Les villes européennes

Transcription

Les villes européennes
CHAPITRE
6
ES-L-S
Les villes
européennes
Trois Européens sur quatre habitent dans des villes. Les
Alors
qu’elle
ne comptait
que un
six rôle
Étatscroissant
en 1957,dans
la Comgrandes
agglomérations
jouent
l’ormunauté
européenne
(CEE)
puis, depuis
ganisationéconomique
de l’espace européen.
Elles
concentrent
les 1994,
poul’Union
(UE)rayonnement
regroupe aujourd’hui
vingt-sept
voirs et européenne
affirment leur
sur des aires
d’inpays.
De
nombreux
autres
se
portent
candidats
ou
affichent
fluence souvent très larges.
leur
intention
l’être
dans les prochaines
années.
• Quelles
sontdeles
conséquences
de la concentration
des
• L’Union
européenne
a-t-elle
vocation
à englober la
pouvoirs dans les grandes villes ?
totalité du continent européen ?
Les grandes villes s’organisent en réseaux plus ou moins
Par
sa dimension
à la fois politique,
économique,
équilibrés,
qui structurent
l’espace européen.
Lessociale
espaceset
environnementale,
l’Union
européenne
est
beaucoup
plus
dont le réseau urbain est le plus dense constituent le cœur
qu’une
simple
zone
de
libre-échange.
du continent. Les espaces faiblement urbanisés sont souvent les périphéries de l’espace européen.
• Quelles sont les inégalités engendrées par les grandes
• L’UE
construire
des? politiques communes
villespeut-elle
et comment
les réduire
dans de multiples domaines tout en assurant le déveEnviron
80 %dedes
Français de
vivent
désormais
loppement
l’ensemble
ses membres
? en milieu
urbain. La poussée de l’urbanisation a des conséquences à
Depuis
1957,
la construction
européenne
concilier
la fois sur
la société
française mais
aussi sur doit
l’organisation
élargissement
et approfondissement.
du territoire national.
Les espaces urbanisés sont marqués
•parL’Europe
à
vingt-sept
peut-elle fonctionner comme
de fortes inégalités
internes.
l’Europe
des
Six
?
Quelles
réformes
l’UE
peut-elle?
• Quels paysages caractérisent
les villes
françaises
entreprendre
pour fairelesprogresser
de
Comment gèrent-elles
problèmesl’intégration
engendrés par
ses
membres
?
l’urbanisation croissante ?
1
Le quartier de la Défense à Paris
Avec 3,5 millions de m2 de bureaux, 1 500 entreprises et 150 000 salariés, la Défense est le premier quartier
d’affaires en Europe. À partir de la création du CNIT (Centre National des Industries et des Techniques), inauguré
en 1958 afin d’accueillir les grands salons, s’élabore un vaste projet de quartier d’affaires résolument moderne.
En 2005, 14 des 20 premières entreprises nationales y ont leur siège.
Cartes
L’Europe, un continent urbanisé
142-143
Étude de cas
Dublin, une nouvelle métropole européenne ?
144-147
Cours
1. Les métropoles dominent le territoire européen
2. Les métropoles organisent le territoire européen
3. Quatre Français sur cinq sont citadins
148-149
150-151
152-153
Dossier
Marseille, une métropole en mutation
Fiche de révision
154-155
156
Prépa Bac
• Composition : L’organisation spatiale des villes européennes
• Étude d’un ensemble documentaire :
Comment améliorer l’environnement dans les centres-villes européens ?
• Croquis : Réseaux urbains et hiérarchie des métropoles en Europe
140
157
158-159
160-161
2
Varsovie, capitale de la Pologne, au bord de la Vistule
L’agglomération compte 1 700 000 habitants, ce qui en fait la première de Pologne et la septième de l’Union européenne.
1.
Décrivez le paysage urbain du quartier de la Défense : types de construction, architecture…
Quelle est la fonction de ce type de quartier ? (doc. 1)
2.
3.
Quels sont les deux grands types d’espace urbain visibles sur le doc. 2 ?
Quelles disparités au sein des espaces urbains européens apparaissent à travers ces deux photographies ?
Chapitre 6. Les villes européennes • 141 ES-L-S
cartes
N
Taux d’urbanisation par département
en 1999 (en %)
Lille
Lens
L’Europe, un continent urbanisé
plus de 80 %
Valenciennes
Rouen
de 50 à 80 %
Caen
• Avec presque 350 millions de citadins dans l’Union européenne, l’Europe est l’un des continents les plus urbanisés du
monde puisque environ trois Européens sur quatre vivent en
ville. Mais les contrastes sont très importants entre les pays : si
95 % des habitants de Malte vivent en milieu urbain, ils ne sont
que 51 % en Slovénie. Au sein des États, il y a des contrastes équivalents entre les régions.
• Ces inégalités de répartition de la population urbaine se
retrouvent aussi en France : l’évolution de l’urbanisation varie
selon les régions, témoignant de leur inégale attractivité.
moins de 50 %
Paris
Nancy
Rennes
Strasbourg
Les grandes aires urbaines en 1999
Orléans
Angers
Tours
Nantes
Dijon
plus de 1 000 000 hab.
de 500 000 à 1 000 000 hab.
N
Part de la population urbaine dans
la population totale
78
72
60
moyenne de l’Union
européenne à 25
plus de 8 millions d’hab.
entre 2 et 8 millions d’hab.
moins de 2 millions d’hab.
Stockholm
St-Pétersbourg
du
Moscou
Glasgow
Nor d
Dublin
Hambourg
Amsterdam Berlin
Birmingham
océa n
Londres
Paris
At la nt ique
Vienne
Porto
Marseille-Aix
de 0 à 0,4 %
diminution de la population
2
Les grandes agglomérations françaises et leur évolution
N
QUESTIONS
1.
Quels sont les espaces européens
les plus urbanisés et ceux qui le
sont moins ? Localisez et décrivez
l’espace européen concentrant le
plus grand nombre de villes.
(doc. 1 et 3)
2.
Quelles sont les régions françaises
les plus urbanisées et celles qui le
sont moins ? (doc. 2)
3.
Quelles sont les régions françaises
où l’urbanisation progresse
rapidement et celles où ce
phénomène est plus lent ? (doc. 2)
4.
Sur les cartes 1 et 3, comment
sont représentées les évolutions
de l’urbanisation ?
5.
Quel est l’intérêt du mode
de représentation choisi pour
la carte 3 ? Quelle est sa
principale limite ?
Odessa
Zurich
Lyon
de 0,4 à 0,8 %
100 km
Dnipropetrovsk
Munich
plus de 0,8 %
Nice
Toulon
Kharkiv
Prague
GrasseCannesAntibes
Marseille
Varsovie
Kiev
Bruxelles
Montpellier
500 km
Rotterdam
Lille
Taux annuel d’augmentation de la population
des aires urbaines entre 1990 et 1999 (en %)
Toulouse
Copenhague
Manchester
Grenoble
moyenne de l’Europe
continentale
Agglomérations millionnaires en 2005
m er
de 300 000 à 500 000 hab.
St-Étienne
Bordeaux
Union européenne à 27
Helsinki
Lyon
ClermontFerrand
Budapest
Milan
Bucarest
Turin
Madrid
me r N o i re
Belgrade
Rome
Sofia
Barcelone
Lisbonne
Naples
m er M édi t er r anée
Athènes
500 km
1
Les taux d’urbanisation et les grandes agglomérations en Europe
3
142
Les villes européennes de plus de 10 000 habitants
Chapitre 6. Les villes européennes • 143 ES-L-S
étude de cas
Dublin, une nouvelle métropole européenne ?
