008, ahead of an exhibition
devoted to the master’s later years, scheduled for 2012. Since the last study
was conducted for the grand retrospective in 1983, the investigations have
become more sophisticated, particularly the infrared reflectography with
the recent acquisition of an Osiris camera. The Museo Nacional del Prado
(Madrid) has conducted similar studies, enabling more comparisons to be
made between the works.
All the results were presented to a group of specialists during the Study
Days of 18 and 19 October 2010. The first day was devoted to the analysis
of three late retable paintings by Raphael and his atelier, held in the Louvre
and the Prado: the Madonna della Quercia, La Perla, and The Holy Family of
Francis I. The analysis revealed that a variety of processes was used to
produce the composition, indicating that the preparatory drawings may
have been used for a different purpose. The second part of the day focused
on the problem of the state of conservation of paintings that have been
transferred from wood to canvas. The project to restore St Michael Slaying
the Devil—after a presentation of the work’s condition and varnish removal
tests—was approved by all the experts and will begin after the exhibition.
The second day was spent in the Museum’s exhibition rooms looking at
paintings that had been taken down and their frames removed. Each
painting was studied through direct observation, and with the use of the
latest scientific images projected on a screen.
Following these Study Days, several colleagues including those from
Naples, offered to conduct investigations on their own works and present
the results on the public Study Day organised at the Louvre on 25 June 2011.
69
Travaux de recherche
La base de données La Fayette
Projet suivi par Guillaume Faroult
70
l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris. L’institution
La base de données « La Fayette. L’art des États-Unis dans les
conserve en effet un nombre appréciable de projets de la main
collections publiques françaises (1620-1940) » est un catalogue
des artistes américains étudiant à l’École des beaux-arts dans la seen ligne des œuvres d’art des États-Unis (peintures, sculptures,
conde moitié du xixe siècle. Une enquête spécifique a en outre été
objets d’art, œuvres graphiques) conservées dans les collections
publiques françaises qui a été entrepris à l’initiative d’Olivier
menée sur les colonies d’artistes américains à la fin du xixe siècle
Meslay, alors conservateur au département des Peintures, et
en Bretagne, en Normandie et auprès de maîtres charismatiques
dont la première mise en ligne remonte au 13 juin 2006. Cette
tel le sculpteur Auguste Rodin. Enfin, un grand effort a été fait
vaste entreprise a été soutenue par la Terra Foundation for Amepour obtenir les droits de reproduction auprès de certaines instirican Art et The Henry Luce Foundation. Depuis cette date, la
tutions et particulièrement auprès du musée d’Orsay, qui a bien
base a été régulièrement actualisée et une dernière campagne
voulu nous permettre d’illustrer sur notre base son fonds excepde collecte d’informations, de photographies et d’études des
tionnel de façon bien plus importante qu’auparavant.
œuvres sur le terrain a été entreprise de janvier à mai 2010 par
Au terme de cette aventure qui a été menée sur plus de cinq
Marie-Alice Loiseau sous la direction de Guillaume Faroult.
années, le catalogue La Fayette permet désormais de mesurer
Pour la première fois était proposée à un vaste public d’inl’importance et, dans certains domaines ou pour certaines
ternautes (aussi bien les spécialistes du domaine qu’un public
périodes chronologiques comme la fin du xixe siècle, la riplus large) la vision la plus complète possible du vaste fonds
chesse d’un pan jusqu’à présent très méconnu des collections
d’œuvres conservées dans les collections publiques françaises
publiques françaises.
et exécutées aux États-Unis ou par des artistes originaires
G. Faroult
des États-Unis depuis la fondation de la colonie au début du
xviie siècle et jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
 The database entitled La Fayette. L’art des Etats-Unis dans les collections
publiques françaises (1620–1940) (Art from the United States in French
Pour chaque œuvre est proposée une fiche individuelle préciPublic Collections (1620–1940)) is an online catalogue of American works
sant ses titre, technique, dimensions, numéro d’inventaire, hisof art (paintings, sculptures, objets d’art, prints and drawings) held in
torique, mode d’acquisition, bibliographie et, chaque fois que
French public collections. It was set up on the initiative of Olivier Meslay,
les droits de reproduction le permettent ou que l’image existe,
who was at the time a curator in the Department of Paintings, and first
le lieu où elle est reproduite ; le lieu de conservation est préappeared online on 13 June 2006. This massive undertaking was supported
cisé, avec un lien externe vers le site Internet de l’institution.
by the Terra Foundation for American Art and The Henry Luce Foundation.
Le catalogue présente désormais plus de mille sept cents œuvres
Since that date, the database has been regularly updated and the last
diverses, dont mille deux cents sont illustrées. Cet outil permet
initiative to collect information and photographs, and conduct in-the-field
de prendre la mesure de ce pan méconnu du patrimoine public
studies of works was carried out in January to May 2010 by Marie-Alice
Loiseau, under the direction of Guillaume Faroult.
français tout en offrant la possibilité d’étudier et de découvrir
For the first time, the site offered a large number of Internet users
l’art américain, qui est souvent peu pris en compte en dehors
(specialists and the wider public) the chance to view the largest possible
des États-Unis, surtout pour ce qui concerne les périodes les plus
number of works held in the vast French public collections. They were
anciennes, antérieures à 1850. La base La Fayette permet ainsi
produced in the United States or by artists originating from the United
d’identifier les fonds d’œuvres d’art américaines du musée du
Sates from the foundation of the artist’s colony in the seventeenth century
Quai Branly (avec un ensemble important de peintures indiennes
to just before World War II.
du peintre George Catlin commandées par le roi Louis-Philippe
dès 1846) ou du musée du Louvre (avec quatre peintures de
Gilbert Stuart, Benjamin West et Thomas
Cole, de la fin du xviiie siècle ou de la première
moitié du xixe siècle) à Paris mais aussi du
musée de la Coopération franco-américaine à
Blérancourt ou du musée du Nouveau-Monde
à La Rochelle. Mais c’est surtout au musée
d’Orsay (avec plus de deux cents œuvres)
que la collection est particulièrement riche
et significative, car, dès la seconde moitié du
xixe siècle, les artistes américains affluèrent à
Paris pour faire leur apprentissage ou exposer,
incitant l’administration française à procéder
à un nombre appréciable d’achats, voire de
commandes à certains créateurs de premier
plan tels Whistler, Homer ou Sargent, pour
ne citer que quelques peintres.
Lors de la dernière campagne d’actualisation
de la base de données, un effort particulier a
été consacré à l’étude de l’important fonds
d’œuvres (graphiques notamment) conservé à
Page d’accueil de la base de données La Fayette
Peintures
Nouvelle édition du Catalogue
des peintures françaises du musée
du Louvre
Projet suivi par Élisabeth Foucart-Walter
La plupart des conservateurs chargés de la peinture française
travaillent sous la direction d’Élisabeth Foucart-Walter à la
mise à jour de ce catalogue, dont la dernière édition remonte à
1986. Si les œuvres des artistes nés après 1820, qui sont exposées depuis décembre 1986 au musée d’Orsay, ne doivent plus
y être prises en compte, en revanche y figureront toutes les acquisitions (achats, dons, retours de dépôt…) effectuées depuis
cette date, ce qui porte le nombre des tableaux catalogués à
près de trois mille cinq cents. Comme dans les autres volumes
de la nouvelle édition du catalogue sommaire des peintures
du musée du Louvre (2007 pour les peintures italiennes, 2009
pour les peintures flamandes et hollandaises, 2011 pour les
peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes,
scandinaves et diverses), l’origine des œuvres et la bibliographie ont été enrichies par rapport aux catalogues plus anciens.
Autre innovation, les notices sont réparties en sections chronologiques correspondant aux grandes périodes de l’histoire
de la peinture, et non plus classées par ordre alphabétique.
É. Foucart-Walter
 A majority of the curators of the Louvre’s French painting division are
working under the direction of Elisabeth Foucart-Walter on updating this
catalogue, last published in 1986. All the acquisitions made since that date
will appear in the new edition. The range and quality of the works (around
3,500) and the bibliography have been augmented relative to previous
catalogues. The entries will be arranged in chronological sections corresponding to the main periods in the history of painting, and will no longer
be in alphabetical order.
Coordination éditoriale du Catalogue
des peintures espagnoles, anglaises,
allemandes, autrichiennes, scandinaves
et diverses
Projet suivi par Élisabeth Foucart-Walter
Ce nouveau catalogue (le précédent remonte à 1981), qui fait
suite au volume de l’école italienne (paru en 2007) et à celui
des écoles flamande et hollandaise (paru en 2009), est conçu
de la même manière que ces deux derniers, soit, pour chaque
peinture, une notice illustrée pourvue d’un historique approfondi et d’une sélection des principales références bibliographiques. Le nombre de tableaux catalogués s’élève à cinq cent
trente-cinq numéros. Les notices qui avaient été préparées en
vue d’une publication prévue initialement en 2003 ont toutes
été mises à jour et complétées ; les historiques, notamment,
ont été singulièrement améliorés, grâce aux nouveaux instruments de recherche que constituent les bases informatisées
Getty (régulièrement enrichie) et Lugt (catalogues de vente antérieurs à 1900 en ligne). Un jeu d’index (par noms d’artistes,
titres des œuvres, provenances : commanditaires, collectionneurs, marchands et donateurs) assure à l’ouvrage sa fonction
attendue d’instrument de recherche, notamment pour ce qui
concerne l’histoire des collections et du goût.
Le Catalogue des peintures espagnoles, anglaises, allemandes, autrichiennes, scandinaves et diverses, par Olivier Meslay et Élisabeth
Foucart-Walter, Musée du Louvre éditions et Gallimard, paraîtra
en 2011.
É. Foucart-Walter
 The new catalogue (535 paintings) is arranged in the same way as the
two preceding volumes (a volume of the Italian School, 2007; and a
volume of the Flemish and Dutch Schools, 2009): the format includes an
illustrated entry for each painting, together with a detailed historical
account and a selected bibliography. The Getty and the Lugt computer
databases, which are new research tools, aided in the completion of the
historical background of each work. A series of indexes (particularly the
listing of provenances: patrons, collectors, dealers, and donors) ensure that
the new catalogue fulfils its required function as a research tool, particularly
where the history of the collections and style are concerned.
Base Gracia
Projet suivi par Guillaume Kientz
Dans la continuité des précédentes bases en ligne La Fayette
et D’Outre-Manche, la base Gracia se propose de recenser et
étudier l’art hispanique conservé dans les collections et monuments publics français. Le projet inclura ainsi le Portugal et
l’Amérique latine et, bien que lancé à l’initiative du département des Peintures, il souhaite élargir son champ d’investigation aux sculptures, arts décoratifs et arts textiles. Très dispersé
entre les musées et les églises du territoire, l’art hispanique est
cependant bien représenté en France, mais peu connu. La collecte et l’étude des données seront ainsi l’occasion de rendre
plus visible cette richesse patrimoniale, de l’accompagner par
la publication de découvertes et l’organisation de cours et/ou
de conférences, voire de proposer un cycle d’expositions diffusant les résultats du travail effectué. Le projet sera mené en partenariat scientifique avec l’Institut national d’histoire de l’art
(INHA) et en collaboration avec nos collègues des principaux
musées et instituts de recherche hispaniques. Nous signalons
enfin la création d’une Association française des historiens de
l’art ibérique et latino-américain, qui accompagnera tout naturellement cette initiative.
G. Kientz
 As a continuation of the preceding online databases, La Fayette and
Outre-Manche, the Gracia database aims to study and compile a list of
Hispanic art held in French institutions and collections. The project will
therefore include Portugal and Latin American countries, and will extend its
field of investigation to sculptures, the decorative arts, and textiles. The
project will be conducted in partnership with the INHA (French National
Institute of Art History), and in collaboration with our colleagues from the
principal Hispanic museums and research institutes.
71
Travaux de recherche
Répertoire des peintures italiennes
conservées dans les collections
publiques de France (Retif, étude
coordonnée par l’INHA)
Projet suivi au musée du Louvre par Vincent Delieuvin,
Jean Habert, Stéphane Loire et Dominique Thiébaut
L’Institut national d’histoire de l’art (INHA) a entrepris depuis
2001 de répertorier les tableaux italiens conservés en France
dans les musées et les institutions publiques. Douze mille
œuvres exécutées entre le xiiie siècle et 1914 sont actuellement
recensées, qu’il s’agit de localiser, identifier et documenter.
Ce projet est mené en collaboration avec la direction générale des Patrimoines du ministère de la Culture et les conservateurs des musées, de l’Inventaire, des Antiquités et Objets
d’art. Des séances de travail réunissent régulièrement, sous
l’autorité scientifique de Michel Laclotte, des spécialistes de
peinture italienne, universitaires, conservateurs ou chercheurs
français et étrangers, afin de proposer de nouvelles identifications. Les quatre conservateurs responsables de la peinture italienne au département des Peintures, Vincent Delieuvin, Jean
Habert, Stéphane Loire et Dominique Thiébaut, participent
au Retif (Répertoire des tableaux italiens dans les collections
publiques françaises), soit en assistant aux séances de travail,
soit en transmettant des avis sur les tableaux relevant de leur
compétence. Retif fait partie des vingt-deux bases de données
intégrées à l’ensemble des ressources documentaires de l’INHA
sous le vocable d’Agorha. Adresse Internet : www.inha.fr
J. Habert
 Since 2001, the INHA (French National Institute for Art History) has
been compiling an inventory of the Italian paintings held in French
museums and public institutions. Twelve thousand works produced
between the thirteenth century and 1914 are currently listed; they are
gradually located, identified, and documented. This project is being
conducted in collaboration with the Department of Cultural Heritage in the
French Ministry of Culture and a large team of curators. The four curators
of Italian painting from the Department of Paintings—Vincent Delieuvin,
Jean Habert, Stéphane Loire, and Dominique Thiébaut—are participating
in the RETIF (Inventory of Italian Paintings in French Public Collections).
Internet address: www.inha.fr.
Préparation de l’exposition « Autour
de Giotto » (titre provisoire)
Projet suivi par Dominique Thiébaut
72
Cette manifestation, qui se tiendra au musée du Louvre (salle
de la Chapelle) au printemps 2013, a pour point de départ trois
chefs-d’œuvre du Trecento conservés au Louvre, Saint François
recevant les stigmates, une monumentale croix peinte qui sera
restaurée pour l’occasion, et la Crucifixion acquise par le musée
en 1999, tous représentatifs des différentes phases de l’activité
de Giotto (vers 1267 – 1337) et de ses assistants comme de la
variété de sa production. Elle se propose bien sûr de mettre en
évidence l’apport intellectuel et plastique du grand maître florentin, principal artisan du renouveau de la peinture occiden-
tale depuis l’Antiquité, le rayonnement de son art, mais aussi
d’aborder des questions telles que la finalité de certains de ses
tableaux, l’organisation de son atelier et la pertinence, dans
le contexte de la peinture du Trecento, du concept moderne
de création autographe… Un relief particulier sera donné au
séjour napolitain du grand maître florentin car les liens étroits
entretenus par les souverains angevins avec leurs cousins français peuvent expliquer la diffusion précoce des nouveautés
giottesques sur notre sol et l’arrivée très ancienne de peintures
et manuscrits en provenance de Naples.
D. Thiébaut
 Three masterpieces from the Trecento in the Louvre, which are
representative of the various phases in the career of Giotto (ca. 1267–1337)
and show the diversity of the work that he and his assistants produced, are
the starting point of this exhibition dedicated to the Florentine master, his
bottega, and the influence of his art. Particular emphasis will be placed on
Giotto’s sojourn in Naples and the very early arrival of Neapolitan works in
France, which was partly due to the links between the Angevin monarchs
and their French cousins.
Préparation d’une exposition-dossier
autour des deux triptyques du couvent
Santa Maria degli Angeli de Rimini
Projet suivi par Dominique Thiébaut
Cette exposition prévue au palais Fesch – musée des Beaux-Arts
d’Ajaccio à l’automne 2012 se propose d’attirer l’attention sur
l’un des plus beaux « primitifs » parvenus à Ajaccio avec les tableaux du cardinal Fesch, un triptyque peint durant le second
quart du xive siècle à Rimini, et de le confronter à deux panneaux, L’Adoration des Mages et La Vision de la bienheureuse Claire
de Rimini, respectivement conservés à Miami et à Londres, qui
proviennent d’un retable de structure voisine et présentent avec
lui une parenté iconographique et stylistique frappante. Il y a
tout lieu d’identifier ces deux ensembles avec les tableaux que
l’érudit Garampi décrit en 1755 au couvent de Santa Maria degli
Angeli de Rimini, à l’endroit du monastère fondé par l’obscure
pénitente. On se penchera sur la légende de Claire et le culte
dont elle fit précocement l’objet, ainsi que sur la date et l’attribution respectives des deux « triptyques ». D’autres tableaux et
fresques permettront d’évoquer la scène artistique riminaise, et
en particulier l’activité de Francesco da Rimini et de son atelier, en qui une partie de la critique actuelle est tentée de voir
l’auteur des retables de Santa Maria degli Angeli.
D. Thiébaut
 The exhibition will focus on the beautiful triptych of Ajaccio (Corsica)
painted in the later fourteenth century in Rimini, which will be shown
alongside The Adoration of the Magi (Lowe Art Museum, Miami) and The
Vision of the Blessed Clare of Rimini (National Gallery, London), all three of
which can be identified with two altarpieces witnessed in 1755 by Cardinal
Giuseppe Garampi at the convent of Santa Maria degli Angeli in Rimini.
Other paintings and frescoes will give visitors an idea of the artistic milieu
in Rimini, and particularly the work of Francesco da Rimini, to whom these
panels have been recently attributed.
Peintures
Projet de recherche sur la technique
des peintres actifs en Provence au
cours des années 1430-1520
Projet suivi par Dominique Thiébaut
Une étude d’ensemble sur la technique des peintres actifs en
Provence occidentale durant le xve siècle et le début du xvie siècle
s’avérerait particulièrement intéressante pour mieux cerner les
pratiques en vigueur dans un foyer dont l’éclat a attiré des artistes
des Pays-Bas, du nord de la France, d’Italie et d’Espagne... Citons
parmi ceux-ci les noms de Barthélemy d’Eyck, Enguerrand Quarton, Nicolas Froment, Josse Lieferinxe. Les investigations scientifiques pratiquées jusqu’à présent ont livré des informations
passionnantes, par exemple sous l’angle du dessin sous-jacent.
Par chance, on dispose d’un corpus de tableaux bien défini, aisément maîtrisable (une centaine d’œuvres) et majoritairement
conservé sur le sol français, et, fait exceptionnel, les archives
provençales conservent un nombre élevé de textes, surtout des
actes notariés, riches de nombreuses mentions sur la technique
des menuisiers et des peintres. Cette enquête se propose donc
d’affiner le recensement de cette production, de poursuivre la
collecte documentaire et bien entendu d’entreprendre, cette
fois de façon systématique, avec le concours du C2RMF et du
Centre interrégional de conservation et de restauration du patrimoine basé à Marseille, l’analyse matérielle de tous ces tableaux.
D. Thiébaut
 Many artists from Holland, Northern France, Italy, and Spain were
attracted to western Provence during the late fifteenth and early sixteenth
centuries: a comprehensive study of the techniques they employed would be
particularly useful for gaining a better understanding of the practices of this
school of painting. It would take into account the scientific analyses conducted
on their paintings, and the many technical data found in the archives.
Recensement de la peinture française
et néerlandaise du xvie siècle
Projet suivi par Cécile Scailliérez
La connaissance de la peinture française du xvie siècle est
encore très largement faussée par la prééminence historiographique de l’art de cour incarné par le style italianisé de
Fontainebleau et par le portrait officiel porté à son sommet par
Clouet. Non seulement cet art a plus qu’on ne l’a cru essaimé
dans toute la France au gré des possessions seigneuriales, mais
une autre peinture française, parfois très marquée par la présence d’artistes des Pays-Bas, s’est développée dans bien des
foyers régionaux, que des expositions ont depuis vingt ans
commencé à mettre en lumière (en Bourgogne, en Provence).
Entrepris en 2006 sans autres moyens que l’enthousiasme et
la collaboration généreuse des conservateurs et documentalistes
chargés de ce patrimoine, le recensement de cette peinture française méconnue, souvent en piètre état et perdue dans les églises
et les réserves des musées, vient de trouver auprès de la société
japonaise Kinoshita le soutien indispensable à sa mise en œuvre
systématique et à la constitution d’une base de données.
C. Scailliérez
 Information on sixteenth-century French paintings—which are often
in poor condition and distributed (but not documented) around the
country in churches and museum storerooms—still largely suffers from the
historical bias for the kind of court art epitomised by the Italian manner of
the Palace of Fontainebleau, and the style of official portraiture perfected
by Clouet. Begun in 2006, the project to compile an inventory of the works
has now received crucial backing from the Japanese company Kinoshita,
enabling a more systematic approach to the project and the creation of a
comprehensive database.
Préparation des journées d’étude
autour de Jean Cousin
Projet suivi par Cécile Scailliérez
Un seul ouvrage a été consacré à Jean Cousin, qui fut l’une
des figures les plus éminentes de la Renaissance française :
celui de Firmin-Didot, publié en 1873, il y a plus de cent trente
ans. Les travaux de Roy dans le premier tiers du xxe siècle, qui
ont exhumé de nouvelles archives et révélé qu’il y avait deux
Cousin, le père (vers 1500 – 1560) et son fils (vers 1522 – vers
1594), puis les chapitres qu’Henri Zerner a consacrés à Jean
Cousin Père dans son Art de la Renaissance en France (1996),
ont depuis élargi notre intelligence de cet artiste dont l’œuvre
touche, à partir du dessin, tous les domaines : peinture – décor
éphémère, vitrail, tapisserie, broderie et enluminure compris –,
sculpture, orfèvrerie, armure, livre et gravure. Les journées
d’étude Jean Cousin organisées par le département des Peintures les 15 et 16 novembre 2011 sont conçues comme un état
de la question, que l’on espère préliminaire à une exposition :
une première journée autour des collections du Louvre dans
les quatre domaines de la peinture de chevalet, du dessin, de la
tapisserie et de la sculpture, suivie d’une journée publique articulée en plusieurs tables rondes faisant intervenir et débattre
les chercheurs qui dans tous ces domaines ont récemment
apporté des documents ou des œuvres inédites.
C. Scailliérez
 The last book devoted entirely to Jean Cousin was published in 1873.
Since then, extensive research has revealed the existence of two painters of
this name—father and son—now respectively named Jean Cousin the Elder
and Jean Cousin the Younger. The special Study Days devoted to Jean
Cousin organised by the Department of Paintings for 15 and 16 November
2011 are designed to examine the current state of inquiry. The first day will
focus on works held in the Louvre (easel-paintings, drawings, tapestries,
and sculptures), and will be followed by an open day consisting of several
roundtable discussions between researchers.
Préparation de l’exposition
« La Sainte Anne de Léonard de Vinci »
Projet suivi par Vincent Delieuvin
La préparation et le suivi de la restauration – en cours – de la
Vierge à l’Enfant avec sainte Anne de Léonard de Vinci est l’occasion de reconsidérer sa genèse complexe. Déjà, la redécouverte
en 2005 d’une mention manuscrite d’octobre 1503 dans un
73
Travaux de recherche
incunable de la bibliothèque de Heidelberg avait ouvert une
nouvelle hypothèse, selon laquelle l’exécution picturale aurait
débuté dès cette date. Les analyses scientifiques effectuées au
laboratoire du C2RMF en 2008 ont enfin permis de révéler les
contours du carton utilisé par Léonard, dont la composition,
sensiblement différente de celle du tableau, nous est donnée
par plusieurs copies anciennes. Ces informations permettent
de proposer une chronologie plus fine des nombreux dessins
préparatoires que l’on peut relier à plusieurs copies peintes,
probablement dans l’atelier du maître, qui s’avèrent en fait des
versions d’un état intermédiaire de la composition. L’évolution formelle et iconographique de cet ambitieux chef-d’œuvre
peut ainsi être retracée.
L’exposition « La Sainte Anne de Léonard de Vinci » se tiendra au musée du Louvre, hall Napoléon, au printemps 2012.
V. Delieuvin
 The scientific analyses conducted in 2008 at the C2RMF (Centre for
Research and Restoration of the Museums of France) on the Museum’s
version of the Virgin and Child with St Anne by Leonardo da Vinci have
revealed the outlines of the cartoon Leonardo used whose composition is
noticeably different from that of the final painting, but arises in several
early copies. This discovery has facilitated a more precise chronology of the
many preparatory drawings related to the various painted copies, which
were probably produced in the master’s workshop, and are intermediate
versions of the definitive composition.
« Nature et idéal. Le paysage à Rome,
1600-1650. Carrache, Poussin,
le Lorrain »
Projet suivi par Stéphane Loire
Cette exposition, également présentée à Madrid, au Museo
Nacional del Prado, avait pour ambition d’illustrer les développements les plus significatifs de l’histoire de la peinture de
paysage à Rome dans la première moitié du xviie siècle, à travers quelque quatre-vingts peintures et une vingtaine de dessins. Auparavant, le paysage n’existait pas en tant que genre
autonome dans la peinture européenne et c’est dans la Ville
éternelle que cette nouvelle catégorie picturale va s’épanouir.
D’Annibal Carrache à Adam Elsheimer, de Paul Bril à Pierre
Paul Rubens, de Claude Lorrain à Nicolas Poussin en passant
par Gaspard Dughet, quelques-uns des plus grands peintres du
xviie siècle ont contribué à l’émergence du paysage peint. Exposées selon un parcours chronologique, leurs œuvres présentées
ont mis en évidence les grandes articulations de l’histoire du
paysage peint à Rome pendant la première moitié du siècle.
S. Loire
 This exhibition of around eighty paintings and twenty drawings—
which will travel to the Prado in Madrid—illustrates the key stages of
the development of landscape painting in Rome in the first half of the
seventeenth century, following the chronology and main orientations as
they evolved.
74
« L’Antique selon François Perrier.
Les Segmenta nobilium signorum
et leurs modèles »
Projet suivi par Sylvain Laveissière
Ouvrage au succès durable jusqu’au début du xixe siècle, les
Segmenta nobilium signorum publiés par le peintre et graveur
François Perrier (Pontarlier, vers 1594 – Paris, 1649) à Rome
en 1638 ont longtemps constitué le répertoire le plus complet
des sculptures antiques alors conservées dans la Ville éternelle.
Cette étude analyse l’ouvrage de Perrier en tant que projet
artistique et pédagogique : choix des œuvres les plus importantes des grandes collections romaines ; rôle dans la diffusion
des modèles antiques auprès des artistes et des amateurs, dix
ans avant la fondation de l’Académie royale ; utilité pour l’administration des Bâtiments du Roi, qui s’y référera pour choisir
les œuvres à faire copier par les pensionnaires de l’Académie
de France à Rome. Elle l’envisage aussi sous l’angle éditorial :
les six états du célèbre titre-frontispice en retracent le parcours
d’un éditeur à l’autre ; les contrefaçons attestent son utilité.
Elle propose enfin pour la première fois la reproduction intégrale des cent planches mises en regard des sculptures antiques
(dont deux seulement n’ont pu être localisées), dans leur état
actuel, photographiées sous le même angle.
S. Laveissière
Bibliographie
Laveissière (S.), « L’Antique selon François Perrier. Les Segmenta nobilium
signorum et leurs modèles », dans Poussin et la construction de l’antique,
actes du colloque (Académie de France à Rome, 2009), sous la dir. de
Bayard (M.), Paris, Somogy, 2011, p. 49-287.
 The Segmenta nobilium signorum, published in Rome in 1638 by the
painter and etcher François Perier (born circa 1594, Pontarlier, died 1649,
Paris), has long served as the most complete record of the antique
sculptures conserved in Rome at that time. This new study analyses Perrier’s
work, and also provides—for the first time—a complete reproduction of
the 100 original plates, compared alongside photographs of the relative
antique sculptures (only two of which could not be located). To be
published in the proceedings of the seminar “Poussin et l’Antique” (Poussin
and the Antique), Académie de France in Rome, in 2011.
« Rubens et l’Europe »
Projet suivi par Blaise Ducos
Il s’agit d’éclairer l’époque de Rubens à partir de ses œuvres, de
donner à comprendre le contexte européen (politique, social,
religieux, économique). Rubens comme organisateur de fêtes
splendides, de cérémonies baroques sera au cœur du propos.
Le fil conducteur de l’exposition relie les correspondants de
l’artiste et les cours qu’il fréquenta ou pour lesquelles il eut à
travailler. Au système des Habsbourg et de leurs vassaux qui dominent l’Europe durant le premier xviie siècle s’ajoute la « république des lettres ». Madrid, Vienne, Bruxelles et Anvers, mais
aussi Prague, Mantoue, Londres et Paris s’affirment comme
les repères de cette histoire rubénienne en Europe – avec une
place toute particulière qu’il faut octroyer à Rome.
Peintures
Rubens met au point une machine entrepreneuriale avant
la lettre, de portée européenne. Aucune forme d’art ne lui est
étrangère et toutes peuvent se réclamer d’un premier moment
rubénien. Ce qui justifie de mêler, au corpus de Rubens, des
œuvres d’autres artistes, sculpteurs, ciseleurs, orfèvres, ornemanistes… Européenne, l’exposition vise ainsi à illustrer l’infinie variété des formes artistiques qui composèrent l’univers de
Rubens.
B. Ducos
 The exhibition traces the many correspondents and courts which the
artist either visited or received commissions from. In professional terms,
Rubens developed a Europe-wide entrepreneurial approach that was well
ahead of its time. Because he excelled in every field of artistic production,
his stylistic influence can be seen on all of them—hence the decision to
include works by other artists, sculptors, chasers, goldsmiths, and ornamentalists, in the Rubens corpus.
« Rembrandt et la figure du Christ »
Projet suivi par Blaise Ducos
Partant de la mention énigmatique d’un Christ peint « d’après
nature » parmi les possessions de Rembrandt recensées lors
de sa banqueroute de 1656, l’exposition réunissait les œuvres
semblant éclairer ce mystère. Il s’agit d’un groupe de têtes
montrant un même jeune homme – un modèle ayant posé
dans l’atelier de Rembrandt. Parmi ces têtes, certaines sont
bien connues et conservées dans des musées (Berlin, Detroit,
Philadelphie, Cambridge, Amsterdam) ; d’autres, encore en
mains privées, sont réapparues récemment au cours des quatre
ans de préparation du projet. L’exposition donnait l’occasion
de comparer les œuvres, de les mettre en regard des Pèlerins
d’Emmaüs du Louvre, autour duquel elles gravitent. Cette réunion inédite avait pour objectif, non seulement d’offrir l’occasion d’approcher le fonctionnement de l’atelier de Rembrandt,
mais aussi de donner un aperçu de la capacité d’innovation du
maître d’Amsterdam. Prendre un modèle vivant, sans doute
issu de la communauté juive d’Amsterdam, pour qu’il prête
ses traits au Christ est une démarche saisissante – un raccourci
historique. Autour de ce noyau, l’exposition mettait en scène
les différents moments où, au long de la carrière de l’artiste, ses
recherches sur la figure du Christ se sont cristallisées.
B. Ducos
 Taking its cue from the enigmatic mention of a Christ painted “from
life” in the inventory of Rembrandt’s possessions compiled when he went
bankrupt in 1656, the exhibition brings together a series of portraits (on loan
from museums in Berlin, Detroit, Philadelphia, Cambridge, Amsterdam, and
others from private collections) of the same young man—a model who
posed for Rembrandt in his atelier. The exhibition provides a unique
opportunity to compare these works, and view them in the context of the
Louvre’s The Pilgrims at Emmaus.
La coupole du pavillon du palais
Bourbon, projet de recherche pour
sa reconstitution dans les salles des
Objets d’art du xviiie siècle
Projet suivi par Marie-Catherine Sahut
Le Louvre conserve depuis la dernière guerre une coupole
d’Antoine François Callet (1741-1823) peinte sur toile vers
1775 pour le pavillon du palais Bourbon à Paris (inventaire
MNR 572). C’est l’un des rares vestiges conservés des « folies »
à coupoles qui fleurirent dans le dernier quart du xviiie siècle.
Construit par l’architecte Bellisard sur ordre de Louis Joseph de
Bourbon, prince de Condé, le pavillon était célèbre pour son
décor intérieur. Peinte en trompe l’œil, la coupole du salon
imitait une galerie circulaire sur laquelle étaient disposées les
figures mythologiques de Vénus et de sa suite. Démarouflée
en 1846 lors de la destruction du bâtiment, la toile est actuellement conservée en morceaux. Après restauration, elle prendra place, en 2013, au centre du parcours des Objets d’art du
xviiie siècle, au premier étage du pavillon Marengo. Le chantier
donne l’occasion de revenir, à la suite de Jacques Wilhelm, sur
l’histoire de ce décor, fort bien documentée grâce aux archives
des Bourbon-Condé au château de Chantilly.
M.-C. Sahut
 Since World War II, the Louvre has held a painting of a cupola (canvas,
ca. 1775) commissioned from Antoine-François Callet (1741–1823) for the
reception room in the apartments in the Palais Bourbon in Paris (inv. MNR
572). After restoration, the work will be put on display at the centre of the
eighteenth-century section of the Department of Decorative Arts in 2013,
on the first floor of the Marengo Pavilion. The project will provide an
opportunity—following the work of Jacques Wilhelm—to review the history
of this well-documented decorative work, thanks to the Bourbon-Condé
archives in the Château de Chantilly.
Préparation du catalogue raisonné
des peintures italiennes du
xviiie siècle du musée du Louvre
Projet suivi par Stéphane Loire
Sur le modèle des deux volumes déjà publiés en 1996 et 2006
pour les deux cent quatre-vingt-trois tableaux italiens du
xviie siècle des collections du musée du Louvre, ce catalogue
étudiera quelque cent quatre-vingt-cinq tableaux de peintres
italiens nés à partir de 1655. Comme les ouvrages précédents,
il comportera une introduction sur l’histoire de la collection,
ainsi que celles de ses présentations successives et de son étude,
et fournira pour chacune des œuvres une notice donnant un
état des connaissances aussi complet que possible. Regroupant
des informations classées selon les rubriques « État de conservation », « Historique », « Bibliographie », « Expositions », « Œuvres
en rapport (dessins, gravures, autres versions, copies) », ces notices comporteront un commentaire développé faisant la synthèse de toutes ces données, et seront éventuellement complétées par des illustrations de comparaison. L’outil essentiel pour
la préparation de cet ouvrage est bien sûr la documentation du
75
Travaux de recherche
département des Peintures, où des dossiers individuels existent
depuis longtemps pour chacune des œuvres. Mais ces dossiers
doivent faire l’objet de nombreux compléments à partir de vérifications bibliographiques, de nouveaux dépouillements, de recherche de précisions sur les œuvres en rapport et sur l’histoire
des restaurations, ou encore à l’aide de comptes rendus d’études
scientifiques au C2RMF. Le travail de rédaction de cet ouvrage
s’accompagne donc en permanence d’un effort de mise à jour
de la documentation sur chacun des tableaux.
S. Loire
 The catalogue comprises some 185 paintings by artists born after 1655,
each of which will be accompanied by a detailed entry providing all the
available information on the painting; the catalogue will be similar to the two
volumes (published in 1996 and 2006) comprising the 283 seventeenthcentury Italian paintings in the Louvre collections. The compilation of this
catalogue is, of course, being accompanied by extensive work to update the
documentation on each painting.
Journées d’étude autour
des peintures de Goya
Projet suivi par Guillaume Kientz
Récemment augmentées par le généreux don de Pierre Bergé
du Portrait de Luis María de Cistué y Martínez (R.F. 2009-5), les
collections du Louvre comptent désormais sept portraits de
Francisco de Goya y Lucientes. Les journées d’étude du département des Peintures ayant pour objet de faire bénéficier un
ensemble significatif d’œuvres d’une campagne d’examens
scientifiques et de séances de travail avec les principaux spécialistes des artistes considérés, leur édition 2012 se consacrera
à l’étude des portraits de Goya conservés au Louvre. Les récentes et discutées remises en cause du corpus du peintre – qui
ne concernent pas les portraits du Louvre – ont contribué à
la mise en place d’une vision plus critique et plus exigeante
de son œuvre. Ce contexte offre ainsi un terreau favorable à
l’amélioration de notre connaissance de la technique et du
style propres à Goya grâce à l’analyse approfondie de sept de
ses tableaux aux origines, dates et historiques différents. Outre
une journée consacrée à la restitution des conclusions des
journées d’étude, une exposition-dossier est envisagée.
G. Kientz
 In 2012, a series of special Study Days will be devoted to discussing
the Louvre’s seven portraits by Francisco de Goya. The programme closes
with a final day of summarising and conclusions; the publication of an
exhibition-dossier is currently being considered.
Préparation des journées
d’étude consacrées à l’œuvre de
Jean Auguste Dominique Ingres
Projet suivi par Vincent Pomarède
76
Envisagées en 2012 en partenariat avec le musée Ingres de
Montauban, ces journées d’étude constitueraient les secondes
organisées en région, après celles consacrées à Nicolas Poussin
en 2009. Organisées avec le C2RMF, elles permettraient d’effectuer une comparaison technique et stylistique poussée des
œuvres (tableaux et dessins) conservées au musée du Louvre et
au musée Ingres.
Après une étude systématique des tableaux de la collection
montalbanaise, accompagnée de la constitution de dossiers
laboratoires complets et actualisés (photographies en lumière
directe, dans l’infrarouge et l’ultraviolet, radiographie, réflectographie, etc.), les œuvres du musée Ingres seraient présentées aux spécialistes du peintre, afin de mieux comprendre leur
attribution, leur état de conservation et leur histoire. Entièrement filmées, ces journées d’étude à Montauban seraient complétées par une journée à Paris, afin d’étudier les œuvres de la
collection du Louvre susceptibles d’être rapprochées de celles
du musée Ingres.
V. Pomarède
 Scheduled for 2012 in partnership with the Musée Ingres in
Montauban, this will be the second series of Study Days to be organised in
the provinces (the first in 2009 were devoted to Nicolas Poussin). Arranged
in collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France), these Study Days on Ingres will offer attendees a
chance to conduct a detailed technical and stylistic comparison of the
paintings and drawings by the artist held in the Louvre and the Musée
Ingres.
Préparation de l’exposition
« Eugène Delacroix »
Projet suivi par Sébastien Allard
Première rétrospective de grande ampleur consacrée à Eugène
Delacroix en Espagne, l’exposition présentera, avec environ
cent cinquante peintures, dessins et lithographies, l’ensemble
de son œuvre, de ses débuts dans les années 1820 jusqu’à sa
mort en 1863. Partant de l’ultime notation dans le journal de
l’artiste, quelques jours avant sa mort – « Le premier mérite
d’un tableau est d’être une fête pour l’œil. Ce n’est pas à dire
qu’il n’y faut pas de la raison » –, elle s’attachera particulièrement à montrer comment s’est articulé, chez Delacroix, le
rapport du sujet et de l’exécution, autrement dit de l’idée et de
la matière, avec l’inspiration. Mû par une aspiration à l’idéal,
qu’il héritait de la grande tradition, Delacroix a en même temps
revendiqué le pouvoir expressif de la peinture en elle-même.
Seront ainsi développées les questions du modèle antique et
vivant, de la répétition, avec entre autres plusieurs versions
de Médée furieuse (Lille, Paris) et de La Chasse aux lions (Orsay,
Stockholm, Boston), du sujet moderne avec La Grèce à Missolonghi (Bordeaux), et sera réévalué le rôle de son voyage au
Maroc, brillamment évoqué dans l’exposition par la présence
des deux versions des Femmes d’Alger (Louvre et Montpellier),
ainsi que des trois plus importants autres tableaux inspirés par
le voyage : La Noce juive (Louvre), Le Kaïd (Nantes), Les Convulsionnaires de Tanger (Minneapolis).
L’exposition, qui se tiendra à Madrid (CaixaForum) à l’automne 2011 puis à Barcelone (CaixaForum) au printemps
2012, sera accompagnée par un catalogue scientifique en espagnol, catalan et français.
S. Allard
Peintures
 The first retrospective of the work of Delacroix held in Spain covering
the entire arc of the artist’s career will be staged first in Madrid (Fundacio
La Caixa, autumn 2011), and then in Barcelona (Fundacio la Caixa, spring
2012). The exhibition will highlight the latest research into the artist’s life
and interpretations of his work, and will reference recent publications,
including Delacroix’s Journal, edited by Michele Hannoosh (2009). The
exhibition catalogue will be published in Spanish, Catalan, and French.
Préparation de l’exposition
« Méditerranées » (titre provisoire)
Projet suivi par Vincent Pomarède
Coordonnée par Jean-Luc Martinez, cette exposition, prévue
au Japon en 2013 et associant tous les départements du musée
du Louvre, cherche à illustrer la présence de l’art dans les différentes civilisations qui se sont développées autour de la Méditerranée depuis l’Antiquité jusqu’au xixe siècle. Le département
des Peintures, représenté par Vincent Pomarède, est plus spécialement chargé de la conception de la cinquième et dernière
partie de l’exposition, intitulée « 1798-1848. La Méditerranée
de l’expédition d’Égypte aux colonies ».
Construite autour de chapitres traitant surtout du thème
des voyages d’artistes et de la découverte par les créateurs de
territoires traditionnels, comme l’Italie, ou de nouvelles
contrées plus exotiques telles que l’Algérie ou le Maroc, cette
dernière section abordera également la relation des peintres
avec l’Espagne et la Provence.
Cette exposition constituera par ailleurs une excellente
occasion de faire découvrir ou redécouvrir des fonds d’artistes
conservés par le département, comme les études d’après nature
peintes et dessinées durant son voyage en Italie par le professeur de Camille Corot, Achille Etna Michallon, ou bien les
œuvres exécutées par Antoine Alphonse Montfort durant son
séjour au Moyen-Orient.
Prolongement de ce « Grand Tour » sur les rives de la Méditerranée, une présentation de plusieurs tableaux orientalisants de
Decamps ou de Chassériau, ainsi que celle d’une série d’études
pour un panorama de Constantinople, concluront l’exposition.
V. Pomarède
Élaboration d’un programme
de recherche, mené à partir des
collections françaises du musée
du Louvre, sur les fournisseurs
de supports de tableaux et les
marchands de couleurs à Paris
au xixe siècle
Projet suivi par Vincent Pomarède, Sylvain Laveissière
et Pascal Labreuche
Mené en collaboration avec Sylvain Laveissière, conservateur
général au département, et Pascal Labreuche, historien de
l’art ayant soutenu une thèse de doctorat sur cette question,
ce programme de recherche, encore non financé, ambitionne
de recenser toutes les marques de fournisseurs de supports et
de marchands de couleurs portées sur les revers ou les cadres de
tableaux du xixe siècle appartenant à la collection du département, puis de croiser ces informations, artiste par artiste, avec
les informations déjà connues par la littérature sur les marchands auprès desquels les peintres se fournissaient.
À la fois recherche concernant une problématique économique et sociale et recherche portant sur des questions plus
techniques et de pratique professionnelle, ce programme devra
être mené en relation étroite avec le C2RMF et être complété
par des comparaisons systématiques avec les collections de
musées nationaux conservant des tableaux complémentaires
de ceux du Louvre pour cette époque – plus particulièrement
le château de Versailles et le musée d’Orsay.
V. Pomarède
 Still awaiting financial backing, this research programme is conducted
in collaboration with Sylvain Laveissière, general curator of the department,
and art historian Pascal Labreuche, who has submitted a doctoral thesis on
this subject. The programme involves compiling a list of all the suppliers
of supports, stretchers, and paint mentioned on the backs of paintings or
on their frames, and then matching this information with the available
literature on the suppliers each artist is known to have used.
 Coordinated with Jean-Luc Martinez, this exhibition (scheduled for
2013 in Japan)—which is based on works from all the departments in the
Louvre—will attempt to investigate the presence of art in the various
civilisations that developed around the Mediterranean world from Antiquity
to the nineteenth century. The Department of Paintings and Vincent
Pomarède are particularly involved in organising and presenting the fifth
and last part of the exhibition, entitled “1798–1848: La Méditerranée de
l’expédition d’Egypte aux colonies” (The Mediterranean: from the Egyptian
Expedition to the Colonies (1798–1848)).
77
Travaux de recherche
Arts graphiques
L
a collection d’œuvres d’art graphique du Louvre est une des plus importantes
au monde ; pour l’école française, elle est sans conteste la collection la plus
complète qui soit. L’équipe de recherche suit la répartition de la collection par
école et par siècle.
Trois principaux axes de recherche ont été poursuivis en 2010 :
– les études et les recherches sur les œuvres dans le cadre des expositions
programmées en 2011-2012 (« Enluminures » ; « Claude Gellée, le Lorrain » ; « Le
Papier à l’œuvre » ; « Pietro da Cortona et Ciro Ferri » ; « Les Plafonds peints et sculptés
à Paris au xviie siècle » ; « Giorgio Vasari » ; « Luca Penni » ; « Giulio Romano ») ;
– le récolement décennal de la collection (environ cent quatre-vingt mille œuvres),
en collaboration avec l’équipe scientifique du musée d’Orsay, et l’établissement de
l’inventaire complet de la collection Edmond de Rothschild ;
– la mise à jour continue de la base de données du département, et la préparation
de sa migration sur le site www.louvre.fr ; la mise en ligne de la base Marques de
collections de dessins et d’estampes en partenariat avec la Fondation Custodia ; les
publications achevées ou en cours sous format papier (Inventaire Baccio Bandinelli ;
Inventaire des enluminures ; Inventaire des dessins bolonais des xviie et xviiie siècles ;
plusieurs volumes dans la série « Cabinet des dessins » et différents catalogues
d’exposition).
C. van Tuyll van Serooskerken
 The Louvre houses one of the most extensive collections of drawings in the world; the
Museum’s collection of works from the French School is unquestionably the largest anywhere. The
curatorial staff organises its work on the collection according to schools and periods.
Research was conducted in three core areas in 2010:
Research in preparation for exhibitions scheduled in 2011–2012 (Illuminations; Claude Gellée,
called Lorrain; “Le Papier à l’œuvre”; Pietro da Cortona and Ciro Ferri; seventeenth-century painted
and sculpted ceilings in Paris; Giorgio Vasari; Luca Penni; Giulio Romano);
the decennial verification of the collection (around 180,000 works), in collaboration with the
curatorial team of the Musée d’Orsay, and the establishment of a comprehensive inventory of the
Edmond de Rothschild Collection;
the continued updating of the Department’s database and the preparation of its transfer to: www.
louvre.fr; the online publication of the database “Marques de collections de dessins et d’estampes”
in partnership with the Fondation Custodia; and publications in paper form: catalogues raisonnés of
the drawings and other works of Baccio Bandinelli in the Louvre (published); of illuminations (in
preparation); of Bolognese drawings from the seventeenth and eighteenth centuries (in preparation);
several volumes in the Cabinet des Dessins series, as well as various exhibition catalogues.
78
Arts graphiques
« Les Marques de collections de dessins & d’estampes »
Projet suivi par Laurence Lhinares et Dominique Cordellier
Le département des Arts graphiques du musée du Louvre s’est
associé à la Fondation Custodia depuis 1999 pour proposer
une édition révisée et augmentée en ligne du répertoire de
Frits Lugt (1884-1970) Les Marques de collections de dessins &
d’estampes, publié en 1921 et suivi d’un supplément en 1956.
Cet ouvrage, communément appelé le « Lugt », l’un des manuels les plus utilisés par les spécialistes de dessins et d’estampes,
répertorie des marques, estampées ou écrites, de collections particulières et publiques, de marchands, de monteurs, d’imprimeurs
et des cachets de vente d’artistes. Ces marques permettent de
retracer l’historique d’un grand nombre de dessins et d’estampes.
Une base de données d’accès bilingue (français-anglais) a
été spécialement conçue pour accueillir le contenu des deux
volumes historiques (soit cinq mille deux cent seize marques),
auquel ont été ajoutées de très nombreuses marques, aussi
bien des nouvelles, créées par des amateurs et par des collections publiques, que des plus anciennes ayant échappé aux
premières recherches et méritant d’être signalées. Enfin, un
grand nombre de notices originales ont pu être complétées
et beaucoup de marques anonymes ont été identifiées. Sur les
mille nouvelles notices proposées en mars 2010, cinq cents ont
été rédigées au sein du musée du Louvre. Toutes les marques
sont reproduites à l’identique, le plus souvent avec une image
numérique du cachet et accompagnées d’un commentaire
historique explicatif généralement détaillé. Cet outil permet
de rechercher efficacement une marque à partir de multiples
critères, que l’on peut combiner. La recherche peut se faire,
notamment, à partir du numéro, du nom et du lieu de la collection, ou à partir de la description visuelle de la marque. Ce
travail d’enrichissement est toujours en cours.
Le musée du Louvre a participé avec la Fondation Custodia à
mettre gracieusement à la disposition des amateurs un outil de
recherche sans pareil sur les collectionneurs et les collections
de dessins et d’estampes, répondant ainsi au vœu déjà ancien,
exprimé par les amateurs, les marchands d’art et les conserva-
teurs de musée, de voir l’ouvrage classique de Frits Lugt mis à
jour.
Le lancement du site Internet www.marquesdecollections.fr,
par la Fondation Custodia en partenariat avec le département
des Arts graphiques du musée du Louvre, a eu lieu pendant la
Semaine du dessin, le 24 mars 2010.
D. Cordellier
 Since 1999, the Department of Graphic Arts and the Fondation
Custodia have been collaborating on a revised and enlarged online version
of Frits Lugt’s repertory Les marques de collections de dessins & d’estampes,
published in 1921 and followed by a supplement in 1956.
A bilingual database (French–English) contains the content of the two
historical volumes, to which have been added many collectors’ marks since
identified. All the marks are exact reproductions, very often with a
numerical image of the stamp, accompanied by a general historical
explanation. The site’s development is ongoing.
The launch of the Internet site www.marquesdecollections.fr, by the
Fondation Custodia, in partnership with the Louvre’s Department of
Graphic Arts, took place during the Semaine du dessin, on 24 March 2010.
Page intérieure du site www.marquesdecollections.fr
Catalogue raisonné des enluminures
Projet suivi par Dominique Cordellier, Laura Angelucci et Roberta Serra
Le département des Arts graphiques du Louvre vient d’établir, sous la direction scientifique d’éminents spécialistes
– M. François Avril et Mme Nicole Reynaud –, le catalogue
raisonné des enluminures occidentales conservées dans
le fonds du musée. Ce volume a pour objet le recensement
exhaustif et la description précise des enluminures et des
manuscrits conservés au cabinet des Dessins, dans la collection Edmond de Rothschild et au sein du département des
Peintures. Il réunit cent soixante-quinze enluminures du xie
au xviie siècle et fournit un outil de référence et de recherche
au service non seulement des historiens de l’art du Moyen
Âge, des philologues, des bibliothécaires, des musicologues
et des historiens, mais aussi d’un très large public profondément sensible à l’ancienneté, au charme et à la préciosité des
manuscrits à peinture du Moyen Âge et de la Renaissance.
Sa rédaction, coordonnée par Dominique Cordellier, Laura
Angelucci et Roberta Serra, fait appel aux contributions de plus
de trente spécialistes, conservateurs, bibliothécaires ou universitaires européens et américains. Sa parution s’est accompagnée de la présentation durant trois mois de soixante-dix
chefs-d’œuvre de l’enluminure dans les salles d’exposition du
département des Arts graphiques (6 juillet – 3 octobre 2011).
D. Cordellier
 The 175 Western European illuminations from the eleventh century
to the seventeenth century, held in the Louvre, have been studied and
a comprehensive catalogue edited. The compilation of the catalogue,
coordinated by Dominique Cordellier, Laura Angelucci, and Roberta Serra,
involves contributions from more than thirty specialists, curators, librarians,
and scholars from American and European universities. The publication
accompanied an exhibition at the Louvre until 3 October 2011.
79
Travaux de recherche
Baccio Bandinelli, Tête de jeune homme vue de trois quarts, département des
Arts graphiques (INV. 1501, recto)
Jean Fouquet, Page enluminée : Le Passage du Rubicon par César, département
des Arts graphiques (R.F. 29493, recto)
Inventaire des dessins, sculptures et peintures de Baccio Bandinelli
Projet suivi par Françoise Viatte, Marc Bormand et Vincent Delieuvin
80
Les recherches sur les dessins du sculpteur florentin Baccio
Bandinelli (1493-1560) conservés au Louvre ont abouti à un
nouveau volume, de la main de Françoise Viatte, de l’inventaire général des dessins italiens, volume publié en 2011.
Environ deux cents dessins sont étudiés, incluant les dessins
originaux de Baccio Bandinelli ainsi que les feuilles de son
école, les copies et les pièces rejetées dont l’attribution à l’artiste ne peut être maintenue. Toutes les propositions d’attribution, anciennes ou récentes, ont été prises en compte par
l’auteur, qu’elles aient été retenues ou refusées. Sur les cent
quatre-vingt-quinze dessins classés sous le nom de Bandinelli,
soixante-dix-neuf sont acceptés comme originaux. L’ouvrage
ne catalogue pas uniquement les dessins classés sous le nom
de Bandinelli dans l’inventaire du département des Arts graphiques ; il recense également les sculptures de l’artiste conservées au département des Sculptures, dont les notices ont été
rédigées par Marc Bormand, ainsi qu’une peinture, importante
mais d’attribution difficile, que plusieurs historiens ont donnée au sculpteur florentin et qui est ici traitée par Vincent
Delieuvin. Le volume propose ainsi l’inventaire de toutes les
œuvres associées à Bandinelli dans les collections du Louvre.
F. Viatte
 Research on the drawings of the Florentine sculptor Baccio Bandinelliin
the Louvre’s collection has led to the publication (in 2011) of a new volume
of the general catalogue of Italian drawings. The work contains not only
the drawings listed under Bandinelli’s name, it also comments on the
artist’s sculptures held in the Department of Sculpture (entries: M.
Bormand), and on an interesting painting whose attribution remains
uncertain (entry: V. Delieuvin).
Luca Penni
Projet suivi par Dominique Cordellier
Selon un schéma historique trop simple, l’école de Fontainebleau aurait été l’affaire de grands maîtres florentins (Rosso)
et émiliens (Primatice, Nicolò dell’Abate). Ce schéma ne laisse
pas assez de place au quatrième des grands fondateurs de cette
« école », venu lui aussi de la Péninsule : Luca Penni, dit le
Romain (après 1504 ? – 1556 ou 1557). Frère de l’un des élèves
favoris de Raphaël, Gianfrancesco Penni, beau-frère et ancien
collaborateur de Perino del Vaga, il joua en France un rôle exceptionnel de promoteur du classicisme romain.
Arts graphiques
L’étude qui lui est consacrée débouchera sur une exposition
de ses dessins et de ses peintures, mis en regard de gravures
et d’objets d’art tirés de ses inventions ; cette exposition permettra de réévaluer l’importance de ce courant « classique » au
sein de la manière italienne qui se développe en France sous
François Ier et Henri II.
D. Cordellier
 From a very simplified historical perspective, the School of
Fontainebleau was founded by Rosso, Primaticcio, and Nicolò dell’Abate.
This view doesn’t take into account Luca Penni, (after 1504?–1556 or
1557). Luca Penni was the brother of one of Raphael’s favourite students,
Gianfrancesco Penni (Perino del Vaga’s brother-in-law and former
collaborator), and he played a key role in promoting Roman classicism in
France. This study will lead to an exhibition of his drawings and paintings,
which will enable us to re-evaluate the importance of the “classical” current
within the Italian manner developed in France in the sixteenth century.
Édition et traduction des Vies des
plus excellents peintres, sculpteurs et
architectes de Giorgio Vasari
Projet suivi par Louis Frank
Les recherches nécessaires à l’annotation historique et critique
de la Vie de Léonard de Vinci, peintre et sculpteur florentin, dans
les éditions de 1550 et 1568, ont été poursuivies en 2010. Les
points sur lesquels ont principalement porté ces études sont
les rapports de Léonard avec la sculpture et l’architecture,
ainsi que la question de l’historique de ses manuscrits et de
ses dessins. A également été établi le corpus des cinquante-six
passages des Vies, hors celle qui lui est consacrée, où figure le
nom de Léonard. D’autre part, un certain nombre d’extraits
de la Vie de Baccio Bandinelli, sculpteur florentin, dans l’édition
de 1568, ont été choisis et traduits en vue de leur publication
dans le neuvième volume de l’Inventaire général des dessins italiens du Louvre rédigé par Françoise Viatte (Musée du Louvre
éditions et Officina Libraria, 2011).
Nous préparons, en collaboration avec Stefania TullioCataldo, l’exposition « Giorgio Vasari dessinateur » (Louvre,
automne 2011) ainsi que le catalogue de cette exposition.
L. Frank
 Research on Leonardo da Vinci preliminary to the historical annotation
and critique of “The Life of Leonardo da Vinci: Florentine Painter and
Sculptor” in the 1550 and 1568 editions of Vasari’s work, continued in
2010. An exhibition on “Giorgio Vasari the Draughtsman” will open in
autumn 2011.
Études des dessins bolonais
du Louvre
Projet suivi par Catherine Loisel
Après la publication en 2004 du Catalogue des dessins de Ludovico, Agostino, Annibale Carracci, Catherine Loisel mène actuellement des recherches en vue de la sortie du second volume du
catalogue des dessins bolonais du Louvre. Cette publication de
travaux entrepris il y a vingt ans sur la collection du Louvre
mettra en évidence l’importance des collections bolonaises
en France depuis le xviie siècle. Compte tenu du nombre de
dessins existants, les copies d’après les peintures et les dessins
ont été éliminées et seuls seront présentés, pour chacun des
artistes d’Émilie entre 1580 et 1720, les dessins autographes
ou attribuables avec vraisemblance. La sortie de l’ouvrage est
prévue pour 2012.
C. Loisel
 Following the publication of the catalogue of drawings by Ludovico,
Agostino, and Annibale Carracci (2004), Catherine Loisel is currently
carrying out research in preparation for the publication of the second
volume of the catalogue of Bolognese drawings in the Louvre. This
publication of twenty years of research on the Louvre collection will
highlight the importance of Bolognese collections in France since the
seventeenth century. Given the number of drawings, copies based on
paintings and drawings have been eliminated, and only authentic drawings
and drawings that can reasonably be attributed to Emilian artists (1580–
1720) will be presented. The work is scheduled for publication in 2012.
Les plafonds peints et sculptés
à Paris au xviie siècle
Projet suivi par Bénédicte Gady
Les dessins et les esquisses pour les plafonds peints et sculptés à Paris au xviie siècle font l’objet d’un projet d’exposition
pour 2013, à partir du fonds du Louvre et des principaux fonds
parisiens. Les premières recherches sur ce thème ont débouché
sur une découverte importante relative à des décors disparus
du palais du cardinal Mazarin (actuelle Bibliothèque nationale de France) : la mise au jour, d’une part, de grands relevés
aquarellés effectués par Jules Frappaz en 1853, conservés à la
Médiathèque du patrimoine, et, d’autre part, de nouvelles
pièces d’archives, permet non seulement de mieux comprendre la distribution de l’appartement d’hiver du cardinal,
mais aussi de « visualiser » les décors qu’avaient exécutés en
1649-1651 Giovanni Francesco Grimaldi et Rémy Vuibert. Ces
résultats ont été présentés lors d’un colloque international à
Bologne (« Crocevia e capitale della migrazione artistica: forestieri a Bologna e bolognesi nel mondo, secolo XVII », 30 novembre – 2 décembre 2010) et sont en cours de publication.
B. Gady
 Research prior to an exhibition on the painted and sculpted ceilings in
Paris in the seventeenth century has led to an important discovery relating
to the decorations in the Palais Mazarin (now the Bibliothèque Nationale
de France): the discovery of nineteenth-century watercolour copies, held in
the Médiathèque du Patrimoine, and new archive material provide a better
understanding of the organisation of the cardinal’s winter apartment, and
enable us to visualise the decorations by Giovanni Francesco Grimaldi
and Remy Vuibert, which have now disappeared. These results were
presented during an international seminar in Bologna (30 November to
2 December 2010).
81
Travaux de recherche
« L’Ascension de Charles Le Brun.
Liens sociaux et production artistique »
Préparation de l’exposition
sur Claude le Lorrain
Projet suivi par Bénédicte Gady
Projet suivi par Carel van Tuyll van Serooskerken
Pour éclairer l’ascension spectaculaire de Charles Le Brun,
avant sa nomination comme premier peintre de Louis XIV,
sans se contenter de réunir un savoir dispersé, le parti pris a
été d’étudier ensemble et de confronter les liens sociaux de
l’artiste (familiaux, amicaux, professionnels, intellectuels,
voire criminels) et la production artistique (regroupant les
questions de commandes, de style, de collaborations, de
rayonnement d’une œuvre ou d’un homme). Abandonnant la
grande fresque historique comme l’étude systématique et successive des œuvres, l’objectif était de saisir la singularité d’une
figure en examinant ses relations avec son entourage. Ainsi,
pour la période qui s’étend du début de la carrière de Le Brun
jusqu’à son retour d’Italie, en 1646, à l’âge de vingt-sept ans,
cette étude croisée des relations et des œuvres fait ressortir une
correspondance, sinon systématique, du moins très étroite,
entre réseaux, commandes et style des œuvres, qui oblige à
reconsidérer la structure du catalogue des premières années du
peintre.
Après cette date, le prestige des premiers grands décors et l’accès à des commanditaires placés au sommet de l’État font que
l’association entre un réseau social (dont l’unité s’est dissoute)
et une commande semble insuffisante pour rendre compte
d’une réalité devenue plus complexe. Ressort, en revanche, la
permanence de la protection du chancelier Séguier, qui assure
au peintre, outre certains succès, une étonnante capacité de repli stratégique, tant dans la jeune et instable Académie royale
de peinture et de sculpture que sur les principaux chantiers du
règne. Au cours de cette période, l’étude des liens sociaux se
révèle également très efficace pour comprendre l’organisation
des équipes qu’emploie Le Brun pour plusieurs décors menés
concomitamment, organisation qui invite à remettre en cause
la perception actuelle de la notion d’atelier. L’examen minutieux des travaux effectués pour le surintendant des Finances
Nicolas Fouquet à Vaux-le-Vicomte, que renseigne un nombre
exceptionnel de documents, permet de reconsidérer, à partir
de l’analyse de ces liens sociaux, la répartition des tâches sur
le chantier et de revoir, sans préjugés et sur de nouvelles bases,
les attributions des œuvres.
Cette étude est publiée sous le titre L’Ascension de Charles
Le Brun. Liens sociaux et production artistique, aux éditions de la
Maison des sciences de l’homme (2010).
B. Gady
En avril 2011, le musée du Louvre inaugurait l’exposition
« Claude le Lorrain. Le dessinateur face à la nature », qui réunissait environ quatre-vingts dessins, une douzaine de peintures
et plusieurs eaux-fortes de la main de Claude Gellée, dit le
Lorrain (1600 ou 1604-1605 – 1682). Les dessins provenaient
des fonds du musée du Louvre et de celui du musée Teyler à
Haarlem, deux fonds qui se complètent remarquablement bien
et qui permettent d’étudier les différentes catégories du dessin
tel que le Lorrain l’a pratiqué, et son évolution artistique au
cours de sa longue carrière. L’exposition examinait le rôle du
dessin de Claude dans la préparation de ses peintures et de
ses estampes, avec une attention particulière pour les études
d’après nature. En introduction, l’exposition proposait une
confrontation de dessins du Lorrain avec des feuilles de ses
maîtres et contemporains, comme Paul Bril, Agostino Tassi,
Goffredo Wals, Bartholomeus Breenbergh et Nicolas Poussin.
Cette confrontation inédite a permis de mesurer la dette incontestable du Lorrain envers ces artistes italiens et nordiques,
ainsi que sa remarquable originalité.
C. van Tuyll van Serooskerken
 Benefiting from the discovery of new paintings, drawings, engravings,
many unpublished archive documents, and a critical review of the sources,
this study (published by Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme)
reviews the rise of the painter by exploring two aspects of his life—his
works and social network. Of humble origins—his family was involved in
the publication of engravings—he benefited from the patronage of the
chancellor Pierre Séguier, enabling him to execute prestigious commissions
(for Richelieu and then the king). As arbiter of the decorative projects in
Paris and castle of Vaux-le-Vicomte, he solicited many collaborators, with
whom he maintained judicial, artistic, and social links.
82
 In April 2011, the Louvre inaugurated the exhibition “Claude le
Lorrain. Le dessinateur face à la nature”, which presented around 80
drawings, a dozen paintings, and several etchings. The drawings originate
from the collections in the Louvre and the Teylers Museum in Haarlem
(Netherlands). The exhibition examined the role Lorrain’s drawing played
in the preparation of his paintings and engravings, with a particular focus
on studies from nature. The exhibition also enabled visitors to assess the
influence of contemporary Italian and Northern artists on Lorrain’s work,
and its remarkable originality.
Étude du fonds du Louvre de Pietro
da Cortona et Ciro Ferri
Projet suivi par Bénédicte Gady
Pietro da Cortona est l’un des trois principaux protagonistes
de la Rome baroque. Les Français, qui, au xviie siècle, avaient
considéré l’artiste comme l’égal de Poussin et l’avaient sollicité
pour l’architecture du palais du Louvre, étaient restés en retrait
dans sa redécouverte, due principalement aux chercheurs italiens, américains et allemands. Dans la lignée de leurs travaux,
l’étude du fonds du Louvre de Pietro da Cortona et de Ciro
Ferri, son élève le plus fidèle, a été reprise, permettant de mieux
comprendre les modes de collaboration entre les deux artistes
et les styles graphiques de chacun d’eux, souvent volontairement proches. Les nouvelles propositions d’attribution, l’identification de la destination de certains dessins et la découverte,
à l’occasion de la restauration, de deux versos dessinés sont
présentées dans le catalogue qui accompagnait l’exposition
« Pietro da Cortona et Ciro Ferri. L’invention baroque » (salles
Mollien, 10 mars – 6 juin 2011).
B. Gady
Arts graphiques
 In preparation for the exhibition “Pietro da Cortona et Ciro Ferri.
L’invention baroque” (Salles Mollien, 10 March to 6 June 2011), the study
of the two artists’ works was taken up again, enabling the re-attribution of
certain works, the identification of the purpose of others, and the discovery
of two drawings on the backs of works revealed during the restoration
process.
Recherche sur Jean-Baptiste Marie
Pierre et l’art français au xviiie siècle
Projet suivi par Bénédicte Gady
L’exposition des dessins, gravures et planches de cuivre du
premier peintre du roi Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789)
dans la salle d’actualité (salle 33, 1er septembre – 22 novembre
2010) a été l’occasion de rendre hommage aux travaux de
Nicolas Lesur et d’Olivier Aaron, publiés aux éditions Arthena
en 2009 : elle a ainsi permis de présenter la recherche la plus
récente menée hors du musée sur l’art français du xviiie siècle et
ses incidences sur la connaissance des œuvres du département
des Arts graphiques, avec son lot de découvertes, de rejets d’attributions et de réattributions. La préparation de l’accrochage
a conduit à prolonger certaines de ces enquêtes : a pu ainsi
être précisé le motif d’un dessin récemment attribué à l’artiste
(INV. 34755), qu’il faut désormais comprendre comme une
Allégorie aux armes du sculpteur René Frémin, surmontées d’une
couronne ducale ; de même, deux cuivres gravés par Pierre luimême sur la vie de saint François d’Assise ont pu être replacés au début de sa carrière d’aquafortiste grâce à la découverte
d’un « repentir » sur l’une des planches (Chalcographie, 1186C
et 1187C).
B. Gady
 An exhibition on Jean-Baptiste Marie Pierre in the Salle d’Actualité
(room 33, 11 September to 22 November 2010) marked the publication of
a monograph on the artist by N. Lesur and O. Aaron, and provided an
opportunity to re-assess the Louvre’s holding of the artist’s work.
La collection de dessins italiens
de Pierre Crozat
Projet suivi par Bernadette Py
Il s’agit ici de l’édition critique des notes de l’expert Pierre Jean
Mariette portées sur son exemplaire du catalogue de la vente
des dessins de Pierre Crozat qu’il avait dirigée en 1741 (conservé au Victoria and Albert Museum à Londres). Ces notes inédites, entièrement retranscrites, livrent des informations capitales sur les acheteurs des lots et surtout sur leur contenu,
Mariette donnant souvent la description des dessins et le nom
de leur auteur.
Ces descriptions (parfois très développées) et ces attributions
ont permis de rechercher la trace des dessins dans des ventes
successives et souvent de retrouver leur localisation actuelle.
Elles permettent en outre de connaître l’appréciation que
Mariette portait sur les œuvres contenues dans les lots, grâce
à ses annotations qui allaient de « Ex. » (excellents) à « m »
(mauvais), et de constater que, parmi les dessins italiens – plus
de douze mille feuilles –, étaient aussi rangées des feuilles d’artistes français ou nordiques.
Un grand nombre de ces œuvres sont conservées au département des Arts graphiques.
B. Py
 Preparation of a critical edition of the notes by the expert Pierre-Jean
Mariette relating to the sale catalogue that he had written in 1741 (held in
the Victoria and Albert Museum in London). These previously unpublished
notes, which have been re-transcribed in their entirety, provide important
information on the purchasers of lots and sometimes their content, and
facilitate the identification of the provenance of many of these sheets,
which are now dispersed.
Préparation de l’exposition
« Le Papier à l’œuvre »
Projet suivi par Natalie Coural (C2RMF), Hélène
Grollemund et Dominique Cordellier
Le papier comme matériau support du dessin était au cœur
de l’exposition « Le Papier à l’œuvre » (aile Sully, du 9 juin au
5 septembre 2011) et de son catalogue. Il s’agissait de montrer
comment, du xve au xxie siècle, les artistes ont utilisé le papier
pour leurs créations graphiques et quelles techniques ont alors
été mises en œuvre : les papiers préparés et la pointe de métal
au xve siècle, le support entièrement recouvert de laque industrielle au xixe siècle ; les assemblages induits par les dimensions
de la feuille elle-même, les ajouts pour transformer un dessin
ou introduire un repentir ; le procédé du transfert, avec l’utilisation d’un papier résistant aux manipulations, aux perforations et aux incisions ; les papiers spécialement créés pour les
artistes. À cette occasion, des analyses ont été effectuées par
le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées
de France), notamment sur des fibres de papier Montval, un
papier mis au point par Gaspard Maillol et repris par Canson.
H. Grollemund
 Research on the fabrication of paper and paper’s journey from China
to the West, the material’s technical characteristics, and the various types
of paper chosen by artists and their use, are being carried out in preparation
for the exhibition “Le Papier à l’œuvre” (Musée du Louvre, 2011). The
exhibition will present examples of the use of paper in works from the
fifteenth to the twenty-first century.
83
Travaux de recherche
Musée Delacroix
A
u-delà de la mise en valeur des lieux et de l’enrichissement de ses collections,
un musée monographique comme le musée Delacroix se doit de contribuer
à une meilleure connaissance de l’artiste. C’est pourquoi il s’est fixé pour
objectif d’accompagner chacune de ses expositions d’un catalogue scientifique
diffusable plus largement en librairie et faisant appel aux meilleurs spécialistes
tant français qu’étrangers, conservateurs comme universitaires : en 2009-2010,
Une passion pour Delacroix. La collection Karen B. Cohen, et pour 2011, Fantin-Latour,
Manet, Baudelaire : L’Hommage à Delacroix.
En cours de préparation pour une ouverture le 7 décembre 2011, l’exposition
sur L’Hommage à Delacroix de Fantin-Latour retracera l’aventure de la grande toile
de 1864 (Paris, musée d’Orsay), sa conception, les variantes, le choix des modèles
élus et des exclus, et, au-delà, la question complexe des rapports de ces artistes avec
l’héritage du maître. Cette toile-manifeste rassemblait audacieusement, aux côtés
de critiques comme Baudelaire et Champfleury, une nouvelle génération d’artistes
novateurs (Manet, Whistler, Legros, Bracquemond…) qui n’étaient pourtant pas
des disciples fidèles de Delacroix. Depuis la rétrospective Fantin-Latour présentée
au Grand Palais il y a trente ans, ce dossier méritait d’être rouvert à la lumière des
documents réapparus depuis et d’être traité pour la première fois spécifiquement.
Par ailleurs, le Bulletin de la Société des Amis du musée Eugène Delacroix réunit chaque
année un riche ensemble d’études issues d’horizons variés. Parallèlement à ces
publications régulières, le musée s’est associé à l’université Paris IV-Sorbonne pour
mener à bien la vaste entreprise de l’édition en ligne de la correspondance de Delacroix,
objectif ambitieux mais capital pour l’avancée de la recherche sur l’artiste et son temps.
Ch. Leribault
 In addition to enhancing the historic building of the painter’s former home and atelier and
augmenting its collections, one of the main goals of a dedicated museum like the Musée Delacroix
is to increase public knowledge of the artist and his work. Each exhibition is therefore accompanied
by an authoritative catalogue (available in bookshops) comprising articles contributed by
international specialists, curators, and scholars: in 2009–2010, Une passion pour Delacroix. La
collection Karen B. Cohen; in 2011, Fantin-Latour, Manet, Baudelaire: L’Hommage à Delacroix.
The exhibition on L’Hommage à Delacroix by Fantin-Latour, which is being prepared and is
scheduled to open on 7 December 2011, will retrace the creation of this major painting (1864,
held in the Musée d’Orsay) and will focus on the painting’s conception, related works, the sitters
he chose to represent (and those he excluded), and the complex question of the links between
these artists and the master’s legacy. This seminal painting boldly portrays a new generation of
innovative artists such as Manet, Whistler, Legros, and Bracquemond—who were not particularly
devout followers of Delacroix—together with critics like Baudelaire and Champfleury. A decision
was made to re-examine and—for the first time—focus exclusively on this painting in the light of
new documentation that has emerged since the Fantin-Latour retrospective, which was held at the
Grand Palais thirty years ago. In addition, the yearly Bulletin de la Société des Amis du Musée
Eugène Delacroix provides a wealth of research by a broad range of specialists. To complement
these regular publications, the Museum is collaborating with the University of Paris IV-Sorbonne on
a sweeping project to publish Delacroix’s correspondence online: this vital—if highly ambitious—
undertaking will facilitate research on the artist and his epoch.
84
Musée Delacroix
L’édition électronique de la correspondance d’Eugène Delacroix
Projet associant le Centre André Chastel UMR 8150, laboratoire associé à l’université Paris IV-Sorbonne,
et le musée national Eugène Delacroix
La correspondance du peintre Eugène Delacroix, qui comporte
à l’heure actuelle plus d’un millier de lettres courant sur toute
sa carrière, est une source capitale pour la connaissance tant
de l’artiste que de son temps, du fait de ses multiples intérêts.
L’actuelle édition de la correspondance par André Joubin, qui
date de 1931-1938, n’est plus satisfaisante, en raison d’abord
de la réapparition de nombreux originaux inconnus alors (certains publiés depuis par Lee Johnson et Michele Hannoosh),
du progrès des études sur Delacroix et son époque, qui rendent
l’annotation, par ailleurs relativement rapide, en partie obsolète, et enfin de nouvelles exigences quant à la transcription
des manuscrits anciens.
Le projet est piloté par deux institutions : le Centre André
Chastel UMR 8150, laboratoire associé à l’université Paris IVSorbonne, et le musée national Eugène Delacroix, rattaché au
musée du Louvre. L’édition électronique de la correspondance
d’Eugène Delacroix vise à rendre immédiatement disponible,
au fur et à mesure de son avancement, le travail nécessairement collectif mené à partir et autour des lettres de l’artiste.
La première étape a consisté à établir un fichier le plus complet possible des lettres conservées ou connues. Beaucoup sont
heureusement conservées à Paris (bibliothèque de l’Institut
national d’histoire de l’art, Fondation Custodia, Bibliothèque
centrale des musées nationaux, musée Delacroix, département
des Arts graphiques du musée du Louvre). Le travail actuel de
transcription concerne ces fonds, mais des missions seront
nécessaires pour examiner sur place les autres originaux, très
dispersés, conservés en Europe et aux États-Unis. Une importante subvention de l’Agence nationale pour la recherche obtenue en 2007 pour les trois années 2008-2010 a permis de
financer des vacations d’étudiants pour les transcriptions, des
commandes de photographies et microfilms, des missions à
l’étranger, une partie du matériel informatique nécessaire et,
enfin, la conception du logiciel complexe, développé par la
société Opixido – après appel d’offres –, pour ce projet pilote.
Le choix d’une édition en ligne facilite de façon évidente la
mise en ordre progressive de ce vaste corpus évolutif, avec ses
découvertes d’inédits à intégrer dans le fil chronologique, et sa
consultation via les indexations automatiques. Il est aussi l’occasion d’une présentation plus complexe de l’ensemble. Le principe
retenu est, en effet, de proposer, d’une part, la photographie des
manuscrits et, d’autre part, leur transcription sous deux formes,
l’une pour les chercheurs, avec le respect de l’orthographe, de
la ponctuation et de la présentation originale, l’autre destinée à
un plus vaste public, avec une orthographe modernisée et une
ponctuation améliorée. Ce sont ces trois documents qui sont
dans un premier temps, ainsi que le fichier de base, accessibles
sur le web. Parallèlement, le comité de direction réuni autour de
Barthélémy Jobert, Arlette Sérullaz et Christophe Leribault coordonne l’annotation, elle aussi collective, de ces lettres, confiée
aux volontaires spécialistes de tel ou tel domaine. Un forum destiné à recevoir toute information susceptible d’enrichir l’annotation sera également ouvert, la transcription annotée d’une lettre
étant ainsi susceptible d’évoluer (chaque modification devant
toutefois être validée par le comité). Grâce aux efforts de Thierry
Laugée, à présent maître de conférences à Paris IV, de Catherine
Page d’accueil de la base www.correspondance-delacroix.fr
Limousin, secrétaire général du Centre Chastel, et des vacataires
qu’ils ont encadrés durant la période écoulée, ainsi qu’au travail
accompli par les deux chargées d’études documentaires du musée
Delacroix, Catherine Adam-Sigas et Marie-Christine Mégevand,
ce projet a atteint un degré d’avancement fort satisfaisant pour
un programme aussi ambitieux.
La base www.correspondance-delacroix.fr a été mise en ligne à
l’hiver 2010 et est accessible à partir des sites du musée Eugène
Delacroix et de la Sorbonne Paris IV. Les lots couverts étant
d’abord assez restreints, il n’a été fait aucune communication spécifique, cet effort de diffusion étant reporté au-delà de la phase de
« rodage ». En pratique, le site a très vite été référencé sur Google
et apparaît en premier à l’interrogation « Delacroix correspondance ». Par ailleurs, son ergonomie s’est avérée concluante et a
d’ailleurs reçu le label Accessiweb (accessibilité aux malvoyants).
Aux deux cent quarante lettres déjà entrées seront prochainement ajoutées une centaine de nouvelles lettres annotées ; un fort
contingent de lettres déjà transcrites mais en attente d’annotations prendra ensuite le relais. Cet enrichissement progressif de
la base autorisera bientôt à mieux faire connaître cette entreprise
auprès d’un plus large public. Ainsi le musée pourra-t-il répondre
davantage encore à sa double mission, qui est d’une part de préserver l’atelier de Delacroix et d’enrichir ses collections, d’autre
part de contribuer de manière dynamique à une meilleure
connaissance de l’artiste et de son œuvre.
Ch. Leribault et B. Jobert
 The five volumes of Delacroix’s correspondence published between
1931 and 1938 by André Joubin were deemed no longer satisfactory in
light of the fact that in the meantime other original letters have been
discovered since its publication, and considerable progress was made in
studies of Delacroix and his epoch; furthermore, new requirements now
apply with regard to the transcription of old manuscripts.
To address the problem, the Centre André Chastel / UMR 8150 (Paris
IV-Sorbonne University) and the Musée National Eugène Delacroix, have
compiled a database of some 240 letters, available online since the winter
of 2010 at: www.correspondance-delacroix.fr.
85
Travaux de recherche
Histoire du Louvre
L
’idée consistant à structurer une recherche sur le thème de l’histoire du
Louvre est née dans les années 1940 du sentiment que des aspects importants
du musée, en particulier son implantation dans un palais riche d’histoire
au cœur de la capitale, ne relevaient de la compétence d’aucun département en
propre. Aujourd’hui encore, les grands axes de la recherche sur l’histoire du Louvre
viennent en complément des champs explorés par les départements et développent
les problématiques suivantes :
– étude de la vie palatiale : conservation et étude des objets médiévaux et modernes
trouvés sur le site du Louvre et des Tuileries lors des fouilles des années 1980-1990
essentiellement ;
– étude architecturale du Louvre et conservation des œuvres issues de l’activité de
l’architecte en chef du palais, en particulier une collection de moulages du xixe siècle
préparatoires au décor sculpté du palais ;
– recherches sur des moments fondateurs de l’institution du musée.
Ces travaux sont menés au sein de la section Histoire du Louvre, créée par le
département des Peintures mais aujourd’hui rattachée au département des
Sculptures, et par l’agence de l’architecte en chef, qui mène d’importantes études
historiques préalables à toutes les opérations de restauration et de modernisation
entreprises dans le musée. Michel Goutal est l’architecte en chef du palais et
Guillaume Fonkenell est chargé de l’histoire du Louvre.
G. Fonkenell
 The idea of formulating a study programme specifically on the history of the Louvre itself
emerged in the 1940s, when it became clear that there was actually no division exclusively devoted
to the remarkable building containing all these collections, a palace in the heart of the capital with
such a rich history of its own. The research programmes that were consequently set up to study
the Museum’s history are devised to complement each Department’s own field of research, and
focus on the following subjects:
the study of life in and around palace down through the ages; conservation and studies of
medieval and modern objects found on the Louvre and Tuileries sites during archaeological
excavation work largely conducted between 1980 and 1990;
studies of the building’s architecture, and the conservation of works connected with the activities
of the Louvre’s Chief Architect, particularly a collection of nineteenth-century preparatory
mouldings for the Louvre’s sculptural decorations;
and research on the founding moments in the Museum’s establishment.
This project is run by the History of the Louvre division—which was set up by the Department of
Paintings, and is now attached to the Department of Sculptures—and the Chief Architect’s office,
which carries out the necessary major historical studies prior to any restoration and modernisation
work effected on the Museum. Michel Goutal is currently the Chief Architect, and Guillaume
Fonkenell is in charge of the History of the Louvre division.
86
Histoire du Louvre
La charpente du Salon carré
Projet suivi par Michel Goutal et Guillaume Fonkenell
Les travaux de restauration de la couverture du Salon carré
entrepris en avril 2010 ont été l’occasion d’observer dans le
détail sa charpente métallique. La confrontation avec les documents anciens a montré que la charpente originelle, conçue en
1789 par les architectes Axel Guillaumot et Augustin Renard,
était encore en place aujourd’hui. Cette découverte fait du
Louvre le dépositaire de l’une des plus anciennes structures
métalliques de grande portée conservée in situ en France et
probablement dans le monde.
Le système adopté par Renard et Guillaumot cherchait à
associer la légèreté (pour ouvrir largement le sommet de la
charpente afin d’assurer un éclairage zénithal) et la sécurité
contre l’incendie : le bois avait été entièrement proscrit et les
ardoises étaient directement « collées » et clouées sur un enduit en plâtre. La charpente a été consolidée en 1849 par Félix
Duban et ses pentes modifiées au xxe siècle. Son apparence primitive sera restituée à l’occasion des travaux et une présentation détaillée en sera faite lors de l’International Congress of
History of Construction qui se tiendra à Paris en juin 2012.
G. Fonkenell
 During the restoration work on the roof above the Salon Carré, the
existing roof structure was revealed to be the original one designed by the
architects Axel Guillaumot and Augustin Renard in 1789. This means that
the Louvre has one of the oldest metallic large-span frameworks conserved
in situ in France. The system adopted by Renard and Guillaumot combined
lightness of weight (to facilitate the creation of a wide opening at the top
of the structure to provide overhead natural lighting) with fire safety.
Vue générale du chantier de restauration de la couverture du Salon carré,
Attribué à Jean Augustin Renard, Coupe sur la charpente du Salon carré, 1789,
12 mai 2011
Archives nationales (O1 1670, pièce 249)
87
Travaux de recherche
Service du Récolement des dépôts antiques
et des arts de l’Islam
L
e service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam (SRDAI) s’est
mis en place en 2004, sous l’autorité directe du président-directeur du Louvre,
faisant suite à la mission du même nom créée en 1997. La vocation de ce
service est liée aux objectifs de la Commission de récolement des dépôts d’œuvres
d’art de l’État et consiste à réaliser un récolement de tous les « dépôts » du Louvre
dans les autres institutions en France et à l’étranger. Ce travail, contrairement à un
récolement régulier, ne consiste pas simplement à pointer la présence ou l’absence
des œuvres en fonction d’un inventaire existant. En effet, l’histoire de la politique
muséale française dès la fin du xviiie siècle s’est caractérisée par une volonté de l’État
de répartir le patrimoine national sur l’ensemble du territoire et le Louvre a été
l’un des vecteurs essentiels de cette « distribution ». Ainsi, le travail de récolement
des dépôts consiste d’abord à mener des enquêtes historiques sur les collections
acquises par le Louvre dès le début du xixe siècle et envoyées, souvent rapidement
après leurs acquisitions, dans divers musées, universités et autres institutions. Le
récolement in situ permet ensuite de découvrir ou de redécouvrir scientifiquement
ces collections en quelque sorte oubliées. C’est pourquoi les activités de recherche
du service se développent autour de deux axes essentiels : l’histoire des collections
et de leurs envois, et l’étude archéologique de ces collections souvent inédites.
Y. Lintz
 After its mission was established in 1997, the Division responsible for locating and verifying the
Museum’s holdings of antiquities and Islamic art was created in 2004 under the management of
the Department of Near Eastern Antiquities. This Division is closely linked to the operations of the
“Commission de récolement des dépôts d’œuvres d’art de l’État”, whose mission involves locating
and authenticating all works in the Louvre itself, and Louvre property deposited with other
institutions in France and abroad. This mission is not a routine matter of simply verifying whether
or not works are present by checking them against an existing inventory. In fact, the history of
French museum policy since the end of the eighteenth century has always been characterised by a
deliberate State policy of fostering greater awareness of the national heritage throughout France,
and the Louvre has always been one of the main vectors for this promulgation. Hence, the location
and authentication of the deposits primarily involves conducting historical investigations into the
collections acquired by the Louvre at the turn of the nineteenth century, which were then
transferred—often quite soon after their acquisition—to other museums, universities, and
institutions. This procedure has resulted in the technical analysis or rediscovery of collections that
had been almost forgotten. This is why the Division’s research activities focus on two core initiatives:
the history of the collections and their transfers, and the thorough reassessment of (often)
previously unseen collections.
88
Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam
Étude historique, scientifique et archéologique des envois d’Antinoé (Égypte)
Projet suivi par Yannick Lintz et Magali Coudert
Enjeux du programme
Le récolement des dépôts qui a débuté en 1996 a eu le mérite
de mettre en lumière des collections nationales mal connues,
parce que souvent acquises au xixe siècle ou au début du
xxe siècle puis immédiatement distribuées dans diverses institutions muséales ou universitaires. Le SRDAI se donne donc
pour objectifs d’étudier et de publier les collections les plus
significatives de cette histoire.
En 2010, nous avons entrepris l’étude historique, scientifique et archéologique des collections égyptiennes d’Antinoé
fouillées par l’archéologue Albert Gayet entre 1895 et 1910.
Émile Guimet, qui fut très tôt, en tant que collectionneur privé, l’un des mécènes de l’archéologue, dirigea aussi au début du
xxe siècle, au nom de l’État français et en tant que directeur du
musée Guimet de Paris, la distribution de ce patrimoine à travers la France et quelques pays européens. Aujourd’hui, alors
que nous allons terminer en 2011 le récolement de ces envois
dans les diverses institutions, nous avons identifié d’ores et
déjà plus de quatre mille cinq cents objets aujourd’hui conservés dans soixante et une villes en France et sept à l’étranger.
L’étude porte sur les trois mille cinq cents items vus lors des
différentes campagnes de récolement. Ce programme, qui
a débuté en 2006 pour sa partie archivistique et historique,
s’est élargi en 2010 à une partie scientifique. Le travail se développe à partir de deux axes thématiques : les momies (un
corpus de trente-huit individus) et les tissus (quantitativement
la partie la plus importante de cette collection et par ailleurs
un domaine archéologique déjà exploré pour cette époque
de l’Égypte). Ces deux programmes de recherche s’articulent
autour de trois questions. La première vise à clarifier une chronologie pour l’instant vague (romano-byzantine, romaine ou
byzantine selon les cas). La deuxième concerne l’étude anthropologique et génétique, pour comprendre notamment s’il y
a eu des mélanges d’individus d’origine africaine et procheorientale (ce qui renvoie à la question de la cité d’Antinoé et
de son positionnement économique et culturel durant l’Antiquité tardive en Égypte et dans le monde méditerranéen et
oriental). La troisième question porte sur la compréhension
des pratiques funéraires entre l’évolution des traditions égyptiennes d’époque pharaonique et les apports des cultures
gréco-romaine et chrétienne.
Méthode
L’année 2010 nous a permis de préciser notre méthode de
travail selon plusieurs principes. Nous ne voulons pas nous
contenter d’additionner des résultats bruts après une « batterie » d’analyses. L’équipe pluridisciplinaire réunie pour ce
projet a donc décidé en juin d’entreprendre un travail en
deux temps : d’abord une phase d’étude macroscopique, avec
constitution d’un corpus d’imagerie (scanner ou radios) intégrant aussi l’analyse au carbone 14, les études isotopiques et
tribologiques. Une seconde phase consistera à approfondir des
recherches de type physico-chimique en fonction des résultats
de la première phase. En amont, des protocoles précis de travail ont été mis au point (imagerie scanner, examens pathologique et dentaire, transport des momies dans les centres
hospitaliers universitaires [CHU], prises d’empreintes pour la
tribologie, prise d’échantillons de cheveux pour le carbone 14
et les analyses isotopiques). Une expérimentation de protocole
est en cours pour l’analyse ADN, afin de clarifier la réalité de
conservation d’ADN en fonction des prélèvements et pour éviter des résultats « trompeurs ».
Composition de l’équipe pluridisciplinaire
– Yannick Lintz, conservateur en chef, responsable du SRDAI,
et Magali Coudert, collaboratrice scientifique de conservation,
culture copte et époque romano-byzantine, SRDAI, toutes
deux responsables du programme ;
– Marie-Hélène Rutschowscaya, conservateur général, responsable de la section copte au département des Antiquités
égyptiennes, musée du Louvre ;
– Dominique Bénazet, conservateur en chef, section copte
au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre ;
– Hervé Bocherens, professeur, Institut für Geowissenschaften – Biogeologie Universität, Tübingen ;
– Thierry Borel, radiologue, C2RMF, palais du Louvre, Paris ;
– Laure Cadot, conservateur-restaurateur d’objets ethnographiques – matériaux organiques, polychromies mates, restes
humains ;
– Dr Laurent Dussarps, chirurgien-dentiste, Gradignan ;
– Eva-Maria Geigl, directrice de recherche CNRS, équipe
Épigénome et Paléogénome (recherche sur l’ADN), Institut
Jacques Monod, CNRS, université Paris VII Diderot ;
– Fabienne Médard, archéologue, spécialiste de l’étude technique des textiles anciens ;
– Dr Samuel Mérigeaud, praticien hospitalier du CHU Lapeyronie, Montpellier ;
– Witold Nowik, ingénieur de recherche, responsable du
pôle analytique, Laboratoire de recherche des monuments historiques, Champs-sur-Marne ;
– Pascale Richardin, responsable du groupe Datation – Datation par le carbone 14, département recherche, C2RMF, palais
du Louvre, Paris ;
– Margareta Tengberg, archéobotaniste, UMR 7209, Muséum
d’histoire naturelle, Paris ;
Observation scientifique d’une momie d’Antinoé au musée de l’Homme en 2010
89
Travaux de recherche
– Dr Pierre-Léon Thillaud, paléopathologiste, chargé de
conférences, École pratique des hautes études, Paris ;
– Romain Thomas, doctorant en botanique, Muséum d’histoire naturelle, Paris.
Calendrier
Début du programme : 2010.
Fin des analyses : fin 2011.
Sortie d’un ouvrage : fin 2012.
Projet suivi par Yannick Lintz et Caroline Tsagouris
Y. Lintz
 Since 1996, the comprehensive programme of locating and
authenticating works deposited in museums has involved a complex
inquiry into the background of national collections acquired in the
nineteenth and early twentieth century, and immediately distributed to
various museums and university institutions. One of the first steps in this
mammoth undertaking was to examine the archival and historical records
of the Egyptian collections from Antinopolis, excavated by the archaeologist
Albert Gayet between 1895 and 1910, a task that began in 2006. This
study involved inventorying more than 4,500 objects on deposit in 61
towns and cities in France, and 7 abroad. The technical assessment that
followed in 2010 involved the chronological, anthropological, and genetic
analysis of the mummies and mummy cloths, and an inquiry into funerary
practices. This project is being conducted by a multidisciplinary team of
specialists in social sciences and the exact sciences. The results of the
research are scheduled for publication in 2012.
Recherche sur l’histoire des dépôts
du Louvre et de l’État en France
et dans le monde
Projet suivi par Yannick Lintz, Marie-Josée Castor,
Caroline Tsagouris et Christine Walter
Le récolement des dépôts du Louvre et de l’État engendre de
fait une recherche historique sur les contextes d’envois de ces
collections par le Louvre ou l’État dans les différentes villes en
France et à l’étranger. Le SRDAI mène un travail important de
recherche historique selon une méthodologie définie à partir
d’une connaissance détaillée des fonds d’archives à Paris, en
région et à l’étranger. Cette recherche est menée selon des dossiers par ville et par institution muséale à l’intérieur de chaque
ville. Il est ainsi possible de reconstituer de manière relativement précise les différents contextes historiques qui ont présidé à ces envois : la politique de l’État à l’époque concernée par
le dépôt, les acteurs engagés dans ce projet du côté du Louvre,
notamment dans le choix des œuvres envoyées, et les enjeux
du musée dépositaire bénéficiaire de ces dépôts. Un rapport est
rédigé à l’issue du récolement où ces différents éléments sont
analysés. Les villes étudiées en 2010 sont Belfort, Boulognesur-Mer, Châlons-en-Champagne, Lyon (en cours), Nantes (en
cours), Reims et Troyes.
