Comment je suis devenu une agence itinérante
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Comment je suis devenu une agence itinérante
Comment je suis devenu une agence itinérante de tourisme Cubain… Création 2007 Théâtre de Léthé – Compagnie Camilla Saraceni Production du Théâtre de Léthé à Paris Compagnie Camilla Saraceni en co-production avec le Théâtre de l’Agora scène nationale d’Evry et de l’Essonne avec l’aide du Conseil Régional d’Ile de France, de la SACD. Avec le soutien du TOP – Boulogne-Billancourt et du Moulin d’Andé. La compagnie est associée pour un compagnonnage artistique au Théâtre de l’Agora pour la saison 2007/2008. Comment je suis devenu une agence itinérante de tourisme Cubain… Texte d’Eduardo Manet Conception, mise en scène et dramaturgie de Camilla Saraceni Musique et chansons de Gerardo Jerez Le Cam Créations des sons et des musiques enregistrées de Steve Argüelles Avec Eduardo Manet (l’auteur en scène) Gerardo Jerez le cam (au piano) Luna Monti (au chant) Costumes Consuelo Zoelly Lumières Éric Wurtz Décors Consuelo Zoelly Camilla Saraceni Chorégraphie Gilles Nicolas Camilla Saraceni Assistant Antonio Palermo Accessoires Emmanuelle Daverton Antonio Palermo Vidéo Antonio Palermo Régie Générale et lumière Nicolas Lemoine Régie son Alain Duchet Théâtre de Léthé – Compagnie Camilla Saraceni 5/7 rue de Mont-Louis 75011 Paris 01 43 70 08 65 2 Comment je suis devenu une agence itinérante de tourisme Cubain… Présentation d’une première maquette au Moulin d’Andé en juin 2007 (27) Dimanche 10 juin à 11 h 30 en clôture d’une résidence de recherche et de création d’une semaine (du 4 au 10 juin 2007). Création au Théâtre de l’Agora – scène nationale d’Evry et de l’Essonne (91) 13,14,15,16,20,21 novembre 2007. Théâtre de l’Ouest Parisien (TOP) – Boulogne-Billancourt (92) 28,29 novembre 2007. Diffusion en cours. Production Christine Tournecuillert : 06 62 60 96 36 – 01 47 00 02 34 [email protected] Accompagnement du projet et diffusion Bruno Mikol : 06 16 82 17 07 – 01 42 53 01 25 [email protected] Secrétariat du théâtre 5/7 rue de Mont-Louis 75011 Paris 01 43 70 08 65 Pour le dossier de presse CONSULTEZ LE SITE : www.camillasaraceni.com 3 Le projet par Camilla Saraceni « Camilla Saraceni trimballe de l’insolite dans ses bagages. Elle pose un regard curieux sur l’interprète, sur son monde intérieur et sur la manière de transmettre ses idées et ses émotions. Parce qu’ellemême semble promener avec elle une étrangeté, une « étrangère-té » on pourrait dire, ce qui la touche est souvent ce qui dérape, ce qui s’échappe, ce qui transpire malgré soi. Un phénomène étrange se produit souvent : plus elle avance dans son travail de mise en scène, plus la parole est donnée aux interprètes et plus intime et personnel est son spectacle.» Sylvie Cavé-auteur interprète C’est un spectacle sur l’exil, sur la mémoire dont le personnage et acteur principal est Eduardo Manet. L’idée de construire ce spectacle en prenant appui sur sa vie est née en 2004 après la lecture de son roman «Mes années Cuba». J’étais bouleversée par les coïncidences qui réunissaient nos parcours intimes, bien que dans les faits il y ait d’autres histoires, d’autres pays. Dans mon cas, il y a mon grand père et l’Albanie, sa dissidence au régime stalinien, son exécution. Le départ de mes parents en Argentine, leur exil. Et puis moi, l’Argentine, mon exil, mon arrivée en France. J’ai appelé Eduardo et je lui ai dit que je voulais faire un spectacle sur notre « étrangère-té » en partant de ses années à Cuba et puis son exil, son arrivée en France dans le monde littéraire. Je voulais qu’il porte, lui, notre voix à travers son histoire. 4 Bien qu’acteur à ces débuts (élève de Balacheva puis mime dans la troupe de Jacques Lecoq en 1960), il avait très peur d’affronter tous les soirs un public. J’ai donc décidé de faire l’essai d’un fragment, dans une petite salle, en invitant une vingtaine de personnes en même temps que Gerardo Jerez Le Cam (pianiste et compositeur avec lequel je travaille depuis des années) présentait ses nouvelles compositions. La rencontre entre Gerardo mi-breton, mi-Argentin et Eduardo, le plus cubain des écrivains français ou le plus français des écrivains cubains, a été immédiate. Ils nous ont pris par la main et nous ont baladés avec beaucoup d’humour et de virtuosité à travers leurs univers. L’idée de faire un spectacle en nous réunissant s’est imposée. Je travaille avec Eduardo de la même manière que j’ai travaillé avec Jorge Rodriguez et Sylvie Cavé pour «Tango, verduras y otras yerbas». Nous nous réunissons de temps en temps et je lui demande de se raconter, je le laisse improviser. Je l’oriente petit à petit sur les points forts à garder dans le récit sans rien fixer pour le moment. Nous construisons ainsi les grands traits du spectacle que nous fixerons en partie lors de la résidence d’écriture avec les compositeurs au Moulin d’Andé. Une forme atypique proche du cabaret et sous tendue par trois grandes lignes : - Ses années Cuba : « Compañero » des révolutionnaires cubains, qu’il suivra dans les situations les plus improbables, du lycée de la Havane jusqu’à New York, des théâtres militants aux chambres du Ritz. Un portrait féroce mais tendre du « marxisme tropical ». - Sa dissidence, son exil, ses années d’écrivain en France, son regard sur le « marché littéraire » - Son rapport à l’âge, la vieillesse, la mémoire. C’est quoi aujourd’hui être un artiste français, cubain, argentin, italien, belge… à part entière ? Comment être pleinement quelque part avec toutes ces nationalités qui nous traversent ? Où se place notre expérience, notre différence, notre identité ? Et est ce qu’il y a vraiment une ? À partir d’un récit aussi personnel, nous pouvons parler de l’exil qui nous habite tous. L’immense parcours de vie d’Eduardo Manet nous entoure comme un arbre à mille chemins : incertitudes, voyages, exils, amours, sagesse du temps… On se lance dans une traversée littéraire et musicale où toutes nos influences et racines se côtoient. Depuis le mystérieux monde du « Che » Guevara (l’Argentin universel) jusqu’à sa deuxième patrie, Paris, Eduardo Manet nous raconte son étonnement et son humour face à un monde qui l’entoure comme des miroirs ou bateaux ivres. L’espace nous rappelle le piano-bar d’un vieil hôtel avec le charme d’un luxe un peu désuet. Il nous parle depuis sa solitude, mais aussi il dialogue avec la musique et avec les sons fantômes qui reflètent nos souvenirs les plus intimes. Puis il y a la présence de la chanteuse et actrice Luna Monti. Elle sera là en tant que femme et en tant qu’interprète. Elle établira par le chant et la parole (elle dira des fragments du texte en espagnol et au féminin) un dialogue entre l’Espagnol et le Français. Un dialogue entre les deux parties d’un exilé. Avec Luna Monti, les mots prennent l’envol de l’esprit latino-américain, du sentiment immédiat comme un feu qui illumine très vite les cœurs les plus distants… Sa voix est l’expression des libertés, solitudes et nostalgies dans les immenses espaces de la pampa argentine. Elle aime s’inventer un univers proche et presque secret pour raconter l’âme des choses. Gerardo Jerez Le Cam au piano et à la composition (présent sur le plateau) et les sons de Steve Argüelles (il a récemment crée les sons et la musique de Péplum de Nasser Martin-Gousset) sont les deux autres artistes que nous associons à cette démarche d’écriture scénique. Discours de Castro, des personnalités politiques de l’époque mais aussi de la nouvelle génération cubaine, vont faire partie intégrante du récit d’Eduardo Manet. La fascination que Cuba opère chez les Argentins n’est pas étrangère à la musique et vient de très loin dans le temps. Les influences communes espagnoles et africaines rapprochent nos racines culturelles. Chez les Cubains, le rythme a conservé sa place essentielle, la population d’origine africaine a gardé les traditions « Yorubas » comme moteur indispensable de richesse sonore. En 1830 à Buenos Aires, les habitants noirs composaient le tiers de la population. Envoyés en première ligne dans les guerres de Paraguay et Brésil ils ont pratiquement disparu de la ville. Cependant on leur doit les principaux styles musicaux argentins. Candombe, milonga, tango, samba, malambo : ce sont des mots qui désignent des danses ou les sons des tambours correspondant à des rituels d’ordre religieux ou magique. C’est dans la communion de ces origines que la musique de notre spectacle va naître, mais aussi à travers les influences européennes, surtout françaises, communes au peuple cubain et argentin. 