D
ublin, capitale irlandaise de seulement 1,2 million d’habitants, affiche un dynamisme économique et démographique exceptionnel. La ville, comme l’ensemble de l’Irlande, un des pays les plus pauvres d’Europe jusqu’au début des années
1980, a largement profité des aides européennes pour effectuer un rattrapage économique spectaculaire. Pourtant, est-ce suffisant pour accéder au rang des métropoles
internationales dont le réseau structure l’Union européenne ? Cette puissance affichée ne
gomme pas les problèmes de ce nouveau pôle de croissance économique. Les inégalités
sociales et spatiales se renforcent, dessinant une ville à deux vitesses.
métropole : grande ville exerçant une
influence sur un espace plus ou moins
étendu.
tigre celtique : expression qui désigne
le spectaculaire dynamisme économique
de l’Irlande.
Dublin, cœur économique de l’Irlande
Tête du tigre celtique, l’agglomération
dublinoise profite fortement, depuis dix
ans, de la croissance économique irlandaise. Métropole européenne, interface
entre l’Irlande et le monde, elle concentre
population et richesse. L’emploi y a augmenté de 41 % en dix ans. Le taux de chômage y est le plus faible du pays. Deux tiers
des 800 entreprises étrangères du pays y
produisent. L’écart entre Dublin et le reste
du pays se creuse. […]
Les dépenses cumulées de recherche et
développement, à Dublin, représentent, à
elles seules, 30 % du total national. Les universités dublinoises attirent plus de 50 %
des étudiants de tout le pays.
Une métropole européenne attractive
Les 15 régions
métropolitaines
les plus attractives
VOCABULAIRE
A Dublin : métropole irlandaise et européenne ?
1
4
Implantations
d’entreprises
étrangères
en 2005 (rang1)
Île-de-France
Grand Londres
Catalogne
Moscou
Stockholm
Madrid
Hesse
Budapest
Bruxelles
Dublin
Nord-Hollande
Nord-Rhénanie
Lombardie
Genève
Berlin
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
5
Implantations de
laboratoires de recherche
par des entreprises
étrangères (rang1)
1. Selon le nombre d’entreprises ou de laboratoires étrangers accueillis.
Source : Ernst et Young, European Investment Monitor, 2006.
Eric Chol, L’Express, 16 février 2004.
Dublin
1. Google, Ebay, Merrill Lynch : entreprises américaines présentes dans le monde
entier. La première est un moteur de recherche sur Internet, la deuxième un site
web de ventes aux enchères et la troisième une banque.
Laurent Grison, « Les Enjeux du Grand Dublin »,
Mappemonde, 2004.
M
6a
L’Irlande, un pays jeune et dynamique
Après quinze années d’un boom économique qui n’a pratiquement pas d’équivalent, même en Asie, l’Irlande vit en effet
une période triplement historique : jamais elle n’a été aussi
jeune, aussi riche et aussi fière. Fière, parce que, pour la première fois, les « enfants du boom » – ces moins de 25 ans qui
représentent désormais 37,5 % de la population – ne sont pas
obligés de s’exiler pour se bâtir un avenir prospère. […] En l’espace d’une décennie, le tigre celtique a terrassé tous ses
démons : le chômage de masse, un endettement chronique et,
surtout, la désastreuse émigration de ses jeunes talents. […]
L’Irlande est le pays européen où le chômage est le plus bas
(4,3 % de la population active) et la natalité, la plus forte. […]
Pour l’instant, rien ne semble entamer l’optimisme des jeunes
Irlandais. Pas même la flambée immobilière surréaliste
(+ 180 % en dix ans !), ni l’endettement record des ménages
qu’elle entraîne, ni la très grande dépendance de l’économie
envers une poignée de multinationales qui représentent les
deux tiers des exportations du pays.
Yves-Michel Riols, L’Expansion, 20 mars 2006.
144
Philips Electronics aurait sans doute préféré plus de discrétion. En annonçant, en janvier, sa décision de transférer un
centre de comptabilité de Dublin à Lodz, en Pologne, la multinationale s’est attiré les manchettes de la presse irlandaise. À
cause des 150 emplois appelés à disparaître, mais aussi parce
que le centre en question avait récemment ouvert à Dublin, en
1999, et que Philips justifie sa fermeture par l’attrait des bas
salaires pratiqués en Europe de l’Est. […] Tel l’arroseur arrosé,
l’île verte est à son tour touchée par une mondialisation qui lui
avait pourtant assuré son décollage économique […]. C’est la
rançon du succès ! […] Conscient du défi, Dublin mise désormais sur les secteurs à haute valeur ajoutée. La santé, par
exemple. Déjà, le gotha de l’industrie pharmaceutique est présent en Irlande, attiré par une fiscalité très attrayante. […] L’Irlande a encore de bonnes cartes en main : […] taxation sur les
bénéfices, […] aides dans le domaine de la recherche et du
développement. […] Résultat, des candidats se pressent toujours au portillon irlandais et la liste des derniers arrivants a
plutôt belle allure. Récemment, Google, Ebay ou Merrill
Lynch1 ont par exemple choisi de s’installer ou de développer
leurs activités en Irlande.
3
4
2
6
8
9
10
5
12
1
14
7
11
15
12
1 000 km
2
Les revers de la mondialisation
L’ouverture d’un dossier du magazine VSD
(3 au 9 janvier 2007)
L’Irlande est un pays en situation de quasi plein emploi
et où la législation sur le travail est très souple.
Les jeunes Français (mais aussi ceux des autres pays
d’Europe) peuvent facilement y obtenir des emplois.
QUESTIONS
3
Trinity College : une des universités les plus sélectives
Fondé en 1592, Trinity College bénéficie du partenariat
des entreprises informatiques internationales et forme une
partie des cadres qui travaillent dans la haute technologie.
Cette université a été choisie par exemple par IBM
(implanté à Dublin depuis 1956, où il emploie 3 500
personnes), parmi de nombreuses universités, pour
recevoir une donation et profiter d’un partenariat de
recherche.
1.
Quels sont les éléments permettant de mesurer le
dynamisme de Dublin ? (doc. 1, 2, 3, 4 et 6)
2.
En vous aidant des doc. 1, 2, 3 et 4, classez les critères
qui font de Dublin une métropole d’une part à l’échelle
irlandaise, d’autre part à l’échelle européenne.
3.
Quels sont les atouts de Dublin au niveau économique et
humain ? (doc. 2, 4, 5 et 6)
4.
Quelles sont les limites au développement de cette
nouvelle métropole ? (doc. 2 et 5). La ville occupe-t-elle
une position centrale dans l’espace européen ?
6b
Dublin, une métropole jeune en forte croissance,
qui profite du boom économique actuel du pays
Chapitre 6. Les villes européennes • 145 ES-L-S
étude de cas
Dublin, une nouvelle métropole européenne ?
B Les transformations d’un village en métropole
N
Les espaces de la ville
aéroport
centre ville : concentration
des fonctions politiques, administratives,
commerciales et culturelles
quartier d’affaires
quartiers d’ouvriers
espace portuaire et industriel
Richardson
autres quartiers résidentiels
espaces verts
espace périurbain
docks
er
iv
yR
Leixlip
fe
Lif
Les infrastructures de transport
Sherrif Street
Clondalkin
Northside
9
limite de l’espace urbanisé en 1936
mer
d’Irlande
docks
Southside
autoroute et axe routier important
voie ferrée
tramway
aéroport
Les politiques urbaines
Symbole de la métropolisation, le quartier d’affaires
de Dublin dans les docklands
Dublin, souvent décrit comme un village-capitale longtemps
archaïque qui ne comptait que 500 000 habitants au moment
de l’indépendance de l’Eire en 1922, n’a atteint le million d’habitants qu’en 1980 et abrite aujourd’hui 1,2 million de personnes.
