Recherche et développement en France Résultats 2000
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Recherche et développement en France Résultats 2000
Direction de l’évaluation et de la prospective Recherche et développement en France Sous-direction des études statistiques Bureau des études statistiques sur la recherche www.recherche.gouv.fr/indicateursRetD 3-5 boulevard Pasteur 75015 Paris Résultats 2000, estimations 2001, objectifs socioéconomiques du BCRD en 2002 Chapitre 2 :Comparaisons internationales Auteurs : Philomène Abi-Saab, Monique Bonneau, Jacques Bonneau, Catherine David, Florent Favre, Dominique Francoz, Emmanuel Weisenburger Ont également contribué : Christine Didier, Charlotte Egonneau, Francine Gobley, Alain Lacourrège 2. COMPARAISONS INTERNATIONALES 23 2.1. LES ACTIVITÉS DE R&D DANS LE MONDE 2.1.1. Évolution récente des activités de R&D dans le monde Le début des années 1990 a connu une rupture dans l’évolution des efforts de R&D des grands pays industrialisés. Contrairement aux années 1980, le ratio DIRD / PIB a cessé alors d'augmenter. Une relance des dépenses de recherche et développement, entraînant une nouvelle croissance de ce ratio, a été amorcée en 1995 aux États-Unis et au Japon où elle semble se poursuivre. Sur la période 1995-2000, les dépenses de recherche dans les pays de la zone OCDE sont à nouveau sur une tendance à la hausse. Les taux de croissance annuels des dépenses de R&D de la zone OCDE se situent autour de 5 %. Ils sont tirés par la croissance observée aux États-Unis. La situation dans la zone OCDE ne doit cependant pas masquer des développements très importants observés dans certains pays hors de la zone OCDE où les taux de croissance annuels entre 1995 et 2000 sont supérieurs à 10 %. C’est le cas en particulier de la Fédération Russe, d’Israël et de la Chine (même si, dans ce dernier cas, les taux de croissance sont surestimés en raison de changements de méthodologie). Graphique 7 : Taux de croissance de la DIRD dans la zone OCDE, en Russie et en Chine 40% 1996/1995 1997/1996 1998/1997 1999/1998 2000/1999 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% Total OCDE -5% Etats-Unis Union européenne Japon Fédération Russe Chine -10% -15% 2.1.2. Les trois pôles mondiaux de la science et de la technologie La recherche et développement des pays de l'OCDE reste fortement concentrée dans les huit principaux pays de cette organisation qui exécutent en 2000 plus de 88 % de la DIRD de la zone (évaluée en dollars sur la base des parités de pouvoir d'achat). Ces pays consacrent chacun plus de 10 milliards de dollars aux dépenses de R&D. Il en est de même au sein de l’Union Européenne : quatre pays y assurent plus de 72 % des dépenses intérieures de R&D. Ce pourcentage, néanmoins, est en légère baisse par rapport à 1999, témoignant des efforts important réalisés dans certains pays (Finlande, Suède, Irlande) ayant un potentiel de recherche moindre, mais des taux de croissance très élevés. Il y avait, en 2000, 3 235 000 chercheurs dans les pays de l’OCDE en équivalent temps plein, dont 1,2 million en Amérique du Nord et 919 000 dans les pays de l’Union européenne. Les pays asiatiques, y compris la Chine, déclaraient plus de chercheurs que les États-Unis et le Canada. L’industrialisation des nouveaux pays développés ainsi que de ceux qui sont en cours de développement est accompagnée d’un effort de recherche et de développement expérimental et 24 développement technologique. Même si les comparaisons quantitatives doivent être prudentes en raison des problèmes de parités monétaires ou de la qualité de l’environnement scientifique, les résultats de certains pays n’en sont pas moins significatifs de cette progression. Tableau 3 : Dépenses de R&D dans 24 pays États-Unis (2000) Japon (2000) Allemagne (2000) Chine (2000) France (2000) Royaume Uni (2000) Corée du sud (2000) Canada (2000) Italie (1999) Inde (1994) (1) Fédération de Russie (2000) Taiwan (2000) Pays Bas (1999) Suède (1999) Espagne (2000) Australie (1998) Suisse (2000) Belgique (1999) Autriche (2000) Finlande (2000) Danemark (1999) Norvège (1999) Irlande (1999) Nouvelle Zélande (1997) Total OCDE (1998) Dont Union Européenne (1998) Dépenses intérieures de R&D Nombre de chercheurs (en En milliards en % du PIB de dollars milliers) (2) courants 265 2,70 1 114 (3) 98 2,98 648 55 2,48 259 50 1,00 695 32 2,19 168 27 1,86 158 (4) 19 2,68 108 16 1,84 91 14 1,04 65 11 0,73 137 11 1,09 506 10 2,05 55 8 2,02 41 8 3,80 40 8 0,94 62 7 1,49 62 (4) 6 2,64 26 5 1,96 30 4 1,80 19 (4) 4 3,37 26 3 2,09 18 2 1,70 18 1 1,21 8 0,7 1,13 8 (3) 600 2,24 3 235 (5) 1,88 173 919 (5) Source : OCDE, Eurostat et services statistiques nationaux (1) dans le cas de l’Inde, la recherche universitaire n’est pas retenue (2) évalué en équivalent temps plein et y compris les ingénieurs de recherche (3) 1997 ; (4) 1998 ; (5) 1999. 2.1.3. La position de la R&D française au sein de l’OCDE Dans ce contexte, la France, avec une contribution de 5,3 % à la DIRD de la zone OCDE conserve, en 2000, sa quatrième position en termes de dépenses de R&D après les États-Unis (44 % de la DIRD de la zone OCDE), le Japon (17 %), l’Allemagne (8,6 %). Elle se trouve néanmoins en position de faiblesse dans la mesure où elle bénéficie du plus faible taux de croissance (+1,1 % sur la période 1995-2000) parmi les pays les plus importants en termes de DIRD. En accordant à sa recherche intérieure 2,19 % du PIB, la France, pour 2000, est au regard de cet indicateur à la 4ème place parmi les sept pays les plus importants de l’OCDE, derrière le Japon (2,98 %), les États-Unis (2,70 %) et l'Allemagne (2,48 %). La Grande-Bretagne se trouve au 5ème rang, avec 1,86 %. Plusieurs pays de taille économique moyenne consacrent une part importante de leur PIB à la R&D : c'est le cas de la Suède (3,80 %), de la Suisse (2,64 %) et de la Finlande (3,37 %). 25 Tableau 4 : Indicateurs de l'effort de recherche des principaux pays de l'OCDE (1) DIRD/PIB (en %) DIRD/habitant Chercheurs/pop active (pour mille) France base 100 en euros 1991 1996 1999 2000 1991 1999 2000 2000 (2) 1981 (2) (2) États-Unis Japon (1) Allemagne France Royaume-Uni Italie 2,72 2,93 2,53 2,37 2,07 1,23 2,54 2,83 2,26 2,30 1,92 1,01 2,66 2,94 2,44 2,18 1,88 1,04 2,70 2,98 2,48 2,19 1,86 - 149 134 104 100 77 50 187 156 121 100 89 50 186 149 124 100 87 - Canada Pays-Bas 1,59 1,70 1,80 1,84 1,97 2,01 2,02 - 70 79 92 - 99 - Suède 2,79 3,67 3,78 (3) 114 183 - - 924,8 742,9 617,3 497,7 435,3 239,0 (5) 494,2 514,8 (5) 852,4 (5) 2000 6,2 5,4 4,4 3,6 2,3 7,9 (3) 9,7 6,7 7,0 5,5 (4) 2,9 (5) 3,4 3,4 6,1 (5) 5,1 (5) 4,1 9,6(5) (1) L'OCDE a ajusté les séries du Japon en estimant le nombre de chercheurs en équivalent temps plein dans l'enseignement supérieur. (2) ou année la plus proche : (3) Données 1997 (4) Données 1998 (5) Données 1999 Sources : OCDE et MEN, DEP, B3 Par rapport à sa population active la France, avec 7,0 chercheurs pour mille actifs se classe derrière les États-Unis (7,9 pour mille), le Japon (9,7 pour mille). Elle précède l'Allemagne (6,7 pour mille), le Canada (6,1 pour mille), le Royaume-Uni (5,5 pour mille) et l'Italie (2,9 pour mille). Il faut souligner que, selon cet indicateur, plusieurs pays moins peuplés se situent dans le peloton de tête : en particulier la Norvège, la Suède et la Finlande (autour de 9 pour mille). Dans le domaine de l’emploi scientifique, en 2000, la France employait environ 169 000 chercheurs, comptés en équivalent temps plein ; selon les dernières informations disponibles, les États-Unis employaient plus de un million de chercheurs, l’Allemagne 259 000 , l’Italie 65 000 et le RoyaumeUni 158 000 chercheurs ; l'effectif des chercheurs japonais, réajusté par l'OCDE pour les comptabiliser en équivalent temps plein dans les universités, s’établit à 648 000. Ces comparaisons mettent en évidence l’importance des moyens dont disposent certains de nos partenaires dans le domaine de la recherche : les États-Unis ont une capacité suffisante pour couvrir tous les domaines scientifiques ; le Japon mobilise aussi, particulièrement depuis quelques années, un potentiel scientifique et technique très large et fonde de plus en plus son développement industriel sur la « matière grise » et les produits à haute valeur technologique. La prise en compte de la seule composante civile de la DIRD modifie sensiblement les écarts entre les pays. Le ratio DIRD civile / PIB était, en 2000, de 2,0 % pour la France, contre 1,6 % en GrandeBretagne. Il était très élevé au Japon (2,5 % en 1994), en Allemagne (2,4 %) et aux États-Unis (2,3 %) où la DIRD a beaucoup progressé ces dernières années. 2.1.3.1.L’importance des efforts budgétaires En 1992, la France consacrait à la recherche, à travers ses moyens budgétaires publics, une part relative de sa richesse (en termes de PIB) plus importante que la plupart des autres pays. La période 1992-2000 est marquée par une baisse des financements publics de la recherche dans la plupart des grands pays développés. Seul le Japon, qui se caractérisait par une moindre implication de l’État dans le financement de la recherche, semble amorcer une évolution à la hausse des financements publics de la R&D, se rapprochant ainsi des structures de financement des autres pays. En 2000, le financement 26 budgétaire, civil et militaire rassemblés, de la France reste en dessous un pour-cent de son produit intérieur brut. Tableau n° 4 : Les financements budgétaires de la recherche-développement en valeur relative Crédits budgétaires de R&D totaux (en pourcentage du PIB) 1992 2000 Total dont Total dont crédits crédits civils civils États-Unis 1,09 0,47 0,80 0,37 Japon 0,45 0,43 0,64 0,61 Allemagne 0,99 0,89 0,81 0,74 France 1,26 0,81 0,93 0,72 Royaume-Uni 0,84 0,50 0,69 0,44 Italie 0,80 0,74 0,66 0,65 Sources : OCDE et MEN, DEP, B3 La baisse des crédits publics alloués à la R&D de défense explique les évolutions constatées dans certains pays particulièrement engagés dans ce domaine. La France se situe, avec les États-Unis et le Royaume-Uni, parmi les pays qui consacrent la part la plus importante de leur budget public de R&D à la défense. Ces pays ont connu, sur la période 1992-2000 une inflexion de la part des crédits budgétaires publics dans le PIB. 2.1.3.2.La recherche-développement des entreprises dans le monde En niveau, la R&D des entreprises françaises se classe au quatrième rang, derrière celle des ÉtatsUnis, du Japon, de l’Allemagne et devant celle du Royaume-Uni. De même, relativement à la valeur ajoutée des branches marchandes (mesure du potentiel économique, hors services financiers et non marchands, harmonisée au niveau international par l'OCDE), la France, avec 2,0 % en 2000, se situe derrière l'Allemagne (2,5 %), les États-Unis (2,7 %) et le Japon (3,1 %). Depuis le début de la décennie 90 ces pourcentages étaient en baisse. Ils augmentent de façon significative depuis 1996 aux États-Unis, au Japon et en Allemagne. Les comparaisons internationales sur la recherche technologique et industrielle sont à analyser avec précaution dans la mesure où certains établissement ne sont pas classés en France dans le secteur des « Entreprises » : les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) comme le CEA, le CNES, l’IFREMER ou l’ONERA dans leurs domaines de compétence, certaines fondations comme l’institut Pasteur pour les vaccins, certains établissements publics scientifiques et technologiques (EPST) comme l’INRA, le CEMAGREF ou l’INRIA. L’ensemble de ces travaux pourrait représenter près d’un milliard d’euros de dépenses de R&D. Une approche plus précise de la R&D technologique et industrielle de la France devrait aussi apprécier les valorisations industrielles en aval de ces travaux. Les entreprises françaises financent 52,5 % de la DIRD, ce qui est très inférieur à ce que l'on constate au Japon (72,4 %), aux États-Unis (68,2 %) et à l'Allemagne (66,1 %). Le Royaume-Uni est dans une situation proche de celle de la France avec 49,3 %. 