Remise en contexte du document
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1 Athènes au temps de la Grèce antique, plus précisément à l’époque classique est une société complexe. Après les guerres médiques, il y a un perfectionnement de la politique qui permet de déclarer qu’il s’agit d’une démocratie. Au sein de cette démocratie, il y a des acteurs sociaux, qui ont chacun leurs droits et devoirs tout dépendants de leur place dans la cité. Dans le premier chapitre de La République des Athéniens, il est question de la démocratie. Xénophon, l’auteur, essaie de démontrer comment les Athéniens réussissent à bien faire fonctionner leur système politique. Mais il ne s’arrête pas là. Il aborde aussi la question des esclaves et des métèques qui sont une partie importance des habitants de la cité. En effet, « une seule fraction de la population habitant le territoire de la cité constituait cette cité » 1 . Cette étude de cette source débute par une remise en contexte du document. Par la suite, d’un commentaire sur l’extrait, suivi d’une analyse développé par un questionnement sur le document étudié. Pour finir, il y a un bilan d’interprétation du témoignage de Xénophon qui était présent à cette époque. Remise en contexte du document L’extrait étudié provient de La République des Athéniens qui a été écrite par Xénophon. Il a vécu de 427 à 355 avant J.-C. Il fut un citoyen d’Athènes. Il faisait partie de la haute société, les aristocrates, car il était cavalier dans l’armée de la cité-État. Après sa carrière dans l’armée, Xénophon s’installe dans un domaine près de l’Olympie, car il est banni des Athéniens pour les avoir combattus du côté de Sparte. 2 C’est à cet endroit qu’il écrit de nombreux volumes dont l’Économique et la Cyropédie. Il a écrit ses textes, dont La République des Athéniens, en grec ancien. Il n’a pas seulement pratiqué l’écriture, mais il a été dans l’armée et par la suite, il a fait de l’agriculture. À la même époque que lui, il y a d’autres auteurs qui se démarquent. Il y a Platon dans le domaine de la philosophie tel que La République et Aristote qui abordent de nombreux domaines pour élargir ses connaissances telles que la zoologie avec l’Histoire des animaux, la philosophie et la politique dans La Politique. 3 Dans la République des Athéniens, l’auteur écrit que le 1 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, Paris, Aubier, coll. « historique », 1995, p. 15. 2 Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, Le Monde grec antique : des palais crétois à la conquête romaine, Paris, Hachette Supérieur, coll. « Hachette université. Série histoire de l’humanité », 2008 (4e édition), p. 232. 3 Ibid, p. 246-247. 2 gouvernement athénien « n’est pas le meilleur, mais les moyens employés par les Athéniens pour le maintenir sont excellents » 4 . Le moment de la rédaction demeure discuté. Il y a deux dates qui ressortent, la première est vers 378 avant J.-C. Xénophon aurait écrit au roi de Sparte, Agéslias, pour le dissuader de faire une invasion en Attique pour cela, il montre les bons côtés de sa cité d’origine en ce qui concerne la démocratie. La deuxième serait vers les années 424-415 avant J.-C., ainsi Xénophon ne serait pas l’auteur, car il ne serait qu’un enfant. 5 Pour ce travail, l’on va considérer que c’est la première théorie qui est la bonne, car pour la deuxième il y a peu de théorie concernant le contexte de cet écrit, car les principales questions comme : qui est-ce qui l’a écrit et à qui cela était destiné restent sans réponse. D’autant plus qu’il y a un certain nombre d’historiens qui s’entendent sur le fait que c’est Xénophon qui a écrit la République des Athéniens. Ainsi, Xénophon a écrit ce texte lorsqu’il était à Scillonte près d’Olympie 6 , c’est à cet endroit où il a fait de nombreux écrits tout en pratiquant l’agriculture. 