Y. Lintz
 The comprehensive programme of locating and authenticating works
90
Recherche sur l’histoire
des collections nationales
et leur circulation entre le Louvre
et les autres musées nationaux
deposited by the Louvre and the State has brought to light a wealth of
archives that have aided the verification of the procedures and conditions
by which these collections were originally sent by the Louvre and the State
to various towns and cities in France and abroad. The towns and cities
studied in 2010 were Belfort, Boulogne-sur-Mer, Chalons-en-Champagne,
Lyon (ongoing), Nantes (ongoing), Reims, and Troyes.
Le récolement des dépôts entre les musées nationaux nous
amène à établir un état des lieux exhaustif des dépôts du
Louvre vers les autres musées nationaux depuis l’origine de
l’institution. Cette étude, dont l’objectif administratif vise à
acter par des reversements ou des renouvellements de dépôts
un certain état actuel de la répartition des collections nationales, nous oblige à rechercher les conditions d’entrée des
œuvres dans les collections nationales, en clarifiant des situations historiques, notamment des modalités d’affectation des
anciennes collections royales et impériales. Nous cherchons
aussi à reconstituer de manière précise les modalités de mouvements de ces collections au cours du temps, en fonction des
différents projets muséaux de l’État. On sait ainsi très bien
que la décision de créer en 1945 un grand musée national des
Arts asiatiques au musée Guimet entraîne le départ de ce type
de collections du Louvre vers Guimet. On en sait moins sur
les œuvres antiques arrivées de Guimet au Louvre à la même
époque. Cette recherche s’effectue d’abord à partir de l’examen
critique des inventaires, du rassemblement des sources d’informations disponibles dans les services de documentation des
conservations, mais surtout par un travail de dépouillement
analytique des dossiers relatifs aux mutations de collections,
mené dans les centres d’archives. L’année 2010 s’est concentrée sur l’identification de toutes les situations historiques de
mouvements de collections du Louvre vers les autres musées
nationaux et inversement.
Y. Lintz
 The comprehensive programme of location and verification of
deposits held by the various national museums has produced an exhaustive
inventory of works despatched by the Louvre to these institutions since the
Museum first opened. It is also gradually providing a timeline for the
transfers of these collections, corresponding with the various museum
projects pursued by the State over the years. In 2010, the research team
successfully finished tabling the historical circumstances of each of the
transfers of the Louvre collections to other national museums, and vice
versa.
Recherche sur l’histoire
de la constitution des collections
du Louvre
Projet suivi par Yannick Lintz et Catherine Graindorge
Deux étapes sont à la base de cette recherche entreprise en
janvier 2010 : la loi de 2002 relative aux musées de France,
qui permet le transfert de propriété des dépôts effectués avant
1910, et le récolement de dix-huit mille quatre cent soixantetreize œuvres antiques déposées dans près de trois cents institutions en France et à l’étranger, dont six mille cinq cents ont
un mode d’acquisition inconnu ou méconnu.
Service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam
La recherche de ces provenances donne lieu à une étude
des contextes d’envoi permettant de remonter aux choix des
œuvres et donc éventuellement à leurs contextes d’acquisition. En réunissant l’ensemble des arrêtés, des décrets et des
listes d’envois de l’État, un récapitulatif chronologique a ainsi
été établi, précisant l’année, le lieu de dépôt et le nombre d’objets. Les raisons qui ont présidé à la composition des dépôts
sont de deux sortes : soit les objets ont été rassemblés à des fins
pédagogiques, ce qui est le cas pour de nombreuses villes, qui
ont alors reçu des dépôts relativement stéréotypés, associés à
l’une des trois civilisations antiques ou aux arts de l’Islam, soit
ils ont été réunis en fonction de critères locaux parfois inattendus, ce qui est le cas pour un certain nombre de villes isolées
où il n’existait pas de tradition en la matière.
Des investigations sont ensuite menées sur les acteurs
concernés, qui font apparaître des engagements et des niveaux
de responsabilité différents et des modes de financement
spécifiques. Ces deux éléments conjugués créent un faisceau
d’indices corroboré par une recherche historiographique et
archivistique (dépouillement de fonds dans une quinzaine de
centres d’archives en France, où près de deux mille trois cents
documents d’archives ont été sélectionnés). L’année 2010 a été
essentiellement consacrée à l’étude des dépôts de 1901 (cinq
cent quatorze œuvres égyptiennes dans seize villes).
Y. Lintz
 This particular research project, which began in January 2010, was
prompted by two events: first, the law of 2002 relating to French museums,
which enables the transfer of ownership of deposits made before 1910;
and second, the Louvre’s comprehensive location and validation of 18,473
antique works deposited in around 300 institutions in France and abroad,
6,500 of which involved transactions that are not accounted for, or are
unrecognised. Systematic provenance research has provided a detailed
chart of the historical context in which the works were transferred, so as to
identify how works were chosen, and possibly the contexts in which they
were acquired. Research in 2010 was essentially devoted to the study of
deposits distributed in 1901 (514 Egyptian works to 16 towns and cities).
Constitution d’outils scientifiques
d’étude des collections dans le cadre
du récolement
Projet suivi par Yannick Lintz et Anne-Laure Goisnard
La démarche de récolement que nous poursuivons avec l’ensemble des départements du Louvre fait apparaître la nécessité
d’éclairer les mouvements de certaines collections ou de certaines œuvres au cours du temps. L’histoire du Louvre et de la
distribution de ses collections à l’intérieur de l’établissement en
fonction de l’apparition progressive des départements scientifiques et de la disparition de certains autres appelle un regard
transversal. Une première démarche dans ce sens a amené le
SRDAI à coordonner en 2010 un groupe de travail sur la numérisation des inventaires du Louvre et à réfléchir à un outil partagé entre tous les départements. Cette démarche ambitieuse
suppose deux axes de travail. L’un est une connaissance précise
de tous les registres (d’entrée ou d’inventaire) transversaux aux
collections du Louvre et par département (une première liste
en a été dressée). L’autre consiste à mettre en place dans les
inventaires déjà numérisés des principes d’indexation, seuls
capables de créer un véritable outil scientifique. La commission de Récolement des dépôts d’œuvres d’art et le service des
Archives des musées nationaux sont associés à cette réflexion.
Y. Lintz
 The intricacy of the Louvre’s history and the complex distribution of the
Museum’s collections within the establishment—which advanced gradually
with the creation of specialist departments and the disappearance of
others—entails taking a transversal view of the history of these collections, so
as to form a composite chart of the Museum’s evolution over time. An initial
step in this direction in 2010 prompted the SRDAI (the department
responsible for locating and verifying early deposits, and for Islamic arts) to
coordinate a working party to assess the complete digitisation of the Louvre
inventories, so as to create a working tool shared by all the departments.
91
Travaux de recherche
Délégation à la conservation préventive
et à la coordination des régies
D
epuis sa création en 2007, la Délégation à la conservation préventive et à la
coordination des régies (DCPCR) a développé trois axes au sein des missions
qui lui ont été confiées :
– le travail préalable à l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique de
conservation préventive à l’échelle de l’établissement, pour l’ensemble des espaces
du musée, dans et hors les murs ; de même, la délégation intervient dans chacun des
grands projets de l’établissement ;
– la conception et la mise en œuvre de chantiers des collections, qui permettent
aux différents départements de mener des campagnes pour les objets non inclus
dans les grands projets, qu’ils se trouvent dans les salles ou en réserve, dans ou hors
les murs ;
– la gestion des lieux mutualisés, en particulier aire de livraison et réserves
extérieures, qui participe de la politique de conservation préventive du musée.
Les six membres de la délégation, pour l’essentiel des restaurateurs et régisseurs
formés dans les domaines spécifiques susmentionnés, travaillent en étroite
collaboration pour garantir la cohérence de la politique mise en œuvre.
A. de Wallens
 Since it was established in 2007, the “Délégation à la conservation préventive et à la
coordination des régies” (Division for preventive conservation and collection management
coordination) has developed three distinct approaches to carrying out its mandates:
– it lays the groundwork for the development and implementation of a preventive conservation
policy applicable to all of the Museum’s internal and external areas; the Division also participates
in each of the Louvre’s major conservation projects;
– it conceives and implements projects that enable the various departments to carry out specific
operations on objects not included in the major conservation programmes; this applies to objects
located in the exhibition halls, the storerooms, and inside or outside the Museum;
– it is responsible for managing the Museum’s shared areas, particularly the delivery area and the
external storerooms, which are part of the Museum’s preventive conservation policy.
The Division’s six members include restorers and administrators specifically trained in each of the
fields mentioned above, and work in close collaboration to ensure the coordinated implementation
of the Museum’s conservation policies.
92
Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies
Journée d’étude « Veille sanitaire
des collections patrimoniales »
Projet suivi par Anne de Wallens, Joëlle Le Roux,
Bertrand Le Dantec, Nicolas Pouget
La Délégation à la conservation préventive et à la coordination des régies fait partie d’un groupe de travail « insectes », rassemblement informel de différentes institutions patrimoniales
voisines (C2RMF, Laboratoire de recherche des monuments
historiques, musée du Louvre, musée du Quai Branly, Muséum
d’histoire naturelle, Centre des monuments nationaux, Bibliothèque nationale de France) qui se réunissent deux à trois fois
par an pour un échange d’expériences autour des infestations
biologiques, de la veille sanitaire et des traitements existants.
Ce groupe s’est réuni pour une journée d’étude au Louvre
en décembre 2010. Plusieurs thèmes ont été abordés : la reconnaissance des points d’entrée des insectes ; la mise en place
de plans de veille sanitaire concernant les insectes, la pertinence de l’installation de pièges lumineux ; les traitements
par anoxie dynamique effectués au Louvre, dans le cadre d’un
marché public. Des échanges fructueux ont ainsi pu être noués
entre collègues confrontés à ces mêmes questions.
J. Le Roux
 The “délégation à la conservation préventive et à la coordination des
régies” (Division for preventative conservation and collection management
coordination) is a team of experts that meets several times a year to
exchange information about biological infestations, the intrusion of insects
in particular. The special study day held at the Louvre in December 2010
focused on several issues, including the identification of the points of entry
for insects; the creation of insect-monitoring systems; the installation of
light-traps; and the implementation of dynamic anoxia treatment.
Commission de restauration
Projet suivi par Anne de Wallens
La Commission de restauration et de conservation préventive
s’est réunie trois fois au cours de l’année 2010. Composée de
dix membres institutionnels et de seize personnalités reconnues dans le domaine de la conservation-restauration (historiens de l’art, archéologues et restaurateurs), elle donne un
avis consultatif sur les restaurations proposées par les départements, ou en cours de réalisation.
Dix œuvres ont été présentées, parmi lesquelles la Vénus de
Milo (avant sa réinstallation dans la galerie de la Melpomène),
le Christ Courajod, les bas-reliefs de la fontaine des Innocents
de Jean Goujon, la Vénus du Pardo de Titien ou encore le papyrus médical acquis par le département des Antiquités égyptiennes en 2007.
Certaines d’entre elles ont fait l’objet d’une deuxième, voire
d’une troisième présentation, permettant ainsi aux membres
de la commission de suivre les différentes étapes de la restauration, et de confirmer ainsi les avis préalablement donnés.
A. de Wallens
field—met on three occasions in 2010. Among the ten works presented for
review were the Venus de Milo, the Courajod Christ, the Fountain of the Innocents bas-reliefs by Jean Goujon, the Pardo Venus by Titian, and the medical
papyrus E 32847.
Étude de l’environnement vibratoire
dans le cadre du chantier Marengo
Projet suivi par Anne de Wallens et Bertrand Le Dantec
Un facteur d’altération, souvent considéré à tort comme moins
dangereux que le climat ou la lumière, est de plus en plus présent dans l’environnement patrimonial. Il s’agit des vibrations
sismiques anthropiques (travaux) dont les basses fréquences
(de quelques hertz à quelques centaines de hertz) et le contenu
énergétique peuvent provoquer des dommages structuraux sur
les collections.
La DCPCR, ainsi que les départements concernés (départements des Peintures et des Antiquités orientales) et la Direction
architecture, muséographie et technique (DAMT) sont intervenus en amont du chantier Marengo, qui consiste à percer des
escaliers sur toute la hauteur de l’aile nord de la Cour carrée,
pour tenter de limiter les effets des vibrations inhérentes au
percement et à la démolition des plafonds et planchers.
Le laboratoire d’acoustique du Mans et la junior entreprise
qui en dépend ont été sollicités pour aider à la définition puis
au dimensionnement de systèmes antivibratoires adaptés. Les
ingénieurs ont aussi défini le protocole d’enregistrement et de
surveillance du chantier à partir d’un seuil théorique à ne pas
dépasser.
Ces systèmes de surveillance seront mis en place sur et autour des collections qui n’auront pas pu être déplacées du fait
de leur poids, de leur encombrement ou de leur mode de présentation.
B. Le Dantec
 Relative to the installation of stairs in the north wing of the Cour
Carrée, the DCPCR (Division for preventative conservation and collection
management coordination), la Direction Architecture, Muséographie et
Technique (Architecture, Museography, and Technical Department) and
the corresponding departments involved met to discuss and make
provisions for the effects of the stair construction on the collections. The
Laboratoire d’Acoustique (Laboratory of Acoustics) in Le Mans and the
associated student-run enterprise were brought in to assess the
implementation of suitable anti-vibration devices and monitoring systems,
which will be installed on and around those collections that cannot be
moved because of their weight, size, or the way in which they are exhibited.
 The “commission de restauration et de conservation preventive” (restoration and preventive conservation commission)—comprised of ten members of Louvre staff and sixteen consultants in the conservation-restoration
93
Travaux de recherche
Service Études et recherche
de la Direction de la politique des publics
et de l’éducation artistique
L
a mise en œuvre d’une politique de recherche sur les publics du Louvre a
été inscrite au « contrat de performance » 2009-2011, l’objectif étant de faire
connaître et de diffuser les connaissances acquises sur les publics, les usages et
les politiques mises en œuvre à leur intention, grâce à l’existence d’un important
corpus d’études. La visée d’innovation et d’expérimentation qui sous-tend de
nombreuses activités culturelles du Louvre en France et à l’étranger justifiait aussi de
soutenir cette fonction de recherche, susceptible d’en expliciter et d’en accompagner
le développement et la stratégie.
Les thèmes retenus relèvent de l’analyse et de la prospective sur les usages et les
publics, des apprentissages et des bénéfices retirés de l’expérience muséale, enfin de la
finalité du musée comme espace de production de biens et de valeurs. Ces domaines
ont été inscrits au « contrat de performance » sous la forme de trois volets de recherche :
– recherche sur les formes de la médiation et les aides à la visite ;
– recherche sur les publics « réels » et « virtuels » ;
– recherche sur la valeur sociale, culturelle et économique du Louvre.
Les conditions de mise en œuvre de ce programme ont été établies de la façon suivante :
– les méthodologies employées relèvent des sciences humaines et sociales et
mobilisent des techniques tant qualitatives que quantitatives ;
– les recherches sont conduites dans le cadre de partenariats avec des organismes
d’enseignement et de recherche (CNRS ; université Paris I Sorbonne ; HEC-Paris) ;
– le programme procède d’un dispositif de recherche appliquée, à horizon de moyen
terme, avec une visée opérationnelle à destination des professionnels du Louvre ;
– il doit enfin contribuer à la diffusion des connaissances et faire l’objet de
publications au sein de revues spécialisées à comité de lecture.
A. Krebs-Poignant
94
 The implementation of a policy for conducting research on the Louvre’s audience was included
in the Performance Report for 2009–2011; the goal was to acquire and disseminate knowledge
about the audiences and about the practices and policies to be applied to it, drawing on the large
body of research now available. The innovative and experimental approach underlying many of
the Louvre’s cultural activities, both in France and internationally, has justified the emergence of
this research focus, through which its development and strategies can become more clearly
articulated and supported.
The topics selected include the analysis and future projection of the uses and audiences of the
museum; the educational and other benefits gained from the museum experience; and lastly, the
role of the museum as a territory for the production of goods and values. These areas were
represented in the Performance Report in the form of three research projects:
- Research on types of interactive communication and interpretation devices
- Research on «real» and «virtual» audiences
- Research on the social, cultural and economic value of the Louvre.
The procedure for the implementation of this research programme was defined as follows:
- The methodologies used come from the social sciences and humanities, and adopt both
qualitative and quantitative approaches.
- The research is conducted through partnerships with educational and research institutions
(CNRS, the University of Paris I-Sorbonne, and the HEC business school).
- The programme employs a medium-term applied research approach, with its intended
beneficiaries being the Louvre’s staff.
- Lastly, it will contribute to the dissemination of knowledge in the field, and result in articles
published in peer-reviewed journals.
Service études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique
Recherche sur les pratiques réelles et « virtuelles » du Louvre
Partenariat Louvre – HEC-Paris
Projet suivi par Florence Caro
Présentation de la recherche
À l’âge moderne, la naissance des techniques de reproduction
et le développement consécutif des industries culturelles ont
conduit à s’interroger sur les différences entre l’œuvre d’art et
sa reproduction. L’époque contemporaine, marquée par le développement d’Internet et la révolution induite dans les possibilités d’accès aux œuvres et aux connaissances, transforme ce qui
pourrait être compris comme une simple extension de la reproduction en nouvelles modalités de visite et d’expérience (bouger
autour de l’œuvre, la voir en 3D, etc.). Dans le cas des musées
d’art, le site Internet propose à ses visiteurs, au-delà des finalités
pratiques, un espace virtuel qui semble exister indépendamment
des collections originales tout en les reflétant quasiment en miroir (bases de données d’œuvres, visites virtuelles dans les salles,
etc.). Explorer la question de l’articulation du territoire « réel » du
musée avec son territoire « virtuel » via son site Internet devient
une question de première importance pour le développement
des musées. Cette recherche ayant pour terrain le Louvre s’inscrit
dans le contexte plus large de la refonte de son site Internet. Elle
vise à analyser et mieux comprendre les rapports de complémentarité et/ou de substitution éventuelle qui peuvent exister entre la
visite physique du musée et sa visite virtuelle.
Cadre conceptuel et questions de recherche
La recherche s’appuie sur une segmentation des publics obtenue par le croisement entre visiteurs du musée (in situ) et visiteurs du site Internet (en ligne). Elle conduit à définir, hormis
le non-public (exclu du champ de cette recherche), trois catégories de visiteurs :
– les visiteurs « complets », qui effectuent les deux types de
visites et pour lesquels il s’agira de comprendre la nature du
lien entre visites physiques et visites virtuelles ;
– les « exclusifs physiques » ;
– les « exclusifs virtuels ».
Visite physique
oui
Visite virtuelle
non
oui
« complets »
« exclusifs virtuels »
non
« exclusifs physiques »
(non-publics)
La recherche explore les relations entre réel et virtuel :
– exploration croisée des pratiques muséales, réelles et virtuelles ;
– appréhension des différentes dimensions de l’expérience
et de la création de valeur sous-tendue par ces pratiques ;
– compréhension des représentations qu’ont les individus
des œuvres et des collections dans les deux types de visites et
bénéfices respectifs.
Méthodologie
La recherche procède en deux volets.
Un premier volet, qualitatif, pour explorer les usages Internet des visiteurs de musées d’art, en relation avec leurs pratiques de sorties et de loisirs, et comprendre comment ces
usages affectent le rapport à l’œuvre, originale et reproduite :
– vingt-neuf entretiens semi-directifs, à domicile et sur place au
musée, auprès de Franciliens, de régionaux et de visiteurs étrangers ;
– une réunion de groupe avec huit Franciliens.
Un second volet, quantitatif, via un questionnaire, avec
deux modes de recueil :
– in situ, à la sortie des collections du musée du Louvre, auprès de cinq cent trente-sept répondants (moitié Français et
moitié étrangers), en trois langues ;
– en ligne, auprès de cinq mille quatre cent quatre-vingtquinze internautes du site www.louvre.fr, à leur déconnexion
du site, dans les mêmes langues.
Premiers résultats
Les premiers résultats ont été obtenus par l’approche qualitative. Ils s’ordonnent autour de plusieurs thèmes :
– positionnement du musée d’art dans les attitudes et pratiques culturelles des répondants ;
– variables déterminant les représentations et usages constatés ;
– existence de rôles influents chez certains visiteurs ;
– tendance dominante : non-substituabilité de la visite réelle
à la visite virtuelle.
La seconde partie de la recherche porte sur les résultats de la
phase d’enquête quantitative (actuellement en cours d’analyse), en particulier le développement d’une échelle multiitems sur les relations entre réel et virtuel et les déterminants
individuels des variations de cette échelle.
Ces résultats seront détaillés et mis en perspective avec les
apports de la littérature consacrée aux musées et aux nouvelles
technologies. En conclusion, les apports théoriques et les questions soulevées par cette recherche et ses résultats seront mis
en évidence. Des implications pratiques dans le domaine de la
politique numérique seront proposées, à destination des professionnels de musées.
F. Caro
 The inter-relation between the «physical» location of a museum and
its «virtual» counterpart, the latter being primarily its website, is becoming
a vitally important issue for museum development. This research project
seeks to analyse the connections between visiting the actual museum and
visiting its website: one may complement the other, or possibly replace it.
Three audience groups are investigated:
- “Full” visitors who make both types of visit, where the issue is to
understand the relationship between the physical and virtual visit
- «Purely physical» visitors
- “Purely virtual» visitors.
The research methodology is both qualitative (29 interviews and a group
meeting, focusing on visitor uses and perceptions) and quantitative (an “onsite” questionnaire administered to 537 visitors to the Louvre, in several
languages, and an “on-line” questionnaire filled out by 5,495 visitors to the
www.louvre.fr site, in the same languages as the on-site questionnaire).
The initial findings, resulting from the qualitative phase of the study,
make it possible among other things to understand the positioning of the
art museum in the respondents’ attitudes and practices with respect to
culture, as well as the variables that determine these.
The results of the quantitative phase, currently being analysed, will make
it possible to weight appropriately the trends observed in the qualitative
phase, and also to develop a multi-item scale showing the relationships
between the real and the virtual, as well as the individual determinants of
variation in this scale.
95
Travaux de recherche
Recherche sur les relations entre les musées et les municipalités en Europe
Partenariat Louvre – Centre d’économie de la Sorbonne – université Paris I Sorbonne
(groupement d’analyse politique financé par l’Union européenne)
Projet suivi par Anne Krebs-Poignant
Présentation de la recherche et méthodes employées
Le partenariat entre le Louvre et le Centre d’économie de la Sorbonne (université Paris I Sorbonne), qui a débuté en 2007 par
une étude appliquée sur l’impact économique du Louvre, s’est
poursuivi en 2010 avec la création d’un groupement d’analyse
politique financé par l’Union européenne, associant le musée
du Louvre, le Centre d’économie de la Sorbonne, le Manchester Museum (université de Manchester, Royaume-Uni), la ville
de Split (Croatie) et le réseau européen ENCATC (European
Network of Cultural Administration Training Centres).
Pour faire le point sur la question des relations entre les musées et les municipalités européens dans le cadre de différents
contextes nationaux ou subrégionaux, le travail du groupement s’est appuyé sur :
– quatre rencontres européennes (Paris, Manchester, Split,
Bruxelles) ;
– une dizaine d’auditions de professionnels des musées, des
collectivités ou d’experts de ces questions ;
– quatorze études de cas nationales ou régionales ;
– une double enquête en ligne conduite auprès de musées et
de municipalités en Europe.
Questions de recherche
La recherche visait à comprendre l’état de la relation entre les musées et leurs territoires, afin de contribuer notamment à la réflexion
sur le développement territorial du Louvre, à travers l’analyse de
la transformation des relations, des missions et des attentes mutuelles des musées et des municipalités en Europe. Les municipalités ont constitué de nombreuses collections ou en ont hérité et
sont devenues des partenaires très actifs des musées : la décentralisation confère des responsabilités croissantes aux collectivités territoriales ; la crise financière conduit les États à réduire leurs engagements et les musées à renforcer leurs partenariats notamment avec
les municipalités, parmi d’autres tuteurs publics ou privés ; enfin, la
recherche d’un développement culturel durable, associant progrès
culturels, sociaux et économiques, crée un espace de convergence
entre les activités de plus en plus variées des musées et les responsabilités que doivent assumer aujourd’hui les collectivités locales.
96
Résultats
L’analyse de l’état de ces relations souligne les synergies et les
différences relatives aux missions des musées et aux attentes
mutuelles des municipalités et des musées. Les deux partenaires s’accordent sur le fait qu’ils peuvent soutenir et stimuler
ensemble responsabilité patrimoniale et responsabilité sociale,
mais avec des différences d’approche :
– les musées restent très attachés à leurs fonctions traditionnelles (accueil des visiteurs et éducation des scolaires), mais ils
ignorent de moins en moins leurs contributions possibles au
développement social et économique ;
– les musées mettent en évidence les capacités d’ouverture et
la curiosité des élèves, alors que les municipalités insistent sur
la place à accorder à la lutte contre l’échec scolaire ;
– les musées s’accordent tous sur leur contribution à l’éducation et à l’insertion des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans,
alors que les municipalités insistent sur la nécessité de poursuivre le même objectif pour les adultes ;
– les musées envisagent leur rôle en soutien à l’expression des
valeurs culturelles de communautés présentes sur leur territoire,
alors que les municipalités leur demandent de bien veiller à ce
que toutes les communautés puissent accéder aux musées ;
– alors que les municipalités soulignent l’importance des musées pour la croissance économique liée au tourisme, les musées
préfèrent afficher leur capacité à être des lieux d’innovation
technologique ;
– les musées, clairement concernés par leurs responsabilités
vis-à-vis de leurs territoires, attendent que les municipalités les
aident à se faire connaître et à se financer ; ils ne veulent pas
servir de simples aimants au tourisme dit culturel et craignent
que les municipalités les ignorent ;
– les municipalités demandent aux musées d’assumer les
fonctions élargies aujourd’hui prêtées à la culture en contribuant, au même titre que tous les autres équipements structurants, au bien-être sanitaire, à la cohésion sociale et à l’expression de la diversité culturelle.
En tenant compte des spécificités propres aux vingt-sept
États membres, la synergie entre musées et municipalités pourrait permettre aux musées de renforcer leur rôle en tant que
leviers de créativité culturelle, sociale et économique, en prenant en compte, et sous réserve d’évaluation :
– un design institutionnel et juridique qui favorise autonomie et responsabilisation des musées ;
– un design économique et financier qui permette des
formes de mutualisation et des engagements de moyen terme ;
– un design de gestion des ressources humaines renforçant et
valorisant les qualifications de toutes les catégories de personnels et mettant en valeur volontariat et réseaux ;
– enfin, un design de l’évaluation associant les indicateurs traditionnels d’objectifs et de résultats à des indicateurs de valeur, et
notamment, en matière d’élévation du bien-être sanitaire et social
des populations, d’expression de la diversité culturelle et de contribution au développement économique et social des territoires.
Les résultats des travaux du groupement d’analyse politique ont
été présentés à Bruxelles, le 10 décembre 2010, dans le cadre d’une
conférence internationale, et ont fait l’objet d’un « livre blanc »,
disponible en français et en anglais, sur le site www.encatc.org
A. Krebs-Poignant
 The Louvre and the Centre d’économie of the University of Paris I Sorbonne
have coordinated and provided research supervision of a policy analysis group,
financed by the European Union, studying the state of the relationships
between European museums and the regions where they are located. This
research was aimed at gaining an understanding of the trends, the areas of
convergence or divergence with respect to museums’ sustainable development,
the mutual expectations and the challenges currently shared by museums and
municipalities in the domains of governance and development. The analysis of
the state of these relationships highlights both synergies and differences of
viewpoint with respect to the stated missions of the museums, and the mutual
expectations of both partners. This research opens the way for a discussion
of innovations through which museums can strengthen their role as drivers of
cultural, social and economic creativity within their respective regions.
Service études et recherche de la Direction de la politique des publics et de l’éducation artistique
Recherche sur les formes et
structures des médiations et des
aides à la visite (in situ et online)
Partenariat Louvre – laboratoire Culture et communication
(université d’Avignon et des Pays de Vaucluse)
Projet suivi par Anne Krebs-Poignant
Questions de recherche
L’axe de recherche sur « les médiations des savoirs et les aides à la
visite », inscrit au « contrat de performance » du musée du Louvre,
comprend plusieurs volets. Ce partenariat de recherche, lancé
en 2007 avec le laboratoire Culture et communication (Centre
Norbert Elias – UMR 8562 – université d’Avignon et des Pays de
Vaucluse), vise à consolider les connaissances sur les formes et
les structures de la médiation et explore la compréhension des
significations des messages culturels, de leurs usages et de leurs
modes de réception par les différentes catégories de publics. Le
programme vise notamment à étudier et évaluer les méthodes de
transmission et d’acquisition de la culture dans le contexte plus
général de la politique des publics du Louvre, à Paris, comme sur
les autres « territoires » où peuvent s’exposer, aujourd’hui ou à
moyen terme, les situations communicationnelles entre le Louvre
et ses publics (Louvre-Lens, Louvre-Abou Dabi, site Internet du
Louvre) :
– un premier volet (2007) portait sur les textes et les lectures dans les collections du musée du Louvre, analysant la
politique de production des écrits et inventoriant de façon
ethnographique les pratiques de lecture ou de non-lecture des
visiteurs ;
– en 2009, à la demande du service multimédia du Louvre,
un deuxième volet a porté sur l’analyse du site Internet du
Louvre en tant que média de communication, et définissait les
scénarios d’usage du nouveau site www.louvre.fr ;
– un troisième volet, ouvert en 2010 à la demande du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et du
service Éducation de la Direction de la politique des publics et
de l’éducation artistique, visait à consolider les connaissances
sur les dispositifs textuels proposés au public et sur leur réception, dans le contexte particulier des espaces muséographiques
des nouvelles salles d’art grec classique et hellénistique.
A. Krebs-Poignant
Analyse des flux et de la présence
des visiteurs à partir des captations
de données des dispositifs mobiles
des visiteurs
Partenariat Louvre – laboratoire LiftLab (Suisse) –
société BitCarrier (Espagne)
Projet suivi par Thomas Besançon
Le partenariat de recherche noué entre le Louvre, la société
mécène BitCarrier et l’agence de recherche LiftLab a permis de
tester un dispositif innovant de captage des flux de visiteurs
au sein des espaces muséographiques. Dix appareils, munis de
batteries ayant une autonomie de dix jours et capables de capter les signaux Bluetooth émis par les téléphones mobiles des
visiteurs, ont été disposés à des points clés d’un parcours allant
du hall d’accueil à la Grande Galerie et à la salle de la Vénus de
Milo. Chaque téléphone mobile détecté était identifié de façon
unique par un code numérique crypté respectant l’anonymat
du visiteur. Il a ainsi été possible, par analyse statistique, de
cerner les parcours individuels (un même téléphone étant capté à différents points du musée), les boucles (visiteurs repassant près d’un même capteur), les flux (proportion de visiteurs
s’engageant sur telle partie du parcours), ou encore la durée
des trajets ou des stationnements, et les effets de l’affluence sur
les stratégies de déplacement des visiteurs.
T. Besançon
 Through a research partnership between the Louvre, one of its
business patrons BitCarrier and the research company LiftLab, an innovative
system for collecting data on visitor behaviour was tested. Ten Bluetooth
sensors were installed at key points in the Denon wing of the Louvre.
Mobile phones, uniquely identifiable by an encrypted digital code that
preserved the anonymity of their owners, could in this way be made to
yield invaluable information about the pathways chosen by visitors and the
volume of visitor flow.
 Research on the «interactive communication of knowledge and visitor
aids» was initiated in 2007 with the Culture and Communication Laboratory
(Centre Norbert Elias - UMR 8562 - University of Avignon and the Pays de
Vaucluse). A series of studies investigated and consolidated knowledge of
the types and organisation of interactive communication, the understanding
of the meanings of cultural messages, and their uses and methods of
delivery to audiences.
Lecture : comparaison du nombre de billets vendus au Louvre (courbe noire) et du nombre de téléphones mobiles détectés (courbe orange) sur une période de quatre mois
97
Travaux de recherche
Outils de la recherche
Bases de données
Museum Plus
Le musée du Louvre est lancé depuis 2007 dans un projet de
refonte globale de la gestion informatique de ses collections.
Ce projet consiste à mettre en place un système transversal de
gestion des collections des sept départements du musée (hors
Arts graphiques), tant sur le plan administratif et scientifique
que sur celui de la localisation, de la documentation, de la
conservation, et de la gestion des risques. La future application
rassemblera toutes les informations concernant les œuvres et
les cadres et recensera l’activité liée aux œuvres et aux cadres.
Le projet de refonte comprend quatre phases : mise en place
du socle commun (2007-2009) ; mise en œuvre pour les départements des Antiquités égyptiennes et des Peintures (20092011) ; mise en œuvre pour les départements des Sculptures,
des Objets d’art et des Antiquités orientales ; mise en œuvre
pour le département des Arts de l’Islam, celui des Antiquités
grecques, étrusques et romaines et les autres services concernés, et enfin mise en place d’un Intranet de consultation.
 Since 2007, the Louvre has been busy undertaking a complete
overhaul of its collections, entering each item into a universal database so
as to create an interdepartmental management system that covers the
collections of each of the Museum’s seven departments (excluding the
department of Graphic Arts). This system will serve as a vital tool for both
administrative and scientific use by providing data on the exact location,
documentation, and conservation of each work, and facilitate risk
management of the Louvre’s holdings.
This mammoth overhaul involves four distinct phases: the establishment
of a common platform (2007–09); operational implementation for the
Departments of Egyptian Antiquities and Paintings (2009–11); operational
implementation for the Departments of Sculpture, Decorative Arts, and
Near Eastern Antiquities; and operational implementation for the
Departments of Islamic Arts, and Greek, Etruscan, and Roman Antiquities,
and the other departments concerned, along with the creation of an
intranet for in-house consultation.
Développement des données informatiques
sur les collections égyptiennes d’époque
pharaonique dans Museum Plus
98
Rappelons que le choix d’une base de données documentaire
informatique (on ne parlait pas encore de « documentation
dématérialisée ») portant sur l’ensemble de la collection du
département égyptien remonte à 1974.
En 2010, la documentation du département a activement
préparé le reversement sur Museum Plus des quarante et un
mille deux cent quarante fiches de l’ancienne base hébergée
sur Mistral, en révisant certains thésaurus (fusion dénomination/typologie, époques et datations). Un méticuleux travail
de nettoyage a anticipé le reversement ultérieur des bases liant
les œuvres aux expositions passées (action rétroactive sur dix
ans), de celles relatives aux photographies des œuvres ainsi
que de la base du récolement décennal.
Ces travaux documentaires d’importance, menés avec l’assistance du service Informatique du Louvre, sont les préalables
indispensables au succès de la nouvelle base de données des
collections, outil fondamental pour la recherche documentaire au département égyptien ainsi qu’outil de gestion des
mouvements d’œuvres.
Retardées pour des raisons techniques, la « mise en production » et la prise en main par les membres du département
auront lieu à partir du printemps 2011.
 It is important to note that the idea of creating a documentary
database (the term “dematerialised documentation” was not used at the
time) of the entire collection of the Department of Egyptian Antiquities,
goes back to 1974.
In 2010, the research division of the Department of Egyptian Antiquities
actively prepared the transfer of the 41,240 records on the old Mistral database to the centralised “MuseumPlus” system, by revising certain thesauri
(denominations/typologies, periods, and dates were merged). A systematic
streamlining operation was carried out before the subsequent transfer of the
databases, linking each of the works to past exhibitions (covering the last 10
years), the photographic databases of the works, and the database of the
ten-year update on the location and authentication of each item.
This extensive documentary work, conducted with the assistance of the
Louvre’s Computer Department, is an indispensable prerequisite for the
success of the new database of the collections—an essential documentary
research tool in the Department of Egyptian Antiquities, and a tool for
monitoring the possible relocation of any given work.
Delayed for technical reasons, the new system was finally made available
to the department’s staff began in spring 2011.
Les collections du département
des Peintures dans Museum Plus
En 2010, la régie et la documentation du département des Peintures ont œuvré activement à la migration des données (fiches
des œuvres, photos, etc.) dans Museum Plus. Cette étape a nécessité l’étude, la mise à jour et le nettoyage des données figurant dans les différentes bases de gestion existantes (des collections permanentes, des dépôts, des cadres, des catalogues, des
revues, des photos, etc.). Ce travail a été effectué sur plusieurs
mois, avec la collaboration du service Informatique. Retardée
pour des raisons techniques, la mise en production est prévue
à l’automne 2011 pour le département des Peintures.
À terme, cette base complète et transversale de gestion des
collections regroupera toutes les informations (historique,
Outils de la recherche
photo, etc.) et recensera les activités (prêts, restaurations, etc.)
liées aux onze mille deux cent cinquante-huit peintures et aux
neuf mille cadres du musée. Ainsi, Museum Plus deviendra un
outil indispensable aussi bien pour la documentation que pour
la régie des œuvres et des cadres du département.
 Throughout 2010 the research division and management of the
Department of Paintings has been busy transferring back data (descriptions
and/or images of works, photos, etc.) to the new, centralised Museum Plus
database. This first phase entailed sorting, updating and collating
information from the various existing databases (records of permanent
exhibitions, deposits, frames, catalogues, journals, photos, etc.). The task
was carried out over several months in tandem with the in-house Computer
Department. For the time being, the Department of Paintings database is
delayed for technical reasons, but will begin functioning in autumn 2011.
This comprehensive interdepartmental database for managing the
collections will eventually contain all known information (history, photos,
etc.) and activities (loans, restoration work, etc.) relating to 11,258
paintings and 9,000 picture frames (3,000 of which are not actually in use).
Inventaire des Arts graphiques
L’inventaire informatisé et illustré du département des Arts
graphiques décrit et reproduit les dessins, cartons, pastels,
miniatures inscrits sur les inventaires manuscrits du cabinet
des Dessins du musée du Louvre et du musée d’Orsay. Il comporte également toutes les planches gravées de la Chalcographie, tous les dessins et une partie des gravures de la collection
Edmond de Rothschild, le fonds des dessins récupérés en Allemagne et attribués aux musées nationaux par l’Office des biens
privés, le fonds des peintures sur papier et miniatures déposées
par le département des Peintures et le fonds des autographes
du cabinet des Dessins. Il recense aussi les expositions dans
lesquelles ont figuré les œuvres du département et propose les
fiches de ces expositions.
Mise en chantier en 1989, la base de données est accessible
sur Internet depuis 2003. Depuis 2008, une nouvelle version
de l’application, considérablement enrichie, est utilisée par le
département. Cette version est mise à jour quotidiennement.
En 2010, l’équipe de la documentation a procédé à la correction et à l’enrichissement de onze mille sept cent cinquante
et une fiches d’œuvres, à la création et à l’enrichissement de
neuf mille mouvements, à la création et à l’enrichissement de
cent dix-neuf expositions et à l’insertion de deux mille trois
cents images. En 2010, un travail de recherche et de préparation a été effectué afin d’attribuer des critères d’identification
destinés à former la première partie du champ « Collection
Everhard Jabach » de l’inventaire informatisé.
En 2010, le personnel scientifique de la documentation, en
collaboration avec le service Informatique, a entrepris la préparation de la mise en ligne de cette nouvelle version, dont la
mise en ligne est prévue pour 2012.
Les diverses versions et réécritures de cet inventaire informatisé ainsi que son enrichissement relèvent de la responsabilité de
Brigitte Donon et Michèle Gardon, de Christel Winling pour la
Chalcographie et la collection Edmond de Rothschild, et Hélène
Grollemund pour les mouvements des œuvres et les expositions.
 The computerised and illustrated inventory of the Department of
Graphic Arts contains descriptions and reproductions of drawings, cartoons,
pastel drawings, and miniature paintings recorded in the manuscript
inventory of the Cabinet des Dessins in the Musée du Louvre and the
Musée d’Orsay. It also contains all the engraved plates of the Chalcographie,
and all the drawings and some of the engravings in the Edmond de
Rothschild collection; the collection of drawings retrieved in Germany and
reassigned to the national museums by the Office des Biens Privés (Office
for Private Property); the collection of paintings on paper and miniature
paintings deposited by the Department of Paintings, and the collection of
autographs in the Cabinet des Dessins. It also lists the exhibitions in which
the Department’s works have been put on show, and contains the
descriptions and/or images of the works provided in the case of each of
these exhibitions.
Begun in 1989, the database has been online since 2003. In 2008, the
Department began using a new version of the data storage application that
enabled considerably more data to be compiled. The current version of the
database is updated on a daily basis. In 2010, the research team corrected
and added further data to 11,751 descriptions and/or images of works;
recorded and updated information relating to 9,000 movements of
individual works; recorded detailed information relating to 119 exhibitions,
and added 2,300 images for the registered items. In 2010, research and
preliminary work was carried out in order to establish identification criteria
for the creation of the first part of the “Collection Evehard Jabach” section
in the computerised inventory.
In 2010, the staff of the research department worked alongside the
Computer Department to prepare a new online version, which is scheduled
to be available in 2012.
The principal people responsible for creating, rewriting, and perfecting
the successive versions of this computerised database are B. Donon and M.
Gardon, Christel Winling (the Chalcographie and the Edmond de Rothschild
Collection), and H. Grollemund (movements of works and exhibitions).
Répertoire des professions/
fonctions et noms des personnages
mentionnés sur les monuments
pharaoniques du département
des Antiquités égyptiennes
À la fin de 2010, ce répertoire comptait mille six cent vingt et
une fiches, correspondant chacune à une profession/fonction.
Il a vocation à être consultable sur la future base de données
Museum Plus. À la différence des travaux prosopographiques
déjà disponibles ou actuellement en cours dans d’autres organismes de recherche (musées et universités, en France et à
l’étranger), il ne se limite pas à une période historique, à une
aire géographique, à une catégorie socio-professionnelle ou à un
type de monument. Il prend en compte l’ensemble de la collection égyptienne du Louvre, dans laquelle se côtoient blanchisseurs, scribes, jardiniers, généraux, confiseurs et grands prêtres
d’Amon, servantes asiatiques, nourrices, joueuses de sistre et
épouses royales. Il permet donc d’avoir une idée précise des personnages, femmes et hommes, qui ont fait partie pendant trois
millénaires de la société pharaonique, telle qu’elle est représentée dans toute sa variété par la collection du Louvre.
É. David
 At the end of 2010, this inventory contained 1,621 records, each of
which corresponds to a profession/function. It needs to be made accessible
on the future MuseumPlus database. Unlike the prosopographical studies
that are currently available or ongoing in other research institutes
99
Travaux de recherche
(museums and universities in France and abroad), the inventory is not
limited to a particular historical period, geographical area, socioprofessional category, or a type of monument. It takes into account the
Louvre’s entire Egyptian collection where a whole range of people are
mentioned: launderers, scribes, gardeners, generals, confectioners, high
priests of Amon, Asian servants, nannies, female sistra players, and royal
wives. It gives us a precise idea of the men and women who lived during
the three millennia of pharaonic society, as it is represented in all its variety
by the Louvre collection.
departments (DAGER, DAE, and DAO), and the Department of Islamic Arts
(DIA) of the Musée du Louvre.
The three-part PICO database provides various types of information:
administrative, historical, technical, and bibliographical information, and at
least one photograph per object.
This database, which is updated twice a year as works are located and
authenticated, is available for consultation (on request) on the Museum
premises.
Contact: [email protected]
Élaboration d’un thésaurus pour
la normalisation des descriptions
de la céramique du département
des Arts de l’Islam
Base de gestion des cadres anciens
du département des Peintures
La gestion des collections et l’ensemble des recherches scientifiques ont rendu nécessaire la normalisation de la description
du matériel céramique. Ce travail a été mené par l’équipe du
département des Arts de l’Islam (DAI) en 2010. Cette normalisation servira au reversement de la base Simurgh, base de données
des collections du DAI, dans la future base Museum Plus, base
de données de l’ensemble des collections du musée du Louvre.
 The management of the department’s collections and the ongoing
scientific research work involved standardising the descriptions of the
various types of ceramic artefact, which was carried out by the DIA team in
2010. This standardisation will facilitate importing the contents of the
Simurgh database (the DIA collections database) into the MuseumPlus
master database, which will comprise all the collections in the Musée du
Louvre in a single system.
Base de données du récolement des
dépôts antiques et des arts de l’Islam
(Pico)
La base de données du SRDAI compte à ce jour environ dixhuit mille cinq cents notices sur les œuvres récolées depuis
1998 dans près de deux cent quarante institutions en France et
à l’étranger. Elles concernent les envois de l’État et les dépôts
des trois départements antiques (DAGER, DAE, DAO) ainsi que
du département des Arts de l’Islam du musée du Louvre.
Composée de trois volets, la base de données Pico fournit des
informations de type administratif, historique, scientifique, bibliographique, ainsi qu’une couverture photographique d’au
moins une image par objet.
Cette base, actualisée deux fois par an en fonction de l’avancée du récolement, est ouverte à la consultation, en interne au
musée du Louvre, sur demande.
Personne à contacter : [email protected]
100
 The SRDAI (the department responsible for locating and authenticating
of antiquities and for the Islamic arts) database currently contains around
18,500 descriptions and/or images of works that have been located and
validated since 1998 in around 240 institutions in France and abroad. The
data relates to State deposits and to deposits made by the three antiquities
La base de gestion des cadres anciens du Louvre (logiciel
Filemaker) a été revue et complétée en 2009-2010 afin d’être
fondue dans la base Museum Plus. Cette base spécifique, qui
couvrira à terme la totalité des neuf mille cadres du Louvre
(dont trois mille non affectés), est indépendante de la base des
tableaux, avec laquelle elle entretient toutefois un lien étroit.
Elle comportera, entre autres, les photographies des cadres, un
champ historique et un espace consacré au suivi des restaurations.
 The (FileMaker) database of the Louvre’s picture frames was revised
and updated over the period 2009–10 and then added to the new,
comprehensive MuseumPlus database, which will eventually cover all
9,000 of the Museum’s frames (3,000 of which are not actually being
used), and is independent but runs parallel to the database for the pictures
themselves. Each entry includes a photograph of the frame, data on its
background, and a field for a restoration log.
Fonds photographiques
Gestion des photographies au
département des Sculptures
Une réflexion particulière a été menée sur la gestion, l’exploitation et la diffusion des différents fonds photographiques
conservés dans les dossiers documentaires.
Les photographies anciennes
Le premier axe de réflexion a porté sur les fonds de photographies anciennes conservées dans les dossiers documentaires.
Au cours de l’année 2010, il a ainsi été procédé à une estimation des fonds, à la préparation d’un chantier de restauration
et de reconditionnement des photos les plus fragiles, à la commande d’équipements, à la demande de travaux pour l’obtention d’un local spécifique de conservation de ces fonds, à une
recherche sur les procédés photographiques utilisés et sur les
photographes et les éditeurs de photographies présents dans le
fonds. Une investigation a été menée pour retrouver les institutions susceptibles de conserver d’autres photographies des
œuvres du département. Enfin, une documentaliste spécialisée
dans le domaine de la photographie a été recrutée.
Outils de la recherche
Les photographies numériques
Le second axe de réflexion a porté, en collaboration avec le
service Informatique, sur la gestion des fonds de photographies numériques documentaires. Un espace dédié à ces fonds
a été créé sur le réseau interne du musée, et, dans l’attente
d’un outil informatisé pour la gestion de ces fonds, une structure de classement des photos par dossier reprenant le même
classement que celui des dossiers documentaires papier a été
mise en place.
 Particular thought was given to the management, use, and diffusion
of the various collections of photographs held in the documentary dossiers.
The early photographs
The first phase focused on the existing photographic records stored in
the archives. In 2010, work began on assessing the collection, restoring the
more fragile ones; new equipment was ordered; and a request made for a
specific area to be assigned for housing all this photographic material;
regarding each item, a record of techniques used was started, along with a
list of the photographers and photographic editors. A search began for
other institutions worldwide that are likely to have additional photographs
of the works in the department. Lastly, a researcher specialising in
photography was recruited.
The digital photographs
Working in tandem with the Louvre Computer Department, the second
phase focused on reordering the backlog of documentary digital
photographs, which is now hosted on the Museum’s internal network, and
on devising a system for filing photos by dossier, similar to the system used
for the paper dossiers, pending the creation of dedicated software for
managing these collections.
Restauration et numérisation du
fonds de photographies anciennes
du département des Objets d’art
Depuis 2008, le département des Objets d’art a entrepris la
restauration et le reconditionnement des photographies anciennes (antérieures à 1940) des œuvres conservées dans ses
collections. Après traitement, ces photos sont numérisées grâce
à la collaboration du service Images et ressources documentaires du musée du Louvre. Une base de données de description (notamment technique) des photographies numérisées
a été mise en place par la documentaliste chargée du suivi
de ce projet et sera reversée à l’avenir dans la base de données
Museum Plus. Ce fonds contient près de trois mille photographies et son traitement devrait s’achever en 2013. En parallèle,
il a été procédé au repérage des plaques de verre représentant
des œuvres du département des Objets d’art au sein de l’important fonds de plaques qui y sont conservées (environ dix
mille) ; ces plaques ont été numérisées.
 Since 2008, the Department of Decorative Arts has undertaken the
conservation of early (pre-1940) photographs of artworks held in the
Louvre. These photographic records have been restored and digitally
scanned, with the help of the Louvre’s Images and Documentary Resources
Division. The research librarian responsible for running this project has
compiled a database with the (mainly technical) descriptions of the
scanned photographs; this will later be transferred to the centralised
MuseumPlus database. The collection comprises almost 3,000 photographs,
and the project is expected to terminate in 2013. The glass-plate negatives
of artworks in the Department of Decorative Arts located in its vast stock
(approx. 10,000) of plates, have likewise all been digitally scanned.
101
Fouilles
et
prospections
archéologiques
Fouilles et prospections archéologiques
Les fouilles du musée du Louvre,
saison 2010
L
104
a journée-débat « Musée-musées » du 6 octobre 2010, organisée en collaboration
avec le journal Le Monde et consacrée au « sort des collections archéologiques
aujourd’hui », posait d’emblée une question clé : pourquoi un musée fouille-t-il ?
La réponse est évidente lorsque l’on examine l’histoire de la constitution des
collections du musée du Louvre dans les départements « archéologiques » que sont
les Antiquités orientales (AO), égyptiennes (AE), grecques, étrusques et romaines
(AGER), ainsi que les Arts de l’Islam (AI), à l’époque où régnait encore le fameux
partage des fouilles qui permettait à l’archéologue, homme de musée, universitaire
ou chercheur, de ramener au pays une partie de ses découvertes, pour en exposer la
fine fleur dans ce musée-monde qu’est le Louvre.
Une fois ces temps révolus – sauf exception, comme le Soudan –, les grands musées
internationaux ont, la plupart du temps, maintenu des opérations archéologiques
que l’on pourrait qualifier de « seconde génération », destinées à faire revivre, par la
recherche d’un contexte, des monuments autrefois trop souvent hâtivement retirés
de leur sol. Ce fut la motivation première de la mission de Saqqara (AE), destinée à
retrouver le tombeau d’Akhethetep, dont la chapelle décorée est au Louvre depuis
1903 ; c’est encore celle de la mission sur le site monastique copte de Baouit (AE),
qui a amené au musée, entre autres, d’importants vestiges architecturaux. Ce sera
aussi l’une des facettes du projet Myrina en Turquie, non loin de Smyrne et Pergame,
dont les AGER conservent beaucoup d’œuvres provenant de la nécropole.
Dans le cadre de partenariats culturels avec les pays concernés, des opérations
purement scientifiques ont plus récemment vu le jour, montrant que l’archéologie
de musée pouvait, par une recherche qui n’a rien à envier aux autres institutions
scientifiques, faire vivre différemment ses collections, en contribuant aux avancées
sur l’histoire chronologique, sociale et culturelle des civilisations étudiées. Sous
l’impulsion d’Henri Loyrette, les nouveaux grands chantiers du musée du Louvre
reflètent bien cette tendance de « troisième génération ». Ce sont de grandes cités situées
dans des régions clés que les archéologues du musée ont choisies, sans concertation
entre départements qui gardent, bien sûr, leurs spécificités et orientations propres.
Sans effet du hasard cependant, car les sites choisis, toujours difficiles à fouiller avec
leur complexité stratigraphique et les réaménagements constants de leur bâti, sont
seuls susceptibles de livrer un vaste spectre de résultats : Tulul el-Far en Syrie, dans la
région de Damas (AO), Paykend en Ouzbékistan, dans la région de Boukhara sur la
fameuse route de la Soie (AI), et Mouweis au Soudan, au cœur de l’empire de Méroé
(AE). Sous un autre angle, les travaux de fouille et surtout de relevé entrepris dans la
tombe du pharaon Merenptah (AE) participent aussi de cette politique, cette fois par
la compréhension de la décoration d’un vaste tombeau royal.
Si toutes ces missions rejoignent le concert de la recherche archéologique au sens
large, elles n’en gardent pas moins leur spécificité muséale, qui est un intérêt et un soin
particuliers envers la culture matérielle. Cela ne veut plus dire, comme autrefois, mener
une chasse effrénée à l’objet et fermer les portes aux problématiques qui occupent
le monde universitaire. Cela ne signifie pas non plus que la culture matérielle soit
négligée par les autres missions, y compris dans la restauration et l’exposition locale
des œuvres exhumées : problématiques et méthodes se sont rapprochées. Mais cela
implique cependant de ne pas céder à certaines sirènes qui font passer les artefacts, et
toutes les recherches auxquelles ils donnent lieu, au second plan.
Fouilles et prospections archéologiques
L’archéologie de musée peut aussi s’enorgueillir d’une mission spécifique de
communication et de présentation au public, facilitée par les espaces qu’elle a à
sa disposition. Elle permet, ici à Paris, à des monuments récemment découverts
de prendre le chemin d’une exposition, comme la récente « Méroé. Un empire sur
le Nil » où furent exposés des objets du chantier du Louvre à Mouweis, à côté de
ceux des missions voisines d’el-Hassa et Naga, mais encore, dans les pays d’accueil,
de participer à la conservation et à la présentation du patrimoine archéologique,
comme ce sera bientôt le cas pour la tombe de Merenptah.
M. Baud
 Organised in collaboration with the French newspaper Le Monde and devoted to the “current
state of archaeological collections”, the “Musée-musées” forum held on 6 October 2010
immediately raised the key issue of why museums carry out archaeological excavations.
The answer becomes evident in light of the history of how the collections in the Musée du Louvre’s
various “archaeological” departments came into being, which were divided into Near Eastern Antiquities, Egyptian Antiquities, Greek, Etruscan, and Roman Antiquities, plus the Department of Islamic
Art. At the time of their constitution, excavation work and yields were still shared, and this arrangement enabled archaeologists, museum specialists, academics and researchers to bring back part of
their discoveries to France, and exhibit the finest examples in the world museum that is the Louvre.
Except in some cases, such as Sudan, when this era ended, the archaeological activities of the
major international museums entered a “second generation” of involvement, aimed at regenerating
monuments (that had often been excavated too hastily) by investing research in their archaeological
context. This was the primary reason for the Saqqarah mission (Department of Egyptian Antiquities),
which aimed to trace the tomb of Akhethetep, whose decorated chapel has been in the Louvre
since 1903. This was also what prompted the research mission on the Coptic site of Baouit
(Department of Egyptian Antiquities), which brought back many finds to the Museum, including
important architectural remains. It will furthermore be one of the reasons for the Myrina project in
Turkey (near Smyrna and Pergamon); many works from the Myrina necropolis are held in the
Department of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities.
In the framework of cultural partnerships with the countries concerned, recently some purely
scientific projects have been put into effect, demonstrating that museum archaeology can—by carrying
out research that is in every way equal to that of other scientific institutions—maintain and develop
their collections differently, by furthering the knowledge of the chronological, social, and cultural
history of the civilisations under study. This type of “third generation” activity characterises the Musée
du Louvre’s current major projects, under the instigation of Henri Loyrette. The Museum’s archaeological
departments have chosen to operate in large cities located in key areas, without consultation between
departments, which of course maintain their own specificities and preferences. Although the
stratigraphic complexity of the chosen sites and the continuous rebuilding over time make them
problematic to excavate, they are the only ones likely to yield a wide range of results: Tulul el-Far in the
Damascus region in Syria (Department of Near Eastern Antiquities); Paykend in Uzbekistan, in the
Bukhara region on the famous Silk Road (Department of Islamic Art); and Muweis in Sudan, in the heart
of the Meroë Empire (Department of Egyptian Antiquities). From a different perspective, the excavations
and particularly the documentation work (photographs and/or transcriptions) in the tomb of the
Pharaoh Merenptah (Department of Egyptian Antiquities)—which in this instance are aimed at gaining
an understanding of the decorations in a vast royal tomb—are also part of this policy.
Although all these missions fall under archaeological research in the wider sense, they have
maintained their museum specificities—an interest in, and sensitivity to, material culture. That does
not mean, as it did in the past, frantically searching for an object and then closing the doors on
academic issues that are studied in universities. And it also does not mean either that material
culture is neglected by non-museum missions, also involved in the restoration and local exhibitions
of works that have been excavated: the gulf between methodology and academic issues has
narrowed between institutions. But it does mean not giving in to those who attempt to persuade
you that the artefacts—and all the research associated with them—are of secondary importance.
Museum archaeology also has the proud task of communicating information and presenting
works to the public, facilitated by the Museum spaces, which enables recently discovered
monuments to be exhibited here in Paris. An example is the recent “Meroë” exhibition, where
objects from the Louvre excavations in Muweis were exhibited next to objects from the
neighbouring missions in El-Hassa and Naga. This task also enables museums to participate in the
conservation and presentation of the archaeological heritage in the host country, as will soon be
the case for the tomb of Pharaoh Merenptah.
105
Fouilles et prospections archéologiques
Antiquités orientales
Quatrième campagne sur les sites de Tulul el-Far, Tell Taouil et Tell el-Kharaze :
l’âge du bronze dans la région de Damas
Sophie Cluzan et Ahmad Ferzat-Taraqji, directeur adjoint des fouilles de Syrie – DGAMS
106
Dans le cadre d’une collaboration étroite avec la Direction des
antiquités et des musées de Syrie, l’année 2010 a vu se dérouler
la quatrième campagne de fouille sur les sites de Tulul el-Far et
Tell Taouil. Placée sous la direction conjointe de Sophie Cluzan
et Ahmad Ferzat-Taraqji, cette mission bénéficie de la participation de chercheurs associés, plus particulièrement de Dominique Beyer, professeur à l’université de Strasbourg, de Qasem
al-Mohammed, directeur des fouilles de la région de Der’a en
Syrie, de Virginia Verardi, conservateur stagiaire à l’Institut national du patrimoine, de Oussama ‘Ayash et Samar Shammas.
De nombreux étudiants syriens et français participent également aux travaux de la mission, de même que deux membres
du département des Antiquités orientales, Norbeil Aouici, régisseur, et Nicolas Benoit, chargé d’images numériques. Enfin,
plus d’une cinquantaine d’ouvriers travaillent à cette mission.
Les sites se trouvent à une vingtaine de kilomètres au sudest de Damas, sur l’une des
principales voies de passage
naturelles reliant le nord
de la Syrie à la Palestine et
à l’Égypte. Au centre de la
Syrie, cette voie donne accès,
à l’ouest, à la côte méditerranéenne et, en direction
opposée, à la Mésopotamie.
Outre cette situation stratégiquement favorable, les
sites se sont installés dans
un environnement particulièrement riche, en bordure méridionale de l’oasis
de Damas, sur les rives d’un
des deux grands cours d’eau
arrosant la Ghouta, le Nahr
el-A‘ouaj. Prenant sa source
sur les flancs de la plus haute
montagne du Proche-Orient,
le Djebel Cheikh ou mont
Hermon, le Nahr el-A’ouaj
coule d’ouest en est, arrose la
région du Haramoun, au sud
de la Ghouta, passe au pied
des sites du Far, de Taouil et
de Kharaze, puis se perd dans
la steppe plus à l’est.
C’est donc une situation
exceptionnelle qui caractérise ces sites et la région,
ce qui en rend l’exploitation prometteuse. D’autre
part, l’absence quasi totale
de recherches sur l’âge du
Plan du chantier A de Tulul el-Far
bronze dans la région de Damas souligne, par avance, l’importance des résultats qui sont attendus. En effet, bien que très
propice et stratégique, la région n’a fait l’objet d’une fouille
intensive que sur un site, daté du Bronze moyen (1800-1600)
et du Bronze récent (1600-1200), Tell Sakka, situé à 7 km à
vol d’oiseau de l’ensemble du Far. La qualité des résultats de
ce travail prouve l’importance de cet espace géographique et
conduit à espérer que d’importantes découvertes puissent être
faites pour la période antérieure, le Bronze ancien, représenté
sur les trois tells du Far.
Nos trois tells sont situés à une faible distance les uns des
autres, formant en apparence un ensemble. La chronologie
relative de leur occupation n’est pas encore totalement établie,
mais les premiers travaux ainsi que les ramassages de surface
permettent de proposer un début de séquence. Le IIIe millénaire, Bronze ancien III, datable des environs de 2500-2400,
Fouilles et prospections archéologiques
Vue du bâtiment circulaire I du chantier A et phases de construction reconnues
dans le secteur
Plan du chantier C de Tulul el-Far
est représenté sur les trois tells et correspond, dans l’état actuel
de nos connaissances, à l’horizon chronologique le plus ancien des installations. Le plus grand des trois tells, Tulul el-Far,
d’une superficie d’environ 25 hectares, n’a pas été réoccupé
après l’abandon de la fin du Bronze ancien, abandon concomitant de celui qui est attesté sur de nombreux autres sites du
Proche-Orient. En revanche, les deux autres tells, Tell Taouil
et Tell el-Kharaze, ont connu d’autres occupations après cet
épisode du IIIe millénaire, sans que l’on sache à ce jour quelles
sont la nature et la durée du hiatus séparant cette période de
celle qui vit la nouvelle installation, au IIe millénaire. Pour
l’heure, il semblerait que cette période du Bronze moyen corresponde à la dernière occupation de ces deux tells. Enfin, une
occupation romaine à l’est du grand tell de Tulul el-Far indique
l’importance des sites sur les routes de la région qui reliaient
alors Damas à la Palestine.
Trois chantiers ont été ouverts sur le tell de Tulul el-Far. Au
centre, une zone de 150 m2 – chantier A – a révélé l’existence
de plusieurs phases de construction, dont la succession semble
très rapide et qui, dans l’état actuel de la documentation, appartiennent toutes à la phase III de l’âge du bronze ancien. On
notera plus particulièrement l’avant-dernière phase, qui vit la
construction de deux bâtiments circulaires dont l’un, d’un diamètre de 7 mètres, était dépourvu d’aménagements intérieurs.
Plus au nord, l’espace intérieur du second bâtiment circulaire
avait été séparé par un muret intérieur laissant un passage mais
dégageant une zone fonctionnelle nettement marquée par des
restes d’activités et d’installations domestiques. La fouille n’a
pas encore permis d’étendre suffisamment ce chantier, mais
la poursuite de cet axe de recherche devrait permettre dans
un proche avenir de mieux comprendre cette zone d’aménagements circulaires. En effet, de par leur proximité, leur contem-
Tulul el-Far : vue du bâtiment circulaire II du chantier A : sol d’occupation de
l’aire de travail parsemé de tessons de céramique
Tulul el-Far : vue du sol d’occupation du chantier B sur lequel gisaient encore
de nombreuses céramiques en place. La grande jarre trouve des parallèles
dans la région sud du Proche-Orient, à Khirbet-Kerak, et le vase à deux goulots
dans la Djezireh (nord-est de la Syrie)
poranéité et le diamètre de l’une d’entre elles, ces structures
rappellent ce que l’on connaît en Palestine, notamment à
Khirbet-Kerak où, à une époque contemporaine de celle de
107
Fouilles et prospections archéologiques
Tulul el-Far : vue de la rue et du carrefour retrouvé à la partie orientale du chantier C
108
l’occupation de Tulul el-Far, un ensemble de constructions circulaires a été aménagé pour servir de zone collective de stockage, renvoyant à une organisation sociale développée. On
notera enfin que sur le sol de la plus grande des deux constructions gisaient de nombreux tessons dont certains, bords de
marmite avec des signes incisés sous la lèvre, s’inscrivent dans
une série parfaitement datée et documentée dans les régions
plus méridionales.
Au nord-ouest de Tulul el-Far, une tranchée de sondage –
chantier B – a été creusée pour tenter, en entamant le tell, de
reconstruire les phases d’occupation du site. Plusieurs niveaux
ont pu être repérés. Directement sous la surface du tell, le
niveau le plus récent est le plus remarquable de tous et correspond à la dernière occupation du site. Des restes de murs
ont été retrouvés ainsi qu’un sol d’occupation qui leur était
lié et sur lequel gisaient encore de nombreuses céramiques, en
place, accompagnées d’un vase miniature, d’une lame de couteau, d’un mortier de basalte à la forme soignée et d’une pierre
grossièrement taillée en biseau et à la base aplatie. Comme au
chantier A, les vases retrouvés sur le sol appartiennent à l’horizon chronologique du Bronze ancien III. Si certaines jarres
au décor peigné rappellent la production céramique de cette
période en Palestine – ici aussi les comparaisons avec le site
de Khirbet-Kerak montrent une communauté de tradition –,
d’autres vases trouvent leurs parallèles dans la Djezireh de
l’époque – nord-est de la Syrie, à une grande distance de la
région de Damas.
Le nord-est du site de Tulul el-Far a donné lieu à l’ouverture
du plus vaste des chantiers actuels, le chantier C, couvrant
1 200 m2 continus. La fouille, en mode extensif, s’est arrêtée
sur la couche de la dernière occupation du tell, pour obtenir un
plan d’ensemble le plus étendu possible. Des restes importants
de constructions organisées ont été mis au jour, directement
sous la surface actuelle du tell ; elles s’inscrivent dans le même
horizon chronologique que les restes découverts sur les autres
chantiers. Cette présence systématique de couches du Bronze
ancien III au sommet des couches archéologiques indique bien
que le site de Tulul el-Far n’a jamais été réoccupé après cette
période, marquant son abandon. Jusqu’à présent, aucun reste
de destruction ou d’incendie n’a été constaté et les restes du
chantier B – sol d’occupation et objets en place – tendent à
confirmer l’hypothèse d’un abandon, peut-être même préparé.
Sur ce chantier C, plusieurs bâtiments ont été reconnus,
organisés de part et d’autre d’une rue orientée du nord au sud,
aboutissant à un carrefour dans sa partie septentrionale, où
elle croise une rue allant d’est en ouest, elle-même bordée de
chaque côté par des constructions. La contemporanéité des
bâtiments qui s’étalent de chaque côté de la rue nord-sud
n’est pas totalement assurée. Cette question stratigraphique
constituera l’un des programmes assignés à la campagne de
2011. Il semble néanmoins que deux bâtiments, A et C, situés
dans le prolongement l’un de l’autre à l’est de la rue, aient été
conçus selon un plan identique, dans lequel une pièce carrée
de grande dimension est intégrée à un vaste espace rectangulaire. À l’ouest de la rue, faisant face à ces deux bâtiments, ont
été retrouvés les restes d’un édifice – bâtiment B – dont on a
commencé à dégager un vaste espace – pièce ou plus vraisemblablement cour – d’une superficie d’environ 100 m2.
Fouilles et prospections archéologiques
Le programme de l’année 2011 doit voir l’extension du
chantier C en direction du nord et de l’ouest pour tenter, d’une
part, de suivre l’axe structurant que constitue la rue nord-sud
et, d’autre part, d’ouvrir en direction d’un des sommets du tell,
dans le prolongement ouest du bâtiment B. Parallèlement, le
chantier A devrait être repris pour poursuivre l’exploration de
la zone des constructions circulaires. Enfin, le chantier B sera
élargi pour poursuivre le dégagement de la zone d’occupation
aux céramiques. Si les forces le permettent, un chantier devrait
être ouvert au nord-ouest du tell, où affleurent des restes de
constructions qui, par leur topographie de surface, évoquent
celles mises au jour à l’est de la rue nord-sud du chantier C
et où les ramassages de surface dénotent une concentration
d’outils en silex ainsi que la présence de restes de matières premières telles que l’améthyste. Enfin, un programme devrait se
concentrer sur la butte sud-ouest du tell.
Le matériel recueilli sur le site de Tulul el-Far comprend
des céramiques, des silex, de l’outillage en basalte, en os, un
peu de cuivre. On notera quelques découvertes plus exceptionnelles, notamment des figurines animales en terre cuite,
d’espèces traditionnelles, ainsi que deux fragments de plaquettes décorées de cases, pour l’une, et, pour l’autre, de
cercles concentriques représentant des yeux de part et d’autre
d’un départ de nez.
Au sud de Tulul el-Far, les saisons 2009 et 2010 ont également vu l’ouverture d’un chantier au sommet du Tell Taouil,
second tell par l’importance dans le lot de nos trois sites. Sur
une superficie de plus de 200 m2, les couches qui furent dégagées ont révélé l’existence d’un niveau d’occupation datant du
Bronze moyen (IIe millénaire) et représentant la dernière occupation du tell. Des restes d’édifices à usage domestique y ont
été mis au jour, dans lesquels deux phases ont pu être reconnues. On retiendra plus particulièrement la découverte, dans
une des pièces, d’une quinzaine de poids en argile ayant vraisemblablement appartenu à un métier à tisser, dont on a peutêtre conservé la trace à proximité dans la grande concentration de cendres retrouvée. Le matériel recueilli sur ce chantier
comporte des céramiques, des figurines animales en quantité
assez remarquable, des poids de tissage et quelques éléments
de bronze. On soulignera plus particulièrement la présence de
tessons de céramique grise à décor incisé, du type dit de Tell
el-Yahoudiyeh, marqueur chronologique répandu au Bronze
moyen dans la région syro-palestinienne.
Comme à l’accoutumée, parallèlement aux résultats du travail de chantier, l’année 2010 a été consacrée à l’ensemble des
tâches relatives à l’exploitation des résultats et des données.
Un important travail sur les plans a été effectué en collaboration avec Élise Devidal, chargée des relevés, et les travaux
de documentation ont été poursuivis en collaboration avec
Norbeil Aouici, Nicolas Benoit et deux de nos étudiantes.
Enfin, l’année 2010 a permis aux deux directeurs de la mission de se réunir au Louvre pour mener une série de travaux
conjoints sur les résultats.
S. Cluzan
 The excavations carried out under the direction of S. Cluzan and A.
Ferzat-Taraqji at the sites of Tulul el-Far and Tell Taouil were aimed at
studying the Early and Middle Bronze Ages (2500–2400 and 1800–1600
bc) in the Damascus region. The biggest tell, Tulul el-Far, was not reoccupied
after it was abandoned at the end of the Early Bronze Age.
Several zones were opened at Tulul el-Far: zone A reveals several phases of
constructions, which seem to have been built in quick succession; an area of
circular buildings recalls similar constructions discovered in Palestine. The
test trench (zone B) provides information about the site’s phases of
occupation; the vases found on the ground belong to the Early Bronze Age
III. While certain jars with combed decorations are reminiscent of
contemporary Palestinian ceramics, other vases are similar to contemporary
ceramics from Al-Jazira in northeastern Syria. The extensive excavation work
at zone C is examining the layer of the tell’s last occupation to acquire a
comprehensive plan of this area of the site, and substantial remains of
organised settlements have been uncovered.
A new excavation was opened in 2009 and 2010 on the summit of Tell
Taouil, south of Tulul el-Far. The layers removed revealed the existence of a
new occupation dating from the Middle Bronze Age (2nd millennium),
representing the tell’s last period of occupation.
Antiquités égyptiennes
Les fouilles du département des Antiquités égyptiennes à Saqqara, Égypte
(saison 2010)
Guillemette Andreu et Michel Baud
Cette saison, qui s’est déroulée du 14 octobre au 11 novembre
2010, a vu la reprise des opérations archéologiques du musée
du Louvre à Saqqara, après une année d’absence (2009) et une
mission d’évaluation (2008) intervenue lors de la reprise en
main du chantier par l’équipe dirigée par Guillemette Andreu
et Michel Baud, succédant ainsi à Christiane Ziegler, directeur
du chantier depuis 1991.
En accord avec le Conseil suprême des antiquités de l’Égypte,
l’accent a été mis sur les dégagements de surface, où affleurent
tantôt des niveaux domestiques coptes (viie-ixe siècle après
J.-C.), tantôt des inhumations de Basse Époque (vie-ive siècle
avant J.-C.). Un effort particulier a été porté à la présentation
du site, dont l’aspect en cuvette profonde vient brouiller la
lecture. Au fond de cette cuvette se trouve le grand mastaba
d’Akhethetep, dont la redécouverte a été l’objectif majeur des
premières années de fouille. Rappelons en effet qu’il s’agissait
de remettre en contexte la chapelle décorée vendue au musée
du Louvre en 1903 par le gouvernement égyptien. La redéfinition des objectifs de fouille vers les niveaux supérieurs, à
la stratigraphie complexe, nous a conduits à un partenariat
avec l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), avec mise à disposition d’un archéologue, tandis
109
Fouilles et prospections archéologiques
Dégagement de la surface extérieure de la chaussée d’Ounas (en arrière-plan)
installations coptes (au premier plan)
qu’une nouvelle collaboration avec le CNRS permettait l’intervention d’un anthropologue de terrain pour l’étude des restes
humains dans leur contexte même.
Secteur de la chaussée d’Ounas (Ancien Empire)
Avec l’aval des autorités égyptiennes, nous avons pu travailler
le long de la chaussée du complexe funéraire du roi Ounas (fin
Ve dynastie, vers 2350 avant J.-C.), limite sud de la concession
de la fouille du Louvre. Cette allée monumentale, qui reliait le
temple de la vallée à la pyramide du plateau et à son temple
funéraire, est un des éléments les plus importants du secteur,
dont la mise en valeur s’avère primordiale pour l’aménagement du site. Nous avons pu le désensabler largement par bulldozer lors de l’enlèvement d’une masse de déblais de fouille
qui enlaidissait la périphérie du chantier. Cette chaussée n’est
pas seulement un élément majeur du paysage de la zone, c’est
aussi un indicateur chronologique crucial pour comprendre le
développement de la nécropole d’Ancien Empire sous les Ve et
VIe dynasties (vers 2500-2200 avant J.-C.). Sa construction a en
effet entraîné la fermeture de nombreuses tombes antérieures,
qu’un épais remblai couvrait, tandis que la construction de
tombeaux nouveaux s’est ensuite articulée en fonction de ce
nouvel édifice marquant. Enfin, structurellement, la chaussée
est installée sur une haute et puissante fondation au niveau de
la concession du Louvre ; cette fondation est parementée de
blocs imposants, souvent remployés, dont l’étude reste à faire
sur la face sud dégagée autrefois, tandis que la face nord attend
toujours d’être mise au jour – l’un des objectifs de la présente
mission.
110
Les niveaux coptes (viie-ixe siècle après J.-C.)
C’est à l’autre extrémité de l’échelle chronologique, la période
copte, que l’essentiel de la saison a été consacré. Dans la partie
nord-ouest de la concession,
nous avons ouvert un périmètre de 21 mètres sur 11
afin de procéder à la fouille
d’une accumulation de niveaux domestiques, qui correspondent à la partie nord
de dépendances du monastère Saint-Jérémie voisin.
Leur partie immédiatement
orientale avait été dégagée
en 2002, mais la complexité
du bâti et de son phasage
nécessitait ici une reprise des
travaux pour obtenir une
meilleure
compréhension
des lieux. Trois bâtiments
successifs ont pu être identifiés, chacun ayant connu
plusieurs réaménagements,
tout en conservant approximativement la même limite
orientale, à savoir un long
mur séparateur plusieurs fois
et fouille des murs de brique crue des
reconstruit. Le premier édifice (dont la fouille reste inachevée), très arasé, est une construction de qualité, aux murs
larges et couverts d’un épais enduit de mortier de chaux, souvent peint en rouge en partie supérieure – décor dont il ne reste
que des fragments dans les déblais. Il est largement démantelé
à la phase suivante, qui lui substitue une construction au plan
nettement différent, plutôt caractéristique d’espaces de service
et « communs ». La troisième phase correspond à un nouveau
remaniement complet, présentant deux grandes pièces de part
et d’autre d’une cour. La pièce nord-est est probablement un
enclos à bétail à l’origine, transformé ensuite en cuisine avec
four domestique et foyer. La cour possède une réserve, sous la
forme d’un puits profond de 1,80 m, trouvé rempli de céramique dans sa partie supérieure. Dans la pièce sud-ouest, deux
inhumations de périnataux ont été découvertes, une autre
se trouvant plus au nord dans la cour. Dans l’ultime état de
cette troisième phase, les murs intérieurs sont abattus et nivelés, transformant l’espace en une cour unique de 15 mètres
par 8,50 m, vraisemblablement une écurie à en juger par les
couches de litière et la nature des déjections.
Les niveaux de Basse Époque (vie-ive siècle avant J.-C.)
Les enclos
En fin de saison ont commencé à apparaître sous le bâti
copte les arases de murs épais de Basse Époque, environnés
de couches de rejets contenant des restes humains. Lors de la
mission d’étude 2008, toutes les structures similaires fouillées
jusqu’ici, encore visibles, avaient été étudiées dans le détail,
redessinées et calées sur un plan général, de sorte qu’il avait été
possible de composer, malgré les lacunes, une carte de ce que
nous avons appelé « enclos ». Ces superstructures de tombeaux
semblent particulières à Saqqara et restent énigmatiques, faute
de publications adéquates. Constituées d’un mur périphérique
massif de plan carré ou rectangulaire, leur espace intérieur est
divisé en plusieurs pièces. Certaines incluent un puits vertical
Fouilles et prospections archéologiques
Sépultures jumelles de Basse Époque : tombe voûtée d’une mère et petit
Isis aux ailes déployées, décoration appliquée sur une momie
mastaba d’un enfant
permettant d’accéder à une substructure complexe contenant
des inhumations, tandis que d’autres semblent vides. On pourrait penser à des espaces de culte, mais étrangement aucune
porte n’a pu pour l’heure être repérée.
Ces structures massives ne représentent pas le seul type de
tombe dans le secteur, aux abords duquel on rencontre des
constructions funéraires de types divers. Le catalogue en a été
accru cette saison par la découverte de deux tombes, chacune
d’un type nouveau dans la concession : une sépulture rectangulaire voûtée (3 ✕ 0,95 m ; H. 0,70 m), construite en brique
crue, contenant le corps d’une femme placée en décubitus
dorsal tête (manquante) au sud, et un tout petit mastaba (ou
« banquette ») de brique et de pierre (0,95 ✕ 0,65 m ; H. 0,85 m)
dans lequel se trouvait, très en hauteur, le corps d’un nourrisson (de un an environ) dans la même position, mais tête au
nord. Ces tombes sont construites côte à côte, avec des briques
ajoutées en hauteur pour combler l’espace vide entre les superstructures. Avec un tel binôme, on échappe difficilement à
l’idée qu’il s’agit de personnes apparentées, très logiquement
une mère et son enfant.
Les inhumations
Enfin, très classiquement à Saqqara à la même période, les
couches de sable blond éolien ont livré plusieurs inhumations en fosse. Aux abords de la chaussée d’Ounas, l’une de
ces momies, protégée par un sarcophage en très mauvais état,
portait, sur les bandelettes bitumées de la partie supérieure du
corps, uniformisée par une fine couche d’enduit, une décoration très soignée présentant, en particulier, une déesse-mère
aux ailes largement déployées pour insuffler la vie au défunt.
Sous cette inhumation et à ses abords a été trouvé un dépôt
de céramique assez étendu en superficie, où dominent les petits vases, souvent intacts, aux formes très variées. Des nattes
déroulées et posées bien à plat en séparaient localement différents lits, preuve du soin qui a été apporté à ces dépôts, dont
la nature cultuelle semble évidente. Leur emplacement, assez
proche de la chaussée d’Ounas, ainsi que leur niveau, laissent
penser que le tracé de cette chaussée, dans quelque état qu’ait
été ce monument, servait encore à cette époque tardive de cheminement entre Vallée et partie haute du plateau, sans doute
pour rejoindre le complexe de la pyramide à degrés de Djoser,
pharaon héroïque du début du IIIe millénaire.
Le souhait d’être enterré près de ce roi, figure emblématique
de l’historiographie égyptienne, explique la densité des inhumations à sa périphérie, particulièrement dans la concession
du Louvre, située près de l’unique porte d’entrée du complexe
funéraire. Le savant Imhotep, homme clé du règne de Djoser et
probable architecte du complexe, lui aussi vénéré aux époques
tardives, est d’ailleurs très présent dans l’onomastique de cette
population locale, où les hommes portent souvent ce nom. Un
lot de statuettes funéraires (ouchebtis) trouvé cette année n’a pas
dérogé à la règle, où le nom d’Imhotep apparaît plusieurs fois.
G. Andreu et M. Baud
111
Fouilles et prospections archéologiques
Antiquités égyptiennes, musée du Louvre), Christian Décamps
(photographe, département des Antiquités égyptiennes,
musée du Louvre), Sophie Duberson (restauratrice, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre), Hélène
Guichard (conservateur en chef, département des Antiquités
égyptiennes, musée du Louvre), Caroline Kneubuehl (assistante céramologue, université de Lausanne), Sophie LabbéToutée (chargée d’études documentaires, département des
Antiquités égyptiennes, musée du Louvre), Cécile Lapeyrie
(restauratrice, département des Antiquités égyptiennes, musée
du Louvre), Guy Lecuyot (céramologue, CNRS UMR 8546,
Paris), Christophe Requi (Inrap, Montauban). Une aide supplémentaire pour la restauration a été apportée par nos collègues
de Saqqara, Moustafa Ahmed, directeur du service de restauration, et Ashraf Youssef Owais, restaurateur.
Lot d’oushebtis cachés dans une fosse de surface
Remerciements
Nous adressons nos vifs remerciements au Conseil suprême des
antiquités d’égypte ; à l’inspectorat de Saqqara ; son directeur,
Kamel Wahid, nous a procuré une aide constante, ainsi que
l’inspecteur en chef Mohamed Youssef. Ibrahim Saïd el-Chazly
nous a accompagnés comme inspecteur sur l’ensemble de la
saison et s’est montré d’une grande disponibilité. L’équipe
était constituée de Guillemette Andreu (conservateur général,
département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre,
directeur de la mission), Michel Baud (archéologue, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre, codirecteur), Yann Ardagna (anthropologue, CNRS UMR 6578, Marseille), Nathalie Couton-Perche (dessinatrice, département des
 October–November 2010 saw the resumption of the Louvre’s
archaeological work at Saqqarah, after a year of absence (2009) and the
2008 assessment mission, which was carried out when there was a change
of management: Guillemette Andreu and Michel Baud took over from
Christiane Ziegler, who had been in charge of the mission since 1991.
One of the excavated areas was the causeway of in the funerary complex
of Pharaoh Unas (Old Kingdom, end of the 5th Dynasty, ca. 2350 bc). The
construction of this led to the closure of many earlier tombs, while new
tombs were built and fitted around this new imposing edifice.
Most of the season was devoted to the Coptic levels (seventh to ninth
century ad), which correspond to the outbuildings located in the northern
part of the Monastery of St Jeremy. Three successive buildings were
identified.
At the end of the season, the last courses of thick walls from the Late
Period (6th to 4th century bc)—surrounded by deposits containing human
remains—began to appear under the Coptic building. These superstructures
of tombs seem to be unique to Saqqarah and remain a mystery, due to a
lack of any published material. A rectangular vaulted tomb built in unbaked
clay and a very small mastaba (mud-brick tomb) were also discovered.
Lastly, several pit graves were uncovered. It seems that during this late
period the Unas causeway still enabled people to reach the Step Pyramid
complex of Djoser, a highly symbolic figure early in the third millennium bc.
The desire to be buried near this king explains the high number of graves
around the pyramid.
Les fouilles du Louvre dans la tombe de Merenptah
Christophe Barbotin et Sylvie Guichard
112
La tombe du pharaon Merenptah, fils et successeur de
Ramsès II (vers 1213-1203 avant J.-C.), est l’un des plus grands
et plus beaux hypogées royaux de la Vallée des Rois, où elle
porte le numéro 8. Bien que son emplacement n’eût jamais
été oublié, et que l’accès aux parties supérieures en demeurât
toujours libre, elle ne fut dégagée en totalité qu’en 1903 par
Howard Carter, le futur découvreur de la tombe de Toutânkhamon alors simple inspecteur du service des Antiquités.
Toute la tombe ? Non, car les six chambres annexes du fond
du monument occupées par d’irréductibles sédiments apportés par les pluies torrentielles au cours des siècles résistaient
encore et toujours à l’investigation archéologique. C’est donc
en 2002 qu’échut au musée du Louvre la responsabilité d’achever l’exploration de la tombe, en collaboration avec la Mission
archéologique française de Thèbes ouest (CNRS-Mafto), dirigée
par Christian Leblanc.
Il y avait certes fort peu de chance d’y retrouver quelque
élément significatif du mobilier funéraire royal, étant donné
le pillage subi par la sépulture dès la fin du Nouvel Empire,
suivi par des millénaires d’abandon. On pouvait toutefois
espérer mettre au jour suffisamment de vestiges du décor pour
en identifier le programme iconographique tout en étudiant le
processus de son enfouissement au cours des siècles.
Or le premier point revêtait la plus grande importance, car
les annexes des autres tombes ramessides de la Vallée des Rois
sont souvent détruites ou inachevées, et la logique interne de
ces merveilles souterraines ne saurait être comprise autrement
que dans leur globalité. Mais le second point ne le cède en rien
Fouilles et prospections archéologiques
au premier. Car il se trouve que les dégagements des hypogées royaux furent le
plus souvent accomplis aux temps pionniers de l’égyptologie et de ce fait peu
ou pas documentés, ce qui nous prive de
jalons essentiels pour comprendre l’histoire post-pharaonique de la Vallée des
Rois.
La fouille a donc commencé en 2002
et s’est poursuivie de 2004 à 2008. Ont
été ainsi étudiées les annexes Ka et Kc au
fond de la tombe, puis les quatre petites
pièces attenantes à la salle du sarcophage
(Ja-Jd). Nous avons d’abord rencontré
un épais remblai datable de la fin des
années 1960, qui contenait d’abondants
vestiges archéologiques, puis un remplissage alluvionnaire d’environ 1,80 m
de hauteur déposé au cours d’une douzaine d’inondations successives. De la
céramique de l’Antiquité tardive, trouvée en bon état au niveau du sol, a perPlan de la tombe de Merenptah
mis de dater le premier stade d’enfouissement des environs du ve au viie siècle
de notre ère, ce qui va constituer une
date de référence pour les autres tombes
de la Vallée qui ont connu le même sort.
Chaque couche alluvionnaire se composait d’argile très dure reposant sur un
lit de sable. Vierges dans leur partie supérieure, elles ont livré aux niveaux intermédiaires et inférieurs des ossements
d’animaux et des charbons de bois qui
traduisent une occupation épisodique
du fond de la tombe pendant le haut
Moyen Âge, et surtout de nombreux
fragments du décor des murs modelés
en creux dans un enduit à base de terre,
ce qui a rendu leur extraction extraordinairement difficile. Trop lacunaires pour
être réintégrés dans les parois d’où ils
étaient tombés (à une exception près),
ces fragments ont toutefois répondu à
notre attente en permettant l’identification du décor de quatre pièces sur six.
Fouilles des couches sédimentaires
Ces alluvions recouvraient le sol origiAu terme des campagnes de fouilles successives, nous sanal, constitué d’une fine couche d’argile
vons désormais que les annexes étaient décorées de diverses
(dakka) posée sur le sol rocheux pour en gommer les aspérités,
séquences des livres funéraires royaux : première, deuxième
revêtement qui ne semble pas attesté ailleurs dans la Vallée des
et troisième sections du Livre de l’Am-douat dans la salle Ja,
Rois, peut-être parce que les anciens fouilleurs ne l’ont pas disprobablement douzième section de ce même ouvrage en Jc,
tingué des sédiments alluvionnaires qui le recouvraient.
Livre de la Vache du Ciel en Jb, troisième et quatrième sections
L’annexe Ja constituait un cas à part, d’abord parce qu’elle
du Livre des Portes en Kc. Deux annexes seulement ont gardé
ne comportait pas de dakka et que le sol en était jonché de
une part de leur secret : Kc, où l’on peut seulement établir que
fragments de grandes jarres ramessides, et non de céramique
se trouvaient des scènes de grandes dimensions (tableaux d’ofromaine tardive, et aussi parce que le décor se trouvait pour
frandes ?), et Jd, avec une hypothétique occurrence du Livre des
une large part gravé directement sur la roche, ce qui en a assuré
Douze Cavernes sous un plafond étoilé (qui, lui, est certain).
la conservation partielle. Mais, surtout, son mur sud est creuLes trouvailles matérielles, comme on pouvait s’y attendre,
sé d’une niche au sein de laquelle se tient une statue d’Osiris
ont été fort modestes dans les couches sédimentaires. Outre la
grandeur nature, à la fois sculptée dans la roche et modelée en
céramique déjà mentionnée ont été mis au jour de très petits
terre, technique double dont aucun autre exemple n’est attesté
fragments du sarcophage d’albâtre du roi, deux pieds de staà ce jour.
113
Fouilles et prospections archéologiques
Fragments de sarcophage de granite rose
tuettes funéraires en albâtre également, et un autre en faïence
égyptienne bleue, ainsi que des éléments de montants de porte
en grès qui proviennent des huisseries des corridors restaurées
par les Égyptiens eux-mêmes après les travaux de descente des
sarcophages. Les remblais des années 1960, au contraire, ont
livré d’importants fragments des cuves des sarcophages de granite de Merenptah ainsi qu’un très beau fragment de relief en
calcaire peint dont la provenance n’a pas encore été établie.
La mission de novembre 2010 a été tout entière consacrée
à la restauration des parois des salles mises au jour, entreprise
qui sera poursuivie les prochaines années car, au-delà des impératifs de conservation de ces murs rendus très fragiles par
les inondations, leur nettoyage très fin permet de remettre en
lumière des vestiges de décor qui peuvent être déterminants
pour la compréhension de la salle concernée, notamment en
K, Ka et Jc. Parallèlement à ce travail, et en collaboration avec
l’Institut géographique national, nous avons commencé de
mettre au point le protocole de relevé du décor qui sera mis en
œuvre au cours des missions à venir en vue de la publication
de l’ensemble de la tombe de Merenptah.
Enfin se pose le problème des deux cuves de sarcophages en
granite rose. De très nombreux éléments ont été découverts
par notre prédécesseur l’archéologue américain Ted Brock et
ont commencé d’être réassemblés par ses soins. Mais son travail d’étude et de remontage est resté inachevé, ce qui rend
les vestiges extrêmement vulnérables (risque de dispersion ou
de perte des fragments). L’intégration de ce volet supplémentaire à la mission du Louvre ne manquerait pas d’intérêt, sous
le rapport aussi bien de l’égyptologie que de la visibilité de
l’action scientifique du musée, mais impliquerait un surcroît
d’investissement humain et financier non négligeable.
Ch. Barbotin et S. Guichard
114
Décor de l’entrée de la tombe de Merenptah : le roi devant le dieu Rê-Horakhty
 The tomb of Pharaoh Merenptah (son and successor of Ramses II, circa
1213–1203 bc)—one of the biggest and most beautiful royal hypogea in the
Valley of the Kings—was partially uncovered in 1903 by Howard Carter,
who later discovered the tomb of Tutankhamen. In 2002, the Musée du
Louvre was given the mission of completing the exploration of the tomb—
the six annexe chambers at the back of the monument—in collaboration
with the Mission Archéologique Française de Thèbes Ouest (CNRS-MAFTO),
managed by Christian Leblanc. As a result of this excavation work (2002,
and 2004–2008), we now know that these chambers were decorated with
various sequences from royal funerary books.
The mission in November 2010 was completely devoted to the restoration
of the walls of the rooms that have been excavated—an undertaking that will
be continued over the next years. At the same time, we have begun work—
in collaboration with the IGN (French National Geographic Institute)—on
perfecting the method for copying decorations that will be implemented on
forthcoming missions, with a view to the publication of the entire tomb of
Merenptah.
There is still a problem with the reassembly of two pink granite
sarcophaguses, whose many elements were discovered by the American
archaeologist Ted Brock, who had begun the reassembly work; but this mission
would require considerable additional human and financial investment.
Fouilles et prospections archéologiques
Les fouilles du département des Antiquités égyptiennes à Mouweis, Soudan
(saison 2010)
Michel Baud
Installée sur la rive droite du Nil à 170 km au nord de Khartoum, dans l’actuel Soudan, la ville antique de Mouweis se
situe au cœur de l’empire de Méroé, dont la capitale éponyme n’est qu’à 50 km plus en aval. Cet empire possédait un
important réseau de petites cités établies soit le long du Nil,
soit dans la steppe orientale voisine lorsque la pluviométrie le
permettait ; ces ensembles urbains ont prospéré pendant toute
la durée de la monarchie méroïtique, du iiie siècle avant J.-C.
jusqu’au ive siècle après.
Comme en Égypte, l’aventure archéologique au Soudan
s’est longtemps limitée aux nécropoles et aux temples, jamais
avares de beaux objets, de telle sorte que les connaissances sur
le monde urbain demeurent assez limitées. Des questions aussi
élémentaires que la structure des villes, les caractéristiques d’un
centre-ville, la voirie, les formes de l’habitat ou le régime alimentaire des habitants restent encore largement sans réponse,
tandis que les grandes catégories d’artefacts urbains (outils en
pierre ou en métal, matériel céramique, figurines d’argile…) ne
sont guère mieux loties, leur inventaire, classement et interprétation demeurant largement à faire. La fouille de Mouweis
vise donc à combler ces lacunes à l’échelle d’un site riverain
représentatif de 16 hectares, ce qui correspond au second échelon de la hiérarchie urbaine après la capitale.
Habitats sous-jacents dans le quart nord-est du palais (vue vers le sud-ouest)
Lors de cette quatrième saison qui s’est déroulée du 11 janvier au 7 mars 2010, on a poursuivi et étendu les sondages destinés à cerner des ensembles monumentaux majeurs et leur chronologie : le palais royal (A) situé à la frange sud de la ville ; le
temple annexe (J) et le secteur supposé du temple principal (M)
dans le périmètre sacré de centre-ville ; enfin, un quartier alternant habitats et ensemble de fours (Ka) dans la zone « industrielle » nord-est du site (on trouvera une carte synthétique de
la ville dans le catalogue Méroé. Un empire sur le Nil, Paris, Musée
du Louvre éditions, et Milan, Officina Libraria, 2010, p. 216).