27 Tableau n°5 : Les sources de financement de la DIRD dans les principaux pays Année 2000 % de la DIRD financé par : les entreprises l'administration l'étranger États-Unis 68,2 27,3 Japon 72,4 19,6 0,4 Allemagne 66,1 31,4 2,1 France 52,5 40,3 7,2 Royaume-Uni 49,3 28,9 16,3 Italie (1999) 43,9 51,1 5,0 Sources : OCDE/MEN, DEP, B3 DIRD/PIB 2,70 2,98 2,48 2,19 1,86 1,04 En 2000, le poids des financements propres des entreprises françaises (80,9 %) est stable par rapport à 1999, se rapprochant, sans toutefois être comparable, de celui des entreprises américaines, allemandes et surtout japonaises qui assurent elles-mêmes l'essentiel du financement de leur recherche (à hauteur respective de 89 %, 91 % et 98 %). Cependant, en Allemagne et au Japon, les transferts de l’État vers l'industrie sont relativement moins importants en raison du faible poids structurel de leur recherche et développement militaire et de l'absence de grands programmes technologiques animés par les pouvoirs publics. 2.2. L’INTERVENTION DE L’ÉTAT DANS LE FINANCEMENT DE LA RECHERCHE DANS LES PRINCIPAUX PAYS DE L’OCDE En 2000, les États-Unis ont dépensé 243 milliards de dollars (en milliard de $ constants 1995) soit 44 % de la Dépense Intérieure de Recherche et Développement (DIRD) exécutée dans les pays de l’OCDE en 2000. L’ensemble des pays de l’Union européenne constitue le second pôle avec plus d’un quart de l'ensemble de la DIRD de la zone OCDE. À l’intérieur de l’Europe, les principaux contributeurs sont, par ordre d’importance, eu égard aux moyens engagés, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Mais ce n'est que l'ensemble des pays de l'Union européenne qui dégage des moyens supérieurs au Japon qui réalise 17 % des travaux de R&D. Entre 1981 et 2000, la répartition géographique de la DIRD de l’OCDE est marquée par le recul de l’Union européenne et des États-Unis au profit du Japon et de nouveaux acteurs comme la Corée ou la Chine. À l’intérieur de l’Union européenne, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni déterminent le mouvement général. Tableau 5 : La place en R&D des principaux pays de l’OCDE DIRD en millions de $ DIRD/PIB en % Part des 1995 PPA pays 2000 2000 1981 Union européenne 155 908 1,88 33,0 dont France 29 889 2,18 7,0 dont Allemagne 47 450 2,48 9,9 dont Royaume-Uni 23 483 1,86 7,3 États-Unis 243 056 2,70 47,2 Japon 93 701 2,98 14,6 Autres pays 59 172 5,5 OCDE 551 836 2,24 100 Source : OCDE, AES (base de données MSTI), mai 2002, traitement MEN, DEP, B3. Part des pays 1992 31,1 6,6 9,8 4,8 42,5 18,4 8,2 100 Part des pays 2000 28,2 5,4 8,6 4,3 44,0 16,9 10,7 100 2.2.1. Investissement croissant en R&D : le rôle des entreprises est déterminant mais il n’est pas identique dans les pays Depuis 1981, les pays de l’OCDE ont affecté une part croissante de leur richesse à l’investissement en R&D : 2,24 % du PIB en 2000 contre 1,99 % en 1981. La DIRD progresse plus vite que le PIB mais 28 au début des années 1990 on note une rupture dans l’évolution des efforts de R&D. Le ratio DIRD/PIB cesse d’augmenter. Cependant depuis 1995, on observe de nouveau une reprise de la croissance des dépenses de R&D située entre 4 et 6 % par an pour l’ensemble de la zone OCDE. Ces taux sont cependant nettement plus élevés et plus réguliers aux États-Unis qu’en Europe où la reprise est plus faible et plus tardive. La situation du Japon est plus contrastée. Les taux pour l’année 2000 sont cependant assez proches pour ces trois principales zones géographiques. Graphique 8 : Variation de la DIRD dans les principaux pays de l'OCDE depuis 1995 8 1995/1994 En % 6 1996/1995 1997/1996 4 1998/1997 1999/1998 2 2000/1999 0 France Allemagne -2 Royaume Uni Etats Unis Japon OCDE Union européenne Source : OCDE, AES (base de données MSTI), mai 2002 traitement MEN-DEP B3. Depuis vingt ans, la progression des dépenses de R&D des entreprises a le plus souvent expliqué la croissance de