Suramortissement : un impact limité sur l`investissement
Transcription
Suramortissement : un impact limité sur l`investissement
Actualité Actualité L’annonce d’un suramortissement exceptionnel pour les investissements industriels réalisés entre le 15 avril dernier et le 14 avril 2016 s’inscrit dans le cadre des efforts effectués par le gouvernement pour améliorer la compétitivité des entreprises. Si celles-ci apprécient la mesure, elles estiment néanmoins qu’elle ne suffit pas, comme la loi Macron dans laquelle elle a été intégrée, à répondre à leurs attentes (voir p. 14). 10 8 6 4 2 0 -2 -4 -6 -8 -10 -12 Compétitivité Des investissements anticipés Bien qu’éphémère, ce dispositif a reçu un accueil très favorable. «Il va indéniablement dans le sens des entreprises qui ont déjà des projets d’investissement et qui paient de l’impôt, estime Michel Buchser. Les chefs d’entreprises concernés se sont rapidement montrés 12 Option Finance n°1323 - Lundi 22 juin 2015 Philippe Wojazer/AP/SIPA L La mesure permettra aux entreprises de bénéficier d’un crédit d’impôt de 13,33 % de la valeur de leurs investissements. intéressés par ce dispositif.» La publication de l’instruction fiscale précisant les modalités précises du dispositif (voir encadré) semble en effet avoir poussé les entreprises qui avaient déjà envisagé de réaliser des investissements à accélérer leur prise de décision afin de les réaliser pendant la période de validité du dispositif. «Nous planifions généralement nos investissements sur une période de deux ans, explique ainsi Bruno Grandjean, président du directoire du constructeur de machines-outils Redex (50 millions d’euros de chiffre d’affaires). Compte tenu de ce dispositif, nous avons décidé d’anticiper certains investissements qui étaient prévus pour les années à venir. Ainsi, nous allons installer 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015* *Prévisions Suramortissement : un impact limité sur l’investissement ’investissement repartirait-il en France ? Après avoir baissé de 0,1 % en 2012, il a progressé de 0,8 % en 2013, puis de 2 % en 2014, selon la dernière note de conjoncture de l’Insee, publiée jeudi dernier. Une progression encourageante, mais encore loin des taux de croissance atteints avant la crise financière, de 4,5 % en 2006 et de 8,8 % en 2007 ! Afin de retrouver cette dynamique, le Premier ministre Manuel Valls a présenté, le 8 avril dernier, une mesure visant à inciter les entreprises à investir davantage dans leur outil de production. Ainsi, les sociétés qui auront réalisé des investissements industriels entre le 15 avril dernier et le 14 avril 2016 pourront bénéficier d’une économie d’impôt. Concrètement, lors d’un investissement, les entreprises qui enregistreront comptablement une dotation aux amortissements pourront fiscalement augmenter cette dernière de 40 %. Un dispositif de suramortissement qui représentera un gain non négligeable pour les entreprises. «A terme, les sociétés qui appliqueront ce régime exceptionnel enregistreront une économie d’impôts de 13,33 % de la valeur de leur investissement», calcule ainsi Michel Buchser, associé responsable de la région Alsace chez In Extenso. Variation annuelle de l’investissement des entreprises non financières en France une nouvelle machine dans notre usine, ce qui représente un investissement supplémentaire de plusieurs centaines de milliers d’euros.» L’Insee estime pour sa part que cette mesure devrait soutenir l’investissement des entreprises en produits manufacturés de 0,6 points au deuxième semestre 2015. Un simple catalyseur Néanmoins, si les entreprises qui étaient déjà dans une dynamique d’investissement vont pouvoir accélérer leur démarche, celles qui, en revanche, n’envisageaient pas du tout d’investir, devraient moins facilement changer d’attitude. «Cette mesure sert uniquement de catalyseur pour les sociétés qui ont Source : Insee FOCUS déjà des projets d’investissements, constate turé, explique Alexandre Montay. Il faut Alexandre Montay délégué général du établir un cahier des charges, réaliser des Mouvement des entreprises de taille intermé- simulations, explorer le marché…» Autant diaire (METI, ex-Asmep-ETI). On peut douter d’étapes cruciales et incontournables en revanche qu’elle