La spécialisation de l’agglomération dans l’industrie high-tech
entraîne des changements significatifs dans la physionomie de la
ville : édification d’un centre d’affaires sur les docks, réhabilitation des quartiers centraux, gentrification…
ville nouvelle des années 1970
Tallaght
7
L’agglomération de Dublin
8
Une croissance trop rapide ?
réhabilitation des Docklands en bureaux,
commerces et logements de standing
Sandyford
2 km
technopôles
VOCABULAIRE
Dublin attire beaucoup d’Irlandais
et de plus en plus d’immigrants du
Royaume-Uni (40 % du total), d’Asie
et d’Afrique. Son accroissement démographique est très rapide et on prévoit
2,4 millions d’habitants en 2020. Résoudre les dysfonctionnements de l’agglomération dublinoise est aujourd’hui impératif. Les transports en commun et les
réseaux routiers y sont particulièrement
déficients. Ils souffrent d’un manque
ancien d’investissement public. La crise
du logement est aussi grave. L’offre immobilière est insuffisante et les prix sont en
hausse. Entre 1961 et 1991, la population
du centre-ville a baissé de 53 % mais,
depuis dix ans, on observe un flux inverse :
plus de 50 000 personnes s’y sont installées, principalement des populations à
haut revenu qui travaillent à Dublin
même ou à sa périphérie. […]
La rapide croissance de Dublin a profondément modifié la morphologie de
l’agglomération. Son dualisme interne
s’aggrave avec le rejet des populations les
plus pauvres vers la périphérie. Plusieurs
quartiers de Dublin sont très défavorisés,
avec une population frappée par le chômage de longue durée, des problèmes de
violence et de drogue.
Laurent Grison, « Les Enjeux du Grand Dublin »,
Mappemonde, 2004.
dualisme (d’une ville) : processus de
ségrégation spatiale et sociale qui voit les
populations aisées et pauvres vivre dans
des quartiers différents sans se mélanger. C’est un phénomène qui tend à s’accentuer dans de nombreuses métropoles
européennes.
espace périurbain : voir doc. 7 ; désigne
en général des espaces encore plus éloignés de la ville centre que les quartiers
suburbains.
gentrification : embourgeoisement
d’un quartier. Souvent, ce processus
s’engage à la suite d’un programme de
réhabilitation.
réhabilitation : restauration et modernisation des bâtiments existants.
11
10
Ségrégation et tensions sociales
Il y a eu un apport de population dans les docks de Dublin,
population dont la structure démographique et le mode de vie
semblent tout à fait différents de ceux des communautés
locales préétablies. De plus, au regard du nombre important
de postes de cadres parmi lesquels la population locale est peu
représentée, on peut affirmer qu’un processus de gentrification s’est produit dans les docklands de Dublin. […] Le cas de
Sheriff Street est représentatif des problèmes que peut engendrer un tel processus. Les nouveaux logements construits à
proximité des anciens immeubles de Sheriff Street ont été le
théâtre de quelques tensions qui se sont principalement manifestées sous la forme de petit vandalisme. […] Selon les anciens
résidents, ceci vient du fait qu’ils aient été relogés dans des
immeubles plutôt que dans des maisons individuelles […].
Avec l’afflux de nouveaux résidents, de plus en plus nombreux
dans les appartements privés et rénovés de Sheriff Street, les
représentants des communautés locales, craignant la multiplication des tensions dues à la proximité entre les deux communautés, ont mis en place des mesures de sécurité, telles que le
mur de Commons Street, des résidences construites sur pilotis
et des parkings électroniques. Cependant, ces mesures ne font
que renforcer les frustrations et les tensions.
Jennifer Heurley, Dublin, un village-capitale, L’Harmattan, 2002.
146
Deux visages de l’habitat à Dublin : quartier ouvrier
et banlieue résidentielle
QUESTIONS
1.
2.
3.
4.
Décrivez l’organisation de l’espace de Dublin. (doc. 7)
Localisez les doc. 9 et 10 dans un type de quartier
représenté dans le doc. 7. Comment expliquer la forte
croissance de l’agglomération dublinoise ?
Quelles sont les limites à la croissance de Dublin ? (doc. 8)
Quels sont les contrastes sociaux à Dublin et leurs
conséquences ? (doc. 7, 9, 10 et 11)
Bilan de l’Étude de cas
À l’échelle mondiale, les villes en très forte croissance
sont très majoritairement localisées dans les pays du Sud.
Dublin est donc un cas intéressant d’agglomération qui
se développe rapidement sur un continent
démographiquement peu dynamique, l’Europe.
• Pourquoi et comment Dublin, capitale de l’Irlande,
devient-elle une métropole au rayonnement européen ?
Liens
Cours pp. 148 -153
Dossier pp. 154-155
Chapitre 6. Les villes européennes • 147 ES-L-S
cours
N
Helsinki
Stockholm
Oslo
1. Les métropoles dominent le territoire européen
mer
métropole de rang mondial
Tallinn
du
VOCABULAIRE
archipel métropolitain : un petit
nombre de métropoles qui concentrent
l’essentiel des richesses et des pouvoirs.
C’est un phénomène qui se vérifie à
l’échelle européenne mais aussi à l’échelle
mondiale.
délocalisation : voir p. 268.
mégapole : grande métropole (au moins
8 millions d’habitants).
mégalopole : groupement linéaire d’agglomérations formant un ruban urbain
sans grande discontinuité sur plusieurs
centaines de kilomètres.
métropole : voir p. 144.
plate-forme multimodale : lieu possédant des infrastructures permettant de
combiner plusieurs types de transports.
semis urbain : répartition des villes sur
un territoire.
ville mondiale / ville-monde / ville
globale : métropole dont les pouvoirs et
l’influence s’étendent à l’échelle mondiale.
REPÈRES
Les principales aires urbaines
européennes (en millions d’hab.)
Paris :
9,8
Londres :
8,5
Madrid :
5,6
Barcelone :
4,7
Berlin :
3,3
Source : World Urbanization Prospects, 2005.
Riga
N or d
A - Les métropoles concentrent les populations (doc. 1)
Dublin
I L’Europe est le continent le plus urbanisé du monde. Pourtant, les villes européennes
Amsterdam
semblent modestes à l’échelle mondiale : seules Paris et Londres sont des mégapoles avec
plus de 8 millions d’habitants, mais n’atteignent que les 20e et 27e rangs mondiaux. Sur les
cent premières aires métropolitaines mondiales, dix sont européennes.
I L’Europe bénéficie d’un semis urbain très dense, notamment dans la mégalopole.
Un Européen sur trois vit dans une des trente-cinq villes millionnaires, mais la moitié des
citadins habite dans une agglomération de moins de 200 000 habitants.
I Plusieurs facteurs successifs ont contribué au développement urbain : expansionnisme des cités méditerranéennes antiques, prospérité des cités commerciales au Moyen
Âge, exode rural et croissance démographique lors des révolutions industrielles. L’urbanisation européenne s’explique donc par l’histoire (la plupart des villes ont un noyau historique) mais aujourd’hui encore elle progresse, au profit d’un nombre limité d’agglomérations : les métropoles (+ 9 % pour Dublin, + 5 % pour Barcelone, + 1,5 % pour Paris
entre 1995 et 2005).
Hambourg
Londres
Lille
Cartes pp. 142-143
Étude de cas pp. 144-147
Dossier pp. 154-155
148
métropole régionale
Berlin
Cologne
Bruxelles Francfort
autre métropole
Prague
Paris
A t la nt ique
Genève
Toulouse
Lyon
Munich
Vienne
mégalopole européenne
Budapest
Zurich
Milan
Bucarest
mer No ire
Madrid
Lisbonne
Florence
Marseille-Aix
Barcelone
Rome
Sofia
B - Les métropoles concentrent les pouvoirs (doc. 1)
I Les métropoles se définissent d’abord par la concentration des fonctions de com-
mandement et d’innovation économique (sièges sociaux d’entreprises, organismes financiers, centres de recherche-développement…), des fonctions politiques (institutions mondiales, européennes ou nationales…) et culturelles (musées, universités…). En raison de la
mondialisation, elles drainent les emplois hautement qualifiés du tertiaire supérieur,
comme les chercheurs, et se désindustrialisent au profit du reste du territoire européen ou
extra-européen, notamment à cause des délocalisations.