Un sondage supplémentaire a été amorcé en centre-ville,
dans le secteur sacré, pour tester une zone intermédiaire (N)
entre les temples. Enfin, la cartographie magnétique du site,
commencée en 2008, a été reprise et complétée par l’enregistrement des anomalies du quart nord-ouest de la ville.
Ces relevés au magnétomètre offrent un moyen fondamental pour repérer des bâtiments invisibles en surface et par
conséquent guider la politique de fouille à l’échelle de ce vaste
site. Ils ont permis cette année d’identifier la limite nord du
centre-ville, et par conséquent d’estimer les dimensions du
cœur urbain, la signature magnétique de ce grand ensemble de
monuments de brique cuite et d’espaces intermédiaires tranchant assez nettement sur celle du bâti, très dense et livrant un
115
Fouilles et prospections archéologiques
Cratère au col décoré de rinceaux de vigne
116
peinte sur enduit de terre crue ou mortier de chaux et gypse,
dont il ne subsiste que de petits fragments. Parmi les découvertes notables de la saison, on signalera le bloc central du
linteau couronnant l’entrée du temple, en grès blond enduit
et peint, portant un grand disque solaire encadré de cobras
(manquants) ; dans la seconde pièce, un socle rectangulaire
en place, de même matériau, décoré d’offrandes (?) peintes en
rouge orangé sur fond crème, dans un cadre jaune. Un fragment d’enduit peint a livré une partie du nom égyptien du roi
Natakamani, Kheper[karê], qui vient compléter celui de son
fils, le prince Ankh[ka]rê, trouvé l’an dernier. Enfin, ce qui est
fondamental pour notre interprétation du quartier sacré, deux
fragments de toison d’une statue de bélier en grès sont apparus, montrant dans chaque cas une bouclette en spirale, figuration caractéristique du règne en question d’après les quelques
parallèles connus. L’hypothèse de la présence d’une voie processionnelle conduisant à un temple majeur dédié à Amon,
déjà formulée en raison de l’orientation et des dimensions du
temple annexe J, se confirme donc.
La localisation de ce temple principal, que l’on avait cru
cerner l’an dernier en raison de la découverte de l’extrémité
d’un pylône (M) à 70 mètres à l’ouest du temple annexe J,
s’est révélée être une fausse piste. Bien que la structure ait été
presque entièrement démolie, ce qui n’en laisse que des tranchées de récupération, sa longueur ne dépassait pas 8 mètres,
soit la moitié de celle du pylône du temple J. Il s’agit donc
vraisemblablement d’une « simple » porte monumentale, barrant ici une voie d’accès large de 3,40 m environ, encadrée
par deux longs murs parallèles qui filent au-delà des limites du
sondage. L’ensemble, qui reste énigmatique, était construit en
brique cuite et couvert d’un épais enduit de chaux et gypse.
L’édifice succède ici, moyennant un hiatus chronologique, à
deux phases du méroïtique ancien, assez bien conservées, qui
correspondent à des habitats construits en brique crue, eux
aussi assez bien préservés.
Enfin, dans le quartier « industriel » nord-est, sous les niveaux
d’habitat dégagés l’an dernier dans le sondage Ka (phases méroïtique tardif à post-méroïtique), l’origine de la forte anomalie magnétique enregistrée ici a pu finalement être identifiée :
signal troublé, qui se développe à l’est comme à l’ouest et qui
correspond à deux grands quartiers d’habitat. Sous réserve des
investigations ultérieures nécessaires, le centre-ville couvrirait
environ 5 hectares, soit le tiers de la superficie urbaine. Son
organisation serait tardive dans l’histoire du site, fruit d’un remodelage dû en totalité ou partie au règne conjoint de Natakamani et Amanitore, duo royal de grands bâtisseurs du ier siècle
après J.-C. Les premiers sondages effectués dans ce périmètre
ont en effet révélé partout des habitats sous-jacents de brique
crue (sondages J, M et N), datés quant à eux du méroïtique
ancien (iiie-iie siècles avant J.-C.) et dont l’orientation diffère
notablement de celle des édifices monumentaux ultérieurs.
Au palais A, vaste quadrilatère de 60 mètres (?) de côté, c’est
le quart nord-est du bâtiment qui a été examiné cette année.
L’édifice est malheureusement presque entièrement détruit à
cet endroit, ce qui nous a offert l’opportunité de fouiller les
niveaux antérieurs d’habitat, datés du méroïtique ancien. Voisinent habitations de brique crue, silos
circulaires et aires de travail grêlées de
trous de poteau, où de nombreux cratères décorés de rinceaux de vigne ont
été découverts. La céramique témoigne
ici de la forte influence méditerranéenne, passée par le filtre égyptien de
l’époque ptolémaïque, qui caractérise les
débuts de la civilisation méroïtique.
Au temple J, la fouille des arases du
pylône a permis de préciser la longueur
totale du bâtiment, de 19,40 m, pour
une largeur déjà établie l’an dernier à
12 mètres lors du dégagement de la partie postérieure. S’il reste encore à fouiller
une bonne moitié de l’édifice, son plan
d’ensemble, régi selon les principes de
symétrie empruntés à l’Égypte ancienne,
est à présent cerné : depuis le pylône,
on accède successivement à deux salles
barlongues, puis à un sanctuaire tripartite. Ces pièces portaient une décoration
Le four rectangulaire du sondage Ka (vue vers l’ouest)
Fouilles et prospections archéologiques
Phallus en argile décoré de symboles féminins
il s’agit de la signature d’un nouveau four, daté du ier siècle
avant J.-C., début de l’époque méroïtique classique. De forme
rectangulaire, il montre d’étonnantes similitudes avec les fours
de briquetiers/tuiliers de la partie européenne de l’Empire
romain, ainsi qu’avec les deux exemples récemment mis au
jour à Kawa, premiers fours de ce genre jamais découverts au
Soudan (mission du British Museum dirigée par D. Welsby).
Le four de Mouweis mesure 5,60 m par 3,25 m ; sa chambre
inférieure, de combustion, est barrée par huit murets de refend
très proches les uns des autres (20 cm) et percés d’ouvertures
en arche. La partie inférieure de cette chambre n’a pas encore
pu être fouillée, car elle ne sera accessible qu’une fois l’entrée
du four dégagée, ce qui nécessite le démontage d’un épais blocage et une extension du sondage. Fait assez rare, la chambre
supérieure, de chauffe, est partiellement conservée. Comme
toujours, ce four était profondément encaissé (1,60 m) pour
mieux conserver la chaleur.
L’un des objets les plus singuliers découverts cette année provient de ce sondage. Il s’agit d’un petit phallus en terre crue,
long de 8 cm pour un diamètre de 2 cm. Il porte deux marques
sur la hampe, un croissant de lune surmontant une série de
points formant un cercle marqué d’un point central. Plusieurs
figurines féminines aux larges hanches découvertes les saisons
précédentes arborent de tels symboles sur le torse, le premier
au niveau de la clavicule (un tatouage ?), le second comme un
mode de figuration des seins (à la place des habituelles pastilles) ; on les trouve parfois aussi sur le dos. Leur présence sur
le phallus en question permettrait de résoudre une énigme de
longue date, à savoir le sens à donner à ces figurines féminines
d’argile : leur utilisation dans le cadre de rituels de fécondité
semble désormais avérée. Quant au phallus lui-même et à ses
symboles féminins explicites, il serait tentant d’y voir un talisman contre l’impuissance. Beaucoup de ces figurines ayant été
trouvées aux abords des fours à céramique à divers stades de fabrication, c’est dire le rôle crucial que pourrait jouer le potiercoroplathe dans la société méroïtique, jusqu’ici insoupçonné.
M. Baud
Remerciements
Nous adressons nos vifs remerciements à la National Corporation for Antiquities and Museums du Soudan, particulièrement à Hassan Hussein Idriss, directeur général, Salah ed-Din
Mohamed Ahmed, directeur des fouilles, et Abdelrahman
Ali, directeur des musées, qui ont facilité en tous points nos
travaux. Sur place, nous avons bénéficié de la précieuse assistance de l’officier des Antiquités Ahmed Sokari, secondé par
Amged Béchir. L’équipe 2010 était constituée de Michel Baud
(directeur, département des Antiquités égyptiennes, responsable section Nubie-Soudan, musée du Louvre), Yves Bière
(archéologue et spécialiste en magnétométrie), Nathalie Blaser
(céramologue stagiaire, université de Lausanne), Olivier Cabon
(photographe), Nathalie Couton-Perche (dessinatrice, département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre), Élisabeth David (chargée d’études documentaires, département des
Antiquités égyptiennes, musée du Louvre), Marie Evina (céramologue, doctorante à l’université de Poitiers), Cécile Lapeyrie
(restauratrice, département des Antiquités égyptiennes, musée
du Louvre), Marc Maillot (archéologue, doctorant à l’université Paris IV Sorbonne) et Aurélie Schenk (archéologue, codirecteur).
Bibliographie
Méroé. Un empire sur le Nil, Paris, Musée du Louvre éditions, et Milan,
Officina Libraria, 2010.
 Established on the right bank of the Nile—170 km north of Khartoum,
in present-day Sudan—the ancient city of Muweis, which has remained
almost unknown until now, is located in the heart of the ancient Meroitic
Empire, and is part of a large linear network of small cities that were
established along the Nile. Like the Meroitic monarchy, the city existed
from the middle of the third century bc to the fourth century ad.
Excavation work in Muweis enables archaeologists to tackle subjects that
have not yet been much investigated: the structure of the cities and
dwellings, and the way of life in these cities; a significant amount of cultural
material is uncovered each season, enabling archaeologists to explore many
new areas of interest. During the fourth season (from 11 January to 7 March
2010), exploration work aimed at identifying the major monumental
ensembles, and their chronology was continued and extended: the royal
palace located on the southern edge of the city; the annexe temple and the
presumed area of the main temple in the sacred area of the city centre; and,
lastly, a district containing dwellings and a series of kilns in the north-eastern
“industrial” part of the site. The magnetic mapping of the site, which began
in 2008, was completed in 2010 with an examination of the large northwestern part of the city; the results have enabled archaeologists to delimit
the city centre and two large neighbouring settlement areas.
117
Fouilles et prospections archéologiques
Fouilles de Baouit, Égypte (saison 2010)
Gisèle Hadji-Minaglou (Ifao), Florence Calament (Louvre) et Cédric Meurice (Louvre)
Le musée du Louvre et l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (Ifao) travaillent conjointement sur le site monastique de Baouit depuis 2003, date à laquelle a été reprise
l’exploration archéologique, liée aux collections du Louvre.
Le chantier a été successivement dirigé par Dominique Bénazeth, conservateur en chef à la section copte, et depuis 2008
par Gisèle Hadji-Minaglou, ingénieur de recherche à l’Ifao et
archéologue.
Les vestiges du monastère, fondé par saint Apollô à la fin
du ive siècle, sont situés en Moyenne-Égypte, à 80 km au nord
d’Assiout ; ils couvrent une superficie de 40 hectares. De 2003
à 2007, les travaux se sont concentrés au nord du site, à proximité des fouilles effectuées par Jean Maspero (1913) et par
le Conseil suprême des Antiquités (années 1980), et dans sa
partie centrale, à l’endroit où Jean Clédat et Émile Chassinat
avaient découvert les églises dites nord et sud (1901-1902). Là,
et parce qu’il n’existait aucun véritable plan de l’église nord,
la fouille s’est appliquée à dégager de nouveau l’édifice afin
d’en dresser un plan détaillé et d’en faire l’étude architecturale.
Dans le secteur nord, trois sondages ont été effectués, dont
l’un s’est poursuivi par la mise au jour d’une construction à
usage d’habitation (bâtiment 1). Parallèlement aux fouilles,
une prospection géophysique de l’ensemble du kôm archéologique a été entreprise (2004-2007).
Dès 2005, celle-ci avait permis de repérer, au sud du secteur
des églises, une grande basilique qui est sans doute, par ses
dimensions et sa situation au centre du kôm, l’église principale
du monastère. Fouillée depuis 2008, elle a été provisoirement
nommée église D, en référence au monument dont une portion du mur nord apparaît sur un document publié par Chassinat en 1911.
Le bâtiment 1, où les travaux se poursuivent et qui remonte
au viie siècle, appartient à un complexe plus vaste dont la
fouille n’a été qu’entamée. Il se compose de plusieurs pièces
118
Au premier plan, l’église D ; en arrière-plan, l’église nord
se développant autour d’une cour, l’accès se faisant par l’une
d’elles au sud-ouest, tandis que du côté est une grande pièce
rectangulaire (salle 7) est flanquée de deux autres (nord et sud).
Au nord de la cour se trouvent différentes installations domestiques, parmi lesquelles une cuisine.
La salle 7, la plus grande du bâtiment (9 mètres par 5), était
décorée de peintures murales couvrant les murs et la voûte. Les
murs ouest, nord et sud, encore debout, portent un décor géométrique et végétal. Le mur est s’est effondré en même temps
que la voûte : il comportait dans sa partie médiane une niche
dans laquelle était peint le Christ trônant, entouré des ailes
des séraphins et des quatre vivants encadrés par deux anges.
Sur les naissances de la voûte, en grande partie effondrée, est
conservée la partie inférieure de scènes bibliques. Les prophètes de l’Ancien Testament (mur sud) préfigurent les scènes
du Nouveau Testament (mur nord). Le dégagement progressif
des peintures et leur consolidation au fur et à mesure de leur
découverte, ainsi que la récupération des fragments et blocs
tombés sur le sol de la pièce sont depuis 2006 l’objet principal
des travaux effectués dans la salle 7.
Les gravats accumulés dans la pièce ont livré, outre les nombreux fragments d’enduits peints, dont certains d’une surface de grandes dimensions, une fenêtre complète qui était,
à l’origine, encastrée dans la partie supérieure du mur est. Les
démolitions ont aussi fourni un grand nombre d’amphores
inscrites qui avaient été, selon toute vraisemblance, entreposées au-dessus de la pièce et sont tombées en même temps que
la voûte. Deux pièces exceptionnelles ont également été trouvées dans les décombres : il s’agit de deux éléments sculptés en
bois peint qui étaient à l’origine encastrés dans le mur est, de
part et d’autre de la niche centrale. L’une représente l’archange
Michel et l’autre l’archange Gabriel. Ces sculptures, qui ont été
déposées au Musée copte du Caire, ont été présentées au public
dans l’exposition « Coptic Art Revealed » (Le Caire, hiver 20102011), dont elles constituent
l’une des pièces maîtresses.
En 2009, l’extension de la
fouille au sud du bâtiment 1
a permis la découverte d’un
nouvel ensemble de pièces.
On peut reconnaître l’utilisation d’au moins deux d’entre
elles, une salle de bains et
une cuisine. La céramique,
comme à l’ordinaire riche
en amphores dont certaines
inscrites, date le bâtiment 2,
comme le bâtiment 1, du
viie siècle.
L’essentiel de la campagne
de 2010 (13 avril – 13 mai)
a porté sur la fouille de
l’église D, une basilique à
trois nefs et à chevet plat,
de dimensions imposantes
(45 mètres par 30, fouillés
jusqu’à aujourd’hui), dont le
Fouilles et prospections archéologiques
chevet a été dégagé en totalité, ainsi qu’une partie des
nefs (naos). Le chevet se compose de trois parties : au sud
une pièce rectangulaire, au
centre le sanctuaire (bêma),
tandis que la partie nord est
divisée en une cage d’escalier et une petite pièce. La
pièce latérale sud avait trois
entrées : l’une donnait accès
au sanctuaire, la deuxième
s’ouvrait sur la nef sud et la
troisième, située dans l’angle
sud-est de la pièce, communiquait avec l’extérieur. Dans la
partie centrale du sanctuaire
se trouvent les bases de deux
colonnes, seuls vestiges de
la base de l’autel ou du petit
édifice destiné à le protéger
(ciborium). Le mur ouest est
percé de trois ouvertures qui
s’ouvraient sur la nef prinLe bâtiment 1
cipale : l’ouverture médiane
était fermée par un chancel en bois dont il ne reste que la base,
décomposée et pulvérulente. On accédait à la pièce nord par
une porte située dans l’angle nord-est du sanctuaire et par le
couloir de la cage d’escalier ; ce dernier comprenait vraisemblablement trois volées, un couloir courait sur son côté nord qui
s’ouvrait à l’ouest sur le naos et à l’est sur la pièce nord.
La partie jusqu’à présent dégagée du naos avait deux entrées
au nord et une autre au sud. L’entrée nord-ouest, la mieux
conservée, était flanquée en façade de colonnes engagées.
Quant aux colonnes séparant les trois nefs, elles ne sont pas
toutes conservées ; trois paires ont toutefois été repérées, dont
la troisième se trouve enchâssée dans des piliers au plan en
L. Ceux-ci n’ont pas de fondations et s’appuient directement
sur le dallage du naos ; ils appartiennent à une réorganisation
du plan de l’église, que l’on peut dater de la première moitié
du viie siècle grâce aux inscriptions peintes sur des blocs remployés du mur sud de l’église (voir infra). Un premier élément
lié à la couverture de l’église et tombé dans le sable a été découvert : il s’agit d’un corbeau en bois qui reposait à l’origine sur
le pilier nord et servait de support à un élément de charpente.
Un sondage pratiqué dans la nef sud a révélé la présence sous
l’église d’une tombe, en partie creusée dans le rocher, et d’un
espace dont la destination n’a pu être déterminée. Ce dernier
était remblayé avec des matériaux de construction : morceaux
de poutres brûlées, fragments de chapiteaux et quelques enduits
peints, provenant sans aucun doute d’une église plus ancienne,
située à proximité (?). Dans la tombe, le défunt est orienté estouest, visage tourné vers l’est ; il est enveloppé dans un linceul,
une monnaie posée sur le cœur. Un autre sondage, sous l’escalier, a mis au jour cinq tombes de même type qui n’ont pu être
fouillées, mais attestent que l’église a été construite au-dessus
d’un cimetière. Plusieurs éléments, telles les monnaies trouvées dans les couches en place (sous l’escalier), la céramique ou
encore les inscriptions peintes sur une portion reconstruite du
mur sud du naos, nous permettent de placer la construction de
l’église à la fin du vie ou au début du viie siècle.
L’église D, utilisée durant plusieurs siècles, a subi divers
remaniements et employé pour son propre décor des pierres
sculptées issues des bâtiments alentour (églises sud et nord
notamment). Les trouvailles, riches et variées, apportent beaucoup à l’histoire de la sculpture copte sur pierre. La plus grande
partie du matériel trouvé est en calcaire et provient des carrières
des montagnes environnantes. Il a trois origines différentes :
décor encore en place, remplois ou éléments remblayés. Les
sculptures brisées proviennent pour la plupart de frises disposées le long des parois. Des pilastres aux bases moulurées et
aux élégants chapiteaux, des éléments de niches ou de portail,
complètent notre vision des différents décors. Le portail nordouest, avec ses colonnes engagées rappelant l’une des entrées
nord de l’église sud remontée dans les salles du Louvre, et les
remplois des deux piliers en L de la troisième travée de la nef,
sont les découvertes les plus spectaculaires, témoins de la présence à Baouit d’une véritable tradition du travail de la pierre.
Quant aux récentes découvertes de papyrus et d’ostraca (très
fragmentaires et tous provenant de couches de remblai, liés à
l’activité économique du monastère aux viie-viiie siècles), elles
Le mur sud du bâtiment 1 : les Prophètes de l’Ancien Testament
119
Fouilles et prospections archéologiques
Remploi de deux piliers en L de la troisième travée de la nef
Mur intérieur sud de l’église D, inscriptions pariétales
restent pour le moment relativement modestes au regard du
même matériel issu des fouilles anciennes du site et conservé notamment au musée du Louvre (déjà publié ou en cours d’étude).
L’apport de l’épigraphie apparaît en revanche primordial : une
série de graffitis en particulier, dédiés au « Dieu de l’archange
Michel », ont permis de rendre son vocable à l’église dite nord,
tandis que les inscriptions pariétales ont livré plusieurs datations, placées entre 632 (mur intérieur sud de l’église D) et l’extrême fin du xe siècle (mur intérieur nord de l’église sud). Outre
les « légendes » des peintures historiées (murs nord et sud de la
salle 7), ce sont essentiellement des prières aux saints locaux, de
simples signatures de visiteurs ou listes de moines pèlerins ou
autochtones, gravées ou le plus souvent tracées en rouge ou en
noir et rédigées en dialecte sahidique. Quelques fragments de
stèles funéraires ou blocs de pierre inscrits viennent aussi enrichir les répertoires anthroponymique et toponymique du site.
G. Hadji-Minaglou, F. Calament et C. Meurice
 The Musée du Louvre and the Cairo-based IFAO (French Institute for
Oriental Archaeology) have been collaborating on excavation work at the
monastic site of Baouit since 2003, the year in which the archaeological
exploration of the site—undertaken in connection with the Louvre’s
collections—was resumed. The project was managed by Dominique
Bénazeth, chief curator of the Coptic section in the Department of Egyptian
Antiquities. Since 2008, the project has been managed by Gisèle HadjiMinaglou, archaeologist at the IFAO.
Most of the work in 2010 (13 April to 13 May) focused on the excavation
of church D, a large three-nave basilica with a flat chevet; the entire chevet
and part of the naves (naos) were uncovered. Various modifications had
been made to the church, which was used over several centuries; carved
stones from neighbouring buildings (the south and north churches, in
particular) were used to decorate the church. The rich and varied finds
provide important information about the history of Coptic stone sculpture.
A series of graffiti, dedicated to the “God of the Archangel Michael”,
enabled an attribution to be made to the “north” church, while the wall
inscriptions revealed several dates, situated between the year 632 and the
very end of the tenth century.
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Myrina, cité de l’Éolide : programme de recherche pluridisciplinaire francoturc sur la ville et son territoire
Bilan des recherches conduites en 2010
Jean-Luc Martinez et Stéphane Verger
120
La cité de Myrina, en Éolide, est à la fois fameuse et mal connue.
Fameuse par l’abondante série de statuettes en terre cuite
d’époques hellénistique et romaine, aujourd’hui conservée au
musée du Louvre et au Musée archéologique d’Istanbul, qui a
été mise au jour dans la nécropole lors des fouilles menées par
l’École française d’Athènes, sous la direction d’Edmond Pottier
et de Salomon Reinach, de 1880 à 1883. Mal connue, parce
que l’exploration du site, qui s’est limitée à celle d’une partie
de la nécropole, n’a livré que des informations très fragmentaires sur la ville elle-même et sur son territoire.
L’étude de Myrina que promeut aujourd’hui le département
des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du
Louvre présente ainsi deux aspects complémentaires : d’une
part, un travail systématique de remise en contexte des collections issues des fouilles de la nécropole, à partir de l’exploitation de tous les fonds d’archives disponibles, dans le cadre
d’un partenariat entre le Louvre et le Musée archéologique
d’Istanbul ; d’autre part, un programme de recherche universitaire interdisciplinaire franco-turc pour l’exploration topographique de la ville et de son territoire. Ce second volet,
Fouilles et prospections archéologiques
Le site de Myrina vu du sud, avec ses deux collines et, à droite, la vallée dans laquelle se trouvait la nécropole fouillée au xixe siècle
qui nécessite une forte implication sur le terrain, est mené
conjointement par l’École pratique des hautes études (EA 4115
– Histara) et le département de géophysique de l’université du
9-Septembre d’Izmir, en partenariat avec le département d’archéologie de l’université Ege d’Izmir, le Centre de recherche et
d’enseignement des géosciences de l’environnement (Cerege)
d’Aix-en-Provence, l’Institut français d’études anatoliennes
d’Istanbul et le laboratoire d’archéologie de l’École normale
supérieure (UMR 8546).
Ce programme prévoit dans sa première phase quatre types
d’investigation : une prospection pédestre classique dans la
basse vallée du Güzelhisar çayı, qui constituait l’essentiel du
territoire de la cité antique ; une couverture complète de la
ville et de ses environs immédiats par prospection électrique,
complétée par des prospections magnétiques et géo-radar ciblées ; une étude géomorphologique de toute l’embouchure
du fleuve, en vue de restituer la dynamique de sédimentation
de la plaine qui entoure Myrina et de comprendre la transformation de la ligne de côte et des installations portuaires ; une
prospection subaquatique dans les ports antiques, associant
des plongées de reconnaissance et des campagnes de prospection géophysique sous-marine.
La mise en place de ce programme ambitieux nécessitait une
année de préparation, qui a été consacrée en 2010 à recueillir
l’ensemble de la documentation topographique ancienne et
actuelle, à élaborer une base topographique géoréférencée
en vue de la constitution d’un système d’information géographique (SIG) spécifique et enfin à effectuer les premières
reconnaissances sur le terrain.
Plusieurs cartes du territoire de Myrina ont été dressées au
xixe siècle, la plupart à partir de la première et de la plus précise d’entre elles : celle que les géomètres de l’Amirauté anglaise
ont levée au milieu du siècle, qui indique que de nombreux
vestiges étaient alors visibles sur le site. On peut distinguer
ensuite trois grandes phases dans l’exploration de la zone : la
première au début des années 1880, au moment des fouilles
Le premier plan topographique du site et de ses environs a été levé par
l’Amirauté anglaise au milieu du xixe siècle. À l’époque, de nombreux vestiges
de bâtiments antiques et byzantins étaient encore visibles. Au sud du fleuve, le
Güzelhisar, des salines étaient en activité
121
Fouilles et prospections archéologiques
122
avait été proposée jadis par
Schuchhardt, ne fait aujourd’hui aucun doute, ce
qui implique sans doute que,
comme dans la ville voisine
de Kyme, le centre public
monumental hellénistique
et romain s’étendait entre
les deux collines. Ensuite,
divers indices permettent de
supposer qu’il existait un lieu
de culte – d’ampleur et de nature indéterminées – au sommet de chacune des collines.
Par ailleurs, les plongées de
reconnaissance
effectuées
par les collègues de la MisLa zone de la nécropole grecque et romaine subit encore aujourd’hui des pillages et des destructions. En haut, vue dans
sion archéologique italienne
les années 1980, en bas, en 2010
de Kyme d’Éolide ont montré
que les vestiges du port nord, visibles sur le rivage, se pourde la nécropole et des premières explorations scientifiques
suivent assez largement sous l’eau, avec des aménagements
de l’Éolide par des archéologues anglais ; la deuxième dans la
bien conservés faits de blocs de remploi antiques. Au sud, on
première décennie du xxe siècle, dans le cadre des recherches
distingue un long mur rectiligne qui doit correspondre à un
menées par les archéologues allemands dans le territoire de Perquai antique. Il se trouve à une centaine de mètres du cours
game ; la troisième dans les années 1970-1980, avec les fouilles
actuel du Güzelhisar çayı, qui devait le baigner dans l’Antidu Pr Ekrem Akurgal et les reconnaissances topographiques de
quité, ce qui indique que la sédimentation à l’embouchure du
la mission archéologique italienne de Kyme d’Éolide et d’autres
fleuve a été très importante et a modifié très sensiblement la
archéologues, comme Dominique Kassab et Giuseppe Ragone.
morphologie de ce secteur de la ville. Cette dernière observaEn fait, jamais la ville ni le territoire de Myrina n’ont fait l’objet
tion peut d’ailleurs être appliquée à l’ensemble de la plaine qui
d’une étude topographique systématique. C’est ce qui explique
s’étend en aval du barrage moderne sur le Güzelhisar çayı : il
qu’il n’existe pas aujourd’hui de cartographie archéologique
est probable qu’à une époque qu’il est encore impossible de
exhaustive de la zone. La seule base topographique exploitable
déterminer, cette plaine était entièrement en eau et constituait
est celle qui a été levée à la demande de la commune d’Aliağa,
un estuaire de quelques kilomètres de long, dont l’ouverture,
sur laquelle se trouve le site, pour les exigences de l’élaboration
relativement étroite, était dominée et contrôlée par la ville
et du suivi du plan d’occupation des sols.
de Myrina. C’est sur les collines situées autour de cet ancien
C’est cette base topographique digitale qui nous sert
estuaire que se trouvaient les centres protohistoriques et anaujourd’hui pour élaborer le SIG de Myrina. Ce dernier a
tiques. L’un d’entre eux, celui de Küçük Çanita, qui domine
pour support un nouvel outil de visualisation des données
la voie terrestre conduisant à Aigai et à Magnésie du Sipyle,
topographiques, le site web interactif Chronocarto, qui a
devait avoir une importance toute particulière. Il faudra vériété élaboré dans les dernières années par la société Géofier l’hypothèse, formulée au début du xxe siècle, selon laquelle
carta et l’UMR 8546 (CNRS-ENS). Il permet de superposer et
de visualiser simultanément les données géoréférencées issues
il s’agirait de l’ancienne Tisna, mentionnée par Pline l’Ancien.
de la documentation ancienne et de celle qui sera élaborée à partir des résultats du
programme de prospections
pédestres, géophysiques, géomorphologiques et subaquatiques.
L’examen des cartes, des
dessins et des photographies
anciennes, complété par
une première reconnaissance
sur le terrain, permet déjà
de formuler quelques hypothèses qui orienteront les
campagnes de prospection.
Six observations peuvent
d’ores et déjà être faites.
D’abord, l’identification du
Le territoire de Myrina s’étendait dans la vallée du Güzelhisar, qui devait être en partie en eau dans l’Antiquité. La route
théâtre sur la pente sud-ouest
qui conduisait à la ville éolienne d’Aigai, dans l’arrière-pays, était dominée par deux sites antiques. L’un d’entre eux,
de la colline orientale, qui
peut-être le Küçük Çanita, doit être la petite ville de Tisna
Fouilles et prospections archéologiques
La ville de Myrina était pourvue de deux ports : un port maritime au nord (ici à gauche) et un port fluvial au sud, à l’embouchure du Güzelhisar (à droite). La vue
est prise du sommet de la colline occidentale ; au centre, la colline orientale
La dernière observation qui ressort des premières reconnaissances sur le terrain effectuées en mai et juillet 2010 est que le
site, qui fait pourtant l’objet d’un important effort de préservation de la part des autorités locales et régionales, n’échappe pas
aux menaces qui pèsent partout sur le patrimoine archéologique : destructions dues à l’érosion – plus particulièrement ici
l’érosion marine qui entame profondément la base de la colline occidentale ; destructions irrémédiables dues aux pillages,
qui se concentrent dans plusieurs secteurs de la nécropole et
utilisent des moyens mécaniques. L’un des objectifs du programme « Myrina, cité de l’Éolide » est aussi de contribuer à la
surveillance scientifique du site et de ses environs.
Cette recherche a été présentée à plusieurs reprises en 2010,
en février devant la Société française d’archéologie classique à
Paris, en mai à l’occasion d’un colloque organisé à Izmir, en
novembre à Istanbul ou encore à l’auditorium du Louvre en
octobre ou au Luxembourg en novembre de cette même année.
J.-L. Martinez et S. Verger
 An important set of terracotta figurines from the Hellenistic and
Roman periods (held in the Louvre and the Archaeological Museum of
Istanbul) originate from the Myrina necropolis, which was excavated
between 1880 and 1883 by the École Française d’Athènes (French
archaeological institute). Very little is known about the city itself.
There are two parts to the study of Myrina: work aimed at placing collections
originating from the excavations in a meaningful context, using all the
available archive material (partnership between the Louvre and the
Archaeological Museum of Istanbul); and an interdisciplinary Franco-Turkish
programme of university research carrying out a topographical exploration of
the city and its territory. There are four types of investigation in the programme:
traditional archaeological field surveys in the lower valley of the Güzelhisar çayı
River; electrical resistivity tomography (ERT), targeted magnetic and georadar
prospecting of the city and its surroundings; a geomorphological study of the
river mouth; and underwater prospecting in the antique ports.
The year 2010 was devoted to collecting all the old and current
topographical documentation; developing a geo-referenced topographical
database with a view to establishing a system of specific geographical
information; and, lastly, carrying out the first surveys in the field. Observations
have already been made: the identification of the theatre on the southwestern slope of the eastern hill; the probable existence of a place of worship
on the summit of each hill; the remains of the north port, visible on the
shore, largely continue under water; and, in the south, a long straight wall
that corresponds to an antique quay, a hundred metres from the current
course of the Güzelhisar çayı River. It appears that the sedimentation at the
mouth of the river has radically altered the morphology of this part of the
city. It is likely that—at a time that has yet to be identified—the plain
(downriver from the current barrage) was entirely under water and
constituted an estuary several kilometres long, dominated and controlled by
the city of Myrina. The proto-historical and antique centres—including
present-day Küçük Çanita, which may be the ancient Tisna, mentioned by
Pliny the Elder—were located on the hills around this old estuary.
Arts de l’Islam
Fouilles à Paykend, Ouzbékistan : programme de recherche franco-ouzbèke
mené en collaboration avec le CNRS (LAMM, Aix-en-Provence)
Rocco Rante
Situation géographique de Paykend
Le site de Paykend se situe au sud de l’Ouzbékistan, aux abords
de l’oasis de Boukhara. Il se trouve au sud d’une zone fertile,
irriguée par la rivière du Zarafshan, qui de la chaîne montagneuse du Pamir, à l’est, se déverse dans l’Amou Daria et relie
les deux oasis principales, celle de Boukhara et celle de Samarcande. Le site est situé entre les deux grands déserts d’Asie
centrale, le Kara Kum (« désert noir ») au sud et le Kizil Kum
(« désert rouge ») au nord. Paykend se trouve ainsi encaissé
entre le désert, au sud, et la partie irriguée par le Zarafshan
même, au nord. Cette exposition au sud du site provoque une
rapide sédimentation de sable provenant du désert (qui tend à
avancer vers le nord en dépit de la partie irriguée).
La ville est alimentée en eau par un canal traversant le site
nord-sud divisant le site en deux parties : celle à l’ouest, la
plus ancienne ; celle à l’est, d’époque médiévale. À l’origine,
la rivière était moins large. Ce n’est que dans les années 1960
qu’elle a subi un élargissement pour favoriser l’approvisionnement en eau des champs de part et d’autre. Cela a provoqué, malheureusement, la destruction d’une partie importante du site qui longeait les deux côtés de la rivière (voir
secteur E).
Le climat actuel est semi-aride (aride dans les déserts). Les
pluies tombent en automne et au printemps. Les hivers sont
froids, notamment à cause des vents de Sibérie qui arrivent du
nord. Les étés sont torrides et secs. Les conditions climatiques
123
Fouilles et prospections archéologiques
J.-C.). Al-Hamadhani (Massé 1973, p. 386)
également mentionne Paykend, sous le toponyme « Baykand, ville de commerçants ».
L’historien la situe dans l’orbite administrative de Boukhara, tout comme Karminya, Tawawis, Firabr, Vardana (tous des villages dans l’oasis de Boukhara), tandis que
Narshakhi (Frye 2007, p. 19), considéré
comme la source de référence concernant
l’histoire de Paykend, à la même époque
(xe siècle), la décrit comme la seule ville en
dehors de Boukhara même.
Aire archéologique de Paykend, carte satellite
rendent indispensable l’utilisation de l’irrigation pour approvisionner les terres en eau.
Historiquement, Paykend se trouve dans la région appelée
Sogdiane, dont les frontières naturelles correspondent aux
deux rivières de l’Amou Daria, au sud, et du Sir Daria, au nord.
Toutes deux se déversent dans la mer d’Aral. La ville est située
sur la grande artère de la route de la Soie, qui de Boukhara
mène à Farab, pour rejoindre ensuite Merv, Nishapour plus au
sud-ouest et Rayy plus à l’ouest. Étant donné sa localisation, le
site se trouve en dehors des remparts qui entouraient l’oasis de
Boukhara et que mentionnent les sources.
Avant l’occupation soviétique de 1920, une expédition de
fouille russe a travaillé sur le site de Paykend et publié les résultats (rapports de fouille 1913-1917). Un grand sondage, dont
les limites ovoïdales sont encore visibles aujourd’hui, avait été
ouvert au centre d’une partie surélevée du shahrestan 1. Mais ce
n’est qu’en 1981 que le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg,
en collaboration avec l’Institut archéologique de Samarcande,
a engagé des fouilles systématiques sur le site de Paykend. Les
résultats ont été publiés dans une monographie (Mukhamedjanov et al. 1988), qui nous offre un premier aperçu du site.
124
Les sources historiques
Concernant l’époque préislamique, parmi les études les plus
récentes, Marquart (1901, p. 83, 93) fait remonter le toponyme
Paykend à l’arabe madinat safr ou madinat safriyat et au persan
diz rojin (« la forteresse de bronze »). Au ixe siècle, les géographes
et historiens arabes décriront la ville dans ses détails urbains.
Yaqubi (ixe siècle), dans son récit « des Pays », mentionne la ville
de Paykend sous le toponyme Bakand ; Ibn Rusteh (Wiet 1937,
p. 80) cite la ville comme « Baikand ». Il ne donne qu’une description très succincte, précisant que celle-ci est habitée par une
« population mélangée » (Wiet 1937, p. 109). Tabari (ixe-xe siècle)
mentionne « Paykand » comme ville de « marchands » (al-Tabari 1879-1901, II, p. 1186-1187 ; Hinds 1990, XXIII, p. 134135), appellation qui trouve ses origines pendant l’époque préislamique (Barthold 1981, p. 117). Le même auteur (Zotenberg
1980, p. 142) relate le fait que des habitants de Paykend auraient
reconstruit la ville après l’occupation islamique (709 après
Présentation du site
Le site se compose de quatre entités
urbaines principales : une citadelle, à
l’extrémité nord-est, un shahrestan (1),
ou ville basse, de forme quadrangulaire
et un autre shahrestan (2) de forme trapézoïdale, qui est situé à l’extrémité sudouest. Ces trois entités urbaines semblent avoir des remparts
propres. Le faubourg entoure la ville ancienne sur les côtés est,
sud et ouest. La partie nord, occupée par la plaine, est constituée
d’une zone fertile et irriguée qui longe la rive gauche du Zarafshan. La partie sud, au-delà du faubourg, est occupée par le désert
Kara Kum. La ville ancienne est séparée du faubourg, à l’est, par
un canal, appelé par Ibn Hawqal (484) « canal du Moulin, […]
qui fournit l’eau potable à la ville ».
La citadelle a été construite sur une colline qui s’élève à
170,50 m au-dessus de la mer, 3,50 m au-dessus de la plaine
environnante. Bien que nous ne connaissions pas encore la
stratigraphie du faubourg, les premières investigations et prospections nous portent à penser qu’il était de même altitude
que la citadelle.
Le shahrestan semble avoir été construit sur une hauteur naturelle de 176,50 m au-dessus de la mer. Dans ce cas également,
nous attendons la vérification après avoir complété les différents
sondages stratigraphiques. Cela correspond bien aux 6 mètres audessus du relief dont nous avons parlé auparavant (citadelle). Le
fait que la première installation, d’après les fouilles et publications (1988) russes, ait eu lieu sur la citadelle dont le relief naturel est plus bas de 6 mètres par rapport à celui du shahrestan 1,
Topographie de Paykend
Fouilles et prospections archéologiques
semble être inhabituel par rapport aux
choix défensifs.
Campagne de fouille 2010
Le relevé topographique de toute l’aire
archéologique a été effectué sur un support de gestion AutoCad, rendant plus
aisées l’étude de la fouille et la gestion
du matériel dans le contexte planimétrique. D’après les investigations de la
présente mission du Louvre, il apparaît
que le site couvre 130 hectares, toutes
périodes confondues.
Les opérations de fouilles se sont centrées sur la citadelle (secteur D), le shahrestan (secteurs A et B), le rempart nord
(secteur C) et la zone identifiée comme
quartier de production manufacturée
(secteur E), entre la vieille ville et le faubourg est, juste aux abords du canal. Les
Canal de Paykend, vu de l’ouest
sondages stratigraphiques sur la citadelle
été sélectionnés, parmi eux des éléments de ceintures, des fibules,
(secteur D) et le shahrestan (secteur A) ont été effectués dans le
de la vaisselle de table et des fragments de miroir.
but de mieux identifier les couches, les niveaux et les structures
de la ville et les comparaisons entre les deux entités urbaines. Le
R. Rante
secteur B est traité en fouille extensive, dont la surface a atteint
les 450 m². Le secteur C a été effectué dans le but de mettre au
Bibliographie
jour les différentes phases de construction et destruction du remal-Tabari (Abu Jafar Muhammad ibn Jarîr ibn Yazîd), Ta’rîkh al-rusul
part et le secteur E a été ouvert dans le but d’étudier la zone de
wa’l-muluk, ed. by M. J. de Goeje, Leyde, 1879-1901.
production manufacturée de la ville, sachant que Paykend est
Marquart (J.), Ērānšahr nach der Geographie des Ps. Moses Xorenac’i, Berlin,
décrite dans les sources historiques comme « ville de marchands ».
Weidmann, 1901.
De plus, la situation géographique de celle-ci, qui la situe sur la
Zimin (L. A.), Разваины старого Пайкенда, ПТКЛА, год 17, Tachkent,
grande artère de la route de la Soie, nous révèle l’importance de
1913.
la ville dans un contexte d’échanges commerciaux entre l’est et
Wiet (G.), Les Pays, Le Caire, [s. n.], 1937.
l’ouest du monde eurasiatique. L’équipe ouzbèke de cette mission
Wiet (G.), Les Atours précieux, de Ibn Rusteh, Le Caire, Ifao, 1955.
s’est concentrée sur le faubourg à l’est de la ville, au-delà du canal.
Massé (H.), Abrégé du « livre des Pays », Ibn al-Faqi al-Hamadhani, Damas,
Institut français, 1973.
Étude du mobilier
Les résultats de l’étude céramique du mobilier sorti lors des
fouilles de l’équipe française en 2010 constituent une première
approche de la céramique consommée et produite à Paykend.
En fonction de l’avancement des travaux sur le terrain et de
la quantité de céramique mise au jour (rien n’est rejeté sur le
terrain) mais, surtout, d’après les priorités fixées avec les fouilleurs, l’étude céramologique était orientée tout d’abord vers les
deux zones de sondage, les zones A et D. Le matériel vu dans
ces zones comprend à peu près la totalité des unités stratigraphiques (US) identifiées et en place. Par la suite, la majeure
partie du mobilier de la zone B a été traitée. Ensuite, de manière non exhaustive, l’attention s’est portée sur les quelques
US de la zone E qui recèlent avec certitude les restes de la production potière des fours mis au jour. L’étude de l’ensemble de
ce mobilier reste à faire, les quelques formes enregistrées pour
cette zone donnent un premier aperçu des résultats à venir.
L’étude du matériel en dehors de la céramique est encore à
l’état préliminaire. Une première sélection a été effectuée, pour
permettre d’avoir un premier aperçu de la culture matérielle à
différentes époques. Parmi les matériaux étudiés, le verre semble
être présent en grande quantité. Nos prospections sur le site nous
amènent à penser que parmi les différents ateliers de production
de la ville ceux de verriers étaient également présents. Le métal
(surtout bronze) est aussi présent. Différents types d’objets ont
Zotenberg (H.), Chronique de al-Tabari, trad. de la version persane de
Abou Ali Mohammed Bel’ami, Paris, Sindbad, 1980.
Barthold (W.), Turkestan Down to the Mongol Invasion, Karachi, Indus
Publications, 1981.
Mukhamedjanov (A. P.), Adilov (Sh. T.), Mirzaakhmedov (D. K.),
Semenov (G. L.), Городише
Пайкенд, Tachkent, 1988.
Hinds (M.), « The Zenith of the Marwanid House », dans The History of
al-Tabarı̄ , Albany (N. Y.), State University of New York Press, 1990.
Frye (R. N.), The History of Bukhara, Princeton, Wiener, 2007.
 The Paykend site lies on the ancient Silk Road in the fertile area between
the two deserts of Karakum and Kazilkum, south of the Bukhara oasis in
southern Uzbekistan.
The ancient settlement received its water supply from a canal crossing
the site (north–south). The excavation work in 2010 focused on the citadel
(Sector D), the shahrestan (Sectors A and B), the north wall (Sector C), and
the area identified as the production quarter (Sector E), between the old
town and the eastern suburb. The current investigations of the Louvre
mission has shown that the site covers an area of 82.5 hectares.
The results of the ceramic study found during the excavations conducted
by the French team in 2010 are currently being analysed. It constitutes an
initial step toward understanding the different functions and productions
of ceramics at Paykend. Amongst the materials studied, glass seems to be
present in large quantities, and archaeological surveys suggest that local
artisanal activity included glass-making. Evidence of metalwork is also
present (parts of belts, fibulae, tableware, and mirror fragments).
125
Acquisitions
Restaurations
ESPACES MUSéOGRAPHIQUES
Vie des
Collections
Vie des collections
Acquisitions
Antiquités orientales
Aucune œuvre susceptible d’enrichir les collections de manière significative tout
en répondant aux critères déontologiques du musée du Louvre n’a pu être acquise.
Cependant, un tableau important pour l’histoire des collections du département
des Antiquités orientales, La Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad de
Félix Thomas (Nantes, 1815-1875), a été acquis à notre demande par le département
des Peintures. Il sera exposé dans les salles assyriennes.
B. André-Salvini
 No acquisition was made of any work that would significantly enrich the collections and meet
the conditions in the Museum’s code of practice. However, upon our request a painting of historical
importance for the collections in the Department of Near Eastern Antiquities was acquired by the
Department of Paintings, and will be exhibited in the Assyrian rooms.
Antiquités égyptiennes
Du fait de notre extrême vigilance sur les chapitres de la provenance archéologique,
du mode d’acquisition et de la date d’arrivée en Europe des œuvres susceptibles
d’être acquises pour le département, nous avons été amenés à renoncer à enrichir
notre collection en 2010. Il existait bien une œuvre correspondant à nos exigences
et d’un intérêt majeur à nos yeux, mais elle n’a pu être acquise ; elle a depuis été
classée « trésor national ».
G. Andreu-Lanoë
 Extreme caution concerning the archaeological provenance, purchase method, and the date
of arrival in Europe of works liable to be acquired by the Department led us to abandon the idea of
enriching our collection in 2010, and were therefore unable to acquire a work of great interest that
does meet our requirements, which has since been classified as a national treasure.
Antiquités grecques, étrusques et romaines
128
Riche d’une importante collection de sculptures romaines, de la plus remarquable collection d’art étrusque conservée hors d’Italie et de la plus belle collection de vases et de figurines de terre cuite du monde grec, le département des Antiquités grecques, étrusques
et romaines s’attache à mieux montrer la diversité des productions du bassin méditerranéen à l’époque classique. La politique d’acquisition, pour un marché quasi inexistant,
consiste donc à combler certaines lacunes (protohistoire, civilisations de l’Italie préromaine, provinces occidentales de l’Empire romain…) tout en renforçant certains pans de
la collection déjà importants mais lacunaires (sculpture grecque archaïque et classique,
peintures et mosaïques romaines). Les collections du département se sont enrichies en
2010 grâce au don d’un ensemble de cent cinquante bronzes du Picenum (Italie) pro-
Acquisitions
venant de la collection réunie par Julien Bessoneau (1842-1916) à Angers, et aussi grâce
à l’acquisition en vente publique, en décembre 2010, de trois panneaux de mosaïques
permettant d’illustrer les productions des ateliers de Gaule romaine.
J.-L. Martinez
 The Department of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities holds a large collection of Roman
sculptures, the most remarkable collection of Etruscan art held outside Italy, and the finest collection
of vases and terracotta figurines from the Greek world; the Department would like to broaden the
diversity of the antique objects produced in the Mediterranean Basin in the Classical era. The
acquisition policy—in a practically inexistent market—therefore consists of adding certain missing
elements (from proto-history, the civilisations of pre-Roman Italy, the Roman Empire’s western
provinces, etc.), while adding to certain areas of the collection that are already extensive but are
missing certain elements (archaic and classical Greek sculpture; Roman paintings and mosaics).
The Department’s collections were enriched in 2010 by the donation of an ensemble of 150
bronzes from Picenum (Italy) from the collection assembled by Julien Bessoneau (1842–1916) at
Angers, and the acquisition in a public auction in December 2010 of three panels of mosaics that
illustrate Gallic-Roman workshop productions.
Chasse de Méléagre contre le sanglier de Calydon, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
(MNE 1337)
129
Vie des collections
Trois panneaux d’un pavement de mosaïque de Vienne
(Isère) au musée du Louvre
Chasse de Méléagre contre le sanglier de Calydon
Entre 175 et 225 après J.-C.
Panneau de mosaïque : marbre et calcaire. H. 92 cm ; l. 92 cm
Vienne (Isère)
Découvert en 1881 lors des travaux de fondation d’un immeuble
rue Peyron à Vienne ; conservé sur place jusqu’à la mise en vente
Acquis en vente publique à Paris, hôtel Drouot, maison de vente
Pierre Bergé et associés, le 5 décembre 2010
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
(MNE 1337)
Couple de canards au milieu d’une couronne végétale
Entre 175 et 225 après J.-C.
Panneau de mosaïque : marbre et calcaire. H. 92 cm ; l. 92 cm
Vienne (Isère)
Découvert en 1881 lors des travaux de fondation d’un immeuble
rue Peyron à Vienne ; conservé sur place jusqu’à la mise en vente
Acquis en vente publique à Paris, hôtel Drouot, maison de vente
Pierre Bergé et associés, le 5 décembre 2010
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
(MNE 1338)
Couple de canards au milieu d’une couronne végétale, département des Anti-
Buste masculin au milieu d’une couronne
quités grecques, étrusques et romaines (MNE 1338)
Entre 175 et 225 après J.-C.
Panneau de mosaïque : marbre et calcaire. H. 92 cm ; l. 92 cm
Vienne (Isère)
Découvert en 1881 lors des travaux de fondation d’un immeuble
rue Peyron à Vienne ; conservé sur place jusqu’à la mise en vente
Acquis en vente publique à Paris, hôtel Drouot, maison de vente
Pierre Bergé et associés, le 5 décembre 2010
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
(MNE 1339)
130
Alors qu’elle comptait déjà soixante-trois pavements ou éléments de pavement d’Afrique du Nord ou du Proche-Orient,
la collection de mosaïques du département des Antiquités
grecques, étrusques et romaines s’est encore enrichie, lors de la
vente publique du 5 décembre 2010 organisée par la maison de
vente Pierre Bergé et associés à Drouot Montaigne, d’un remarquable ensemble de trois panneaux provenant d’un pavement
de domus de l’antique Vienne.
Ces trois panneaux étaient connus et répertoriés depuis
longtemps. Exhumés en 1881 lors des travaux de fondation
d’un immeuble au 5, rue Peyron, à Vienne, ils appartenaient à
un pavement plus vaste dont on ignore l’état de conservation
et les dimensions au moment de la découverte. Vraisemblablement déposés pendant les fouilles pour pouvoir être conservés,
ils ont tous trois été montés sur un support de ciment carré, de
92 cm de côté, ceint d’un encadrement métallique. Publiés dès
1890, ils furent classés monuments historiques par un arrêté
du 2 mars 1937. En 1981, ils furent de nouveau publiés par
Janine Lancha dans son Recueil général des mosaïques de la Gaule.
III. Province de Narbonnaise. 2. Vienne, où il est précisé qu’ils
étaient alors « accrochés au mur dans la cage d’escalier du numéro 5 de la rue Peyron, au rez-de-chaussée et au 1er étage ; le
propriétaire de l’immeuble et des mosaïques est Me Frécon ». Ils
sont restés dans l’immeuble sous lequel ils avaient été découverts jusqu’à leur mise en vente publique en 2010.
Ces trois panneaux sont constitués de petits cubes de marbre
et de calcaire, appelés tesselles, dont les dimensions varient de 1
Buste masculin au milieu d’une couronne, département des Antiquités grecques,
étrusques et romaines (MNE 1339)
à 0,2 cm de côté entre le fond et les figures. Le premier montre
une scène de chasse : accompagné de trois chiens, le chasseur
simplement vêtu du manteau des cavaliers, la chlamyde, menace de sa lance un sanglier qui lui fait face dans un paysage rocailleux. Il s’agit là de la représentation de la chasse de Méléagre
contre le sanglier de Calydon, un thème classique de la peinture
murale à l’époque romaine, souvent repris en mosaïque sous
forme d’emblema (décor central d’un pavement) ou intégré à
des scènes de chasse plus vastes, inspiré en effet par une composition célèbre notamment pour la représentation de la grotte
et des arbres et attribué au peintre grec Polygnote de Thasos ;
Acquisitions
la scène de la chasse de Calydon se retrouve par exemple dans
une mosaïque d’Oudna (Tunisie) ou encore de Cos (Grèce). Le
deuxième panneau montre un couple de canards nageant au
centre d’un médaillon décoré d’une épaisse couronne de feuilles
de lierre chargées de fruits. D’autres volatiles, perdrix ou faisan,
occupent les écoinçons. Le thème du canard est fréquent dans
les mosaïques de Vienne, où on le trouve souvent traité dans
les parties secondaires des pavements, comme les écoinçons.
Le troisième panneau reprend la même organisation : un buste
masculin portant une couronne de lierre et un manteau s’inscrit
dans un large médaillon orné de feuilles de chêne ; quatre paons
et paonnes remplissent les écoinçons. Diverses identifications
ont été proposées pour le personnage masculin : peut-être faut-il
y voir un philosophe ou un poète, en raison du manteau qu’il
porte et du bandeau qui ceint son front. Les sujets traités sur ces
trois panneaux sont donc sans relation les uns avec les autres ; à
l’exception du canard, ils ne sont pas courants à Vienne.
Ces panneaux appartenaient à un pavement constitué d’un
quadrillage de cases carrées à décor multiple, type de composition bien attesté dans la production de mosaïques viennoises
et notamment représenté par un pavement découvert en 1857
et illustré en son centre par l’ivresse d’Hercule.
Capitale du peuple allobroge au iie siècle avant J.-C., promue colonie latine par Jules César en 50 avant J.-C. (« colonia
Iulia Augusta Florentia Vienna »), Vienne constitue la limite
septentrionale de la province de Narbonnaise fortement romanisée. Avec ses faubourgs, Sainte-Colombe et Saint-Romainen-Gal, elle a livré un très vaste ensemble de mosaïques (cent
quarante-deux pavements ou fragments de pavements de mosaïque mis au jour d’après la publication de Janine Lancha)
qui témoignent de l’activité intense des ateliers viennois, sans
équivalent dans aucune autre ville de Gaule, voire de l’Occident romain. Influencée en partie par les ateliers italiques,
cette production se caractérise par la variété des techniques
mises en œuvre, par la constitution d’un répertoire de canevas
(décor tapissant selon une organisation géométrique), dont
font partie les compositions en quadrillage à décor multiple,
et par un répertoire végétal riche et d’une grande variété, marqué notamment par le souci d’adapter l’ornement à son cadre
géométrique, et la réalisation conjointe de mosaïques figuratives, conservées en grand nombre et portant souvent des
sujets mythologiques, et de mosaïques décoratives noires et
blanches. Ainsi, les trois panneaux de la rue Peyron, du fait de
leurs sujets et de leur composition, s’inscrivent parfaitement
dans la production des ateliers de mosaïstes viennois. Chronologiquement, ils sont datés entre 175 et 225 et appartiennent
à un corpus réparti en quatre groupes situés entre le ier siècle
avant J.-C. et le iiie siècle après J.-C.
Au musée du Louvre, les trois mosaïques de Vienne rejoignent une collection de référence dans ce domaine. En effet,
au sein du département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines s’est constituée depuis 1840 une importante collection de mosaïques d’époque romaine (soixante-trois numéros)
composée de deux ensembles. Le premier d’entre eux regroupe
les mosaïques d’Afrique du Nord – provenant d’Utique et de
Carthage en Tunisie, et de Constantine en Algérie –, composées de trente-sept panneaux ou fragments comprenant des
décors de villa, des mosaïques funéraires chrétiennes, ainsi que
des fragments de pavement d’église, dont la pièce maîtresse
est le Triomphe de Neptune et Amphitrite de Constantine. Le second ensemble provient du Proche-Orient et se divise en trois
groupes : le pavement de l’église Saint-Christophe de Qabr
Hiram (Liban actuel), découvert lors de la mission d’Ernest
Renan en Phénicie en 1862 ; les dix mosaïques d’Antioche
issues du partage effectué lors des fouilles menées par la mission franco-américaine entre 1934 et 1939, avec comme pièces
maîtresses la mosaïque du Jugement de Pâris, la mosaïque des
Saisons de la villa constantinienne et le Phénix ; enfin, les mosaïques chrétiennes de Syrie acquises à partir des années 1970.
Les aléas de l’histoire des collections nous ont privés, ou
presque, de mosaïques provenant des autres provinces de l’Empire romain. Seuls le pavement géométrique de la via Nomentana à Rome, intégré dans le sol de l’une des salles romaines, et
trois petits fragments de Véies illustrent la production pourtant
essentielle des ateliers italiques ; celle des ateliers de la péninsule Ibérique est tout à fait absente. La Gaule n’était, jusqu’à
cette acquisition, représentée que par quelques fragments
d’une mosaïque de Saint-Romain-en-Gal trouvés en 1826.
Or, le département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines a pour vocation de refléter l’ensemble du monde
romain. Le musée du Louvre souhaite donc combler ses lacunes en présentant les principaux ateliers de production de
mosaïque. L’acquisition des trois panneaux de la rue Peyron
à Vienne permettra de montrer un ensemble caractéristique
d’un atelier de Gaule romaine. Ces trois panneaux trouveront
naturellement leur place dans les futures salles romaines, dans
une section consacrée à l’étendue et à la diversité de l’Empire.
En Gaule, le phénomène de « romanisation » est en effet particulièrement sensible dans le domaine de la mosaïque.
C. Giroire
Bibliographie
Lancha (J.), Recueil général des mosaïques de la Gaule. III. Province de Narbonnaise. 2. Vienne, Paris, CNRS, 1981, no 245, p. 44-47, pl. VII et VIII.
 The Museum has recently acquired a remarkable set of three mosaics
from an ancient domus in Vienne (south-eastern France), which were
excavated in 1881 during building foundation works. They remained in the
building under which they were discovered until they were put up for
auction in 2010.
The mosaic pavings belonged to a pavement comprised of chequering
inside square borders—a composition that is very common in the mosaics
of Vienne: the first represents Meleager’s boar hunt; the second shows a
pair of ducks swimming; and on the third there is a male bust wearing a
crown of ivy. These three themes, with the exception of the duck, are not
common in Vienne.
A large number of mosaics attesting to the intense activity of the
workshops have been found in Vienne, which was located at the northern
border of Narbonensis. Partially influenced by the Italic workshops, the
mosaics are characterised by the variety of the techniques, the establishment
of a repertoire of framing outlines, a rich vegetal repertoire, figurative
mosaics (most often depicting mythological subjects), and, finally, black
and white decorative mosaics.
The subjects and compositions of the three mosaic pavings, which date
from between 175 and 225 ad, are typical of the mosaics produced in the
workshops of Vienne.
Since 1840, a large collection of mosaics from the Roman period—
mainly from North Africa and the Near East—has been built up in the
department. This acquisition will enable the Museum to exhibit a set of
mosaics that are characteristic of the production in a Gallo-Roman
workshop.
131
Vie des collections
Arts de l’Islam
L’année 2010 a été essentiellement marquée par la finalisation administrative de
la donation très généreuse consentie par Emanuele Pantanella et Letizia Signorini,
deux collectionneurs romains passionnés par le monde islamique, amateurs de calligraphie et francophiles. Leur libéralité fait entrer au Louvre plus de cent vingt
objets et s’inscrit comme la donation la plus importante depuis le legs Chandon de
Briailles en 1955. Outre cette heureuse conclusion, un rapide bilan de l’année 2010
montre un intérêt soutenu pour l’art du sous-continent indien, trop longtemps peu
représenté dans les collections islamiques du Louvre. L’achat d’un grand relief de
grès rouge est le point d’orgue d’une série d’acquisitions qui ont permis d’illustrer le
décor architectural moghol dans toute sa somptuosité. Une rare plaquette d’ivoire
et le don d’une bouteille viennent renforcer ce versant indien des enrichissements
de l’année, malgré un marché de l’art particulièrement à la hausse.
Pour autant, le département ne se détourne pas des terres centrales du monde
islamique et a acheté deux pièces iraniennes médiévales, faisant entrer un rare et
précoce exemple du métal du Khurasan signé par l’un de ses premiers maîtres dinandiers, Shazi al-naqqash ; la pièce était jusqu’alors inédite. L’achat d’une coupe
issue de la prestigieuse collection Parish-Watson, publiée en 1922, nous procure
le bel exemple de céramique haft-rang à iconographie souveraine qui manquait
encore à la collection. Le don d’un moule signé, datable de la fin du xiie siècle ou
des premières décennies du xiiie siècle, nous ramène à nouveau vers l’est de l’Iran et
nous conduit à une intéressante réflexion sur l’utilisation du moulage et la diffusion
esthétique et culturelle que permet cette technique.
Enfin, pour ce qui est de l’extrémité occidentale du monde islamique, l’achat
d’une rare stèle funéraire almohade constitue un apport d’une importance majeure
pour les trop rares collections « ifriqiyyennes » du Louvre et un atout pour sa collection épigraphique.
S. Makariou
 The year 2010 saw the satisfactory incorporation of the generous donation from Emanuele
Pantanella and Letizia Signorini—two Francophile Roman collectors who are passionately interested
in the Islamic world and calligraphy. Their endowment to the Louvre includes more than 120
objects, and is the biggest donation since that of Chandon de Briailles in 1955. In addition to this
welcome supplement, exhibitions held in 2010 indicate continued public interest in the art of the
Indian subcontinent, which has long been under-represented in the Louvre’s Islamic collections.
The acquisition of a large red sandstone relief is the highlight of a series of investments that have
enabled the Department to present Mughal architectural decoration in all its splendour. A rare
ivory plate and the donation of a bottle have complemented the year’s additions to the Indian
collection, despite sharply rising prices on the art market.
Meanwhile, the Department is not turning its back on the major countries in the Islamic world,
and has acquired two very fine medieval Iranian pieces, one an early example of inlaid metalwork
from Khorāsān signed by one of the first master inlayer, Shazi al-Naqqash (the piece was previously
unknown); and a bowl from the prestigious Parish-Watson collection (published in 1922), thereby
enriching the Department with an example of haftrang (seven-colour) ceramics bearing royal
iconography, a fine example of which was lacking in the collection. Furthermore, the donation of
a signed mould dating from the late twelfth or early thirteenth century, has led us back to eastern
Iran and to an interesting exploration of the use of moulds and the aesthetic and cultural diffusion
facilitated by this technique.
Lastly, and as regards the westernmost regions of the Islamic world, the acquisition of a rare
Almohad funerary stela is a major addition to the Louvre’s otherwise meagre “Ifriqiyan” collection,
and a real asset for its epigraphic corpus.
132
Acquisitions
Relief architectural à décor végétal
Inde du Nord, vers 1700
Grès rouge sculpté. H. 1,70 m ; l. 94 cm ; ép. 13 cm
Ancienne collection Peter Marks ; achat à Londres, galerie Sam Fogg,
janvier 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2099)
Ce grand panneau de grès rouge, matériau caractéristique de la
région de Mathura employé dès la période Gupta, vient compléter, dans nos collections, un ensemble de quelques œuvres
architecturales mogholes qui retrace l’évolution du décor du xvie
au xviiie siècle. Le décor, d’une qualité plastique remarquable,
montre un buisson de lis, dont les efflorescences sont fixées sur
de longues tiges grimpantes et ondulantes. Elles jaillissent d’un
calice aux feuilles agitées par le vent, se retournant de gauche et
de droite. Ce calice est pris dans un motif engainant qui repose
sur un vase de feuilles renversées. Un rinceau ondulant, chargé
de pavots, orne les bordures encadrant le champ central.
La superposition des plans, l’aspect gonflé des pétales et des
feuilles confèrent une forte présence à une composition totalement irréaliste. Le relief, tronqué mais très impressionnant,
illustre la tendance la plus sensualiste, la plus inspirée par la
nature, de l’art moghol ; elle se développe particulièrement à
partir du règne de Shah Jahan (1627-1657). L’imaginaire des
artistes s’est nourri de la lecture d’ouvrages européens, notamment de botanique, tel celui de Crispin de Passe. Même si certains éléments comme les lis sont aisément identifiables, ils
sont soumis à une rigoureuse organisation géométrique et à
un traitement presque métallique des détails qui font de cette
œuvre une belle quintessence du décor architectural dans
l’Inde des Grands Moghols.
Ce relief a son pendant exact au Minneapolis Institute of
Art ; il formait avec lui une paire provenant d’un monument
non identifié. Les grandes dalles décoratives de grès rouge pouvaient être employées très loin de leur lieu d’exécution et l’on
connaît des exemples précis de « prélèvement » de ces éléments
lors de pillages et d’actes de guerre.
S. Makariou
 This large slab of red sandstone—a material that is characteristic of the
Mathura region of India—complements a series of Mughal architectural
works that illustrate the various phases in Mughal architectural decoration
between the sixteenth and eighteenth century. The carved decorative
work, which is of exceptional quality, shows a bush of lilies, whose flowers
are attached to long climbing and undulating stems spilling out of a
chalice, with the leaves fluttering in the wind and the stems swaying left
and right. The chalice is enveloped in a motif that rests on a vase of inverted
leaves. An undulating tendril laden with poppies adorns the borders
around the central section. An exact companion piece to this relief is held
in the Minneapolis Institute of Art, and together they formed a pair from an
unidentified monument.
Matrice secondaire de moule signé Abd al-Jabbar al-Samarqandi
xiie-xiiie siècle, Iran ou Asie centrale
Terre réfractaire moulée. H. 7,8 cm ; D. 12,7 cm
Don d’Annie et Corine Kevorkian, galerie Kevorkian, octobre 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2232)
Ce petit moule en terre réfractaire est particulièrement intéressant par la finesse de son décor et la signature du potier. Son
nom contient une nisba (indication géographique d’origine)
signalant la ville de Samarcande.
Outre la finesse de son décor, qui en fait une pièce esthétiquement très réussie, cette œuvre présente un intérêt particulier en ce qu’elle vient appuyer un discours technique sur la
création des céramiques médiévales iraniennes ou centre-asiatiques. La couture que l’on peut y voir indique en effet qu’il
s’agit d’un moule tiré à partir d’une matrice. La fabrication de
céramique moulée ne relève pas d’une logique de série, mais
d’une adaptation à une fonction précise : pour les vases à eau,
Relief architectural à décor végétal, département des Arts de l’Islam
Matrice secondaire de moule signé Abd al-Jabbar al-Samarqandi, département
(MAO 2099)
des Arts de l’Islam (MAO 2232)
133
Vie des collections
la pièce demeurait toujours sans glaçure afin que son évaporation à travers la paroi ait pour effet de rafraîchir le liquide.
La fabrication de moules à partir d’une matrice permettait la
diffusion d’un style élaboré portant parfois, comme ici, une
maxime à l’usage des élites.
Celle-ci est identique à celle d’un célèbre plat inscrit du
Louvre. L’inscription contient une sentence : « La magnanimité est d’abord amère, mais son goût est finalement plus doux
que le miel. »
Il est peut-être possible de rapprocher l’auteur de ce moule
d’un potier dont on connaît une matrice de moule dans la collection al-Sabah (Koweit), matrice à partir de laquelle furent
faites une pièce conservée au Tamashagah-è Tarikh à Téhéran,
une autre au musée Reza-è Abbasi également à Téhéran et une
pièce inédite du musée de la collection David à Copenhague.
S. Makariou
 This small refractory clay mould boasts some particularly fine
decorative work, along with the potter’s signature, which contains a nisbah,
or indication of the man’s geographical origin, indicating Samarkand.
The purpose of moulded ceramics was to produce not series but
individual pieces for a specific function, such as water vessels without glaze,
by which the steady evaporation on the surface kept the contents cool. The
production of moulds from a matrix facilitated the diffusion of an elaborate
decorative style that sometimes bore a motto for an educated elite, as in
this case, where the inscription reads: “Patience is bitter, but is ultimately
sweeter than honey”.
Bouteille surahi
Inde du Nord, xviiie siècle
Pâte argileuse rouge, décor d’engobe et d’émaux sous glaçure
transparente incolore. H. 20,5 cm
Don d’Alexis Renard, décembre 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2233)
Cette bouteille ou surahi appartient à un groupe mal identifié
de céramiques du nord de l’Inde. En effet, pour des raisons
religieuses, les hindouistes ont toujours condamné l’utilisation
de vaisselles de céramique, si bien que cette production atteste
l’existence d’un contexte islamique en Inde. Elle demeure
toute-fois extrêmement mal connue et est souvent confondue avec celle de Multan (actuel Pakistan), plus tardive, avec
laquelle elle entretient des rapports stylistiques. Le décor, floral dans les deux cas, est cependant plus enlevé sur ces rares
pièces. Techniquement, la pièce présentée ici se distingue
de celles de Multan par une pâte très rouge et argileuse ainsi
qu’une glaçure différente, adhérant mal à l’objet. Elle se rapproche d’une belle bouteille surahi acquise par le Louvre en
1999 (MAO 1244), de dimension bien supérieure (H. 44,5 cm),
au parti pris ornemental plus ambitieux, et d’un carreau du
musée du Louvre (MAO 2054). Elle amorce ainsi la création
d’un petit groupe qui demeure rare dans les musées, en dehors
d’une belle pièce comparable dans les collections du Victoria
and Albert Museum à Londres.
S. Makariou
 This surahi bottle belongs to a group of frequently misidentified
134
ceramics from northern India. Given that for religious reasons the Hindus
refuse to use ceramic dishes, these ceramics are a strong indication of Islamic
presence in India. Little is known about this production, and it is sometimes
Bouteille surahi, département des Arts de l’Islam (MAO 2233)
confused with the ceramics produced in Multan (present-day Pakistan), but
the piece here is technically different from Multan production: it is made of
a red clay body and its glaze uneasily adhere on the piece. It is similar to a
beautiful surahi bottle acquired by the Louvre in 1999 (MAO 1244).
Stèle au nom de Shaykh Abu al-‘Abbas Ahmad ibn Muhammad
Tunisie, 583 H / 1187
Marbre sculpté. H. 76,5 cm ; l. 53,5 cm
Achat à Paris, galerie Alexis Renard, novembre 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2230)
Cette stèle présente une très belle inscription en kufique à col
de cygne, qui comprend la sourate III al-Umran, ainsi que le
nom du défunt et la date de sa mort. Il s’agit d’un remploi
d’époque romaine. Avec elle, c’est un exemple unique de stèle
d’époque almohade qui entre dans les collections du Louvre.
L’inscription dit :
« Au nom de Dieu, le compatissant, le miséricordieux, que
la bénédiction de Dieu soit sur le Prophète Muhammad, sa
famille et ses compagnons, (que Dieu) les bénisse avec tout
le respect.
« Toute âme goûtera la mort. Seulement vos salaires vous
seront acquittés au Jour de la résurrection. Qui échappe au Feu
et sera introduit au Paradis sera bienheureux, car la vie ici-bas
n’est qu’une jouissance éphémère et trompeuse.
« Ceci est la tombe du Shaykh Abu al-‘Abbas Ahmad ibn
Muhammad, connu sous le nom d’al-Zallaj I, mort le lundi,
Acquisitions
dans les dictionnaires biographiques de notabilités compilés
à l’époque almohade. Elle relève donc de la pure formule. La
stèle n’en demeure pas moins un très bel exemple d’inscription
kufique à col de cygne, assez archaïsante, alors que des stèles
avec un même effet de cadre à la modénature soignée, datant
de la même époque, portent des inscriptions en graphie
cursive, signe d’un renouveau esthétique intervenu en premier
lieu en Orient. La stèle du Louvre appartient à un petit groupe,
exclusivement ifriqiyyien, sur lequel une étude complète reste
à faire.
S. Makariou
 This reused stela from the Roman era comprises the Ali Imran surah
(chapter III of the Qur’an) and bears a very beautiful inscription in “swanneck” Kufic letters, which reads: “In the name of Allah, the Compassionate,
the Merciful, may Allah bestow His blessing upon Muhammad, his family
and his companions, may Allah bless them in every way. Every soul will
taste death. And ye will be paid on the Day of Resurrection only that which
ye have fairly earned. Whoso is removed from the Fire and is made to enter
paradise, he indeed is triumphant. The life of this world is but comfort of
illusion.” It ends with the name of the deceased and date of death: “This is
the tomb of Sheikh Abu al-’Abbas Ahmad Ibn Muhammad, known by the
name of al-Zallaj I, who died in martyrdom on Monday, the 15th day of
Sha’aban of the year 583 [20 October 1187].”
This addition to the Louvre collections is a unique example of a stela
from the Almohad era.
Couvercle d’écritoire à décor de personnages
Stèle au nom de Shaykh Abu al-‘Abbas Ahmad ibn Muhammad, département
des Arts de l’Islam (MAO 2230)
quinzième jour de Sha‘aban de l’année 583 (20 octobre 1187)
et en martyr. »
1187 est une année essentielle car elle coïncide avec la
tentative des Almohades visant à regagner le terrain perdu
en Ifriqiyya (Tunisie actuelle et Constantinois). La mention
du martyr à la dernière ligne pourrait inciter à penser que le
shaykh en question fit partie des troupes almohades qui se
lancèrent à l’assaut de Tunis, mais son nom n’apparaît pas
Inde, Deccan ou Bengale (?), xviie siècle
Ivoire sculpté. H. 8,5 cm ; L. 25 cm
Achat à Paris, galerie Alexis Renard, novembre 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2231)
Cette plaquette d’ivoire est identifiée comme un couvercle
d’écritoire, appartenant au même groupe que deux autres
conservés à Los Angeles (Lacma). Les coffrets d’ivoire indiens
sont dominés par un décor floral ; aussi le décor figuratif de cet
élément en fait-il toute la saveur.
Ce très petit groupe a été diversement attribué, au Deccan
ou au Bengale. Une base de coffret longitudinal conservé dans
Couvercle d’écritoire à décor de personnages, département des Arts de l’Islam (MAO 2231)
135
Vie des collections
les collections de S. M. Elizabeth II présente la même disposition du décor en quadrilobes, mais seulement chargé de bouquets floraux. À l’inverse, les couvercles de Los Angeles portent
également un décor de personnages, en l’occurrence faisant
alterner femmes et hommes. Dans tous les cas, les personnages
sont montrés identiquement de profil, assis et tenant dans la
main une fleur, ou au poing un perroquet, sans que l’on ait
pu se risquer jusqu’à présent à proposer une interprétation
convaincante.
S. Makariou
 This ivory plaque has been identified as the lid of a writing-case. It is
part of a very small group of such objects (two others are held in Los
Angeles), variously attributed to the Deccan plateau or Bengal. The figures
are represented in profile; they are seated and are holding a flower or a
parrot, but no one has yet ventured a convincing interpretation for this.
Coupe au personnage en trône
Iran, vers 1200
Pâte siliceuse, décor de barbotine, d’émaux de petit feu, feuille d’or.
H. 9,6 cm ; D. 21,1 cm
Ancienne collection Parish-Watson, Londres ; achat à Paris, galerie
Kevorkian, septembre 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2229)
De forme hémisphérique sur piédouche, la pièce présente
une belle surface ornementale sur laquelle se déploie la scène
centrale. Un prince est assis sur un trône bas (sarir) supporté
par des volatiles (détail d’ailleurs peu fréquent) et tient, à
hauteur de buste, une coupe, « miroir du monde », classique
emblème de souveraineté dans l’Orient du monde islamique
médiéval. De part et d’autre des montants du trône se trouvent
deux desservants. Ce rondeau est ceint d’une frise de cavaliers
passants qui se détache sur des rinceaux alternés, traités à la
barbotine et rehaussés d’or. L’extérieur de la coupe porte, dans
un réseau de mandorles, des palmettes et des nœuds pseudo
épigraphiques.
L’iconographie est clairement le signe de la qualité du récipiendaire, lequel n’est pas nommé ici, comme le plus fréquemment. Hors un comblement parfaitement délimité dont la
réintégration – ancienne – est de belle qualité, la pièce apparaît
à l’identique dans la publication de la prestigieuse collection
Parish-Watson en 1922. Cette coupe est parfaitement cohérente, fait très rare parmi les pièces exécutées suivant la technique dite « haft-rang » ou « Minaï ». Particulièrement appréciées des amateurs, la plupart d’entre elles furent en effet
l’objet de très lourdes « restaurations ». Rare par la qualité de sa
conservation, issue d’une collection prestigieuse, cette coupe
présente en outre une iconographie essentielle, qui n’était représentée – dans cette production – que par des tessons dans
les collections du musée du Louvre. On a voulu y voir une
image symbolique du souverain. Il convient cependant de
souligner qu’à cette date il n’existe aucune iconographie du
« prince en trône » sur les objets de luxe par excellence que sont
les objets de métal incrusté. Ce sont les planètes trônantes qui
sont alors représentées, en ronde autour du soleil, lui-même en
position centrale. On peut supposer qu’au tournant des xiie et
xiiie siècles s’opère une mutation iconographique et qu’émerge,
à la lumière des élaborations astrologiques, une iconographie
du souverain « maître du monde ». L’image symbolique du
prince tenant la coupe paraît ici déjà parfaitement constituée ; elle est entourée de deux desservants qui reparaîtront,
flanquant le souverain presque invariablement, sur les métaux
incrustés du monde iranien, lequel ne tarde pas à s’emparer de
ce nouveau thème.
S. Makariou
 In the centre of this hemispherical bowl with a raised foot is
represented an enthroned figure, surrounded by attendants. He is holding
a cup—the “mirror of the world”—a classic symbol of sovereignty in the
medieval Islamic world in the East. The scene is enclosed in a frieze of
horsemen that stand out from alternating tendrils, enhanced with gold.
It is rare to find a piece in such an excellent state of conservation. It was
made using the haftrang (seven-colour) or minai technique, and bears a
classical iconography. Interpreted as a symbolic representation of the
sovereign, the iconography representing “a prince seated on a throne: did
not exist; instead they are representations of the planets around a central
sun. It is possible that an iconographic transformation occurred at the turn
of the twelfth and thirteenth centuries, and that—in the light of
developments in astrology—an iconography representing the sovereign as
“master of the universe” emerged.
Plumier à décor d’entrelacs signé par Shazi al-naqqash
Hérat, Afghanistan, vers 1200
Alliage cuivreux, décor incrusté d’argent. L. 21,5 cm
Collection allemande formée dans les années 1960 à Kaboul ;
acquis en vente publique à Stuttgart, Nagel Auktionen, mars 2010
Département des Arts de l’Islam (MAO 2228)
136
Coupe au personnage en trône, département des Arts de l’Islam (MAO 2229)
Ce plumier porte la très rare signature d’un maître dinandier
ou « peintre » (sur métal), comme il se qualifie lui-même par
le terme de naqqash. Seules trois œuvres de ce dinandier sont
connues, dont l’une, conservée à la Freer Gallery à Washington,
Acquisitions
Plumier à décor d’entrelacs signé Shazi al-naqqash, département des Arts de l’Islam (MAO 2228)
permet, grâce à l’identité du commanditaire, de situer son
activité autour de 1200. Cet artiste travaillait pour les milieux
du pouvoir. La forme particulière de cette écritoire est propre
au Khurasan (Iran oriental et actuel Afghanistan). On connaît
un objet presque identique dû au même artiste, conservé dans
une collection privée au Luxembourg. En outre, il s’agit là
d’un rare exemple d’objet indubitablement produit à Hérat,
premier centre de création des métaux incrustés dans l’Orient
islamique, dont les collections du Louvre ne possédaient
jusqu’alors aucun témoignage important. L’objet présente en
outre l’avantage d’avoir été conservé en Orient ; il n’a donc
subi aucun nettoyage et n’a pas fait l’objet de réincrustation,
comme cela fut assez souvent le cas sur des métaux parvenus
au xixe siècle en Europe. Dans un simple compartiment, il
porte sur la face la signature du maître, ‘Amal Shazi al-naqqash
(œuvre de Shazi, le peintre), en caractères kufiques ornementés
d’une boucle sur le ya final de Shazi. Les côtés portent une suite
de vœux caractéristiques du Khurasan tandis que la face est
ornée d’un rinceau animé de têtes de lapin et de canard, que
l’on a parfois analysées comme appartenant à l’iconographie
astrologique.
S. Makariou
 This writing-case bears the very rare signature of a master inlayer of
whom only three other works are known. Its unusual form is characteristic of
Khorāsān (eastern Iran and present-day Afghanistan), and it is a rare example
of an object undisputedly fashioned in Herāt, the primary centre for the
production of inlaid metalwork in the Islamic East. The sides bear an
inscription of good wishes characteristic of Khorāsān. The upper part is
adorned with tendrils interwoven with heads of rabbits and ducks, which
have sometimes been interpreted as belonging to astrological iconography.
137
Vie des collections
Sculptures
Huit sculptures sont entrées au département en 2010. Ces mouvements s’inscrivent
dans les deux axes de la politique d’acquisition : d’une part renforcer la collection
des chefs-d’œuvre de l’art français, d’autre part étoffer une collection de sculptures
étrangères encore lacunaire, en particulier pour des pays peu représentés, tels
l’Espagne ou l’Angleterre.
Le département se doit d’assurer la mise en valeur du patrimoine français en acquérant des œuvres représentatives de sculpteurs de premier plan, ou au contraire
en faisant entrer au Louvre des sculpteurs provinciaux, ce qui n’a pu être le cas cette
année. En revanche, deux belles statuettes en terre cuite confirment l’importance
de Guillaume Ier Coustou et de Joseph Chinard. Du premier, la Minerve, pendant du
Mars acquis en 2002, est un rare exemple de modèle préparatoire, ici particulièrement insigne, car destiné au portail de l’hôtel des Invalides. Du second, la Phryné
sortant du bain a été l’une des pièces majeures de l’exposition « L’Antiquité rêvée »
qui s’est tenue récemment au Louvre.
Le domaine étranger s’est enrichi de quatre nouvelles œuvres. Deux gisants castillans du xve siècle permettent de montrer l’art funéraire de façon spectaculaire,
alors que la collection espagnole, assez mince, est principalement religieuse. Cela
inaugure la politique transversale d’étude, de présentation et d’acquisition des collections espagnoles que met en place Guillaume Kientz, conservateur nouvellement
nommé au musée.
Le buste de lord Chesterfield par Roubiliac a été une autre pièce importante de
l’exposition « L’Antiquité rêvée ». Cette acquisition représente l’art du portrait,
un art majeur en Angleterre, ici incarné par cet artiste d’origine lyonnaise dont le
Louvre désirait depuis des années exposer une œuvre.
De même, ce fut une chance de retrouver la très grande Vierge du Maître H. L. –
désigné ainsi d’après les initiales qu’il a gravées sur ses estampes –, un maître d’une
originalité extraordinaire par la force de ses volumes et la tournoyante composition
de ses drapés et de ses chevelures.
G. Bresc-Bautier
 In 2010 the Department acquired eight sculptures as part of the twofold objective of
augmenting the number of French masterpieces while expanding the collection of foreign works,
which is still lacking in certain categories of sculpture, particularly in examples from otherwise
poorly represented countries like Spain and England.
The Department is constantly striving to boost the quota of works by major French sculptors,
while ensuring that the works of provincial sculptors also enter the Louvre collections, which was
not the case in 2010. Recent acquisitions include two fine terracotta statuettes by Guillaume I
Coustou and Joseph Chinard, respectively, along with Coustou’s Minerve, a pendant to the Mars
acquired in 2002 and a rare example of a preparatory model—in this case superbly crafted—that
was created for the sculpture adorning the entrance to the Hôtel des Invalides. Chinard’s Phryne
Emerging from her Bath was one of the most important pieces in the exhibition held at the Louvre,
“Antiquité rêvée” (Antiquity Revived).
Meanwhile, the foreign collections were augmented with four new pieces: two fifteenth-century
recumbent statues from Castile provide a spectacular representation of funerary art—the rest of the
Spanish collection, which is quite limited, is primarily religious in nature. This has given further
impetus to the Louvre’s recent policy of interdepartmental study, presentation, and acquisition on
Spanish art, to be run by a new curator, Guillaume Kientz.
The Bust of Lord Chesterfield by Roubiliac was another major piece in the “Antiquité rêvée”
exhibition. This acquisition is an excellent example of portraiture—which was a major art form in
England—spearheaded by this artist who was originally from Lyon, in France; the Louvre had long
aimed to exhibit one of Roubiliac’s works.
Likewise, it was also an opportunity to discover the large wood polychrome sculpture of the Virgin
Mary by Master H.L.—designated thus from the initials he inscribed in his engravings—a master of
extraordinary originality in his three-dimensional handling of the work and the spiralling composition
of the drapery and the hair.
138
Acquisitions
Attribuée au Maître H. L.
(actif dans le Brisgau, Allemagne, de 1511 à 1526 environ)
Vierge à l’Enfant
Vers 1520-1525
Bois (tilleul) polychromé. H. 1,53 m ; l. 64 cm ; pr. 28 cm
Ancienne collection Joseph Claer, Mulhouse, 1912-1924.
Paris, galerie Mathieu Sismann, 2009 ; achat, 2010
Département des Sculptures (R.F. 2010-01)
Mentionnée en 1914 et 1924 dans la collection Joseph Claer
de Mulhouse, mais non localisée depuis, la Vierge à l’Enfant
a ressurgi en 2009 dans le commerce d’art parisien et a pu
être acquise en janvier 2010. Cette figure de retable, célèbre
et admirée dès sa découverte en 1914, a toujours été considérée comme une œuvre majeure du Maître H. L., l’un des plus
grands artistes du gothique tardif allemand.
Graveur et sculpteur, cet artiste n’est connu que par son monogramme H. L. apposé sur ses gravures datées de 1511 à 1522 et
sur son chef-d’œuvre, exécuté de 1523 à 1526, le retable de la
collégiale de Brisach, en Allemagne, près de Fribourg-en-Brisgau. Le Maître H. L. est contemporain de Matthias Grünewald
et de Hans Baldung Grien, et ses œuvres puissamment expressives appartiennent au même monde formel germanique des
premières décennies du xvie siècle. L’animation irréelle des drapés et des chevelures, la vibration maniériste des formes, l’invention de types humains étranges et la fantaisie des détails
sont les composantes de son langage virtuose très original, qui
exacerbe les valeurs traditionnelles du gothique tardif.
De haute qualité, la Vierge à l’Enfant est parfaitement représentative du style personnel du Maître H. L. Son visage charnu
interprète le type féminin de la Vierge couronnée placée au
centre du retable de Brisach. Le modelé se fait ici plus insistant,
comme sur le visage de saint Jean à la prédelle du même retable.
L’opulente chevelure coulant en beaux méandres rappelle aussi
les épaisses mèches de plusieurs figures de Brisach. Le magnifique mouvement courbe de la grosse mèche enroulée qui enchâsse le buste féminin, selon une formule typique de l’artiste,
est traité avec un art exceptionnel. Cette vision sensible et charnelle de la figure humaine trouve d’évidents parallèles dans les
œuvres de Baldung Grien sans doute connues du Maître H. L.,
tel Le Couronnement de la Vierge de Fribourg (1512-1514).
Spécifique du style des gravures et des sculptures du maître, le
drapé s’anime d’un enchevêtrement de plis froissés au rythme
savamment organisé. À la courbe dessinée par la mèche sur le
buste répondent le mouvement du voile plissé et l’envol du pan
du manteau, comme si un même souffle emportait cheveux et
vêtements dans la même direction, tandis que l’Enfant Jésus
s’élance vers le côté opposé. Drapé et attitude évoquent la Vierge
à l’Enfant dessinée sur un projet de retable attribué à l’entourage
du Maître H. L. (Ulm, Stadtarchiv). Plus dynamique sur notre
sculpture, l’Enfant se tourne complètement vers l’extérieur et
son pied gauche devait être soutenu par la main droite de sa
mère, comme sur une sculpture du musée de Bâle probablement
inspirée d’un modèle de H. L. Malgré ses mutilations, le corps
grassouillet de l’Enfant peut être aisément rapproché des angelots sculptés ou des putti gravés par le Maître H. L.
La Vierge à l’Enfant, bien que peu épaisse, dégage une impression d’ampleur et de puissance. Cette plénitude plastique
donnée à la figure humaine s’accorde aussi à l’iconographie
mariale, qui souligne la prééminence de la Vierge immaculée
avec le croissant de lune à ses pieds. Statue grandeur nature, la
Attribué au Maître H. L., Vierge à l’Enfant, département des Sculptures
(R.F. 2010-01)
Vierge à l’Enfant a été conçue pour être présentée dans la caisse
d’un retable d’autel, placée en position centrale et sans doute
entourée de figures de saints.
Sculpteur d’exception, qui n’était évoqué dans les musées
français que par deux reliefs du musée d’Unterlinden à Colmar
attribués à son entourage, le Maître H. L. est désormais représenté au Louvre par cette figure mariale, image magistrale du
dernier épanouissement de la sculpture gothique tardive allemande du Rhin supérieur.
S. Guillot de Suduiraut
Bibliographie
Münzel (G.), « Der Mutter Anna-Altar im Freiburger Münster und sein
Meister », Freiburger Münsterblätter, 10, 1914, p. 65-66, fig. 11.
Schmitt (O.), Oberrheinische Plastik im ausgehenden Mittelalter, Fribourgen-Brisgau, 1924, p. 16, 52, pl. 133.
139
Vie des collections
Sommer (C.), « Der Meister des Breisacher Hochaltars », Zeitschrift des
deutschen Vereins für Kunstwissenschaft, 3, 1936, p. 263.
Spätgotik am Oberrhein. Meisterwerke der Plastik und des Kunsthandwerks
1450-1530, catalogue de l’exposition (Karlsruhe, Badisches Landesmuseum im Karlsruher Schloß, 1970), Karlsruhe, Icom, 1970, p. 208
(E. Zimmermann).
Krummer-Schroth (I.), « Der Schnitzaltar in Niederrotweil a.K. », Jahrbuch der Staatlichen Kunstsammlungen in Baden-Württemberg, 8, 1971,
p. 77, 80, 82-83, 88, 90, fig. 18b.
Schindler (H.), Der Meister HL = Hans Loy? Werk und Wiederentdeckung,
Königstein im Taunus, 1981, p. 56-57, fig. 45.
La Vierge à l’Enfant d’Issenheim. Un chef-d’œuvre bâlois de la fin du Moyen
Âge, catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 1998), Paris,
Rmn, 1998, p. 89 (S. Guillot de Suduiraut).
Guillot de Suduiraut (S.), « Une Vierge à l’Enfant attribuée au Maître
H. L. est retrouvée », La Revue des musées de France. Revue du Louvre,
2010-3, p. 8-9, fig. 1-3.
 Mentioned in 1914 and 1924 as present in the Joseph Claer de
Mulhouse collection, but then cited as whereabouts unknown, in 2009 the
Virgin and Child resurfaced on the Parisian art market. Greatly admired since
its discovery in 1914, this celebrated figure from an altarpiece has always
been considered a major work of the so-called Master H.L., one of the finest
artists of the late German Gothic period.
An engraver and sculptor, this craftsman is known only by his monogram
H.L., inscribed on engravings dating from 1511 to 1522, and on his
masterpiece: the retable (1523–26) in the collegiate church in Breisach near
Freiburg im Breisgau. The fantastical folds of the drapery and locks of hair, the
Mannerist repetition of the forms, the invention of humans with a strange
appearance, and the imaginative details, are all components of his very original
virtuoso language, which intensified traditional late Gothic values.
This superbly crafted Virgin and Child encapsulates the personal style of
Master H.L. The mother’s full features and mane of hair flowing down in
beautiful cascades, are reminiscent of several Breisach altarpieces. The
drapery’s tangle of crumpled folds, and the Child’s plump body is found in
many of the Master’s engravings and sculptures.
Joseph Chinard (Lyon, 1756-1813)
Phryné sortant du bain
Vers 1787
Statuette, terre cuite. H. 71,8 cm ; l. 26,7 cm ; pr. 21,6 cm
Inscription, estampée dans la terre : CHINARD SCULPTEUR
Lyon, collection M. Villard (avant 1897). 1974, Londres, Heim Gallery ;
acheté en 1977 par Arthur M. Sackler (1913-1987), puis ses héritiers ;
acquis en vente publique à New York, Sotheby’s, le 29 janvier 2010,
no 512
Département des Sculptures (R.F. 2010-02)
140
Joseph Chinard, l’un des artistes favoris du régime impérial,
montra au Salon de 1810 une petite rétrospective de son œuvre.
Deux sculptures notamment étaient présentées : une « Andromède, groupe en plâtre » (no 939) et une « Phriné sortant du
bain » (no 945). La première est une version d’une de ses œuvres
les plus célèbres, Persée délivrant Andromède, et la seconde peut
être identifiée – grâce au sujet – avec la terre cuite du Louvre.
Ces deux sculptures ont été conçues par Chinard durant sa
jeunesse : le groupe en terre cuite de Persée délivrant Andromède
obtint le premier prix au concours Balestra de l’Académie de
Saint-Luc à Rome en 1786 ; et Phryné porte le nom de l’artiste,
« CHINARD SCULPTEUR », en lettres capitales estampées dans
la terre. L’usage de cette sorte de cachet est attesté sur quelques
œuvres. Il est probable que cette pratique du « cachet » a été
abandonnée dès le retour en France de Chinard, en 1787, car
il semble qu’on ne le retrouve pas sur les œuvres postérieures.
Chinard, après avoir suivi des études à l’école de dessin de
Lyon et exécuté quelques travaux dans sa ville natale, fit le
voyage d’Italie grâce à la protection d’un amateur, le chevalier
de La Font de Juis. Il arriva à Rome en 1784, est cité en 1786
parmi les étudiants de l’Accademia del Nudo du Capitole et
obtint cette même année le prix, très convoité, de l’Académie
de Saint-Luc. Il retourna en France dès 1787. En dehors du
Persée et Andromède, l’activité de Chinard à Rome est connue
par des copies d’après l’antique (il en envoya trois au Salon des
arts de Lyon en août 1786).
Phryné était une courtisane grecque vivant au ive siècle avant
J.-C. Originaire de Thespies, en Béotie, elle se rendit à Athènes
après la destruction de la ville par les Thébains. Maîtresse du
grand sculpteur Praxitèle, elle aurait servi de modèle pour la
Vénus de Cnide et pour deux portraits qu’elle aurait offerts
l’un à sa ville natale, l’autre à Delphes. L’une des statues du
type de la Vénus de Cnide est la Vénus du Belvédère au Vatican,
une œuvre célèbre à Rome depuis la Renaissance, qui figure
dans les anthologies gravées les plus répandues (Perrier, 1638 ;
Maffei, 1704) et qui a été commentée par Falconet et Mengs.