5 Un « Tango cubain » qui résonne dans un bistrot abandonné à Buenos Aires ou à La Habana… Des tables, des chaises, le zinc et les fenêtres sont le reflet de nos souvenirs les plus précieux. Ce spectacle s’inscrit dans une série de portraits que j’ai commencé avec « Tango verduras y otras yerbas ». À travers le récit d’une vie, dont l’auteur et l’interprète ne font qu’un, j’ouvre une porte sur le monde, sur le rapport aux auteurs et sur la transmission. Le rapport proche, et quasi direct de l’acteur auteur aux spectateurs (il y aura aussi du public sur scène) bouscule un peu l’ordre scène salle habituelle. Il ne s’agit pas comme dans un one man show de parler au public seulement, mais de les emmener aussi dans un autre pays, dans une intimité partagé. Texte et chansons du spectacle PREMIERE PARTIE La scène est encombrée de vieilles radio ; au fond il y a un grand miroir ; côté jardin un piano ; côté cour une table, un poisson rouge et deux chaises. Depuis deux vieux téléviseurs, les années défilent de 1933 à 2007 MUSIQUE : SOLO DE PIANO (De lejos, la esquina…) Plusieurs radios diffusent une série de questions posées par des journalistes divers (seulement 15 choisies parmi les suivantes et dans le désordre, tirées au hasard à chaque représentation) retrace le parcours et les étapes de l’œuvre de l’écrivain. - Vous êtes né à Santiago de Cuba, Eduardo Manet, un jour pas comme les autres d’après ce que votre mère vous a dit puisque ce jour là la terre a tremblé… - Aujourd’hui vous n’avez pas l’impression de temps en temps que la terre continue de trembler ou se dérobe ? - Votre premier départ pour Paris c’est lorsque vous avez vingt et un ans. Il faut dire qu’il y avait des événements à Cuba qui se préparaient puisque c’est en 1952 que le coup d’état de Batista a eu lieu. - Arrivé en France vous n’avez pas baissé les bras, vous avez beaucoup travaillé, beaucoup écrit, des pièces de théâtre, des romans, et alors que vous auriez pu devenir un auteur cubain en exil, en fait, vous êtes devenu un écrivain français d’origine cubaine. - Seul un fou peut trouver la force d’écrire dans un cachot dans cette prison qu’est la misère parce que votre peuple est dans la misère, votre peuple est dans une forme de cachot et pourtant il a la folie de l’écriture, parce que l’écriture cubaine elle existe, la musique cubaine elle existe, la parole cubaine existe, elle raisonne au-delà du régime. - Parfois nos héros ont les pieds fragiles et quand un jour ils tombent de leur piédestal on découvre aussi que le héros a parfois les mains sales. Vous parliez tout à l’heure de Che Guevara et on pourrait parler de certains autres ; parfois les héros que l’on se fabrique ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l’on imagine. 6 - Fous, dites-vous, ils doivent être assez fous pour trouver la force d’écrire lorsque on se sent ainsi enfermés dans le cachot qu’est la misère. C’est la force d’une Amérique Latine à l’heure actuelle. C’est la force de Cuba aussi. - Et l’on pourrait citer d’autres phrases encore plus loin où l’on sent bien poindre cette pointe de l’encre de l’exil dans laquelle vous trempez aussi votre plume puisque vous disiez par exemple à un autre endroit de votre livre « La Conquistadora » : « … je savais qu’à mon tour, où que je me trouve, je me sentirai lié à cette région par une force mystérieuse. Une histoire d’amour entre l’homme et la terre. Je comprenais mieux « Doña Pura » et sa fierté d’être basque. Je suis de cette terre, ne cessais-je de me répéter avec bonheur. Mais « Catalina » l’avait-elle aimé ce pays qu’elle avait fui ? Ces mémoires ne portaient aucune trace d’un tel attachement et pourtant cette question « l’avait-elle aimé ce pays ?», c’est quelque chose que l’on peut servir à tous les émigrants, à tous les exilés de la terre, non ? - Quel est le lien, parce qu’ici on le découvre très fort dans l’épopée, dans l’épopée de la conquête, dans l’épopée aussi de la colonisation, dans l’épopée de la conquête de nouvelles terres, il y a un western hispanique qui allie l’Espagne ou la péninsule Ibérique avec l’Amérique Latine, mais quel est aujourd’hui le lien que nous, francophones, connaissons mal entre la terre mère, je dirai la péninsule Ibérique, l’Espagne et le Portugal et les anciennes conquêtes, les anciens pays d’Amérique Latine, d’Amérique Centrale ou les îles ? - Qu’est-ce qu’il y a aujourd’hui comme moteur ou plutôt quels sont aujourd’hui pour vous ces « conquistadors » ou ces « conquistadoras » qui s’élancent vers ces mouvements comme un don Quichotte des temps modernes qu’on ne comprend pas toujours mais qui ont l’abnégation. C’est quoi, ce sont les causes de libération des peuples, ce sont les ONG, ce sont ceux qui vont ainsi au devant des guerres souvent sauver des vies humaines…qui sont ces nouveaux conquistadores ? - Quelle est la phrase type qu’on vous dit à propos de ce livre, qui vous énerve le plus par exemple ? - Vous êtes accueilli à votre arrivée au monde par cette phrase de la nourrice : « Bienvenu toi qui viens de Paris ». - Vos parents étaient tous les deux d’origine espagnole et quelle place tenait l’Espagne dans l’imaginaire de vos parents qu’ils vous ont transmis dans votre enfance ? Parce que ils aimaient beaucoup Cuba – dites-vous dans « Mes Années Cuba » - mais ils n’oubliaient jamais d’où ils venaient. - Et vous avez eu une enfance sans école, ça c’est quand même assez extraordinaire. - Vous avez écrit « …l’adolescence est un pays en crise permanente… ». - Quel souvenir vous avez de Cuba, disons au cours de vos vingt premières années, les années qui précèdent le coup d’état militaire de Batista ? - Est-ce que c’était vraiment cette vie paradisiaque, cette dolce vita cubaine dont parle par exemple Guillermo Cabrera Infante dans ses magnifiques romans ? Et cette époque dont vous dites…par exemple, La Havane était un chef d’œuvre difficile à décrire, les nuits de La Havane… - Entre ’48 et ’51 vous êtes donc à l’université de La Havane et c’est un véritable vivier culturel et politique où déjà Fidel Castro fait parler de lui et vous disiez tout à l’heure qu’il volait la vedette à tout le monde et dans « Mes Années Cuba », votre autobiographie, vous parlez souvent de son talent d’acteur… - Vous avez entrepris des études de droit mais vous êtes beaucoup plus attiré par le théâtre et écrire pour le théâtre, jouer, et même le théâtre de guignols parce que je crois que vous avez demandé à Alejo Carpentier d’écrire des textes. - Pourquoi écrivez vous en français, vous qui n’en aviez pas besoin ? - Pourquoi change-t-on de langue et qu’est-ce que vous abandonnez en devenant un « francesado »? C’est comme ça qu’on dit ? - Vous racontez ces années…justement vous êtes compagnon de route, on peut dire, des militants castristes, des révolutionnaires castristes et vous accompagnez même Fidel Castro à New York pour le vingt cinquième anniversaire de la création de l’Onu et vous filmez son discours à l’Onu….vous assistez, je ne sais pas si vous assistez personnellement à la rencontre entre Fidel Castro et Kroutchev EDUARDO : J’habite à Paris, tout près de la Place de la République. Mon moyen de transport habituel est le métro. J’y vois de plus en plus des personnes sans domicile fixe, des SDF, comme on dit. Ils tiennent tous à peu près le même discours : « Messieurs-dames… La politesse exige que je me présente. Je m’appelle Bernard… J’ai tel âge… » Messieurs dames… La politesse exige que je me présente. Je m’appelle Eduardo Manet. Je suis né à Santiago de Cuba, un 19 juin à l’aube, un jour ou la terre a tremblé, selon ma mère. Je suis donc Gémeaux ascendant Taureau. Comme Che Guevara. Gémeaux : signe de toutes les contradictions. Taureau : signe de constance dans les idées. Mon métier… Enfin, un de mes métiers est celui d’écrire. Voici un exemple de mes contradictions. 7 J’ai seulement écrit en espagnol quatre pièces de théâtre en un acte. Tout le reste de mon oeuvre, une vingtaine de pièces et une douzaine de romans, en langue française. Je suis donc un écrivain français d’origine cubaine, citoyen de cette Cinquième république depuis 1979. « Comment devient-on écrivain ? » À cette question qu’on me pose souvent je réponds : « En écrivant ». J’ai commencé à écrire à l’âge de 13 ans et depuis lors, je ne me suis jamais arrêté. Une autre question qui revient souvent : « Comment se faire publier ? » Je réponds : « Faites comme moi ! J’ai envoyé par la poste mon roman « La Mauresque», publié chez Gallimard en 1982. Les écrivains comme les cinéastes et les musiciens sont obligés de faire la promotion de leurs œuvres. Un livre sort et, s’il a un certain succès, son auteur sera invité par plusieurs librairies. En général, cela se passe plutôt bien. Les libraires connaissent leur métier et ils font le lien entre l’écrivain et ses lecteurs. Très vite je me suis rendu compte de ma particularité. Mes lecteurs et lectrices se divisent en trois groupes : --Ceux qui ont été à Cuba. --Ceux qui vont aller à Cuba. --Ceux qui rêvent de visiter Cuba. Je signe un livre, et la personne appartient forcément à un de ces trois groupes. J’échange des informations avec ceux qui viennent de l’île, je donne des conseils à ceux qui vont s’y rendre. « Ne