I Les métropoles sont au cœur des réseaux de communication et d’échanges matériels
(hommes et marchandises) et immatériels (informations, finances…) qui y convergent, faisant de ces villes de vastes plates-formes multimodales.
I En conséquence, les métropoles exercent une influence et une attraction sur l’espace
plus ou moins large qu’elles dominent : une hiérarchie s’établit en fonction de leur capacité
de rayonnement, d’attraction et d’influence. On distingue les deux villes mondiales,
Londres et Paris, aux fonctions décisionnelles de rayonnement planétaire, des métropoles
continentales (Rotterdam, Francfort, Barcelone…) et des métropoles régionales : si Dublin
ou Marseille sont les métropoles incontestées de l’Eire ou du sud-est de la France, leur
place dans la hiérarchie urbaine européenne reste encore modeste.
m e r Mé dit e r r a né e
Athènes
500 km
1
3
C - Concurrence ou complémentarité entre
les métropoles ? (doc. 2 et 3)
Communication) et des réseaux de transport, les relations entre les métropoles sont
permanentes et souvent plus denses qu’avec les villes placées sous leur influence. Ce
réseau urbain à larges mailles est nommé archipel métropolitain. Il peut s’expliquer par
une volonté politique comme la répartition des institutions européennes entre Bruxelles,
Luxembourg et Strasbourg, ou le réseau boursier Euronext, qui associe les Bourses de
Bruxelles, Amsterdam, Paris, Lisbonne et une partie de celle de Londres. Mais, dans de
nombreux cas, les métropoles sont concurrentes, par exemple pour l’obtention des Jeux
olympiques de 2012.
I La mondialisation accroît la compétition entre les métropoles de même rang
(Londres et Paris ; Bordeaux et Toulouse). Ces villes multiplient les aménagements (aéroports…) afin de renforcer leur attraction sur les investisseurs.
Source : UMR ESPACE, 2002.
La hiérarchie des métropoles européennes
I Grâce au développement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la
U LIENS
Varsovie
Dusseldorf
océ a n
métropole à l’échelle
européenne
Vilnius
Copenhague
2
La concurrence de trois capitales européennes pour
l’obtention des Jeux olympiques de 2012
Londres est finalement sorti vainqueur de la compétition.
Paris au cœur de la compétition internationale
Paris, comme Londres, concentre à la fois les fonctions de
capitale politique et de capitale économique. Cette association
n’est pas toujours de règle ailleurs. En France, la prééminence
politique et économique de Paris est ancienne, liée à son rôle
de capitale d’un État centralisé. La trajectoire de Londres n’est
pas sans rappeler celle de Paris. […] Londres devance nettement Paris pour tout ce qui a trait aux fonctions de place
financière. Paris maintient mieux sa position de place culturelle européenne. Cependant, le rayonnement culturel mondial de Paris, incontesté au début du xxe siècle, résiste mal
aujourd’hui devant celui d’autres métropoles mondiales, New
York en particulier. Au total, la compétition entre Paris et
Londres devient de plus en plus vive et de plus en plus multiforme. Et dans un contexte européen de forte intégration économique, Paris doit compter avec les concurrences et les partenariats de toutes les autres grandes villes du continent
comme Francfort, Barcelone, Madrid ou Milan. […]
Paris conserve d’excellentes positions dans de nombreux
secteurs de pointe (électronique, recherche pharmaceutique…).
Thérèse Saint-Julien, « Paris au cœur de la compétition mondiale »,
CNRS Théma, 2e trimestre 2005.
Chapitre 6. Les villes européennes • 149 ES-L-S
cours
3
2. Les métropoles organisent le territoire européen
VOCABULAIRE
REPÈRES
La France, un réseau urbain
macrocéphale, l’Allemagne, un
réseau urbain polycentrique
250 km
N
Hambourg
Brême
Berlin
Hanovre
RhinRhur
Lille
Leipzig
Francfort Dresde
Paris
Stuttgart
Munich
Population des
aires urbaines
Lyon
(en millions)
Grenoble
Nice
Cannes
Marseille-Aix
10
2
0,5
U LIENS
Cartes pp. 142-143
Étude de cas pp. 144-147
150
Afin de relever les défis de la compétitivité européenne, les présidents
des communautés urbaines et d’agglomérations de Nantes, Saint-Nazaire,
Angers, Rennes et Brest ont décidé de
répondre ensemble à l’appel du « projet coopération métropolitain » lancé
par l’État en juin 2004. Cet espace
métropolitain Loire-Bretagne fédère
cinq aires urbaines qui réunissent plus
de 2 millions d’habitants dont les
trois quarts vivent dans les agglomérations de Nantes, Saint-Nazaire,
Angers, Rennes et Brest. L’espace
métropolitain Loire-Bretagne atteint
ainsi une masse critique, capable de
soutenir la comparaison avec les eurométropoles de l’Union européenne,
grâce notamment à l’identification
européenne et internationale de la
Vallée de la Loire et de la Bretagne.
A - La métropolisation de l’espace européen (doc. 1, p. 149)
gentrification : voir p. 146.
macrocéphalie : « qui a une grosse
tête », situation d’une ville exagérément
développée par rapport à la population
et aux autres villes du pays.
mégalopole : voir p. 148.
métropolisation : concentration croissante des hommes et des activités dans
les grandes métropoles.
multipolarisation (multipolaire) /
polycentricité (polycentrique) :
existence de plusieurs pôles urbains au
sein des métropoles, ou au sein d’un
réseau urbain, spécialisés dans des vocations diverses (centres d’affaires, zones
industrielles ou commerciales, espaces
résidentiels…).
réseau urbain : ensemble de villes qui
organisent un espace en développant des
liens de complémentarité et de concurrence, d’égalité ou de dépendance.
I À l’échelle continentale, l’espace européen est structuré par la mégalopole qui, de
Londres à Milan, regroupe de nombreuses métropoles européennes. La mégalopole forme
le cœur économique du continent, les autres régions étant considérées comme des périphéries. Pourtant, certaines périphéries comme la Catalogne et sa capitale, Barcelone, sont
actuellement très dynamiques. Ainsi, si la mégalopole forme le centre dominant du continent, d’autres centres se développent en Europe.
I Deux grands modèles de réseaux urbains s’opposent. Le réseau monocentrique
(France, Royaume-Uni, Autriche) consacre la domination d’une seule ville qui accapare les
principaux pouvoirs économiques, culturels et politiques du pays. On parle de macrocéphalie. Avec presque 20 % de la population française, Paris abrite 75 % des sièges
sociaux des grandes entreprises du pays.
I À l’inverse, le modèle polycentrique constitue un réseau plus équilibré : c’est le cas
de l’Allemagne, du nord de l’Italie, des Pays-Bas (pays plus récents, à l’organisation fédérale ou fortement décentralisée). Les quatre métropoles allemandes (Berlin, Hambourg,
Francfort et Munich) qui organisent l’espace sont à la fois complémentaires (par leur spécialisation politique à Berlin, financière à Francfort) et concurrentes.
1
Les aires métropolitaines :
un partenariat interurbain
Le nouvel hôpital civil de Strasbourg
La politique de rationalisation des services
hospitaliers conduit l’État à privilégier les
grosses structures hospitalières, situées
dans les grandes métropoles, et à fermer
les petites unités des villes secondaires.