générera de nouvelles qui prennent bien souvent plus d’un an décisions d’investissements». Selon le baro- à se concrétiser par un investissement. mètre de la compétitivité des ETI mené par «Par conséquent, la durée du dispositif Amundi, le METI et Option Finance (voir p. est aujourd’hui trop courte pour que les 14), la proportion des ETI qui ont pour prio- entreprises lancent de nouveaux projets à rité d’investir dans leur appareil productif temps», poursuit Alexandre Montay. Et ce dans les six prochains mois a même légère- d’autant plus que la mesure annoncée le 8 ment baissé au premier semestre, s’établis- avril dernier a été intégrée au texte de la sant à 52 % au mois de juin, après l’annonce loi Macron… qui n’est toujours pas officieldu dispositif de suramortissement, contre lement adopté. «L’incertitude autour de ce 54 % en février. Le recul est plus net parmi texte ne nous permet pas pour l’instant de les entreprises industrielles ou du secteur de procéder à de nouveaux investissements», la construction (en baisse de 72 % à 66 %), reconnaît Laurent Jamet. même si elles restent davantage prêtes à investir que la moyenne. Une prise de décision plus Il est vrai d’abord que le périmètre du dispo- complexe sitif est restreint. En effet, seuls un certain Surtout, les entreprises ne prennent jamais nombre d’investissements sont éligibles une décision d’investissement uniquement (voir encadré). «S’il est certes important sur la base d’un allégement fiscal. «Ce noude soutenir les projets industriels, de nom- veau dispositif, très favorable aux entreprises breux autres investissements sont cruciaux industrielles qui investissent, n’est qu’un pour la compétitivité des entreprises du élément supplémentaire parmi tous les facpays, comme ceux relateurs qui influent sur une tifs aux nouvelles techdécision d’investissement, nologies et aux outils La durée du rappelle Charles-Antoine informatiques, estime dispositif est trop Blanc, directeur financier Laurent Jamet, direcspécialiste du recyclage courte pour que les du teur financier groupe de Paprec (800 millions d’euMoret Industries notam- entreprises réalisent ros de chiffre d’affaires en ment actif dans la fabri- de nouveaux projets 2014). Les fondamentaux économiques du projet cation d’équipements d’investissements ainsi que les projections de industriels (300 millions à temps. retour sur investissement d’euros de chiffre d’afdemeurent plus imporfaires). Or ils ne sont pas éligibles à cet allégement. Ainsi nous tants.» Plutôt que d’engager dans l’urgence envisageons des évolutions sur notre ERP, des projets dont l’utilité n’est pas totalement mais cet investissement ne pourra pas être démontrée, les entreprises devraient préférer ne pas réaliser d’investissements supplésuramorti.» En outre, le laps de temps pendant lequel mentaires. «Cette année, nous profiterons ce mécanisme est valable est trop court. du dispositif pour les investissements que «Pour les entreprises, le processus de prise nous avions déjà planifiés, poursuit Charlesde décision d’investissement est très struc- Antoine Blanc. Pour autant, je ne suis pas certain que cette mesure nous conduise à investir plus qu’initialement prévu.» Par conséquent, si cette mesure est censée replacer l’investissement productif au centre de la stratégie des entreprises françaises, elle ne semble pas convaincre ces dernières outre mesure. Ainsi, seulement 46 % des entreprises de taille intermédiaire interrogées dans le cadre de la troisième vague du baromètre de la compétitivité des ETI (voir p. 14) se disent convaincues par les annonces du gouvernement en faveur de l’investissement. Pour les entreprises françaises, l’amélioration de la compétitivité nécessite davantage d’efforts de la part de l’exécutif. «Même si cette mesure va évidemment dans la bonne direction, le moyen le plus sûr de soutenir l’investissement est de rétablir les marges des entreprises ce qui ne peut passer que par une baisse durable des charges qui pèsent sur le travail et les autres facteurs de production», estime Gilles Coquelle, vice-président de la commission fiscalité du Medef. A ce titre, les entreprises attendent toujours que les allégements prévus par le pacte de responsabilité de janvier 2014, tels que la baisse des