restez pas dans le ghetto de la plage de Varadero ni à la Havane. Faites un tour du côté de Pinar del Rio, Trinidad et, surtout, Santiago de Cuba ! ». Les Foires La situation change un peu quand l’écrivain se présente dans une Foire du livre. Qu’est-ce qu’une foire ? Le dictionnaire explique : « C’est un grand marché. Une exposition commerciale ». Foire du vin, foire de l’auto, foire du livre, foire du bétail… Le dictionnaire ajoute que, dans le sens figuré, le mot foire signifie : « Un grand désordre ». Il y a les petites foires, les foires moyennes et les grandes foires. Exemple d’une petite Foire du livre, celle de Choisy-le-Roi, ma première foire. J’arrive. La foire a lieu dans une sorte de hangar, un grand espace rectangulaire. Des dizaines de tables pleines de livres. Des dizaines d’écrivains qui attendent les clients derrière leurs tables. Une gentille organisatrice vient à ma rencontre, et, voyant mon air paniqué, elle me dit : « Vous êtes au fond. Une bonne place ». Je dois traverser une longue allée pour arriver au bout du hangar. Et, de deux côtés, des tables, des tables, des livres, des livres, des écrivains, des écrivains… Au fond, à gauche, une table avec un vieux monsieur, prix Renaudot de l’année. Il est assis sagement derrière sa table pleine de son roman primé. Une œuvre considérable : 850 pages. Et personne pour les acheter. Au centre, un évêque en habit de parade, manteau violet. Foule devant la table de l’évêque. J’ai du mal à passer. Ma table se trouve à sa droite. J’ai déjà vu cette tête quelque part. Puis… « Que fait un évêque dans une mairie communiste et à côté d’un Cubain ? » Soudain : illumination ! Il s’agit en fait du comédien qui faisait la pub du curé mangeur de pâtes que Dieu grondait. « Fils ! Attention au péché de la goule ! Tu manges trop de pâtes ! » Le curé lève les yeux vers le ciel et répond : « Oui, Seigneur, des pâtes ! Mais…Des Panzani ! ». Le comédien de Panzani a publié un livre de recettes de pâtes. Il signe en faisant un portrait rapide de la personne qui achète son livre. Et je dois défendre mon territoire pour que mes lecteurs puissent arriver jusqu’à moi et me poser les questions habituelles sur Cuba, ses plages, sa musique, sa révolution et même, parfois, sa littérature. Quand je quitte le hangar, Panzani a épuisé son stock de livres. La foire moyenne garde les mêmes caractéristiques. Sauf qu’il y a toujours plus de tout. Plus d’espace, plus de tables, plus de livres, plus d’ecrivains… « Ah, vous êtes allé à Cuba ! Ah, vous voudriez aller à Cuba ? » 8 MUSIQUE : FUGUE. FOU. (volume en crescendo) C’est une fugue pour piano et son. Deux phrases viennent en boucle depuis les radios et se mêlent parfois rythmiquement à la mélodie du piano. VOIX OFF : « Fous, dîtes-vous, il faut être assez fou pour trouver le force d’écrire lorsqu’on se sent ainsi enfermé dans ce cachot qu’est la misère ». VOIX OFF : « L’écriture cubaine, elle existe. La parole cubaine existe ». EDUARDO : Grande foire. Toulon. Le libraire qui m’accueille mélange les écrivains de chez Grasset à ceux d’autres maisons d’édition. Je suis à la gauche de Philippe Jaenada. Plus loin, le prix Renaudot de l’année avec « Madame Proust », une biographie de la mère de l’écrivain. Une œuvre considérable ! À côté, un médecin qui vient de publier un Best seller : « Comment garder le ventre plat » Pause déjeuner. Les auteurs de chez Grasset sont invités par la maison. Le médecin préfère rester sur place. « J’ai apporté mon casse-croûte », nous dit-il. Une heure plus tard, au retour du déjeuner, le docteur nous nargue. « J’ai vendu cinquante ventres plats ». C’est dimanche. La foule défile. À la fin de la journée, une famille vient vers moi. Le père, un grand gaillard en blouson de cuir noir. La mère avec un bébé dans les bras. Une fillette de onze ans en jean, nombril nu, piercing aux narines. Et un gosse de huit ans en train de manger une barbe à papa. J’ai devant moi les livres publiés chez Grasset : « Rhapsodie Cubaine », « D’amour et d’exil », « La sagesse du singe », « Mes années Cuba »… Chaque écrivain a une grande photo au-dessus de sa tête. La mienne est une photo vieille de trois ans. La fillette regarde la photo, me regarde… « C’est vous ça ? » Je dis oui. Elle regarde une photo plus récente sur la couverture d’un livre. « C’est vous ça ? » Avant que je puisse répondre, elle me tourne le dos pour aller ailleurs. Son frère garde sa barbe à papa dans une main et de l’autre main collante de sucre, il déplace mes livres. Je me lève pour remettre de l’ordre. La mère avance le bébé vers moi en disant : « Regarde, chéri…C’est un écrivain ! » Son mari sourit en me disant : « Je ne vous ai jamais lu. Lequel de vos livres parle de Cuba ? » Je reprends mon discours habituel sur Cuba, ses plages, son peuple, sa musique, la Révolution… J’ai vraiment beaucoup parlé. Beaucoup trop. Une manière de calmer mon irritation. À la fin, le type me dit : « Merci, merci. Je n’ai pas de sous aujourd’hui, mais j’achèterai vos livres plus tard ». De l’autre côté de la table, la fillette crie : « Maman ! Maman ! Voilà le ventre plat que tu voulais acheter ! » La famille s’éloigne. Et Philippe Jaenada me dit : « Bien fait pour ta gueule. Tu n’as qu’à ouvrir une agence de tourisme cubain et vendre tes livres en même temps ». MUSIQUE ANDALOUSE : piano solo EDUARDO : Chez moi, une superbe guitare espagnole occupait la place d’honneur à côté de la table de travail de mon père. Je ne l’avais jamais entendu jouer. Pour moi, l’instrument n’était qu’un objet décoratif. Un soir, après le dîner, un ami espagnol de passage, Andrès Segovia, visage énergique et cheveux de neige, à la demande générale, sort sa guitare. Je suis fasciné par la dextérité de ses doigts et les sons d’une beauté admirable qu’il produit. Puis, l’artiste demande à mon père qui avait été son élève à Madrid, de jouer à son tour. Mon père prend sa guitare. J’écoute. La surprise me coupe le souffle. J’étais habitué à voir mon père derrière sa machine à écrire. Un journaliste, un avocat. Un homme sérieux, un peu rigide. Et, soudain, j’ai devant moi un artiste. 9 LUNA : MUSIQUE : DE LEJOS, LA ESQUINA… (Chant, suivi de la diffusion de la même chanson en espagnol et accompagné par des violons d’une des radios) Souviens-toi de la boue des routes Et tes petits pieds nus Ce jour, on attendait Un train de Laferrere - Ne bouge pas - tu me disais Doucement en chuchotant Écoute son chant : Son klaxon d’or Souffle avec les oiseaux Entre les roseaux verts, les arbres, Le soleil s’attarde Le pont décline ça ferraille Vers le soir On doit partir autrement Vers des lieux inconnus La terre nerveuse et souriante Nous abandonne Petit chemin, lampadaire Rempli d’insectes Tu connais par cœur les rêves Des fleurs d’un jour EDUARDO : LES MANGUES : J’ai trois ans quand les étudiants, les professeurs de l’université et une partie de l’armée cubaine déclenchent la lutte contre le dictateur Machado. Le redoutable général qu’on appelle La Hyène est obligé de quitter Cuba. Hélas, le sergent Fulgencio Batista s’auto proclame Colonel, puis, Général et devient l’homme fort du pays. Il fait élire à la présidence de la République ses hommes de paille. C’est le moment que mon père choisit pour nous transporter, ma mère et moi, de Santiago de Cuba à La Havane. Mon premier exil ! J’aimais notre maison de Santiago de Cuba avec son jardin, son porche, le patio intérieur ! J’allais vers l’inconnu. Cuba est une île étroite et longue. Nous roulons en voiture, en pleine canicule, la climatisation n’existe pas encore. Le chauffeur arrête l’automobile au bord de l’autoroute. Ma mère a vu une charrette pleine de mangues, mon fruit préféré. Autour de la charrette, une famille. Papa, maman, cinq enfants. Mon regard s’arrête sur un gamin plus ou moins de mon âge. Pieds nus, jambes très maigres, ventre gonflé et des yeux immenses qui me regardent fixement. Moi, le gosse habillé comme un prince, assis au fond d’une voiture de luxe made in USA. Mon malaise est grand : « Maman, pourquoi ce garçon n’a pas de souliers ? » « Parce qu’il est très pauvre, chéri » « Maman ! Pourquoi ce garçon a le ventre gonflé ? » « Parce que, sans doute, il ne mange que des mangues » Et ma mère se met à pleurer. Et je me mets à pleurer avec ma mère. Et mon père engueule le chauffeur qui ne démarre pas assez vite. La belle Américaine s’éloigne. Nous n’avons pas acheté de mangues ! DEUXIÈME PARTIE EDUARDO : LE STRAND : Batista triche aux élections et devient président de la République. Ses amis l’appellent « El Hombre » ! L’Homme, l’homme qui gouverne le pays d’une main de fer. 10 À la surprise générale, il propose une Constitution très démocratique fait entrer quelques communistes au gouvernement et déclare la guerre à l’axe du mal : Rome, Tokyo, Berlin. Mon père nous installe, ma mère et moi, au centre de La Havane. Nous sommes au sixième étage, pas de jardin, pas de porche, pas