Ainsi, la construction du gigantesque
hôpital de Strasbourg (90 000 m2, 720 lits,
19 salles d’opération, un héliport…)
contraste avec des fermetures de
maternités et petits hôpitaux de proximité.
B - Les métropoles accentuent les inégalités spatiales
Source : site internet Nantes Métropole, 2006.
www.nantesmetropole.fr
(doc. 1, 2 et 4)
I Au sein de la ville d’abord, les métropoles sont le lieu d’inégalités spatiales et
sociales. La métropole est un espace multipolaire. Le renforcement des fonctions décisionnelles dans le centre-ville donne naissance à des quartiers d’affaires construits sur le
modèle des Central Business Districts américains (CBD), tandis que les activités moins prestigieuses sont relayées à la périphérie. La pression foncière favorise la gentrification des
centres-villes. Les émeutes dans les banlieues des grandes villes françaises en novembre 2005 montrent l’ampleur des problèmes sociaux dans les périphéries des villes.
I Les villes les plus dynamiques se situent en général dans les régions économiquement
les plus attractives, comme la Bavière avec Munich, mais ce n’est pas systématique. La
croissance de Toulouse se fait au détriment des autres espaces de la région Midi-Pyrénées.
Montpellier, une des villes à la plus forte croissance démographique en France, connaît, avec
sa région Languedoc-Roussillon, un des taux de chômage les plus élevés du pays.
C - Limiter les effets de la métropolisation
sur le territoire (doc. 1 et 3)
I La politique d’aménagement du territoire s’efforce d’atténuer les déséquilibres. En
France, la création des métropoles d’équilibre, dans les années 1960, pour limiter la toutepuissance parisienne a permis l’affirmation de métropoles régionales (Nantes, Toulouse,
Strasbourg…), sans pour autant leur conférer un rayonnement comparable à celui des
autres grandes métropoles régionales de l’Union européenne. Depuis 2004, l’État français
encourage la coopération entre plusieurs métropoles régionales proches, comme Nantes et
Rennes, pour participer plus efficacement à la compétition entre les grandes villes de
l’Union européenne.
I Mais les politiques visant à rééquilibrer les réseaux urbains doivent concilier des
objectifs parfois contradictoires. La volonté de développement de métropoles régionales
en France (transferts de compétences au nom de la décentralisation) peut aussi affaiblir
Paris dans sa compétition européenne et internationale. Le réseau des villes petites et
moyennes, qui remplissent des fonctions de proximité (éducation, santé, commerces, loisirs…), est indispensable aux populations éloignées des grandes métropoles.
2
Des inégalités spatiales intra et interurbaines
La répartition spatiale de la richesse représentée par la
masse salariale est fortement polarisée par le monde urbain.
Les villes (pôles urbains) concentrent l’essentiel de l’activité
économique avec 81 % de la masse salariale, alors qu’elles ne
regroupent que 61 % de la population. Leur poids est moindre
en terme d’emplois (77 % de l’effectif salarié). Les villes
concentrent aussi davantage les emplois les plus qualifiés, et
donc des rémunérations moyennes par poste en général plus
élevées qu’ailleurs sur le territoire. […]
Au sein même de l’espace urbain, les centres s’opposent
aux périphéries. Les emplois de la sphère « productive »
(industrie, énergie, services aux entreprises) sont davantage situés
dans les périphéries, au point même qu’ils représentent plus
de la moitié des salaires versés dans les couronnes périurbaines (52 %) et dans ces espaces à l’interface de l’urbain et du
rural que constituent les communes multipolarisées (53 %).
Inversement, la part relative de la sphère « publique » (administration d’État, territoriale et hospitalière) est la plus élevée
dans les pôles urbains, où sont plus souvent implantés les services administratifs et les établissements publics d’éducation
et de santé.
Christophe Basso, Guillaume Gaudron, Bernard Morel,
« La répartition spatiale de l’emploi et des salaires en 2004 »,
INSEE Première, nº 1100, septembre 2006.
4
Un quartier populaire de Naples
À Naples (1,2 million d’habitants), une famille sur quatre
vit sous le seuil de pauvreté.
Chapitre 6. Les villes européennes • 151 ES-L-S
cours
3. Quatre Français sur cinq sont citadins
VOCABULAIRE
aire urbaine : ensemble formé par un
pôle urbain offrant au moins 5 000 emplois (définition française) et sa couronne périurbaine, c’est-à-dire l’ensemble des communes dont la majorité des
actifs vont travailler chaque jour dans le
pôle urbain.
rénovation : reconstruction de nouveaux bâtiments après destruction des
anciens.
zones urbaines sensibles (ZUS) :
ensemble des quartiers en grandes difficultés dans les banlieues des grandes
villes françaises.
REPÈRES
Les 5 premières aires urbaines
françaises en 2005
Population
de l’aire
urbaine
Paris
Lyon
Marseille-Aix
1 143 000
964 000
2 144 000
465 000
808 000
(Marseille)
140 000
(Aix)
226 000
431 000
Source : INSEE, 2006.
Quelques indicateurs sociaux
dans les ZUS, en France, en 2004
• 36 % des garçons et 40 % des filles âgés
de moins de 25 ans sont au chômage.
• Les revenus moyens des ménages
représentent 61 % de la moyenne des
ménages français.
Source : INSEE, 2004.
U LIENS
Cartes pp. 142-143
Dossier pp. 154-155
152
I En France, la population des communes urbaines (plus de 2 000 habitants agglomé-
rés) représente plus de 75 % de la population nationale et progresse en faveur des
grandes aires urbaines. Au total, les espaces sous domination urbaine rassemblent 90 %
des Français. Pourtant, un clivage persiste entre une France urbaine, à l’est d’une ligne
Le Havre-Marseille, et une France plus rurale à l’ouest. Mais la forte croissance des aires
urbaines des nouvelles régions attractives de l’Ouest et du Sud comme Rennes, Nantes,
Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Nice ou Grenoble, s’oppose à la stagnation des aires
urbaines de régions en crise (anciens bassins miniers, moyennes montagnes).
I La métropolisation entraîne une extension des espaces urbanisés. Les activités et les
hommes s’installent dans les périphéries. Les lotissements pavillonnaires, témoignant de
l’aspiration de nombreux Français à une maison individuelle, occupent beaucoup d’espaces. L’étalement urbain s’explique notamment par le coût du foncier en centre-ville et par
les nuisances diverses comme le bruit ou la pollution, considérées comme moindres en périphérie. L’utilisation de l’automobile permet d’habiter loin de son lieu de travail, mais a pour
conséquence de renforcer l’engorgement et la pollution des villes en raison des déplacements quotidiens de plus en plus longs. La périurbanisation absorbe des villages autrefois
ruraux, qui sont désormais enserrés dans le tissu urbain des agglomérations.
B - Des paysages urbains de plus en plus standardisés
(doc. 1 et 3)
I La fuite des centres-villes enregistrée dès les années 1960 semble aujourd’hui
enrayée : les espaces centraux se repeuplent. Les opérations de réhabilitation valorisent le
cœur de la ville et son patrimoine, par exemple le quartier du Marais à Paris. Les actions de
rénovation, comme celles des quartiers de la Part-Dieu à Lyon ou de Mériadeck à Bordeaux, sont aujourd’hui plus rares, car très coûteuses.
I Les périphéries des agglomérations présentent une grande uniformité de paysages
et de fonctions qui contraste avec la singularité des centres-villes, héritage de l’histoire et
des choix d’architecture et d’urbanisme. Les mêmes espaces résidentiels et d’activités standardisent toutes les entrées de villes, de manière souvent assez anarchique : hypermarchés, zones d’activités, espaces résidentiels collectifs et individuels.