7 À l’époque, il y a des luttes entre Sparte, Athènes et Thèbes pour contrôler la Grèce. Athènes vient de se reconstituer une confédération pour entrer dans le conflit de l’hégémonie de la Grèce. 8 Commenter les évènements décrits Dans le texte, l’auteur fait allusion aux bons et aux méchants dans la démocratie. Les bons sont les aristocrates, qui sont éduqués et possèdent les meilleurs moyens pour gouverner. Les pauvres eux sont méchants, car ils ne sont pas cultivés et leur condition les amène à accepter n’importe quoi pour obtenir de l’argent. 9 Par contre, Xénophon est un aristocrate, il lui est impossible de se mettre à la place des pauvres pour les comprendre, alors il se base sur des préjugés qu’il a acquis. C’est le même phénomène qui se produit avec les esclaves et les métèques. De plus, il n’est pas pour ce régime politique, mais pour celui de l’oligarchie. Ainsi, dans le texte, l’auteur énonce les biens 4 Xénophon, Oeuvres complètes, Paris, Garnier-Flammarion, coll. « Granier-Flammarion », 142, vol. 2, 1967, p. 473. 5 Ibid, p. 468-470. 6 Voir en annexe une carte de la Grèce antique. 7 Jean Leclant, dir. Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, Presses universitaires de France, 2005, p. 2303. 8 Françoise Ruzé, op cit., p. 233 9 Xénophon, op cit., p. 474. 3 faits de la démocratie, mais il ne s’empêche pas de dire que les aristocrates sont les meilleurs pour gouverner. Alors, même s’il a vécu en tant que citoyen athénien et qu’il est pour l’oligarchie, il ne peut donc pas présenté totalement les bons côtés de ce régime politique, car ce qui peut paraître mal pour lui peut-être bon pour une personne en faveur de la démocratie. Analyse historique Dans La République des Athéniens, Xénophon dit que les esclaves et les métèques « jouissent à Athènes de la plus grande licence » 10 . Est-il vrai qu’ils ont autant de liberté qu’il le prétend? Pour ce faire, une analyse sera faite sur les classes sociales dans la société d’Athènes. Ces classes sont les esclaves, les métèques et l’homme libre; le citoyen. Pour débuter, l’esclave n’est pas un homme libre ou même un étranger, car par définition il est « un bien doté d’une âme » 11 , d’un instrument vivant servant à accomplir des tâches. L’esclave ne peut rien décider en ce qui concerne sa vie amoureuse, les enfants qu’une femme peut mettre au monde et même le droit de vie ou de mort sur sa propre vie. Si un esclave est en fuite, le citoyen qui le voit doit le ramener à son maître, même s’il réussit à quitter la cité. 12 Selon Aristote, un homme est destiné à obéir ou à commander. 13 Cette condition d’obéissance créée cette classe sociale. L’esclave ne peut provenir de la cité elle-même, car un citoyen ne peut être réduit à l’esclavage. Ils provenaient des régions barbares, et des cités grecques vaincues par Athènes. Mais ce sont les barbares, des étrangers de la Grèce, qui étaient le plus répandus. 14 Leurs tâches différaient selon le maître qui les détenait. L’esclave pouvait aller travailler dans les champs, à la maison, prendre soin de la femme du foyer, dans les mines, dans des sanctuaires ou faire des travaux publics. Ainsi, leur difficulté de vie différait selon l’endroit qu’ils étaient utilisés. 10 Ibid, p. 475. Aristote, Politique, I, 1255b32 sqq. cité dans : Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, Paris, Aubier, coll. « historique », 1995, p. 65. 12 Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, op cit., p. 173. 13 Arostite, « Politique ». Histoires des idées politiques : lectures complémentaires, Sherbrooke, 2009, p. 41-42. 