de patio. Je m’adapte à mon nouvel environnement : il y a l’avenue du Malecon où ma mère et moi aimons nous promener le soir. Un mur de plusieurs kilomètres longe la mer. On l’appelle « le Mur de l’amour » car les amoureux ont l’habitude de venir s’y asseoir pour se peloter et se jurer l’amour éternel. Il y a aussi le cinéma de notre quartier « Le Strand » avec une programmation d’enfer. Deux longmétrages. Plusieurs dessins animés. Quelques courts-métrages comiques avec Laurel et Hardy ou Abbot et Costello. Il y a aussi « The March of Time » », la Marche du Temps, un résumé des actualités de la semaine. Le public cubain siffle et hurle « hijo de puta ! » quand apparaissent sur l’écran Hitler, Hiroito ou Mussolini. On hurle « Bravo ! » et on applaudit Churchill, Roosevelt et Staline ! La séance de cinéma commence à une heure de l’après-midi et finit vers huit heures du soir. Programme cent pour cent américain. Vous sortez les yeux et la tête pleine d’images filmées à Hollywood ; les oreilles pleines de phrases en anglais ; le ventre plein de pop-corns et de Coca-Cola. L’impérialisme culturel yankee dans toute sa splendeur. EDUARDO : (il allume une radio « The game ») Kim Mon père co-dirige une chaîne de Télévision. Il a une relation de travail avec un homme d’affaires américain établi à Cuba. J’ai sept ans. J’accompagne mon père chez son ami. « Il a une belle maison et des enfants très polis qui parlent l’espagnol » dit mon père. Belle maison ! Une demeure aussi somptueuse que celle de Scarlett O’Hara dans « Autant on emporte le vent ». Plus quelques avantages de la vie moderne : cours de tennis, piscine olympique, jardin exotique, ménagerie destinée aux enfants. Cinq enfants. Trois garçons, deux filles dont une de mon âge, Kimberlyn. Kim ! Un ange aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus comme de la faïence. Je suis foudroyé d’amour. Mais, comme je ne parle pas encore l’anglais, ces enfants soi-disant « polis » me tournent le dos. Je passe tout l’après-midi, seul, assis sur un banc de pierre. C’est le début de ma militance contre l’impérialisme yankee. (Son de vagues) EDUARDO : J’ai raconté dans un livre cette histoire surréaliste et typiquement cubaine d’avant la Révolution. Mon père avait oublié de signaler ma naissance à la Mairie. Arrive le moment de passer les examens d’entrée au Lycée. Il faut avoir 13 ans. J’ai douze ans et neufs mois. Qu’à cela ne tienne ! Mon père m’inscrit à la mairie et fait de moi un clandestin à vie. Sur mon acte de naissance, je suis né à La Havane au lieu de Santiago de Cuba, ma ville bien aimée, né en mars au lieu de juin et, cerise sur le gâteau, mon père, met trois ans de plus au lieu de trois mois. LUNA : (Elle apparaît derrière le miroir, elle chante une berceuse capella) EDUARDO : Berceuse andalouse, berceuse gitane, berceuse Mauresque, berceuse séfarade. Ma mère, selon son humeur du moment. Me voy viejo carro Me voy junto à los barcos Con las nubes negras Me voy y no he’ de volver « MAMA DE CUBA» joué au piano et chanté par Eduardo et Gerardo, Luna reprend le refrain de loin, puis elle fini par la chanter seule. Me voy viejo carro 11 Me voy junto a los barcos Con las nubes negras Me voy y no he’ de volver”. Adiós pequeñas calles Amigas de los días Por lejanos sueños Veré su dulce voz. Mama de Cuba Espuma fresca del mar Mama escondida Hueco de atardecer Orillas verdes dibujan Las venas de tu destino. Camina dulcemente conmigo Imperceptible brisa de otoño Como cada mañana su rumbo Camina dulcemente conmigo. EDUARDO : LE SHANGHAÏ : Mon sport préféré consiste à parcourir La Havane à pied. J’aime surtout le China Town, ce quartier chinois qui fait rêver encore Claude Chabrol : « À La Havane, il y a un de meilleurs restaurants chinois du monde : El Pacifico » La bouffe n’est pas mon problème principal dans la vie. Je rêvais, par contre, d’assister à une représentation du théâtre « Shanghaï ». J’avais entendu Louis Jouvet dire, chez moi, que c’était le théâtre pornographique le plus drôle de la terre. À 15 ans, j’ai la tête de mon âge. Mais, un document officiel dit que j’en ai 18. Mon rêve se réalise. J’ai la joie d’assister à une des pièces les plus brillantes du « Shanghaï » : une adaptation de « Don Juan Tenorio ». Le rideau s’ouvre. Un décor en carton-pâte. La façade d’un couvent. L’aube. Don Juan traverse la rue après une nuit d’orgie. Soudain, une fenêtre s’ouvre. Une nonne murmure à travers les barreaux de la fenêtre. « Ehi ! Pssst ! Don Juan ! » Don Juan se retourne : « Eh como, Madre Superiora Puteando ya a estas horas ? » «Comment, Mère Supérieure, vous faites déjà la pute à cette heure-ci ? » C’est ce jour-là qu’est née ma vocation d’écrivain de théâtre. En sortant je me promène dans le quartier chinois, perdu dans mes pensées. Puis, je prends une rue tranquille qui conduit vers le Malecon. Soudain, une fenêtre s’entrouvre : je vois une brune superbe, cheveux noirs, yeux de braises, un décolleté plus que généreux… « Eh, muchachito…. ». LUNA : « Eh, muchachito » LUNA : MUSIQUE : SIRENA DEL RIO (CHANT ET PIANO) Ven conmigo a la otra orilla del cuerpo Con mis labios llenos de frutos rojos Deja tu fantasma en la otra vereda Pasa la ventana prohibida de mi voz La cabeza hierve en tus venas Los músculos huelen violetas Los cabellos trazan violencias Y las piernas cantan fotando Me llaman la mulata del río Voy pescando las madrugadas Resacas de alcoholes perdidos En botellas rotas de encuentros 12 Ven conmigo… La caída es siempre muy hueca En cada mañana un espejo La miseria arrastra los ojos Y tu nombre escapa en el viento Me llaman la mulata del río Voy pescando las madrugadas Resacas de alcoholes perdidos En botellas rotas de encuentros EDUARDO : EL CHINITO : Batista sergent très pauvre en 1934, est devenu un des hommes les plus riches du monde. Il a volé le trésor public pendant ses années de pouvoir, mais surtout, il est un ami très proche de Meyer Lansky, un parrain haut placé dans la hiérarchie de la mafia. La pieuvre mafieuse s’installe à Cuba sous Batista. Drogue, salles de jeu, prostitution, extorsion de fond… Tout vient des Etats-Unis : les automobiles, les films, les réfrigérateurs, les couches pour les bébés et les épingles pour les couches des bébés. C’est le Cuba dans lequel je vis au moment de faire mon entré à l’Université de la Havane. Là, je rencontre un jeune homme svelte, pas trop grand, avec une ombre de moustache sur sa lèvre supérieure. Ce jeune homme a une particularité : des yeux tirés vers les tempes, un regard asiatique. Ses amis l’appellent, affectueusement, « El Chinito », le petit chinois. Ses ennemis le surnomment « La Chinoise ». Une rumeur jamais authentifiée laisse entendre que Raul Castro - car il s’agit du frère cadet de Fidel - est homosexuel. Crime majeur dans un pays de machos. Un groupe de marines yankee ivres morts, se promène dans La Havane. Un marin monte sur la statue de José Martí, le père de la patrie cubaine, et urine sous les applaudissements de ses copains. Grave offense à l’orgueil national. Que faire ? Le gouvernement cubain envoie une note de protestation à Washington. Fidel Castro, jeune avocat, trouve mieux. Il organise une manifestation d’étudiants. L’université de La Havane est située sur une colline. Un escalier large et haut que je suis fier de monter, mène jusqu’à la statue de l’Alma Mater. Le jour de la manif un drapeau cubain long et large soutenu par des dizaines d’étudiants descend de l’Alma Mater et remonte l’avenue de San Lazaro. Le peuple de La Havane se joint au cortège silencieux. Nous sommes des milliers de personnes à le suivre. Fidel Castro monte sur la statue, à l’endroit même où le marin ivre avait pissé sur José Martí. Le discours enflammé du jeune avocat est filmé et enregistré par les correspondants étrangers du monde entier. Sans le savoir, Castro, Fidel, vient d’entrer dans l’Histoire. Le lendemain, l’ambassadeur américain, homme arrogant, millionnaire méprisant, reçoit des ordres de Washington. Porter de fleurs à Marti, s’excuser au nom des Etats-Unis, promettre que les marines ivres seront punis. Commence Coral doucement derrière le texte (piano et son) CHIBAS : Un avocat petit à grosse tête et myope comme une taupe, le Dr Eduardo Chibás, crée le Parti Orthodoxe. L’obsession de Chibás est de lutter contre la corruption du gouvernement. La direction de ce nouveau parti est composée de professeurs d’université, d’intellectuels et d’artistes. “Eddy”, comme tout le monde l’appelle, parle à la radio tous les dimanches à 20 heures. Sa voix vibrante fait des commentaires féroces sur la situation politique. Son franc parler ravit la population. Qu’est-ce qui pousse un jour Chibás à accuser de vol le Ministre de l’Education, le seul homme honnête du gouvernement ? Personne n’a jamais trouvé la clé de ce mystère. Il jure qu’il a la preuve du vol. C’est dimanche, la tension est très forte. Nous sommes tous collés à