I Les grandes agglomérations sont cependant de plus en plus éclatées et multipolaires. Les villes de Paris ou de Bordeaux sont très minoritaires en nombre d’habitants au
sein de leurs agglomérations : la préfecture girondine rassemble moins du tiers des habitants de l’aire urbaine bordelaise. Cela signifie que d’autres centres importants structurent
les agglomérations : Versailles à l’ouest de Paris, Mérignac près de Bordeaux, Villeurbanne
près de Lyon. Ainsi, la ville devient multipolaire.
C - Quelles politiques de la ville ? (doc. 1)
I La politique de la ville a pour objectif de contrôler et réglementer les transformations de l’espace urbain. La maîtrise de la mobilité métropolitaine représentant un défi
majeur, elle nourrit de nombreuses réflexions en matière d’aménagement, en particulier
au niveau du développement de transports collectifs (métro, tramway). Il s’agit aussi de
favoriser l’intégration des zones urbaines sensibles (ZUS), qui rassemblent aujourd’hui
environ 10 % de la population française.
I La coopération entre les communes d’une même agglomération permet d’optimiser
les efforts et d’harmoniser les politiques urbaines. Ainsi, le réseau très cohérent et multimodal de transports collectifs (métro, tramway, bus et train régional) de la conurbation
lilloise est le résultat de la coopération des 87 communes de la communauté urbaine.
1
Le projet « Lyon confluence », dans le centre de Lyon
1882
n
lo
ail
N
1919
P
Var
Lille
Toulouse
9 800 000
1 648 000
1 516 000
Population
de la ville
centre
A - La croissance urbaine profite aux métropoles (doc. 2)
gare
« Lyon confluence » est un des plus ambitieux projets urbains
actuels de centre-ville en Europe. La presqu’île de Perrache,
à la confluence du Rhône et de la Saône (voir photo de gauche),
longtemps dédiée à l’industrie et aux transports, fait l’objet d’une
profonde transformation. En associant rénovation et réhabilitation
(voir maquette, image de droite), l’objectif est de donner à cet
espace, au cœur de la ville, les fonctions de centralité qui lui manquaient : activités de bureaux (25 000 emplois d’ici 2010), culturelles (musée…), habitat.
mer Méditerranée
2 km
Aujourd’hui
Étalement urbain
relief non urbanisable
(montagne)
espace bâti
extension de la ville
Développement
des infrastructures
port
aéroport
autoroute
voie ferrée
d’après J.-P. Paulet,
Géographie urbaine, A. Colin, 2000.
2
L’étalement urbain de l’agglomération de Nice
3
La première ligne de tramway de Nantes, mise
en service en 1985. Il y a, en 2006, trois lignes dans
l’agglomération.
Chapitre 6. Les villes européennes • 153 ES-L-S
dossier
4
Marseille, une métropole en mutation
M
le trafic portuaire ont accentuée. Pourtant, 1er port français et
4e port européen, la métropole phocéenne offre aujourd’hui
l’image d’une ville en plein renouveau dont l’ambition est de
devenir le grand carrefour à l’interface de l’Europe et de l’espace
méditerranéen.
arseille est une métropole de paradoxes. Avec 23 % de
ses habitants en dessous du seuil de pauvreté et un
taux de chômage de 14 %, la plus ancienne ville française a longtemps traîné une réputation sulfureuse et de difficultés sociales
que la décolonisation (indépendance de l’Algérie), la fermeture
temporaire du canal de Suez en 1967 et leurs conséquences sur
2 000 000
3
VOCABULAIRE
nombre d’habitants
interface : espace permettant la mise
en relation de deux régions ou de deux
pays. Il y a, par exemple, des interfaces
maritimes comme la Méditerranée, traversée par des flux nombreux entre l’Europe et l’Afrique.
seuil de pauvreté : en France, un individu est en dessous du seuil de pauvreté
lorsque son revenu est inférieur d’au
moins 50 % au revenu médian de la
population française. Le chômage de
longue durée (plus d’un an) fait partie
des principaux facteurs de pauvreté.
1 750 000
aire urbaine
Marseille-Aix
1 500 000
1 250 000
1 000 000
ville centre
(commune
de Marseille)
750 000
500 000
250 000
0
1982
1990
1999
2005
Source : INSEE, 2006.
1
Chloé Hoorman, « Les villes qui font bouger la France »,
L’Expansion, 20 mai 2005.
500 km
N
Marseille
altitude (en mètres)
0
150 300N
Cadarache
Salon-de-Provence
zone marécageuse protégée
(Camargue)
océan
Atlantique
L’espace urbanisé
centre ville de Marseille
étalement urbain et autres pôles
de l’agglomération
Plaine
de la Crau
Aix-en-Provence
Istres
Rhôn
Les infrastructures d’une métropole
Camargue
Berrel’Étang
Arbois
Étang
de Berre
e
un réseau de communication complet
autoroute
TGV
aéroport
Fos-surMer
Vitrolles
Gardanne
Marignane
Martigues
Chaîne de
l’Étoile
sta
Chaîne de l’E
des activités économiques diversifiées
zones industrielles traditionnelles
gare maritime (départ des ferries
et navires de croisière)
Le Vieux-Port
mer
site d’implantation du futur
réacteur ITER
Château-Gombert
Marseille
Une métropole multipolaire
Les Calanques
Cassis
Aubagne
10 km
Afrique
du Nord
Moyen-Orient et Asie
par le canal de Suez
axe majeur de
l’espace français
liens avec le monde
méditerranéen et africain
mégalopole européenne
arc méditerranéen
arc atlantique
arc alpin
Un arc désigne une coopération entre des régions proches ou ayant
les mêmes caractères.
5
Marseille : un carrefour européen ?
Le projet Euroméditerranée. Lancé en 1995 et prévu jusqu’en 2012, ce projet consiste à reconvertir un ensemble de
friches portuaires et ferroviaires en un quartier destiné à faire
de nouveau de Marseille une métropole phare de la Méditerranée. Une nouvelle gare maritime, une salle de spectacles,
un grand musée national des civilisations de l’Europe et de
la Méditerranée, ainsi que des logements et des bureaux,
sont achevés ou en construction.
QUESTIONS
1.
Comment l’aire urbaine marseillaise est-elle organisée ?
Quelle est l’évolution de la place de la ville-centre dans
cet espace ? (doc. 1 et 2)
2.
Pourquoi peut-on dire que Marseille est une métropole en
chantier ? (doc. 2 et 4)
3.
Quels symboles représente Zinédine Zidane pour
Marseille et une partie de sa population ? (doc. 3)
Méditerranée
Les dynamiques métropolitaines
projet Euroméditerranée
délocalisation des infrastructures
portuaires
Massif de la
Sainte-Baume
que
technopôle
154
L’agglomération obtient la meilleure note de notre classement pour la réduction du nombre de chômeurs. Et elle se
place dans les dix premières pour la création d’entreprises. Ce
qui, au bout du compte, la propulse devant une ville comme
Toulouse, dont elle a longtemps envié le dynamisme économique. […]
L’opération Euroméditerranée est emblématique de ce
renouveau. […] Les docks rénovés abritent près de 220 entreprises employant plus de 3000 personnes dans les secteurs de la
banque, de l’assurance, du conseil, du commerce international
et des télécoms. En face, les immeubles vitrés accueillant les
directions régionales de grands groupes comme France Télécom, la Société générale ou BNP Paribas forment le noyau de la
« petite Défense » marseillaise. Un centre d’affaires international doit compléter l’ensemble.
Une aire urbaine en extension
Le cadre naturel
2
Un symbole de Marseille. Né en 1972, Zinédine Zidane fit
ses premiers pas de footballeur dans le quartier populaire
de la Castellane. Son effigie géante, sur un mur d’immeuble
de la Corniche, témoigne de l’attachement de la métropole
à son icône sportive.
Le renouveau de Marseille
4.