Cette Vénus est pudique, comme celle du Capitole admirée
par Winckelmann, mais d’une seule main : la main gauche
laisse la poitrine découverte pour tenir une longue draperie ;
les deux marbres antiques ont un vase posé à côté des jambes
de la déesse.
L’histoire de la courtisane aimée et inspiratrice du sculpteur
était bien connue, à l’aune de sa proverbiale beauté. Deux
anecdotes la concernant peuvent avoir inspiré notre sculpteur.
La première décrit Phryné allant se baigner à Éleusis devant
une foule d’admirateurs : l’apparition de sa nudité suscita la
création de deux chefs-d’œuvre, la Vénus anadyomène peinte
par Apelle et la Vénus de Cnide sculptée par Praxitèle. La seconde met en scène la courtisane accusée d’impiété et traînée
au tribunal de l’Aréopage : le seul aspect de sa nudité, qu’elle
dévoila elle-même théâtralement, selon la version donnée par
Quintilien, l’innocenta de toute charge, sa beauté hors du
commun étant le reflet de la déesse elle-même. Ce dernier épisode était le plus connu au xviiie siècle.
C’est le premier récit qui est la source directe de notre statuette en terre cuite. Phryné « sort du bain », comme l’indique
le livret du Salon de 1810 ; elle s’apprête à se couvrir de la draperie pour s’essuyer, ce que semble suggérer le mouvement des
mains. Elle est montrée dans une nudité complète, avec un
vase à côté d’elle comme la Vénus de Cnide : Chinard s’est substitué en quelque sorte à Praxitèle en sculptant ce grand corps
épanoui avec un regard d’amant.
Le sculpteur exhibe la beauté de Phryné dans une représentation somptueuse et de grande taille, nous offrant une transcription personnelle de sa vision de l’Antiquité. Si l’on compare la terre cuite avec le marbre du Belvédère, on remarque
que les proportions du canon féminin ne sont pas éloignées :
le corps est bien en chair, les hanches et les cuisses larges. Le
visage en revanche appartient au monde de Chinard : Phryné
est sœur d’Andromède, avec son nez droit et ses cheveux frisés. La trouvaille de la composition est bien entendu le grand
drapé élégamment frangé que notre héroïne soulève au-dessus de sa tête, faisant descendre autour d’elle une cascade de
Acquisitions
The National Gallery of Art ; New York, The Metropolitan Museum
of Art ; Cambridge, The Fogg Art Museum, 1979-1982), sous la dir.
de Avery (Ch.) et Laing (A.), Cambridge, Harvard University Press,
1981, p. 198-201, no 87, repr. (notice A. Laing).
European Terra-Cotta Sculpture from the Arthur M. Sackler Collections, catalogue de l’exposition (New York, The Metropolitan Museum of Art,
1981), sous la dir. de Draper (J. D.), New York, The Metropolitan
Museum of Art, 1981, p. 24-25, no 51, repr.
European Terracotta Sculpture from the Arthur M. Sackler Collections, catalogue de l’exposition (Chicago, The Art Institute, 1987-1988), sous la
dir. de Wardropper (I.), Chicago, The Art Institute, 1987 no 23.
L’Esprit créateur, de Pigalle à Canova. Terres cuites européennes 1740-1840,
catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre ; New York, The
Metropolitan Museum of Art ; Stockholm, Nationalmuseum, 20032004), sous la dir. de Draper (J. D.) et Scherf (G.), Paris, RMN, 2003,
p. 230-232, no 102, repr. (notice J. D. Draper).
L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au
xviiie siècle,
catalogue de
l’exposition (Paris, musée du Louvre ; Houston, The Museum of
Fine Arts, 2010-2011), sous la dir. de Faroult (G.), Leribault (Ch.)
et Scherf (G.), Paris, Musée du Louvre éditions et Gallimard, 2010,
p. 454, no 154, repr. (notice G. Scherf).
Scherf (G.), dans La Revue des musées de France. Revue du Louvre, 2011-2,
p. 60-61, repr.
Joseph Chinard, Phryné sortant du bain, département des Sculptures
(R.F. 2010-02)
plis. Le revers est coquin : notre Phryné est callipyge et dévoile
ses fesses, ce qui nous ramène d’ailleurs (était-ce volontaire
de la part de Chinard ?) à une anecdote supplémentaire selon
laquelle le postérieur de la Vénus de Cnide suscita une adoration passionnée de la part d’un admirateur… Il est piquant de
constater que strictement à la même période Houdon conçut
un autre chef-d’œuvre callipyge, sa célèbre Frileuse (marbre,
Montpellier, musée Fabre) : les deux œuvres cependant sont
d’un esprit tout à fait différent. Il est d’ailleurs peu probable
que Chinard ait connu la composition de Houdon à l’époque
où il exécuta sa Phryné, c’est-à-dire vers 1786-1787, entre la fin
de son séjour romain et son retour à Lyon (son premier séjour
parisien ne date que de la fin 1795 – janvier 1796).
G. Scherf
Bibliographie
 Contemporary records show that when Chinard presented a
retrospective of his work at the Salon of 1810, he exhibited a Phryné sortant
du bain (Phryne Emerging from her Bath), no. 945), which is very likely to
be the statuette acquired by the Louvre. The artist’s name is stamped in
capital letters in the clay. The use of this kind of stamp has been attested on
several works Chinard executed before 1787—the year he returned from
Italy—and does not occur on later works.
Phryne was a Greek courtesan who lived in the fourth century bc. Mistress
of the great sculptor Praxiteles, she is believed to have modelled for his
Aphrodite of Cnidus. Chinard may have been inspired by two anecdotes
about Phryne, the first relating how she bathed at Eleusis in front of a crowd
of admiring onlookers; the second in which the courtesan was accused of
contempt of court by disrobing before the judges, who, at the sight of her
nude body, were however moved to acquit her, as she was as beautiful as the
goddess herself. The Louvre statuette was clearly inspired by the first story:
Phryne is emerging from her bath and in the act of drawing a towel around
herself. She is naked, and standing next to a vase, like the Cnidian Aphrodite:
Chinard was substituting himself for Praxiteles as the model’s lover when he
sculpted her generous and radiant body. The sculptor’s sumptuous
representation of Phryne’s beauty offers his own vision of Antiquity.
Deux gisants
Castille (région de Tolède ?), fin du xve siècle
Albâtre
Gisant : H. 37,4 cm ; L. 1,954 m ; l. 65,4 cm
Gisante : H. 34,3 cm ; L. 1,714 m ; l. 64,8 cm
Antiquaire [Raoul] Heilbronner, Paris ; collection William Randolph
Hearst, New York ; Joseph Brummer († 1947) ; vente Joseph Brummer
collection, New York, Brummer Gallery, Parke-Bernet Galleries, 8-9 juin
1949, nos 646-647 ; achetés par le Columbus Museum of Art (Ohio),
Howald Fund, 1949, et vendus par lui en vente publique ; acquis à cette
vente, à New York, Christie’s, le 23 novembre 2010, no 473, repr.
Département des Sculptures (R.F. 2010-12 et R.F. 2010-13)
La Chapelle (S. de), « Catalogue des œuvres de Chinard », Revue du Lyonnais, février 1897, p. 143 (« Galatée »).
Finger Prints of the Artist, European Terra-Cotta Sculpture from the
Arthur M. Sackler Collections, catalogue de l’exposition (Washington,
Les deux gisants sont ceux d’un couple, l’homme étant caractérisé par un costume de lettré, la femme par la guimpe et
141
Vie des collections
Deux gisants, Castille, fin du xve siècle, département des Sculptures (R.F. 2010-12 et R.F. 2010-13)
le voile des femmes âgées. Tandis que la tête de son épouse
repose sur deux coussins superposés, l’homme dispose d’un
seul coussin, mais celui-ci est posé sur de grands in-folio. Ce
motif des « livres-coussins » plonge ses racines dans l’art septentrional, mais a connu un développement particulier dans
les tombeaux de la péninsule Ibérique. Les deux gisants représentent donc un bel exemple de l’ambition des classes aisées
dans la Castille de la fin du xve siècle, à la fois par la rareté de
leur iconographie et par leur exécution fouillée et puissante.
P.-Y. Le Pogam
Bibliographie
Classical and Medieval Stone Sculpture Including Pieces Suitable for Garden
and Patio, Furniture and Works of Art, part III Final of the Joseph Brummer Collection, New York, Parke-Bernet, 1949, Colombus Gallery of
Fine Arts, « Annual report », Bulletin, 20, 1949, p. 7, 13.
Alamo (C. de) et Valdez del Alamo (E.), dans Gothic Sculpture in America.
II. The Museums of the Midwest, sous la dir. de Gillerman (D.), Turnhout, Brepols, 2001, no 261, p. 358-361.
Attribué à Matthieu Jacquet
(Avon, vers 1545 – Paris, vers 1611)
Christ en Croix
Début du xviie siècle
Marbre. Christ : H. 87 cm ; l. 51 cm ; pr. 12 cm. Sur plaque de marbre
noir (moderne) : H. totale 1,10 m ; l. 63 cm ; pr. 15 cm
Vente publique à Paris, hôtel Drouot, dans les années 1930. Commerce
d’art, Tours, 1985 ; collection Guy Ladrière, 1990 ; don de M. Guy
Ladrière, 2010
Département des Sculptures (R.F. 2010-4)
Au dos, une étiquette ancienne : « Christ attribué à Germain
Pilon, trouvé dans l’église des Célestins sur la tombe des Villeroy ». L’œuvre est d’une belle qualité. La provenance n’est pas
attestée aux Célestins de Paris. Mais le lien avec la famille de
Villeroy est vraisemblable. Matthieu Jacquet était le sculpteur
attitré des Villeroy. Il a aussi sculpté un Christ en Croix au tympan du tombeau de Jean Baudoin à Péronne (1584), qui a malheureusement été endommagé pendant la guerre de 1914-1918.
G. Bresc-Bautier
Le Pogam (P.-Y.), dans La Revue des musées de France. Revue du Louvre,
2011-2, p. 50, fig. 10, repr.
Bibliographie
 The two recumbent statues represent a married couple; the man is
dressed as a scholar, and the woman wears the wimple and veil of an old
woman. The wife’s head is resting on two superposed cushions, whereas
the man has only one cushion, which in turn rests on large folio books. The
“book/cushion” motif has its roots in Northern art, but was also particularly
developed on tombs in the Iberian peninsula. The two recumbent statues
are a fine illustration of the ambitions of the wealthy classes in Castile at the
end of the fifteenth century, in terms both of their rare iconography and of
their detailed and powerful execution.
142
Bresc-Bautier (G.), dans La Revue des musées de France. Revue du Louvre,
2011-2, p. 6-7, fig. 4, repr.
 An old label on the back reads: “Christ attribué à Germain Pilon,
trouvé dans l’église des Célestins sur la tombe des Villeroy” (Christ
attributed to Germain Pilon, found in the church of the Celestines on the
tomb of the Villeroys). The entire piece is very finely wrought, and although
its provenance from the said church of the Celestine order in Paris has not
been verified, the link with the Villeroys is very probable, given that
Matthieu Jacquet was the Villeroy family’s official sculptor. He also sculpted
a Christ on the Cross on the tympanum of Jean Baudoin’s tomb in Péronne
(1584), which was unfortunately damaged during World War I.
Acquisitions
Attribué à Matthieu Jacquet, Christ en Croix, département des Sculptures
Guillaume Ier Coustou, Minerve, département des Sculptures (R.F. 2010-07)
(R.F. 2010-4)
Guillaume Ier Coustou (Lyon, 1677 – Paris, 1746)
Minerve
Vers 1733
Statuette, terre cuite. H. 58 cm ; l. 40 cm ; pr. 21 cm
Citée par Coustou dans son mémoire de l’exécution du groupe de
pierre ; attestée depuis 1974 dans la collection des descendants directs
du sculpteur ; acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel
Drouot, Brissonneau et Daguerre, le 4 juin 2010, no 22, repr.
Département des Sculptures (R.F. 2010-07)
statues en pierre, aujourd’hui remplacées par des copies, ont
été gravées. Sur les estampes, Minerve tient une lance. Celle-ci
a été brisée sur le modèle en terre cuite à une date inconnue.
G. Scherf
Bibliographie
Souchal (F.), « Les Coustou aux Invalides », Gazette des beaux-arts, 1974,
p. 281, repr.
Souchal (F.), avec la collaboration de La Moureyre (F. de) et Dumuis
Le musée du Louvre a eu la bonne fortune de préempter à
l’hôtel Drouot une œuvre dont il exposait le pendant (Mars,
acquis en 2002). Les deux sculptures sont les petits modèles
pour les statues ornant le grand portail de la façade de l’hôtel
des Invalides donnant sur l’esplanade. Elles sont citées dans un
mémoire de l’artiste de 1733-1734. Les deux terres cuites sont
des pendants exacts : mêmes proportions, même technique de
façonnage (revers très évidé), même style empreint du grand
classicisme louis-quatorzien. Minerve arbore un animal comme
emblème (la chouette), et Mars un loup. Tous les deux, amplement casqués, présentent un bouclier et se regardent. L’iconographie martiale est évidente à l’entrée d’un bâtiment militaire,
et les deux compositions se répondent symétriquement. Cette
paire est une image parfaite pour évoquer l’un des monuments
parisiens les plus célèbres (les Invalides) et un artiste parmi les
plus importants du xviiie siècle, Guillaume Coustou. Les deux
(H.), French Sculptors of the 17th and 18th Centuries. The Reign of
Louis XIV, Oxford, Cassirer, 1977, p. 146-148, no 69b.
Souchal (F.), Les Frères Coustou, Nicolas (1658-1733), Guillaume (16771746), et l’évolution de la sculpture française du dôme des Invalides aux
chevaux de Marly, Paris, De Boccard, 1980, pl. 44d, no 69b.
Scherf (G.), dans La Revue des musées de France. Revue du Louvre, 2011-2,
p. 60-61, no 42, repr.
 The Musée du Louvre has recently acquired this Minerva, which is the
pendant of a Mars acquired in 2002. Both sculptures are small models of
the statues adorning the façade of the Hôtel des Invalides that faces the
esplanade. The two terracotta pieces are exact pendants, having identical
proportions and the same fabrication technique (the backs are hollowed
out), and the same style influenced by the grand classicism of Louis XIV.
The martial iconography is evident at the entrance to the military building,
and both compositions are arranged symmetrically.
143
Vie des collections
Louis François Roubiliac (Lyon, 1702 – Londres, 1762)
Philip Dormer Stanhope, quatrième comte de Chesterfield
(1694-1773)
1745
Buste, bronze, sur piédouche en marbre, avec ses armoiries en bronze
et la devise ADEO ET REGE. H. 48,2 cm (avec le piédouche 63 cm) ;
l. 37,5 cm ; pr. 28 cm
Ancienne collection Nathaniel Clements. Acquis en vente publique à
Londres, Sotheby’s, le 14 juillet 2010, no 132
Département des Sculptures (R.F. 2010-09)
Roubiliac fit toute sa carrière à Londres, où il est documenté
dès 1730. Il connut le comte de Chesterfield en 1745. Celuici était une personnalité considérable, membre d’une grande
famille de l’aristocratie anglaise, homme politique influent du
parti whig, plusieurs fois ambassadeur. De juillet 1745 à juillet
1746, il fut chargé du gouvernement de l’Irlande. Intellectuel
et éminent francophile – il séjourna plusieurs fois en France
et correspondit avec Montesquieu et Voltaire –, il a laissé des
lettres à son fils qui sont restées célèbres et respirent l’idéal
de vertu morale et de raffinement d’un homme pétri de références antiques. Chesterfield en effet portait une admiration
sincère aux grands hommes de l’Antiquité : dans une lettre
datée du 17 mai 1745, il annonce qu’il vient d’acquérir pour
sa bibliothèque un buste de Cicéron. Roubiliac représenta ce
haut personnage selon la tradition antique : le visage sévère
aux cheveux courts repose sur un buste à la découpe large
jusqu’aux épaules, sans aucun vêtement. Le marbre, daté de
1745 (Londres, National Portrait Gallery), porte une inscription spécifiant que le portrait a été fait « ad vivum ». Trois
bronzes ont été exécutés, dont deux ont des provenances irlandaises : il s’agit de toute évidence de dons faits par Chesterfield
à des Irlandais dans le contexte de sa mission sur l’île. Celui
du Louvre fit partie de la collection de Nathaniel Clements,
responsable de Phoenix Park à Dublin, dont la restauration et
l’ouverture au public furent un des grands projets du comte.
G. Scherf
Bibliographie
Baker (M.), « The production and viewing of bronze sculpture in eighteenth-century England », La scultura II. Studi in onore di Andrew Ciechanowiecki, Antologia di belle arti, nouvelle série, Torino, Umberto
Allemandi, 1996, no 52-55, p. 152-153, fig. 10.
Dawson (A.), Portrait Sculpture. A Catalogue of British Museum Collection
c. 1675-1975, Londres, British Museum Press, 1999, p. 65, note 11,
et p. 68, note 16.
Kennedy (R.), Dublin Castle Art. The Historical and Contemporary Collection, Dublin, Office of the Public Works, 1999, p. 94.
Louis François Roubiliac, Philip Dormer Stanhope, quatrième comte de Chesterfield (1694-1773), département des Sculptures (R.F. 2010-09)
 Roubiliac pursued his entire career in London, where he was first
documented in 1730. In 1745, he met the Earl of Chesterfield, an aristocrat
and aesthete, who was an influential politician in the Whig party and was
appointed ambassador several times. Roubiliac represented this influential
figure in the antique manner: the face is severe, the hair cut short, there is
no clothing, and the bust has been radically trimmed, tapering from the
chest all the way up to the shoulders. The magnificent marble (London,
National Portrait Gallery), dating to 1745, bears an inscription that specifies
that the portrait was executed ad vivum. This bronze is one of the three
busts in the same material given by Chesterfield to Irish people when he
was Governor General of Ireland.
Bilbey (D.) et Trusted (M.), British Sculpture 1470 to 2000. A Concise
Catalogue of the Collection at the Victoria and Albert Museum, Londres,
V. and A. Publications, 2002, p. 116.
Roscoe (I.), avec Hardy (E.) et Sullivan (M. G.), A Biographical Dictionary
of Sculptors in Britain 1660-1851, New Haven et Londres, Yale University Press, 2009, p. 1067, no 72 (notice M. Baker).
L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au
xviiie siècle,
catalogue de
l’exposition (Paris, musée du Louvre ; Houston, The Museum of
Fine Arts, 2010-2011), sous la dir. de Faroult (G.), Leribault (Ch.)
et Scherf (G.), Paris, Musée du Louvre éditions et Gallimard, 2010,
Pierre Jean David, dit David d’Angers
(Angers, 1788 – Paris, 1856)
L’Architecture
Médaillon, terre cuite recouverte d’un léger engobe non cuit.
D. 26,1 cm ; ép. 2 cm
Signé et daté : David / 1838
Galerie Talabardon et Gautier, Paris 2009 ; acquis de la galerie en 2010
Département des Sculptures (R.F. 2010-06)
p. 398-399, no 132, repr. (notice Guilhem Scherf).
Scherf (G.), dans La Revue des musées de France. Revue du Louvre, 2011-2,
144
p. 60-61, repr.
Ce « mini-monument » fut exécuté à la mémoire de l’architecte
du Louvre, Charles Percier (1764-1838), membre de l’Institut
Acquisitions
comme David d’Angers lui-même. Il représente une figure de
l’Architecture en deuil, coiffée d’une branche de cyprès et reconnaissable au plan dans sa main, au compas et au niveau
à ses pieds. Ce médaillon, avec la graphie fautive du prénom
« Charle », est bien une première esquisse, émouvante et inspirée, exaltée par la technique virtuose du travail de la terre,
en particulier dans le traitement des différentes textures et des
larges plis du vêtement.
I. Leroy-Jay-Lemaistre
Bibliographie
Le
xixe Siècle,
catalogue de l’exposition (Paris, galerie Talabardon &
Gautier, 2009), no 17.
Leroy-Jay-Lemaistre (I.), dans Grande Galerie. Le Journal du Louvre, 13,
septembre-octobre-novembre 2010, p. 80.
 This “mini-monument” was made to commemorate the Louvre’s
architect, Charles Percier (1764–1838), who—like David d’Angers—was a
member of the Royal Academy. It represents a figure of Architecture in
mourning, with a cypress branch on her head, distinguished by the plan
she is holding, the compass, and the spirit-level lying beside the chair.
Though an initial version in rough, the medallion (with its inaccurate
spelling of the first name “Charle”) is actually both moving and inspiring,
and evinces a virtuoso skill at working the clay that is particularly evident in
the handling of the various textures and the generous folds of the cloth.
David d’Angers, L’Architecture, département des Sculptures (R.F. 2010-06)
145
Vie des collections
Objets d’art
L’année 2010 a été surtout marquée par l’entrée d’une œuvre extraordinaire de la fin
du Moyen Âge, le dosseret d’un dais en tapisserie à l’emblématique de Charles VII,
œuvre classée « trésor national » qui n’aurait pu être acquise sans le soutien enthousiaste des Amis du Louvre.
Dans le domaine des objets d’art des xviie et xviiie siècles, le département conservant essentiellement des exemples de la production d’artistes et artisans français,
les achats effectués en vente publique à Londres de rares flambeaux en filigrane et
des grands miroirs d’applique du château de Stowe traduisent une volonté nouvelle
d’élargir ces collections à d’autres pays européens, en particulier à l’Angleterre.
La section la plus récente du département, celle concernant les arts décoratifs
de la première moitié du xixe siècle, a bénéficié elle aussi de beaux achats en vente
publique, incluant notamment un morceau de bravoure de l’orfèvrerie néo-Renaissance, le vase de Goodwood, qui est l’une des toutes dernières commandes du duc
d’Orléans.
M. Bascou
 The most noteworthy addition to the Louvre collections in 2010 was an extraordinary tapestry
from the end of the Middle Ages: the “dossal” from a royal canopy bearing the emblem of Charles
VII, an item classified as a national treasure, whose acquisition was only made possible thanks to
the enthusiastic support of the Amis du Louvre (Friends of the Louvre).
Most of the Department’s collection of seventeenth- and eighteenth-century decorative arts
consists of works by French artists and craftsmen, so the purchase of rare filigree candlesticks and
monumental mirrors from Stowe Castle in a London public auction illustrate a new policy of
broadening the collections to include other European countries, particularly England.
The most recent section in the Department, which covers the decorative arts from the first half
of the nineteenth century, also benefited from purchases at public auctions, including the so-called
Goodwood Vase, a bravura piece of Neo-Renaissance goldsmithing—which was one of the Duke
of Orléans’ last commissions.
146
Acquisitions
Jacob de Littemont (?)
Dais de Charles VII
Deuxième quart du xve siècle
Tapisserie, laine et soie. H. 2,92 m ; l. 2,85 m
Acquis à Paris de la maison Machault, en mai 2009
Département des Objets d’art (OA 12 281)
rare, figurés à échelle humaine. Loin d’être des anges « héraldiques », porteurs d’armoiries, ils apparaissent ici comme de
véritables acteurs du couronnement, messagers de la grâce
divine ; peut-être peut-on y reconnaître les archanges Michel
et Gabriel, devenus sous Charles VII les saints protecteurs du
roi et du royaume de France.
Le patron de ce véritable manifeste politique fut confié à un
artiste au talent exceptionnel, qui allie la rigueur dans la représentation de l’espace à la fantaisie dans la mise en page. Tandis
que le soleil et ses rayons donnent sa profondeur à la tapisserie, inspirant un sentiment de tourbillon et de rayonnement,
les deux anges s’élançant au-dessus du roi s’inscrivent dans
une parabole. Le groupe des deux anges, tête en bas, surprend
par l’audace de la composition. Les figures des anges offrent
aussi une étonnante alliance de contrastes : sobriété et pureté
de la ligne dans le dessin des ailes, bouillonnement de formes
tumultueuses dans les drapés autour des pieds des anges ou
dans la cascade de boucles blondes encadrant leur visage.
L’artiste, au service du roi, connaît l’œuvre de Jan van Eyck,
tout particulièrement le retable de l’Agneau mystique (1432,
Gand, cathédrale Saint-Bavon), dont l’influence se fait sentir
ici. Il partage le goût de Van Eyck pour le rendu de l’éclat des
perles et des pierres précieuses, visible ici par la figuration des
ombres portées des gemmes sur le bandeau d’or de la couronne,
Grâce à la générosité de la Société des Amis du Louvre, au
Fonds du patrimoine et aux fonds d’acquisition propres au
musée, le département des Objets d’art s’est enrichi en 2010
d’une tapisserie exceptionnelle, déclarée « trésor national » :
un dais ou plus précisément un dosseret, c’est-à-dire la partie verticale du dais, qui surmontait un trône de Charles VII.
Seul vestige d’un dais royal médiéval, l’œuvre est d’autant plus
surprenante qu’elle était jusqu’alors totalement inédite et que
l’on ne connaissait ces éléments de mise en scène du pouvoir
royal que par les mentions dans les sources écrites, ou par leurs
représentations dans des manuscrits enluminés datant de la
même époque.
La composition du dais est extrêmement sobre : sur un fond
rouge vermeil se détache un grand soleil à douze branches,
dont les faisceaux de rayons sont chargés d’une multitude
d’astres, tandis que deux anges en vol, vêtus de tuniques
fleurdelisées, tiennent une couronne. L’analyse de l’emblématique a permis d’assurer la
provenance royale de cette
œuvre : le soleil d’or sur fond
vermeil fit en effet partie des
devises adoptées par les rois
de France au xve siècle. Si
Charles VI – roi de France de
1380 à 1422 – fut le premier
à l’utiliser, le style de la tapisserie, en particulier les plis
cassés des aubes des anges,
ne correspond pas à l’époque
de son règne. En revanche,
cette devise caractérise les
débuts du règne de son fils
Charles VII (1422-1461), dit
« le Victorieux », datation qui
correspond à l’émergence
d’un style nouveau, où perce
l’influence flamande.
Lorsque le dais était en
place, les deux anges semblaient descendre du ciel
pour couronner le roi assis
sur son trône. Ce dais, affirmant ainsi l’origine divine
du pouvoir de Charles VII, roi
de France, face à l’occupation
anglaise et aux années encore
proches de la régence du duc
de Bedford (1422-1435), avait
donc une très forte valeur
symbolique. Il faut souligner
le caractère surnaturel de la
présence de ces deux anges,
vêtus d’une dalmatique sur
leur aube blanche et, fait très
Dais de Charles VII, vue d’ensemble, département des Objets d’art (OA 12 281)
147
Vie des collections
148
Dais de Charles VII, détail d’un des anges, département des Objets d’art
Dais de Charles VII, détail d’un des anges, département des Objets d’art
(OA 12 281)
(OA 12 281)
ou l’effet de reflet métallique à l’intérieur de la couronne (couronne dont la partie supérieure avait été découpée et maladroitement restaurée à une époque antérieure).
Par l’audace de sa mise en page, son sens du volume, son
traitement des visages et des chevelures bouclées, son goût
pour les perles et l’orfèvrerie, l’auteur du petit patron et probablement du carton de cette tapisserie semble ne pouvoir être
que le mystérieux Maître de la verrière de l’Annonciation –
nommé ainsi d’après le vitrail offert par Jacques Cœur à la cathédrale de Bourges vers 1450. Il est également l’auteur du décor de la chapelle de l’hôtel Jacques-Cœur, malheureusement
très repeint au xixe siècle. Louis Grodecki identifia cet artiste
avec Jacob de Littemont, peintre de Charles VII, d’origine flamande. L’attribution du dais de Charles VII à cet artiste encore
mal connu ouvre de passionnantes perspectives. Si, comme
semblent l’indiquer les coiffures des anges – leur cercle de tête
orné de troches de perles est encore très proche du gothique
international –, le dais se situe dans les années 1440, celles
de la reconquête du royaume et de l’affirmation du pouvoir
de Charles VII, c’est une nouvelle vision de cet artiste, connu
d’après les sources écrites seulement à partir des années 1450,
que nous propose le dais. Une étude plus approfondie de cette
tapisserie, véritable chef-d’œuvre de la peinture médiévale, jettera donc un jour nouveau sur ce grand peintre, contemporain
de Jean Fouquet (vers 1420 – 1477-1481), et sur l’art au début
du règne de Charles VII.
É. Antoine
 In 2010, thanks to the generosity of the Société des Amis du Louvre
(Society of Friends of the Louvre), the Fonds du Patrimoine (French heritage
fund), and the Louvre’s own acquisition fund, the Department of Decorative
Arts acquired an exceptional tapestry, which has been classified as a
national treasure: a canopy, or more specifically the “dosseret”, that is the
vertical part of the canopy that surmounted the throne of Charles VII. As
the only remnant of a medieval royal canopy, the work is even more
exceptional, as, until now, it was completely unknown and information
about these components of the presentation of royal power was only
available in written descriptions or in representations in contemporary
illuminated manuscripts.
On a red vermeil background, over which shines a large golden sun
surrounded by a multitude of stars (smaller suns), are two angels in flight,
wearing clothes decorated with fleurs-de-lis and holding a gem-encrusted
crown. Everything indicates that the tapestry was woven for a French king.
The motto refers to the beginning of the reign of Charles VII (1422–61),
called the “Victorious”.
Given the boldness of the canopy’s design and sense of depth, the
treatment of the faces and the curly hair, and the focus on pearls and
goldwork, the author of the design, and probably of the tapestry’s cartoon,
would appear to be no other than the mysterious Master of the stainedglass window of the Annunciation, identified by the name of Jacob de
Littemont, Flemish court painter to Charles VII. The attribution of Charles
VII’s canopy to this still relatively unknown artist will provide some
fascinating prospects for future study.
Acquisitions
Paire de miroirs monumentaux
Londres, vers 1759
Bois sculpté et doré. H. 2,85 m ; l. 1,31 m
Collection des comte Temple, marquis, puis duc de Buckingham et
Chandos, jusqu’en 1889 ; collection Morgan-Grenville jusqu’en 1921 ;
vente Jackson-Stops, 4-28 juillet 1921, lot 2758 ; collection Moss Harris,
Londres ; collection particulière, Londres ; acquis en vente publique à
Londres, Sotheby’s, « Treasure Aristocratic Heirlooms », le 6 juillet 2010,
no 17, repr. p. 137-139
Département des Objets d’art (OA 12 318/1-2)
La décoration et l’ameublement de la chambre d’apparat aménagée pour Richard Grenville, 2nd Earl Temple, au château de
Stowe, comptent parmi les premiers exemples du retour au
classicisme en Angleterre dans les années 1759-1760. Deux
paires de miroirs d’applique de dimensions monumentales
(Louvre et collection particulière) constituaient, avec la cheminée ornée, les principaux éléments de décor fixe accompagnant un grand lit doré (Liverpool, Lady Lever Art Gallery). Les
miroirs découpés en forme d’écu et sommés d’une console portant une urne antique paraissent suspendus à des guirlandes
de feuilles de chêne nouées de rubans. Un principe de décor
suggérant un effet de broderie et de passementerie appliquées
sur l’étoffe murale qui sera repris par Robert Adam dans les
grandes demeures qu’il aménage dans les années suivantes.
Ce décor impressionnant est dû à un architecte d’origine
piémontaise, Giovanni Battista Bora (1713-1770), qui a voyagé
en Grèce et en Asie Mineure à la recherche des sites antiques.
Installé en Angleterre, Bora travaille à Stowe dès 1752. Les ornements de bois doré en fort relief sont attribués à un artiste
français, Jean Antoine Cuenot, lui aussi venu à Londres, où il
s’est fait une spécialité de ces sculptures décoratives.
Cette acquisition viendra souligner dans les salles du mobilier du xviiie siècle, en cours de rénovation, l’importance des
échanges entre les milieux artistiques italien, anglais et français en pleine réaction néoclassique.
M. Bascou
 The decorations and furnishings in the State bedroom created for
Richard Grenville, 2nd Earl Temple, at Stowe, are amongst the first
examples of the English classical revival during the period 1759–60. Two
pairs of monumental wall mirrors and the ornate fireplace were the main
components of the fixed decorations that complemented a large gilt bed.
These impressive decorations was the work of an architect from Piedmont,
Giovanni Battista Borra (1713–70), who, after an archaeological expedition
that took him to antique sites in Greece and Asia Minor, settled in England
and started working in Stowe in 1752. The high-relief gilt wood decorations
are attributed to a French artist, Jean-Antoine Cuenot, who also settled in
London, where he established a reputation for specialising in these
decorative carvings.
François Durand (Paris, 1792 – Paris ?, vers 1874), orfèvre
D’après Jean-Baptiste Jules Klagmann (Paris, 1810-1867)
Prix de course
Paris, 1840-1841
Argent doré. H. 70 cm ; l. 31 cm ; pr. 25 cm ; poids 10,267 kg
Signature sur la base : KLAGMANN SCULP., DURAND ORF. ; sur le socle :
MORTIMER & HUNT
Collection Charles Gordon Lennox, 5e duc de Richmond (1791-1860) ;
vente Londres, Sotheby’s, 5-9 juillet 1984, no 299 ; collection Al Tajir ;
acquis en vente publique à Londres, Christie’s, « Centuries of Style »,
le 16 novembre 2010, no 327, repr. p. 135
Département des Objets d’art (OA 12 320)
Miroir monumental, département des Objets d’art (OA 12 318/1)
En 1840, un cheval du duc d’Orléans, grand amateur de
courses hippiques, ayant remporté la course de Goodwood,
celui-ci s’engage à envoyer un prix pour l’année suivante. Il
s’adresse au sculpteur Klagmann, qui est payé trois mille cinq
cents francs pour ses modèles en cire et en plâtre, qu’il présentera au Salon de 1844 : « un cadre de médaillons contenant
deux modèles de médailles et quatre cavaliers provenant d’un
vase exécuté pour feu S. A. R. Mgr le duc d’Orléans ». L’exécution est confiée à l’orfèvre François Durand, qui reçoit pour
cette tâche huit mille deux cent dix francs, en juillet 1841.
Le 27 juillet 1841, le prix est gagné par le cheval Mus,
appartenant au 5e duc de Richmond. Ce dernier demande aux
orfèvres londoniens Hunt et Mortimer d’ajouter un socle avec
une inscription commémorative et de dorer le vase par électrolyse.
Tout le décor de ce vase, de style néo-Renaissance, est consacré au cheval. Sur le pied sont assis deux hommes d’armes,
tenant un cartouche au chiffre du duc d’Orléans. Sur le corps
du vase, deux frises en bas relief montrent le tournoi de Lyon
et le carrousel de 1662. En dessous, quatre médaillons ovales
illustrent divers types d’équitation : un cheval de race limousine monté par un cavalier français, un cavalier arabe au pas,
un jockey anglais et un cavalier allemand. Sur chaque face,
une grande Victoire ailée en ronde bosse tient une extrémité
149
Vie des collections
Crosseron
Italie, xive siècle
Ivoire (?) et os polychromés. H. 27 cm ; l. volute 14 cm ; pr. 3 cm
Inscription (Jean, I, 29) : ECCE AGNUS DEI ECCE QUI TOLLIS PECCATA
MUNDI
Vente Cologne chez Lempertz, 6-12 novembre 1974, no 1377 ;
collection du Pr Robert Courbier (Marseille, † 2010) ; acquis par
préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, Robert & Baille,
« Succession du Professeur Robert Courbier », no 39, repr. p. 60, le
8 octobre 2010
Département des Objets d’art (OA 12 319)
Le crosseron se présente sous la forme d’un dragon tenant dans
sa gueule une volute et portant sur ses deux faces la même inscription en lettres d’or rehaussées de noir. La volute s’achève
en tête de serpent. Elle comportait à l’origine un décor ajouré
au centre, figurant vraisemblablement l’Agneau de Dieu. Des
perles de corail ont été insérées à l’emplacement où se trouvaient des feuillages formant le décor de la crête.
Malgré ces lacunes, la pièce est extrêmement intéressante :
elle fait partie d’un groupe d’une vingtaine d’exemplaires
connus de crosses en ivoire produites en Italie à l’époque
gothique, caractérisées par leur aspect monumental, la richesse
de leur décor et la vivacité de leur polychromie. Aucun exemplaire de ces crosses n’était jusque-là conservé dans les collections publiques françaises.
É. Antoine
François Durand d’après Jean-Baptiste Jules Klagmann, Prix de course, département des Objets d’art (OA 12 320)
de chacune des anses. Au-dessus de chaque anse, un cheval
cabré est retenu par deux pages en costume médiéval.
Ce prix jouit d’une incontestable célébrité dès l’époque de sa
création, puisque, annoncé par le journal L’Artiste dès 1840, il
fait en 1841 l’objet d’un article du Magasin pittoresque, illustré
d’une gravure. Le vase est présenté par Durand à l’Exposition
des produits de l’industrie de 1849, puis réexposé à Londres en
1851. Un critique français, Arnoux, s’indigne de retrouver ce
vase, auparavant en argent oxydé, entièrement doré. Le vase
est également montré à l’exposition artistique « Art Treasures
Exhibition » de Manchester en 1857.
A. Dion-Tenenbaum
Bibliographie
Un âge d’or des arts décoratifs, catalogue de l’exposition (Paris, Galeries
nationales du Grand Palais, 1991), no 181.
150
 The Duke of Orléans was passionate about horse-racing, and when
one of his horses won the 1840 Goodwood race he decided to submit a
prize for the 1841 race. He commissioned the sculptor Klagmann to create
the wax and plaster models of the design, and entrusted the goldsmith
François Durand with the production of the finished piece. The decorations
on this neo-Renaissance style vase are entirely composed of figures and
bas-reliefs with an equestrian theme. The vase won by the 5th Duke of
Richmond during the races of 27 July 1841 was completed by the London
goldsmiths Hunt and Mortimer, who added a gold-electroplated plinth
bearing a commemorative inscription.
This prize attracted great attention, and was featured in newspaper
articles and displayed in a number of exhibitions.
Crosseron, Italie, xive siècle, département des Objets d’art (OA 12 319)
Acquisitions
 The crozier head is in the form of a dragon holding the spiral scroll in
its mouth, with the same inscription—in gold letters enhanced with
black—on both sides. The spiral scroll terminates in a serpent’s head.
Originally it had openwork central decorations that probably represented
the Agnus Dei. Coral pearls have been inserted in place of the decorative
leaf work that occupied the crest.
Despite these missing elements, the piece is extremely interesting. It
belongs to a group of twenty known examples of ivory croziers produced
in Italy during the Gothic period, which are distinguished by their
monumental appearance, rich decorations, and lively polychromy. Until
this point, no example of these croziers was held in a state French collection.
Paire de flambeaux
Londres, vers 1680
Filigrane d’argent. H. 16,5 cm ; l. 12,3 cm
Acquis en vente publique à Londres, Christie’s, « Centuries of Style », le
16 novembre 2010, no 408, repr. p. 197
Département des Objets d’art (OA 12 321/1-2)
L’engouement pour les objets en filigrane d’or ou d’argent atteint un degré sans précédent à la cour de Louis XIV dans les années 1660-1690. Au printemps de 1665, le roi déploie l’énorme
collection de près de huit cents pièces qu’il a assemblée dans
un spectaculaire cabinet des Filigranes à Versailles. Ce trésor,
réinstallé dans la Petite Galerie et le cabinet des Médailles aménagés en 1684-1686, disparaît dans les fontes massives de 1690
et 1709.
Paire de flambeaux, département des Objets d’art (OA 12 321/1-2)
Du fait de leur faible poids de métal précieux et de leur structure en résille, les rares objets subsistants ne portent pas, pour
la plupart, de poinçons ni de marques d’orfèvre et demeurent
anonymes. Cette paire de flambeaux est attribuée à un atelier d’orfèvre anglais, mais ce modèle à balustre court et base
carrée, souvent associé à des toilettes d’argent ou vermeil, est
proche de flambeaux également faits à Paris.
M. Bascou
 The popularity of gold and silver filigree objects reached unprecedented
heights in Louis XIV’s court during the period 1660–1690. In the spring of
1665, the King displayed the enormous collection of almost 800 pieces
that he had assembled in a spectacular cabinet of filigree work at Versailles.
This treasure, which was then installed in the small gallery and the cabinet
of medals that were reorganised in 1684–86, disappeared in the widespread
meltdowns of 1690 and 1709.
Owing to the lightweight precious metals and their net-like structure,
the rare surviving objects do not bear hallmarks or goldsmith’s marks, and
remain anonymous. This pair of candlesticks has been attributed to an
English goldsmith, but the design, with its short baluster stem and square
base—often associated with silver or vermeil toilet-sets—is similar to
candlesticks that were also produced in Paris.
151
Vie des collections
Éloi Guérin, Série de couverts et couteaux à dessert, département des Objets d’art (OA 12 316)
Éloi Guérin (actif à Paris de 1727 à 1760)
Série de six couverts et six couteaux à dessert
Paris, 1755
Vermeil. L. cuiller 19,3 cm ; L. fourchette 18,8 cm ; L. couteau 21 cm
Don de M. Claude Sere, 2010
Département des Objets d’art (OA 12 316)
 These two chairs were supplied in 1812 by the upholsterer Alexandre
Maigret for the King of Rome’s (son of Napoleon) bedroom at the Tuileries,
on the first floor of the Pavillon de Marsan. The commission was made
through the intermediary of the upholsterer, but the stamp identifies the real
author—Pierre-Antoine Bellangé—who was known for having supplied the
furniture for the King of Rome’s Salon d’exercice at the Tuileries, and for
having contributed to the furnishing of the palace of Meudon, the little
Ce bel ensemble de couverts à manches de forme violonée
et décor de filets, agrafes et coquilles, porte le poinçon d’un
maître orfèvre parisien reconnu dont la production abondante
s’étendant sur une trentaine d’années correspond à l’épanouissement du style rocaille. Ces couverts garniront une table
dressée pour le dessert dans les salles rénovées du mobilier du
xviiie siècle, dont la réouverture est prévue pour janvier 2013.
M. Bascou
king’s official residence.
 This fine set of cutlery with violin-shaped handles and fiddle, thread, and
shell pattern, bears the hallmark of a well-known Parisian master goldsmith,
whose abundant production extended over thirty years and corresponded to the
blossoming of the Rocaille style. These knives, forks, and spoons will eventually
adorn a table laid for dessert in the eighteenth-century furniture rooms, which
are currently being renovated and are scheduled to reopen in January 2013.
Pierre Antoine Bellangé (Paris, 1758-1827)
Paire de chaises
1812
Bois sculpté et doré. H. 93 cm ; l. 50 cm
Acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, étude
O. Doutrebente, le 11 juin 2010, no 307, repr. p. 77
Département des Objets d’art (OA 12 317)
152
Ces deux chaises sont fournies en 1812 par le tapissier
Alexandre Maigret pour la chambre du roi de Rome aux Tuileries, au premier étage du pavillon de Marsan. La commande est
passée par l’intermédiaire du tapissier, mais l’estampille permet d’identifier leur véritable auteur, Pierre Antoine Bellangé,
connu pour avoir fourni le mobilier du salon d’exercice du roi
de Rome aux Tuileries, et pour avoir participé à l’ameublement
du palais de Meudon, résidence officielle du petit roi.
A. Dion-Tenenbaum
Pierre Antoine Bellangé, Chaises, département des Objets d’art (OA 12 317)
Acquisitions
Peintures
L’année 2010 a de fait constitué une année de transition dans le domaine des acquisitions, le département des Peintures ayant effectué durant les trois années précédentes des acquisitions de chefs-d’œuvre particulièrement importants et onéreux,
tels que le Portrait du comte Molé d’Ingres ou Le Reniement de saint Pierre des frères Le
Nain – pour ne citer que deux d’entre eux.
Mais, en dépit de ce choix d’une période de pause relative, le département a pu
concrétiser en 2010, grâce aux héritiers d’Eudoxe Marcille et à la Société des Amis
du Louvre, l’entrée dans les collections de deux natures mortes essentielles de Chardin, une acquisition préparée depuis plusieurs années. Plusieurs dons ou achats en
ventes publiques sont venus en outre compléter la « moisson » de l’année 2010.
Le département des Peintures poursuit bien sûr sa quête de tableaux provenant
des trois grandes écoles « traditionnelles » – école italienne, école française, écoles
flamande et hollandaise – et il a constitué pour cela une liste informelle de possibles
« trésors nationaux » ou « biens patrimoniaux majeurs » dont il prépare les acquisitions sur le moyen ou le long terme.
Bien évidemment, le comblement des lacunes persistantes au sein de ces écoles
demeure plus que jamais d’actualité.
Cependant, le département des Peintures a développé depuis le début du xxe siècle
une politique d’acquisition d’œuvres d’écoles moins bien représentées, comme
l’école anglaise et l’école espagnole. L’école allemande a quant à elle toujours fait
l’objet d’une réelle vigilance dans ce domaine, tandis que les écoles scandinaves ont
fait leur entrée au Louvre à partir des années 1980.
Tout en poursuivant, et même en renforçant cette politique d’acquisition, il
convient aujourd’hui de s’intéresser également aux écoles d’Amérique du Nord et
d’Amérique latine, quasi absentes de nos collections, ainsi qu’aux écoles slaves modernes, qui ont si peu intéressé nos prédécesseurs.
Le maintien de l’équilibre entre les achats effectués pour les trois grandes écoles et
ceux orientés vers les écoles encore trop peu ou pas représentées au Louvre conditionnera bien sûr la réussite de la politique d’acquisition du département des Peintures.
V. Pomarède
 In 2010 the Department of Paintings largely suspended its acquisitions in light of the particularly
onerous and major works purchased during the previous three years, which included the Portrait
du comte Molé by Ingres, and Le reniement de Saint-Pierre (St Peter’s Denial), by the Le Nain brothers.
However, despite the decision to keep acquisitions to a minimum, thanks to the support of the
Amis du Louvre (Friends of the Louvre), in 2010 the Department went ahead with the purchase of
two very fine still-lifes by Chardin, planned several years ago. The harvest for 2010 furthermore
included several donations, and assorted purchases at public auctions.
In a bid to fill the gaps in its collection, the Department of Paintings is constantly looking to
acquire works from the three major schools of painting—the Italian, French, and the Flemish and
Dutch Schools—and it has compiled a provisional list of potential national treasures or major
heritage property that the Department might purchase in the medium or long term.
In parallel, however, since the early 1900s the Department of Paintings has also pursued a policy
of acquiring works of less-represented schools, including the English and Spanish, but particularly
the German School, whereas works of the Scandinavian Schools did not begin to enter the Louvre
collections until as late as the 1980s.
Alongside this acquisitions policy, the Department is meanwhile taking an interest in the Northand South-American Schools, which are virtually absent from our collections, as well as the modern
Slavic Schools, which were largely ignored by our predecessors.
The Department’s principal aim is to keep a balance between acquisitions of works from the
three major Schools, and smaller acquisitions oriented to the Schools that are still not properly
represented, or which have so far been overlooked altogether.
153
Vie des collections
Jean Siméon Chardin (Paris, 1699-1779)
Les Instruments de la musique civile
1767
Huile ; composition ovale, autrefois chantournée, transposée sur une
toile rectangulaire. H. 1,12 m ; l. 1,44 m
Peint pour le château royal de Bellevue
Don de la Société des Amis du Louvre et des descendants d’Eudoxe
Marcille, 2010
Département des Peintures (R.F. 2010-12)
Jean Siméon Chardin (Paris, 1699-1779)
Les Instruments de la musique militaire
1767
Huile ; composition ovale, autrefois chantournée, transposée sur une
toile rectangulaire. H. 1,12 m ; l. 1,44 m
Peint pour le château royal de Bellevue
Don de la Société des Amis du Louvre et des descendants d’Eudoxe
Marcille, 2010
Département des Peintures (R.F. 2010-13)
Peints en 1767 pour le château royal de Bellevue, commentés
avec enthousiasme par Diderot au Salon de la même année,
ces célèbres Instruments de musique comptent parmi les ultimes
tableaux de Chardin, qui sont également les plus accomplis. Ils
154
ont été donnés par la Société des Amis du Louvre et les descendants d’Eudoxe Marcille.
Établi sur le plateau de Meudon et offrant un point de
vue remarquable sur la Seine et Paris, Bellevue, château aujourd’hui disparu, avait été aménagé par Mme de Pompadour
pour y recevoir Louis XV hors des contraintes de la cour. En
1757, sept ans seulement après l’achèvement de la construction, Mme de Pompadour, liquidant quelques-uns de ses biens
immobiliers après l’attentat de Damiens, cédait le château à
Louis XV, qui y fit aménager des appartements pour ses enfants.
Mme de Pompadour ayant emporté dans ses autres résidences
les tableaux qu’elle avait commandés pour Bellevue, de nouvelles toiles furent ordonnées par la direction des Bâtiments du
Roi pour prendre place dans les lambris sculptés par Jacques
Verberckt. C’est à cette occasion que Chardin exécuta les deux
natures mortes d’instruments destinées à orner le salon de
musique, au rez-de-chaussée de l’édifice. Aujourd’hui tendues
sur des châssis rectangulaires, les compositions gardent, sous
les cadres à vue ovale du xixe siècle, la trace de leur chantournement d’origine.
Les toiles occupaient une position en surplomb au-dessus
des portes. Représentés en équilibre sur le bord de tables de
pierre, les instruments, douze au total, sont répartis selon deux
Jean Siméon Chardin, Les Instruments de la musique civile, département des Peintures (R.F. 2010-12)
Acquisitions
thématiques : la musique « civile » et la musique « militaire ».
Sous ces qualificatifs d’époque, on retrouve, d’après Florence
Gétreau, l’opposition entre deux formations, la Musique de la
Chambre du Roi et la Musique de la Grande Écurie.
Les musiciens de la Chambre jouaient pour tous les divertissements de la cour mais aussi dans l’intimité de la famille
royale. Il était donc naturel d’associer au tableau de la musique « civile » le tambourin de Provence, instrument utilisé au
xviiie siècle autant à l’Opéra que dans les bals royaux et publics.
Chardin a montré le laçage particulier de la peau tendue sur le
fût, son « timbre » (corde de boyau qui doit être frappée) et ses
habituels rubans décoratifs. Sur la gauche sont disposés une
flûte traversière en buis et un pardessus de viole avec son archet. Au centre de la composition, on distingue un tambourin
à sonnailles et grelots et une vielle à roue, instrument populaire adopté par l’aristocratie et la cour à partir de 1730. La clarinette ainsi que le cor, avec ses trois enroulements gainés de
tissu vert, avaient fait leur entrée dans les orchestres parisiens à
partir de 1762. Ils sont le signe que Chardin était parfaitement
informé de l’actualité instrumentale.
Les musiciens de l’Écurie jouaient dans tous les déplacements du roi et dans la musique des régiments. Certains
cavaliers avaient des timbales. Dans la musique « militaire »,
Chardin en a représenté une paire, sans oublier ni les baguettes, ni le cerclage et les vis qui permettaient de tendre les
peaux, ni le tablier de soie rouge richement ornementé. Il leur
a associé une trompette avec son bandereau à pompons et une
paire de cymbales. Le basson et le hautbois contribuaient toujours à cette musique d’apparat et de service de guerre. Au premier plan, un étendard bleu et rouge exhibe les armes du roi de
France et de Navarre ainsi que la croix du Saint-Esprit, manière
pour Chardin de souligner le caractère royal de la commande.
On sent que, chez l’artiste, l’étrange géométrie des formes
a déterminé l’agencement des instruments autant que la pertinence fonctionnelle de leur amoncellement. Des accessoires
vivement colorés – tapis de velours rouge, garnitures, rubans
roses et bleus, livres de musique reliés de vert (la couleur du
roi en ce domaine) – relèvent de leur éclat puissant la tonalité assourdie des bois, des peaux et des cuivres, tandis que
d’autres éléments – partitions, pompons et boutons d’ivoire
– apportent la clarté de leur matière.
Au Salon de 1767, les tableaux suscitèrent une nouvelle
fois l’admiration de Diderot à l’égard du grand maître de la
nature morte : « C’est une vigueur de couleur incroyable, une
harmonie générale, un effet piquant et vrai, de belles masses,
une magie de faire à désespérer, un ragoût dans l’assortiment
Jean Siméon Chardin, Les Instruments de la musique militaire, département des Peintures (R.F. 2010-13)
155
Vie des collections
et l’ordonnance. Éloignezvous, approchez-vous, même
illusion, point de confusion,
point de symétrie non plus,
point de papillotage ; l’œil est
toujours récréé, parce qu’il y
a calme et repos. »
Œuvres d’intérêt historique, œuvres de délectation,
les Instruments de Bellevue
présentent un avantage supplémentaire : ils ont fait
partie depuis le milieu du
xixe siècle de la collection des
Marcille, redécouvreurs de
l’œuvre de Chardin et possesseurs, un temps, du plus
bel ensemble jamais réuni de
tableaux du maître.
M.-C. Sahut
Bibliographie
Rosenberg (P.), Chardin 16991779, catalogue de l’exposition (Paris, Galeries natio-
Attribué à Toussaint Dubreuil, Léda et le cygne, département des Peintures (R.F. 2010-16)
nales du Grand Palais, 1979),
nos 126-127.
Rosenberg (P.) et Temperini (R.), Chardin, suivi du Catalogue des œuvres,
Paris, 1999, nos 182-183.
Sahut (M.-C.), « Paris, musée du Louvre. Deux chefs-d’œuvre de
Chardin en provenance du château de Bellevue », La Revue des musées
de France. Revue du Louvre, 2010-5, p. 13-15.
Sahut (M.-C.), « Les Instruments de la musique civile et Les Instruments de
Attribué à Toussaint Dubreuil (Paris, 1561-1602)
Léda et le cygne
Huile sur toile. H. 1,50 m ; l. 2,01 m
Acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, salle 6,
étude Boisgirard et associés, le 24 septembre 2010, no 1
Département des Peintures (R.F. 2010-16)
la musique militaire de Jean Siméon Chardin. Un don de la Société des
Amis du Louvre et des descendants d’Eudoxe Marcille », Le Tableau
du mois, 173, décembre 2010 – janvier 2011.
156
 Painted in 1767 for the Château of Bellevue, and enthusiastically
praised by Diderot at that year’s Salon, these famous Instruments de
musique (Two Paintings Representing Various Musical Instruments) are some
of Chardin’s last and finest paintings. The canvases were hung over the
music room doors on the ground floor of the chateau that Louis XV had
bought from the Marquise de Pompadour. The paintings depict a total of
twelve instruments that relate to two royal corps, the Musique de la
Chambre du Roi (Music of the King’s Chamber) and the Musique de la
Grande Écurie (Music of the Great Stable). Represented in the first painting
are: a Provençal tambourin (a two-headed drum), a flute, a pardessus de
viole, a bell tambourine, a wheel fiddle (hurdy-gurdy), a clarinet, and a
horn. The last two instruments were introduced to Parisian orchestras in
1762, demonstrating that Chardin was well informed about developments
in contemporary instruments.
In the second painting Chardin has depicted a pair of kettledrums, a
trumpet, and a pair of cymbals. The bassoon and the oboe were still used
for ceremonial and military music. In the foreground, a blue and red
standard bears the arms of the King of France and Navarre and the Cross
of the Holy Spirit, which Chardin included to underline the commission’s
royal nature.
The Bellevue Instruments are delightful works of great historical interest,
and from the mid-nineteenth century they were held in the collection of
the Marcilles, who rediscovered Chardin’s work after its disappearance and
for a while possessed one of the finest collections ever of the master’s
paintings.
L’acquisition de Léda et le cygne, tableau singulier qui porte
l’empreinte de l’art bolonais d’un Ludovico Carracci, permettra bientôt à cette toile attribuée à Toussaint Dubreuil de
rejoindre son pendant Angélique et Médor, donné au Louvre en
1951 par sir Bruce Ingram. L’œuvre est en cours d’examen en
vue de sa restauration.
C. Scailliérez
 The acquisition of this Leda and the Swan—a unique painting clearly
influenced by the Bolognese artist Ludovico Carracci—will soon enable it
to join its pendant Angelica and Medoro, donated to the Louvre in 1951 by Sir
Bruce Ingram. The work is currently being examined for possible restoration.
Juan Correa de Vivar (Mascaraque, vers 1510 – Tolède, 1566)
La Visitation
La Nativité
Vers 1530
Huile sur bois. H. 1,47 m ; l. 1,175 m (chacun)
Acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, salle 6,
étude Boisgirard et associés, le 24 septembre 2010, no 4
Département des Peintures (R.F. 2010-17 et R.F. 2010-18)
Formé auprès de Juan de Borgoña, Juan Correa de Vivar fut
la figure dominante de la peinture à Tolède au milieu du
Acquisitions
Juan Correa de Vivar, La Visitation, département des Peintures (R.F. 2010-17)
Juan Correa de Vivar, La Nativité, département des Peintures (R.F. 2010-18)
xvie siècle. Nourries de l’italianisme que son maître († 1536)
introduisit en Nouvelle-Castille, La Visitation et La Nativité appartiennent aux débuts de sa carrière. Les deux panneaux proviendraient, selon Isabel Mateo Gomez, d’un retable monumental de Salamanque, dont elle rapproche une Annonciation
et une Adoration des Mages. Les formules utilisées par l’artiste
dans les deux compositions du Louvre lui servirent quelques
années plus tard dans le Triptyque de la Nativité du Prado, amorçant par là même son évolution vers un romanisme plus froid,
plus nerveux. Artiste important du xvie siècle espagnol, Juan
Correa de Vivar était absent des collections publiques, si l’on
excepte une Agonie au mont des Oliviers (Bordeaux, cathédrale
Saint-Jean) qui lui est parfois attribuée.
G. Kientz
Juste d’Egmont (Leyde, 1601 – Anvers, 1674)
Louis XIII accueillant le Dauphin et sa nourrice au palais de SaintGermain-en-Laye
 Juan Correa de Vivar was trained by Juan de Borgoña, and was midsixteenth-century Toledo’s most important painter. He was greatly
influenced by the Italianate style his master (d.1536) introduced to New
Castile, and he painted The Visitation and The Adoration of the Shepherds
early in his career. According to Isabel Mateo Gomez, both panels come
from a painted altarpiece in Salamanca, which also displayed an
Annunciation and an Adoration of the Magi. The formulas used by the artist
in the two Louvre compositions were reused by him several years later in
the Prado’s Nativity Triptych, with which he began his development towards
a colder, more vigorous Romanism. Although Juan Correa de Vivar was a
major sixteenth-century Spanish artist, none of his work was held in French
public collections, with the possible exception of an Agony in the Garden
(Cathedral of St-Jean, Bordeaux) which is sometimes attributed to him.
Huile sur bois. H. 27 cm ; l. 37 cm
Marque M B (Melchior de Bouts) au revers du panneau
Acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, salle 10,
étude David Kahn, Kahn-Dumousset, le 27 octobre 2010, no 41,
repr. coul. : « Jean de Saint-Igny (vers 1595/1600-1647) (attribué à).
Louis XIII accueillant la reine Anne d’Autriche et le Dauphin de France
Louis dans le parc »
Département des Peintures (R.F. 2010-19)
Ce petit panneau, où le futur Louis XIV, né en 1638, semble
âgé de trois à cinq ans, a été gravé en sens inverse par François
de Poilly sous le titre Le Matin. C’est la première planche d’une
série de quatre Heures du jour publiée chez Montcornet et figurant la vie quotidienne de la famille royale. Le nom du peintre
n’y figure pas, mais le tableau appartient à un groupe d’œuvres
autrefois données à Jean de Saint-Igny, et rendues depuis à Juste
d’Egmont. Ce collaborateur de Rubens l’accompagna en 1625
pour installer la galerie de Médicis à Paris, ville où il se fixa de
1628 à 1653. Portraitiste de la famille royale, il fut membre fondateur de l’Académie de peinture en 1648.
S. Laveissière
 This small panel, in which the future King Louis XIV, born in 1638,
appears to be three to five years old, was etched in reverse by François de
Poilly and given the title Le Matin. It is the first panel of a series of four Heures
du jour (Times of the Day) published by Montcornet that depicted the daily
life of the royal family. Although the painting is not signed, it belongs among
a group of works once attributed to Jean de Saint-Igny, and since reattributed
to Juste d’Egmont. As one of Rubens’s collaborators, d’Egmont joined the
157
Vie des collections
master in 1625 to finalise the
project for the Galerie de Médicis in
Paris, the city where he settled from
1628 to 1653. As portraitist to the
royal family, he was a founding
member of the Paris Académie de
Peinture in 1648.
Francisque Millet (Anvers,
1642 – Paris, 1679)
Paysage avec Mercure
découvrant Hersé au retour
d’une fête de Minerve
Huile sur toile. H. 75 cm ;
l. 1,20 m
Don sous réserve d’usufruit de
M. Antoine Béal
Département des Peintures
(R.F. 2010-1)
Grand paysagiste français, et
actif en France au contraire
de Poussin, du Lorrain et de
Dughet, Millet n’était représenté au Louvre que par des
œuvres mineures. La générosité de M. Béal permet, une
nouvelle fois, de combler
cette lacune avec une toile
prestigieuse, dans la lignée
158
Juste d’Egmont, Louis XIII accueillant le Dauphin et sa nourrice au palais de Saint-Germain-en-Laye, département des
Peintures (R.F. 2010-19)
Francisque Millet, Paysage avec Mercure découvrant Hersé au retour d’une fête de Minerve, département des Peintures (R.F. 2010-1)
Acquisitions
des paysages classiques de Poussin, et, comme nombre de
ceux-ci, conservée pendant longtemps en Angleterre.
S. Laveissière
 Millet was an important French landscape artist who worked mainly in
France (unlike Poussin, Lorrain, and Dughet), and previously the Louvre
held only some of his minor works. M. Béal’s generosity has enabled the
Louvre once again to rectify the situation with this prestigious canvas in the
tradition of Poussin’s classical landscapes, which—like many of the latter’s
works—remained in England for many years.
pour lever les plans des monuments découverts par Victor Place.
Il est l’auteur des planches de la publication Ninive et l’Assyrie,
dont l’une est reprise sur ce tableau. Le taureau de droite ainsi
que le génie que l’on aperçoit dans le passage à gauche sont
aujourd’hui exposés au Louvre. La fantasia de cavaliers permet
d’identifier cette toile avec la peinture intitulée La Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad, ancienne Ninive, exposée
au Salon de 1863 (no 1791). La date qui figure dans l’inscription,
« Khorsabad (Ninive) / Félix Thomas / 1853 », n’est pas celle de
l’exécution du tableau, mais celle de l’événement représenté.
É. Fontan
Bibliographie
Félix Thomas (Nantes, 1815-1875)
La Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad (1853)
Huile sur toile. H. 1,00 m ; l. 1,60 m
Exposé au Salon de 1863, no 1791. Réapparu sur le marché de l’art
parisien en 1989 ; acheté par un collectionneur privé ; acquis de la
galerie Poligono de Marbella, 2010
Département des Peintures (R.F. 2010-2)
Fontan (É.), « Félix Thomas, l’architecte providentiel », dans De Khorsabad à Paris. La découverte des Assyriens, catalogue de l’exposition
(Paris, musée du Louvre, département des Antiquités orientales,
1994), sous la dir de Fontan (É.), avec la collaboration de Chevalier (N.), p. 102-115 (repr. fig. 3 p. 109)
Fontan (É.), « Le musée assyrien. Une galerie unique au monde », Grande
Galerie. Le Journal du Louvre, 14, décembre 2010 – février 2011, p. 7889 (en particulier p. 88-89).
Le site de Khorsabad (Irak), ancienne Dur Sharrukên, capitale
fondée à la fin du viiie siècle avant J.-C. par le roi assyrien Sargon II, a été exploré entre 1843 et 1855 par les consuls de France
à Mossoul, Paul Émile Botta, puis Victor Place. Ces fouilles sont
à l’origine de la création au Louvre du premier musée assyrien
au monde et de fait du département des Antiquités orientales.
Ce tableau montre le dégagement d’une des portes de l’enceinte de la ville au moment où émergent les têtes des taureaux
androcéphales ailés. Un arc en briques à glaçure surmonte la
voûte. Félix Thomas, architecte, a travaillé à Khorsabad en 1853
 This painting shows the excavation of one of the city gates and the
newly uncovered heads of the androcephalic winged bulls. The architect
Félix Thomas worked at Khorsabad in 1853, and produced drawings of the
monuments discovered by Victor Place. The fantasia of cavaliers identifies
it as the work entitled La visite du Pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad,
ancienne Ninive (The Pasha of Mosul’s Visit to the Khorsabad Excavations,
Ancient Nineveh), exhibited at the Salon of 1863 (no. 1791). The bull on
the right, and the genie visible on the left in the passage, are currently on
display in the Louvre.
Félix Thomas, La Visite du pacha de Mossoul aux fouilles de Khorsabad, département des Peintures (R.F. 2010-2)
159
Vie des collections
Arts graphiques
Le département poursuit une politique d’enrichissement des collections selon différents axes. Il cherche à compléter le panorama de l’école française par l’acquisition – par achat ou don – de feuilles caractéristiques de certaines périodes ou de
certains maîtres faiblement représentés (dessins du xvie siècle hormis l’école de
Fontainebleau ; maîtres jadis considérés comme « mineurs », principalement de la
période 1780-1850). En 2010, des dessins de Louis Gauffier, Alexandre Isidore Leroy
de Barde, Savinien Petit sont ainsi venus enrichir les portefeuilles. Concernant les
écoles étrangères, la politique d’acquisition privilégie les écoles jusqu’ici peu ou
pas représentées, comme le sont les écoles scandinave, anglaise (Richard Westall,
L’Enfant Jésus chassant les dieux de l’Égypte), américaine, allemande après 1600 (Caspar Wolf, Cascade dans la montagne ; Wilhelm von Kaulbach, Scène maritime), belge
(œuvres de Henri van der Haert et Eugène van Maldeghem) et espagnole (Paysage,
d’Eugenio Lucas). Plus ponctuellement, les acquisitions peuvent concerner des
œuvres importantes dans le contexte du musée (Percier et Fontaine, Élévation géométrale d’un projet d’arc de triomphe ; Fontaine, Entrée triomphale sous l’arc du Carrousel ;
Léon Cogniet, Jeune dessinateur et un Égyptien assis), ainsi que des renforcements de
la Chalcographie (cuivres de Maleuvre, Demarne, Naudin et Leroy).
Le département cherche également à acquérir, dans la mesure du possible, des
pièces considérées comme de haute importance patrimoniale, indépendamment
des écoles et des époques. Ainsi, un dessin de Primatice, Diane et Actéon, est venu
enrichir les collections, ainsi qu’une feuille de Théodore Géricault (Diane chasseresse ; Deux chevaux) et le magnifique Taches-planètes de Victor Hugo. Par dation, La
Jeunesse et la Vertu présentant deux princesses à la France de Charles Natoire est entré
dans les collections. Un don par l’intermédiaire des Amis du Louvre a fait entrer la
Pietà copiée par Edgar Degas d’après Rosso.
Pour la Chalcographie du Louvre, la politique de commande d’œuvres contemporaines est poursuivie, avec une commande annuelle à trois artistes différents.
C. van Tuyll van Serooskerken
 The Department of Graphic Arts pursues an active policy of enriching its collections in different
areas. It aims to complete the panorama of the French School and acquire—through purchases or
donations—drawings that characterise certain periods, or masters who are at present poorly
represented (sixteenth-century drawings, other than the School of Fontainebleau; and masters
previously considered as “minor”, mainly from the period 1780–1850). In 2010, drawings by Louis
Gauffier, Alexandre-Isidore Leroy de Barde, and Savinien Petit were added to the portfolios. As far
as the foreign schools are concerned, the acquisition policy prioritises schools which, until now,
have not been well represented: the Scandinavian, English (Richard Westall, The Infant Jesus Chasing
the Idols), American, post-1600 Germanic (Caspar Wolf, Mountain Waterfall; Wilhem von Kaulbach,
Seascape), Belgian (works by Henri van der Haert and Eugène van Maldeghem), and Spanish
schools (Landscape by Eugenio Lucas). Occasionally, the acquisitions may relate to works that have
a special significance for the Museum: Percier and Fontaine, The Arc de triomphe du Carrousel; Léon
Cogniet, Young man drawing and seated Egyptian, as well as additions to the Chalcography
(engraved copper plates by Maleuvre, Demarne, Naudin, and Leroy).
The Department is always interested in acquiring—wherever possible—pieces considered to be
of great cultural importance, quite independently of schools or periods. Hence, a drawing by
Primaticcio, Diana and Actaeon, was added to the collections, as well as a sheet by Théodore
Géricault, Diana the Huntress/Study of Horses), and the magnificent Taches-planètes by Victor Hugo.
Charles Natoire’s Youth and Virtue presenting two princesses to France entered the collections by
“payment in kind”. A donation through the intermediary of the Amis du Louvre enabled the
addition of Edgar Degas’s Pietà, a copy after Rosso.
The Louvre’s Chalcography pursues its policy of acquiring contemporary works by means of an
annual commission to three different artists.
160
Acquisitions
Charles Joseph Natoire (Nîmes, 1700 –
Castel Gandolfo, 1777)
La Jeunesse et la Vertu présentant deux
princesses à la France
Pierre noire, aquarelle, sanguine, rehauts
de gouache blanche, sur papier bleu vergé.
H. 29,9 cm ; l. 33,1 cm
Jean Denis Lempereur (L. 1740) ; sa vente, Paris,
24 mai 1773, no 572 ; adjugé 78 livres. Collection
particulière, Paris. Dation au musée du Louvre
8 avril 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 774)
Le dessin a été découvert et publié par Pierre
Rosenberg (« Deux dessins pour Versailles »,
Antologia di belle arti, 1991-1992, nos 39-42,
p. 126-128). Il prépare un dessus-de-porte
que Natoire a exécuté en 1734 pour orner
la chambre à coucher de la reine Marie
Leszczyńska à Versailles. La personnification
de la France, cuirassée et empanachée, couverte d’un manteau d’hermine, un bouclier
fleurdelisé à ses côtés, accueille à bras ouverts deux petites filles, qu’il faut identifier
comme les dernières-nées du couple royal,
Marie-Adélaïde, née en 1732, et Victoire,
née en 1733. Victoire est présentée par une
Charles Joseph Natoire, La Jeunesse et la Vertu présentant deux princesses à la France, département des
jeune femme couronnée d’or, richement
Arts graphiques (R.F. 54 774)
vêtue, qui répond à la description de la Jeu This is a preparatory drawing executed by Natoire in 1734 for a
nesse donnée par Cesare Ripa dans l’édition italienne de sa
painting that was hung over a door in Queen Marie Leszczynska’s bedroom
célèbre Iconologia (Rome, 1593, p. 104). Si Ripa lui attribue une
at Versailles. The painting Natoire based on this drawing is a pendant to the
branche d’amandier fleurie, gage des fruits à venir, le dessinacanvas commissioned from Jean-François de Troy. The two pictures were
teur, Charles Joseph Natoire, a judicieusement placé ce rameau
painted in honour of all of the royal couple’s living children. Signed and
entre les mains de l’enfant, tandis que des fleurs ornent la chedated in 1734, both paintings must have been completed before 27 July
velure de l’aînée et la gorge de la Jeunesse. À l’arrière-plan à
1734, the birth of Sophie, “Madame Cinquième”. Apart from this
droite, une femme ailée, un soleil sur la poitrine, tenant une
composition drawing, two figure studies exist, one for the figure of France
lance, s’apparente à l’une des Vertus décrites et illustrées dans
(private collection, Paris), the other for Youth and Virtue (Pushkin Museum,
les éditions italiennes et françaises de Ripa. Toutefois, Natoire
Moscow).
a omis de lui confier une couronne de laurier, eu égard sans
doute au jeune âge des enfants, et placé la lance dans la main
gauche de la Vertu, et non dans la droite, afin de mieux équilibrer sa composition.
Le tableau exécuté par Natoire d’après ce dessin fait pendant
Victor Marie Hugo (Besançon, 1802 – Paris, 1885)
à une toile commandée à Jean François de Troy, où la Gloire des
Taches-planètes
Plume et encre brune, lavis brun, sur papier brun clair marouflé sur toile
princes s’empare du Dauphin, né en 1729, et de ses deux sœurs
et monté sur châssis. H. 45 cm ; l. 58,5 cm
aînées, Louise Élisabeth et Anne Henriette, nées en 1727. C’est
Georges Hugo. Valentine Hugo ; don à Georges et Janine Herscher,
donc l’ensemble des enfants vivants du couple royal qui sont
1964. Collection particulière, Paris ; acquis en vente publique à Paris,
glorifiés dans la chambre de la reine. Signés et datés de 1734,
Christie’s, le 23 juillet 2010, no 170
les deux tableaux ont dû être exécutés avant le 27 juillet 1734,
Département des Arts graphiques (R.F. 54 787)
jour de naissance de Sophie, Madame Cinquième. Ils furent
payés mille huit cents livres à leurs auteurs l’année suivante.
Le dessin de Natoire figura à la vente de Jean Denis Lempereur
Un petit groupe de dessins de Hugo, à première vue confinant
en 1773, où il fut vendu pour la somme élevée de soixante-dixà l’abstraction, dont une autre Taches-planètes de la collection
huit livres, puis à celle de l’architecte Debesse en 1786.
Granville à Dijon, a d’abord été daté de la période de l’exil,
Outre ce dessin d’ensemble, on connaît deux études de
avant que Marie-Laure Prévost ne fasse observer (Victor Hugo.
figures, l’une pour la France (galerie Artesepia, 2007 ; auDu chaos dans le pinceau, catalogue de l’exposition, Madrid,
jourd’hui Paris, collection particulière), l’autre pour la Jeunesse
Museo Thyssen-Bornemisza, et Paris, Maison de Victor Hugo,
et la Vertu (Moscou, musée Pouchkine).
2000-2001, no 235, repr. coul.) que le papier de support était
semblable à celui utilisé par Hugo lorsqu’il avait aménagé un
B. Gady
atelier de fortune dans l’appartement de sa maîtresse, Juliette
Drouet, au cours du second semestre de 1850, alors qu’il n’écri-
161
Vie des collections
Cette grande feuille apporte
un témoignage nouveau sur
l’activité de Primatice comme
cartonnier de vitraux pour le
château d’Anet. En 1548, la
grande salle du château de
Diane de Poitiers fut ornée de
« fenêtres peintes » exécutées
en grisaille par le peintre-verrier Nicolas Beaurain. Déposés au xviiie siècle, ces vitraux
ne peuvent être connus que
par les dessins préparatoires
de la main de Primatice, dont
un petit groupe subsiste. La
série traite de l’histoire de
Diane d’après les Métamorphoses d’Ovide.
D. Cordellier
Victor Marie Hugo, Taches-planètes, département des Arts graphiques (R.F. 54 787)
 This large sheet provides fresh
evidence of Primaticcio’s activity as
the draughtsman of the cartoons
for the stained-glass windows in the
Château of Anet. In 1548, the great
hall in Diane de Poitiers’ Château
was adorned with grisaille “painted
windows” by the stained-glass artist
vait pratiquement plus, mais se consacrait à la création de dessins de grandes dimensions, comme La Salière ou le fameux
Burg à la Croix. Utilisant les procédés qu’il aime entremêler
(coulures, applications de papiers découpés ou encore de pochoirs), le dessinateur semble ici transcrire l’une des rêveries
métaphysiques du poète, en une sorte de compte rendu cosmique qui se poursuivra, et dont l’expression ira s’accentuant
pendant l’exil dans les îles Anglo-Normandes (1852-1870).
C’est sans doute le grand charme de cette vision démiurgique
que de laisser ici sa place au hasard des épanchements de lavis
brun, au sein desquels deux planètes, l’une sombre et l’autre
claire, émergent, tels des points de repère dans l’infini.
L.-A. Prat
 A small group of Hugo’s drawings, which at first sight border on
abstraction, date to the second half of 1850, when he had practically
stopped writing. In these drawings the draughtsman enjoyed combining
different techniques, such as leaving inks to run and applying cut papers
and stencils, to render what might be described as one of the poet’s
metaphysical dreams.
Francesco Primaticcio, dit Primatice
(Bologne, 1503 – Paris ou Fontainebleau, 1570)
Diane et Actéon
162
1548
Plume et encre brune, rehauts et repentirs à la gouache blanche, en
partie oxydés. H. 53,6 cm ; l. 39 cm
Jean François Gigoux (1806-1894), sa marque (L. 1164), sa vente Paris,
hôtel Drouot, salle 5, 20-23 mars 1882, no 135, p. 38 (Primaticcio
Francesco, Diane et ses nymphes surprises par Actéon, plume et sépia).
Collection privée, France. S. V. V. Nordmann ; acquis par préemption en
vente publique à Paris, hôtel Drouot, étude Ader, le 7 décembre 2010, no 7
Département des Arts graphiques (R.F. 54 794)
Francesco Primaticcio, dit Primatice, Diane et Actéon, département des Arts
graphiques (R.F. 54 794)
Acquisitions
Nicolas Beaurain. Removed in the eighteenth century, the only available
information about these stained-glass windows is provided by Primaticcio’s
preparatory drawings, of which there remains a small group. This series
depicts the story of Diana according to Ovid’s Metamorphoses.
Anonyme français
Le Portement de Croix
Vers 1600-1620
Plume et encre brune, lavis gris, rehauts de blanc. H. 29 cm ; l. 19,3 cm
Inscription plume et encre brune : 1686 et paraphe de Dezallier
d’Argenville. Inscription illisible dans l’architecture, à la plume et encre
rouge. Inscription au centre : P. Champagne l’oncle
Antoine Joseph Dezallier d’Argenville ; vente à Paris, Christie’s ?
Lise Bicart-Sée (marque en bas à droite) ; don au musée du Louvre ;
commission des acquisitions du 4 février 2010 ; décision du 4 février 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 770)
Passé en vente publique à Paris comme une œuvre française
du début du xviie siècle, et récemment donné au Louvre par
Mme Lise Bicart-Sée, ce dessin provient du célèbre amateur
A. J. Dezallier d’Argenville (1680-1765). Il porte une inscription ancienne qui le donne à Philippe de Champaigne, attribution qui n’a pas d’autre fondement que la technique de lavis
gris souvent utilisée par Champaigne. C’est plutôt dans la suite
d’Antoine Caron que s’inscrit cette feuille, que l’on peut proposer de dater vers 1600-1620.
D. Cordellier
 Presented in a public auction in Paris as a French work from the beginning
of the seventeenth century, and recently donated to the Louvre by Mme Lise
Bicart-Sée, the drawing was at one time owned by the famous collector A.-J.
Dezallier d’Argenville (1680–1765). It bears an ancient inscription ascribing
the work to Philippe de Champaigne, an attribution that seems based on the
fact that the grey-wash technique was often used by Champaigne. The sheet
is more logically attributable to the period that immediately followed Antoine
Caron’s death, and is likely to date to 1600–20.
Attribué à Louis Testelin
Soldats dans un intérieur (Corps de garde)
Vers 1640-1650
Pierre noire, lavis orange. H. 24,7 cm ; l. 35,9 cm
Marquet de Vasselot (marque L. 2499, effacée). Lise Bicart-Sée (marque
en bas à droite) ; don au musée du Louvre ; commission des acquisitions
du 4 février 2010 ; décision du 4 février 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 771)
Ce retour de garde dans un intérieur rustique évoque la gravure de genre hollandaise tout autant que son pendant français, la scène de genre facétieuse et bouffonne qui se répand
dans les années 1630-1650. L’analyse des vêtements conforte
cette datation, mais ne permet pas de mieux situer géographiquement le dessin. Pierre Rosenberg et Louis-Antoine Prat ont
proposé indépendamment et prudemment une attribution
à Louis Testelin, l’un des fondateurs de l’Académie royale de
peinture et de sculpture.
B. Gady
 This scene of guards on duty in a rustic interior evokes both Dutch genre
etchings and their French equivalent—the facetious and farcical genre works
that developed during the period 1630–50. The analysis of the clothing
supports the attribution to this period, although it does not shed any light on
the drawing’s geographical location. Pierre Rosenberg and Louis-Antoine Prat
have independently and cautiously suggested an attribution to Louis Testelin,
one of the founders of the Académie Royale de Peinture et de Sculpture.
Anonyme français, Le Portement de Croix, département des Arts graphiques
Attribué à Louis Testelin, Soldats dans un intérieur, département des Arts
(R.F. 54 770)
graphiques (R.F. 54 771)
163
Vie des collections
Michel François Dandré-Bardon, Académie d’homme, département des Arts
Louis Gauffier, L’Apparition des anges à Abraham, département des Arts
graphiques (R.F. 54 792)
graphiques (R.F. 54 769)
Louis Gauffier (Poitiers, 1762 – Florence, 1801)
L’Apparition des anges à Abraham
1793
Pierre noire, encre et lavis brun, rehauts de blanc. H. 26 cm ; l. 34 cm
Acquis en vente publique à New York, Sotheby’s, le 27 janvier 2010, no 110
Département des Arts graphiques (R.F. 54 769)
Grand Prix en 1784, Louis Gauffier ne revint de son séjour
romain qu’en 1789 pour quelques mois : confronté aux débuts
de la Révolution, il choisit de retourner en Italie. D’abord établi
à Rome, il s’installa à Florence à partir de 1793, où il fréquenta
le milieu anglophile et contre-révolutionnaire. Caractéristique
de son style élégant, voire précieux, cette feuille prépare, avec
diverses variantes, une toile située et datée « Romae 1793 »,
conservée au château de Fontainebleau.
Ch. Leribault
 Winner of the Grand Prix in 1784, Louis Gauffier briefly returned from
his Roman sojourn in 1789 for several months: this coincided with the
beginning of the French Revolution, so he decided to return to Italy. He
initially lived in Rome and then settled in Florence in 1793, where he
moved in counter-revolutionary and Anglophone circles. Characteristic of
his elegant—even precious—style, this sheet was a preparation (with
various differences) for a canvas located and dated as Romae 1793, which
is held in the Château of Fontainebleau.
Michel François Dandré-Bardon
(Aix-en-Provence, 1700 – Paris, 1783)
Académie d’homme
Sanguine. H. 28,1 cm ; l. 40,1 cm
Nicolas Schwed ; don au musée du Louvre ; commission du
10 novembre 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 792)
164
Dessinateur, graveur, peintre, théoricien, poète à ses heures,
Dandré-Bardon est un artiste original qui forme avec Boucher,
Natoire ou Bouchardon la « génération de 1700 ». Si l’étude du
modèle vivant correspond à l’exercice académique par excellence et, à ce titre, a retenu l’attention de tous les peintres d’histoire des xviie et xviiie siècles, Dandré-Bardon lui a néanmoins
accordé un intérêt tout particulier. Cette belle académie permet
de rendre justice au talent et au rôle pédagogique de l’artiste.
B. Gady
 A draughtsman, engraver, painter, theoretician, and poet in his spare
time, Dandré-Bardon was an original artist, who, with Boucher, Natoire,
and Bouchardon, was part of the “génération de 1700”. While life drawing
was the academic exercise par excellence and consequently practised by all
the seventeenth- and eighteenth-century history painters, Dandré-Bardon
was particularly interested in mastering this skill. This fine académie does
justice to the artist’s talent and to his pedagogical role.
Alexandre Isidore Leroy de Barde
(Montreuil-sur-Mer, 1777 – Paris, 1828)
Nature morte avec prunes, pêches et un chardonneret
Vers 1795 ?
Aquarelle et gouache sur papier collé sur un carton fin. H. 41,1 cm ;
l. 50,9 cm
Signé
Don anonyme par l’intermédiaire de la Société des Amis du Louvre ;
commission du 9 septembre 2010 ; décision du 10 septembre 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 788)
On connaît la spectaculaire série de gouaches aquarellées de
grand format exécutée en Angleterre par le chevalier de Barde
et acquise par Louis XVIII en 1817. Sur une période de dixsept ans, Barde avait travaillé à ces aquarelles qui montrent,
avec un naturalisme extraordinaire, des spécimens d’histoire
naturelle ainsi que des vases grecs, reproduits grandeur nature.
Cette Nature morte signée, vraisemblablement une œuvre de
jeunesse, semble être le seul autre témoignage jusqu’ici repéré
de la main de cet artiste.
C. van Tuyll van Serooskerken
 The spectacular series of large-format watercolour and gouache drawings
that the “Chevalier de Barde” created in England, which were acquired by
Louis XVIII in 1817, are well known. He worked on these watercolours over a
period of seventeen years, and they are extraordinarily naturalistic illustrations
of natural history specimens, as well as full-scale representations of Greek
vases. This signed Still Life, which is probably a youthful work, appears to be
the only other evidence of this artist’s work identified to date.
Acquisitions
 Wolf was one of the greatest pre-Romantic Swiss painters and was a
pioneering figure in the representation of high mountains. His main works are
mountainous landscapes commissioned in the period 1774–78 by the
intellectual circles that gravitated around the naturalist Albrecht Haller. Here, he
depicts the close-up view of a waterfall. Two small figures—perhaps
representative of the beginnings of tourism—highlight the gigantic scale of
nature in the wild.
Richard Westall (Reepham, 1765 – Londres, 1836)
L’Enfant Jésus chassant les dieux de l’Égypte
Aquarelle, plume et encre noire, lavis d’encre noire et d’encre brune,
graphite, rehauts de blanc, grattages. H. 60,9 cm ; l. 48,2 cm
Sir Gregory Osborne Page-Turner, 4th Baronet. P. et D. Colnaghi,
Londres. Ray Livingston Murphy, New York ; vente à Londres, Christie’s,
le 19 novembre 1985, no 118. P. et D. Colnaghi, Londres, 1986.
Collection particulière, Angleterre. W. M. Brady & Co., Inc., New York ;
présenté à Paris, Salon du dessin, 2010. Commission du 8 avril 2010.
Département des Arts graphiques (R.F. 54 775)
Alexandre Isidore Leroy de Barde, Nature morte avec prunes, pêches et un chardonneret, département des Arts graphiques (R.F. 54 788)
Caspar Wolf
(Muri, 1735 – Heidelberg, 1783)
Cascade dans la montagne
Vers 1770-1780
Lavis brun. H. 10,9 cm ; l. 14,2 cm
Collection particulière. Jérôme Montcouquiol ; don au musée du Louvre ;
commission du 9 septembre 2010 ; décision du 10 septembre 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 790)
Westall est connu surtout pour ses illustrations d’épisodes tirés
de la littérature anglaise. Entre 1794 et 1797, les frères Boydell
publièrent The Poetical Works of John Milton en trois volumes
illustrés par Westall. C’est dans le troisième volume que nous
retrouvons l’image du dessin acquis par le Louvre, illustrant
l’Hymne sur la Nativité de 1629. L’apparition de l’Enfant fait
crouler les idoles, rend muets les anciens oracles et chasse les
dieux de l’ancienne Égypte.
C. van Tuyll van Serooskerken
Wolf compte parmi les plus grands peintres préromantiques
suisses et fait figure de pionnier de la représentation picturale
de la haute montagne. Ses œuvres principales sont les paysages
de montagne commandés dans les années 1774-1778 par le
milieu intellectuel gravitant autour du naturaliste Albrecht
Haller. Il représente ici une cascade en vue rapprochée. Deux
petits personnages – témoins du tourisme naissant ? – mettent
en évidence le gigantisme d’une nature sauvage.
H. Grollemund
Caspar Wolf, Cascade dans la montagne, département des Arts graphiques
Richard Westall, L’Enfant Jésus chassant les dieux de l’Égypte, département des
(R.F. 54 790)
Arts graphiques (R.F. 54 775)
165
Vie des collections
 Westall is particularly well known for his illustrations of episodes from
English literature. Between 1794 and 1797, the Boydell brothers published
The Poetical Works of John Milton in three volumes, illustrated by Westall.
The image based on the drawing acquired by the Louvre occurs in the third
volume, and illustrates Milton’s “Nativity Ode” of 1629. The Infant’s
presence causes the destruction of the idols, silences the ancient oracles,
and evicts the gods of ancient Egypt.
Charles Percier et Pierre François Léonard Fontaine (atelier de)
Élévation géométrale d’un projet d’arc de triomphe
1806
Graphite, plume et lavis d’encre noire, aquarelle sur papier vélin.
H. 40 cm ; l. 50,5 cm
Acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, le
16 mars 2010, no 51, pour la section Histoire du Louvre
Département des Arts graphiques (R.F. 54 772)
Ce dessin anonyme est lié aux recherches de Percier et Fontaine en vue de l’édification de l’arc de triomphe du Carrousel,
commandé par Napoléon en 1806 pour la gloire de ses armées
et pour servir d’entrée monumentale à la cour des Tuileries.
Le rapprochement, soutenu par des analogies dans les proportions et dans le détail décoratif, ne permet pas une attribution
aux deux architectes, étant donné la qualité médiocre du rendu, mais plaide en faveur d’un travail d’atelier, peut-être par
l’un des élèves qui y étaient formés par Percier.
G. Fonkenell
 This anonymous drawing is related to the research carried out by
Percier and Fontaine for the construction of the Arc du Triomphe du
Carrousel, which was commissioned by Napoleon in 1806 to commemorate
his military victories, and to act as a monumental gateway to the Tuileries
courtyard. Despite the connection with the project, as attested by the
similarities in the proportions and decorative details, the work cannot be
directly attributed to these architects, because of the relatively poor quality
of the rendering; it is more likely to have been produced in the workshop
of Charles Percier—perhaps executed by one of his pupils.
166
Charles Percier et Pierre François Léonard Fontaine, Élévation géométrale d’un
projet d’arc de triomphe, département des Arts graphiques (R.F. 54 772)
Pierre François Léonard Fontaine (Pontoise, 1762 – Paris, 1853)
Entrée triomphale sous l’arc du Carrousel
Vers 1812-1815
Au crayon, au verso : Ce dessin est de Percier ? / Il portait en marge
l’annotation / « Le char et la fig. de l’emp. / les chevaux trop grands »
Graphite, plume et encre noire, aquarelle sur papier vélin. H. 8,7 cm ;
l. 23,9 cm
Acquis par préemption en vente publique à Paris, hôtel Drouot, le
16 mars 2010, no 51, pour la section Histoire du Louvre
Département des Arts graphiques (R.F. 54 773)
Ce dessin, attribué à Fontaine par analogie avec les vues perspectives à main levée dont il est l’auteur, se présente comme
une scène sur le vif, mais montre en réalité le projet d’achèvement du Carrousel, fermé par une grande aile au nord et
orné au centre d’une fontaine monumentale qui ne fut jamais
exécutée (ici à droite du dessin). La datation proposée s’appuie
sur l’analyse du décor sculpté représenté, mis en place en 1812
et partiellement déposé avec la Restauration en 1815.
G. Fonkenell
Pierre François Léonard Fontaine, Entrée triomphale sous l’arc du Carrousel, département des Arts graphiques (R.F. 54 773)
Acquisitions
 This drawing has been attributed to Fontaine because of similarities
with his freehand perspective views, and appears as though it were drawn
from life; in reality, it is a project to complete the Carrousel area, closed by
a large wing in the north, and adorned in the centre with a monumental
fountain that was never created (here on the right of the drawing). The
suggested date is based on the analysis of the carved decorations depicted,
completed in 1812, and partly removed during the 1815 Restauration.
Savinien Petit (Trémilly, 1815-1878)
Entrée des catacombes de la voie Latine, Rome
Léon Cogniet (Paris, 1794-1880)
Jeune dessinateur et un Égyptien assis
Savinien Petit séjourna de 1845 à 1850 à Rome, où il effectua
les relevés des catacombes destinés à illustrer, en chromolithographie, l’ouvrage de L. Perret Catacombes de Rome, qui devait
paraître en 1851. L’artiste s’acquitta avec dévotion de cette
tâche, qui lui permit de se familiariser avec l’art paléochrétien ;
en même temps, il découvrit Raphaël, les « primitifs » italiens
et les nazaréens. Ces influences marquèrent le reste de sa carrière, consacrée essentiellement à la peinture religieuse.
Ch. Leribault
Vers 1833
Pierre noire. H. 24,7 cm ; l. 28 cm
Charles Moffett ; don au musée du Louvre ; commission du 3 juin 2010 ;
décision du 7 juin 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 779)
Ce dessin finement élaboré est en rapport avec la décoration
du plafond d’une salle du musée Charles X située au premier
étage de l’aile méridionale de la cour Carrée. Le sujet traité
par Cogniet fut L’Expédition d’Égypte sous les ordres de Bonaparte,
également connu comme Les Savants français en Égypte. Exposée au Salon de 1833, la toile fut installée en 1835. Plusieurs
études et esquisses peintes sont connues ; ce dessin très achevé
semble plutôt une reprise d’un détail particulièrement réussi.
Ch. Leribault
Vers 1848
Mine de plomb et rehauts de gouache blanche sur papier bleu.
H. 46 cm ; l. 29,5 cm
Signé et annoté
Acquis de la galerie Daniel Greiner, Paris
Département des Arts graphiques (R.F. 54 791)
 Savinien Petit sojourned in Rome between 1845 and 1850, and spent
his time drawing in the catacombs for his chromolithographic illustrations
of L. Perret’s book, Catacombes de Rome, published in 1851. The artist was
devoted to his task, and he became very familiar with early Christian art; at
the same time, he discovered the work of Raphael, the Italian Primitives,
and the Nazarenes. These influences had a lasting effect on his career,
which was mainly consecrated to religious painting.
 This finely executed drawing is related to the ceiling decorations of a
room in the Musée Charles X on the first floor of the southern wing of the
Cour Carrée. The subject tackled by Cogniet was L’Expédition d’Egypte sous
les ordres de Bonaparte (The Egyptian Expedition under the Command of
Bonaparte), also called Les savants français en Egypte (French Scholars in
Egypt); exhibited in the Salon of 1833, the canvas was installed in 1835.
Several studies and sketches exist; this highly finished drawing appears to
be the repetition of a particularly successful detail.
Léon Cogniet, Jeune dessinateur et un Égyptien assis, département des Arts
Savinien Petit, Entrée des catacombes de la voie Latine, Rome, département des
graphiques (R.F. 54 779)
Arts graphiques (R.F. 54 791)
167
Vie des collections
Théodore Géricault (Rouen, 1791 – Paris, 1824)
Diane chasseresse (recto) ; Deux chevaux (verso)
Crayon noir, plume et encre brune, lavis brun (recto) ; plume
et encre brune, aquarelle, taches de vernis (verso). H. 28 cm ;
l. 21 cm
Coutan-Hauguet (L. 464) ; sa vente en 1899. Collection
particulière, France ; acquis par préemption en vente publique à
Lyons-la-Forêt, étude Pillet et Lot, le 28 novembre 2010, no 11
Département des Arts graphiques (R.F. 54 793)
Cette feuille inédite nous livre un étonnant dialogue
recto-verso entre un marbre antique et un cheval de
cire. D’un côté, le jeune Géricault, au génie forgé au
contact des chefs-d’œuvre du Louvre, campe la fameuse
Diane de Versailles, animée de forts rehauts de lavis brun
qui laissent penser qu’il est peut-être parti d’une copie
en bronze. Sur l’autre face, le Géricault sculpteur met
en scène son modèle le plus célèbre : un cheval écorché
dont ses disciples et admirateurs garderont le souvenir
dans leurs ateliers sous la forme d’un plâtre d’édition.