nos postes. Chibás, ne pouvant apporter les preuves promises, il se tire une balle dans l’estomac pendant son émission de 20h et meurs quelques heures plus tard. Au cours de la veillée funèbre de Chibas, Fidel Castro fait le serment de suivre le même chemin de son mentor : défendre la démocratie, car Eddy était un anticommuniste viscéral, lutter contre la corruption et défendre, comme Chibás, l’indépendance du pays. 13 Ce suicide en direct provoque un grand trouble chez les jeunes. Mes amis les plus proches décident d’aller faire leurs études en Europe. Un soir, assis sur le mur du Malecon, je consulte la mer. Que dois-je faire? Rester à Cuba où l’on me propose un contrat pour écrire des feuilletons pour la télévision ? Ou, redevenir étudiant et m’éloigner de l’île pour un temps ? Trois jours plus tard je commence à faire les démarches nécessaires pour me rendre à Paris, via New York. Grâce à ma prof de français, j’ai dans la poche quelques lettres de recommandation... ”Cher Louis Jouvet, Chère Madeleine Renaud, Cher Jean-Louis Barrault... Mes idoles MUSIQUE : « CORAL » piano solo TROISIÈME PARTIE EDUARDO : J’arrive à Paris le 6 octobre, décidé à y rester trois ans pour apprendre la langue française, faire des études de théâtre et voyager en Europe pendant les vacances. J’ai un petit héritage laissé par mon père qui me permet d’étudier sans avoir besoin de travailler. Trois ans d’étude et puis, retour au pays. Mois de mars. Coup d’état militaire. Batista remet son uniforme de général. Le Président Prio Socarras, quitte le pays. Vivre sous une dictature c’est au-dessus de mes forces. Ces quelques mois d’études en France m’ont fait comprendre que ma véritable vocation est d’écrire. Cela me pose un dilemme : les écrivains écrivent normalement dans leur langue maternelle. La mienne c’est l’Espagnol. À Cuba, tout laisse à penser que Batista sera encore au pouvoir vingt ans plus tard. Un long exil en perspective. C’est alors qu’une idée folle née en moi : et si je changeais de langue puisque le retour au pays semble impossible ? Au théâtre, j’avais travaillé la méthode Stanislavski qui demande à l’acteur de s’identifier à son personnage, c’est-à-dire : on « ne joue pas Hamlet », « on est Hamlet ». Ce principe me convient. Pour m’identifier au personnage du Français que je voulais être, il faut que je prenne quelques mesures pratiques dans ma vie quotidienne : ne plus écrire en espagnol, ne plus lire en espagnol et, surtout, éviter de parler l’espagnol. Aussi, quand un pauvre latino-américain perdu dans la jungle des rues parisiennes, me demande son chemin pour aller à l’Opéra, je lui réponds en anglais, pour mieux renier mes origines. En clair, je troque mon âme tropicale pour une âme francilienne. Et, un matin, je me réveille fou de joie : j’ai rêvé en français pour la première fois de ma vie ! MUSIQUE : « Che Guevara » de la radio et chantonné par Luna aussi, les images commencent dans les téléviseurs et d’une autre radio les infos de l’époque. EDUARDO : La Révolution triomphe et le peuple Cubain tombe amoureux de ces « barbudos » si photogéniques, héroïques et sympathiques. Camillo Cienfuegos. Le médecin argentin asthmatique Ernesto Guevara, dit « le Che ». Raul Castro, l’adolescent ambigu avec sa petite barbiche et ses yeux bridés. Et, bien conscient de son statut de star, Fidel Castro. Je suis invité pour un mois à Cuba en tant que membre du jury du Premier Concours littéraire de La Casa de las Americas. Je siègerai à côté d’Alejo Carpentier, Miguel Angel Asturias, José Lézama Lima, Nicolas Guillen, des écrivains que je respecte et que j’admire. J’hésite pourtant à m’y rendre. J’apprends quelques coins sombres de la Révolution. Le commandant Huber Matos condamné à 20 ans de prison pour avoir dénoncé l’infiltration du vieux Parti Communiste au gouvernement. La vitesse avec laquelle on fusille à Cuba. Je fais partie de la compagnie de mimes de Jacques Lecocq. Nous jouons dans un théâtre Parisien. Soudain, émotion en coulisse : un de mes camarades s’écrie «Le Che Guevara est dans la salle ! Il est venu te voir ! ». Je regarde à travers un trou du rideau. Il y a en effet un barbu en uniforme de l’armée cubaine, mais il ne s’agit pas du Commandant Che Guevara mais du Capitaine Luis Màs Martin, un ancien camarade du Lycée. Après la représentation, le capitaine Màs Martin m’attend au foyer. Nous allons prendre un café. « Je me promenais dans le quartier quand j’ai vu ton nom sur l’affiche », dit mon ami. Je me sens gêné. Màs avait lutté dans la sierra pendant que je faisais le mime à Paris. Comme s’il lisait dans mes pensées, mas ajoute : 14 « Le pays et Nous, nous avons besoin de toutes les forces vives. Les uns servent en tant que militaires, les autres en tant qu’écrivains et artistes… Accepte l’invitation. Nous avons besoin de toi !». Je vois mal en quoi je peux être utile à la révolution en faisant partie du jury d’un concours littéraire ! Et même si je décide de faire le voyage, il n’est pas question que je reste à Cuba plus d’un mois. (Images des exécutions suivi des images de l’alphabétisations) Je reste pourtant huit ans à Cuba. Pourquoi ? Parce que j’étais révolutionnaire avant la Révolution.` LUNA : ANACONDA (chanson, Luna et Gerardo, piano et deux voix) Renacerás En mi entraña me conocerás No partirás Mi amor te aferrara No cambiaras Tu camino se acaba No huirás Tu destino conduce a mi EDUARDO : Je retrouve la mer, je retrouve ma mère, et, l’avenue du Malécon. Tu beberás El licor que embriaga la luz Te cegaras Hasta soñar mi voz No sufrirás Un silencio vendrá Viento que vas Al encuentro del agua Beso fugaz De un veneno mortal Acariciando tu vientre Sintiendo tus labios Prisioneros del calor Toda la sal de una vida En esta bebida se consumirá Río que arrastra tus brazos Caudal que tus venas No pueden detener Toda la sed de este mundo Que el grito, el deseo No pueden vencer EDUARDO : On me propose de créer l’Ensemble National Cubain. J’embauche les stars de la radio, du théâtre et de la télévision cubaines. Et une dizaine de jeunes talents inconnus. Je peux inviter des professeurs et des metteurs en scène du monde entier. J’ai tous les pouvoirs En même temps, je tourne des films pour l’Institut de Cinéma. Nous pouvons réaliser nos rêves grâce à la Révolution. C’est donc normal que je fasse partie de la milice révolutionnaire. Piano avec sons derrière le texte 17 avril, Invasion de la Baie des Cochons. Je dirige le doublage d'un film. On bombarde l'aéroport militaire de La Havane qui se trouve près de la salle de doublage. Les acteurs, les techniciens et moimême, nous travaillons, mitraillette à l'épaule. Crise d'octobre. Nous nous attendons au pire. Je me trouve avec un groupe d'ouvriers sur la terrasse du Théâtre National cubain avec un fusil à la main pour parer à une éventuelle attaque nucléaire… Les ouvriers blaguent : 15 "Si le Américains lancent la bombe, il ne restera de nous que des traces noires imprimées sur la pierre. Victoire ! Cuba est proclamée « premier territoire libre de l’Amérique Latine » : “Cuba, si! Yankee, non!”. Je fais partie de la nomenklatura culturelle cubaine et, en tant que tel, je voyage dans les pays de l’Est, pour signer des contrats pour ma compagnie de théâtre ou pour présenter mes films. Je rencontre aussi les dirigeants culturels. Tous des apparatchiks : pas un seul “communiste de cœur ”. Des opportunistes, des cyniques. Qui sait ? Dans cinq, dix ans, peut-être moi aussi je deviendrais aussi cynique qu’eux. JOSÉ LUIS DE LA TEJERA : En 1963, l’armée cubaine, sous la direction de Raul Castro, créé l’UMAP : les Unités Militaires d’Aide à la Production. Le concept est le suivant. Au lieu de mettre en prison les jeunes délinquants, ne valait-il pas mieux les faire participer à l’effort commun ? Travailler pour produire ? Faire d’un sous-homme un vrai homme nouveau ? L’UMAP se met en marche et la réalité devient terrifiante. La police emploie tout son temps à poursuivre les « éléments négatifs » du pays. Pour les directeurs de théâtre, chaque soir se transforme en véritable cauchemar. Si à 19 heures un acteur n’arrive pas au théâtre, nous devons courir à sa recherche dans tous les commissariats de La Havane. Les jeunes aux cheveux longs et aux jeans un peu trop étroits sont jetés dans les « paniers à salade » et traités de « maricones ». Pédés. Un de mes acteurs, José Luis de la Tejera, est envoyé dans un camp d’internement de l’UMAP. Homosexuel au fort caractère et révolutionnaire convaincu, il fait face à ses tortionnaires en les traitant de fascistes. Il doit creuser un trou dans la terre. Les militaires de l’UMAP l’enterrent jusqu’au cou et le laissent là toute la nuit sous une pluie torrentielle. Face a la protestation de l’élite culturelle, Raul Castro fait fermer les camps de l’UMAP. Mais le mal est fait. Bon nombre d’écrivains et d’artistes d’homosexuels quittent le pays. D’autres se résignent à vivre la peur au ventre. Fidel Castro crée le Parti Communiste Cubain, copie conforme du Parti Soviétique. « Avec la Révolution, tout, contre la Révolution, rien ! ». Si vous fermez la bouche, si vous suivez docilement la ligne du Parti, vous pourrez vivre en paix. Si vous émettez la moindre critique, c’est la prison ou l’exil. À Cuba, tout devient gratuit : crèches, écoles, lycées, universités, hôpitaux, logements… Comment un si petit pays peut se payer ce luxe ! Notre île est devenue la petite danseuse de l’Union Soviétique. « Cuba dépense, l’URSS rembourse. » Fidel, lui, a oublié son serment prononcé à la mort de Chibas : défendre la liberté et la démocratie. Il est devenu Castro, le dictateur. La Révolution ne me pose pas de problèmes. Le problème vient de ce que Castro fait de la Révolution. Pour ne pas trop y penser, entre 1965 et 1968, j’enchaîne courts et longs-métrages, mises en scène de théâtre ; l’écriture de la pièce “Les Nonnes”, d’un roman en français... Et cinq femmes !!! La fuite en avant. Depuis les téléviseurs on diffuse des images du printemps de Prague EDUARDO : Quand les chars russes entrent à Prague, J’ai l’espoir que Fidel – comme Mao – s’oppose à cette invasion. Mais… Raul Castro négocie des accords avec les Soviétiques. Son frère Fidel cautionne l’invasion. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le verre. Je décide de quitter Cuba. LUNA : El duende moreno (piano voix et danse) Las voces de la calle Salieron a candombear. Del fondo de las casas, Un fuego de atardecer. Suenen los tambores Alejando todos los garrones. 16 Suenen los tambores Sobre la cabeza del poder. En cada mañana el destino Acompaña al sol en su brillo El color peregrino del vino Tiñe tu corazón Tambores de roncas caderas Amanecen junto a la brisa Solitario aguijón de la noche Quiebra tu desazón Venga el almacenero, El canillita, el changador. Venga el colectivero, El ferretero y el pintor. Suenen los… …del poder. En cada mañana… …su corazón Tambores… …desazón. Duende moreno Te vas con la noche Buscando el hueco De algún carnaval EDUARDO : LES ROSES : Roger Blin monte ma pièce « Les Nonnes » au poche Montparnasse à Paris, je saute sur l’occasion… Je réunis tous les documents nécessaires pour aller en Europe, passeport, billets d’avion et, surtout, une autorisation de l’ICAIC où je travaille qui permet de quitter Cuba pour six mois. Sans ce permis, je ne peux pas sortir. Nous sommes au début du mois de septembre 1968 … J’avais déjà parlé à ma mère de ce voyage. Elle est doublement triste car je pars avec mon fils qui va rejoindre sa maman à Paris. C’est une chose de dire : «je pars pour un temps… » Et une autre d’annoncer : « nous partons dans quinze jours ». Comment faire ? Notre maison de La Havane avait deux étages et un jardin. Le rosier de ma mère était, comme elle disait, « la prunelle de ses yeux ». Un très beau jardin de roses, en vérité. Et très éclectique : des roses blanches, roses, rouges et même des roses noires. « Pas de discrimination dans ma roseraie », disait ma mère. Il fait beau, pas très chaud, mais elle porte déjà son grand chapeau de paille, et des gants. Elle chantonne, car elle est toujours heureuse au milieu de ses fleurs. Elles les soigne, les caresse, leur parle. Les voisines du quartier commencent à tailler buissons et arbustes pour faire place aux patates douces, aux carottes, aux ignames… « Les temps sont durs, Madame Soledad. Offrez-vous plutôt un potager si vous voulez survivre ! », répète une amie. A quoi ma mère répond : « Les temps seront vraiment durs quand je n’aurai plus le droit de cultiver mes rosiers ». Je descends au jardin. Je fais un éloge sincère de ces roses magnifiques…J’enchaîne en parlant du climat tropical par rapport au climat européen. Je parle d’un voyage de six mois, deux saison, avant de retourner au pays…Je mens. Ma mère fait semblant de m’y croire. Une forme élégante de se dire adieu. Pour toujours. LUNA : El ultimo delta Clara y transparente Baja el agua con su sed 17 EDUARDO : J’arrive au point où je dois tout recommencer. Bifurcando los senderos En su paso audaz EDUARDO : Adieu, la Havane. Adios Cuba. Un jour. Peut-être. Llegando hasta la gran ciudad Quemando sus venas con el sol Sumergiéndose en su soledad Penetrando suburbios cansados Preguntando a todos por las calles : -de donde vengo, hacia donde voy ? a un pequeño perro en la vereda a un mendigo con restos de alcohol Escuchando el mar que espera En un pulmón de espigas Absorbe y sopla eternidad EDUARDO On s’adapte à son pays d’accueil, on oublie un peu sa langue d’origine, on ne sent plus le poids de l’exil. Et soudain, un jour, l’idée de me savoir interdit de retour à ma terre natale, me bouleverse : une blessure ancienne se remet à saigner. Voilà pourquoi j’accepte encore de signer mes livres dans certaines Foires et Salons. Je me nourris des images et des anecdotes de ceux qui arrivent de Cuba. Et je trouve normal de conseiller ceux qui s’apprêtent à partir à mon île natale. Me transformer en agence de tourisme cubain est ma manière de voyager par procuration. Musique : Café commence au piano À Séville, ma mère avait été élevée au chocolat avec « churros ». À Cuba, elle a découvert le café. Elle découvrait, à sa manière, le Nouveau Monde. Pour ma mère, le café servait à tout. Un coup de fatigue ? Du café. Un rhume ? Du café. Une petite faim ? Un bon café va vous caler. Chagrin d’amour ? Le café aide à oublier. Mais pas n’importe quel café : un café cubain fort et dense, très serré, chaud, très chaud. Et sucré. Très sucré. CAFÉ (tous) Café, café Café, quiero ma café Quel tango quel tango Bailamo hasta amanecé (deux fois) Con este candombe A la otra orilla va Prendido a la ilusion Del carnaval (deux fois) EDUARDO : Il existe à Cuba un centre de recherche biologique qui essaye de percer le secret de notre longévité. Nous, les Cubains, nous avons la vie longue. Moi j’ai un secret : garder les articulations souples. Voilà ce que je fais tous les matins. Danse des articulations avec Luna (avec la fermeture du rideau) 18 CAMILLA SARACENI Il est plus révélateur de comprendre son passé que de lire l'avenir. Camilla Saraceni est née à Cordoba en Argentine. Metteur en scène, Chorégraphe, Ecrivain, Costumière, Styliste, Professeur de Philosophie, il faut résumer son parcours en admettant que parfois les mystères se résolvent tous seuls. Tout d'abord, elle est jeune enseignante de philosophie ouvrant une maison de couture à Buenos Aires. Puis, en France engagée dans la création de défilés pour des noms prestigieux de la mode des années soixante-dix, créatrice de costumes et décoratrice pour le cinéma et de la publicité, compagne d’écriture de Philippe Léotard, créatrice avec Juliette Binoche de la CIE DU THEATRE DE LETHE, formatrice au sein de stages de théâtre pour professionnels et amateurs, et enfin metteur en scène d'une douzaine de pièces et de créations théâtrales et chorégraphiques. Au fil de ce parcours en apparence éclectique, se dresse le portrait d'une femme en quête de sa propre énigme. Depuis une dizaine d'années, sa recherche autour du Tango Argentin, sa musique, sa danse et son univers, est une confrontation avec ses origines argentines et l'occasion pour elle de boucler son parcours initiatique et esthétique. Ses spectacles présentés sur les scènes de France, de Belgique et d’Allemagne à l’instar du Lavoir Moderne Parisien, du Théâtre 140, du Théâtre de la Bastille ou du Théâtre National de Chaillot ont été accueillis avec succès auprès d'un public très varié. Dans le tracé des multiples figures qui dessinent son oeuvre, les auteurs laissent pour elle une empreinte tangible et généreuse, à l’image de Chantal Akerman qui a écrit pour elle, mais aussi Lydie Salvayre ou Jean Bollack qui plongent avec elle dans cette exotique « marmite » : au croisement de la réflexion et de l’expérience, avec beaucoup d’intuition, l’insaisissable charme opère. Passionnée par les turbulences des hommes, la cohérence intime de son travail s'exprime dans cette capacité à tout recycler du passé et à sonder l'Inconscient. Camilla Saraceni est une machine à explorer l'humain, une prêtresse affable et ironique qui écoute les tuyauteries et les vibrations de l'intime. Sylvie Cavé – auteur interprète Mise en scène En 1985 elle quitte la mode et fonde une compagnie, le Théâtre de Léthé à Paris, Compagnie Camilla Saraceni avec Juliette Binoche, Anne Nathan, Michel Feller et Marie-France Capri. 1988 - Le Primerissimo texte d'Eduardo Manet, création aux Rencontres Estivales de Malaucène 1990 - Du sang sur le cou du chat texte de R.W. Fassbinder, création au Théâtre 18 1992 - Hall de nuit texte de Chantal Akerman, création au Théâtre de la Bastille puis au Théâtre 140 à Bruxelles 1994 - Le Silence de Nathalie Sarraute, création au Lavoir Moderne Parisien 1996 - Les Cahiers de Malte Laurids Brigge de Rainer Maria Rilke, création au Lavoir Moderne Parisien puis au Théâtre Universitaire de Nantes 1997 - Hélène d'Euripide dans une traduction de Jean et Mayotte Bollack, création à la Maison de la Culture de Bourges puis en tournée (1997/1998) à la Ferme du Buisson, La Métaphore à Lille, la Coupole à Combs-la-ville. 