14 Moses I. Finley, Économie et société en Grèce ancienne, Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui. Histoire classique », 1984, p. 180. 11 4 Il n’y a pas seulement leur niveau de vie qui changeait tout dépendant de leur fonction : ils pouvaient être proches de leur maître s’il était utilisé aux « bons » endroits. Par exemple, dans les mines, il n’y avait aucune proximité tout ce qui comptait, c’était le travail. Pour ce qui est des domestiques, ils étaient en contact constant avec leur maître, il est donc normal qu’un lien se créé entre les deux personnes. 15 Par contre, les affranchissements sont plutôt rares quelque soit le travail effectué, mais une personne étant plus proche de son maître a plus de chance de devenir libre. S’ils étaient affranchis, c’était à la mort du maître, par son testament, que cela pouvait se produire. Peu importe leur travail, ils ne pouvaient être frappés sans raison particulière. Un esclave pouvait aller trouver asile dans des sanctuaires. Le clergé pouvait entendre ce qu’il avait à dire et il décidait par la suite s’il retournait au maître ou s’il était vendu à une autre personne.16 Ils pouvaient dénoncer leur maître pour le bien de la cité. Par contre, s’ils étaient convoqués pour des procès autres que commerciaux, ils témoignaient seulement que sous la torture, car leur parole n’était pas libre vu leur condition de bien immeuble.17 Ils étaient isolés par la cité, car ils ne pouvaient se trouver dans les gymnases et les palestres, ainsi que de participer à défense la cité. Ils pouvaient être valets d’armes pour leurs maîtres et êtres utilisés parfois comme rameurs dans les trières. 18 Ainsi, la vie d’un esclave est très changeante l’un à l’autre, mais par leur droit et devoir envers la cité, ils étaient tous traités de la même façon. Ensuite, les métèques sont entre deux statuts sociaux. Ils sont libres, mais ne sont pas citoyens. Seulement par leur nom l’on peut voir qu’ils ne sont pas considérés comme un citoyen. Métèque signifie « “celui qui habite avec” ou “parmi, au milieu de” » 19 . Cela leur permet d’acquérir davantage de droits et devoirs qu’un esclave, mais moins qu’un citoyen. À l’aide des taxes l’on peut voir facilement leur statut. Lorsqu’une personne est établie à Athènes depuis un mois environ, l’étranger doit s’inscrire dans le dème, et ce, 15 Alain Fouchard, Les systèmes politiques grecs, Paris, Ellipses, coll. « l’Antiquité : une histoire », 2003, p. 61. 16 Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, op cit., p. 174. 17 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 66. 18 Ibid, p. 61-62. 19 Ibid, p. 46. 5 avec l’aide d’un proxène qui sert de témoin à cette inscription. 20 Un proxène étant un citoyen qui « sert de témoin et de garant, mais en vertu de sa seule position personnelle » 21 . Une fois inscrit, il doit aussi payer une taxe d’habitation, le métoikion, que ce soit un homme ou une femme. L’homme étant de douze drachmes et la femme de six. 22 S’il ne paye pas cette taxe, rien n’empêche qu’il soit réduit en esclavage, car vu qu’ils ne sont pas citoyens, ils peuvent devenir un esclave. 23 Un « bon » métèque est une personne qui travaille, ce qui occasionne de l’argent pour la cité. Ils participent aux mêmes taxes que les citoyens. L’eisphora était un impôt où « ils devaient s’acquitter globalement le sixième du montant total de cet impôt levé en temps de guerre » 24 et qui finira par être une taxe fixe avec la montée des dépenses de l’État. Les liturgies, qui sont réservées aux plus riches pour payer des travaux pour la cité, sont aussi faites par les métèques riches. Cette taxe était honorifique pour l’argent donné à la cité, car c’était considéré comme un service donné pour le peuple. Seulement, ils ne peuvent pas participer pour les liturgies qui concernent le militaire et la politique, car ce n’est pratiqué que par les citoyens. 