Ch. Leribault
 This previously unknown sheet provides a remarkable doublesided dialogue between an antique marble and a wax horse. On
the recto, the young Géricault, whose genius was forged through
contact with the Louvre’s masterpieces, portrayed the famous
Diana of Versailles, animated with strong highlights of brown wash
that suggest that it is perhaps based on a bronze version. On the
verso, Géricault the sculptor represents his most famous model: a
flayed horse in wax, plaster copies of which the artist’s disciples
and admirers kept in their workshops.
Théodore Géricault, Diane chasseresse, département des Arts graphiques (R.F. 54 793,
recto)
168
Théodore Géricault, Deux chevaux, département des Arts graphiques (R.F. 54 793, verso)
Acquisitions
Edgar Degas, Pietà, département des Arts graphiques (R.F. 54 780)
Edgar Degas (Paris, 1834-1917)
Pietà (d’après Rosso)
Vers 1859
Pierre noire. H. 16 cm ; l. 23 cm
Galerie Georges Petit, Paris, 4e vente de l’atelier Degas, 2-4 juillet 1919,
no 81 b, repr. p. 16 ; timbre de la vente en bas à droite. Vente à Paris,
hôtel Drouot, le 11 décembre 1978, no 21. Nicole Wilk-Brocard ; don
par l’intermédiaire de la Société des Amis du Louvre ; commission du
6 mai 2010 ; décision du 7 juin 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 780)
C’est à son retour d’Italie, vers 1859, que l’artiste aurait exécuté
cette copie d’après la Pietà de Rosso. L’influence sur la peinture
française du xixe siècle du fameux tableau de Rosso, peint vers
1530-1540 pour Écouen et transféré au Louvre à la Révolution,
a été soulignée à plusieurs reprises. Cette belle copie par Degas a
été présentée à l’exposition « Degas et l’Italie » à la Villa Médicis
en 1984, puis en 2000 à l’exposition « D’après l’Antique », au
Louvre, institution où elle revient définitivement grâce à la
générosité d’une grande amie du musée.
Ch. Leribault
 The artist is believed to have executed this copy after Rosso’s Pieta
when he returned from Italy ca.1859. It has often been observed that
Rosso’s famous picture (painted ca.1530–40 for Écouen and transferred to
the Louvre during the Revolution) greatly influenced nineteenth-century
French painting. This fine copy by Degas was displayed at the exhibition
“Degas and Italy” at the Villa Médicis in 1984, then in the Louvre’s
exhibition “D’après l’Antique” (After the Antique) in 2000; thanks to the
generosity of one of the Museum’s friends, the work has now found a
permanent place in the institution’s collections.
Henri van der Haert (Louvain, 1794 – Gand, 1846)
Homme assis
1837
Pierre noire sur papier brun. H. 47,6 cm ; l. 38 cm
Guy Grieten ; don au musée du Louvre ; commission du 3 juin 2010 ;
décision du 7 juin 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 777)
Après un voyage à Paris en 1817, Van der Haert s’installe en
1818 à Bruxelles et entre dans l’atelier de David exilé. Il se lie
d’amitié avec François Rude, autre artiste exilé, dont il épousera la belle-sœur, Victorine Frémiet. C’est comme portraitiste
de la haute société belge que Van der Haert devait obtenir ses
plus grands succès, mais il était réputé également pour ses dessins. Il dirigea une académie privée du dessin dans son atelier
bruxellois. La feuille du Louvre, qui date de 1837, illustre son
talent dans ce domaine.
C. van Tuyll van Serooskerken
 After visiting Paris in 1817, Van der Haert settled in Brussels in 1818
and entered the workshop of the exiled David. He became friends with
François Rude, another exiled artist, whose sister-in-law he married. Van
169
Vie des collections
Eugène Romain van Maldeghem, Étude d’homme debout, département des
Arts graphiques (R.F. 54 778, recto)
Henri van der Haert, Homme assis, département des Arts graphiques
(R.F. 54 777)
der Haert’s portraits of Belgian high society were his greatest achievement,
but he was also known for his drawings. He ran a private drawing academy
in his Brussels workshop. The Louvre sheet, which dates to 1837,
demonstrates his talents as a draughtsman.
Eugène Romain van Maldeghem
(Dentergem, 1813 – Ixelles, 1867)
Étude d’homme debout (recto) ; Étude de soldat en costume
du xviie siècle (verso)
Pierre noire, rehauts de craie blanche, sur papier gris. H. 34,7 cm ;
l. 29,5 cm
Guy Grieten ; don au musée du Louvre ; commission du 3 juin 2010 ;
décision du 7 juin 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 778)
was recently given to the Museum may relate to a historical scene that has
not yet been identified.
Wilhelm von Kaulbach (Arolsen, 1805 – Munich, 1875)
Scène maritime (Sur le lac de Génésareth ?)
Plume et encre brune sur traits de graphite. H. 49,2 cm ; l. 64,8 cm
Wilhelm Koenig, Vienne (L. 2653 b). Collection particulière, Allemagne.
Laura Pécheur ; don au musée du Louvre ; commission du 9 septembre
2010 ; décision du 10 septembre 2010
Département des Arts graphiques (R.F. 54 789)
Élève de Cornelius à l’Académie de Düsseldorf, Kaulbach
connaîtra une glorieuse carrière officielle à Munich et à Berlin.
Depuis plusieurs années, le département cherche à renforcer
la représentation du dessin belge de l’époque romantique
dans ses portefeuilles. Élève de Gustave Wappers à l’Académie
d’Anvers, Van Maldeghem a exécuté des portraits, mais c’est
surtout comme peintre de tableaux religieux qu’il s’est fait
connaître. Les études à la pierre noire sur les deux faces de la
feuille récemment entrée au Louvre pourraient être destinées à
une scène historique non encore identifiée.
C. van Tuyll van Serooskerken
170
 For some years, the Department has been actively seeking to add
works to its portfolios of Belgian drawings from the Romantic era. After
studying under Gustave Wappers at the Academy of Antwerp, van
Maldeghem painted portraits, but was best known for his religious
paintings. The black chalk drawing studies on both sides of the sheet that
Wilhelm von Kaulbach, Scène maritime, département des Arts graphiques
(R.F. 54 789)
Acquisitions
Le peintre aspire à rénover
l’art allemand par l’exemple
des anciens maîtres, italiens et
allemands. Avec un trait d’une
grande précision, il campe au
recto de cette grande feuille
une composition maritime,
qui pourrait être religieuse ;
elle évoque l’appel des apôtres
Simon et André (Marc, I, 1618). L’étude ne semble pas
avoir abouti à une composition peinte.
H. Grollemund
 A pupil of Cornelius at the
Academy of Düsseldorf, Kaulbach
pursued a glorious official career at
Munich and Berlin. The painter aspired to regenerate German art by
following the example of the Italian
and German old masters. He portrayed a maritime composition on
this large sheet with extraordinary
precision. The scene may be a religious one: it evokes the calling of
the apostles Simon and Andrew
(Mark 1:16–18). The study does
not appear to have resulted in a
painted composition.
Eugenio Lucas Velázquez
(Madrid, 1817-1870)
Paysage rocheux
Aquarelle sur papier beige.
H. 27,3 cm ; l. 22 cm
Artur Ramon, Barcelone ; Salon du
dessin, 2010, Paris ; commission
du 8 avril 2010
Département des Arts graphiques
(R.F. 54 776)
Eugenio Lucas Velázquez, Paysage rocheux, département des Arts graphiques (R.F. 54 776)
Cette feuille correspond à une technique très particulière adoptée au xixe siècle par plusieurs peintres en Europe. L’art de la
tache était alors une pratique habituelle ; le traité d’Alexandre
Cozens, paru en 1786, a certainement contribué à lui conférer une assise théorique. Eugenio Lucas Velázquez participait
à ce mouvement et représentait, après Goya, l’artiste le plus
important et le plus novateur d’Espagne. Son admiration pour
Vélasquez le poussa à adopter son nom dans son patronyme.
L. Boubli
 This sheet provides an example of a very special technique that was
practised by various nineteenth-century painters. The art of blotting was
widely practised; Alexander Cozens’s treatise, published in 1786 provided
the technique with a theoretical foundation. Eugenio Lucas Velázquez was,
after Goya, Spain’s most important and innovative artist. He admired Diego
Velázquez so greatly that he adopted his surname.
171
Vie des collections
Musée Delacroix
Le musée Delacroix est né de l’initiative, dans les années 1930, d’une association
d’artistes et d’amateurs créée pour sauver l’atelier du maître de la pioche des démolisseurs. Contrairement à nombre de musées-ateliers, il n’a donc pas bénéficié de
l’apport initial d’un legs de l’artiste ou de sa famille. Constituée très progressivement, la collection a encore besoin d’être renforcée en fonction des opportunités
du marché. Sans chercher à rivaliser avec l’ensemble de toiles phares conservé au
Louvre ni avec les dessins du fonds Moreau-Nélaton du département des Arts graphiques, le choix des acquisitions se concentre sur les esquisses et les travaux préparatoires, et sur ce qui relève de la biographie de l’artiste. Après l’effort important
consenti l’année précédente pour faire entrer les émouvants portraits de Delacroix
par Thales Fielding et de Fielding par Eugène Delacroix, le budget d’acquisition du
musée du Louvre n’a pas été sollicité en 2010, afin de réserver son intervention
pour un achat conséquent en 2011. La générosité de quelques donateurs et surtout
le soutien constant de la Société des Amis du musée Delacroix ont néanmoins permis l’acquisition d’une dizaine de dessins et estampes d’un grand intérêt pour la
connaissance de l’artiste et indispensables au renouvellement périodique de l’accrochage thématique des salles. On signalera particulièrement la grande lithographie
de Nadar, dite Panthéon Nadar, et une fort belle aquarelle d’après un cavalier médiéval, copié par Delacroix lors de son séjour à Londres en 1825.
Ch. Leribault
 The Musée Delacroix was founded in the 1930s on the initiative of an association of artists and
collectors, who were committed to saving the master’s former home and atelier from demolition.
Unlike many museum-workshops, it never benefited from an initial bequest from the artist or his
family. The collection was built up very gradually, and still needs to be expanded, although this
depends on market opportunities. The Museum does not intend to compete with the collection of
major masterpieces in the Louvre, or with the drawings of the Moreau-Nélaton collection in the
Department of Graphic Arts; instead, the Museum’s acquisitions focus on sketches and preparatory
works, and anything related to the artist’s biography. In 2009 great efforts were made to acquire
the affecting portraits of Delacroix by Thales Fielding, and of Fielding by Eugène Delacroix, so the
Musée du Louvre’s acquisition budget was not solicited in 2010, in order to allow for a significant
purchase in 2011. Nevertheless, the generosity of several donors and, above all, the constant
support of the Société des Amis du Musée Delacroix enabled the museum to acquire ten drawings
and prints of great interest; these works contribute to improving our knowledge of the artist, and
provide indispensable additional material for the thematic renewal of works in the exhibition
rooms. Most noteworthy of these acquisitions was a large lithograph by Nadar, known as The
Nadar Panthéon, and a very fine watercolour of a medieval knight, copied by Delacroix during his
sojourn in London in 1825.
172
Acquisitions
cace de l’auteur inscrite sur un panonceau :
« Au Monsieur que je regrette assurément
d’avance de ne pas connaître et qui le deuxième jour de la troisième lune de l’an 3607,
courra les ventes comme un chien perdu pour
acheter à prix d’or cet exemplaire devenu introuvable et dont il ne pourra se passer pour
son grand travail historique du xixe siècle. »
Ch. Leribault
Félix Tournachon, Nadar, Panthéon Nadar, musée Delacroix (MD 2010-1)
 At the time a caricaturist, in 1851 Nadar decided
to create four lithographic plates representing portraits
of contemporary celebrities. In 1854 he produced the
first plate, which represented writers and journalists.
Few copies of the lithograph were sold, and the ruined
Nadar turned instead to photography, which would
make him famous. In 1858 the owner of the Figaro
newspaper bought the rights to the stone plate, and
asked Nadar to integrate the other famous people he
had planned to represent in the plates but were not
completed. Most notably, Nadar inserted the portraits
of Rossini, Berlioz, and Delacroix.
Félix Tournachon, dit Nadar (Paris, 1820-1910)
Panthéon Nadar
1858
Lithographie. H. 80 m ; l. 1,13 cm
Vente publique à Paris, hôtel Drouot, étude Piasa, le 30 avril 2009,
no 318, repr.
Don de la Société des Amis du musée Eugène Delacroix
Musée Delacroix (MD 2010-1)
Eugène Delacroix (Charenton-Saint-Maurice, 1798 – Paris, 1863)
Trilobe architectural avec un chevalier
1825
Aquarelle et rehauts d’huile sur papier, traces de crayon. H. 11,5 cm ;
l. 16 cm
Cachet de la vente Delacroix en bas à droite
Paris, vente de l’atelier de l’artiste, hôtel Drouot, les 17-29 février 1864
(cachet ED en bas à droite) ; Paris, collection Alfred Robaut ; Londres,
galerie Hazlitt-Gooden & Fox ; collection particulière ; vente publique
à Paris, Sotheby’s, le 22 juin 2010, no 72, repr. ; don de la Société des
Amis du musée Eugène Delacroix
Musée Delacroix (MD 2010-2)
En 1851, Nadar, encore dans sa première carrière de caricaturiste, imagine de rassembler les portraits de plus de un millier de
célébrités de son temps, réparties en quatre planches lithographiques. Il adopte le format dit « grand aigle », réservé jusque-là
aux cartes géographiques. L’entreprise, qui mobilise toute une
équipe de dessinateurs recrutés pour l’aider, aboutit en 1854 à la
Probablement exécutée lors du séjour décisif de Delacroix à
publication de la première planche, qui rassemble les écrivains
Londres en 1825, cette aquarelle est très proche d’une autre,
et les journalistes. En dépit de grands efforts
de promotion et d’un succès journalistique
et public, la lithographie ne fut guère achetée
par les amateurs tant elle était encombrante et
coûteuse. L’échec commercial de cette planche
orienta son auteur, ruiné, vers l’activité photographique qui allait faire sa gloire.
En 1858, le propriétaire du Figaro, Hippolyte de Villemessant, lui racheta les droits de
la pierre lithographique pour en distribuer des
tirages en cadeau aux nouveaux abonnés du
journal. Mais il demanda à Nadar d’intégrer
dans cette nouvelle édition les personnalités
les plus connues qui auraient dû figurer dans
les trois planches non exécutées. Ainsi, Nadar
y intercala notamment les portraits de Rossini,
de Berlioz et celui de Delacroix.
Cette sorte de grande parade, conduite par
Victor Hugo, aux côtés du buste de George Sand,
permet au musée Delacroix de présenter les
amis et les détracteurs de l’artiste. On ne saurait,
enfin, évoquer l’acquisition de cette rare
planche à l’hôtel Drouot sans signaler la dédiEugène Delacroix, Trilobe architectural avec un chevalier, musée Delacroix (MD 2010-2)
173
Vie des collections
acquise en 2008, représentant des figures du tombeau du
comte de Pembroke à l’abbaye de Westminster. Compte tenu
de l’importance du fonds de dessins de l’artiste conservé au
Louvre, le musée Delacroix ne vise dans ce domaine que des
feuilles susceptibles de compléter cet ensemble, comme c’est
le cas de cette rare aquarelle, qui est dans un remarquable état
de conservation.
Ch. Leribault
 Probably executed during Delacroix’s decisive sojourn in London in
1825, this watercolour is similar to another acquired in 2008 that represents
figures on the tomb of the Count of Pembroke in Westminster Abbey. Given
the large number of the artist’s drawings held in the Louvre, the Musée
Delacroix is only interested in acquiring sheets that complete this ensemble,
such as this rare watercolour, which is in remarkably good condition.
Eugène Delacroix (Charenton-Saint-Maurice, 1798 – Paris, 1863)
Juive d’Alger et Une rue à Alger
1838
Lithographie. H. 49 cm ; l. 37 cm (feuille)
Paris, galerie Paul Prouté, cat. 124, juin 2004, no 407 ; collection
particulière ; vente publique à Paris, hôtel Drouot, étude Ader,
le 10 février 2010, no 197, repr. ; don de la Société des Amis du musée
Eugène Delacroix
Musée Delacroix (MD 2010-6)
174
1836). Elle est issue d’un recueil publié en 1838 par MarieÉlisabeth Cavé, Le Livre d’or des contemporains, qui rassemblait
de cette façon décorative des textes et des croquis demandés aux
figures en vue de l’époque.
Ch. Leribault
 This plate contains two of Delacroix’s compositions, framing a
facsimile reproduction of a manuscript page by Lamartine with arabesque
motifs. It comes from a volume published in 1838 by Marie-Elisabeth Cavé,
Le Livre d’or des Contemporains, which contained decorative texts and
sketches commissioned from the era’s most prominent people.
Achille Devéria (Paris, 1800-1857)
Frontispice pour Faust
1828
Lithographie. H. 47,6 cm ; l. 32,4 cm (feuille)
Paris, galerie Julie Maillard
Don de la Société des Amis du musée Eugène Delacroix
Musée Delacroix (MD 2010-4)
Cette planche regroupe deux compositions de Delacroix,
encadrant, avec des motifs d’arabesque, la reproduction en
fac-similé d’une page manuscrite de Lamartine (Jocelyn, IX,
Delacroix s’attela à partir de 1825 aux illustrations du Faust de
Goethe. Le musée possédait un exemplaire du volume publié en
1828, mais pas ce frontispice, qui servait en fait de couverture à
la livraison des épreuves non reliées, tâche confiée par l’éditeur
Charles Motte à son beau-frère Achille Devéria. L’artiste développe ici un imaginaire romantique débridé, avec son cortège
de squelettes et de hiboux encadrant un portrait de l’écrivain.
Ch. Leribault
Eugène Delacroix, Juive d’Alger, musée Delacroix (MD 2010-6)
Achille Devéria, Frontispice pour Faust, musée Delacroix (MD 2010-4)
Acquisitions
 From 1825 onward Delacroix concentrated on completing the illustrations for Goethe’s Faust. The Museum already possessed a copy of the volume published in 1828, but this lacked the frontispiece, which essentially
served as a cover for the delivery of the unbound proofs, a task the editor
Charles Motte entrusted to his brother-in-law Achille Devéria. Here, the artist
lets his imagination run wild, depicting a cortege of skeletons and owls framing the writer’s portrait.
Edmond Hédouin (Hambourg, 1820 – Paris, 1889)
Cour intérieure au Maghreb
Hippolyte Poterlet (Paris, 1803-1835)
Copie d’après le portrait de Charles Louis Ier, électeur palatin,
par Antoon van Dyck
Sans être un familier de l’artiste, Edmond Hédouin compte
parmi ses graveurs. Également connu pour ses sujets espagnols
et ses thèmes agricoles, il figure parmi les premiers artistes à
avoir suivi le sillage de Delacroix au Maghreb. Il parcourut le
Maroc et l’Algérie à partir de 1847, ce qui nous vaut cette belle
représentation de costumes pittoresques dans une cour intérieure qui n’est pas sans évoquer l’art du maître et celui de
Chassériau, artiste auquel il enseigna la gravure.
Ch. Leribault
Encre. H. 35,5 cm ; l. 22,5 cm
Don de M. Edwart Vignot
Musée Delacroix (MD 2010-3)
Delacroix rencontra Poterlet en octobre 1818 alors que le jeune
artiste, âgé de quinze ans, était occupé à copier un tableau italien dans les salles du Louvre. En 1825, ils partirent tous deux
pour Londres. Une mort précoce, à trente-deux ans, empêcha
cet ami proche de Delacroix d’affirmer ses talents de peintre.
Ch. Leribault
 Delacroix met Poterlet in October 1818, when the fifteen-year old
artist was copying paintings in the Louvre. In 1825 they both left for
London. Delacroix’s close friend died prematurely at the age of thirty-two,
and never had the chance to fully develop his talents as a painter.
1848
Gouache. H. 35 cm ; l. 36 cm
Signé, dédicacé et daté en bas à droite : A mon ami / L. Flameng – 1848
– E. Hédouin
Don de M. Jacques-Paul Dauriac
Musée Delacroix (MD 2010-5)
 Although he was not a close friend of the artist, Edmond Hédouin
became one of Delacroix’s regular engravers. Known for his Spanish
subjects and agricultural themes, Hédouin was also one of the first artists to
go to the Maghreb in the wake of Delacroix. His travels in Morocco and
Algeria began in 1847, and this fine representation of picturesque costumes
in an interior courtyard dates to this period; the work is clearly influenced
by Delacroix and Chassériau, an artist to whom he taught engraving.
Hippolyte Poterlet, Copie d’après le portrait de Charles Louis Ier, électeur
palatin, par Antoon van Dyck, musée Delacroix (MD 2010-3)
Edmond Hédouin, Cour intérieure au Maghreb, musée Delacroix (MD 2010-5)
175
Vie des collections
Restaurations
Antiquités orientales
Les programmes de conservation préventive et de restauration des œuvres exposées
et de celles conservées en réserve suivent un rythme régulier. En outre, ils s’adaptent
aux besoins des études, publications en cours et projets d’expositions. En 2010 ont
été restaurées plus de cent quarante œuvres. Certaines de ces opérations nécessitent
une collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de
France (C2RMF) pour des analyses sur les matériaux. La coopération internationale
porte aussi sur les restaurations d’œuvres (Yémen, Syrie), notamment en Syrie, pour
les objets provenant des anciennes fouilles françaises. Les restaurations vont de pair
avec les recherches sur les objets conservés dans les musées de Damas (sculpture de
pierre de Mari et de Ras Shamra) et d’Alep (ivoires d’Arslan Tash).
B. André-Salvini
 Preventive conservation and restoration programmes are carried out regularly on exhibited
works and on those held in the Museum’s storage. They are also adapted to meet requirements
that may arise for specific study programmes, publications under preparation, and exhibition
projects. In 2010, more than 140 works were restored. These operations are carried out in
collaboration with the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France),
which performs the material analysis of each artefact in question. International cooperation also
focuses on the restoration of works excavated in Yemen and particularly in Syria, regarding the
objects discovered in early French archaeological excavations. These restorations go hand-in-hand
with research on related objects held in the museums of Damascus (stone and bronze sculptures
from Mari and Ras Shamra), and in Aleppo (Arslan-tash ivories).
176
Restaurations
Remontage de panneaux appartenant à la frise des Archers de Suse
Programme suivi par Agnès Benoit
Restauration : Marie-Christine Nollinger, Sandrine Gaymay et Jeanne-Marie Séton
Depuis une douzaine d’années, le département des Antiquités orientales a entrepris une campagne de remontage de
panneaux de briques indépendants les uns des autres, représentant des archers. Ces derniers ont initialement appartenu
à la plus grande et à la plus célèbre des frises colorées ayant
orné, vers 500 avant J.-C., les murs du palais du roi Darius Ier
à Suse. Connue sous le nom de « frise des Archers », elle se
compose de deux défilés convergents de personnages, tous
de même taille pour respecter la règle d’isocéphalie propre à
l’art perse et presque tous identiques, hormis le sens de leur
marche, vers la droite ou vers la gauche, et les couleurs et broderies de leur robe plissée. Ils formaient une suite homogène
et volontairement monotone, chargée d’incarner la stabilité
d’un empire qui se voulait universel et détaché des contingences individuelles.
À la suite des fouilles menées à Suse dès 1885 par le couple
Marcel et Jeanne Dieulafoy puis, plus tard, par Roland de
Mecquenem, les réserves du musée accueillirent des milliers
de briques éparses plus ou moins complètes retrouvées sur
les différents tells de la capitale perse, provenant de tous les
décors architecturaux qui avaient revêtu les façades et les murs
internes du prestigieux palais.
Pour répondre à des demandes croissantes de prêts concernant les panneaux qui étaient exposés dans les salles du
département et qui ne pouvaient être satisfaites – car il était
impossible de désinsérer des murs des œuvres de faible épaisseur installées à grand-peine qui auraient laissé la maçonnerie
à nu –, il fut décidé d’exploiter le fonds de briques en réserve,
avec comme seule restriction à ce remontage de conserver
dans les panneaux à venir un pourcentage d’éléments originaux supérieur à 50 %, mais sans être certain d’atteindre ce
chiffre. En effet, de très nombreuses briques, rangées sur les
étagères par thèmes décoratifs, portaient un motif de manche
de lance, mais aurait-on suffisamment de carquois, d’extrémités d’arc à tête de canard, de chaussures en cuir à lacets, de
galons de robes pour atteindre l’objectif fixé ? Avant même de
commencer, on savait qu’il n’y avait plus aucune brique originale correspondant au milieu du visage des Archers. Cette
partie devrait donc être restituée. Mais la bonne surprise fut de
trouver suffisamment de briques correspondant à un troisième
décor de robe, celui de fleurs inscrites dans un losange, non
représenté dans les salles du département, où les robes des
archers sont brodées soit de rosaces sur un fond jaune, soit de
petites maquettes de forteresses sur un fond blanc.
Il a d’abord fallu trier les briques, grâce à des patrons de papier qui permettaient de repérer l’emplacement de chaque élément – puisque les assises, au nombre de vingt et un, avaient
été numérotées, de même que les briques qui les composaient
(deux briques complètes ou une brique centrale complète accostée de deux moitiés). Ensuite, il fallut nettoyer les briques
retenues, les consolider au paralloïd, faire des empreintes des
éléments manquants et les restituer en plâtre, assembler pour
chaque assise le plâtre et les parties originales, assembler les
assises trois par trois en veillant à garder une certaine continuité dans l’avancée des bas-reliefs à chaque niveau, puis, après
la mise en place sur un cadre à étagères, rendre solidaires les
assises des parties métalliques et enfin mettre en couleur les
parties restituées, un ton en dessous pour que la distinction
entre partie originale et partie restituée se fasse sans hésitation. Dernière étape, il fallut combler avec du nid d’abeilles les
manques près du cadre et finir par les joints. La construction
de l’armature, fabriquée par les ateliers du Louvre d’abord en
bois puis en métal, est une étape importante, car les assises de
briques doivent être très cohérentes entre elles au moment des
transports.
Depuis l’année 2000, quatre archers ont été remontés, qui
ont nécessité chacun environ dix-huit mois de travail, exécuté par les mêmes restauratrices (Marie-Christine Nollinger et
Sandrine Gaymay d’abord, auxquelles est venue se joindre
Jeanne-Marie Séton) car il s’agit d’une entreprise complexe qui
ne peut que s’améliorer au fil d’une expérience acquise.
Sb 21965 : Le premier archer est à décor de rosaces et marche
vers la droite (2000).
Sb 23177 : Le second est à décor de forteresses et marche vers
la droite (2003).
Sb 23335 : Le troisième est à décor de fleurs dans un losange
et marche vers la gauche (2007).
Sb 23364 : Le quatrième, qui a fait l’objet d’un généreux mécénat de la part du Cercle des mécènes du Louvre, est à décor
de fleurs dans un losange et marche vers la droite (début 2010).
Choix de briques
Construction des assises par rangée de trois après restitution en plâtre
177
Vie des collections
Mise en place dans le cadre en bois
Vue arrière du cadre métallique
Chacun de ces panneaux mesure à peu près 2 mètres, sur
48 cm de largeur et 22 cm de profondeur (à l’exception du
troisième, dont les briques sont plus larges), et pèse un peu
plus de 200 kg.
Un cinquième archer sera mis en chantier en 2011 et un
sixième est prévu. Mais le fonds restant dans la réserve ne permet plus d’en envisager d’autres. Tous les archers remontés ont
entre 56 % et 64 % de parties originales.
A. Benoit
 In response to increasing demands for loans concerning the Archer
frieze panels, which, in about 500 bc, adorned the walls of King Darius I’s
palace at Suse, the Department decided to use the original bricks in
storage. Indeed, as a result of the excavations carried out in Suse in 1885
by Marcel and Jeanne Dieulafoy, and then, later, by Roland de Mecquenem,
the Museum possesses thousands of assorted bricks in various conditions
found on the tells in the Persian capital, originating from the architectural
decorations on the palace’s facades and interior walls.
Since 2000, four Archer figures have been reassembled. Each one has
required around 18 months of work carried out by a single team of restorers
(Marie-Christine Nollinger and Sandrine Gaymay initially, joined later by
Jeanne-Marie Séton), as the complex operation is facilitated by the
cumulative experience gained over time. Each panel measures around 2
metres by 48 cm wide, and is 22 cm thick (except for the third, whose
bricks are thicker), weighing slightly over 200 kg.
Work on the reassembly of a fifth Archer is being undertaken in 2011,
and there are plans to assemble a sixth panel. However, there are insufficient
bricks remaining to enable another Archer to be assembled. The completed
Archers comprise between 56% and 64% of original elements.
178
Aspect définitif du panneau
Restaurations
Programme de l’Orient méditerranéen dans l’Empire romain (« Trois Antiques »)
Programme suivi par Nicolas Bel
Restauration : Laboratoire Arc’Antiques (Nantes), Atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal,
Isaure d’Avout-Greck, Delphine Bienvenut, Juliette Dupin, Daniel Ibled, Sabine Kessler, Marie-Emmanuelle Meyohas,
Christine Pariselle, Charlotte Rérolle
Dans le cadre du projet de nouvelles salles communes aux trois
départements antiques du Louvre, consacrées aux provinces
orientales de l’Empire romain dans les collections (ouverture
en 2012), un vaste programme de restaurations a été mené,
de 1997 à 2010, par Élisabeth Fontan, Sophie Cluzan (19972007) et Nicolas Bel (2007-2010). Durant cette période, 70 %
des œuvres du département sélectionnées pour ces nouvelles
salles (soit environ deux cents œuvres) ont fait l’objet d’une
intervention (dépoussiérage, nettoyage, consolidation ou modification du support). On peut distinguer six opérations de
grande ampleur :
– l’ensemble des sarcophages en plomb (dix numéros) a fait
l’objet d’une étude globale : l’ampleur du corpus concerné a
permis de pousser la réflexion au-delà d’une restauration traditionnelle (stabilisation du plomb, nettoyage) et de proposer
un mode de montage et de présentation inédit : panneaux de
plomb fixés sur des plaques en nid d’abeilles, assemblés – dans
le cas des sarcophages complets – sur une structure de tubes
d’acier ;
– le lapidaire de la côte levantine d’époque romaine : les sarcophages à guirlandes (deux complets et plusieurs panneaux),
deux lions passants, en ronde bosse, et une sélection de trente
cippes funéraires, provenant de Sidon ;
– l’ensemble des figurines de bronze et des plaquettes en
plomb liées au culte de Jupiter héliopolitain : la restauration
fine des bronzes a mis en évidence et consolidé les placages
d’or, et permis une meilleure lecture de l’iconographie de ces
figurines et des ex-voto en plomb ;
– la sculpture de pierre provenant du tombeau des Rois :
sarcophages (deux complets, trois couvercles), avec dans certains cas une dérestauration des restitutions anciennes, porte,
ossuaire et fragments architecturaux ;
– la collection des Judaïca :
portes de tombeaux, ossuaires, stèles et un ensemble
de moulages pris sur des
tombeaux de Jérusalem au
xixe siècle ;
– l’ensemble du mithraeum
de Sidon, composé de huit
sculptures et d’un bas-relief
en marbre : nettoyage subtil et étude des restaurations
antiques conservées.
Ce programme a également permis de traiter des
séries importantes de figurines de terre cuite, de verres
et d’objets en bronze.
N. Bel
 Given the decision to open a
set of new rooms in 2012 (to be
Statuette de Jupiter héliopolitain,
shared among the Louvre’s three
département des Antiquités orientaantiquities departments) dedicated
les (AO 19534)
to the eastern provinces of the
Roman Empire, a major cycle of restorations was carried out between 1997
and 2010 by Elisabeth Fontan, Sophie Cluzan (1997–2007), and Nicolas
Bel (2007–10). During this period, 70% of the Department’s works selected
for the new rooms (around 200 items in all) were subjected to a detailed
conservation intervention that comprised dust removal, cleaning, and
consolidation or modification of the support.
Sculptures du mithraeum de Sidon, département des Antiquités orientales (AO 22256 à 22263)
179
Vie des collections
Restauration de la statue vouée pour
la vie d’Ikou-Shamagan, roi de Mari
(musée national de Damas, Syrie)
Dans le cadre de sa coopération avec la Direction des antiquités et des musées de Syrie, le département des Antiquités
orientales mène un programme d’études et de restaurations de
pièces emblématiques de sites dont il conserve lui-même des
collections. Au sein de la partie consacrée aux œuvres de Mari,
l’année 2010 a permis d’achever la restauration, à Damas, de
la statue vouée pour la vie du roi Ikou-Shamagan, datant du
milieu du IIIe millénaire avant J.-C. Retrouvée en plusieurs
fragments, cette pièce avait été remontée à l’époque de la découverte ; les yeux et le nez, manquants, avaient été refaits.
Outre l’aspect disgracieux de cette reconstruction et sa relative incohérence avec ce que nous connaissons des visages des
hommes de Mari, la statue dans son ensemble présentait un
aspect heurté dû à la mauvaise qualité de bouchages effectués à
la hâte, du vieillissement de leur matériau et de l’encrassement
de surface résultant d’un manque de protection et de manipulations par le public.
La restauration a été faite par Sabine Kessler et Julie AndréMadjlessi. Deux campagnes ont permis de procéder à l’ensemble des traitements. L’intervention de 2009 s’est focalisée
sur la restauration du corps par nettoyage, reprise et remise à
niveau des bouchages. Outre la lisibilité générale de l’œuvre,
ces opérations ont permis de retrouver certains détails, tels
que des signes d’écriture de l’inscription dorsale, malencontreusement oblitérés par les anciens remontages. L’année
2010 s’est attachée à la délicate question du visage, pour laquelle il a été décidé de procéder en plusieurs étapes : étude
puis dérestauration suivies d’une réflexion sur la question de
l’opportunité d’une nouvelle reconstitution une fois l’état historique retrouvé.
Pour que la décision de dérestaurer le visage puisse être prise,
il fallait pouvoir assurer aux responsables qu’une reconstitution
plus conforme aux standards formels de Mari serait possible au
cas où il serait décidé de ne pas laisser l’œuvre dans l’état qui
était le sien au moment de la découverte. Dans la mesure où ce
chef-d’œuvre est connu sous cette forme dans le monde entier
et sert de référence à de nombreuses études, l’idée de le modifier pouvait en effet sembler effrayante. Néanmoins, après
concertation, il a été décidé de procéder à la dérestauration
du visage, qui a retrouvé son état historique, marqué par les
stigmates du massacre des statues consécutif à la destruction
Statue vouée pour la vie d’Ikou-Shamagan roi de Mari, par Shiboum. état de
Statue vouée pour la vie d’Ikou-Shamagan, roi de Mari. Après reconstruction du
l’œuvre après dérestauration (musée national de Damas)
visage à partir des points d’accroche du nez et des narines retrouvés lors de la
Programme suivi par Sophie Cluzan et Muyassar Fatteh,
conservateur du département des Antiquités orientales
du musée de Damas
Restauration : Sabine Kessler et Julie André-Madjlessi
Statue vouée pour la vie du roi Ikou-Shamagan par Shiboum
Mari, temple de Ninni-zaza, époque des Dynasties archaïques,
vers 2400-2350 avant J.-C.
Albâtre, lapis-lazuli (sourcils). H. 1,12 m
Fouilles André Parrot, 1952
Damas, musée national (m. 2382)
180
dérestauration.
Restaurations
de la ville par les armées d’Akkad, vers 2300 avant J.-C. Par la
suite, le souci de voir l’œuvre reprendre un aspect connu l’a
emporté et le visage a donc été reconstitué. Dans cette voie,
nos travaux ont été guidés par les heureux résultats obtenus
grâce à la dérestauration, qui avait remis au jour les bords des
cavités oculaires, l’accroche supérieure du nez, ainsi que celle
de chacune des narines. Grâce également aux études préalables
par infographie, ces éléments structurants des traits du visage
ont permis d’en proposer une reconstitution au plus près de ce
qu’il a pu avoir été, tout en redonnant à la sculpture une allure
proche de celle qui fut la sienne depuis la découverte.
S. Cluzan
 As part of its ongoing cooperation with the Syrian Department of
Antiquities and Museums, the Louvre Department of Oriental Antiquities is
carrying out a programme of examination and restoration of the Museum’s
more emblematic pieces originating in Syrian sites. Discovered at Mari in
several fragments, the statue dedicated for the life of King Iku-Shamagan
(mid-3rd millennium bc) was reassembled when it was found, and the
missing eyes and nose were reconstructed. Apart from the tasteless
reconstruction and its lack of correspondence with the known faces of the
people of Mari, the statue’s uneven appearance was due to the poor quality
of the filled areas, the ageing of the material used, and the surface dirt.
Sabine Kessler and Julie Madjlessi carried out the restoration work in two
phases, which enabled certain details to be uncovered, such as the traces
of writing of the inscription on the back, unfortunately obliterated by
previous attempts at reassembly. With the aim of restoring a natural
appearance to the work, the face was reconstructed. An attentive cleaning
procedure and corrective restoration has revealed the edges of the ocular
cavities, the upper nasal joint, as well as the joints for each nostril.
Programme de conservation
préventive et de restauration
des tablettes cunéiformes
Programme suivi par Béatrice André-Salvini
Restauration : Anne Liégey et Anne Courcelle,
Béatrice Dubarry-Jallet, Sandrine Gaymay,
Jeanne-Marie Sornay-Setton
Quelque trente tablettes cunéiformes ont été restaurées
selon la méthode mise en place il y a quelques années (voir
« Travaux de recherche »). Le programme respecte les priorités
définies : séries en cours d’étude (notamment les textes protoélamites) ; poursuite du projet de restauration systématique des
tablettes ayant subi des dommages pendant la Seconde Guerre
mondiale par suite de mauvaises conditions de conservation,
puis restaurées de façon provisoire dans les années 1960-1970 : en
2010, les restaurations effectuées ont concerné essentiellement
des tablettes littéraires sumériennes (TCL XV) et l’achèvement de
la correspondance de Hammurabi avec Šamaš-hâsir (TCL VII).
B. André-Salvini
 About 30 cuneiform tablets were restored using a method established
several years ago (see “Research Projects”). The programme respects
certain preset priorities: the series currently being examined (proto-Elamite
texts in particular); a systematic restoration project for the tablets damaged
during World War II and now in poor condition owing to temporary
restoration attempts during the period 1960–70: in 2010, restoration work
carried out by Anne Liégey and Anne Courcelle, Béatrice Dubarry-Jallet,
Sandrine Gaymay, and Jeanne-Marie Sornay-Setton, focused principally on
Sumerian literary tablets (TCL XV), and the completion of Hammurabi’s
correspondence with Šamaš-hasir (TCL VII).
Liste divine sumérienne, département des Antiquités orientales (AO 5376
Liste divine sumérienne, département des Antiquités orientales (AO 5376
[TCL XV, 10]), face
[TCL XV, 10]), revers
181
Vie des collections
Restauration de la statue
de l’intendant de la ville de Mari,
Ebih-il
Programme suivi par Sophie Cluzan
Restauration : Sabine Kessler
Statue d’Ebih-il, intendant de Mari
Mari, temple d’Ishtar, époque des Dynasties archaïques,
vers 2400-2250 avant J.-C.
Albâtre, lapis-lazuli, calcite, bitume. H. 52 cm
Fouilles André Parrot, 1934
Département des Antiquités orientales (AO 17551)
La statue de l’intendant Ebih-il a été restaurée à diverses
reprises depuis sa découverte. Ce sont d’abord les deux morceaux, tête et corps, qui ont été recollés lors de la trouvaille,
alors que des bouchages rendaient à l’œuvre son économie
générale. Dans les années 1960, les deux jambes du personnage, rapportées dans des cavités aménagées sous le jupon,
ont été retirées. En 2010, la restauration entreprise par Sabine
Kessler avait pour objet de vérifier l’état général de la statue et
d’en améliorer la lecture, gênée par l’évolution des anciennes
restaurations. Cette intervention fut également déterminante
pour observer les éléments susceptibles de raconter son histoire depuis sa création.
Un relevé en 3D a été effectué par les ateliers de la Réunion
des musées nationaux pour permettre la confection d’un
moule de l’œuvre, celle-ci ne pouvant supporter le contact
des matériaux nécessaires à la prise directe d’empreinte. Une
reproduction tirée de ce moule a ensuite été déposée en Syrie,
à Mari, au Centre des visiteurs du site, inauguré à l’occasion du
soixante-quinzième anniversaire de la découverte par André
Parrot. En collaboration avec la Direction des antiquités et des
musées de Syrie et la mission archéologique française de Mari,
cette action participe de la coopération qu’entretient le département des Antiquités orientales du Louvre avec les services
patrimoniaux syriens. Un des axes de ces actions est la mise
en valeur des sites archéologiques dont le Louvre conserve des
collections.
S. Cluzan
 The statue of the Superintendent Ebih-il has been restored several
times since its discovery. The 2010 restoration undertaken by Sabine
Kessler aimed to determine the general condition of the statue, and to
improve its legibility, which was hindered by previous interventions.
To this end a 3D scan was performed by the RMN (French national
museums body) to create a mould of the work, as the piece itself was too
frail to make a cast from. A replica made from this mould was then sent to
Mari, in Syria.
Restauration d’un ensemble
d’éléments d’incrustation en nacre
de Mari
Programme suivi par Sophie Cluzan
Restauration : Sabine Kessler et Julie André-Madjlessi
Éléments d’inscrustation en nacre
Mari, temple d’Ishtar, époque des Dynasties archaïques,
vers 2400-2250 avant J.-C.
Nacre
Département des Antiquités orientales (AO 26005)
182
Statue de l’intendant de Mari, Ebih-il, après restauration. Les restaurations
Élément d’incrustation en nacre, fragment de personnage, département des
restent perceptibles sans gêner la lecture de l’œuvre
Antiquités orientales (AO 26005)
Restaurations
De nombreux éléments d’incrustation ont été retrouvés à Mari.
Taillés dans de la nacre, ces petits éléments plats aux détails
incisés étaient assemblés pour représenter différentes scènes.
La collection conservée dans les réserves du département a été
restaurée pour en garantir la conservation, la nacre ayant tendance à se déliter. Les nacres ont été consolidées et certaines
recollées par Sabine Kessler et Julie André-Madjlessi. Dans une
perspective de conservation préventive, un conditionnement
spécial a été conçu : chaque élément est encadré par un carton
neutre, un papier transparent retenant le tout.
S. Cluzan
 Many examples of inlaid work were excavated at Mari, consisting of
small flat elements of mother-of-pearl with incised details, assembled to
compose figurative scenes. The Department’s collection of these items has
undergone a conservative restoration, as this material tends to disintegrate.
The items were therefore consolidated, and some of them were glued in
place by Sabine Kessler and Julie Madjlessi. To ensure their conservation,
each element has been fixed to a neutral card support, and overlaid with
transparent paper.
Campagne de restauration
de la céramique peinte de Suse I
et petites jarres. Deux objectifs ont été poursuivis : restaurer
au mieux les plus beaux exemplaires qui devaient être prêtés,
jusqu’à les démonter et remonter entièrement et commencer à
traiter systématiquement le corpus des coupes pour en assurer la
conservation. Les principales interventions ont été le nettoyage,
la reprise des anciens collages et le collage de fragments épars.
A. Benoit
 A restoration programme for the painted ceramics of Suse I (late 5th
millennium bc) was undertaken in 2009–10 with two goals in mind: to
restore the finest examples intended for loan, and to begin a systematic
treatment of the collection of cups to ensure their conservation. The main
interventions involved cleaning each item, the stabilisation of the previously
glued areas, and the gluing of assorted fragments.
Opération de conservation
préventive sur la collection
d’empreintes antiques
Programme suivi par Françoise Demange
Restauration : Anne Liégey, Amélie Méthivier
Une campagne de restauration de la céramique peinte de Suse I
(fin du Ve millénaire avant J.-C.) a été entreprise en 2009-2010,
à l’occasion de nombreux prêts à des expositions. Le musée du
Louvre est riche d’une collection de plus de mille pièces plus
ou moins complètes, issues des fouilles menées à Suse par des
équipes françaises à partir de la fin du xixe siècle. Les récipients
peuvent se classer en trois formes principales : boisseaux, coupes
Un ensemble de trois cent cinquante scellements et bulles en
argile crue portant des empreintes de cachets ou de sceauxcylindres complète la collection de sceaux. Outre l’intérêt de
leur iconographie, ces scellements, qui servaient à sécuriser les
fermetures de ballots de marchandises ou les portes d’entrepôts, fournissent de précieuses indications sur l’organisation de
la gestion des échanges ; ces œuvres, particulièrement fragiles,
sont très fréquemment consultées par les chercheurs. L’opération de conservation préventive (dépoussiérage, dessalement,
refixage, consolidation) qui a débuté en 2006 s’est terminée en
2010. Elle a aussi consisté en un reconditionnement qui, isolant
chaque empreinte, évite le moindre petit entrechoquement.
F. Demange
Coupe peinte de Suse, époque de Suse I, département des Antiquités orien-
Tablette portant les empreintes d’un sceau-cylindre (défilé de caprinés),
tales (Sb 23389)
département des Antiquités orientales (Sb 1978 bis)
Programme suivi par Agnès Benoit
Restauration : Anne-Sophie Drouet, Sandrine Gaymay,
Jeanne-Marie Sornay-Setton et Fabienne Dall’Ava
183
Vie des collections
 The Department’s collection comprises an ensemble of 350 unfired-clay
fastenings and seals bearing the imprints of stamps or cylinder-seals. Besides
the iconographical interest of these devices—which were used for sealing
bundles of merchandise, or the doors of warehouses—they also provide
precious information on how trade was organised and conducted, and are
therefore frequently consulted by researchers. Such items are particularly
fragile, and preventive conservation work (dust-removal, desalination, fixing,
and consolidation) was carried out from 2006 to 2010, which included the
careful containment of each imprint to protect them from jolts and abrasion.
Restauration d’œuvres des musées
d’Arabie Saoudite, dans le cadre
de l’exposition « Routes d’Arabie »
Programme suivi par Françoise Demange
Restauration : Daniel Ibled, Anne Liégey, Nathalie Bruhière,
Anne Portal, Christine Pariselle, Béatrice Amadei
La Direction des antiquités du royaume d’Arabie Saoudite
nous a confié, dans le cadre de l’exposition « Routes d’Arabie »,
la restauration de trois grands colosses en grès représentant des
souverains du royaume de Lihyân dans le Hijaz (ive siècle avant
J.-C.). Depuis leur découverte très récente, ces statues de près
de 4 mètres de haut étaient restées en l’état. Leur nettoyage
minutieux a mis en évidence une polychromie qui confirme
l’importance de l’influence égyptienne sur l’école de sculpture
du Hijaz. La restauration a aussi permis de restituer à l’une sa
tête et à une autre ses pieds chaussés de sandales.
La restauration de quatre plaques de peintures murales provenant de la cité caravanière de Qaryat al-Faw (iiie siècle avant
J.-C. – iiie siècle après J.-C.) ainsi que le « bichonnage » de deux
cents œuvres antiques ont aussi été menés à bien.
F. Demange
 In the framework of the exhibition “Routes d’Arabie” (Roads of
Arabia), the Kingdom of Saudi Arabia’s Department of Antiquities entrusted
the Department with the restoration of three colossal sandstone statues
representing kings of the Kingdom of Lihyan (Hejaz). This operation
revealed the use of polychrome, confirming the Egyptian influence on the
Hejaz school of sculpture, and enabled the restoration of the head of one
colossus and the feet of another. Four panels of wall paintings from the
caravan city of Qaryat–al Faw were also restored, and the 200 exhibits were
subjected to thorough cleaning.
Restauration d’un support ajouré en
terre cuite (Syrie)
Programme suivi par Élisabeth Fontan
Restauration : Delphine Bienvenut, Christine Pariselle et,
au C2RMF, Noëlle Timbart
Support ajouré
Syrie, IIe millénaire avant J.-C.
Terre cuite. H. 82 cm
Département des Antiquités orientales (AO 20572)
Ce support avait déjà fait l’objet de une ou deux restaurations,
comme en témoigne l’utilisation de deux types d’adhésifs et
d’un mastic. Des décalages dans les collages, des positionnements approximatifs des tessons et des bouchages débordants
ont été constatés, ainsi que de nombreux manques. Après un relevé précis du positionnement de chaque tesson et sa numérotation, l’œuvre a été entièrement démontée à l’aide d’un solvant
préconisé par le C2RMF (non toxique ni pour l’œuvre ni pour
les intervenants). Le nettoyage de tous les tessons et particulièrement des plans de collage a précédé le remontage à blanc, après
quoi le collage a été effectué au moyen d’un adhésif approprié.
Des bouchages ont été effectués pour renforcer la structure ou
améliorer l’esthétique, suivis d’une retouche colorée.
É. Fontan
Statue de Lihyân en cours de restauration au musée du Louvre (2010), univer-
184
sité du Roi-Saoud, musée du département d’Archéologie (140D4)
 This support has been restored several times. It was observed that there
were gluing discrepancies, approximate repositioning of the shards, overfilled
areas, and numerous missing parts. The work was entirely dismantled using a
solvent recommended by the C2RMF (Centre for Research and Restoration of
the Museums of France); the reassembly was carried out with the appropriate
adhesive. Certain parts were filled to reinforce the structure, or to improve the
aesthetic aspect, followed by coloured retouching.
Restaurations
Autres œuvres restaurées en 2010
Outre les opérations portant sur des collections entières ou faisant l’objet d’un programme de conservation préventive ou
de restauration suivi et systématique, des interventions ponctuelles ont eu lieu sur des objets fragiles, devant être exposés
ou prêtés dans le cadre d’une exposition temporaire. Il s’agit
principalement des objets ou des opérations suivants :
– vases en pierre de Tello (fin IVe – début IIIe millénaire avant
J.-C.) : démontage, nettoyage, dessalement, remontage, en
vue d’une nouvelle présentation dans les salles (conservateur :
Françoise Demange ; restauratrice : Christine Pariselle) ;
– verres de Syrie-Palestine : consolidation et restauration de
perles et d’amulettes pour le catalogue raisonné de ArveillerDulong (V.) et Nenna (M.-D.), Les Verres antiques du musée du
Louvre, vol. 3, Paris, Musée du Louvre éditions et Somogy, 2011
(conservateur : Élisabeth Fontan ; restauratrice : Juliette Dupin) ;
– un sarcophage parthe (Sb 23470) : remontage et consolidation (conservateur : Agnès Benoit ; restauratrice : Fabienne
Dall’Ava) ;
– stèle de Tayma (AO 1505) : pour l’exposition « Routes
d’Arabie. Archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite » : nettoyage et consolidation (conservateur : Françoise
Demange ; restauratrice : Anne Portal) ;
– sarcophage dit « de la reine Saddan », venant du tombeau
des Rois à Jérusalem (AO 5029), pour l’exposition d’inauguration du musée d’Israël : bouchage d’éclats (conservateur :
Élisabeth Fontan ; restaurateur : Daniel Ibled) ;
– présentation d’un tissu de jarre de Qumran, pour une exposition sur Qumran à la Bibliothèque nationale de France (conservateur : Élisabeth Fontan ; restauratrice : Claire Beugnot) ;
– un bandeau d’or d’Enkomi (AO 18625) pour l’exposition
sur Chypre à Hildesheim (conservateur : Élisabeth Fontan ; restauratrice : Isaure d’Avout-Greck) ;
– études de protection des reliefs du palais de Darius à Suse
en vue des travaux prévus en 2011 pour la construction de
deux escaliers de part et d’autre de la crypte Marengo, lesquels
vont entraîner des nuisances (en particulier des vibrations)
dangereuses pour les œuvres conservées dans les salles proches
du chantier ; certains reliefs en brique seront déposés, d’autres
(frise des Lions, frise des Archers Dieulafoy) demeureront en
place et devront être protégés par un coffrage (conservateurs :
Béatrice André-Salvini, Françoise Demange ; restaurateur :
Daniel Ibled).
B. André-Salvini
Restauration d’un support ajouré, département des Antiquités orientales
(AO 20572)
 Besides operations focusing on entire collections, or forming part of a
programme of preventive conservation or thorough systematic restoration,
certain specific interventions were carried out on particularly fragile objects
due to be exhibited or loaned for temporary exhibitions.
185
Vie des collections
Antiquités égyptiennes
Conformément aux accords passés avec le musée national de Khartoum (Soudan),
qui prêtait près de la moitié des œuvres présentées à l’exposition « Méroé. Un
empire sur le Nil », les restaurations engagées à la fin 2009 et au début 2010 ont
concerné essentiellement ces objets, sur lesquels les interventions allaient du simple
bichonnage à des restaurations, des analyses et études très poussées, pour lesquelles
la collaboration avec le C2RMF a été décisive.
Par ailleurs, les interventions sur les collections du département ont porté comme
chaque année sur les œuvres en cours d’étude, ou destinées à des expositions, ou
encore s’inscrivant dans une politique de conservation-restauration systématique
de certaines séries. C’est ainsi que deux campagnes pluriannuelles de conservation
de tissus et papyrus coptes (dépoussiérage, démontage et conditionnement) ont été
poursuivies. Le C2RMF accueille régulièrement ces travaux et y collabore : vingtdeux œuvres ont été restaurées dans les ateliers de Flore et dix campagnes d’examens
et d’analyses y ont été conduites.
Les deux exemples d’interventions présentés ci-après illustrent les problématiques
et les réponses suggérées par des œuvres en cours d’étude.
G. Andreu-Lanoë
 In accordance with the agreements made with the Sudan National Museum (Khartoum),
which loaned almost half the works displayed in the “Meroë” exhibition, the restorations carried
out at the end of 2009 and the beginning of 2010 mainly related to these exhibits. The interventions
ranged from simple smartening up to in-depth restorations, analyses, and examinations, for which
the collaboration of the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France)
was essential.
In addition, the interventions on the Department collections focused—as they do each year—on
works currently being examined, those intended for exhibitions, or those that are part of the policy
of systematic conservation and restoration of certain groups. This led to the implementation of two
long-term programmes for the conservation of Coptic fabrics and papyri (dust removal, dismantling,
and packing). The C2RMF regularly hosts and collaborates on these projects: 22 works were
restored in the Flore workshops, where 10 phases of examinations and analyses were conducted.
The two examples of interventions presented here illustrate the problems and the suggested
solutions applied to works that are currently being studied.
186
Restaurations
Le cas de la statue du scribe Khay
Restauration : Sophie Duberson, restauratrice au département des Antiquités égyptiennes
Statue-cube naophore du scribe Khay
Égypte, Nouvel Empire, époque ramesside
Calcaire. 65 cm 5 33 cm 5 36,5 cm
Département des Antiquités égyptiennes (E 136 / A 110)
La conservation-restauration de la statue-cube naophore en
calcaire du scribe Khay présentée dans la salle 28 du département des Antiquités égyptiennes a été entreprise en 2010 à
la demande de Christophe Barbotin, conservateur, avant sa
publication dans le volume 2 du catalogue sur la statuaire du
Nouvel Empire.
Il s’agit d’une statue-cube représentant Khay, scribe administrateur de l’armée à l’époque ramesside, assis, bras croisés,
les jambes repliées devant lui et le corps enveloppé dans un
manteau. Il présente devant lui un naos avec la représentation
du babouin Thot coiffé du disque lunaire.
L’œuvre montrait un état de surface encrassé, au point qu’un
nettoyage devait être envisagé avant sa prise de vue. Le traitement de conservation-restauration effectué a donc eu pour
objectif de rétablir la lisibilité de l’œuvre par un nettoyage modéré, destiné à mettre en valeur le relief sans dénaturer l’objet.
Ce type d’intervention de restauration élémentaire est l’occasion maintes fois répétée d’engager une observation approfondie des œuvres qui, bien qu’entrées dans nos collections
depuis des décennies, ne sont pas techniquement connues
avec précision.
Le retrait de la couche superficielle de salissure, accumulée au
cours d’années de stockage au musée (puisqu’elle recouvrait les
anciens bouchages de restaurations), a été obtenu grâce à une
méthode de nettoyage chimique consistant à appliquer sur la
surface un cataplasme confectionné à base d’eau déminéralisée
et d’argile. La pâte de nettoyage est composée d’un volume de
Méthylcellulose, de deux volumes de pulpe de papier (Arbocel®)
et de trois volumes de sépiolite (argile), additionnés d’eau déminéralisée. Ce procédé, contrôlé et inerte, est adéquat en raison de
la bonne cohésion de l’épiderme de la pierre. Il permet de laisser l’eau suffisamment en contact avec la salissure pour que sa
dissolution se produise, tout en limitant la quantité de liquide
appliquée et par conséquent sa pénétration au sein de la pierre.
L’action du cataplasme doit être ensuite complétée par une action mécanique douce, effectuée à l’aide d’un bâtonnet de coton
humidifié pour éliminer les résidus de salissure, notamment dans
les creux du relief.
Le nettoyage a facilité l’examen structurel de l’œuvre. La
sculpture nous est alors apparue fortement morcelée, fracturation résultant d’une ancienne intervention. Grâce à la fiche
documentaire de l’objet qui en fait mention, nous savions,
sans plus de précision, que la pièce avait été « immergée dans
un bain d’eau pour être nettoyée ». Au cours de cette opération, le monolithe de calcaire s’était brisé en deux blocs principaux et de nombreux fragments secondaires.
Les restaurateurs d’alors ont engagé un travail complexe de
collage et de remontage, en insérant notamment dans l’œuvre
des armatures métalliques. Cette méthode efficace est de nos
jours réservée aux cas les plus lourds, en raison du traumatisme
subi lors de la perforation. Notre travail a consisté à documenter ces interventions en collectant nos observations dans un
rapport de traitement. Nous avons choisi de ne pas procéder à
une dérestauration de la sculpture, en raison des risques qu’aurait fait courir un démontage. Pour l’heure, le montage est sain
et nous jugeons possible de nous fier à la résistance des assemblages, bien que l’absence de renseignements concernant la
nature des matériaux employés nous oblige à rester vigilants
quant au vieillissement de ce bloc restructuré. L’absence de documentation ancienne gêne nos interventions, car la connaissance des matériaux employés est déterminante pour les choix
de traitement (connaissance du mode de vieillissement des adhésifs, corrosion des parties métalliques). Depuis une trentaine
d’années, une part considérable du travail des restaurateurs est
employée à la documentation des interventions.
Parallèlement, la conservation de restitutions anciennes
en plâtre de parties manquantes, révélées par le nettoyage, a
Statue du scribe Khay en cours de restauration
Relevé des altérations
187
Vie des collections
Dans un premier temps, le nez hypothétique restitué en
plâtre du babouin a été enlevé. Nous avons alors découvert un
plan de cassure droit et retaillé, percé en son centre d’un trou
circulaire destiné à accueillir une cheville en bois de soutien.
Ce trou peu compréhensible après l’élimination des ajouts a
été bouché. Renseignés par cette première expérience, nous
avons décidé de conserver la partie refaite du visage de Khay,
car nous avons supposé que la cassure avait subi le même traitement. La conservation de cette « prothèse », motivée principalement par des considérations d’ordre esthétique, nous a
paru justifiée dans la mesure où la réintégration est identifiable
grâce à un matériau et à un traitement différents de ceux de
l’original. Afin de respecter les principes déontologiques attachés à la conservation, cette opération a été largement documentée et est bien entendu réversible.
Cette intervention est une parfaite illustration des opérations de conservation-restauration qui sont entreprises en
interne au sein du département. Elle témoigne de l’intérêt que
présente l’entretien permanent des œuvres. Si la collection se
révèle esthétiquement au gré des restaurations, si sa signification culturelle s’accroît à chaque intervention, sa connaissance s’enrichit également au fil des observations techniques
permises par les examens approfondis des œuvres. Ces observations sont ensuite utilisées lors des manipulations ou bien
collectées pour aboutir à une meilleure connaissance de la
mise en œuvre des œuvres.
S. Duberson
Statue du scribe Khay après restauration
188
donné lieu à de nombreuses discussions, illustrant les choix
de traitement possibles dans le domaine de la restauration des
œuvres d’art.
La sculpture est quasi complète. Pourtant, des parties capitales pour l’uniformité de l’œuvre sont manquantes, comme
l’extrémité du museau du babouin ou une partie du visage de
Khay, comprenant le nez, la partie inférieure de l’œil dextre, le
sillon naso-labial et la lèvre supérieure.
En l’absence de documentation de référence sur la forme des
éléments originaux, on ne peut théoriquement se substituer
à l’artisan et refaire empiriquement un manque qui pourrait
sembler authentique et prêter à confusion.
Toutefois, les œuvres présentées dans les salles du musée
doivent rester lisibles et uniformes pour les visiteurs peu enclins à apprécier un visage mutilé si les plans de cassure sont
retaillés, plans et inesthétiques. Cette question a donc été examinée avec le conservateur pour aboutir à un choix de présentation privilégiant l’unité de la sculpture.
 The intervention on the statue of the scribe Khay was commenced in
2010, on the request of the curator Christophe Barbotin, before its
publication in the catalogue on the statuary of the New Empire (volume 2).
Upon cleaning the surface with a poultice of demineralised water and
clay, and the application of a gentle mechanical treatment with a damp
cotton bud, serious splits came to light. We knew that the monolith had
broken into two main blocks and several fragments during previous
cleaning work. At that time, the restorers had reassembled the statue, and
had inserted metal armatures in the work. We decided not to interfere with
this old restoration.
The conservation of the old plaster reconstructions of the missing parts,
revealed by the cleaning, was the subject of much debate. After a test on
the baboon’s reconstructed nose, we discovered a straight fracture plane
that had been reshaped and pierced in the centre with a circular hole
designed to accommodate a supporting wooden dowel. This hole was
filled in, as it was no longer necessary after the removal of the added parts.
After this informative experiment we decided to leave the reconstructed
part of Khay’s face intact, as we suspected the facial fracture had been
treated in the same way. The conservation of this “prosthesis”, which was
motivated by aesthetic considerations, seems justified because the
reintegrated component can be identified by a material and treatment that
are different to the original ones.
Restaurations
Restauration des vases canopes d’Aâ-Kheperkarê-Senbou
Programme suivi par Hélène Guichard
Examens et analyses au C2RMF : Sandrine Pagès-Camagna, Éric Laval
Restauration au C2RMF : Geneviève Delalande, Céline Saunier, sous la supervision de Noëlle Timbart
Vases canopes d’Aâ-Kheperkarê-Senbou
Égypte, Nouvel Empire, XVIIIe dynastie
Terre cuite polychromée. H. 38,5 cm et 39,6 cm
Département des Antiquités égyptiennes (N 834 a et b)
fondamentale des deux pièces ont été confiées à Geneviève
Delalande et Céline Saunier (restauratrices d’œuvres sculptées).
Les examens et analyses, orientés par l’étude préalable et
menés par Sandrine Pagès-Camagna et Éric Laval au département Recherche du C2RMF (examen sous lumière ultraviolette, diffraction de rayons X, spectrométrie de fluorescence de
rayons X et tests microchimiques), ont livré une étude complète de la couche picturale posée après cuisson (préparation à
base de gypse et de huntite – carbonate double de calcium et
de magnésium – et couche picturale mettant en œuvre les pigments traditionnels de la palette du Nouvel Empire, avec une
mention spéciale pour l’utilisation de sulfure d’arsenic, c’està-dire d’orpiment pour le jaune acide des carnations et des
rayures des perruques). Ils ont permis en outre de préciser la
nature des restaurations et des surpeints modernes, stigmatisés
en particulier par la présence de différents pigments modernes
à base de plomb comme la cérusite (carbonate de plomb).
Après une étude préalable profitablement étayée par les
résultats d’analyse, les deux restauratrices ont élaboré, à la
demande du DAE, un protocole incluant la dérestauration
des interventions modernes. En effet, sous la crasse muséale,
les badigeons modernes, surpeints, renforts de plâtre et résidus de colle, l’aspect authentique et la polychromie originale
des deux vases canopes n’étaient plus lisibles et les Hapi et
Qebehsenouf du musée de Champollion avaient triste figure.
Le traitement s’est déroulé entre août et décembre 2010 dans
les ateliers d’archéologie du C2RMF au pavillon de Flore, sous
la supervision de Noëlle Timbart (conservateur dans la filière
archéologie du département Restauration). Grâce à ces interventions, l’apparence des vases est aujourd’hui considérablement
Dans sa Notice descriptive des Monumens égyptiens du Musée
Charles X publiée en 1827, Champollion le Jeune, conservateur des Antiques du Musée royal du Louvre, signale à l’attention du visiteur, sous les numéros S 35 et S 36 de la salle
funéraire, deux « vases funéraires » en terre cuite peinte, sans
plus de commentaire. Il renvoie néanmoins le lecteur aux
notices D 26 et D 27 de la salle civile, où, dans la section « Statuettes, figurines et amulettes représentant des rois égyptiens »,
figurent ces deux mêmes vases avec la mention « Vases funéraires relatifs à un prêtre du pharaon Thoutmosis Ier, second
roi de la XVIIIe dynastie ». En effet, les deux vases canopes
appartiennent à un personnage nommé Aâ-Kheperkarê-Senbou, premier prêtre du ka de Thoutmôsis Ier, c’est-à-dire prêtre
chargé du culte funéraire de ce pharaon défunt. Des quatre
vases canopes qui contenaient communément les viscères
momifiés d’un individu, il n’en demeure ici que deux : les inscriptions hiéroglyphiques gravées en quatre colonnes sur la
panse des deux objets indiquent notamment qu’ils sont placés
respectivement sous la protection de Hapi (celui des quatre fils
d’Horus qui veillait sur le foie) et de Qebehsenouf (protecteur
des intestins). Les bouchons des deux vases représentent une
tête masculine coiffée d’une perruque enveloppante qui dégage les oreilles.
Exposés au musée Charles X, ces vases avaient ensuite
été remisés en réserve : l’un des deux fut brisé et remonté
à une époque non déterminée ; tombés dans l’oubli, ils
n’étaient plus visibles depuis
plusieurs décennies. Les actuels travaux de recherche
de Sylvie Guichard (ingénieur d’étude au département
des Antiquités égyptiennes)
consacrés à la première collection égyptienne exposée
au Louvre, et qui trouveront
leur aboutissement dans la
réédition prochaine de la
Notice descriptive de Champollion, ont permis de retrouver et d’identifier ces deux
canopes, noircis, poussiéreux
et grossièrement recollé pour
l’un d’eux. À cette occasion,
Vue du dessus de l’un des deux bouchons en cours de
un programme d’étude et de
nettoyage : à gauche, la couche picturale, refixée et
restauration a été lancé par le
débarrassée de son encrassement, retrouve ses couleurs
département des Antiquités
d’origine
égyptiennes (DAE) avec le
concours du C2RMF. L’étude
Vase après dérestauration (démontage et élimination des bouchages, enduits et badigeons modernes) et en cours de
préalable et la restauration
montage « à blanc », sans colle et avec du ruban adhésif
189
Vie des collections
d’apprécier les teintes d’origine, notamment les colonnes
d’inscriptions anciennement bleues sur fond rouge, ressortant
sur le fond clair des panses, et le contraste coloré entre le bleu
vif et le jaune doré des perruques. Par ailleurs, le démontage
du vase brisé et anciennement recollé a permis un remontage
soigné et discret respectant l’objet et complété par le comblement des quelques lacunes les plus gênantes pour la lisibilité
de l’ensemble.
Cette opération très complète sur les vases canopes d’AâKheperkarê-Senbou a pu être effectuée à l’occasion d’un travail
de recherche mené sur les collections et a mis en évidence le
bénéfice d’une collaboration fructueuse et irremplaçable entre
les égyptologues du département, le personnel scientifique du
C2RMF et les restaurateurs.
H. Guichard
Les deux vases canopes avant intervention (des fenêtres de test sont visibles)
améliorée. Outre les impératifs de conservation, aujourd’hui
mieux assurée par l’élimination des matériaux modernes non
appropriés et par la consolidation des vestiges de polychromie
originale en soulèvement généralisé sur les deux bouchons,
l’opération visait à rendre aux objets un aspect plus proche de
leur état archéologique et à remettre en valeur leur véritable
nature, celle de vases de terre cuite conçus par l’artisan égyptien pour s’apparenter à leurs cousins de calcaire ou de calcite,
plus fréquents. Malgré les lacunes et les altérations inévitablement liées au temps, il est à nouveau loisible au spectateur
190
Les deux vases canopes après restauration
 Of the four Canopic jars belonging to Aā-Kheperkare-Senbu—first
priest of the ka of Thutmose I—only two remain, which according to the
engraved hieroglyphic inscriptions, indicate that they were respectively
placed under the protection of Hapi (who protected the liver, and was one
of Horus’s four sons), and under the protection of Qebehsenuef (protector
of the intestines).
Exhibited in the Musée Charles X, these jars had then been placed in
storage, where one of them was broken and reassembled at an unknown
date. The current research work being carried out by Sylvie Guichard
(research engineer at the DAE, the Department of Egyptian Antiquities)
consecrated to the first Egyptian collection exhibited in the Louvre—the
conclusions will appear in the future republication of Champollion’s Notice
descriptive (Descriptive Catalogue)—enabled these two Canopic jars to be
located and authenticated, as they were blackened and dusty, and one of
them was poorly repaired.
On this occasion, the DEA (Department of Egyptian Antiquities) launched
a programme of study and restoration in collaboration with the Centre de
Recherche and Restauration des
Musées de France (Centre for
Research and Restoration of the
Museums of France). Geneviève
Delalande and Céline Saunier
(restorers of sculpture works) were
entrusted with the preliminary
study and the major restoration of
these two objects.
Apart from conservation requirements, which, today, involve the
elimination of inappropriate modern materials and the consolidation
of the remnants of the original polychrome which was generally
detached on the two covers, the
operation restored the objects to
their archaeological state and revealed their true nature—that of
terracotta vases designed by Egyptian craftsmen to resemble their
more common limestone or calcite
counterparts.
Restaurations
Antiquités grecques, étrusques et romaines
Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines a engagé différentes
campagnes pluriannuelles de restauration dans le cadre du redéploiement de ses
salles ou à l’occasion d’expositions. On citera les cinq chantiers principaux qui
concernent les objets d’art grec classique et hellénistique (préparation des salles
inaugurées en juillet 2010), les moulages en plâtre (gypsothèque du Louvre à
Versailles), les objets d’art étrusque et romain (préparation du réaménagement des
salles), projet qui compte un chantier particulier, celui des mosaïques romaines,
et les sculptures des anciennes collections royales et princières (préparation de
plusieurs expositions).
En 2010, ce programme de restauration a porté sur cent soixante-seize œuvres.
Il a vu l’achèvement de la campagne de restauration importante commencée il y
a plusieurs années pour les objets redéployés dans les nouvelles salles d’art grec
classique et hellénistique, avec notamment la spectaculaire restauration de la
Vénus de Milo. Commencée en 2004 pour sauver les grands moulages à remonter,
la campagne de restauration en cours pour la gypsothèque du musée du Louvre à
Versailles a connu une étape décisive en 2010 avec la restauration et le remontage
des reliefs dits de la Geste de Trajan. Une campagne d’une ampleur sans précédent a
pour ambition de restaurer les objets d’art étrusques et romains sélectionnés pour
un projet muséographique qui devrait aboutir dans les années 2015-2017 et pour
les salles qui seront consacrées à l’Orient méditerranéen à l’époque romaine (OMER,
ouverture prévue en 2012), avec en 2010 la restauration du lot important des
mosaïques d’Antioche. Le département a également poursuivi par la restauration des
objets la préparation de trois grandes expositions prévues en 2011 (« Richelieu » au
printemps 2011 à Orléans, Tours et Richelieu ; « Au royaume d’Alexandre le Grand.
La Macédoine antique » à l’automne 2011 au Louvre ; « Les Borghèse et l’Antique » à
la villa Borghèse à Rome de décembre 2011 à avril 2012).
J.-L. Martinez
 The Department of Greek, Etruscan, and Roman Antiquities has conducted several long-term
restoration programmes in the framework of the reorganisation of its rooms and exhibitions. There
are five main projects: those that concern classical and Hellenistic Greek objects (preparation of the
rooms inaugurated in July 2010); the plaster moulds (the Louvre’s “gypsothèque” at Versailles); the
Etruscan and Roman objects (preparation for the refitting of the rooms), a project that includes a
specific programme, that of Roman mosaics; and the sculptures from the former royal and princely
collections (preparation of several exhibitions).
In 2010, this restoration programme focused on 176 works. The major restoration programme
begun several years ago was completed: this concerned objects that were reallocated to the new
rooms consecrated to classical and Hellenistic Greek art, and included the spectacular restoration
of the Venus de Milo. The programme began in 2004 to save and reassemble the large moulds, and
a major step was achieved in the restoration programme that is underway for the Louvre’s
“gypsothèque” at Versailles in 2010, with the restoration and the reassembly of the reliefs called
“la Geste de Trajan”. The Department is continuing to prepare the collections for the opening of
the Etruscan and Roman art rooms (project for 2015/16) and for the rooms which will be
consecrated to the Mediterranean East during the Roman Period (OMER, scheduled to open in
2012), with the restoration of the important collection of Antioch mosaics in 2010. The Department
also continued to restore objects for the three major exhibitions scheduled for 2011 (“Richelieu” at
Richelieu, in March 2011 in Tours and Orléans, “Macédoine antique” (Ancient Macedonia) at the
Louvre in the autumn of 2011, and “Les Borghèse et l’antique” (The Borghese and the Antique) at
the Villa Borghese in October 2011).
191
Vie des collections
La restauration des mosaïques d’Antioche
Programme suivi par Cécile Giroire
Étude : Atelier de conservation et de restauration de mosaïques du musée départemental Arles antique,
dirigé par Patrick Blanc (2006-2007)
Restauration : Atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal dirigé par Évelyne Chantriaux (Ma 3442,
Ma 3459 à 3462 et Ma 3464) et Atelier de conservation et de restauration de mosaïques du musée départemental
Arles antique, dirigé par Patrick Blanc (Ma 3457 et Ma 3463)
Mosaïque du Phénix
Daphné, vie siècle après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire. H. 5,73 m ; l. 4,323 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3442)
Fragment de pavement aux perroquets
Daphné, vie siècle après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire, pâte de verre. H. 1,72 m ; l. 1,54 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3459)
Fragment de pavement avec un buste féminin
Daphné, maison du « Bateau de Psyché », iiie siècle après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire. H. 1,145 m ; l. 1,12 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3460)
Fragment de pavement orné d’oiseaux autour d’un vase
Daphné, salle à manger (triclinium) ? d’une maison, 1re moitié du
iiie siècle après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire, pâte de verre. H. 1,81 m ; l. 1,932 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3461)
Fragment de pavement à décor de poissons
Daphné, à proximité de la maison du « Bateau de Psyché », iiie siècle
après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire. H. 1,075 m ; l. 1,96 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3462)
Fragment de pavement à décor de peltes
Daphné, chambre à coucher (cubiculum) ? de la maison du « Bateau de
Psyché », iiie siècle après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire. H. 1,265 m ; l. 0,88 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3464)
Amazonomachie et fragment de bordure géométrique
Daphné, ive siècle après J.-C.
Mosaïque : marbre, calcaire. H. 2,45 m ; l. 4 m
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines (Ma 3457
et Ma 3463)
192
En vue de leur présentation dans de nouveaux espaces muséographiques du musée consacrés à l’Orient méditerranéen
à l’époque romaine, dont l’ouverture est prévue en juin 2012,
les mosaïques d’Antioche conservées au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines ont fait l’objet d’une
campagne de restauration fondamentale entreprise en 2008 et
qui s’achèvera en 2011.
Découverts entre 1932 et 1935 lors de la mission archéologique franco-américaine d’Antioche, ces pavements ou
fragments de pavement de mosaïque avaient été déposés au
moment des fouilles et placés sur un support moderne en ciment tenu par une solide structure métallique. Avec le temps,
ces supports avaient vieilli et présentaient sur leur revers de
nombreuses fissures produites par la corrosion des barres de fer
enchâssées dans l’épaisseur de ciment. Ces fissures atteignaient
dans certains cas la surface de la mosaïque, le tessellatum, composé de petits cubes de marbre, de calcaire et de pâte de verre :
elles suivaient alors les lignes de joint entre les tesselles ou
avaient provoqué, en de rares endroits, la rupture de quelques
tesselles. Par ailleurs, ces supports modernes étaient d’un poids
considérable et rendaient toute manipulation complexe et
délicate. Il fut donc décidé d’entreprendre une campagne de
restauration fondamentale de ce prestigieux ensemble.
La première étape consista à établir un bilan sanitaire général
de la collection de mosaïques afin d’évaluer l’ampleur du travail et son coût. Ce constat d’état a été effectué en 2006-2007
par l’atelier de conservation et de restauration de mosaïques du
musée départemental Arles antique, dirigé par Patrick Blanc,
dans le cadre d’un partenariat qui liait le musée du Louvre et le
musée d’Arles. Un accord-cadre a ensuite été rédigé afin de sélectionner les prestataires compétents pour ce type de restauration. Le premier marché subséquent (2008-2010) a été attribué
à l’atelier de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal
dirigé par Évelyne Chantriaux et concernait six pavements et
fragments de pavement : la mosaïque du Phénix (Ma 3442), les
panneaux avec une personnification (Ma 3460) et un décor de
peltes (Ma 3464) provenant d’une même maison, celui avec un
décor de poissons (Ma 3462), celui orné d’oiseaux autour d’un
vase (Ma 3461), enfin, celui aux perroquets (Ma 3459). Chaque
restauration s’est déroulée en deux temps, changement du support puis traitement du tessellatum.
Le premier, précédé d’un entoilage de la surface de la mosaïque destiné à la protéger, s’effectue de l’envers. Il consiste
d’abord à ôter le support moderne en ciment armé. Ce retrait,
long et minutieux, est opéré progressivement, à la scie circulaire
à disque diamanté d’abord, puis au micro-inciseur lorsqu’on
approche des tesselles antiques. Une fois atteint, le revers du
tessellatum apparaît, avec quelquefois des traces du dessin préparatoire antique à l’ocre rouge. Le jointoiement antique est
conservé dans les zones où il est préservé. Un mortier synthétique chargé de sable sert d’interface entre les tesselles et le nouveau support, une structure en nid d’abeilles d’aluminium de
Retrait du support de ciment sur un des fragments de la mosaïque du Phénix
(Ma 3442)
Restaurations
Détail du revers de la mosaïque avec personnification (Ma 3460)
Mosaïque avec personnification (Ma 3460) sur son nouveau support, avec réintégration
après retrait du ciment ; quelques traces du dessin préparatoire tracé
partielle des lacunes et échantillons pour le choix du mortier de fond
à l’ocre rouge apparaissent dans le visage
50 mm d’épaisseur dont chaque face est revêtue d’un stratifié de
toile de verre et de résine époxy. Utilisé dans l’industrie aéronautique, ce matériau est à la fois stable, insensible aux variations
du climat et surtout résistant et léger. Une fois fixé à ce nouveau
support, le tessellatum est alors débarrassé de l’entoilage qui le
protégeait pour pouvoir être traité : les tesselles et les joints font
l’objet d’un nettoyage minutieux, les comblements modernes de
précédentes interventions de restauration, disgracieux et débordants, sont retirés. Le cadrage du support est ensuite ajusté, assez
serré lorsqu’il suit le bord du panneau de mosaïque, plus large
lorsqu’il longe une zone fragmentaire pour évoquer la poursuite
du décor. Un mortier de chaux et de sable dont la teinte et la
granulométrie sont minutieusement choisies en fonction de
chaque mosaïque est appliqué sur le support moderne autour
du tessellatum, très légèrement en retrait par rapport à ce dernier.
Enfin, les lacunes sont réintégrées avec des mortiers de chaux
chargés de sable, parfois de poudre de marbre, mortiers dont la
teinte et la granulométrie sont longuement discutées. Le traitement des lacunes, tout en demeurant visible, ne doit pas attirer
l’œil et doit redonner au décor antique sa lisibilité.
Ces mêmes procédés ont régi la restauration de la mosaïque
de l’Amazonomachie (Ma 3457) et du fragment de bordure
géométrique (Ma 3463) appartenant au même pavement, qui a
été l’objet d’un second marché (2009-2010) attribué à l’atelier
d’Arles. Grâce aux photos d’archives conservées à l’université
de Princeton (Department of Art and Archaelogy) montrant
ce pavement in situ, les deux panneaux, présentés séparément
jusque-là, ont pu être rassemblés sur un même support, dans
une configuration conforme à leur positionnement original.
Un troisième marché public prévu en 2011 et intégrant un
grand fragment de rinceau peuplé (Ma 3458) permettra de
clore cette campagne de restauration des mosaïques d’Antioche, le pavement des saisons de la « villa Constantinienne »
(Ma 3444), scellé depuis 1936 au sol de la cour du Sphinx, sera
traité ultérieurement en raison de l’ampleur de cette opération
et des problèmes qu’elle pose.
Brièvement présentée lors d’une journée d’étude consacrée
aux travaux actuels sur le site d’Antioche le 15 avril 2010 à la
fondation Dumbarton Oaks à Washington, cette campagne de
restauration fondamentale est remarquable par son envergure.
Elle fournit l’occasion de reconsidérer l’étude de ce matériel et
de son contexte archéologique en s’appuyant sur les documents
d’archives et les objets issus de ces fouilles conservés à Princeton. L’ouverture des nouveaux espaces muséographiques dédiés
à l’Orient méditerranéen à l’époque romaine en 2012 permettra
de rendre visible cette recherche appliquée aux collections et de
réunir la communauté scientifique travaillant sur ce domaine
dans le cadre d’une journée d’étude organisée au musée par le
département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.
C. Giroire
Bibliographie
Baratte (F.), Catalogue des mosaïques romaines et paléochrétiennes du musées du Louvre, Paris, RMN, 1978, no 44 p. 92-98 (Ma 3442), nos 46 et
47 p. 118-121 (Ma 3457 et Ma 3463), no 49 p. 123-124 (Ma 3459),
no 50 p. 124-125 (Ma 3460), no 51 p. 126-128 (Ma 3461), no 52 p. 129130 (Ma 3462) et no 53 p. 130 (Ma 3464).
Giroire (C.), Roger (D.), dir., De l’esclave à l’empereur. L’art romain dans les
collections du musée du Louvre, catalogue d’exposition (Arles, musée
départemental Arles antique, 2008-2009), Paris, Somogy, Musée du
Louvre éditions, Conseil général des Bouches-du-Rhône, 2008, no 81
p. 175 (fragment de Ma 3442).
193
Vie des collections
Chantriaux (é.), « L’atelier de restauration de Saint-Romain-en-Gal
(Rhône) », Dossier d’archéologie, juillet-août 2011, no 346, p. 104-105.
Giroire (C.), « Mosaïque de la Syrie antique. Les collections du Louvre
restaurées à Saint-Romain-en-Gal », Dossier d’archéologie, juillet-août
2011, no 346, p. 114-115.
 The pavements or fragments of mosaics discovered between 1932
and 1935 during the Franco-American excavations at Antioch had been
placed on a support made from cement reinforced by a metal structure.
The support is very heavy, and this made any manipulation very complex
and delicate, and it gradually developed many cracks on the back and the
front. The first step involved carrying out a general examination in 2006–
07 by the mosaics conservation and restoration workshop of the Musée
Départemental Arles Antique, overseen by Patrick Blanc.
The restorations of the Phoenix (Ma 3442) mosaic and panels Ma 3460,
Ma 3464, Ma 3462, Ma 3461, and Ma 3459 were carried out by the
mosaics restoration workshop of Saint-Romain-en-Gal led by Evelyne
Chantriaux, and was completed in two stages: changing the support and
then treating the tessellatum.
The Amazonomachy (Combat of the Amazons; Ma 3457) and fragment
Ma 3463 were restored using the same process in the Arles workshop.
Thanks to the photos from the University of Princeton showing the
pavement in-situ, it was possible to assemble the two panels presented
separately on the same support.
The restoration programme will terminate in 2011 with work on a grand
fragment de rinceau peuplé (large fragment of foliage with figures; Ma
3458). The pavement des saisons (the seasons pavement; Ma 3444), sealed
since 1936 into the floor of the Cour du Sphinx will be treated later due to
the scale of the operation and the problems involved.
The opening of new museographic spaces dedicated to the Mediterranean
East during the Roman era in 2012 will enable this applied research on the
collections to be viewed and to bring together the scientific community
working in this field, in the framework of a Museum study day organised by
the Department.
Mosaïque aux perroquets (Ma 3459) après réintégration des lacunes et
traitement du fond
194
Mosaïque de l’Amazonomachie (Ma 3457 et Ma 3463) sur son nouveau support, avec essai de restitution de la bordure géométrique et échantillon pour le mortier de fond
Restaurations
La restauration de la Vénus de Milo
Programme suivi par Alain Pasquier, Jean-Luc Martinez et Ludovic Laugier
Études préalables : relevé photogrammétrique effectué en 2005 par Digital Archives Lab. CAD Center Corporation
(Japon) ; contrôle gammagraphique effectué en mars 2006 par le centre de Saclay du Commissariat à l’énergie
atomique (CEA, SSTM du LIST [Service systèmes et technologies pour la mesure du Laboratoire d’intégration des
systèmes et des technologies], ingénieur, chef du projet : Bernard Rattoni) ; étude structurelle de la statue par
Hubert Boursier et Geneviève Rager, restaurateurs (rapport de décembre 2006) ; études préalables à la restauration
par Jean-Luc Martinez (commission de restauration du musée du Louvre le 2 octobre 2009).
Études des matériaux et techniques : étude de la provenance des marbres par Annie et Philippe Blanc, université
Pierre et Marie Curie, département de Géologie sédimentaire dirigé par Marc de Rafelis (rapport de janvier 2010) ;
étude de l’altération et des matériaux de bouchage par le C2RMF (analyses chimiques élémentaires, pétrographie
et endoscopie par Yvan Coquinot, examen au microscope optique en lumière réfléchie par Nathalie Balcar, analyses
organiques par Juliette Langlois et Nathalie Balcar, rapport du 3 juin 2010).
Restauration : Anna Martinotta, restauratrice (octobre 2009 – avril 2010)
Dans le cadre du projet de rénovation des salles d’art grec classique et hellénistique du musée du Louvre et après plusieurs
études préalables menées durant cinq ans, la restauration de
la Vénus de Milo a été conduite en deux temps, entre octobre
2009 et avril 2010. L’aspect de surface de la statue a ainsi été
amélioré et notre connaissance matérielle du chef-d’œuvre
complètement renouvelée.
Études préalables à la restauration (2005-2009)
La rénovation des espaces supposant leur fermeture, le déplacement de la Vénus de Milo avait été imaginé dès 2006 et imposait de vérifier l’état matériel de la statue. Une série d’études
préalables à la restauration a donc été conduite entre 2005 et
2009. Grâce à la générosité de la société japonaise CAD Center, un relevé photogrammétrique de la statue effectué en 2005
et complété par une couverture photographique sous lumière
ultraviolette a permis de disposer d’une documentation à jour
sur l’état de la statue avant intervention. La méconnaissance de
la structure et des scellements utilisés pour lier les deux parties
principales de la statue nous a également conduits à procéder au
contrôle par gammagraphie effectué au Louvre une nuit de mars
2006 par l’équipe de Bernard Rattoni, ingénieur du centre de
Saclay du CEA. La délicatesse de l’opération nécessita la création
d’un périmètre de sécurité autour de l’œuvre et, malgré les parois de plomb installées, conduisit à la fermeture de la cour Carrée. La présence et l’emplacement de deux longs goujons furent
ainsi révélés, assurant la solidité de la statue, que l’on put déplacer sans crainte. Analysant ces résultats, les restaurateurs Hubert
Boursier et Geneviève Rager procédèrent en 2006 à une étude
structurelle complète de la statue, cartographiant avec précision
son état de conservation. Les résultats de ces recherches enrichies d’une étude historique des anciennes restaurations alors
connues furent présentés à la commission de restauration du
musée du Louvre réunie le 2 octobre 2009.
Les étapes d’une restauration conduite la nuit
et les jours de fermeture
Les conditions d’intervention sur le chef-d’œuvre furent particulièrement difficiles, car il devait rester visible durant toutes
les opérations. Le restaurateur choisi, Anna Martinotta, devait
donc intervenir du lundi soir après 18 heures au mercredi matin avant 9 heures, puis les nuits, tout en préservant un état de
conservation provisoire acceptable pour le nombreux public
venu admirer la Vénus dans la journée. Il faut rendre hommage
La Vénus de Milo après restauration, avril 2010
195
Vie des collections
Mars 2006, photogrammétrie de la statue
Sommet de la tête de la statue montrant une forte érosion
Main gauche tenant une pomme (Ma 400)
Schéma de localisation des bouchages
196
ici à l’habileté d’Anna Martinotta, qui, grâce à des prises d’empreintes des bouchages anciens ou à la pose de glacis à l’aquarelle masquant les tests de nettoyage d’une séance à l’autre,
put nettoyer la statue d’octobre à décembre 2009, puis purger
et refaire les joints de bouchage de janvier à avril 2010, tout en
redonnant chaque matin à la Vénus son apparence habituelle.
Sur avis de la commission du Louvre, il fut en effet convenu
de procéder tout d’abord à un décrassage de la totalité de la
statue afin d’harmoniser la partie inférieure, autrefois touchée
par le public et particulièrement sale, et la partie supérieure,
davantage préservée de l’encrassement mais en moins bon état
de conservation. Anna Martinotta a donc dépoussiéré la statue
au pinceau, posé des masticages provisoires sur les zones de
fractures, d’écailles et de fissures afin de nettoyer la surface à
Découverte des canaux de coulée
Restaurations
l’eau à l’aide d’une éponge, de brosses à dents souples pour
certains plis notamment ou de compresses sur papier. La saleté
grasse a ainsi été éliminée par simple nettoyage à l’eau enrichi
d’un tensioactif à 5 %. La purge des joints a permis d’éliminer
les bouchages débordants en plâtre ou en résine, d’observer les
surfaces de joints et les mortaises antiques. Après avis de la seconde commission de restauration du Louvre réunie le 29 janvier 2010, les bouchages définitifs ont été effectués à base de
poudre de marbre teintée et de résine acrylique en émulsion.
L’extrémité en plâtre de l’orteil droit a finalement été retirée,
tandis que le complément du nez débordant sur la surface originale a été repris. Les zones de forte érosion du marbre localisées sur la partie supérieure de la tête et du chignon ont été
consolidées au moyen de silicate d’éthyle. Les griffures les plus
évidentes ont été atténuées par un léger glacis à l’aquarelle.
Bilan des analyses et de la restauration pour les recherches sur la
Vénus de Milo
Cette campagne sans précédent d’études et de restauration a permis de renouveler considérablement notre connaissance matérielle de la sculpture tout en précisant l’histoire complexe de sa
restauration. Les analyses de marbre révèlent pour la première
fois scientifiquement que la statue est taillée dans plusieurs blocs
très proches de marbre de Paros (variété Lychnites, sans doute
de la carrière de la grotte des Nymphes, ou de celle de Pan). Elles
ont également permis d’écarter l’appartenance à la statue des piliers hermaïques découverts avec elle (Ma 403 et Ma 404 sont en
Paros Chorodaki, des carrières à ciel ouvert, et Ma 405-406 sont
en marbre du Pentélique d’Athènes). En revanche, elles rendent
possible l’appartenance à la statue d’une main gauche tenant la
pomme (Ma 400) et d’un départ du bras gauche (Ma 401) découverts également avec la statue mais non intégrés au xixe siècle à la
restauration. L’hypothèse désormais confortée de l’appartenance
de ces deux fragments du bras gauche à la statue n’est pas sans
conséquence sur l’identification de la déesse représentée et la restitution de son attitude : il faudrait reconnaître une Aphrodite à
la pomme du jugement de Pâris, le bras gauche tendu. La purge
des bouchages comme l’examen gammagraphique et endoscopique ont également apporté leur lot de découvertes. Les mortaises antiques entre la partie inférieure drapée et le buste comme
les canaux de coulée ont pu être repérés et explorés. Ils révèlent
une réparation antique et expliquent l’éclatement de deux fragments des hanches provoqué par les canaux de coulée. De même,
deux autres mortaises se sont révélées antiques : celle percée sous
le sein droit appartient au système qui soutenait le bras droit plié ;
celle creusée dans le pied gauche suppose un avant de pied rapporté. Les observations faites ont permis de préciser l’histoire de
la restauration de la statue. L’intervention de Bernard Lange en
1821 fut plus radicale qu’on ne l’avait pensé : la cassure du nez
comme celle du pied gauche avaient été affranchies pour un complément en marbre ; l’avant-bras droit comme la plinthe ont été
retaillés. Une intervention en 1936 par l’atelier des marbriers du
Louvre a été révélée par un petit papier inscrit dissimulé dans la
mortaise située sous le sein droit. La chronologie des bouchages
de plus en plus sombres au fur et à mesure de l’encrassement de la
statue a été précisée. Les goujons modernes apparus à la gammagraphie sont désormais bien localisés, sans que l’on sache pour
autant quand ils ont été mis en place puisque, à l’intervention
documentée de 1871, l’étude récente vient d’ajouter deux interventions jusque-là inconnues, celles de 1936 et 1964.
J.-L. Martinez
Partie supérieure de la statue avec les compléments en plâtre retirés (nez, mortaise sous le sein droit, plis au niveau des hanches)
Bibliographie
Abou (C.), « Gammagraphie. La Vénus dévoilée », Les Défis du CEA, 113,
avril 2006, p. 8.
Hamonou (é.), « La Vénus de Milo sous les rayons gamma », Les Cahiers
de Science et Vie, 101, octobre-novembre 2007, p. 99.
Martinez (J.-L.), « Les secrets de la Vénus de Milo », Grande Galerie. Le
Journal du Louvre, 12, juin-juillet-août 2010, p. 38-45.
Martinez (J.-L.), La Vénus de Milo, Paris, Musée du Louvre éditions et
Somogy, « Solo », à paraître.