cotisations familiales à certains niveaux de salaires, ou encore la suppression progressive de la C3S, se concrétisent pour les sociétés françaises. n Alexandre Rajbhandari Les modalités de la mesure L es entreprises qui réalisent des investissements entre le 15 avril 2015 et le 14 avril 2016 pourront, pendant toute la durée d’amortissement de leur bien, majorer fiscalement ce dernier de 40 %. Les investissements éligibles concernent : l les matériels et outillages utilisés pour des opérations industrielles de fabrication ou de transformation ; l les matériels de manutention ; l les installations destinées à l’épuration des eaux et à l’assainissement de l’atmosphère ; l les installations productrices de vapeur, de chaleur ou d’énergie ; l les matériels et outillages utilisés à des opérations de recherche scientifique ou technique. La date de prise en compte est celle de l’acquisition du bien ou de sa fabrication. Option Finance n°1323 - Lundi 22 juin 2015 13 FOcus Actualité Actualité Des signaux de reprise Baromètre La troisième édition du baromètre Amundi - METI (excompétitivité Asmep-ETI) - Option Finance sur la compétitivité des ETI des ETI fait état de plusieurs signes d’amélioration encourageants. Ainsi, le sentiment d’alourdissement de la fiscalité marque le pas, et les relations entre les entreprises avec l’administration s’améliorent. Toutefois, l’efficacité des mesures actuellement prises par l’exécutif ne fait pas l’unanimité. L ’horizon s’éclaircit pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI). En effet, alors que jusqu’à présent, le baromètre de la compétitivité des ETI mené par Amundi, le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI, ex-Asmep-ETI) et Option Finance, faisait ressortir des facteurs plutôt négatifs pour la compétitivité de ces entreprises (hausse de la fiscalité et de la charge administrative, baisse de l’investissement, etc.), la troisième vague, réalisée au mois de mai dernier, fait pour sa part état de plusieurs signes de légère amélioration. Un phénomène encore discret, mais qui se ressent dans le regard que ces sociétés portent sur leur propre compétitivité : 94 % des sociétés du panel se considèrent comme assez ou très compétitives contre 90 % lors de l’édition précédente du baromètre. Diriez-vous de votre entreprise qu’elle est aujourd’hui très compétitive, assez compétitive, pas vraiment compétitive, pas du tout compétitive ? 21 % Très compétitive Assez compétitive 73 % Pas vraiment compétitive Pas du tout compétitive 5% 1% Une conjoncture plus favorable Une évolution que les entreprises attribuent avant tout, comme lors des vagues précédentes, à leurs propres efforts. Ainsi, 71 % des sociétés estiment que leur compétitivité Diriez-vous que la compétitivité de votre entreprise au cours des 12 derniers mois s’est fortement améliorée, un peu améliorée, s’est un peu dégradée, s’est fortement dégradée ? Compétitivité dégradée 25 % Fortement dégradée 3% Un peu dégradée 22 % 14 Option Finance n°1323 - Lundi 22 juin 2015 Compétitivité améliorée 8 % NSP 67 % Fortement améliorée 9% Un peu améliorée 58 % s’est améliorée grâce à une amélioration de leur productivité. En outre, 67 % d’entre elles citent leurs efforts en termes de réduction des coûts. Un facteur qui gagne en importance aux yeux des dirigeants interrogés, puisqu’ils n’étaient que 58 % à l’évoquer en février dernier. Toutefois, les entreprises profitent aussi de la conjoncture économique. Ainsi, alors que seulement 9 % des entreprises considéraient que la baisse de l’euro constituait un facteur d’amélioration de leur compétitivité en février dernier, cette proportion a significativement augmenté pour atteindre 20 % cette fois-ci. Si les entreprises considérant que leur compétitivité s’est dégradée au cours de l’année sont aussi nombreuses qu’auparavant (25 % du panel, contre 24 % il y a quatre mois), les raisons qu’elles invoquent pour expliquer ce phénomène évoluent. Ainsi, si la faiblesse de la demande demeure la principale raison de cette dégradation, puisqu’elle est mentionnée par 63 % des répondants, elle est en net recul par rapport à la précédente édition du baromètre (76 %). Les entreprises sont également nettement moins nombreuses à citer la lourdeur des Au cours des 12 