25 L’eisphora et les liturgies suivent le même fonctionnement pour faire payer le citoyen ou le métèque ainsi, c’est par le métoikion que l’on peut déterminer qui est métèque ou non. Les commerçants et les artisans sont les emplois où on les retrouve le plus à Athènes. 26 Par contre, ils peuvent assister aux fêtes de la cité, car c’est permis pour tous les individus. Par contre, ils ne peuvent participer aux fêtes. Pour les Panathénées, ils ne peuvent être en compétition, au théâtre ils ne peuvent qu’observer et lors des fêtes religieuses, ils peuvent parfois porter des offrandes. 27 Dans le système juridique, il y a aussi une démarcation entre les classes. Contrairement aux esclaves, l’étranger a une personnalité juridique et peut détenir des biens mêmes des esclaves. Sauf, qu’il ne peut détenir une terre et par conséquent une maison, car c’est strictement réservé aux citoyens. 28 Il ne peut par contre « intenter une accusation que pour lui-même 20 Marie-Françoise Baslez, L’étranger dans la Grèce antique, Paris, Les Belles Lettres, 2008, p. 138. Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, op cit., p. 172. 22 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 47. 23 Marie-Françoise Baslez, op cit., p. 128. 24 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 47. 25 Marie-Françoise Baslez, op cit., p. 135. 26 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 51. 27 Marie-Françoise Baslez, op cit., p. 136. 28 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 50. 21 6 alors que […] le droit de déclencher une action est ordinairement reconnu au “premier venu” des citoyens » 29 . De plus, lorsqu’il déclenche une action, il doit avoir avec lui un proxène. Sans lui, l’action du métèque n’est pas considérée valable. 30 Un étranger peut devenir un citoyen pour un grand service rendu à la cité, mais cela ne se fait qu’avec l’obtention de 6000 votes en sa faveur. 31 Au niveau politique, le métèque est exclu des lieux politiques et ne peut donc participer aux prises de décisions. Dans le même principe, il ne peut être juge pour des questions juridique, ce qui fait que lors d’un jugement, le métèque est toujours jugé par des citoyens ce qui peut le défavoriser face à un Athénien. 32 En de rares occasions, le métèque participe aux combats, sans même avoir eu de formation militaire. Il ne peut pas avoir une autre position que dans l’infanterie lourde et il doit se procurer lui-même son équipement. 33 Par la suite, le citoyen peut être une femme et un homme, mais ici ne sera abordé que l’homme. La femme le sera à l’occasion, mais il sera précisé le moment venu. À Athènes, le citoyen est issu du sol. Il y a une idée dans laquelle il faut garder le sang pur. Les mariages mixtes avec des étrangers ne sont pas permis, il faut que ce soit deux personnes citoyennes. Si un mariage mixte arrive, l’enfant ne sera pas un citoyen et perdra donc les droits et devoirs d’un citoyen, même si l’un des parents l’est depuis plusieurs générations. 34 Au IVe siècle avant J.-C., il n’y a pas eu plus de huit mariages mixtes à Athènes. 35 Ainsi, l’on peut voir que les mesures prises pour garder la citoyenneté dans un cercle restreint ont relativement bien fonctionné. Un moment essentiel pour que l’enfant soit déterminé comme un citoyen, est dès la naissance, le père doit présenté l’enfant à la phratrie 36 et qu’elle l’accepte. S’il n’est pas accepté, la citoyenneté lui est refusée. C’est donc cette présentation cruciale qui prouve la citoyenneté de l’enfant. 37 L’éducation d’un homme citoyen consistait à apprendre des textes par cœur de la culture traditionnelle tel 29 Marie-Françoise Baslez, op cit., p. 137. Alain Fouchard, op cit., p. 66. 