2000 - Pas à deux textes de Charlie Kassab et Lydie Salvayre, création au théâtre de la Bastille, puis en tournée au Théâtre Jean Vilar de Suresnes, la Coupole à Combs-la-Ville, Théâtre 140 à Bruxelles 2001 – Reprise de Pas à deux au Théâtre National de Chaillot, salle Gémier puis en 2002 au Théâtre de Sartrouville 2001 - Tango Nacht événement tango créé pour le festival Tanztheatre Wuppertal, Allemagne (direction Pina Bausch). 2002 - San Isidro Tango événement tango créé pour Desvres, puis en tournée à La Coursive, La Rochelle et au Phénix à Valenciennes. 2002 - Carte Blanche à la Filature de Mulhouse une semaine autour de l’Argentine et du tango (spectacles, lectures, stages et bals). 19 2002 - Charbons Ardents textes Philippe Léotard création du premier volet à la Filature, Mulhouse puis en tournée à La Coursive, La Rochelle et au Théâtre Jean Vilar de Suresnes. 2003 - Charbons Ardents textes Philippe Léotard création du deuxième volet à la Maison de La Culture de Loire-Atlantique puis en tournée au théâtre du Nord à Lille dans le cadre de Lille 2004. 2004 - Tango, verduras y otras yerbas textes Sylvie Cavé et Jorge Rodriguez, Création avec l’ADDM 44 et la MCLA Nantes à St Colomban, et à Basse Goulaine. Puis en Tournée : Espace jean Legendre à Compiègne, Théâtre des Sources à Fontenay aux Roses, Forum de Flers, L’Hectare scène nationale de Vendôme, Scène nationale d’Alençon Flers, Palais des Arts à Vannes, La Maison de Marsannay la Côte, Théâtre des Louvrais à Pontoise, Salle des fêtes de St Ouen l’Aumône, Le Volcan au Havre. 2005 – Tournée Tango, verduras y otras yerbas. Espace des Saules à Nevers, salle des fêtes de Champiers avec la scène nationale d’Angoulême, Théâtre du Préo à Vire, Maison de la Culture de Tournai, Théâtre Europe à la Seyne sur Mer, Théâtre de l’Olivier à Istres, Marché Couvert à Lavelanet, La Coupole à Combs la Ville, L’Arsenal à Perpignan , Théâtre de l’Agora d’Evry, Espace Jules Verne de Brétigny, Le Rayon Vert à St Valery, Théâtre de la Bastille à Paris, La Passerelle à Saint Brieuc, Gymnase Russelsheim à Evreux Scène Nationale. . 2006 - Anche moi texte de Sylvie Cavé, en résidence au centre chorégraphique de Créteil et du Val de Marne Compagnie Montalvo Hervieux, création au Théâtre Jean Vilar de Suresnes. Puis en tournée à l’Agora d’Evry…en cours. AUTRES MISES EN SCÈNE Pour Bagheera Poulin écrivain 1998 - Dans tous les sens spectacle jeune-public création au théâtre Déjazet 1999 - Le crime au fond de nous création à l’Espace Kiron 2000 - La cité de l'or spectacle jeune-public commandé par Saint-Amand-Montrond Pour Gerardo Jerez Le Cam compositeur 2004 - Tango Imaginario création à la Maison de La Culture de la Loire-Atlantique puis en tournée PROJETS 2007 - Comment je suis devenu une agence itinérante du tourisme cubain… Texte d’Eduardo Manet, dramaturgie Camilla Saraceni, musique de Gerardo Jerez Le Cam et Steve Arguelles avec Eduardo Manet, Gerardo Jerez Le Cam (piano) et Luna Monti (création à l’Agora scène National d’Evry puis en tournée) 2008 - Troisième volet de « Charbons Ardents » texte de Philippe Léotard, dramaturgie de Camilla Saraceni, musique de Gerardo Jerez Le Cam (création à l’Agora d’Evry et puis en tournée) 2008 - Fantasmas spectacle sur le fantasme inspiré de ce que la psychanalyse à dit sur le sujet et de la physique quantique. Les arts plastiques auront une place importante dans cette création. 2009 - Autoportrait texte de Camilla Saraceni 2009 – Tanguer texte de Lydie Salvayre 2009 - Un film documentaire sur la mémoire composé de témoignages de vie de personnes âgées dont des immigrés. En contrepoint, des jeunes racontent ce qu’ils savent de leurs grands-parents. Des rencontres seront organisées lors des projections afin de nouer un dialogue entre ces générations… il sera en lien avec l’autoportrait. 20 EDUARDO MANET Né à Cuba, Eduardo Manet est citoyen français depuis 1979. De 1952 à 1960, jeune étudiant, il parcourt l’Europe et séjourne en France. A Paris, il suit les cours de Tania Balachova et de Pierre Bertin, et entre dans la compagnie de Jacques Lecoq, (joue dans ce cadre un spectacle qui tourne en France et en Italie). Il écrit alors trois pièces de théâtre en espagnol et un roman en français «Un étranger dans la ville », publié chez Julliard en 1958, suivi de « Un cri sur le rivage ». De retour à Cuba (1960/1968), il devient directeur du Centre Dramatique Cubain, réalisateur et scénariste à l’Institut du Cinéma Cubain (ICAIC), à l’intérieur duquel il réalisera 4 longs métrages et 6 courts métrages (le public français a pu voir « Portocarrero » présenté en 1989 à CANAL PLUS dans l’émission « Hommage au cinéma cubain ». Il collabore aussi à la revue Cine Cubano. Eduardo Manet a été fait chevalier des Arts et des Lettres en 1998 et chevalier de l’Ordre du Mérite en 2001. ROMANS - La Mauresque. NRF Gallimard. Prix Jouvenel de l’Académie Française 1982. Finaliste au Goncourt. - Zone interdite. NRF Gallimard, 1984. - L’île du lézard vert. Flammarion, Prix Goncourt des lycéens 1992. - Habanera. Flammarion, 1994. - Rhapsodie cubaine. Grasset, 1996. Prix Interallié, finaliste au Goncourt. - D’amour et d’exil. Grasset. 1999. Prix du Roman d’évasion. Relais H. - La sagesse du singe. Grasset, 2001. - Maestro ! Robert Laffont, 2002. Grand Prix « Télégramme de Brest » - Mes années Cuba, Grasset, avril 2004 - Ma vie de Jésus. Grasset., mars 2005. THEATRE Une vingtaine de pièces de théâtre, parmi lesquelles : - Les Nonnes, NRF Gallimard, collection « Le manteau d’Arlequin » Prix Lugné Poe 1969 21 Création mondiale au Poche-Montparnasse, en mai 69, dans une mise en scène de Roger Blin. Cette pièce a été traduite en 21 langues. Reprise au Poche-Montparnasse en février 2005 - Eux ou la prise du pouvoir, NRF Gallimard, collection « Le Manteau d’Arlequin » 1971 Création à la Comédie Française. - Holocaustum, ou le borgne, NRF Gallimard, collection « Le Manteau d’Arlequin » 1972 Présenté à l’Athénée, dans une mise en scène de Michel Fagadau - L’autre Don Juan, NRF Gallimard, collection « Le Manteau d’Arlequin » 1974 - Madras, la nuit où… NRF Gallimard, collection « Le Manteau d’Arlequin » 1975, présenté à Avignon dans le cadre de Théâtre Ouvert - Lady Strass, L‘Avant-Scène Théâtre, 1977, création au Poche-Montparnasse, mise en scène de Roger Blin. Version anglaise présentée à l’UBU Théâtre de New York, octobre-décembre 1996. - Un balcon sur les Andes / Mendoza, en Argentine…/ Ma’déa, NRF Gallimard. 1985 « Un balcon sur les Andes » a été présenté dans une co-production Nouveau Théâtre de Nice -Théâtre de l’Odéon dans une mise en scène de Jean-Louis Thamin. - Le jour où Mary Shelley rencontra Charlotte Brontë. L’Avant-Scène Théâtre, 1979 Création au Petit Odéon, en co-production avec la Comédie Française - Histoire de Maheu, le boucher. Acte Sud - Papiers 1986 Prix du Off à Avignon, 1987. - Le Primerissimo. Création mondiale au Festival de Malaucène, 1988. - Monsieur Lovestar et son voisin de palier. Actes Sud Papiers, 1995 Première mondiale à la Comédie de Genève, en 1996, reprise au TILF (Théâtre de la Villette) Jouée à Beyrouth, Liban. - Viva Verdi ! suivi de Mare Nostrum. 1998, Actes Sud Papiers. - Viva Verdi ! Création mondiale à Fontainebleau (co-production Act-Emploi), 2004. - Raconte-moi Rachel. En projet 2005-2006 OPERA - Cécilia, livret d’Eduardo Manet, musique de Charles Chaynes, mise en scène de Jorge Lavelli. Première à l’Opéra de Monte Carlo, le 19 mai 2000, Théâtre de l’Opéra de Nancy et de Liège en 2001. Diffusé sur TF1 à deux reprises.