l’ensemble, puisqu’en moyenne les taux de croissance pour les entreprises sont plus élevés. C’est aussi ce que l’on observe depuis 1995 avec taux de croissance des dépenses de R&D des entreprises autour de 5 % par an. Aux États-Unis, si le taux est supérieur, son rythme de croissance se ralentit. Pour l’ensemble de l’Union européenne, le taux moyen est moins élevé mais il enregistre une accélération sur la période. C’est la reprise observée en Allemagne depuis 1997 qui explique ce résultat alors qu’en France et au Royaume-Uni il n’y a pas d’évolution systématique. Graphique 9 : Variation de la DIRDE dans les principaux pays de l'OCDE depuis 1995 En % 12 10 1995/1994 8 1996/1995 6 1997/1996 4 1998/1997 2 1999/1998 0 -2 ce an Fr ni ne is ag Un eU m s e m t l a u Al Et ya Ro Ja n po DE OC nio n r eu op é n en e 2000/1999 U Source : OCDE, AES (base de données MST I), mai 2002 traitements MEN-DEP B3. Il en résulte un accroissement sensible du poids des entreprises dans l’exécution des travaux de recherche entre 1992 et 2000, tant pour l’ensemble de l’OCDE (69,2 % en 1992 et 69,7 % en 2000) que pour les pays de l’UE (63 % en 1992 et 64,5 % en 2000). Ce mouvement est plus soutenu aux États-Unis et en Allemagne. 29 Graphique 10 : Part de la DIRDE dans la DIRD 80% 70% 60% 50% 1992 40% 1999 2000 30% 20% 10% 0% Etats-Unis Japon UE Allemagne RoyaumeSource : OCDE, AES (base de données MST I), mai 2002 traitements MEN-DEP B3. Uni France 2.2.2. Les pouvoirs publics dans le financement de la DIRD : une situation contrastée qui s’explique principalement par le rôle de la défense En moyenne pour l’ensemble de la zone OCDE, les pouvoirs publics financent en 2000 3,4 % de la DIRD. La situation est cependant contrastée. L’analyse de l’intervention publique (voir encadré 2) dans le financement de la DIRD permet de dégager trois profils. Le cas du Japon, avec une intervention publique réduite, s’oppose à celui de la France où les pouvoirs publics sont plus présents. L'Allemagne, le Royaume-Uni et les États-Unis occupent une position intermédiaire, autour de la moyenne de l’OCDE. Tableau 6 : L’intervention de l'État* dans le financement de la DIRD Part de l'État dans le financement de la DIRD en % Financements Variation publics entre 1992 et 2000 en millions de $ (valeur) 1995 PPA 1992 2000 2000 2000-1992 Union européenne 41,3 37,2** 55 471* +4% France 44,7 40,3 12 045 -3% Allemagne 36,1 31,8 15 108 +3% Royaume-Uni 37,6 34,5 8 90 +7% États-Unis 41,7 31,8 77 195 +4% Japon 28,9 27,2 25 449 +39% OCDE 38,5 33,4 184 368 +14% *Secteur de l’Etat, de l’enseignement supérieur et des ISBL (voir méthodologie) ** donnée 1999 Source : OCDE, traitement MEN, DEP, B3. Le financement public de la recherche couvre à la fois les subventions et les soutiens à la recherche, le plus souvent sous forme contractuelle ou sous forme de crédits incitatifs. L’importance de ce financement dépend de plusieurs facteurs, notamment la répartition entre recherche en entreprises et recherche dans les administrations, et surtout de l’importance de la R&D de défense dans l’ensemble de la R&D même si cette distinction est difficile (voir encadré 2). En effet, la R&D militaire, 30 déterminante pour quelques pays, est financée sur fonds publics et elle est réalisée sur le territoire national. Son évolution est très importante dans le mouvement d’ensemble avec une forte diminution depuis le début des années 1990 et une reprise très récente. Graphique 11 : Part de l'État dans le financement de la DIRD 50% 45% 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 1992 1998 1999 Ro ya um eU ni A lle m ag ne Fr an ce Eu ro pé en ne n po Ja U ni on Et at sU ni s O CD E 2000 Source : OCDE, AES (base de données MSTI), mai 2002 traitements MEN-DEP B3. Depuis 1992, les pays de l’OCDE connaissent un mouvement commun de réduction de la place relative des pouvoirs publics dans le financement de la DIRD. Cette évolution est particulièrement prononcée aux États-Unis (31,8 % en 2000 