 In the framework of the renovation of the Louvre’s Classical and Hellenistic Greek rooms, and after various preliminary studies conducted over a fiveyear period, the Venus de Milo’s restoration was carried out in two phases,
between October 2009 and April 2010. As a result, the statue’s surface
appearance improved and new insight was gained into the masterpiece’s
material characteristics. The gamma imaging test and the endoscopic examination improved our understanding and observation of the antique sockettenon joint and the modern dowels that hold the statue’s two main parts
together. The removal of the filled areas revealed new conservation elements,
attesting to Bernard Lange’s preparations in 1821 for a comprehensive restoration project that was never completed and revealing another (hitherto undocumented) restoration carried out in the Louvre in 1936. These observations raise questions about the creative techniques: the pour channels were
precisely located and the antique socket under the right breast and at the
level of the front joint of the left foot were temporarily removed.
197
Vie des collections
Arts de l’Islam
Le département des Arts de l’Islam est engagé dans un vaste chantier de restauration,
préalable à l’ouverture de ses futurs espaces, en 2012. Ce chantier a débuté en
septembre 2007 et s’achèvera à la fin de l’année 2011. Régi par un accord-cadre, il a
été divisé en douze lots de restauration :
– lot 1 : arts graphiques ;
– lot 2 : reliures ;
– lot 3 : céramiques ;
– lot 4 : carreaux ottomans ;
– lot 5 : tapis ;
– lot 6 : bois ;
– lot 7 : textiles ;
– lot 8 : métal ;
– lot 9 : ivoire ;
– lot 10 : verre ;
– lot 11 : pierre ;
– lot 12 : stucs et vitraux.
Le choix des pièces à restaurer a été guidé en premier lieu par des critères de
conservation et par la programmation muséographique. Certaines pièces ont
nécessité des traitements d’urgence. Pour les œuvres destinées aux futures salles,
il a paru essentiel d’harmoniser les interventions afin d’assurer une présentation
cohérente.
Actuellement, environ deux mille six cents œuvres ont été restaurées dans le cadre
du chantier et une centaine d’autres restent à traiter durant l’année 2011. Parmi
celles-ci, plusieurs lots ont fait l’objet d’une attention toute particulière et donné lieu
à la rédaction préalable d’un protocole de restauration. Nous nous attarderons sur
un chantier de restauration spécifique, d’une ampleur considérable par le nombre
d’œuvres considérées, et sur une restauration d’envergure portant sur une œuvre
unique présentée dans les futures salles.
Les carreaux ottomans
Le musée du Louvre conserve un ensemble d’environ trois mille carreaux ottomans,
dont un millier provient du fonds déposé par le musée des Arts décoratifs en 2005.
La collection du musée du Louvre a fait l’objet d’un important travail de récolement,
achevé en 2010. En effet, entrés par lots, beaucoup de carreaux avaient été mélangés,
si bien que leur historique avait été perdu. Afin de mener à bien les recherches
nécessaires à l’identification précise des pièces, il s’est avéré nécessaire de démonter
l’ensemble des panneaux. S’ajoutaient à cela des raisons de conservation impérative,
les deux collections, celle du Louvre comme celle des Arts décoratifs, étant souvent
montées depuis la fin du xixe siècle sur des supports qui provoquaient de graves
dommages (plâtre, filasse et armatures métalliques, béton armé, contreplaqué,
etc.). L’ensemble a donc fait l’objet d’un chantier exhaustif de démontage en 2007,
puis mis en état de conservation entre 2007 et 2010. Enfin, les carreaux qui seront
présentés dans les futurs espaces du département ont vu leurs manques restaurés
dans un respect complet du protocole de réintégration. Le but était d’obtenir une
homogénéisation parfaite de la retouche, tant dans le dessin, le niveau de couleurs
que les matériaux, afin de ne pas nuire à la présentation conjointe de plus de cinq
cents carreaux dans les futures salles.
Le porche mamlouk
198
Un chantier spécifique est dédié à une œuvre, un ensemble architectural d’époque
mamlouke, provenant du Caire, retrouvé au musée des Arts décoratifs. Depuis
1889, date de son arrivée en France, où il n’a jamais été identifié, la complexité du
Restaurations
Intervention sur un des carreaux ottomans.
remontage (même s’il a peut-être été envisagé en 1889) a précipité son oubli. Cet
ensemble de 5,5 tonnes de pierres présente l’aspect d’un immense puzzle dont les
enjeux sont l’étude, le remontage et l’intégration architecturale dans les nouveaux
espaces du département des Arts de l’Islam (DAI).
Dans les archives du musée des Arts décoratifs, quelques dessins hâtifs ont fait
surgir la silhouette d’un remarquable élément de l’architecture du Caire des sultans
mamlouks (1250-1517). Grâce à l’appui de la fondation Kress, qui a permis de
financer le travail préparatoire d’un chercheur en post-doctorat (A. C. Mathews),
une première phase de compréhension de l’ensemble a été menée parallèlement à
l’étude de son histoire, de son embarquement en Égypte jusqu’à son arrivée à Paris.
Le premier travail a consisté à réunir tous les blocs dispersés, jusqu’à Béziers. S’en est
suivi alors un patient travail d’identification des blocs, souvent dégradés et couverts
d’une épaisse couche de poussière.
Cette première phase a permis de lancer une étude approfondie, confiée, à l’issue
d’un marché, à la société Tollis, appuyée par l’architecte Édouard de Bergevin
(2009). Cette étude a permis de valider l’essentiel de la restitution proposée, de
la faire évoluer, d’effectuer un montage à blanc de l’ensemble (murs et coupoles)
afin d’en proposer la reconstruction définitive et les cotes hors tout de l’ouvrage. Il
viendra en effet prendre place au cœur des espaces en construction, avec une marge
d’ajustement de 3 cm de part et d’autre de la structure métallique portant la coque
de résine. Cette opération a été l’occasion unique de placer tous les membres de
l’équipe de restauration dans la situation de leurs prédécesseurs de la fin du xive et
du début du xve siècle, montant et calant, bloc à bloc, la structure.
L’ultime phase, de restauration proprement dite, a débuté en 2010. Le nettoyage
des blocs a été achevé, par le dégagement d’un badigeon posé en 1869, au moment
d’une « remise à neuf » des monuments du Caire à l’occasion de l’inauguration du
canal de Suez. Le monument fut démonté avant 1889, date de son arrivée à Paris.
Cette couche superficielle d’histoire pesait lourdement sur la lecture du décor.
Son dégagement a permis de retrouver une bichromie intacte qui exalte la qualité
d’un décor sculpté couvrant. La préparation de la fixation des blocs, pièce à pièce
sur la coque, est actuellement en cours. Le choix des matériaux employés pour
la réintégration vient d’être validé, la fabrication de deux grilles de fer battu qui
viendront combler les emplacements vides est en cours, tout comme la taille des
blocs manquants, parfaitement documentée par des dessins de l’architecte français
Jules Bourgouin, retrouvés par les soins de l’équipe à l’Institut national d’histoire de
l’art (INHA) en 2009.
199
Vie des collections
La mise en place de l’ensemble restauré se fera très en amont de l’installation des
œuvres, au cœur du chantier architectural des Arts de l’Islam, au printemps 2011.
G. Fellinger et S. Makariou
 The Department of Islamic Art is engaged in a vast restoration project ahead of the scheduled
opening of its permanent display areas in 2012. Some of the works of art have themselves required
urgent preparation work. The interventions will be coordinated to ensure a coherent presentation
of the collections. Around 2,600 works have already been restored, and the restoration of another
100 works will be completed by the end of 2011. Several batches of items required special
conservation according to a specific restoration agreement.
The Ottoman tiles
The Louvre currently possesses around 3,000 Ottoman tiles, including about 1,000 from a
collection deposited by the Arts Décoratifs in 2005. The tiles were mounted on supports, resulting
in serious damage. Consequently, the entire collection was systematically dismantled in 2007, and
underwent conservation treatment between 2007 and 2010.
The Mamluk portal
A specific project is focusing on this architectural ensemble from the Mamluk era, which came from
Cairo to France in 1889 and was stored in the Louvre’s Arts Décoratifs department. The restoration
of this stonework weighing 5.5 tonnes provided a unique opportunity to place all of the restoration
team members in the same situation as their predecessors in the late fourteenth and early fifteenth
centuries, as they assembled and propped up the structure block by block. The removal of the
distemper applied in 1869 revealed a completely intact, two-colour decorative scheme that greatly
enhanced the beauty of the carved surface decorations.
200
Le porche mamlouk en cours de remontage
Restaurations
Sculptures
Comme tous les départements, celui des Sculptures doit à la fois adapter sa politique
de façon conjoncturelle aux nouvelles acquisitions et aux expositions à venir et,
d’autre part, de façon plus structurelle, assurer une programmation pluriannuelle
en fonction des recherches, de l’état des œuvres et d’une cohérence d’état dans des
espaces définis, telle la salle Jean Goujon.
C’est ainsi que, pour l’année 2010, ont été prises en compte les restaurations
pour les expositions organisées au cours de cette même année, « France 1500 »
(Vierge Blumenthal, Vierge d’Olivet, reliefs de la chapelle Commynes, fontaine de
Blois, reliefs de Gaillon, Mort de la Vierge, trois statues provenant de Chantelle),
« L’Antiquité rêvée » (Amour de Bouchardon, Baigneuse d’Allegrain) et « Le Maître
de Naumbourg » (chapiteau provenant de Chartres), mais aussi la préparation de
l’exposition sur la sculpture florentine du Quattrocento (Vierge à l’Enfant d’après
Ghiberti, Vierge trônant d’après Della Robbia), prévue en 2012.
Des restaurations plus lourdes se sont attachées à des œuvres majeures, qui
nécessitaient une étude en laboratoire complexe et un dégagement de polychromie,
afin de retrouver l’état original, bien que lacunaire : Christ de descente de Croix, dit
Christ Courajod, Bourgogne, xiie siècle ; bustes de bronze de Faustine et d’Hadrien, par
l’Antico ; Hercule et Atlas, morceau de réception de Michel Anguier ; grand retable de
l’Ascension, de Della Robbia, provenant de Città di Castello ; reliefs de la fontaine
des Innocents de Jean Goujon ; Saint Louis de Gonzague, Autriche, xviiie siècle.
Ces chantiers importants sont en général traités en deux parties : étude d’abord,
puis restauration, avec parfois la nécessité de séparer les deux phases en raison des
délais d’étude, de passage devant la commission de restauration et de temps de
passation des marchés.
G. Bresc-Bautier
 Like every other department in the Museum, the Department of Sculptures adapts its policy in
accordance with the new acquisitions and yearly exhibition schedule, maintaining structural
coherence, while ensuring the long-term programme of research, the physical state of the works
themselves, and guaranteeing that suitable conditions are offered by specific rooms, such as the
Salle Jean Goujon.
Various restoration projects were carried out prior to exhibitions held in 2010: “France 1500”
(the Blumenthal Virgin, Olivet Virgin, Reliefs from the Chapelle Commynes, the Fontaine de Blois, the
Gaillon Reliefs, Mort de la Vierge, and three statues from Chantelle); “Antiquity Revived”
(Bouchardon’s Amour and Allegrain’s Baigneuse); the Naumburg Master (capital from Chartres); and
the preparation for the exhibition on “Quattrocento Florentine Sculpture” (Vierge à l’Enfant after
Ghiberti and Vierge trônant after Della Robbia, scheduled for 2012).
More detailed restorations were carried out on certain major works that required complex
laboratory examinations and cleaning work on the polychrome, in order to restore the works to
their original state, even if this meant that some elements were removed: Christ de descente de
croix, called Christ Courajod, Burgundy, twelfth century; Bronze busts of Faustina and Hadrian by
“Antico”; Hercule et Atlas, Michel Anguier’s morceaux de réception; the Altarpiece of the Ascension by
Della Robbia, from the Citta di Castello; Reliefs from the Fontaine des Innocents by Jean Goujon; Saint
Aloysius Gonzaga, Austria, eighteenth century.
These major projects are generally conducted in two phases, starting with a detailed technical
examination, and then the appropriate restoration; on occasion these two stages did not follow
automatically, owing to deadlines, submission to the restoration committee, or market delays.
201
Vie des collections
Étude et restauration de l’Enfant Jésus de Malines
Programme suivi par Sophie Guillot de Suduiraut
Analyses au C2RMF : Élisabeth Ravaud (étude xylologique), Thierry Borel (étude radiographique),
Yannick Vandenberghe (analyse de la polychromie)
Étude et restauration : Dominique Faunières
Enfant Jésus
Le style de l’Enfant Jésus, ses matériaux et ses techniques d’exécution sont caractéristiques de la production de Malines, dans
les anciens Pays-Bas méridionaux.
La statuette, taillée dans une seule pièce de noyer, est en bon
état. Seuls manquent la croix sur le globe terrestre (remplacée
par un élément moderne) et le nimbe en métal qui était fixé
à l’arrière de la tête. Le sexe de l’Enfant a été mutilé et son
bras droit, cassé, a été recollé. La statuette a été, dès l’origine,
solidement fixée par deux tiges de métal sur son socle hexagonal en chêne. Les trois faces avant du socle étaient ornées
d’applications métalliques (alliage de plomb et d’étain) : au
centre des faces étaient placées des fleurettes à six pétales (il en
subsiste deux) ; aux angles, des éléments aujourd’hui disparus
étaient vraisemblablement en forme de perles.
La polychromie a fait l’objet de plusieurs reprises. Avant restauration, l’examen de l’œuvre à la loupe binoculaire et les
analyses de polychromie ont précisé la succession des interventions.
Pâle, délicate et finement craquelée, la polychromie originale des carnations de l’Enfant Jésus (préparation à base de carbonate de calcium lié à la colle animale et couche de blanc
de plomb) a été recouverte d’un vernis brun, puis de trois
couches. La dernière, rose vif, posée à larges coups de pinceau
et empâtant les traits, était particulièrement maladroite.
Sur les cheveux, la dorure originale (feuille d’or pur) sur une
mixtion (couche huileuse constituée de terre potassique et de
blanc de plomb) a été recouverte d’une nouvelle dorure sur
mixtion, ensuite d’une couche brun-rouge, puis d’une couche
jaune clair.
Enfant Jésus de Malines, avant restauration
Enfant Jésus de Malines, après restauration
Malines
Vers 1500
Statuette, bois (statuette en noyer ; socle en chêne) polychromé.
H. 32,5 cm ; l. 12 cm ; pr. 5 cm
Marque malinoise de garantie du bois (les trois pals) sous le pied gauche
Achat 2009
Département des Sculptures (R.F. 2009.05)
202
Restaurations
La dorure originale du globe et du socle a reçu ultérieurement deux nouvelles dorures. La seconde recouvrait également les fleurettes en métal, dont la surface était à l’origine
revêtue d’un glacis rouge. Le dessus du socle, rouge vif, a été
repeint deux fois.
En conclusion, la polychromie originale de la sculpture,
de très belle qualité, est largement présente sous les couches
récentes qui l’ont dissimulée postérieurement.
L’étude préliminaire, complétée par des tests de dégagement,
a permis de déterminer l’objectif de la restauration : retrouver
la polychromie originale des carnations et des cheveux de l’Enfant, des fleurettes et du dessus du socle, tout en conservant la
dernière dorure du globe et du socle.
Sur les carnations, la suppression des repeints récents a
été une longue opération, très minutieuse, effectuée au scalpel sous loupe binoculaire ; le vernis brun, appliqué inégalement, a été allégé au moyen de solvants sous forme de gel. Sur
les cheveux, les fleurettes et le dessus du socle, les couches
récentes ont été retirées au scalpel et au moyen de solvants.
À la suite du dégagement et du nettoyage de la polychromie originale, quelques retouches réversibles à l’aquarelle ont
été effectuées, principalement sur les bords des lacunes de
la dorure du socle, qui laissaient apparaître la préparation
blanche sous-jacente. Le bois, visible dans quelques lacunes
de la polychromie, a été nettoyé et éclairci, ou, sur la partie
arasée du sexe, revêtu d’un léger glacis beige pour atténuer le
contraste entre le brun sombre du noyer et le ton clair des
carnations.
Le résultat de la restauration est spectaculaire. En effet, non
seulement le modelé du corps a gagné en finesse, les chairs ont
repris leur délicat ton ivoirin et les cheveux blonds leur éclat
doré, mais surtout le visage a retrouvé son expression initiale,
qui avait été beaucoup affadie par la dernière polychromie.
Le caractère espiègle de la physionomie enfantine est à nouveau rendu sensible grâce à la réapparition de la polychromie
originale, qui révèle un traitement subtil des yeux rieurs et
de la petite bouche pincée. Les iris brun clair sont animés de
rehauts blancs pour évoquer les reflets de la lumière. Les traits
brun foncé qui ombrent les paupières soulignent leur forme arquée. Les lèvres roses sont cernées par une ligne rouge sombre
qui accentue la saillie de la petite bouche.
En raison d’analogies avec d’autres statuettes malinoises dont
le socle porte la marque de garantie bruxelloise (BRVESEL), la
polychromie raffinée de l’Enfant Jésus laisse penser que la sculpture, taillée à Malines, a dû être polychromée dans un atelier de
Bruxelles, selon un usage fréquent autour de 1500.
S. Guillot de Suduiraut
 The style, materials, and production techniques of this piece are typical
of Mechelen production in the former Southern Lowlands. The statuette and
its plinth are in good condition. Only several added parts are missing.
The preliminary examination revealed that the original polychrome
work, which was very fine, was mostly present under the recent layers that
had masked it. The restoration work (mainly using a scalpel, under
binocular magnifying glass, and in certain places with chemicals) revealed
the original polychrome of the flesh tones and the hair, the metal fleurons,
and the red upper portion of the plinth. The later gilding of the globe and
the plinth was left intact.
The results of the restoration are highly satisfactory. The modelling of
the body is now finer, the flesh tones restored to their delicate ivory colour,
and the hair has a golden shine, but above all the face has recovered its
original mischievous expression, laughing eyes, and small pursed mouth.
Because of the similarities with other Mechelen statues whose plinths
bear the Brussels hallmark (BRVESEL), the refined execution of the
polychrome of the Enfant Jésus leads us to conclude that, although carved
at Mechelen, the work was later coloured in a Brussels workshop, which
occurred frequently in the period around 1500.
Étude et restauration de la Vierge à l’Enfant (R.F. 2201A)
Programme suivi par Geneviève Bresc-Bautier
Analyses au LRMH : Lise Leroux (identification de la pierre) ; au C2RMF : Jean Marsac (radiographie),
Sandrine Pagès-Camagna et Yannick Vandenberghe (étude de polychromie)
Restauration : Julie André-Madjlessi, en collaboration avec Agnès Le Boudec et Sabine Kessler
Vierge à l’Enfant
Normandie, vers 1500
Statue, pierre de Vernon (craie calcaire) polychromée.
H. 1,62 m ; l. 51 cm ; pr. 42,5 cm
Don de George et Florence Blumenthal, 1932
Département des Sculptures (R.F. 2201A)
La grande Vierge normande offerte par George Blumenthal en
1932 est d’une remarquable force plastique. Encore hiératique,
somptueusement couronnée d’une couronne à fleurs de lis
(dont la plupart des fleurons sont endommagés), elle porte une
robe à encolure ornée d’un motif de cabochons à l’imitation
de l’orfèvrerie. L’Enfant, complètement nu (dont le sexe a été
bûché), se détourne d’elle et tient un oiseau. Tant le manteau
que la robe sont bordés d’orfrois à inscriptions en relief, selon
une pratique fréquente en Normandie au début du xvie siècle.
Exposée dans la salle de la « Mort Saint-Innocent », elle pré-
sentait un état de surface assez brouillé et sale, incompatible
avec sa grande qualité. Elle était recouverte d’une cire teintée brune qui masquait les accidents et enrobait maladroitement les volumes, alors qu’étaient perceptibles des plages de
la polychromie antérieure sous-jacente. Celle-ci apparaissait
ponctuellement à la suite de grattages grossiers probablement
effectués en 1962. En conséquence de cette opération malheureuse et de l’usure généralisée, la pierre restait très visible aussi
sur certaines parties, ainsi que la couche préparatoire rouge.
L’ensemble offrait une vision très chaotique.
L’étude a montré d’une part la structure de la sculpture.
Un grave accident, survenu au Louvre en 1962 et sur lequel
il existe un rapport précis, avait entraîné le détachement et le
bris du corps de l’Enfant, suivis d’une restauration selon les
méthodes de l’époque. Une radiographie a permis de préciser
cette restauration et d’identifier les points de rupture et l’emplacement des multiples goujons de fixation, de différentes
203
Vie des collections
204
sections sur le bras gauche de l’Enfant, au niveau de la taille,
sur le bras gauche et l’épaule gauche.
Elle a surtout permis d’identifier les trois repeints successifs et la polychromie originale, qui a été dégagée (sauf sur les
carnations). Cette polychromie d’origine, bien conservée, est de
belle qualité. Elle est posée sur une préparation rouge appliquée
sur l’ensemble de la sculpture (à base de carbonate de calcium,
terre, minium, oxydes de fer). La Vierge, couronnée d’or, porte
une robe bleue (azurite sur sous-couche grise, de blanc de plomb
et terre) à motifs de fleurs de lis dorées, dont les orfrois sculptés de lettres sont aussi dorés. Le manteau est doré (alliage d’or
et d’argent) à la mixtion, rehaussé de motifs peints en glacis
marron, alors que son revers présente une imitation de fourrure
d’hermine, de mouchetures noires (noir de carbone) sur fond
blanc (blanc de plomb). Même si l’union des fleurs de lis sur
azur et des hermines est fréquente, la richesse, tout à fait remarquable ici, peut évoquer les lis royaux et l’hermine de Bretagne,
c’est-à-dire les armoiries d’alliance des souverains Charles VIII et
Louis XII avec Anne de Bretagne, et suggérer, peut-être, l’hypothèse d’une commande liée à la cour. Les cheveux de la mère et
de l’enfant étaient dorés sur mixtion, et les carnations, peintes
en rose (blanc de plomb). L’oiseau était vert vif (vert de cuivre
avec des grains de jaune de plomb et d’étain).
Le premier repeint reprenait la robe en bleu pâle (bleu de
cuivre synthétique), en masquant les fleurs de lis, et changeait complètement le manteau doré sur mixtion épaisse au
revers rouge. Les cheveux devenaient noirs. L’oiseau virait au
vert kaki et la terrasse au vert marron. Le second repeint était
encore plus sobre : la robe uniformément blanche, le manteau doré sur ses deux faces et les cheveux marron, comme
d’ailleurs l’oiseau. Le troisième repeint ponctuel intéressait le
manteau, devenu bleu avec un revers blanc – mais la bordure
toujours dorée –, et les carnations.
Dans un premier temps, la cire teintée a été ramollie à l’aide
d’un appareil à air chaud et d’un coton imbibé de ligroïne.
Cette opération a été menée conjointement au refixage de la
polychromie. Il a été décidé de dégager la polychromie originale sur la robe, le manteau, les cheveux, l’oiseau et la terrasse.
En revanche, les bordures dorées, la couronne et les carnations, dont la couche originale était fragile et lacunaire, ont été
Vierge à l’Enfant, avant restauration
Vierge à l’Enfant, après restauration
Restaurations
dégagées au niveau du repeint, ce que justifiait l’homogénéité
des couleurs depuis l’origine. Le dégagement a été effectué au
scalpel sous loupe binoculaire sans utiliser de solvants. Ce qui
a permis de découvrir les motifs décoratifs.
À la suite du dégagement, la polychromie de l’ensemble
était mieux conservée que ce que l’on aurait pu attendre. Les
retouches ont été ponctuelles et ont cherché à donner une meilleure lecture en abaissant la vitalité du rouge de la préparation
encore visible et le blanc de la pierre.
G. Bresc-Bautier
 This remarkably impressive piece of sculpture portrays the Virgin
wearing a sumptuous fleur-de-lis crown and a dress whose neck is adorned
with a motif of cabochons; the naked Child in her arms is holding a bird.
Her cloak and dress are bordered with orphrey and inscriptions in relief.
The statue’s surface was covered with a brown wax, under which patches
of polychrome could be seen.
The examination identified the three layers successively painted over
the original polychrome, which was laid over a red preparation of calcium
carbonate. Crowned with gold, the Virgin is wearing a blue (azurite) dress
with a design of gilded fleurs-de-lis, with orphreys also in gold. Oil/
mordant gilding was used on the cloak and enhanced with motifs painted
in a brown glaze; while its reverse side is an imitation of the ermine fur. The
combination of fleurs-de-lis on azure and ermines may reference the joint
coat-of-arms of Kings Charles VIII/Louis XII and Anne de Bretagne, and
suggest a royal commission. The hair of the mother and child were in oil
with gilded details, and the flesh tones were pink. The bird was bright
green.
The first repainted layer covered the dress with pale blue, masking the
fleurs-de-lis, and changed the cloak, gilded with oil on the red revers. The
hair had turned black, and the bird khaki. The second painted layer was
even more sober: the dress was white and the cloak gilded on both sides.
It was decided to reveal the original polychrome, except on the gilded
borders, the crown, and the flesh. The removal of the layers was carried out
using a scalpel under a binocular magnifying glass.
Restauration d’un relief en terre cuite d’Italie du Nord
Programme suivi par Marc Bormand
Analyse au C2RMF : Anne Bouquillon (analyse de la terre)
Étude de restauration : Céline Knecht-Saunier, 2007
Restauration : Delphine Masson
Vierge et l’Enfant sous un édicule
Italie du Nord (Vérone ?), 1re moitié du xve siècle
Relief, terre cuite avec traces de polychromie.
H. 82,5 cm ; l. 55 cm ; pr. 19,2 cm
Don du baron Jean-Charles Davillier, 1884
Département des Sculptures (R.F. 688)
La Vierge et l’Enfant sous un édicule, avant restauration
Ce beau relief présentait un aspect général très insatisfaisant
dû à une patine noire, un badigeon gris-beige sur le fond étoilé
et un encrassement général important et inégal perturbant la
lecture des volumes. De plus, des restitutions pulvérulentes le
fragilisaient.
La Vierge et l’Enfant sous un édicule, après restauration
205
Vie des collections
La restauration a consisté principalement dans les étapes
suivantes :
– un dégagement et un refixage des restes de polychromie
(bleu, jaune), en particulier sur le fond étoilé ;
– l’élimination mécanique des comblements au plâtre rose ;
– une reprise de l’assemblage de l’Enfant avec la Vierge, qui,
après analyses au C2RMF, s’est révélé être fabriqué dans la
même terre que l’œuvre ;
– des collages, bouchages ou petites reconstitutions, retouches
d’intégration et d’harmonisation pour redonner une lisibilité
satisfaisante à l’œuvre.
M. Bormand
 This fine relief was obscured under a dark patina, a grey-beige
distemper on the starry ground, and an uneven overall layer of dirt that
impaired the sculptural effects. Moreover, the deterioration of the
reconstructions had rendered the piece fragile.
The restoration mainly consisted of:
- the removal of dirt and the repair of the traces of polychrome (blue and
yellow), particularly on the starry ground;
- the mechanical elimination of the areas filled with pink plaster;
- a review of the assemblage of the Child with the Virgin, which, after
analyses by the C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums
of France), was found to be made from the same clay as the work itself;
- the gluing of areas, filling in, and small reconstructions, all integration
and harmonisation work to ensure the piece has greater legibility.
Restauration de deux bustes de l’Antico
Programme suivi par Marc Bormand
Analyse au C2RMF : Marc Aucouturier (analyse des matériaux)
Étude et restauration : Marie-Emmanuelle Meyohas, avec le concours de Juliette Lévy
206
Attribués à Pier Jacopo Alari Bonacolsi, dit l’Antico
(Mantoue, vers 1460 – 1528)
Antonin le Pieux
Faustine l’Ancienne
Vers 1525
Buste, bronze patiné et partiellement doré. H. 67 cm ; l. 50 cm
Probablement Mantoue, puis ancienne collection de la Couronne
Département des Sculptures (Cat. 1922-849)
Vers 1525
Buste, bronze patiné et partiellement doré. H. 68 cm ; l. 48 cm
Probablement Mantoue, puis ancienne collection de la Couronne
Département des Sculptures (Cat. 1922-847)
Antonin le Pieux, avant restauration
Antonin le Pieux, après restauration
Restaurations
Faustine l’Ancienne, avant restauration
Faustine l’Ancienne, après restauration
L’étude préalable effectuée par Marie-Emmanuelle Meyohas
avec le concours de Marc Aucouturier a révélé la présence de
plusieurs couches superposées qui masquaient le contraste original entre les parties patinées et les parties dorées. En effet, à
l’origine, les carnations étaient recouvertes d’une patine fine et
noire, tandis que le manteau, la couronne d’Antonin, le drapé et
la coiffure de Faustine portaient une dorure. La surface des deux
bustes était dissimilée sous les repeints et les couches de cire.
La restauration a consisté en un dégagement sous loupe
binoculaire de la dorure sur les drapés ainsi que sur la coiffure et la couronne, redonnant aux deux bustes leur splendeur
originale, et en l’élimination des couches recouvrant la patine
originale, permettant de redécouvrir la finesse des visages, du
tracé et des boucles des chevelures.
M. Bormand
 The preliminary examination carried out by Marie Emmanuelle
Meyhoas, with the assistance of Marc Aucouturier, revealed several
superposed layers that masked the original contrast between the patinated
and gilded parts. Indeed, originally, the flesh tones were covered with a
fine, black patina, and Antoninus’s coat and crown and Faustina’s drapery
and coiffure were gilded. The surface of both busts was hidden under the
layers of repainting and wax.
The restoration involved removing the gilding from the drapery, hair,
and crown, and eliminating later layers applied over the original patina, to
reveal the fine details of the faces, contours, and locks of hair.
207
Vie des collections
Restauration d’une terre cuite de Michel Anguier
Programme suivi par Geneviève Bresc-Bautier
Analyse au C2RMF : Thierry Borel (radiographie)
Étude et restauration : Catherine Lepeltier
Michel Anguier (Eu, 1612 – Paris, 1686)
Hercule aidant Atlas à supporter le globe terrestre
Groupe, terre cuite. H. 1,30 m ; l. 58 cm ; pr. 60 cm
Donné par le sculpteur à l’Académie royale de peinture et de sculpture
le 9 mars 1669, à l’occasion de sa réception à titre honorifique
le 4 février 1668
Département des Sculptures (M.R. 3516)
208
bonne cuisson. Pourtant, elle a entraîné des fissures – ensuite
comblées – et des restitutions en plâtre qui sont anciennes.
Ponctuellement, une couche noire indique une tentative
visant à donner l’aspect du bronze.
G. Bresc-Bautier
La radiographie et l’élimination de plusieurs badigeons de
surface, rose ou marron, ainsi que de ragréages ont permis
de comprendre les étapes de la création. L’œuvre en terre a
été exécutée en plusieurs pièces et les personnages conçus
séparément. On observe sur les membres des joints réguliers,
correspondant à des abattis, nécessaires pour obtenir une
 The radiography and the elimination of several surface distempers in
pink and brown, and the removal of material added to consolidate the
surface, revealed the stages of the group’s creation, which involved
combining several separate pieces. Regular joints can be seen on the limbs,
indicating the use of abatis (reinforcements) to facilitate the firing process.
However, cracks did occur—which were then filled in—and there are old
plaster reconstructions. Here and there, a black layer indicates an attempt
to give the piece the appearance of bronze.
Hercule aidant Atlas à supporter le globe terrestre, avant restauration
Hercule aidant Atlas à supporter le globe terrestre, après restauration
Restaurations
Restauration d’une statue de bois représentant saint Louis de Gonzague
Programme suivi par Guilhem Scherf
Analyse au C2RMF : Thierry Borel (radiographie), Anne-Solenn Le Hô (polychromie)
Étude et restauration : Claire Dard-Ternisien
Saint Louis de Gonzague
Allemagne du Sud, début du xviiie siècle
Statue, bois (tilleul) polychromé, sur socle de bois (résineux) doré.
H. 1,25 m ; l. 86 cm ; pr. 51 cm
Acquis sur le marché de l’art parisien, 1938
Département des Sculptures (R.F. 2490)
L’œuvre a subi un décapage drastique sur les carnations et sur
le devant du vêtement. La surface était très chaotique : des
traces de préparation blanche originale, du bol rouge, des
restes de feuilles d’argent aujourd’hui noircis, des repeints…
auxquels s’ajoutait de l’encrassement. Il a été décidé de procéder à une restauration fondamentale de cette statue, rare
exemple de sculpture du baroque germanique dans les collections du Louvre. Les éléments de polychromie ancienne ont
été nettoyés, de fines retouches effectuées. Le dégagement de
parties non grattées a mis au jour, au dos de l’œuvre, une argenture bien conservée et non oxydée, ce qui est rare.
G. Scherf
 The work was subjected to a drastic stripping of the flesh areas and the
front of the clothing. The surface was very muddled: there were traces of
original white preparation, red bole, the remains of silver leaf, which had
blackened, repainted areas, and not least a layer of dirt. The decision was
made to undertake a major restoration of this work, which is a rare example
of German Baroque sculpture in the Louvre collections. The old polychrome
elements were cleaned, and certain parts were finely retouched. On the
back of the work the removal of unscratched areas revealed silvering that
was well preserved and which had not oxidised, which is rare.
Saint Louis de Gonzague, avant restauration
Saint Louis de Gonzague, après restauration
209
Vie des collections
Les restaurations des sculptures du jardin des Tuileries
Programme suivi par Geneviève Bresc-Bautier
Pierre Legros et Jean Robert
Deux vases
Marbre
Département des Sculptures (M.R. 2904-2905)
Restauration : Frédéric Rouchet
Lorenzo Ottone
Le Nil
Marbre
Département des Sculptures (M.R. 1964)
Restauration : Arnaud de Villeneuve
Pierre Bourdict
Le Tibre
Marbre
Département des Sculptures (M.R. 1765)
Restauration : Arnaud de Villeneuve
Giuseppe Franchi
Deux lions
Marbre
Département des Sculptures (LL 57-58)
Restauration : Hugues de Bazelaire
210
Vase (M.R. 2904), avant restauration
Depuis que le musée du Louvre a reçu la gestion du jardin des
Tuileries, un programme de restauration des sculptures y est accompli, ainsi qu’un entretien annuel de la sculpture contemporaine (par Olivier Morel) et des bronzes (par Antoine Amarger).
En 2010, trois ensembles d’œuvres ont fait l’objet de restaurations fondamentales : deux vases exécutés pour Versailles, Le Nil
et Le Tibre, commandés par Louis XIV à Rome, et les deux lions
placés aux angles de la place de la Concorde. Outre le traitement
biocide contre les colonisations végétales, les restaurateurs ont
procédé à l’ablation des croûtes noires qui se formaient dans
les zones protégées, par compresses et/ou microgommage. Les
parties saillantes déminéralisées (marbre « pouf ») ont été consolidées. Les joints dégradés et les fissures ont été comblés.
G. Bresc-Bautier
 Since the Musée du Louvre was given responsibility for the Tuileries
garden, a restoration programme has been implemented for the sculptures
and annual maintenance of the contemporary sculpture (by Olivier Morel)
and the bronzes (by Antoine Amarger). In 2010, three groups of works
were completely restored: two vases executed for Versailles, the Nile and
the Tiber, commissioned by Louis XIV in Rome, and the two lions located in
the corners of the Place de la Concorde. In addition to treatment against
mould, the restorers removed the black encrustations that had formed in
the depressions, using compresses and/or micro-exfoliation. Demineralised
projecting parts (“friable” marble) were consolidated. The worn joints and
cracks were filled in.
Vase (M.R. 2904), après restauration
Restaurations
Le Nil (M.R. 1964), avant restauration
Le Nil (M.R. 1964), après restauration
Le Tibre (M.R. 1765), avant restauration
Le Tibre (M.R. 1765), après restauration
Lion (LL 57), avant restauration
Lion (LL 57), après restauration
211
Vie des collections
Restaurations pour l’Histoire du Louvre
Programme suivi par Guillaume Fonkenell
Restauration : Sara Benkhalifa, Fabienne Druilhe
212
À la suite du transfert des plâtres de l’architecte en chef du
Louvre depuis la réserve Macdonald jusqu’à la plaine SaintDenis, la section Histoire du Louvre a entrepris une campagne
progressive de conservation préventive sur ces pièces. Deux
estampages pris par l’architecte Lefuel au début des années
1860 sur le palais des Tuileries et témoignant des détails de
modénature de ce palais disparu ont été refixés sur un support
rigide, consolidés et dépoussiérés (HL MOUL 153 et 302). Des
modèles préparatoires au décor du xixe siècle (HL MOUL 191,
473 et 550) ont également été restaurés. Cette opération a
été menée par les restauratrices Sara Benkhalifa et Fabienne
Druilhe.
G. Fonkenell
 After the transfer of the plasters by the Louvre’s chief architect from
the McDonald reserve to the Plaine Saint-Denis reserve, the History of the
Louvre division has undertaken a gradual campaign of preventative
conservation on these items. Two impressions taken by the architect Lefuel
at the beginning of the 1860s on the Palace of the Tuileries, which attest to
the proportions and outlines of this now inexistent palace, were attached
to a rigid support, consolidated, and cleaned of dust (HL MOUL 153 and
302). Preparatory models of the nineteenth-century decorations (HL MOUL
191, 473, and 550) were also restored. This operation was carried out by
the restorers Sara Benkhalifa and Fabienne Druilhe.
Estampage pris par Lefuel sur le palais des Tuileries
Modèle préparatoire au décor du xixe siècle
Restaurations
Objets d’art
Le projet de rénovation des salles de mobilier du xviiie siècle est évidemment le
chantier de restauration prioritaire au sein du département des Objets d’art, en vue
de la réouverture de ces salles au printemps 2013.
Concernant les autres périodes, certaines opérations d’envergure ont été lancées
à l’occasion de prêts importants pour des expositions temporaires, comme dans
le cas de la tapisserie de l’Adoration des Mages, prêtée au Japon, qui a fait l’objet
d’une étude détaillée et d’une intervention fondamentale. Un exemple similaire
est la couronne de Louis XV, dont le prêt exceptionnel à Versailles a donné lieu
à une révision complète : nettoyage très poussé, remplacement avec l’aide de la
maison Chaumet d’un chaton de pierre manquant, remise en place d’un rang de
perles d’imitation anciennes, préservation de la calotte originale, qui a été copiée à
l’identique en soie rouge brodée de fils d’or par la maison Lesage.
D’autres opérations menées en 2010, sur – entre autres – des émaux fragiles
de Limoges ou de Venise, ou encore le nettoyage complexe de l’argenterie des
appartements Napoléon III, s’inscrivent dans des campagnes régulières de suivi des
collections.
M. Bascou
 The renovation project on the eighteenth-century furniture rooms is a clear priority for the
Department of Decorative Arts, given that the rooms are scheduled to reopen in the spring of
2013.
As far as the other periods are concerned, thorough operations have been initiated whenever
important works have been loaned for temporary exhibitions, such as the tapestry of the Adoration
of the Magi, which was sent to Japan and required a systematic examination and intervention.
Another similar example is the crown of Louis XV, which was exceptionally loaned to Versailles, and
underwent extensive restoration work. This involved a delicate cleaning operation, and the
replacement—with the help of Chaumet—of a stone missing with its setting, the refitting of a row
of ancient imitation pearls, and the preservation of the original cap, which was identically copied
in red silk and embroidered with gold threads by the maison Lesage.
Other operations carried out in 2010—which included safeguarding fragile enamels from
Limoges and Venice and the intricate cleaning of the silverware from the apartments of Napoleon
III—are part of the regular maintenance programmes for the collections.
213
Vie des collections
Une restauration inédite de tapisserie par nettoyage enzymatique
Programme suivi par Agnès Bos
Études et analyses : Sylvie Forestier et Nathalie Balcar (C2RMF), Dominique de Reyer (LRMH)
Restauration : Sylvie Forestier, assistée de Cécilia Aguirre et Tahlia Bajon-Bouzid
L’Adoration des Mages
Bruxelles, vers 1570
Tapisserie. H. 1,40 m ; l. 1,75 m
Ancienne collection Spitzer ; legs Charles Rochard, 1896
Département des Objets d’art (OA 5942)
La tapisserie de l’Adoration des Mages est entrée dans les collections du musée du Louvre grâce au legs de Charles Rochard
en 1896, collectionneur qui l’avait acquise à la vente de la collection Spitzer deux ans auparavant. De dimensions modestes
et particulièrement riche par la présence de nombreux fils
métalliques, cette tapisserie devait servir à la dévotion d’un
particulier ou comme retable dans une chapelle. Ce format qui
la rapproche d’un tableau avait justement conduit l’un de ses
propriétaires anciens (Spitzer ?) à la faire tendre sur un châssis.
Le prêt de la tapisserie pour l’exposition « L’Enfant dans les
collections du musée du Louvre », présentée à Tokyo, au National Art Center, de mars à juin 2009, puis à Osaka, au National
Museum of Art, de juin à septembre 2009, sous le commissariat de Guillemette Andreu-Lanoë, a été l’occasion d’enlever le
châssis qui provoquait des tensions nuisibles et d’envisager sa
restauration, confiée à la restauratrice de textiles Sylvie Forestier. La dépose du châssis puis de la doublure qui se trouvait
entre celui-ci et la tapisserie a révélé la présence d’un badigeon
de colle, mélange de colle de peau et de colle d’amidon (analyse
par Nathalie Balcar). Ce type d’adhésif ne peut être ôté de façon
satisfaisante ni mécaniquement (au scalpel) ni par un nettoyage
classique comme il est habituellement pratiqué sur les tapisseries. Depuis quelques décennies, le recours à un traitement
enzymatique est privilégié par certains restaurateurs textiles
dans des cas de figure comme celui-ci et permet d’obtenir des
résultats satisfaisants. Dans la littérature sur le sujet, il n’existe
pas de mention d’un tel traitement appliqué à une tapisserie
à fils métalliques, car les spécialistes considèrent que l’action
des enzymes est susceptible d’être inhibée par ces éléments
214
Tapisserie de l’Adoration des Mages (revers), en cours de restauration
métalliques. L’année 2009 a donc été consacrée à une étude
approfondie par Sylvie Forestier de la faisabilité d’un nettoyage
enzymatique de la tapisserie. Outre la question des fils métalliques, il convenait également de tester au préalable la stabilité
des colorants en bain et l’ampleur des risques de dégorgement
le cas échéant. Cette étude fut complétée par une analyse des
fils métalliques au microscope électronique à balayage couplé à
une micro-sonde EDS, effectuée par Dominique de Reyer.
L’étude détaillée menée par Sylvie Forestier a conclu à la possibilité de procéder à un tel traitement et a permis de mettre
en place un protocole précis, à partir d’un test effectué sur une
petite partie de la tapisserie. L’enzyme utilisée est l’α-amylase,
catalyseur spécifique de l’amidon, qui est activée en milieu
aqueux, dans des conditions de pH et de température précises et
soigneusement contrôlées. L’adoption d’un tampon phosphate
permet d’éviter les chutes de pH au moment de la mise en bain
de la tapisserie, dont le badigeon est acide. Après validation
de la proposition de traitement par la commission de restauration du musée du Louvre en janvier 2010, il fallut procéder
à la construction d’un bac de lavage adapté aux dimensions
de la tapisserie. Après d’ultimes tests, le bain eut lieu en juillet
2010, au sein de l’atelier de restauration des textiles du C2RMF,
sous la direction d’Agnès Mathieu-Daudé et Roberta Cortopassi,
conservateurs de la filière arts décoratifs. Sylvie Forestier était
assistée de deux autres restauratrices textiles, Cécilia Aguirre et
Tahlia Bajon-Bouzid, afin de pouvoir effectuer l’ensemble des
opérations de lavage et de séchage dans une seule journée.
Le résultat de cette opération a dépassé les espérances. Non
seulement le badigeon de colle a presque entièrement disparu
– l’objectif premier était donc atteint –, mais les fils métalliques, noircis par la sulfuration, ont retrouvé un éclat remarquable qui rend à la tapisserie sa splendeur d’origine. Enfin, la
restauration s’est poursuivie par les consolidations nécessaires
et par la pose d’une doublure adaptée.
Au caractère exceptionnel de cette restauration, qui semble
être une première en France,
une autre découverte s’est
ajoutée. Lors de la dépose du
châssis et de la doublure ancienne, le galon moderne a
également été ôté. Cette opération a révélé la présence,
sur la lisière ancienne, de la
marque Brabant Bruxelles et
du monogramme du licier,
FG, attribué traditionnellement à Frans Geubels,
entrepreneur bruxellois très
important dans les années
1560-1585. Cette découverte
permet d’envisager de façon
sérieuse une étude approfondie de cette œuvre qui
n’a jusqu’ici jamais attiré
l’attention des historiens
Restaurations
spécialistes de la tapisserie,
en dépit de ses qualités aussi
bien techniques qu’esthétiques. Un article à paraître
dans La Revue des musées de
France. Revue du Louvre est
en préparation, en collaboration avec Agnès MathieuDaudé et Sylvie Forestier, et
la tapisserie fera également
l’objet d’une présentation
à l’auditorium du Louvre
pour une « Œuvre en scène »
à l’automne 2011. Cela permettra, nous l’espérons, de
faire connaître largement ce
chef-d’œuvre de la tapisserie
flamande de la Renaissance.
A. Bos
 The loan of this tapestry for
the exhibition “L’enfant dans les
collections du musée du Louvre”
(Children in the Musée du Louvre
collections; Tokyo and Osaka,
2009) provided the opportunity to
remove it from the stretcher—
which was causing unwanted tension—and to perform restoration
Tapisserie de l’Adoration des Mages, après restauration
work on the tapestry. Once the
stretcher and the lining were removed, the fabric’s back revealed
the presence of an adhesive distemper—a blend of animal skin glue and starch glue (analysis by Nathalie
The outcome exceeded all expectations: the adhesive distemper was
Balcar, C2RMF, the Centre for Research and Restoration of the Museums of
almost completely removed and, above all, the metal threads, blackened
France). In 2009, a detailed examination of the work was carried out by
by sulphurisation, are now remarkably shiny, which has restored the
Sylvie Forestier to decide on the feasibility of enzymic cleaning. The stabiltapestry to its original splendour. Moreover, when the later border was
ity of the dyes was also tested, to assess the risks of the colours running.
detached along with the canvas-stretcher, the original edge of the material
Meanwhile the metal threads were studied under a electron microscope
revealed the mark of Brabant Bruxelles and the monogram of the tapestry
equipped with an energy dispersive spectrometer (SEM/EDS), carried out
maker, FG, traditionally attributed to Frans Geubels, a major entrepreneur
by Dominique de Reyer (LRMH).
in Brussels from 1560 to 1585.
Le chantier des collections de mobilier du xviiie siècle
Programme suivi par Frédéric Dassas
Dans la perspective de la rénovation complète des salles de mobilier du xviiie siècle, dont la réouverture est prévue en 2013, les
opérations conduites en 2010 ont porté sur les lambris et le bois
doré, le mobilier Boulle et les bronzes d’ameublement, les garnitures de siège, la collection de boîtes et objets de vitrine. Elles
se répartissent entre campagnes de constats, établissement de
cahiers des charges de restauration et restaurations proprement
dites. Pour les travaux concernant le mobilier Boulle, on se référera à la partie consacrée aux travaux de recherche.
Restauration des ensembles de boiseries
Les boiseries recueillies par le département des Objets d’art,
provenant d’hôtels particuliers parisiens, sont bien documen-
tées et ont heureusement échappé au décapage radical couramment pratiqué à la fin du xixe et au début du xxe siècle. Leur
restauration devrait permettre de rétablir dans toute la mesure
du possible les couleurs et les subtilités des dorures originales.
La réflexion sur la restauration et le remontage des lambris
s’est déroulée avec la collaboration scientifique de Fabrice
Ouziel, historien, et du C2RMF, en concertation avec l’agence
de Michel Goutal, assisté du scénographe Jacques Garcia.
Chaque ensemble a fait l’objet d’une étude préalable conduite
en 2010 par Jean Perfettini, et d’un projet complet de remontage, incluant le traitement des parties existantes, la définition des parties à restituer (corniches, éléments disparus), en
accord avec les informations fournies par les descriptions et
215
Vie des collections
vues anciennes. Les boiseries qui étaient présentées dans les
salles du département ont été démontées au cours du dernier
trimestre 2010 en vue de leur externalisation.
Le travail d’élaboration des cahiers des charges de restauration des lambris, suivi de l’analyse des offres remises par les
entreprises, a été achevé au cours du premier semestre 2010
pour le petit salon de l’hôtel de Villemaré (lot attribué au groupement constitué par J. Perfettini) ; pour la bibliothèque de
l’hôtel de Villemaré, ainsi que pour le salon de compagnie et
la chambre sur cour du même hôtel (lots attribués au groupement constitué par les Ateliers La Chapelle) ; et au second
semestre 2010 pour les boiseries de la chambre de parade de
l’hôtel de Chevreuse (lot attribué au groupement constitué par
les Ateliers La Chapelle). La restauration des trumeaux de miroirs et niches de l’hôtel Le Bas de Montargis doit en revanche
être effectuée au C2RMF.
Campagne de constats et restauration des bois dorés
La campagne a été conduite en collaboration avec le C2RMF et
confiée à Roland Février, responsable de l’atelier de bois doré.
Elle a été suivie au département des Objets d’art par Frédéric
Dassas et Marie-Elsa Dantan.
Entreprise en avril 2010, elle s’est achevée en mars 2011. Elle
a porté sur soixante-neuf sièges, vingt-quatre consoles et deux
miroirs. L’examen a donné lieu à l’établissement d’un constat
détaillé par objet et d’un programme de restauration : suppression de retouches anciennes masquant les dorures originales et
restitution d’éléments manquants. Un document de synthèse
a été élaboré, après achèvement des examens, au cours du premier semestre 2011.
La campagne de restauration des consoles de bois doré,
entreprise en 2008, a vu l’achèvement de la restauration des
œuvres suivantes :
– OA 5260 : console Louis XIV à six pieds ;
– OA 5088 : console du grand cabinet du château de Bercy ;
– OA 5049 : table-console à huit pieds du château de Bercy.
Les restaurations suivantes ont été poursuivies ou mises en
chantier :
– OA 5089 : console Régence ;
– OA 5127 : console rocaille ;
– OA 5234 : console du cabinet turc du comte d’Artois.
Campagne de constats des bronzes d’ameublement
La campagne a été conduite en collaboration avec le C2RMF
et confiée à Emmanuel Plé, responsable de l’atelier de métal.
Elle a été suivie au département par Frédéric Dassas et Béatrice
Coullaré.
Entreprise en avril 2010, elle s’est achevée au cours du
premier trimestre 2011. Elle a porté sur près de quatre cents
objets : luminaires, chenets et objets montés. L’examen a donné lieu à l’établissement d’un constat détaillé par objet et d’un
programme de restauration : nettoyage, consolidation et réassemblage, en fonction des choix faits pour les futures salles.
Un document de synthèse a été élaboré après achèvement des
examens.
Restauration de la console du cabinet turc du comte d’Artois, quatre étapes de
216
l’intervention sur l’une des figures ailées
Campagne de constats des garnitures de sièges
La campagne a été confiée à Xavier Bonnet, tapissier restaurateur, et s’est déroulée en juin 2010. Elle a été suivie au département par Frédéric Dassas et Catherine Voiriot. Elle a porté sur
environ cent quatre-vingts sièges.
Restaurations
L’examen a donné lieu à l’établissement d’un constat permettant de repérer les garnitures anciennes ou les fragments
de garnitures subsistantes.
Campagne de constats des boîtes et objets de vitrine
Entreprise en 2009 et achevée au cours du troisième trimestre
2010, la campagne a concerné l’ensemble de la collection de
boîtes en or et objets précieux du département, soit sept cent
quarante-trois objets.
Elle a été confiée à des restaurateurs spécialisés : Béatrice
Beillard (émaux et orfèvrerie), Virginie Trotignon (vernis et
miniatures), Élisabeth Grall (écaille) et Stéphane Crevat (structures et démontages). Elle a été suivie au département par
Frédéric Dassas et Marie-Hélène de Ribou. Chaque pièce a fait
l’objet d’un constat détaillé et d’une estimation du temps de
travail à prévoir en vue des interventions nécessaires avant la
réouverture des salles.
F. Dassas
Restauration de la console du cabinet turc du comte d’Artois, partie supérieure
du pied portant un décor à l’imitation de pierre dure : état avant et après
 As part of the complete renovation of the eighteenth-century furniture
rooms (scheduled to reopen in 2013), the interventions carried out in 2010
focused on the panelling and gilt wood, the Boulle furniture and gilt
fittings, the seat fittings, and the collection of boxes and objects of vertu.
The restoration and reassembly of the panelling was conducted in
collaboration with the historian Fabrice Ouziel, and the C2RMF (Centre for
Research and Restoration of the Museums of France), in conjunction with
the agency of Michel Goutal, assisted by the designer Jacques Garcia. Each
ensemble was subjected to a preliminary study carried out in 2010 by Jean
Perfettini, and was completely reassembled.
The work on the gilt wood pieces (69 seats, 24 consoles, and 2 mirrors)
was carried out in collaboration with the C2RMF and run by Roland Février,
head of the gilt wood workshop; the operation was overseen in the
Department by Frédéric Dassas and Marie-Elsa Dantan. It was started in
2010 and scheduled to finish in March 2011.
The programme relating to the gilt fittings was carried out in
collaboration with the C2RMF, and was run by Emmanuel Plé, head of the
metalworking workshop and overseen in the Department by Frédéric
Dassas and Béatrice Coullaré about 400 objects.
The verification and examinations of the seat fittings (about 180 seats)
was run by the upholsterer and restorer Xavier Bonnet, and took place in
June 2010; the operation was overseen in the Department by Frédéric
Dassas and Catherine Voiriot.
The verifications and examinations of the boxes and objects of vertu
focused on the Department’s entire collection (743 objects). This was
entrusted to specialized restorers: Béatrice Beillard (enamels and silver/gold
works), Virgine Trottignon (varnishes and miniatures), Elisabeth Grall
(surface flaking), and Stéphane Crevat (structures and dismantling); the
operation was overseen in the Department by Frédéric Dassas and MarieHélène de Ribou.
restauration.
217
Vie des collections
Peintures
Travaillant en étroite collaboration avec le C2RMF, qui assure l’intégralité de
la maîtrise d’œuvre de ces restaurations, le département des Peintures a défini,
pour l’année 2010, trois axes principaux en ce qui concerne les restaurations des
collections dont il a la responsabilité.
Tout d’abord, la poursuite d’une programmation d’interventions sur des tableaux
montrés en salles ou conservés en réserves et n’ayant pas bénéficié des campagnes de
restaurations accompagnant les travaux du Grand Louvre. C’est dans cette logique
que l’on a décidé d’entreprendre la restauration de la série des paysages peints au
Brésil par Frans Post, présentée ci-dessous, ainsi que des paysages peints par JulesGeorges Bondoux et représentant les sites de Suse et leurs vestiges archéologiques.
Par ailleurs, plusieurs restaurations importantes ont été liées en 2010 à des retours
d’œuvres déposées – particulièrement dans des ministères –, œuvres qui ont dû
subir à leur arrivée au Louvre des interventions plus ou moins approfondies avant
de réintégrer les salles d’expositions permanentes.
Ensuite, l’année 2010 a été tout particulièrement occupée par la préparation,
la poursuite ou le lancement de la restauration de cinq tableaux très importants :
La Vénus du Pardo de Titien ; Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus de Léonard de
Vinci ; la grande croix attribuée à Giotto ou à son atelier ; Les Pèlerins d’Emmaüs
de Rembrandt, étudiés ci-dessous ; Eva Prima Pandora de Jean Cousin. Discutées
et analysées au préalable durant des journées d’étude, ces restaurations, qui
seront expliquées et diffusées en toute transparence à l’occasion d’expositions
et de publications futures, ont généralement été suivies par des commissions de
spécialistes.
Enfin, il convient de signaler l’achèvement en 2010 de la restauration du Déluge
de Girodet-Trioson, une intervention importante qui a été décidée à l’issue de
l’exposition consacrée en 2005 à ce peintre et qui a dû être effectuée dans les ateliers
du C2RMF à Versailles. De même, le département des Peintures a suivi la restauration
de l’imposant tableau d’Ary Scheffer Les Bourgeois de Calais, restauration financée
par l’Assemblée nationale, où il se trouve toujours déposé.
Dans le cadre du chantier des objets d’art du xviiie siècle, le département des
Peintures a lancé des appels d’offres pour la restauration de deux importants
plafonds peints par Giovanni Scaiario et Antoine François Callet.
V. Pomarède
218
 Throughout each year the Department of Paintings works in close collaboration with the
C2RMF (Centre for Research and Restoration of the Museums of France) to ensure that every
aspect of the restoration of its holdings is safely concluded.
In 2010 the Department adopted a three-part approach, the first stage of which involved working
on paintings on display in the exhibition rooms, or held in storage and previously omitted from
restoration programmes. The first choice fell on a series of landscapes painted in Brazil by Frans Post,
and paintings documenting the archaeological sites of Suse and the ancient ruins discovered there.
Also, several major restorations carried out in 2010 were related to the return of works on loan
(particularly those previously entrusted with French ministries), which required varying degrees of
restoration before they could be integrated into the permanent exhibition halls.
Among the main achievements of the year was the restoration of five highly prized works: The
Pardo Venus by Titian; the Virgin and Child with St Anne by Leonardo da Vinci; the large cross
attributed to Giotto or his workshop; Rembrandt’s The Pilgrims at Emmaus; and Jean Cousin’s Eva
Prima Pandora. The first stage involved holding a series of dedicated Study Days for discussion and
analysis (the findings of which will be divulged through forthcoming exhibitions and publications),
after which the projects were monitored by specialist workgroups.
The year 2011 also saw the successful completion of restoration work on Girodet-Trioson’s
Déluge, which began after the 2005 exhibition devoted to this painter, and was undertaken in the
C2RMF workshops at Versailles. Likewise, the Department of Paintings oversaw the restoration of
Ary Scheffer’s impressive Les bourgeois de Calais, a restoration funded by the Assemblée Nationale,
where it remains on deposit.
Restaurations
Étude et restauration du Reniement de saint Pierre des frères Le Nain
Programme suivi par Sylvain Laveissière
Restauration au C2RMF : Jean-Michel Hulot pour le support et Frédéric Pellas pour la couche picturale en 2009
Les frères Le Nain, Louis (Laon, vers 1600-1610 – Paris, 1648),
Antoine (Laon, vers 1600-1610 – Paris, 1648) ou Mathieu
(Laon, vers 1607 – Paris, 1677)
Le Reniement de saint Pierre
Huile sur toile. H. 92 cm ; l. 1,18 m
Trésor national donné à l’État pour le Louvre par le Groupe AXA
Département des Peintures (R.F. 2008-56)
bords soulevés ont été abrasés. Malgré une adhérence médiocre,
l’opportunité d’une reprise de rentoilage n’a pas été retenue.
L’étude de la radiographie a fait apparaître que la toile avait
fait l’objet d’un double réemploi. Un portrait de femme dans
le sens vertical et une scène ressemblant à une Nativité dans le
sens horizontal se sont succédé, apparemment dans cet ordre,
et chacune a été recouverte d’une couche, parfois noire, qui a
conditionné la perception de la composition définitive.
La préparation est à deux couches, rouge d’abord puis grise,
comme il est fréquent au xviie siècle et constant chez les Le Nain.
Les grains de litharge, nombreux, ont subi une abrasion.
Le nettoyage a révélé la profondeur et la luminosité du vêtement de saint Pierre, dont le bleu est exécuté en lapis sur une
sous-couche mélangeant indigo et blanc de plomb.
S. Laveissière
Ce tableau, connu par les sources, est réapparu en vente publique
à Nancy le 19 mars 2000. Il s’identifie avec le « Saint Pierre de
défunt M. Le Nain » que l’Académie royale de peinture, en quête
d’un logis au Louvre, offrit en 1656 au cardinal Mazarin, avec un
« tableau de fruits » de Pierre Antoine Lemoine. Il s’agit, comme
pour le tableau de Lemoine, du « morceau de réception » offert à
l’Académie par l’auteur, pratique dont l’usage se régularisera par
la suite. On le retrouve dans l’inventaire du ministre en 1661, sans
nom d’auteur mais avec dimensions et description : « Un autre
 This painting was identified as the St Peter’s Denial by the Le Nain
brothers, offered to Cardinal Mazarin in 1656 by the Académie Royale de
[tableau] fait sur toile représentant saint Pierre entre deux soldats
Peinture. On the canvas, whose original upper and left-hand edges have
et une servante, haut de deux pieds dix pouces et trois pieds neuf
survived, are the marks of the old canvas-stretcher, which shows that the
pouces de large [0,92 5 1,21 m], prisé 45 livres ». Les frères Le Nain
painting’s current dimensions are very close to those of its original format.
furent reçus à l’Académie royale de peinture et de sculpture en
Although the canvas is slightly loose, it will not be reinforced.
mars 1648, et les deux aînés devaient mourir subitement en mai.
Radiographic tests revealed that the canvas itself had already been used
La mention « défunt M. Le Nain » doit donc désigner Antoine ou
twice, with a Portrait of a Woman on the vertical axis, and a scene resembling
Louis. Mais on sait que les trois frères travaillaient dans un atelier
a Nativity in the horizontal position.
commun et signaient sans préciser le prénom de chacun. L’attriUnder the yellowed and dirty varnish, large areas of the picture had
bution du présent tableau à l’un ou l’autre, ou à deux, voire à trois
been retouched. The cleaning revealed the depth and luminosity of St
Peter’s clothing, and the blue was executed in lapis lazuli over an undercoat
des frères est donc encore sujette à discussion.
of a mixture of indigo and lead white.
Les observations suivantes résument les deux rapports de traitement rédigés par Frédéric
Pellas.
L’œuvre n’avait pas été touchée depuis la vente de 2000.
La toile, dont les bords originaux supérieur et senestre sont
conservés, avec une bande non
préparée, montre sur les quatre
côtés des guirlandes de tension prononcées qui, avec les
marques de l’ancien châssis,
attestent que les dimensions
actuelles du tableau sont très
proches de son format original. Sous un vernis jauni et encrassé, il présentait de larges repeints, y compris sur de petites
lacunes non mastiquées, et un
jutage général, imputables à
une restauration du xixe siècle,
sans doute contemporaine du
rentoilage effectué après 1842
(datation fournie par les journaux utilisés en bordage). Le
coloris du tableau s’en trouvait
fortement altéré, et les formes
alourdies. La surface présente
des craquelures larges dont les
Le Reniement de saint Pierre, avant restauration
219
Vie des collections
Le Reniement de saint Pierre, après restauration
Étude et restauration des Pèlerins d’Emmaüs de Rembrandt
Programme suivi par Blaise Ducos
Étude : Groupe de travail international (Ashok Roy, The National Gallery, Londres ; Petria Noble, Mauritshuis, La Haye)
Restauration au C2RMF : Isabelle Leegenhoek
Rembrandt (Leyde, 1606 – Amsterdam, 1669)
Les Pèlerins d’Emmaüs
1648
Huile sur bois. H. 68 cm ; l. 65 cm
Acquis à la vente Randon de Boisset par Paillet, marchand d’art, pour
Louis XVI, 1777
Département des Peintures (INV. 1739)
220
La restauration des Pèlerins d’Emmaüs (ou Le Souper à Emmaüs)
de Rembrandt s’inscrit dans un programme de recherche au
long cours sur la collection rembranesque du Louvre, riche
d’environ trente peintures – œuvres du maître ou qui lui
furent attribuées au cours de leur existence. Depuis 2006 et
les premières journées d’étude organisées par le département
des Peintures sur « Rembrandt au Louvre » (26 juin 2006, restitution à l’Auditorium le 1er décembre), la collection est l’objet
d’une étude systématique renouvelée, en partenariat avec le
C2RMF. Source d’informations neuves et complémentaires, les
examens des tableaux livrent une image précise de l’état des
œuvres, en même temps qu’ils fournissent l’indispensable matériau à même de servir la comparaison avec d’autres tableaux
de Rembrandt ou de son école conservés à l’étranger. Les
tableaux du Louvre peuvent et doivent être mis en relation
avec les œuvres du Rijksmuseum à Amsterdam, du Mauritshuis
à La Haye, du Metropolitan Museum of Art, de la National
Gallery de Londres, de la Gemäldegalerie Alte Meister à Dresde.
Les Pèlerins d’Emmaüs, un tableau reconnu et célèbre, œuvre
de la maturité de l’artiste, offrait un état de présentation insatisfaisant : irrégularités de la surface en grand nombre, couches
superposées de vernis modernes fortement oxydés, tensions
exercées par le vernis risquant d’entraîner des soulèvements
de la couche picturale. De l’avis général des spécialistes, la
Restaurations
dégradation du vernis – matériau dont la fonction est d’assurer
la protection de l’œuvre et de renforcer la profondeur de l’image
– altérait nettement la conservation et la vision du tableau.
Les visiteurs de l’exposition organisée autour de la figure du
Christ chez Rembrandt (Louvre, 2011, Philadelphie et Detroit,
2011 et 2012) ont pu redécouvrir l’œuvre et en admirer la beauté.
Plusieurs points sont en effet réapparus avec la restauration,
éclairés par les spécialistes du Mauritshuis et de la National
Gallery qui l’ont suivie de bout en bout. Le tableau présente
ainsi la remarquable caractéristique d’être travaillé en relief par
Rembrandt. L’artiste a suggéré, en particulier, la texture des
murs de la pièce où se déroule l’épisode biblique par des frottements, des arrachages de matière qui évoquent de manière saisissante le crépi ancien… La liberté, la légèreté de la touche ont
une fonction expressive qui vient servir la narration : nuage de
fumée s’élevant du rôt et évoquant l’atmosphère familière dont
le peintre pare les récits des Écritures, crispation des mains des
pèlerins, aura enveloppant le Christ et, surtout, lumière inondant la scène avec des jeux de contre-jours, de clartés réfléchies,
d’ombres propres, indirectes ou portées, qui, toutes, servent
l’affirmation d’une présence exceptionnelle. Enfin, les nuances
de rose, vert, gris qui font vibrer le panneau ont été révélées.
L’allègement de vernis ne livre pas, pour autant, un tableau
dysphonique, dans lequel les couleurs entreraient en concurLes Pèlerins d’Emmaüs, avant restauration
rence les unes avec les autres.
C’est bien une forme d’unité
tonale qui était recherchée
par Rembrandt, mais la
construction graduelle de
l’image peinte (de l’arrière
vers l’avant, au moyen de
palettes différentes selon la
zone travaillée), tout comme
son caractère composite (à la
manière des fresques peintes
à la journée), donnent au résultat une spécificité qui était
occultée par l’action d’un
vernis oxydé.
La restauration des Pèlerins
d’Emmaüs de Rembrandt n’a
pas seulement pour conséquence de faire redécouvrir
une image aux mille détails
jusque-là largement obscurcis (le chien sous la chaise, la
fumée du plat, la texture du
mur, les effets changeants de
la tunique du Christ, le rouge
vif des manches du pèlerin
de droite…). Cette restauration restitue également la
compréhension de l’espace
et de la lumière d’un peintre
du xviie siècle, travaillant
avant les heures glorieuses
de la peinture tonale. Les
contemporains de Rembrandt
louaient l’artiste pour sa capacité à dissocier les couleurs,
tout en associant celles qui
Les Pèlerins d’Emmaüs, après restauration
221
Vie des collections
entretiennent entre elles des relations directes de manière à faire
ressentir la constellation des impressions fugitives que produit
sur l’œil la vision de la nature.
Ayant gardé une enveloppe de plusieurs microns de vernis à
l’issue de l’allègement, Les Pèlerins d’Emmaüs s’insèrent à présent
avec aisance dans la production rembranesque des années 1640.
B. Ducos
 The restoration of The Pilgrims at Emmaus is part of a study programme
on thirty paintings by (or attributed to) Rembrandt. Since the first dedicated
Study Days of 2006 this group of Rembrandts has been systematically
examined in partnership with the C2RMF (Centre for Research and
Restoration of the Museums of France). One in particular, The Pilgrims at
Emmaus (a later work) manifested various problems, including many surface
irregularities, heavy oxidation, and layers of later varnish that had caused
tension in the pictorial layer, especially in the central figure; furthermore,
there were assorted surface alterations and whitened areas that compromised
the rendering of Christ’s face, the chiaroscuro, and the picture’s spatial
construction. Comparison with signed contemporary works held in other
museums corroborated the Louvre painting’s problematic condition.
During restoration, various hitherto obscured details emerged (the dog
under the chair, the steam from the dish, the texture of the wall, the
lighting shifts of Christ’s tunic, the bright red of the sleeves of the pilgrim
on the right, etc.). The restoration has further endorsed this seventeenthcentury painter’s outstanding comprehension of space and light.
Restauration de tableaux de l’école française
Jean Jouvenet (Rouen, 1644 – Paris, 1717)
L’Hiver
1699
Huile sur toile. H. 2,44 m ; l. 1,87 m
Commande de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 5497)
Restauration au C2RMF : Yves Lutet pour le support et Véronique
Sorano-Stedman pour la couche picturale
222
sitaire du tableau (2001) et financeur de l’opération. Roulé sans
doute depuis l’époque de sa dépose au xviiie siècle, le tableau,
fort dégradé, a fait l’objet d’une restauration longue et délicate.
Remis sur un nouveau châssis, rentoilé, rapiécé, il a bénéficié
d’une réintégration illusionniste comportant la réinvention de
certains détails anatomiques disparus (pied, jambe).
M.-C. Sahut
Ce tableau fait partie d’une série de quatre Saisons commandées
pour le salon du pavillon central du château de Marly. Sa restauration est le fruit d’un accord avec le musée de Marly, dépo-
 This painting is part of a series of four Saisons commissioned for the
salon of the central pavilion of the Château of Marly, and was restored
by agreement with the Musée de Marly in 2001, where the painting is on
deposit, and which funded the operation. Regrettably, the canvas
L’Hiver, avant restauration
L’Hiver, après restauration
Restaurations
had probably remained rolled up since it was loaned out in the eighteenth
century, and the resulting damage necessitated a long and delicate restoration. Mounted on a new stretcher, relined, and fully repaired, the painting
was then subjected to a careful reintegration operation, which included the
completion of certain anatomical details that had disappeared (foot and leg).
François de Troy (Toulouse, 1645 – Paris, 1730)
Portrait d’une femme avec un enfant se mirant dans une glace
1704
Huile sur toile. H. 1,46 m ; l. 1,135 m
Legs Chauchard, 1910
Département des Peintures (R.F. 1918)
Restauration au C2RMF : Christian Chatellier pour le support et Anne
Lepage pour la couche picturale
Déposé au ministère de l’Emploi de 1924 à 2008, le tableau a
été restitué au Louvre pour cause de soulèvement généralisé
de la couche picturale, lequel a été résorbé par un refixage à la
colle d’esturgeon. Le parti général a été de conserver les restaurations précédentes, bien accordées dans l’ensemble, en particulier les bandes d’agrandissement dont la suppression aurait
entraîné trop loin (changement du châssis et du cadre, etc.). La
découverte d’une signature a confirmé la récente attribution à
de Troy.
M.-C. Sahut
Portrait d’une femme avec un enfant se mirant dans une glace, avant restauration
 Entrusted with the French Ministry for Employment between 1924 and
2008, the painting was returned to the Louvre when the pictorial layer
began to show signs of detachment, which was resolved by the application
of sturgeon glue. The basic aim was to leave the previous, largely harmonious
restorations intact, in particular the extension strips, whose removal would
have resulted in further interventions (a new stretcher and frame, etc.). The
discovery of a signature confirmed the recent attribution to De Troy.
Charles Antoine Coypel (Paris, 1694-1752)
Cléopâtre avalant le poison
1749
Huile sur toile. H. 1,30 m ; l. 1,95 m
Collection Louis XV
Département des Peintures (INV. 3542)
Restauration au C2RMF : Jean-Pascal Viala pour le support et Isabelle
Chochod pour la couche picturale
Portrait d’une femme avec un enfant se mirant dans une glace, après restauration
Cléopâtre avalant le poison, en cours de restauration
223
Vie des collections
Cléopâtre avalant le poison, après restauration
Illustrant le dénouement tragique de la pièce de Pierre Corneille
Rodogune, l’œuvre montre le rôle de Charles Antoine Coypel,
premier peintre du roi et dramaturge, dans la persistance de la
grande peinture d’histoire sous le règne de Louis XV. Imprésentable en raison de l’oxydation du vernis, le tableau a fait
l’objet d’une restauration fondamentale. Il figure dans une exposition sur la théâtralité en peinture organisée en 2011 par le
musée des Beaux-Arts de Nantes.
M.-C. Sahut
 Illustrating the tragic denouement of Pierre Corneille’s play, Rodogune,
the painting attests to the role played by Charles-Antoine Coypel, Premier
peintre to the king and playwright, in continuing the genre of great
historical painting during the reign of Louis XV. The painting was
unpresentable, due to the oxidisation of the varnish, and required major
restoration. It will be included in an exhibition on the theme of theatricality
in painting organised in 2011 by the Musée des Beaux-Arts de Nantes.
Antoine François Callet (Paris, 1741-1823)
Portrait d’un chartreux
Huile sur toile ovale. H. 69,5 cm ; l. 57 cm
Legs du peintre Constant Mongé-Misbach, 1871 ; déposé à la mairie de
Brionne en 1876
Département des Peintures (R.F. 11)
Restauration au C2RMF : Yves Lutet pour le support et Patricia Vergez
pour la couche picturale
224
À la suite du récolement général des collections nationales, ce
tableau en mauvais état a fait l’objet d’une fin de dépôt en
2004. La restauration a été menée à titre conservatoire. Un
soin particulier a été apporté à la préservation des éléments
d’origine, châssis et toile.
M.-C. Sahut
 As part of the Louvre’s sweeping programme for locating and authenticating the national collections across the country, this painting was returned
to the Louvre in 2004 for repairs and conservative restoration. Particular care
was taken to preserve the original elements, stretcher, and canvas.
Catherine Lusurier (vers 1753 – Paris, 1781)
Portrait du peintre Germain Jean Drouais (1763-1788) à l’âge de
quinze ans
Vers 1778
Huile sur toile ovale. H. 80 cm ; l. 64 cm
Acquis en 1849
Département des Peintures (INV. 6406)
Restauration au C2RMF : Annie Hochart-Giacobbi pour la couche picturale
Affiliée à la dynastie des peintres Drouais, Catherine Lusurier a
portraituré ici, en « petit dessinateur », son jeune cousin Germain
Jean, le futur tenant du néoclassicisme, mort prématurément
en 1788. La perspective de deux expositions consacrées aux
femmes peintres (l’une à Tokyo, l’autre à Washington) a donné
l’occasion de restaurer cette œuvre qui, signée en toutes lettres,
est une référence dans le corpus limité de l’artiste. Un allégement du vernis oxydé lui a rendu sa lisibilité.
M.-C. Sahut
Restaurations
Portrait d’un chartreux, avant restauration
Portrait d’un chartreux, en cours de restauration
Portrait du peintre Germain Jean Drouais (1763-1788) à l’âge de quinze ans,
Portrait du peintre Germain Jean Drouais (1763-1788) à l’âge de quinze ans,
avant restauration
après restauration
225
Vie des collections
 Affiliated to the Drouais dynasty of painters, Catherine Lusurier created
this portrait of a “young man drawing”—her young cousin Germain-Jean,
the future champion of Neoclassicism, who died prematurely in 1788. Two
exhibitions consecrated to women painters (one in Tokyo, and the other in
Washington, D.C.) provided a good opportunity to restore this work,
which is clearly signed and a major piece in the artist’s small body of work.
Light cleaning of the oxidised varnish restored the work’s legibility.
Jean Hilaire Belloc (1786-1866)
La Mort de Gaul, ami d’Ossian
Salon de 1810
Huile sur toile. H. 2,80 m ; l. 3,87 m
Daté en bas à gauche : 1810
Acquis en 1820. Retour de dépôt au musée Toulouse-Lautrec à Albi (1872-2003)
Département des Peintures (INV. 2499)
Restauration : Geneviève Fabre et Lucia Guirguis
La Mort de Gaul, ami d’Ossian, en cours de restauration
La Mort de Gaul, ami d’Ossian, après restauration
226
Fortement altéré à la suite d’un roulage prolongé, aggravé par
un écrasement ayant entraîné des pliures verticales, ce tableau
présentait des déformations, de multiples déchirures et lacunes, principalement dans l’angle inférieur senestre où deux
fragments de toile avaient disparu, l’un avant 1972, date d’une
photographie du musée d’Albi, l’autre après. La restauration
de cet angle s’est aidée d’une gravure au trait publiée dans les
Annales du Musée. Salon de 1810 de Landon. Toutefois, cette
gravure diffère en quelques endroits de la composition définitive : il apparaît que l’artiste l’a reprise, peut-être en 1820, au
moment de l’achat par Louis XVIII. Belloc est un proche de
Prud’hon, et si ce tableau ossianesque de 1810 dérivait visiblement de La Justice et la Vengeance divine de 1808, il trahit dans
son état final l’influence du Christ en Croix de 1821.
S. Laveissière
Restaurations
 After a prolonged period of being rolled up for storage, the painting
was seriously compromised, and the damage was aggravated by crushing,
which caused vertical creases; the picture was deformed, with assorted tears
and lacunae, mainly in the lower left corner, where two fragments of canvas
were missing altogether, one before 1972 (documented in a photograph in
the Musée d’Albi), and the other some time later. The reconstruction of this
corner was done from a line engraving published in Landon’s Annales du
Musée. Salon de 1810, which however differs in several places from the final
composition. It appears that the artist continued working on the piece,
perhaps in 1820, when it was purchased by Louis XVIII. Belloc was a friend of
Prud’hon, and while this Ossianesque painting from 1810 was clearly
influenced by the latter’s Justice and Divine Vengeance of 1808, its final state
betrayed the influence of the 1821 Christ on the Cross.
Relevé de sept fragments de céramique
Jules-Georges Bondoux (Paris, 1866-1919)
Il s’agit de la première étape de la restauration d’un ensemble
de quinze huiles sur carton et deux grands tableaux représentant les ruines de Suse et de la région, exécutés pendant
la mission que l’artiste effectua en 1902-1903 en Perse avec
l’archéologue Jacques de Morgan. à l’avenir, cet ensemble
pourrait trouver place dans l’une des salles du département
des Antiquités orientales.
S. Allard
Ensemble d’œuvres représentant les ruines de Suse
et de la région
Intérieur de grotte
1902-1903
Toile sur carton. H. 48,5 cm ; l. 65 cm
Entré avant 1919
Département des Peintures (R.F. 3675)
1902-1903
Toile sur carton. H. 37 cm ; l. 54 cm
Entré avant 1919
Département des Peintures (R.F. 3676)
Vue de la grotte de Tagh-é-Bostan
1902-1903
Toile sur carton. H. 36,5 cm ; l. 50 cm
Entré avant 1919
Département des Peintures (R.F. 3684)
Restauration au C2RMF : Claudia Sindaco
Intérieur de grotte, avant restauration
Intérieur de grotte, en cours de restauration
Vue de la grotte de Tagh-é-Bostan, avant restauration
Vue de la grotte de Tagh-é-Bostan, apres restauration
227
Vie des collections
 This is the first stage of the restoration of an ensemble of fifteen canvases
on cardboard, and two large paintings representing the ruins of Susa and the
region, executed during the artist’s excursion to Persia in 1902–03 with the
archaeologist Jacques de Morgan. In the future, this ensemble may be placed
in one of the rooms of the Department of Near Eastern Antiquities.
Citons également comme autres restaurations effectuées durant
l’année 2010 :
ainsi que :
– François Boucher (d’après), Le berger Amynthe revenant à la
vie dans les bras de Sylvie, INV. 2737, restauré par Emmanuel
Joyerot et Diane Arbus (déposé au ministère des Affaires étrangères, qui a payé la restauration) ;
– Ary Scheffer, Les Bourgeois de Calais, 1342, INV. 7854, restauré par Yolanta Mendili (déposé à l’Assemblée nationale, qui
a payé la restauration).
 The following restorations were also carried out in 2010:
– Nicolas de Largillière, Portrait de Lamoignon, R.F. 1942-8,
restauré par Jean-Pascal Viala et Laurent Blaise ;
– Louis Lafitte, Un guerrier mourant, R.F. 2263, restauré par
Jean-Pascal Viala et Bénédicte Trémolières ;
– Jean Charles Nicaise Perrin, Cyrus et Astiages, INV. 7167,
restauré par Frédéric Pellas ;
– François Puget, Réunion de musiciens, INV. 7346 (pour dépôt d’un an au musée de la Musique, Paris), restauré par JeanPascal Viala et Anne Lepage ;
– Jean Raoux, La Liseuse, M.I. 1100, restauré par Annie
Hochart-Giacobbi.
Suivi de la restauration de plusieurs tableaux déposés par le
musée du Louvre
Le département des Peintures a suivi de près la restauration de
plusieurs tableaux inscrits sur ses inventaires et déposés dans
d’autres musées ou institutions.
Citons notamment :
– un ensemble de morceaux de réception déposés à l’École
nationale supérieure des beaux-arts :
. Pierre Dulin, Punition de Laomédon par Apollon, INV. 4278,
restauré par Yves Lutet et Marie-Alice Belcour ;
. Jean Joseph Dumons de Tulle, Adam et Ève, INV. 4282, restauré par Nathalie Pincas ;
. Jean Laurent Mosnier, Hercule armé par les dieux, INV. 6757,
restauré par Jean-Pascal Viala et Marie-Alice Belcour ;
- Nicolas de Largillière, Portrait de Lamoignon, R.F. 1942-8, restored by
Jean-Pascal Viala and Laurent Blaise
- Louis Lafitte, Dying Warrior, R.F. 2263, restored by Jean-Pascal Viala and
Bénédicte Trémolières
- Jean-Charles-Nicaise Perrin, Cyrus and Astiagus, INV. 7167, restored by
Frédéric Pellas
- François Puget, Group of Musicians, INV. 7346 (for a one-year loan to
the Musée de la Musique), restored by Jean-Pascal Viala and Anne Lepage
- Jean Raoux, Woman Reading, M.I. 1100, restored by Annie
Hochart Giacobbi.
Monitoring of the restoration of several paintings loaned out by the Louvre:
The Department of Paintings has closely monitored the restoration of
several paintings listed in its inventories and deposited in other museums
and institutions.
The most noteworthy of these restorations are:
- an ensemble of morceaux de réception deposited at the École Nationale
Supérieure des Beaux-Arts;
- Pierre Dulin, Laomedon Punished by Apollo, inv. 4278, restored by Yves
Lutet and Marie-Alice Belcour;
- Jean-Joseph Dumons de Tulle, Adam and Eve, inv. 4282, restored by
Nathalie Pincas;
- Jean-Laurent Mosnier, Hercules Armed by the Gods, inv. 6757, restored
by Jean-Pascal Viala and Marie-Alice Belcour.
and:
- François Boucher (after), The shepherd Amynthus coming back to life in
the arms of Sylvia, inv. 2737, restored by Emmanuel Joyerot and Diane
Arbus (on deposit to the French Foreign Ministry, which funded the
restoration);
- Ary Scheffer, Les Bourgeois de Calais, 1342, INV. 7854, restored by
Yolanta Mendili (on deposit to the Assemblée Nationale, which funded the
restoration).
Restauration de tableaux de l’école italienne
Raffaello Santi ou Sanzio, dit Raphaël
(Urbino, 1483 – Rome, 1520)
Petite Sainte Famille (revers)
Bois. H. 38,6 cm ; l. 29,5 cm
Acquis par Louis XIV vers 1664
Département des Peintures (INV. 605)
Restauration au C2RMF : Frédéric Pellas
228
Dans le cadre de la préparation de l’exposition consacrée aux
dernières années de Raphaël prévue en 2012, il a été décidé
de redonner une lisibilité au revers peint en faux marbre de
ce panneau, noirci par un épais vernis oxydé et caché par un
papier de bordage et quelques étiquettes récentes. L’opération a consisté à retirer ces papiers collés et à alléger le vernis.
L’œuvre a ainsi retrouvé une cohérence avec son couvercle,
l’Abondance (INV. 657), présentant un décor raffiné de faux
marbre comparable.
V. Delieuvin
 In the framework of the exhibition on the last years of Raphael’s life
scheduled for 2012, it was decided to restore the legibility on the back of
this panel painted in faux marble, blackened by thick oxidised varnish, and
hidden by edging paper and several recent labels. The operation involved
removing the glued papers and cleaning the layer of varnish. The work is
now consistent with its shutter, Ceres (inv.657), with its comparably fine
faux marble decorations.
Restaurations
Petite Sainte Famille (revers), avant intervention
Petite Sainte Famille (revers), en cours de restauration
Restauration de tableaux de l’école hollandaise
Frans Post (Leyde, vers 1612 – Haarlem, 1680)
L’Ancien Fort portugais des Trois-Mages (Ceulen) à Rio Grande
Ensemble d’œuvres représentant le Brésil
1638
Huile sur toile. H. 62 cm ; l. 95 cm
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1726)
Le Village de Serinhaem
Huile sur toile. H. 1,12 m ; l. 1,45 m
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1722)
La Maison d’un noble portugais
Huile sur toile. H. 1,01 m ; l. 1,36 m
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1723)
Vue de la sucrerie d’Engenho Real
Huile sur toile. H. 1,17 m ; l. 1,67 m
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1724)
Une habitation de planteur près de la rivière Paraïba
Huile sur toile. H. 1,04 m ; l. 1,30 m
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1725)
Le Rio Sao Francisco et le fort Maurice
1639
Huile sur toile. H. 62 cm ; l. 95 cm
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1727)
Le Char à bœufs
1638
Huile sur toile. H. 62 cm ; l. 95 cm
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1728)
Les Alentours de Porto Calvo
1639
Huile sur toile. H. 63 cm ; l. 89 cm
Collection de Louis XIV
Département des Peintures (INV. 1729)
Restauration au C2RMF : Ariane Ceresa et son équipe
229
Vie des collections
La restauration de huit toiles de Frans Post a bénéficié du mécénat du Cercle des jeunes mécènes. Cette opération bisannuelle
s’est achevée en 2010. C’est à l’issue de l’exposition « Frans Post.
Le Brésil à la cour de Louis XIV » (2005-2006) que l’on a pris
le parti de restaurer les tableaux du paysagiste de Haarlem.
Le Louvre possède quatre toiles peintes par l’artiste au Brésil,
durant son séjour des années 1630-1640 ; quatre autres toiles
ont été exécutées après le retour de Post en Hollande et témoignent du goût de ses contemporains pour les paysages exotiques. Les toiles étaient voilées par un vernis oxydé, d’anciens
repeints s’étaient altérés, certaines mises sur châssis occultaient une partie des bords, l’encadrement demandait à être
revu. La restauration a permis de remettre en valeur ces toiles,
rarissimes témoignages du Brésil avant le Brésil moderne.
B. Ducos
 The restoration of eight landscape paintings by the Haarlem-born
painter Frans Post was sponsored by the Cercle des Jeunes Mécènes (Young
Patrons Circle), a two-year operation concluded in 2010. At the end of the
2005/06 exhibition “Frans Post, Le Brésil à la cour de Louis XIV” (Frans Post:
Brazil at the Court of Louis XIV) the decision was taken to restore the set.
The Louvre possesses four canvases painted by the artist in Brazil during the
years he spent in the country between 1630 and 1640; Post completed
four other paintings when he returned to Holland, and these attest to the
taste for the exotic landscapes of his contemporaries. The canvases were
covered in an oxidised varnish, and areas repainted in the past had altered,
some of the mountings on stretchers obscured part of the edges, and the
frames required repairs. After their restoration, these glorious canvases
provide rare insights into Brazil as it was before the modern era.
Le Rio Sao Francisco et le fort Maurice, avant restauration
Le Rio Sao Francisco et le fort Maurice, après restauration
230
Restaurations
Restauration d’une peinture grecque
Saint Georges à cheval
Grèce, seconde moitié du xve siècle
Tempera sur bois. H. 31 cm ; l. 24,2 cm
Entré au Louvre en 1863 avec la collection de tableaux du marquis
Campana
Département des Peintures (M.I. 351)
Restauration au C2RMF : Aline Berelowitsch et Florence Delteil-Ruffat
Jadis propriété du marquis Campana (1808-1880), qui possédait, en marge de ses tableaux italiens, un petit noyau de
peintures grecques, cette icône a été débarrassée des repeints
et des vernis ainsi que de l’épaisse moulure de stuc, refaite à
l’imitation du cadre d’origine en bois doré, qui nuisaient à
l’appréciation de sa qualité remarquable. On a pris le parti de
réintégrer les lacunes de façon illusionniste (notamment l’œil
senestre du saint), mais de laisser les usures apparentes sur le
fond d’or et le cheval.
D. Thiébaut
Saint Georges à cheval, avant restauration
 The icon was once in the collections of Marquis Campana (1808–80),
who, in addition to his Italian paintings, possessed a small collection of
Greek works. The repainted areas and varnish were removed, as along with
the thick stucco moulding, which was devised to imitate the original gilt
wood frame, all of which prevented the painting’s remarkable quality from
being fully appreciated. It was decided to reintegrate the missing areas in
an illusionistic way (particularly the saint’s left eye), but to leave the signs
of wear on the gold ground and the horse.
Saint Georges à cheval, après restauration
231
Vie des collections
Arts graphiques
Le département dispose d’un atelier de restauration dont l’activité est coordonnée
par un chef d’atelier, en relation directe avec la conservation. Les œuvres conservées
par le département sont quotidiennement consultées, exposées, prêtées, étudiées, ou
font l’objet de séminaires devant des étudiants ; il est de ce fait indispensable qu’elles
bénéficient de l’attention constante de restaurateurs avertis, dont les interventions
répondent aux objectifs et aux méthodes définis par la conservation avec le chef
d’atelier. Grâce à un travail collectif, les restaurateurs de l’atelier – deux permanents
et une vingtaine de restaurateurs indépendants – appliquent des traitements
adaptés à chaque œuvre en tenant compte à la fois des exigences de conservation et
des contraintes de logistique et d’exposition. Plusieurs programmes de restauration
pluriannuels engagent l’activité de l’atelier, concernant le traitement d’œuvres de
très grand format (cartons de tapisserie ; cartons de Charles Le Brun et son atelier),
ainsi que des œuvres conservées dans des albums factices (Albums des costumes
de fêtes et mascarades de la collection Edmond de Rothschild ; Albums Cochin de
la même collection). Un projet visant à améliorer l’encadrement historique des
pastels, œuvres fragiles mais souvent exposées, vient d’être entrepris.
C. van Tuyll van Serooskerken
 The Department’s conservation studio is coordinated by the head of the studio, who is in
direct contact with the curatorial staff. The works held in the Department are regularly consulted,
exhibited, loaned, and studied, or are used for student seminars. Hence, it is essential that they
benefit from the constant attention of experienced restorers, whose interventions meet the
objectives and methods defined by the curatorial staff and the head of the studio. Thanks to
collective effort, the studio’s restorers—two of whom are permanent members of staff, while
around twenty are independent restorers—apply the appropriate treatments for each work, taking
into account conservation requirements and logistical and exhibition constraints. A number of
long-term restoration programmes have been implemented in the studio, concerning large-scale
works (tapestry cartoons; the cartoons of Charles Le Brun and his workshop), as well as works held
in loose-leaf albums (Albums des Fêtes and Masquerades from the Edmond de Rothschild
Collection; the Albums Cochin from the same collection). A project recently undertaken aims to
improve the original framing of the pastels, which are fragile and frequently exhibited.
232
Restaurations
Quatre cartons de Charles Le Brun restaurés en 2010
Restauration : André Le Prat, Hélène Bartelloni, Eve Menei, Laurence Caylux, Christelle Desclouds, Anna Gabrielli
et Ariane de la Chapelle
Charles Le Brun (Paris, 1619-1690)
Un esclave
Vers 1674-1679
Pierre noire, avec rehauts de craie blanche, sur plusieurs morceaux de
papier beige réunis. Annoté à la pierre noire, en bas à gauche : 10.
Traits repassés au stylet. Contours irrégulièrement découpés. Marouflé
sur toile. H. 1,57 m ; l. 1,73 m
Département des Arts graphiques (INV. 29 902)
Mercure et Pégase
Vers 1674-1679
Pierre noire, avec rehauts de craie blanche, sur plusieurs morceaux de
papier beige réunis. Inscrit dans un cercle tracé à la pierre noire. Annoté
à la pierre noire, en bas à gauche : 61. Traits repassés au stylet. Marouflé
sur toile. H. 1,86 m ; l. 1,57 m
Département des Arts graphiques (INV. 29 901)
La Vigilance
Vers 1674-1679
Pierre noire, sur plusieurs morceaux de papier beige réunis. Traits
repassés au stylet. Contours irrégulièrement découpés. Marouflé sur
toile. H. 1,98 m ; l. 86 cm
Département des Arts graphiques (INV. 29 941)
Une Renommée
Vers 1674-1679
Pierre noire, avec rehauts de craie blanche, sur plusieurs morceaux de
papier beige réunis. Inscrit dans un cercle tracé à la pierre noire. Annoté
à la pierre noire, en bas, à droite : 60. Traits repassés au stylet. Marouflé
sur toile. H. 1,67 m ; l. 1,57 m
Département des Arts graphiques (INV. 29 904)
Historique : Atelier de Le Brun ; entrés dans les collections royales en
1690 ; dernière provenance : Cabinet du Roi ; mode d’acquisition : saisie
royale ; année d’acquisition : 1690
roulés sur des barres de bois depuis le xviiie siècle, et, d’autre
part, des cartons marouflés sur toile au xixe siècle. Tous ces dessins ont souffert de mauvaises conditions de conservation : ils
n’ont été protégés ni de la lumière, ni de la poussière, ni de
l’humidité. Le contact avec des matériaux acides a provoqué
un jaunissement prononcé des papiers, en particulier ceux des
cartons marouflés au xixe siècle. Toutes ces feuilles sont déchirées sur les bords, de plus elles sont souvent lacunaires.
Une première campagne de restauration (1992) a consisté à
dépoussiérer et consolider les nombreuses déchirures qui fragilisent ces feuilles, afin qu’elles puissent être photographiées
en toute sécurité. Après la rédaction du premier catalogue raisonné (2000), la véritable restauration a commencé.
Pour le traitement des cartons, trois protocoles ont été mis
en œuvre :
L’hydrolyse enzymatique des colles de pâte. La colle de pâte est
constituée de colle de farine et de colle de peau. Cette hydrolyse
est obtenue, pour la partie amylacée, au moyen d’une solution
d’amylase. Le processus mis au point définit les seuils de concentration optimums pour affaiblir l’ancien adhésif afin de le solubiliser et de l’éliminer en milieu aqueux sur une table basse pression. Il précise également les modes opératoires pour ce qui est
de la température, du pH et de la durée d’activité des enzymes.