31 Marie-Françoise Baslez, op cit., p. 97. 32 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 53. 33 Marie-Françoise Baslez, op cit., p. 135. 34 Ibid, p. 94. 35 Ibid, p. 96. 36 C’est une association de familles qui sont liées par des cultes religieux, en quelque sorte, une petite communauté. 37 Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, op cit., p. 171-172. 30 7 qu’Homère et Solon. Cette éducation n’était pas obligatoire pour les garçons, mais les filles étaient éduquées au choix du père. L’éducation n’était pas sous la charge de l’État, ce qui veut dire qu’elle n’était pas obligatoire, mais très répandue à l’époque classique. Vers la fin de l’adolescence, le futur citoyen reçoit une formation militaire, l’éphébie, entre 18 et 20 ans. 38 Cette formation n’est réservée qu’aux citoyens, donc le métèque ne peut avoir accès à cet apprentissage. Après cette formation, ils pouvaient mobiliser jusqu’à l’âge de soixante ans tout dépendant des capacités de la personne. Les trois premières classes étaient inscrites pour pouvoir faire partie de la phalange hoplitique. La dernière classe n’était pas inscrite à cause du coût de l’équipement que le citoyen devait se procurer par ses propres moyens. 39 Lorsqu’il est majeur, le citoyen doit suivre les droits et les devoirs pour être un bon citoyen. Le premier droit est d’avoir une terre. Ce n’étaient pas tous les citoyens qui en avaient une, mais ils y avaient tous droits. 40 En ce qui concerne les taxes elles n’étaient pas pour tous les citoyens, elle était pour ceux qui étaient capables de payer la taxe. Ainsi, les plus pauvres en sont épargnés. L’eisphora était réservé aux trois plus hautes classes, soit, en ordre, Pentacosiomédimnes, les Hippeis qui sont des cavaliers et les Zeugites. Les liturgies sont réservées aux deux plus grandes classes économiques. 41 Pour ce qui est de la participation aux cultes civiques ou religieux, le citoyen y a une place privilégiée. Il n’y a que lui qui peut participer aux compétitions des Panathénées, au théâtre ce n’est que les citoyens qui peuvent y être acteurs, et pour les cultes religieux, il y a des moments qui sont réservés seulement aux citoyens de la cité. 42 L’Ecclésia était une assemblée où « tous les citoyens athéniens avaient non seulement le droit, mais le devoir d’assister à ses séances » 43 . Lors des assemblées, tous les citoyens, peu importe leur richesse, pouvaient « proposer une motion » ou un amendement au probouleuma 44 . Tout était réglé à la majorité avec le vote à main levée sauf pour des choses plus graves telles que l’ostracisme qui étaient faites en 38 Alain Fouchard, op cit., p. 43 et 46. Ibid, p. 49. 40 Ibid, p. 51. 41 Ibid, p. 48. 42 Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, op cit., p. 127-128. 43 Claude Mossé, Les institutions grecques à l’époque classique, Paris, Armand Colin, coll. « Cursus. Série histoire », 1999 (6e édition), p. 36. 44 C’est un projet de loi établit par le conseil qui devait être accepté par l’Ekklésia. 39 8 secret sur des ostrakas. Ainsi, l’autorité souveraine de la cité c’est l’Ecclésia, car même pour déclarer la guerre ou la paix c’est à cette assemblée de le déterminer. 45 L’Héliée était un tribunal, mais ce n’est pas avant l’âge de 30 ans qu’un citoyen pouvait y appartenir. Chaque année étaient tirés au sort 6 000 citoyens parmi les dix tribus avec 600 citoyens dans chacun. Ils étaient répartis dans les différents domaines à juger en s’assurant de bien mélanger les dèmes. Pourquoi de telles mesures? Un dème représente une commune à l’intérieur de la tribu, donc c’est une petite quantité de gens vivant près l’un de l’autre qui sont regroupés ensemble. 