Pourquoi Marseille peut-elle être considérée comme un
carrefour national et européen ? (doc. 2, 4 et 5)
5.
Cherchez les éléments qui justifient le qualificatif de
métropole pour Marseille ? (doc. 1 à 5)
Bilan
À l’aide des documents et des réponses aux questions,
montrez que Marseille est une métropole en mutation.
Chapitre 6. Les villes européennes • 155 ES-L-S
Voir Méthode composition p. 8
Les grands axes du chapitre
I L’urbanisation de l’Europe est la plus dense du
monde et se renforce au profit des métropoles
Centres de commandement et d’innovation, cœurs des réseaux
de communication et d’échanges, les métropoles drainent les
activités et les habitants, et exercent une influence et une attraction sur l’espace qu’elles dominent. Une
hiérarchie s’établit donc entre elles en
fonction de leur capacité de rayonne- I La notion
ment (villes mondiales, métropoles
régionales…), et des relations d’interdépendance et de concurrence s’instaurent. L’archipel métropolitain est le véritable cœur de l’Europe.
I
L’Europe des villes oppose
différents types de réseaux urbains
et accentue les inégalités spatiales
entre les espaces intégrés ou
éloignés des grands pôles urbains
Au sein de la métropole, les différences
s’accentuent entre le centre, cœur décisionnel, et les espaces périphériques.
Les politiques de la ville s’efforcent de
limiter ces déséquilibres.
Étape 1 : analyser le sujet et dégager la problématique
I En France, la progression de l’urbanisation profite
particulièrement aux grandes aires urbaines
Les agglomérations s’étendent rapidement et les paysages
urbains sont de plus en plus standardisés et spécialisés. Les
politiques urbaines encouragent l’intercommunalité.
clé du chapitre : métropolisation
et métropole Voir p. 148.
Répartition par quartiers des fonctions
et activités des villes, mais aussi de
leurs habitants (mixité sociale ou
ségrégation). Les axes de circulation
font partie du sujet, qui est à traiter à
grande échelle, celle d’un plan de ville.
des villes
européennes
Pas de précision sur la taille des villes
étudiées : il s’agira donc de varier les
exemples en ne se limitant pas aux seules
grandes villes. Un seuil raisonnable est
celui des métropoles régionales
(cf. carte 1 p. 149).
Les limites spatiales du
sujet sont les frontières
conventionnelles de
l’Europe (cf. Cours p. 20).
Il s’agit ici d’étudier ce qui fait l’originalité de l’organisation spatiale des villes européennes.
La problématique peut être formulée ainsi : « Quels sont les caractères spécifiques de la ville
MÉTROPOLISATION
européenne ? »
concentration
des hommes et des activités
dans quelques
grandes villes
1. fonctions
nationales et
internationales
4. inégalités spatiales
– au sein de
l’agglomération
– à l’échelle nationale
et internationale
Étape 2 : bâtir le plan
3. étalement de
la ville qui peut poser
des problèmes
suburbain : zone périphérique soudée aux
grandes villes dont l’urbanisation est continue.
périurbain : espace lointain environnant une
grande ville et dont l’urbanisation est discontinue.
® ville, aire urbaine, pôle urbain
ville : ensemble urbanisé aggloméré d’au
moins 2 000 habitants.
aire urbaine : voir p. 148.
pôle urbain : unité urbaine offrant au moins
5 000 emplois et non située dans la couronne
périurbaine d’un autre pôle urbain.
Villes américaines
Villes européennes
Villes du Sud
Centre-ville
– CBD (Central Business District)
– Ghettos
– Restructuration des centres
(cf. Ensemble documentaire
pp. 158-159)
– Quartiers anciens surpeuplés et
quartiers coloniaux plus modernes
et aérés
Banlieue
– Suburbs constituées de
lotissements de maisons
individuelles
…
– Bidonvilles
– Quelques quartiers protégés
pour catégories sociales aisées
Répartition des classes sociales
– Ségrégation sociale forte entre
les quartiers
…
– Ségrégation sociale forte entre
les quartiers
Circulation
– Autoroutes traversant la ville
– Encombrement routier
…
– Anarchie, pollution
• À partir de l’exemple de Dublin (voir pp. 144-147), illustrez les cadres 1 à 4.
® suburbain et périurbain
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Complétez le tableau suivant :
Points communs /différences
2. forte attractivité
Nouveaux habitants
Nouvelles activités
Ne pas confondre
® mégalopole, mégapole
L’organisation spatiale
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Dégagez des thèmes transversaux formant les deux ou trois parties du devoir.
Proposition de plan
1re partie : Une organisation spatiale typiquement européenne ?
– Idées à développer : cœur historique des centres-villes, problème de la restauration de ces
quartiers, répartition des quartiers d’affaires, des quartiers de commerces, de loisirs…
2e partie : Des rapports spécifiques entre la ville et ses banlieues ?
– Idées à développer : répartition de la population et origine du dépeuplement des centres
des villes, transports (mouvements pendulaires, éloignement des périphéries…)…
Londres
Ici, le plan vous est déjà proposé.
Mais il est préférable de chercher
d’abord les idées en relation avec
le sujet, avant de construire
le plan de la composition.
3e partie : La répartition des catégories sociales dans l’espace des villes européennes
– Idées à développer : contrairement aux États-Unis, les classes sociales modestes s’installent
plutôt en périphérie des centres sans exclure les banlieues parfois très éloignées. Voir aussi
les ZUS (Zones urbaines sensibles) dans certaines banlieues. Toutefois, quelques quartiers
centraux sont défavorisés ou connaissent des réaménagements (gentrification, ou embourgeoisement d’un quartier autrefois populaire).
Paris
mégapole
métropoles
ville-centre
agglomération
mégalopole
espace suburbain
espace périurbain
156
ville (ou pôle urbain)
communes périurbaines
aire urbaine
flux quotidiens de
déplacement des personnes
Étape 3 : rédiger
Autres sujets :
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
À partir de l’étape 3, établissez un plan détaillé.
Rédigez une des trois parties de la composition en choisissant, pour chaque argument, un
ou deux exemples (voir Méthode p. 9).
• Les hiérarchies urbaines en
Europe (cf. doc. 1 p. 149).
• Puissance et problèmes des
métropoles européennes.
Chapitre 6. Les villes européennes • 157
prépa bac
Sujet : L’organisation spatiale des villes européennes
Les villes européennes
on•Composition•Composition•Composition•Composition
fiche de révision
ES-L-S
résoudre dans les centres-villes ? (doc. 1, 2, 4 et 5)
2. Quelle politique les autorités municipales romaines ontelles mise en place pour aménager le centre de Rome ? (doc. 1)
3. Quelle physionomie urbaine résulte de la politique d’aménagement des centres-villes et de la volonté d’en améliorer
l’environnement ? (doc. 3 et 4)
4. Quels buts Londres et Stockholm ont-ils poursuivis par la
mise en place d’un péage urbain ? Quels en sont les avantages
et les limites ? (doc. 2 et 5)
5. Qui profite de ces nouveaux aménagements ? Dans quelle
mesure peut-on parler d’une « disneylandisation » des centresvilles ? (doc. 1 et 3)
Partie II : réponse organisée
À l’aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les documents et de vos connaissances personnelles,
rédigez une réponse organisée au sujet : « Comment améliorer
l’environnement des centres-villes européens ? »
VOCABULAIRE
Rome ville verte
disneylandisation : aménagement
urbain artificiel qui, à l’image d’un
parc d’attractions, est essentiellement
tourné vers les loisirs et la consommation.
Avec ses 2 millions de voitures pour 2,6 millions d’habitants, Rome bat tous les records européens de concentration
automobile. Sans compter les 650 000 motorini (motocycles)
qui y circulent. Qui dit pire ? Mais, curieusement, Rome est
aussi l’une des capitales les moins polluées du Vieux Monde.