Nouveau marouflage. La suite de l’intervention se prolonge
par le marouflage sur une nouvelle toile. L’approche choisie
diffère radicalement des recettes artisanales traditionnelles.
Elle s’inspire de techniques japonaises de doublage, grâce à
l’utilisation de papier de Kozo et de colle d’amidon de blé.
Nouveaux châssis extensiométriques. Du fait de leurs dimensions, les grands formats sont soumis à des tensions mécaniques
plus importantes, engendrées par les variations hygrométriques.
Pour pallier ces inconvénients, un châssis extensiométrique a
été mis au point avec un atelier de mécanique. Ce châssis adapté
Le département des Arts graphiques conserve environ deux cents
cartons préparatoires au décor
de la voussure de l’escalier des
Ambassadeurs du château de
Versailles. La vie de ces cartons est mouvementée. Ils ont
d’abord séjourné à la manufacture des Gobelins, où se
trouvait l’atelier de Le Brun.
Nous retrouvons leur trace
dans une note écrite en 1730
par Charles Coypel : « Ces cartons de Tres peu de Valeur que
feu mon père trouva presque
pourris sont au vieux Louvre
dans mon atelier. » Un mémoire daté du 2 juin 1749 rappelle que « ces cartons ayant
été peu soignés et renfermés
dans des lieux humides sont
presque en lambeaux ».
Deux groupes bien distincts sont conservés séparément ; d’une part, les cartons
Cartons de Le Brun, en cours de restauration
233
Vie des collections
Nouveau marouflage
à l’amplitude du mouvement des papiers permet d’en amortir
la force dynamique liée aux variations hygrométriques et de
l’équilibrer continuellement à son niveau de tension minimum.
Ces trois volets de l’évolution du traitement des grands
formats participent d’anciens procédés tels le marouflage et
la mise en tension sur châssis. L’atelier a gardé le principe
de ces méthodes car elles s’inscrivent dans notre culture de
conservation et d’exposition. Mais il s’est inspiré des méthodes
traditionnelles japonaises, qui procurent toutes les garanties
d’innocuité et de pérennité. Leur assimilation apporte une
amélioration qualitative qui réhabilite le marouflage.
A. Le Prat
 The Department of Graphic Arts holds around 200 preparatory
cartoons for the decoration of the coving of the Escalier des Ambassadeurs
(Ambassadors’ Staircase) at the Château of Versailles. These cartoons were
never treated with the greatest of care, and a report dated 2 June 1749
stated that they “have been neglected and kept in a damp place, so they
are almost in tatters”.
Two very distinct groups can be identified: on the one hand, cartoons
that had been left rolled on wooden bars since the eighteenth century,
and, on the other hand, cartoons mounted on canvas in the nineteenth
century. An initial restoration programme (1992) involved the dust removal
and the consolidation of the numerous tears that made the sheets fragile.
After the first catalogue raisonné of Le Brun’s drawings in the Louvre was
published in 2000, the actual restoration phase commenced.
The restoration of these cartoons was carried out using three treatments:
- enzymatic hydrolysis of the adhesive paste;
- mounting cartoons on new canvas;
- the addition of new extensometric stretchers.
These three steps in the treatment of large-format works involve
traditional processes such as marouflage and mounting on stretchers. The
studio adhered to the principle of these methods, as they are integral to
our conservation and exhibition culture. However, the conservation
procedure also incorporated traditional Japanese-paper methods, which
provide every guarantee of reversibility and permanence. The assimilation
of these techniques has resulted in qualitative improvements that
rehabilitate marouflage as a viable technique.
Restauration des recueils de « Costumes de fêtes et mascarades
de Louis XIV» de la collection Edmond de Rothschild
Restauration : André Le Prat, Laurence Caylux, Marie-Christine Poisbellaud, Isabelle Drieu La Rochelle,
Sophie Chavanne, Isabelle Bonnard et Laurence Lamaze
234
Quatorze albums regroupent un ensemble de deux mille six
cent quarante-trois dessins provenant des anciennes collections royales des Menus Plaisirs, dispersées sous la Révolution.
Les dessins furent montés en albums factices au début du
xixe siècle. En 2010, l’atelier de restauration du département
des Arts graphiques a achevé la restauration des albums.
La problématique de la restauration des albums factices s’inscrit dans l’évolution des usages et des méthodes qui entourent
la conservation, l’étude et l’exposition des œuvres au sein du musée. Une meilleure analyse du processus de dégradation des papiers a favorisé l’emploi de montages individuels pour les dessins.
Cette solution répond également à la sécurité attendue durant les
expositions et améliore la lecture des œuvres proposées au public.
Les albums, même factices, témoignent de l’histoire de ces dessins. Ils constituent des ensembles indissociables et leur reliure
conforte et singularise leur identité. Cette réflexion a orienté la
recherche vers des solutions permettant de conserver et communiquer chacun des dessins, ainsi que l’album qu’ils constituent.
Les albums « Costumes de fêtes et mascarades » montrent
bien des analogies avec les albums des dessins de Delacroix
restaurés précédemment. Le papier du corps d’ouvrage, devenu cassant, se déchire à chaque consultation. La coloration
soutenue traduit la présence de produits dégradés de cellulose.
Ceux-ci étant hydrosolubles, ils contaminent progressivement
les dessins. Les plats des reliures se sont légèrement déformés,
dos et coiffes sont épidermés. Ces usures superficielles permettent cependant de les conserver en l’état.
Les dessins décollés de leur ancien support sont restaurés en
considérant chaque cas particulier : feuilles déformées, adhésifs inadaptés, couleurs altérées, etc. Après traitement, ils sont
placés sur un dépassant constitué de deux feuilles de papier
japonais contrecollées. Le dépassant permet de transférer
directement l’œuvre de l’album dans un montage d’exposition. Au retour, le dépassant est de nouveau fixé par une bande
de papier japonais à un onglet pris dans la reliure de l’album.
Album factice en cours de remontage
Restaurations
Deux albums supplémentaires ont été confectionnés pour
les grands formats.
Ce nouveau modèle de conservation des œuvres en album
représente un gain de volume de rangement et les conditions de
conservation s’avèrent meilleures au sein d’un corps d’ouvrage
qu’à l’intérieur d’un montage, comme le démontrent des études
récentes (cinétique de dégradation et effet de confinement).
Une déclinaison de ce modèle d’album factice est également
envisagée pour l’ensemble des gravures de Cochin appartenant
au fonds Rothschild du département des Arts graphiques. En
parallèle, une étude technique a été menée afin de valider les
procédés de fabrication des dépassants à partir d’une sélection
de papiers japonais et d’adhésifs appropriés.
A. Le Prat
 Fourteen albums contain 2,643 drawings from the former royal
collections of the “Menus plaisirs”, which were dispersed during the
Revolution. The drawings were mounted in loose-leaf albums at the
beginning of the nineteenth century. Although these albums have been
compiled in an arbitrary manner, they form part of the history of these
drawings. Research has therefore been oriented towards finding solutions
for the conservation and presentation of each drawing, as well as the
album in which they are contained.
The drawings were lifted from their old supports and restored according
to their particular requirements. After restoration the drawings were
mounted within false margins of Japanese paper, and inserted with a strip
of Japanese paper in the binding of the new album. This system facilitates
the temporary removal of each sheet for exhibition purposes.
La restauration des œuvres graphiques en vue de leur exposition
Programme suivi par André Le Prat, Laurence Caylux, Eve Menei, Anna Gabrielli, Isabelle Drieu la Rochelle, Sophie
Chavanne, Marie-Christine Poisbellaud, Valentine Dubard, Christelle Desclouds, Sophie Lennuyeux, Laurence Lamaze,
Marianne Bervas, Hélène Bartelloni, Axelle Deleau, Valerie Luquet, Sara Ortego-Boldo et Ariane de la Chapelle
L’atelier de restauration répond en priorité aux demandes de prêts
et d’expositions des dessins que conserve le département des Arts
graphiques ; plus de mille œuvres ont été traitées en 2010. Toutes
ces œuvres ont fait l’objet d’interventions de conservation, afin
d’optimiser la sécurité d’œuvres soumises lors des expositions à
des contraintes climatiques et à des niveaux d’éclairement parfois inadaptés. De plus, ces interventions améliorent la lisibilité
de la feuille d’œuvre en atténuant des altérations qui auraient
une incidence visuelle sur l’intégrité du dessin.
A. Le Prat
 The conservation studio treats all works requested for loan and
exhibition; this involved over 1,000 works in 2010. All these works were
given conservation treatments to optimise their condition. Moreover, these
interventions improve legibility, by attenuating any alterations that might
have a visual incidence on the drawing’s integrity.
Intervention sur une gravure du xviiie siècle
Création d’un cadre emboîtant pour les pastels
Programme suivi par André Le Prat, Marianne Bervas et Valerie Luquet
En 2010, l’atelier a supervisé la fabrication d’un modèle d’encadrement adapté aux pastels, permettant la meilleure adéquation possible entre le cadre emboîtant et le cadre ancien. La
mise au point de ce nouveau système a été conçue et réalisée
avec l’atelier d’encadrement du musée et d’autres institutions
comme le Rijksmuseum à Amsterdam, avec lequel le projet sera
finalisé. Cette modélisation s’appliquera ensuite à l’ensemble
des pastels (environ cent quarante œuvres, de prestigieux portraits des xviie et xviiie siècles pour la plupart).
A. Le Prat
will eventually be applied to all the pastels (about 140 works, mostly
seventeenth- and eighteenth-century portraits).
 In 2010 the conservation studio supervised the creation of a framing
model suitable for pastels, in which each work is placed within a protective
frame that fits within the old frame. The development of this new system
was designed and carried out in collaboration with the Museum’s framing
workshop and external institutions, including the Rijksmuseum in
Amsterdam, with whom the project will be finalised. This framing model
Système d’encadrement adapté au pastel
235
Vie des collections
Espaces muséographiques
Les nouvelles salles d’art grec classique et hellénistique
du musée du Louvre : rendre visibles les recherches sur
les collections
Le 7 juillet 2010, après d’importants travaux de réaménagement, le musée du Louvre a ouvert
au public les nouvelles salles consacrées à l’art grec classique et hellénistique (450-30 avant
J.-C.). Ces travaux ont été rendus possibles grâce à la générosité du groupe japonais Nippon
Television Network. Abrité dans l’angle sud-ouest de la cour Carrée, cet ensemble de dix salles
(1 163 m2 appartenant aux anciens appartements royaux) précède la célèbre salle des Cariatides,
clôturant ainsi le parcours chronologique dédié à l’art grec antique au musée du Louvre.
Ce redéploiement, commencé en 1997 par l’ouverture, à l’entresol, de la galerie de la Grèce
préclassique, a permis, selon un programme scientifique imaginé dès 1998 par l’ensemble de
l’équipe de conservation, de mieux rendre compte des progrès de la recherche menée sur les
collections depuis la précédente présentation, qui remontait aux années 1980 : réévaluation
chronologique des périodes classique et hellénistique, redécouverte du contexte archéologique
des objets issus des fouilles du xixe siècle, étude de l’histoire des salles du palais. Ce projet a
également bénéficié des résultats d’une exposition itinérante organisée en Asie en 2006-2008
durant la fermeture des salles (Japon, Chine, Singapour, Macao), « La Grèce classique au Louvre.
Chefs-d’œuvre des ve et ive siècles avant J.-C. », qui a permis de tester les principes de classement
mis en œuvre pour les salles permanentes du musée.
236
Rez-de-chaussée du pavillon du Roi, salle de la Vénus de Milo, inaugurée en juillet 2010
Espaces muséographiques
Deux parcours qui redéfinissent les frontières chronologiques de
l’art grec classique et hellénistique
Le projet, inauguré en 2010, avait pour ambition de créer
un parcours cohérent, en introduisant, comme pour les
salles de l’entresol, les techniques et les matériaux les plus
divers afin de mieux montrer tous les aspects matériels de la
civilisation grecque. La précédente présentation, strictement
chronologique, avait montré les limites d’un tel classement,
par ailleurs presque exclusivement limité alors à la sculpture
en marbre. Or, pour les périodes couvrant l’art classique et
hellénistique, les collections du Louvre sont certes assez riches,
mais dans des domaines ou pour des séries isolés. Pour la
sculpture, si l’on met à part les fragments du décor du Parthénon
présentés dans la salle dite de Diane, on soulignera l’importance
des statues et des stèles funéraires attiques du ive siècle avant J.-C.,
de l’ensemble des portraits des souverains lagides et des stèles
funéraires d’Asie Mineure ou de Grèce du Nord, dont la
chronologie s’étend du ive au ier siècle avant J.-C. La Vénus de
Milo reste une œuvre isolée et tardive, tout comme le Gladiateur
Borghèse, sculpture « grecque » sans doute commandée pour
une clientèle romaine et très vite retirée de ce parcours après
sa spectaculaire restauration, rendue possible grâce à la
générosité de Marc Ladreit de Lacharrière. Quant à la Victoire
de Samothrace, elle est elle aussi isolée, trônant au sommet
du monumental escalier qui lui sert de présentoir. À l’étage,
d’autres ensembles ne s’accordaient guère avec la chronologie
définie au rez-de-chaussée pour la sculpture : les miroirs à boîte
en bronze du ive siècle, les nombreuses figurines de terre cuite
de Tanagra, Myrina ou Smyrne ou l’imposante collection de
vases attiques des ve et ive siècles ne pouvaient guère trouver
toute leur place aux côtés des sculptures. À cette difficulté
inhérente aux collections du Louvre s’ajoutait l’épineuse
question, bien connue des spécialistes, de la datation des
œuvres des iiie-iie siècles avant J.-C., période pour laquelle les
repères chronologiques manquent et que le phénomène de
la citation et des styles rétrospectifs rend particulièrement
complexe. Dans le même temps, les découvertes
archéologiques faites en Grèce du Nord – l’incroyable mise au
jour de la nécropole royale de Vergina en 1978 par Manólis
Ándronikos – modifiaient définitivement la périodisation
de l’art grec classique et hellénistique, beaucoup trop
marquée jusque-là par une vision athénocentriste fondée
sur les sources littéraires. La commande royale, la diffusion
du luxe, l’exaltation de l’individu, tous ces traits que l’on
considérait comme caractéristiques de l’époque hellénistique,
arbitrairement rattachée à l’avènement ou à la mort
d’Alexandre le Grand (respectivement 336 et 323 avant J.-C.),
sont des phénomènes bien antérieurs remontant au moins au
règne de son père Philippe (359-336 avant J.-C.). La datation du
palais royal de Palatitza, dont le Louvre possède des fragments,
a par exemple été largement remontée. Les distinctions
entre les différentes périodes paraissent donc de plus en plus
artificielles : l’éphémère classicisme du ve siècle semble se
limiter au seul chantier du Parthénon (447-432 avant J.-C.) ; le
mal défini « second classicisme » ne vaudrait que pour la Grèce
des cités et la longue période hellénistique qui débuterait
pour certaines régions dès le milieu du ive siècle avant J.-C.
ne semble guère s’interrompre brutalement avec la conquête
romaine. Ces frontières mouvantes expliquent que nous
ayons choisi d’isoler le Parthénon et de présenter ensemble les
périodes « classique » et « hellénistique » de l’art grec selon un
Salle 13, consacrée au phénomène de la réplique
parcours géographique et thématique correspondant mieux à
la nature des collections du Louvre : parcours géographique
au nord et « mythologique » au sud, autour des répliques des
sculptures grecques classiques disparues.
Présenter autrement les « copies » de la sculpture grecque disparue
C’est que, dans le même temps, les progrès de la recherche
dans le domaine de la « critique des copies » aboutissaient à
une réévaluation complète de la sculpture d’époque impériale,
obligeant également à revoir les frontières entre l’art grec,
longtemps privilégié au Louvre, et l’art romain. Plusieurs
œuvres, créations d’artistes grecs travaillant à Rome, furent
déplacées dans les salles romaines (le Vase dit de Sosibios par
exemple), tandis que d’autres, qui passaient pour des originaux,
sont interprétées comme des pastiches romains (l’Apollon du
type de Mantoue) ou des répliques (la célèbre Suppliante Barberini,
notamment à la suite de la découverte dans les réserves du musée
de l’Acropole de fragments de l’œuvre originale). L’importance
du contexte archéologique a également fait réserver certaines
œuvres pour un parcours romain en préparation. C’est le cas
par exemple de plusieurs statues découvertes dans les palais
impériaux du Palatin (le Satyre au repos d’après Praxitèle) ou
à la Villa Hadriana de Tivoli (le Pâris Lansdowne). On notera
enfin qu’un courant récent de la recherche a exploré l’histoire
de la restauration de ces statues à l’époque moderne ainsi que
leur réception. Ces œuvres composites sont donc désormais
exposées dans la salle du Manège, inaugurée en 2004, qui
rassemble les antiques des collections françaises (Richelieu,
Mazarin, Louis XIV) et italiennes (Borghèse et Albani) des
xviie et xviiie siècles. Il en résulte que l’on ne peut plus, comme
autrefois, présenter les copies romaines des sculptures grecques
au sein d’un parcours strictement chronologique. Nous avons
donc fait le choix d’une sélection limitée de statues selon
un parcours thématique consacré à la mythologie grecque.
L’insertion dans cette galerie sud de la Vénus de Milo, qui a gagné
la plus grande salle du secteur, 210 m2 au rez-de-chaussée du
pavillon du Roi, salle qu’elle occupa de 1824 à 1848, est donc
un signe scientifique fortement révélateur de ce changement
de perspective : réplique d’un original connu par d’autres
œuvres (la célèbre Vénus de Capoue notamment) et pourtant
237
Vie des collections
Salles 14 et 15, consacrées aux dieux et héros du monde grec antique
Salles 7 et 8, consacrées à Athènes et à la Grèce centrale
238
création « originale » des ateliers grecs qui travaillaient dans le
goût rétrospectif de la fin de l’époque hellénistique, la Vénus
de Milo a peut-être enfin trouvé sa place au sein des collections
du Louvre, dans une salle qui fait l’articulation entre les deux
parcours géographique et thématique.
Ce parcours mythologique
au sud (salles 13-15) intègre
donc la salle de la Vénus de
Milo (salle 16) et se prolonge
dans la salle des Cariatides
remaniée (salle 17). Une salle
d’introduction dominée par
la Pallas de Velletri est consacrée au phénomène de la
réplique. Dans les deux vastes
salles suivantes (salles 1415), les dieux et héros de
la mythologie sont rassemblés et permettent d’évoquer
plusieurs thèmes : le culte
d’Athéna, particulièrement
représenté par une production issue majoritairement
des ateliers athéniens ; l’énigme
du nu masculin dans la sculpture grecque, avec les nus
athlétiques et des représentations des dieux Apollon,
Arès et Hermès ; l’étude des
drapés féminins, admirablement suggérée par la réunion
des Aphrodite de la fin du
ve siècle. La salle immédiatement située avant celle
de la Vénus de Milo prolonge
ce parcours thématique en
évoquant les carrières de
Praxitèle et de Lysippe, ce
qui permet d’évoquer les
rares représentations d’Éros
et celles plus abondantes
d’Héraclès. On ne s’est pas
interdit, pour ces salles regroupant majoritairement des statues de marbre, d’introduire
des répliques miniatures exécutées dans d’autres matériaux pour rappeler que ce
phénomène de la citation
n’était pas limité à l’artisanat
du marbre (la Vénus Génitrix
en terre cuite ou le Mercure
polyclétéen des collections
de Louis XIV par exemple).
Recontextualiser les objets issus
des fouilles archéologiques du
xixe siècle
Le parcours thématique
présenté dans les six salles
au nord (salles 7-12) propose un véritable voyage dans le
monde grec, de l’époque du Parthénon à la conquête de la
Grèce par Rome. Ce programme est le fruit du long travail
mené depuis des années par la conservation du département
pour publier les collections méconnues du Louvre et, à cette
Espaces muséographiques
en verre, diadème en or ou les grandes Pleureuses de Canosa) ou
encore Alexandrie et la Libye hellénistique.
Le parcours chronologique consacré à l’art grec antique
au musée du Louvre est aujourd’hui achevé : il commence à
l’entresol par la galerie de la Grèce préclassique et se poursuit
par deux salles consacrées à deux monuments d’exception,
le temple d’Olympie et le Parthénon d’Athènes, qui font
l’articulation avec le nouveau projet des galeries d’art grec
classique et hellénistique.
J.-L. Martinez
Bibliographie
Sur les salles du département
Martinez (J.-L.), « Les salles d’art grec classique et hellénistique du
musée du Louvre », La Revue des musées de France. Revue du Louvre,
Salle 12, consacrée à l’archéologie de l’Égypte et de la Libye
2011-1, p. 32-42.
Pasquier (A.) et alii, « Le département des Antiquités grecques, étrusques
et romaines : agrandissement et nouvelles présentations », La Revue
occasion, étudier le contexte de découverte archéologique
des objets. C’est là l’un des axes principaux de la politique
de recherche du département. On rappellera ici trois
expositions qui se sont tenues au Louvre et qui sont autant
d’étapes marquantes pour cette recherche fondamentale :
« Tanagra. Mythe et archéologie », présentée en 2003 par
Violaine Jeammet, « La Lettre et l’argile. Autour d’une
semaine de fouilles à Myrina », par Néguine Mathieux en
2007, « D’Izmir à Smyrne », organisée en 2009 par Isabelle
Hasselin, Ludovic Laugier et Jean-Luc Martinez. C’est dans ce
programme de recherche que s’inscrit le projet d’exposition
que prépare Sophie Descamps à l’automne 2011, autour
d’Alexandre le Grand et la Macédoine antique. Plusieurs
catalogues récents témoignent également des progrès de
cette recherche. On citera (voir ci-dessous la bibliographie)
les études fondamentales de Marianne Hamiaux, qui ont
permis de réévaluer la collection des sculptures hellénistiques
et particulièrement les stèles, ou la publication par Agnès
Rouveret des rares peintures grecques, véritable redécouverte
de l’une des richesses du musée, enfin montrée au public.
Chaque salle rassemble les témoignages d’une région
du monde grec, en mêlant les matériaux et les techniques
(vases, bijoux, sculptures, éléments d’architecture, et même
la numismatique grâce au dépôt de quarante-sept monnaies
aimablement consenti par le cabinet des Monnaies, Médailles
et Antiques de la Bibliothèque nationale de France). Le
visiteur y découvre l’art à Athènes et en Grèce centrale, dans
les cités grecques d’Italie du Sud, en Macédoine et en Grèce
du Nord, en Asie Mineure et dans tout le Proche-Orient de
langue grecque, en Égypte et en Cyrénaïque (Libye). C’est une
mise en valeur remarquable de la collection, qui a bénéficié
d’un long et patient travail de mise en contexte des objets par
l’équipe scientifique de la conservation. On en citera quelques
exemples : les fragments d’architecture du palais royal de
Vergina ou des tombes macédoniennes, autrefois perdus dans
la cour du Sphinx, ont rejoint les peintures hellénistiques
sur pierre de Volos (Thessalie) et le matériel découvert par
Léon Heuzet replaçant l’exceptionnelle collection du Louvre
consacrée à la Grèce du Nord au centre de ce parcours. On a
pu également évoquer la riche cité de Canosa (Italie du Sud)
en réunissant du matériel autrefois dispersé à l’étage (skyphos
des musées de France. Revue du Louvre, 1997-5, p. 29-38.
Sur les collections présentées dans ces salles
Arveiller (V.) et Nenna (M.-D.), Les Verres antiques, t. 1, Paris, RMN,
2000.
Arveiller (V.) et Nenna (M.-D.), Les Verres antiques du musée du Louvre,
t. 2 et 3, Paris, Musée du Louvre et Somogy, 2005 et 2011.
Hamiaux (M.), Les Sculptures grecques. II. La période hellénistique, Paris,
RMN, 1998.
Martinez (J.-L.), La Grèce au Louvre, Paris, Musée du Louvre éditions et
Somogy, 2010.
Pasquier (A.) et Martinez (J.-L.), Cent chefs-d’œuvre de la sculpture grecque
du Louvre, Paris, Musée du Louvre éditions et Somogy, 2007.
Rouveret (A.), Peintures grecques antiques. La collection hellénistique du
musée du Louvre, Paris, Musée du Louvre éditions et Fayard, 2004.
 On 7 July 2010, after major reorganisation work, the Louvre opened
new exhibition rooms devoted to Classical Greek and Hellenistic art (450–
30 bc). This work was made possible by the generosity of the Japanese
group Nippon Television Network. Located in the south-western corner of
the Cour Carrée, this ensemble of ten rooms (1,163 sq.m belonging to the
former royal apartments) precedes the famous Salle des Cariatides, thereby
completing the chronological order of the area devoted to classical Greek
art. This reorganisation, which began in 1997 with the opening of the preclassical Greek art section in the entresol, has facilitated—in accordance
with a scientific programme that was formulated in 1998 by the entire
conservation team—a better understanding of the progress made in the
research on the collections since the last presentation in the 1980s. The
chronological limits defining the Classical and Hellenistic periods have
been re-evaluated, thanks to recent research; and more knowledge has
been gained about the archaeological context of the objects found in nineteenth-century excavations, thanks to ongoing research in the Department, which has been highlighted in several recent exhibitions and
catalogues.
239
Expositions
Expositions
M
242
usée à vocation universelle, le Louvre s’attache à montrer, selon les mots
de Charles Péguy, le « long et visible cheminement de l’humanité ».
L’année s’est ouverte sur la grande exposition « Sainte Russie », qui s’inscrit
pleinement dans notre volonté d’ouverture vers une civilisation trop longtemps
restée hors de nos regards et de notre considération. Événement majeur de la saison
culturelle franco-russe, cette manifestation évoquait de façon exceptionnelle près
de mille ans de l’histoire de l’art russe. Autre continent, autres terres nouvelles, le
Louvre a souhaité porter son attention vers la Nubie et le Soudan avec l’exposition
« Méroé. Un empire sur le Nil », qui illustrait la majesté d’une civilisation antique
encore trop méconnue où se mêlent les influences africaines, égyptiennes et grécoromaines. L’exposition « Routes d’Arabie » a, quant à elle, dressé un panorama
inédit des cultures de la péninsule Arabique. L’actuel royaume d’Arabie Saoudite
abrite en effet dans son sol des vestiges de cultures remontant à la préhistoire et les
routes commerciales tracées dès l’Antiquité y ont perduré tout au long de la période
islamique en se doublant des routes de pèlerinage qui convergent vers les Lieux
saints de La Mecque et de Médine.
En consacrant au xviiie siècle les principales expositions du dernier trimestre de
l’année 2010, le Louvre a rendu hommage à cette vision humaniste et universaliste
qui s’ancre dans la pensée des Lumières dont il est issu.
« L’Antiquité rêvée » montrait comment courants et contre-courants ont dialogué,
se sont affrontés et se sont positionnés par rapport aux œuvres antiques nouvellement
découvertes et publiées. Les savants des xviie et xviiie siècles ont souvent rassemblé
leur savoir dans d’imposants recueils figurés – ces « musées de papier » qui nous
étaient présentés dans la salle de la Chapelle, nous laissant parcourir sous forme
de gravures ou de dessins un nombre considérable d’œuvres antiques. « Paestum,
archéologie d’une cité » faisait revivre cette cité majeure de l’Italie méridionale où
l’on redécouvrit au xviiie siècle de grands temples grecs mais également des vases
peints et des fresques funéraires. « Le Louvre au temps des Lumières » mettait en
évidence le creuset intellectuel et social qu’a constitué le palais en cette période
charnière de l’histoire. La saison xviiie au Louvre s’est achevée par la redécouverte
du sculpteur Messerschmidt, un artiste à l’humour décapant, expert dans l’art du
portrait, dont l’audace séduit depuis deux siècles.
C’est à l’occasion d’expositions régulières que le département des Arts graphiques
donne à contempler les chefs-d’œuvre de son fonds de plus de cent quatre-vingt
mille œuvres. Les études menées sur la collection ont permis au public du musée
de découvrir ou redécouvrir « Toussaint Dubreuil, premier peintre d’Henri IV »,
« Watteau et l’art de l’estampe », « Luca Cambiaso, maître de l’école génoise », ainsi
qu’une exposition consacrée aux cinq dernières années d’acquisitions.
Au sein des collections sont organisées chaque année des expositions discrètes qui
n’en demeurent pas moins fondamentales, regroupées sous l’appellation « Actualités
des départements ». Préparées durant des années, elles montrent des œuvres
exceptionnelles de nos collections, lèvent le voile sur des cultures, des artistes, des
collectionneurs, des moments de l’archéologie et de l’histoire de l’art…
Mais le Louvre rayonne aussi par ses nombreuses expositions hors les murs : au
Grand Palais avec les remarquables expositions « Turner et ses peintres » et « France
1500 » ; en région, où la section copte du département des Antiquités égyptiennes a
proposé un autre regard sur l’Égypte ; et à l’étranger avec « Les Tanagras » à Valence,
Expositions
« Napoléon et le Louvre » et « Voyager et dessiner » à Moscou, et enfin « La Renaissance
italienne dans la collection Edmond de Rothschild » à Pékin.
Henri Loyrette
 In its role as universal museum, the Louvre aims to show what Charles Péguy described as the
“long and visible path of man’s progress”. The year began with the major “Sainte Russie” (Holy
Russia) exhibition, which exemplifies the Museum’s aim to embrace a civilisation that has for too long
remained outside its sphere of interest. This major event in the Franco-Russian cultural season offered
an exceptional opportunity to explore almost one thousand years of art history in Russia. The Louvre
also decided to focus on other “unexplored” regions—Nubia and the Sudan—on another continent,
with the “Méroé, un empire sur le Nil” (Meroë, an Empire on the Nile) exhibition, which provided
visitors with an opportunity to view the splendour of a still largely unknown ancient civilisation
combining African, Egyptian, and Graeco-Roman influences. The “Routes d’Arabie” (Roads of Arabia)
exhibition offered a novel overview of the cultures in the Arabian Peninsula. There are vestiges of
prehistoric cultures in modern Saudi Arabia, and the commercial routes that appeared in Antiquity
continued to be used throughout the Islamic period; they were complemented by the establishment
of pilgrimage routes that lead to the holy sites of Mecca and Medina.
By devoting the principal exhibitions in the last quarter of 2010 to the eighteenth century, the
Louvre paid homage to the Museum’s humanist and universalistic vision, which is rooted in the
Enlightenment thought from which the institution originated.
The “Antiquity Rediscovered” exhibition showed how the various movements and countermovements interacted, confronted each other, and positioned themselves in relation to the newly
discovered and published antique works. Seventeenth- and eighteenth-century antiquarians often
assembled their expertise in imposing illustrated volumes of antiquities: these “Musées de papier”
(paper museums) were exhibited in the Salle de La Chapelle and enabled visitors to view a
considerable number of antique works in the form of engravings and drawings. “Paestum,
archéologie d’une cité” (Paestum, the archaeology of a city) brought the ancient city in southern
Italy back to life; large Greek temples, painted vases, and funerary frescoes were discovered in the
city in the eighteenth century. “Le Louvre au temps des Lumières” (The Louvre in the Age of
Enlightenment) highlighted the Louvre’s role as an intellectual and social melting pot in this pivotal
period of history. The season devoted to the eighteenth century in the Louvre ended with a review
of the sculptor Messerschmidt, an expert portraitist, whose scathing humour and audacity have
fascinated people for two centuries.
The regular exhibitions held by the Department of Graphic Arts enable visitors to view
masterpieces from its collection of more than 180,000 works. The studies of the collection have
enabled visitors to discover or rediscover ‘”Toussaint Dubreuil, Premier Peintre d’Henri IV”,
“Watteau et l’art de l’Estampe” (Watteau and the Art of Engraving), “Luca Cambiaso – Maître de
l’école génoise” (Luca Cambiaso – Master of the Genoese School), and view an exhibition of works
acquired over the last five years.
Exhibitions on a smaller scale—but equally important—are organised within the individual
departments each year, and are classified under the term “Actualités des départements”. Prepared
over many years, the exhibitions focus on exceptional works, and spotlight cultures, artists,
collectors, and key moments in archaeology and the history of art.
But the Louvre also contributes to or collaborates on many exhibitions in external venues: in the
Grand Palais, with the remarkable exhibitions entitled “Turner et ses peintres” (Turner and his
Painters), and “France 1500”; in the provinces, where the Coptic division of the Department of
Egyptian Antiquities offered a different view of Egypt; and abroad with “Les Tanagras” (The
Tanagras) in Valencia; “Napoléon et le Louvre” (Napoleon and the Louvre), and “Voyager et
dessiner” (To Draw and To Travel) in Moscow; and, “La Renaissance italienne dans la collection
Edmond de Rothschild” (The Italian Renaissance in the Edmond de Rothschild Collection) in Beijing.
243
Expositions
Sainte Russie. L’art russe des origines à Pierre le Grand
Hall Napoléon, 5 mars – 24 mai 2010
Commissaires : Jannic Durand et Dorota Giovannoni, département des Objets d’art
Organisée dans le cadre de l’année France-Russie 2010, l’exposition était la première consacrée par le musée du Louvre à
l’art russe ancien. Elle se proposait de retracer les grands traits
de l’histoire de l’art russe depuis le temps de la conversion des
Slaves de l’Est au christianisme orthodoxe, à la fin du xe siècle,
jusqu’au début du règne de Pierre le Grand et des grands bouleversements imposés en Russie par le souverain, avec la fondation symbolique d’une nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg,
en 1703.
Trop souvent, au regard des icônes notamment, l’art russe
ancien est surtout considéré comme un simple prolongement
de l’art byzantin jusqu’au seuil du siècle des Lumières. Au
contraire, l’exposition souhaitait montrer que si l’art russe,
essentiellement religieux jusqu’au xvie siècle dans les monuments conservés, est bien l’héritier privilégié de Byzance à
laquelle la Russie doit sa conversion, d’autres apports, périodiquement renouvelés, sont venus fertiliser l’art russe dès ses
débuts et lui donner une véritable et solide identité. C’est en
particulier le cas de l’art occidental, roman puis gothique, puis
des modèles de la Renaissance et du xviie siècle, qui, bien avant
le règne de Pierre le Grand, ont contribué à infléchir plus ou
moins fortement l’héritage byzantin et à donner naissance à
un art russe autonome et profondément original.
Il a semblé que seul le parti d’une présentation chronologique permettait de mesurer l’intensité et l’impact réels
244
du phénomène à travers chacune des grandes périodes de
l’histoire russe et de rendre compte en même temps de l’évolution interne de l’art russe. C’était aussi le moyen de permettre au public de mieux appréhender ces liens en fonction
des époques et de replacer plus facilement dans leur contexte
les grandes figures historiques qu’il connaissait : Alexandre
Nevski, Ivan le Terrible ou Boris Godounov. L’organisation du
catalogue obéit au même principe, chaque section étant systématiquement précédée d’une introduction historique, tandis
que des introductions spécifiques sur l’architecture s’efforcent
de compléter la vision très partielle donnée par les maquettes
et les fragments d’architecture et de décor monumental qui
ont pu être exposés.
Il fallait aussi pouvoir confronter concrètement des œuvres
byzantines originales parvenues en Russie et leur postérité russe,
en tentant aussi de distinguer les apports successifs – et différenciés – de l’art byzantin antérieur au xiiie siècle, de l’art des Paléologues et de l’art post-byzantin grec ou balkanique. De même, la
présence dans l’exposition de plusieurs œuvres occidentales parvenues en Russie dès leur création – bronzes du Saint-Empire,
émaux de Limoges et émaux mosans, manuscrits – offrait un
répertoire technique et décoratif varié dont on retrouvait immédiatement l’écho plus ou moins sensible dans la genèse de « l’âge
d’or » de l’art russe qui fut celui de la Rous’ kiévienne aux xie
et xiie siècles. Et cela, jusque sur les portes monumentales de la
Exposition « Sainte Russie », section « Premier épanouissement chrétien (milieu du xie – début du xiiie siècle) »
Expositions
cathédrale de Souzdal au début du xiiie siècle, où la fameuse
technique de la « chrysographie » est en fait celle du vernis brun
propre à toute l’Europe romane. Une fois ce constat établi, on
pouvait ainsi retrouver, renouvelant subtilement l’héritage
byzantin, l’écho continuel de l’art occidental – aux côtés de
celui des arts orientaux – dans la genèse de l’art russe : sinuosités
de la peinture italienne du Duecento sur l’icône de la Vierge de
la Tolga après les invasions mongoles du xiiie siècle, fleurons
gothiques du panaghiarion de Novgorod datant de 1435, subtilités dogmatiques latines introduites sur les icônes du temps
d’Ivan le Terrible, répertoire ornemental et techniques des
orfèvres de la Renaissance sur le grand oklad de la Trinité de
Roublev conservé à Serguei Possad, tentations baroques des
peintres et orfèvres du palais des Armures au xviie siècle…
Surtout, à la différence des expositions précédentes d’art
russe ancien, y compris en Russie, il était indispensable de ne
pas se contenter d’une seule technique, comme par exemple
la seule peinture d’icône, ni même de deux ou trois grands
musées prêteurs. Il fallait solliciter le concours d’un grand
nombre d’institutions russes – au total vingt-quatre, de Moscou, de Saint-Pétersbourg et des grandes régions de la Russie
ancienne – et le compléter par quelques prêts ponctuels significatifs européens et français. On ne devait pas non plus négliger
l’apport de pièces archéologiques, de documents historiques
ou des monnaies, reflets immédiats de la réalité, placés en
regard des chefs-d’œuvre qu’ils contribuaient à mieux comprendre. On pouvait ainsi espérer montrer que si l’art russe
ancien a certes fait preuve d’une singulière capacité à préserver
l’héritage de Byzance jusqu’au seuil du xviiie siècle, il est parvenu dès l’origine à se forger une véritable et forte identité en
se « réinventant » continuellement.
Enfin, au-delà de l’exposition, trois manifestations ont proposé aux intervenants et au public une série de réflexions nouvelles parallèles ou complémentaires : une table ronde organisée avec Pierre Gonneau et l’École pratique des hautes études
(le 13 avril 2010) ; à l’auditorium du Louvre, un colloque « L’invention de la Sainte Russie » (les 26 et 27 mars 2010) ; enfin,
toujours à l’auditorium, une journée-débat « Musée-musées » :
« Restaurer, reconstruire : les églises russes, un patrimoine
architectural » (le 7 avril 2010).
J. Durand
 Organised in the framework of the year of France-Russia 2010, this
was the Musée du Louvre’s first exhibition consecrated to ancient Russian
art, from the tenth century to the reign of Peter the Great. The exhibition
aimed to show that while Russian art was mainly religious until the sixteenth
century and was heavily influenced by the Byzantine heritage, it was also
open to other influences that contributed to its development and gave it a
veritable and solid identity. This is particularly true for Western,
Romanesque, Gothic, Renaissance, and seventeenth-century art, which,
well before the reign of Peter the Great, all brought some degree of change
to the Byzantine heritage. The decision to present the exhibition
chronologically facilitated the analysis of this phenomenon and its real
impact in each of the great periods of Russian history and included the
internal evolution of Russian art. To fulfil these aims it was necessary to
solicit the help of many Russian institutions and complement it with a
selected number of significant European and French loans.
In addition to the exhibition the public and the participants were
provided with a series of parallel and complementary events: there was a
round table with Pierre Gonneau and the EPHE (13 April 2010), a
conference on L’invention de la Sainte Russie (on 26 and 27 March 2010),
and the day of talks on “Musée-musées”, reconstruire: les églises russes, un
patrimoine architectural (7 April 2010).
Exposition « Sainte Russie », salle de l’iconostase de la Dormition du monastère
Saint-Cyrille du lac Blanc
Exposition « Sainte Russie », section « Le temps des troubles », avec l’oklad de
la Trinité d’André Roublev
Exposition « Sainte Russie », section « De Michel Romanov à Pierre le Grand »,
l’iconostase funéraire de la régente Sophie
245
Expositions
La Collection Motais de Narbonne.
Tableaux français et italiens des xviie et xviiie siècles
Aile Sully, 2e étage, 25 mars – 21 juin 2010
Commissaire : Stéphane Loire, département des Peintures
Depuis deux siècles, les collections du Louvre n’ont cessé de
s’enrichir grâce aux dons de généreux amateurs. Certains
d’entre eux ont créé leur collection avec la volonté de compléter les lacunes du musée ; pour beaucoup d’autres, ce dernier a
été à l’origine de leur vocation de collectionneur, tout en les
aidant à former leur goût. Héléna et Guy Motais de Narbonne,
amateurs parisiens familiers du Louvre, ont constitué avec passion depuis le début des années 1980 une collection remarquablement cohérente. Cette exposition l’a révélée au public
à travers quarante-quatre peintures françaises et italiennes des
xviie et xviiie siècles. La plupart ont des sujets d’histoire, d’inspiration religieuse ou mythologique : l’ensemble ne comporte
pas de paysage, une seule nature morte, et peut-être un portrait
traité sur un mode allégorique. Certaines œuvres, inédites, sont
dues à des artistes déjà bien représentés au Louvre ; d’autres à
des peintres absents des collections du musée. Parmi celles-ci, et
Exposition « La Collection Motais de Narbonne », vue générale de l’exposition
grâce à la générosité des collectionneurs, deux tableaux
choisis par les conservateurs
du département des Peintures
sont venus enrichir son fonds
de peinture ancienne : dès la
fin de l’exposition, La Bataille
entre les Amazones et les Grecs
de Claude Déruet a trouvé sa
place dans les salles de peinture française du xviie siècle,
et Le Retour du fils prodigue de
Domenico Maria Viani dans
celles de peinture italienne
du xviiie siècle. En faisant
découvrir cet ensemble de
peintures inconnu des visiteurs du Louvre, l’exposition
a souhaité montrer qu’il était
encore possible aujourd’hui
de composer une collection
de grande qualité. Mais elle
témoigne aussi de l’esprit du
musée, attentif à l’action des
collectionneurs, qu’il consiExposition « La Collection Motais de Narbonne », La Bataille entre les Amazones et les Grecs de Claude Déruet, don
dère comme complémentaire
d’Héléna et Guy Motais de Narbonne au Louvre en 2009.
de la sienne.
S. Loire
 Since the 1980s, Héléna and Guy Motais de Narbonne, Parisian
collectors associated with the Louvre, have passionately assembled a
remarkably coherent collection of seventeenth- and eighteenth-century
French and Italian paintings. Most of them have historical, religious, and
mythological themes. By introducing this ensemble of paintings to the
246
Louvre’s visitors, the exhibition aimed to demonstrate that it was still
possible to assemble a collection of great quality today. It also showed that
the Museum is interested in the activities of collectors that it considers as
complementary to its own.
Expositions
Méroé. Un empire sur le Nil
Aile Richelieu, 26 mars – 6 septembre 2010
Commissaires : Guillemette Andreu-Lanoë, Michel Baud et Aminata Sackho-Autissier,
département des Antiquités égyptiennes
Cette exposition a été à plus d’un titre un événement novateur dans la programmation culturelle du musée. Inscrite dans
l’accord de coopération signé en 2005 avec les autorités de la
National Corporation for Antiquities and Museums du Soudan, elle a été l’élément le plus visible de la politique d’ouverture du département des Antiquités égyptiennes sur l’archéologie soudanaise et les civilisations peu connues qui se sont
épanouies dans l’antiquité de ce pays, situé à la frontière méridionale de l’Égypte.
Présenter la grandeur et les particularités de la civilisation
de Méroé était une première en France. Le public, intrigué par
ce sujet neuf et exotique, est venu nombreux à cette exposition dédiée aux vestiges archéologiques et culturels de Méroé,
vaste empire qui s’est développé sur les rives du Nil subsaharien entre 270 avant J.-C. et 350 après J.-C. Réunissant quelque
deux cents œuvres, dont la plupart (cent dix-huit) étaient prêtées à titre exceptionnel par le musée de Khartoum, les commissaires firent aussi des emprunts au musée Dobrée (Nantes),
au British Museum (Londres), au World Museum et au Garstang Museum (Liverpool), aux Staatliche Museen zu Berlin
Exposition « Méroé. Un empire sur le Nil », vue de l’entrée
(Ägyptisches Museum und Papyrussammlung), au Staatliches
Museum Ägyptischer Kunst (Munich) et au Rijksmuseum van
Oudheden (Leyde).
Le commissariat, assuré par Guillemette Andreu-Lanoë,
Michel Baud et Aminata Sackho-Autissier, s’est appuyé sur les
expériences de terrain et sur les découvertes scientifiques et
archéologiques effectuées lors des deux dernières décennies
dans le domaine méroïtique pour donner à comprendre et à
admirer ce que l’on a appris récemment de cette civilisation.
Après une évocation des pionniers de l’archéologie nilotique qui s’aventurèrent au xixe siècle dans la nécropole de
Méroé où ils découvrirent les centaines de pyramides de grès
ocre qui y avaient été érigées, l’exposition était divisée en sections thématiques qui présentaient la vie quotidienne, l’artisanat, les bijoux, les rois et leurs insignes du pouvoir, le rôle
des reines dans le gouvernement, les systèmes sociaux, les
cultes, le panthéon où cohabitent Amon l’Égyptien et Dionysos le Grec, ainsi que l’au-delà tel que le concevait le peuple
de Méroé. La langue et l’écriture méroïtiques – laquelle n’est
que partiellement déchiffrée et dont la compréhension fait
247
Expositions
Exposition « Méroé. Un empire sur le Nil », la statue d’un roi archer
Exposition « Méroé. Un empire sur le Nil », Tambour ornemental à scènes bachiques, département des Antiquités égyptiennes (E 11522)
des progrès réguliers quoique pas encore décisifs – faisaient
l’objet d’une section particulièrement dense et pédagogique,
destinée à illustrer la méthode actuellement mise en place
pour aboutir à un déchiffrement intégral. De ce foisonnement d’œuvres tantôt rudes et massives, tantôt subtiles et
délicates, marquées par les cultures égyptienne, africaine,
grecque et romaine, se dégageait l’impression d’une création
artistique inventive, parfois impérieuse, reflet d’une société
multicuturelle forte des influences qui s’y côtoyaient et s’y
mêlaient, et qui a produit des œuvres que l’archéologue n’a
aucun mal à qualifier de méroïtiques, tant leurs caractères
sont identifiables.
Deux projections silencieuses, à l’entrée et à la fin de l’exposition, permettaient au visiteur d’admirer le paysage des
sites archéologiques de l’« île de Méroé » et de voir quelques
séquences d’un film documentaire tourné sur le chantier du
Louvre à Mouweis, qui livre des renseignements précieux sur
l’archéologie urbaine de cette brillante civilisation africaine.
G. Andreu-Lanoë
 As part of the cooperation agreement signed with the authorities of
the National Corporation for Antiquities and Museums of Sudan in 2005,
the exhibition was the most visible result of the policy of openness of the
Sudanese department of Egyptian antiquities on Sudanese archaeology
and the relatively unknown civilisations that flourished in Antiquity in this
country located at Egypt’s southern border. The two hundred or so works
mostly came from the Khartoum Museum, and were complemented with
several national and European loans.
The curators were Guillemette Andreu-Lanoë, Michel Baud, and Aminata
Sackho-Autissier, based on their own experiences on-site and on the
scientific and archaeological discoveries made over the last two decades:
this provided an insight into and admiration for recent discoveries about
the cultural traits of the Meroë, the vast empire that developed on the
banks of the sub-Saharan Nile between 270 bc and ad 350.
Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du royaume d’Arabie Saoudite
Hall Napoléon, 14 juillet – 27 septembre 2010
Commissaires : Musée du Louvre : Béatrice André-Salvini, Françoise Demange, assistées de Marianne Cotty,
département des Antiquités orientales, et Carine Juvin, département des Arts de l’Islam –
Arabie Saoudite : Ali Ibrahim Al-Ghabban, vice-président des Antiquités et des Musées (SCTA)
248
L’exposition, placée sous le haut patronage de S. M. le roi
Abdallah bin Abdulaziz Al Saoud et du président Nicolas
Sarkozy, est l’aboutissement d’un accord de collaboration
culturelle signé en 2004 par S. A. R. le prince Sultan bin
Salman bin Abdulaziz Al Saoud, président de la Commission
pour le tourisme et les antiquités du royaume d’Arabie Saoudite, et le musée du Louvre.
« Routes d’Arabie » est la première grande exposition consacrée au passé du royaume d’Arabie Saoudite. Le Louvre a eu le
privilège de pouvoir présenter, pour la première fois en Occident, une sélection d’environ trois cents œuvres – dont deux
cent cinquante antérieures à l’époque de l’Islam –, dans un
parcours archéologique et culturel allant de la préhistoire à
l’aube des temps modernes. Elles offraient un panorama inédit
des différentes cultures qui se sont succédé dans la péninsule
Arabique jusqu’à l’orée de la période moderne.
Les œuvres, d’un intérêt historique, esthétique et symbolique majeur, révèlent un territoire encore mal connu. Venant
majoritairement du musée national de Riyad, mais aussi du
musée du département d’Archéologie de l’université Roi-Saoud
à Riyad, et de plusieurs musées régionaux (Dammam, Jedda,
Taymâ’, Al-’Ulâ), elles n’étaient – à deux exceptions près –
jamais sorties d’Arabie Saoudite. Une partie d’entre elles, inédites et/ou issues de fouilles récentes, n’y sont pas exposées au
public.
En dépit de conditions naturelles difficiles, du fait de sa
position géographique centrale en Asie occidentale et de
l’étendue de son territoire, l’Arabie Saoudite abrite dans son
Expositions
sol de nombreux vestiges de
cultures remontant à la préhistoire. Au fil de l’histoire,
les relations ou le passage
de relais entre ces cultures
se sont faits le plus souvent
au rythme des contacts avec
les
civilisations
voisines
de Mésopotamie, d’Iran,
d’Égypte, du Levant ou du
Yémen, puis avec les grands
empires de la fin de l’Antiquité. Des caravanes ont de
tout temps sillonné l’Arabie
d’est en ouest et du nord au
sud. Elles ouvrirent et suivirent des routes tracées au
gré des paysages et des lieux
d’étapes ; elles entretinrent
pendant des millénaires le
rôle privilégié de la région en
tant que nœud commercial
et culturel, au cœur du commerce des matières précieuses
Exposition « Routes d’Arabie », stèles funéraires du IVe millénaire
et des circuits de l’encens.
C’est le long de ces routes
que se créèrent les principaux
centres habités, simples campements d’une tribu ou capitales d’un État.
Cette « itinérance » le long
de parcours bien identifiés
a conféré une particularité,
une unité à ce pays aux paysages et au peuplement pourtant diversifiés. Elle a mis en
contact, au cours de l’Antiquité, des régions, des tribus,
des croyances, des cultures,
des langues et écritures, ouvrant ainsi la voie à l’implantation et à la diffusion rapide
de l’islam, né dans la région
côtière nord-occidentale du
Hijâz. Les routes de commerce devinrent routes du
pèlerinage, reliant les grandes
capitales musulmanes aux
villes saintes de La Mecque et
Exposition « Routes d’Arabie », le royaume de Lihyân
de Médine. Elles furent celles
de l’unification politique du
pays par la dynastie Al Saoud.
Pour reconstruire, dans une exposition, l’histoire du pays
Dans ces lieux de confluence de divers courants intellec– véritable « melting pot » des civilisations alentour, où se
tuels ou artistiques, un art original se développa pourtant à
mêlent et s’influencent les langues et écritures diverses qui
plusieurs époques, notamment dans les États du Hijâz au norddonnèrent naissance à l’arabe d’aujourd’hui –, une approche
ouest, au Ier millénaire avant notre ère. Le grès rouge des masarchéologique s’imposait, permettant de replacer les développements régionaux dans le cadre historique plus vaste du
sifs montagneux de la région permettait une grande finesse
Proche-Orient.
de gravure et d’expressivité, comme le montrent par exemple
Les routes d’Arabie constituaient le fil conducteur de cette
les petites stèles funéraires du IVe millénaire avant J.-C. ou le
exposition qui proposait un parcours dans l’espace et dans le
développement de la sculpture monumentale du royaume de
temps, conçu comme une succession d’étapes dans quelquesLihyân (ive-iiie siècles avant J.-C.).
249
Expositions
250
Exposition « Routes d’Arabie », la découverte d’al-Rabadha, ville des premiers
Exposition « Routes d’Arabie », les stèles du cimetière d’al-Ma‘lâ à La Mecque,
temps de l’Islam
et au fond la porte de la Ka’ba
unes des grandes oasis de la péninsule : dans la province
orientale de l’Arabie, sur les rives du Golfe aux époques très
anciennes (VIe-IIIe millénaire avant J.-C.) ; puis au nord-ouest,
dans le Hijâz, carrefour des routes venant du Yémen et se dirigeant vers la Mésopotamie ou la Méditerranée au Ier millénaire,
lorsque se développe le commerce de l’encens venu du Yémen ;
enfin au sud-ouest, notamment pour l’époque hellénistique et
romaine, en relation, de nouveau, avec la côte orientale. La
naissance de l’islam nous ramenait dans la région côtière du
Hijâz, où sont situées les villes saintes.
Cette approche fut facilitée par la volonté d’ouverture des
autorités saoudiennes et par le développement très important
de l’archéologie nationale et de la mise en valeur des sites
depuis près d’un demi-siècle, mais particulièrement ces dernières années. Des pièces exceptionnelles ont été prêtées. Une
collaboration exemplaire, autant institutionnelle que scientifique, s’est développée au cours de l’élaboration du projet.
Les recherches nécessaires à sa réalisation et la présentation
au Louvre de nombreuses œuvres inédites ont fait progresser
la connaissance de l’histoire de l’Arabie. Ce travail commun a
notamment permis que soient effectuées, au musée du Louvre,
des restaurations spectaculaires. Les statues colossales des anciens rois de Lihyân ont été nettoyées et remontées au Louvre
(voir chapitre « Restaurations » ci-dessus), avec la bienveillante
permission et la confiance des autorités saoudiennes, qui nous
ont permis d’intervenir sur la totalité des œuvres venues au
Louvre. De nouveaux programmes de coopération, portant sur
la formation, la restauration et la muséologie, sont en projet.
B. André-Salvini
 “Routes d’Arabie” (Roads of Arabia) was the first major exhibition
about the history of the Kingdom of Saudi Arabia. In this mixed
archaeological and cultural initiative, the Louvre was proud to exhibit a
selection of around 300 works ranging from prehistory to the dawn of
modern times, displayed together for the first time in the West. The
exhibition provided an unprecedented panorama of the various cultures
that succeeded each other in the Arabian peninsula, up until the beginning
of the modern era.
The works shown had great historical, aesthetic, and symbolic
importance, and provided insights into a still unknown territory. Most of
the exhibits were provided by the Riyadh National Museum, the museum
of the department of archaeology of the King Saud University in Riyadh,
and several national museums (Dammam, Jeddah, Tayma’, and Al-’Ula).
Except in two cases, none of these items had ever left Arabia before, and
some works were either previously unseen, or had been unearthed in
recent excavations and had not yet been exhibited to the public.
The exhibition’s common theme was the great trade routes across
Arabia. Visitors were taken on a journey through space and time, and
shown the successive phases of development affecting one of the
peninsula’s great oases, a journey spanning from the sixth millennium in
Arabia’s eastern province, on the banks of the Gulf, through to Islam in the
coastal region of Hejaz, the site of the holy cities.
Expositions
UNE SAISON XVIIIe AU LOUVRE
Musées de papier. L’Antiquité en livres, 1600-1800
Salle de la Chapelle, 25 septembre 2010 – 3 janvier 2011
Commissaire : Élisabeth Décultot, CNRS – Centre Marc-Bloch, Berlin
Sante Bartoli (1635-1700) ou encore Francesco et Giuseppe
L’idée de l’exposition « Musées de papier. L’Antiquité en livres,
Bianchini (1662-1729 ; 1704-1764) pour la tradition italienne,
1600-1800 » est née d’un constat : le mouvement du retour
François Roger de Gaignières (1642-1715) et Bernard de Montà l’antique qui traverse la production artistique des xviie et
faucon pour la tradition française. Dans un parcours chronologixviiie siècles s’est appuyé sur la constitution et la circulation
quement ample, l’exposition « Musées de papier » mène le visidans l’Europe entière de recueils d’images représentant les
teur des recueils d’antiquités rassemblés par ces représentants
œuvres d’art de l’Antiquité. Ces recueils ont pu revêtir des
italiens ou français de la tradition antiquaire du xviie et du début
formes diverses : collections de dessins sur le modèle du Museo
cartaceo de Cassiano dal Pozzo (1588-1657) ou encore séries de
du xviiie siècle jusqu’aux années 1760-1800, marquées par les
gravures commentées et reliées en livres, telles que L’Antiquité
ouvrages illustrés de Caylus (1692-1765), Winckelmann (1717expliquée et représentée en figures de Bernard de Montfaucon
1768) et Jean-Baptiste Séroux d’Agincourt (1730-1814). Elle
(1719). Quelle que soit leur forme, ces recueils d’images de
donne un aperçu des systèmes de classement qui président à
l’art antique ont eu une incidence forte sur une série de phél’organisation de ces recueils et montre comment, à la suite nonomènes marquants au xviiie siècle : naissance des disciplines
tamment des fouilles d’Herculanum à partir de 1738, la littérature antiquaire s’enrichit d’une série de publications somptueuarchéologie et histoire de l’art, essor du goût pour l’Antiquité
sement illustrées, telles Le antichità di Ercolano esposte (1757-1792),
grecque et romaine, curiosité pour des ères historiques de plus
ou encore de comptes rendus et de récits de voyage dus entre
en plus variées, incluant l’Égypte ancienne, le monde étrusque
autres à Julien David Le Roy (1724-1803), James Stuart (1713ou encore la période paléochrétienne. Or peu de travaux ont
1788) et Robert Wood (1717-1771). Si elle ménage une place cenété consacrés à l’exploration de ce phénomène. C’est pourtrale aux dessins et aux supports imprimés, l’exposition ne s’y
quoi il nous a paru nécessaire d’organiser cette exposition, qui
limite cependant pas. Dans un espace central évoquant le cabiconstitue sans doute une entreprise quelque peu inhabituelle
net de travail d’un antiquaire, elle donne également à voir
pour le musée du Louvre. Si elle entre bien par son sujet – l’art
quelques-uns des multiples objets et instruments (maquettes
antique et son histoire – dans les grands domaines traditiond’architecture, réductions en bronze, etc.) qui ont accompagné
nellement représentés au Louvre, elle ne s’intéresse néanmoins
le travail antiquaire. Alternatifs au livre, ces objets sont cepenpas prioritairement aux œuvres d’art antiques elles-mêmes,
dant inséparables du livre, qui reste sans conteste la forme essenmais à leurs représentations graphiques modernes, dessinées
tielle par laquelle la connaissance de l’Antiquité s’élabore et se
ou imprimées, et singulièrement aux livres qui, aux xviie et
diffuse. Une collection d’empreintes de pierres gravées illustre
xviiie siècles, ont permis la diffusion de ces représentations.
bien ce lien intime avec le livre dans son apparence même : il
Les musées de papier doivent leur nom au savant, collectionneur et mécène italien
Cassiano dal Pozzo, qui
constitua avec son frère Carlo
Antonio l’une des collections
de dessins les plus riches du
xviie siècle. Cette collection de
plusieurs milliers de feuillets
reçut le nom de Museo cartaceo. Si la botanique, la zoologie et la géologie occupent
une place importante dans cet
ensemble, c’est surtout à ses
reproductions d’œuvres antiques que le musée de papier
de dal Pozzo dut sa célébrité.
Cette partie de sa collection,
dont plusieurs pièces sont présentées dans l’exposition, servit de modèle ou de source
d’inspiration à de multiples
antiquaires dans l’Europe entière, parmi lesquels Antonio
Bosio (1575-1629), Giovanni
Ciampini (1633-1698), Pietro
Exposition « Musées de papier. L’Antiquité en livres, 1600-1800 »
251
Expositions
Exposition « Musées de papier », évocation du cabinet de travail d’un antiquaire
s’agit de la dactyliothèque de Philipp Daniel Lippert (1755),
l’une des plus fameuses du xviiie siècle, qui présente les empreintes de pierres gravées dans des coffrets en bois ressemblant
à des livres.
É. Décultot
 During the seventeenth and eighteenth centuries, many antiquarians
compiled their accumulated expertise in imposing illustrated volumes of
antiquities, each one offering a sort of musée de papier (paper museum)
displaying a considerable number of antique works in the form of
engravings and drawings. The images of antique art contained in these
“paper museums” heralded the eighteenth-century surge of interest in
Greek and Roman Antiquity, and fostered a widespread curiosity for
increasingly varied historic eras, including ancient Egypt, the Etruscan
world, and the early Christian period. The aim of the Louvre’s “Musées de
papier” exhibition was to highlight the extraordinary wealth of these
collections of drawings and engravings. The show took the visitor on a tour
that started with the Museo cartaceo de Cassiano dal Pozzo, famous for its
reproductions of antique works, and continued up to the period 1760–
1800, which was strongly influenced by the illustrated books of Caylus,
Winckelmann, and Jean-Baptiste Séroux d’Agincourt. The exhibition also
provided insights into the classification systems of these collections, and
showed how, following the excavations at Herculaneum, the repertoire of
antiquarian literature suddenly burgeoned with richly illustrated
publications. Lastly, the exhibition presented a great variety of the objects
and instruments (bronze reductions, architectural models, dactyliothèques,
etc.) employed by the antiquarians in their work, which paved the way for
the two modern disciplines of art history and archaeology.
Le Louvre au temps des Lumières
Aile Sully, 2e étage, 11 novembre 2010 – 7 février 2011
Commissaire : Guillaume Fonkenell, Histoire du Louvre
252
diverses et devint un véritable creuset de réflexion sur les enL’exposition a été l’occasion de présenter un premier bilan des
jeux d’une société en pleine réflexion sur elle-même.
recherches entreprises depuis 2008 par Guillaume Fonkenell
Réflexion urbaine, qui prend naissance sous l’administradans le cadre d’une thèse de doctorat de l’université Paris IVtion du marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du Roi
Sorbonne (sous la direction de Claude Mignot). Le choix des
de 1751 à 1772, autour de l’achèvement d’un palais au cœur
œuvres et leur commentaire sont tirés du catalogue de cette
de la capitale. Les critiques émises par La Font de Saint-Yenne
thèse, en cours de rédaction. L’exposition n’a pas donné lieu
et Voltaire sur l’abandon du Louvre font du palais un enjeu
à la rédaction d’un catalogue, mais elle fera l’objet d’une publication au sein du livre sur
l’histoire du Louvre dont la
parution est prévue en 2012.
Le travail présenté doit beaucoup à la collaboration avec le
service des Cartes et Plans des
Archives nationales et avec le
département des Estampes de
la Bibliothèque nationale. Il
a permis de montrer l’intérêt
d’une période ordinairement
considérée comme un temps
mort de l’histoire du Louvre :
aucune construction nouvelle ne fut entreprise et, en
dépit de quelques tentatives,
le bâtiment resta dans l’état
inachevé de ruine grandiose
où Louis XIV l’avait laissé.
Cependant, le Louvre, cette
« grande chaumière de la monarchie », selon l’expression
de Marc Fumaroli, accueillit
sans distinction les personnalités et les activités les plus
Exposition « Le Louvre au temps des Lumières », vue générale de l’exposition
Expositions
urbain au cœur de la capitale. De 1750 à la Révolution, on y
projeta en particulier plusieurs places royales, espaces formant
écrin autour de la statue du souverain et marqueurs symboliques du pouvoir royal. Le Louvre fut également le site retenu
pour un nouvel opéra, autre programme emblématique d’une
société du spectacle et des loisirs. Les grandes vues de Boullée
pour un opéra circulaire témoignent du développement dans
les années 1780 de l’architecture néoclassique, faisant appel au
jeu monumental des formes simples.
Le Louvre est aussi le lieu d’une réflexion sur la place des
intellectuels et des arts dans la société, surtout avec le comte
d’Angiviller, successeur de Marigny (1774-1791) et initiateur
du projet de muséum qui allait devenir, sous la Révolution,
l’embryon de l’institution que nous connaissons aujourd’hui.
Mais ce musée doit être compris au sens antique du terme,
comme espace de conservation des collections, de présentation de l’art moderne (avec la grande exposition biennale du
Salon) et aussi comme lieu d’enseignement et de recherche
(marqué par la présence des académies). Il doit être complété
par la bibliothèque royale. Si le Louvre a fait rêver les hommes
du temps des Lumières, il a aussi été le cadre désordonné et
inachevé de leur vie quotidienne. Ancienne demeure royale,
les Tuileries hébergent le souverain lors de ses séjours à Paris,
ponctuels sous Louis XV, permanents et forcés pour Louis XVI
entre 1789 et 1792. Le Louvre abrite aussi tous ceux que la
monarchie souhaite accueillir : administrations, logements de
fonction et de faveur pour la noblesse, pour les artistes … qui
font du palais le kaléidoscope de la société des Lumières.
G. Fonkenell
Exposition « Le Louvre au temps des Lumières », projets pour une place royale
 The exhibition was part of a research project undertaken by Guillaume
Fonkenell for a doctoral thesis from the Université de Paris IV, and was made
possible by the active collaboration of loans from three organisations: the
department of Maps and Plans in the French national Archives, the Prints
Department of the Bibliothèque Nationale de France, and the Musée
Carnavalet’s Drawings Department. After Louis XIV’s major construction
works, and prior to the building’s completion in the nineteenth century, the
Age of Enlightenment seems to have marked a pause in the Louvre’s history.
However, the palace reflects the ambitions of the society at that time,
and was the object of numerous projects: urban settings in the heart of
Paris and the desire to create a building consecrated to the arts and
sciences, which prefigured today’s museum. Although these projects did
not materialise, the Louvre became a refuge for all those welcomed by the
monarchy, from the nobility to the artists, and provides insights into the
society of the Enlightenment. This historical period is retraced through a
selection of fifty drawings, engravings, and paintings.
L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au xviiie siècle
Hall Napoléon, 2 décembre 2010 – 14 février 2011
Commissariat général : Henri Loyrette, musée du Louvre, et Marc Fumaroli, de l’Académie française
Commissaires : Guillaume Faroult, département des Peintures, Christophe Leribault, département des Arts
graphiques, et Guilhem Scherf, département des Sculptures
L’exposition « L’Antiquité rêvée. Innovations et résistances au
xviiie siècle » a été entreprise avec la volonté de rendre compte
de la fertilité d’un siècle, le xviiie, dont la modernité fut pétrie
de références au passé. Cette confrontation dynamique avait
pris sa source à Paris, à la fin du xviie siècle, dans le cadre de
l’Académie française, où se forma « la querelle des Anciens et
des Modernes ». Ce conflit toucha bientôt l’Académie royale
de peinture et de sculpture où l’on osa proférer cette question :
les chefs-d’œuvre modernes peuvent-ils égaler ceux légués par
l’Antiquité ? Cette question reprit une considérable vigueur au
cours du deuxième tiers du xviiie siècle, et ce à une échelle européenne, quand les théoriciens de l’art, les critiques et les artistes eux-mêmes entreprirent de régénérer l’art de leur temps
en se reportant directement aux sources de l’art antique. Cette
exigence se trouva favorisée à la fois par l’abondance exceptionnelle des découvertes (notamment sur les sites d’Herculanum et de Pompéi) et aussi par la structuration progressive
des champs de l’archéologie (en particulier grâce au comte de
Caylus en France ou à Johann Joachim Winckelmann à Rome)
et de l’histoire de l’art (avec la publication de l’Histoire de l’art
dans l’Antiquité de Winckelmann en 1764).
Exposition « L’Antiquité rêvée », le renouveau du goût pour l’antique
253
Expositions
Exposition « L’Antiquité rêvée », le néobaroque
Exposition « L’Antiquité rêvée », le sublime
254
C’est véritablement à la fin des années 1960 que les historiens de l’art, anglo-saxons tout d’abord, entreprirent d’étudier
et, surtout, de réévaluer l’art européen de cette période qualifiée de « néoclassique » grâce aux ouvrages fondateurs de Robert
Rosenblum, Transformations in Late Eighteenth Century Art
(1967), et de Hugh Honour, Neo-classicism (1968), auxquels on
peut adjoindre l’admirable somme de Svend Eriksen, Early Neoclassicism in France, publiée en 1974. L’exposition « The Age of
Neo-classicism », présentée à Londres en 1972, rassembla un
ensemble exceptionnel de près de deux mille œuvres couvrant
un champ considérable, tant géographique (de l’Espagne à la
Russie) que chronologique (de 1760 à 1840). Aucune entre-
prise ne put depuis prétendre
à une telle ampleur ! Depuis
une quinzaine d’années, des
expositions majeures ont
rendu compte, essentiellement à l’étranger, de la vitalité de l’art de cette période,
et ce jusqu’à l’exposition « Le
Goût à la grecque. La naissance du néoclassicisme dans
l’art français », organisée par
le musée du Louvre et présentée à Madrid et Lisbonne
en 2007-2008, puis à Athènes
en 2009-2010.
Notre projet s’inscrit dans
la lignée de ces entreprises
et entend, pour la première
fois depuis l’exposition londonienne de 1972, présenter
une approche synthétique
de l’art européen de cette
période néoclassique. Bien
entendu, nous ne pouvions
pas prétendre brosser toute
l’histoire de l’art européen
sur près de soixante-dix
années (de 1720 à 1790 environ) avec la sélection de
quelque cent cinquante-sept
œuvres que nous avons pu
rassembler.
Dans un premier temps,
pour raconter le déploiement
de cette histoire qui s’impose
dans ses grandes lignes de
1720 à la fin des années 1760
environ, nous avons opéré
des choix selon cinq axes
déterminants : le buste à l’antique ; le parcours d’un artiste
exemplaire, Edme Bouchardon ; les débats intellectuels
et académiques au cours de
ces années ; la question du
renouveau du décor antique
et celle, enfin, de la représentation de l’histoire (dans son
acception académique) suivant le modèle antique.
Pour la première fois dans le cadre d’une exposition, nous
avons voulu évoquer cette période néoclassique sur un mode
contradictoire. Aussi avons-nous consacré la deuxième partie,
en son centre donc, aux différentes « résistances » qu’opposèrent les artistes en réaction à ces innovations à l’antique. En
effet, au cours des années 1760-1790, il y eut des théoriciens
et des créateurs pour contester cette prééminence de l’Antiquité et en appeler à d’autres courants artistiques hérités du
passé. Notre investigation se décline selon trois directions : un
courant « néobaroque », une certaine veine « néomaniériste » et
l’esthétique du « sublime ».
Expositions
Enfin, dans un troisième
mouvement, qui nous porte
jusqu’au début des années
1790, lorsque la Révolution française marqua une
profonde césure dans la vie
politique et, plus largement,
dans l’histoire européenne,
nous avons tenté d’éclairer
certains aspects exemplaires
des « néoclassicismes » triomphants depuis la fin des années 1770, à savoir le goût du
décorum martial, l’exemple
du grand homme, l’apologie
de la vertu et, enfin, le corps
magnifié, manifestation d’un
art épuré et d’une humanité
régénérée.
La force du projet reposait,
croyons-nous, sur le croisement de ces références multiples au passé qui sont auExposition « L’Antiquité rêvée », le corps magnifié
tant de manières de le rêver,
c’est-à-dire de le recréer selon
différentes attentes. Ainsi, l’Antiquité – sans cesse invoquée
with the birth of the new fields of archaeology and art history.
At the end of the 1960s, art historians, especially in Britain and America,
par les différents créateurs que nous présentons dans l’expobegan to re-evaluate European art of the period described as Neoclassical.
sition – n’est pas une, mais multiple, et semble plus modelée
Over the last fifteen years major exhibitions—especially outside France—
dans l’étoffe des songes que sculptée dans le marbre.
have highlighted the vitality of the art of this period.
Notre entreprise a bénéficié de la remarquable contribution de
Through a selection of over one hundred-and-fifty major works, the
Marc Fumaroli, de l’Académie française, qui, dès l’origine, a parexhibition Antiquité rêvée. Innovations et résistances au XVIIIe siècle (Antiquity
ticipé à la définition du propos, et des interventions des profesRevived: Neoclassical Art in the Eighteenth Century) adopted a three-part
seurs Thomas Gaehtgens et Christian Michel, ainsi que d’autres
synthetic approach to the art of this Neoclassical period in Europe:
éminents spécialistes : Stephen Astley, Angelo Loda, Helen
- between 1720 and 1760, in opposition to the Parisian taste for rocaille
Smailes et, tout particulièrement, Alexandre et Bénédicte Gady.
and “decorative” Italian baroque, a stylistic renewal swept through all the
arts, stimulated by archaeological discoveries and academic debates.
G. Faroult, Ch. Leribault et G. Scherf
 At the end of the seventeenth century, one of the most widely
discussed questions at the Académie Royale de Peinture et de Sculpture in
Paris was whether modern masterpieces could ever equal those handed
down from Antiquity. The question arose again in the later eighteenth
century, this time on a European scale, when art theorists, critics, and the
artists themselves turned to the art of Classical Antiquity as a source of
regeneration for the art of their own times, in reaction to the works that
came to light during the excavations at Herculaneum and Pompeii, and
- however, in the 1760s, certain artists chose to express their unique
vision of a less archaeological, more fanciful idea of Classical Antiquity,
justifying this approach by inspiration from the Renaissance, the
seventeenth century, and even the Middle Ages, which was synonymous
with national antiquity.
- in the last quarter of the century, a more universal language emerged
that largely took inspiration from the heroic values of the epoch, illustrated
in the exhibition through the themes of the “Triumph of Mars”, “Great
Men”, “The Apology of Virtue”, and “The Body Idealised”.
Paestum. Archéologie d’une cité
Galerie Campana, salle 44, 1er décembre 2010 – 30 mai 2011
Commissaire : Laurent Haumesser
L’actualité archéologique consacrée à Paestum entendait
d’abord illustrer l’histoire de la redécouverte de ce site majeur
d’Italie méridionale : la présentation de publications du xviiie et
du xixe siècle a permis de rappeler l’intérêt suscité en Europe par
la redécouverte des grands temples grecs (Soufflot, Labrouste),
mais également des vases peints et des fresques funéraires. Ce
fut également l’occasion de mettre en lumière une pièce méconnue, l’un des rares exemplaires attestés d’une maquette en
liège d’une tombe paestane, exécutée au xixe siècle en Italie et
conservée au musée Auguste-Grasset de Varzy (Nièvre).
L’histoire de la redécouverte du site, qui se prolongeait
par une présentation des fouilles et des recherches récentes,
trouvait une illustration directe dans une sélection de pièces
conservées dans les collections du musée du Louvre, à commencer par la riche série de vases peints qui a permis de montrer les principaux artisans et les grands thèmes iconogra-
255
Expositions
phiques de la céramique paestane. L’accent a également été
mis sur les cultes de la cité et sur les statuettes votives, notamment sur une exceptionnelle statuette en argent d’Héraklès :
la restauration au Centre de recherche et de restauration des
musées de France (C2RMF) et l’étude menées à cette occasion
ont permis de montrer toute l’importance de cette pièce pour
la connaissance du culte du héros dans la cité de Paestum et
plus largement dans le monde italique.
L. Haumesser
Bibliographie
Haumesser (L.), « À la découverte de Paestum », Grande Galerie. Le Journal
du Louvre, 14, décembre 2010 – février 2011, p. 54-63.
 This exhibition-dossier retraces the history of Poseidonia, a Greek
colony founded circa 600 bc, which became known as Paestum when the
Lucani occupied the city at the end of the fifth century bc. In the fourth
century, the city was one of the main production centres for red-figure
vases in southern Italy.
Exposition « Paestum »
Franz Xaver Messerschmidt, 1736-1783
Aile Richelieu, 28 janvier – 25 avril 2011
Commissaire : Guilhem Scherf
L’exposition consacrée au sculpteur Franz Xaver Messerschmidt
a été présentée au Louvre en 2011 après New York en 2010. Son
catalogue, publié sous la direction de Maria Pötzl-Malikova et
de Guilhem Scherf, a été pour ce dernier, qui y signe un essai,
l’occasion de recherches menées au cours de l’année 2010.
L’exposition a mis en lumière la place de Messerschmidt dans
l’histoire de la sculpture de son temps (notamment en Italie)
et le contexte culturel et intellectuel dans lequel il a baigné
lorsqu’il se trouvait à Vienne.
G. Scherf
 The Louvre 2011 exhibition devoted to the sculptor Franz Xaver
Messerschmidt follows the New York exhibition held last year. The
exhibition catalogue, edited by Maria Pötzl-Malikova and Guilhem Scherf,
comprises research carried out in 2010 by Scherf, author of an essay on the
artist. The project examines Messerschmidt’s place in the history of
contemporary sculpture (particularly in Italy) and the cultural and
intellectual circles he moved in during his sojourn in Vienna.
256
Exposition « Franz Xaver Messerschmidt, 1736-1783 »
Expositions
EXPOSITIONS DU DÉPARTEMENT DES ARTS GRAPHIQUES
Toussaint Dubreuil, premier peintre d’Henri IV
Aile Denon, salles Mollien, 25 mars – 21 juin 2010
Commissaire : Dominique Cordellier, département des Arts graphiques
une biographie vérifiée sur les documents et les sources et un
L’année 2010, en marquant le quatrième centenaire de la mort
catalogue synthétique et précis. Une bibliographie approfond’Henri IV, a été l’occasion de reconsidérer l’histoire des arts
die achève d’en faire une publication de référence. Elle peut
en France durant son règne (1589-1610). Le département des
donc être comptée au nombre des divers apports durables du
Arts graphiques y a contribué en organisant une exposition
département des Arts graphiques aux commémorations de
de l’œuvre de Toussaint Dubreuil, premier peintre d’Henri IV
l’année Henri IV (expositions dans les musées nationaux de
(1558 ou 1561 – 1602).
Pau, Saint-Germain-en-Laye et Fontainebleau ; colloque au
Les cinquante-six dessins présentés en regard de cinq
Louvre).
tableaux de Dubreuil lui-même, de gravures de Lejeune, Goltzius
et Matham et de dessins de Michel-Ange, Primatice, Passerotti,
D. Cordellier
Carrache, Rubens et Vouet faisaient ressortir la personnalité de
l’artiste le plus inventif de la seconde école de Fontainebleau,
 In the context of the fourth centenary of Henri IV’s death, the
Department of Graphic Arts organised the first monographic exhibition
capable de dialoguer avec les plus grands. Dubreuil apparaissait
devoted to Toussaint Dubreuil, Premier Peintre to Henri IV and the most
d’abord comme l’héritier des maniéristes italiens (Michel-Ange,
inventive artist of the Second School of Fontainebleau. Fifty-six drawings
Primatice, Passerotti) et français (Antoine Caron), puis comme
were presented alongside five paintings by Dubreuil himself, as well as a
un virtuose emphatique et hyperbolique à l’égal des maîtres du
number of drawings and engravings by other artists. Dubreuil first made
Nord (Goltzius, Cornelis van Haarlem), capable de tirer les effets
his mark as the inheritor of the Italian and French mannerists, then as a
les plus expressifs de sa science anatomique, et enfin comme
virtuoso who was the equal of the Northern masters, and finally as the
l’inventeur d’un classicisme français inspiré de l’éloquence nouinventor of a French classicism.
velle, claire et mesurée, de Ludovico et Annibale Carracci.
The Louvre’s drawings were restored for the occasion; the most visible
L’œuvre de ce peintre qui occupa dans l’histoire des arts
result was the discovery of a hitherto unknown drawing on the back of a
sheet of paper that had been glued on. The exhibition opened during the
une place équivalente à celle de Malherbe dans la littérature
Semaine du dessin (Drawings Week), which brought together specialists
n’avait jamais fait l’objet, en dépit de son rôle singulier, d’une
and collectors interested in old drawings.
exposition monographique. La manifestation était donc parThe catalogue published in the “Cabinet des Dessins” collection
ticulièrement nouvelle et c’est pourquoi elle a été inaugurée
combines a presentation of the artist with a synthetic and precise catalogue
au moment de la Semaine du dessin, qui réunit chaque année
of his works in the exhibition and an exhaustive bibliography.
à Paris amateurs, collectionneurs, spécialistes, marchands et
conservateurs concernés par
le dessin ancien.
Outre une meilleure connaissance de l’œuvre, elle a offert
l’occasion d’une campagne
de restauration des dessins
du Louvre dont le résultat le
plus visible a été la découverte d’un dessin inédit au
verso d’une feuille jusqu’alors
contrecollée. L’art du dessinateur, qui donnait le fil
conducteur de l’évolution
rapide de l’artiste, sur à peine
plus de vingt ans (15781602), a fait l’objet d’une
étude particulière dans un
catalogue publié dans la
collection « Cabinet des dessins » et coédité par les
éditions
du
Louvre
et
5 Continents. Cette publication associe à une présentation didactique et littéraire
de l’artiste (en introduction)
Exposition « Toussaint Dubreuil », vue générale de l’exposition
257
Expositions
Antoine Watteau et l’art de l’estampe.
Gravures de la collection du baron Edmond de Rothschild au Louvre
Aile Sully, 2e étage, 8 juillet – 11 octobre 2010
Commissaire : Marie-Catherine Sahut, Florence Raymond, département des Peintures,
et Pascal Torres-Guardiola, département des Arts graphiques
258
Italienne et les scènes de la vie quotidienne. La question du
Peintre, graveur et inlassable dessinateur, Antoine Watteau
rapport entre modèle original et gravure a été abordée grâce à
(1684-1721) a marqué le xviiie siècle par la grâce et la spontanéité
la présence dans l’exposition d’un tableau, Les Deux Cousines,
de son art. L’exposition lui a rendu hommage à travers l’hiset d’une dizaine de dessins en provenance du Louvre et d’une
toire d’une entreprise éditoriale hors du commun, le Recueil
collection particulière.
Jullienne. Sous ce titre, on désigne les quatre gros livres d’esLe projet a donné l’occasion de numériser la totalité des six
tampes publiés à l’initiative d’un riche négociant en teinture et
cent vingt et une planches du Recueil Jullienne de la collection
ami de Watteau, Jean de Jullienne (1686-1766), peu de temps
Rothschild, qui défilaient sur un écran numérique dans l’exaprès la mort prématurée du peintre. Les deux premiers volumes
position. Les images sont désormais accessibles sur le site du
reproduisent ses dessins et portent le titre de Figures de DifféC2RMF, auteur de cette numérisation, ainsi qu’une restitution
rents Caractères. Les deux autres, désignés sous le titre générique
de l’accrochage de l’exposition (http://merovingio.c2rmf.cnrs.
d’Œuvre gravé, reproduisent ses peintures et ses ornements.
fr/technologies/?q=fr/antoine-watteau-et-lart-de-lestampe).
L’exposition, inscrite dans le programme de mise en valeur
de la collection d’estampes du baron Edmond de Rothschild
M.-C. Sahut
au Louvre, s’est construite à partir de ce fonds exceptionnel
offert au Louvre en 1935. Formé dans les années 1870, lorsque
la réhabilitation de l’art du xviiie siècle était au plus fort, c’est
le plus beau rassemblement au monde de gravures d’après
Watteau pour ce qui est de la qualité d’impression, de l’état
de conservation et de la rareté. Outre les quatre volumes du
Recueil Jullienne, la collection contient trois cent cinq « feuilles
libres », la plupart des épreuves avant la lettre. Une centaine
d’entre elles ont été retenues pour l’exposition.
Les critères qui ont présidé à la sélection sont multiples.
Nous avons voulu montrer toutes les gravures originales de
Watteau, qui sont peu nombreuses, et fait appel pour ce faire à
la Bibliothèque nationale de France pour deux des pièces.
Nous avons souhaité également évoquer la situation avantageuse de l’estampe au début du xviiie siècle en représentant
Exposition « Antoine Watteau et l’art de l’estampe », vue générale
vingt et un des trente-cinq graveurs présents dans le Recueil
Jullienne. Nous avons choisi
les plus belles pièces, œuvre
de Cochin le Père, Tardieu,
Laurent Cars, Le Bas, Crépy,
Aveline et Boucher. Restituant
au mieux ce « je ne sais quoi
de galant, de vif et de vrai »
propre à Watteau, ces brillants
praticiens ont contribué à
étendre son influence au-delà
des frontières.
Tous les genres traités par
l’artiste étaient présents, à
des degrés divers, dans l’exposition : peinture d’histoire,
scène de genre, décor d’arabesques, chinoiserie, singerie, portrait, études de figures
et de paysages. Ont été privilégiés les aspects les plus novateurs de son art, qui sont
aussi ceux que les graveurs
ont le mieux interprétés :
la fête galante, la ComédieExposition « Antoine Watteau et l’art de l’estampe », au centre le Recueil Jullienne
Expositions
 As a painter, engraver, and tireless draughtsman, Antoine Watteau
(1684–1721) left his mark on the eighteenth century with the grace and
spontaneity of his art. The exhibition paid homage to him through the
history of a highly unusual editorial enterprise, called the Recueil Jullienne.
This title comprises four large books of prints that were published on the
initiative of a rich textiles dealer and friend of Watteau’s, Jean de Jullienne
(1686–1766). This monumental book was posthumously dedicated to
celebrate the painter after his premature death, and brought together
thirty of the finest printers of the times: Cochin le Père, Tardieu, Laurent
Cars, Le Bas, Crépy, Aveline, Boucher, among others. Faithfully transmitting
the “je ne sais quoi de galant, de vif et de vrai” (Jullienne) that had established
the master’s reputation, these skilful craftsmen disseminated the painter’s
influence well beyond France’s borders. The prints, most of the proof
engravings, came from the collection of Baron Edmond de Rothschild
donated to the Louvre in 1935, and is one of the world’s most important
due to the quality of the conserved plates. The selection was complemented
by one of Watteau’s paintings, The Two Cousins, and ten drawings relating
to the engravings.
De la Renaissance au romantisme. Cinq ans d’acquisitions au département
des Arts graphiques
Aile Denon, salles Mollien, 7 juillet – 11 octobre 2010
Commissaires : Carel van Tuyll van Serooskerken, Louis Frank et Federica Mancini, département des Arts graphiques
La politique poursuivie par le département des Arts graphiques
du musée du Louvre en matière d’acquisitions a pour ambition d’enrichir le fonds de nouveaux chefs-d’œuvre, tout en
maintenant une attention exigeante envers des feuilles a priori
moins recherchées. Depuis cinq ans, ce sont ainsi plus de mille
œuvres qui ont fait leur entrée au cabinet des Dessins (fonds
Louvre et fonds du musée d’Orsay), par la conjonction des
opportunités du marché de l’art et de l’inlassable engagement
des donateurs. On sait les relatives lacunes de la collection
du Louvre : écoles anglaise et scandinave, périodes telles que
les xviiie et xixe siècles italiens ou germaniques. Ces dernières
années ont donc été notamment marquées par l’acquisition
d’œuvres particulièrement significatives en ces domaines : dessins de l’école danoise, de l’école de Prague, de l’école belge,
dessins néoclassiques anglais, suisses ou italiens, dessins nazaréens... (voir rubrique «Acquisitions»).
C. van Tuyll van Serooskerken
 The acquisition policy pursued by the Department of Graphic Arts
aims to augment the number of masterpieces held in the collection, while
focusing on sheets that are a priori less sought-after. Over the last five years,
numerous works have been acquired for the Cabinet des Dessins, through
the conjunction of opportunities in the art market and the unwavering
commitment of the donors. The Louvre’s collection is weak in certain areas,
such as the English and Scandinavian schools, and eighteenth- and
nineteenth-century Italian and German drawings. Hence, over the last few
years, the focus has been placed on particularly significant works in these
domains: drawings from the Danish, Prague, and Belgian schools were
acquired, together with a number of English, Swiss, and Italian Neoclassical
drawings, as well as some drawings by Nazarene artists.
Exposition « De la Renaissance au romantisme », vue générale de l’exposition
259
Expositions
Luca Cambiaso, maître de l’école génoise, 1550-1620
Aile Denon, salles Mollien, 11 novembre 2010 – 7 février 2011
Commissaire : Federica Mancini, département des Arts graphiques
Connu du grand public pour les nombreux dessins à la plume
qu’il a exécutés tout au long de sa carrière et notamment pour
sa façon géométrique de schématiser la figure humaine, Luca
Cambiaso (Moneglia, 1527 – El Escorial [Madrid], 1585) est un
artiste aux multiples facettes. Formé au métier de peintre et de
sculpteur sous la direction de son père, Giovanni, il grandit
dans un milieu effervescent : en 1528, la ville de Gênes connaît
un changement radical, car c’est l’année où l’amiral Andrea
Doria met fin à la domination française en faveur d’une alliance avec l’empereur Charles Quint.
La nouvelle situation politique qui en est issue, une république sous forme d’oligarchie dirigée par douze personnes, suscite un intérêt inédit pour l’art. Les familles les plus puissantes
le manifestent par la construction de somptueux palais dont
elles confient les décors à de nombreux artistes, notamment le
palais du Prince, c’est-à-dire la demeure du même Doria dans le
quartier de Fassolo, pour laquelle il fut fait appel à des artistes
renommés comme Perino del Vaga et Domenico Beccafumi.
Célèbre de son vivant pour ses décors peints dans les somptueux palais génois et pour son imagination inépuisable qui le
poussait à travailler et retravailler sur papier toutes ses idées,
Luca Cambiaso s’inscrit dans cette tradition et a été l’un des
premiers artistes dont l’œuvre graphique ait séduit les plus
grands collectionneurs en dépassant les frontières de l’Italie.
En France, si l’intérêt pour l’artiste avait déjà saisi le roi
Louis XIV et le banquier Everhard Jabach, l’acquisition de ses
feuilles s’est poursuivie au cours des siècles de manière constante,
signe qu’il était apprécié car les collectionneurs les plus raffinés
comme Pierre Jean Mariette, Saint-Morys, le comte d’Orsay en
possédaient et l’on trouve aujourd’hui encore des dessins de Luca
Cambiaso dans la plupart des grandes collections françaises.
Depuis la période de sa jeunesse, marquée par une fascination pour l’art de Michel-Ange et Perino del Vaga, puis pour
Corrège et les Vénitiens, jusqu’à ses œuvres tardives d’une
grande finesse, en passant par ses esquisses et dessins prépa-
260
Exposition « Luca Cambiaso », vue générale de l’exposition
ratoires, l’exposition présentée dans les salles 9 et 10 du pavillon Mollien et le catalogue qui l’accompagne permettent de
parcourir presque toutes les étapes de sa carrière, jusqu’à son
départ pour la cour espagnole de Philippe II, en 1583.
À la sélection d’œuvres originales de Cambiaso, qui donnent
l’occasion de mieux comprendre l’importance du dessin dans
le processus créatif de l’artiste et de son atelier, s’ajoutent une
vingtaine de feuilles dessinées par d’autres artistes actifs au
même moment, de Giovanni Battista Castello à Ottavio et
Andrea Semino, et par ses disciples comme Lazzaro Tavarone
ou Giovanni Battista Paggi.
L’étude scientifique, conduite pendant plus de quatre ans sur
le riche fonds de dessins du Louvre, qui a mené à cette sélection de cinquante-trois dessins exposés a eu pour but d’éclairer
l’imaginaire d’un artiste dont les inventions graphiques ont
fasciné les créateurs du xxe siècle, et aussi, dans la mesure du
possible, de distinguer les originaux des nombreuses pièces qui
ont été ajoutées au fil du temps à son corpus graphique.
F. Mancini
 Famous in his lifetime for his frescoes in sumptuous Genoese palaces
and for his inexhaustible imagination, Luca Cambiaso was one of the first
artists whose graphic works interested the major collectors, both
within Italy and abroad. In France,
the banker Jabach and King Louis
XIV appreciated the importance of
his work and Cambiaso’s drawings
were systematically acquired over
the centuries.
The exhibition and accompanying catalogue present almost every
stage of the artist’s career, until his
departure for the Spanish court of
Philip II in 1583. In addition to the
selection of Cambiaso’s original
works that provide an insight into
the role of drawing within the creative process of the artist and his
workshop, twenty sheets were included that were drawn by other,
contemporary artists. The ensemble attests to the artistic vivacity of
the Genoese milieu at the beginning of the seventeenth century.
Exposition « Luca Cambiaso », Vénus et Adonis, département des Peintures (R.F. 2008-49)
Expositions
LE LOUVRE AU GRAND PALAIS
Turner et ses peintres
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 22 février – 24 mai 2010
Commissaires : Guillaume Faroult, conservateur, département des Peintures du musée du Louvre, Paris, David H.
Solkin, professeur d’histoire de l’art, Courtauld Institute, Londres, et Ian Warrell, conservateur, Tate Britain, Londres
Joseph Mallord William Turner (1775-1851) est aujourd’hui
considéré comme le plus grand – car le plus novateur sans
doute ! – des peintres anglais de paysages et l’un des géants
de la peinture européenne au xixe siècle. En effet, il a su opérer dans ses peintures, et dans ses œuvres ultimes surtout, un
dépassement radical de la forme et de la fonction classique
du paysage (le dessin, les contours, la description précise…)
par une dilution dans la lumière et la couleur qui a ouvert les
portes de la modernité. Cependant, ce révolutionnaire est aussi bien un héritier, un continuateur et un compagnon de route.
La profonde singularité de son œuvre s’est en effet constamment nourrie de son dialogue avec les autres peintres, tant les
maîtres anciens que ses contemporains. Selon les préceptes de
la Royal Academy, où il a reçu sa formation de peintre, Turner
a été formé à « l’école des maîtres ». Il a appris son art, puis
forgé son (ses) style(s) en étudiant, en pastichant et très vite en
corrigeant à sa manière l’art des plus grands (Claude Lorrain et
Rembrandt mais aussi Poussin, Ruysdael, Canaletto, Richard
Wilson ou Gainsborough). Il s’est ainsi voulu le rénovateur
d’une tradition plutôt que son fossoyeur. En outre, la scène
artistique londonienne de la première moitié du xixe siècle
était un espace extrêmement compétitif et Turner y trouva
des rivaux à sa mesure (Thomas Girtin, Francis Danby par
exemple, ainsi que Bonington et Constable bien sûr), dont il
épia les succès et les innovations pour tenter de les surpasser
à son tour.
Pour la première fois, l’exposition « Turner et ses peintres »,
fruit et aboutissement des travaux de nombreux chercheurs
depuis de nombreuses années, proposait une remarquable
confrontation entre Turner et « ses » peintres. Attachement
Exposition « Turner et ses peintres » au Grand Palais. Jan Victors, Jeune fille à la
fenêtre, département des Peintures (INV. 1286)
sincère et stratégie « commerciale » ont pu guider les choix qui
ont conduit l’artiste à peindre certains de ses tableaux les plus
éblouissants… ou les plus surprenants. Ce sont ces œuvres de
Turner (marines, grands paysages classiques, scènes fantastiques…) que l’exposition mettait en regard des chefs-d’œuvre
des maîtres qui les avaient inspirées, en adoptant pour la première fois cet angle de vision élargi. Conçue par une équipe
scientifique internationale sous la conduite de David H.