contre 41,7 % en 1992 de la DIRD). Pour quelques pays, ce recul se traduit par une contraction en valeur des financements publics entre 1992 et 2000, comme la France, ou à une faible progression comme aux États-Unis ou en Allemagne. Cette évolution est déterminée pour une part par l’évolution des activités de R&D de la Défense. Trois pays déclarent une dimension militaire à leur activité de R&D dont deux pour une part supérieure à 10 % : les États-Unis et le Royaume-Uni. Tableau 7 : L’orientation civile/militaire de la R&D DIRD militaire /DIRD 1992 DIRD militaire /DIRD 2000 DIRD totale DIRD civile base 100 base 100 USA 2000 USA 2000 France 16,8% 8,1% 12,0 13,5 Allemagne 4,1% 2,0% 19,5 22,8 Royaume-Uni 16,3% 14,5% 9,7 10,1 USA 21,9% 13,7% 100 100 Japon* 2,2% ns 38,6 46,3 Source OCDE, AES (base de données MSTI), mai ou septembre 2002, traitement MEN, DEP B3 * Japon : pourcentage indiqué en 1992 et 1994 seulement. Pour les calculs et les graphiques, cette information n’a pas été utilisée. Le financement de la R&D militaire étant a priori essentiellement institutionnel4, il pèse fortement dans les financements publics de la DIRD. On peut donc calculer une DIRD civile et construire un 4 Le rapprochement entre les données sur les crédits budgétaires à orientation militaire et le montant de la DIRD militaire permet de confirmer cette hypothèse pour la France. 31 financement public civil de cette même DIRD (tableau 4) : la DIRD militaire est retirée de la DIRD totale et du financement public total. Les statistiques internationales ne permettent pas de connaître les secteurs bénéficiaires des crédits militaires, en particulier celui des entreprises. En France, en 2000, par exemple, les travaux de R&D réalisés par les structures propres de ministère de la défense ne représentent que 31 % du budget de R&D militaire totale, alors que 59 % de ces dépenses sont réalisées dans le secteur des entreprises. Cette distinction n’étant pas disponible, sauf à faire des hypothèses (voir encadré n° 1), on ne peut donc raisonner que globalement sur l’ensemble des crédits militaires. Tableau 8 : Le financement public civil de la recherche civile en % Financement public civil de Financement public civil de la DIRD civile en 1992 la DIRD civile en 2000 France 33,5 36,2 Allemagne 33,3 30,4 Royaume-Uni 25,5 23,3 États Unis 25,4 20,9 Japon 25,5 27,2 Source : OCDE, PIST, 2002-1, traitement MEN, DEP, B3. La restriction du financement et de l’exécution de la recherche à sa composante civile éclaire différemment les politiques de financement public et augmente les écarts entre les pays. Les ÉtatsUnis ne financent plus que 20,9 % de leur DIRD civile, situation comparable à celle du Royaume-Uni et du Japon. L’Allemagne et la France gardent un niveau d’intervention plus élevé mais néanmoins comparable. La tendance est aussi au repli de ce soutien, la situation de la France en 2000 pouvant apparaître comme atypique. Depuis 1999 les financements en direction des entreprises ont repris sous le double effet d’une stabilisation des financements du ministère de la défense et des crédits consommés des ministères de la recherche, de l’industrie et de l’équipement 2.2.3. Des différences dans le soutien aux entreprises Sur la période 1992-2000, les États-Unis et la France soutiennent plus leurs entreprises (entre 10 et 11 % en 2000) alors que le Royaume-Uni et l’Allemagne apportent un soutien plus limité (inférieur à 10 % en fin de la période) ; il s’agit de l’ensemble des financements publics, civils et militaires confondus. Seul le Japon adopte un comportement tranché avec une contribution publique faible à la recherche en entreprise. Tableau 9 : Le rôle de l’État dans le financement de la R&D des entreprises 2000 1992 2000 Financements publics de la DIRDE en millions de $ 1995 PPA 2000 France* 62,5 64,0 Allemagne 68,8 70,8 Royaume-Uni 66,0 65,7 États-Unis 71,8 75,3 Japon 73,5 71,0 Source OCDE, PIST 2002-1, traitement MEN, DEP, B3. * méthode constante pour la France en 2000 16,5 10,1 13,8 20,8 1,2 10,0 7,4 8,8 11,1 1,8 1 868 2 491 1 358 20 340 1 177 DIRD exécutée par les entreprises en % 1992 DIRDE financée par crédits publics en % Variation des financements publics de la DIRDE -35% -12% -18% -23% +78% 2000/1992 Depuis plusieurs années, les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France ont réduit en valeur le montant des financements publics alloués à la recherche en entreprise. Ce recul est particulièrement marqué pour la France (-35 %). 