derniers mois, comment percevez-vous l’évolution du poids global des taxes et impôts ? Vague 1 Vague 2 Au cours des 12 derniers mois, comment percevez-vous l’évolution du poids des taxes locales et sectorielles (hors IS) ? Vague 3 Vague 1 Vague 2 Vague 3 S’est beaucoup ou un peu alourdi 63 % 71 % 50 % S’est beaucoup ou un peu alourdi 68 % 77 % 57 % Beaucoup alourdi 20 % 19 % 13 % Beaucoup alourdi 23 % 12 % 16 % Un peu alourdi 43 % 52 % 37 % Un peu alourdi 45 % 65 % 42 % Est resté stable 28 % 23 % 43 % Est resté stable 28 % 19 % 41 % A un peu ou beaucoup baissé 9 % 5 % 6 % A un peu ou beaucoup baissé 2 % 2 % 1 % A un peu baissé 9 % 5 % 6 % A un peu baissé 2 % 2 % 1 % A beaucoup baissé 0 % 0 % 0 % A beaucoup baissé 0 % 0 % 0 % Nsp 0 % 1 % 1 % Nsp 2 % 2 % 1 % procédures administratives comme un frein à leur compétitivité (36 % contre 52 % au mois de février) ce qui laisse présager que le choc de simplification pourrait bien commencer à se concrétiser pour les entreprises. Une reprise timide de certains investissements En ce qui concerne le financement, les entreprises ne signalent pas de difficulté nouvelle particulière. En effet, 76 % des sociétés du panel pensent avoir un accès facile au financement en général, et 81 % disposent de moyens suffisants en termes d’autofinancement ou d’endettement pour investir. Une partie d’entre elles ont même repris certains de leurs investissements. En effet, cette fois-ci, 28 % des entreprises disent avoir eu un besoin de financement pour financer leur croissance organique au cours des douze derniers mois, alors qu’elles n’étaient que 19 % dans ce cas en février dernier. De la même manière, 25 % d’entre elles ont dû réaliser une opération de financement pour financer leur croissance externe, contre 19 % il y a quatre mois. Pour l’avenir, les entreprises commencent timidement à revoir à la hausse leurs projets d’investissements. Ceux-ci concernent avant tout la recherche et développement que 54 %, des entreprises citent comme une priorité à six mois, contre 49 % il y a quatre mois, le marketing et la communication (52 % contre 48 %), le recrutement et la formation (52 % contre 46 %), et le financement de leur croissance externe (47 % contre 37 %). En revanche, les velléités d’investissements productifs n’évoluent pas de manière significative, s’établissant à 52 %, contre 54 % lors du précédent baromètre. Une accélération moins forte de la fiscalité Toutefois, la principale amélioration qui ressort de ce baromètre concerne la fiscalité. En effet, alors qu’en février dernier, les entreprises se plaignaient du poids Vous sentez-vous en confiance dans vos relations avec l’administration française dans le cadre de votre entreprise ? 80 70 68 % 59 % 60 50 40 40 % Oui Non 32 % 30 20 73 % Vague 1 Vague 2 27 % Vague 3 croissant de leur imposition, cette fois-ci, l’alourdissement semble se ralentir. Certes, encore la moitié des ETI interrogées considèrent que le poids de leurs taxes et impôts a augmenté au cours des douze derniers Les entreprises commencent à allonger leurs placements de trésorerie pour rechercher de la performance l L’environnement de taux bas continue d’influer sur les choix de placement de trésorerie des ETI. En effet, 39 % des dirigeants interrogés reconnaissent que la faiblesse des taux d’intérêt les a amenés à changer leur stratégie à cet égard au cours des derniers mois. l Pour ces entreprises, la priorité demeure de préserver le capital de l’entreprise (87 % des répondants), ou encore de conserver de la liquidité pour être réactives en cas d’opportunité, notamment de croissance externe (75 %). Si l’allongement de la durée de placements de trésorerie pour rechercher de la performance demeure la dernière des priorités des dirigeants, cette stratégie commence à intéresser de plus en plus de répondants. 