Solkin, professeur d’histoire de l’art au Courtauld Institute of
Arts à Londres, et avec les importantes contributions de Ian
Warrell et de Philippa Simpson, conservateurs à la Tate Britain,
l’exposition reçut un accueil favorable tant du public que de
la communauté des historiens d’art. Pour l’étape parisienne, le
projet s’enrichit d’une section originale dédiée à la rencontre
de Turner avec les peintres français néoclassiques (de paysages
notamment) lors de son premier séjour hors de GrandeBretagne, à Paris, en 1802.
G. Faroult
 The exhibition was prepared in
Exposition « Turner et ses peintres » au Grand Palais. Claude Gellée dit le Lorrain, Port de mer au soleil couchant, département des Peintures (INV. 4715)
conjunction with the Tate Britain,
London, and the Prado Museum in
Madrid. The English painter J. M. W.
Turner (1775–1851) is considered
one of the most innovative artists of
the nineteenth century. However,
the revolutionary painter also
continued and developed his artistic
heritage. The distinctive uniqueness
of his work was nurtured by
influence from other painters,
whether they were past masters or
contemporary confreres. For the
first time, the exhibition presented a
remarkable confrontation between
Turner and “his” favourite painters
or designated rivals.
261
Expositions
France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance
Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 6 octobre 2010 – 10 janvier 2011
Commissaires : Élisabeth Taburet-Delahaye, directeur du musée de Cluny – musée national du Moyen Âge,
Geneviève Bresc-Bautier, directeur du département des Sculptures du musée du Louvre, Thierry Crépin-Leblond,
directeur du musée national de la Renaissance, château d’Écouen, et Martha Wolff, conservateur des Peintures et
Sculptures européennes avant 1750, fonds Eleanor Wood Prince, The Art Institute of Chicago
La période des règnes de Charles VIII et de Louis XII n’est pas
un moment secondaire dans le panorama de l’art en France,
mais au contraire un temps d’expériences nouvelles. Loin
d’être le moment du dépérissement de l’art gothique et de
l’arrivée d’une Renaissance italienne victorieuse, les débuts du
xvie siècle voient en France l’épanouissement de foyers actifs
où se mêlent des artistes venus d’horizons divers, sous la direction de mécènes aux goûts éclectiques.
Après avoir montré ces différents foyers (Val de Loire, Paris,
Lyon, Bourbonnais, Champagne), l’exposition insistait sur certains thèmes – les nouvelles iconographies, le double langage
de l’ornement, la transmission des modèles –, avant de mettre
en lumière les deux courants qui s’interpénètrent, ceux des
Pays-Bas et de l’Italie.
L’exposition a bénéficié d’œuvres exceptionnelles prêtées par
le musée national du Moyen Âge, l’Art Institute de Chicago, les
Monuments historiques, la Bibliothèque nationale de France
et, bien sûr, le Louvre. Ainsi, huit peintures du « Maître de Moulins » entouraient les célèbres portraits conservés au Louvre,
qui s’était aussi départi de chefs-d’œuvre de la sculpture, de
l’émail peint, du mobilier, de la tapisserie, de l’enluminure et
du dessin. Tous les arts étaient convoqués pour composer un
panorama de l’effervescence artistique dans un temps de transition, quand le royaume de France s’offrait aux échanges et
aux innovations.
G. Bresc-Bautier
 The exhibition presented exceptional works loaned by the Musée
National du Moyen Age, the Art Institute of Chicago, the Monuments
Historiques, and the Bibliothèque Nationale de France. Thanks to these
loans, eight paintings by the “Master of Moulins” provided a backdrop for
the Louvre’s own set of portraits, and were complemented by masterpieces
of sculpture, painted enamel, furniture, tapestries, illuminated manuscripts,
and drawings. Each of the arts was represented, offering a broad panorama
of the intense creativity of this transitional period, during which the
kingdom of France underwent great upheaval and innovation.
262
Exposition « France 1500 » au Grand Palais
Expositions
LE LOUVRE EN RÉGION
Une autre Égypte. Collections coptes du musée du Louvre
Le Mans, musée de Tessé, 20 novembre 2009 – 21 février 2010
Millau, musée de Millau et des Grands Causses, 19 mars – 20 juin 2010
Sarrebourg, musée du Pays de Sarrebourg, 9 juillet – 10 octobre 2010
Commissaires : Marie-Hélène Rutschowscaya et Dominique Bénazeth
« Une autre Égypte » avait pour dessein de faire un tableau
complet de ce moment de la civilisation égyptienne, peu
connu ou méconnu, qui commence avec l’apparition du christianisme durant l’époque romaine et perdure bien après l’arrivée des Arabes musulmans. Tout en devenant une terre entièrement chrétienne, rattachée au ve siècle à l’Empire byzantin,
l’Égypte intériorise son héritage pharaonique et s’adapte aux
mondes romain puis byzantin dans lesquels s’ancre la religion
nouvelle. L’arabisation et l’islamisation du pays à partir du
viie siècle ne marquent aucune rupture dans le mode de vie des
Coptes, nom donné aux Égyptiens chrétiens par les conquérants. Les objets souvent retrouvés dans les tombes, qu’il
s’agisse d’humbles témoins de la vie quotidienne ou d’œuvres
d’art, constituent une source de documentation de première
importance sur le milieu et la manière de vivre. À travers cent
soixante-treize objets faits de tous types de matériaux (textiles,
pierre, métaux, bois, os et ivoire, papyrus et parchemin, céramique, cuir, verre), la richesse des collections du Louvre a été
le prétexte à évoquer les activités des hommes liées à la fois
au désert et à la luxuriante vallée du Nil, la vie quotidienne,
l’usage des langues et des écrits, qu’ils soient en grec, en copte
ou plus tard en arabe. Le christianisme est illustré par des objets liturgiques et funéraires ainsi que par des sculptures sur
pierre et sur bois ; les décors architecturaux proviennent du site
de Baouit, l’un des plus grands monastères d’Égypte, fondé au
ive siècle, dans lequel le Louvre et l’Institut français d’archéologie orientale ont repris des fouilles depuis 2003.
M.-H. Rutschowscaya
 The exhibition retraced every aspect of daily life for the Copts, the
Egyptian Christians, from the Roman era to the Islamic period. One
hundred and seventy-three objects in every type of material illustrated the
Pharaonic past and the Roman, Byzantine, and Islamic influences. Liturgical
and funerary objects, as well as sculptures in stone and wood, represented
the characteristics of Egyptian Christianity, and especially the evocation of
monarchism.
Exposition « Une autre égypte » à Millau
263
Expositions
LE LOUVRE À L’INTERNATIONAL
Les Tanagras. Figurines pour la vie et l’éternité – Tanagras. Figurines for Life
and Eternity
Valence (Espagne), Fondation Bancaja, 30 mars – 7 juillet 2010
Commissaire : Violaine Jeammet
Sur proposition de la Fondation Bancaja, le département
des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du
Louvre a pu proposer en 2010 une nouvelle version de l’exposition « Tanagra » montrée au Louvre en 2003. Deux cent dix
œuvres du Louvre ont été exposées à Valence, selon un parti
pris différent permettant de faire état des derniers résultats
de la recherche qui s’était poursuivie après l’exposition parisienne. L’organisation de cet événement a rendu possible la
restauration (fondamentale ou simple nettoyage) d’une cinquantaine d’œuvres nouvelles, jusqu’à présent conservées en
réserve. Le catalogue en langues anglaise et espagnole est revu
et augmenté de textes portant en particulier sur la signification
de ces œuvres au sein de la société antique. Il fait en outre le
point sur la question des traitements de surface. Les figurines
semblent surtout liées aux enfants et aux jeunes adultes : offrandes dans les temples marquant les rites de passage, consacrées aux divinités protectrices de l’enfant (notamment de la
fillette lors de son accession au statut de femme mariée), ou
dans les tombes en tant que substituts à ce que n’avait pu offrir
une vie trop tôt interrompue.
Le récent et luxueux catalogue fait également la synthèse des
études sur les traitements de surface menées conjointement
avec le C2RMF, concernant notamment la polychromie et la
dorure. L’analyse des pigments et l’étude stratigraphique des
couches colorées et des feuilles d’or sur les figurines débouchent
sur une connaissance plus fine des matériaux, certes, mais surtout sur une meilleure compréhension des gestes des artisans,
permettant ainsi la corrélation entre document archéologique
(parfois œuvre d’art) et magistral savoir-faire technique.
V. Jeammet
 Two hundred-and-ten works on the theme of the Tanagras (Louvre
2003)—only those from the collection of Greek, Etruscan, and Roman
Antiquities and four figurines from the Department of Near Eastern
Antiquities—were exhibited at Valencia with the support of the Fundación
Bancaja. This sponsorship enabled the restoration (in-depth or simple
cleaning) of around fifty works, which until then had remained in storage;
Exposition « Les Tanagras » à Valence
this enabled them to be exhibited on site or to replace objects in the
Charles X rooms. This exhibition also resulted in the publication of an
English and Spanish catalogue, which was complemented with texts
relating to recent studies carried out in the Louvre, particularly on surface
treatments and the significance of these works in antique society.
Napoléon et le Louvre
Moscou, Musée historique d’État, 21 septembre – 10 décembre 2010
Commissaire : Isabelle Leroy-Jay-Lemaistre
264
L’exposition « Napoléon et le Louvre », conçue pour le Musée
historique de Moscou, a fait appel à des prêts importants
consentis par les musées napoléoniens d’Ile-de-France. Il était
proposé la séquence sur les campagnes militaires qu’attendait
le public russe, mais aussi un aperçu de la volonté dynastique
et impérialiste de Napoléon d’asseoir son pouvoir sur l’Europe
grâce à son réseau familial et en s’appuyant sur une communication soigneusement dirigée faisant appel à l’écrit et aux
images. Le rôle des symboles utilisés par la propagande impériale et le choix des images commandées par Vivant Denon,
grand ordonnateur de ces mises en scène, ont été mis en avant.
Cette exposition a permis de montrer l’importance de cette
Expositions
période pour le Louvre, devenu ce « musée Napoléon » qui accueillit et présenta à un très large public l’ensemble des principaux chefs-d’œuvre alors reconnus dans le monde occidental.
Ces démonstrations se sont appuyées sur des œuvres de très
grande qualité et les principaux artistes, de David à Gros ou
Canova, ont été convoqués pour soutenir le propos. Une section spéciale a permis de montrer l’influence des décors impériaux sur le style russe de tout le xixe siècle grâce à une étude
détaillée des commandes russes aux manufactures françaises
durant cette période.
Cette exposition et sa préparation avec nos homologues
russes ont permis de mettre en lumière la puissance de l’image
napoléonienne pour toute l’Europe, image qui ne fait que
grandir, curieusement, en ces temps de construction difficile
d’une Europe unie.
Catalogue en russe, avec des essais en russe et en français.
I. Leroy-Jay-Lemaistre
Exposition « Napoléon et le Louvre » à Moscou
 The exhibition “Napoléon et le Louvre” (Napoleon and the Louvre)
presented major loans from Napoleonic museums in the Île-de-France
region. It provided insights into Napoleon’s drive to impose his rule and
influence over Europe through his extensive family, and the use of written
and visual communication. The exhibition focused on the importance of
this period in the history of the Louvre, which was turned into a “Napoleonic
museum” whereby the general public was able to view all the major
masterpieces known in the Western world at that time.
Catalogue in Russian, with essays in Russian and French.
Voyager et dessiner. Dessins du musée du Louvre et du musée d’Orsay, 1580-1900
Moscou, galerie Tretiakov, 22 septembre – 14 novembre 2010
Commissaire : Catherine Loisel
L’exposition avait pour but de donner une idée des collections
du Louvre à partir d’une sélection de dessins sur le thème des
voyages d’artistes.
Les œuvres choisies étaient essentiellement nordiques et
françaises des xviie et xviiie siècles et le choix a été conduit
avec le souci de présenter des dessins colorés et de ne pas s’en
tenir aux artistes les plus connus, comme Hubert Robert et
Delacroix.
L’exposition comportait trois parties : le xviie siècle et la naissance de l’esprit scientifique ; le xviiie siècle, entre réalité et fascination de l’Antiquité ; le voyageur romantique.
C. Loisel
 The exhibition aimed to represent the Louvre’s collections through a
selection of drawings on the theme of artists’ travels.
The exhibited works were mainly Northern and French drawings from
the seventeenth and eighteenth centuries; the selection emphasised
coloured drawings and presented the work of a broad range of artists, and
not only the most famous of them like Hubert Robert and Delacroix.
The exhibition is presented in three parts:
- the seventeenth century and the advent of the scientific approach;
- the eighteenth century, from reality to the fascination with Antiquity;
- the romantic traveller.
Exposition « Voyager et dessiner » à Moscou
265
Expositions
La Renaissance italienne dans la collection Edmond de Rothschild
Pékin, Museum of Chinese Academy of Fine Arts, 18 novembre 2010 – 23 janvier 2011
Commissaire : Pascal Torres-Guardiola
Cent dix pièces de la collection Edmond de Rothschild, dessins, nielles et estampes, ont été exposées à l’Académie des
beaux-arts de Pékin : l’objet de l’exposition consistait à présenter au public chinois la richesse du dessin renaissant ainsi
que l’invention de l’art de la gravure depuis les premiers ateliers florentins jusqu’à l’apogée de la Renaissance (évoqué par
des œuvres graphiques de Léonard, Fra Bartolomeo et Raphaël,
ainsi que deux bronzes renaissants d’après Michel-Ange).
P. Torres-Guardiola
 One hundred and ten works from the Edmond de Rothschild
Collection, including drawings, niellos, and prints, were exhibited at the
Chinese Academy of Fine Arts in Beijing. The exhibition’s aim was to
introduce the Chinese public to works dating from the first Florentine
workshops to the zenith of the Renaissance (represented by the graphic
works of Leonardo, Fra Bartolomeo, and Raphael, as well as two Renaissance
bronzes based on the work of Michelangelo), by presenting the richness of
Renaissance drawing, and the invention of the art of engraving.
266
Exposition « La Renaissance italienne dans la collection Edmond de Rothschild »,
vue générale de l’exposition à Pékin
Expositions
ACTUALITÉS DES SALLES
Les feuillets des Actualités des salles peuvent être consultés sur le site www.louvre.fr
Antiquités orientales
Objets d’art
Le Service de table du mort dans la
nécropole de Suse I. Nouvelle approche
du répertoire décoratif
Trois ivoires de l’ancienne collection
du comte de Montesquiou-Fezensac
3 février – 28 juin 2010
Texte d’Agnès Benoit
Alors qu’en Mésopotamie la céramique peinte connaît un certain déclin, à la même époque, dans tout l’Iran, cette technique est au contraire le domaine privilégié de l’expression
artistique. C’est à Suse que se trouvent les témoignages les plus
beaux de cette vaisselle en plein épanouissement.
7 avril – 7 juillet 2010
Texte d’Élisabeth Antoine
Le département des Objets d’art s’est enrichi récemment de
trois ivoires du haut Moyen Âge qui viennent éclairer des
périodes peu représentées dans nos collections, entre l’Antiquité tardive et le premier art roman.
Une chapelle d’orfèvrerie
Mission archéologique en Arabie
6 juillet – 29 novembre 2011
Texte de Béatrice André-Salvini et Françoise Demange
La photographie fut utilisée par les pères dominicains de
l’École biblique de Jérusalem A. Jaussen et R. Savignac, lors de
leurs trois expéditions dans la région du Hijâz, au milieu des
révoltes accompagnant la fin de la domination des Ottomans
et la construction du chemin de fer reliant Damas aux villes
saintes. Outre un appareil photographique de la mission, un
choix de tirages de plaques de verre rapportées par les deux savants illustre les étapes de leur parcours et le minutieux travail
épigraphique d’estampages et de relevés d’inscriptions qu’ils
accomplirent, associé pour la première fois dans la région à de
véritables fouilles archéologiques.
Antiquités égyptiennes
8 septembre – 29 novembre 2010
Texte de Philippe Malgouyres
L’étude conduite par le département des Objets d’art du musée
du Louvre sur les collections du château de Grignan et la publication de leur catalogue ont été l’occasion de redécouvrir cette
chapelle d’orfèvrerie.
Charles Sauvageot, collectionneur
d’ivoires
1er décembre 2010 – 12 janvier 2011
Texte de Philippe Malgouyres
La parution du catalogue des ivoires modernes du musée du
Louvre est l’occasion d’évoquer la personnalité de Charles
Sauvageot, qui donna sa riche collection d’objets d’art du
Moyen Âge et de la Renaissance au Louvre en 1856.
Le département ne possède pas de salle d’actualités.
Sculptures
Antiquités grecques, étrusques
et romaines
Deux reliefs italiens de la Renaissance
récemment restaurés
Paestum. Archéologie d’une cité
1er décembre 2010 – 30 mai 2011
Texte de Laurent Haumesser
Cette exposition-dossier retrace l’histoire de Poseidonia, colonie
grecque fondée vers 600 avant J.-C., devenue Paestum lorsque
les Lucaniens l’occupèrent à la fin du ve siècle. La cité devint
durant le ive siècle l’un des principaux centres de production
de vases à figures rouges en Italie méridionale.
15 septembre 2010 – fin mars 2011
Texte de Marc Bormand
Deux reliefs de Vierge et l’Enfant du xve siècle florentin, une
Vierge et l’Enfant de l’entourage de Michelozzo et Donatello
en pierre calcaire et la Madone Piot de Donatello, en terre cuite
avec des médaillons de cire, ont fait récemment l’objet d’importantes études en collaboration avec le C2RMF et de restaurations qui ont permis de mieux comprendre et leur aspect et
leur polychromie et de les remettre en valeur.
267
Expositions
Peintures
Portrait du comte Mathieu Louis Molé (17811855), de Jean Auguste Dominique Ingres
(1780-1867). Acquis grâce au mécénat
d’Eiffage, de la Banque de France, de la
Société des Amis du Louvre et de Mazars
10 décembre 2009 – 1er février 2010
Texte de Vincent Pomarède
Demeuré chez les descendants du modèle, ce portrait exceptionnel illustre les liens entretenus par Ingres avec le monde
du pouvoir ; après un patron de presse influent, Monsieur
Bertin, puis l’héritier du trône, Le Duc d’Orléans – tous deux
déjà au Louvre –, l’artiste dépeint, dans une mise en scène austère et mélancolique, l’un des hommes d’État les plus importants de la Restauration.
L’empereur Héraclius décapitant Chosroês,
roi des Perses, de Jan de Beer (actif à Anvers
entre 1504 et 1528)
3 février – 1er mars 2010
Texte de Cécile Scailliérez
Vraisemblablement élément de prédelle d’un retable consacré
à la Croix dont d’autres éléments sont dispersés entre le Kunsthistorisches Museum, la collection Harrach de Vienne et une
collection madrilène, ce petit panneau offert par la Société des
Amis du Louvre incarne l’extravagante théâtralité du maniérisme anversois vers 1515.
Portrait de Magdalena Luther,
par Lucas Cranach l’Ancien (1472-1553).
Une identification rétablie
3 mars – 5 avril 2010
Texte d’Élisabeth Foucart-Walter
Contestée par la critique en raison de la date précoce assignée à
cet attachant portrait, sur des bases stylistiques, l’identification
du jeune modèle avec Magdalena Luther (1529-1542), la fille
du réformateur, a été rétablie grâce à un examen dendrochronologique du support de hêtre qui révèle une exécution plus
tardive, compatible cette fois avec l’âge de la fillette.
Vertumne et Pomone, par Nicolò dell’Abate ?
(1509 ? – 1571 ?). Un tableau de l’école
de Fontainebleau récemment acquis
7 avril – 3 mai 2010
Texte de Cécile Scailliérez
268
Traditionnellement attribué à Primatice, puis rapproché de
ses suiveurs de la seconde école de Fontainebleau tels que
Toussaint Dubreuil, ce tableau inconnu jusqu’à son acquisi-
tion en 2007 semble plutôt l’œuvre de Nicolò dell’Abate, collaborateur immédiat de Primatice à Fontainebleau.
La Liseuse, par Jean Raoux (1677-1734).
Un « sujet de caprice » récemment restauré
2 juin – 5 juillet 2010
Texte de Guillaume Faroult
Ce « sujet de caprice » du peintre Jean Raoux offert au Louvre
par Louis La Caze en 1869 vient d’être restauré. L’artiste avait
coutume de répliquer ses compositions les plus appréciées. On
connaît ainsi au moins deux autres versions autographes et
une gravure (avant 1723). La charmante peinture du Louvre ne
semble pas être la première version.
La Présentation de la Vierge au Temple,
du Cavalier d’Arpin (1568-1640).
Un important tableau d’autel enfin exposé
au Louvre
1er septembre – 4 octobre 2010
Texte de Stéphane Loire
Présent dans les collections du musée depuis 1809, cet important tableau d’autel peint en 1597 par Giuseppe Cesari, dit le
Cavalier d’Arpin, n’y avait encore jamais été exposé. À la suite
d’un retour de dépôt permis par la Présidence du Sénat, qui le
conservait depuis 1926, il a enfin trouvé sa place dans l’accrochage des collections permanentes du Seicento.
Quatre heures au Salon (également dit
« On ferme ! ») de François Auguste Biard
(1798-1847). Choses vues dans la Grande
Galerie
6 octobre – 1er novembre 2010
Texte de Richard Dagorne
Quatre heures au Salon dépeint les efforts déployés par les gardiens du musée, lors du Salon annuel des artistes vivants, pour
procéder à la fermeture de la Grande Galerie. Biard se plaît
ici à décrire sur un ton proche de la caricature les poses et les
manies de la société de la monarchie de Juillet.
Les Réformateurs, de l’école allemande
du xvie siècle. Une imposture ancienne
dévoilée
3 novembre 2010 – 3 janvier 2011
Texte d’Élisabeth Foucart-Walter
Entrée au Louvre en 1896 en provenance du musée de Cluny,
cette œuvre était alors censée représenter un groupe de réformateurs. Elle a fait en réalité l’objet d’une habile supercherie,
diverses inscriptions ayant été ajoutées sur la peinture et sur
le cadre pour « protestantiser » un banal tableau de dévotion.
Expositions
Les Attributs de la musique civile et
Les Attributs de la musique guerrière,
par Jean Siméon Chardin (1699-1779).
Un don de la Société des Amis du Louvre
et des descendants d’Eudoxe Marcille
1er décembre 2010 – 31 janvier 2011
Texte de Marie-Catherine Sahut
Peintes en 1767 pour le château de Bellevue, les deux natures
mortes comptent parmi les ultimes tableaux de Chardin.
Douze instruments de musique, répartis selon leur genre, sont
prétexte à un exercice de pure virtuosité formelle. Les toiles
ont fait partie au xixe siècle de la collection Marcille, le plus bel
ensemble jamais réuni de tableaux du maître. (Voir le chapitre
« Acquisitions ».)
Arts graphiques
Un signe de distinction du dessin :
la marque de collection
17 mars – 22 juin 2010
Texte de Laurence Lhinares et Dominique Cordellier
Cette exposition a présenté un choix de dessins dont les
marques ont récemment été identifiées dans le cadre du grand
travail de mise à jour du répertoire des marques de collections
de dessins et d’estampes de Frits Lugt entrepris par la Fondation Custodia et le musée du Louvre.
Jean-Baptiste Marie Pierre (1714-1789).
Œuvres du musée du Louvre
1er septembre – 22 novembre 2010
Texte de Bénédicte Gady
La parution en 2009 d’une monographie sur le premier peintre
du roi Jean-Baptiste Marie Pierre offre une belle occasion de
découvrir le travail de cet artiste et d’exposer un ensemble de
dessins, peintures, estampes et planches gravées qui n’avaient
pour la plupart jamais été montrés depuis leur entrée au
Louvre.
269
au musée du Louvre
chercheurs associés
Annuaire
des chercheurs
Annuaire des chercheurs
Au musée du Louvre
Sébastien ALLARD
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Peintures – École française
du xixe siècle
Publications
Allard (S.) et Chaudonneret (M.-C.), Le Suicide
de Gros. Les peintres de l’Empire et la génération romantique, Paris, Gourcuff Gradenigo,
2010.
« Correspondances poétiques », dans Chéreau (P.), Les Visages et les corps, catalogue
de l’exposition « Le Louvre invite Patrice
Chéreau » (Paris, musée du Louvre, novembre 2010 – janvier 2011), Paris, SkiraFlammarion, 2010, p. 64-92.
« Delacroix, Delaroche e il ruolo dello spettatore », dans Dalla Scena al dipinto. La magia
del teatro nella pittura dell’Ottocento. Da David a Delacroix, da Füssli a Degas, catalogue
de l’exposition (Rovereto, Museo d’Arte
Moderna e Contemporanea di Trento e Rovereto, 6 février – 23 mai 2010 ; Toronto,
Art Gallery of Ontario, 19 juin – 26 septembre 2010), sous la dir. de Cogeval (G.) et
Avanzi (B.), Genève, Skira, 2010.
Notices, dans Napoléon et le Louvre, catalogue
de l’exposition (Moscou, Musée historique
d’État, 21 septembre – 10 décembre 2010),
Paris, 2010 : no 64, p. 200-201 ; no 118,
p. 330-333.
Enseignement, cours
Institut national du patrimoine : Membre du
jury du concours de conservateur.
Conférences, colloques
Communication au colloque « Collectionner
les primitifs italiens. Une passion européenne », colloque scientifique organisé par
le Centre allemand d’histoire de l’art, Paris,
25-26 juin 2010.
Instances officielles extérieures
Membre correspondant du Centre André
Chastel (CNRS – université Paris IV
Sorbonne).
[email protected]
Béatrice ANDRÉ-SALVINI
272
Conservateur général du Patrimoine, directeur
du département des Antiquités orientales –
Collections d’épigraphie et de l’Iran perse
Publications
Babilon, Kulturno Informativini Centar (ed.),
Zagreb, Listopad (ŠTO Znam?), 2009 (parution 2010 ; édition en croate, revue et adaptée
de Babylone, Paris, PUF [Que sais-je ?], 2009).
André-Salvini (B.), Demange (F.), Al-Ghabban (A. I.), Juvin (C.) et Cotty (M.), dir.,
Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du
royaume d’Arabie Saoudite, catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 14 juillet – 27 septembre 2010), Paris, Musée du
Louvre éditions et Somogy, 2010 : direction
de l’ouvrage ; « Les Français et l’Arabie. Histoire d’une découverte et d’une collaboration savante », p. 44-53.
Paru en anglais : Roads of Arabia. Archaeology
and History of the Kingdom of Saudi Arabia et
en arabe : ‫ةيبرعلا ةكلمملا راثآ عئاور‬
‫ةيدوعسلا‬. ‫ «( ةميدقلا ةراجتلا قرط‬Sur
les anciennes routes de commerce. Chefsd’œuvre des antiquités du royaume d’Arabie Saoudite »).
André-Salvini (B.), Demange (F.), Al-Ghabban (A. I.) et Juvin (C.), dir., Rutas de Arabia.
Tesoros arqueológicos del reino de Arabia Saudí
(Rutes d’Aràbia. Tresors arqueològics del regne
d’Aràbia Saudita), catalogue abrégé pour la
présentation à Barcelone (La CaixaForum,
19 novembre 2010 – 20 février 2011), Barcelone, Fundación « La Caixa » et Turner, 2010,
14 p.
André-Salvini (B.) et Demange (F.), « Mission
archéologique en Arabie. Choix de photographies prises par les RR. PP. Jaussen et Savignac », Feuillet de l’Actualité du département
des Antiquités orientales, 16, du 6 juillet
2010 au 8 mars 2011, 4 p.
Notices, dans Civilisations oubliées de l’Anatolie
antique, catalogue de l’exposition (Bordeaux,
musée d’Aquitaine, 19 février – 16 mai
2010), sous la dir. de Courtils (J. des) et
Cavalier (L.), Pessac, Presses universitaires de
Bordeaux, 2010 : no 9, p. 88 ; no 11, p. 91.
Notices, dans Du corps aux étoiles. Au miroir de
la médecine ancienne, catalogue de l’exposition (Genève, Fondation Martin Bodmer,
30 octobre 2010 – 30 janvier 2011), sous
la dir. de Andiran (G. d’), Genève, 2010 :
no 14, p. 156 ; no 15, p. 157 ; no 17, p. 160163 ; no 18, p. 163.
« Jean-Vincent Scheil », dans Dictionnaire critique des historiens de l’art actifs en France de la
Révolution à la Première Guerre mondiale, sous
la dir. de Sénéchal (Ph.) et Barbillon (C.),
publication électronique sur le site web de
l’Institut national d’histoire de l’art (www.
inha.fr/spip.php?article3061), Paris, 2010.
« Le décor du palais de Suse au Louvre », dans
Le Palais de Darius à Suse. Une résidence royale
sur la route de Persépolis à Babylone, sous la
dir. de Perrot (J.), Paris, Presses universitaires Paris-Sorbonne, 2010, p. 318-321.
« Voyageurs en Arabie », L’Archéo-Théma, 9,
juillet-août 2010, p. 14-19.
André-Salvini (B.), Demange (F.) et Juvin (C.),
« L’archéologie en Arabie Saoudite », L’ArchéoThéma, 9, juillet-août 2010, p. 5-12.
Liégey (A.), Bouquillon (A.), Recourt (P.),
Bout (V.) et André-Salvini (B.), « Les tablettes cunéiformes en terre crue du musée
du Louvre. Évaluation d’un protocole de
traitement », Conservation, restauration des
biens culturels, 28, 2010, p. 29-36.
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours organique d’archéologie orientale sur « La civilisation babylonienne à l’époque médio-babylonienne »
(« Les Kassites et la politique internationale aux xve-xive siècles avant J.-C. ») (1er semestre 2009-2010).
Université Lumière Lyon 2 : Dans le cadre
du séminaire de master et de doctorat
Archéo-Orient – Lyon 2 sur « L’actualité des
méthodes et des terrains au Proche-Orient
ancien » (2010-2011), conférence sur « La
naissance de l’écriture. Écriture et art scribal
en Mésopotamie : création, tradition, innovation », Lyon, maison de l’Orient – université Lumière Lyon 2, 22 novembre 2010.
Université Paris I Sorbonne : Membre du jury
de thèse de Yannick Lintz, « Traditions anatoliennes, iraniennes et grecques en Anatolie achéménide. Catalogue raisonné des
objets conservés dans les musées de Turquie
occidentale », sous la dir. de P. Briant, professeur au Collège de France, 19 juin 2010.
Conférences, colloques
Membre du comité d’honneur des XIes Rencontres internationales sur l’histoire et l’archéologie de Jordanie (ICHAJ), Paris, Institut
national d’histoire de l’art, 7-12 juin 2010.
Présidence, introduction et direction scientifique (avec F. Demange et C. Juvin) du colloque « Histoires d’Arabie. Cultures et civilisations au royaume d’Arabie Saoudite », Paris,
auditorium du Louvre, 25 septembre 2010.
« Le département des Antiquités orientales :
une histoire ancrée dans la recherche
Au musée du Louvre
archéologique », au colloque « Du site de
fouilles au musée. Le sort des collections
archéologiques aujourd’hui », Paris, auditorium du Louvre, 6 octobre 2010.
Membre du comité d’honneur, présidence
de séance du colloque « Les écritures mises
au jour sur le site antique d’Ougarit et leur
déchiffrement », Paris, Collège de France et
Institut de France, en commémoration du
80e anniversaire du déchiffrement de l’alphabet cunéiforme de Ras Shamra-Ougarit,
2-3 décembre 2010.
Conférence à l’occasion de l’inauguration
de l’exposition « Rutas de Arabia. Tesoros
arqueológicos del reino de Arabia Saudí »
(« Rutes d’Aràbia. Tresors arqueològics del
regne d’Aràbia Saudita »), Barcelone, CaixaForum, 12 novembre 2010.
Médias
Dans le cadre de l’exposition « Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du royaume
d’Arabie Saoudite », Paris, musée du Louvre,
14 juillet – 27 septembre 2010 :
« L’archéologie au cœur du désert des déserts :
l’Arabie Saoudite », dans « Le Salon noir
de Vincent Charpentier », France Culture,
8 septembre 2010, http://www.franceculture.com/emission-le-salon-noir-l-archeologie-au-coeur-du-%C2%AB-desert-des-deserts-%C2%BB-l-arabie-saoudite-2010-09-08
« De l’archéologie en Arabie », dans « Cultures
d’Islam de Abdelwahab Meddeb », France
Culture, 19 septembre 2010, http://www.
franceculture.com/emission-cultures-d-islam-de-l%E2%80%99archeologie-en-arabie-2010-09-19.html
Commissariat d’expositions
« Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du
royaume d’Arabie Saoudite », Paris, musée du
Louvre, 14 juillet – 27 septembre 2010 (avec
F. Demange, A. I. Al-Ghabban et C. Juvin).
Exposition-dossier « Mission archéologique en
Arabie. Choix de photographies prises par
les RR. PP. Jaussen et Savignac », musée du
Louvre, salle d’actualité archéologique du département des Antiquités orientales, 6 juillet
2010 – 8 mars 2011 (avec F. Demange).
Instances officielles extérieures
Membre de la commission des fouilles du
ministère des Affaires étrangères.
Membre de la commission d’acquisition du
musée Guimet (Paris).
Membre de la commission d’acquisition des
musées de la région Languedoc-Roussillon.
Membre de la commission scientifique des
collections des musées de France.
Membre de la mission archéologique syrofrançaise de Ras Shamra-Ougarit (textes
lexicographiques), Maison de l’Orient,
CNRS, Lyon
[email protected] ;
[email protected]
Guillemette ANDREU-LANOË
Conservateur général du Patrimoine, directeur du département des Antiquités égyptiennes, directeur des fouilles du Louvre à
Saqqara (Égypte)
Publications
« Introduction » et « Tête du dieu Amon sous
forme de bélier », dans Méroé. Un empire sur
le Nil, catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 26 mars – 6 septembre 2010),
sous la dir. de Baud (M.), Paris, Musée du
Louvre éditions, et Milan, Officina Libraria,
2010, p. 13-15 et 235.
« Méroé, la métisse du Nil », L’Histoire, 352,
avril 2010, p. 24-25.
Inventaire de l’Égypte, Paris, Universalis, 2010 :
direction de l’ouvrage ; « Introduction »,
p. 9-17 ; « La Haute-Égypte », p. 44-48 ;
« Deir el-Medina », p. 376-380 ; « Nécropole
thébaine », p. 407-410 ; « Musée de Berlin »,
p. 443-445 ; « Musée du Caire », p. 449-452 ;
« Musée de Louxor », p. 457-459 ; « Musée
de Paris », p. 464-466 ; « Musée de Turin »,
p. 467-469.
Enseignement, cours
Institut national du patrimoine : Tutorat du
stage de spécialité de Caroline Thomas,
élève conservateur (mai-novembre 2010).
Université Paris IV-Sorbonne : Membre du
jury de thèse de Claire Somaglino, « Le khetem, étude lexicographique », 26 juin 2010.
Conférences, colloques
« The Mysteries of Deir el Medina », au colloque Centre de sociologie des arts – CNRS
« The Temples of Millions of Years », Louxor,
3-5 janvier 2010.
« Méroé, un empire sur le Nil », Société française d’égyptologie, 18 mars 2010.
« Méroé, un empire sur le Nil », siège d’Ipsen,
13 avril 2010.
« Méroé, un empire sur le Nil », présentation de l’exposition du Louvre, Paris, auditorium du Louvre, 18 avril 2010 (avec
M. Baud et A. Sackho-Autissier).
« News from the Egyptian Departement in the
Louvre Museum », CIPEG Meeting, Icom,
23 août 2010, Montepulciano (Italie).
« Des grandes missions archéologiques à la fin
du “partage de fouilles” : l’exemple des Antiquités égyptiennes », journée-débat « Muséemusées », Paris, auditorium du Louvre, 6 octobre 2010.
« Le due collezione Drovetti di Torino e di Parigi », Turin, Museo Egizio, 29 novembre 2010.
Commissariat d’expositions
« Méroé. Un empire sur le Nil », Paris, musée
du Louvre, 26 mars – 6 septembre 2010 :
commissariat général.
Instances officielles extérieures
Membre du conseil d’administration et du
conseil scientifique de l’Institut français
d’archéologie orientale, Le Caire.
Membre du comité mixte paritaire et du comité scientifique du Centre franco-égyptien
d’étude des temples de Karnak.
Membre de la commission des fouilles au ministère des Affaires étrangères et européennes.
Membre du comité scientifique du Museo
Egizio, Turin.
Membre du comité scientifique du LouvreAbou Dabi.
Chercheur associé à l’UMR 8167 « Orient et Méditerranée, mondes pharaoniques » (CNRS).
Membre du comité de lecture de La Revue des
musées de France. Revue du Louvre.
[email protected]
Laura ANGELUCCI
Documentaliste scientifique, au département
des Arts graphiques – Écoles italienne et française fin xviiie – début xixe siècle
Enseignement, cours
École du Louvre : 1er cycle, cours de synthèse,
spécialité « Dessin », « Histoire du dessin en
Italie : le Quattrocento ».
Institut national du patrimoine : Cours sur
« Les techniques du dessin à la Renaissance ».
[email protected]
Élisabeth ANTOINE
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Objets d’art – Collections du
Moyen Âge occidental
Publications
« L’iconographie du ciboire d’Alpais : nouveaux
points de vue et vieilles questions », dans
The Heritage of “Maître Alpais”. Proceedings of
a Study Day at the British Museum on 27 November 2008, Londres, The British Museum
Research Publications, 2010, p. 21-25.
« Le Dais de Charles VII, une acquisition exceptionnelle pour le Louvre », Dossier de l’art,
hors série, 4, septembre 2010.
« Un dais pour le trône de Charles VII », Grande
Galerie. Le Journal du Louvre, 13, septembrenovembre 2010, p. 54-61.
« Une tapisserie exceptionnelle. Un dais de
Charles VII entre au Louvre », La Revue des
musées de France. Revue du Louvre, 4, octobre
2010, p. 14-15.
« Trois ivoires de l’ancienne collection du comte
de Montesquiou-Fezensac », Objet d’art de la
saison, 41, 7 avril – 7 juillet 2010.
Essais et notices, dans Imagining the Past in
France. History in Manuscript Painting 12501500, catalogue de l’exposition (Los Angeles,
The J. Paul Getty Museum, 16 novembre
2010 – 6 février 2011), Los Angeles, 2010 :
nos 55 à 60, p. 281-294 ; nos 64 et 65, p. 303305 ; nos 67 et 68, p. 310-317.
Notices, dans Treasures of Heaven. Saints, Relics,
and Devotion in Medieval Europe, catalogue
de l’exposition (The Cleveland Museum of
273
Annuaire des chercheurs
Art, 17 octobre 2010 – 17 janvier 2011 ; Baltimore, The Walters Art Museum, 3 février
2011 – 15 mai 2011 ; Londres, The British
Museum, 23 juin – 9 octobre 2011), Cleveland, 2010 : no 109, p. 195 ; no 135, p. 230.
Notices, dans France 1500. Entre Moyen Âge et
Renaissance, catalogue de l’exposition (Paris,
Galeries nationales du Grand Palais, 6 octobre 2010 – 10 janvier 2011), sous la dir.
de Bresc (G.), Crépin-Leblond (T.) et TaburetDelahaye (É.), Paris, RMN, 2010 : no 5, p. 7677 ; no 13, p. 82-83 ; no 177, p. 344.
« Du Sommerard (Edmond) », notice dans
Dictionnaire critique des historiens de l’art
actifs en France de la Révolution à la Première
Guerre mondiale, Paris, Institut national
d’histoire de l’art, 2010 (édition numérique) (avec P.-Y. Le Pogam).
Enseignement, cours
École du Louvre : Direction (avec J. Durand)
du séminaire de master 2 « L’Enfance du
Christ » ; direction de trois mémoires de
recherche master ; cours de synthèse, « Les
arts précieux au Moyen Âge ».
Conférences, colloques
« Theme and variations in the Oeuvre de
Limoges: The question of models », au
colloque « Revealing Medieval and Renaissance Europe: Makers and Markets 11001600 », Londres, The Victoria and Albert
Museum, 18-20 février 2010.
« L’Enfance du Christ dans l’œuvre de Limoges
autour de 1200 », séminaire de master 2 de
l’École du Louvre, 30 novembre 2010.
« Une découverte : un dais pour le trône de
Charles VII », Paris, Société nationale des
antiquaires de France, 15 décembre 2010.
Instances officielles extérieures
Membre du comité scientifique de La Revue
des musées de France. Revue du Louvre.
Associé correspondant national de la Société
nationale des antiquaires de France.
Membre de l’International Committee for
Fine Arts (ICFA), ICOM.
[email protected]
Véronique ARVEILLER
Ingénieur d’études, au département des
Antiquités grecques, étrusques et romaines –
Archéologie romaine, verres
274
Publications
« Le verre soufflé moulé dans le nord de la
France à l’époque romaine », Scientia Artis,
2010, p. 159-168.
« Les flacons en forme de raisin à l’époque romaine : essai de typologie », Scientia Artis,
2010, p. 213-226.
« La coupe en verre gravé avec un décor de poissons », dans Sur les traces d’Apollon. Grand
la gallo-romaine, sous la dir. de Dechezleprêtre (T.), Paris, Somogy, 2010, p. 120-124.
Conférences, colloques
« Le trésor de verres gravés d’époque romaine
de Boulogne-sur-Mer », université Lille 3 –
Halma-Ipel UMR 8164, 17 juin 2010.
Instances officielles extérieures
Présidente de l’Association française pour
l’archéologie du verre (Afav).
Membre de l’Association internationale pour
l’histoire du verre (AIHV).
[email protected]
Françoise BARBE
Conservateur du Patrimoine, au département
des Objets d’art – Collections de la Renaissance : céramiques, verres et émaux
Publications
Barbe (F.) et Bouquillon (A.), « À la redécouverte
des créations de Bernard Palissy. Le plat et
l’aiguière ornés de rustiques figulines du musée du Louvre », La Revue des musées de France.
Revue du Louvre, 5, décembre 2010, p. 24-33.
« Bernard Palissy, coquillages ou fossiles.
Du nouveau sur les “rustiques figulines” »
(recension de l’article de J.-C. Plaziat),
Bulletin monumental de la Société française
d’archéologie, 168-3, 2010.
« La céramique, l’émail peint et le verre à la
Renaissance », dans « Androuet Du Cerceau
1520-1586. L’inventeur de l’architecture à la
française ? », Dossier de l’art, 171, février
2010, p. 48-53.
« Godefroy Brauer, antiquaire et collectionneur à Paris, à l’origine de la collection de
majoliques archaïques du Louvre au début
du xxe siècle », dans 1909. Tra collezionismo
e tutela. Connoisseur, antiquari e la ceramica
medievale orvietana, catalogue de l’exposition (Pérouse, Galleria Nazionale dell’Umbria, Palazzo Baldeschi al Corso, 7 novembre
2009 – 10 janvier 2010 ; Orvieto, Museo
Archeologico Nazionale, 13 mars – 6 juin
2010), Florence, Giunti, 2010, p. 209-216.
Aucouturier (M.), Barbe (F.), Bouquillon (A.),
Fermo (P.) et Padeletti (G.), « A new light on
a first example of lustred majolica in Italy »,
Applied Physics A, 100, 2010, p. 747-761.
Conférences, colloques
« Conception and making of a display box
adapted to the conservation of two painted enamels of the Louvre », au 3rd Expert’s
Meeting on Enamel on Metal, New York,
The Frick Collection, 8-9 octobre 2010.
[email protected]
en Lorraine », Le Pays lorrain, 107e année,
vol. 91, décembre 2010, p. 291-306 (avec
Wilfried Zeisler).
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours en région : en partenariat avec les musées de la Ville de Marseille, cycle « De la rue au boudoir, vivre
en ville en France au xviiie siècle » : « Le
corps au cœur de la ville : hygiène, toilette et soins », 18 janvier 2010, « À table au
xviiie siècle : réceptions, repas et collations »,
25 janvier 2010, « Entre public et privé : les
loisirs des citadins au xviiie siècle », 1er février 2010, et « Rêves d’alcôves : la chambre
au xviiie siècle », 8 mars 2010 ; cours du soir
Rachel Boyer : « Le siècle des Lumières »,
« Néoclassicisme : regard sur l’antique » ;
cours d’histoire générale de l’art destinés
aux auditeurs de 3e année, « L’art des xviiexviiie siècles » (avec Guillaume Fonkenell).
Centre national de la fonction publique territoriale : Pour la délégation Lorraine,
« Connaissance des matériaux et stockage
des collections », 17 et 18 juin 2010.
Conférences, colloques
« La toilette, l’hygiène et les soins du corps
au xviiie siècle », Saint-Flour, musée de la
Haute-Auvergne, 24 septembre 2010.
[email protected]
Christophe BARBOTIN
Conservateur en chef du Patrimoine, au département des Antiquités égyptiennes, directeur
de la mission archéologique du Louvre dans la
tombe de Merenptah (Vallée des Rois)
Publications
Barbotin (Ch.) et Guichard (S.), « Fouilles du
musée du Louvre dans la tombe de Merenptah-KV.8 (2008) », Memnonia, XX, 2009,
p. 175-182 et pl. XLVIII-LI.
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours d’archéologie égyptienne, « Image et statuaire » ; 3e année, cours
d’épigraphie égyptienne, « Grammaire et
étude de textes du Louvre ».
Conférences, colloques
« L’offrande dans l’Égypte ancienne », Paris,
auditorium du Louvre, 13 octobre 2010.
Instances officielles extérieures
Membre du comité de lecture de la Revue
d’égyptologie.
[email protected]
Muriel BARBIER
Collaborateur scientifique, à la section Histoire du Louvre
Marie-Cécile BARDOZ
Publications
« La Belle Époque de l’Alliance franco-russe
[email protected]
Documentaliste scientifique, au département
des Objets d’art – Moyen Âge occidental
Au musée du Louvre
Marc BASCOU
Conservateur général du Patrimoine, directeur du département des Objets d’art, chargé de la coordination du redéploiement des
collections du mobilier xviiie et de la mise en
œuvre du programme scientifique et culturel
des nouveaux espaces (réouverture en 2013)
Enseignement, cours
École pratique des hautes études : Membre du
jury de thèse de Calin Demetrescu, « Les
ébénistes de la Couronne sous le règne de
Louis XIV », 27 novembre 2010.
Conférences, colloques
« Le goût du xviiie siècle : Isaac de Camondo »,
à la journée d’étude « La splendeur des
Camondo, collections : le goût et le
don », Paris, musée d’Art et d’Histoire du
judaïsme, 24 janvier 2010.
« 1901-2013 : les salles de mobilier xviiie au
musée du Louvre », aux journées d’étude
« Les musées d’arts décoratifs aujourd’hui »,
Montpellier, musée Fabre, 14 octobre 2010.
« Furniture in Boulle Technique », Getty
Conservation Project, Munich, Bayerisches
National Museum, 3e session, 14 juin 2010.
Instances officielles extérieures
Membre de la commission scientifique des
collections des musées de France.
Membre de la commission des acquisitions du
musée et du domaine de Versailles.
Membre du conseil artistique scientifique et
culturel de la Cité de la céramique à Sèvres.
[email protected]
Catherine BASTIEN
Secrétaire de documentation, régisseur d’œuvres
au département des Antiquités grecques,
étrusques et romaines – Archéologie romaine,
bronzes, histoire des collections
[email protected]
p. 211-224 ; « La maison du roi : le palais »,
p. 241-245 ; et les encadrés sur la royauté
méroïtique : « Taharqa, l’offrande au faucon
Hémen et le miracle de la pluie », « L’offrande à Amon et à Mout : la stèle d’Amanakhabale », « Teriteqas, la déesse Isis et la
promesse d’un long règne », p. 173-177.
« Mouweis, une ville riveraine de la région de
Méroé », Dossiers d’archéologie, hors série,
18, mars 2010, p. 14-19.
« Mouweis, ville méroïtique », Le Monde de la
Bible, 192, 2010, p. 12-13.
« Les fouilles du Louvre à Mouweis, Soudan.
Approches préliminaires d’un site urbain
méroïtique », dans Recent Discoveries and
Latest Researches in Egyptology. Proceedings
of the First Neapolitan Congress of Egyptology,
Naples, June 18th-20th 2008, sous la dir. de
Raffaele (F.), Nuzzolo (M.) et Incordino (I.),
Wiesbaden, 2010, p. 1-12.
« Construction de la première pyramide »,
« Djéser », « Gîza », « Khéops », dans Inventaire
de l’Égypte, sous la dir. de Andreu (G.), Paris,
Universalis, 2010.
« History of the Old Kingdom », dans A Companion to Ancient Egypt, sous la dir. de
Lloyd (A. B.), Oxford, Blackwell Companions to the Ancient World, 2010, p. 63-80.
« Abou Rawach », dossier thématique dans Archéologia, 481, octobre 2010 (avec A. Charron
et Y. Tristant) : « Une nécropole immémoriale
aux portes du Caire », « Le complexe funéraire
de Rêdjedef », « Rêdjedef : un règne mouvementé ? », « La nécropole d’élite de Rêdjedef »,
p. 28-31 et 38-50.
Chapitre et notices, dans Sahure. Tod und Leben
eines grossen Pharao, catalogue de l’exposition
(Francfort, Liebieghaus Skulpturensammlung, 24 juin – 28 novembre 2010), sous la
dir. de Brikmann (V.), Munich, Hirmer, 2010 :
« Unter der Herrschaft der Sonne. Mythos
und Verehrung des grossen Gottes », p. 3143 ; « Têtes de Rêdjedef E 12626 et 11167 »,
p. 286-287 ; « Statue de Kai N 117 », p. 321.
« Huni », dans UCLA Encyclopedia of Egyptology (UEE), sous la dir. de Dieleman (J.) et
Wendrich (W.), Los Angeles, publication en
ligne http://escholarship.org/uc/nelc_uee
Michel BAUD
Égyptologue-archéologue, responsable de la
section Nubie-Soudan au département des
Antiquités égyptiennes, codirecteur de la
mission archéologique à Saqqara (Égypte)
et directeur de la mission archéologique à
Mouweis (Soudan)
Publications
Méroé. Un empire sur le Nil, catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 26 mars –
6 septembre 2010), Paris, Musée du Louvre
éditions, et Milan, Officina Libraria, 2010 :
direction de l’ouvrage ; « Les trois Méroé :
la ville, la région, l’empire », p. 52-63 ;
« Culture d’Afrique, modèles égyptiens et
influences méditerranéennes », p. 76-94 ;
« La métallurgie méroïtique : fer et bronze »,
p. 130-133 ; « Méroé : un monde urbain »,
Conférences, colloques
«The Meroitic city of Muweis: New discoveries », au colloque « Sudan Archaeological
Society », Khartoum, Greek Cultural Centre,
28 janvier 2010.
« Approches archéologiques d’une ville de
16 hectares : Mouweis, Soudan », séminaire
d’égyptologie de master 1 et 2, université
Paris IV-Sorbonne, 10 mai 2010.
« Les villes de l’empire de Méroé : nouvelles
perspectives », Paris, Institut Khéops, 18 mai
2010.
« The city centre of Muweis: New results about
its layout and history », au 12e Congrès
international des études nubiennes,
Londres, The British Museum, 4 août 2010.
« Comprendre une ville méroïtique : les
fouilles du musée du Louvre à Mouweis »,
Genève, Association culturelle soudanosuisse, 29 septembre 2010.
« Djoser, Imhotep et la première pyramide de
l’histoire égyptienne », Marseille, Provence
égyptologie, 15 décembre 2010.
Commissariat d’expositions
« Méroé. Un empire sur le Nil », Paris, musée
du Louvre, 26 mars – 6 septembre 2010 :
commissariat scientifique.
Instances officielles extérieures
Chercheur associé à l’UMR 8167 « Orient et Méditerranée, mondes pharaoniques » (CNRS).
[email protected]
Nicolas BEL
Conservateur du Patrimoine, au département
des Antiquités orientales – Collections du
Levant aux époques récentes et Anatolie
Publications
« Tombes princières d’Anatolie. Alaca Hüyük au
IIIe millénaire avant J.-C. », Feuillet de l’Actualité du département des Antiquités orientales, 14,
du 11 octobre 2009 au 18 janvier 2010, 8 p.
Enseignement, cours
École du Louvre : 1er cycle, cours de synthèse
et travaux pratiques, « Histoire et archéologie de l’Orient ancien ».
Médias
« La nécropole d’Alaca Hüyük en Anatolie »,
émission « Carrefour des arts » de Canal
Académie, la radio de l’Institut de France,
40 min, mise en ligne le 3 janvier 2010 :
http://www.canalacademie.com/ida5196Tombes-princieres-d-Anatolie-au.html
Enregistrement de trois commentaires pour le
nouveau guide multimédia : « La statuette
de Jupiter héliopolitain (AO 19534) »,
« Main votive (AO 4409) », « Statue de Jupiter Dolichenus (AO 7446) ».
Commissariat d’expositions
Exposition-dossier « Tombes princières d’Anatolie. Alaca Hüyük au IIIe millénaire avant
J.-C. », Paris, musée du Louvre, salle d’actualité
archéologique du département des Antiquités
orientales, 11 octobre 2009 – 18 janvier 2010.
[email protected]
Dominique BÉNAZETH
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Antiquités égyptiennes –
Section copte
Publications
« D’un continent à l’autre, complémentarité de
trois grandes collections d’art copte : Toronto
(The Royal Ontario Museum), Le Caire (Musée copte), Paris (musée du Louvre) », dans
275
Annuaire des chercheurs
Coptic Heritage, Ancient and Modern. Actes du
1er symposium annuel d’études coptes (Toronto,
29 mars 2008), sous la dir. de Boutros (R.),
Journal of the Canadian Society for Coptic Studies – Journal de la Société canadienne pour les
études coptes, 1, 2010, p. 75-86.
« Nouvelles campagnes de fouilles à Baouit
(2005, 2006) », dans Études coptes, XI. Actes
de la XIIIe Journée d’études coptes de l’Association francophone de coptologie (AFC)
(Marseille, 7-9 juin 2007), sous la dir. de
Boud’hors (A.) et Louis (C.), Paris, De Boccard (Cahiers de la Bibliothèque copte, 17),
2010, p. 17-24, pl. 1.
« L’église sud de Baouit retrouvée », Bulletin de
la Société d’archéologie copte, XLVII, 2008,
p. 9-23 et pl. I-IV.
Enseignement, cours
École nationale supérieure d’architecture Paris
Val-de-Seine : Dans le cadre du séminaire
« Atelier de recherche hypermédia », et selon
le programme de collaboration engagé entre
le musée du Louvre et le laboratoire EVCAU
(Espace virtuel pour la conception en architecture et urbanisme), cours donné le 18 mars
2010 ; suivi de deux étudiantes ; membre d’un
jury de soutenance de master 1, 17 juin 2010.
Institut national du patrimoine : Cours sur les
textiles d’Égypte destinés aux restaurateurs,
16 et 30 novembre 2010.
Conférences, colloques
« L’Égypte copte : du Louvre au musée de
Millau », conférence dans le cadre de l’exposition « Une autre Égypte. Collections coptes
du musée du Louvre », Millau, musée de
Millau et des Grands Causses, 31 mars 2010.
« La vie au monastère, à travers l’étude d’une
église de Baouit (viiie-xe siècle) », symposium
de la Société d’archéologie copte, Alexandrie,
Bibliotheca Alexandrina, 21 septembre 2010.
[email protected]
Agnès BENOIT
Conservateur en chef du Patrimoine, au département des Antiquités orientales – Collections
de l’Iran et de l’Asie centrale
276
Publications
La Princesse de Bactriane, Paris, Musée du Louvre
éditions et Somogy (Solo), 2010, 55 p.
« Le Service de table du mort dans la nécropole de
Suse I », Feuillet de l’Actualité du département
des Antiquités orientales, 15, du 3 février au
28 juin 2010, 8 p.
« Some thoughts on the cosmetology of the
Near East during the third millennium B.C.:
Containers and Contents », dans On the Track
of Uncovering a Civilization. A Volume in Honor
of the 80th Anniversary of Victor Sarianidi, sous
la dir. de Kozhin (P. M.), Kosarev (M. F.) et
Dubova (N. A.), Saint-Pétersbourg, Aletheia,
2010 (Transactions of the Margiana Archaeological Expedition), p. 312-322.
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours d’histoire générale de
l’art sur les civilisations du Proche-Orient
destinés aux élèves et aux auditeurs ; cours
de méthodologie et de préparation à l’examen ; cours de techniques sur les débuts de
la métallurgie ; cours organique, « La perception du monde animal dans la culture
transélamite et la civilisation de l’Oxus »
(2e semestre 2010) ; cours d’initiation aux
techniques de création et principes de restauration des œuvres d’art.
Institut national du patrimoine : Membre du
jury du concours de conservateur, automne
2010.
Conférences, colloques
« De la brique au panneau. Remontage d’un
archer de Suse », Lens, maison du Projet,
30 septembre 2010.
Commissariat d’expositions
Exposition-dossier « Le Service de table du
mort dans la nécropole de Suse I », musée
du Louvre, 3 février – 28 juin 2010.
[email protected]
Thomas BESANÇON
Chargé d’études au service Études et recherche,
Direction de la politique des publics et de
l’éducation artistique
[email protected]
Marc BORMAND
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Sculptures – Collections de
sculpture italienne du Moyen Âge et de la
Renaissance
Publications
Bormand (M.) et Vaccari (M.-G.), « Rustici e
la terracotta », dans I grandi bronzi del battistero. Giovanfrancesco Rustici e Leonardo,
catalogue de l’exposition (Florence, Museo
Nazionale del Bargello, 10 septembre 2010 –
10 janvier 2011), sous la dir. de Mozzati (T.),
Paolozzi Strozzi (B.) et Sénéchal (Ph.),
Florence, Giunti, 2010, p. 118-131.
« Deux reliefs italiens de la Renaissance récemment restaurés », Feuillet de l’Actualité du
département des Sculptures, du 15 septembre
2010 à fin mars 2011.
Enseignement, cours
Institut national du patrimoine : Cours
destinés aux élèves conservateurs (avec
L. Labbe), « L’étude préalable à la restauration du retable de l’Ascension d’Andrea
della Robbia » ; présentation aux élèves restaurateurs de la spécialité « Sculptures » des
salles de sculptures italiennes du Moyen
Âge et de la Renaissance.
Conférences, colloques
« Évolution de la présentation des œuvres de
Rustici au musée du Louvre », table ronde
consacrée à Gian Francesco Rustici, Paris,
Institut culturel italien, 18 octobre 2010.
« La migration des spiritelli dans l’art français »,
au colloque « La France et l’Europe autour de
1500 : croisements et échanges artistiques »,
Paris, École du Louvre, 9-11 décembre 2010.
Instances officielles extérieures
Membre du conseil scientifique de la revue
Patrimoine.
[email protected]
Agnès BOS
Conservateur du Patrimoine, au département
des Objets d’art – Collections de la Renaissance à
la première moitié du xviie siècle : mobilier sculpté et textiles ; responsable de la documentation
Publications
Bos (A.), Brouzet (D.) et Malgouyres (Ph.),
Volutes d’époques. Le mobilier du château de
Grignan, Dijon, Faton, 137 p.
« L’ornement en France autour de 1500 », et
notices 151 à 155 dans France 1500. Entre
Moyen Âge et Renaissance, catalogue de
l’exposition (Paris, Galeries nationales du
Grand Palais, 6 octobre 2010 – 10 janvier
2011), sous la dir. de Bresc (G.), CrépinLeblond (T.) et Taburet-Delahaye (É.), Paris,
RMN, 2010.
« La cathédrale Sainte-Cécile d’Albi », dans
« France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance », Dossier de l’art, 178, octobre 2010.
« Pente de dais et pavillon de ciboire provenant de la chapelle de l’ordre du SaintEsprit », notice dans Henri IV à Fontainebleau.
Un temps de splendeur, catalogue de l’exposition (château de Fontainebleau, 7 novembre
2010 – 28 février 2011), Paris, RMN, 2010.
« Des premières montres au milieu du
xviiie siècle », dans Montres & Merveilles.
Collection du musée du Temps à Besançon,
catalogue de l’exposition (Besançon, musée
du Temps, 9 décembre 2010 – 29 mai 2011),
Paris, Hazan, 2010.
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours destiné à la classe préparatoire au concours de conservateur.
Institut national du patrimoine : Cours sur le
mobilier Renaissance destiné aux élèves restaurateurs en mobilier ; intervention dans
le cadre d’une formation sur les ressources
documentaires en histoire de l’art, « La documentation du département des Objets d’art ».
Université Paris IV-Sorbonne : Cours destiné à la classe préparatoire au concours de
conservateur.
Conférences, colloques
« Émile Molinier, Curator of Decorative Arts at
the Louvre, and the collectors of his time »,
Au musée du Louvre
au colloque « American Gothic », Sarasota
(Floride), 26-27 février 2010.
Instances officielles extérieures
Membre du conseil de direction du Centre
international d’étude des textiles anciens
(Cieta).
[email protected]
Lizzie BOUBLI
archéologie grecque » de Myriam Sethom,
« L’iconographie isiaque en Tunisie antique ».
Université libre de Bruxelles : Suivi du mémoire
de recherche master 1 en « Art et archéologie » de Sophie Reynvoet, « L’Égypte ancienne à Hollywood. Le péplum en pagne de
1945 à 1965 ».
Conférences, colloques
« Les chaouabtis du Louvre, une collection diversifiée », Lyon, Cercle Victor Loret, 14 décembre 2010.
Conservateur du Patrimoine, au département
des Arts graphiques – Écoles espagnole et italienne du xvie siècle
[email protected]
Conférences, colloques
« El viaje de artistas espanoles en Italia antes
de 1560: el departo entre conocimiento,
experiencia e idiosincrasia », au colloque
« IX Jornadas internacionales de historia
del arte: El arte y el viaje », Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Scientificas,
Centro de Ciencias Humanas (M. Cabans
Bravo, A. Lopez Yarte Elizalde, W. Rincon
Garcia, CSIC), novembre 2010 (actes à paraître en 2011 aux presses du CSIC).
Danièle BRAUNSTEIN
Ingénieur d’études, régisseur d’œuvres au département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines – Archéologie grecque, techniques de
la sculpture en pierre
Enseignement, cours
Encadrement d’un chantier école : Restauration des sculptures romaines du musée du
Bardo (Tunis).
[email protected]
[email protected]
Geneviève BRESC-BAUTIER
Jean-Luc BOVOT
Ingénieur d’études, au département des Antiquités égyptiennes
Publications
« Les serviteurs funéraires des divines adoratrices d’Amon au musée du Louvre », Égypte
Afrique & Orient, 56, Avignon, janvierfévrier 2010, p. 65-78.
« Les serviteurs funéraires d’artistes et artisans
dans les collections du Louvre », Égypte Afrique
& Orient, 57, Avignon, mars-mai 2010, p. 3-14.
« L’Antiquité au cinéma » et « Un cinéma
d’après l’antique », Égypte Afrique & Orient,
57, Avignon, mars-mai 2010, p. 75-77.
« L’expédition franco-toscane (1828-1829)
d’après la correspondance de Jean-François
Champollion », Égypte Afrique & Orient, 58,
Avignon, juin-août 2010, p. 47-64.
« Multimédia », Égypte Afrique & Orient, Avignon, 2010, 55, p. 73-78 ; 57, p. 78-79 ; 58,
p. 75-79 ; 59, p. 64-68.
« Chaouabtis de Mariemont », dans Antiquités égyptiennes au musée royal de Mariemont,
sous la dir. de Derriks (C.) et Delvaux (L.),
Morlanwelz (Belgique), musée royal de Mariemont, 2010, p. 389-399.
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours d’histoire générale de
l’art, « Archéologie égyptienne » ; 2e année,
travaux pratiques en égyptologie, « Le Nouvel Empire ».
Université Paris IV-Sorbonne : Supervision de la
partie « Aegyptiaca de Carthage » du mémoire
de recherche master 1 en « Art et archéologie :
Conservateur général du Patrimoine, directeur
du département des Sculptures – Collections
de sculpture française des xvie et xviie siècles
Publications
Notices, dans « Paris vaut bien une messe ! »
1610 : hommage des Médicis à Henri IV, catalogue de l’exposition (Pau, musée national
du Château, 1er avril – 30 juin 2010), sous
la dir. de Mironneau (P.), Paris, RMN, 2010 :
nos 39 et 42, p. 196-197 et 200.
« Ligier Richier, tête du Christ couronné
d’épines », notice dans Chefs-d’œuvre ?
Architectures de musées 1937-2014, catalogue de l’exposition (Centre Pompidou
Metz, 12 mai 2010 – 29 août 2011), sous la
dir. de Le Bon (L.), Metz, 2010, p. 404.
Notice dans I grandi bronzi del battistero. Giovanfrancesco Rustici e Leonardo, catalogue de
l’exposition (Florence, Museo Nazionale del
Bargello, 10 septembre 2010 – 10 janvier
2011), sous la dir. de Mozzati (T.), Paolozzi
Strozzi (B.) et Sénéchal (Ph.), Florence, Giunti, 2010, no 28, p. 328-333.
France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance,
catalogue de l’exposition (Paris, Galeries
nationales du Grand Palais, 6 octobre 2010
– 10 janvier 2011), Paris, RMN, 2010 : direction de l’ouvrage (avec É. Taburet-Delahaye,
Th. Crépin-Leblond et M. Wolff) ; « France
1500. Entre Moyen Âge et Renaissance » (avec
É. Taburet-Delahaye et Th. Crépin-Leblond) ;
« Aux sources de la création. Des foyers et des
artistes » ; « Deux modernités dans le royaume
de France » ; « La fascination italienne, mythe
et réalité » ; notices nos 25, 42, 60, 61, 80, 83,
84, 89, 133, 147 à 149, 186 à 190, 196 et 197,
p. 18-19, 94-95, 122-123, 153-155, 190, 197198, 205-206, 272, 296-301, 326-327, 358359, 362-366, 370-371.
« Gérard Léonard Hérard, buste du Grand Condé ;
médaillon de Louis XIV », dans Georges de
Lastic (1927-1988). Le cabinet d’un amateur,
collectionneur et conservateur, catalogue de
l’exposition (Paris, musée de la Chasse et
de la Nature, et Senlis, musée de la Vénerie,
7 décembre 2010 – 13 mars 2011, puis Clermont-Ferrand, musée d’Art Roger-Quilliot,
4 octobre 2011 – 5 février 2012), sous la dir.
de Rosenberg (P.), Paris, N. Chaudun, 2010 :
notices nos 56 et 58, p. 193-195 et 198-199.
« La cloche de Sibenik qui sonne pour la libération de la patrie (Acre, 1266) », dans « Come
l’orco della fiaba ». Studi per Franco Cardini, Florence, Edizioni del Galluzzo, 2010, p. 49-71.
« Louvre – Grand Palais. Pour un autre Moyen
Âge », Grande Galerie. Le Journal du Louvre,
13, septembre-novembre 2010, p. 26-29.
« Qui est-ce qui commande ? », dans « France
1500 », Télérama, hors série, 168, octobre
2010.
« La Nativité », dans Le Roman des Nogentais de la
Renaissance à la veille de la Révolution, catalogue
de l’exposition (Nogent-le-Rotrou, muséechâteau Saint-Jean, 3 octobre 2010 – 3 janvier
2011), Nogent-le-Rotrou, 2010, p. 35-41.
« Quand Henri IV faisait du Louvre le palais
des artistes », Grande Galerie. Le Journal du
Louvre, 11, mars-mai 2010, p. 34-43.
« Le Louvre en 3 D dès 1853 », Grande Galerie.
Le Journal du Louvre, 14, décembre 2010 –
février 2011, p. 28-35.
Enseignement, cours
École du Louvre : Suivi et membre du jury de
soutenance du master de Christine Figueres,
« L’atelier des marbriers du Louvre, 1945-2000 ».
Institut national du patrimoine : Cours destiné aux restaurateurs, « Les sculptures françaises du xvie siècle ».
Université de Montpellier : Membre du jury
de thèse de Jean-Luc Antoniazzi, « Art, foi et
société. Les retables sculptés du Roussillon,
1655-1769 », sous la dir. de G. Larguier,
7 décembre 2010.
Conférences, colloques
« Achever le Louvre : le plan de Louis Tullius
Visconti » (avec C. Souchon), cycle « Trésors
du patrimoine écrit », Archives nationales,
Bibliothèque nationale de France, Institut national du patrimoine, auditorium
Vivienne, 16 février 2010.
« Peindre la sculpture : spécialité de peintre
ou de sculpteur ? », à la journée d’étude « La
sculpture dans son rapport avec les arts »,
IV : « Sculpture et couleur, période 15001650 », Tours, Centre d’études supérieures
de la Renaissance, 26 mars 2010.
« Le devenir des vestiges des Tuileries », table
ronde, « Les Tuileries, du mythe à la réalité.
Un patrimoine qui fait débat », Paris, Cité
de l’architecture, 7 avril 2010.
277
Annuaire des chercheurs
« Développer les musées, c’est les repenser »,
au Workshop France-Canada, Paris, Les Arts
décoratifs, 28 avril 2010.
« Les sculptures européennes au musée du
Louvre : histoire d’une collection », et
« Francesco Bordoni, un sculpteur maniériste entre Florence et Paris », aux Encuentro Europeo de Museos con Colecciones de
Escultura « “El taller europeo”. Intercambios,
influjos y préstamos en la escultura europea
moderna », Valladolid, Museo San Gregorio,
6-8 mai 2010.
« Saint Michel de Saint-Parres-lès-Vaudes »,
conférences in situ du Centre Pithou, SaintParres-lès-Vaudes (Aube), église, 28 mai 2010.
« Le collège apostolique, pilier de l’Église »,
conférences in situ du Centre Pithou, « Sur
les traces de Jean Colet », Rumilly-lèsVaudes (Aube), église, 29 mai 2010.
« Bustes et masques d’Henri IV », au colloque
« Henri IV. Images et remembrance », Institut de France et Fondation Chantilly, 3 juin
2010.
« À propos du monument au cœur d’Henri IV
au collège royal de La Flèche : les monuments au cœur du roi de François Ier à
Louis XIV », à la journée universitaire, La
Flèche, prytanée militaire, 5 juin 2010.
« A collection of small clay sculpture models
from André-Charles Boulle’s Workshop near
the Louvre », à la Conference on Italian and
French Small Bronze Sculpture, Londres,
The Wallace Collection, 18 juin 2010.
« L’exposition France 1500 » (avec É. TaburetDelahaye et Th. Crépin-Leblond), Paris, auditorium du Grand Palais, 13 octobre 2010.
« Les tombeaux des rois : modernité et tradition de l’art funéraire dans la France de la
Renaissance », Société des Amis du musée
de Dijon, 28 octobre 2010.
« Les sculpteurs ordinaires du roi », au colloque
« Autour d’Henri IV. Figures du pouvoir,
échanges artistiques », Paris, Institut national d’histoire de l’art, 18 novembre 2010.
Commissariat d’expositions
« France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance », Paris, Galeries nationales du Grand
Palais, 6 octobre 2010 – 10 janvier 2011
(avec É. Taburet-Delahaye, Th. CrépinLeblond et M. Wolff).
278
Instances officielles extérieures
Rédacteur en chef de La Revue des musées de
France. Revue du Louvre.
Membre du conseil artistique du musée-promenade de Marly-le-Roi.
Membre de la Commission supérieure des monuments historiques, patrimoine mobilier.
Membre du bureau de la Société de l’histoire
de l’art français.
Membre résident et trésorier de la Société
nationale des antiquaires de France.
Membre du conseil de l’UFR Histoire de l’art,
université Paris IV-Sorbonne.
Vice-présidente du Comité français d’histoire
de l’art.
Membre de deux des commissions d’acquisition de musées nationaux : musée national du Moyen Âge, musée national de la
Renaissance, musée national de la Céramique, musée national Adrien-Dubouché ;
et châteaux de Compiègne, de Fontainebleau, de la Malmaison et de Pau.
Membre du conseil d’administration du
musée Rodin.
Membre de la commission d’acquisition du
musée d’Orsay.
Membre de la commission interrégionale
d’acquisition de Champagne-Ardenne et
Lorraine.
Membre du conseil de la bibliothèque de
l’Institut national d’histoire de l’art.
Membre du conseil scientifique de l’Établissement public et du domaine des châteaux de
Versailles et Trianon, 2006-2010.
Membre du conseil scientifique de Perspective.
La revue de l’Institut national d’histoire de l’art.
Membre du jury du prix du livre d’art de la
Société nationale des antiquaires.
Membre de la commission des expositions du
musée du Luxembourg.
[email protected]
Florence CALAMENT
Ingénieur de recherche, au département des
Antiquités égyptiennes, membre de la mission archéologique de Baouit (Louvre – Ifao)
Publications
Notices, dans Le Général de Beylié, 1849-1910,
collectionneur et mécène, catalogue de l’exposition (musée de Grenoble, 3 juillet 2010 –
9 janvier 2011), Milan, 5 Continents, 2010.
Compte rendu de R. Pintaudi (dir.), Antinoupolis I. Scavi e materiali, Florence, Istituto
G. Vitelli, 2008, dans Bibliotheca Orientalis, LXVII, 3-4, Louvain-la-Neuve, mai-août
2010, p. 338-343.
« Usages de la langue et de l’écriture chez
les Coptes », cartels, panneaux et notices
scientifiques, dans Un altre Egipte. Colleccions coptes del Museu del Louvre, catalogue
de l’exposition (musée de Lérida, 12 avril –
24 juillet 2011 ; musée de Gérone, 15 septembre – début janvier 2010 ; Palma de
Majorque, janvier-avril 2012), Lérida, 2011.
Conférences, colloques
« Le programme d’édition des archives de
Pesynthios en marche : focus sur les
papyrus coptes du musée du Louvre », au
26e Congrès international de papyrologie,
faculté des lettres de l’université de Genève,
20 août 2010.
« D’Antinoé à Grenoble : la sépulture d’une
“prophétesse” égyptienne », musée des
Beaux-Arts de Grenoble, 5 mai 2010.
Instances officielles extérieures
Conseil d’administration de l’Association
francophone de coptologie (AFC), Paris.
Membre de l’International Association for
Coptic Studies (IACS), Münster.
Membre de l’International Society for Arabic
Papyrology (ISAP), Princeton.
[email protected]
Florence CARO
Chef adjointe du service Études et recherche
à la Direction de la politique des publics et de
l’éducation artistique
[email protected]
Marie-José CASTOR
Chargée d’études documentaires au service
du Récolement des dépôts antiques et des
arts de l’Islam – Dépôts des objets égyptiens
d’époque pharaonique
[email protected]
Katerina CHATZIEFREMIDOU
Chargée d’études documentaires au département des Antiquités grecques, étrusques et
romaines – Archéologie étrusque et italique,
terres cuites, gestionnaire de la base de données scientifique du département
Enseignement, cours
École du Louvre : 1re année 1er cycle, dans
le cadre des cours d’histoire générale de
l’art, travaux dirigés devant les œuvres
d’archéologie grecque, étrusque et romaine.
[email protected]
Nicole CHEVALIER
Ingénieur d’études, au département des Antiquités orientales
Publications
« Victor Place y las excavaciones francesas en
Asiria », dans Cuadernos des Seminario Walter
Andrae, XI Semana didáctica sobre el Oriente Antiguo, Jorsabad y el descubrimiento de los asirios,
Intuición, ciencia y aportaciones de los pioneros
franceses en Oriente Próximo, Madrid, Universidad Autónoma de Madrid, 2010, p. 9-23.
« Les découvreurs du palais de Suse », dans
Le Palais de Darius à Suse. Une résidence
royale sur la route de Persépolis à Babylone,
sous la dir. de Perrot (J.), Paris, Presses universitaires Paris-Sorbonne, 2010, p. 74-115.
Conférences, colloques
« La présence archéologique française en Turquie (1912-1939) », au colloque « Jean Deny.
Les relations culturelles et scientifiques entre
la Turquie et la France au xxe siècle », Paris,
École normale supérieure, 26-27 mars 2010.
[email protected]
Au musée du Louvre
Sophie CLUZAN
Conservateur du Patrimoine, au département
des Antiquités orientales – Syrie (du Levant
à Mari à l’âge du Bronze), Chypre (âge du
Bronze, début du Ier millénaire)
Publications
Cluzan (S.) et Ferzat-Taraqji (A.), « Rapport de
la mission archéologique de Tulul el-Far
(2009-2010) », Annales archéologiques arabes
syriennes, 2010.
« La statue d’Ebih-il de Mari. Nouvelles réflexions »,
dans Actes du colloque pour le LXXVe anniversaire de la découverte de Mari, Damas, 2010.
Conférences, colloques
« Soixante-quinzième anniversaire de la découverte de Mari », Damas, octobre 2010.
Instances officielles extérieures
Instance du Louvre pour le projet international des musées syriens.
Membre de la mission archéologique syrofrançaise de Ras Shamra-Ougarit (glyptique), Maison de l’Orient, CNRS, Lyon
[email protected]
Annabelle COLLINET
Ingénieur d’études, collaborateur scientifique
au département des Arts de l’Islam – Collections des arts de la céramique et du métal en
Iran oriental et Asie du Sud
[email protected]
Dominique CORDELLIER
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Arts graphiques – Écoles
française et italienne des xve-xvie siècles
Publications
Texte sur « La chapelle de la Trinité au château
de Fontainebleau » et notices des dessins de
Dubois et Fréminet, dans Henri IV à Fontainebleau. Un temps de splendeur, catalogue
de l’exposition (château de Fontainebleau,
7 novembre 2010 – 28 février 2011), Paris,
RMN, 2010.
Notices sur Louis Antoine et Véronique Prat,
Toussaint Dubreuil et Georges Pébereau,
pour la mise à jour du Répertoire des marques
de collection de Frits Lugt (avec L. Lhinares).
Contribution à la réunion et à la réédition
des articles de Jean-Pierre Cuzin sur le
caravagisme, sous le titre Figures de la réalité. Caravagesques français, Georges de La
Tour, les frères Le Nain, Paris, Hazan, 2010
(avec M. Laclotte, A. Lenormand-Romain,
D. Salmon et Ch. Volle).
Toussaint Dubreuil, premier peintre d’Henri IV,
catalogue de l’exposition (Paris, musée du
Louvre, 25 mars – 21 juin 2010), Paris, Musée du Louvre éditions, et Milan, 5 Continents, 2010.
Enseignement, cours
Université Paris IV-Sorbonne : Membre du
jury de soutenance du master 2 d’Hélène
Gasnault sur Léonard Thiry, 30 septembre
2010.
Participation au comité de rédaction de Grafica d’Arte, Milan.
Conférences, colloques
« Primaticcio, Lorenzo Penni et Jean Goujon, tra
Bologna e Francia: andata e ritorno », au colloque « Crocevia e capitale della migrazione
artistica: forestieri a Bologna e bolognesi nel
mondo (XVI secolo) », Bologne, 11-13 mai
2009 (actes publiés à Bologne, Bononia University Press, 2010).
« Les modèles gravés et dessinés des figures
dans les dessins et les estampes de Jacques
Androuet Du Cerceau », à la journée d’étude
autour de l’ouvrage Androuet Du Cerceau,
un architecte visionnaire, organisée avec le
concours de l’Institut national d’histoire de
l’art et du Centre André Chastel (CNRS –
université Paris IV-Sorbonne), 15 avril 2010.
« Sur quelques apports florentins à la peinture française de la première moitié du
xvie siècle », au colloque « Peindre en France
à la Renaissance. Courants stylistiques
au temps de Louis XII et de François Ier »,
Genève, université et musée d’Art et d’Histoire, 30 octobre 2010.
« Toussaint Dubreuil comme copiste de MichelAnge et possesseur de dessins de MichelAnge ou d’après Michel-Ange », au colloque
international « Michelangelo als Zeichner »,
Vienne, Graphische Sammlung Albertina,
19 novembre 2010 (intervention en italien).
« Nouveaux repères pour le dessin et la peinture de la seconde école de Fontainebleau »,
au colloque « Autour d’Henri IV : figures
du pouvoir, échanges artistiques », Paris,
Institut national d’histoire de l’art, 20 novembre 2010.
Magali COUDERT
Commissariat d’expositions
« Toussaint Dubreuil, premier peintre d’Henri IV », Paris, musée du Louvre, 25 mars –
21 juin 2010.
Contribution (avec L. Lhinares) à la présentation des dessins dans « Un signe de distinction du dessin : la marque de collection »,
musée du Louvre, salle d’actualité des Arts
graphiques, 17 mars – 22 juin 2010 : choix
des œuvres, corédaction de cartels et panneaux didactiques.
Contribution (avec M.-L. Bernadac) à la présentation des œuvres de « William Kentridge,
carnet d’Égypte », musée du Louvre, salle
d’actualité des Arts graphiques, 1er juillet –
30 août ; rédaction du texte pour le dossier
de presse sur les dessins anciens, accrochage
et rédaction des cartels des dessins du fonds
du musée du Louvre et du musée d’Orsay.
Instances officielles extérieures
Relation avec la Société du Salon du dessin et
préparation de la réception du 22 mars 2010.
Participation au comité de rédaction de La
Revue des musées de France. Revue du Louvre.
[email protected]
Collaboratrice scientifique au service du Récolement des dépôts antiques et des arts de l’Islam
Instances officielles extérieures
Membre de l’équipe pluridisciplinaire de fouilles
de nécropoles – en tant qu’archéologue spécialisée sur la période romano-byzantine – Alphanécropolis, dirigée par F. Dunand, professeur
émérite d’histoire des religions à l’université
Marc-Bloch, Strasbourg, UMR 7044, et membre
de l’équipe de fouilles d’El-Deir.
[email protected]
Anne COULIÉ
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Antiquités grecques, étrusques
et romaines – Archéologie grecque, céramique,
histoire des collections
Publications
« Deux vases monumentaux du Maître du
Dipylon au musée du Louvre», La Revue des
musées de France. Revue du Louvre, 1, février
2010, p. 22-30.
Compte rendu de J. de La Genière (dir.), « Les
clients de la céramique grecque », dans
Cahier du Corpus Vasorum Antiquorum, I,
Paris, Académie des inscriptions et belleslettres, 2010-1, p. 76-79.
Enseignement, cours
École normale supérieure : Dans le cadre
de la préparation au concours de l’École
française d’Athènes, cours de céramique
grecque dispensé dans la galerie Campana.
Instances officielles extérieures
Chercheur associé à l’UMR 7041 ArScAn
(Archéologie et sciences de l’Antiquité).
[email protected]
Nathalie COUTON-PERCHE
Documentaliste scientifique, au département
des Antiquités égyptiennes, dessinatrice archéologique
Publications
« Étude et restauration des pointes de flèche »
(avec L. Levroux), dans Méroé. Un empire sur
le Nil, catalogue de l’exposition (Paris, musée
du Louvre, 26 mars – 6 septembre 2010), sous
la dir. de Baud (M.), Paris, Musée du Louvre
éditions, et Milan, Officina Libraria, 2010,
p. 134-135.
[email protected]
279
Annuaire des chercheurs
Lucie CUQUEMELLE
Élisabeth DELANGE
Régisseur à la Délégation à la conservation
préventive et à la coordination des régies –
Chantiers des collections
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Antiquités égyptiennes
Enseignement, cours
Université Rennes 2 : 1re année de licence,
cours sur « Le métier de régisseur d’œuvres
dans un musée ».
Instances officielles extérieures
Membre du conseil d’administration de l’Association française des régisseurs d’œuvres d’art.
Publications
« Le lit funéraire de Djéhoutyhétep. Notes
d’archives » (avec P. Rigault), Revue d’égyptologie, 2009, p. 63-69.
Instances officielles extérieures
Chercheur associé à l’UMR 8167 « Orient et Méditerranée, mondes pharaoniques » (CNRS).
[email protected]
[email protected]
Claire DéLéRY
Frédéric DASSAS
Conservateur du Patrimoine, au département
des Objets d’art – Collections de la seconde moitié du xviie et du xviiie siècle : mobilier, tapisseries, bronzes d’ameublement, lambris, objets de
vitrine ; chargé de mission pour la coordination
du travail de rénovation des salles du xviiie siècle
Enseignement, cours
École du Louvre : Dans le cadre du cours organique d’histoire des arts décoratifs, cycle de
trois ans sur « André Charles Boulle, le mobilier
en marqueterie de métal et les collectionneurs
de mobilier précieux de 1670 à la Révolution. »
Institut national du patrimoine : Membre du
jury du concours, correcteur spécialisé pour
la période moderne.
Conférences, colloques
« Imitation et crise du modèle au xviiie siècle : la
musique comme possible voie de salut », au
colloque « La musique face au système des
Beaux-Arts ou les vicissitudes de l’imitation
(1690-1803) », Paris, Centre allemand d’histoire de l’art, 17 février 2010.
Instances officielles extérieures
Membre du comité de rédaction de la Revue de l’art.
[email protected]
Élisabeth DAVID
Chargée d’études documentaires au département des Antiquités égyptiennes, membre de
la mission archéologique du Louvre à Mouweis
(Soudan)
Enseignement, cours
École du Louvre : Travaux pratiques destinés
aux commissaires-priseurs stagiaires (cours
de M. Étienne).
Université Paris IV-Sorbonne : Tutorat de
Maryline Sellier, stagiaire au département
des Antiquités égyptiennes.
Instances officielles extérieures
Chercheur associé à l’UMR 8167 « Orient et Méditerranée, mondes pharaoniques » (CNRS).
280
[email protected]
Céramologue, collaboratrice scientifique au
département des Arts de l’Islam – Collections
Espagne Maghreb Ifriqiya
Publications
« La céramique à décor de cuerda seca », dans
Matériaux du patrimoine culturel. Des décors
de céramique sous le regard des scientifiques,
sous la dir. de Chapoulie (R.), Pessac, Presses
universitaires de Bordeaux, 2010.
Enseignement, cours
École du Louvre : Travaux dirigés du cours
organique d’histoire des arts de l’Islam.
[email protected]
Vincent DELIEUVIN
Conservateur du Patrimoine, au département
des Peintures – École italienne du xvie siècle
Publications
Notice sur le Saint Jean Baptiste de Léonard de
Vinci, dans I grandi bronzi del battistero. Giovanfrancesco Rustici e Leonardo, catalogue de l’exposition (Florence, Museo Nazionale del Bargello, 10 septembre 2010 – 10 janvier 2011),
sous la dir. de Mozzati (T.), Paolozzi Strozzi (B.)
et Sénéchal (Ph.), Florence, Giunti, 2010.
Conférences, colloques
« Les tableaux de Léonard de Vinci pour la
France », au colloque « La France et l’Europe
autour de 1500 : croisements et échanges
artistiques », Paris, École du Louvre, 9-11 décembre 2010.
[email protected]
Françoise DEMANGE
Conservateur en chef du Patrimoine, au département des Antiquités orientales – Collections
de la Mésopotamie centrale et méridionale, de
la péninsule Arabique et d’Anatolie
Publications
André-Salvini (B.), Demange (F.), Al-Ghabban (A. I.), Juvin (C.) et Cotty (M.), dir.,
Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du
royaume d’Arabie Saoudite, catalogue de l’exposition (Paris, musée du Louvre, 14 juillet – 27 septembre 2010), Paris, Musée du
Louvre éditions et Somogy, 2010 : direction
de l’ouvrage ; « Les caravanes de l’encens »,
p. 132-133 ; 26 notices.
Paru en anglais : Roads of Arabia. Archaeology
and History of the Kingdom of Saudi Arabia et
en arabe : ‫ةيبرعلا ةكلمملا راثآ عئاور‬
‫ةيدوعسلا‬. ‫ «( ةميدقلا ةراجتلا قرط‬Sur
les anciennes routes de commerce. Chefsd’œuvre des antiquités du royaume d’Arabie Saoudite »).
André-Salvini (B.), Demange (F.), Al-Ghabban (A. I.) et Juvin (C.), dir., Rutas de Arabia.
Tesoros arqueológicos del reino de Arabia Saudí
(Rutes d’Aràbia. Tresors arqueològics del regne
d’Aràbia Saudita), catalogue abrégé pour la présentation à Barcelone (La CaixaForum, 19 novembre 2010 – 20 février 2011), Barcelone,
Fundación « La Caixa » et Turner, 2010, 14 p.
André-Salvini (B.) et Demange (F.), « Mission
archéologique en Arabie. Choix de photographies
prises par les RR. PP. Jaussen et Savignac », Feuillet de l’Actualité du département des Antiquités
orientales, 16, du 6 juillet au 29 novembre
2010, 4 p.
Notice, dans Du corps aux étoiles. Au miroir de
la médecine ancienne, catalogue de l’exposition (Genève, Fondation Martin Bodmer,
30 octobre 2010 – 30 janvier 2011), sous
la dir. de Andiran (G. d’), Genève, 2010 :
no 13, p. 155.
Notices, dans Civilisations oubliées de l’Anatolie
antique, catalogue de l’exposition (Bordeaux,
musée d’Aquitaine, 19 février – 16 mai
2010), sous la dir. de Courtils (J. des) et
Cavalier (L.), Pessac, Presses universitaires de
Bordeaux, 2010.
Mille (B.), Gajda (I.), Demange (F.), Pariselle (C.), Coquinot (Y.), Porto (E.), Tavoso (O.) et Zink (A.), « Hawtar Hathat fils de
Radawhil du lignage de Shalalum. Étude
d’une grande statue de bronze du royaume
de Saba’ Yémen) », dans Monuments et
mémoires de la fondation Eugène Piot, t. 89,
2010, Académie des inscriptions et belleslettres, Paris, p. 5-68.
« La route des caravanes », L’Archéo-Théma, 9,
juillet-août 2010, p. 20-23.
André-Salvini (B.), Demange (F.) et Juvin (C.),
« L’Archéologie en Arabie Saoudite », L’ArchéoThéma, 9, juillet-août 2010, p. 5-12.
Demange (F.) et Juvin (C.), « Routes d’Arabie, découvertes et trésors », Grande Galerie. Le Journal du Louvre, 12, juin-août 2010, p. 64-77.
Enseignement, cours
École du Louvre : Cours organique d’archéologie orientale, « La glyptique et son message :
le IIIe millénaire » (1er semestre 2010-2011).
Conférences, colloques
« Le sceau-cylindre du scribe Ibni-Sharrum », à
« L’Œuvre en scène », Paris, auditorium du
Louvre, 9 juin 2010.
Au musée du Louvre
Organisation (avec B. André-Salvini) du programme du colloque « Histoires d’Arabie »,
Paris, auditorium du Louvre, 25 septembre 2010.
Commissariat d’expositions
« Routes d’Arabie. Archéologie et histoire du
royaume d’Arabie Saoudite », musée du
Louvre, 14 juillet – 27 septembre 2010 (avec
B. André-Salvini, A. I. Al-Ghabban et C. Juvin).
Exposition-dossier « Mission archéologique
en Arabie. Choix de photographies prises
par les RR. PP. Jaussen et Savignac », musée
du Louvre, salle d’actualité du département
des Antiquités orientales, 6 juillet 2010 –
8 mars 2011 (avec B. André-Salvini).
[email protected]
Sophie DESCAMPS
Conservateur en chef du Patrimoine, au
département des Antiquités grecques, étrusques
et romaines – Archéologie grecque et romaine,
bronzes et plombs, histoire des collections
Publications
« Couleurs originelles des bronzes grecs et
romains. Analyses de laboratoire et patines
intentionnelles antiques », dans Minh-Thu
Dinh (dir.), La Chimie et l’art. Le génie au
service de l’homme. Actes du colloque, Paris,
28 janvier 2009, Les Ulis, EDP Sciences (Actualité chimique – Livres), 2010, p. 115-127.
Enseignement, cours
Aix-en-Provence, Maison méditerranéenne des
sciences de l’homme, Centre Camille Jullian :
Intervention dans le cadre du séminaire dirigé par A. Hermary, département des Sciences
de l’Antiquité, « Cuivre noir, κύανος et bronze
de Corinthe », 24 mars 2010.
École du Louvre : 1re année 1er cycle, dans le
cadre des cours en techniques de création,
cours sur les « Techniques des bronzes grecs
et romains » ; cours du soir Rachel Boyer
destinés aux auditeurs, « Techniques des
bronzes grecs et romains ».
Maison de l’archéologie et de l’ethnologie,
université Paris X Nanterre : Intervention dans le cadre du séminaire dirigé par
A.-M. Guimier-Sorbets et K. ChryssanthakiNagle, « Le Service archéologique de l’armée
d’Orient et la Macédoine antique. Fouilles
durant la Première Guerre mondiale dans
la région de Thessalonique », 31 mars 2010.
Instances officielles extérieures
Membre du comité de la Société française
d’archéologie classique
[email protected]
Publications
Dion-Tenenbaum (A.) et Préaud (T.), Le Service
Encyclopédique de la manufacture de Sèvres,
Paris, Musée du Louvre éditions et Somogy
(Solo), 2010.
Napoléon et le Louvre, catalogue de l’exposition
(Moscou, Musée historique d’État, 21 septembre – 10 décembre 2010), Paris, 2010 :
« Le sacre de Napoléon », p. 50-51 (en français,
p. 352-353) ; « Le Louvre et l’art contemporain »
avec Isabelle Leroy-Jay-Lemaistre, p. 230-233
(en français, p. 357-358) ; « Les manufactures »,
p. 256-257 (en français, p. 358-359) ; notices
no 12, p. 66-67 ; no 30, p. 110-113 ; nos 36-37,
p. 124-125 ; nos 83 à 87, p. 244-255 ; nos 89 à 94,
p. 262-271 ; et no 111, p. 312-313.
« Deux chaises pour le roi de Rome », Grande
Galerie. Le Journal du Louvre, 14, décembre
2010 – février 2011, p. 91.
« Néo-Renaissance et arts décoratifs : Du Cerceau
à l’heure de l’éclectisme », dans « Androuet Du
Cerceau 1520-1586. L’inventeur de l’architecture
à la française ? », Dossier de l’art, 171, février
2010, p. 62-67.
« Les fournitures de Biennais pour le mariage :
un luxe sans précédent », dans 1810. La politique de l’amour. Napoléon et Marie-Louise à
Compiègne, catalogue de l’exposition (Compiègne, musée national du château, 28 mars
– 19 j