32 On peut penser, à l’exemple de cette dernière, qu’il s’agit là de l’effet de la baisse des financements militaires en direction des entreprises. En France, en 2000, les financements de la Défense représentent les deux tiers du soutien aux entreprises. Entre 1992 et 2000, ils ont chuté de 30 %, ce qui explique les trois quarts de la baisse totale des financements publics. Celle-ci est donc concomitante à celle des financements civils en provenance des ministères comme celui de l’industrie ou de l’équipement. Cette distinction est donc particulièrement importante à établir pour les États Unis et le Royaume-Uni (voir encadré 2). Seul le Japon, peu ou pas engagé dans la R&D militaire, a intensifié les soutiens publics aux entreprises. Encadré 2 : Corrigé des financements militaires, le soutien civil aux entreprises est finalement assez comparable entre les principaux pays Si les statistiques recueillies par l’OCDE ne permettent pas de distinguer les soutiens civils des soutiens militaires dans le financement des entreprises, différentes sources nationales permettent, à condition de faire quelques hypothèses, de les estimer. Y D’après la publication de la National Science Foundation, on peut estimer que les financements Défense des États-Unis représentent 77 % des financements publics aux entreprises. Cette estimation est appliquée aux données de l’OCDE pour l’année 2000 (d’après la National Science Foundation, il faut raisonner sur une fourchette comprise entre 75 et 80 %). Y Le Royaume-Uni fournit pour l’année 1999 une ventilation civile/militaire des aides aux entreprises sur des valeurs comparables à celles de l’OCDE. Y Pour l’Allemagne, on fait l’hypothèse que la DIRD militaire (% DIRD militaire/PIB, données OCDE) est totalement réalisée par les entreprises et financée par l’État. Le montant de la DIRD militaire est donc déduit des financements publics aux entreprises. Y Pour le Japon, depuis 1994, aucune R&D militaire n’est déclarée. Ces résultats doivent être pris pour des ordres de grandeur dans la mesure où plusieurs sources sont utilisées. 2000 France*** Allemagne Royaume-Uni** États-Unis* DIRDE 100,0 100,0 100,0 100,0 % financement Etat strict 9,9-8,5 7,2 10,2 11,2 % financement militaire 7,7 2,8 7,4 8,6 % financement public civil 2,2-0,8 4,4 2,8 2,6 *estimation à 77 % ** données 1999 pour le Royaume-Uni http://164.36.253.104/setstats/data/6/setstats2001-fig0605.htm *** première valeur brute, seconde valeur nette corrigée du remboursement de certaines aides. Japon 100,0 1,7 0,0 1,3 Compte tenu de ces diverses appréciations le taux d’intervention dans le financement public de la DIRDE est très comparable entre les différents pays. 2.2.4. L’intervention de l’Etat est majeure dans le financement de la dépense intérieure de R&D des administrations Les pouvoirs publics nationaux assurent l'essentiel du financement de la recherche des administrations5. C’est aux États-Unis que les pouvoirs publics la soutiennent le plus et au RoyaumeUni que l’intervention est la moins importante. 5 On regroupe dans les administrations le secteur de l’Etat, celui de l’enseignement supérieur et les institutions sans but lucratif. 