39 % d’entre eux disent adopter une telle stratégie, contre 31 % lors de la précédente vague du baromètre. Option Finance n°1323 - Lundi 22 juin 2015 15 FOcus Actualité Parole d’expert Crédit Impôt Recherche (CIR) : une influence qui progresse l L’influence du Crédit Impôt Recherche dans les décisions d’investissement en recherche et développement continue de croître. Ainsi, 45 % des dirigeants interrogés reconnaissent que ce dispositif fiscal a une influence sur leurs décisions d’investissement. Une proportion en hausse de 2 points par rapport à la précédente vague, et de 9 points par rapport à la première. l Cette influence est désormais sensible dans tous les secteurs d’activité. En effet, alors que cette même proportion était plus forte dans l’industrie (56 %) que dans les services (32 %) il y a quatre mois, elle se situe désormais à des niveaux similaires dans les deux catégories (47 % et 42 %). l En revanche le Crédit d’Impôt Recherche demeure plus important pour les entreprises de plus de 500 salariés (52 %) que pour celles qui sont plus petites (36 %). avec l’administration, contre 68 % lors de la précédente vague, et 59 % lors de la première édition. Globalement, faites-vous confiance à la Loi Macron pour contribuer à améliorer la compétitivité de votre entreprise ? 59 % Sous-total non 1 % NSP Sous-total oui 40 % Oui, tout à fait Non, pas du tout 11 % 2% Non, pas vraiment Oui, plutôt 48 % 38 % Faites-vous confiance à ses mesures concernant l’investissement pour contribuer à améliorer la compétitivité de votre entreprise ? Sous-total non 54 % 1 % NSP Non, pas du tout Sous-total oui 46 % Méthodologie du baromètre Oui, tout à fait 9% 5% Oui, plutôt Non, pas vraiment 41 % 45 % Faites-vous confiance à ses mesures concernant la simplification administrative pour contribuer améliorer la compétitivité de votre entreprise ? Sous-total non 59 % 1 % NSP Non, pas du tout 12 % Non, pas vraiment 48 % 16 Option Finance n°1323 - Lundi 22 juin 2015 Sous-total oui 40 % Oui, tout à fait 5% Oui, plutôt 35 % Une action gouvernementale qui doit faire ses preuves Malgré ces points positifs, seuls 21 % des dirigeants interrogés considèrent que leur entreprise est très compétitive. Et les mesures annoncées par le gouvernement pour améliorer cette situation ne semblent pas les convaincre outre mesure. Ainsi, seulement 40 % d’entre eux disent faire confiance à la loi Macron dans son ensemble pour améliorer leur compétitivité. Interrogées sur les aspects plus particuliers des mesures visant à favoriser l’investissement, et à celles de simplification administrative, seulement 46 % et 40 % des sociétés du panel se disent convaincues. Il est vrai que la lenteur de la mise en exécution de ces décisions ne joue pas en faveur de l’exécutif. n Alexandre Rajbhandari Baromètre compétitivité des ETI l Ce baromètre a été réalisé par téléphone, entre le 21 mai et le 5 juin 2015, auprès d’un échantillon de 303 présidentsdirecteurs généraux, directeurs généraux et directeurs financiers d’entreprises de taille intermédiaire (ETI). l Les entreprises interrogées sont à 52 % actives dans les services, et à 47 % dans les secteurs de l’industrie ou de la construction. l 35 % des sociétés de l’échantillon affichent un chiffre d’affaires compris entre 50 et 74 millions d’euros, 29 % entre 75 et 199 millions d’euros, et 37 % de plus de 200 millions d’euros. 46 % d’entre elles comptent moins de 500 salariés, et 54 % en emploient davantage. l Les ETI ont été définies comme comptant : – Entre 250 et 5 500 salariés – Entre 50 millions et 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires Trésorerie «stratégique» des ETI la tendance à l’allongement des maturités s’affirme Thierry Darmon, Responsable adjoint de la gestion obligataire euro et crédit, Amundi fonds de trésorerie suivent des processus d’investissement rigoureux en matière de paramétrage et de suivi des risques. Comment analysez-vous la situation du marché monétaire ? Depuis 2012, l’évolution des taux à court terme est fortement influencée par la politique mise en œuvre par la Banque centrale européenne. Celle-ci a été très active dans un premier temps pour éloigner le risque systémique, puis pour améliorer le climat économique. Elle est intervenue à la fois sur le terrain conventionnel (en baissant les taux d’intérêt jusqu’en zone négative) et non conventionnel (en allongeant la durée des refinancements accordés aux banques, puis en procédant à des achats d’obligations, tournés depuis quelques mois vers les emprunts d’Etat). Cette batterie de mesures a eu une incidence à la baisse sur le niveau absolu des taux monétaires, mais également sur les marges sur le crédit qui se sont, elles