46 Ces mesures font en sorte qu’il n’y ait pas de corruption venue le moment du vote. Lorsqu’était venu le temps de voter si l’accusé était coupable ou non. Le vote étant secret, chacun disposait de deux pierres, l’une pour le disculpé et l’autre pour l’accuser. 47 Si un citoyen est condamné pour un délit grave, il pouvait recevoir comme sentence l’atimie. Il s’agit de la perte de certains droits civils, mais cela ne s’appliquait qu’au citoyen et non aux générations suivantes de ce citoyen.48 Bilan d’interprétation du témoignage La République des Athéniens traite des biens faits de la démocratie à Athènes. Xénophon approuve le fait que les citoyens veulent participer à la politique, mais pas dans tous les secteurs. Il établit que les aristocrates sont bons et que le reste du peuple est méchant à cause de leur ignorance et de leur recherche d’un gagne-pain pour faire vivre leur famille. Puis, il termine par la liberté qui est présente parmi les citoyens, mais aussi chez les esclaves et les métèques. Comme il a été mentionné plus haut, Xénophon parle de bon et mauvais citoyen. Selon la pensée grecque, il s’agit « d’imiter l’aristocratie, son éducation, d’admettre ses valeurs » 49 . Alors, l’auteur suit la pensée de l’époque disant que sa classe sociale est à imiter, qu’elle est la meilleure. Mais cette logique pousse les aristocrates à ne pas 45 Claude Mossé, Les institutions grecques à l’époque classique, op cit., p. 46. Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, op cit., p. 136-137. 47 Claude Mossé, Les institutions grecques à l’époque classique, op cit., p. 73-79. 48 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 23-24. 49 H.-I. Marrou, Histoire de l’éducation, 3e édition 1955, p.77-80. cité dans Alain Fouchard, Aristocratie et démocratie : idéologies et sociétés en Grèce ancienne, Besançon, Annales littéraires de l'université de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires de l'université de Franche-Comté », 656, 1997, p. 310 46 9 comprendre les plus pauvres qui ne peuvent suivent la même vie qu’eux. Il est normal que le peuple soit à la recherche d’un gagne-pain, car la dernière classe sociale ne paye pas de taxe et ne peut être hoplite, car ils n’ont pas assez d’argent pour payer ce qui est demandé. 50 Ainsi, il est normal qu’une de ces personnes ne puisse payer une éducation à ses enfants. Cette éducation n’est pas obligatoire, mais primée. D’autant plus que l’État n’aide pas à payer ces frais. 51 De plus, comme l’éducation est payée par la famille, elle n’est pas la même pour tous et n’est donc pas de la même qualité. Ce qui peut expliquer pourquoi Xénophon dit que c’est chez le peuple « qu’on retrouve le plus d’ignorance » 52 . Il est donc normal que ce qui prime ce soit le travail et non la politique pour ces personnes, car ils ont un grand besoin d’argent pour survivre. Cependant, l’on peut comprendre grâce à ce texte une manière de pensée de l’époque. Par la suite, Xénophon dit que les esclaves et les métèques « jouissent à Athènes de la plus grande licence » 53 . En fait, pas vraiment. L’homme libre ne peut effectivement pas frapper un esclave sans raison, mais lorsqu’il est convoqué pour témoigner dans un tribunal la torture est utilisée pour qu’il parle. 54 De plus, tout dépendant de l’endroit où est utilisé l’esclave, il peut avoir une vie très dure. Les mines en sont un parfait exemple. Il ne faut pas oublier qu’un esclave n’est même pas considéré comme une personne, mais un bien immeuble et qu’il appartient en toutes lettres au maître. 55 Les métèques eux sont libres, mais ils peuvent devenir esclaves s’ils reçoivent une sentence de la part des citoyens ou bien qu’ils ne payent pas leurs taxes. 