Tous […] voulaient sauver le centre historique, avec ses
monuments, ses places et ses vicoli (ruelles) : 5 kilomètres
carrés où la circulation est réservée aux propriétaires d’un
permis spécial attribué au compte-gouttes et qui coûte
320 euros pour l’année. Il est ainsi devenu agréable de se
promener à pied de la piazza del Popolo à la piazza di Spagna et de Montecitorio à la piazza Navona. Un espace
contrôlé par 32 caméras. […] Derniers volets de ce choix
antipollution : l’obligation de faire contrôler chaque année
les émissions de gaz de chaque voiture […] et l’instauration,
du 28 janvier au 31 mars, d’une circulation alternée tous les
mercredis (tantôt les chiffres pairs et tantôt les impairs). Ces
dix dernières semaines sont la période la plus critique pour
les Romains : le chauffage marche à plein régime, et comme
le ponentino, un vent venu de la mer qui balayait autrefois les
scories atmosphériques, ne souffle plus – il est stoppé
depuis les années 1960 par le mur de béton des HLM de la
périphérie – la pollution grimpe en flèche. […] À toutes ces
mesures s’ajoute une « flotte » – la plus imposante d’Europe
– de bus électriques. C’est efficace : Rome est enfin devenue
respirable. Dans le centre en tout cas.
4
5
2
M
Marcelle Padovani, Le Nouvel Observateur, nº 2048, 5-11 février 2004.
Le péage urbain de Londres
Depuis le 17 février 2003, les automobilistes doivent s’acquitter d’un droit de péage pour pouvoir circuler dans une
zone de 21 km2 du centre-ville de Londres. Il s’agit de
décongestionner la circulation tout en privilégiant les véhicules les moins polluants.
Le tramway de Bordeaux
Inauguré en 2003, ce tramway
fonctionne grâce à une
alimentation par le sol pour éviter
que les fils aériens dénaturent le
paysage architectural somptueux
du centre de la ville.
M
1
Dock de Sainte-Catherine
Un quartier rénové en plein cœur
de Londres, à la place d’anciennes
installations portuaires.
L’expérience du péage urbain à Stockholm
Une étude menée par un groupe d’experts et d’économistes vient de dévoiler ce que les habitants de Stockholm
savaient déjà : l’expérience de péage urbain menée par la
municipalité de Stockholm […] est un succès. Le trafic a
diminué, la circulation est devenue plus fluide et l’air plus
respirable. […] Plus d’une voiture sur cinq a disparu des rues
de la ville. C’est mieux que les 10 à 15 % de baisse prévue par
les initiateurs du projet. Dans le centre-ville, les émissions
de gaz carbonique ont chuté de 14 %. […] Les opposants au
péage soutiennent souvent que le problème pourrait être
résolu par la construction de nouvelles voies périphériques.
C’est parfaitement faisable, reconnaissent les experts. Mais
la différence est que cela est très coûteux et que ses effets
n’interviendront qu’à long terme. Le projet de péage urbain,
quant à lui, sera rentabilisé en quelques années et les bénéfices pour l’environnement sont immédiats.
Tommy Svensson, Aftonbladet, cité dans Courrier international,
nº 819, 13-19 juillet 2006.
Conseils
IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII
Les conseils suivants ont pour objectif de vous guider dans la
recherche des réponses aux questions.
Partie I : questions
1. Montrez que toutes les agglomérations européennes partagent les mêmes problèmes.
2. Énumérez toutes les mesures mises en place à Rome en distinguant les mesures incitatives des mesures coercitives.
3. Décrivez les deux photographies. Montrez ce qui les oppose
mais aussi leur point commun.
4. Après avoir expliqué l’intérêt du péage urbain, faites-en un
bilan.
5. Que déduisez-vous des modes d’aménagement choisis par
les municipalités de Rome et de Londres ou Paris.
Partie II : réponse organisée
Il s’agit d’analyser comment la priorité donnée à la lutte contre
la pollution et à l’amélioration du cadre de vie entraîne un
changement dans l’aménagement des centres-villes.
Le Monde, mercredi 17 janvier 2007.
158
Chapitre 6. Les villes européennes • 159
prépa bac
Partie I : questions
1. Quels problèmes les autorités municipales doivent-elles
3
entaire•Ensemble documentaire•Ensemble documentaire
Voir Méthode ensemble documentaire p. 10
M
entaire•Ensemble documentaire•Ensemble documentaire
prépa bac
Sujet : Comment améliorer l’environnement dans les centres-villes
européens ?
ES-L-S
Étape 1 : dégager la problématique
Titre : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Les métropoles s’inscrivent dans les réseaux urbains européens. Plus ces métropoles
sont puissantes, plus elles dominent un réseau important.
Il s’agit donc de montrer comment ces métropoles s’organisent en réseaux dans l’espace européen en fonction de leur influence et des pouvoirs qu’elles concentrent.
À partir de ces indications, formulez une problématique sous forme de question.
Voir les définitions de métropole
(p. 144), de ville-monde (p. 148)
et de réseau urbain (p. 150) et les
« Repères » p. 150.
Étape 2 : sélectionner les informations pertinentes et leurs figurés
N
Observez le croquis de la p. 161. À partir de ce croquis, répondez aux questions du
tableau ci-dessous et complétez-le.
Réseaux urbains
Hiérarchie des métropoles
Placez les noms des villes sur le croquis.
Représentez la part de la population
urbaine en simplifiant les données.
À partir du doc. 1 p. 149, représentez
l’importance des métropoles selon leur
rôle : mondial , continental (européen)
, régional .
Posez-vous les questions suivantes :
– Où se situe le réseau urbain le plus dense
en Europe ?
– Comment représenter cette
concentration urbaine ?
– Comment marquer la limite orientale et
méridionale du réseau urbain européen ?
Comment représenter l’influence plus
grande de certaines métropoles par
rapport aux autres ?
Commencez par représenter
les informations descriptives
correspondant aux deux parties
du sujet.
Le sujet demande de mettre
en relation les réseaux urbains
et la hiérarchie des métropoles.
Il faut donc que le plan de
la légende fasse apparaître
ces relations.
Réseau boursier Euronext
Jeux olympiques de 2012
Siège de …………………
Pourquoi un plan du type : 1. Les réseaux urbains ; 2. La hiérarchie des métropoles, ne répondrait-il pas correctement au sujet ?
En quoi le plan de légende proposé sur le croquis correspond-il à la problématique ? Complétez la légende d’après l’étape 2.
500 km
Étape 3 : compléter le croquis
Donnez un titre au croquis.
Cherchez, dans le chapitre, une ou deux informations supplémentaires en relation
avec le sujet, qui auraient pu être représentées sur ce croquis.
Classez ces informations dans le plan de la légende et représentez-les sur le croquis.
160
1. Un réseau urbain européen concentré à l’ouest
part de la population urbaine supérieure à 22 %
Un croquis doit, autant que
possible, faire apparaître
une dynamique. Il est donc
souhaitable de pouvoir
représenter des flèches (axes,
flux, influences…) sur le croquis.
2. Un réseau hiérarchisé
deux villes ………………
siège d’une institution
………………………
limite méridionale et orientale …………………………
métropoles à l’échelle
…………………
réseau boursier
………………………
……………………………… : concentration des hommes
et des fonctions de commandement
métropoles …………………
…………………………
part de la population urbaine …………………………
Chapitre 6. Les villes européennes • 161
prépa bac
Voir Méthode croquis p. 11
•Croquis•Croquis•Croquis•Croquis•Croquis•Croquis
prépa bac
•Croquis•Croquis•Croquis•Croquis•Croquis•Croquis
Sujet : Réseaux urbains et hiérarchie des métropoles en europe
ES-L-S