aussi, contractées, et enfin sur la volatilité des taux courts, qui s’est fortement réduite. Mais la grande vertu de cette politique réside dans la meilleure visibilité des marchés qu’elle a suscitée, favorisant les conditions de la reprise économique. composante stratégique de leur trésorerie dans des fonds monétaires de maturités plus longues. Nous enregistrons même d’importantes souscriptions dans nos fonds dits de «trésorerie longue», appartenant à la catégorie obligataire, et offrant un couple rendement/risque plus offensif que les fonds de catégorie monétaire. Ce mouvement de rallongement des placements s’observe d’ailleurs parmi les ETI, qui bénéficient de circuits de décision plus courts que leurs homologues de grande taille et/ou cotés en bourse. Quelles sont les conséquences pour les ETI (entreprises de taille intermédiaire) en matière de placement de trésorerie ? Les ETI, comme l’ensemble des entreprises, sont confrontées à une difficulté réelle pour valoriser leur trésorerie. Il y a encore quelques années, elles pouvaient obtenir un rendement compris entre 3 % et 4 %. Actuellement, la rémunération de leurs excédents de liquidités est très modeste, voire négative, en lien avec les rendements du marché monétaire. C’est pourquoi, confortées par cette visibilité accrue du marché monétaire, elles consentent plus volontiers à placer la Quelles sont les solutions proposées par Amundi ? Nous offrons un continuum de solutions qui se déclinent selon l’horizon à partir duquel le trésorier envisage de récupérer les avoirs investis. Cet horizon peut varier de quelques jours, s’agissant de trésorerie opérationnelle, à quelques mois, lorsque le cash investi revêt un caractère plus «stratégique». Fort logiquement, le profil rendement/risque de ces solutions varie de manière croissante en fonction de cet horizon d’investissement. Conformément aux attentes des entreprises, et des ETI notamment, nos Comment sélectionnez-vous les titres ? La toute récente directive CRA (credit rating agencies) interdit toute dépendance mécanique des investissements aux seules notations publiées par les agences spécialisées dans ce domaine. La réglementation des fonds monétaires a ainsi dû abroger une de ses dispositions qui imposait une notation minimale aux investissements effectués par ces fonds. Désormais, le principal critère présidant à toute décision d’achat concerne la «très haute qualité de crédit» que le gestionnaire d’actifs se doit d’associer à tout investissement. Nous nous appuyons chez Amundi sur des équipes d’analystes qui couvrent les émetteurs présents sur le marché monétaire. D’une manière générale, la détermination de la haute qualité de crédit s’effectue en fonction de la qualité de crédit intrinsèque de l’émetteur bien sûr, mais également de l’échéance du placement considéré. Quelles sont les performances des fonds de trésorerie d’Amundi ? La plupart de nos fonds monétaires standards affichent encore des performances* positives comprises entre 0,10 % et 0,20 % en base annualisée. Quant à nos fonds de trésorerie longue, dont l’horizon de placement recommandé s’échelonne entre 6 et 12 mois, leur performance sur les 5 premiers mois de l’année se situe dans une fourchette entre 0,20 % et 0,35 % (non annualisé). Et pour les fonds à profil de risque plus offensif, elle se situe plutôt entre 0,7 % et 1 %. n *Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. Option Finance n°1323 - Lundi 22 juin 2015 Communiqué mois. Néanmoins, elles étaient 71 % à faire ce même constat il y a quatre mois, et 63 % en octobre dernier. L’évolution est similaire en ce qui concerne les taxes locales et sectorielles : 57 % des entreprises estiment que leur poids s’est alourdi au cours des douze derniers mois, contre 77 % en février dernier, et 68 % il y a huit mois. De la même manière, le temps que les entreprises consacrent aux aspects fiscaux croît moins vite qu’auparavant : 44 % des sociétés sondées estiment que le temps passé sur ces problématiques a augmenté au cours de l’année écoulée, contre 54 % au mois d’octobre 2014. Par conséquent, la confiance que les entreprises ont dans leur relation avec l’administration continue de progresser. Ce sont désormais 73 % des entreprises interrogées qui se sentent en confiance 17