56 Ce qui ne peut pas arriver aux citoyens, car à Athènes l’on ne peut asservir un citoyen. De plus, même s’il est libre, l’étranger ne peut être totalement indépendant comme un citoyen, car il doit avoir un proxène avec lui lorsqu’il s’inscrit dans le dème auquel il va appartenir et lorsqu’il fait une accusation. Sans lui, c’est comme s’il n’y avait rien eu qui avait été faite.57 Donc, sur ce point Xénophon n’est pas une source à suivre. 50 Alain Fouchard, op cit., p. 48-49. Ibid, p. 46. 52 Xénophon, op cit., p. 474. 53 Ibid, p. 475. 54 Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, op cit., p. 66. 55 Aristote, Politique, I, 1255b32 sqq. cité dans : Claude Mossé, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien, Paris, Aubier, coll. « historique », 1995, p. 65. 56 Alain Fouchard, op cit., p.67. 57 Alain Fouchard, Les systèmes politiques grecs. Paris, Ellipses, coll. « l’Antiquité : une histoire », 2003, p. 66-67. 51 10 Pour conclure, La République des Athéniens aborde la démocratie et la société selon Xénophon à l’époque classique. Cet extrait a permis de comprendre les classes de la société et ce qui les distinguait l’une de l’autre. En effet, les esclaves, les étrangers et les citoyens n’ont pas les mêmes droits et les mêmes devoirs envers la cité. Le fait que Xénophon soit aristocrate et pour l’oligarchie a fait en sorte qu’il avait des points de vue qui divergeaient avec la réalité du peuple. Mais il n’y a pas seulement ceci que ce texte peut nous amené à comprendre. Xénophon dit que les « pauvres et le peuple jouissent de plus d’avantages que les nobles et les riches, et la raison en est que c’est le peuple qui fait marcher les vaisseaux et qui donne à la cité sa puissance »58 . Ainsi, il serait intéressant de développer cet aspect entre les riches et les pauvres dans le système politique et de voir si son goût pour l’oligarchie et sa position sociale influence toujours ce nouvel objet d’étude. 58 Xénophon, op cit., p. 473. 11 ANNEXE : Carte de la Grèce antique 59 59 Françoise Ruzé, Marie-Claire Amouretti et Philippe Jockey, Le Monde grec antique : des palais crétois à la conquête romaine, Paris, Hachette Supérieur, coll. « Hachette université. Série histoire de l’humanité », 2008 (4e édition), p. 346. 12 Bibliographie ARISTOTE. Politique, I, 1255b32 sqq. ARISTOTE. « Politique ». Histoires des idées politiques : lectures complémentaires, Sherbrooke, 2009,128 p. BASLEZ, Marie-Françoise. L’étranger dans la Grèce antique. Paris, Les Belles Lettres, 2008, 412 p. FINLEY, Moses I. Économie et société en Grèce ancienne. Paris, La Découverte, coll. « Textes à l’appui. Histoire classique », 1984, 320 p. FOUCHARD, Alain. Aristocratie et démocratie : idéologies et sociétés en Grèce ancienne. Besançon, Annales littéraires de l'université de Franche-Comté, coll. « Annales littéraires de l'université de Franche-Comté », 656, 1997, 526 p. FOUCHARD, Alain. Les systèmes politiques grecs. Paris, Ellipses, coll. « l’Antiquité : une histoire », 2003, 175 p. LECLANT, Jean, dir. Dictionnaire de l’Antiquité. Paris, Presses universitaires de France, 2005, 2357 p. MOSSÉ, Claude. Les institutions grecques à l’époque classique. Paris, Armand Colin, coll. « Cursus. Série histoire », 1999(6e édition), 154 p. MOSSÉ, Claude, Politique et société en Grèce ancienne : le « modèle » athénien. Paris, Aubier, coll. « historique », 1995, 242 p. RUZÉ, Françoise, Marie-Claire AMOURETTI et Philippe JOCKEY. Le Monde grec antique : des palais crétois à la conquête romaine. Paris, Hachette Supérieur, coll. « Hachette université. Série histoire de l’humanité », 2008 (4e édition), 346 p. XÉNOPHON. Oeuvres complètes. Paris, Garnier-Flammarion, coll. « GranierFlammarion », 142, vol. 2, 1967, 504 p.