- Reprise le 23-26 janvier 2005, à Avignon. - Mi amor, livret E. Manet, composition et musique Charles Chaynes, projet en cours GERARDO JEREZ LE CAM - Compositeur, pianiste Né à Buenos Aires, Argentine, en 1963, étudie le piano et la composition aux conservatoires D’IPOLITO et CONSUDEC. Dirige de l’opéra et intègre plusieurs groupes de folklore et tango. Arrivé en France en 1992, il est à l’origine de la formation de tango contemporain CUARTETO JEREZ, et du groupe TRANSLAVE qui propose une rencontre des cultures tango et tzigane. Compose « Refugio Almafuerte », une création pour Raúl GARELLO (bandonéon) et l’Octet de violoncelles de l’orchestre symphonique de Buenos Aires. En collaboration avec Juan José MOSALINI (bandonéon), l’Orchestre National des Pays de la Loire et l’Orchestre de L’île de France il réalise deux tournées en France. Compose les musiques des spectacles de CAMILLA SARACENI « Pas à deux », « Charbons Ardents » et « Tangos, verduras y otras yerbas » et « Anche moi. » Il réalise pour l’album « Por la vuelta » de SANDRA RUMOLINO les arrangements et compositions. Avec OSVALDO CALO il forme un duo de pianos et compose « Fuga Tango », série des préludes et fugues à la couleur des musiques du Rio de la Plata. Il crée en 2005 le JEREZ LE CAM ENSEMBLE en residence a la Maison de la culture de Nantes et enregistre l’album « Tango imaginario » 22 DISCOGRAPHIE SELECTIVE « Música de Buenos Aires » / CUARTETO JEREZ (1992) « Futurtango » / CUARTETO JEREZ (1994) « Musique tzigane » / TRANSLAVE (1997) « Tziganiada » / TRANSLAVE (1998) « Czardango » / TRANSLAVE (1999) « Migraciones » / AGUAFUERTE (2000) « Ulitza » / TRANSLAVE (2001) « Pas à deux » / DARSENA SUR (2000) « Marinarul »/ TRANSLAVE (2003) « Tango Imaginario » / Jerez Le Cam ensemble (2005) STEVE ARGÜELLES - Compositeur et créateur son. (consulter le site www.plush-internet.org) Natif de Birmingham en1963, Steve fait parti de la « beat génération », et a su y rester « musicalement parlant ». Le “beat”, cette pulsation d’une tonalité parfaite, timée, syncopée, arrivant toujours quand on l’attend. C’est à partir de cette rythmique qu’il produira son grand « boom ». Son approche musicale se situe dans une lignée expérimentale et « raveuse » des musiques alternatives. Homme à tout faire des musiques actuelles (instrumentiste, leader, producteur, DJ); expérimentateur polymorphe, concepteur de musiques aussi rigoureuses dans leurs principes que dans l’extrême liberté dans la forme qu'il leur donne; batteur chorégraphique passant avec la même grâce du jazz le plus traditionnellement pulsatif à l’improvisation libre, du format chanson aux dernières avancées électroniques - Steve Argüelles est sans conteste l’un des musiciens les plus inspirés de la scène musicale actuelle. (Stéphane Ollivier) Extraits de Presse « tango verduras y otras yerbas » Tout le charme du tango argentin ! Ouest France 12 novembre 04 Mercredi soir, la Scène Nationale 61 a transformé sa salle habituelle en dancing argentin dit « milonga » pour accueillir un magnifique spectacle Verduras y Otras Yerbas. La salle était comble pour ce concert d'une heure et demi, où les plus jolis pas du tango le disputaient à un excellent jeu de comédie. Tango, Verduras y Otras Yerbas évoque l'ambiance des cabarets argentins de Buenos Aires où se jouent les rencontres humaines, amoureuses, fugitives ou durables entre les êtres. Le metteur en scène Camilla Saraceni présente son spectacle en trois parties : un concert d'une demi-heure avec piano, violon et voix, exprimant le tango revu et corrigé par des accents de grande modernité. La seconde partie laisse place à deux excellents artistes, à la fois danseurs et comédiens qui parlent d'autant plus vrai, qu'ils sont auteurs de leur texte : l'Argentin Jorge Rodriguez et la Française Sylvie Cave racontent avec des mots succulents et drôles leur découverte de cette danse si charnelle. Entre deux tango, ils miment l'allure gominée des hommes, l'arrivée conquérante des grandes familles, la stratégie du dragueur patenté... Tous deux brillent par une interprétation sans failles, accompagnés par deux merveilleux musiciens Gérardo Jerez Le Cam, compositeur et pianiste et le violon Jacob Marian Maciuca. Sandra Rumolino possède la voix suave et grave des chanteuses de tango. La troisième partie invite les spectateurs à venir s'essayer sur la piste. Il est rare d'assister à un spectacle aussi complet mêlant musique, danse, chant et comédie. Extraits de Presse « charbons Ardents » premier volet 23 TANGO NOSTALGIA par Corinne Bernard de L’ALSACE 27/12/02 Dans le cadre de la semaine consacrée au tango, la Filature a invité des « Charbons Ardents » incendiaires. Entre sensualité et érotisme. Charbons ardents, c’était une invitation de Camilla Saraceni, artiste née dans le berceau du tango. Une invitation à un spectacle de trois heures trente où l’on tentait de nous plonger dans l’atmosphère des trottoirs de Buenos Aires. Comme dans un café argentin La scène modulable était pour l’occasion tapissé de rouge et de noir, des tables disposées ça et la comme dans un café argentin… Et puis des musiciens, bandonéon, piano, contrebasse, violon, pour des pièces mêlant les sons du tango pur à d’autres plus proches des variantes tziganes. Si le public pensait retrouver les atmosphères d’un Piazzola ou d’un Carlos Gardel, il aura été quelque peu désappointé. En revanche, s’il s’attendait à pénétrer dans la nostalgie et la sensualité propres au tango, Charbons Ardents a fait très fort. Et comme dans un fondu enchaîné, le spectacle a déroulé toutes les formes pour une combinaison électrique d’où il ressortait que le tango n’est qu’un prétexte pour une promenade allant crescendo dans un érotisme torride. L’étrange ballet des deux corps On danse, à deux, à trois, l’homme est dominé, la femme domine. Et puis, le contraire. On se frotte, on est filmé en gros plan, peau blanche et main descendant lentement sur la poitrine. Étrange spectacle qui rendait aussi hommage aux mots. Aux mots crus et tendres, du désenchanté Philippe Léotard. Pour une lente ascension vers les chemins sombres de la nostalgie. Des Charbons ardents, loin du tango classique, loin de la sensualité, et plus proches de l’érotisme clairement affiché. Car le tango, c’est avant tout cela, l’étrange ballet de deux corps, deux différences qui s’affrontent pour mieux se fondre dans un corps à corps passionné. Extraits de presse « Pas à deux » Longtemps, elle a ignoré le tango. Et pourtant elle est de Buenos Aires, Camilla Saraceni. Mais, dans les années 70, à l’époque, elle l’avoue, elle avait la tête ailleurs. C’est la philosophie qui l’intéressait. Et elle l’enseignait. Et puis, elle s’intéressait aussi beaucoup à la mode, aux costumes et signait alors des vêtements de prêt-à-porter. En ces temps de dictature, le tango ne faisait pas partie des préoccupations des intellectuels ou des artistes argentins. Ils avaient d’autres soucis. En 1975, Camilla Saraceni débarque à Paris. Direction, les grands couturiers. Elle chorégraphie des défilés pour Christian Dior, travaille un peu pour Chanel. Le théâtre la tarabuste. Et l’écriture aussi. Dix ans après son arrivée en France, elle crée sa compagnie dramatique, le Théâtre de Léthé à Paris. De l’aventure, Marie-France Capri, Michel Feller, Anne Nathan et la jeune Juliette Binoche. Camilla Saraceni signe ses premières mises en scène : Le Primerissimo d’Eduardo Manet, Du sang sur le cou du chat de Fassbinder, Hall de Nuit de Chantal Ackerman (déjà à la Bastille), Le Silence de Nathalie Sarraute au Lavoir Moderne Parisien. Un lieu qui lui convient à merveille et où elle montera aussi Les Cahiers de Malte Laurids Bridge de Rilke. 24 On le voit, Camilla Saraceni a déjà un parcours intéressant dans le monde du théâtre. Mais le travail dont elle est le plus fière c’est Hélène d’Euripide. « Je peux dire que j’ai consacré trois ans à cette entreprise-là, et la rencontre avec Jean et Mayotte Bollack, qui traduisaient la pièce, a été pour moi d’une importance profonde. » C’est alors qu’elle réfléchissait au sens de la tragédie, que le tango, insidieusement, s’est imposé à son esprit et celle qui ne fréquentait pas les tanguerias de Buenos Aires s’est prise de passion pour cette musique, cette danse, cette culture. Argentine, elle est comme tous les Argentins, par hasard. Un père italien, une mère grecque et des ascendances qui mêlent une quinzaine de nations de la vieille Europe et même un peu de sang arabe par une de ses arrière-grands-mères. « J’ai réuni l’équipe, et l’on s’est mis au travail. Tout, on a tout fait ensemble. J’ai proposé des textes ; il y en a certains auxquels je tenais beaucoup mais que j’ai un peu négligés, des textes de Lydie Salvayre, notamment. Je le regrette aujourd’hui, mais l’épreuve du plateau m’a conduit à les écarter, pour plus de cohérence et je m’en suis tenue plus à des textes de Charlie Kassab. » La cohérence, dans cette Tangueria de la Roquette, c’est d’abord une troupe. Huit acteurs-danseurs dont la chanteuse Sandra Rumolino, quatre musiciens du Cuarteto « Darsena sur » (bandonéon, violon, piano, contrebasse), une scénographie et des costumes de Consuelo Zoelly, et la couleur rouge. Le rouge est mis. Partout. Pas d’histoire précise, mais des fragments, des éclats, la mélancolie désenchantée du tango, sa sensualité. Son charme entêtant. » Armelle Héliot, Le Figaro Soirée de fièvre garantie au Théâtre de la Bastille avec Pas à Deux. Un spectacle tout neuf qui se veut un habile mélange de textes sur le couple, de chants et de tango. (…) Et nous voilà embarqués pour Buenos Aires, avec un spectacle plein de trouvailles visuelles et à l’humour ravageur. Les comédiens sont aussi d’excellents danseurs, la chanteuse a la voix chaude et les costumes sont superbes. Bérengère Adda, Le Parisien Ce spectacle veut s'écarter des lieux communs et de la nostalgie trop généralement véhiculée par le tango, pour en retrouver la fraîcheur et la nervosité sensuelle et acérée Hugues Le Tanneur, Aden Le Monde 25