33 Tableau 10 : Le rôle de l’État dans le financement de la DIRDA Part de l’État dans financement DIRDA Hypothèse d’un financement de l’État hors Défense 1992 2000 France 91,7 91,0 Allemagne 93,3 90,4 Royaume-Uni 85,8 83,3 États-Unis 95,6 95,0 Japon 89,7 89,2 * Source OCDE, AES (base de données MSTI), mai ou septembre 2000, traitement MEN, DEP, B3. ** données Royaume-Uni 1999 92,6 90,4 80,9** 94,2 89,2 Comme pour la recherche en entreprises, on peut faire les mêmes hypothèses sur le niveau d’intervention de l’État hors intervention du ministère de la Défense. Les positions des pays restent identiques, le Royaume-Uni se distinguant par un niveau de financement de l’étranger et des entreprises plus important qu’ailleurs. 34 Encadré 3 : Financement public de la DIRD des pays de l’OCDE, sources et méthodes À partir des données transmises par les pays à l’OCDE, on connaît les dépenses de recherche, leur secteur d’exécution et leur mode de financement. On dispose aussi d’une répartition de la DIRD totale entre le civil et le militaire. La R&D militaire est en général entendue au sens des financements institutionnels, c’est-à-dire en provenance du budget du ministère de la Défense. Cela n’exclut pas que des travaux de R&D soient menés par un secteur, notamment celui des entreprises, à des fins militaires (recherche sur de nouveaux matériaux ou matériels militaires). Mais ces montants ne sont pas indiqués dans les statistiques internationales : pour la France par exemple, la dépense intérieure de la Défense représente 32 % du budget de R&D militaire totale, une grande partie des autres recherches étant réalisée par le secteur des entreprises. Enfin, le découpage militaire/civil de la DIRD reste théorique car il suppose qu’il n’y ait pas de circulation entre les deux sphères alors que l’on sait qu’il y a une dynamique duale de nombreuses recherches. Par ailleurs, la spécificité des structures nationales de recherche et les particularités des réponses des pays sont à prendre en considération dans les comparaisons. Ainsi, le poids de l’État dans le financement est déterminé par la structure d’exécution de la R&D et notamment l’importance des organismes d’État, comme en France avec le CNRS, le CEA et le CNES. Il est donc nécessaire de raisonner sur le financement de l’État, en part relative, dans les différents secteurs. Les différences de structure d’exécution entre l’État, l’enseignement supérieur et les ISBL nous ont conduits à raisonner sur un ensemble « Administration » qui cumule ces trois secteurs. C’est d’ailleurs le choix fait en France quand on calcule les grands agrégats, DIRDA et DNRDA et que l’on présente la participation des administrations à l’exécution et au financement de la R&D. L’agrégation permet ainsi de gommer les différences entre les organisations nationales pour ne raisonner que sur deux secteurs, celui des entreprises et celui des administrations. Dans les comparaisons il faut savoir que : o En Allemagne, le poids de l’État est sous-estimé des activités des établissements des États et gouvernements locaux. De même, le financement de l’État au sens strict est sous-estimé du classement des Fonds généraux des universités qui sont classés dans les fonds propres du secteur (enseignement financé par enseignement). De même depuis 1992, les ISBL sont classés dans le secteur de l’État, ce qui justifie d’autant plus de travailler de manière agrégée. o Au Royaume-Uni, depuis 1994, le financement par les entreprises de la dépense intérieure de ce secteur comprend les ISBL et l’enseignement supérieur, ce qui entraîne une légère surestimation. o Aux États-Unis, la R&D du secteur de l’État ne comprend que les activités du gouvernement fédéral et pas les activités des établissements des États et gouvernements locaux. Définitions : Financement public : financement ayant pour origine les trois secteurs de l’administration (État, enseignement supérieur et ISBL), qu’il s’agisse de subventions ou de contrats de recherche et quelle que soit la forme (incitations, aides remboursables, etc.). Le crédit d'impôt recherche n'est pas compris. PPA $ courants : parités de pouvoir d’achat en dollars courants. PPA $ constants 1995 : parités de pouvoir d’achat en dollars constants, base 1995. 35 36